• Legend of Zelda
  • Adventure of Link
  • A Link to the Past
  • Link's Awakening
  • Ocarina of Time
  • Majora's Mask
  • Oracle of Seasons
  • Oracle of Ages
  • The Wind Waker
  • The Minish Cap
  • Four Swords Adventures
  • Twilight Princess
  • Phantom Hourglass
  • Spirit Tracks
  • Skyward Sword
  • A Link Between Worlds
  • Tri Force Heroes
  • Breath of the Wild
  • Tears of the Kingdom
  • Echoes of Wisdom
  • jeux The Legend of Zelda

Breath of the Wild : La grande histoire de la Princesse d'Hyrule

Ecrit par Azur

Chapitres 1 à 7   •   Chapitres 8 à 11   •   Chapitres 12 à 15   •   Chapitres 16 à 19   •   Chapitres 20 à 23   •   Chapitres 24 à 26   •   Chapitres 27 à 29   •   Chapitres 30 à 32   •   Chapitres 33 à 35   •   Chapitre 36 à 38   •   Chapitre 39 à 40
Chapitre 16 : La colère née de ma frustration   up

La pluie ne cessait de tomber depuis le début de soirée, le ciel était couvert de nuages noirs qui amplifiaient cette sombre ambiance de la nuit. Les rues étaient presque inondées, les averses de cette intensité étaient rares. La ville du château adoptait un aspect lugubre à cette heure-ci, comme une citadelle fantôme. Trois silhouettes encapuchonnées vêtues toutes d'une tenue de voyage hylienne rôdaient cependant du côté est, près de la cathédrale. Elles s'arrêtèrent devant la porte d'une maison semblable à toutes les autres. Elles frappèrent à la porte, de la lumière sortait des fenêtres malgré les rideaux rouges installés devant elles.
Après quelques rapides secondes, la porte s'ouvrit sur une femme d'un peu plus d'une quarantaine d'années, le visage pâle, la chevelure brune et les yeux vert tournants vers le gris.

- Maëlle ? Daniel ? Par Hylia, vous n'auriez pas pu me prévenir ? s'exclama la femme en faisant signe au couple et leur enfant de rentrer.
- Nous n'étions pas censés vous déranger, répondit Maëlle.
La femme referma la porte pour ne pas laisser rentrer le froid et la pluie de l'extérieur.
- Enfin, vous ne nous dérangez pas ! Vous savez très bien qu'Adrien se fait toujours un plaisir de montrer sa collection d'objets rares à Arthur.
Le concerné retira sa capuche et fonça droit dans une pièce un peu plus loin rejoindre son oncle.
- Arthur ! Tes bottes sont encore mouillées, tu vas salir toute la maison de tante Suzanne ! rouspéta sa mère.
- Laisse-le, petite soeur, il n'y a pas de mal, rassura Suzanne.

Voyant que le couple restait devant la porte, elle les pria de s'asseoir, l'entrée se faisait directement dans la salle à manger et la cuisine, autrement dit, une grande table s'élevait au milieu de la pièce.

- Vous m'avez l'air anéanti, déclara-t-elle.
- Nous avons fait nuit blanche hier et nous ne nous sommes pas arrêtés de toute la journée, expliqua Daniel en laissant sa femme s'asseoir sur une chaise avant de faire de même.
Maëlle risquait de s'endormir sur place chaque minute, elle était la plus fatiguée des trois. Il était difficile de lutter.
- Vous venez pour dormir ? demanda Suzanne.
- Si ça ne te dérange pas...
- Bien sûr que non, vous pouvez restez ici tout le temps que vous voudrez, rassura-t-elle.
L'aînée se leva pour préparer trois boissons chaudes.
- Sinon, tout se passe bien à Tabanta, depuis deux mois ?
- Pas de problèmes majeurs, notre accord avec Elimith tient toujours, je me demande ce que l'on aurait fait sans eux... informa le père d'Arthur.
- Ce sont des gens qui ont le coeur sur la main, ça ne m'étonne pas ! fit Suzanne, amusée.

Cette dernière ramena trois tasses ainsi qu'une théière d'où de la fumée s'échappait. Elle versa la boisson dans chaque récipient et servit ses invités qui la remercièrent chaleureusement.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Maëlle, observant le contenu de sa tasse.
- Du thé. Un seul pétale de fleur silencio en plus et il a l'effet d'un somnifère, répondit sa soeur.
- Nous n'en aurons pas besoin, fit remarquer Daniel.
- Vu vos têtes et les cernes qui se dessinent sous vos petits yeux, je confirme...
Ils burent une gorgée simultanément.
- Nous n'avons pas arrêté de le chercher, avoua Maëlle.
Suzanne se mordit la lèvre inférieure, abasourdie par l'affirmation de la cadette.
- Si mon neveu se pointe ici, il va passer un sale quart d'heure... murmura-t-elle.

Le couple ne voulait pas perdre espoir, ils avaient déjà ratissé la zone il y a quelques mois avec Suzanne et Adrien, en vain. Ils venaient de refaire de même la veille. Brad ne pouvait pas être classé porté-disparu car il y avait des témoins chaque jour de sa présence. Mais lorsqu'ils se mettaient à le chercher là où on leur avait indiqué, plus aucune trace de son passage. On refusait catégoriquement de se mettre à la recherche de quelqu'un ayant été vu il y a moins de vingt-quatre heures. Cela mettait en rogne Daniel. Lors de ses deux premières années de formation, le chevalier logeait chez sa tante et son oncle lorsqu'il ne dormait pas directement dans les dortoirs du camp militaire. Mais depuis deux ans, il n'avait pas remis le pied dans cette maison.

- Toujours rien de votre côté ?
Suzanne, confuse, répondit par la négative.
- Tu sais, petite soeur, Adrien est très occupé au château, ses journées sont très chargées, il n'a jamais vraiment le temps... Et moi je passe mes journées à la Cité des Mouettes pour le commerce.
- Non, je comprends, fit Maëlle, les yeux rivés sur la table.
Des petits rires enfantins se firent entendre soudainement à leur gauche, Adrien et Arthur dans ses bras, débarquèrent, le sourire aux lèvres.
- Hé ! Comment va la famille ? s'exclama l'oncle.

Suzanne lui lança un regard noir, moyen de l'informer de la situation. Les deux parents ne disaient rien, beaucoup trop fatigués pour prononcer la moindre phrase, et ce thé avait un effet envoûtant et réconfortant qui les apaisait et diminuait leur lucidité.

- Oh. Je vois, fit Adrien, Arthur, retourne voir ma collection, je te rejoins.
Il le déposa au sol et le garçon retourna dans l'autre pièce. Le mari de Suzanne se joignit à eux autour de la table. L'ambiance n'était pas très gaie. Il prit ses mains et posa ses coudes sur le meuble.
- Écoutez-moi, commença-t-il, sûr de lui, cette histoire a assez duré.
Cette intervention fit relever les yeux de Maëlle et attira l'attention de Daniel.
- J'en ai assez de voir ma famille déprimer car elle n'est pas prise au sérieux ! continua-t-il.
- Sa fugue dure depuis deux ans, ils n'ont pas vu leur fils depuis quatre, tu ne peux pas mettre un terme à tout ça en un claquement de doigts, fit remarquer sa femme.
- Disparaître aux yeux de ses parents pendant quatre ans, je n'appelle plus ça une fugue !
Un silence vint amener le bruit du vent à l'extérieur.
- Je ne vois vraiment pas comment il pourrait se cacher aussi longtemps, termina l'homme châtain.
- Tu insinues que notre fils est...
Daniel s'arrêta net, se rendant compte de ce qu'il allait dire qui aurait pu encore plus heurter le moral de sa femme.
- Je n'ai pas dit ça, je pense qu'il est toujours en vie.

Le mari de Maëlle voyait pertinemment que son beau-frère avait une idée derrière la tête qu'il s'apprêtait à leur révéler.

- Nous allons le retrouver. Demain, j'irai faire en sorte que l'on me congédie et je vous accompagnerai, fit Adrien.
- On a cherché partout Ad' !
- En fait, Suzanne et moi avons peut-être trouvé une piste.
La concernée maugréa.
- Ils sont crevés, laisse-les se reposer et on parle de ça demain !
- Non ! Vas-y, insista Maëlle, soudainement réveillée par les mots de l'oncle.
Il se racla la gorge.
- Il y a une semaine, en fouillant son ancienne chambre, nous avons retrouvé une carte sur laquelle un lieu est entouré.
- Mais tu n'es même pas sûr qu'il se trouve là-bas... répondit Suzanne.
- Au moins, c'est une piste, c'est mieux que de rester plantés là. Notre neveu a disparu, Suzanne, et tu veux rester les bras croisés ?
- Non, mais c'est peut-être dangereux là-bas...
- Où est ce fameux lieu ? demanda Daniel.
Après avoir jeté un bref regard à sa femme, Adrien révéla l'emplacement.
- C'est Marpo, le Tunnel de Marpo, à Ordinn.
- Ordinn ? Mais qu'est-ce que mon fils peut bien faire à Ordinn ? s'inquiéta Maëlle.
- Je... je n'en sais rien...

Le fait d'avoir une piste sur laquelle se concentrer rassurait les parents, tous les espoirs n'étaient pas encore perdus. La région d'Ordinn se trouvait au nord-est du château, la zone la plus chaude et abrupte d'Hyrule.

- Si vous le voulez, nous pouvons partir là-bas dès demain, Suzanne restera ici pour s'occuper d'Arthur à la Cité des Mouettes, énonça Adrien, vous êtes partants ?
- Bien sûr, répondit Daniel dans la foulée.

Son plan improvisé déplaisait à Suzanne qui se tut pour ne pas briser les espoirs de sa soeur et de son beau-frère. Ils s'apprêtaient à effectuer un voyage très long et fatiguant, sans parler des monstres qui rôdaient de plus en plus souvent dans la région. L'aînée s'inquiétait pour eux.

- Oncle Ad' ? Tu viens ? s'exclama Arthur qui venait de débarquer dans la pièce.
Le concerné se retourna et acquiesça en lui souriant. Il se leva.
- Vous devriez aller vous coucher à présent, conseilla-t-il avant de rejoindre son neveu, prenez la chambre à l'étage.
Daniel le remercia lui et Suzanne, et Maëlle le suivit jusqu'aux escaliers où il s'arrêta.
- Passe devant, j'arrive, fit-il à sa femme.
La mère monta tandis que l'homme interpella Adrien qui passait.
- Ad'.
- C'est moi, répondit l'oncle.
- Ne tardez pas trop avec Arthur, il doit se reposer aussi.
- Ne t'en fais pas, rassura-t-il.
Daniel monta une marche.
- J'oubliais, Maëlle est vraiment très fatiguée... Je ne sais pas si elle tiendra toute la route demain, cette histoire la rend presque malade... expliqua-t-il.
- Tu sais aussi qu'elle refusera de rester ici ?
- C'est bien ça le problème.
Adrien jeta un oeil à l'étage avant de soupirer et clore la conversation.
- Je pense qu'elle sera d'autant plus mal ici à nous attendre. Si elle veut venir, elle vient, nous nous occuperons d'elle si les choses tournent mal.
- Ce que je n'espère pas.

Les deux hommes se souhaitèrent une bonne nuit, Daniel monta à l'étage et frappa à la porte de la chambre qui était entrouverte. En entrant, il vit Maëlle assise sur le bord du lit, tête baissée et mains entremêlées.

- J'ai dit à Adrien de ne pas coucher Arthur trop tard, dit-il en refermant la porte.
Sa femme leva le regard sur son mari, celui-ci vit des larmes couler de ses yeux. Son coeur se serra et il s'empressa de s'asseoir à côté d'elle. Il détestait la voir de cet état, il ne pouvait pas la voir pleurer sous peine de pleurer lui aussi.
- J'en ai assez... murmura Maëlle qui essuyait ses larmes.
Daniel posa une main rassurante contre sa joue, jouer le rôle de l'optimiste n'allait plus la rassurer. La sensation qu'il avait au fond de lui ne pouvait rester contenue plus longtemps.
- Je... commença-t-il.

Sa femme le regarda tristement, elle comprenait qu'il voulait résister, rester fort, tels étaient ses propres mots. Mais elle le connaissait trop bien, elle le serra dans ses bras et s'appuya contre lui. Il fit de même en resserrant ses bras autour d'elle avant de sangloter lui aussi.

