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La légende du phénix bleu

Ecrit par Kam-chan

Chapitres 1 à 7   •   Chapitres 8 à 13   •   Chapitres 14 à 20   •   Chapitres 21 à 26   •   Chapitres 27 à 32   •   Chapitres 33 à 38   •   Chapitres 39 à 43   •   Chapitre 44 à épilogue

"Qu'est-ce qui m'est arrivé... ? Où suis-je... ?"

C'était à peine si Gray parvenait à aligner correctement ses pensées, tant il se sentait confus et éreinté. Alors qu'il reprenait connaissance, allongé dans un lit, quelques souvenirs lui revinrent en tête :Envy qui se révélait être Gabriel... Ce dernier qui meurt de ses mains... Son combat contre Gilgamesh... Le cadavre d'Epon à ses pieds... Bien que ce dernier fait n'était qu'une illusion du faucheur, le jeune homme n'arrivait pas, dans son état actuel, à démêler le vrai du faux.

Pour couronner le tout, alors qu'il venait d'ouvrir ses paupières, il remarqua que tout était lumineux autour de lui. Il se retrouvait dans une chambre plutôt étroite mais bien aménagée, dans laquelle les rayons du soleil traversaient une fenêtre proche, lui apportant une douce luminosité.
"Cette chambre... pensa l'élu de Din qui, toujours couché, balayait du regard une partie de la pièce. Elle ne m'est pas inconnue...

- Gray ? fit alors une voix masculine que le jeune homme n'avait jamais entendue auparavant. Tu es réveillé ?"

En tournant sa tête en direction de sa provenance, l'argenté remarqua un jeune homme aux cheveux courts blonds et coiffés en bataille, qui s'était approché de lui avant de s'asseoir sur le bord du lit, tout en posant sa main sur le visage de l'alité. Mais ce dernier s'écarta doucement en se redressant sur le matelas, à l'étonnement de l'inconnu.

"Hé ! Tout va bien ? demanda celui-ci. Tu as dormi pendant très longtemps ! J'ai même cru que tu ne te réveillerais plus jamais !"

Que se passait-il ? Qui était cette personne se montrant aussi familière avec lui ? Gray le dévisagea :il avait l'air plus jeune que lui, mais pas autant que Link ou Epon. À en juger par sa carrure semblable à celle de l'élu de Din, ce blond devait avoir une petite vingtaine, tout au plus. Toutefois, son visage qui arborait à présent un tendre sourire dégageait quelque chose de juvénile qui donnait à Gray une impression de déjà-vu. De plus, il possédait des yeux d'un bleu profond identique aux siens, ce qui accentuait encore plus la confusion chez l'argenté.

"On dirait que tu as vu un fantôme, plaisanta le plus jeune devant la mine abasourdie de l'autre.
- Juste... Qui es-tu ?" demanda l'homme en noir.

Mais au même moment, quelqu'un frappa à la porte de la chambre et entra. La personne qui venait de pénétrer dans la pièce était un homme que Gray connaissait. D'ailleurs, il s'était figé sur place à sa vue. Ces longs cheveux dorés... Ces yeux d'un beau gris... Comment était-ce possible ?

"Gabriel ?" s'étonna l'alité d'une petite voix.
Le concerné lui adressa alors un sourire en s'approchant de lui, visiblement soulagé. Il s'assit ensuite sur l'autre bord du lit et enlaça tendrement Gray.
"Mon ange... Je suis tellement heureux que tu sois enfin réveillé. Je n'y croyais plus !
- Doucement quand même, Gaby ! fit joyeusement le plus jeune des blonds devant une telle scène. J'ai l'impression qu'il est un peu paumé après un si long sommeil."
Gray était-il en train de rêver ? Gabriel était mort. Il l'avait lui-même tué ! Quant à ce garçon qui semblait les connaître tous les deux...
"Ne t'inquiète pas, Lyon, répliqua l'homme aux longs cheveux en souriant et en se décollant de Gray. Jamais je ne me permettrais de lui faire du mal.
- Lyon ? répéta l'argenté à l'entente de ce prénom alors qu'il semblait choqué.
- Oui, Lyon, c'est bien mon nom, affirma celui-ci en ébouriffant doucement les cheveux de l'élu de Din. Tu ne reconnais donc plus ta famille, frangin ?"
À cet instant précis, l'homme en noir était complètement largué. Lyon ? C'était son petit frère qui se tenait devant lui ? Et qui plus est, adulte ?
"Mais... fit l'argenté qui ne voulait pas y croire sur le coup. Tu étais mort en même temps que maman, papa et tous les habitants d'Orkidië... Tu n'étais encore qu'un enfant !"
Les deux blonds affichèrent un air stupéfait. Ils n'avaient pas l'air de comprendre ce que l'argenté racontait.
"Moi ? Nos parents ? Et tous les autres ? Morts ? questionna Lyon.
- Tu as dû faire un cauchemar, mon ange, tenta de rassurer Gabriel. Notre village va bien. Tout comme nous, tes parents et les autres. D'ailleurs, ils seront tous ravis de te revoir sur pied. En particulier Nicole."
Nicole... Le regard de Gray s'était perdu dans le vide à l'entente de ce prénom. C'était celui de sa mère. Et à en croire Gabriel, elle était vivante et n'attendait qu'à revoir son fils aîné.
"Qu'est-ce que c'est que ce bordel..." murmura l'élu de Din en se pinçant l'arête du nez.

Impossible pour lui de savoir s'il était en train de rêver, ou si tout ceci était la réalité. Non. Se souvenant du royaume du Crépuscule et de la mission qu'il menait avec Link et Epon, ce qu'il lui arrivait actuellement ne pouvait pas être réel... Sauf si ce qu'il pensait être la vérité n'était en fait que le fruit de son imagination, et qu'il venait de se réveiller d'un très long rêve. Alors qu'il essayait de démêler la réalité de l'illusion, son jeune frère et son meilleur ami s'échangèrent un regard inquiet.

En tout cas, de là où il se trouvait, il ne pouvait pas deviner qu'au même moment, de nombreuses personnes s'inquiétaient à son sujet alors qu'il était allongé sur le lit d'une chambre du Palais du Crépuscule, avec la marque rouge de Din luisant sur son épaule. Link, Impa, Midona, mais également Zelda se tenaient à son chevet. La princesse d'Hyrule avait eu vent de tout ce qui s'était passé, ainsi que de l'histoire concernant les élus maudits des déesses grâce à Link et à Impa. Bien que ces deux derniers auraient préféré garder ce secret plus longtemps, face à l'urgence de la situation, ils n'avaient pas vraiment eu le choix. Ils s'étaient toutefois abstenus de mentionner le phénix bleu d'Epon.

"Comment va Epon de son côté ? demanda la souveraine du royaume lumineux sans lâcher Gray du regard.
- Elle va bien, répondit solennellement Impa. Grâce à Link et à la Triforce qu'il possède, elle a pu se réveiller de sa léthargie.
- Il pourrait faire pareil avec ce jeune homme ici présent," proposa Midona avant de se tourner vers le héros vêtu de vert.
Celui-ci s'était déjà approché de Gray dans l'intention de le libérer de la psysalis dans laquelle il était enfermé, comme il l'avait fait précédemment avec Epon. Mais Zelda le freina :
"Je vais le faire," annonça-t-elle à l'étonnement des autres qui ne s'y attendaient pas.

La suzeraine aux cheveux bruns, à l'instar de Link, était une élue des déesses et l'un des détenteurs d'une Triforce. Celle de la sagesse. Si le porteur de la relique sacrée du courage était parvenu à délivrer Epon de sa prison spirituelle, alors Zelda pouvait probablement en faire de même avec Gray.

"Je préfère que vous vous occupiez de l'élue de Farore dont vous m'avez parlé. Cette Leviah. Si elle est dans le même état que Gray et qu'un porteur de la Triforce peut la réveiller, autant faire d'une pierre deux coups en les sauvant tous les deux.
- Euh... fit Midona en croisant les bras, pas très convaincue par un certain détail. Zelda, je sais que tu es plutôt du genre miséricordieux, mais est-ce vraiment une bonne idée de réveiller cette folle en rouge tout de suite ? N'oublie pas qu'elle est l'une de nos ennemis. Qui sait ce qu'elle tentera de nous faire, une fois qu'elle aura repris connaissance !
- Je pense connaître la raison pour laquelle Zelda me demande de la sauver aussi, lui confia Link avant de se tourner vers la princesse d'Hyrule. Étant donné qu'elle se retrouve seule entre nos mains, autant en profiter pour lui soutirer des informations au sujet de Gilgamesh et d'Alvaro."
Zelda lui adressa un léger sourire, satisfaite de voir que le blond était sur la même longueur d'onde qu'elle.
"Ce serait effectivement l'idéal si elle accepte de coopérer, intervint toutefois Impa, l'air pensif. Mais je vous avouerai être aussi dubitative que Dame Midona à ce sujet."

L'idée de la brune ne faisait donc pas l'unanimité et beaucoup de méfiance subsistait par rapport à Leviah. Probablement à raison. Mais l'heure n'était pas aux débats. Le temps pressait et il fallait vite sortir les élus de Din et de Farore de leur psysalis respective. Plus vite cette tâche serait accomplie, plus vite ils pourraient se mettre à la recherche de Gilgamesh et d'Alvaro pour les arrêter.
Comprenant l'urgence de la situation, Midona et Impa finirent par approuver le plan de Zelda. Toutefois...

"Princesse, l'interpella Link. Pardonnez ma question qui va vous sembler étrange et brusque, mais... Pourquoi ne pas me laisser m'occuper de Gray ? C'est mon ami après tout. En plus, du peu que j'ai pu voir, il ne vous porte pas vraiment dans son coeur."
Tandis que la princesse twili affichait un air surpris, I'Hylienne demeura silencieuse, tout comme la Sheikah qui détournait le regard en croisant ses bras.
"Je ne saurai pas répondre à cette question, Link, avoua la concernée en regardant l'argenté. Je veux juste l'aider, peu importe s'il m'apprécie ou non."

L'oeil averti du héros d'Hyrule remarqua que sa souveraine avait serré ses poings. On pouvait ressentir une certaine détermination mêlée à un soupçon d'anxiété chez elle. S'en voulant d'avoir jeté un froid au sein du groupe, le seul homme conscient dans la pièce s'excusa pour sa maladresse. Mais Zelda ne lui en voulait pas, et comprenait même l'étonnement du blond vis-à-vis de sa décision de s'occuper Gray.

"Très bien, finit par approuver Link avec un léger sourire. Je vous laisse donc vous charger de lui. Je m'occuperai de Leviah de mon côté.
- Dans ce cas, je viens avec toi, proposa Midona. Si jamais cette folle en rouge tente quoi que ce soit au moment de son réveil, tu pourras compter sur moi pour l'assommer à nouveau !"

Devant une telle idée et si la situation n'était pas aussi grave, Link aurait lâché un petit rire. Il s'était contenter de sourire à son amie à la chevelure flamboyante, tout en acquiesçant par un signe affirmatif de la tête. Les deux quittèrent donc la chambre pour se diriger vers les geôles du palais, laissant Zelda et Impa seules avec Gray. La blanche se tourna vers sa princesse :

"Je vais être honnête avec vous, dame Zelda. Je me suis posé la même question que Link.
- Je savais que ma décision vous aurait tous surpris. Mais quelque chose me pousse à aider cet homme qui a déjà beaucoup souffert par le passé, et qui continue de souffrir aujourd'hui à cause de tous ces événements. D'autant plus que je peux comprendre son antagonisme à mon égard.
- Vous n'êtes, en aucun cas, responsable de ce qui est arrivé à Orkidië ou à Gray.
- Je ne suis certes pas directement la cause de tout cela. Mais je ne peux pas nier le fait que ma famille a préféré laisser ce village tomber dans l'oubli au lieu de le sauver. Je ne peux certes pas effacer les erreurs commises par mon entourage, mais si j'ai la possibilité des soigner les blessures qu'elles ont laissées, ne serait-ce qu'un peu, je veux bien m'atteler à cette tâche."

Connaissant ainsi les motivations de Zelda, la Sheikah afficha un léger sourire. Ses doutes s'étaient envolés suite aux explications de la souveraine. Celle-ci, jugeant qu'il était temps de passer à l'action, s'était assise sur le bord du lit alors qu'elle approchait sa main du front de Gray. Sa Triforce se mit à luire en symbiose avec le glyphe de Din présente sur l'épaule droite de Gray. Sous l'air à la fois inquiet mais confiant d'Impa, la princesse d'Hyrule utilisa sa relique sacrée pour entrer dans la psysalis de l'argenté.

Ce nouveau paysage face auquel Zelda faisait désormais face, était à la fois beau et dépaysant. Elle se retrouvait au milieu d'un petit village au style western, encerclé par de petites falaises qui l'isolaient du reste de ce qui semblait être le royaume d'Hyrule. La seule façon d'accéder et de sortir de ce lieu était de passer par une caverne creusée dans la roche un peu plus loin.
"Où suis-je ?" se demanda la princesse alors que quelques enfants s'étaient mis à courir autour d'elle sans pour autant la remarquer.
Ce dernier fait étonna d'ailleurs la jeune femme. Avec sa robe royale qui détonnait du style vestimentaire varié mais simple des villageois, elle ne pouvait pas passer inaperçue. Pourtant, ni les enfants jouant à ses côtés, ni les gens à proximité ne semblaient faire attention à elle. C'était comme si personne ne la voyait.

"Eh bien ! s'exclama une voix de jeune fille à son adresse. D'abord le héros d'Hyrule, et maintenant la princesse de ce même royaume ! Je vais finir par croire que c'est un jour spécial, aujourd'hui !"

Zelda remarqua devant elle une adolescente aux cheveux roses et toute vêtue de cette même couleur. Comme la souveraine, il était difficile pour cette mystérieuse personne de ne pas se faire remarquer dans un tel endroit. Mais aucun des habitants de ce village n'avait l'air de la voir ou de l'entendre.

"Que vient donc faire la princesse Zelda dans l'esprit d'un élu destiné à semer le chaos ?
- Je vois... fit son interlocutrice qui connaissait à présent l'identité de celle qui lui faisait face. Link m'a parlé d'une gardienne des psysalis. Tu es donc Alys, n'est-ce pas ?
- Très rusée, la dame ! la complimenta faussement la rose. Ceci étant dit, je ne suis pas sûre que tu sois la bienvenue dans ce lieu spirituel. Surtout que celui à qui appartient ce dernier ne t'apprécie pas beaucoup."

En disant cela, elle s'était tournée vers une maison en particulier situé à une dizaine de mètres de leur position. En regardant à son tour dans cette direction, Zelda vit avec surprise Gray qui était accompagné de Gabriel et d'un jeune homme blond qu'elle ne connaissait pas. L'argenté venait de frapper à la porte de cette maison et celle-ci s'ouvrit, laissant apparaître une belle femme âgée d'une bonne trentaine d'années. Ses longs cheveux noirs, lâchés et partiellement bouclés, lui donnaient une certaine prestance, tandis que ses yeux bleus rappelaient étrangement ceux de Gray. Délaissant Alys, la princesse la dépassa pour se rapprocher du groupe. L'élu de Din semblait figé sur place à la vue de cette femme qui affichait un tendre sourire :

"Ton long sommeil m'a effacée de ta mémoire, Gray ?
- Il a réagi de la même façon avec Lyon, lui raconta Gabriel en se retenant de rire gentiment. Je pense qu'il faut lui laisser le temps de retrouver complètement ses esprits."
Mais alors que l'homme aux longs cheveux dorés venait d'achever sa phrase, l'argenté s'était approchée de celle qui lui avait adressé la parole :
"Maman ? fit-il, complètement stupéfait. C'est vraiment toi ?
- Qui veux-tu que ce soit d'autre, mon chéri ?" répliqua celle qui se révélait être sa mère et dont le sourire s'était élargi.

Ni une ni deux, l'homme en noir plongea dans les bras de sa génitrice, visiblement heureux de la revoir, sous les yeux attendris de celle-ci et des deux hommes qui l'accompagnaient. Zelda fut légèrement bouleversée par une telle scène. Toutefois, ce n'était pas ce qui se déroulait sous ses yeux en cet instant qui la surprenait le plus, mais plutôt le fait qu'elle commençait à comprendre ce qu'était ce village.

"Cela te choque tant que ça, de voir Orkidië ainsi ? lui demanda Alys en s'approchant d'elle avec une démarche enfantine. C'était le village dans lequel vivaient paisiblement Gray, sa famille et ses amis. Si tu te poses la question, j'ignore pourquoi cette psysalis a adopté cette forme. Mais je mettrais ma main à couper que c'est parce qu'une telle vie lui manque énormément. Tu vois les trois personnes avec qui il se retrouve en ce moment ?"
La porteuse de la Triforce de la sagesse observa de nouveau le groupe. La femme s'appelait Nicole et il s'agissait de la mère de Gray. Quant au plus petit des deux blonds, c'était son frère cadet Lyon.
"La mère et le jeune frère de Gray sont décédés il y a plus d'une dizaine d'années, suite à la tragédie qui a touché Orkidië, reprit la rose. Mais ça, tu le sais déjà, non ? Après tout, la famille royale d'Hyrule n'a même pas cherché à défendre ou à reconstruire ce village, qui n'avait rien demandé à personne."

La brune fronça les sourcils, légèrement irritée d'entendre quelqu'un médire sa famille de la sorte, d'autant plus que celle-ci n'existait plus aujourd'hui. Néanmoins, avant de répliquer quoi que ce soit, elle préféra laisser finir la gardienne :

"Quant à l'homme aux longs cheveux, Gabriel, savais-tu qu'il s'agissait en réalité d'un monstre démoniaque nommé Envy ? Savais-tu aussi que Gray a été obligé de le tuer lui-même ?
- Je sais tout cela," répondit Zelda qui faisait preuve de beaucoup de calme mais qui était de plus en plus troublée par ce qui se déroulait autour d'elle.

Le paysage s'était tout à coup assombri, et plusieurs maisons commençaient à prendre feu. Au même moment, une multitude de monstres en tous genres se mirent à pousser des cris tout en envahissant Orkidië.

"Oh ? s'étonna Alys sans pour autant perdre son sourire espiègle. Autant pour moi ! J'ai plutôt l'impression que Gray est en train de revivre d'une certaine manière le jour du massacre de son village natal !"

C'était avec un air horrifié que Zelda observait le triste spectacle se déroulant sous ses yeux. Alors que quasiment toutes les habitations étaient en flammes, les créatures maléfiques massacraient un par un et sans pitié les villageois. Homme, femmes, enfants, vieillards... Ils n'épargnaient personne. Les enfants qui s'amusaient autour de la princesse quelques minutes plutôt avaient été abattus, et chacun gisait sur le sol sans vie.

"Déesses..." pensa la brune après s'être vivement tournée en direction de Gray et de son entourage. Tandis que Lyon et Gabriel se trouvaient à terre, chacun gisant dans une flaque de sang, un bulblin venait d'embrocher Nicole au niveau du ventre, alors qu'elle tendait sa main en direction de son fils aîné.
"Va-t-en... Ne... les laisse pas te tuer..."

Des larmes de tristesse et de colère étaient visibles sur les joues de l'élu de Din alors qu'il s'était précipité vers le monstre qui avait donné le coup de grâce à sa génitrice. Il prit ensuite la créature à la peau verdâtre par les épaules pour la renverser au sol. Puis, il saisit une planche en bois brûlant à moitié qui se trouvait non loin de lui, et frappa le bulblin à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'il succombe. Une fois cela fait, il se précipita vers Nicole qui venait tout juste de s'effondrer au sol sans vie, non loin de Lyon et de Gabriel qui semblaient dans le même état qu'elle. En voyant, ou plutôt en revoyant Orkidië se faire détruire de cette façon, l'argenté tomba à genoux, laissant couler encore plus ses larmes.

"Gray... murmura Zelda en s'approchant de lui, attristée par un spectacle pareil.
- Alors princesse, l'appela Alys qui n'avait pas disparu et qui semblait prendre un malin plaisir à tourmenter la souveraine. Qu'est-ce que ça fait de voir le massacre du village que tu as abandonné ?
- Je n'ai rien à voir avec les décisions prises par ma famille !
- Intéressant... fit la gardienne devant une telle réponse. Mais dans ce cas, puis-je te demander pourquoi tu n'as rien fait pour rebâtir ce village ? Tu connaissais pourtant son existence et son histoire, même si tu n'es pas la responsable de sa disparition."

La brune serra ses poings, frustrée. En vérité, la question de la rose méritait d'être posée. D'ailleurs, Zelda avait la réponse. Mais pour une raison qu'elle ignorait elle-même, elle ne souhaitait pas révéler la raison pour laquelle Orkidië avait été laissé à l'abandon après son massacre. C'est alors qu'une voix féminine se mit à raisonner, à l'étonnement de la princesse mais également de la gardienne.

