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Jeux de lumière, jeux d'ombre

Ecrit par lesourd en 2005

Chapitres 1 à 24  •  Chapitres 25 à 48  •  Chapitres 49 à 72  •  Chapitres 73 à 96  •  Chapitres 97 à 122  •  Chapitres 123 à 147
Chapitre 1 : Le trésor
Chapitre 2 : La chanson de Saria
Chapitre 3 : Le marché
Chapitre 4 : Les vitraux
Chapitre 5 : Le bibliothécaire et l'ancien soldat
Chapitre 6 : Du sang sur l'île sacrée
Chapitre 7 : Nuit agitée
Chapitre 8 : Meurtre à la bibliothèque
Chapitre 9 : Début d'enquête
Chapitre 10 : Le vétérinaire
Chapitre 11 : Conte de fées
Chapitre 12 : Le vendeur de bois mojo
Chapitre 13 : Histoires entre amis
Chapitre 14 : Deuxième meurtre et première rencontre
Chapitre 15 : Le départ
Chapitre 16 : La prophétie de la jeune voyante
Chapitre 17 : Premier donjon
Chapitre 18 : L'aigle royal
Chapitre 19 : Fin de règne
Chapitre 20 : Réunion
Chapitre 21 : Pandore
Chapitre 22 : Revoilà le marchand Mojo !
Chapitre 23 : Veroga
Chapitre 24 : Les Mojos
Chapitre 1 : Le trésor

Temps reculés bien longtemps avant la défaite de Ganondorf

Il fait une chaleur humide, oppressante. Cependant, la brise atténue la souffrance des soldats en marche. Le soleil est bien haut, qui semble les brûler. Pourtant, on dirait que les hommes ne semblent pas souffrir. Ils jubilent plutôt. Ils sourient, rigolent, font des blagues grossières. Derrière eux ou autour d'eux, on voit des fumées surgir, quoique faibles. On se trouve sur une plaine à perte de vue. Les arbres ne manquent cependant pas. En effet, ils portent quelques masses faibles, inanimées. Ces choses se balancent doucement car elles viennent d'être pendues. Ces choses sont des corps...

Car, l'armée, à proprement parler, n'est pas vraiment une armée. On évoquerait plutôt une colonne, une compagnie. Des lances, des haches, des épées encore rougies du sang des victimes. Certains ont même l'ignominie de porter des têtes comme leurs trophées. Noirs, Blancs, Elfes, Zoras, Gerudos... Rien ne manque à la liste des criminels des différents peuples qui ont rejoint l'armée. Ils marchent donc, souffrent donc. Mais, leur souffrance est contrebalancée par le souvenir des crimes qu'ils ont commis. A leur tête se trouvent trois ou quatre commandants, tout aussi vicieux que retors.

S'il est une chose qu'on aurait à craindre en ces temps, c'est bien les armées de pillards déracinés par la misère et la violence, situation dans laquelle les sujets d'Hyrule se sont aussi retrouvés. A l'époque où une guerre oppose des chevaliers égoïstes à d'autres ambitieux, on ne compte plus le nombre d'ordures qui sortent de la crasse du mal. Ceci à cause de l'ambition effrénée du mystérieux sorcier Aghanim. Celui-ci a pour but de rechercher la fameuse Triforce, source d'innombrables pouvoirs. Mais ce sorcier ne sait pas que la Triforce se cache dans trois personnes. Le sorcier, ignorant ce fait, n'en a cure et remue ciel et terre pour mettre la main sur le trésor des fées.

Il a d'abord réussi à semer la zizanie parmi la cour du roi d'Hyrule. Le mal et l'ambition rognent le coeur des courtisans, comtes et chevaliers qui peuplent la cour. Après bien des péripéties, le roi est renversé, sa famille dispersée. Alors, le chaos commence à s'installer avec le but des mauvais seigneurs de rechercher la fameuse Triforce. Puis, le temps passant, on oublie cet objectif et on ne pense qu'à s'emparer des territoires... Le désordre provoqué oblige certains habitants à vendre leur savoir-faire en matière de combat, comme les Zoras proposant leurs talents de combat ou les Gorons leur force meurtrière. Au gré des engagements et des batailles, les armées se font et se défont. La pire des situations est le licenciement des mercenaires. Ceux-ci, renvoyés et n'ayant plus de but à atteindre, se rangent sous les bannières de leaders douteux. Ces chefs, contrairement aux chevaliers, se moquent bien d'être à la tête d'un royaume ou de s'emparer de la Triforce. Seul compte à leurs yeux, le pillage, source de richesse et de puissance. C'est ainsi qu'ils ravagent là où ils rencontrent cités, bourgs, ensembles habités.

Lors de la prise du palais royal, les mercenaires ont pillé le trésor royal. Ensuite, ils ont tranquillement poursuivi leur chemin sans craindre d'être attaqués car ils savent que l'ordre n'existe plus. C'est ainsi que les mercenaires se promènent tout en chantant. Un des commandants s'arrête un instant afin de regarder la file de soldats marcher. Il a un visage pâle, de longs cheveux humides, des sourcils très noirs et froncés, la bouche sensuelle. Il porte une armure très noire et des habits noirs, allant jusqu'au violet foncé. Celui qui se prénomme Angiflar est l'un des mercenaires les plus craints du monde d'Hyrule. Il sourit.

Comment puis-je m'estimer heureux après tout ce que j'ai pillé au palais royal ? La seule place forte qui manquait à mes exploits passés ! Surtout que j'ai capturé dans ce que le royaume a de plus précieux ! Ha... J'entends encore les cris des servantes qui se débattaient... Quel délice !

Il bombe son torse de fierté. Comme les Hyliens et les autres peuples me craignent désormais ! Angiflar caresse les mèches de ses cheveux en redressant son menton bien rasé. Il sent une brise de vent qui gifle son visage. Mm... Même le soleil semble applaudir mon exploit ! Puis, il élance son cheval brun rejoignant la tête de l'armée qu'il a laissée quelques instants plus tôt. Il fait trop chaud ! Il faut que je cherche un endroit où dormir dans l'ombre. Il ne faut surtout pas que mes guerriers crèvent en faisant le siège d'une cité fortifiée comme toujours... Après deux heures de marche, on relève enfin la présence d'une clairière garnie de quelques arbres peu nombreux mais suffisants pour abriter plusieurs mercenaires de la fournaise.

Dans la masse, deux chevaux robustes tirent un chariot métallique où il n'y a point de fenêtres, et qui est gardé par des "prétoriens". Ces prétoriens sont des fidèles guerriers d'élite d'Angiflar, prêts à torturer leurs proches pour complaire à leur maître. Ce véhicule ambulant semble receler un très précieux trésor jalousement gardé comme une mère défend farouchement sa progéniture. Le trésor est transporté depuis deux jours, peu après le pillage du palais, à la faveur d'une nuit sans lune et à l'abri des regards d'ordinaires soldats auxquels Angiflar ne fait point confiance. Le chariot s'arrête enfin, se garant entre deux arbres imposants.

Le chef entre dans le chariot, renferme la porte. Il se baisse pour contempler avidement sa "propriété". Il caresse le trésor, jouant des mains comme on aurait caressé une femme voluptueuse. Ah vraiment, ce trésor est in-es-ti-ma-ble ! se dit Angiflar. Il n'y a que mes deux fidèles qui en connaissent l'existence. Les autres qui l'avaient transporté une nuit, je les ai fait décapiter secrètement. Je peux toujours compter sur mes fidèles. Il prend du recul pour le contempler attentivement de peur de perdre l'objet des yeux, de peur qu'il disparaisse à jamais. Il soupire de bonheur et retourne au camp afin d'examiner la situation à venir. Que c'est étrange ! Moi qui n'étais qu'un misérable palefrenier, je suis devenu le guerrier le plus craint d'Hyrule ! Je surpasse même ce vieillard de roitelet d'Hyrule !

Ce jour-là, on décide de poursuivre le chemin vers l'ouest. De là, se tient une petite bourgade pourvue cependant de richesses agricoles. Cette cité se situe à l'extrême occident de la cité du roi. C'est le dernier point de passage avant d'embarquer pour conquérir d'autres continents ou îles. Encore une journée de marche et l'armée arrive enfin en vue de la cité.

Les soldats organisent le siège. Angiflar envoie des émissaires exiger le prix exorbitant des frais d'entretien de sa compagnie. Au cas où sa demande serait satisfaite, le mercenaire accepterait de quitter les environs. Au terme de plusieurs minutes, l'un des émissaires se porte au devant du seigneur des mercenaires :

- Seigneur, comme prévu ils ont refusé de répondre à tes exigences. Il semble qu'ils n'aient pas assez de sous pour nous verser leur contribution.
- Je m'en doutais... De toute façon, même s'ils avaient répondu à mes demandes, je n'aurais pas laissé intact ce hameau merdeux.
Angiflar se tourne vers l'un de ses fidèles :
- Nous avons assez de matériel de siège pour investir la cité. Dis bien aux autres que s'ils sortent vainqueurs de ce siège (ce dont je ne doute point), ils pourront traiter leurs prisonniers selon leur propre plaisir.
Un petit moment puis :
- Les trois déesses sont avec nous. Allez ! Que mes braves nettoient méticuleusement la cité comme d'habitude !

Malgré la valeureuse vaillance et le courage désespéré des habitants, les mercenaires pénètrent dans la ville. Pendant la nuit, ce n'est qu'une litanie de plaintes, douleurs, cris perpétrés par les habitants à la merci des criminels. Au cours de l'investissement de la cité, Angiflar fait installer sa propriété dans la salle principale de la mairie. Il a fait nettoyer la salle en laissant ses protégés la piller.

Enfin je peux te contempler dans la splendeur de la lumière de la salle ! Il ricane. Le trésor en question est un trône royal de la lignée des rois d'Hyrule. Il est peint d'une couleur rouge vif, les pieds d'or. Dans le dos de ce siège magnifique sont gravés trois triangles formant un grand triangle : la Triforce. On murmure qu'il aurait un immense pouvoir mais on ne sait pas lequel. Peu importe, ce trône est désormais mien. Je connais quelqu'un qui va hurler de rage. Et il rit de plus belle. Deux bruits de pas s'approchent. Angiflar ne connaît que trop bien la provenance de ces bruits. Il sourit.

Les bruits en question proviennent de deux personnages, l'un et l'autre diamétralement opposés par leur nature, mais réunis par leur fidélité à Angiflar. L'un est Goron. Il est imposant. Son visage présente des brûlures (la raison de ce défigurement est la résistance d'une malheureuse qui a essayé de se soustraire au Goron), et une barbe teintée de rouge. Son vrai nom est Dorunia, mais Angiflar l'appelle Aenobarbus ce qui signifie en langage hylien : "barbe rouge". La particularité de ce Goron est que celui-ci adore écraser des victimes avec son énorme poids allant jusqu'à faire craquer des os. L'autre personnage est Zora. Grand, maigre, ce Zora a le corps d'un efféminé. Il porte d'ailleurs de fausses moustaches courbées vers le haut. Il ne manque jamais l'occasion de les traiter soigneusement. Il est habillé d'une légère cotte de mailles et porte une longue cape bleue afin de ne pas se souiller de salissures. Un hurluberlu avait eu le malheur de vomir aux pieds du Zora. Ce dernier, fou de rage, avait fait torturer ce malheureux deux jours consécutifs. Depuis son acte, les soldats évitent de s'approcher de lui, le tenant à distance. Le Zora a un nom bizarre : Pululu.

- Mes amis... Vous ne pouvez pas savoir combien je suis heureux...
Dehors, on entend encore des cris. Plutôt qu'agacé, le maître semble être en harmonie avec ces cris.
- Maître... Je compatis à ton bonheur, répond Dorunia.
- Je suis d'accord avec ce gros, dit Pululu.
Angiflar tourne autour du trône, l'effleurant avec ses doigts :
- Mm... Que c'est doux ! Plus rien ne s'oppose à moi...
Le visage de Dorunia se contracte doucement :
- Sauf ce... petit voleur...
Il y a un terrible silence. Ils savent ce que signifie la parole du Goron.
- Ganondorf...
Puis, Angiflar tremble de colère. Comment ce porc peut-il s'opposer avec insolence à mes visées expansionnistes !? Ils étaient ensemble sous la conduite d'un autre mercenaire. Puis, ils se sont séparés... Ganon avait projeté de rassembler sa propre armée et de ravager une autre partie du pays. Depuis, c'est devenu une sorte de sinistre compétition entre ces rivaux, l'un ou l'autre s'attribuant les mérites du meilleur pillage. Des rumeurs courent selon lesquelles Ganon serait à la recherche de la prétendue Triforce ce qu'Angiflar ne croit guère.
- Enfin... ce con se nomme roi des voleurs... insiste Dorunia.
- Dis plutôt roi des porcs, répond Angiflar. Quelle différence entre moi et ce... ce... putois ?! J'ai le trône royal tandis que lui court à la recherche de la minable Triforce ! Si je le tiens entre mes mains, ne doutez point que je le ferai mariner dans du feu bouillant ou bien d'autres choses encore !
On aurait été terrorisé à la vue du visage coléreux de ce leader.
- Vous avez entendu ce porc au village Cocorico ???
Ses deux compères ont bien compris son sous-entendu. Angiflar avait été humilié à cet endroit, quelques heures avant le siège du palais royal qui surplombe sa cité.
- Peu importe... Je reviendrai plus riche et plus puissantissime. Alors là, Ganundouf regrettera d'être pondu... Il nous faut partir demain afin d'embarquer. Mon éclaireur m'a signalé un port quelque part par-là. De là, on capturera des vaisseaux.
Ses potes acquièrent.

Le seigneur ordonne à ses soldats de se reposer très tôt sous peine de mort. Il ne veut pas prendre le risque de s'attendre à ce que les bruits de pillage de la malheureuse cité parviennent jusqu'au port. C'est pourquoi il a fait préparer immédiatement tout ce qui est nécessaire en vue de prendre des vaisseaux. Les soldats délaissent à contrecoeur leur pillage mais ils ne grommellent pas puisqu'ils se sont abreuvés d'innombrables ravages. Le lendemain, au milieu de la matinée, certains soldats sont déjà prêts, d'autres ont encore les yeux rougis de fatigue. D'ailleurs, ils ont mis des cadavres à l'extérieur. Ces corps sont brûlés afin d'éviter toute contamination. Seul le trône n'est pas encore dans son chariot habituel. Cela viendra, se dit Angiflar. Déjà, les commandants plus quelques sous commandants sont sur l'une des murailles du bourg, observant la plaine. Angiflar est en train de produire une blague obscène quand se produit une sourde rumeur.

- Regardez ! crie un sous commandant.

Des pillards regardent eux aussi le bout de la plaine. Leur visage se teinte petit à petit d'inquiétude. Même les chefs sont impressionnés par ce phénomène qui se profile à l'horizon. Ce phénomène en question est un énorme amas de nuages ténébreux, noirs. Il est incroyable, ce phénomène. Car les nuages noirs progressent de plus en plus vite et détail inquiétant, l'ombre recouvre toute la terre. Elle avale ostensiblement toute vie végétale ou du moins on le croit. Les nuages ne sont pas très hauts, ils ne font qu'à peine 3 à 4 mètres. Même le puissant soleil perd le combat contre l'ombre. Il n'arrive pas à percer les nuages. Ils progressent encore plus vite au fur et à mesure qu'ils s'approchent de la cité.

Les soldats, un long moment paralysés et captivés par les nuages sombres, se mettent soudain à hurler, à courir dans tous les sens. Les uns jouent de l'épée, d'autres de la hache, coupant toute personne qui gêne leur fuite. Des chevaux se cabrent, terrorisés, et s'enfuient dans le brouhaha. Certains prient dieux, d'autres tentent d'amasser leur propre trésor, d'autres enfin s'enfuient simplement dans le sens opposé des nuages.
- Merdille ! Mais qu'est-ce que c'est que ça ??? beugle le leader.
- Je... ne... bredouille Pululu tout en songeant à ses vêtements qu'il voudrait être vierges de toute pourriture.
- Les... les... Dieux... sont... contre... puis se tait Dorunia.
- Par les seins des trois déesses ! crie encore Angiflar, puis il se précipite vers la mairie. Il ne faut pas qu'on touche à ma propriété ! Il faut que je la décharge !

A peine pénétré dans la salle qu'on entend de plus en plus fort les cris des soldats. Ces cris ne sont plus des signes d'effroi mais de souffrance horrible. Les nuages les ont apparemment méchamment titillés. Angiflar, comprenant que c'est trop tard et qu'il ne reste plus d'espoir, s'empare d'une grande hache face au mur.

- Cette fois, ils ne m'auront pas ! Ils n'auront pas le trône royal ! Que le putois de Ganon soit maudit !!! hurle Angiflar en soulevant sa hache.

Et Angiflar abat sa hache sur le trône...

Chapitre 2 : La chanson de Saria   up

Temps de Link enfant

Sanctuaire des sages

Mais qu'est-ce que je puis faire ? Il baisse la tête, les poings légèrement appuyés sur les genoux. Il secoue la tête. Il se lève finalement de sa chaise pour arpenter la salle l'entourant. Il pose les yeux sur les médaillons de différentes couleurs, qui ornent le sol bleu. Jaune... vert... rouge... bleu... violet... orange... Ah ! que j'aimerais avoir des sages à mes côtés. Ils me donneraient des conseils. Moi, le sage de la lumière, qui n'avais pas le moindre doute pendant mon combat contre le seigneur du malin, je doute maintenant ! Il lève encore la tête. Il scrute à présent l'obscurité du plafond ou plutôt l'obscurité elle-même. J'ai de profonds pressentiments sur les temps à venir. Si mes soupçons sont fondés, nul doute que le héros aurait à combattre de terribles ennemis... Mais qui ? Ganondorf qui tente de s'échapper de sa prison spirituelle où nous l'avons enfermé, ou un nouvel ennemi ? Certes, depuis le retour du futur, Link et la princesse Zelda avaient fait avorter le sinistre projet de Ganondorf en le renvoyant, une nouvelle fois de plus, dans un espace quelque part. La puissance des enfants et la mienne sont-elles suffisantes pour emprisonner durablement notre ennemi ? En effet, Rauru craint que les efforts, amputés de la sagesse spirituelle des sages (Darunia, Ruto...) qui n'ont pas encore de rôle puisque Link n'est pas censé les rencontrer avant l'entrevue avec Zelda, ne soient vains à le neutraliser. Cependant, le sage s'interroge encore : Pourquoi ai-je de mauvais présages ? Je vieillis sans doute... Il revient s'asseoir sur le siège qu'il a laissé plus tôt.

Une interrogation trotte dans son cerveau : dois-je m'en référer à Link ou non ?

Arbre Mojo, près du village Kokiri

La musique douce résonne encore dans ses oreilles. Comme il voudrait que la musique ne s'arrête jamais ! Les yeux fermés, les mains derrière sa chevelure, les jambes écartées sur l'herbe, le dos contre un énorme tronc d'arbre prenant racine dans un sol humide, un enfant écoute paisiblement les sons agréables. Finalement, le bruit cesse. Il remue lentement les yeux, tourne légèrement son crâne vers une personne debout non loin de lui. Elle tient entre ses mains un ocarina, qui est à présent sur sa poitrine. Elle soupire. Il la gratifie d'un sourire timide. Si l'on n'a pas très bien connu la silhouette du détenteur de l'ocarina, on l'aurait pris pour une sorte de branche verte. Car sa chevelure ressemble à s'y méprendre aux couleurs verdoyantes de la forêt Kokiri. Son prénom est aussi doux que la couleur de ses cheveux : Saria.

On ne présente plus le personnage qui vient d'écouter la mélodie de Saria. Il s'agit bien d'un héros. Le seul et l'unique sauveur qui a vaincu l'usurpateur ténébreux. Mais cela, personne dans le royaume d'Hyrule ne le sait à part Rauru, Zelda, Impa, Saria et notre héros. Il est revenu du futur et a averti Zelda des risques qu'ils courraient si Ganon mettait son projet à l'oeuvre. Link se rappelle encore de la surprise de Zelda en revoyant celui qui l'avait quittée avec Impa après l'entrevue dans les jardins du château. Ayant eu vent des desseins du démon, Zelda prit les choses en main. Puis Link la quitta pour retourner dans sa patrie d'adoption... Mais il n'a jamais cessé de la revoir quand il le peut.

Saria s'approche du Kokiri d'adoption. Link la regarde avec une grande amitié. Il ne peut cependant s'empêcher de penser à la scène des retrouvailles avec son amie, l'instant après la défaite du fantôme de Ganon au temple de la forêt. A ce moment, il avait compris qu'elle ressentait de profonds sentiments envers lui. Il se remémore toujours les paroles qu'avait prononcées Saria : "Nous serons toujours amis...". Puis il ne l'avait plus revue sauf en de courtes circonstances, notamment à la tour de Ganondorf. Il se demande ce qu'il fera lorsqu'il grandira. Mourra-t-il à l'endroit même où il fut adopté par l'arbre Mojo ? La perspective de finir ses jours au village des Kokiris ne le réjouit guère. Comment ne pas attrister les Kokiris et surtout Saria, sa meilleure amie ? Link préfère ne pas y penser et propose à Saria de jouer ensemble une autre mélodie qu'ils avaient inventée eux-mêmes. L'ocarina dont joue Link est le même que celui que Zelda lui avait offert avant les aventures de notre héros dans le monde parallèle de Termina. Lorsqu'ils ont fini de jouer, Link et Saria rentrent au village à la faveur du crépuscule violet. Enfin, Link se couche sur un lit dépourvu de draps. Il se demande ce que devient son amie Navi, la petite fée. Elle était partie sans lui préciser les raisons de son départ. Il soupire et aimerait avoir sa fée à ses côtés. Elle le soulagerait de maux d'âmes !