- Je suis désolé, chuchota-t-il dans l'oreille de sa compagne.
- Tais-toi, fit Maëlle en voyant qu'il se rejetait la faute.

~~~

Deux jours après la terrible attaque, les deux élus des déesses étaient toujours à la Cité Gerudo. Ils avaient assisté aux funérailles de Mala la veille, un triste moment qui avait éveillé de mauvais souvenirs chez Zelda et Urbosa. Cette dernière observait les étoiles disparaître et les couleurs orangées de l'aube depuis le balcon de ses appartements. Un balcon qui donnait également sur la place centrale de la cité. Il était six heures du matin environ.

Une main vint se poser délicatement sur la blessure de la suzeraine. Surprise, celle-ci se retourna et vit la princesse qui l'avait rejointe.

- Ton pansement est mal positionné, dit-elle.
Urbosa le resserra autour de sa taille, la plaie semblait pour le moment guérir.
- En fin compte, j'ai eu de la chance que vous soyez intervenue assez vite, fit la Gerudo.
Zelda lui répondit par un timide sourire, elle s'appuya sur le muret du balcon, le regard vers l'horizon.
- Où est-il ? demanda-t-elle avec un peu d'hésitation.
- Il dort encore, il a insisté pour surveiller le palais avec mes soldates toute la nuit. L'épisode d'il y a deux jours l'a marqué, vous savez.
Il était vrai que le héros avait passé toute sa journée de la veille à rester sur ses gardes plus qu'à son habitude pendant que les deux amies travaillaient sur Vah'Naboris.
- Est-ce que... Pourquoi n'a-t-il pas éliminé ce Yiga ?
- Non, mais je crois bien que c'était en partie pour vous, Madame. Pour vous protéger, il ne voulait certainement pas commettre un tel acte devant vous, fit Urbosa qui essayait de changer le point de vue de Zelda sur Link.
L'Hylienne hoqueta un rire ironique.
- Non, je ne crois pas que ce soit cela, Urbosa.
- Ce n'est pas dans votre habitude de s'intéresser à lui à ce que je sache, remarqua la suzeraine.
- Je ne m'intéresse pas, je constate simplement des faits qui se sont produits et dont je n'ai pas la réponse... expliqua la blonde.
Son amie prit un air amusé qu'elle cacha à la princesse. Elle soupira mélancoliquement.
- Vous allez vous rendre sur le site des sept héroïnes, aujourd'hui ? demanda-t-elle.
- Oui. C'était ce que j'avais prévu.
- Bien, mais faites attention à la chaleur et aux Yigas qui rôdent sans arrêt...
La suzeraine posa une main sur l'épaule droite de Zelda.
- Ne le rejetez pas cette fois-ci, supplia-t-elle.
- Non, bien sûr que non... fit la princesse.

Elle avait enfin vu le danger, elle en avait vu une preuve tangible. Il était hors de question de voyager seule, surtout en tant qu'héritière du trône. C'était quelque chose que la princesse avait enfin compris, elle avait besoin de lui pour voyager, elle ne pouvait plus le nier. Link apparut à l'entrée du balcon, il était enfin réveillé et prêt. Cependant il resta à la porte, le dos tourné pour éviter d'épier la princesse et la Gerudo. Zelda l'aperçut du coin de l'oeil lorsque son amie remarqua son journal de suivi rangé dans sa sacoche.

- Qu'est-ce ? demanda-t-elle.
La princesse sortit le journal en fronçant les sourcils.
- C'est ici que je dois noter tous les détails de mes prémonitions lorsqu'elles apparaissent dans la journée, expliqua la blonde.
Urbosa s'arrêta de cligner des yeux quelques secondes, signe de sa stupéfaction.
- Vous avez des visions ? Quand comptiez-vous me prévenir ?
- Je n'en ai encore jamais fait lorsque je suis éveillée, la seule fois où cela allait se produire, on m'a interrompue...

Le prodige gerudo redressa la tête et posa une main derrière son crâne. Cela lui faisait remonter beaucoup de souvenirs. Des souvenirs de la défunte reine, sa meilleure amie. Elle aussi avait des visions, une tradition chez les princesses d'Hyrule, durant leur jeunesse. Lorsque la mère de Zelda n'arrivait plus à contrôler ses rêves, elle venait en parler avec elle, elle lui racontait tout dans les moindres détails. Cela lui servait à apaiser son esprit et reprendre le dessus sur la panique et la souffrance que ces prémonitions pouvaient engendrer.

- Ça m'est sorti de la tête, Urbosa, je suis désolée, s'excusa Zelda.
- Tout va bien, Madame, je suis au courant maintenant. Vous avez d'autres choses à penser.
Elle se retourna pour faire volte-face aux rideaux du balcon où Link se tenait juste derrière.
- Soyez prudente, termina Urbosa.

Après une heure de marche, Link et Zelda arrivèrent au Bazar Assek où ils décidèrent de faire une pause avant d'entamer la plus grande partie du voyage jusqu'au site des sept héroïnes. Pour la première fois, le héros put marcher aux côtés de la princesse, celle-ci ne disait rien et le laissait faire à contrecoeur, car elle se doutait bien qu'on lui rappellerait le récent drame de la cité. Mais tout cela était d'autant plus rassurant pour Link qui n'était pas séparé de plusieurs mètres de la personne qu'il devait protéger, c'était plus prudent.

Les élus entrèrent dans l'auberge, lieu frais pour se rafraîchir du fait de la forte chaleur à l'extérieur. Ils se ravitaillèrent puis sortirent du bâtiment. Personne ne disait rien, comme à son habitude. Cependant, Zelda avait engagé à la grande surprise de Link une discussion - certes froide -, c'était un peu une façon de le remercier pour ce qu'il avait fait pour la cité.

- Pourquoi ne l'as-tu pas abattu, ce Yiga ? demanda-t-elle une nouvelle fois.
Le héros réfléchit à sa réponse, étrangement cette question le tourmentait.
- Il peut être partout à présent, continua la princesse.
- J'ai eu un blocage, répondit-il.
- Un blocage ?
- C'est... personnel.
Visiblement, il ne souhaitait pas en parler. Pour la première fois, c'était Link qui posait une distance entre lui et l'Hylienne. Voyant que Zelda n'était pas satisfaite de sa réponse, il tenta autre chose.
- On ne m'a pas appris à tuer des hommes en me formant chevalier.
- Mais tu n'es pas sans savoir que la famille royale ne considère pas ces êtres comme des humains, fit-elle remarquer.
- Pourtant, ils y ressemblent beaucoup, ironisa Link.
Cette réaction déplut à la fille du roi.
- Je ne te comprends pas, maugréa-t-elle.
- Sauf tout votre respect, Votre Altesse, je ne désire pas en parler avec vous.
- Bien. Alors cessons de discuter, cela vaudra mieux pour tout le monde.

Une certaine froideur se dégagea dans l'atmosphère. Zelda avait touché à un sujet sensible, la preuve était ce comportement que Link n'adoptait que très peu souvent. Mais quelques pas plus loin, un individu sous un palmier qui lui faisait de l'ombre interpella la princesse, un marchand sans doute, étant donné le lieu. Il était vêtu d'un pantalon malgré le climat et portait un sac sur son dos. Il accourut vers Zelda, qui en fut tourmentée.

- Mes chers amis, auriez-vous besoin de quelque chose ? C'est dangereux de se promener sous cette chaleur, des petits remèdes, peut-être ? commença-t-il.
Link et la princesse s'arrêtèrent devant cet homme.
- Nous avons tout ce qu'il nous faut, merci, assura Zelda.
Les élus voulurent continuer sur leur chemin, mais l'individu les rattrapa aussitôt. Il insista.
- Vous en êtes sûrs ? On n'est jamais assez bien préparés, vous savez...
- Nous n'avons besoin de rien, une prochaine fois peut-être, fit l'Hylienne en gardant son sang-froid.
L'homme cessa de tenter de vendre ses produits, il se tut et fronça les sourcils.
- Vous me dites quelque chose, on ne se serait pas déjà croisés, par hasard ? demanda-t-il.
- Je ne crois pas, non, désolée mais nous n'avons pas de temps à perdre, voulut conclure la blonde.
La princesse repartit définitivement, tout comme Link lorsque le marchand se mit à ricaner.
- Ha ! Suis-je bête ! Vous êtes la Princesse d'Hyrule, je comprends mieux !

Soudainement, Link sentit qu'il se passait quelque chose d'étrange dans la voix de l'homme, dans son comportement. Il se sentit tout à coup mal à l'aise. L'individu se tordait de rire, les mains sur le ventre tellement il riait aux éclats. Il finit par tomber au sol, assis. Il devait être ivre, pour sûr. Link et Zelda le regardaient attentivement sans comprendre, la princesse pensait avoir affaire à un fou.

- Vous ne vous souvenez pas de moi ? fit-il, pleurant tellement de rire que des larmes lui coulaient sur le visage.

Sa main vint se poster dans son dos, le sang de Link ne fit qu'un tour. Il comprit que cet homme n'était pas celui qu'ils pensaient. Il l'avait senti, rien qu'avec son instinct. Il se plaça devant Zelda et sortit son épée de légende. Il tourna sa tête légèrement afin de murmurer quelques mots à la princesse.

- Fuyez. Maintenant, vite ! lui dit-il.
- Link, je ne comprends rien, alors tu vas m'expliquer...
Soudain, d'un coup d'épée en diagonale, Link contra l'attaque de l'homme.
- Votre Altesse, j'ai dit "fuyez" ! ordonna le héros.

L'individu se transforma dans une fumée rouge en Yiga. Zelda, effrayée, ne répliqua pas et obéit à Link, elle se mit à courir le plus loin possible de l'assassin. Les jambes fléchies, l'épée à la main, le chevalier était prêt au combat, une nouvelle fois. La zone était décidément infestée de ces monstres. Link esquiva un nouveau coup de serpe latéral d'un pas chassé sur la gauche. Il en profita immédiatement pour attaquer son adversaire dans le dos mais celui-ci fut si vif qu'il réussit à dévier la lame du héros. Et d'un coup de pied, il fit trébucher Link qui tomba dans le sable. Le Yiga le frappa au visage puis l'attrapa au cou pour y placer sa lame, prêt à lui trancher la gorge. Malgré sa position, l'Hylien pouvait voir Zelda au loin qui ne s'arrêtait pas de courir.

- Ne t'en fais pas pour elle. Regarde bien, on va s'occuper d'elle aussi, ricana l'assassin.

Deux Yigas apparurent derrière la princesse, ils se mirent à ses trousses. En voyant cette scène, la colère de Link monta subitement. Il percuta son ennemi à la mâchoire d'un coup de tête, ce dernier lâcha prise et Link put se libérer, il récupéra rapidement son arme au sol et fonça sur le Yiga souffrant au visage mais celui-ci disparut au dernier moment. Link se retrouva seul, un hématome sur la joue gauche.

Dans sa course, Zelda se retourna pour voir si les deux sous-fifres étaient encore à l'affut derrière elle. Elle ne vit personne et se fit surprendre par les deux assassins qui venaient de la rattraper. La princesse dut s'arrêter brusquement, elle voulut faire demi-tour mais le Yiga dont Link s'occupait l'avait rattrapée. Ils étaient trois contre elle, encerclée, elle trébucha tandis que les êtres masqués s'approchaient de plus en plus d'elle, leur serpe à la main.

La princesse ne pensait pas se faire attaquer par des Yigas aussi rapidement depuis ce qu'il s'était passé à la cité. Mais là, elle n'avait plus aucune échappatoire. Un des trois membres du gang leva sa serpe au ciel, prêt à tuer l'ennemie suprême de son peuple. Zelda paniqua, elle se recroquevilla sur elle-même, retint sa respiration et ferma les yeux, son heure était venue. Dans un cri effrayant, l'assassin abattit sa lame vers le bas. La princesse entendit un bruit de fer, puis une masse tomber au sol. Elle ouvrit les yeux, le Yiga était inconscient sur le sable, assommé. Son arme avait été projetée en l'air. Link apparut devant elle, les deux autres Yigas reculèrent de quelques pas.

- Ne vous approchez pas, grogna Link, déterminé.
- Alors c'est toi, le héros qui laisse la vie sauve à ses ennemis ? fit un des deux assassins.
- Reculez ! cria-t-il en les menaçant avec son épée.

La princesse, toujours au sol, observait la scène qui se déroulait sous ses yeux, elle n'avait jamais eu aussi peur de sa vie, elle était sous le choc. Il lui avait sauvé la vie.

- Cette opportunité ne se reproduira que très rarement, ne faiblis pas, murmura un Yiga à l'autre.

Soudain, le Yiga à la droite de Link prit fermement son arme et la jeta à distance droit sur le héros, comme un couteau qu'on lancerait. Le chevalier rattrapa sans difficulté la serpe par le manche avec sa main gauche et il exécuta les mêmes actions que son adversaire, il jeta l'arme sur lui sans faire un seul pas et la pointe de la lame vint se planter dans la jambe du sous-fifre qui tomba en hurlant de douleur.

Ce dernier abandonna et disparut, laissant son complice seul face à Link. Mais celui-ci n'eut point le temps de porter un seul coup qu'une Hylienne sortant de nulle part se jeta sur lui et le plaqua au sol avant de l'assommer à l'aide de ses poings au visage. Le héros la reconnut.

- C'est toi ? marmonna le capitaine.

L'Hylienne ne l'écoutait pas, elle ne cessait de frapper le Yiga, pourtant évanoui. Link approcha pour la calmer, il la fit se relever, elle était vêtue d'un voile sur le visage qui ne laissait que ses yeux apparaître.

- Tu es l'Hylienne qui nous a prévenus pour l'attaque il y a deux jours ? Que fais-tu ici ? interrogea Link.

La princesse, elle, se releva malgré son état de choc et se rapprocha. Elle observa l'Hylienne qui ne disait rien. D'ailleurs, ce qui ne passa pas inaperçu à Zelda, c'était ce sentiment de déjà-vu lorsqu'elle posait les yeux sur elle. En effet, ces yeux, elle les avait déjà vus quelque part... des yeux noisette. En regardant bien, cette fille avait tout sauf l'air d'une fille, mais plutôt d'une personne déguisée. Zelda s'avança vers l'Hylienne et retira le voile qui cachait son visage. Elle eut un mouvement de recul, déroutée par ce qu'elle venait de découvrir. Link en lâcha son épée. C'était lui.

- Je peux tout vous expliquer, absolument tout, déclara-t-il.
- Edward ?! s'exclama Zelda.
La princesse vit Link à sa gauche s'approcher du poète déguisé en femme.
- Qu'est-ce que tu m'as fait, hein ? Qu'est-ce que tu nous veux ? fit le héros en colère.
- Je n'ai pas voulu vous faire de mal, Sire Link, je vous le jure !
L'élu l'attrapa par les épaules.
- Cesse de me mentir, et dis-nous comment tu es au courant des plans des Yigas, et pourquoi tu m'as fait boire une telle atrocité !
- Link ! Calme-toi ! ordonna Zelda.
Mais l'Hylien, beaucoup trop énervé, ne lâchait pas sa prise. Alors, la princesse insista.
- J'ai dit "calme-toi" ! dit-elle en le repoussant de toutes ses forces.
Il finit par laisser Edward tranquille.
- Tu es un des leurs ? C'est ça ? Tu es un Yiga ? grogna Link.
- Quoi ? Non, pas du tout ! assura le poète.
Zelda se posta devant le musicien, indifférente, elle ne savait plus quoi penser de lui.
- Votre Altesse, continua Link, croyez-moi, il est corrompu, vous devez me faire confiance !
- Je ne suis pas corrompu ! C'est faux !
- Si, tu l'es !
- Silence ! fit la princesse.
Tout le monde se tut, Edward affichait une expression confuse, il semblait avoir peur, tandis que Link, tendu, ne désirait que des réponses à ses interrogations.
- Je suis désolée, Edward, mais les actes que tu as commis sont inadmissibles, nous te ramenons au château, déclara la blonde.

Un soulagement naquit chez Link. Lui qui pensait que Zelda ne le croyait pas.

Je ne sais comment décrire ce qui vient de se produire, ni si je saurai mettre des mots sur les sentiments qui m'agitent. Il m'a sauvé la vie.

~~~

En quelques heures seulement, sa vision des choses avait littéralement changé. Il avait fallu que Link lui sauve la vie de justesse pour qu'elle comprenne enfin, et pour cela, Zelda s'en voudrait toujours. Depuis la seconde rencontre avec les Yigas, la princesse n'avait prononcé aucun mot depuis leur retour au château avec Edward. Celui-ci fut transporté temporairement dans les geôles, lieu froid et lugubre où étaient enfermés les prisonniers.

Le lendemain après-midi, c'était le dernier voyage de visite officielle pour les deux élus. Il ne restait qu'à aller rencontrer Mipha et Vah'Ruta. À cheval, ils traversèrent le pont de Rebona, direction l'est. Les deux montures marchaient en file indienne, l'une derrière l'autre. Depuis qu'ils avaient quitté le désert, plus aucune trace des Yigas, pourtant, ils étaient partout. Mais ils étaient beaucoup plus abondants dans cette région-là.

Toujours autant de silence durant le trajet. Seulement cette fois-ci, Zelda était surtout très confuse et avait honte, elle n'osait tout simplement pas lui parler, après tout ce qu'elle lui avait fait subir. Elle s'était juré de s'excuser auprès de lui dans les heures à venir, cela valait mieux, pensait-elle. Link, quant à lui, retrouva son mutisme qui le caractérisait si bien. Il s'était apaisé depuis la veille et ne parlait pas. A vrai dire, il avait compris la leçon depuis que la princesse l'avait disputé. Le cheval blanc royal refit des siennes, il grogna à nouveau, et Zelda qui était sur son dos essayait comme elle pouvait de le calmer. Elle se rappela ce jour où Link lui avait fait cadeau de conseils précieux concernant les chevaux. À présent, il ne disait plus rien, c'était ainsi que Zelda se rendit compte du rejet le plus absolu dont elle avait fait preuve envers lui. Cela la plongea dans la culpabilisation.

Arrivés à destination, Mipha les accueillit. Link s'occupa des chevaux tandis que Zelda suivit la Zora vers Vah'Ruta. Mais, comme toutes les autres fois, les deux princesses ne pouvaient s'empêcher de parler de leur passion commune : la biodiversité d'Hyrule. Alors en même temps que l'Hylienne effectuait des réglages sur la machine antique, elles discutaient de la faune et de la flore du royaume.

- J'ai une bonne nouvelle pour vous, Votre Altesse, déclara Mipha.
- Qu'est-ce ? fit Zelda, le nez dans la table des commandes.
- J'ai repéré une princesse de la sérénité près du domaine, vous m'aviez dit que cette espèce était menacée, n'est-ce pas ?
- En effet, c'est une bonne chose. Cette fleur est si rare de nos jours...
La créature divine rugit subitement. Son cri résonna dans tout le royaume.
- Heureusement que je suis arrivée à temps, continua Mipha. Sinon, Sidon l'aurait cueillie sans hésitation.
- Ce spécimen est d'une grande beauté, ton petit frère a de bons goûts pour son si jeune âge !
La Zora fut amusée par cette affirmation.
- C'est sûrement vrai. Il est si mature pour son âge ! dit-elle.
- Ah oui ?
- Oui, il voulait cueillir cette fleur pour l'offrir.
- C'est gentil, relança Zelda.
Mipha prit appui sur le rebord de la table des commandes.
- C'était pour son amie, il voulait se faire pardonner...
- Se faire pardonner ?
- Une simple histoire entre enfants, cela aurait pu s'arrêter là mais Sidon a insisté pour m'en parler, ce qu'il peut être touchant parfois... répondit la Zora. Il est venu me voir et je lui ai dit que cela arrivait de se disputer, mais que l'important, c'était d'arranger les choses et de s'excuser.

Ces dernières paroles parlaient beaucoup trop à Zelda. Elle sortit de sa concentration sur les mécanismes antiques pour détourner son attention pleinement sur ce que disait Mipha qui avait le dos tourné à la blonde.

- Tu as raison, répondit l'Hylienne.
La Zora se retourna et la vit pensive, le regard dans le vide.
- Tout va bien, Votre Altesse ?
- J'ai... terminé, Vah'Ruta se porte à merveille à présent, dit-elle lorsqu'elle reprit ses esprits.
Elle fit tomber la tablette sheikah au sol, maladroitement.
- Vous êtes sûre que tout va bien ?
Zelda ramassa la relique.
- Pardonne-moi, Mipha, mais je dois aller voir quelqu'un sur-le-champ, dit-elle en prenant rapidement le chemin de la sortie.
- Mais...
- Je suis désolée, c'est urgent !

Elle ne pouvait pas continuer à faire semblant, il fallait qu'elle le lui dise et faire le point, c'était la seule solution, et la meilleure selon elle.

Je crois que nous devrions parler, lui et moi...

Au bord d'un petit lac près du domaine, Zelda invita Link à s'asseoir. Le héros, intrigué, s'exécuta et il posa son épée près de lui. Ils virent le soleil se coucher et le crépuscule se former. L'endroit était calme, silencieux, juste le bruit de la nature, de l'eau, des oiseaux, du vent léger... Honteuse, elle n'osait toujours pas le regarder dans les yeux, elle se contenta d'observer l'horizon. Zelda passa une main dans sa chevelure blonde avant d'entamer ses plus plates excuses.

- Je me suis trompée sur beaucoup de choses, ces derniers temps, commença-t-elle.
Link dirigea son regard vers son interlocutrice mais celle-ci l'ignorait. Le chevalier ne répondit rien et la laissa parler.
- Toute cette histoire avec Edward... j'y croyais depuis le début.
Elle ouvrit sa sacoche, sortit carnet de notes et l'ouvrit à la page où la princesse avait reproduit le symbole triangulaire. Elle le tendit à son chevalier servant.
- Ce n'est pas la première fois que je le rencontre et j'aurais dû t'en parler. Tu es pleinement concerné par cette histoire, fit-elle. Je te raconterai tout ce que je sais un peu plus tard.
Elle récupéra son carnet.
- D'ailleurs, concernant Edward, j'imagine qu'il m'a menti, ce jour-là, lorsqu'il m'a dit que tu voulais assurer ma protection dans l'enceinte du château...
Zelda se tourna enfin vers Link, celui-ci confirma d'un mouvement de tête discret et l'Hylienne se doutait bien de la réponse.
- Je ne suis qu'une idiote... murmura-t-elle à elle-même.
Malgré tout, le chevalier l'entendit, il s'inquiéta.
- Que se passe-t-il, Votre Altesse ? demanda-t-il.
- Il se passe qu'hier, tu m'as ouvert les yeux. Et il était temps.
Son regard se dirigea sur le sol. Tête baissée, Zelda continua son discours.
- Rien n'est de ta faute, Link. Absolument rien. Depuis le début, c'est moi le problème. Tu n'as pas choisi de devenir mon chevalier servant, tu as seulement voulu bien faire en détruisant ce Gardien. Et si tu ne souhaites pas me parler et rester muet, je comprends. Tu ne fais que tenir le rôle que l'on t'a donné, et moi, je ne voyais que mes problèmes. J'ai été très égoïste... J'ai rejeté sur toi toute la colère née de ma frustration...
Le coeur de la princesse se serra. Elle s'en voulait terriblement d'en avoir fait voir de toutes les couleurs à Link.
- Link... Je suis désolée...

Soudainement, elle sentit quelque chose lui glisser sur la joue. Lorsqu'elle comprit que c'était une larme, elle l'essuya précipitamment car elle se refusait de pleurer, elle voulait et devait assumer ses erreurs. Néanmoins, le héros fut tout de même attristé pour elle, il l'écoutait attentivement sans rien dire. Zelda lui avait fait croire que c'était sa faute, et cela avait bien fonctionné. Il fut d'un côté heureux de cette prise de conscience chez la princesse.

- Je m'excuse, je pense que nous devrions repartir de zéro, continua Zelda.
La voix tremblante, elle soupira.
- J'en ai assez de tout faire de travers.

L'Hylien, lui, voyait pour la première fois à côté de lui une princesse manquant de confiance en soi, une facette de Zelda que Link n'avait encore jamais vue. Pour la rassurer et lui montrer qu'il lui pardonnait, ce dernier se décida à parler.

- Si je n'ai pas tué ce Yiga, c'est car sur le moment, je n'en étais plus capable. Je l'ai blessé au bras, et quand j'ai vu son sang en sortir... cela m'a rappelé... une... terrible scène de mon passé et...
- Link, tu n'étais pas obligé de m'en parler...
- Trop tard.
Zelda se releva.
- Au début, je me pensais jalouse... de toi... avoua-t-elle.
Le héros se leva à son tour.
- Une princesse jalouse... quelle honte.
- Je vous pardonne, fit Link.
Rassurée, elle releva ses yeux sur ceux de Link.
- Il se fait tard, nous devrions rentrer, dit-elle.
Le héros récupéra son épée.
- Link... merci de m'avoir écoutée, et de m'avoir sauvé la vie, je te suis très reconnaissante.

... Et apprendre à nous connaître.

Chapitre 17 : L'inconnu   up

Cette petite cavité creusée à même la roche qui abritait une statue de la Déesse n'aidait pas beaucoup à l'éveil du pouvoir héréditaire. L'eau était d'une température glaçante, mais il fallait y faire abstraction, faire preuve d'une grande concentration capable de plonger le corps humain dans un état second où les cinq sens étaient doublement éveillés et où l'esprit gagnait en sagesse et en pureté. C'était de la méditation basique mais indispensable pour l'héritière du trône.