"Gray... Pourquoi es-tu le seul à avoir survécu ?"
Les yeux de tous se tournèrent de concert vers le cadavre de Nicole qui observait Gray. Celui-ci écarquilla les yeux de stupéfaction.
"Quoi... ? demanda-t-il d'une petite voix qui trahissait sa peine et son incompréhension.
- Tu aurais dû mourir avec nous... continua sa mère. Tu aurais dû disparaître en même temps que notre village."
Que se passait-il ? C'était la question que Gray et Zelda se posaient face à la tournure des événements. Même Alys semblait étonnée par cette affaire.
"Si je m'attendais ça cela ! rigola-t-elle. L'esprit de ce type est tellement tourmenté que même sa psysalis est complètement confuse !
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? lui demanda Zelda en fronçant les sourcils.
- Hum... fit la rose en prenant un air à la fois pensif et moqueur. Et si je n'ai pas envie de te le dire ?"
La suzeraine d'Hyrule s'avança alors de quelques pas vers elle et la regarda froidement :
"Parle. Maintenant !"

Deux mots précis, prononcés d'une voix grave et menaçante. Bien qu'elle n'était pas armée en cet instant, et même si elle ne connaissait quasiment rien d'Alys, la princesse était prête à lui faire avouer les informations qu'elle cachait de gré ou de force.

"Tu penses réellement pouvoir faire quoi que ce soit face à moi, juste parce que les déesses t'ont gentiment offert une Triforce ?
- C'est exactement ce que je pense !" répondit sans hésitation Zelda, dont la Triforce de la sagesse luisait sur le dos de sa main.
La rose avait envie de rire face au répondant dont faisait preuve son interlocutrice. Mais une voix, masculine cette fois, se fit entendre.
"Frangin... Je ne voulais pas mourir..."
Tout comme le cadavre de Nicole, celui de Lyon avait bougé et s'était même redressé pour parler à son aîné.
"C'est pas juste... Pourquoi je suis celui qui meurt ? Pourquoi ce n'était pas toi ?"
Terrorisé par ce qui se déroulait devant lui, Gray se releva soudainement et recula de quelques pas :
"Je... j'ai essayé de vous sauver...
- Alors pourquoi m'as-tu tué, mon ange ?"
Comme si tout cela ne suffisait pas, c'était au tour du corps de Gabriel de mouvoir et de s'adresser à l'argenté.
"Je t'adorais... murmura l'homme aux longs cheveux blonds alors que des larmes perlaient ses yeux. Et tu me tues de façon aussi atroce ?
- Non ! Je... balbutia l'élu de Din qui ne savait pas comment réagir devant de tels propos de la part de ses défunts proches. Je ne voulais pas te tuer, Gaby !
- Il semblerait qu'au plus profond de lui-même, ce cher Gray trouve injuste le fait d'être le seul survivant de tout ce carnage, dit Alys à l'adresse de Zelda. Et il pense que son entourage perdu lui en veut terriblement par rapport à cela. Bien sûr, rien de tout cela n'est de sa faute ! Malheureusement, cette tragédie l'a marqué à jamais. Et visiblement, la mort de Gabriel a empiré la chose. Tous ces sentiments négatifs se sont mélangés et ont donné forme à cette psysalis particulière. Je ne peux pas vraiment y faire grand-chose, mais c'est divertissant à voir. Tu ne trouves pas ?"

Zelda observait son homologue féminin d'un air outré, avant de se tourner vers Gray en serrant à nouveau ses poings. Elle se sentait impuissante en cet instant. Si seulement elle avait le pouvoir de retourner dans le passé pour empêcher ce massacre... Si seulement elle avait su que Gabriel et Envy n'étaient qu'une seule et même personne... L'argenté avait injustement souffert et la famille de Zelda était indirectement responsable de sa douleur.

"Sa souffrance te divertit peut-être Alys... dit le souveraine qui en avait assez de tout cela. Mais il est temps qu'elle s'arrête."
À l'étonnement de la gardienne des psysalis, Zelda s'était approchée de Gray qui ne bougeait plus et ne lâchait pas ses proches du regard. Puis, lentement, elle posa sa main sur l'épaule du jeune homme en lui murmurant :
"Je suis vraiment désolée pour tout ce que tu as dû endurer à cause de ma famille..."

Alors que sa Triforce luisait en même temps que la marque divine de l'élu de Din, l'environnement changea autour d'eux. Au Palais du Crépuscule, la princesse d'Hyrule reprit connaissance sous les yeux inquiets d'Impa.

"Dame Zelda ! Vous revenez enfin à vous !"
La blanche remarqua également que Gray s'était réveillé et redressé sur son lit, l'air choqué. À l'instar d'Epon lorsque Link l'avait sortie de sa psysalis, le jeune homme était complètement secoué par ce qu'il venait de vivre.
"Gray ? hésita la Sheikah en s'approchant de lui. Tu vas bien ?"

Le concerné la regarda un instant, l'air ébahi, mais hocha néanmoins la tête pour répondre de façon affirmative. Toutefois, lorsque ses yeux se posèrent sur Zelda, son ahurissement s'agrandit :la princesse pleurait en silence tandis qu'elle avait détourné le regard du jeune homme et de sa soldate.

"Princesse ? s'étonna cette dernière qui ne voulait pas y croire.
- Je vais bien... Ne vous en faites pas."

La brune avait balayé ses larmes d'un revers de la main, mais s'obstinait à ne pas regarder les deux autres personnes présentes dans cette même chambre. Si Impa se disait que c'était probablement la psysalis qui lui avait fait un choc, Gray, de son côté, s'interrogeait à la fois sur ce qu'il venait de vivre dans son esprit et sur la raison pour laquelle Zelda se trouvait dans un tel état.

Chapitre 34 : Les mésaventures de la tornade rouge   up

Epon était toujours sous le choc de la vision qu'elle avait eue dans sa psysalis. Assise sur le bord de son lit et tenant une gourde remplie d'eau, elle avait le regard perdu dans le vide et arborait un visage grave. Ash, assise à ses côtés, l'observait d'un air un peu inquiet. La guerrière aux cheveux noirs ne savait pas vraiment quoi dire en cet instant pour la réconforter. Mais alors qu'elle réfléchissait tout de même à la meilleure façon de briser ce silence, la demi-Zora l'interpella.

"Ash... Que ferais-tu si tu avais un lourd secret que tu ne supportes plus de cacher, mais que tu ne peux quand même pas révéler par peur d'empirer une situation déjà chaotique ?"
Cette question étonna la plus âgée qui se demandait pourquoi la princesse des Zoras lui posait une question pareille.
"Un lourd secret ? Cela a un rapport avec ce qui vous est arrivé à toi, à Gray et à cette Leviah ?
- En partie, oui," avoua la plus jeune en tournant sa tête vers elle.

Ash ne savait pas quoi penser de l'attitude d'Epon en cet instant. L'hybride, si brave et déterminée à accomplir ce qui lui semblait juste, montrait à présent une facette vraiment craintive. Quelle était donc la nature de ce secret dont elle parlait ?

"Pour répondre à ta question, commença la plus grande, tout dépend du contexte. Je suis personnellement d'avis qu'un secret doit rester secret, surtout s'il est d'ordre personnel. Mais si ce même secret se révèle être une chose dangereuse pour toi-même, ton entourage, ou même le royaume d'Hyrule tout entier, le mieux est d'en parler aux personnes qui peuvent être concernées de près ou de loin."

Devant une telle réponse, la bleue demeura silencieuse en serrant ses poings et en détournant une nouvelle fois son regard. Ash crut même la voir trembler légèrement, comme si quelque chose l'effrayait.

"Tu es sûre que ça va ? lui demanda-t-elle en posant sa main sur son épaule.
- Je vais bien, répondit l'élue de Nayru après avoir inspiré un bon coup pour apaiser son stress. Un peu perdue, mais ça va. Merci pour tes conseils, Ash."

Cette dernière observait la plus jeune d'un air dubitatif. Bien qu'Epon prétendait le contraire, l'épéiste savait qu'elle n'allait pas bien du tout. Et cela l'inquiétait encore plus.

Pendant ce temps, dans la chambre où se trouvait Gray, celui-ci s'était rallongé sur le lit où il reposait depuis quelques heures. Les mains ramenées derrière sa tête, il observait le sombre plafond de cette pièce partiellement obscure, tout en demeurant silencieux. Un peu plus loin de lui, Zelda se trouvait assise sur une chaise, le regard détourné du jeune homme. Impa, qui leur tenait précédemment compagnie, avait reçu pour ordre de la part de la souveraine de fouiller le Palais du Crépuscule, à la recherche d'indices permettant de retrouver les traces de Gilgamesh et d'Alvaro. Et de ce fait, elle s'était absentée en laissant l'élu de Din seul avec la princesse d'Hyrule.

Un silence pesant régnait entre ces deux derniers. Zelda affichait un air maussade de son côté suite à ce qu'elle avait vu dans la psysalis de Gray. Elle comprenait à présent pourquoi celui-ci ne les portait pas, elle, la famille royale hyrulienne et le peuple sheikah dans son coeur. L'argenté, de son côté, s'était retourné dans son lit de manière à ne pas la voir. Il ne pensait pas se retrouver seul avec la princesse d'Hyrule pour veiller sur lui, et cet aspect ne l'enchantait pas. Mais puisqu'il ne pouvait pas en être autrement, le jeune homme décida de sortir de son mutisme :

"Vous avez vu l'Orkidië du passé à travers mon esprit. C'était un village normal, comme tous les autres qui composent Hyrule. Il était peuplé de gens bien, qui vivaient tranquillement leur vie et qui n'avaient rien demandé à personne. Vous avez également découvert comment il a disparu du jour au lendemain. Pourquoi la famille royale l'a laissé à l'abandon au lieu de le rebâtir, après tout ça ?"
La souveraine aux longs cheveux châtains le regarda un instant sans rien dire, réfléchissant à la formulation de sa réponse.
"Pour ne pas qu'elle connaisse à nouveau la même tragédie," finit-elle par dire, avant de marquer un temps d'arrêt pour laisser à Gray le temps d'assimiler cette information.
"Comme tu le sais probablement, Orkidië, à l'instar de Cocorico, est constamment en proie à des attaques cherchant à annihiler la tribu des Sheikahs. Dans le but d'affaiblir les forces de notre famille royale, et par conséquent celles d'Hyrule, les monstres hantant nos terres ont attaqué sans cesse ces deux villages dans lesquels ce peuple résidait autrefois. Afin de préserver les survivants de cette race, ma famille leur a ordonné de vivre dans l'ombre et de se faire discret, en espérant que les monstres ne s'en prendraient plus à ces lieux ainsi dépourvus de toute vie sheikah."

Malheureusement, cela n'avait pas empêché les tragédies ayant eu lieu à Cocorico et à Orkidië. Et si le premier village était parvenu à s'en remettre avec peine, ce n'était pas le cas du second qui avait carrément été rayé de la carte jusqu'à tomber dans l'oubli.

"Rebâtir ce village, continua Zelda, ce serait prendre le risque de le voir à nouveau se faire détruire. Jusqu'à présent, mon armée veille sur Cocorico et parvient à le protéger de quiconque osant l'attaquer à nouveau. Mais si Orkidië avait été reconstruite, cela m'aurait obligée à diminuer les troupes postées à Cocorico et partout ailleurs pour surveiller ce village. Ce qui signifierait que l'ensemble du royaume serait plus exposé à un assaut des monstres. Et plus particulièrement ton village natal."
En prononçant ces derniers mots, la souveraine avait levé les yeux vers Gray qui s'obstinait à garder le dos tourné.
"Cela peut te sembler égoïste de la part des miens, mais...
- Plus lâche qu'égoïste, je dirais," la coupa l'homme en noir qui estimait en avoir assez entendu, et qui s'était redressé pour se retrouver assis sans pour autant la regarder.
"Cela fait plus d'une dizaine d'années que j'ai vécu seul dans les restes de mon village, et je suis toujours en vie. Seul, je suis parvenu à chasser les monstres et les bandits qui osaient piller les décombres, tout en survivant. Ne me faites pas croire qu'une poignée de soldats seraient moins efficace qu'un enfant pour protéger un lieu qui fait à peine la taille d'un quartier de la citadelle ! Remarque, étant donné la nullité des gardes composant votre...
- Gray, cela suffit !"

Zelda avait haussé le ton sur cette simple réplique, ce qui étonna le concerné, qui s'était enfin décidé à lever les yeux vers elle. Le jeune homme demeura stupéfait en voyant la souveraine hyrulienne serrer ses poings et ses dents tout en plantant ses yeux dans les siens. Elle semblait agacée... ou plutôt frustrée. C'était bien la première fois que cette jeune princesse, d'ordinaire plutôt impassible, laissait transparaître de telles émotions face à quelqu'un.

"J'ai bien compris la raison de la colère et de l'antagonisme que tu éprouves envers ma personne, ma famille ou la tribu sheikah. Je sais que tu as vécu une période difficile en partie par notre faute. Mais crois-tu qu'il est facile pour ma famille, pour moi, de prendre de telles décisions ? Si je pouvais revenir dans le passé et empêcher le massacre d'Orkidië, je l'aurais fait sans hésiter. Mais j'ai beau être la détentrice de la Triforce de la sagesse, je ne possède malheureusement pas un tel pouvoir !"
En remarquant qu'elle s'emportait, Zelda inspira un bon coup pour calmer ses nerfs, avant de reprendre, le regard perdu dans le vide :
"Je ne peux pas ramener les proches que tu as perdus. Je ne peux non plus effacer toutes ces années de souffrance que tu as vécues. Mais laisse-moi au moins une chance de t'aider. Que voudrais-tu que je fasse pour apaiser cette douleur et cette peine que tu portes en toi ?"
Elle regarda à nouveau Gray dans les yeux d'un air grave, mais déterminé :
"Comment puis-je t'aider à enfin avoir la vie paisible que tu mérites ?"

L'argenté fut complètement pris au dépourvu. Il ne s'attendait ni à une telle réaction de la part de l'Hylienne, ni à de telles paroles. Les yeux plongés dans ceux de la princesse, il médita sur tout ce que cette dernière venait de lui dire. Malgré l'attitude et les pensées plus que désagréables qu'il avait eues envers cette femme, l'élu de Din se rendit compte qu'elle faisait preuve de compréhension et de compassion à son égard. Le jeune homme était-il allé trop loin avec elle sur ce coup ? Détournant son regard un instant de la brune, il réfléchit à quoi répliquer. Mais une voix féminine et familière se fit entendre :

"Gray ? Zelda ?"

Les deux virent Epon, accompagnée d'Ash, qui se tenait debout à l'encadrement de la porte qu'elle venait d'ouvrir. Passant devant la princesse hybride, la combattante aux cheveux noirs s'inclina devant la souveraine d'Hyrule.

"Pardonnez notre intrusion, votre Altesse, mais Dame Epon a insisté pour venir vous voir.
- Inutile de t'excuser pour cela, Ash, rassura la brune avant de s'adresser à l'élue de Nayru. Epon. Je suis rassurée de te revoir sur pieds. Comment te sens-tu ?
- Je ne vous cache pas que ça pourrait aller mieux, répondit la concernée en s'approchant d'elle et de Gray. Mais je vais tout de même bien."

Aussitôt après avoir répondu à Zelda, Epon observa Gray en lui adressant un léger sourire que celui-ci lui rendit. La bleue était soulagée de voir son ami bien portant et ce sentiment était partagé. Toutefois, elle demanda à s'entretenir seule avec la souveraine d'Hyrule, à l'étonnement de celle-ci et de Gray. Mais malgré cette surprenante sollicitation, l'Hylienne accepta et sortit de la chambre avec la demi-Zora, ordonnant à Ash de rester avec l'élu de Din afin de veiller sur lui.

De son côté, Link s'était rendu dans les geôles du palais avec Midona. Après être entré dans la cellule où était enfermée Leviah, Link s'était approché de celle-ci pour pénétrer dans sa psysalis comme il l'avait fait avec Epon précédemment. Tout cela, sous les yeux anxieux de la princesse du Crépuscule qui ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre le réveil du blond.

Le paysage de la psysalis de l'élue de Farore était très différent de celui de la demi-Zora. Tout y était lumineux et paisible. L'homme vêtu de vert se retrouvait assis dans une carriole tractée par un cheval au milieu d'une plaine ressemblant à celle de la région de Lanelle. Aux commandes du véhicule se trouvait un jeune homme de grande taille, à la peau mate, aux cheveux mi-longs auburn et vêtu d'une tunique bleue dont le torse était recouvert par ce qui ressemblait à un plastron de chevalier. Toutefois, l'équipement en question ne portait ni les couleurs, ni l'emblème d'Hyrule. Il s'agissait probablement d'un mercenaire venu d'ailleurs.

Le regard de Link se posa ensuite sur la personne en face de lui, qui n'était autre que Leviah. Celle-ci profitait du paysage qui défilait avec un tendre sourire aux lèvres. C'était bien la première fois que le porteur de la Triforce de courage la voyait ainsi. C'en était presque perturbant, tant il était habitué à la voir inexpressive et fermée.

"Pas trop secouée, derrière ? demanda celui qui conduisait le véhicule en tournant sa tête pour observer la blonde en rouge.
- Ne t'inquiète pas Roch, assura celle-ci d'une douce voix. Ce n'est pas un voyage comme celui-ci qui me rendra malade.
- Difficile de ne pas me soucier de toi lorsqu'on sait que tu portes notre futur enfant."
En à peine une petite conversation comme celle-ci, il y avait déjà beaucoup d'informations à assimiler pour Link. Futur enfant ? Leviah était donc enceinte ? Et cet homme avec elle... ce Roch...
"Ne réfléchis pas trop, jeune héros ! retentit tout à coup une voix féminine et enfantine. Tu vas te griller les neurones !"
Sursautant presque, le regard de Link se tourna en direction de ses genoux sur lesquels était allongée Alys.
"Qu'est-ce que... ?!
- Relaxe, Link ! le calma aussitôt la rose avec un gros sourire moqueur. Ne me dis pas que c'est la première fois que tu vois une jolie jeune fille se reposer ainsi sur toi !"

Le concerné s'était contenté d'afficher un air blasé face à une telle remarque. Déjà qu'il n'était pas enthousiaste à l'idée de supporter une nouvelle fois la présence de cette entité aux cheveux roses, celle-ci se permettait de se moquer subtilement de lui. Alys, affichant un air grognon qui trahissait sa déception, se redressa alors.

"Décidément, tu n'es vraiment pas marrant ! Même Gilgamesh est moins ennuyeux que toi. Enfin bref ! Je n'aurais jamais cru te voir dans l'esprit de cette femme en tout cas, avoua-t-elle alors que ses yeux se posaient sur Leviah. Savais-tu qu'elle était fiancée à cet homme que tu vois, et que cet adorable couple attendait un heureux événement ?"

Elle venait de confirmer les soupçons de Link. Celui-ci était vraiment surpris de découvrir ces choses sur Leviah. La jeune fille semblait avoir un avenir heureux avec sa future famille. Comment avait-elle pu se retrouver aux côtés de Gilgamesh et d'Alvaro ? La réponse ne tarda pas à lui venir.
En effet, des bulblins, armés de flèches enflammées et chevauchant de gros sangliers, foncèrent vers le couple.

"Bon sang ! Toujours là pour gâcher un bon moment, ces monstres !" grogna Roch alors qu'il avait accéléré l'allure du destrier pour tenter de semer ces créatures.

Mais les montures de celles-ci galopaient bien vite et rattrapaient le couple qui ne pouvait plus éviter la confrontation. Les monstres à la peau verdâtre commencèrent à tirer leurs projectiles de feu en direction de la carriole. Mais Leviah avait tendu sa main en leur direction et une puissante bourrasque souffla, empêchant les flèches de les atteindre elle et Roch, et emportant quelques bulblins qui s'étaient retrouvés au sol.
"Bien joué, Leviah ! félicita son fiancé en souriant fièrement pendant qu'il profitait de leur avantage pour s'enfuir en vitesse. Cette bénédiction que tu as reçue des déesses est vraiment une chance pour nous !"
La blonde en rouge lui avait rendu son sourire tout en posant sa main au milieu de sa poitrine, là où brillait le symbole vert représentant la déesse Farore.
"Cette fille maîtrisait plutôt bien son pouvoir, commenta Alys avec un léger sourire. T'en penses quoi, cher héros d'Hyrule ?"

Celui-ci n'en pensait rien en particulier. Ayant déjà été confronté à la puissance démesurée de la magie de Leviah, il se doutait bien qu'elle avait un parfait contrôle sur ses capacités depuis longtemps. Ainsi, il resta silencieux face à la question de la rose et se contenta de continuer à observer la situation. Mais tout à coup, une explosion retentit et toucha de plein fouet l'une des roues du véhicule. Tout le monde se retrouva alors propulsé sur quelques mètres, avant de se retrouver au sol. La carriole était en feu et le cheval qui la tractait était au sol en sang. Il n'avait pas survécu à cette attaque surprise.

"Qu'est-ce que c'était que ça ?!" demanda Link qui se releva lentement mais sûrement avant d'observer autour de lui. Alys avait disparu. Leviah et Roch étaient allongés au sol, mais n'avaient heureusement pas perdu connaissance. L'homme aux cheveux auburn s'était relevé et précipité vers la blonde pour l'aider.