Le lendemain après-midi, Link et les jumelles du village se promènent dans les bois perdus en vue de cueillir des ingrédients nécessaires au repas comme c'est souvent le cas, tous les jours. Le garçon tient un panier bourré d'ingrédients aussi divers que des champignons, des herbes vertes ou jaunes, des feuilles d'arbres... Il n'est toujours pas sorti de sa mélancolie même s'il le cache à ses amis. Il faudrait que je rende visite à la princesse. Voilà un bon bout de temps que je n'ai plus revu Zelda ! Ma visite la ravira et me soulagera un peu. Il est plongé dans son monologue quand il ressent subitement une tension violente quelque part.

Il fait volte-face mais ne remarque rien à part les ébats amoureux des écureuils. Pff... sans doute l'imagination me joue-t-elle des tours. Je dois vraiment me changer les idées. Il décide de prendre une décision quand il se rend compte que les jumelles le dévisagent bizarrement.

- Quelque chose ne va pas Link ?
- Rien... rien... Vous avez trouvé quelque chose d'intéressant ?

A l'aube du nouveau jour, Link sort de la forêt et utilise son ocarina du temps pour appeler Epona. Il souffle dans les trous de l'ocarina qui produisent de doux sons, prompts à adoucir l'un des pires malandrins. Il range son ocarina. Il ne faut pas plus de quelques minutes pour apercevoir à l'horizon un cheval de petite taille qui court, court, court à perdre haleine. "Epona !" sourit Link. Il tapote le flanc de sa monture et murmure des paroles rassurantes à l'oreille d'Epona. Celle-ci hennit. Link saute sur sa monture. Ils chevauchent ensemble. Il respire une bouffée d'air qu'il reçoit tandis que son cheval galope autant qu'il le peut. Un des moments où il est moins mélancolique ! Grâce à la vitesse de l'animal, notre héros parvient aux portes de la cité vers le milieu de l'après-midi.

Chapitre 3 : Le marché   up

Décidément, les citadins sont des gens stupides ! Il rumine contre une des réflexions de ses collègues, qui se veulent de douces plaisanteries mais qui ne plaisent pas à un habitant originaire du monde rural. Eh quoi ? N'en n'ont-ils pas assez de se moquer de mon accent et de certaines de mes coutumes ?! Le garde est enfin soulagé lorsque vient l'heure de la garde du pont-levis de la ville. Il n'entendra plus de remarques désobligeantes à son sujet. Il est plongé dans ses réflexions quand il remarque soudain une poussière de nuage qui semble se diriger vers le pont-levis. Ce qui est qu'un simple nuage est devenu une magnifique monture.

Encore quelqu'un qui vient faire ses provisions au marché ou je ne sais quoi... remarque le soldat. Il reste pourtant perplexe sur l'identité du cavalier. Il comprend de plus en plus au fur et à mesure que l'étrange bête aux deux bras et aux quatre pattes s'approche irrémédiablement. Un enfant et un jeune cheval ! Ça change du quotidien des cavaliers adultes... Il reste encore frappé de stupéfaction en voyant le bouclier et l'épée accrochés au dos de l'enfant.

En voilà encore des choses dont je n'avais jamais entendu parler ! Décidément une fois encore les coutumes de cette contrée sont bizarres. Car là d'où vient le garde, il n'a encore jamais vu de mini soldat sur un mini cheval fougueux. Il aurait dû savoir que le garçon a l'habitude de venir plusieurs fois par année dans la ville du roi. Il n'est présent dans la ville que depuis un mois malheureusement ou heureusement selon.

Cependant, il estime inutile de demander des explications au gamin à la tunique verte. Dans sa cervelle, ses pensées lui disent doucement que le gamin a peut-être la tunique verte de la tribu Kokiri. On lui en a parlé, mais jusqu'à maintenant il n'avait jamais pu vérifier les rumeurs. Et ce n'est pas aujourd'hui que je saurai s'il vient de la tribu Kokiri ou si je dois le prendre pour un simple garçon. Vivement la fin du prochain mois ! Qu'avait-il hâte de retourner dans son pays natal !

Le Kokiri descend de son cheval et tape les fesses de la bête pour qu'elle s'en aille. Il dépasse le pont-levis et ne se fie pas aux regards du soldat. Il en a l'habitude. Il sait que ce jour-là est le jour du marché où la plupart des habitants voisins de la ville viennent faire leurs emplettes. La première fois qu'il était venu sur la place de la fontaine, il était émerveillé par le foisonnement de couleurs chatoyantes des habitants, de l'animation. Ce n'était plus une forêt de couleur marron et verte mais une véritable forêt de couleur grise avec un peu de marron qui ornaient la façade des maisons. Il s'était amusé à poser des questions aux passants. Là, il erre simplement au milieu d'une foule plus nombreuse qu'à sa première arrivée. Il remarque même un Goron paradant avec sa provision de choux-pêteurs, qu'il n'a pas envie d'aborder. Il zigzague entre plusieurs citadins ou simples passants lorsqu'il a la curieuse conviction d'être suivi.

Ce n'est pas le même sentiment hostile qui l'a étreint hier dans les bois perdus. Non, il a simplement le sentiment d'être suivi. Mais qui ? Il se doit de trouver le moyen de l'identifier discrètement, puis d'éventuellement lui échapper. Par un coup de chance, il obtient une première réponse sous la forme d'un miroir de la taille d'un adulte. Devant le miroir, s'extasient des femmes qui débattent du bon choix des vêtements devant le bâillement des hommes, qui sont peut-être leur mari ou des proches de leur famille. Link fait semblant de s'approcher de l'endroit où se situe le fameux miroir. Il sait ce qu'il a à faire : le reflet se trouve à proximité d'une étroite ruelle par où notre héros était déjà passé lors de sa valeureuse quête. Il laisse pousser un petit sentiment de déception en mettant son nez à une distance peu éloignée du miroir, après avoir essayé de rechercher l'instant d'une seconde le poursuivant en question.

Plutôt qu'un bonhomme, ce sont deux bonhommes. Deux ordinaires personnages. L'un est grand et maigre, l'autre est un peu plus petit que le premier. Ils présentent un visage si ordinaire qu'on aurait pu croire qu'ils voulaient se confondre au milieu d'une masse d'ordinaires passants. Qu'ils ne sont venus que pour un éventuel marchandage sur la place. Rien à voir avec l'origine d'une hostilité perçue dans la forêt perdue.

Link décide de ne pas s'attarder et trotte aussi discrètement que possible, comme un voleur, comme il avait fait ses "premiers" exercices à la forteresse Gerudo. Il se dirige ensuite vers ladite ruelle. Il disparaît de la vue des deux compères qui poussent un court juron. Cependant, après être parvenus à la ruelle, ils remarquent rapidement le petit au fond du couloir étroit et peu bondé de monde. Link tourne aussitôt au terme de la ruelle. Ils se dépêchent afin de ne pas perdre le petit morveux.

A peine arrivés sur les lieux, les compères constatent, irrités, que le petit a disparu. La ruelle est un peu plus bondée que la précédente. Ils cherchent fébrilement. Ils s'agitent dans tous les sens en regardant derrière des personnes sans avoir cure de leurs protestations, en ouvrant un des tonneaux posés face au mur, en interrogeant enfin quelques passants qui ignorent leur demande.

- Ce morveux a bel et bien disparu !, crie le petit.
- Merdille ! Qu'est-ce qu'on va pouvoir bien raconter à notre "client" ?, répond son compagnon. Un instant égaré, le grand revient à la charge :
- En tous cas, il nous a rapidement repérés. Pourtant, nous nous fondions au mieux dans la foule.
- Mieux vaut abandonner notre recherche. A l'heure qu'il est, ce petit se rit de notre déconvenue !
- Ouaips, t'as raison. Dommage, je lui aurais bien volontiers volé son beau bouclier...

Ils quittent les ruelles. Link sort d'une sorte de grande pancarte adossée à peu près à la verticale sur un mur. Il dépoussière ses habits et songe aux paroles. Qui est ce client dont parlaient ces personnes ? Peu importe... Leur client leur a probablement demandé de me poursuivre afin de me dépouiller. Ensuite, ils auraient fait leur travail : remettre les plus beaux objets volés à leur maître. La dernière phrase du grand confirme que ce dernier a l'intention de garder la part à lui seul. Il est probable qu'ils étaient venus au marché dans l'espoir de repérer un éventuel richard ou un être pourvu des plus beaux atours. Sinon, je ne vois pas pour quel motif ces inconnus avaient quelque chose contre moi ?

Le Kokiri quitte le centre de la ville pour se diriger vers le château. A la porte d'entrée, les gardes n'émettent pas d'opinion sur le petit aux vêtements verts. Ils le connaissent bien. Un des gardes est adossé contre le portail, somnolant un peu, du moins il est entre l'envie de dormir et le devoir de garder son poste. Il dépasse et suit le chemin qui mène au château en ne faisant pas attention à la grotte à sa droite dans laquelle il était entré dans le futur. Le pont-levis du château est ouvert car le jour touche à sa fin. Il faut bien que certains employés au service du roi rentrent chez eux. Parfois, certains jours, ils restent dans le palais royal en certaines circonstances. C'est ainsi que Link traverse le pont-levis et croise dans la cour l'un des employés.

On l'a informé que la princesse Zelda traîne sa robe dans la salle du trône. Il décide bien évidemment de poursuivre son chemin, un chemin qu'il connaît désormais bien, à la différence d'un autre jour où il dut se faire guider par un chambellan méfiant. Encore deux salles ou trois, petites ou grandes. Il parvient finalement dans ladite salle. Au début, il ne la voit pas puis il la retrouve enfin traînant entre les colonnes. Zelda, sortie de sa rêverie, a repéré son ami et court à sa rencontre.

Chapitre 4 : Les vitraux   up

"Link !". C'est par ce nom que notre princesse vient à la rencontre de notre héros. Elle presse le pa et s'approche du Kokiri.

- Link ! Enfin ! Depuis le jour qu'on ne s'était plus vus... répète Zelda. Je suis bien contente de la surprise que tu me fais.

Elle serre les mains de Link. Celui-ci sourit puis rit :

- Il fallait bien que je te revoie. Qui a vraiment envie de délaisser la princesse d'Hyrule ?
- En tout cas, on a des choses à se raconter.
- Oui... même si Link n'a pas envie de mentionner la présence mystérieuse l'autre après-midi, ni la filature au marché, à son amie.

La princesse pousse alors Link pour l'obliger à se promener au milieu de la salle du trône. La salle présente l'aspect d'un grandiose décor comme il se doit. Le plafond est très haut. On remarque la forme des colonnes de style "ionien". Elles sont alignées par quatre le long de la salle, jusqu'au siège royal. A gauche des enfants, des murs gris qui émeuvent les visiteurs à peine entrés dans la salle. D'une couleur gris fade, le mur gauche contraste violemment avec les hautes fenêtres, situées près du plafond. En effet, elles portent des vitraux. Seule une fenêtre en bas des autres orne le tout. Elle ouvre sur le jardin où s'était déroulée une première rencontre entre la princesse et le Kokiri. Elle a dû être percée pour ajouter du piment à la salle. Qui ne voudrait en effet se pencher par la fenêtre pour admirer le jardin ? Pour couronner enfin l'ensemble, un grand tapis d'une rougeur voyante, constellé de quelques fragments de la Triforce. Le sol est pavé de triangles de la même couleur que le mur fade. Ces triangles se côtoient ensemble, les uns à leur emplacement normal (c'est-à-dire comme le sens des triangles dont la pointe va vers le haut), les autres à leur position inversée, s'incrustant entre les triangles pointés vers les cieux imaginaires. On peut penser qu'ils veulent fusionner ou s'opposer entre eux sans voir le dessus. La salle fait preuve d'un étrange mélange entre l'austérité et la magnificence. On a voulu montrer aux visiteurs l'humilité et la grandeur d'âme de la famille royale.

Bien sûr, Link se souvient de son effroi lorsque Ganondorf avait porté sur lui son regard empreint de méchanceté. C'était Zelda qui avait pressenti la menace du démon. Elle avait tenté de mettre en garde son père, qui ne l'avait pas écoutée. Celui-ci fut assassiné par le vil Ganondorf. Mais cela appartient au passé, du moins au futur... parallèle.

La première chose qui avait frappé Link lors de sa visite de la salle est l'ensemble des vitraux. Il avait trouvé cela étrange d'autant plus que le jardin est enfermé intra-muros par d'immenses barrières de pierres. Connaissant très bien la salle après plusieurs visites, il rend hommage aux architectes astucieux qui avaient haussé les fenêtres exprès, ceci afin d'obliger l'astre solaire à répandre sa chaleur bénie contre la pénombre de la salle. Il s'était rendu compte qu'à deux moments de la journée, la lumière du soleil pénètre poliment l'endroit. Le premier moment, c'est dans l'après-midi, le soleil éclaire le sol, faisant chatoyer les couleurs des vitraux qui aspergent les visiteurs. Le second moment, c'est lors du coucher du soleil, il éclaire alors quelques colonnes et le mur gris. La distance entre le jardin et les murailles du château est assez grande pour que le soleil puisse pénétrer les murs. Mais cela ne dure que quelques petites minutes. Link avait songé que les concepteurs de la salle avaient voulu souligner le court destin des habitants. Ils avaient aussi voulu insister sur la précarité du règne d'un souverain.

A cet instant, il n'y a personne dans cet endroit. Les enfants peuvent observer pleinement la couleur qui peint momentanément les colonnes ou les murs. Bien sûr, on a déjà allumé des chandelles en prévision du moment proche où le soleil mourra, décimé par l'orgueil des murailles du château. Les vitraux sont ornés de scènes de la légende de la Triforce. Leur histoire relate la création du monde, l'alliance entre les trois glorieuses déesses et la famille royale par l'intermédiaire de la Triforce, emblème sacré des rois et reines qui se sont succédés. Les scènes parlent bien sûr d'une terrible période de l'histoire du royaume d'Hyrule : le grand chaos. Personne n'a oublié ce moment horrible de l'histoire où le royaume était déchiré et avait failli disparaître de la main des malandrins qui l'infestaient. Cette période noire de l'histoire avait duré longtemps avant que n'arrivent les sauveurs providentiels sous la forme d'une personne royale et d'un valeureux héros. Le dessin insiste évidemment sur la beauté d'une personne royale et la force d'un héros. Pour finir, la légende des esquisses des vitraux montre la forme du trône entouré de trois magnifiques couleurs : vert, rouge, bleu. Sans aucun doute les déesses, Din, Farore et Nayru, qui portent le siège. Devant elles, des personnes symbolisant les races du royaume : Hyliens, Hommes, Gorons, Zoras, Kokiris... Ces personnes tiennent le bras levé, comme pour adresser leurs louanges aux déesses et les remercier d'avoir sauvé le royaume.

Ayant fini de contempler la beauté des vitraux, Zelda demande à Link :
- Tu es venu parce que tu voulais avoir d'autres soucis, n'est-ce pas Link ?
- On ne peut rien te cacher, princesse. Comment s'étonner de ta perspicacité et de tes rêves prémonitoires ?
- Toi aussi, tu as des songes prémonitoires... rappelle la fille.
- Enfin, je voulais m'évader un peu, prendre de tes nouvelles...
- Tu étais finalement venu après l'épisode du masque maléfique, fait malicieusement Zelda.
- Oui... J'ai cherché longtemps un ami, un ami très proche... Je croyais l'avoir trouvé... En fait, je n'avais que des combats à me mettre sous la dent, finit Link en rigolant.

Elle sourit à son interlocuteur puis :
- Le soleil se couche. Il faudrait penser à dîner. Tu me raconteras après.

Link opine du chef et suit la silhouette de la fille du roi.

Chapitre 5 : Le bibliothécaire et l'ancien soldat   up

Il sort par le pont-levis, suit le chemin descendant vers le portail d'entrée de la zone du château, à la faveur du coucher du soleil fatigué. Il se sent lourd, surtout avec sa sacoche accrochée sur son épaule, puis redresse son dos pour se sentir mieux. Il rajuste ses deux verres correcteurs. Il parvient enfin au devant de la porte et salue les soldats. Les soldats lui rendent son salut, tout en ricanant gentiment sur l'aspect famélique du myope personnage. L'un d'eux lui lance : "Hé ! faites attention ! La prochaine fois que vous porterez votre sacoche, vous serez dépassé par une limace !" L'autre ne relève pas la remarque et lui dit qu'il va y songer. Je ne leur en veux pas ! Je les aime bien... Après tout, ils font partie du service de Sa Majesté !

La place de la fontaine est déserte, hormis quelques gens qui brocardent sur le prix de marchandises ou des amis qui bavardent encore de peur qu'ils ne se voient plus longtemps. Notre personnage tourne autour de la fontaine, comme il aime à le faire, en tendant son bras pour sentir des éclaboussures. Il se sent moins fourbu... Il se dirige vers l'une des ruelles alors que le soleil est en train de mourir, vaincu par la lune qui soulève son oeil bienveillant. Cependant, il ne peut pourtant songer à retourner au château alors qu'il aurait aimé avoir un jour de congé. Devant la porte de chêne, il fouille dans sa sacoche pour retrouver la clé de l'immeuble. Il remue des feuilles dans son bric-à-brac, ne trouvant pas l'objet. Il est passablement irrité par sa fouille peu fructueuse. C'est dans cet état d'esprit qu'il se fait tapoter le dos par un inconnu.

Agacé par ce tour impromptu, il tourne à peine le visage et répond :
- Monsieur, je n'ai pas l'honneur de...
C'est alors qu'il remarque soudain la silhouette qu'il connaît très bien. Il prend un air ravi :
- Mais... c'est bien vous ?
L'inconnu, bien qu'à moitié caché par l'obscurité de la rue, esquisse un mouvement de sourire qu'on peut entrevoir (non par sa bouche ouverte avec des dents mais simplement par ses lèvres fermées qui miment un sourire) :
- T'aurais-je agacé ? Dans ce cas, je te prie de bien vouloir m'excuser, mon cher bibliothécaire...
- Sagatt ! Mais entre donc !

Le bibliothécaire ouvre la porte à l'aide de la clé qu'il a enfin retrouvée, et pénètre chez lui avec son ami. Dans la salle d'entrée, on peut apercevoir une grande table pouvant accueillir huit convives, quatre face à face. Une chandelle est posée sur la table. Derrière ce meuble, se trouve une sorte de commode où sont alignés assiettes, verres en faïence, quelques fourchettes en bois ainsi que des couteaux. Au fond de la salle, apparaît un escalier montant au premier étage. L'ami ne connaît que trop bien la salle qu'il a fréquentée voilà quelques temps auparavant. Pourtant, il ne peut s'empêcher d'essuyer une moue :
- Tiens ! tiens ! c'est curieux... La poussière est à peine visible sur la commode... Ta femme serait-elle partie ? Avec tes enfants ?
- Oui, avoue son interlocuteur.
- Je vois..., fait son ami d'un air moqueur.
- Elle est partie avec mes enfants dans son pays natal, rendre visite à sa famille. Moi, je ne pouvais pas me soustraire à mon devoir de bibliothécaire...
- Le roi serait-il devenu tyrannique à ce point pour t'infliger de horreurs pareilles ? dit son ami d'un air qui se veut horrifié, mais qui ne trompe pas le serviteur du roi :
- Ricane, ricane encore... Attends d'avoir fondé une famille et tu verras.

Son interlocuteur laisse tomber encore une fois un sourire et pousse ses pas vers le banc de la table. C'est un géant comparé aux Hyliens, mais il ne fait qu'un mètre quatre-vingt dix ou deux mètres. Il porte de légers vêtements bleus, sans manches, d'où sort sa ceinture d'une couleur chêne, et des bottes de petite taille teintées de noirceur. Il doit être grand sans être imposant et est musclé. Son visage présente des petits yeux noirs au fond de la blancheur de ses orbites. Il n'a aucun sourcil, ni cheveux, car il est chauve de naissance et par conséquent imberbe. Cependant, sur son front, on peut apercevoir une légère cicatrice rose, témoignage d'un combat acharné dans le passé. Il doit avoir une trentaine d'années et appartient à une race d'Hommes. Sagatt s'assoit sur le banc qui se présente à lui :

- Je suis désolé de te demander de la bouffe.
- Mais ne t'excuse pas ! s'offense son ami myope.
- Billo. Je t'aime bien quand tu prends un air offensé comme un guignol.