Cela faisait un certain temps que Zelda n'avait pas prié, elle voulut se rassurer en se disant que c'était la raison de son nouvel échec. Mais elle savait la vérité au fond d'elle : elle avait beau prier de tout son coeur, avec une volonté infaillible, le résultat était le même, et ce depuis sa plus tendre enfance. Une décennie démoralisante pour la princesse sur ce point. Elle se décida à terminer cette énième séance. Dans un soupir, elle recula jusqu'à sortir de l'eau, son corps tremblant de froid. Ce fut à ce moment précis qu'Impa arriva.

- Princesse ? fit-elle.
- Non, toujours rien, cela n'est pas surprenant, répondit Zelda.
- Il vous attend, Princesse, dans la bibliothèque, comme vous l'aviez demandé.
- Très bien, merci Dame Impa.
Quelques minutes plus tard, la princesse s'était changée et s'était vêtue de sa robe royale. Elle arriva au lieu de rendez-vous. Link l'attendait, assis seul à une table, il lisait une lettre qu'il tenait entre ses mains.
- Bonjour, dit Zelda en s'installant face au héros.
Elle se rendit compte que cela pouvait bien être la première fois qu'elle le saluait. L'Hylien, plongé dans sa lecture, releva la tête et la salua d'un hochement de tête.
- Que lis-tu ? lui demanda-t-elle.
Link, surpris par la question, reposa la lettre sur la table.
- C'est... une lettre d'excuse d'un dirigeant... Disons qu'il a manqué de respect à son supérieur, alors le roi l'a incité à écrire ces mots, répondit le héros.

Pour les deux élus, c'était vraiment étrange de se parler ainsi, comme si rien ne s'était passé. Mais il valait mieux cela pour avancer. Repartir de zéro. Leur voix était d'une neutralité grandiose, la princesse ne ressentait plus aucun mépris, jugement ou angoisse avec son chevalier servant. Désormais, il était une personne comme les autres, et c'était déjà une belle avancée.

- Edward a été enfermé dans une geôle pour une durée indéterminée sans même discuter de son cas. D'ailleurs, il faut impérativement que je te parle de toute cette histoire.
- Que suis-je censé savoir ?

Zelda jeta un oeil autour d'elle pour vérifier que personne ne l'épiait ou ne l'écoutait. Elle demanda au héros de lui jurer de ne rien raconter à son père. Celui-ci jura. Puis, elle se lança dans ses explications. Link l'écoutait attentivement, jamais elle n'avait été aussi sérieuse devant lui.

- Te souviens-tu de ce qu'Edward t'avait écrit sur la main ? commença-t-elle avec une voix calme chuchotant à moitié.
- Bien sûr, oui, confirma le chevalier.
- Je pense que c'est un message caché que l'on a voulu me transmettre...
L'Hylien regarda la paume de sa main, il ne comprenait pas.
- Sur... ma main ? Mais Edward a simplement voulu me faire passer pour un fou, car il est jaloux...
- Jaloux ?
- Votre Altesse, le poète s'est épris de vous.

Zelda soupira, elle trouvait cette hypothèse totalement absurde car elle n'était fondée sur aucune preuve. Au début, la princesse y voyait un jeune homme très aimable mais banal car c'était un noble, cela dura jusqu'à ce qu'il s'en prenne au capitaine évidemment.

- Je t'en prie, Link ! C'est ridicule !
- Mais cela pourrait tout expliquer... insista le héros.
- Justement, non, avais-tu remarqué le petit symbole en plus des phrases sur ta paume de main ?
Il essaya de se souvenir, il passa son index sur sa main pour essayer de reproduire le signe, et malgré l'état dans lequel il était ce jour-là, il parvint à se remémorer le tracé.
- Exactement, fit Zelda.

Elle lui expliqua ensuite que ce symbole lui était familier car elle l'avait aperçu sur un mur du château ainsi que sur un bout de parchemin que Revali avait découvert. Les informations pénétraient à une vitesse phénoménale dans la tête de Link qui se sentit vite perdu.

- Cependant, je doute qu'Edward soit derrière la totalité de nos découvertes, continua la princesse, nous avons aperçu une étrange silhouette à deux reprises au même moment où Revali et moi découvrions le symbole. J'en conclus que celle-ci est liée à toute cette histoire, comprends-tu ?
Il acquiesça d'un timide signe de tête.
- Cette silhouette... Edward peut très bien en être l'identité, releva Link.
- Elle est beaucoup plus grande, je doute que ce soit lui...
- Mais il aurait très bien pu...
- Link. Je sais qu'il t'a fait du mal et que tu veux lui rejeter la faute, mais nous ne sommes pas sûrs qu'il soit le véritable coupable.

Le héros ne répondit rien, mais son silence en disait long sur ses pensées et la colère qu'il gardait contre le poète. Pour lui, cela ne se discutait pas, il était un Yiga infiltré au château. Quand il partagea enfin cette hypothèse avec Zelda, celle-ci soupira.

- Ce que tu peux être têtu ! s'exclama-t-elle.
Il haussa les épaules.
- Tu me dis qu'il est jaloux, puis ensuite qu'il est un Yiga, je ne te suis plus. Tu n'es pas objectif du tout, de plus, s'il était un membre du clan Yiga, pourquoi t'aurait-il prévenu de leur attaque à la Cité Gerudo ?
- La vraie question, c'est : comment était-il au courant de l'attaque, corrigea Link.
L'Hylienne se leva de sa chaise en s'appuyant sur la table, déterminée à connaître la vérité, car tous ces mystères pouvaient potentiellement représenter un danger pour elle, Link et la famille royale.
- Très bien, il n'y a qu'une seule personne capable de nous donner des réponses...

~~~

Une fois la Forêt des Pommes dépassée, le trio s'apprêtait à traverser le pont de Misth, direction le nord-est, vers la région d'Ordinn. Ils ne devaient pas faiblir car le plus dur n'était pas encore passé.

- Ah ! Ce jour-là, j'ai bien cru que ma cuisine allait prendre feu ! rit Adrien.
- Tu rigoles j'espère ! Vous aviez vraiment tous cru que je n'avais aucun talent dans le domaine culinaire ? s'exclama Daniel.
- C'était la première fois que je te voyais ! Tu n'avais pas une tête à cuisiner.
- Dites-moi que je rêve... Je cuisine autant que Maëlle à la maison !
- Pas assez à mon goût, fit la concernée qui marchait en avant des deux hommes.
Adrien éclata de rire.
- Tu ne l'as pas vue venir celle-là, hein ?
- Ferme-la, Ad', lui dit-il.

C'était ainsi depuis le début du voyage, il y avait deux heures environ, les deux maris riaient ensemble, et leurs sujets de discussion variaient beaucoup. Maëlle préférait presser le pas pour arriver le plus vite possible au relais le plus proche afin d'y manger rapidement pour ne pas arriver trop tard au pied de la montagne, là où ils allaient passer la nuit. Cependant, la châtaine risquait de se fatiguer plus vite à marcher aussi rapidement. Les deux hommes le remarquèrent et baissèrent le volume de leur voix afin d'en parler.

- Sinon, comment ça va, elle ? demanda le mari de Suzanne.
- Elle n'a pas beaucoup dormi cette nuit... avoua Daniel.
- Insomnies ?
- Ne m'en parle pas ! Depuis toute cette histoire, ça n'arrête pas et ça m'inquiète beaucoup...
Adrien plaça le sac de voyage qu'il portait sur son autre épaule.
- En même temps, il ne vous a pas facilité la vie non plus, en disparaissant, ajouta-t-il.
- Elle déprime, j'ai tout essayé pour la refaire sourire, mais rien à faire. Evidemment que la disparition de Brad m'affecte, mais je pense qu'il ne faut jamais perdre espoir, alors j'essaie de rester fort, pour elle.
- Vous formez un très joli couple, déclara Adrien.
- Tout ce que je veux, c'est qu'elle soit heureuse. Nous avons réussi à prendre les commandes du village de Tabanta, c'était notre premier projet commun. Ensuite, nous avons fondé la famille que nous voulions, et aujourd'hui, nous avons tous les deux quarante ans et j'ai l'impression que tout ça est oublié à cause de ce malheur... expliqua Daniel.
Son beau-frère fut désolé pour eux, mais il n'était pas du genre à laisser tomber sa famille, ce voyage en était la preuve.
- C'est quelque chose qu'elle n'a pas accepté au fond d'elle, elle refuse d'y croire.
- J'aimerais tellement la revoir rire, s'amuser, retrouver cette joie de vivre sur son visage...
- Mais tu retrouveras tout ça, car on va le retrouver, ton fils, crois-moi ! assura Adrien.
Maëlle se retourna et marchait désormais à reculons.
- Dites-moi, le relais est à combien de temps d'ici ? demanda-t-elle.
- Je dirais une bonne heure, répondit Adrien.
- Très bien. Oh ! Et parlez moins fort quand vous discutez, j'ai des oreilles comme vous !
Elle se remit dos à eux.
- On a parlé si fort que ça ?
- Elle entend à des kilomètres, Ad' ! Je ne sais pas comment elle fait...

La famille arriva devant le pont de Misth qui traversait une rivière venant des marécages de Lanelle. La construction était entièrement en bois et de nombreuses planches manquaient à la structure. Cela ne rassura pas Maëlle qui passa en première en entendant le bois craquer et en sentant les poutres bouger sous ses pieds.

- J'ai toujours dit que les gemmes nox possédaient un étrange pouvoir, affirma l'oncle.
- Et je peux savoir où tu as lu ça ? se moqua Daniel.
- Je ne l'ai pas lu ! Je l'ai vu !
Le père regarda son beau-frère puis pouffa.
- Elles attirent les âmes, Daniel ! s'exclama-t-il.

L'homme, pris d'un fou rire, détourna le regard sur la rivière, et il y vit une étrange forme jaillir de l'eau. Un octoflot venait de surgir à la surface. Soudain, il expulsa une masse rocheuse sphérique en direction du pont et de Maëlle qui continuait tranquillement sa route. Le projectile alla se briser dans les poutres de bois servant de soutien au pont déjà en mauvais état. Lorsqu'il entendit de plus en plus de craquements, le sang de Daniel ne fit qu'un tour.

- Chérie ! cria-t-il dans le feu de l'action.
Maëlle se retourna, surprise.
- Ne bouge surtout pas, lui dit-il.
- C'est pas vrai... soupira Adrien, ce pont n'est pas entretenu depuis des années...

La châtaine comprit le danger qu'elle courait, elle se retint de gémir un cri de frayeur et ne quittait pas des yeux son mari, jambes fléchies, qui s'apprêtait à aller la chercher. Le pont ne tenait plus qu'avec quelques morceaux de bois morts.

- Je vais venir te chercher doucement, toi tu ne bouges pas d'un millimètre... fit son mari d'une voix calme et rassurante.
- Je ne veux pas tomber, je ne veux pas tomber... marmonna-t-elle, apeurée.
- Tu ne vas pas tomber, j'arrive, reste où tu es.
- Fais attention, Daniel, fit Adrien derrière qui l'observait se rapprocher de sa femme lentement.

Maëlle avait une peur panique de la noyade, ce qui découla sur une phobie de l'eau depuis son enfance. Elle tentait de respirer, de souffler pour calmer son angoisse. Daniel n'était plus qu'à quelques mètres d'elle, elle commença à tendre ses bras pour qu'il puisse l'attraper plus rapidement.

- Très bien, ne fais pas de gestes brusques, continua son mari.
Derrière lui, l'oncle se racla la gorge.
- Daniel... fit-il d'un air tout sauf rassurant.

Le concerné tourna légèrement sa tête sur sa gauche, il y vit un second rocher projeté en l'air par la créature qui n'attendait qu'une seule chose... Soudain, à l'impact, le milieu du pont, partie la moins solide ainsi que celle où se trouvait le couple, s'écroula sous leurs pieds, Maëlle resserra l'emprise qu'elle avait sur le bras de Daniel, mais en vain, elle tomba dans la rivière dans un cri d'effroi. Son mari prit appui sur une poutre brisée et put remonter. Une fois de retour près d'Adrien, il n'hésita pas une seule seconde.

- Daniel, qu'est-ce que tu fais ?! s'écria le mari de Suzanne.
- Elle ne sait pas nager ! paniqua-t-il.

Le courant emportait Maëlle, et d'une seconde à l'autre, le père prit de l'élan et plongea dans l'eau afin d'aller sauver sa femme. Son saut lui fit gagner quelques mètres, mais l'octoflot ne bougeait pas et ils se dirigeaient tous les deux vers lui. Paniquée, la mère ne cessait de gesticuler dans l'eau, impuissante face à la force du courant.

- Aidez-moi !
- Maëlle ! cria Daniel, dirige-toi vers la rive !

Du mieux qu'elle pouvait, elle essaya d'écouter les conseils de son mari qui, lui, tentait de venir la chercher. L'octoflot plongea soudainement, disparaissant complètement de la surface. L'homme accéléra sa vitesse de nage lorsqu'il vit que sa femme s'épuisait et qu'elle commençait à boire la tasse à plusieurs reprises. À trois mètres d'elle, il la calma.

- Je suis là, respire, dit-il en la retenant, inspire à fond, je vais te...

Tout à coup, Maëlle disparut sous l'eau, elle était comme tirée vers le fond : c'était l'octoflot qui l'emportait. Daniel attrapa sa main afin de ne pas la perdre de vue et plongea dans l'eau trouble. Ils n'y voyaient plus rien, le père décida de donner des coups de pied vers le bas dans l'espoir d'heurter la créature qui lâcherait prise. Il sentit alors une seconde main lui attraper l'avant du bras, alors il fit de même et tira de toutes ses forces. Et d'un geste brusque, Maëlle réussit à frapper l'octoflot à l'aide de son pied, celui-ci dut lâcher la châtaine qui fut aussitôt remontée à la surface par son mari. Enfin sortie de l'eau, Maëlle put de nouveau respirer, chose qu'elle pensait ne plus jamais faire. À quelques mètres de la rive, le couple s'aida du courant pour accéder plus vite à la terre ferme.

- C'est bien, continue ! Souviens-toi de ce que je t'ai appris ce jour-là, au lac Hylia, fit l'homme.

La tension enfin redescendue, Maëlle écouta son mari en effectuant quelques gestes qu'il lui avait enseignés. Il plaça une main dans son dos et une autre au niveau de son abdomen afin de la positionner correctement pour nager. Dos à eux, l'octoflot resurgit de l'eau en silence, mais aucun des deux Hyliens ne s'en rendit compte.

- Génial, tu te débrouilles très bien ! encouragea Daniel.

Le monstre s'approcha de plus en plus, mais lorsqu'il fut paré à l'attaque, une flèche lui passa au travers du corps en l'espace de quelques instants. C'était l'oeuvre d'Adrien, aidé d'un arc sur la rive.

- Nom d'un moblin ! Ce que j'ai eu peur ! s'écria l'oncle en aidant Maëlle qui atteignit enfin l'herbe suivie de Daniel.
Celui-ci observa le cadavre du monstre qui flottait encore.
- C'est toi qui as fait ça ? demanda-t-il à son beau-frère.
- Je n'avais qu'une seule flèche, autant te dire qu'il ne fallait pas que je le loupe !
- Tu sais tirer à l'arc maintenant ? Et depuis quand tu en as un avec toi ?
- J'étais champion de tir à l'arc dans ma jeunesse, et sache qu'il faut toujours avoir un arc avec soi !

Maëlle restait allongée sur le sol, le temps de se remettre de ses péripéties. Essoufflée, elle regardait les nuages, elle croyait que son heure était venue, et de la pire façon qu'elle aurait voulu.

- Ça va ? lui demanda son mari.
- Je suis tombée... répondit sa femme.
- Légèrement...
Il l'aida à se relever.
- Merci, fit-elle en prenant sa main.
- Au moins, on sait où ne plus passer maintenant, non ? ajouta Adrien.
- C'est le moins qu'on puisse dire.
- Où est le relais ? Je suis trempée et je meurs de faim, dit Maëlle en s'éloignant dans la bonne direction.
L'oncle sourit.
- C'est toi qui avais dit qu'elle ne serait pas capable de tenir tout le long du voyage ? fit-il à Daniel.
- J'espère qu'il n'a pas dit ça où on l'abandonne ici, Ad' ! répondit Maëlle au loin.

Les deux hommes se regardèrent dans le blanc des yeux avant de rire.

~~~

C'était un endroit froid, glacial même, le lieu était lugubre et sans lumière. C'était un endroit que la princesse n'avait pas l'habitude de visiter. Évitant les flaques d'eau qui se présentaient sur son chemin, Zelda vérifia chaque cellule dans lesquelles des prisonniers étaient enfermés. Elle et Link passèrent devant un Yiga dépourvu de ses pouvoirs, un vieil homme qui avait pourtant l'air innocent ainsi qu'une femme au regard noir. Visiblement, l'Hylienne n'était pas la bienvenue ici. Ce fut après quelques cellules vides de plus que les élus entendirent les pleurs d'un homme, isolé au fond du couloir derrière des barreaux.

- C'est lui, informa Zelda.
Link pressa le pas et la princesse le suivit. Ils s'arrêtèrent devant la cellule d'Edward, assis au sol contre un mur en train de sangloter.
- Edward, nous sommes venus te parler, débuta la blonde, les mains derrière le dos.
Le poète ouvrit ses yeux et fut d'autant plus comblé qu'effrayé de cette visite. Il se releva difficilement et se rua sur les barreaux de sa prison.
- Je vous en supplie, par Hylia, laissez-moi vous expliquer ! Sa Majesté n'a rien voulu entendre, voyez où je me trouve, de ce fait... supplia-t-il.
- Tu t'expliqueras quand je t'en donnerai l'ordre, répondit Zelda, indifférente.
Soulagé, le musicien posa son front contre un dur barreau de fer.
- Tout d'abord, Link et moi-même te sommes reconnaissants d'avoir prévenu l'assaut du gang des Yigas à la Cité Gerudo.

Le héros, en arrière, trouvait ces propos discutables mais ne dit rien. C'était dur, mais il gardait son calme et son sang-froid face à la personne qu'il voyait seulement comme son agresseur pur et simple.

- Non... non, non ! Ne le soyez pas... rectifia Edward, c'était seulement pour vous garder en vie, il voulait seulement que vous restiez vivante plus longtemps afin de parvenir à ses fins...
- Qui ça ? Qui voulait me garder en vie ?
- Je ne peux pas vous le dire, je vous le jure !
- Pourquoi donc ?
Link ne supportait déjà plus ses fausses excuses, son détournement de regard était un signe révélateur de son énervement intérieur. Le poète soupira longuement, tête baissée.
- Edward ! Pourquoi ne peux-tu rien me dire ? insista Zelda.
- Il... Qui sait ce qu'il ferait à ce que j'ai de plus précieux à mes yeux... Il serait même capable de me tuer ! affirma-t-il, apeuré.
- Votre Altesse... Vous ne croyez tout de même pas à ses histoires... osa Link.
La princesse se tourna vers son chevalier servant.
- Je veux entendre sa version ! dit-elle.
- Je suis désolé... je suis désolé... s'excusa le noble.
- Edward, calme-toi et dis-moi qui pourrait te faire du mal.
Le concerné s'attrapa le crâne.
- Il réduira en miettes mon accordéon !
- Et moi je te fais la promesse de le retrouver, ton accordéon, et en parfait état, tenta Zelda.