"Tu vas bien ? lui demanda-t-il d'un air inquiet.
- Ça ira... mais il ne faut pas rester là !"
Malheureusement, plusieurs bulblins, bokoblins et lizalfos se trouvant aux alentours avaient profité de leur moment de vulnérabilité pour les encercler. Leviah s'était préparée à utiliser ses pouvoirs pour en envoyer valser quelques-uns dans les airs, mais Roch l'avait stoppée dans son élan :
"Utiliser ce pouvoir à de nombreuses reprises pourrait vous mettre, toi et notre enfant, en danger. Économise tes forces, je peux me les faire."

Sur ces mots, le jeune homme fit face aux monstres tout en se saisissant du fourreau qui contenait son épée. Il dégaina ensuite celle-ci et se mit en garde. Il semblait déterminé à survivre et à protéger sa bien-aimée. Néanmoins, la blonde en rouge n'avait pas l'air de vouloir rester derrière sans rien faire. S'armant à son tour d'une fine épée, elle se plaça aux côtés de Roch.

"Je n'utiliserai pas mes pouvoirs pour te rassurer, mais il est hors de question que je te laisse t'en charger seul."

Cette détermination dans la voix de l'élu de Farore fit sourire le jeune homme. Dans le fond, il aurait probablement préféré que Leviah ne se batte pas du tout. Mais celle-ci ne semblait pas supporter de le voir se battre seul. Sous les yeux impuissants de Link, les monstres foncèrent vers le duo. Roch était vraiment redoutable au combat. Avec une facilité déconcertante, il parvenait tantôt à parer, tantôt à éviter les attaques adverses avant de contre-attaquer avec des coups puissants et mortels. Cela se voyait qu'il était loin d'être un novice au combat. Il aurait pu faire un excellent soldat au sein de l'armée royale d'Hyrule. Quant à Leviah, elle se débrouillait tout aussi bien malgré sa grossesse. Bien que cette condition ne lui permettait pas d'être aussi vive que Roch, elle faisait preuve d'une finesse et d'une précision surprenantes dans ses techniques. C'était la première fois que Link la voyait se battre sans utiliser sa magie du vent, et il en était impressionné.

"Être fiancée à un mercenaire aussi doué au combat a des bons côtés ! résonna la voix d'Alys qui était réapparue juste à côté du blond vêtu de vert. D'après ce que j'ai pu voir dans l'esprit de cette jeune fille, c'est Roch qui lui a appris le maniement de l'épée depuis quelques années !"

Le héros d'Hyrule comprenait mieux comment Leviah avait appris à se battre aussi bien. Ensemble, le couple de jeunes gens était parvenu à vaincre toutes les créatures qui les avaient assaillis. Une telle bataille avait légèrement épuisé le duo, mais aucun des deux n'était blessé. Toutefois, une ombre surgit tout à coup du sol, prenant la forme d'une main, et frappa par surprise Roch au visage qui se retrouva au sol.

"Déesses, non !" s'écria Leviah en accourant vers lui pour l'aider.

Hélas, une autre main d'ombre était apparue derrière elle et l'avait attrapée par les cheveux, avant de l'envoyer valser quelques mètres à l'opposé de son fiancé. Link avait écarquillé les yeux de stupéfaction. Ces mains d'ombre, il les avait déjà vues et les connaissait !

"Alvaro ?!" pensa-t-il en observant vivement autour de lui pour tenter de repérer la cachette du violet. Mais le cri de l'élue de Farore retentit à ses oreilles, et l'homme tout en vert, après s'être retourné vers le couple, fit face à un incroyable spectacle. La sombre main qui avait mis Leviah à terre avait ramassé l'épée de celle-ci, avant de foncer vers Roch qui s'était relevé et de l'embrocher avec en plein ventre. La lame recouverte de sang ressortait derrière le dos du jeune homme, qui était figé de stupéfaction et de douleur pendant quelques instants, avant de rendre brusquement son dernier souffle. Cette simple attaque l'avait tué sur le coup.

"Bordel ! fit Link face à ce dénouement.
- Roch, non !" hurla Leviah dont les larmes coulaient le long des joues, alors qu'elle s'était relevée en tendant sa main vers son fiancé.

C'est alors que la marque de Farore se mit à luire plus fort sur sa poitrine, et une aura pourpre entoura le corps de son défunt fiancé. Ce dernier se mit à convulser pendant que la main d'ombre avait lentement retiré l'épée de son ventre, avant de s'écarter du jeune homme. Le corps de ce dernier parvenait à tenir debout bien qu'il était dépourvu de vie.

Mais un oeil averti pouvait remarquer que les membres se déformaient. Le bras droit, le torse, et la jambe gauche de Roch grossissaient. Son visage se défigurait également de manière horrible, comme s'il subissait une transformation. Et c'était le cas. Le plastron s'était fragmenté sous le grossissement du corps du feu mercenaire, et sa tunique s'était déchirée. Le charmant jeune homme qui semblait bienveillant et jovial il y avait encore quelques minutes, n'était à présent plus qu'une créature difforme, hideuse et asymétrique. Et pour ne rien arranger, elle semblait avide de chair et de sang, et commençait à s'approcher dangereusement de la blonde qui reculait lentement. Ayant été privée de son arme, elle n'avait rien pour se défendre au corps-à-corps.

Alors que des larmes ruisselaient le long de ses joues, Leviah s'était préparée à utiliser ses pouvoirs du vent contre lui. Mais une petite main d'ombre était apparue à ses pieds et l'avait fait trébucher. La jeune fille en rouge s'était retrouvée au sol tandis que son fiancé devenu monstre se trouvait à présent juste devant elle. Link avait commencé à avancer dans le but de s'interposer, mais il s'arrêta net en repensant au fait que cela ne servait à rien.

"La frustration d'être inutile dans ce genre de situation se lit clairement sur ton visage," lui fit remarquer Alys.

Le héros d'Hyrule la fusilla du regard et s'apprêta à lui lancer une réplique cinglante. Mais ce qui arriva ensuite coupa sa volonté de le faire et le choqua au plus haut point. Le monstre s'était mis à califourchon au-dessus d'elle, agrippant violemment les vêtements de la blonde. Celle-ci tenta de se débattre, mais la créature qu'était devenu Roch lui mit un coup de poing au visage. Leviah fut sonnée alors qu'on venait de lui arracher une partie de ses vêtements. Ce qui se déroula suite à cela était vraiment horrible. Link avait cru assister à un cauchemar. Il n'aurait jamais cru voir une chose aussi répugnante de ses propres yeux un jour. Ne supportant pas la vue de ce que le monstre infligeait à l'élue de Farore, Link s'était retourné et était tombé à genoux, pris par des haut-le-coeur. Posant une main sur sa bouche, le détenteur de la Triforce du courage se retenait de vomir, sous les yeux étonnés d'Alys qui avait croisé les bras en le regardant :

"Je ne te pensais pas aussi sensible, Link. Je sais que ce qui se passe n'est pas joli à voir, mais tout de même !
- Comment... peux-tu rester de marbre... face à ça ?! parvint à répliquer celui-ci malgré son état.
- J'ai déjà vu des choses que tu n'imaginerais même pas à travers les psysalis, lui répondit la gardienne. Je suis habituée, à force."

Malgré qu'il s'était tourné pour ne pas voir cette scène atroce entre Leviah et son agresseur, Link pouvait entendre les plaintes et les gémissements de douleur de la pauvre élue de Farore. Il s'était d'ailleurs bouché les oreilles pour ne plus les entendre. Mais après quelques minutes qui semblaient durer une éternité aussi bien pour le héros d'Hyrule que pour la blonde en rouge, les hurlements s'étaient calmés. Un silence de mort régnait à présent, tandis que le ciel s'était assombri. La pluie commençait même à tomber.

Prenant son courage à deux mains et essayant d'oublier son dégoût, Link se redressa et se retourna. Le monstre avait disparu. Par contre, comme le blond s'y attendait, Leviah se retrouvait dans un piteux état. Pratiquement nue et gisant dans une flaque de sang, c'était à peine si la jeune femme réagissait. La main posée sur son ventre découvert, elle laissa couler ses larmes alors que son regard s'était perdu sur le ciel nuageux.

"Il me semble que c'est à cet instant précis qu'elle s'est rendue compte qu'elle a perdu son enfant, en plus de son futur époux et de sa dignité, expliqua Alys avant de pousser un profond soupir. Mon statut de gardienne des psysalis m'impose d'être plus ou moins neutre face à ce que traversent les élus maudits des déesses, mais pour le coup, je plains vraiment cette pauvre femme."

Link ne savait même pas quoi penser. Jusqu'à maintenant, il avait considéré Leviah comme une ennemie à abattre au même titre que Gilgamesh, Alvaro ou Envy. Surtout en remémorant le fait qu'elle était responsable de la métamorphose du yéti et de Matornia suite à leur mort. Mais après avoir découvert que cette fille n'avait pas toujours été une ennemie d'Hyrule, et avec ces terribles moments qu'elle avait vécus, il commençait à réviser son jugement vis-à-vis d'elle. C'est alors qu'une personne s'approcha doucement de Leviah. Il portait une capuche noire qui le protégeait de l'averse qui s'intensifiait, mais les longues mèches de cheveux violettes qui dépassaient le rendaient reconnaissable aux yeux de Link. Il s'agissait d'Alvaro. Celui-ci, après s'être accroupi près de la jeune fille, s'était mis à chantonner doucement :

"Cette triste tragédie,
Elle a bouleversé toute une vie,
Celle d'une charmante jeune fille
Qui a perdu sa famille."

Cela ressemblait à une berceuse, mais avec des paroles tordues. Un peu comme ce qu'avait l'habitude de chanter Leviah lorsque Link et ses compagnons lui faisaient face. Alvaro, voyant que la blonde ne réagissait pas, caressa doucement le visage de celle-ci avec un sourire en apparence doux, mais qui laissait échapper quelque chose de vraiment sournois. En guise de réponse, une petite voix de la part de la blonde retentit, à peine audible.

"Cette triste tragédie.... Elle a bouleversé toute une vie... Celle d'une charmante jeune fille... Qui a perdu sa famille..."
Elle avait répété mot pour mot les paroles de la chanson du violet, dont le sourire s'était agrandi :
"C'est bien. Très bien, même ! Ce que tu viens de vivre est horrible et je m'en veux un peu de m'en être mêlé. Mais tu possèdes des pouvoirs vraiment intéressants et puissants. En les utilisant à bon escient, tu pourrais prendre une revanche sur cette vie qui a été cruelle envers toi."

Il s'était servi du tissu composant sa capuche pour recouvrir l'élue de Farore, avant de la soulever dans ses bras.

"Je sens qu'on va très bien s'entendre, toi et moi, reprit Alvaro sans perdre son sourire. De plus, Gilgamesh sera ravi d'avoir une alliée telle que toi à ses côtés !"

Sur ces mots, il avait tourné le dos à Link et Alys avant de s'éloigner en emportant Leviah avec lui. Était-ce donc de cette façon que la blonde en rouge avant rejoint le camp des ennemis d'Hyrule ? Était-ce suite à ce jour atroce vécu par la jeune fille, que celle-ci avait sombré petit à petit dans la folie ? Voilà les questions que se posait Link, qui avait les yeux rivés sur l'épée de Roch gisant au sol non loin de lui. Le jeune héros voyait rouge. Il avait une folle envie d'éliminer Alvaro après avoir vu ce que Leviah avait subi à cause de lui. Sans aucune hésitation, il avait ramassé l'épée du défunt mercenaire et s'était précipité à la suite d'Alvaro dans le but de le frapper avec. Mais ce fut à cet instant que sa Triforce se mit à luire, l'éblouissant et le stoppant dans son geste. Lorsque la lumière autour de lui s'estompa peu à peu, il découvrit et comprit qu'il était de retour dans le monde réel.

"Link ?" fit Midona à côté de lui qui le regardait d'un air inquiet.

Celui-ci, malgré son état de choc, lui fit signe qu'il allait bien. Tournant alors sa tête en direction de Leviah, il remarqua que celle-ci, juste après son réveil, s'était recroquevillée dans un coin de son lit, sanglotant silencieusement.

"Qu'est-ce qui lui arrive ?" s'étonna la princesse du Crépuscule, complètement stupéfaite de la voir ainsi.

Mais la réaction de Link face à cela l'étonna encore plus :le jeune homme s'était doucement rapproché de l'élue de Farore et l'avait entourée de ses bras, la serrant ainsi contre elle. Le plus surprenant était que Leviah ne le repoussait pas, ou ne se montrait pas hostile envers lui. Une question vint alors à l'esprit de la jeune femme à la chevelure flamboyante. Qu'avait bien pu voir Link dans l'esprit de cette fille ? Si celle-ci réagissait de cette façon, et si l'homme vêtu de vert n'hésitait pas à la consoler bien qu'il s'agissait d'une ennemie, Midona se disait que la psysalis de Leviah devait vraiment être horrible.

Chapitre 35 : Sur les traces des criminels disparus   up

Au Palais du Crépuscule, plus précisément sur un balcon offrant une vue spectaculaire sur le firmament obscur et infini de ce monde, Epon et Zelda s'étaient isolées. La plus jeune des deux désirait parler à la plus âgée, mais cela s'avérait être une tâche ardue. Elle ignorait par où commencer. Évitant le regard de la souveraine d'Hyrule dans un premier temps, la demi-Zora serra nerveusement ses poings. Elle avait un énorme poids sur le coeur qui ne demandait qu'à être libéré, mais le fait de ne pas savoir comment allait réagir la princesse hylienne la bloquait et l'empêchait de parler. Voyant l'hybride aussi hésitante, Zelda parla la première avec un sourire bienveillant :

"Si tu souhaites me révéler la vérité au sujet de la marque de Nayru que tu portes, ce n'est pas nécessaire. Je connais déjà la vérité à ce sujet. Link et Impa ont dû me la révéler pour que nous puissions vous sortir, toi, Gray et Leviah, de vos psysalis respectives."

La bleue en fut légèrement étonnée. Elle ne s'attendait pas à ce que son ami et son ancien mentor révèlent la sordide histoire autour de ces glyphes divins à la brune. Mais après tout ce qui s'était passé, ils en étaient bien obligés. Epon ne pouvait pas leur en vouloir pour cela. Au contraire, dans le fond, elle les remerciait :cela lui épargnait de devoir expliquer ce que ces symboles et le statut d'élu maudit impliquaient. Par ailleurs, Zelda n'avait pas l'air de la voir comme une ennemie malgré cela. Du moins pour l'instant. Mais...

"Est-ce qu'ils t'ont raconté, pour le phénix bleu ?" se risqua l'élue de Nayru.

Malheureusement pour elle, la princesse d'Hyrule haussa un sourcil de stupéfaction, ce qui témoignait de son ignorance vis-à-vis de cette entité légendaire. Epon inspira un bon coup avant de lui raconter. En premier lieu, elle aborda la légende autour de cette créature ancienne, née dans le corps de Kida, qui aurait sauvé Hyrule du chaos autrefois. Le phénix bleu était une création des déesses dans ce but héroïque. Mais il s'était réincarné chez Epon, qui était une élue maudite de ces mêmes divinités. En y repensant, la demi-Zora se souvint d'une chose qu'avait révélée Gilgamesh :l'impureté de son coeur corrompait cette entité, la rendant dangereuse aussi bien pour le royaume d'Hyrule que pour elle-même.

"Il m'est déjà arrivé d'en perdre le contrôle à plusieurs reprises, continua la princesse aux cheveux bleus en tournant le dos à la plus âgée tout en croisant nerveusement ses bras. Notamment le jour où ma mère a été..."

Epon serrait les dents en repensant à ce jour tragique où Rutella avait été assassinée de manière brutale par Alvaro, pendant que le Domaine Zora subissait une attaque qui avait eu raison de nombreuses vies. En se remémorant cela, de la frustration et de la peine mêlées à une immense colère envahirent la jeune hybride. Sans qu'elle ne s'en rende compte, cette accumulation de sentiments négatifs avait doucement fait apparaître l'aura du phénix bleu autour de son corps.
Zelda resta bouche bée devant un tel phénomène, tandis que la Triforce de la Sagesse sur sa main brillait en résonance avec la marque de Nayru, visible sur la cuisse gauche d'Epon. L'Hylienne pouvait sentir une immense puissance émanant de la plus jeune. Une énergie à la fois chaleureusement pure et froidement malsaine.

En cet instant, la princesse d'Hyrule eut un frisson de terreur. Et cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas ressenti un tel sentiment de peur et de malaise. La dernière fois que cela lui était arrivé, c'était le jour de sa confrontation avec Ganondorf en compagnie de Link et de Midona. De son côté, la demi-Zora, en se rendant compte que le phénix en elle se manifestait, observa ses mains d'un air maussade, avant de se retourner et de regarder l'autre princesse droit dans les yeux.

"J'ai l'impression que cette créature me consume de jour en jour. Je parviens à la contenir pour l'instant, même s'il m'est déjà arrivé de faire des choses que je ne désirais pas."

En disant cela, elle repensait surtout à ce qui s'était passé au pied de la Tour du Jugement, après sa course-poursuite avec Leviah. Elle s'était montrée très agressive envers cette dernière alors que ce n'était point son attention. Elle avait même brusquement repoussé Gray au moment où celui-ci voulait vérifier que l'hybride allait bien.

"Mais plus le temps passe, continua la bleue, plus je me demande pendant combien de temps je pourrais encore retenir ce phénix, avant qu'il ne déchaîne son courroux. Je me demande même si j'existerai toujours en tant qu'Epon, princesse du peuple des Zoras, lorsque ce moment arrivera..."

Suite à cette réplique, elle marqua un temps d'arrêt. Elle venait de révéler la vérité à Zelda au sujet du phénix bleu, mais avait encore une dernière chose à lui demander. Et cela se voyait. Hélas, elle ne parvenait pas à le faire. Zelda se rapprocha alors d'elle et prit lentement les mains de la jeune fille dans les siennes. Au même instant, sa Triforce se mit à briller un peu plus que la normale et fit disparaître peu à peu l'aura entourant Epon.

"J'admire le courage et la force dont tu fais preuve pour supporter tout cela, lui confia la souveraine aux cheveux châtains avec un petit sourire. Je ne connais pas beaucoup de personnes qui auraient continué la bataille que nous sommes en train de livrer avec un aussi lourd fardeau sur leurs épaules. J'apprécie aussi ton honnêteté, pour m'avoir révélé la vérité au sujet de ce phénix bleu qui t'habite.
- Vous... ne me voyez pas comme une ennemie malgré ça ?"
En guise de réponse, Zelda secoua négativement la tête :
"Tu n'as pas choisi d'être ce que tu es, Epon. Et même si tout laisse à croire que tu es la personne la plus dangereuse pour Hyrule, tes intentions de base sont loin d'être mauvaises. Tout comme Link, moi-même et tous nos autres alliés, tu oeuvres dans le but de ramener la paix dans notre royaume. De plus, tu assumes pleinement ton devoir de princesse zora. Encore plus depuis le décès de ta mère. Je ne peux pas te considérer comme une ennemie au même titre que Gilgamesh ou Alvaro, en reconsidérant tout ceci."

Epon ne le montra pas, mais elle fut énormément soulagée d'entendre de telles paroles de la part de Zelda. Elle était heureuse de constater que cette dernière se montrait compréhensive et compatissante à son égard. Finalement, l'hybride s'était fait beaucoup trop de soucis pour rien. Néanmoins, il restait cette fameuse chose qu'elle voulait demander à l'Hylienne. Elle ne savait pas comment s'y prendre pour solliciter une telle faveur, mais après ce que Zelda venait de lui dire, elle trouva le courage de le faire.

"Je n'ose pas en parler à Link ou à Gray car les connaissant, je sais pertinemment qu'ils ne m'accorderont pas une requête pareille. Mais... si jamais j'en venais à perdre définitivement le contrôle du phénix bleu..."
Instinctivement, elle avait serré un peu plus les mains de Zelda dans les siennes, tout en détournant le regard. Face à une telle attitude, la princesse d'Hyrule comprit où elle voulait en venir.
"Tu voudrais que je le détruise, n'est-ce pas ?"

Epon déglutit légèrement devant cette interrogation. Mais c'était précisément ce qu'elle souhaitait demander à la plus âgée. Elle acquiesça donc par un signe de tête en la regardant à nouveau. La suzeraine brune ne savait pas comment réagir. Détruire une créature légendaire comme le phénix bleu n'était pas une tâche que l'on pouvait confier à n'importe qui. De plus, l'éliminer reviendrait à tuer Epon. Était-ce réellement ce que celle-ci désirait ? N'existait-il pas un moyen de calmer cette entité de façon durable sans pour autant mettre en danger la vie de la demi-Zora ? Accorder cette faveur n'enchantait vraiment pas Zelda. Mais si cela pouvait permettre d'apaiser la plus jeune d'une certaine manière...

"Zelda ? Epon ?" fit la voix de Midona alors que celle-ci se dirigeait vers les deux autres princesses, avant de s'arrêter, l'air étonné, à quelques mètres d'elles en remarquant la façon dont elles se tenaient les mains.
"Oh... j'interromps quelque chose, peut-être ?"
L'Hylienne et l'hybride se lâchèrent donc en lui répondant qu'elle n'avait rien interrompu de spécial, puis lui demandèrent ce qui l'amenait.
"Link est parvenu à sortir Leviah de sa psysalis. Par contre, on a un léger problème...
- Un problème ? s'inquiéta Zelda. Quel est-il ? Est-ce que Link va bien ?
- Link est une pleine forme, même s'il semble un peu secoué. Mais on ne peut pas vraiment en dire autant de Leviah."