Billo, après avoir déposé son paquet encombrant, va au fond de la salle où se situe une cheminée et à côté, une table de cuisine avec une sorte d'évier. Ses meubles de cuisine se retranchent derrière l'escalier. Comment, moi Billo, je peux lui faire offense après tout ce qu'il a fait pour moi et ma famille ?

Car, lors de la précédente guerre d'Hyrule, il y a 10 ans, Billo avait été sauvé de la ruine par cet étrange soldat, qui n'était pourtant guère différent des autres salariés de l'armée. Sagatt s'était engagé dans l'armée d'où sont originaires la plupart des îles de sa contrée natale. Son armée était venue s'engager dans une guerre contre un quelconque seigneur qui avait mis Hyrule à feu et à sang durant une année. A la suite d'une opération de guérilla qui s'était mal terminée, Sagatt dut échapper à la mort avec ses compagnons en nombre réduit. Sur leur chemin, en vue de retrouver leur armée, ils avaient détroussé une petite bande de déserteurs de l'ennemi. Ils s'étaient partagé un honorable butin. Un jour, il dut sauver Billo et ses parents, une nouvelle fois de plus, des autres déserteurs et pillards. Non content de les avoir sauvés, il leur avait même fait présent du reste de son butin sous les moqueries de ses compagnons. De plus, il participa à une partielle reconstruction de la cabane de Billo, sans ses compagnons qui l'avaient quitté. Cependant, avant de les laisser, il avait promis de leur rendre visite, s'il sortait vivant du conflit, et il avait tenu parole. La guerre terminée, Billo put trouver un emploi de bibliothécaire chez le roi et Sagatt venait le voir souvent. Leur amitié s'était forgée.

Billo a fini de cuisiner et apporte une casserole en bois dans laquelle on sent l'odeur des lentilles, endives et deux boudins noirs. Il la dépose sur la table avant que Sagatt ne se penche sur la casserole.

- Mm... (il hume délicatement). Que ça sent bon ! Cependant, tu sais bien que je ne suis pas très chaud pour mâcher des lentilles...
- Je sais bien. J'ai presque l'habitude de les préparer depuis que ma bien-aimée est partie, hoche Billo.
- Hé ! hé ! hé !

Pendant le repas, Sagatt explique à son ami qu'il est présent dans la cité depuis cinq jours, ce dont ce dernier s'indigne, arguant qu'il aurait pu héberger l'ancien soldat durant ces jours. Ce à quoi Sagatt soupire, il boit une gorgée de vin puis répond qu'il attendait le moment où un petit inconnu viendrait à la capitale, comme on le lui avait prédit. Billo soulève ses sourcils :

- Qu'est-ce que c'est que ces prophéties dont tu me parles ?
- Ces prophéties qui te rendent sceptique sont le fait d'une des meilleures amies de ma mère (qui est morte l'an dernier, que les déesses la bénissent). Elle avait bien voulu me révéler le contenu de sa sagesse... Elle me disait que l'an viendrait où un héros viendrait débarrasser le monde du futur tyran. Que ce héros serait originaire de la tribu kokiri. Je n'avais pas douté de la véracité de ses prophéties (car certaines se sont réalisées, quoiqu'elles ne concernaient que des faits divers...). Elle m'avait pourtant mis en garde sur le fait que les prophéties se réaliseraient qu'à UNE condition, que les... les... heu... enfin, que ceux qui sont concernés font exactement selon leur propre initiative...
- Mm..., hoche doucement Billo, sans comprendre où son ami veut en venir.
- Pour finir, elle m'avait donné deux indices : primo (Sagatt soulève son index), cela se passerait cette année. Secundo... le tyran viendrait du désert et il y serait le maître...
- Du désert ? coupe son auditoire, puis : mais il ne s'agit pas de Ganondorf ? Je crois que si, car il est le seul vassal du désert et seigneur de la race des Gerudos à rendre hommage à notre roi.

Un petit silence suit la mine surprise de Sagatt, sur ce Billo s'empresse de conclure :
- Je suis désolé... mais ce seigneur a disparu voilà un an... sans laisser de trace...
- Un an !? Mais, ça devait être cette année... Sagatt s'interrompt soudain avant de s'exclamer :
- Mais oui ! Que je suis vraiment con ! (Il se tape sur le front) Nos calendriers ne sont pas les mêmes ! Tu sais sans doute que le mien est décalé d'un an par rapport à votre calendrier, à vous Hyliens... J'ai mal interprété les propos de ma marraine (ce nom reflète le lien profond qui lie une personne à une famille - une famille donne le titre de "parrain" ou de "marraine" à une personne qui est la meilleure amie d'un parent). Quoi qu'il en soit, les deux couillons que j'ai engagés il y a quelques jours n'ont pas eu le courage de m'avouer qu'ils ont perdu mon... Kokiri.

Il explique qu'il avait recruté deux bonhommes à l'aspect ordinaire dans le but de repérer un éventuel Kokiri. Il souhaitait tester les capacités de l'habitant de cette tribu. Il avait été satisfait de la tournure dont ont été victimes ses employés. Il avoue qu'il pensait mettre la main sur la naissance du héros jusqu'à l'aveu de Billo, aujourd'hui. Il apprend ensuite que Ganondorf avait apparemment été disgracié par le roi et relégué au fin fond du désert. Le géant exprime un profond bâillement, puis met son majeur dans l'une de ses oreilles afin de la gratter. Pour finir, il souhaite se coucher car il est très très fourbu.

Billo exauce ses voeux et lui montre la chambre d'ami à l'étage supérieur, peu utilisée. Lorsqu'ils se sont souhaité bonne nuit, le bibliothécaire songe aux aventures que Sagatt lui avait contées, il y a neuf ans. Il avait appris que la guérilla avait mal tourné à cause de deux étranges créatures. Ces monstres offraient une telle force que la compagnie du soldat Sagatt n'avait pu résister à leurs offensives. Sagatt et ses compagnons ne devaient leur vie qu'au désintérêt de la part des créatures. En effet, les monstres les avaient laissés partir. Après l'intermède du sauvetage de Billo et à la différence des rescapés qui n'avaient pas voulu tenter cette chance, Sagatt décida de venger ses autres compagnons décédés. Il avait ensuite traqué les deux puissants criminels. Il les avait éliminés au moyen de sa ruse et de son intelligence, on ne sait comment. Il finit sa vie sur son île comme policier. Billo ne sait que penser de ce récit mais une chose est possible : il lui doit la vie et se doit de l'honorer si possible. "Là encore, mon ami semble vouloir encore poursuivre ses folles enquêtes au lieu de faire tranquillement son métier !", ne peut s'empêcher de sourire Billo.

Sur le seuil de sa chambre, une interrogation subsiste : comment sait-il que ses employés lui ont menti ? Les a-t-il surveillés ou m'a-t-il raconté de gentils bobards ?

Chapitre 6 : Du sang sur l'île sacrée   up

Les vagues répètent leur immersion sur le sable, faisant ondoyer un bruit de grondement. Le vent est frais, il souffle fort des océans. Le sable est noir. Il y a des rochers autour, dont un grand amas forme une sorte de nez. A côté de cet amas, se trouve une grande plage avec, en quelques endroits, des bribes d'herbes. Les crabes viennent pondre leurs oeufs avant de se retirer dans le silence de la mer. Il y a peu de mouettes car elles dorment profondément. Mais les habitants qui y vivent ne sont pas très nombreux et pour cause : on se trouve sur l'île sanctifiée par les Sheikahs.

Plusieurs étoiles inondent le ciel. Les unes brillent, les autres se font discrètes. On racontait que les étoiles sont le reflet des âmes immortelles. C'est pourquoi on pensait qu'elles semblent être des milliards pour accueillir des milliards d'âmes. Une étoile filante fuse. On ne voit aucun signe de vie à l'horizon qui est noir.

Une femme assise les jambes croisées, les poings sur les genoux, observe attentivement les étoiles avant de tomber dans une profonde méditation. Ce n'est pas une simple femme comme les autres. Elle est l'unique survivante d'une race de Sheikahs en voie de disparition. Elle avait nourri pendant des années une jolie princesse au nom doux : Zelda d'Hyrule. Elle se prénomme Impa. Avant de venir s'établir sur l'île, elle a prévenu sa princesse comme à l'accoutumée qu'elle resterait là le temps qu'il faudrait. Lors de la prime enfance de la future reine, Impa avait eu l'occasion de venir méditer et de se fortifier selon les arcanes de la sagesse des Sheikahs. Elle pouvait y rester un jour ou un mois selon le temps qu'elle estimait nécessaire. Elle avait quitté Zelda un jour avant que Link ne regagne le château. Elle espère rentrer le plus tôt possible pour ne pas laisser Zelda à sa solitude dans un endroit peuplé de courtisans avides de reconnaissance malgré la présence du roi. Oui elle rentrerait au plus tôt, se répète-t-elle.

Elle finit sa méditation et se lève. Elle sait qu'une tortue géante l'attend afin de la ramener sur la terre ferme. Elle commence à marcher quand un bruit se fait sentir. Ce bruit n'est pas le fait d'un animal de l'île ou de quelque mammifère isolé. Il est le signe d'un pas hostile. Des pas s'approchent, faisant lourdement peser la force du mystérieux personnage.

D'abord, elle discerne mal la silhouette puis, petit à petit elle peut enfin apercevoir de qui il s'agit. L'homme mystérieux porte un ensemble d'armure de guerre. Ses pieds sont ferrés, ses avant-bras également. Le cou est protégé par une sorte d'énorme collier de fer qui l'enserre fortement. Seules ses mains ne sont pas munies de gants de fer. Il porte un casque sans cornes, qui cache à peine ses sourcils barbus et complètement ses oreilles d'humain. Sa barbe est touffue de poils qui semblent avoir le dessus sur son casque. Il a un gros nez. Est-ce que c'est bien un nez d'ivrogne ? Le personnage à la boîte de conserve sourit plein sa gueule. Il prend la parole :

- Salut ! Alors comme ça on se promène ? Serais-tu moins seule ?

Impa laisse venir les remarques sarcastiques du personnage. Elle se demande cependant comment elle n'a pas pu ressentir sa présence. Peu importe... Je me dois de le chasser, cet effronté, sur-le-champ.

- Qui que tu sois, tu souilles l'île sacrée. Va-t'en.
- Ooooh..., s'ébaudit l'interpelé avant de finir : Je n'ai certainement pas souillé l'île si ce n'est que j'ai juste pissé dessus. Tu comprends ? Je ne pouvais même pas souiller la mer !

Un court instant passe avant que le barbu ne reprenne :

- Et d'ailleurs, les animaux qui pondent ici ne souillent-ils pas TON île ?

Impa ignore cette remarque et ferme les yeux. Elle ne peut pas supporter d'entendre l'impromptu personnage proférer des idioties. Elle lance ensuite à son interlocuteur que s'il ne quitte pas l'endroit immédiatement, il aura à faire face à de graves conséquences. Ce à quoi le barbu dit qu'il est désolé de profaner le lieu mais qu'il ne peut pas le quitter, vu qu'il n'y a pas de barques à l'horizon.

- Très bien. Je t'aurai prévenu ! répond Impa en tenant sa posture d'attaque.

Elle n'a pas remarqué l'apparition de la grande hache dans la main droite du barbu :

- Avant que tu ne me tues, permets que je me présente : Salbruttus, pour vous servir...

Salbruttus s'élance soudain, la hache en avant, vers la combattante. Elle ne peut s'empêcher de trouver l'attaque du barbu vraiment idiote mais elle se doit d'être vigilante. Quel suicide, cet imbécile ! Foncer sur moi ! Au moment où l'arme s'abat sur sa tête, Impa se baisse un peu pour poser violemment son genou sur le ventre, malgré l'armure.

La hache vole un instant avant de retomber dans un bruit sourd sur le sable. Salbruttus met aussitôt ses mains sur son ventre armuré tout en crachant du petit vomi. Cet inconnu s'assoit sur ses genoux tandis qu'Impa le dévisage d'un air méprisant et digne. Elle le voit s'emparer du poignard accroché à sa ceinture de fer. Apparemment, il veut encore m'attaquer malgré le fait qu'il refuse de reconnaître sa faiblesse ! Elle soupire en pesant le moment où elle aurait à le jeter dehors après l'avoir neutralisé.

Cependant, le barbu se soulève lentement en essayant de sortir son arme de son fourreau, en croyant qu'elle ne verra pas son poignard à cause de l'obscurité de la nuit. Non loin de là, une hache se soulève lentement puis lévite silencieusement en l'air... Puis elle s'élance tout droit vers la Sheikah, arme à l'horizontale. Elle n'a pas d'incidence sur le bruit du vent qu'elle provoque, comme si elle était programmée pour être immunisée contre le bruit. Elle s'approche silencieusement et dangereusement d'Impa au niveau de la taille.

Salbruttus se met subitement debout en baissant son bras vers la figure de la nourrice de Zelda. Celle-ci est en train de parer aux traîtrises du poignard lorsqu'elle reçoit un choc violent sur son côté droit. La hache a sectionné sa hanche, lui découpant une entraille.

L'arme de la perfidie finit dans la main de Salbruttus qui ricane méchamment. Impa ne peut que tomber par terre, le genou droit posé sur le sable. Elle tient douloureusement sa hanche ouverte par l'arme tandis que du sang coule de plus en plus. Non ! Je l'ai sous-estimé ! Il n'est pas qu'un pis-aller ! Puis, elle a assez de forces pour se tenir à distance de son agresseur.

Je perds trop de forces ! En effet, on peut voir le sang saliver de la bouche de la Sheikah. On peut aussi observer une traînée de taches rouges entre la nourrice et la brute. Il faut que j'utilise mon pouvoir pour me téléporter chez Zelda selon les arcanes des Sheikahs. Au moment où elle l'utilise, elle réalise soudain que quelque chose ne va pas.

Mais !? Pourquoi je n'arrive pas à me téléporter ? Elle constate ensuite qu'autour d'elle et de Salbruttus, une ligne blanche et lumineuse trace un arc, un demi-cercle... pour finir un cercle. Elle comprend. Elle comprend encore qu'elle est perdue. Une voix fuse :

- Ho ho ho ! On dirait que tu fais moins la reine de mes deux ! Je suis fier de vous présenter mon terrible pouvoir : le cercle de la peur. Joli nom, non ?

Il explique ensuite que son cercle a pour fonction de paralyser les pouvoirs de ses adversaires quelques courts moments.

C'est alors que Salbruttus saute en l'air, la hache entre ses mains dans l'intention d'achever sa proie. Impa, n'ayant rien à perdre, arrache son médaillon de son cou. Ce médaillon n'est porté que lorsqu'Impa est séparée de Zelda. La nourrice guerrière lance rapidement son bijou tout en espérant que son futur meurtrier ne le verra pas. Le médaillon tombe sur un rocher pour finalement glisser de la pierre et être noyé par les vagues. Impa n'a pas eu le temps de voir la hache s'abattre sur elle. Elle a soudain une vision noire, silencieuse, ténébreuse...

Une demi-heure plus tard, les vagues choquent la plage et les rochers, des étoiles scintillent encore. Tout n'est que silence... Tout est vide sur l'île sauf le brutal guerrier.

La dernière des Sheikahs, la nourrice bien-aimée de la princesse, la fière guerrière, le sage éventuel de l'ombre finit dans l'estomac de Salbruttus qui rote...

Chapitre 7 : Nuit agitée   up

Les torches flambent, faisant danser de sinistres ombres au milieu de petites colonnes le long du couloir. Le couloir est parsemé de minuscules fenêtres. Il a un sol froid, gris et un plafond rond. Par les fenêtres, on peut apercevoir la plaine d'Hyrule, le ranch et la ville basse. On peut admirer des milliers d'étoiles qui scintillent. Nuit d'étoiles qui pullulent le ciel, plaine silencieuse où ne vit aucune âme à part de minuscules insectes, ville hébergeant des habitants endormis ou ronflant... Seuls des insomniaques, des surveillants ou des gens en mal de sommeil ou de bouffe peuvent rester éveillés une grande partie de la nuit. Un enfant est de ce nombre.

Cette nuit-là, Link déambule dans le couloir à la recherche de quoi se rassasier, sinon de s'asperger la gorge d'eau fraîche. Il traverse la salle, ne prêtant aucune attention aux fenêtres qui vous tendent les bras. A droite du couloir aux mille torches se trouve un escalier en colimaçon descendant vers des étages inférieurs. Le Kokiri descend. Oh la la ! Je n'arrive pas à dormir ! Link se remémore ensuite le repas arrosé avec son amie Zelda et son père, au milieu des tables où les courtisans prenaient place. Les deux mômes se racontaient de petites anecdotes qu'ils avaient vécues. Bien évidemment, le garçon à la tunique verte n'avait pas osé conter ses mésaventures à la princesse ! Il lui avait simplement parlé des journées où la routine l'occupait dans le village Kokiri. Au terme de ce fastueux dîner, les petits s'étaient séparés et Link reçut une chambre d'invité. Au cours de la nuit, ne trouvant pas le chemin du marchand de sables, il décida de quitter son lit douillet afin de chercher de quoi se rafraîchir.

Deux étages peut-être, sinon trois ou même quatre, Link a fini par franchir la salle où doivent se trouver des restes de nourriture. Il a croisé des soldats somnolant. Malgré sa lassitude, il s'est amusé à poser son index sur l'une de leurs hanches, ce qui eut pour effet de faire sursauter l'un des gardes. Ce soldat l'a traité de petit con avant de reprendre sa ronde. Link s'est bien amusé, cependant il se demande si la plaisanterie ne l'a pas empêché de dormir. Tant pis ! Il est à présent dans la cuisine.

Une grosse table ronde gît au centre de la grande salle. Près de cette table se situent deux grosses cheminées qui accueillent encore une marmite et quelques fagots mal éteints. Une bougie éclaire faiblement l'endroit, les autres ayant été éteintes. Il y a aussi des étagères de pots qui contiennent divers produits culinaires. Entre deux étagères en bois trône une fontaine à la forme d'un lion crachant un flot d'eau dans un mini-bassin. Cette sculpture est abîmée, attestant du nombre d'utilisations par les cuisiniers. C'est vers cette fontaine bénie pour Link, que ce dernier s'approche quand il aperçoit un léger mouvement dans la pénombre. Un adulte semble se réfugier derrière une des cheminées, derrière cet inconnu, une porte basse couronne le tout.

Il ne bouge toujours pas. Bien que n'ayant aucune arme à portée de la main, mu par la curiosité, notre héros s'approche discrètement. Il s'arrête lorsqu'il constate enfin la forme. J'ai l'impression que cet inconnu m'est familier ! Il reprend son approche. Il s'immobilise encore une fois en remarquant une forme ronde pendue à une des mains du charmant inconnu. Celui-ci bouge enfin son bras d'où ladite forme se balance légèrement. Il fait aussi un pas laissant entrevoir son visage, son torse, son ventre, ses jambes, ses pieds. Link est surpris de le voir ainsi.

Le personnage en question n'est autre que son sosie adulte ! Il porte bel et bien son éternel bonnet vert, son habit vert, ses gants rouges, ses bottes marron, ses boucles d'oreilles. Il présente un aspect flegmatique, silencieux, ses yeux semblent s'enfoncer dans le corps de son petit frère. Il tend soudain son bras. Le vrai Link ne peut qu'écarquiller les yeux.

La main du sosie tient... la tête de la princesse Zelda.

Pourtant, à la voir de près, ce n'est pas la petite princesse qu'il a toujours connue. C'est plutôt une tête d'adulte, le visage d'une jolie princesse du futur parallèle. La tête vous ferait frémir d'angoisse car elle semble être vivante, vous regardant de ses yeux empreints de pitié, sa bouche toujours ouverte mais sans langue. Cependant, sa bouche n'est pas tâchée de sang. Peu importe, le petit n'en peut plus. Il recule fébrilement jusqu'à la table pendant que le sosie sourit férocement tendant toujours la tête vivante de Zelda, et se dirige tout droit vers le petit.

Avant qu'il n'ait pu lever les bras pour se cacher les yeux, Link remarque effrayé que la tête devient soudain sombre. Zelda fronce les sourcils. Ses yeux brillent d'un éclat de lumière jaune, de même que de sa bouche jaillit une lumière jaune. Elle le regarde méchamment, faisant bouger sa bouche. Le Link adulte ricane.

C'est décidé ! Il se cache finalement la vue mais l'autre lui crie :

- Non ! non ! et non ! Réveille-toi ! Regarde-moi ! Hyah hyah hyah !

La lumière émise par la princesse s'approche de plus en plus tandis que Link tient toujours ses mains pour cacher son visage. Malheureusement, Link n'a pas d'autre choix que de jeter un coup d'oeil par la fente entre ses deux mains. Il constate terriblement effrayé que Zelda ouvre énormément sa bouche, dents pointues pour le dévorer vif.

Noooon !!!

Il se lève en sueur criant, son visage également en sueur. Il halète. Il remarque soudain qu'une boule de lumière se meut de haut en bas, de gauche à droite. Il remarque aussi qu'il est encore dans son lit. Il comprend que la boule qui se meut n'est autre que son amie Navi, la petite fée.