Edward regarda attentivement le visage de l'Hylienne. À vrai dire, il n'avait jamais vu d'aussi beaux yeux... Rares étaient ceux qui avaient l'opportunité de voir la beauté de la princesse d'aussi près, se disait-il. Il fit confiance à celle qu'il chérissait secrètement et finit alors par parler.

- Je ne connais pas son nom, ni son visage. Je sais juste que c'est un homme, mince et de grande taille. Mais il est masqué par un lourd casque en pointe sculpté en forme de visage terrifiant.
- Un homme masqué... bien sûr... marmonna la princesse.
Cette silhouette monstrueuse, c'était tout simplement celle d'un être humain muni d'un masque.
- Ressemblait-il à... cela ? fit Zelda en sortant ses notes sur lesquelles elle avait dessiné la forme de l'ombre humanoïde.
Le poète scruta le papier, il fronça les sourcils.
- Son masque n'a pas de cornes acérées... Sinon, c'est son portrait craché, dit-il.
Satisfaite, elle rangea son carnet et continua son interrogatoire.
- Edward, dis-moi la vérité, était-ce toi, cette ombre ?
- Qu... quoi ? Moi ? Non ! Puisque je vous dis que je suis victime de manipulation !
- Je n'y crois pas une seule seconde, intervint Link en s'approchant de la cellule, l'air menaçant.
- Link, recule, dit Zelda.
Celui-ci fit semblant de ne pas l'entendre.
- Toute ton histoire n'explique en rien pourquoi tu as menti à Son Altesse, dans la bibliothèque, fit-il remarquer.
- Link, recule, c'est un ordre ! insista la princesse.
Le héros s'exécuta sans lâcher du regard le prisonnier.
- Il est vrai que... j'étais jaloux de vous, Sire Link. Je suis tombé amoureux de Son Altesse et je n'en ai fait qu'à ma tête. Je ne supportais pas de vous voir à ses côtés constamment. Pour tout vous dire, je vous trouve indigne.

Par réflexe, Link empoigna le manche de sa lame mais cessa immédiatement son geste car il se rendit compte qu'il n'allait plus se contrôler. Mais ce comportement ne passa pas inaperçu aux yeux de Zelda qui le prit à l'écart.

- Je sais le mal qu'il t'a fait, moi aussi je lui en veux. Mais par toutes les déesses, ce n'est pas une raison d'agir de la sorte ! Écoute-moi, je ne t'en veux pas, d'accord ? Je sais que tu n'étais pas toi-même ce soir-là, c'est du passé, alors calme-toi, je t'en conjure. Cela ne nous mènera à rien.
Le chevalier se détendit et reprit ses esprits.
- Pardonnez-moi, Votre Altesse... s'excusa-t-il.
- J'ai fait des erreurs, mais je vous jure que cela n'a rien à voir avec tout ça ! continua Edward.
Zelda lui refit face.
- Il est temps de t'expliquer, nous t'écoutons, dit-elle.
- Je... j'étais obligé de faire ce qu'il me disait, il a joué avec les sentiments que je porte envers vous...

La princesse tout de même gênée ne pouvait s'empêcher de détourner le regard, elle ne pensait réellement pas que le poète officiel de la Cour pouvait véritablement s'être épris d'elle. Pourtant, Link n'était pas le premier à lui faire remarquer, Revali l'avait fait bien avant, le jour du bal.

- Il m'a demandé une première chose : il a voulu que je fasse boire du "vaï meets voï" à vous, Sire Link. Il voulait que Son Altesse se retrouve sans chevalier servant afin qu'elle soit plus facile à atteindre, révéla le poète. Seulement, vous n'êtes pas tombée dans le piège, Votre Altesse. Il m'a également dicté des phrases que j'ai dû écrire dans la paume de main de Sire Link afin de le faire passer pour un... indigne du rôle qu'il tient.
- Cette histoire aurait dû s'arrêter là, n'est-ce pas ? fit Zelda.
- En effet, mais comme son plan avait échoué, comme Sire Link ne s'était pas fait retirer son rôle, il me demanda une seconde "faveur", celle de vous tenir en vie jusqu'au moment voulu... J'ignore comment il fut au courant de l'attaque de ces assassins, mais en aucun cas il ne voulait que vous vous fassiez tuer ou capturer, alors, il m'a prévenu et j'ai moi-même alerté Sire Link pour qu'il ne vous arrive aucun mal. Voilà pourquoi j'ai sauté sur ce Yiga, l'autre jour. Il m'a obligé à vous espionner.

Cette révélation glaça le sang de l'Hylienne qui devait avouer que la version des faits d'Edward tenait la route malgré tout. Ce noble n'avait vraiment pas l'air de mentir.

- Pourquoi désire-t-il me garder en vie ?
- Il ne m'a rien dit d'autre, je n'ai fait qu'exécuter ses ordres... Vous devez me croire !
- Je te crois, Edward. Et toi ? demanda la princesse en se tournant vers Link.
Celui-ci, contrarié, devait se rendre à l'évidence qu'Edward leur offrait des explications claires et qui justifiaient beaucoup de choses, de ce fait, il acquiesça difficilement d'un léger hochement de tête.
- Bien. J'ai une dernière question, ajouta la blonde.
Elle sortit la découverte de Revali, le bout de parchemin.
- T'a-t-il donné des informations sur ce symbole ?
- Je...

Le poète se fit interrompre par des bruits de pas dans le long couloir des geôles. Zelda n'arriva pas à distinguer tout de suite qui s'approchait d'eux en raison de la faible luminosité du lieu. Subitement, un autre prisonnier non loin de là s'en prit au nouveau venu.

- Traîtresse ! lâcha-t-il, furieux.
La femme qui venait de débarquer s'arrêta devant la cellule de celui-ci.
- Réfléchis bien à qui sont les véritables traîtres, Yiga !

Zelda reconnut cette voix. C'était celle d'Impa. Que venait-elle faire ici ? La Sheikah aperçut dans la foulée la princesse. Étonnée de la voir dans cette partie du château, elle se précipita vers elle. Surprise de sa venue, la fille du roi lâcha malencontreusement ce qu'elle tenait en main qui tomba sur le sol humide.

- Princesse ? Mais... Que faites-vous ici ? interrogea-t-elle.
- Je vous retourne la question, Dame Impa.
Celle-ci ignora la réponse et rua son attention sur ce que l'Hylienne venait de faire tomber.
- Qu'est-ce donc ?
- Rien d'important.

Zelda ne souhaitait pas mettre Impa au courant, c'était la personne la plus proche du roi, si elle savait, son père lui aussi savait. Et elle se doutait bien que raconter cette histoire au souverain allait se retourner contre elle, on l'interdirait de sortir de l'enceinte du château. Un cauchemar. La Sheikah se baissa tout de même pour ramasser le papier. Zelda se mordit la lèvre inférieure et le coeur d'Impa sauta quelques battements lorsqu'elle lut la phrase écrite.

"Je veux Son Altesse."

- Princesse... Quand comptiez-vous me mettre au courant ? fit Impa, choquée.
- Dame Impa, je maîtrise parfaitement la situation et...
La Sheikah afficha des grands yeux ronds, elle la coupa.
- Vous ne comptiez pas ?
- Eh bien... je... balbutia la princesse.
- C'est une affaire qui concerne Son Altesse, et elle ne préfère pas en parler à tout le monde, intervint Link qui prit sa défense.
- Oh ça non, je peux vous assurer à tous les deux que vous n'êtes pas la seule concernée, Princesse !
- Qui d'autre, dans ce cas ?
- Le Royaume d'Hyrule entier ! Par Hylia, dix ans... dix ans que cette affaire a été clôturée, ce n'est pas possible...

Impa commençait à s'affoler toute seule, les élus qui pensaient avoir percé le mystère ne s'attendaient pas à une telle réaction de la part du magistrat adjoint.

- Dame Impa, expliquez-moi, pria Zelda.
- Ah ! J'oubliais ! Vous étiez trop jeunes à l'époque... par Nayru mais que vous veut-il ?
- Vous connaissez ce signe ? Vous savez ce qu'il représente ? s'empressa de demander la princesse.
- C'est une signature... sa signature...

Impa recula jusqu'à heurter un mur de pierre sur lequel elle s'appuya, ce qu'elle s'apprêtait à dire la perturbait énormément mais c'était la pure réalité et il fallait s'y plier.

- Il est de retour. Le Grand Voleur Lambda est de retour...

~~~

Il s'était suicidé !

Il y a dix ans de cela, le voleur Lambda s'était suicidé, laissant derrière lui toutes les richesses qu'il avait dérobées au royaume tout entier. Certains pensaient même que son but ultime était de s'emparer de la couronne du roi d'Hyrule. Personne ne sut pourquoi cet homme mystère qui prit comme surnom "Lambda" avait mis fin à ses jours. Comment pouvait-il encore être en vie ? C'était même le père de Link, anciennement capitaine de la garde, qui l'avait vu sauter de ses propres yeux du pont d'Hylia chevauchant le lac du même nom. Il était resté trente longues minutes à attendre de voir si le corps du voleur remonterait à la surface. Ce fut le cas, on le découvrit inerte, flottant sur le lac, pas très gai comme vision... Mais le résultat restait le même : il était mort, c'était ce que tout le monde croyait.

- Comment pouvez-vous être sûre que c'est bel et bien lui qui a écrit sur ce parchemin ? demanda Zelda qui suivait comme elle pouvait Impa dans les couloirs du château suivie de Link. Ce que je veux dire, c'est que quelqu'un aurait très bien pu reproduire son symbole, pour se faire passer pour lui...
- C'est impossible, Princesse ! Cela fait à présent des années que personne ne s'était risqué à faire une telle chose, tout le monde sait que se faire passer pour le Grand Voleur Lambda était un crime des plus graves que l'on peut commettre à Hyrule ! répondit la Sheikah.
- Et pourquoi pas cette fois-ci ? fit Link.
Cela fit s'arrêter net le magistrat adjoint dans sa course.
- Car personne n'est aussi rusé que le véritable Lambda !

Le trio arriva jusqu'à une intersection dans les couloirs. Sans hésiter, Impa prit la direction de droite.

- Dame Impa ? Nous n'allons pas jusqu'à votre bureau ? interrogea Zelda qui s'apprêtait à prendre la direction de gauche.
- Je vais prévenir Sa Majesté ! Ce qu'il se passe est beaucoup trop important pour qu'il ne soit pas au courant !
Ce moment devait arriver, c'était certain. La princesse la supplia de faire demi-tour.
- Je vous en prie, Dame Impa, pas ça...
- Ce n'est pas contre vous que je le fais, mais comprenez que vous êtes en grand danger, la plus grande menace d'Hyrule hormis la Calamité vous en veut je ne sais pour quelles raisons... Désolée, Princesse, mais je suis obligée...

L'Hylienne baissa la tête, dépitée, elle savait qu'Impa ne changerait pas d'avis. Celle-ci les invita, elle et Link, à l'attendre dans son bureau. Les élus rejoignirent donc le lieu en question.

- Condamnée à rester bloquée ici, à prier en vain... Je ne le supporterai pas, déclara Zelda qui s'avança jusqu'à la fenêtre du bureau.
- Si cela peut vous aider, Votre Altesse, je peux essayer de convaincre votre père, proposa Link qui refermait la porte.
- C'est gentil Link, mais je doute fortement qu'il soit aussi facilement influençable. Il te faudrait des arguments de taille pour le faire changer d'avis.
Le héros réfléchit.
- Je pourrais lui dire que si ce voleur devait chercher dans un premier endroit pour vous trouver, c'est bien ici, et puis, je ne suis pas votre chevalier servant pour rien, pourquoi m'aurait-il nommé ainsi si vous restez sans besoin de protection ? En sachant qu'il n'était pas au courant du retour de cet homme.
- C'est vrai, mais tu ne connais pas mon père...
- Je peux toujours essayer ?

Zelda se tourna vers le bureau d'Impa sur lequel multiples documents étaient posés en désordre. Tous avaient un point de commun : ils avaient un lien avec les Yigas. Cela capta l'attention de la blonde qui trouvait étrange qu'Impa s'intéresse autant à ce gang d'assassins. Surtout lorsque le roi avait interdit toutes sortes d'études sur eux au château depuis dix ans.

- "Bilan de semaine une", "Bilan de semaine deux", "Bilan de semaine trois", Link, tu as vu ça ? s'exclama la princesse qui s'assit à la place respective du magistrat adjoint.
Le chevalier s'approcha.
- "Aucun meurtre de commis cette semaine, ils sont furieux. Mon territoire de chasse se situe à présent à Firone, je suis accompagnée. Je ne pourrai pas faire semblant encore longtemps. Des mois que je vois des innocents se faire assassiner sans pitié. Si je ne tue pas, on me soupçonnera. Je dois trouver une solution pour éviter de commettre de telles atrocités". C'est ce qui est écrit sur le "Bilan de semaine cent vingt-quatre", fit la princesse.
- Il y en a autant ?

Zelda remarqua un placard sous le bureau, lorsqu'elle l'ouvrit, elle vit une pile de documents similaires. Cinq cents onze. C'était le total des bilans qu'Impa avait en sa possession. Les élus n'en crurent point leurs yeux. Soudain, la porte s'ouvrit brusquement.

- Link ? Princesse ? Vous fouillez dans mes affaires ? fit la Sheikah, de retour de la salle du trône.
Les deux élus ne répondirent rien.
- Qu'avez-vous trouvé ? s'inquiéta-t-elle.
- Pourquoi vous intéressez-vous autant aux Yigas ? demanda Zelda dans la foulée.
La concernée accourut vers tous ses papiers qu'elle avait oubliés de ranger, elle les attrapa précipitamment sans les trier.
- Ce sont des affaires qui ne vous concernent pas, Princesse ! Contrôlez votre curiosité s'il vous plaît, termina sèchement la femme.
- Vous vous comportez étrangement pour que cela ne me concerne pas, remarqua la princesse.
- Comment ai-je pu oublier de ranger cela... l'ignora Impa.

Elle apporta toute la pile de documents qu'elle portait jusqu'à une armoire où elle la rangea soigneusement, à l'abri de la vue de tous.

- Que suis-je encore censée savoir, Dame Impa ? Je sais que vous me cachez des choses, vous et mon père.
- Il y a beaucoup plus urgent à s'occuper ! Le plus grand voleur de l'histoire d'Hyrule est en ce moment même dans la nature alors...
- Que cela me concerne moi, ou ma famille, j'estime avoir le droit de connaître la vérité ! coupa l'Hylienne. Qu'avez-vous comme lien avec les Yigas, Dame Impa ?
- Avec tout le respect que je vous dois, Princesse, merci de cesser de fouiller dans mes affaires.
- Répondez à ma question, je vous prie, insista Zelda.

Le ton commençait à monter. Impa ne s'était jamais fâchée ainsi, c'était visiblement un sujet auquel elle portait beaucoup d'importance. Link préféra sortir de la pièce pour éviter d'assister à une dispute soudaine. La Sheikah rejoignit son bureau.

- Non, je ne puis y répondre, Princesse.
- Je me moque que cela soit pour ma sécurité ! Je ne suis plus une enfant, j'ai bientôt dix-sept ans, et je ne tolérerai pas qu'on me cache des choses sur ma propre famille, je trouve cela insensé ! lâcha Zelda.
- Princesse, soyez raisonnable, on m'a interdit de vous en parler, ce n'est pas en insistant de la sorte que je le ferai ! Vous m'obligez à vous demander de sortir de mon bureau, je vous prie.
- Je ne sortirai pas tant que je ne connaîtrai pas la vérité.
La fille du roi croisa les bras et prit un air déterminé à rester dans la pièce.
- Voyez comment vous agissez, Princesse... La curiosité excessive est un vilain défaut. S'il vous plaît, veuillez cesser de me poser des questions à ce sujet, continua Impa.
- Comprenez que j'ai l'impression d'être toujours ignorante de la situation !
- Et comprenez que si ça ne tenait qu'à moi, vous connaîtriez la vérité depuis bien longtemps !

Soudain, la porte s'ouvrit. C'était le roi en personne accompagné de Link qui attendait sagement jusqu'à ce moment dans le couloir.

- Je constate que vous ne lâcherez décidément pas l'affaire, ma fille. Nous en avons déjà parlé, il y a des choses que vous ne devez pas savoir...
Zelda crut qu'il avait terminé sa phrase, par réflexe, elle s'excusa.
- Pardonnez-moi, père je...
- Disons plutôt : des choses que vous ne deviez pas savoir jusqu'à présent, continua soudainement le souverain.
Surprise, la princesse releva les yeux sur son père.
- Je discutais avec Link. Il paraît que vous aviez peur que je vous interdise de sortir du château ? fit-il.
- Je... oui, répondit timidement Zelda.
- Sachez, ma fille, que je ne peux faire une telle chose. Avez-vous oublié votre devoir de prêtresse ? Vous devez vous déplacer jusqu'aux sources pour y prier. Link a raison, que vous soyez ici ou ailleurs, le Grand Voleur Lambda n'y verra aucune différence. Ce ne sont pas des murs de pierre qui l'arrêteront, vous pouvez me croire.

Le héros fit signe de la tête à la princesse comme pour lui dire de ne pas s'inquiéter. Elle fut d'une part soulagée, elle remercia le capitaine d'avoir pu convaincre le roi.

- Quant à cette histoire, je vous aurais prévenue, la vérité ne vous satisfera pas. Mais vous avez raison, vous faites partie de la famille royale, vous avez le droit d'être au courant. Vous avez de la chance que votre chevalier servant soit si convaincant. Si vous tenez tant à la connaître, racontez-lui, Dame Impa, finit Rhoam Bosphoramus Hyrule.

Celle-ci conseilla à Zelda de s'asseoir. Le roi repartit aussitôt et Link, lui, voyait la princesse insister pour qu'il entende aussi les mots d'Impa. La Sheikah s'apprêtait à leur raconter une histoire qui datait d'il y a de cela des années déjà.

Tout avait commencé ce jour-là, lors des funérailles de la défunte reine d'Hyrule.

... Et apprendre à nous connaître.

Chapitre 18 : Dangereux déni   up

OoOoOoO

L'opération devait durer six mois. Elle a duré près de dix ans.

- "Hyrule est plus qu'un royaume, c'est une raison de vivre". Sa Majesté Éléonore Bosphoramus Hyrule prononçait ces mots chaque jour. Elle y prouvait l'importance qu'elle apportait à chacune de nos contrées, de nos régions et de nos peuples. Sa générosité, sa gentillesse et sa détermination faisaient d'elle... une reine extraordinaire... Dur pour un roi de se canaliser devant des dizaines de personnes à son écoute. Il ne laissait transparaître aucune émotion.

- Tout le monde se souviendra de la sagesse dont elle faisait preuve envers chacun d'entre nous. Elle était juste et prenait les bonnes décisions pour le royaume d'Hyrule. Je jure, devant vous tous, que même seul, je gouvernerai votre pays comme votre reine le faisait si bien à mes côtés.

Le capitaine de la garde attendit que tout le monde sorte de la cathédrale, bouleversé par les récents évènements et par le discours du souverain, il allait lui falloir du temps pour accepter la tragédie. Tout comme Urbosa qui n'était toujours pas sortie, la Gerudo se tenait debout face au portrait de sa défunte amie posé au fond du bâtiment. Le chevalier la rejoignit discrètement pour ne pas la déranger dans ses pensées.

- Dame Urbosa ? fit-il.
La suzeraine se tourna vers lui, jamais il n'avait vu un visage aussi triste. Urbosa gardait les yeux fermés, refusant de croire à toute cette histoire.
- Je ne pensais pas qu'une telle chose pouvait arriver aussi vite, soupira la Gerudo.
- Nous n'oublierons jamais tout ce qu'elle a fait pour Hyrule.
- C'était ma meilleure amie, et ma Cité ne serait plus que ruines si elle n'avait pas été là. Je lui dois beaucoup. Alors la perdre aussi brutalement...
- Je comprends.
Un court instant de silence s'installa.
- Si Sa Majesté a besoin de quoi que ce soit...
- Vous savez, il ne demande jamais d'aide, il pense pouvoir surmonter cette épreuve seul, informa l'Hylien.
- Et ma petite princesse... Cela fait si longtemps que je ne l'ai pas vue... Je n'ai même pas eu le temps de lui parler tout à l'heure. Vous pensez que...
- C'est une vraie petite courageuse, elle a fait preuve de calme et de maintien. Elle a tenu son rôle dignement, coupa-t-il.
- Je voudrais la revoir, discuter avec elle, avoua la suzeraine.
Le capitaine eut un léger rictus empathique.
- Je crois qu'elle n'a pas prononcé un seul mot depuis hier, d'après ce que l'on m'a dit, continua-t-elle.
- J'ai l'impression d'avoir le même à la maison...
- Un vrai petit timide, votre fils, n'est-ce pas ?
- Absolument, il ne parle qu'à sa mère, quasiment.
La Gerudo posa les mains sur ses hanches.
- Comment va Diane ? demanda-t-elle, à la grande surprise du capitaine.
- Vous... vous connaissez ma femme ?
- La reine m'a beaucoup parlé de vous, elle vous considérait comme des amis, expliqua Urbosa.
- Eh bien, oui, elle se porte bien, c'est aimable de votre part de demander, remercia-t-il.
La suzeraine lui sourit.
- C'est normal.