Les deux autres femmes s'échangèrent un regard interloqué avant de demander à la souveraine twili de les conduire jusqu'à eux. Leviah avait été emmenée par Link dans une chambre adjacente à celle dans laquelle se trouvaient Gray et Ash. Ces derniers, en les entendant venir, avaient d'ailleurs aidé l'homme en vert à transporter la blonde et à l'installer sur le lit. Étrangement, l'élue de Farore n'avait montré aucune hostilité envers eux et se laissait faire sans se débattre. Mais elle demeurait muette et sanglotait en silence, recroquevillée sur elle-même.

"Je ne m'attendais absolument pas à la voir comme ça à son réveil... commenta Ash.
- C'est sa psysalis qui l'a mise dans cet état ?" demanda Gray à Link.
Mais celui-ci s'était crispé sur place alors qu'il affichait un air à la fois horrifié et dégoûté. Devant son absence de réponse, l'argenté l'observa avec inquiétude :
"Link ?"

Celui-ci réagissait à peine. Le choc provoqué par sa virée spirituelle ne passait pas. L'instant où Roch s'était transformé en monstre avant de s'en prendre à sa fiancée lui revenait en boucle. Ces visions d'horreur donnaient des nausées à Link qui s'était inconsciemment accroché à la veste de Gray, tout en fermant les yeux. L'homme en noir échangea un regard avec Ash qui paraissait toute aussi stupéfaite que lui. Qu'est-ce que le héros d'Hyrule avait bien pu voir dans la psysalis de l'élue de Farore ? Doucement, Gray invita le plus jeune à s'asseoir sur une chaise non loin d'eux.

"Respire un bon coup, lui conseilla-t-il ensuite en posant sa main sur l'épaule du blond. Tout va bien, maintenant...
- Non Gray... répliqua son homologue masculin, les yeux embués de larmes. Rien ne va. Rien n'a jamais été bien."

Une telle phrase de la part de Link sonnait vraiment étrange aux oreilles de Gray et d'Ash. Ce garçon était habituellement optimiste et capable de surmonter les épreuves les plus terribles. Mais aujourd'hui, il semblait craquer. En même temps, après avoir appris la vérité au sujet des élus maudits des déesses, fait face aux nouveaux ennemis d'Hyrule, vu plusieurs de ses connaissances mourir et suite à ce qu'il avait découvert dans les psysalis d'Epon et de Leviah, comment ne pouvait-il pas fléchir ?

Se voulant réconfortant, Gray le prit doucement dans ses bras tout en tapotant gentiment son dos, sous les yeux de la combattante aux cheveux noirs qui se sentait impuissante face à tous ces événements. Avec la fuite de Gilgamesh et d'Alvaro, ils avaient certes sauvé le royaume du Crépuscule et offert un moment de répit pour celui d'Hyrule. Mais pour combien de temps ?
La porte de la chambre s'ouvrit alors, laissant entrer Epon, Midona et Zelda.

"Décidément, j'arrive toujours au bon moment," plaisanta la princesse du Crépuscule en voyant Link dans les bras de Gray.

Mais après avoir remarqué les larmes sur les joues du blond en vert, la Twili à la chevelure flamboyante regretta immédiatement sa taquinerie et s'approcha du duo masculin. De leur côté, Epon et Zelda s'étaient avancées vers Leviah qui ne semblait pas leur prêter la moindre attention.

"Leviah ?" se risqua tout de même Epon en s'approchant un peu plus d'elle.
Mais la blonde eut un brusque mouvement de recul, comme si elle avait peur de la demi-Zora. Celle-ci, stupéfaite par une telle réaction de sa part, s'éloigna légèrement.
"Que s'est-il passé ? demanda Zelda en se tournant vers Midona. Pourquoi est-elle comme ça ? Et Link ?"

La souveraine du monde obscur ignorait pour l'instant ce qui arrivait à Link, même si elle se doutait que ce qu'il avait vu dans la psysalis de Leviah l'avait traumatisé. Mais en ce qui concernait la porteuse de la marque de Farore, elle prit le temps de leur raconter ce que l'homme en vert lui avait décrit. Et plus Midona avançait dans son récit, plus la consternation, la répugnance et la terreur se lisaient sur les visages d'Epon, de Gray, d'Ash et de Zelda. Ce qu'avait vécu la jeune femme vêtue de rouge était tout simplement horrible. Et ce que lui avait fait Alvaro suite à cela l'était encore plus !

"Au final, termina Midona en se tournant vers Leviah, je regrette tout le mal que j'ai pu dire de cette fille. Elle n'a pas choisi d'être dans le camp de nos ennemis et n'est qu'une victime de plus de Gilgamesh, et surtout d'Alvaro.
- Alvaro... grogna Epon qui avait à présent une raison de plus pour éliminer cet homme qui avait fait trop de mal autour de lui.
- Je comprends ton aversion pour cet homme, lui dit Ash, mais cela ne sert à rien de s'énerver de la sorte. Surtout que nous ignorons où lui et Gilgamesh se terrent.
- Ash a raison, acquiesça Zelda. Vouloir abattre cet individu pour tous les crimes qu'il a commis est une chose. Mais le retrouver en est une autre. Il peut être n'importe où à Hyrule, à l'heure où nous parlons. Et sachant que Leviah ne semble pas en état de nous révéler quoi que ce soit pour l'instant, nous devons tenter de les débusquer, lui et Gilgamesh, par nous-mêmes.
- Vous savez comment avancent les recherches d'Impa et des autres soldats ? demanda alors la princesse des Zoras.
- Moï est passé nous voir un peu avant que Link n'arrive par ici avec Leviah, répondit Gray en lâchant le blond. Il pensait y trouver Zelda pour lui donner cette information. Mais d'après ce qu'il nous a confié, Gilgamesh et Alvaro n'ont laissé aucune trace nous permettant de les retrouver. Ils continuent toujours à chercher, mais sont assez pessimistes là-dessus."

Une certaine déception se lut chez Epon qui avait espéré, ne serait-ce qu'un petit indice qui les aurait aidés à remonter jusqu'à eux pour les affronter, et les vaincre une bonne fois pour toutes. Malheureusement, les choses ne pouvaient pas être aussi simples. En tout cas, c'était ce que l'hybride et quelques autres personnes présentes dans la pièce se disaient. Néanmoins, Midona eut tout à coup une idée qui pouvait changer la donne.

"Link pourrait se transformer en loup pour les pister en se servant de son odorat développé !"

Si Epon, Gray et Ash affichaient un air abasourdi devant une réplique pareille, Zelda reconsidéra le plan de la Twili qu'elle jugeait bien trouvé. En utilisant ses sens de loup à la salle du trône, il pourrait reconnaître les odeurs de Gilgamesh et d'Alvaro, et s'en servir pour parcourir les terres d'Hyrule afin de les retrouver. Mais deux problèmes se posaient. Le premier était les odeurs en elles-mêmes. Link allait-il réussir à différencier les odeurs ennemies de celles des autres personnes ayant fréquenté la salle du trône récemment ? Ce point pourrait leur donner du fil à retordre. Mais le second souci était que cela n'allait peut-être pas suffire à les retrouver, étant donné que le duo maléfique, grâce aux pouvoirs du faucheur et probablement aussi au cristal d'ombre qu'il avait volé, se téléportait sans cesse d'un endroit à un autre.

"Ayant retrouvé mes pouvoirs, expliqua alors Midona, je peux ressentir l'énergie dégagée par le cristal d'ombre. Même si Link ne parvient pas à les retrouver avec ses sens de loup, si on s'approche de leur cachette, je le sentirai aussitôt.
- Attendez un peu... intervint Gray d'un air ahuri tant il était complètement largué par toutes ces informations. Link a vraiment le pouvoir de se transformer en loup ?
- J'allais justement poser la même question... enrichit Ash, tout aussi perdue que lui.
- Il m'en avait brièvement parlé il y a quelques jours, lorsque nous sommes allés à Toal avec Iria, se remémora Epon, l'air pensif.
- Mais... pourquoi tu ne m'as rien dit à ce sujet ?! s'indigna presque l'homme en noir.
- Je n'y avais pas pensé et je n'en voyais pas l'intérêt, répondit l'hybride avec un sourire un peu gêné. Link m'avait raconté qu'il avait perdu ce pouvoir après sa victoire face à Ganondorf.
- Ksh ksh ksh ! rigola Midona devant les réactions des élus de Din et de Nayru. Il n'a pas vraiment perdu cette faculté. Disons juste qu'il a besoin de moi pour se métamorphoser."

Pour appuyer ses dires, elle leur montra un petit cristal noir avec des motifs mystiques orangés qu'elle gardait précieusement sur elle. En touchant cet artefact qu'ils avaient obtenu en brisant une malédiction que lui avait autrefois jeté Xanto, Link pouvait passer de sa forme humaine à sa forme lupine et vice-versa. Tous les regards se tournèrent donc vers lui. Le jeune homme avait tout entendu de la conversation sans rien dire. D'ailleurs, il demeurait toujours silencieux, ce qui inquiéta les autres.

"Tu es sûr que ça va aller ?" lui demanda Epon qui s'était placée devant lui avant de se baisser à sa hauteur pour le regarder.

Le héros d'Hyrule plongea ses yeux saphir dans les iris bruns de la demi-Zora. Lui répondre qu'il allait bien serait mentir. Cela se voyait qu'il se sentait mal et épuisé émotionnellement, surtout après avoir séjourné dans deux psysalis. Cependant, en observant la jeune fille aux cheveux bleus ainsi, il se rendit compte de quelque chose :la princesse de Zoras avait vécu beaucoup de choses terribles, entre la discrimination dont elle avait été victime par le passé, la mort de son père, son enlèvement par des voyous qu'Alvaro avait engagés, le fait qu'elle ait déjà tué des humains, la perte récente de sa mère et d'une partie de son peuple suite à l'attaque subie par le Domaine Zora, et surtout son statut d'élue de Nayru et le phénix bleu qui se trouvait en elle. Et malgré tout, elle ne se laissait pas abattre. Elle trouvait la force de se relever et cherchait à protéger Hyrule, cette terre créée par les déesses qui l'avaient choisie dans le but de détruire ce même royaume. Elle était prête à croiser à nouveau le fer avec ceux qui étaient en grande partie responsables de ses malheurs, tout cela pour ses amis, ses alliés et son peuple.

Pour Gray, c'était à peu près la même chose. En tournant son regard vers celui-ci, Link se rappela que le plus grand avait été témoin d'un génocide qui avait eu raison de tout son village natal, et qu'il en était le seul rescapé. Il avait ensuite vécu dans la solitude dans les ruines d'Orkidië, se défendant contre les monstres ou les brigands qui s'y rendaient. N'importe qui à sa place aurait sûrement commis l'irréparable après avoir tout perdu de cette manière. Mais cela n'avait pas empêché le jeune homme de continuer à vivre pour les êtres chers qu'il avait perdus. Et même s'il était un élu maudit au même titre qu'Epon, cela n'ébranlait en rien sa volonté d'aller à l'encontre de ce qu'il était censé accomplir, tout cela pour préserver Hyrule et ses habitants. Même la perte de Gabriel, bien qu'elle avait été particulièrement douloureuse pour lui, ne le faisait pas flancher, et le motivait même à vouloir combattre Gilgamesh pour lui faire payer ce qu'il avait fait subir à feu son meilleur ami.
Dans le fond, Epon et Gray, malgré le lourd fardeau qu'ils portaient, étaient des héros à leur manière. Link n'avait pas le droit de se laisser aller en sachant tout cela. Ce fut pour cette raison qu'il se ressaisit avant de balayer ses larmes d'un revers de la main et de se relever de sa chaise avant de se tourner vers le groupe.

"Tout ira mieux lorsque nous aurons éliminé une bonne fois pour toutes nos ennemis, déclara-t-il, avant de se tourner vers Midona. Me transformer en loup pour les pister est une bonne idée en soi. Même si j'ignore si cela va réellement fonctionner, on peut toujours tenter le coup."

En le voyant regagner ainsi en détermination, un léger sourire illumina le visage de la princesse du Crépuscule, ainsi que ceux de quasiment toutes les personnes présentes dans la chambre. Eux, qui pensaient que Link était au fond du gouffre, constatèrent avec soulagement qu'il ne s'était pas laissé abattre, et qu'il était prêt à sauver le royaume d'Hyrule une fois de plus avec l'aide de tous ses amis et alliés. Et pour cela, la première chose à faire était de se rendre à la salle du trône du Crépuscule.

Laissant Leviah entre les mains d'Ash qui avait promis de la surveiller pendant leur absence, les autres s'étaient rapidement rendus à leur destination. Là, ils y virent Impa, Moï, et quelques soldats hyruliens montant la garde. Tous, en voyant Zelda, s'inclinèrent de respect devant elle.

"Autant de formalités ne sont pas nécessaires en cet instant, leur confia-t-elle avant de se tourner vers ses gardes. Allez vous reposer, vous avez tous fait du bon travail.
- Bien, votre Majesté !" firent les concernés à l'unisson avant de prendre congé et de sortir de la salle, laissant le groupe de Link seul en compagnie de Moï et d'Impa qui étaient restés.
"Dame Zelda, lui dit la Sheikah. Avez-vous des nouvelles directives ?
- Tout dépendra du résultat qu'obtiendra Link," sourit la souveraine en se tournant vers l'homme en vert et Midona, à l'étonnement de la blanche et du plus âgé des Toaliens qui ne comprenaient pas sur le coup. Le porteur de la Triforce échangea un regard avec la princesse aux cheveux de feu tout en hochant la tête, avant d'observer Epon, Gray, Impa et Moï.

"Surtout, ne paniquez pas pour ce qui va suivre," les prévint-il pendant que Midona avait saisi le petit cristal noir aux glyphes orangés.

Sous les yeux des autres, la Twili s'approcha de Link et posa l'artefact qu'elle tenait sur lui. Tout ce qui arriva juste après se déroula si vite que presque personne n'avait compris le processus de cette transformation. Mais l'Hylien qu'ils avaient toujours connu jusqu'à présent avait disparu pour laisser place à un loup au pelage gris, possédant des yeux saphir. Il avait également gardé ses boucles d'oreilles bleues à ses oreilles.

"Par les déesses d'Hyrule... murmura Moï en reculant de quelques pas, surpris.
- Link ?" fit Gray, complètement abasourdi de le voir ainsi.

Epon en était tout aussi stupéfaite. Mais en sondant le coeur de ce loup fraîchement apparu, elle reconnut l'énergie lumineuse et chaleureuse qu'elle ressentait habituellement chez l'Hylien vêtu de vert. Contrairement à Gray, Impa ou Moï qui demeuraient légèrement méfiants face une telle créature, la demi-Zora s'était lentement approchée d'elle, avant de s'accroupir et de tendre sa main pour caresser le dessus de sa tête. Link ne semblait pas gêné de se faire caresser de la sorte. Au contraire, il semblait bien aimer cela. Il s'était même rapproché de l'hybride pour lui lécher affectueusement la joue, provoquant un petit rire chez la jeune fille.

"C'est à la fois étrange et carrément cool ! affirma celle-ci en souriant tendrement.
- Plus étrange que cool, je dirais..." rétorqua Gray, qui avait toujours du mal à réaliser que ce loup et Link n'étaient qu'un seul et même être.

Lui qui pensait que plus rien ne pouvait l'étonner après avoir découvert qu'Envy était en réalité Gabriel... Moï, de son côté, n'en revenait pas non plus. Comment cette transformation était-elle possible ? Et surtout, pourquoi Link ne lui avait jamais parlé de cela auparavant ? Il voulut s'approcher du loup comme l'avait fait Epon, mais...

"Link, l'interpella Zelda. Essaye d'utiliser tes sens comme on a dit.
- Je me souviens qu'Alvaro et Gilgamesh ont tous les deux posé leurs hideux fessiers sur le trône, lui expliqua Midona. Peut-être que la puanteur de leurs derrières s'y trouve toujours."

Alors qu'Epon et Impa se pinçaient les lèvres pour ne pas rigoler bêtement face à une telle réplique de la part de la souveraine du royaume des ombres, Link acquiesça par un signe de tête, avant d'accourir jusqu'au trône afin de le renifler. Puis, il s'éloigna de quelques foulées pour renifler les alentours, avant de revenir auprès de celle qui l'avait transformé. La princesse du Crépuscule lui rendit donc son apparence humaine afin qu'il puisse parler.

"Effectivement, deux odeurs distinctes, différentes de celle de Midona, émanent de ce siège. Je pense qu'elles appartiennent bien à ceux qu'on cherche. Par contre, impossible de les pister ici. Ils semblent avoir complètement disparu de ce monde.
- Ce qui confirme qu'ils se sont rendus à Hyrule, en conclut Impa en croisant les bras.
- Nous savons donc ce qu'il nous reste à faire," compléta Epon.

Ils devaient aller au royaume de la lumière pour les retrouver avec les sens de loup de Link. Zelda ordonna à Impa de rester au royaume du Crépuscule avec Ash et ses troupes pendant la future absence de Midona. La Sheikah s'inclina en acceptant cette tâche, tandis que tous les autres se dirigeaient vers le passage enchanté qui allait les ramener à Hyrule. Moï avait suggéré de d'abord passer à la citadelle afin de mettre les autres membres de la Résistance au courant ce qu'il s'était passé, et éventuellement leur demander leur aide pour retrouver les deux ennemis qu'il restait à vaincre. Jugeant qu'il avait raison, la souveraine aux cheveux châtains accepta.

Délaissant le palais obscur, Link, Epon, Gray, Zelda, Midona et Moï se rendirent auprès du portail reliant les deux mondes. L'heure était venue pour eux de mettre un terme à ce combat contre Gilgamesh et Alvaro qui n'avait duré que trop longtemps. En franchissant cette faille magique, ils allaient entamer la dernière ligne droite de leur affrontement. Et soit ils en sortiraient victorieux, soit ils tomberaient.

Zelda fut la première à passer la porte lumineuse, suivie de Midona, puis de Moï. Link et Epon s'apprêtaient à les imiter, mais virent que Gray, derrière eux, s'était retourné pour observer le firmament crépusculaire d'un air maussade. Les deux plus jeunes devinèrent facilement qu'il repensait à Gabriel en cet instant. Le corps de celui-ci avait disparu parmi ces nuages noirs qui entouraient le palais. Il était donc impossible pour l'élu de Din de le ramener à Hyrule afin de lui offrir de belles funérailles. À cette pensée, l'homme en noir poussa un profond soupir, avant de se retourner vers les deux autres. Il aurait tout le temps de songer à ce genre de chose une fois que tout serait terminé. Préférant se dire que l'esprit de son ami d'enfance demeurait à ses côtés, l'argenté fit signe aux deux autres de franchir le portail avec lui. Chose que l'Hylien et l'hybride firent, quittant ainsi ce royaume sombre qui avait été témoin d'une pénible épreuve. Une lutte encore plus rude les attendait dans leur monde d'origine.

Et celle-ci allait être décisive pour le royaume d'Hyrule tout entier.

Chapitre 36 : Un étrange témoignage   up

Il était difficile de savoir combien de temps s'était écoulé au royaume d'Hyrule. Après leur séjour dans le monde du Crépuscule, Link, Epon, Gray, Zelda et Moï avaient perdu la notion du temps. Même Midona, qui n'avait pas mis les pieds de l'autre côté du portail depuis plusieurs mois, semblait toute aussi dépaysée. Il faisait jour et une température aride régnait dans la chambre du miroir, au sommet de la Tour du Jugement. À en juger par l'emplacement de l'astre solaire au milieu du firmament bleu dépourvu de nuages, ils en déduisirent qu'ils étaient en milieu d'après-midi. Les quelques gardes hyruliens patrouillant dans la zone s'inclinaient à la vue de leur souveraine. L'un d'entre eux s'était d'ailleurs approché d'elle et de son groupe :

"Votre Majesté. Nous avons reçu un message de Dame Telma en provenance de la citadelle. Un incident s'est produit au Village Toal."

À ces mots, tous furent choqués, en particulier Link et Epon qui craignaient que l'état du père d'Iria n'ait empiré durant leur absence, et Moï qui ignorait tout de cette histoire jusque-là. Leur messager confirma leur crainte quelques secondes plus tard :

"Sir Lafrel et quelques soldats ont escorté cette nouvelle menace au quartier général de la résistance. Une jeune fille se disant être l'enfant de l'homme subissant cette étrange métamorphose l'accompagne."
Quasiment tout le groupe comprit immédiatement qu'il faisait allusion à Iria.
"Et merde... grogna Gray en croisant les bras, agacé de voir les drames s'enchaîner de la sorte.
- Au quartier général de la résistance... répéta Link avant de se tourner vers Midona. Est-ce que tu pourrais nous téléporter jusque là-bas ?
- Je peux vous téléporter à l'entrée de la citadelle, répondit la princesse du Crépuscule. Par contre, étant entièrement privée du cristal d'ombre, ce n'est pas une manoeuvre que je pourrais effectuer à plusieurs reprises dans une même journée. Encore plus si je dois téléporter autant de monde."