- Navi !
- Enfin ! Ce n'est pas trop tôt ! J'ai essayé de te réveiller de ton cauchemar. Ça a été trop long pour te réveiller !
- Ouf ! je n'ai fait qu'un terrible cauchemar...

Il essuie son front puis :

- Mais toi Navi ! Où étais-tu passée ? J'avais besoin de ton amitié.

On aurait pu croire qu'au fond du halo de lumière, une autre lumière rougissait.

- J'ai droit à ma vie privée, non ? Moi aussi, j'avais besoin d'une autre amitié mais... chaleureuse, douce...

Link ne redit rien et se laisse tomber dans ses oreillers. "La matinée va être éprouvante", dit le petit avant de finir par un gentil rire.

- Je comptais te faire la surprise en te laissant te réveiller ce matin, mais j'ai constaté que tu faisais de mauvais rêves...

Puis, la fée se précipite vers le bonnet de Link, posé sur une table de nuit, en s'y réfugie pour prendre un sommeil bien mérité. Link n'a rien à faire et tombe dans le sommeil, sans cauchemar cette fois.

Link et Navi, cachée sous le bonnet, attendent devant la porte de la chambre de Zelda. En effet, la fille lui a demandé de se tenir prêt le matin. La porte est ouverte par une fille de compagnie de la princesse, souriant à Link, un peu gênée d'entrer dans l'intimité de Zelda. Mais il n'en tient pas compte. Zelda est assise sur son tabouret, habillée d'une robe, les cheveux pendant le long de son visage et de son cou. Elle n'a rien à voir avec l'autre que j'ai rencontrée dans mon maudit rêve ! La Zelda enfant se lève pour lui demander s'il a bien dormi. Link y répond favorablement, avec hypocrisie pour une fois, tout en laissant entendre qu'il a retrouvé une petite compagne. Zelda a compris l'allusion à la fée. Elle le prie de bien vouloir attendre avant qu'ils ne prennent une collation par cette douce matinée. C'est à ce moment qu'une femme de service se précipite dans la chambre au bord des larmes :

- Princesse, un grand malheur est arrivé !

Chapitre 8 : Meurtre à la bibliothèque   up

Un bonhomme est étendu sur le ventre. Son visage d'une cinquantaine d'années semble montrer un rictus de souffrance. On peut observer que ses yeux semblent sortir, comme s'il avait souffert avant de passer de mouvement à l'immobilisation. Ses mains sont crispées, signe d'une douleur subite et soudaine. Ses jambes ont l'aspect de pattes de grenouille. Il est habillé d'un pourpoint couleur marine, d'une ceinture légère et rouge, d'une culotte en bas de laine et de chaussures couleur café. Sa bouche reste ouverte.

Le corps est resté là, sur du marbre. Ce marbre porte des carreaux noirs et blancs qui s'étendent sur la salle ronde de la bibliothèque. Bibliothèque qui n'a pas de tables de travail mais d'imposantes étagères avec des petites échelles posées sur leur façade. Les étagères sont alignées par huit. Si on pouvait léviter, on verrait que l'ensemble des étagères a la forme d'une étoile, mais que ces armoires nanties de volumes ne se touchent pas au centre. Le malheureux se trouve près de la porte menant à l'autre bibliothèque, réservée aux archives et livres secrets. La porte lourde, carrée, munie de barres noires, a été ouverte. Bref, le corps se situe en face de cette porte. A l'autre bout de cette porte, en face de celle-ci, une autre porte, énorme à deux battants. Sur son seuil, deux soldats tiennent en garde une petite foule curieuse à l'aide de lances portées à l'horizontale. Un petit brouhaha se fait sentir là-bas.

Les yeux du mort s'obstinent à regarder vers le sol et non vers le plafond rond où est accroché un énorme chandelier de seize bougies. A gauche du cadavre, des fenêtres gardent des vitraux dénués de scènes aux couleurs chatoyantes, comme c'est le cas à la salle du trône. A droite, un mur jaune pâle se tient tristement.

Deux enfants et un adulte se tiennent à peu de distance de l'inanimé. L'adulte en question a une moustache dont les pointes sont portées à l'angle droit. Il porte le même type de vêtements que le cadavre à la différence près qu'il arbore une courte cape rouge, signe de son importance sociale. Il tient encore un bâton bien taillé, dont le bout est recouvert d'un diamant vert. Ce bizarre bonhomme au nom atypique d'Enqvus regarde attentivement son pendant mortifié sur le sol, puis dit aux enfants en inclinant le torse :

- Princesse, je suis heureux de constater que vous vous intéressez à mon humble occupation de chef de la police du palais royal. Cependant, je me permets de vous faire remarquer que ce n'est pas un joli spectacle pour une enfant royale.
- Monsieur, je vous remercie de votre prévoyance. Mais je vous ferai aussi remarquer que je suis appelée à tenir un jour les rênes de notre royaume. Par conséquent, une future reine telle que moi se doit de supporter un pareil spectacle qui pourrait se reproduire à l'avenir.

Link admire la réponse douce et ferme de son amie royale, même qu'avant de venir dans la salle du funeste meurtre, Zelda avait dû apaiser les pleurs de sa femme de service. Voir une enfant apaiser une adulte éplorée et peureuse donnait une impression bizarre, car on aurait pu supposer le contraire. Ensuite, la princesse avait décidé de se rendre à la bibliothèque où un malheur s'était produit, d'après les dires de la femme entrecoupés de lamentations sur les malheurs à venir et d'invocations aux déesses.

Le héros du temps et le sage royal avaient traversé couloirs, salles et antichambres. A deux pas de leur destination, ils avaient croisé un chambellan accompagné de six soldats munis de lances ainsi qu'un capitaine. Ce chambellan ne les avait pas remarqués, ce qui est peu étonnant vu que plus en plus de personnes se pressaient vers l'une des salles attenant la bibliothèque. Il allait sans doute faire son rapport à Sa Majesté sacrée. Les soldats préposés à la garde de l'entrée de la bibliothèque avaient bien voulu laisser passer les enfants. En entrant, ils se retrouvèrent nez à nez avec Enqvus, qui était en train d'inspecter les environs du cadavre.

Interloqué par la réponse de la princesse, Enqvus riposte doucement :

- Très bien. Si telle est la décision de la princesse. Cependant, encore une fois, ce n'est, semble-t-il, pas le cas de notre ami, ici présent.
- L'ami que vous citez est un ami qui m'est cher. Donc, je vous prie d'être moins méprisant envers Link.

Enqvus porte la main gauche devant sa bouche tout en marmonnant des "ahem ! ahem !". Il recule d'un pas en s'inclinant devant la princesse, en signe de soumission hypocrite, puis il se tourne vers le cadavre. Les amis avaient remarqué d'un rapide coup d'oeil en rentrant dans la salle que sur le dos de ce corps avait été planté un couteau, comme s'il s'était agi d'un drapeau affirmant sa victoire sur une terre perdue.

N'ayant rien à faire et laissant le travail à ce méprisant Enqvus, Link et Zelda quittent la salle en s'engouffrant dans une petite foule qui s'ouvre par respect envers la princesse. Tout en se promenant, Zelda d'Hyrule demande à Link :

- Dis-moi. N'as-tu pas remarqué quelque chose à propos du couteau ? sourit la princesse d'un air soucieux.
- Oui. Cette arme n'est pas une arme des environs de la ville. Je l'avais déjà vue lors de mes aventures à la forteresse Gerudo. Elle ressemble trop à ce que j'y avais vu.

Un petit silence interrompu par Zelda :

- Oui et...

Maison de Billo

Sagatt est assis comme à l'accoutumée sur un banc. Ses bras sont posés sur la table, tenant une cuillère en bois. Proche de cette cuillère, se tient une bougie qui éclaire faiblement la salle d'entrée. Il est en train de manger une soupe de laitue quand entre son ami.

Billo semble être éprouvé par un événement dont n'a pas pris connaissance le géant. Le visage de Sagatt interroge la raison de l'accablement du myope. Ce myope, en essuyant ses verres, consent à lui répondre, assis sur l'autre banc :

- Sagatt... Un malheur est entré dans le château... Mon assistant de bibliothèque a... été assassiné...

Sagatt ouvre ses oreilles, attentivement, priant son ami de bien vouloir poursuivre. Billo lui décrit la position du mort et le poignard planté dans son dos. On lui a dit que le meurtre avait dû se passer la nuit précédente et on a supposé que c'était en rapport avec la petite bibliothèque interdite aux autres personnes. Un soldat n'a découvert le corps qu'à l'aube qui vient de s'étirer. Il finit son récit en lui disant que des enfants, dont un Kokiri, étaient présents dans ce lieu, ce matin.

- Intéressant..., fait Sagatt dont on peut voir les yeux briller d'excitation dans la perspective d'enquêter, ce qui ne sera guère réalisable puisqu'il n'a aucune occupation officielle au palais et donc à ce titre, il n'est pas autorisé à y pénétrer. C'est pourquoi Sagatt murmure doucement à son interlocuteur :
- Mon ami. Je crois que le moment est venu d'élucider le trépas malheureux de ton assistant. Je parie que les enquêteurs ne seront pas disposés à te divulguer leurs informations sur l'avancée de l'enquête... N'est-ce pas ?
- C'est vrai, admet Billo.
- Il ne nous reste qu'une solution : pénétrer là-bas et y enquêter secrètement.
- J'aimerais bien mais je ne vois pas comment tu pourrais y pénétrer sans moi. Moi qui ne sais rien du travail de la police.
- Heu... je crois savoir que tu auras besoin d'un nouvel assistant... (Sagatt pose les doigts sur sa bouche comme un enfant timide). Les assistants, m'avais-tu dit, sont parfois irremplaçables et... c'est plus difficile pour toi de poursuivre ton métier sans leur aide.

Billo reste perplexe un instant puis s'exclame :

- Oh non ! Grandes déesses ! Pas ce procédé-là !

Mais Sagatt sourit toujours timidement, les mains jointes cette fois devant ses lèvres.

Retour au Château d'Hyrule

Un petit silence interrompu par Zelda :

- Oui et... j'ai aussi vu un sigle, sur le manche de l'arme. Et je le connais très bien pour l'avoir vu plusieurs fois. Il s'agit du sigle du seigneur du désert... Ganondorf...

Chapitre 9 : Début d'enquête   up

Sagatt et Billo sont dans la salle du meurtre. Le corps a été évacué en un endroit tenu secret par des enquêteurs. Autour d'eux, des personnes sont en train de consulter des livres ou des parchemins avant de pouvoir aller dans une salle de lecture. En apparence, elles sont moins nombreuses que d'habitude, ce qui reflète la nervosité et la superstition des personnes venant à la bibliothèque, la peur d'être attrapé par un malheur dont ils n'ont pas connaissance.

Le géant soupire et dit :

- Mon cher... Tu me dis que ton assistant, Villo, n'aurait pas d'ennemis. Pourtant, tu viens de me dire qu'il est par nature susceptible et qu'il aboie même après des personnes ayant oublié de rendre des livres ou les ayant abîmés...
- Oui. Oui. Mais, je le côtoie et travaille à ses côtés depuis bien longtemps... (Le bibliothécaire se tord les mains à l'idée que Sagatt soit accusé d'imposture ou craint que son ami ne mène son enquête à bien.)
- Bon... même si on croit les connaître, en fait, on peut se faire baiser par quiconque qu'on croit être son ami...
- Modère ton langage, je t'en prie ! On est dans un palais ! s'empresse Billo.
- Excuse-moi mon cher ami... s'incline en souriant l'ancien soldat.

Ils avaient bien des difficultés à faire accepter Sagatt dans l'enceinte du palais. Le secrétaire du chambellan s'était méfié de l'irruption du géant se disant être le nouvel assistant de Billo, au lendemain du meurtre de Villo. Comme s'il avait soupçonné Billo de favoritisme pour intégrer un de ses proches ! Heureusement, l'autorité de Billo, qui connaît bien son métier de bibliothécaire, et les arguments du géant expliquant qu'un nouvel assistant avait été prévu en vue d'un stage, avaient convaincu le secrétaire, sans plus.

C'est ainsi que les amis se retrouvent dans le pays des livres et des rats de la bibliothèque. Le nouvel assistant demande encore :

- Dis-moi... Tu as des nouvelles de l'enquête, il y a quelques heures...
- Non, mais ils sont en train de procéder à l'autopsie du... corps, d'après mon ami de l'entourage du vétérinaire.
- Ah... et les résultats des empreintes ?
- Les empreintes ? Non, pourquoi ? Fallait-il en avoir ? s'étonne Billo.
- Vous ne relevez pas les empreintes ?!, s'exclame son ami, les yeux exorbités, et indigné par l'amateurisme des enquêteurs, dans un palais en plus ! Alors ça, c'est incroyable !!!
- L'autopsie n'est autorisée que depuis peu, depuis le jour où l'un de nos rois avait été empoisonné. Grâce à son autopsie, on avait découvert le coupable.
- Oui... J'ai aussi entendu parler de cet empoisonnement.

Sagatt trouve absurde qu'on puisse conduire l'enquête avec une autopsie mais sans relever les empreintes.
- Cependant, là d'où je viens, il y a un nombre élevé de vols, dans une île où l'occupation se réduit à la pêche monotone. Mon île est un point de passage important avant un voyage vers d'autres horizons, donc pas étonnant que des voleurs avides puissent dépouiller des passants et qu'on relève des empreintes pour les confondre ! Pendant que j'y pense, c'est vrai que dans la cité royale, les habitants sont aussi sages que des demoiselles d'honneur !
Tout en pensant rapidement, Sagatt intercepte discrètement l'espionnage d'un enfant qui se tient derrière une étagère, en train de consulter un livre. Cet enfant, qui doit être âgé de dix ans, regarde à la dérobée le couple de bibliothécaires. Il doit avoir quelque chose à se reprocher pour qu'il veuille nous espionner, ma parole ! se dit Sagatt.

- Bon. Mon cher, quoi qu'il en soit, je vais aller questionner notre vétérinaire sous un prétexte futile : il n'aurait pas rendu un livre. Pourrais-tu être assez aimable pour me dire l'endroit où il officie ? questionne Sagatt avec un sourire féroce.
- Sagatt ! s'effraye Billo.

L'homme tapote l'épaule du myope hylien, puis se dirige vers l'entrée du couloir sans lever le regard sur l'enfant qui met aussitôt son nez dans le livre. Je vais bientôt te cuisiner, mon enfant ! Je vais enfin savoir si tu as quelque chose à voir avec le meurtre. Sagatt quitte la bibliothèque pour aller à l'endroit où officie le vétérinaire, sur les informations de Billo.

Chambre de Zelda

Link est là, avec son amie ainsi que la fée Navi. Il n'y a personne d'autre dans la chambre à part le trio. Ils sont là en silence, un silence entrecoupé de pas dans le couloir attenant la chambre royale. Link tue le silence en demandant :

- Puisque nous savons que la menace du vil Ganondorf se précise, qu'allons-nous faire ?
- Pas de conclusions hâtives, répond la princesse. Certes, nous avons vu la marque de ce misérable. Pour autant, Ganondorf ne s'est peut-être pas échappé de la prison. Ça peut être un de ses serviteurs qui voudrait se venger. De plus, je ne reçois aucune prémonition de la menace qui nous pèse.
- Oui... mais nous n'allons pas attendre que l'ennemi nous attaque, remarque Navi.
- Sans doute. Encore faut-il savoir où nous devons l'attaquer, précise l'intelligente princesse.

De nouveau, un silence revient se venger. Ils restent là sans bouger, évitant de se regarder, se demandant quelle stratégie mener. Ils entendent soudain un bruit derrière la porte. Quelqu'un frappe à la porte. Zelda fait entrer un capitaine qui demande avec mépris :

- Princesse. Nous amenons trois pêcheurs qui veulent vous dire une chose. Nous les aurions empêchés de vous approcher si l'un d'eux n'était votre ancien serviteur.
- Qu'ils entrent, ordonne la princesse.

Trois pêcheurs, barbus, hyliens, vêtus d'une modeste condition, pénètrent, un béret souple à la main. Ils semblent effrayés par la situation qu'ils ont vécue.

Chapitre 10 : Le vétérinaire   up

Ayant pris la parole pour ses deux compagnons, le vieux barbu imposant dit :

- Princesse. J'étais cuisinier de poissons pour la table de Sa Majesté. Je m'étais retiré loin dans l'extrême nord, près de l'île de la neige, Anchoia. Nous étions en train de pêcher des morues...

Ainsi va l'histoire que conte le vieux pêcheur. La princesse, loin d'être lasse par une plainte de ses sujets, les écoute aimablement et attentivement, les encourageant à poursuivre. Les pêcheurs ne se font pas prier pour continuer. Link les écoute aussi, attentif. Navi, quant à elle, s'est cachée sous le bonnet du Kokiri.

Les pêcheurs étaient dans une grande barque, en train de fouiller les profondeurs des champs de l'océan à la recherche de morues, il y a alors huit jours. La pêche se situait non loin d'un énorme iceberg de neige. On dit que l'iceberg pouvait soutenir la comparaison avec la plaine d'Hyrule et le lac Hylia réunis. Les deux compagnons fouillaient la mer pendant que l'autre somnolait. Ils avaient ensuite vu les nuages de l'aube au-dessus de l'iceberg se dissiper lentement pour faire apparaître un phénomène bizarre. Ce phénomène avait la forme de deux lignes se chevauchant. Ces lignes avaient la longueur du mur de l'iceberg. Elles étaient donc assez grandes pour être vues à distance. Le vieux était perplexe et un peu effrayé par le phénomène qui semblait être collé au ciel. Ce ne fut qu'en voyant les cils fermés du pêcheur endormi que les deux compagnons comprirent, effrayés. Les deux lignes formaient un oeil géant fermé. Ils s'enfuirent aussitôt pour aller se plaindre auprès de la princesse.

- Cela semble assez effrayant. Cependant, je ne comprends pas pourquoi vous n'êtes pas allés vous plaindre auprès du chambellan ? demande Zelda.
- Nous voudrions bien. Mais qui croirait les pauvres sujets à part Votre Altesse ? Nous vous aimions bien, princesse... Que je vous avais aimée durant votre enfance, répond humblement le vieux en tenant la paume ouverte comme pour recevoir un dû ou quelque chose de ce genre.

La princesse a compris l'allusion et sourit. Elle ordonne au capitaine de les récompenser généreusement comme il se doit. Les loups de mer quittant la chambre, le capitaine remet à la princesse une missive du gardien du temple de la lumière, Rauru. Cette lettre les prie de venir le lendemain matin pour un rendez-vous avec Rauru. Zelda et Link se regardent en silence : qu'est-ce que Rauru peut bien vouloir leur dire pour qu'il les convoque ainsi ?

Chez le vétérinaire

Nous nous retrouvons dans le bric-à-brac du vétérinaire. La salle est dans un état de désordre avancé. Une table par-ci, une chaise par-là, une armoire délabrée ailleurs. Des livres sur un tabouret, une cage d'oiseaux sous une table où des mammifères à ailes sifflotent tristement, des fioles utilisées comme médicament sont juste à côté de la porte. En cas d'ouverture violente de cette porte, les fioles exploseraient. Mais surtout le cadavre de Villo est déposé sur une planche elle-même posée sur deux petites commodes. Les bras de Villo pendent hors de la planche. On se serait crû dans la cabane d'un sorcier malcommode plutôt que dans le cabinet d'un faiseur de miracles en matière d'animaux.

A vrai dire, le vétérinaire n'a pas que le but de soigner les animaux de la ménagerie royale (qui est très petite), il exerce également sa science dans l'autopsie et la recherche sur les animaux rares.

Après avoir révélé au vétérinaire les véritables raisons de son irruption, Sagatt, tâte le corps nu de Villo déposé sur le ventre :

- Vous me dites qu'il a été poignardé au niveau des omoplates ? Et qu'il a été refroidi dans les premières heures de la matinée ?
- Beu... beu... oui. Le ventre que j'ai ouvert et lu m'a prouvé qu'il n'avait pas encore digéré son repas. Beu, voulez-vous que je vous explique comment déterminer la période exacte de la mort à partir des entrailles ? C'est intéressant, vous verrez !
- Non merci, s'empresse de couper l'enquêteur humain.

Mais le vétérinaire lui prend violemment les bras et lui indique une petite bête aux pattes poilues. Il la prend ensuite pour la mettre sous le nez de Sagatt :

- Voyez cette magnifique araignée, fille des scorpions... Auriez-vous peur ? Ne vous inquiétez pas. Elle n'est pas vénéneuse et est facilement apprivoisable comme les chiens... Le seul danger est qu'elle raffole de la langue des gens. Il suffit qu'elle se pose sur une langue pour que la personne meure dans la souffrance... sourit le vétérinaire. D'ailleurs, j'attends d'autres bêtes de mon frère au lac Hylia...