~~~

Sa Majesté n'a jamais accepté la mort de votre mère. Même encore aujourd'hui. N'assumant pas sa faiblesse due à la tristesse qui l'envahissait chaque jour, il transforma celle-ci en colère, en haine, en soif de vengeance.

Rhoam Bosphoramus Hyrule attendait le retour d'Impa et de Zelda. La Sheikah avait eu l'idée d'aller étudier un sanctuaire avec la princesse pour la faire penser à autre chose. Elles arrivèrent devant lui et celui-ci ne tarda pas plus longtemps.

- Dame Impa ! Je dois vous parler en privé, fit-il sur un ton presque agressif.
Elle acquiesça sur-le-champ.
- Attendez-moi dans la bibliothèque, Zelda, je vous rejoins dans quelques minutes, fit-elle à la princesse.
- D'accord, répondit la fille du roi.
- Vous appelez ma fille par son nom ? s'étonna le souverain.
- C'est... elle qui m'a demandé de le faire.
- Tâchez de l'appeler autrement afin qu'elle ne s'attache pas à vous trop rapidement ! ordonna le roi.
Impa fronça les sourcils.
- Pourquoi donc ? demanda-t-elle.
- Suivez-moi.

Il l'emmena dans une petite salle accessible par la droite du Grand Hall, une salle qui disposait d'une petite table autour de laquelle ils s'assirent face à face. La discussion allait s'avérer sérieuse, très sérieuse. Le roi fixa du regard la Sheikah qui ne comprenait pas ce qu'il lui voulait. Le souverain se redressa et posa ses deux mains à plat sur la table.

- Dites-moi, Impa. Comment se passe votre rôle de cheffe au village de Cocorico ? commença-t-il.
Une question aussi étrange cachait forcément quelque chose, quelque chose que le roi ne voulait pas révéler à la concernée dans l'immédiat. Impa répondit tout de même à la question.
- Tout se passe bien dans l'ensemble. Le village se porte correctement. Nous avons enfin mis un terme à la querelle avec le village d'Adeya, nous avons trouvé un accord.
- Une querelle ? Je n'étais point au courant, affirma le roi.
- Oh... une simple histoire de commerce. J'ai pensé que vous auriez mieux à faire que régler un conflit aussi minime. De plus, cette histoire est terminée à présent.
- Fort bien.

Le silence revint, ne sachant plus quoi dire, Impa comprenait de moins en moins ce que le roi lui voulait.

- J'ai pensé qu'amener Son Altesse au niveau d'un sanctuaire à proximité aurait pu l'aider à se changer les idées, j'espère que cela ne vous a pas dérangé... continua-t-elle.
- C'est très bien. Il n'y a pas de problèmes. Dites-moi, vous sauriez si quelqu'un d'autre que vous pourrait vous remplacer à Cocorico durant quelques semaines ? lâcha soudainement Rhoam Bosphoramus.

La Sheikah sentit qu'on voulait qu'elle reste au château un peu plus longtemps que pour s'occuper quelques jours de la princesse en tant que nourrice temporaire. Car en effet, depuis la naissance de Zelda, sa mère insistait pour garder une bonne relation avec sa fille et refusait qu'une autre personne s'occupe d'elle à sa place durant une journée entière. Le roi et la reine arrivaient ainsi à passer du temps avec leur fille tout en gérant les affaires du royaume.

- Que voulez-vous dire ? s'interrogea Impa.
- Répondez à ma question, insista le roi.
- J'ai... j'ai ma soeur et mon frère, Pru'ha et Rodric, qui pourraient effectivement prendre ma place mais je ne...
- Parfait. Cela tombe bien, j'ai quelque chose à vous proposer, Impa.
Cela n'étonnait guère la cheffe au vue du comportement du père de Zelda. Celle-ci comprit mieux la raison de cet étrange entretien en face à face.
- Je... vous écoute, fit-elle, un peu inquiète.

Elle connaissait bien le caractère du roi, celui-ci ne se comportait pas comme d'habitude. Plus agressif, encore plus sûr de lui, et capable de changer d'humeur en quelques instants, cela tourmentait la Sheikah qui resta tout de même compréhensive.

- Accepteriez-vous de me venir en aide, une nouvelle fois ? demanda-t-il.
- Vous avez besoin de moi assez longtemps, je présume, si je dois être remplacée au village...
- Six mois.
Impa déglutit, elle ne s'attendait pas à si longtemps.
- Votre Majesté, six mois ? Que voulez-vous que je fasse durant six mois ?
- Vous êtes la personne idéale pour mener à bien cette mission.
- Une mission ? Quel genre de mission ?
- Une mission d'infiltration.
Elle se demanda s'il n'était pas devenu fou, peut-être supportait-il très mal le décès de sa femme et qu'il avait besoin simplement de faire son deuil. Malgré cette pensée, Impa n'était pas rassurée.
- Ils doivent payer pour ce qu'ils ont fait, Impa, ajouta le roi.
Celle-ci comprit le stratagème.
- Les... les Yigas ? suggéra-t-elle.
- J'ai besoin de vous pour les infiltrer. Il s'agirait de récupérer le maximum d'informations sur leur mode de vie, leur activité quotidienne et sur l'intérieur de leur repaire durant une période de six mois. Une fois ceci fait, vous disparaissez et revenez au château, et nous les attaquerons avant même qu'ils ne puissemt vous retrouver.

C'était de la folie. Un plan aussi dangereux n'était pas possible. Du moins, c'était ce que la Sheikah pensait. Le souverain avait l'air déterminé.

- Votre Majesté, je ne puis faire une telle chose, c'est une mission d'une dangerosité extrême. Comment vais-je faire pour m'allier à eux sans soupçons ? Pour rester des mois dans le clan ennemi sans me faire repérer ? Et pour disparaître d'un jour à l'autre ? Ce n'est pas si facile... Et surtout, pourquoi moi ? Des tas d'autres Hyliens seront meilleurs que moi pour une mission pareille...
- Vous êtes la personne la plus apte à mener à bien ce que je vous demande. Vous êtes confiante, intelligente, vous savez manier une lame, et enfin, vous êtes une Sheikah. La Sheikah en qui j'ai le plus confiance. De ce fait, vous possédez beaucoup plus de connaissances sur leur clan que n'importe qui d'autre. Dès votre retour, je vous offrirai le privilège de devenir magistrat adjoint. Un titre très bien payé, je puis vous l'assurer ! s'exclama le roi.
- Même si je venais à vous donner mon accord, ce ne serait pas pour l'argent, Votre Majesté, répondit Impa.

Il soupira nerveusement. Cela lui tenait beaucoup trop à coeur, il ne désirait qu'une seule chose : se venger, mettre un terme à l'existence des Yigas. Ces pensées l'obsédaient, et cela se voyait dans son regard.

- Imaginez la nouvelle vie que vous pourriez mener en rentrant ! Personne ne refuserait une offre comme celle-ci !
- Sauf tout votre respect, Votre Majesté, je crois que vous êtes encore sous l'influence des récents évènements, et c'est tout à fait normal, je...
- Vous croyez que je n'ai pas assez de recul sur mes propres propos ?
- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire, je...
- Alors ? Acceptez-vous, ou non ? insista Rhoam Bosphoramus.
Impa prit deux appuis sur la table, la tête baissée.
- Je ne sais pas quoi vous dire...
- Cette mission devra également rester confidentielle, ajouta-t-il.
- Confidentielle ? Confidentielle comment ?
- Confidentielle au point où nous seuls serons au courant...
Pour Impa, le roi accumulait les folies.
- Mais... que vais-je dire au village, à ma famille ? Écoutez, je ne suis pas contre vous venir en aide, mais... Je ne suis même pas certaine de revenir, il me faut du temps pour réfléchir et vous répondre.
- Soit, comme vous voudrez, mais réfléchissez vite car une escorte est prête dans dix jours pour les Hauteurs Gerudo, lieu potentiel de leur repaire.

Sur ces mots, le roi se leva et sortit de la pièce rapidement, laissant seule la cheffe de Cocorico ne sachant plus quoi penser. L'opération n'était même pas prête à démarrer. Comment pouvait-il supposer de partir dans dix jours seulement ? Impa se leva et sortit digérer toute cette histoire improbable et encore irréelle à ses yeux.

~~~

Je crois bien que je l'ai fait pour vous, Princesse. Je savais ce que votre père attendait de vous. Il ne cessait de vous parler de votre pouvoir, vous étiez alors une petite fille angoissée par la peur d'échouer, déjà à l'époque.

Durant les derniers jours avant mon départ, je ne le voyais qu'amplifier sa colère, il était devenu terriblement invivable. Heureusement, mon accord l'a rassuré et cela l'a calmé...

Mais il ne pensait même plus à votre mère, tout ce qu'il voulait, c'était une extermination des Yigas. S'il n'avait pas sa vengeance, sur qui allait-il reporter toute sa colère, selon vous ?

La nuit avait débuté depuis bien longtemps déjà, il faisait noir, seules les étoiles et la lune éclairaient le chemin d'Impa. Ils avaient vu juste. C'était l'endroit.

Armée de son sabre de la défiance et de son bouclier de l'égide, la Sheikah était à présent seule. Elle prit une grande inspiration afin de se préparer psychologiquement à ce qu'elle allait vivre. Elle ne devait pas faiblir, cela lui coûterait la vie. D'après les nombreuses études menées sur ce site, le lieu était dissimulé derrière la pierre même des montagnes qui entouraient la Vallée de Caltice.

Elle ne se rendait pas compte de ce qu'elle faisait. Avait-elle réellement fait le bon choix ? Lorsqu'elle avait vu le visage dur et animé par la haine du roi et celui doux et innocent de la princesse, Impa pensait qu'elle n'avait pas à hésiter. Cette situation avait plus que duré, et en acceptant cette mission d'infiltration, la cheffe pensait que le souverain reprendrait ses esprits et redeviendrait raisonnable. Ce qui était mieux pour lui et pour sa fille. Son inconscience le menait à prendre des décisions inimaginables, et personne n'osait remettre en question sa parole.

Impa fit quelques pas en avant, elle arrivait au bout, le fond de la vallée se situait une trentaine de mètres devant elle. Discrète, elle s'arrêta devant le mur. L'ambiance sembla changer d'une seconde à l'autre. La nuit n'était plus paisible mais lugubre, et le silence n'était plus apaisant mais angoissant. Des murmures incompréhensibles se firent entendre de part et d'autre de la vallée, ils ressemblaient à des sortes d'échos. La Sheikah comprit qu'elle était arrivée, elle savait pertinemment où elle se trouvait et qui elle allait rencontrer.

- Quelle surprenante rencontre... ricana une voix.
- Accueillons notre invitée comme il se doit, ajouta une autre voix.
Impa regardait tout autour d'elle sans repérer un quelconque Yiga dans les parages. Elle débuta alors son plan.
- Je suis Impa, une Sheikah ! Je veux rejoindre votre clan ! déclara-t-elle.
Le silence se rabattit et on révéla un passage dans le mur de pierre, l'entrée du repaire. Deux assassins en sortirent et attrapèrent Impa par les bras, celle-ci se laissa faire.
- Une Sheikah qui veut changer de camp ? On n'a pas vu ça depuis des années, lança un Yiga.
- Je vous le jure. Je me suis enfin rendu compte que la famille royale se servait de nous, et que les Sheikahs ne possédaient aucune liberté ! Ne me laissez pas continuer à vivre une telle vie, je vous en supplie !
Impa s'avérait très convaincante et courageuse. Un des deux sous-fifres dégaina sa lame courbée et plaça la pointe sous le menton de sa prisonnière.
- Tu penses réellement nous avoir comme ça ? dit-il hautainement.
- Je veux simplement vous aider, insista Impa.
- Comment connais-tu l'emplacement de notre repaire ?
- Je vous l'ai dit, je veux vous rejoindre, j'ai tout fait pour vous retrouver, j'attends ce jour depuis des années.
Le Yiga qui la tenait toujours ricana.
- Mensonge... murmura-t-il à l'oreille de la cheffe.

Soudain, ils la frappèrent à la tête et elle tomba violemment au sol. Son crâne heurta un rocher et elle perdit connaissance. Les deux hommes masqués se regardèrent.

- Tuons-la.
Le premier Yiga s'apprêta à abattre sa serpe sur le corps d'Impa lorsqu'un troisième membre du clan débarqua et repoussa l'assassin.
- Mais vous êtes stupides ?! cria-t-il.
La voix claire du troisième Yiga retentit dans toute la vallée.
- C'est une Sheikah, elle n'a rien à faire ici, on ne peut pas lui faire confiance, se justifia le premier homme en rouge.
- Elle a dit qu'elle voulait nous rejoindre, pauvre idiot !
- Comment peux-tu être sûr que ce n'est pas un piège ?
- Par Ganon ! Ça vous arrive d'écouter notre cheffe ?
Ils soupirèrent, preuve qu'ils avaient tous les deux fait fausse route.
- Elle seule vous dira s'il faut la tuer, termina le troisième assassin.

Lorsqu'Impa se réveilla, elle était assise sur une chaise en bois, au milieu d'une salle éclairée d'une simple lanterne au plafond. On lui avait retiré son équipement. Son sabre et son bouclier étaient entre les mains d'un Yiga sur sa droite. Celui sur sa gauche la regardait étrangement et un dernier se tenait devant elle.

- Elle se réveille, dit-il.

Il se recula sur le côté et Impa put apercevoir une femme, vêtue elle aussi de cette même combinaison rouge et de ce masque blanc que tous les Yigas portaient. L'intrigante dame tourna autour de la chaise où la Sheikah était assise et l'observa attentivement, sous le regard vide de l'infiltrée.

- Nous avons pour habitude de massacrer les voyageurs qui s'aventurent trop près d'ici... dit la femme.
Malgré la douleur que lui procurait son crâne, Impa répondit difficilement.
- Je ne suis pas une voyageuse.
La femme s'arrêta net devant elle, les mains derrière le dos.
- Non, je vois ça, répondit-elle, il paraît que tu veux prêter allégeance au Seigneur Ganon ?
- Ou... oui...
- Impa ? C'est ça ? Je suis Katlyn, cheffe du clan Yiga. C'est très noble de ta part de vouloir nous rejoindre.
Celle-ci recula afin de s'asseoir à son tour.
- J'aurai seulement une petite question pour toi, Impa.
La Sheikah mourait d'envie de venger sa reine, mais elle se contrôla et resta dans son rôle jusqu'au bout. Elle dévisagea la cheffe du clan.
- Sais-tu comment devient-on un Yiga ?
- Par l'incantation, Madame, répondit poliment Impa.
Soudain, la concernée fut prise d'un fou rire.
- Madame ? Tu te fiches de moi ? Ici, on m'appelle "cheffe", alors tâche de faire de même à présent !
Un des trois Yigas pouffa discrètement.
- C'est drôle peut-être ?! fit Katlyn.
Le concerné se tut immédiatement.
- Incapable ! Bref, Impa, je vois que tu es très bien renseignée.
- J'ai voulu me montrer la plus prête possible à devenir comme vous.
- Mais tu n'as pas le choix, ma jolie ! Tu te trouves au coeur même de notre repaire, tu ne crois quand même pas que je vais te laisser repartir ainsi ? Tu ne sortiras d'ici qu'en ayant fait le serment !

Les trois assassins présents ricanèrent simultanément. Ces paroles glacèrent le sang d'Impa qui espérait de tout coeur que son stratagème fonctionnerait. Sera-t-elle encore assez lucide après cette fameuse incantation pour éviter le pire ? C'était la seule interrogation qu'elle avait.

- J'ai fait le choix de ne pas tuer les potentiels volontaires, afin de gagner en effectifs, ajouta Katlyn, bref, je ne vais pas perdre plus de temps. Vous trois, amenez-nous tout ce qu'il faut !

Le trio de Yigas s'exécuta. Impa se retrouva seule face à l'intimidante cheffe. Un seul faux pas et la Sheikah y laissait sa vie. C'était déjà incroyable d'être arrivé jusqu'ici pour elle. Il fallait passer l'étape de l'incantation, celle sur laquelle elle avait le plus de doutes, les risques étaient très élevés.

- Je vais t'expliquer le déroulement de l'incantation en détails. On va bien s'amuser, déclara Katlyn.
- Je n'en doute pas...

Il s'agissait d'invoquer la "rancoeur de Ganon", autrement dit, une portion minime du Mal qui envahirait la pièce sous forme de brume rougeâtre et obscure. Impa allait devoir jurer d'être digne de confiance pour les membres de son nouveau groupe. Si elle venait à le trahir, une malédiction s'abattrait sur elle pour le restant de ses jours. C'était le "Serment". Un pacte. Quelques minutes plus tard, les sous-fifres ramenèrent une dizaine de serpes ainsi qu'une torche. La Yiga disposa les dix serpes en cercle, la lame vers le centre, puis, elle ordonna au trio de partir.

- Si tu le veux bien, ma chère Impa, assieds-toi au centre, et ferme les yeux, je ferai le reste, affirma la cheffe des Yigas, pressée d'invoquer le Mal comme si elle en était dépendante.

La Sheikah, tremblante, prit son courage à demain et exécuta les ordres de Katlyn.