Son regard s'était tourné vers les autres en disant cela. Néanmoins, Link lui demanda de les téléporter à la capitale. Il était urgent d'aller voir comment se portaient Bohdan et Iria. D'autant plus qu'ils en profiteraient pour voir les autres membres de la résistance, à savoir Telma, Lafrel et Jehd.

La Twili à la chevelure flamboyante accepta donc d'utiliser ses pouvoirs, et se téléporta avec Link et son groupe jusqu'aux portes de la citadelle d'Hyrule. Si l'homme en vert était habitué à ce genre de voyage rapide, ce n'était pas le cas pour Epon, Gray, Zelda ou Moï, qui avaient un léger tournis suite à cette étrange expérience. Toutefois, ils s'en remirent rapidement et purent entrer dans la vaste cité. Midona, afin de ne pas attirer l'attention des Hyruliens de cette ville sur elle, demanda à se cacher dans l'ombre de Link qui accepta sans problème, se disant que cela lui rappellerait le temps où le duo avait voyagé ensemble à travers le royaume.

Le trajet pour se rendre à la taverne de Telma ne dura que quelques minutes, qui furent tout de même marquées par les habitants de cette grande cité s'inclinant de respect à la vue de leur souveraine. Une fois au quartier général de la Résistance, le groupe fut accueilli par la tavernière et Lafrel.

"Votre Altesse, fit ce dernier en la saluant solennellement, visiblement soulagé de revoir ce petit monde sain et sauf. Nous vous attendions.
- Nous avons été informés de la situation et fait aussi vite que nous le pouvions pour venir constater les faits par nous-mêmes."

Non loin d'eux, Bohdan, endormi, avait été allongé sur un lit qu'on avait installé là. Mais l'état dans lequel il se trouvait choquait les nouveaux venus :En plus des longs crocs monstrueux ornant désormais sa mâchoire, des petites cornes avaient poussé au niveau de son front et ses ongles s'étaient allongés en griffes acérées. Aussi, sa peau avait une teinte plus foncée que d'habitude.

"Déesses..." firent à l'unisson Epon et Moï, horrifiés par cette transformation dont était victime le chef de Toal.

Iria, était assise à son chevet alors que son regard se tournait vers Link et son groupe. En voyant ses amis sains et saufs, l'adolescente se mit brusquement debout, avant de plonger dans les bras de son ami d'enfance, pleurant à chaudes larmes. Elle semblait soulagée de tous les retrouver bien portants, mais également angoissée par l'évolution de l'état de son père.

"Ça va aller, Iria..."

Link la rassura en frottant le dos de la plus jeune pour la consoler, sous les yeux attristés de tous les autres qui demeurèrent silencieux, tant ils ne s'étaient pas attendus à un tel phénomène. La demi-Zora s'était approchée de Bohdan afin de sonder son énergie. La première fois qu'elle avait fait cela avec lui à Toal, elle avait ressenti deux énergies bien distinctes qui se bataillaient :Celle de l'homme et une autre, plus sombre et malsaine. Aujourd'hui, c'était différent. C'était à peine si elle ressentait celle du père d'Iria, tant l'énergie ne lui appartenant pas avait pris le dessus sur elle.

"Bon sang... pensa-t-elle en serrant ses poings. Si on ne trouve pas rapidement une solution, on perdra monsieur Bohdan...
- Nos ennemis sont allés jusqu'à s'en prendre à lui ? fit Moï, s'en voulant de ne pas avoir été à Toal pour empêcher un tel drame.
- Ils sont vraiment prêts à tous les coups bas pour arriver à leurs fins, malheureusement," répondit Gray en se rapprochant de l'hybride aux cheveux bleus.

À en juger par l'expression sur le visage de celle-ci, il comprit rapidement que le géniteur d'Iria était en grand danger. Mais d'un autre côté, cette transformation lui rappelait celle de Gabriel lorsqu'il s'était transformé en Envy. Son défunt meilleur ami lui avait parlé d'une malédiction que lui avait injectée Gilgamesh. Est-ce que ce satané faucheur en avait fait de même avec le chef de Toal ? Si c'était le cas, ils devaient rapidement trouver un moyen de le sauver. Bohdan ne pouvait pas être condamné de la même manière que l'avait été Gabriel ! L'homme en noir se tourna donc vers Link et Zelda :

"Si un élu maudit des déesses est à l'origine d'une telle malédiction, peut-être qu'un porteur d'une Triforce pourrait y remédier ?
- C'est vrai, répondit la souveraine d'Hyrule qui ne lâchait pas Bohdan du regard. Mais ce n'est pas aussi simple que tu ne le penses. Sa métamorphose m'a l'air à un stade bien avancé. Le purifier demandera du temps et de l'énergie. Et ce sont deux choses que nous peinons à avoir, en ce moment.
- S'il vous plaît, votre Majesté... fit faiblement la voix d'Iria qui s'était décollée de Link pour se rapprocher de la princesse brune. Je vous le demande à genoux :Sauvez mon père..."

Tous les regards de la taverne étaient rivés sur la pauvre jeune fille, qui semblait plus désespérée que jamais. À en juger par les larmes coulant le long de ses joues, et sa mine à la fois attristée et lessivée, il était aisé pour chacun de deviner qu'elle était fatiguée de tout cela. Entre les disparitions mystérieuses d'Hyrule, les attaques subies dans les différents villages, toutes les victimes que celles-ci avaient causées et son père qui était aux portes de la mort, la Toalienne avait le moral au plus bas. Tandis qu'Epon s'était doucement rapprochée d'elle pour la réconforter en posant une main rassurante sur son épaule, Link et Gray se tournèrent de concert vers Zelda qui semblait réfléchir.

"Votre Majesté ? se risqua Telma en la voyant silencieuse.
- Je vais m'occuper de lui, affirma la souveraine brune. Néanmoins, j'ignore combien de temps cela me prendra pour le guérir. Pour être honnête, je ne sais même pas si j'en serai capable.
- Je pourrais vous aider ?" proposa alors Link.
Mais en guise de réponse, son interlocutrice royale secoua négativement la tête :
"N'oublie pas que tu as une tâche à accomplir, Link. Nos ennemis courent toujours, et notre priorité est de les retrouver pour les mettre définitivement hors d'état de nuire. Tu es la seule personne ici à pouvoir les pister."

Zelda avait raison et Link le savait. Il pensait faciliter son travail en l'aidant, mais d'autres personnes avaient actuellement besoin de lui, à commencer par Iria qu'il devait rassurer en premier lieu. Finalement, la princesse hylienne ordonna aux soldats de transporter Bohdan jusqu'à l'intérieur de son palais, là où elle pourrait s'occuper de le purifier. Et tout en souhaitant bonne chance à Link et à ses compagnons, elle quitta la taverne, accompagnée de Lafrel. C'est alors que Telma se tourna vers Link, Epon et Gray :

"Vous m'avez l'air bien éreintés, les enfants. Je pense qu'un peu de repos après tout ce que vous avez traversé ne vous fera pas de mal.
- Elle a raison, enrichit Moï. C'est une sacrée bataille que vous avez livrée dans l'autre monde. Et une lutte tout aussi acharnée vous attend par la suite.
- Effectivement, un bon repas et une bonne nuit de sommeil ne seraient pas de refus, affirma Gray avant de se tourner vers les autres. Après, tout dépend de vous.
- Je veux bien nous accorder le reste de la journée moi aussi, histoire d'être en pleine forme pour commencer les recherches demain," approuva Link.
Les deux jeunes hommes se tournèrent ensuite vers la demi-Zora qui avait le regard perdu au sol. Sa main n'avait pas lâché l'épaule d'Iria, et avait même légèrement resserré la prise sur celle-ci.
"Tout va bien ? s'inquiéta Gray, la tirant de ses pensées.
- Oui, répondit la concernée. Mais je pense que je vais retourner au Domaine Zora. Je veux m'assurer que mon peuple va bien. Et puis..."

La princesse aux cheveux bleus ne parvenait pas à terminer sa phrase. Elle avait serré ses poings en repensant à une certaine créature ancienne en elle, mais ne semblait pas vouloir révéler ses craintes à ses amis, de peur d'assombrir encore plus le tableau déjà obscur.

"On peut t'accompagner si tu veux," lui suggéra Link avec une légère inquiétude.
Mais sans réelle surprise, l'hybride refusa cette offre.
"Je pense que j'ai besoin de m'isoler un peu, le temps de digérer tout ce que nous avons traversé aujourd'hui. Et puis revoir mon village et mon peuple me fera du bien."

Link et Gray s'échangèrent un regard, peu convaincus. Ils voyaient bien que quelque chose tracassait la plus jeune, et se doutaient que cela avait un lien avec le phénix bleu. Mais Epon ne souhaitait pas aborder ce sujet avec eux pour le moment, et les deux hommes ne voulurent pas la forcer à en parler.

"Dame Zelda a fait ramener vos chevaux à l'écurie de la citadelle, l'informa Telma avec un léger sourire. Epona, Onyx et Hydrie s'y trouvent, désormais. Si tu veux te rendre au plus vite à ton village, passe prendre ton destrier là-bas.
- Merci Telma."
L'élue de Nayru lui avait rendu son sourire avant de se tourner vers Link, Gray, Iria et Moï.
"Je vais donc y aller. Je compte sur vous pour me prévenir si vous retrouvez la trace de nos ennemis. J'en ferai de même si je découvre quelque chose de suspect dans mon domaine.
- D'accord. Fais attention à toi ! lui répliqua l'homme en noir. Et passe le bonjour à Finiel de notre part."
Epon hocha la tête en signe d'approbation. De son côté, toujours cachée dans l'ombre de Link, Midona parla à voix basse à celui-ci :
"Mais... elle nous quitte déjà ? Je voulais lui parler, moi ! J'avais quelques questions à lui poser !
- À quel sujet ? murmura Link, intrigué.
- Oh, juste quelques trucs de femmes ! Rien d'intéressant pour toi mais très important pour moi !
- Sérieusement ? fit le blond d'un air soudainement blasé.
- Ksh ksh ksh, rigola la princesse du Crépuscule devant une telle réaction. Je plaisante, voyons ! En fait, ta copine m'intrigue beaucoup. Et j'aurais bien voulu passer un peu de temps avec elle afin de mieux la cerner."
C'est alors qu'une idée lui vient à l'esprit.
"Je pourrais me dissimuler dans son ombre et l'accompagner au Domaine Zora. Ça me permettrait de veiller sur elle à ta place et aussi d'obtenir les informations que je désire."

Devant une telle idée, Link soupira. Il ne comprenait pas vraiment ce que la Twili cherchait à faire, et se disait que la laisser se glisser sans se faire voir dans l'ombre d'Epon allait déplaire à cette dernière. Cependant, savoir Midona aux côtés de la demi-Zora le rassurerait. Il accepta donc, mais lui demanda de se téléporter aux portes de la capitale le lendemain dans la matinée. La souveraine du Crépuscule accepta cette condition, et passa discrètement de l'ombre de Link à celle de l'élue de Nayru au moment où celle-ci se dirigeait vers la porte de la taverne afin d'en sortir.

"Bon... fit Gray, les bras croisés et en regardant ses compagnons restants. Qu'est-ce qu'on fait ? Et maintenant que j'y pense, où est passé le binoclard de la bande ?
- Si tu veux parler de Jehd, répondit Telma en retenant un petit rire devant un tel surnom, il a dit vouloir se rendre à la bibliothèque. Il doit s'y trouver encore.
- On ne changera pas ce garçon ! fit Moï en souriant avant de se tourner vers Link. Dis-moi, est-ce que tu aurais un moment à m'accorder ?"

Le blond, curieux de savoir ce que le quarantenaire voulait, accepta. Il pria Gray et Iria de se rendre auprès de Jehd pendant ce temps, tout en leur assurant qu'il les rejoindrait plus tard. Ses deux amis acceptèrent et sortirent de la taverne à leur tour. Pendant que Telma s'occupait de ranger les bouteilles et les tonneaux de vin de son établissement, le plus âgé des Toaliens invita Link à s'asseoir à une table. La tavernière avait servi à chacun une chope de bière.

"Cela faisait longtemps que nous n'avions pas passé un moment ensemble, affirma Moï avec un léger sourire alors que le héros d'Hyrule buvait une gorgée de sa boisson.
- C'est vrai, acquiesça le plus jeune en lui rendant son sourire. En même temps, avec tout ce qui se passe en ce moment, c'est à peine si nous avons du temps pour nous-mêmes. M'occuper des chèvres de Toal commence à me manquer."
Cette dernière phrase fit gentiment rigoler son interlocuteur qui le comprenait totalement. Tout comme la vie de berger manquait à Link, la famille de Moï manquait à celui-ci.
"Il faut dire qu'être le héros sauveur du royaume ou faire partie de la Résistance n'est pas de tout repos. D'ailleurs, il y avait beaucoup de choses que j'ignorais à ton sujet, tu sais ?
- Tu fais allusion à ma transformation en loup ?
- C'est exactement ça."
Le sourire de Link s'agrandit tandis que son regard se perdait sur son récipient.
"Pardon de ne t'avoir rien révélé à ce sujet. Ce n'est pas vraiment facile de confier une chose aussi incroyable. Et puis, j'avais un peu peur de ta réaction pour être honnête...
- Pourquoi ?"

L'interrogation de Moï était légitime, étant donné qu'une confiance solide régnait entre les deux hommes et qu'habituellement, l'un parvenait à se confier à l'autre sans problème. Seulement, dans ce cas, il ne s'agissait pas seulement de quelques soucis du quotidien. Link parlait de sa transformation en loup ! Cet animal n'était pas connu pour être amical, surtout qu'un peu avant le début de sa quête en compagnie de Midona, le jeune homme, sous sa forme lupine, s'était aventuré de nuit à Toal. Hélas et malgré toutes les précautions prises en ce temps-là, il s'était fait repérer par quelques habitants de ce village, dont Moï justement.

"J'ignore la véritable raison pour laquelle je n'ai pas eu le courage de te révéler la vérité à ce sujet, finit-il par répondre. Peut-être... peut-être que je ne voulais pas vous inquiéter ? À moins que ce ne soit la peur d'être considéré comme un monstre, et que toi et nos amis de Toal ne me voyez plus de la même manière ?"

Link s'était nerveusement gratté la joue en évitant de croiser le regard du plus grand. Il se sentait ridicule de penser cela mais ne pouvait pas s'en empêcher. D'ailleurs, cette peur dont il parlait, était bien présente et encore plus en cet instant. Il s'était même rendu compte que ce qu'il éprouvait était similaire à ce qu'Epon avait ressenti avec son statut d'élue maudite, et le phénix bleu se trouvant en elle. Mais ses doutes s'envolèrent lorsqu'il sentit la main de Moï se poser sur le dessus de sa tête.

"Il m'est très difficile de considérer celui qui nous a autrefois tous sauvés comme étant un monstre, même avec une telle transformation, rassura-t-il avec un tendre sourire. De toute façon, je suppose que tu n'as pas choisi un tel destin. Donc, qui suis-je pour t'en vouloir par rapport à tout cela ?"
En entendant de tels mots, les yeux saphir de l'homme vêtu de vert se levèrent vers lui, tandis que Moï posa sa main sur son épaule.
"Pour tout te dire, Link, ta capacité de métamorphose ne change rien au fait que chaque jour, tu me rends de plus en plus fier de toi. Et ça, ça n'a pas de prix. Je vais même te dire que ma femme et mon fils pensent pareil, et que rien ne pourra nous faire réviser un tel jugement."

Il n'existait pas de mots pour décrire à quel point le porteur de la Triforce du Courage était touché par de telles paroles. Ce que venait de lui dire son homologue masculin lui faisait vraiment chaud au coeur. Il avait toujours considéré Moï, Ute et Colin comme étant la famille qu'il n'avait jamais eue. N'ayant jamais connu ses parents biologiques, il s'était particulièrement attaché au quarantenaire et à ses proches. Et suite à ce que Moï venait de lui confier, ce sentiment chez Link s'était renforcé. Ses lèvres s'étirèrent en un grand sourire, à la fois heureux et ému, alors qu'il remerciait son interlocuteur pour tout ce qu'il venait de lui confier. Tout cela, sous les yeux de Telma qui, bien qu'occupée à faire le ménage de sa taverne, avait suivi la conversation de loin et était touchée par ce lien familial unissant les deux hommes.

Pendant ce temps, dans les ruelles d'un quartier de la citadelle, Gray et Iria marchaient en direction de la bibliothèque. L'allée n'était pas spécialement noire de monde, ce qui permettait aux deux jeunes gens de marcher tranquillement sans être étouffés par la foule. Néanmoins, c'était un triste silence qui régnait au sein du duo. Ce n'était pas que les deux ne voulaient pas se parler, bien au contraire. Mais après ce qu'ils avaient vécu chacun de leur côté, et aussi par épuisement suite à cela, ils préféraient économiser le peu de force qui leur restait.

"Je suis désolée, pour Gabriel..." dit toutefois Iria en tournant légèrement sa tête vers l'élu de Din, qui paraissait étonné par cette prise de parole soudaine.
Mais il afficha un très léger sourire avant de répliquer :
"Et moi, je suis désolé pour ce qui arrive à ton père. J'espère sincèrement que ça s'arrangera pour lui.
- C'est gentil."

L'argenté eut un pincement au coeur en voyant Iria, d'ordinaire pleine de vie, aussi désespérée qu'aujourd'hui. Et il ne savait pas vraiment comment s'y prendre pour la réconforter. Il en venait à espérer que Link les rejoigne au plus vite et remonte le moral de l'adolescente. Tandis qu'il avait lâché la plus petite du regard pour observer devant lui, il remarqua Jehd accourir en leur direction. Le nouveau venu s'arrêta devant eux, haletant, pour récupérer son souffle.

"Ah, te voilà ! fit Gray en lui souriant. On venait justement te voir. On revient d'un assez long séjour au...
- Où est Link ?" le coupa l'Hylien à lunettes à l'étonnement du duo qui s'était échangé un regard de stupéfaction.
"Il est avec Moï à la taverne de Telma, répondit Iria. Mais que se passe-t-il ? Tu vas bien ?"
Après avoir retrouvé une respiration normale, le jeune homme répondit :
"Je vais bien. Par contre, j'ai rencontré une personne... qui dit avoir vu un étrange phénomène se produire à Latouane, au sud de Toal.
- Qu'est-ce que tu entends par un étrange phénomène ? lui demanda l'homme en noir.
- Eh bien... je pense que le mieux serait que vous écoutiez son récit par vous-mêmes."

Un autre regard fut échangé par le duo humain, qui était à présent curieux au sujet de cette rencontre dont parlait Jehd. Celui-ci conduisit les deux amis jusqu'à sa demeure, là où il avait emmené cette mystérieuse personne en attendant de parler de lui à Link ou à un autre membre de la Résistance.

La demeure de l'Hylien était plutôt modeste mais bien aménagée, avec des étagères et des placards entièrement remplis de livres sur diverses légendes. L'individu détenant l'information sur ce qu'il se passait au sud de Latouane attendait patiemment, assis sur une chaise proche d'une fenêtre. La première chose qui frappa Gray et Iria était les vêtements portés par cette personne :une très longue cape brune, abîmée et déchirée à certains endroits, recouvrait la totalité de son corps, y compris le visage qui était dissimulée dans l'ombre d'une capuche. Aussi, cette personne semblait rabougrie et légèrement repliée sur elle-même. À en juger par la longue mèche de cheveux grisonnants tombant devant son visage et par la canne qu'il tenait sur ses genoux, ils comprirent qu'ils avaient affaire à une personne âgée.

"Il n'a pas voulu me donner son nom, murmura Jehd à l'adresse des deux autres. Mais à vue d'oeil et suite à ce qu'il m'a raconté, il ne m'a pas l'air d'un menteur ou d'une personne mal intentionnée. Par contre, évitez de le brusquer. Il revient d'un long et éprouvant voyage."
Compréhensifs, Gray et Iria hochèrent affirmativement la tête pendant que l'homme à lunettes se rapprochait du vieillard :
"Monsieur, l'appela-t-il doucement. J'ai fait venir des compagnons qui pourraient m'aider à éclaircir cette singularité à laquelle vous avez fait face. Mais il va falloir tout leur raconter.
- Tout... ? fit la faible voix grave et masculine de cette mystérieuse personne.
- Racontez-nous tout ce que vous avez vu, s'il vous plaît, l'encouragea Gray en s'approchant de quelques pas. Le sort d'Hyrule pourrait en dépendre."

L'individu se crispa et détourna sa tête des trois personnes qui lui faisaient face. On sentait une certaine hésitation si l'on se fiait à sa gestuelle, son attitude, et au long moment de silence qui avait suivi la phrase de l'homme en noir. Mais finalement, la voix de l'invité de Jehd se fit entendre à nouveau :

"Il y a plusieurs jours maintenant... alors que je marchais parmi les arbres d'une forêt au sud de Latouane... je suis tombée sur l'entrée d'une caverne, creusée dans une montagne qui s'élevait là.
- Une montagne ? s'étonna Gray.
- Je ne me suis jamais aventurée au sud de mon village, raconta Iria. Mais le sommet de cette montagne dont il parle est visible depuis là-bas.
- J'ai voulu explorer cette grotte perdue... continua le vieillard. Mais son accès était bloqué par une barrière invisible..."