Sagatt ne voulant pas s'enliser dans une conversation inutile anticipe :

- Vous êtes gentil de m'apprendre ces choses... Villo n'avait-il pas d'ennemis ? Rien à déclarer sur des choses bizarres ?
- Beu... Je ne vois pas... Ah si, un jeune homme, non... un homme d'une trentaine d'années m'a questionné plusieurs fois sur les meilleures relations qu'il fallait contacter pour la "bibliothèque secrète"... Beu... lui-même a été très intéressé par cette charmante bestiole que vous voyez là... Il a voulu l'adopter, mais je n'ai pas voulu la lui confier. Seulement au palais oui... mais pas dehors, beu...
- Pourriez-vous me le décrire ?
- Beu... Les cheveux courts et jaunâtres, maigre, pâle. Il est... heu... de ma taille... répond le vétérinaire en grattant sa barbichette.

Sagatt le remercie et lui promet de lui rendre visite une autre fois afin de discuter araignées. Il lui notifie également de ne parler de sa présence à personne (et surtout pas à la police), ce que le vieux, bien meilleur en matière de dissection mais brouillon en matière de relations humaines, est bien disposé à accepter. Il n'a pas intérêt à se brouiller avec un témoin précieux qui a fait avancer son enquête. Sagatt interroge son cerveau.

Qu'est-ce que ce mec maigre a voulu prendre comme livre à la "bibliothèque secrète" ? Pourquoi avoir, si c'est lui, assassiné Villo quand on peut toujours facilement se faufiler dans la bibliothèque en dehors des regards ? Et pourquoi cet intérêt pour l'araignée bouffeuse de langues ?

Chapitre 11 : Conte de fées   up

La princesse et son ami sont à présent au temple de la lumière le matin comme prévu. Ils se trouvent dans la salle principale, sombre, grise, aux vitraux majestueux mais sobres. On retrouve bien sûr l'autel sur lequel sont entreposés trois joyaux que Link avait été chercher lors de ses anciennes aventures.

Link, en constatant ces joyaux, ne peut réprimer une surprise. En effet, s'il était revenu voir Zelda, après la défaite de Ganondorf, il aurait dû voir logiquement deux joyaux du feu et de l'eau absents de l'autel. Or, ce n'était pas le cas. Quelle bizarrerie de revenir dans le présent peu avant les pérégrinations des donjons des Dodongos et de Jabu-Jabu et de constater que ces joyaux sont malgré tout présents là ! Le Kokiri interroge Zelda sur l'insolite présence des bijoux.

"On voudrait que le temps en soit ainsi, mais le temps a décidé qu'on le juge ainsi". C'est ainsi qu'avait répondu sur un ton sibyllin la princesse.

A part la présence des enfants, deux vieillards sont assis sur des chaises au point central de la salle. L'un est Rauru. L'autre est un peu plus vieux que le sage de la lumière. Il porte une longue robe comme Rauru, mais d'un ton mauve. Son crâne est dégarni, le visage imberbe et très ridé. Lorsqu'il prononce une parole, on peut voir qu'il lui manque plusieurs dents. Il est un peu voûté. Il tient dans sa main un long bâton qui semble aussi vieux que son possesseur. Rauru le présente aux enfants :

- Je vous présente Laulu, prêtre du temps dont le temple se situe au nord-est d'Hyrule. (Rauru sourit) C'est l'un des plus grands sages que je connaisse. Laulu, je t'ai déjà parlé de Zelda et de Link. Les voici devant toi.
- Que les déesses vous bénissent et vous abreuvent d'une longue vie ! marmonne Laulu avant d'ajouter : "Mon cher Rauru, tu exagères ! Certes, on me dit sage mais tu l'es aussi dans ce cas.

Les enfants le saluent. Ils sont rapidement attirés par le regard de Rauru porté sur eux, à la dérobée. Ils comprennent que la convocation n'était qu'un prétexte afin de leur transmettre des nouvelles. Ils entendent encore le vieux prêtre :

- Vous qui êtes présents ici, je vous annonce que je suis venu rendre visite à mon vieux "collègue". Si je suis venu ici, c'est qu'il ne me reste que quelques jours à vivre, agite d'une vieille main Laulu.
- Maître ! Que me contez-vous là ? Vous êtes venu ici, donc vous êtes aussi solide qu'un Kokiri ! sourit Rauru embarrassé, qui semble apprécier beaucoup son vieil ami.
- Rauru... Je crains de te décevoir mais... n'oublie pas que je sers une petite déesse du temps. Et à ce titre, je suis capable de percevoir ma propre fin. De toute façon, je vieillis.

En observant les visages embarrassés des futurs adultes, Laulu dit doucement à son interlocuteur :

"Je ne suis pas venu seulement pour ça. Je voudrais te confier les plus vieilles archives du royaume d'Hyrule. Elles seront entreposées à la bibliothèque royale après ma mort..." et sans laisser à Rauru la possibilité de l'interrompre : "Mes enfants, aimeriez-vous entendre mon histoire sur la gloire du trône sacré ?"

Link ne sait que dire tandis que la fée s'agite dans son bonnet en marmonnant des mots : "Vas-y ! Vas-y ! J'adore les histoires !". Ayant perçu l'embarras du Hylien, Zelda répond :

- Je connais très bien l'histoire avec laquelle m'a bercée ma nourrice quand j'étais petite. En revanche... Link ne connaît pas le récit. Il sera ravi d'en entendre des bouts. Et moi aussi d'ailleurs.

Les enfants s'assoient par terre, les bras croisés autour de leurs jambes alors que le vieux tousse afin de commencer l'histoire. Link entend encore au-dessus de lui : "Youpiiiiiiii !!!". Laulu ajuste sa robe, puis commence :

"Il y a longtemps... Le royaume de nos ancêtres était alors prospère. Les races étaient mélangées dans tout le royaume sans heurts, ni haine. Le siège royal trônait toujours au château... On pouvait voir partout des Gorons, des Hyliens, des Hommes, des Zoras. Ils n'étaient pas séparés comme ils le sont aujourd'hui, chacun dans leur propre coin...
La famille royale veillait à leur bonheur à travers le symbole de la Triforce. Elle leur enseignait les vertus de la Triforce sans toutefois leur révéler ce que contenait ce pouvoir béni par les déesses... La Triforce avait été créée par les trois déesses Nayru, Din et Farore peu après la création du monde. On pouvait aussi croire que cela durerait des années et des années..."

"Malheureusement, tout ce qui avait été créé créa le bien et le mal cachés au fond du coeur des habitants d'Hyrule. Et ainsi survint le perfide Aghanim... Celui-ci était alors aimé du roi... Ce sorcier connaissait beaucoup de secrets, non seulement les siens... mais aussi plusieurs secrets dont la véritable force de la Triforce... Il soupçonnait la famille royale de détenir, à juste titre, le joyau inestimable des déesses... C'est pourquoi il crachait son venin dans le coeur des mauvais courtisans, pourquoi il mit le roi dans sa propre confidence...
Le malheureux roi l'écouta de plus en plus, allant jusqu'à en faire son propre chambellan. Il était lourdement trompé par le sorcier... La mainmise d'Aghanim avait hélas créé des jalousies rongeant le coeur des courtisans. Et advint la déchirure de la cour en deux, les uns qui plaidaient pour Aghanim, les autres contre celui-ci... Et finalement... finalement... Aghanim prit le pouvoir en renversant le roi. Comptant sur ses nouveaux fidèles, le méchant parcourut le pays à la recherche d'indices pouvant lui indiquer... la noble Triforce !"

"Mais les opposants ne l'entendaient pas de cette oreille ! D'abord dans le but de retrouver le roi, ces traîtres avaient ensuite changé d'avis en voulant mettre la main sur le trésor divin... D'autres refusaient ce procédé... D'autres voulaient juste le trône... Ils avaient purement oublié les enseignements de la Triforce !
La guerre s'installait sinistrement dans le royaume... On se tuait, on se déchirait... La haine s'installait à présent... Le pouvoir royal n'existait plus ! Que pouvait faire la famille chassée par Aghanim ? Le fils du roi étant mort, l'espoir résidait dans une petite fille nommée Zelda... Mais celle-ci n'était encore qu'un bébé... C'est pourquoi la loyauté disparut !
Des régions se déchirèrent ainsi durant des années... Mais ce n'était pas encore la fin... car l'amour était chassé de ces terres par l'abomination des mercenaires. Parmi ceux-ci, deux des pires mercenaires : Filar et Nogan. Ils n'avaient de cesse de se massacrer entre eux sans pitié, sans coeur, froids comme la mort !"

Laulu continue, haletant un peu :

"Le mal s'allia à l'un des deux mercenaires... Ce mercenaire souillait le palais et sa cité en les pillant. Il vola ignominieusement le trône sacré, symbole de l'alliance entre Hyrule et les déesses ! Que pouvions-nous faire contre ces monstres ? Ainsi hurlaient les habitants implorant la sagesse des déesses. Le coeur des déesses fut touché par les lamentations de toutes les races ! Si vous aviez vu la fuite des mercenaires devant l'intervention divine ! Les habitants hurlaient de bonheur parce qu'ils avaient vu le signe des déesses sous la forme d'un cavalier blanc armé de la faux des fleurs !
Les mercenaires s'enfuirent avec le siège sacré. Fuyez ! Fuyez ! criaient les habitants aux pilleurs. Les souilleurs emportèrent le trésor, tentant de se soustraire à la fureur divine, loin, loin, très loin. Mal leur en prit ! Car, il était dit que les déesses décideraient de les punir. Le cavalier blanc fauchait et ensevelissait les malheureux voleurs ! Il restitua précieusement le trésor aux habitants."

"L'espoir revenait heureusement peu à peu et l'amour des déesses pénétra le coeur des habitants. La guerre n'était pas encore terminée car il fallait scruter l'âge de raison de la future reine Zelda... 10 ans ! 15 ans ! Nul n'a compté les années qu'il fallut attendre... Mais le fait était là : la reine était de retour, alliée aux pouvoirs des sublimes déesses ! Aghanim disparut soudainement ! Les autres mercenaires aussi ! Car de là vint le salut d'un valeureux héros. Il jura fidélité à la reine et leur alliance scella la guerre... Car les déesses l'avaient prédit : rien ne se produirait sans la sagesse royale...
La reine mit de l'ordre dans son royaume. La paix était de retour. Elle reprit les sages enseignements de la Triforce et fit répandre son symbole partout où elle le put et aussi discrètement qu'elle le put, car la Triforce ne doit pas être l'unique enseignement majeur... Ainsi la paix régna pour longtemps !"

L'histoire est terminée après les ultimes halètements de Laulu, dont Rauru s'inquiète. Les enfants se sentent attristés par ce conte mais ont, au bout du compte, compris que l'espoir serait toujours présent quelle que soit la situation.

Bibliothèque

Sagatt dit soudain à Billo :

- Il faut que j'aille à la forêt d'Hyrule vérifier quelque chose. Prétexte comme tu veux mon absence. C'est important, tu me comprends ?

Billo n'a pas le temps d'approuver que Sagatt a déjà disparu rapidement de la chambre des livres.

Billo se demande ce que son ami allait encore faire dans la forêt comme ça ?

Chapitre 12 : Le vendeur de bois mojo   up

Ce n'est pas ici que je vais trouver quelque chose ! Ainsi se tient le géant au bord du précipice ouvrant le passage entre le monde d'Hyrule et le monde de Termina. Hum... Je ne pense pas que la source des problèmes vienne de ce passage comme me l'a confié ce Mojo ! Sagatt recule afin de ne pas tomber dans le vide et retourne aux clairières précédant l'entrée du monde de Termina. Il sourit au mauvais tour qu'il avait joué au Mojo.

Il était parti pour la forêt avec son épée et son cheval noir. Il comptait sur la discrétion de Billo pour son absence. Ensuite, il n'était pas passé par le village Kokiri de peur que le bruit de sa présence ne parvienne aux oreilles de Link. Le moment n'était pas encore venu pour Sagatt de rencontrer Link. Il devait chercher des indices là-bas car il avait l'intuition qu'un lien se formait entre le héros du temps et le meurtre. Il avait aussi entendu les propos entre la princesse et le héros au temple de la lumière. Mais par où chercher ces indices ?

Il en est là dans ses réflexions (près de son étalon noir) lorsqu'il est interpellé par un petit monstre retranché dans un petit coin qu'est son trou. Ce monstre n'est qu'un des Mojos qui pullulent la forêt et côtoient les Kokiris. Celui-ci crie à son interlocuteur :

"Ryahhh !!! Un intrus !!! Je vais t'écrabouiller !!!"

Et de cracher sa noix sans crier gare.

Sagatt étonné par ces propos futiles et par l'attaque idiote d'une noix, bouge son pied afin de rendre la politesse au Mojo. Son pied renvoie ainsi l'arme des Mojos vers son agresseur. En un rapide instant, le trou, dans lequel se trouvait le Mojo, vient d'être orphelin de son occupant qui, déjà, est dans les airs. Enfin, le Mojo ouvre ses orbites toutes grandes car il vient aussi d'être frappé par un énorme tronc d'arbre. Il retombe finalement par terre en se demandant d'où vient ce mec aussi géant.

Il n'a pas le temps de s'interroger que l'épée pointe déjà au bout de sa tronche de tête. Sagatt sourit en voyant la mine peureuse du Mojo adossé au tronc d'un arbre. Il demande :

- Désolé mon pote... Comme tu m'as agressé, je me dois de t'éliminer à moins que je ne te pose des questions...
- Attends ! Je t'ai agressé car je croyais que tu voulais me dérober ma marchandise. En vérité... je suis marchand...

Sagatt se dit que ce Mojo doit être cinglé de se dire marchand alors qu'il l'a agressé. Mais il se contente de lui dire :

- Vraiment ? Bon, je vais oublier ton agressivité. Que dirais-tu de me vendre tes informations sur la forêt ?
- Heu... plutôt que des informations, tu ne voudrais pas du bois mojo ? Quinze rubis, ça devrait faire l'affaire... répond son interlocuteur en agitant un frêle bâton de bois.
- Mmm... avec plaisir ! Comme ça je vais te transformer en marron grillé avec ce bois qui me servira de torche ! Je commence à avoir faim moi...

Le Mojo effrayé, cache subitement son objet de vente derrière son dos, puis :

- Heu... mes informations, ça marche toujours ?
- Dis toujours. Ne connaîtrais-tu pas un endroit secret dans la forêt quelque part par-là ?
- Je le connais sûrement mais cela ne se monnaye pas facilement...
- Tu es gonflé toi (à ces mots, le Mojo tressaillit). Mais, j'accepte. Alors 2 diamants de rubis rouges, ça ira ? (le Mojo ouvre les yeux et semble baver).
- Bien sûr... mais il faut que tu me suives car tu pourrais te perdre là-dedans...
- D'accord.

Et il commence à suivre cette sangsue de marchand mojo. Cependant, il demande aussi :

- Dis... Tu n'as pas autre chose à me dire ? Dans ce cas, pourquoi pas six rubis rouges ? Un secret à me révéler, mmm ?

Méfiant, le Mojo insiste pour qu'il lui remette aussitôt ses rubis rouges puis lui révèle chaleureusement ce en quoi consiste le secret. Au bout d'une heure environ, ils parviennent à la clairière dans laquelle Link avait rencontré le gamin masqué et deux fées. Sagatt se rend compte de la chance qu'il a d'être policier. Il n'est pas que policier. Il est aussi ripou. Parce qu'il avait besoin de progresser dans ses précédentes enquêtes, il avait laissé le choix au bijoutier véreux de son île entre la collaboration et la prison. Ce bijoutier lui avait ainsi confectionné de faux rubis rouges en échange de sa liberté. Ces faux rubis, le géant s'en était servi pour soudoyer les suspects ou témoins de différentes affaires afin de s'attirer leur bienveillance. Il utilise encore son procédé en donnant ses rubis au marchand mojo !

Le Mojo dit à son interlocuteur :

- Le voici... Tu n'as qu'à traverser le tronc et tu te retrouveras face aux souches géantes. Moi, je vais pas plus loin. J'ai trop peur pour cela !

Sagatt opine et voit le Mojo utiliser sa propre aile sur sa tête. Le Mojo se transforme en petit "hélicoptère" et s'envole, tout content de l'aubaine qu'il a eue. Puis, le géant poursuit son chemin en remarquant que la clairière a un aspect inquiétant, silencieux avec ses hauts arbres et ses lucioles papillonnant silencieusement. Sagatt admet que le Mojo a raison d'avoir peur de cet endroit. J'ai l'impression que tout a été fait pour repousser d'éventuels passants qui pourraient entrer à Termina !

Maintenant, il est sur une des souches géantes. Il pense que cette entrée n'est pas un endroit qui aurait servi de lien entre le meurtre et Link. Et si je me suis trompé sur mon intuition ? Il décide alors d'aller à un autre endroit dans lequel serait "caché" le secret dont a parlé le vendeur.

Après encore une heure de route néanmoins plus facile que le chemin vers l'entrée de Termina, Sagatt arrive finalement devant un amas de mousse, de branches qui se collent à une sorte de mur, et beaucoup d'orties. Il arpente le chemin et comprend que c'est un petit temple qui a été abandonné, voilà belle lurette. Il y pénètre assez difficilement, vu le nombre de branchages qui encombrent le passage et de fientes d'animaux de la forêt.

La petite salle est d'un aspect très sobre. Pas de décoration, pas d'ornement, rien que des murs, bref la salle très prisée des ascètes. Cependant, Sagatt déniche immédiatement un truc très abîmé au pied d'un mur. Son visage s'illumine quand il constate que ce truc est le "secret" mentionné par le Mojo.

Ça y est ! Je l'ai trouvé !

Et il ramasse délicatement le truc...

Chapitre 13 : Histoires entre amis   up

Ils se retrouvent face à face sur une table, mangeant leur pitance de soupe aux lentilles et aux petits pois. Une bougie éclaire faiblement les deux visages dont les ombres sont beaucoup plus fortes que les lumières. Ils mangent ainsi en silence. Billo interrompt le silence :

- Ainsi donc... Tu nous as apporté ce truc-là... (Billo lui montre du chef le "truc" posé sur la commode). Ce que je ne comprends vraiment pas, c'est pourquoi aller en forêt ?

Sagatt finit de sucer le bout d'une assiette, voulant bouffer entièrement la soupe, puis :

- C'est simple : j'ai tout entendu ce que Link a dit à la princesse lors de leur séjour au temple de la lumière. Je t'en ai parlé, non ?
- Oui... Tu m'as dit, il y a cinq minutes, que ce Link a mentionné son malaise lors de sa cueillette aux bois perdus. C'est exact ?
- Exact... Sauf qu'il n'a pas osé parler de la filature au marché quelques heures auparavant (le géant fait la moue).
- Sagatt... Tu m'inquiètes... Comment peux-tu connaître tous les événements dont tu m'as parlé alors que tu étais à des kilomètres de ces événements ?
- Mon cher... Chaque chose en son temps...

Sagatt sourit devant la perplexité de son ami. Il se débarrasse de son assiette, de la cuillère et du verre en bois en les posant sur une autre table. Il revient à son banc et demande :

- Ce petit Mojo m'a menti en prétendant que le chemin serait difficile et tortueux avant de parvenir au passage reliant Hyrule à Termina. Même un gamin trouverait le chemin les yeux fermés ! Mais bon... Mon cher, que s'est-il passé pendant ma promenade en forêt ?
- Hum..., hésite le bibliothécaire qui essuie ses verres correcteurs. Tout ce que je peux t'affirmer est qu'on a essayé de dérober un livre cet après-midi à la petite bibliothèque...
- Oui ?
- Eh bien... Pendant que je classifiais quelques archives, j'ai entendu du bruit... Ce bruit provenait d'un livre qu'on essayait de retirer d'une étagère. Tu sais que j'ai conçu des étagères, de façon à ce qu'on entende un bruit trahissant quelque méfait ou bienfait d'un lecteur. Je me rends là-bas pour me rendre compte de qui il s'agissait. Mais, l'inconnu avait deviné mes intentions et s'était précipité dans l'autre bibliothèque. J'ai vérifié si un livre n'avait pas disparu. Heureusement que j'ai longue mémoire ! Non, aucun livre n'a disparu, mais je n'ai pas pu savoir lequel. Je me suis, bien sûr, rendu dans la bibliothèque mais je n'ai pas pu savoir quelle personne avait essayé de prendre un livre !

Le géant tient ses mains jointes sur son menton, ses deux index sur son nez. Il hoche la tête :

- Très intéressant... Oui, c'est vraiment intéressant... Parfois, je te bénis d'avoir laissé la porte de la "bibliothèque secrète". Celui qui a essayé de te prendre ton bijou doit être le même que celui qui a arraché l'âme de Villo. Pourtant... ta mésaventure m'amène une autre interrogation : pourquoi cet assassin présumé prend-il le risque de revenir sur les lieux du crime, juste pour dérober un livre ? Il pouvait très bien le prendre la nuit du meurtre malgré notre garçonneau !
- Garçonneau ?
- Pardon, chez nous on appelle ainsi tout enfant allant sur ses dix ans. Je l'ai interrogé juste après mon passage chez le vétérinaire. Je n'ai pas eu de mal à lui faire avouer qu'il était bien présent sur les lieux du meurtre et la nuit même ! Il voulait consulter quelques livres qui auraient fait rougir une puritaine du temple des déesses ! Au fait, je te le propose comme futur assistant. Je le lui ai promis en échange de ses informations... Désolé...
- C'est aujourd'hui que tu m'en parles ?! Tu finiras par avoir des ennuis...
- La question n'est pas là, coupe l'ancien soldat. Il faudrait se demander pourquoi l'assassin n'a pas osé pénétrer dans ta petite bibliothèque. Ce petit était présent et il était caché derrière une étagère. Il tremblait tellement qu'il a entendu l'assassin faire volte-face violemment et avec un grand raffut ! Je pense que c'est la présence de l'enfant qui a amené l'assassin à abandonner son aventure. Mais, un professionnel ou même un amateur n'aurait pas pris le risque de laisser en vie un témoin gênant du meurtre qui venait d'être commis. Il l'aurait purement supprimé ! C'est ça qui me tracasse. Malheureusement, notre enfant n'a pas pu voir son visage de là où il était, ce que je comprends très bien.