~~~

La mission prit une autre ampleur lorsque j'ai appris que vous étiez surveillée constamment en tant que sous-fifre Yiga. Il vous fallait passer officier, le grade supérieur, pour que vous ne soyez plus observée. L'horrible acte de commettre un certain nombre de meurtres était la clé pour devenir officier, ce qu'il me fallait pour pouvoir rejoindre le château sans crainte.

Mes semaines se ressemblaient toutes, je remplissais un bilan hebdomadaire pour le roi, j'étais accompagnée et je faisais semblant de tuer, mais je revenais bredouille au repaire. Et vint évidemment le moment où cela remettait en doute chez mes camarades ma fiabilité au sein de leur clan. Je suis consciente que cette infiltration n'avait aucun sens, à quoi bon risquer sa vie alors qu'il y avait tant d'autres manières d'éliminer ces traîtres ?

Mais je devais terminer ce que nous avions commencé, votre père et moi. Que cela soit une erreur ou non.

Dans la forêt de Firone, ils attendaient leurs proies, comme chaque semaine. Ce jour-là, on leur avait dédié la zone sud d'Hyrule. Vêtue de rouge et masquée, Impa était semblable à son coéquipier. Elle tenait une serpe coupe-gorge à la main qui pouvait s'apparenter à une neuve tellement son utilisation se faisait rare. Mais en tout cas, la lame brillait, la fausse Yiga le répétait sans cesse.

Les années avaient passé, et la Sheikah s'était habituée à son drôle de quotidien. Elle passait la plus grande partie de sa semaine au repaire, afin de s'occuper de corvées que personne ne voulait effectuer mais que, étrangement, Impa prenait plaisir à faire. Cela lui permettait d'éviter de se risquer à tuer un innocent, à l'extérieur. Néanmoins, un sous-fifre devait "partir en chasse" au moins une journée. Impa et Kal, surnom que l'assassin qui l'accompagnait se donnait, se postèrent près de la Source du Courage, lieu calme et perdu mais très touristique. Les voyageurs y étaient fréquents.

- Il est presque midi, l'heure la plus propice pour croiser quelqu'un, dit Kal.
- Je ne suis encore jamais venue chasser par ici, alors je ne te promets rien, rappela Impa.
- Je t'en prie ! Tu es toujours aussi peu confiante ?
- Je n'y peux rien, je te préviens, c'est tout.
Ils s'assirent au pied d'un arbre.
- Je meurs d'envie de faire goûter ma lame à un pauvre Hylien, déclara le Yiga.
- Toujours aussi à l'affût, à ce que je vois...
Kal la regarda puis grogna, il sortit d'une de ses seules poches un flacon rempli d'un liquide bleuté.
- Bois-moi ça, au lieu d'être aussi pessimiste, maugréa-t-il.
- C'est quoi ?
- Ce que mon frangin a concocté hier soir, tu t'en souviens pas ? Un délicieux mélange de rapidité et de force. Ça endolorit un peu la gorge mais sans plus.
Impa attrapa le récipient et le scruta en l'approchant de son masque.
- Fais pas ta chochotte, Impa ! Ça a le goût de banane.
- Comme tout ce que l'on mange je te signale... Toujours de la banane lame...
- Tu peux pas être une vraie Yiga si t'aimes pas les bananes !
La Sheikah retint son souffle un instant, Kal ne savait pas qu'il avait vu vraiment très juste.
- Tu ne crois pas si bien dire... assura l'infiltrée.
- C'est pas ce que je voulais dire, mais bon... ça fait combien de temps que tu es là ? Sept ans ? En sept ans, tu as tué vingt personnes, vingt seulement ! Tu es un sacré phénomène, ironisa Kal.

Ces vingt personnes étaient évidemment des leurres, Impa ne s'était jamais sentie capable de tuer un être humain, même en vivant au milieu d'assassins.

- Je suis désolée, mais je n'ai pas eu beaucoup de chance ces dernières années !
- On l'avait remarqué, ricana le sous-fifre.
- Tais-toi une bonne fois pour toutes.
- Je faisais que te taquiner, madame susceptible !
- Kal, j'ai dit tais-toi ! Quelqu'un approche !
Le duo se releva et se cacha derrière le tronc d'arbre sur lequel ils s'étaient adossés. Il y avait effectivement quelqu'un qui approchait.
- Je te le laisse, ça t'en fera vingt-et-un, rit le Yiga.
- Non, vas-y toi, je te couvrirai si jamais les choses tournent mal.
Kal soupira avec nervosité.
- Par Ganon, j'arrive pas à croire que tu laisses passer une chance pareille !
- Par Ganon, si tu pouvais la fermer, ça nous éviterait de nous faire repérer, crétin !
La cible était de plus en plus proche. Impa pouvait à présent l'entendre parler.
- Ça parle, ils sont plusieurs, informa la Sheikah.
- Ils sont deux ? On s'en fait un chacun ! s'excita son coéquipier.
- Ils sont trois, pauvre sot. Regarde !

Les futures victimes se dévoilèrent soudainement aux yeux du binôme. Elles semblaient se diriger vers la Source du Courage, à proximité.

- Peut-être que je ne suis pas obligée de respecter à la lettre les mots que je dois me réciter, je devrais essayer de les modifier, qu'en pensez-vous ? affirma une voix féminine qui semblait être celle d'une des trois voyageurs.

Impa reconnut cette voix. Elle la connaissait très bien même. Son sang se glaça lorsqu'elle comprit que c'était celle de la jeune adolescente blonde, vêtue d'une longue robe blanche qu'elle voyait au loin, accompagnée de deux gardes munis d'une lance.

- Attends, mais dis-moi que je rêve ! s'exclama Kal.
- Qu... quoi ?
- C'est pas elle quand même, si ?
- De qui tu parles ? fit la fausse Yiga qui tentait de retarder le moment où Kal se lancerait à la poursuite de la jeune fille.
La respiration d'Impa s'accéléra. Elle était partagée entre le sentiment de joie de pouvoir réentendre cette douce voix et celui de peur que l'assassin lui fasse du mal.
- C'est une blague, c'est ça ? Tu la reconnais pas ?
- Je...
- C'est la descendante de cette stupide Hylia... grogna Kal en sortant délicatement sa lame de son dos.
Celui-ci s'apprêtait à bondir sur sa victime, lorsque la Sheikah l'arrêta.
- Arrête ça ! C'est typiquement ta précipitation qui la fera s'échapper ! dit-elle.

Il souffla derrière son masque. Décidément, son associée de la journée commençait à sérieusement l'énerver. De plus, il ne la comprenait pas, elle et son parcours au sein de leur clan.

- Elle se dirige vers la Source du Courage, c'est là-bas qu'elle sera le plus vulnérable, ses gardes ne la suivront pas jusqu'à la statue. Alors si tu tiens absolument à l'avoir, tu ferais mieux de te dépêcher d'y être avant elle !
- Tu te rends compte que c'est la Princesse d'Hyrule ? On dirait que tu t'en fiches, alors qu'elle nous est inaccessible depuis toujours ! C'est le moment où jamais !
- Dépêche-toi ! insista Impa pour éviter le sujet.

Ils foncèrent vers la source, au sein même d'un bâtiment en pierre en forme de tête de dragon. La Sheikah cherchait encore un plan. Arrivée sur les lieux, elle dut improviser.

- Va te cacher derrière la statue et attends qu'elle soit seule, déclara-t-elle.
- Tu vas faire quoi, toi ? demanda Kal.
- Je reste ici, je surveillerai les gardes.
- Je ne comprends pas pourquoi on se prend la tête comme ça alors qu'il nous suffisait de leur tirer une flèche...
- Ne discute pas, allez !

Le Yiga pénétra au coeur de la Source du Courage par l'arrière, c'était un endroit qu'il détestait, il mourait d'envie de voir cette immense statue se faire détruire par Ganon en personne. La princesse et ses gardes arrivèrent face à la source, Impa se cacha derrière un pilier de pierre. Elle retira son masque blanc qui l'empêchait de respirer, malgré la règle très stricte à ce sujet.

- Restez ici et attendez mon retour, dit la jeune Zelda qui avança jusqu'à entrer dans cette cavité.

Les gardes acquiescèrent. Impa n'avait plus le temps de réfléchir, si elle ne faisait rien, elle allait livrer la fille du roi en personne aux Yigas. Une chose que jamais elle ne pourrait se pardonner. Soudain, elle vit en hauteur une petite bande de lézalfos qui ne l'avait pas vue. Sur le moment, elle pensa que c'était sa seule option de sauver la vie de la princesse. Alors, elle sortit son arc à double encoche, arme qu'elle ne pouvait plus voir depuis la mort de la reine mais qu'elle se voyait obligée de garder avec elle, telle une Yiga. Impa banda l'arc et visa avec précision un lézalfos parmi les quatre.

- Déesse Hylia, venez-moi en aide, murmura-t-elle.

La Sheikah tira et deux flèches vinrent atteindre leur cible, le lézalfos s'étala sur le sol tandis que les trois autres aperçurent Impa. Les trois monstres s'excitèrent et s'énervèrent avant de descendre en rappel.

Du côté de l'assassin caché derrière la statue, celui-ci entendit des pas dans l'eau de la source, lorsque ceux-ci cessèrent, l'élue des déesses soupira, ferma les yeux et joignit ses deux mains. Le Yiga empoigna pour de bon le manche de sa serpe et fit preuve de discrétion. Kal entendit Zelda marmonner des phrases incompréhensibles. Il sentit l'adrénaline monter en lui. Il ne pouvait s'empêcher de penser à ce qu'il allait pouvoir recevoir en guise de récompense. Peut-être serait-il reconnu comme meilleur sous-fifre Yiga de tous les temps ? Celui qui avait capturé la princesse en personne sans faiblir...

- Attention ! s'écria un garde à l'entrée.
Zelda se retourna subitement, intriguée par l'exclamation de l'homme.
- Votre Altesse, revenez vite, des monstres rôdent, nous devons les éliminer avant de pouvoir rester ici sans crainte !

La blonde fit marche arrière et retourna à l'entrée de la source. Kal se précipita sur elle mais en vain, donna un simple coup de serpe qui fendit l'air car la princesse s'était mise soudainement à courir. Il ne pouvait pas la poursuivre par peur de se faire repérer par les deux gardes, et Impa s'était volatilisée ! La frustration de l'assassin était plus qu'immense. Une opportunité comme celle-ci n'allait pas se reproduire tous les jours, comment a-t-il pu la laisser s'échapper aussi facilement ? Une voix chuchota son nom derrière lui.