Gray et Iria furent étonnés. Une caverne perdue dont l'entrée était protégée par une barrière invisible ? Il était vrai que ce n'était pas courant à Hyrule. Mais si un sortilège de ce genre empêchait quiconque d'accéder à ce lieu, ce n'était forcément pas un hasard. Cette grotte cachait sans doute en son sein, quelque chose qui n'était pas destiné à être découverte par n'importe qui.

"Il a tenté de passer cette fameuse barrière de différentes manières, intervint Jehd pour épargner au vieil homme de parler davantage, mais celle-ci est infranchissable. De plus... hum..."
Voyant que le jeune homme avait bloqué dans sa phrase, Gray et Iria se tournèrent vers lui, étonnés.
"Jehd ? l'interpella la Toalienne.
- Des mains... répliqua alors la personne encapuchonnée. Plusieurs mains sombres se sont élevées du sol... Et elles m'ont toutes attaqué, me mettant dans l'état que vous voyez à présent..."

Devant une telle révélation, Gray fut choqué. Des mains sombres sortant du sol... Cela lui rappelait les pouvoirs d'Alvaro. Lui et Gilgamesh se trouveraient donc dans cette fameuse grotte dont parlait cet individu ?

"Un instant, fit l'élu de Din en se rappelant soudain d'une chose. Comment nous assurer que ce que vous nous racontez est vrai ? Il n'est pas impossible que vous nous révélez cela dans l'unique but de nous attirer dans un piège."

Iria et Jehd observèrent celui qui venait de parler d'un air stupéfait. Bien qu'ils savaient que Gray avait de bonnes raisons de se méfier d'un parfait inconnu, pourquoi ce dernier tenterait-il de tendre un piège à quelqu'un ? Surtout durant cette période de crise que traversait Hyrule ? L'encapuchonné poussa un léger soupir en serrant entre ses mains la canne qu'il tenait.

"Je comprends ta méfiance... surtout avec tout ce qui se passe en ce moment... De plus, je n'ai aucune preuve matérielle pour confirmer mes dires...
- Montrez-nous vos blessures," lui proposa alors Gray en s'approchant de lui.
Mais l'autre eut un soudain mouvement de recul qui témoignait d'une certaine frayeur.
"Non... je... bégaya l'homme âgé. Je ne veux pas vous laisser voir la laideur absolue que je suis devenue ! Pitié... ne me demandez pas de vous montrer cela..."

Les trois autres furent extrêmement surpris par cette réticence. La mystérieuse personne face à eux paraissait véritablement terrorisée à l'idée de montrer son visage ou ses blessures. Mais pourquoi ? Ce vieil homme était si laid à voir ? En tout cas, il refusait catégoriquement de faire ce que Gray lui demandait. Ainsi, l'homme en noir n'insista pas, même si la méfiance chez lui s'était agrandie.

"Je pense qu'on devrait le laisser, conseilla Jehd. Il a clairement besoin de calme et de repos. Je resterai avec lui, le temps qu'il se remette de tout cela. Pendant ce temps, vous devriez parler de cette histoire avec Link et les autres. Peut-être que nos ennemis ont quelque chose à voir avec ce qu'il se passe à Latouane."

Effectivement, cette piste, bien que maigre et pas spécialement très fiable, n'était pas à négliger pour autant. Elle pouvait même représenter un point de départ pour leurs recherches et les aider à atteindre Gilgamesh et Alvaro. Le duo humain accepta donc de laisser ce témoin à Jehd et de quitter la maison de celui-ci. Toutefois, avant de franchir son seuil d'entrée, Gray se retourna une dernière fois afin d'observer cet individu encapuchonné. Sa curiosité vis-à-vis de l'identité de cet homme se manifestait de plus en plus, et il était plutôt déçu de ne pas avoir pu la découvrir. Mais il ravala bien vite sa frustration en se rappelant qu'il devait parler de son témoignage à Link et aux autres membres de la Résistance. Il suivit donc Iria et s'aventura en dehors de l'habitation à son tour.

Chapitre 37 : Confidences   up

Le trajet jusqu'au Domaine Zora dura plus longtemps que prévu pour Epon. La jeune hybride, bien que chevauchant sa jument éclatante, avançait lentement dans la plaine de Lanelle. Malgré son désir de retourner dans son village pour revoir son peuple, l'élue de Nayru semblait angoissée. Elle craignait que ce ne soit la dernière fois qu'elle puisse s'y rendre. Même si elle ne laissait rien transparaître, elle sentait l'énergie du Phénix Bleu gagner en force au plus profond de son être. Ce n'était qu'une question de temps avant que cette créature ne prenne totalement le dessus sur elle.
La princesse aux cheveux bleus poussa un profond soupir, à la fois pour évacuer cette anxiété, mais aussi parce qu'il y avait quelque chose qui l'embêtait un peu. Après avoir stoppé la cadence d'Hydrie, elle leva les yeux au ciel d'exaspération et parla à voix haute :

"Tu comptes rester cachée encore longtemps dans mon ombre, Midona ?"
Celle-ci, étonnée, sortit de l'ombre de la plus jeune :
"Oh. Tu savais que j'étais là ? Depuis quand ?
- Depuis l'instant où j'ai quitté la taverne de Telma, répondit la demi-Zora en la regardant d'un air un peu blasé. Je ressens ton énergie depuis tout à l'heure. Mais j'espérais que tu me lâches en cours de route pour retourner auprès de Link. C'est lui qui t'a demandé de m'accompagner ?
- Tu n'y es pas du tout, ma grande ! Je suis venue de mon plein gré."
Ce fait surprit Epon au plus haut point. Pourquoi la princesse du Crépuscule avait-elle choisi de rester en sa compagnie plutôt qu'avec tous les autres à la capitale ?
"Si je te dis que c'est parce que je suis très curieuse à ton sujet, est-ce que tu me croirais ? demanda la Twili avec un sourire malicieux.
- Je crois surtout que tu n'as pas compris que je voulais m'éloigner de tout le monde.
- Justement, c'est l'une des choses qui m'intrigue chez toi, affirma Midona en croisant les bras. Que tu veuilles revoir ton peuple après tout ce que tu as enduré jusque-là, je comprends totalement. Mais pourquoi t'isoler de la sorte ? J'aurais trouvé plus logique que tu restes avec tes amis pour vous remonter mutuellement le moral."

L'élue de Nayru ne répondit pas et détourna le regard, l'air maussade. La souveraine de l'autre monde avait raison sur certains points. Seulement, après la rude bataille livrée au royaume du Crépuscule, après les psysalis vécus par certains, et en apprenant ce qui était arrivé à Bohdan, Epon n'avait simplement pas envie de rendre la situation encore plus dramatique en révélant les craintes qui la tiraillaient. Du moins, pas pour l'instant. Elle n'était pas encore prête à le faire.

Son interlocutrice ne la lâchait pas du regard, mais elle ressentait clairement que la plus jeune était intérieurement torturée. Et visiblement, celle-ci ne semblait pas disposée à révéler quoi que ce soit sur la raison de son étrange attitude. Estimant qu'elles perdaient toutes les deux leur temps au milieu de la plaine, la plus grande des princesses proposa à l'autre de continuer leur route jusqu'au Domaine Zora. Chose qu'Epon accepta, même si elle aurait préféré que personne ne l'accompagne.

Arrivées à destination au nord de la plaine, et après que la princesse du Crépuscule se soit réfugiée une nouvelle fois dans l'ombre de la bleue, cette dernière attacha son cheval à l'entrée de son village avant d'avancer. Comme à son habitude, le Domaine Zora était sublime à voir avec ses cascades majestueuses et son architecture atypique se démarquant de celle des autres villages d'Hyrule. Mais les marques de la bataille que ce lieu avait endurées étaient toujours présentes. Plusieurs Zoras avaient perdu leurs proches. Et les soldats hyliens ou humains, chargés de la surveillance du lieu, avaient vu leurs camarades se faire tuer de façon atroce par des monstres sous le contrôle de Leviah.
En repensant à cette dernière, Epon poussa un profond soupir. Elle songeait au fait que toute cette catastrophe aurait pu être évitée si la route de l'élue de Farore n'avait jamais croisé celle d'Alvaro. Alvaro...

Repenser au violet suffisait à énerver la demi-Zora au plus haut point. Elle avait tellement la rage que son aura du phénix bleu était en train de se manifester sans même qu'elle ne s'en rende compte.

"Epon ? l'appela alors la voix de Finiel qui l'avait aperçue et qui s'approchait d'elle. Tu es revenue !"
Le Zora eut l'air heureux de la revoir, mais afficha un air inquiet en remarquant l'émanation céruléenne entourant sa protégée. Celle-ci fit disparaître aussitôt son aura avant de se tourner vers son garde personnel et de lui adresser un léger sourire.
"Bonjour Finiel," se contenta-t-elle de dire sans bouger de sa position, ce qui étonna énormément le plus grand.

D'ordinaire, à chaque fois que sa princesse s'absentait du domaine, la première chose qu'elle faisait à son retour était de sauter joyeusement dans les bras du Zora. Mais aujourd'hui, la réaction de l'hybride était bien moins chaleureuse et joviale. Cela peinait un peu Finiel, mais le Zora préférait se dire qu'après tout ce qu'il s'était passé et tout ce qu'elle avait vécu, Epon ne pouvait pas être aussi joyeuse qu'à son habitude, même si elle le désirait. Il préféra passer outre et se rapprocher de la jeune fille en lui souriant :

"Je suis content de te revoir en un seul morceau. Mais tu es revenue seule ? Où sont Link et Gray ?
- À la citadelle, répondit la plus jeune. Ils vont bien, ne t'inquiète pas. Ensemble, nous avons réussi à gagner une bataille. Mais une autre nous attend prochainement. Et celle-ci pourrait bien être décisive pour Hyrule. Si je suis revenue, c'est pour..."

Revoir son peuple une dernière fois. C'était ce qu'elle s'apprêtait à dire, mais elle n'y parvenait pas. Révéler cela de manière aussi brusque ferait probablement de la peine à Finiel, et c'était une chose que l'élue de Nayru ne désirait pas. En se rendant compte de ce pessimisme qui la rongeait, Epon poussa un nouveau soupir. Cela ne lui ressemblait pas d'être aussi fataliste. Après tout, peut-être qu'elle pourrait revoir son peuple une nouvelle fois, si elle et ses compagnons sortaient victorieux de leur combat final. Mais il y avait ce phénix bleu en elle...

"Epon ? l'interpella Finiel qui attendait la fin de sa phrase.
- Non, oublie ce que je viens de dire. Je suis venue en me disant que ça me ferait du bien de tous vous revoir."

Le Zora demeura silencieux. Il savait très bien qu'elle lui cachait quelque chose. Mais connaissant l'entêtement d'Epon, celle-ci n'allait rien lui dire s'il se mettait à la questionner sur ce sujet. Néanmoins, cette humeur morose de la princesse ne l'arrangeait pas :Il voulait lui parler des problèmes internes à leur peuple et des aînés zoras qui prétendaient qu'elle n'était pas digne de succéder à Rutella en tant que reine de ce peuple. Mais lui dévoiler de telles nouvelles ruinerait définitivement le moral de l'hybride. Préférant finalement s'abstenir pour le moment, il proposa à la jeune fille de l'accompagner jusqu'à ses appartements pour s'y reposer. Proposition qu'Epon accepta sans problème.

Plusieurs heures s'étaient écoulées depuis. Link, Gray et Iria, afin de se changer les idées, avaient décidé de sortir par la porte sud de la citadelle. Voulant s'éloigner de l'agitation de la ville, ils s'étaient rendus au bord d'une falaise en dessous de laquelle on pouvait entrevoir la rivière Zora se jeter dans le lac Hylia, à l'ouest de leur position. Le soleil se couchait, rendant le panorama autour d'eux magnifique. C'était un spectacle à la fois apaisant et éblouissant. Mais bien que le trio s'était rendu dans ce lieu précis pour se détendre, ils ne parvenaient pas à oublier la menace planant actuellement sur tout le royaume. De plus, chacun avait ses préoccupations personnelles.

Link n'arrêtait pas de penser à Epon. Avant le départ de la demi-Zora, il avait senti que quelque chose clochait chez elle. Il se demandait aussi ce que Midona pouvait bien faire avec elle en ce moment. Iria, elle, s'inquiétait pour son père. Elle priait de tout coeur pour que Zelda parvienne à le guérir et à lui rendre son apparence normale. Quant à Gray, ses pensées étaient tournées vers le mystérieux individu qui avait révélé la potentielle cachette de leurs ennemis. Bien évidemment, lui et Iria avaient parlé de tout cela à Link, et celui-ci estimait que c'était une piste à explorer pour retrouver Gilgamesh et Alvaro. Mais l'élu de Din se posait énormément de questions vis-à-vis du vieillard qui leur avait donné cette information. Qui était-il ? D'où sortait-il ? Que faisait-il seul au sud de Latouane ? Et surtout, comment avait-il survécu à toutes ces épreuves ?

"Pourquoi était-il aussi terrorisé, lorsque je me suis approché de lui ?" se demanda l'homme en noir, le regard perdu.
Il était tellement concentré dans sa recherche de potentielles réponses à ses interrogations, qu'il n'avait pas remarqué Link et Iria lui faire signe.
"Hé Gray ! l'appela l'homme en vert, parvenant enfin à capter son attention.
- Quelque chose a l'air de te préoccuper depuis tout à l'heure, lui dit ensuite l'adolescente. Tu t'inquiètes pour Epon ?"

Le plus âgé des trois afficha un léger sourire. Il y avait une part de vérité là-dedans. Tout comme Link, Gray se faisait du souci pour l'hybride. Mais le vieillard qu'il avait vu précédemment avec Iria et Jehd hantait tout autant son esprit.

"À vrai dire, je pense surtout que la fatigue et tout ce qui se passe en ce moment joue beaucoup sur mon mental, finit-il par confier.
- Ça se comprend, affirma Link en observant le ciel crépusculaire. Personnellement, j'ai toujours du mal à digérer ce que j'ai pu voir dans les psysalis d'Epon et de Leviah...
- Pauvre Epon, murmura alors Iria d'un air attristé. Elle a été forcée d'ôter des vies pour survivre, et a perdu son père et sa mère. Tout ça à cause d'Alvaro, qui cherchait à réveiller la créature dont vous m'avez parlé en elle. Quant à Leviah, qui aurait cru qu'elle avait sombré dans la folie à cause de ce même type ?
- J'ai croisé pas mal de salopards au cours de mon voyage, répliqua le héros d'Hyrule, mais Alvaro est de loin le pire de tous. J'en viens même à me demander s'il n'est pas encore plus dangereux et perfide que Gilgamesh.
- Gilgamesh est également un connard," trancha Gray en serrant ses poings et ses dents de colère.

Après ce qui était arrivé à Gabriel, l'homme en noir ne pouvait pas penser le contraire. De plus, le faucheur était la personne à la tête de leur groupe d'ennemis. Même s'il n'avait pas commis d'actes aussi immondes qu'Alvaro, il était très loin d'être innocent concernant tous les malheurs que connaissait Hyrule ces derniers temps.

Mais ce que l'élu de Din ignorait, c'était que le ton catégorique et glacial employé dans cette simple phrase avait troublé les deux plus jeunes, qui le regardaient à présent d'un air interloqué. Ce ne fut qu'au bout de plusieurs dizaines de secondes, pendant lesquelles régnait un silence pesant, que l'argenté s'en rendit compte. Face aux airs presque ahuris des deux Toaliens, il secoua brièvement la tête en s'excusant :

"Désolé, je ne sais pas ce qui m'a pris de dire ça comme ça...
- Ce n'est pas grave, assura Link avec un léger mais triste sourire. Et puis, ce n'est pas comme si tu avais tort après tout."

L'homme en noir poussa un profond soupir avant de leur tourner le dos. Ce genre d'attitude ne lui ressemblait pas et il était le premier à le reconnaître. Seulement, il y avait quelque chose au fond de lui qui lui faisait atrocement mal, depuis ce qu'il avait vécu au royaume du Crépuscule. C'était peut-être à cause de ce sentiment qu'il réagissait ainsi.

"Je... pense que je vais faire un tour en ville. Seul. On se rejoint à la taverne de Telma plus tard ?" demanda-t-il aux deux autres.
Ces derniers s'échangèrent un regard avant d'acquiescer, se disant que le plus grand se sentirait probablement mieux en faisait cela. Ce fut ainsi que Gray se sépara d'eux en se dirigeant vers l'entrée de la citadelle.

"J'ai connu Gray plus joyeux que ça... commenta Iria dont la peine se ressentait dans sa voix.
- Après avoir perdu Gabriel et revécu le massacre de son village à travers une psysalis, le voir heureux aurait été étonnant.
- Prions les déesses pour que lui, Epon, mon père, et tous ceux qui souffrent à cause de nos ennemis aillent mieux," proposa Iria.
Mais à son étonnement, Link refusa :
"Je ne pense pas que prier servira à grand-chose. De toute manière, à quoi bon prier des déesses qui nous torturent ?
- Link ?"

Son amie d'enfance était stupéfaite par une telle réaction de sa part. Certes, les déesses élisaient des personnes pour protéger ou détruire Hyrule, mais était-ce une raison suffisante pour arrêter de les vénérer ? Après tout, il s'agissait de divinités ! Même si leurs décisions et choix pouvaient paraître injustes auprès de certaines personnes, c'était tout de même à elles que l'on devait les terres sur lesquelles Hyrule prospérait !

"Je pensais exactement comme toi au début, lui avoua le jeune homme en la regardant. Mais en voyant tout ce qu'elles font subir à Epon, à Gray, à Leviah... Et même à moi et à Zelda ! Nous portons chacun une Triforce et pourtant nous n'avions rien demandé à personne. J'ai tendance à croire que ces déesses ont créé la vie pour mieux la manipuler afin de se divertir, quitte à nous faire tous souffrir. Et c'est assez difficile de les prier en repensant à tout ceci."

Iria demeura bouche bée. Elle ne reconnaissait plus ses amis. Epon... Gray... Link... En si peu de temps, leur voyage les avait tellement changés ! La jeune bergère regrettait de ne pas être restée à leurs côtés pour s'imaginer ce qu'ils ressentaient réellement, et connaître la raison de tous ces changements en eux. Il était facile pour elle de prétendre que prier les aiderait à avancer, car elle n'avait rien vu de ce qu'avaient vécu ses trois amis. Mais contrairement à eux, les déesses ne l'avaient pas choisie pour une quelconque mission, ce qui faisait qu'elle ne pouvait pas totalement les comprendre. Même si elle était surprise de le voir parler ainsi, elle savait plus ou moins pourquoi Link réagissait de cette façon. Toutefois :

"Si nous ne pouvons même plus nous fier aux déesses, à quoi pouvons-nous nous accrocher ?
- À nous-mêmes, répondit Link en la regardant dans les yeux. C'est à nous d'arranger les choses de nos propres mains, au lieu de prier en espérant un miracle qui n'arrivera probablement jamais. Et puis, les déesses ont confié des pouvoirs à certains d'entre nous. Raison de plus pour en profiter, et leur montrer que les populations qu'elles ont créées sont capables de préserver leur lieu de vie."

Là, Iria reconnaissait son ami d'enfance ! Celui-ci, malgré le côté cynique qu'il avait développé, gardait tout de même ses convictions et sa volonté de protéger Hyrule malgré tout. Et cela rassurait la Toalienne, qui avait eu peur pendant un instant d'avoir perdu le Link qu'elle avait toujours connu. Le jeune homme avait réussi, en quelques mots, à lui redonner espoir. Et pour cela, elle lui adressa un petit sourire rempli de gratitude.

Au même instant, Gray parcourait les ruelles de la capitale, qui se faisaient de plus en plus vides en cette fin de journée. Quelques torches disposées aux murs des maisons étaient allumées pour apporter de la lumière dans certains quartiers assombris. Le jeune homme était revenu auprès de la demeure de Jehd. Il voulait revoir le vieillard qui leur avait révélé la possible cachette de leurs ennemis. Il avait quelques questions à lui poser. Malgré l'heure assez tardive, l'élu de Din ne pouvait pas s'en empêcher. Pour une raison qu'il ignorait, il devait l'interroger encore une fois, lui parler à nouveau. Inspirant un bon coup, il toqua à la porte. Celle-ci s'ouvrit quelques instants plus tard, laissant apparaître Jehd qui afficha un air surpris, tant il ne s'attendait pas à le revoir ici.

"Gray ? fit l'homme aux lunettes. Je ne pensais pas que tu serais revenu. Tu as besoin de quelque chose ?
- Désolé de te déranger, s'excusa l'argenté un peu gêné. J'ai... quelques questions à poser à la personne que tu nous as présentée cet après-midi. Est-ce que je peux ?
- Je suis vraiment navré, mais il est parti il y a un peu moins d'une heure."
Quoi ? Jehd avait laissé cet individu partir ?!
"Il voulait s'en aller aussitôt après votre départ à toi et à Iria, expliqua celui-ci en réajustant sa monture au-dessus de son nez. Mais dans son état, je ne pouvais pas le laisser se mettre en danger. J'ai réussi à le convaincre de rester pendant une bonne partie de l'après-midi. Malheureusement, alors que je m'étais absenté un instant pour me ravitailler en provisions, il est parti en me laissant une lettre.
- Une lettre ? Que disait-elle ?"