Un silence rapidement coupé par Billo :

- C'est effrayant...
- Mm... J'ai aussi un peu cuisiné quelques autres personnes du château. Oh ! ne t'inquiète pas ! Juste deux ou trois personnes. Elles m'ont parlé de quelqu'un qui pourrait correspondre à la description du vétérinaire...
- Tu brouilles un peu tout ça...
- C'est vrai ! Je ne suis pas doué pour ce genre de choses.

Et d'expliquer à Billo la conversation avec le vétérinaire.

- Enfin, ils m'ont assuré avoir vu notre personnage s'agiter dans tous les sens. Disons qu'il se sentait épié de toute part. Il se méfiait de tout et questionnait tout de même pas mal des gens. Il se tournait constamment pour voir si on ne l'espionnait pas... Qu'est-ce qui a pu bien le pousser à se méfier soudain ? On me le décrit calme et déterminé dans son travail de serviteur. Pis ! Il est aussi calme en bibliothèque et agité à l'extérieur de cet endroit ! Je me demande bien pourquoi ? A-t-il vraiment un lien avec le meurtre de Villo ?
- Laissons ces questions pour le moment. Et n'oublie pas malgré ton enquête que j'aurai vraiment besoin de toi pour le lendemain matin.

Sagatt opine du chef et décide qu'ils n'ont plus rien à faire ce soir-là. Ils vont alors se coucher.

Le lendemain matin, à l'aube.

Nos deux amis sont entrés dans la cour du château. Le géant porte un sac sur l'épaule dans lequel doit être mis son "truc". Ils rigolent aux blagues que les soldats leur ont racontées. Ils déambulent dans un couloir avec des salles de cuisine dont avait rêvé Link. Sagatt avoue avoir un besoin pressant ce que Billo accepte bien sûr. A ce moment-là, des cuisiniers viennent d'entrer dans le couloir. Ceux-ci bavardent aimablement une petite minute avant d'entrer dans la cuisine. A peine sorti des latrines, Sagatt entend un cri.

Il se précipite vite fait, poussant un peu un des cuisiniers qui vient de sortir en chancelant de la petite porte de la cuisine, tout près des deux cheminées. Ce qu'il aperçoit le surprend un peu. La petite salle est un endroit où on entrepose des légumes frais mais où on égorge aussi quelques animaux. Au cas où on doit poser le sang des animaux et les restes qui dormaient dans leur corps, les cuisiniers mettent toujours lesdits restes dans des paniers en bois. Seule une grosse cruche est restée pendant plusieurs jours afin de recueillir le sang de divers animaux. Cette cruche est posée devant le mur.

Parmi la mare de sang qui trône dans la cruche, on peut voir deux pieds. Deux pieds, donc un corps doit être au fond de la cruche, tête en bas. Les deux pieds ne bougent plus et semblent faire office d'énormes cuillères en bois.

Un deuxième meurtre vient d'être commis.

Chapitre 14 : Deuxième meurtre et première rencontre   up

Sagatt demande aussitôt aux autres de pousser la cruche afin de retirer le corps. La rumeur du meurtre s'embrase très vite et se propage dans la première moitié des salles du château. En quelques minutes, il y a du petit monde devant la petite salle. Ceux qui sont interpellés par le géant hésitent très longuement, saisis par la crainte d'être pris de superstition en touchant simplement le corps. Sagatt se résigne à attendre des événements propices lors de l'observation du corps, ceci durant une demi-heure environ.

Ses voeux vont être exaucés car à l'instant même, entre l'orgueilleux Enqvus, maître des enquêteurs du château, titre que Sagatt trouve superflu. Sagatt pense même qu'Enqvus accorde plus d'importance à son apparat qu'à son propre travail. Cependant, le bouffon ordonne expressément à ceux présents dans la salle de pousser la cruche. Billo se tient derrière Sagatt et observe les efforts des gens qui poussent péniblement le vase géant. Le sang inonde le sol de la salle ce qui a pour effet de faire reculer Enqvus et d'autres. Le corps tombe à l'horizontale sous l'effet de la glissade de la cruche. Certains se penchent instinctivement pour voir de qui il s'agit.

Le visage du mort est barbouillé de sang, aussi on lui a passé rapidement une éponge sur la face. Ils murmurent qu'il s'agit d'un serviteur peu aimable d'une quarantaine d'années. Ils savent que celui-ci était près d'être renvoyé du palais pour racolage abusif (il n'hésitait pas à dénicher des informations pouvant éclabousser toute personne). Quant à l'îlien, grâce à son expérience, il n'a aucun mal à deviner que le mort a été tué d'un coup violent à l'arrière du crâne. Il a regardé aux alentours en attendant l'arrivée d'Enqvus. Il n'a pas remarqué la présence d'un objet ayant pu servir à déposer le corps au fond de la cruche. Ce qui signifie que l'assassin a soit emporté cet objet encombrant, soit qu'il a une énorme force pour pouvoir mettre le corps à l'intérieur du vase.

Billo, en reconnaissant le mort, dit à Sagatt que ce mort était présent à la bibliothèque au moment de l'infraction des archives secrètes. L'ancien ami hoche la tête et lui demande de quitter la salle car ils ont des choses à faire. En suivant Sagatt, Billo l'entend émettre l'hypothèse que le mort a été assassiné parce qu'il a vu le voleur sortir de la petite bibliothèque. Il pourrait ainsi avoir été trucidé pour tentative de chantage. Parvenu à l'étage de la bibliothèque, Sagatt demande à son ami de se rendre chez la princesse Zelda, arguant de l'importance de l'entrevue. Le bibliothécaire hésite un court moment puis consent.

Chambre de Zelda

- Tu viens d'entendre des rumeurs d'un autre meurtre, Link ?

Link ne peut qu'opiner de la tête de même que la fée. Le Kokiri était déjà éveillé lorsqu'il a eu vent des rumeurs de meurtre. Contrairement au premier meurtre, il n'a pas voulu voir le deuxième corps avant que la princesse ne se réveille. Puis le héros du temps fut convoqué. Dans la chambre, Zelda est habillée en robe de nuit associant Link dans l'intimité de sa vie quotidienne. Comme à l'accoutumée, Zelda laisse tomber ses longs cheveux. Link répond :

- Oui. Je me demande si ce n'est pas encore l'oeuvre d'un sbire de Ganondorf.
- Je t'ai dit qu'il ne faut pas tirer des conclusions hâtives. Mais c'est bien embêtant... Deux meurtres dans un palais qui n'a plus connu pareil tourment depuis longtemps... Il faut pourtant faire quelque chose. Mais je ne sais malheureusement pas quoi, à moins que les déesses ne nous envoient un signe...

Les déesses semblent avoir répondu à la princesse puisqu'un soldat annonce Billo, ce qui ravit Zelda. Elle accepte la présence de Billo et explique à Link qu'elle le connaît depuis sa plus tendre enfance. Billo franchit le seuil de la porte pour s'incliner respectueusement devant la princesse, et aussi parce qu'il l'aime beaucoup, comme l'un de ses enfants. Il lui demande une entrevue mais il la prie de bien vouloir attendre l'arrivée de son ami humain.

Deux minutes plus tard, surgit le géant Sagatt décrit par le bibliothécaire. Se produit alors une scène de silence et de solennité : le héros de la légende rencontre pour la première fois le policier d'une des îles du monde d'Hyrule. La porte se referme sur les quatre occupants de la chambre de Zelda. Celle-ci demande à Navi de sortir du bonnet, car elle a confiance en Billo, et par conséquent en Sagatt.

Sagatt s'assied sur un tabouret avant de leur conter son origine, sa présence au château, son enquête et pour finir, sa pérégrination en forêt kokiri. Link et Zelda ne peuvent que demander par quel moyen Sagatt a déniché des informations sur la scène de la cueillette du Kokiri. Billo se joint aux enfants pour insister que le géant leur révèle ses moyens. Sagatt consent :

- D'accord... Vous vous demandez comment je sais ce que vous avez fait pendant que je m'amusais à être ailleurs ? Eh bien, regardez autour de vous.

Ses interlocuteurs obtempèrent. Ils ne remarquent rien, que la chambre bien ordonnée et nettoyée. Mais la fée, avec son esprit clairvoyant, a tout de suite vu une présence qui semble voleter. Cette minuscule présence, que les interlocuteurs ont à présent vue sur l'indication de Navi, est une sorte d'abeille ou plutôt de mouche. Cette mouche vole silencieusement aussi discrètement que possible. Sagatt siffle pour rappeler sa bête. La bête, en un clin d'oeil, se pose sur la paume de l'homme.

- Voilà qui me renseigne sur tout ce qui est nécessaire. C'est à travers ses oreilles que je peux écouter toute conversation. Mais attention ! ce n'est pas qu'un insecte. C'est une vraie petite machine fabriquée pour ressembler aux mouches. Voilà comment je pouvais vous écouter tranquillement sans être dérangé, à condition de ne pas être occupé.

Les autres admirent l'astuce de Sagatt. Link comprend mieux comment le géant a pu capter des conversations. Il comprend encore qu'il est, par ce procédé, au fait de ses pressentiments aux bois perdus. Il songe aussi qu'il a dû écouter l'histoire de Laulu, le vieux prêtre, ainsi que l'étrange rêve de Rauru. En effet, celui-ci avait raconté à Zelda et son ami le rêve étrange qu'il avait fait. Le rêve décrit une Triforce soudée par trois fragments illuminant tout l'espace de sa lumière blanche. Mais une grande main noire ornée de griffes pointues, avec une paume sur laquelle est dessiné ce qui semble être un fragment, mais de couleur sombre, s'abat sur la Triforce sans toutefois réussir à l'atteindre. En entendant ce récit, les enfants font immédiatement le rapprochement avec le poignard planté dans Villo. Ils craignent que le sinistre Ganondorf ne soit de retour.

Sagatt, cependant, prend son sac d'où il sort une étrange plaque en bronze noir ou gris. Il pose délicatement l'objet sur une table. Les autres s'approchent de la table puis constatent que la plaque est à moitié cassée. Ils peuvent lire l'écriture qui s'écrit de droite à gauche à la première ligne, de gauche à droite à la deuxième et enfin vice versa à la dernière ligne. Avant ces trois lignes, des lettres de grand caractère :

Glorieux Saint-Royaume cherche[...
...] au royaume des Mojos
Gravir les brûlures du [...
...] au royaume de Basile

Ces phrases sibyllines donnent le tournis à ceux qui les ont lues, y compris Sagatt pourtant doué en matière d'énigme. A ce moment, Zelda a une vision dont elle comprend immédiatement le sens. Car la vision vient des mémoires de sa sainte famille d'Hyrule. Elle pose sa main sur son front, puis caresse doucement sa chevelure. Elle répond aux interrogations muettes :

- J'ai reçu une vision. La réponse est à chercher au "péril des voyages".

Interloqué par sa réponse, Sagatt s'exclame :

- Le "péril des voyages" ? Mais il se trouve sur mon île natale. Il s'agit d'une sorte de tour, ou plutôt d'une montagne verticale. Princesse, vous croyez que...
- Je ne sais. Mais, j'ai le pressentiment qu'il nous faut chercher là-bas.

Les occupants de la chambre se regardent entre eux. Le silence est brisé par Link :

- Puisqu'il faut y aller, allons-y !
- Je t'accompagnerai parce que je connais très bien l'île.

La princesse approuve puis dit simplement :

- Le départ est fixé dans une heure.

Chapitre 15 : Le départ   up

Les préparatifs durent un peu plus d'une heure. Link a dû chercher sa panoplie d'armes : épée, bouclier des braves, arc et flèches, boomerang. Son équipement contraste avec celui de Sagatt qui aime répéter que son équipement est son cerveau. Sagatt a dû montrer le livre qu'il avait pris à la bibliothèque secrète avant l'entrevue avec la princesse. Billo a demandé pour quelle raison le livre est le même que celui qu'a essayé de dérober l'inconnu. L'homme, avec un sourire indulgent, explique que la poussière sur l'étagère lui permet de déterminer l'endroit où le voleur a tenté de dérober l'objet. Là où le voleur a laissé des marques, Sagatt a constaté la faible épaisseur de la poussière ainsi que deux traces qui indiquent que l'inconnu a essayé de retirer péniblement l'objet convoité. Ces traces sont des marques laissées par la couverture et le dos du livre.

Le livre en question fait état d'une des légendes de la Triforce, d'après le titre. Sagatt n'a pas eu le temps de l'examiner et demande à son ami myope de bien vouloir le lire pendant l'absence du petit et du géant. Billo acquiesce en reprenant le volume sur la Triforce. Le géant dit encore que si le voleur a essayé de dérober le livre sur l'étagère qu'il connaissait, c'est grâce aux longs séjours de l'inconnu, condition nécessaire pour mieux connaître les aspects de la salle de bibliothèque. Navi demande alors aux autres pourquoi Ganondorf se serait donné du mal en dénichant ce livre alors qu'il possède le fragment de la Triforce. Zelda rétorque que le moment n'est pas encore venu de juger les événements et qu'il faut laisser Billo prendre connaissance du livre.

Au seuil de la porte du château, Zelda embrasse affectueusement la joue de Link qui rougit aussitôt sous l'oeil amusé de Navi et le sourire narquois de Sagatt. Billo leur souhaite une bonne pioche d'informations au "péril des voyages". Ensuite, les deux compères traversent la ville sur leur monture, l'une grande et noire, l'autre petite et rousse. La princesse, en voyant ses amis quitter le sentier du château, pressent des pires épreuves qui arriveront bientôt, surtout pour Link.

Le Kokiri d'adoption et le géant humain chevauchent dans la plaine et dépassent le mur empêchant l'accès au lac Hylia. Parvenus à cet endroit, ils décident de se reposer un moment. Link interroge encore Sagatt sur son ancienne occupation de soldat. Celui-ci lui conte ses mésaventures durant la dernière guerre et la dévastation d'une partie d'Hyrule par deux étranges créatures. Il mentionne encore sa victoire sur les créatures au prix d'énormes difficultés rencontrées. Navi prend la parole :

- Sagatt, peux-tu nous expliquer les causes de la guerre déclenchée il y a dix ans ? Tu sais, nous les Kokiris, nous ne nous mêlons pas des problèmes d'Hyrule...

Sagatt accepte. La guerre commença sur de sérieux problèmes de succession au trône d'Hyrule, car la succession des rois n'est pas toujours assurée en l'absence de règles tacites. Le roi alors grand-père de Zelda mourut, laissant un frère cadet et un fils. Normalement le royaume aurait dû revenir au fils comme c'était la coutume. Cependant, jusqu'à la mort du roi, aucune modalité de succession n'avait été prise, de sorte que n'importe quel membre de la famille royale pouvait briguer le sceptre. C'est cette anomalie relevée par le frère du mort qui a jeté le pavé dans la mare à la pleine figure de la monarchie. Il contesta le droit du fils à monter sur le trône. Il réunit des juristes du royaume pour faire valoir ses droits sur Hyrule tout en laissant entendre qu'il pourrait partager le pouvoir avec le fils. Celui-ci, qui venait d'être père de Zelda, refusa car il avait eu connaissance des desseins maléfiques de son oncle. La majorité de la cour prit position en faveur du fils.

L'oncle ne décolérait pas devant la position quasi unanime. Il utilisa l'arme de la discorde en promettant terres ou parcelles de pouvoir aux seigneurs qui s'estimaient lésés par son frère. Il promit la mort à toute personne qui ne le suivrait pas. Par sa manoeuvre basée sur la terreur, l'oncle réussit à prendre une partie des partisans sous sa coupe. Pourtant, le sage de la lumière prit position pour le fils aliénant à jamais les droits de succession de l'oncle. Celui-ci fut chassé de la capitale et réunit son armée en vue de répandre la terreur.

Une guerre éclata alors entre l'oncle et le fils à laquelle seuls les peuples hyliens et humains prirent part. Les Kokiris, Gorons et Zoras refusèrent de se mêler à la guerre, probablement en raison des souvenirs douloureux du grand chaos et du pillage des mercenaires il y a plus de mille ans de cela. Ces peuples, à l'exception du peuple de l'arbre Mojo, ne refusèrent pas d'aider discrètement le successeur légitime choisi par Rauru. Les Gorons fournirent ainsi des armes et les Zoras des préceptes médicaux pour l'armée du fils. Les Gerudos étaient trop éloignées et étrangères aux problèmes du royaume pour pouvoir intervenir en faveur de l'un ou de l'autre. Les autres peuples également, à l'exception du peuple humain des îles natales de Sagatt. Celui-ci était au nombre des alliés du fils royal.

Pendant la majeure partie de l'année de la guerre, les affrontements se réduisirent en escarmouches et guérillas, auxquelles le géant prit part. C'était à l'occasion de ces mini combats que Sagatt fit l'heureuse connaissance des créatures redoutables. Finalement, l'oncle osa prendre part à une bataille rangée sur la plaine d'Hyrule contre le fils. De ce combat meurtrier sortit vainqueur le fils. Son oncle fut tué et son corps disparut charrié par un fleuve. Le pays fut ravagé sans pourtant connaître les pires heures du grand chaos. Et la paix revint avec le nouveau règne du père de Zelda.

Navi en entendant la fin de l'histoire demande :

- Je ne suis pas experte en matière de guerre (que j'abhorre). Mais j'en avais un peu parlé avec le dieu des Kokiris. Il m'avait parlé de certains préceptes de stratégie. Or, le grand-oncle de Zelda s'est imprudemment jeté dans la bataille. Pourquoi ce choix ?
- Les autres aussi n'en revinrent pas de voir l'oncle se jeter dans la gueule du loup durant la bataille. Mais j'en connais la raison. Au cours de mes recherches sur les créatures, j'avais appris qu'elles avaient été conçues par un sorcier intelligent mais méchant. Il s'était allié à l'oncle. J'étais certain que lorsque l'oncle déclencherait les hostilités, son pote lâcherait dans la nature ses adorables chiens. Les créatures auraient ainsi mis le bordel dans le royaume, créant une nouvelle difficulté pour le petit-fils de l'ancien roi décédé. L'oncle espérait ainsi rendre la vie dure à son neveu en l'obligeant à lancer la chasse aux créatures. Malheureusement pour l'oncle, j'avais détruit les monstres, privant à jamais l'usurpateur de ses précieux alliés. Voilà.

Link interpelle son ami :

- Qu'est devenu le sorcier ?
- Il est mort dans l'incendie de son cher laboratoire. C'est là qu'il avait conçu les misérables bouffons, répond Sagatt en insistant sur le dernier mot.

Les trois aventuriers conviennent de terminer leur pause et de continuer leur route. Sagatt siffle son étalon noir tandis que Link accourt vers Epona qui hennit au plaisir de parcourir les herbes verdoyantes. Ils quittent le lac Hylia. En chevauchant, Link comprend mieux les circonstances et le déroulement de la guerre qui eut raison de la vie de sa mère. Celle-ci espérait trouver refuge au village des Kokiris. Cela n'avait pas dû être facile à cause de la barrière magique jetée par l'arbre Mojo en cas de crise violente. Et elle y était finalement parvenue.

Chapitre 16 : La prophétie de la jeune voyante   up

- Nous voici arrivés ! crie Sagatt.

Les deux compagnons d'armes et la fée sont sur une des barques de pêche qu'ils ont louée. Ils ont mis leurs chevaux à l'abri avant de prendre la mer. Ils ont traversé la terre liquide. Cela n'a même pas duré une heure, à l'aide de voiles spécialement affrétées en cas de tempête. Mais cette colère des nuages n'était point présente, pourtant Sagatt n'a pas hésité à les utiliser, pressé comme il est !

Link et son amie observent à présent l'île. Elle est dominée par un énorme doigt de terre qui monte de la terre au ciel. Ce doigt bizarre doit être le "péril des voyages". Curieux nom ! Il aide plutôt les voyageurs qu'il ne les engloutit ! se dit le petit elfe. Comme il y a peu de nuages gris, ils peuvent facilement apercevoir le piton rocheux muni de lierres et d'arbres sur sa première moitié. Sur l'autre moitié (supérieure), le piton est nu et rocheux, sans espace vert et verdoyant. Au-dessus du piton, une forêt garde le doigt. Encore en dessus du royaume sylvestre, un petit village. A mesure que la barque approche du mouillage, ils peuvent encore observer ce village dans ses détails.