- C'était quoi ça, hein ? fit Kal, furieux.
- Ces monstres sont arrivés par surprise et se sont jetés sur les gardes ! mentit Impa.
- Non, je parle pas de ça ! Je parle de ton comportement, j'ai jamais vu une Yiga aussi pacifiste que toi ! s'emporta l'assassin.
La concernée lui fit signe de parler moins fort pour ne pas se faire remarquer, mais Kal n'en avait que faire.
- Calme-toi un peu, Kal...
- Tu veux que je me calme ? Après ce qu'il vient de se passer ? On aurait pu surgir de nulle part dès leur arrivée et les coincer tous les trois, je comprends pas comment j'ai pu t'écouter !
Impa tourna le dos à son interlocuteur.
- Ça suffit, je rentre au repaire, suis-moi, déclara-t-elle.

~~~

Je leur disais à tous que je n'étais qu'une malchanceuse, mais en vérité, j'étais le contraire absolu.

Puis, vint le jour fatidique où cela ne pouvait plus durer.

Je ne sais comment j'ai pu survivre à autant d'années en tant que Yiga, et aujourd'hui encore, je suis persuadée que c'est la Déesse Hylia qui m'a sauvée.

Essoufflée, elle continuait tout de même sa route, il fallait tout donner pour éviter à un innocent de mourir, très paradoxal lorsque l'on est soi-même un Yiga aux yeux des autres. La victime avait été capturée dans la Forêt des Esprits, sur le Plateau du Prélude par deux autres Yigas. Impa accourut les rejoindre, la scène qui se déroulait sous ses yeux était très particulière. L'innocent, un homme brun d'une vingtaine d'années, avait été attaché autour d'un tronc d'arbre, à l'abri des regards. Il se débattait en vain. Ce n'était pas la manière de procéder des Yigas, la Sheikah en avait conscience, elle savait un nombre incalculable de choses sur eux après presque dix ans à leurs côtés.

- Impa ! Te voilà ! s'exclama Kal, de nouveau en mission avec l'infiltrée.
- Mais... qu'est-ce que vous faites ? s'inquiéta-t-elle.
Le second sous-fifre présent s'approcha de la Sheikah, celle-ci put reprendre son souffle.
- On voulait que tu sois là, répondit l'homme masqué.
- Ce n'est pas comme ça que l'on est efficace !
- Mais est-ce que l'on a déjà été efficace avec toi dans nos pattes, Impa ? lâcha méchamment Kal.
Sur le coup, elle fut bouche bée, c'était la première qu'un Yiga lui parlait aussi violemment. On lui fit signe de s'approcher de la victime.
- À quoi jouez-vous ?
- On veut juste t'aider, tu sais, fit Kal.
- Répondez-moi, il y a quelque chose que je ne comprends pas.
- Alors ça non, c'est nous qui ne comprenons pas !
Il planta sa serpe dans le tronc d'arbre, quelques centimètres au-dessus de la tête du pauvre homme apeuré, puis il s'approcha lui aussi d'Impa.
- Sors ta lame, ordonna-t-il sur un ton intimidant.
- Quoi ? Mais...
- Sors ta lame !
Voyant qu'il commençait à devenir violent, elle prit sa serpe dans sa main droite et Kal vint lui prendre aussitôt.
- Tu as vu ça ? dit-il en s'adressant à l'autre Yiga.
- Elle est comme neuve ! répondit-il.
- Exactement.
Il s'avança vers leur prisonnier qui se retenait de crier sous peine de ne plus jamais pouvoir le faire...
- Je te parie qu'elle n'a encore jamais tranché une gorge.
- Qu'est-ce que tu racontes ? Rends-moi mon arme, Kal ! fit Impa.
Il la rendit aussi facilement qu'il l'avait prise, l'autre assassin partit surveiller si personne ne s'approchait trop près.
- Tue-le, Impa, ajouta l'assassin.

Ses coéquipiers l'avaient attirée dans un piège. Les doutes sur elle se faisaient beaucoup trop nombreux. Mais elle ne pouvait pas faire une telle chose. Sans rien dire, elle recula d'un pas, signe qu'elle ne voulait pas faire ce qu'on lui demandait.

- Et bien quoi ? T'en es pas capable ? provoqua Kal.
- C'est une perte de temps...
- J'ai toujours su que quelque chose clochait chez toi, tu nous caches des choses.
Impa répondit par un soupir, geste qui fit tout basculer, car son absence de réponse admettait tout ce que le Yiga disait.
- J'en étais sûr, tu n'es pas une Yiga et tu n'as jamais tué personne.
La colère montait chez la Sheikah, cette mission était une erreur depuis le début, et cela durait depuis beaucoup trop longtemps. Il fallait y mettre un terme, de toute manière, elle était démasquée.
- J'en ai assez de ton comportement, Kal !
Celui-ci attrapa par le bras Impa et la poussa vers l'arbre où l'innocent était attaché.
- Alors tue-le et je te laisserai tranquille !

Son regard croisa celui de l'homme ligoté, elle lui fit un clin d'oeil pour essayer de le rassurer. Elle n'allait pas le tuer. En tout cas, pas lui.

- Allez, vas-y, continua l'assassin qui s'avança juste derrière la Sheikah, prouve-moi que tu n'es pas une traîtresse.
- Tu ferais mieux de te taire, conseilla-t-elle en resserrant l'emprise qu'elle avait sur son arme.
- Par Ganon ! Tu vas tuer, oui ou non ?! cria Kal.

Impa obéit aux ordres du Yiga et planta sa lame dans l'abdomen de celui-ci, geste qu'elle avait du mal à comprendre. Mais elle se rassura en se disant qu'elle n'avait pas le choix et qu'au nombre de meurtres que Kal avait commis, ce n'était pas un homme qu'elle avait éliminé. Le sous-fifre s'écroula au sol, la Sheikah s'empressa de libérer l'innocent. Celui-ci fuit sans un remerciement, ce qui devait être dû à la tenue dans laquelle se trouvait Impa.

Elle retira son masque blanc et le jeta au loin. Cet acte de trahison allait réveiller la malédiction, celle qui tombait sur les traîtres. Pourtant, elle se sentait très bien, et son hypothèse qu'elle avait depuis quelques mois se confirma. Ganon ne perdait pas son temps à châtier des traîtres, les Yigas n'étaient que des simples pions sans importance comparé à sa puissance. Tout cela se révéla évident pour Impa. Le dernier Yiga du trio revint en courant et découvrit la scène.

- Katlyn vous ment, il n'y a pas de malédiction, il n'y en a jamais eu ! Vos incantations ne servent à rien, vous ne croyez que ce que vous voulez croire. Ce ne sont que des paroles, un simple moyen de pression sur vous ! Je viens de le comprendre, expliqua Impa à l'assassin qui avait la ferme intention de mettre fin à ses jours.
Celui-ci la poussa et elle tomba au sol, il la menaça avec sa serpe.
- Qui es-tu, traîtresse ?!
- Retire ton masque et cesse de vivre dans le mensonge comme je l'ai fait pendant dix ans, fit la Sheikah.
Le Yiga abattit son arme en direction de la traîtresse de son clan, mais celle-ci roula sur le côté et se redressa rapidement avant d'assommer l'homme en rouge avec une pierre qu'elle avait ramassée.
- Je suis Impa, cheffe du village de Cocorico et au service de la famille royale, et j'ai deux mots à dire à Sa Majesté.

OoOoOoO

- Alors... je... je suis rentrée au château, je me suis excusée à l'avance auprès de votre père pour ce que j'allais lui dire mais je devais le faire. Et j'ai laissé éclater ma colère sur lui, je lui ai dit ce que je pensais. Je lui ai dit que ce qu'il m'avait fait subir était impardonnable, que la mission d'infiltration avait duré presque dix ans pour rien. S'il avait accepté sa faiblesse, s'il avait accepté d'être humain lors de la mort de votre mère, nous n'en serions pas là aujourd'hui...

Le magistrat adjoint était en pleurs devant les deux élus qui l'écoutaient attentivement.

- Et... comment a-t-il réagi ? demanda Zelda.
- Il m'a comprise. Il s'est vaguement excusé et m'a dit qu'il me laisserait vivre ma vie comme je l'entendais, et qu'il ne recommencerait plus jamais... Je ne pensais vraiment pas réussir à lui faire comprendre, mais en dix ans, il était passé à autre chose, son deuil avait été fait.
- Vous avez sacrifié dix années de votre vie... pour ma famille...

Link, lui, hésitait à dire quelque chose, et bien qu'il n'était pas relié à cette histoire, celle-ci le bouleversait.

- C'est de ma faute... Je n'aurais jamais dû accepter cette mission... sanglota Impa.
- Non, vous n'y êtes pour rien, Dame Impa, assura la princesse qui prit la main de la Sheikah pour la rassurer, il est entièrement responsable. Tout le monde se soumettait à ses ordres et personne n'osait s'opposer à lui jusqu'à vous.
- Vous étiez trop jeune, mais si vous aviez vu comment il se comportait envers les autres, personne ne le reconnaissait, et je ne voulais pas que... que vous subissiez cela vous aussi. Je vous jure qu'il vous aurait détruite moralement...
- Je comprends.
- C'est un père très dur, encore aujourd'hui même si toute cette histoire l'a bien fait changer.
- Pourquoi ne m'avoir rien dit lorsque nous nous sommes retrouvées, à Cocorico ?
- Le roi n'assumait pas sa bêtise, il lui a fallu du temps pour accepter mais j'ai finalement réussi à le convaincre. Il est donc venu me donner son accord tout à l'heure.
Link et Zelda se regardèrent, cette révélation les touchait.
- Je ne sais si... je pourrais pardonner mon père, avoua la princesse.
- Je suis de tout coeur avec vous, Dame Impa, fit Link.
Surprise des paroles du héros, la Sheikah fut touchée.
- Merci, Link.
- J'aimerais pouvoir vous aider davantage, déclara Zelda.
- C'est gentil de votre part, Princesse. Mais je vais m'en sortir, je ne suis rentrée que depuis deux mois, je vais passer à autre chose.

Désolés pour la cheffe de Cocorico, les élus la rassurèrent en lui affirmant qu'elle avait fait les bons choix. Il était rare de voir Impa pleurer, cela émut la princesse. Maintenant qu'il n'y avait plus de secrets, Zelda voulut parler à son père. Mais un étrange bruit qui venait de la citadelle retentit.

Chapitre 19 : En quête de vérité   up

Lorsqu'ils débarquèrent sur la place de la citadelle, ils virent une foule d'Hyliens paniqués. Dans le brouhaha sans fin qu'elle provoquait, Link et Zelda ne comprirent pas immédiatement la cause de ce désordre impromptu. Personne ne semblait encore avoir vu les deux élus, ils en profitèrent donc pour tenter d'identifier le danger mais rien ne leur sauta aux yeux. Le bruit qu'ils avaient entendu depuis le bureau d'Impa était celui de tous ces nobles réunis.

- Vous croyez que c'est lui ? fit Link en continuant d'observer la foule.
- Il n'y a qu'une seule façon de le savoir, répondit Zelda.
La princesse prit une démarche déterminée et s'avança dans la masse de personnes devant elle.
- Votre Altesse ! Attendez ! Vous ne devriez peut-être pas... s'exclama le héros avant d'interrompre sa phrase pour la rejoindre.

L'objectif était d'au moins pouvoir atteindre la grande fontaine au centre de la place, là où il semblait se passer quelque chose. Elle dut pousser quelques personnes sur son chemin en s'excusant suivie de Link. De plus en plus de personnes jetèrent un regard noir à la princesse qui n'en tenait plus compte depuis déjà de nombreuses années. Seulement, c'était quasiment la totalité de la foule qui ne se privait pas de la regarder de travers. Arrivés au centre de la place, il n'y avait pourtant rien d'anormal, seulement un homme, debout sur un banc. Et d'une voix portante qui se démarqua du bruit conséquent de la citadelle, il prit la parole.

- C'est de sa faute s'il est de nouveau parmi nous !
La masse de personne sembla soudainement acquiescer ses propos.
- Nous ne nous laisserons pas faire ! continua l'homme en levant brusquement une épée de chevalier.
Link l'interpella et lui demanda de descendre du banc afin qu'il puisse lui donner quelques explications sur la situation. Surpris, le brun écarquilla les yeux en voyant le héros accompagné de la fille du roi.
- La princesse ! cria-t-il.
Tout le monde se tut en quelques secondes.
- Que se passe-t-il ? lança Link.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Il se passe que le voleur de Lambda est de retour ! Et que c'est de la faute de la princesse ! répondit l'homme, toujours debout sur son banc.
- Je... commença Zelda.
Link lui fit signe qu'il prenait la situation en main.
- Nous l'avons vu, tous ici présent ! Il se tenait là où je me tiens actuellement, droit et parfaitement immobile, avec son masque démoniaque... et il a prononcé cette phrase...
- Quelle phrase ? s'impatienta le capitaine.
- "Que l'on m'amène Son Altesse sur le terres volcaniques et il n'y aura pas de blessés."
- En quoi est-ce la faute de Son Altesse ?
L'homme ricana, il remit enfin pied à terre et se trouva à la même hauteur que le héros.
- Nous sommes tous d'accord que Lambda ne réclame pas la princesse d'Hyrule pour rien... Si elle avait éveillé son pouvoir, il n'oserait même pas s'en prendre à la Cour ! C'est de sa faute si nous sommes tous menacés !

Link trouvait ce raisonnement d'une grande absurdité. Rejeter la faute pour rejeter la faute. Zelda fut choquée par le monde autour d'elle qui pensait la même chose que cet individu. Elle n'osait regarder que le sol afin d'éviter tous les regards.

- Vous n'avez pas le droit de négliger à ce point votre devoir, lâcha l'homme qui s'approchait de Zelda.
Link le stoppa d'une main contre lui.
- Je vais vous demander de reculer et de vous calmer, ordonna le blond.
- Un royaume entier comptait sur vous !
La princesse, malgré le fait qu'elle ne tenait plus compte des reproches de la noblesse, ne pouvait négliger ces dures paroles de l'homme. Ne sachant pas quoi répondre, elle resta tête baissée sans bouger, une main contre elle.
- Je ne le répéterai pas, veuillez vous éloigner et reprendre vos activités, nous prenons la situation en main et...
- Une princesse se doit d'être digne de son titre !
- Ça suffit ! fit Link qui se voyait obligé de menacer l'homme qui ne voulait pas l'entendre avec son épée.
Tous les regards se tournèrent vers la lame purificatrice.
- Je n'ai pas peur de cette lame, je suis ancien chevalier, et je...

Link donna un simple coup tranchant contre l'épée de chevalier de son adversaire pour que celle-ci soit projetée et glisse sur le sol. La foule contemplait le spectacle que lui offrait l'élu qui adressa quelques mots à celle-ci.

- C'est vrai, le voleur de Lambda est revenu. Mais accuser votre propre princesse, trouvez-vous cela vraiment noble de votre part ? Vous tenez absolument à vous défendre au lieu de garder votre sang froid, soit. Mais je peux vous assurer que la première chose que Lambda espérait en faisant une apparition ici, c'est bien l'anarchie que vous venez de causer en pleine citadelle d'Hyrule ! Sur ce, merci de votre attention et sachez que le roi est au courant et que nous nous occupons déjà de cette affaire.
Link rengaina son épée et retourna auprès de Zelda.
- Nous devrions partir, Votre Altesse.
- Je te suis, accepta la princesse.

De retour dans le Grand Hall, elle pouvait enfin profiter du calme qui y régnait habituellement à cette heure-ci, le soir. Link s'arrêta.

- On m'attend dans la salle d'arme, je vous préviens si j'obtiens davantage d'informations, dit-il.
- Tu sais, Link, tu n'étais pas obligé pour tout à l'heure... Je suis habituée et...
- N'en parlons plus si cela vous fait du mal, je comprends.
Le héros s'apprêta à partir.
- Ça ne me fait pas de mal...
Link lui lança un regard dans lequel Zelda comprenait clairement qu'il ne la croyait pas une seconde.
- J'ai... bien réfléchi, changea-t-elle de sujet, et je veux me rendre à Ordinn.
- Vous souhaitez aller voir Lambda ? C'est bien cela ? suggéra-t-il.
La blonde hocha la tête, sûre d'elle. Le héros soupira discrètement mais ne s'opposa pas à l'idée. Il savait à présent ce que l'on pensait d'elle sur cette histoire.
- Bien. Je serai là lorsque vous voudrez partir, répondit-il.
Mais Zelda voyait bien que Link n'était pas vraiment pour, surtout que la région était une des plus touchées en terme d'apparition de monstres.
- Je sais que ce sera dangereux, mais c'est après moi qu'il en a, et je dois savoir pourquoi, se justifia-t-elle.
- D'accord, répondit simplement le héros.

N'osant étrangement pas se saluer, Link se contenta d'un de ses plus polis signes de tête tandis que Zelda lui rendit avant de remarquer son regard plutôt rassurant qui disait implicitement qu'elle n'avait pas besoin de le remercier, et que c'était son devoir de la protéger.

~~~

On appelait cela le "Cinetis", un module de la tablette sheikah qui avait la capacité de figer des objets dans l'espace-temps. Durant une courte durée, l'énergie cinétique accumulée sur l'objet en question se voyait libérée d'un seul coup. Une véritable prouesse technologique de plus. Et Pru'ha en avait parfaitement conscience. Dans son petit laboratoire situé dans les quartiers du château destinés à la technologie sheikah, elle effectuait un nombre incalculable de tests et d'expériences avec le Cinetis sur divers objets de différentes tailles.

La jeune Sheikah obtenait des résultats fructueux sur des objets inertes, elle n'avait pas encore essayé ce module sur un organisme vivant afin de voir si cela fonctionnait. Si cela s'avérait être le cas, le Cinetis pouvait être bien plus dangereux qu'il en avait l'air entre de mauvaises mains. Il se faisait tard, Pru'ha avait passé la journée à étudier la tablette. On frappa à la porte du laboratoire soudainement. À cette heure-ci, elle ne voyait absolument pas qui pouvait bien la déranger mis à part la princesse. Lorsqu'elle ouvrit, ce ne fut pas Zelda qu'elle vit mais son grand-frère, Rodric.

- Bonsoir, petite soeur, fit le Sheikah d'un air dépité.
- Rodric ? Que fais-tu ici ? Un problème sur un site de fouille ? demanda Pru'ha.
Il lui assura que cela n'avait aucun rapport.
- Impa sait que tu es là ? continua donc la scientifique.
- Pas encore, mais de toute manière, c'est à vous deux que je dois parler.
- Que se passe-t-il ?
Rodric détourna subitement le regard, ce qui inquiéta sa soeur.
- Je pense qu'il vaudrait mieux que je vous en parle en même temps, je ne sais pas si... je serai capable de le répéter plus d'une fois...
Elle fit entrer et asseoir son frère, puis lui servit une boisson en attendant que l'aînée les rejoigne.
- J'imagine que tu as une mauvaise nouvelle à nous annoncer, à ce que je vois, supposa Pru'ha en s'asseyant face à Rodric.
- C'est... le moins qu'on puisse dire... balbutia-t-il.
À vrai dire, elle ne l'avait jamais vu ainsi, c'était à peine s'il osait lever les yeux, Impa arriva en vitesse, prévenue depuis quelques minutes. Elle referma la porte derrière elle.
- Rodric ? Quelle surprise de te voir ici...
- Bon. Écoutez, les filles, je ne vais pas y aller par quatre chemins, je n'ai vraiment pas envie que cela dure longtemps.
Ces paroles intriguaient fortement les deux soeurs qui prenaient légèrement peur de l'annonce que leur frère s'empressait de révéler.
- Cela concerne père... dit-il.
- Que se passe-t-il ? Il lui est arrivé quelque chose ? s'interrogea Pru'ha.
L'ambiance se fit plus pesante, du fait de l'absence de réponse de la part de Rodric. Il finit par enfin relever la tête.
- Il va falloir que l'on aille au village d'Elimith.
- Rodric, comment va notre père ? insista Impa.
Le cadet prit une grande inspiration, il cherchait ses mots.
- Disons que... sa maladie... ne s'est pas vraiment arrangée...
- Il ne guérit pas ? s'étonna la Sheikah.
- Non...

Il devait avoir aux alentours de soixante-quinze ans, l'homme en question était tombé gravement malade depuis quelques mois. C'était une personne fragile, ce qui était dû à son grand âge. Mais le père d'Impa, Rodric et Pru'ha était courageux, personne n'en doutait. Anciennement chef du village de Cocorico, il avait pris sa retraite et était parti s'installer à Elimith, dans la région de Necluda. Son fils l'avait suivi quelques temps, et celui-ci décida de rester lorsqu'il rencontra sa femme, déjà résidente d'Elimith.

- Il va s'en sortir, n'est-ce pas ? Il s'en est toujours sorti, ajouta Pru'ha.
- La situation est tout de même très préoccupante, Canel lui tient compagnie tous les jours, je ne vous raconte pas l'état dans lequel il se met parfois... Depuis qu'elle est rentrée de son voyage, Ana en voit de toutes les couleurs avec lui. C'est donc ça la crise d'adolescence...
- Il a peur Rodric, comme nous tous... expliqua Impa.
La fratrie se regardait tristement.
- Je trouve ça vraiment dommage que nous allions prendre de ses nouvelles seulement lorsque la situation est grave... Nous devrions être plus présents pour lui... affirma Pru'ha.
- Tu as raison, fit l'aînée, je dirais même que nous devrions être plus présents pour nous tous.
- Pas le temps de regretter le temps perdu, je vous propose de nous mettre en route dès demain, déclara le frère.
- Je confierai la tablette sheikah à Son Altesse, et seul Faras sera autorisé à entrer ici, ça me va, accepta la scientifique.

Impa trouvait qu'il n'y avait vraiment pas de quoi réfléchir. Pour elle, c'était la famille avant tout. On frappa soudainement à la porte. À cette heure de la soirée, personne ne venait habituellement déranger Pru'ha. Mais ce soir-là s'avérait différent... Ce n'était donc pas Faras, pour sûr. Impa se leva pour aller ouvrir. Mais lorsque personne ne se retrouva face à elle, de l'autre côté, elle fut intriguée. La Sheikah jeta un oeil dehors, le long des murs du bâtiment, mais rien. Jusqu'à ce qu'elle put apercevoir une silhouette un peu plus loin. Elle était immobile et semblait l'observer, ce qui lui donnait un certain aspect malsain.

- Je reviens vite, signala l'aînée qui sortit se rapprocher de l'ombre.

Plus elle avançait, et plus elle avait peur de reconnaître l'identité de la personne tapie dans la pénombre devant elle. Impa sortit son sabre, au cas où on la prendrait par surprise. L'accès à cette partie du château était très restreint, les personnes autorisées étaient peu nombreuses. La silhouette tenait une posture droite, sereine et déterminée. Sa tête cachée par un casque pointu représentant une créature effrayante aux grands yeux ronds était légèrement baissée. Plus de doute, Impa savait qui était la personne silencieuse qui la regardait. Elle se trouvait à présent à environ trois mètres d'elle.

- Arrête ce petit jeu, Lambda, et dis-moi ce que tu me veux avant que je ne t'arrête, lâcha Impa.
Il ricana et se décida enfin à bouger, il croisa les bras et recula jusqu'à prendre appui sur un mur près de lui.
- J'aime bien la façon dont tu me menaces, elle n'a pas changé, se moqua-t-il. Impa, c'est bien ça ?
- Ne me fais pas croire que tu as oublié mon nom !
- C'est vrai tu as raison, tu m'as quand même invité dans ton village où j'y ai trouvé des tas de choses très précieuses que j'ai été ravi d'ajouter à ma collection...
- Tu ne t'en sortiras pas comme ça, pas cette fois.
- Par Hylia, ça fait des années que je m'en sors toujours, c'est pas aujourd'hui que ça va changer !

La Sheikah retint sa colère et fit de minuscules pas en avant.

- Donc tu te présentes devant moi afin que je puisse signaler ta présence à 23h30 ce vendredi soir dans la partie ouest du château d'Hyrule. Ainsi nous pourrons facilement retrouver ta trace, tu en es conscient, j'imagine !
- Exactement, sauf que vous ne me retrouverez pas aussi "facilement" comme tu dis.
Impa porta tout à coup un premier coup de sabre en diagonale que Lambda contra avec une épée de soldat qu'il tenait secrètement avec lui. Le magistrat fendit l'air jusqu'à heurter le casque de pierre du voleur.
- Montre-nous enfin ton véritable visage, qu'on en finisse, fit Impa.
- Je peux t'assurer que je ne suis pas plus agréable à regarder que cet horrible masque.

Il donna un coup d'épée horizontal, puis un autre en revers que la Sheikah s'empressa d'esquiver avant de reprendre la main avec un coup qui lui permit de s'approcher de son adversaire et de le faire tomber au sol. Il en lâcha son arme.

- C'était toi ce vilain désordre sur la citadelle, n'est-ce pas ? Pourquoi la princesse t'intéresse tant ?
- C'est ridicule, pouffa Lambda menacé par la lame d'Impa.
- Réponds-moi !
Malgré son air insolent, il dut tout de même prêter attention à la demande de la cheffe de Cocorico.
- Libère-le et on voit ça ensuite, dit-il.
- Je ne sais ni de qui tu parles, ni pourquoi tu oses négocier avec moi !
- Allons, Impa, réfléchis deux secondes.
Soudain, Lambda attrapa de ses jambes les chevilles de son ennemie et la fit trébucher. Il put ainsi inverser les rôles et récupérer son arme et le sabre d'Impa.
- J'ai deux mots à dire à ce traître. Libère-le ! dit-il en la menaçant de la pointe de sa lame sous sa gorge.

Sans le voir arriver, le voleur fut plaqué au sol par Rodric qui venait de débarquer suivi de Pru'ha. Lambda commença à frapper le frère de coups de poing sur le visage mais son casque était bien trop encombrant pour qu'il puisse plus se défendre. Le Sheikah l'attrapa par les poignets avant de l'agenouiller.

- Nous ne manquerons pas de raconter tout cela à Sa Majesté, murmura-t-il.
- Dans ce cas, ce sera sans moi, répondit Lambda.
Celui-ci sortit une fine lame de sa manche qu'il réussit à planter dans la cuisse de Rodric d'un simple mouvement de sa paume de main. Le concerné dut lâcher prise en hurlant de douleur. Le voleur s'enfuit à toute vitesse.
- Tiens bon, frangin, fit Pru'ha qui se désigna pour l'aider à retirer la lame de sa jambe.
Celle-ci ne perdit pas plus de temps et tira dans coup sec, son frère grogna douloureusement. Il se releva, un bras tenu par sa soeur.
- On va te soigner, viens. Impa ? Un peu d'aide ne serait pas de refus !