Jehd l'invita à rentrer chez lui afin de lui montrer le fameux message dont il parlait. Celui-ci semblait avoir été écrit dans la précipitation si l'on se fiait à l'écriture hasardeuse à certains endroits. Mais le texte restait tout de même lisible.

"Pardonnez-moi, mais je ne peux pas rester ici, lut l'argenté. J'espère toutefois que vous vous rendrez à l'endroit que je vous ai indiqué et parviendrez à résoudre ce mystère. Je suis certain que vous y arriverez. Ne vous inquiétez pas pour moi. Encore merci pour votre accueil. Et pardon de vous avoir dérangés..."
Le message ne s'arrêtait pas là. Il y avait une ligne juste en dessous, mais elle avait été raturée. Néanmoins, en plissant un peu des yeux, on pouvait déceler le début de la phrase cachée :
"J'aimerais aussi que vous disiez à ..."
Le reste était illisible.
"J'avoue être également curieux à ce sujet, commenta alors Jehd face à la perplexité du plus grand. De qui parlait-il ? Et que voulait-il qu'on lui dise, exactement ? Je regrette vraiment de ne pas l'avoir correctement surveillé. Je suis vraiment désolé.
- Ne t'excuse pas pour ça, ce n'est pas toi qui l'as poussé à partir après tout," le rassura l'élu de Din sans lâcher la lettre du regard.

Il remarqua alors quelques points translucides sur le papier en lui-même, juste à côté de la ligne rayée. C'était comme si quelques gouttes d'eau l'avait éclaboussé.

"Ce serait... des larmes ? réfléchit intérieurement Gray dont l'étonnement se lisait facilement sur son visage.
- Si je peux me permettre, l'interpella l'Hylien à lunettes, quelles étaient les questions que tu souhaitais lui poser ? Peut-être que je peux répondre à certaines d'entre elles à sa place ?"
Mais l'homme en noir secoua négativement la tête.
"Ce n'était pas spécialement en rapport avec son témoignage. C'était plutôt d'ordre personnel. Je doute que tu puisses apporter des réponses là-dessus.
- Je... vois," fit le plus jeune, un peu surpris de l'attitude de l'autre qui décida finalement de partir.

Après avoir salué Jehd, Gray quitta sa demeure et reprit sa marche en direction du quartier où se trouvait la taverne de Telma.

"Bon sang, mais qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je ne connais pas cet homme, alors pourquoi être aussi curieux et soucieux à son sujet ?" pensa-t-il en se pinçant l'arête du nez, tant il était confus par toute cette affaire.

Puis, il s'arrêta de marcher, réalisant qu'il ne faisait que se voiler la face depuis plusieurs heures. Il savait pertinemment pourquoi il réagissait de cette manière :Il espérait que ce vieillard soit Gabriel. Même si cela pouvait paraître absurde au premier abord, il priait pour que son meilleur ami ait survécu à leur affrontement au Crépuscule d'une façon ou d'une autre. Mais en pensant à une telle éventualité, l'élu de Din n'était-il pas dans le déni ? En vérité, il avait encore du mal à accepter la mort du blond et imaginait tous les scénarios possibles afin de croire à sa possible survie.

"Je suis vraiment idiot... se dit-il en serrant ses dents de frustration. J'ai vu Gaby chuter de mes propres yeux dans le vide. Je lui ai donné le coup fatal moi-même. Pourquoi serait-il encore vivant ?"

Le jeune homme se sentait perdu et n'avait qu'une seule envie dans l'immédiat :crier un bon coup pour évacuer ce mélange de colère, de tristesse et de frustration qui sommeillait en lui. Mais les habitants de la citadelle risqueraient de le prendre pour un fou, s'il le faisait. Préférant ne pas craquer une seconde fois comme lorsqu'il l'avait fait suite à la perte de son ami d'enfance, Gray reprit sa route.

Suite à cela, la nuit était tombée dans tout le royaume. Dans ses appartements royaux, Epon venait de s'asseoir sur le bord du lit en poussant un léger soupir. Elle avait congédié Finiel qui avait passé une bonne partie de l'après-midi avec elle, afin de se retrouver un peu seule. Ou presque. Midona, toujours cachée dans son ombre depuis tout ce temps, en sortit pour apparaître devant la bleue. Puis, elle observa la chambre de celle-ci :

"C'est plutôt joli, même si c'est pas vraiment mon style !
- J'avais presque oublié que tu étais là... plaisanta la demi-Zora en la regardant. Pourquoi m'avoir accompagnée jusqu'ici, finalement ?
- Il me semble te l'avoir déjà dit, affirma Midona en s'approchant de la harpe qui trônait au milieu de la pièce pour y jouer quelques notes au hasard. Je suis curieuse à ton sujet.
- Ça, je l'avais compris. Mais en quoi ?"

La princesse du Crépuscule ne savait pas par où commencer. Déjà, comment un humain et un Zora avaient pu avoir un enfant ensemble ? Ensuite, comment Epon avait-elle connu Link ? Aussi, comment cela se faisait-il qu'elle ne s'était jamais montrée, lorsque Link et Midona s'étaient rendus au Domaine Zora avant et après que la région de Lanelle ait été envahie par le Crépuscule, six mois auparavant ? C'étaient les trois questions prioritaires que la femme aux cheveux flamboyants désirait soumettre à la plus jeune. Il y en avait beaucoup d'autres, mais elle se disait que ce n'était pas une bonne idée de harceler la bleue avec une avalanche d'interrogations.

"On n'a jamais voulu m'expliquer comment j'étais née, répondit cette dernière. J'avais beau poser la question à mon père, à ma mère, à Finiel ou à d'autres Zoras, aucun d'entre eux n'a pu ou n'a voulu m'expliquer concrètement comment ça a été possible.
- C'est déjà assez étonnant de voir un humain et une Zora ensemble...
- Mes parents s'aimaient malgré leurs différences raciales, raconta Epon, le regard perdu dans un coin de la chambre. Je ne vois pas en quoi c'est étonnant. D'ailleurs, je n'ai jamais compris pourquoi cette relation était mal vue par certains. Généralement, ces mêmes personnes pour qui une telle union gênait me considéraient, et me considèrent peut-être encore aujourd'hui, comme étant une abomination."
Cette phrase étonna Midona qui avait délaissé la harpe pour observer sa propriétaire un instant, avant de rigoler :
"Ksh ksh ksh ! Des abominations, j'en ai vu pas mal au cours de ma vie. Si tu en es vraiment une toi aussi, alors tu es de loin la plus mignonne d'entre elles !"

L'élue de Nayru ne s'était pas attendue à ce compliment, et encore moins fait d'une telle façon. Mais son homologue féminin était parvenu à la faire sourire grâce à cela.

"Blague à part, fit Midona en reprenant un minimum son sérieux. Je veux bien qu'une progéniture moitié humaine moitié zora soit inattendue et un peu choquante, mais de là à dire qu'il s'agit d'une abomination...
- Les gens se méfient généralement des choses qu'ils ne connaissent pas en les qualifiant de bizarre, en les méprisant ou en les ignorant. J'en ai pas mal souffert étant plus jeune. Aujourd'hui, je suis au-dessus de tout ça, même si je sais pertinemment que certains Zoras ont encore du mal à accepter mon hybridité ou mon statut de souveraine."

La princesse à la chevelure de feu observa la plus petite avec une certaine compassion. Cette fille en face d'elle était si jeune, et pourtant elle devait à la fois assumer la responsabilité de son peuple et endosser un lourd fardeau, tout en supportant la perte de sa famille et le mépris que lui vouaient certains à cause de ses origines. Histoire de changer de sujet et de parler de choses moins déprimantes, Epon répondit à une autre des interrogations de la plus âgée.

"En ce qui concerne la raison pour laquelle vous ne m'aviez jamais vue auparavant Link et toi, c'est sans doute parce que j'étais plongée dans un assez long coma.
- Ah oui ?"

La demi-Zora expliqua qu'elle se trouvait en amont de la rivière zora en compagnie d'enfants de son peuple, lorsqu'elle avait aperçu le ciel s'obscurcir, probablement suite à l'invasion du Crépuscule à cette période.

"Finiel, qui était avec moi à ce moment-là, m'a raconté qu'il avait combattu une ribambelle de monstres apparus au même instant. Malheureusement seul, étant donné que j'étais inconsciente, il n'a pas pu sauver les enfants qui étaient avec nous et s'est fait gravement blessé. Il a tout juste pu me ramener dans ma chambre. Suite à cela, le Domaine Zora tout entier s'est retrouvé emprisonné dans la glace, probablement à cause d'une malédiction tombée sur nous.
- Je me souviens de ces enfants zoras... répliqua Midona. Avec Link, nous les avions rencontrés à la citadelle. L'un d'entre eux était d'ailleurs tombé très malade et nous avons dû l'escorter au village Cocorico pour le faire soigner.
- J'ai effectivement eu vent de tout ça à mon réveil. J'ignore pendant combien de temps j'ai perdu connaissance, mais j'ai pris un certain temps à m'en remettre.
- Je comprends mieux pourquoi nous n'avons pas pu te rencontrer..."

La souveraine de l'autre monde avait l'air songeur. Elle se demandait comment son voyage aux côtés de Link se serait passé s'ils avaient rencontré Epon à cette période là. Peut-être que l'hybride les aurait accompagnés ? Cela aurait été intéressant à voir et amusant à vivre, selon elle.

"Pour ce qui est de ma rencontre avec Link, c'est du pur hasard, expliqua ensuite la bleue. Je l'ai rencontré à la source de l'esprit de Firone, alors que je comptais me rendre à un temple situé dans cette même région. D'ailleurs, j'ai eu beaucoup de chance de l'avoir croisé. Sans la lanterne qu'il m'a offerte, jamais je n'aurais pu atteindre ma destination."

Un tendre sourire s'était dessiné sur les lèvres de l'élue de Nayru tandis qu'elle se remémorait ce jour-là. En la voyant ainsi, Midona sourit de manière malicieuse en lui faisant un clin d'oeil complice :

"Tu as un faible pour lui, avoue-le.
- Euh... il est vrai que j'ai une certaine admiration pour lui, mais ça s'arrête là," répondit la demi-Zora avec un sourire niais qui trahissait sa gêne devant une telle affirmation.
"Parce que tu as un faible pour Gray ? la taquina gentiment la plus grande.
- Non plus.
- Tant mieux ! Ça me laisse le champ libre. Ce Gray est un charmant jeune homme, après tout.
- Qu... Hein ?!" fit Epon qui avait cru mal entendre.
La princesse du Crépuscule avait vraiment l'intention de séduire Gray parce que celui-ci lui plaisait ? Devant sa tête complètement ébahie, Midona rit aux éclats :
"Ksh ksh ksh ! À voir ta réaction, cette perspective n'a pas l'air de t'enchanter !
- Je... n'ai pas dit ça ! C'est juste que je ne m'attendais pas à ça de ta part !
- Voyons Epon, je te fais marcher ! rigola la Twili. Bien qu'il soit vraiment séduisant, cet humain ne m'intéresse pas plus que ça. Je veux bien te le laisser. Je suis même prête à t'encourager si tu souhaites sortir avec lui !
- Mais qu'est-ce que tu racontes ?! Je ne veux pas sortir avec Gray !" s'exclama la jeune fille, les joues légèrement empourprées.

Sa réaction fit rire encore plus son interlocutrice, qui semblait prendre un certain plaisir à la taquiner de cette façon. La mine maussade de la demi-Zora s'était évaporée suite cette plaisanterie, et Midona en était bien contente.

En dehors des appartements de la princesse des Zoras, Finiel, adossé à la porte, affichait un tendre sourire aux lèvres. Il avait tout entendu de la conversation entre les deux jeunes femmes. Et même s'il était étonné dans un premier temps par la présence de la Twili, le garde personnel d'Epon avait bien compris que celle-ci ne voulait aucun mal à sa protégée, et qu'elle cherchait au contraire à l'apaiser et à lui faire oublier tout ce qu'elle avait vécu jusque-là.

"L'entourage d'Epon me surprendra toujours..." pensa-t-il en se décollant de la porte pour s'en aller, estimant que sa présence auprès de l'hybride n'était pas nécessaire dans l'immédiat.

Chapitre 38 : Porteuse d'espoir   up

Un doux silence régnait au sein du Domaine Zora, alors que les eaux limpides du grand bassin principal reflétaient la pleine lune trônant au milieu du ciel nocturne étoilé. Quelques gardes zoras, humains ou hyliens patrouillaient discrètement en veillant sur le peuple aquatique qui dormait paisiblement. En se fiant à une telle ambiance sereine, nul ne pouvait soupçonner l'ampleur de la menace planant sur le royaume d'Hyrule. Mais le peuple zora, ainsi que les soldats chargés de leur protection, demeuraient profondément inquiets. Tous avaient été mis au courant du retour d'Epon parmi eux. Mais celle-ci avait choisi de s'isoler au lieu de se montrer aux siens. Une telle décision avait laissé la plupart des individus dubitatifs, bien que certains d'entre eux se disaient que la perte de Rutella l'affectait probablement encore. Ce qui était vrai, mais ce n'était pas l'unique raison qui l'avait poussée à l'isolement.

Finiel le savait mieux que quiconque. Mais le fait que sa princesse ne s'était pas confiée à lui l'inquiétait. Au point où il n'arrivait pas à fermer l'oeil de la nuit. Le garde personnel de l'hybride, malgré l'heure tardive du soir, s'était rendu à la salle du trône. Celle-ci était vide même si quelques soldats montaient la garde à son entrée. Debout devant le siège royal, le Zora poussa un profond soupir. La bienveillance de Rutella lui manquait. Si seulement elle était toujours parmi eux, Epon se sentirait bien mieux en cet instant. Hélas, c'était une chose impossible. La princesse aux cheveux bleus était à présent leur nouvelle reine. Et bien qu'une partie de son peuple l'avait acceptée en tant que tel, les aînés zoras se montraient toujours aussi réticents. En repensant à ces derniers, le jeune garde serra ses poings de frustration.

"Malgré son hybridité, je suis sûr qu'Epon sera une bonne souveraine pour nous tous..." pensa-t-il sans lâcher le trône royal du regard.
"Finiel ?" l'interpella une voix féminine.
Ce n'était pas celle de sa protégée, mais il avait reconnu la voix de Loqa qui s'avançait vers lui.
"Bonsoir Loqa, la salua son semblable en se tournant vers elle. Je ne m'attendais pas à te retrouver ici.
- Moi, je savais que tu viendrais en ce lieu, confia la Zora féminine. Tu arborais un air soucieux depuis le retour de notre reine. Cela se voit que tu t'inquiètes énormément pour elle."

Le visage grave de Finiel avait laissé place à un léger mais tendre sourire. Son anxiété vis-à-vis d'Epon se voyait donc à ce point ? Se tournant de nouveau vers le siège suzerain, il répliqua :

"Depuis la disparition de notre précédente reine, Epon n'a jamais osé s'asseoir sur ce trône. Rien que le fait de l'approcher ou de le regarder lui semblait vraiment douloureux.
- C'est normal. Il y a quelques jours encore, Dame Rutella s'y asseyait. Ne plus la voir parmi nous nous a tous fait un choc, aussi bien pour sa fille que pour les autres. Certains des nôtres ont encore du mal à faire leur deuil. La réaction de Dame Epon face à toute cette tragédie est compréhensible. Je pense qu'il lui faut du temps pour s'en remettre.
- Ce n'est pas la seule raison pour laquelle elle redoute son nouveau statut de reine."
Face à cette phrase de la part de Finiel, Loqa afficha un air étonné. Le Zora mâle s'expliqua donc :
"Tu ne connais pas Epon comme je la connais. Elle espérait que le jour où sa mère céderait sa place arriverait le plus tard possible. Elle a toujours voulu protéger les nôtres en combattant et non en gouvernant. Malgré son statut de princesse, elle n'a jamais réellement agi en tant que tel jusqu'à maintenant. À présent que sa mère n'est plus là pour nous guider, et étant l'unique enfant de Rutella, c'est à elle que revient la couronne de souveraine, ainsi que toutes les responsabilités qui vont avec. En plus, avec tout ce qu'elle traverse en ce moment à cause de ceux qui ont attaqué notre domaine récemment, ça tombe vraiment mal."

Son interlocutrice ne releva pas. C'était un lourd fardeau qui pesait sur les épaules de leur nouvelle souveraine. D'autant plus que son hybridité n'arrangeait pas la chose. Finiel aurait tellement voulu réconforter Epon à ce sujet et la rassurer sur le fait qu'elle ferait une brillante reine pour le peuple zora ! Mais il devait respecter sa volonté de s'isoler temporairement. Tout ce qu'il pouvait faire pour sa protégée était de prier afin qu'elle aille moralement mieux.

Au même instant, dans la chambre de la demi-Zora, celle-ci dormait profondément. Elle revoyait ses parents en rêve. Son père Ephron et sa mère Rutella qui lui manquaient tant. C'était comme si les deux étaient toujours vivants auprès d'elle. Tous deux souriaient, heureux. Et les voir ainsi rendait Epon joyeuse à un point où elle ne voulait pas que cet instant cesse. Mais un moment arriva où ses deux parents s'éloignèrent brusquement d'elle, comme happés par une force inconnue. Un doux sourire demeurait néanmoins à leurs lèvres.

"Maman ? Papa ?!"
La jeune fille se mit à courir pour tenter de les rattraper. Mais les silhouettes d'Ephron et de Rutella s'éloignèrent de plus en plus au fur et à mesure que leur enfant tentait de s'en approcher. Puis, tout à coup, les deux disparurent en laissant la bleue seule.
"Papa ! Maman ! Où êtes-vous ?! Revenez !"
Mais aucune réponse de leur part ne se fit entendre. Le couple avait disparu pour ne jamais revenir. En comprenant cela, Epon s'était effondrée à genoux au sol en larmes.
"Revenez... s'il vous plaît..." murmura-t-elle en espérant ne serait-ce qu'un signe témoignant de leur présence dans les environs. Mais rien ne se manifesta.
C'est alors qu'une voix féminine, à la fois douce et froide, se fit entendre derrière elle :
"Epon... relève-toi."

Celle-ci se surprenait à reconnaître cette voix. Elle l'avait déjà entendue auparavant. Il s'agissait de la même voix qui lui répétait de laisser le phénix bleu en elle se déchaîner lorsqu'il se manifestait. Balayant ses larmes d'un revers de sa main, elle se remit debout et se retourna. Mais elle se figea sur place :devant elle se tenait la silhouette d'une personne qu'elle ne connaissait pas. Celle-ci était tellement floue que l'élue de Nayru ne parvenait pas à distinguer son visage. Toutefois, cette mystérieuse apparition semblait avoir de très longs cheveux bleus, plus clairs que les siens, et portait des vêtements légers blancs. Epon n'arrivait pas à ressentir l'énergie habitant cette fille, mais le fait qu'elle possédait cette chevelure particulière la mit rapidement sur la voie.

"Kida ?"
Était-ce réellement elle qui se tenait devant l'hybride ? Légèrement méfiante d'abord, cette dernière se risqua toutefois de s'approcher doucement. Mais la dénommée Kida lui dit :
"Nous devons nous réunir... Rejoins-moi au sud de Latouane... Fais vite !"
Puis elle disparut, laissant place à une gemme bleue en forme de larme, similaire à celle qu'Epon avait vue la toute première fois qu'elle s'était retrouvée dans une psysalis.
"Mais qu'est-ce qui se passe, à la fin ?" murmura la demi-Zora qui ne comprenait plus rien à ce qui se passait. Comme pour lui répondre, Alys apparut à côté d'elle, les yeux rivés sur le joyau et l'air penseur.
"J'avoue me poser exactement la même question que toi, jeune phénix.
- Encore toi ?
- Je sais que tu es très heureuse de me revoir, plaisanta sarcastiquement la rose, mais là n'est point le moment pour fêter nos charmantes retrouvailles. Cette Kida semble avoir perturbé cette psysalis. D'ailleurs, ce n'est pas que ça. Je n'arrive plus à contrôler mes pouvoirs à cause d'elle."

Epon observa l'entité d'un air étonné. Que voulait-elle dire par là ? Que la présence de Kida l'empêchait d'utiliser les psysalis dans l'esprit de la princesse ?

"Voilà qui est très embêtant, affirma Alys en croisant les bras. Comment accomplir la tâche que les déesses m'ont confiée si celle en qui le phénix bleu est né m'en empêche ? Je suis curieuse de savoir pourquoi elle tient à ce que vous soyez réunies, d'ailleurs."

La demi-Zora, déjà dépassée par cette histoire, se retrouvait à présent encore plus larguée qu'auparavant. Pourquoi Kida s'était-elle montrée ? Qu'est-ce qu'elle lui voulait, précisément ? Elle n'avait pas l'air hostile à l'égard de celle chez qui le phénix bleu s'était réincarné, mais tout cela ne présageait rien de bon. Epon réfléchit un instant avant de se tourner vers la gemme qui brillait devant elle. Au sud de Latouane... C'était la destination à laquelle Kida voulait qu'elle se rende. Devait-elle l'écouter ?