Le village est fait de maisons principalement en bois, le reste consistant de pierres ou briques séchées. A part la rue principale qui va tout droit au piton via la forêt, on ne remarque aucune rue digne de ce nom. Le village a été construit dans un certain désordre ! Excepté le mouillage pour les petits bateaux, une embarcation en pierre sert de refuge pour les gros vaisseaux. Link pose enfin le pied dans un sable doux et marron clair. Sagatt vient de jeter l'ancre.

Ils remontent le village, ne rencontrant que peu d'individus originaires d'Hyrule. En effet, le village est principalement constitué de races d'humains. "Je n'ai pas manqué de remarquer que ce village est encastré par d'énormes amas de rochers. Il me fait un peu penser à mon village Kokiri avec sa clairière et ses deux entrées, sauf que l'entrée du village est la mer !" Link et la fée entendent de petits commentaires acides sur eux de la part des villageois, peu accueillants. En remarquant Sagatt qui accompagne l'enfant et la fée, les villageois se taisent, se contentant de fumer ou de jouer à leurs propres jeux.

Sagatt prie ses amis de bien vouloir ne pas faire attention à ces plaisanteries. Non loin de là, un voleur mal rasé dérobe la petite bourse d'un passager en découpant la lanière qui accrochait le sac. Il poursuit alors son chemin tranquillement quand il voit soudain, très surpris, Sagatt. Il ignore que celui-ci est de retour pour une brève période. Pour toute réponse et n'ayant pas envie de l'arrêter, le géant lui donne un coup de crâne sur le nez. Le voleur tombe en tentant d'arrêter le sang lui couler du nez. Sagatt lui prend la bourse et va la ramener au passager, interloqué de remarquer que la sienne n'était plus en sa possession depuis un moment.

Revenu de cette scène passagère, Sagatt invite les autres à venir rendre visite à son amie d'enfance :

- D'ailleurs, elle a hérité des dons de sa mère, récemment décédée, qui était voyante.

Le Kokiri opine du chef et suit l'adulte en se perdant dans les dédales des rues malpropres. Ils parviennent à une maison agréable, accostée à un mur taillé dans la roche. Ils pénètrent à l'intérieur suivis de la fée. L'ancien policier vient d'appeler son amie d'enfance. Cette amie répond en venant d'une autre salle et embrasse Sagatt, d'un baiser timide.

- Bonjour Magalène.
- Bonjour Sagatt, répond-elle aimablement en rougissant, avant de se faire présenter à Navi et Link.

Magalène est une agréable jeune femme de 21 ans. Elle a de longs cheveux noirs tombant sur ses épaules jusqu'à la naissance de ses petits seins. Elle a un visage charmeur, sans être très joli. Elle a des lèvres légèrement minces, des yeux noirs, plusieurs mèches de cheveux tombant sur son front. Elle porte une robe lourde brodée dans du velours jaune.

Elle s'assoit à même le sol et leur demande ce qu'ils sont venus faire. Sagatt la taquine en lui demandant de bien vouloir interroger un tout, tout petit avenir. Ce que Magalène accepte bien volontiers. Navi comprend un des troubles de Magalène : elle est amoureuse du géant et celui-ci ne semble pas en être conscient ! Dire que Sagatt prétend que Magalène est son amie d'enfance alors qu'ils ont plus de dix ans d'écart !

Magalène lève la tête et regarde le plafond comme pour interroger les astres :

- Je vois six... étoiles. Deux étoiles ne sont plus que des naines blanches. Une étoile est sur le point de naître... mais pas avant longtemps. Je vois encore trois étoiles qui brillent d'un grand éclat, surtout deux étoiles majestueuses... Une étoile brille d'un éclat énorme alors que l'autre brille de plus en plus ! (un silence tombe). Mais ! Je vois encore que l'étoile majestueuse devient rapidement rouge... Elle semble vouloir s'en prendre à l'autre étoile... Oh ! Que ce choc est terrifiant !

Ceux qui l'écoutent ont la gorge nouée.

- L'étoile rouge s'éteint aussi vite qu'elle est devenue de cette couleur. L'étoile qui l'a vaincue brille à présent... énormément... Elle devient... un soleil... Je vois encore l'étoile qui n'était pas encore née venir au monde... Ce sera le sixième et dernier astre avant de mourir...

Ils se regardent en se demandant ce que peut bien vouloir dire l'étrange prophétie à laquelle ils n'y entendent goutte. Magalène dit que c'est la seule prophétie qu'elle puisse présenter et qu'elle n'est pas aussi douée que sa mère. Sagatt se lève, sourit et met sa main sur l'épaule de la voyante qui frémit un peu :

- Ce n'est pas grave... Nous nous contenterons de ce fretin menu... Tu ne t'inquiètes pas de savoir ce qui nous est arrivé ?
- Je te connais très bien. Tu es du genre à toujours se mêler des problèmes. Depuis notre enfance, tu ne cesses de t'interroger sur des petites énigmes.

Il en convient et décide d'accompagner Link au piton rocheux. Cependant, Magalène avertit Link des dangers qu'il encourt et face auxquels il doit être très vigilant. Elle a pressenti des dangers sans savoir à qui ils sont destinés. Elle leur dit qu'ils sont dirigés contre Link. Les trois la remercient et quittent les lieux.

Ils remontent encore le village jusqu'à la forêt. Ils n'y rencontrent aucune difficulté. Finalement, après quelques longues minutes de randonnée, ils sont devant l'énorme entrée du "péril des voyages". Le géant leur explique qu'aucun villageois ou voyageur ne s'est risqué à y pénétrer. Sa propre mère lui a interdit d'y entrer ! Il respecte toujours l'interdit. Pour cette raison et parce qu'il a des choses à faire, il ne désire pas accompagner le héros du temps et la fée des bois. Ils acceptent son excuse et se préparent à entrer dans l'antre du piton.

Ils entrent dans le premier donjon...

Chapitre 17 : Premier donjon   up

Le donjon a l'aspect revêche. Tout est morne, noir, violet, gris que ne sais-je... Link ne se laisse pourtant pas gagner par la peur qui aurait tenaillé tout visiteur s'amusant à pénétrer dans la "tour". En avançant, épée et bouclier des braves levés, il constate un énorme trou allant jusqu'à toucher des murs. Devant celui-ci, deux escaliers en colimaçon, l'un menant en enfer, l'autre au paradis. Les deux héros comprennent immédiatement que ce n'est qu'un pâle trou car en bas, il n'y a que la fiente des occupants. De la boue de ces merdes s'est formée donc il vaut mieux ne pas y descendre. Ils choisissent donc de monter tout en songeant qu'ils pourraient facilement tomber dans le trou à la moindre glissade !

Ils se collent au mur par prudence, montant, montant. Ils tournent ainsi autour du gouffre. Des chauves-souris, doux compagnons de Link, les attaquent. Link les gomme d'un habituel coup d'épée.

Village de l'île

Sagatt est dans l'une des maisons en briques séchées. Dans une salle, il se retrouve devant un personnage brun, au cou de taureau, aux mains velues, au visage bronzé avec une moustache mal taillée. Ce personnage se nomme Tachebrun et est le principal assistant de Sagatt, l'aidant dans ses enquêtes. Le géant est venu lui demander des nouvelles. Tachebrun lui répond :

- Deux choses. Notre filou Arnaqua que tu connais très bien (le géant acquiesce). Il a toujours la réputation de se mouiller dans la bouse afin de dénicher un joli magot. Tu sais aussi qu'il est un peu cultivé (sans qu'on sache comment !), un peu intelligent mais aussi un peu con. Il s'était échappé de notre prison pour méfaits d'arnaques, il y a plus d'un ou deux mois. Réjouis-toi un peu... On en sait un peu plus sur lui...

Tachebrun sourit férocement. Son collègue l'invite à poursuivre :

- On a ainsi appris par un voyageur venu du nord-est qu'Arnaqua s'est amusé à faire un petit ménage au temple du temps. Sa description ne laisse aucun doute sur notre filou : cheveux courts, jaunâtres, un mètre soixante-dix et tout ce que tu connais bien... Il a essayé comme à son habitude de tromper le voyageur passant prier au temple du temps. Ce voyageur a de si mauvais souvenirs pour qu'il m'en conte ! Je lui fais confiance car je le connais très bien...

Sagatt tapote gentiment le visage de son collègue, le congratulant. Est-ce que c'est le même personnage décrit par le vétérinaire du château ? Si c'est le cas, y a-t-il un lien entre le livre de la bibliothèque et le temple du temps ? Arnaqua a probablement séjourné là-bas dans le but de recueillir les fruits de sa richesse. Peut-être en y découvrant des choses, il avait décidé d'aller au château... Mais pourquoi a-t-il l'impression d'être espionné en dehors de la bibliothèque ? Que s'est-il passé pendant le voyage d'Arnaqua entre le temple et le palais, si toutefois celui-ci est mouillé jusqu'au cul ? Il décide de laisser ses interrogations à plus tard et demande à Tachebrun une deuxième nouvelle. L'autre lui répond...

Link est à présent dans une petite salle à côté de laquelle se situe l'escalier. Il a dû éliminer des chauves-souris comme d'habitude. Mais il doit faire face à une menace venue des petits grillages sur un trou dans un mur. Ces grillages sont ouverts laissant le passage à d'adorables animaux de compagnie : des pitbulls. Ces chiens mignons ont une peau brûlée par endroits, une gueule bavant de méchanceté. Ils sont au nombre de trois et attaquent rapidement. Acculé, le Kokiri a le réflexe de bloquer un chien avec son bouclier porté à dextre et de tuer l'autre. Mais il n'a pas pu empêcher d'être blessé violemment par un autre chien. Il ne se décourage pas en tirant aussi rapidement que possible deux sagettes sur les chiens qui meurent de rage. Navi lui demande s'il n'est pas blessé, le héros nie gentiment. Ils pénètrent dans une autre salle, y éliminent des bestioles qu'ils avaient déjà aperçues dans l'arbre Mojo. Ils prennent une clé.

Ils reviennent à l'escalier qu'ils montent. L'escalier se rétrécit de plus en plus tandis que les murs se rapprochent, rendant la situation des héros plus dangereuse. En cas de chute, ce serait le billet aller direct au paradis ! sauf que la fée n'irait pas bien sûr... Soudain, des singes venus d'on ne sait où se frottent à notre Kokiri. Link ressent péniblement les morsures d'un singe sur son épaule. Abandonnant assez vite son épée fétiche, il prend le singe et le jette dans le trou, entendant ses cris stridents et désespérés. Deux autres l'attaquent ? Il recule et leur lance son boomerang qui les assomme un court instant. Il se précipite sur l'épée avant d'être l'ange exterminateur des singes.

Sagatt est étonné de la réponse que vient de lui fournir Tachebrun. Il s'agit d'une tortue géante inconnue dans les parages de l'île. Elle avait le ventre éventré et la langue arrachée. Il semble d'après l'autopsie qu'elle a été déposée sur la plage il y a plus de cinq jours. Déposée parce qu'elle ne peut se trouver que dans les mers du nord et non au sud du lac Hylia. Signe qu'on l'y a amenée exprès. Le géant approuve les analyses de Tachebrun qui dit encore qu'il a fait saler et amener le corps en lieu sûr. Personne n'ignore que la tortue est l'un des mets préférés du monde d'Hyrule. Les circonstances exceptionnelles l'ont amené à ne pas l'utiliser comme repas.

Link, dans l'autre salle de taille moyenne, a éliminé le crapaud géant. Il se dégage difficilement de l'emprise du monstre et de sa langue géante. Au lieu d'une mouche, le crapaud avait pris comme proie le Kokiri. Cet intermède terminé, Link ouvre le grand coffre pour découvrir le super boomerang. Il pressent que cette arme sera plus précise et meurtrière que son actuel boomerang. Ça tombe bien ! Je n'ai qu'à activer la passerelle géante qui nous sépare du trou !

Il revient en effet sur ses pas pour utiliser l'arme en question. Cette arme va beaucoup plus loin que sa consoeur ! Elle réussit à activer un mini bloc de pierre. Ce mécanisme déclenche la passerelle qui s'avance horizontalement vers Link et sa chère fée. Il la traverse en songeant qu'il est un peu blessé et qu'il regrette de n'avoir pas pris le bocal de fée.

Pour sa part, Sagatt n'est pas intéressé par l'irruption du cadavre d'un habitant des profondeurs abyssales. Il préfère confier l'affaire à son collègue. Cependant, son inconscient lui insinue que cette tortue est peut-être un élément non négligeable de son enquête. Il remercie beaucoup Tachebrun et sort en attendant le retour de Link et Navi.

Le Kokiri a encore mis en veilleuse éternelle le loup blanc. Il a osé affronter le petit, alors ce dernier lui a rendu la politesse à sa façon. Le loup réduit en poussière, la fée indique à Link un halo de lumière venant du plafond. Il ne l'avait pas remarqué lors de son petit combat contre l'animal blanc. Ils se précipitent vers ce halo. Ils sont alors emportés en haut.

Ils sont enfin sur le sommet du "péril des voyages".

Chapitre 18 : L'aigle royal   up

Le sommet du péril des voyages est de forme ronde. Au bord des précipices du sommet se trouvent des petites statues d'aigles dont la tête a la forme d'une bougie. Ces bougies sont allumées et sont désormais devenues des torches. Link bouge un peu jusqu'au milieu, armé jusqu'au cou, tout comme Navi méfiante. C'est alors qu'ils remarquent une Triforce gravée sur le sol. Ils comprennent.

Link interprète la berceuse de Zelda.

Peu après surgit du ciel un majestueux aigle géant auréolé d'une couleur bleuâtre, le bec d'or pur, les plumes brillant d'un jaune écarlate, les griffes de fer. Il se pose juste devant Link, le prenant de vitesse, lui qui ne peut qu'admirer la silhouette royale de l'oiseau. Tiens, je ressens par télépathie, ou du moins je le crois, ce que l'aigle a à me dire. Il veut que je le combatte pour recevoir une juste récompense ? Bien sûr, si c'est nécessaire pour le salut d'Hyrule.

La réponse faite par télépathie, l'aigle disparaît aussitôt. Link est à présent sur ses gardes, se tournant pour scruter l'horizon d'où surgira l'adversaire. L'aigle, soudain, venu de nulle part, fonce vers le héros bec fermé. Celui-ci répond en tendant son épée vers le bec. Peine perdue ! Il est éjecté dans les airs par l'aigle. Mais pas hors du sommet, heureusement ! se dit Navi. Link ne se décourage pas. L'aigle vole vers les cieux tandis que Link essaie l'autre arme qui puisse vaincre l'animal.

L'oiseau royal répète la même opération. Link lance son boomerang spécial qui va tout droit vers le corps de son ennemi. Mais l'ennemi semble avoir une carapace d'acier qui blesse Link sans coup férir. Le guerrier à plumes disparaît encore une fois. Profitant de ce répit, Navi conseille les flèches à son Kokiri. Celui-ci acquiesce et prépare les flèches. Surtout, il faut que je le vainque à tout prix !

Même chanson que la précédente, l'aigle ne semble pas touché par les flèches. Link est encore éjecté et faillit tomber s'il n'avait pas tendu les mains sur les bords du sommet. Il se soulève et court rapidement au milieu du sol. Et si je le brûle avec mes flèches de feu ? Mais ! Je n'ai plus d'énergie ! Que faire ?

Contrairement à Link, l'aigle ne se pose pas de questions et sans pitié, lance ses milliers de plumes afin de pousser l'enfant hors du sommet. Link ne peut que tenir son bouclier qui repousse difficilement les plumes acérées. L'oiseau renonce et disparaît dans le ciel. Que faire ? se répète Link. Puis il s'étonne de remarquer des petites statues de torches situées autour du sommet. Il a une idée et espère s'en servir à bien. Il range épée et bouclier, et utilise son boomerang.

Il attend patiemment et sereinement la prochaine attaque, plumes ou bec. L'aigle revient à la charge, le bec comme arme. Le boomerang est lancé vers l'une des torches. L'arme touchant la torche est constellée de brindilles de feu et vole vers l'aigle qui s'approche dangereusement du petit et de la fée. Touché ! L'aigle hurle et abandonne son attaque en disparaissant. Link est bien content de son ultime parade. Cependant, il a sous-estimé les attaques de son adversaire.

En effet, après avoir attaqué avec des plumes, l'aigle s'élance vers Link. Deux attaques en même temps ! Il est obligé de lancer le boomerang avec la même méthode que précédemment. Link attrape les griffes, car il est acculé par la peur d'être poussé dans le vide. L'aigle, devinant l'attaque du boomerang, tourne à 360 degrés. Sa parade repousse facilement l'arme. L'oiseau vole rapidement alors que le Kokiri fait des efforts pour ne pas lâcher les griffes. Zut ! Je suis dans de sales draps ! L'oiseau, comme mu par une intention sadique, fonce vers le mur pour écraser Link. Quoi qu'il arrive, je ne lâcherai pas l'oiseau de malheur ! Comme s'il avait admiré le courage du héros, l'ennemi renonce à ses intentions et monte au sommet.

Link lâche enfin les prises de l'aigle. Sans renoncer, il essaie deux attaques : le boomerang et les flèches. Tandis que l'aigle revient, il calcule ses attaques. Il veut que le boomerang en feu tourne autour de l'oiseau royal afin d'attirer son attention sur l'arme. Comme prévu, l'aigle fait volte-face afin de repousser l'arme qui tourne encore derrière le dos de l'oiseau. Cette arme est si rapide que Link en pousse un soupir ! Il lance ses flèches vers le boomerang. En le traversant, les flèches auréolées de feu touchent furieusement l'aigle géant. Celui-ci hurle encore une fois.

L'aigle, pourtant, abandonne le combat en se posant sur le sol et semble attendre un événement. Link se demande ce que peut manigancer cet aigle ! La fée et l'Hylien entendent une voix :

- Hou ! Hou ! Tu as encore gagné comme d'habitude ! Tu prouves une fois de plus ton courage. Tu es bien l'élu des déesses.

Les deux compères sont étonnés de retrouver le hibou Goebora au sommet, perché sur une des torches. Le hibou poursuit :

- Ta victoire est méritée. L'aigle que tu as vaincu est le compagnon des dieux. Il est le lien entre les cieux et Hyrule. Il va maintenant te récompenser.

Le hibou s'envole vers les cieux. Ils regardent briller quelques scintillements de lumière qui se matérialisent sous la forme d'un objet. L'aigle ouvre son bec et crache des poussières de lumière rose. Ces lumières guérissent le héros qui en a justement grand besoin. Navi tourne autour de Link :

- Bravo Link ! Retournons vite au palais !

Link sourit à son amie chérie. Ils n'ont même pas remarqué que l'oiseau a disparu, tant ils sont absorbés par leur victoire.

Chapitre 19 : Fin de règne   up

Deux jours de chevauchée à travers les pays, sous le soleil ou la pluie, Link, Epona, Navi, l'étalon noir, Sagatt parcourent ainsi Hyrule. Leur objectif est le palais, car ils ont la réponse aux questions qui les assaillaient avant leur départ du palais. Parvenus en vue des murailles de la cité, ils ressentent une sorte de malaise. En effet, lorsqu'ils pénètrent sur la place, ils trouvent que l'animation est moins bruyante que d'habitude. Ils ne tardent pas à en connaître les raisons en entrant au temple de la cité.

Ils clignent les yeux, bousculés par l'irruption de l'ombre après un joli éclairage du soleil. Un groupe s'est formé dans la salle. Ce sont le sage de la lumière Rauru, Billo le bibliothécaire et une femme vue de dos. Sagatt, Navi et Link s'interrogent sur cette présence et l'absence de Zelda qui est peut-être au palais. En revoyant les trois compagnons, Rauru et Billo affichent une mine des moins réjouissantes. La femme en question se retourne et affiche des yeux encore rougis. Link, et encore plus Sagatt, sont interloqués par la femme qui n'est autre que Zelda. Link connaît bien sa silhouette pour l'avoir vue dans le futur. Sagatt, sans l'avoir vue, devine rapidement l'identité de la femme. Interpellés par la silhouette adulte de Zelda, les compagnons entendent la terrible sentence de Billo :

- Sa majesté vient de mourir. Morte assassinée...
- Par une araignée qui a la malencontreuse façon de tuer toute personne en touchant leur langue... finit Rauru.

Piqué par ces réponses brutales, Sagatt se précipite immédiatement dehors, sans présenter ses condoléances à la princesse désormais reine. En voyant la mine choquée de Billo, Zelda le rassure :

- Ce n'est rien... Je le connais mieux maintenant. Je préfère le voir bouillant d'activité plutôt que d'être prisonnier par les formalités de politesse.

Les autres ne trouvent rien à redire, impressionnés par l'assurance tranquille de la reine d'Hyrule. Cependant, Billo prie Zelda de bien vouloir l'excuser.

Sagatt, sans répondre aux soldats encore choqués par le malheur, court au château. Les gardes l'ont laissé entrer parce qu'ils sont encore choqués et qu'ils le connaissent très bien pour avoir discutaillé avec l'ancienne princesse. Il poursuit encore son chemin dans le but d'aller au laboratoire du vétérinaire. Finalement, devant le vétérinaire peu au fait des événements funestes ou qui semble s'en moquer, occupé à tester des éléments de chimie, Sagatt demande sans autre formalité :

- Tu te rappelles notre discussion sur l'araignée bouffeuse de langues ? L'as-tu donnée à quelqu'un ? Et à qui ?