La Sheikah était perdue dans ses pensées, elle s'était battue avec le Grand Voleur de Lambda qui s'était de nouveau échappé. Et cela ne lui avait apporté toujours aucune réponse. Mais elle était persuadée qu'un jour, se montrer au grand public sans divulguer aucun signe de faiblesse allait lui coûter sa liberté.

~~~

Le trajet était long, mais ce n'était pas un problème lorsque l'on pouvait discuter avec quelqu'un. En effet, Link s'était un peu plus ouvert à la princesse, cela lui faisait plaisir. Sur leur cheval, ils se rapprochaient du relais du Pied de la Montagne, où ils allaient pouvoir laisser leur monture en sécurité. Les élus marchaient toujours en file indienne, c'était devenu une habitude.

- J'ai hâte de voir à quoi ressemble ce fameux Cinetis que Pru'ha a remis au goût du jour, fit Zelda.
Le héros ne comprenait pas vraiment tout ce vocabulaire de la technologie sheikah, mais il n'avait aucun doute que cela était remarquable.
- J'espère qu'il se montrera lorsque nous serons à Ordinn, je me demande vraiment ce qu'il me veut...
- Il se montrera, si Edward a dit vrai, hier, il veut se débarrasser de moi, expliqua Link.
- Et donc ?
- Les trois régions les plus touchées en terme d'apparition de monstres sont Ordinn en première position, Lanelle en seconde position et enfin Hébra. Il veut me voir périr, c'est pour cela qu'il vous donne rendez-vous dans une zone aussi dangereuse.

Zelda réfléchit à l'hypothèse de son chevalier servant qu'elle pensait plutôt réaliste. Étant une enfant lors des dernières activités de Lambda, elle ne pouvait pas prévoir ses actes et il fallait s'attendre au pire. Autrement dit, elle fonçait vers l'insécurité absolue.

- Mais, comme tu ne périras pas, nous avons notre chance, n'est-ce pas ? continua-t-elle.
- Assurément.
Zelda fut surprise de la réponse de Link.
- Eh bien ! Toi qui étais contre cette idée de prendre la route en vue du gigantesque danger qui nous attend, je ne pensais pas que tu pouvais être aussi sûr de toi, dit-elle en insistant volontairement sur "gigantesque".
- Je n'ai jamais dit que le danger était gigantesque...
- Mais tu l'as pensé !
- C'est faux.
- Tu mens très mal, Link.
Voyant qu'elle jouait avec lui, le héros finit par avouer.
- D'accord, vous avez gagné. Je pense que se jeter dans la gueule du loup ainsi est une très mauvaise idée.
- Mais tu es quand même là, fit remarquer l'Hylienne.
- Je suis là car c'est mon devoir. Et je sais pertinemment que vous n'auriez pas changé d'avis malgré tous les avertissements que j'aurai pu vous faire...
- Effectivement, sur ce point, tu as raison, je dirai.

Lorsque Zelda tourna légèrement la tête pour observer le paysage, Link vit un léger sourire dans le coin de ses lèvres. Il n'arrivait cependant pas à distinguer si elle était simplement fière de ses propos ou vraiment souriante.

- Vous trouvez ça amusant ? demanda-t-il, étonné.
- Pas du tout, je te suis simplement reconnaissante de discuter avec moi, cela me change, je dois dire.
- Il faut dire que mon titre de capitaine de la garde royale m'a obligé à m'ouvrir aux autres. Ce qui n'était pas gagné durant les premiers jours...
- Tu n'es pas le seul fautif, tu sais. Je dirais même que tu ne l'es pas du tout...
Sur ces mots, le cheval blanc de la princesse se mit soudainement à grogner et il s'arrêta net, brutalement. Elle resserra son emprise sur les rennes par peur de chuter, mais l'animal resta globalement stable.
- Non... soupira discrètement Zelda.
Link s'arrêta au même niveau qu'elle et s'apprêta à descendre.
- Vous... permettez que je m'en occupe ? demanda-t-il.

La fille du roi accepta et l'Hylien mit pied au sol et s'approcha doucement de la tête du cheval blanc aux yeux noisette. Délicatement, il posa une première main sur celle-ci et une autre sur l'encolure de la monture. Il prit un air rassurant afin de la calmer. Zelda put alors remarquer l'amour que Link portait aux chevaux qui faisaient partie intégrante de sa vie.

- Je pense que vous êtes assise trop proche du garrot et que cela doit la gêner, suggéra le héros.
Zelda regarda le chevalier avec de grands yeux ronds qui montraient qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'était le garrot. Cela fit sourire Link sans pour autant qu'il tombe dans la moquerie.
- Le garrot, c'est l'endroit juste au derrière de la crinière, expliqua-t-il en posant une main sur la partie en question.
- Oh... d'accord, fit la princesse, légèrement honteuse de son ignorance.
Celle-ci descendit donc et recula la selle afin de mieux la positionner.
- Comme ça ? demanda-t-elle.
Link jeta un oeil et confirma.
- C'est mieux, oui. Vous ne lui avez pas donné de nom ?
- Je... n'ai pas vraiment songé à le faire. Je ne suis pas très forte pour donner un nom à un cheval...
- C'est une jument.
- Oh... je suis désolée... Je ne connais même pas le genre de mon propre animal, tu dois trouver cela abject.
- Pas le moins du monde. Vous savez, il y a un début à tout, je suis sûr que si vous lui montrez plus d'affection dans les jours qui arrivent, elle fera de même avec vous. Vous n'avez qu'à commencer par lui trouver un prénom, ce serait déjà très bien.

Le chevalier remonta sur sa jument respective, il fut honoré que la princesse écoute enfin ses conseils concernant les chevaux. Il était sûr qu'il pouvait l'aider à améliorer sa relation avec l'animal.

- Dans ce cas, j'y penserai, informa Zelda.

Ce fut dans l'après-midi qu'ils rejoignirent le premier palier de la Montagne de la Mort. L'endroit n'était pas d'une température extrême, il faisait très chaud, mais ce n'était pas mortel. De ce fait, Link et Zelda purent conserver leur stock de remèdes ignifus. Le héros restait très concentré, prêt à s'opposer à n'importe quelle créature qui pouvait surgir. On ne leur avait pas menti. À peine étaient-ils arrivés que la princesse remarqua un grand nombre d'ennemis au loin. Seulement, tous étaient au sol.

- Visiblement, nous ne sommes pas les premiers à venir par ici, fit Link.
- Que s'est-il passé, là-bas ?
- Suivez-moi, proposa le chevalier.

Il passa devant, épée à la main. Trois lynels d'argent ainsi qu'une dizaine de bokoblins plus ou moins robustes étaient sans vie. Certains voyaient encore leur sang couleur pourpre couler. Cette scène plus que macabre fit grimacer Zelda. L'auteur de ce massacre ne pouvait qu'être très doué au combat.

- Crois-tu que c'est lui qui a fait ça ? interrogea l'Hylienne, évitant le plus possible de poser les yeux sur les cadavres qui les entouraient.
- Pourquoi aurait-il éliminé autant d'ennemis ? Je croyais qu'il voulait se débarrasser de moi... Cela me paraît étrange, avoua Link.
La princesse alla s'asseoir sur un rocher à proximité et soupira.
- Je n'y comprends rien... dit-elle.
- Cela ne fait pas longtemps qu'ils ont été tués. Si c'est bien lui, il ne doit pas être loin.

Tout à coup, du bruit retentit dans le dos du héros. Lorsque celui-ci vit la peur envahir le visage de Zelda, il se retourna immédiatement. Un des trois lynels se relevait difficilement, comme s'il revenait d'entre les morts. Il possédait déjà un bon nombre de blessures sur tout son corps, mais la bête n'avait pas dit son dernier mot. Sa crinière blanche et son regard noir lui donnaient un air terrifiant.

- Votre Altesse, cachez-vous ! s'exclama Link.

Zelda s'exécuta, il n'était pas difficile de se camoufler derrière les multiples rochers présents dans la région. Le lynel menaça le blond avec son arme conséquente, il claqua du sabot et rugit avant de porter le premier coup. Cette fois-ci, Link n'avait pas à faire à un homme, mais à une bête sans pitié. Des combats qu'il redoutait, mais qu'il remportait toujours.

Facilement, le héros esquiva le coup porté par la créature par un saut en arrière. La grande morphologie de son ennemi n'aidait pas à l'atteindre. Mais il comptait sur l'habileté que le lynel n'avait pas. Il contra de nouveau un coup tranchant, puis, dans la foulée, le chevalier fonça derrière son ennemi et son épée frôla le dos de celui-ci. Le lynel se retourna et donna un coup vertical vers l'avant. Le temps qu'il se relève, Link monta sur son dos et engagea une paire de coups. Il réussit à faire lâcher son bouclier à l'animal avant qu'il ne se fasse projeter sur le sol dur et rocailleux.

La créature recula et commença à cracher de gigantesques flammes. D'un réflexe qui lui sauva la vie, Link se protégea par le biais du grand bouclier métallique et ressentit une chaleur immense juste derrière le fer de l'objet. Après quelques secondes à tenir, le feu cessa. Trop lourd pour le garder suffisamment longtemps en main, le héros laissa tomber le bouclier. Mais avant même qu'il ne puisse se préparer au prochain coup, il vit le lynel se ruer sur lui et il l'esquiva de justesse avant de se retrouver à nouveau derrière lui. Il blessa la patte arrière droite du monstre, mais d'un violent coup de sabot, celui-ci se vengea en touchant Link au front. Le blond s'étala au sol.

- Link ! cria Zelda qui observait le combat.

Son cri attira l'attention du lynel qui l'aperçut. Il changea de cible et sortit son arc du dieu bestial en visant la princesse qui retourna derrière son rocher. Vaguement remis de l'hématome qu'on lui avait infligé, Link surgit de derrière le lynel et l'attrapa par ses cornes acérées. Ainsi, il parvint à atteindre une des flèches électriques que le monstre comptait envoyer sur Zelda. D'un geste vif, il planta le projectile dans l'épaule de son adversaire qui hurla de douleur. Link redescendit au sol et s'apprêta à porter le coup de grâce tandis que l'épée tranchante du lynel parvint à le blesser au bras malgré tout. Il dut porter une main sur sa blessure, acte qu'il n'aurait jamais dû faire étant donné que le monstre s'était débarrassé de la flèche qu'il avait dans son épaule gauche.

Le héros eut simplement le temps de relever le regard, il vit son ennemi préparer son coup critique qui allait lui coûter la vie. Il ferma les yeux quand soudain, le lynel se figea, littéralement. Plus un seul geste. Il était paralysé et une fine lueur jaunâtre entourait désormais son corps.

- Link ! Maintenant ! Cela ne durera pas longtemps ! fit la princesse qui venait d'utiliser le Cinetis sur un être vivant, chose que personne n'avait encore jamais envisagé.

Le prodige empoigna fermement le manche de l'épée de légende et acheva le lynel. Le Cinetis désactivé, la créature s'écroula au sol sans même rugir. Elle était enfin vaincue pour de bon. Essoufflé, Link était à bout de force. Le coup de sabot qu'il avait reçu l'avait assommé et il avait un peu de mal à retrouver ses esprits. La princesse alla le rejoindre pour le faire s'asseoir un peu plus loin afin qu'il puisse souffler. Elle le prit par le bras pour éviter qu'il ne trébuche.

- Tu as eu beaucoup de chance, remarqua Zelda.

Link remonta la manche de sa tunique de prodige pour voir sa blessure, il fut rassuré de constater que ce n'était qu'une coupure banale très peu profonde comparée à celle qu'Urbosa s'était faite. Zelda s'inquiéta en voyant la bosse qui se formait sur le front du héros, elle posa une main contre celui-ci afin d'écarter ses cheveux et examiner la blessure.

- Tu as tout de même reçu là un beau coup... dit-elle.
- Je ne sens déjà plus rien, ça va, assura Link.
Cela fit soupirer la princesse.
- Cette blessure n'a pas l'air trop sérieuse, mais le choc a dû être très violent, tu en as pour quelques jours avant qu'elle ne disparaisse... Tâche de t'en occuper.
Il acquiesça.
- Je sais que tu vas me dire que c'est ton devoir, et que tu n'as pas d'autres choix, mais je trouve que tu devrais faire plus attention lorsque tu te bats. Tu as peut-être sous-estimé ce monstre...
- Ce n'était pourtant pas la première fois que je combattais un lynel... Je m'y suis mal pris, expliqua l'Hylien.
- Tu es peut-être très fort, mais rappelle-toi que tu n'es pas immortel.
Il jeta un oeil à la tablette Sheikah.
- C'est donc vous qui m'avez sauvé ?
- Disons que c'est plutôt le Cinetis...
Link haussa les sourcils.
- Je dois vous avouer que je ne m'y retrouve pas vraiment avec cette technologie.
- Eh bien, comme on m'a dit une fois : il y a un début à tout !
Cela le fit sourire.
- Bref, nous devrions reprendre la route, il ne faudrait pas trop tarder, tu es prêt à repartir ? termina Zelda avant de se relever.
- Oui.

Le duo continua son chemin, en quête de vérité sur Lambda et ses intentions. Il était néanmoins difficile de trouver quelqu'un sur qui on ne connaissait rien mis à part son apparence. Par chance, le masque qu'il portait n'était pas commun. En s'enfonçant dans les terres de feu, Link but une gorgée de remède ignifus tout comme la princesse qui dut prendre une double dose en raison de son organisme qui ne réagissait pas assez suffisamment aux effets de la potion. Elle ne voulait pas se retrouver comme la dernière fois en direction du Village Goron.

~~~

Une longue heure de recherches plus tard, il n'y avait toujours rien. Le pouvoir des potions commençait à légèrement s'estomper et cela en devenait fatiguant. Le terrain abrupte n'aidait pas, il fallait constamment grimper des rochers, descendre des pentes dangereuses, faire attention à ne pas marcher sur des pierres brûlantes... Arrivés au niveau de petites sources d'eau chaude, Zelda désespéra.

- Il ne viendra pas... soupira la princesse.
- Nous n'avons pas encore fait le tour de la zone, tout n'est pas encore perdu, rassura Link.
- Je commence à croire que je n'aurais jamais dû vouloir venir ici, j'ai l'impression de perdre du temps.

Des voix humaines retentirent soudainement un peu plus loin. Sans plus tarder, ils suivirent les bruits qui les menèrent à l'entrée du Tunnel de Marpo. Une longue cavité au sein même de la roche rougeâtre du volcan.

- Ne t'avance pas plus, qui sait ce qui se cache au fond, s'exclama une voix masculine.
- C'est une simple grotte, qu'est-ce que tu veux qu'il m'arrive ? J'ai déjà failli me noyer, je te signale ! répondit une voix féminine.
Link dégaina doucement son épée par simple précaution et pénétra avec Zelda dans le tunnel.
- Nous sommes à l'endroit indiqué sur la carte... affirma une dernière personne.
- Il est censé être là ?
- Visiblement, il ne l'est pas...
- Brad ! cria la femme.
- Tais-toi ! Tu vas attirer tous les monstres du coin !

Zelda sentit qu'il n'y avait plus de danger à se faire, lorsqu'elle reconnut deux des trois personnes qui se tenaient en face d'elle dans la pénombre. Elle fit signe à Link de ranger son arme. Mais le héros l'avait déjà fait depuis quelques instants, lui aussi avait reconnu les deux Hyliens.

- Maëlle ? Daniel ? fit la princesse, intriguée de les voir dans un tel endroit.
Le couple sursauta simultanément.
- Par Hylia ! C'est la princesse ! s'écria Adrien.
- Votre Altesse ? fit Daniel.
Le beau-frère de Maëlle replia sa carte.
- Que faites-vous ici ? interrogea Zelda.
- Vous cherchez toujours votre fils, n'est-ce pas ? suggéra le prodige.
- Link ? Tu les connais ? s'étonna-t-elle.
- Nous vous avons effectivement parlé de cette histoire à tous les deux, expliqua Maëlle, mais rencontrer les deux élus des déesses ensemble dans un endroit aussi perdu, cela ne peut qu'être un signe, tu ne trouves pas Daniel ?

Ce dernier ne répondit pas, il se posait un tas de questions. Il ne savait pas si cela était de la chance ou un véritable signe divin, une concrète lueur d'espoir dans leur enquête qui durait depuis des années. Car effectivement, lorsque l'on se retrouvait face au Héros et la princesse d'Hyrule au même endroit et au même moment, on ne pouvait plus croire au hasard.

- Vous êtes ici... pour la même chose que nous ? demanda le mari.
- Nous recherchons le voleur de Lambda, il était censé faire son apparition à Ordinn... expliqua la princesse.
- Lambda ? Le Grand Voleur de Lambda ? fit Daniel.
- Il est de retour, oui...

C'était trop de chocs émotionnels pour lui en trop peu de temps. Il tomba vite dans l'incompréhension, situation dans laquelle Adrien était déjà depuis un bon moment.

- Et ce groupe de monstres dehors, est-ce vous qui les avez combattus ? questionna Link, dans la foulée.
Maëlle rit sous ces mots.
- Aucun de ces deux phénomènes ne serait capable d'éliminer autant de monstres à eux seuls, et moi encore moins...
- Cesse de nous ridiculiser devant des personnes aussi importantes, Maëlle ! gronda Adrien.
- Je n'ai dit que la simple vérité.
Ne voulant pas s'offrir en spectacle devant les élus, l'oncle laissa parler Daniel qui voulait élucider le mystère.
- Vous croyez que c'est Lambda qui s'est occupé des monstres ?
- Nous nous posons la même question. Votre fils est chevalier, je ne sais pas s'il est aussi doué qu'il le faut pour commettre un tel massacre, mais il sait manier une épée. Peut-être était-ce lui ? proposa Link.
- J'ai cru comprendre que vous aviez une carte ? fit Zelda.

Adrien tendit l'objet à la princesse qui déplia le plan d'Hyrule. L'homme travaillait certes au château, il n'avait encore jamais approché la fille du roi d'aussi près, ce fut un honneur pour le vulgaire responsable adjoint d'une salle d'entraînement à l'épée. C'était ainsi qu'il se dévalorisait constamment. On le croyait modeste mais Maëlle n'en disait pas tant.

Zelda scruta la carte chiffonnée, couverte de phrases illisibles et de traits sans utilité. Ce qu'elle vit en regardant le lieu de leur emplacement la bouleversa.

- Écoutez, ce que je vais avancer n'a pas de preuves, mais votre fils a peut-être un lien avec Lambda.

chapitres suivants...

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Azur". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

Le Palais de Zelda :: Webmaster: Ariane
Design créé par Sylvain
www.palaiszelda.com :: Copyright © 1999-2025
Note légale : Ce site est protégé par les lois internationales sur le droit d'auteur et la protection de la propriété intellectuelle. Il est strictement interdit de le reproduire, dans sa forme ou son contenu, sans un accord écrit préalable du "Palais de Zelda".
retour au haut de la page
Mis à jour le 30.04.25