"Que comptes-tu faire, jeune princesse ? Penses-tu réellement pouvoir faire confiance à une silhouette aussi floue que la sienne ? Si ça se trouve, c'est peut-être un piège de Gilgamesh."

Un sourire malicieux étirait les lèvres de la rose alors que la bleue pesait le pour et le contre. Si Kida souhaitait se réunir avec Epon, c'était qu'elle se trouvait forcément là-bas. Et en repensant au faucheur qui tenait tant à la ramener, la demi-Zora en déduisit qu'il était également à cet endroit. Alvaro devait sans doute l'accompagner. La princesse des Zoras savait donc ce qu'elle devait faire. Mais avant, elle devait en parler à Link et à Gray. Sans même répondre à Alys, elle saisit le joyau lévitant qui la fit sortir de son songe, et la ramena à la réalité.

Allongée sur son lit dans sa chambre au Domaine Zora, l'hybride sentit un poids au niveau de son ventre. En se redressant légèrement, elle remarqua Midona qui dormait à poings fermés, à moitié couchée contre elle.

"Hum... grogna la souveraine du Crépuscule en sentant Epon se mouvoir en dessous d'elle. Tu es toujours aussi agitée quand tu dors... ? Link était bien plus calme..."
La plus jeune cligna des yeux à plusieurs reprises, stupéfaite.
"Je ne suis pas Link. Nous ne sommes pas tes oreillers. Et puis tu m'écrases, là !" lui murmura la bleue suffisamment fort pour obliger la Twili à se décoller d'elle et à se décaler légèrement sur le côté avant de se rallonger sur le matelas tout en lui tournant le dos.
"Dommage... dit Midona en baillant. Tu es bien plus confortable que lui."

La demi-Zora ne savait pas trop si elle devait être outrée ou amusée par une telle remarque à son égard. De toute manière, elle ne pouvait pas répondre quoi que ce soit étant donné que la princesse à la chevelure flamboyante s'était rendormie instantanément.

"Okay ?" pensa Epon en se laissant retomber sur son lit, les yeux rivés sur le plafond de la vaste pièce. Bien qu'elle trouvait la plus âgée singulière et sans gêne dans son attitude, l'élue de Nayru ne pouvait pas nier qu'elle était parvenue à apaiser en quelques secondes son anxiété. Elle comprenait mieux les raisons pour lesquelles Link appréciait Midona. Celle-ci, malgré son originalité et son excentricité, était un excellent soutien moral en plus d'être une personne franche et sensée. La bleue eut un léger sourire en repensant à cela. Mais elle n'oublia pas pour autant le rêve, ou plutôt la psysalis qu'elle venait de vivre. Elle avait à présent une idée d'où commencer les recherches, pour retrouver leurs ennemis et les abattre. Il ne restait plus qu'à rejoindre ses compagnons le lendemain pour leur en parler. Mais il y avait une chose qu'elle désirait faire avant de quitter une nouvelle fois son domaine.

La nuit fut plus courte qu'on ne l'aurait pensé, et les lueurs matinales du soleil baignaient déjà le Village Zora d'une douce lumière. Tandis que les soldats continuaient leur tour de garde, la population zora se réveilla peu à peu. Certains plongeaient déjà dans les eaux claires du domaine, pendant que d'autres se contentaient de contempler ce paysage enchanteur tout en restant assis sur la terre ferme. C'était comme si la vie reprenait doucement son cours dans ce lieu qui avait récemment connu une terrible tragédie. Mais quelques instants plus tard, à la surprise de tous, une annonce solennelle avait été faite. Tous étaient conviés à la salle du trône sur la demande d'Epon. Sachant que celle-ci s'était faite discrète depuis son arrivée, ils étaient à la fois étonnés par cette requête soudaine de sa part, et curieux d'en connaître la raison.

Lentement, le lieu du rassemblement se remplit, alors que l'élue de Nayru avait pris place sur le siège royal, l'air grave. Finiel se tenait debout à sa droite et la regardait, sans oser lui adresser la parole. Lui aussi avait été pris de court par une telle décision et semblait stupéfait de voir sa protégée installée sur le trône de sa défunte mère. C'était pareil pour Midona qui, cachée dans l'ombre de l'hybride, attendait la suite des événements sans se faire remarquer. La foule zora s'agrandissait au fil des minutes. Parmi eux, se mélangeaient enfants, adolescents, adultes et aînées. Ces tout derniers voyaient d'un mauvais oeil la princesse prendre la place de Rutella, et Finiel l'avait remarqué. Des chuchotements au sein du peuple s'élevèrent dans un premier temps. Mais ils se calmèrent aussitôt qu'Epon s'était levée du trône pour prendre la parole.

"Mes frères, mes soeurs, commença-t-elle après avoir inspiré un bon coup. Je sais que cela peut vous paraître étrange de ma part de m'exprimer devant vous de la sorte, mais j'ai besoin que vous m'écoutiez jusqu'au bout."

Elle balaya ensuite rapidement toute la salle du regard, dévisageant les personnes présentes. Elle avait peur de flancher devant son peuple en cet instant et tourna quelques instants sa tête pour regarder Finiel, espérant que cela lui donnerait du courage. Son garde personnel, étonné d'abord, lui adressa un léger sourire en hochant la tête en signe de soutien. Voyant à travers ce simple geste que le Zora la supportait dans sa démarche, elle lui rendit son sourire avant de reprendre un air sérieux et de se tourner vers les siens.

"Comme vous le savez tous, notre domaine a vécu un événement tragique qui a eu raison de la vie de beaucoup d'entre nous... dont la précédente reine de notre peuple."
Plusieurs Zoras avaient tristement baissé la tête à la mention de Rutella. Sa disparition les affectait toujours autant, malgré les nombreux jours écoulés depuis.
"Étant son unique enfant, reprit Epon en serrant ses poings, j'hérite de sa couronne et deviens donc votre nouvelle reine. Je dois vous avouer que je ne m'étais pas du tout préparée à cette éventualité, surtout en sachant que l'idée d'avoir une hybride comme moi en tant que souveraine ne plaît pas à tous, ici."

Elle avait automatiquement tourné sa tête vers les aînés en prononçant cette dernière phrase, à leur étonnement et à celui de Finiel. Ils étaient surpris de constater que la jeune fille était au courant de l'antagonisme que lui vouaient encore certains Zoras à cause de ses origines. Mais Epon était loin d'être dupe ou naïve à ce sujet :Elle avait déjà remarqué les regards insistants des aînés lorsqu'elle les croisait, et entendu les murmures méprisants qu'ils s'échangeaient à son égard. Cependant, la bleue ne les blâmait pas pour cela. Même si se savoir discriminée de cette manière ne lui faisait pas plaisir, elle avait trouvé la force de passer outre désormais. Surtout que là n'était point la plus grande de ses préoccupations.

"Malgré tout, me voilà aujourd'hui devant vous, à vous parler en tant que reine et non en tant que princesse. Mais mon statut royal n'est pas la raison de ce rassemblement."
Fermant les yeux et se concentrant un instant, elle autorisa le phénix bleu à apparaître temporairement. Les yeux de tous s'écarquillèrent de stupeur en apercevant l'aura de cette créature entourer son corps.
"Ce que vous voyez là n'est pas une illusion, affirma-t-elle d'une voix qui sonnait moins humaine que d'habitude. Le phénix bleu... Cette créature légendaire que nombreux d'entre vous connaissent, et dont certains m'en ont attribué le surnom... Elle existe bel et bien. Et elle se trouve en moi. C'est d'ailleurs ce que ceux qui ont attaqué notre domaine recherchent."

Sous les yeux choqués des zoras, jeunes comme moins jeunes, l'aura du phénix disparut alors que l'élue de Nayru haletait légèrement. Durant quelques secondes de silence, elle reprit son souffle et retrouva sa voix normale. Sa marque divine bleue brillait sur sa cuisse à un point qu'on pouvait en voir la forme à travers le tissu de son short blanc. Elle se tourna donc de profil, afin de révéler ce glyphe à son assemblée.

"Quant à cette marque qui a attisé ma curiosité depuis mon plus jeune âge, au point de récemment entreprendre un voyage pour en savoir plus sur elle, je sais à présent pourquoi je la possède."
Elle se repositionna face à son peuple et lâcha la terrible vérité :
"La déesse Nayru, celle que nous vénérons depuis la nuit des temps, m'a choisie comme élue pour semer le chaos à Hyrule aux côtés de trois autres personnes, chacun élu par une divinité d'Hyrule."

La terreur et l'incompréhension se lisaient chez quasiment tous les Zoras. Seul Finiel, qui connaissait déjà tout cela, n'était pas surpris. Mais il avait détourné son regard de tout le monde, l'air peiné. Il ne s'attendait pas vraiment à ce que sa souveraine dévoile cette réalité en ce jour, et encore moins de cette façon. Il redoutait à présent la réaction de ses confrères.

"Alors, c'est à cause de cette marque et du phénix bleu si notre domaine a été attaqué ?! s'indigna un aîné mâle en s'avançant de deux pas.
- C'est en effet lié, confirma Epon en le regardant franchement.
- Vous vous rendez compte de ce que vous nous dites ? bougonna une aînée femelle cette fois. De nombreux zoras sont morts lors de cet assaut ! Notre reine a également péri ! Tout cela par votre faute !
- Comment pouvons-nous avoir confiance en vous en tant que reine en sachant tout cela ? s'emporta une autre zora aînée. Cela tient du miracle si notre peuple ne s'est pas encore éteint à cause de cette histoire !
- C'est une honte ! vociféra le premier aîné qui s'était prononcé. Vous êtes une honte pour notre peuple !"

Plusieurs voix, principalement du côté des aînés mais également chez quelques Zoras un peu plus jeunes, s'élevèrent contre l'hybride. Les autres demeuraient silencieux, soit parce qu'ils étaient toujours sous le choc de ces révélations, soit parce qu'ils ne savaient pas comment réagir vis-à-vis de leur nouvelle reine. Finiel, de son côté, faisait un effort colossal pour ne pas se précipiter vers toutes ces personnes en leur lâchant une réplique cinglante. Loqa, qui s'était mêlée à la foule, n'en était pas moins énervée envers ceux qui médisaient Epon de cette manière. Les deux Zoras avaient conscience que la jeune fille n'était pas responsable du drame dont avait été victime leur domaine. Mais une partie du peuple aquatique semblait convaincue du contraire.

Midona, toujours cachée dans l'ombre de la bleue, avait de la peine pour celle-ci. Elle trouvait le comportement de ce peuple injuste à son égard. Hélas, elle ne pouvait pas se permettre de se montrer, même si elle aurait souhaité les remettre tous à leur place. Epon, quant à elle, observait tous ces gens l'accuser, la rabaisser, ou lui répéter à quel point une bâtarde comme elle était indigne de succéder à Rutella. Voilà donc ce que son peuple, ceux qu'elle chérissait tant et qu'elle désirait protéger de toutes ses forces, pensaient d'elle... Elle trouvait cela assez ironique, mais se refusait de qualifier ce genre d'attitude de pathétique. Elle estimait que ce n'était pas à eux de se calmer. C'était à elle de leur prouver le contraire de ce qu'ils pensaient.

"Avez-vous terminé ?" prononça-t-elle d'une voix forte et sèche, qui provoqua un silence général au sein de la foule.
Puis, doucement, elle délaissa le trône afin de se rapprocher des siens, et plus particulièrement des aînés qui avaient failli reculer.
"Selon vous, entre une princesse qui fait tout pour sauver son peuple et celui d'Hyrule d'une menace imminente, et des citoyens qui se contentent de critiquer ceux qui sont différents d'eux tout en restant cloîtrés chez eux lorsqu'un danger se présente, qu'est-ce qui est le plus honteux ?"
Personne n'osa répondre à cette question, pas même les aînés qui se contentaient d'observer leur cadette.
"Il est vrai que j'ai commis de nombreuses erreurs. Mais ce n'est pas en m'accusant de tous les maux qu'elles se répareront. Ce n'est pas en démontrant votre hostilité à mon égard que ma mère reviendra. Et ce ne sont pas vos affronts qui arrêteront nos véritables ennemis."
Elle pivota ensuite sur elle-même pour observer les autres Zoras, avant de continuer.
"Avec mes amis et alliés, nous sommes parvenus à affaiblir ce fléau qui plane sur ce royaume depuis trop longtemps. Mais la bataille n'est pas finie. Elle s'est même corsée."
Tournant le dos à tous, elle se redirigea lentement vers le siège royal.
"Le combat que je suis sur le point de livrer avec mes compagnons et frères d'armes sera décisif. Soit nous réussirons et Hyrule sera sauvé, soit nous échouerons et Hyrule sera condamné. Bien que la déesse Nayru m'ait choisie pour assurer la destruction de nos terres, j'ai choisi de faire l'inverse. J'ai refusé de me plier à une volonté divine pour vous protéger, vous et les autres peuples hyruliens. Et si on rajoute à cela le phénix bleu dont je perds peu à peu le contrôle à l'heure où je vous parle, il est possible que mon prochain voyage soit sans retour."

Si la première partie de sa tirade avait fait naître un certain respect à son égard de la part de quelques Zoras, sa dernière phrase avait jeté un froid à l'assemblée. Loqa s'était même approchée de la bleue, l'air terrifié :

"Dame Epon...
- Ne vous en faites pas, la coupa celle-ci en se retournant vers eux après être arrivée près du trône. Je n'ai pas l'intention de me faire tuer aussi facilement, que ce soit par nos opposants ou par cette créature ancienne en moi. Vous tous, ici présents, êtes ma raison de vivre. Me laisser mourir signifierait vous abandonner et c'est une chose que je refuse de faire. Si ma mère était encore parmi nous, je sais qu'elle m'aurait soutenue et encouragée."

Sa mère... Et dire qu'elle avait rêvé de ses parents la nuit dernière. Repenser à cela et au reste rendait Epon à la fois triste et mélancolique. Et assumer ses responsabilités de nouvelle reine zora lui rajoutait une certaine pression. Mais ce qui arriva suite à cela la surprit au plus haut point :

"Nous sommes avec vous, votre Majesté ! s'écria un Zora mâle adulte.
- Je suis sûre que vous y arriverez ! enchérit une femelle adolescente.
- Mettez-leur une raclée à ces idiots qui nous veulent du mal !" fit vivement un troisième Zora.

Puis au fur et à mesure, de plus en plus de voix s'élevèrent. Mais cette fois, c'était des paroles d'encouragement et de soutien. Même les aînés semblaient résignés face à un tel retournement de situation. L'hybride aux cheveux bleus en fut extrêmement touchée. Son peuple, dans une grande majorité, se montrait compréhensif et compatissant vis-à-vis d'elle. Ils avaient compris les enjeux qu'impliquaient les actions de leur jeune dirigeante, et du combat qu'elle menait pour les préserver malgré sa différence raciale. Ils voulaient la soutenir et témoigner de leur respect envers elle.

"Gloire à notre reine !" finirent-ils par s'exclamer à l'unisson à plusieurs reprises, ce qui fit sourire Epon qui semblait émue par leur réaction. Son peuple était devenu une source de motivation et de courage. Toutes les craintes qu'elle avait accumulées jusqu'à maintenant s'étaient apaisées grâce aux siens.

"Eh bien, pensa Midona depuis sa cachette avec un sourire en coin. Vu comment c'était parti, je ne m'attendais pas du tout à un tel revirement. Cette petite me surprendra toujours ! Elle me rappelle un peu Link."

Finiel, quant à lui, était aussi ému que sa protégée. Au point qu'il avait laissé quelques larmes couler le long de ses joues. Malgré son inquiétude vis-à-vis de la dernière bataille que devaient livrer Epon et ses amis, il était à la fois fier d'elle et heureux de voir que son peuple acceptait enfin la jeune fille en tant que nouvelle souveraine.

"Dame Rutella, Sir Ephron, votre fille a bien grandi..." songea le garde personnel de l'élue de Nayru en essuyant ses larmes avant d'afficher un grand sourire, les yeux rivés sur la concernée.

Suite à ce rassemblement qui avait apporté force et espoir au peuple zora, Epon s'était rendue dans sa chambre afin de se préparer pour son départ. Tandis qu'elle accrochait sa besace au niveau de sa ceinture, Midona, assise sur le bord du lit, lui adressa un sourire.

"C'était impressionnant de te voir parler ainsi devant ton peuple. Je ne te pensais vraiment pas de cette trempe. J'en ai presque eu des frissons, pour te dire !
- Je t'avoue m'être surprise moi-même sur le moment, confia la plus jeune. C'était comme si mon corps avait bougé tout seul, et que certaines paroles que je retenais depuis longtemps avaient besoin de sortir. Parler à coeur ouvert à mon peuple m'a soulagée, d'une certaine manière. Maintenant, je sais que je peux partir, l'esprit plus serein."

La Twili était bien contente de voir la demi-Zora retrouver l'enthousiasme qu'elle semblait avoir perdu depuis quelque temps. Une interrogation lui brûlait toutefois les lèvres. Mais elle hésitait à la poser par peur de faire renaître l'angoisse chez la bleue. Celle-ci avait remarqué son blocage :

"Qu'est-ce qu'il y a, Midona ?
- Tout à l'heure, lorsque tu disais que tu ne te laisserais pas tuer par le phénix bleu en toi... Tu le pensais vraiment ? Ou tu as dit ça juste pour rassurer les tiens ?
- Un peu des deux, avoua Epon en préparant ses armes. Il est vrai que ce phénix me fait peur et que je crains d'en perdre le contrôle d'ici peu. Mais d'un autre côté, je n'ai pas envie d'être aussi fataliste. Peut-être que je parviendrai à garder son contrôle malgré tout ? Au final, rien n'est sûr. Je n'avais pas spécialement envie d'inquiéter les Zoras à ce sujet. Surtout que je veux réellement survivre à cette bataille, pour enfin endosser le rôle de reine zora.
- Et ce statut de reine ? Tu le désires réellement ?"

Pour l'hybride, répondre oui à cette question serait mentir. Si cela ne tenait qu'à elle, elle aurait préféré voyager à travers Hyrule aux côtés de Link et de Gray. Seulement, étant donné que sa mère n'était plus de ce monde, elle sentait qu'il était de son devoir de veiller sur les Zoras.

"Et puis, être reine ne m'empêchera pas de partir à l'aventure de temps en temps, je suppose !" affirma-t-elle en adressant un sourire à la souveraine du Crépuscule.
Face à une telle réponse, celle-ci ne put s'empêcher de rigoler légèrement. Mais tout à coup, quelqu'un frappa à la porte.
"Epon ? Tu es là ? C'est moi !" fit la voix de Finiel derrière la porte.

Midona se leva brusquement, s'apprêtant à se cacher dans l'ombre de la demi-Zora. Mais cette dernière lui fit signe que ce n'était pas utile et ordonna à son garde d'entrer. Une fois la porte ouverte, Finiel constata sans réelle surprise que sa reine n'était pas seule.

"Oh... c'est donc toi qui tenais compagnie à Epon depuis hier ?" demanda-t-il alors que Midona affichait un sourire gêné. La bleue, un peu amusée par cette situation, fit rapidement les présentations avant de demander au Zora la raison de sa venue.
"Je viens avec toi, lui proposa-t-il. Je veux combattre à tes côtés.
- Quoi ? fit l'hybride qui ne s'y attendait pas. Mais si tu viens, qui va veiller sur notre peuple à ma pl...
- J'ai demandé à Loqa de s'en charger, la coupa Finiel en affichant un léger sourire. Et j'ai déjà prévenu pas mal de personnes de mon départ. Ils comptent tous sur moi pour veiller sur toi et te ramener en un seul morceau au domaine une fois tout cela fini, tu sais ?"

Epon n'arrivait pas à croire que son soldat personnel l'avait prise de court de cette manière, ne lui laissant pas d'autres choix que de le laisser l'accompagner.

"C'est vraiment un voyage dangereux qui nous attend, la prévint sa protégée. Sans compter Gilgamesh et Alvaro, j'ignore le nombre d'ennemis qu'on devra affronter au total. Tu es vraiment sûr de vouloir venir ? Je n'ai pas spécialement envie qu'il t'arrive quoi que ce soit.
- Depuis que tu maîtrises l'art du combat, nous nous sommes affrontés à plusieurs reprises. Et je ne compte pas le nombre de fois où je t'ai mis une branlée monumentale. Donc, je pense pouvoir me débrouiller. Ne t'inquiète pas pour moi, répondit Finiel en lui faisait un clin d'oeil pour la taquiner.
- Pour les branlées, tu as juste eu de la chance..." répliqua la plus jeune en faisant la moue alors que Finiel se retenait de rigoler en se remémorant ces instants.

Mais le Zora fut ravi de voir que l'hybride acceptait tout de même sa proposition de l'accompagner dans son dernier périple. Une fois prêts, et après que Midona se soit cachée une nouvelle fois dans l'ombre d'Epon, la reine et son garde personnel saluèrent une dernière fois les Zoras avant de quitter le domaine. Le duo était déterminé à revenir vainqueur de la future joute qu'ils allaient vivre.

chapitres suivants...

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Kam-chan". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 22.05.24