Le vétérinaire balbutie, impressionné par la carrure du géant :

- Beu... Beu... Je l'ai remise à un jeune homme blond... Il semblait être ravi de mon prêt de l'animal... sourit le vieux qui semble vraiment se foutre de la mort du roi !
- La description ! Vite !
- Oh ! Oh ! Beu... blond, une vingtaine d'années... Je ne sais plus... Mais il m'a promis de me la restituer quand il l'aurait... heu... examinée à l'intérieur du château...

Mais quel con ce vieux ! s'indigne Sagatt. Comment peut-on prêter un animal, certes apprivoisé, mais dangereux pour le premier venu !? N'importe qui pourrait se parjurer devant le véto en prétextant promener l'araignée de merdaille dans le palais !!! D'ailleurs, Sagatt semble peu convaincu de la description faite par le vétérinaire, se souvenant des paroles des habitants du château sur celui-ci. Le vétérinaire est aussi fort en différenciant une couleur rouge d'une verte. Si c'était bien Arnaqua, pourquoi se serait-il donné du mal en revenant à la charge en demandant des araignées ? Qu'est-ce qui l'avait poussé à commettre un pareil crime sur le roi ? Pourquoi le roi et pas une autre personne ? Surtout que ça n'a aucun rapport avec les deux meurtres pour l'instant. Sagatt sait par expérience qu'on n'a pas encore découvert le coupable, car si c'était le cas, Billo l'aurait rapidement dit peu après avoir proclamé des paroles funèbres à l'intérieur du temple.

Il entend soudain une voix méprisante, dédaigneuse. Il se retourne. Enqvus, le plumitif minable :

- Je savais que tu étais l'un des suspects dans l'affaire des trois meurtres.

Enqvus sourit, dédaigneux. Le géant soupire tandis que le vétérinaire recule pour vaquer à ses travaux. Sagatt demande :

- Dans ce cas, quel est mon motif ?
- Je sais que tu es l'ami de Billo. Or, il se trouve que tu avais besoin de travailler comme assistant à la bibliothèque secrète. Mais le poste est occupé par Villo. Plus de doute, il fallait le supprimer. C'est ce que tu as fait en corrompant un quelconque tueur sans pitié. Par chance, le deuxième mort était au fait de tes sales machinations. Il fut supprimé... Tu avais peur d'être dénoncé... Le malheureux a trépassé... Il fallait une force pareille pour le soulever et le mettre dans la cruche ! Tu n'avais pas assez de sang sur les mains... Donc tu te sentais puissant et tu en as profité pour éliminer le roi ! Heureusement, j'étais là...

Un silence répond. Puis, Sagatt éclate de rire. Vraiment, ce mec est tombé dans la connerie abyssale ! Il ne sait pas que je suis devenu assistant dans le but d'enquêter. Cependant, Sagatt admet qu'Enqvus n'a pas tort pour son analyse sur lui. Il pourrait toujours lui expliquer les raisons, mais à quoi bon ? Cet Enqvus le ferait jeter en prison, manu militari ! Il continue :

- Tu es parti dans le but de te disculper du meurtre. Apparemment, Zelda (Enqvus se moque de la titulature de la princesse) a été trompée par tes jolies paroles. J'ai fait mettre des mouchards partout (en vérité aucun, se dit Sagatt qui aurait facilement déniché un mouchard !). Ton complice, sur ta demande, a supprimé le roi. On n'a pas pu déterminer comment il s'y est pris pour pénétrer dans la chambre et tuer ainsi le roi, malgré la vigilance des gardes. Mais qu'importe ! Ton complice est probablement un humain corrompu venu des îles. Vous deux, vous êtes détestables !

Sagatt ricane doucement, se demandant pourquoi Enqvus n'est pas allé plus loin dans l'enquête sur la mort du roi. Il entend encore :

- Par bonheur, toujours vigilant, j'attendais ta venue... Car, c'est connu, un commanditaire revient toujours sur ses pas pour payer son complice. Et me voilà, t'arrêtant !

Enqvus bombe le torse en allant ordonner de faire arrêter le géant, quand il est interrompu à l'improviste par Billo, qui halète un peu :

- Peuf... Peuf... J'ai une lettre de Zelda ordonnant qu'il ne sera fait aucun mal à Sagatt tant que les circonstances des meurtres n'auront pas été levées.
Billo remet l'enveloppe cachetée à Enqvus qui renifle après l'avoir lue :

- Peuh !... La perversité du géant n'a pas de limites ! Comment une princesse peut-elle...
- Attention ! Vous venez de commettre un crime de lèse-majesté ! Zelda est à présent une reine, s'exclame Billo en tendant son index. Un mot à Sa Majesté et vous voilà relégué au fond du royaume.

Vaincu par l'argument, Enqvus quitte le laboratoire en marmonnant. Sagatt sourit à Billo :

- Mon cher ! Tu me tires des griffes de ce bouffon !
- Je te connais bien ! La reine et moi savions que tu irais au laboratoire. C'est pourquoi nous avons préparé une lettre à l'intention d'Enqvus.

Sans plus de formalités, ils quittent le laboratoire et retournent au temple. Au temple, la reine d'Hyrule prend la parole :

- Puisque vous êtes là, le temps presse.

Link attend ce qu'elle va dire.

Chapitre 20 : Réunion   up

- Puisque vous êtes là, le temps presse.

Ces mots font prendre conscience aux autres présents au temple, de la gravité de la situation. Est-ce que c'est la mort du roi qui a poussé Zelda à prononcer des paroles terribles ou autre chose ? Bien avant que Sagatt et Billo ne parviennent au temple, celui-ci avait expliqué que selon la coutume, lorsqu'un roi meurt, le successeur doit prendre un deuil de quatre mois sans être vu de quiconque sauf des personnes que le nouveau roi choisirait. Ainsi Zelda est présente dans le temple, cachée à la vue de tous, car le bâtiment est gardé et nul ne doit y pénétrer sauf autorisation royale.

Sagatt est surpris de revoir Link. En effet, le héros du temps est redevenu adulte. Il y a de quoi être inquiet, par les temps qui courent, de voir qu'un gamin est devenu adulte ! se dit le géant imberbe et chauve. On lui avait expliqué qu'il suffisait à Link d'aller au socle de l'épée pour qu'il se transforme en adulte. Cependant, seuls les possesseurs de fragments de la Triforce sont habilités à se transformer. Hum... c'est bizarre, Link m'a raconté qu'il avait dû attendre sept ans pour être adulte et entrer ainsi en possession de l'épée. Or, ce n'est pas le cas aujourd'hui... Sagatt comprend mieux lorsqu'on lui dit qu'une réunion de deux fragments suffit à transformer quiconque en a la possession.

Link est habillé comme il l'était dans le futur. Navi est ravie de se rappeler de bons souvenirs lorsqu'elle l'accompagnait dans de périlleuses aventures contre Ganondorf. Cependant, la reine poursuit :

- Pendant votre absence, on m'a annoncé le pouvoir diabolique de l'oeil géant qui vit à l'île de la neige, Anchoia. Il ne cesse de grandir lentement mais sûrement... Or, il se raconte que l'oeil réchauffe quiconque s'en approche. Oui, je crains le pire pour l'avenir...

Les autres qui l'écoutent se tiennent dans un silence coi. Ils comprennent aussitôt que si l'oeil grandit et "se réchauffe" ainsi, l'iceberg géant fondra et... Ils préfèrent ne pas imaginer la perspective terrible de la fonte de l'île, car à coup sûr la fonte entraînerait l'inondation de plusieurs pays.

- L'oeil n'en est qu'à des balbutiements, donc nous devons nous presser et découvrir les manigances qui se cachent derrière l'oeil. Je pense que ça a un rapport avec le livre de la bibliothèque qu'a découvert Sagatt voici peu.

La reine fait ensuite appel à son fidèle bibliothécaire myope. Au milieu de la pièce gît tristement une petite table ronde, sur laquelle est déposé le livre en question. Le myope s'approche du livre et pose sa main dessus :

- L'ouvrage raconte en fait l'existence du Saint-Royaume...
- Hein !? le coupe Link qui pensait qu'il ne se trouvait que dans le sanctuaire des sages.
- En fait le sanctuaire n'est que l'antichambre des terres sacrées... explique Rauru qui a compris l'exclamation du Kokiri. Même moi, je n'ai jamais mis les pieds dans ce royaume. Il faut connaître l'emplacement secret de son entrée, paraît-il.

Billo est prié de poursuivre. Il continue d'un ton un peu monotone :

- Le Saint-Royaume serait le premier monde d'Hyrule à être séparé de votre royaume, reine Zelda. Le volume explicite que n'importe qui peut y pénétrer à condition d'avoir trois cristaux en forme de triangle...

Tout comme la Triforce, ricane intérieurement Sagatt.

- ... Il parle encore des pays du Royaume qui sont, selon le livre, magnifiques et supérieurs en beauté par rapport à Hyrule... Malgré son nom, le royaume n'en a pas l'air car il serait gouverné par un groupe de gardiens sacrés appelés les "Intouchables". Ceux-ci auraient pour mission de surveiller à la fois le Saint-Royaume et Hyrule, sans pour autant intervenir physiquement chez nous... C'est de là que viendrait l'origine de la Sainte Triforce... Le volume parle encore des propriétés des diamants, ce qui ne nous intéresse guère...

Derechef, le silence revient saupoudrer le temple. Rauru dissipe les poussières du silence :

- En fait, la Triforce se trouve au sanctuaire mais Ganondorf y a pénétré et a cassé l'équilibre entre les trois fragments. Il n'avait pas compté sur notre vigilance (Rauru veut dire Zelda et lui). Il oublia que ceux qui ont la sagesse ou le courage en eux peuvent emporter avec eux les autres fragments s'ils sont passés par le sanctuaire. Et la reine est justement passée par-là puisqu'elle a été initiée au sanctuaire, alors qu'elle n'était qu'un nourrisson. Tout successeur potentiel qui naît doit passer par le sanctuaire afin d'avoir l'un des fragments, que ce soit la sagesse, le courage ou la force. Ces fragments sont nécessaires aux rois ou reines pour diriger le royaume dans la paix.

Il y a une contradiction dans tout ça, réfléchit Sagatt. Normalement, seuls les successeurs potentiels devraient passer par le sanctuaire afin de posséder l'un des fragments. Cette "cérémonie" devrait implicitement désigner le successeur. Pourtant, il y a dix ans éclatait la guerre entre le fils et l'oncle ! Est-ce à dire que l'oncle ne connaissait pas les pouvoirs du sanctuaire ? Mais dans ce cas, pourquoi n'avait-on pas expliquer à la cour l'existence du sanctuaire ? Sans doute, les secrets doivent être scellés. Evidemment, le grand chaos y est pour beaucoup... d'après les paroles de Laulu. Une question me taraude encore : Zelda a eu le fragment lorsqu'elle était bébé, or c'était justement peu avant ou pendant la guerre ! Il est donc logique que ni le fils, ni l'oncle n'ait jamais séjourné au sanctuaire. Et pourquoi donc ? Un secret lourd tient peut-être le grand-père de Zelda ? Et lequel ? Cela a-t-il un rapport avec le meurtre du père de Zelda ? Cela expliquerait des choses... Mais alors les deux meurtres n'ont aucun lien avec la mort du roi ?! Sagatt décide de remettre ses réflexions à plus tard.

En levant la tête, Sagatt constate soudain que Rauru l'observe discrètement. Le vieux plouc ! Il a profité de ses paroles pour m'observer aussi discrètement qu'une taupe ! Ils entendent cependant Navi :

- Mais ça n'a pas de sens ! Si Ganondorf s'est vraiment libéré et est l'instigateur des meurtres, pourquoi s'intéresserait-il au Saint-Royaume alors qu'il s'est donné du mal pour réunir les deux autres fragments ?

Personne ne lui répond avant que la reine n'intervienne :

- Que ce soit Ganondorf ou quelqu'un autre, nous devons nous presser. Si Ganondorf est vraiment de retour, nous devons craindre le pire. La solution est alors de retrouver les trois cristaux !

Et elle fait gentiment signe à Sagatt de sortir la plaque complète du sac. Franchement, la reine est très perspicace ! sourit l'ancien soldat. Elle savait que nous retrouverions la plaque complète. Elle est si intuitive ! Sagatt sort alors la plaque pour la poser sur la table. Voici ce qu'ils lisent :

Glorieux Saint-Royaume cherche l'entrée
De la forêt au royaume des Mojos
Gravir les brûlures du froid
Se promener au royaume de Basile

Le sens est désormais clair : la première phrase invite toute personne voulant trouver l'entrée du Saint-Royaume à aller dans les trois endroits cités par la plaque.

Chapitre 21 : Pandore   up

Le soleil est en train de mourir derrière la cité moins bruyante, moins animée et prise en tenaille par le deuil. La perspective du coucher du soleil et du début du sommeil biologique des animaux incite les héros présents au temple de la lumière à remettre au lendemain le début de la quête des trois cristaux. En effet, la sagesse veut qu'on ne se précipite pas dehors la nuit sur un coup de tête. D'ailleurs, les chevaux seraient morts en parcourant des lieux séparant les bois et la cité.

C'est sur ces conclusions qu'on décide de se coucher. La reine dormira au sanctuaire bien que ce ne soit pas la coutume, mais étant mue par la fatigue et parce que personne ne doit la rencontrer en période de deuil, elle porte ses pas vers la salle du socle d'Excalibur, accompagnée de Rauru. Billo, par amitié affectueuse pour l'ancienne princesse, ira la rejoindre. En attendant, il raconte à Sagatt les circonstances du meurtre du roi. Link et Navi iront dormir au château.

Lors de la mort du roi, la chambre était solidement gardée par quatre soldats et un capitaine. Qui aurait pu entrer dans sa chambre ? Le chambellan et quelques serviteurs en nombre restreint ayant la confiance du chambellan, répond Billo. Fouillait-on toujours les gens avant de pénétrer dans la chambre du roi ? Oui, toujours, bien qu'on l'estimait un peu inutile vu le calme régnant depuis longtemps. Que faisaient les serviteurs dans la chambre ? Ils allumaient à l'accoutumée la cheminée, ils mettaient des draps sur le lit de Sa Majesté, et enfin ils nettoyaient. Donc à part ces personnes désignées, personne n'était entré dans la chambre située au dernier étage du château ? Oui, on l'affirme. Sagatt le remercie beaucoup et décide de nicher chez Billo.

Sur le chemin menant à la maison de Billo, le policier îlien s'interroge sur les modalités de présence de l'araignée : comment est-elle parvenue jusqu'à la chambre ? Est-on allé jusqu'à la mettre physiquement dans la bouche du roi qui aurait ronflé comme un cochon ? Il imagine très bien un éventuel assassin se promenant avec, dans sa paume, une mignonne araignée, pour la jeter dans une bouche. Non, ce n'est pas sérieux, il existe même un autre moyen. Enfin, je verrai...

Sagatt pénètre dans la salle à manger de Billo enténébrée par la couleur qui n'appartient pas aux trois couleurs primaires : rouge, bleu et jaune. Il tâtonne un peu dans la salle à la recherche de foutues bougies et de quoi les allumer. Lorsqu'il les a allumées, il monte l'escalier, la voûte baissée. Enfin, il entre dans sa chambre. Il pose sa chandelle pour constater une présence qu'il ne connaît que trop bien et ça le dérange beaucoup.

Assise sur la couverture du lit, une jolie femme regarde sarcastiquement le géant. Elle lui sourit en remarquant la moue irritée, mais le visage olympien, de Sagatt. La femme qui vient de poser les yeux sur Sagatt a des cheveux très noirs. Sa chevelure tombe jusqu'à ses fesses, ses yeux brillent d'un éclat noir, sa bouche est sensuelle. Elle a une forte poitrine qui ferait rougir un puritain. En effet, elle porte une longue robe blanche avec une ceinture rouge et un généreux corsage. Ses pieds portent des sandales marron.

Sagatt dit d'un ton cassant :

- Que me veux-tu, pouffiasse ?

Ce à quoi la femme rit gentiment et fixe ses yeux :

- Ho ! Ho ! Ho ! Ne vas-tu pas me chasser, moi qui suis une jolie femme ? Une femme que tu connais très bien ?

Sagatt ne répond pas. Je regrette de t'avoir rencontrée... La première rencontre avait eu lieu lors de la guerre précédente. Après avoir sauvé Billo des ravages des déserteurs, il s'était mis à la recherche des créatures. C'est sur le chemin qu'il tomba nez à nez avec la femme du nom de Pandore.

Pandore n'avait pas son pareil pour ses talents de guérisseuse. Elle pouvait guérir n'importe qui et n'importe quelle maladie quelle qu'elle soit. Sagatt était tombé sous le charme de la maléfique femme. Cependant, la volonté furieuse de poursuivre les assassins de ses compagnons était plus forte que les charmes de Pandore. Il avait appris à ses dépens qu'elle était capable rien qu'avec ses charmes ou son talent de guérisseuse, de mettre toute personne sous sa coupe. Malheur à quiconque tenterait de désobéir à Pandore ! Car elle n'était pas que guérisseuse, elle était aussi empoisonneuse et un peu magicienne. Elle était capable de détruire l'adversaire avec ses talents d'empoisonneuse.

Tout en y pensant, Sagatt demande d'une voix amère :

- Quelque chose t'a fait venir jusqu'ici ? Je te connais mieux que personne : ce n'est pas pour les beaux yeux du roi que tu es venue.
- Ce que tu peux être perspicace, mon cher requin... Hu ! Hu ! Hu !

Sagatt avait rapidement délaissé Pandore. Plus tard, au cours de ses pérégrinations, il avait découvert que Pandore était la complice de l'inventeur des créatures maléfiques. Cette femme avait tenté de mettre fin aux jours du géant. Mais la ruse de celui-ci avait fait avorter les projets de Pandore. Malgré toute sa rancune contre celle-ci, Sagatt avait eu un peu pitié de la femme et l'avait laissée repartir. Après cet intermède, il réussit à détruire les créatures et le sorcier.

En revoyant la femme la plus méprisable, le géant regrette de l'avoir épargnée. Il écoute d'une oreille distraite en regardant le plafond comme si la "pouffiasse" ne l'intéresse pas :

- Oui, tu as raison pour ça. Je suis venue... tout simplement parce que je tiens à te le faire savoir. Et sache que j'ai des projets bien plus grandioses que ceux du misérable sorcier... Ne t'avise pas de te mettre sur mon chemin sinon ça ira mal... très mal, même !

Sagatt soupire et bouge sa main droite qui signifie : "Mais oui ! Mais oui ! Mais je voudrais aller me coucher donc je te prie de bien vouloir me foutre la paix..." Pandore le regarde d'un air serein, puis sourit. Enfin, elle disparaît en partant vers on ne sait où. Pff... Qu'elle peut être chiante ! Il faut pourtant que je me méfie d'elle. Je me demande de quels projets elle voulait parler ?

Il balaye de sa main et éteint les bougies.

Chapitre 22 : Revoilà le marchand Mojo !   up

Sagatt et Link parcourent le pays jusqu'aux bois d'Hyrule. A la différence des jours passés, Link ne chevauche plus Epona, mais une autre monture grise, Epona n'ayant pas encore grandi pour recevoir les fesses de l'Hylien adulte. Ils sont à la recherche du premier cristal qui doit les emmener, avec d'autres cristaux, au Saint-Royaume légendaire.

Mais ils ne connaissent pas le royaume des Mojos, même pas Link qui est kokiri d'adoption et qui n'avait jamais quitté le village des enfants jusqu'à son aventure incroyable. C'est pourquoi Sagatt décide de rechercher le vendeur de bois mojo qu'il avait corrompu autrefois. Il espère le retrouver au même endroit.

A ce moment-là, le vendeur mojo, qui survole la forêt pour se réfugier dans son trou préféré, a repéré le géant qui l'avait importuné. J'espère qu'il ne va pas me chercher ! Même s'il m'a donné de jolis rubis, je ne voudrais pour rien au monde le revoir ! Il... est si brutal ! Le Mojo revient finalement au trou où il se réfugie aussitôt. Il est en train de déballer ses affaires dans sa "tanière" lorsqu'il entend un bruit. Inquiet, il lève doucement la tête.

- Noonn !!! Pas lui !

Il vient de voir la silhouette du géant qui l'a rapidement repéré et qui s'approche de lui d'un air satisfait. C'est décidé ! Je vais me cacher au fond de ma "maison" et je ne bougerai plus ! Il entend des voix.

- Tss... Il m'a reconnu et il a peur... on dirait, dit Sagatt à Link.

Sagatt se penche vers le trou caché par des feuilles vertes :

- Tu ne voudrais pas 5 rubis rouges ? Dis ?

Silence. Pas de réponse.

"Quel con !", ricane l'ancien soldat. Mais Link a une idée : "Je vais essayer de le déloger à l'aide d'une bombe. Sinon, l'autre manière est de lui renvoyer ses noix mojos comme tu le faisais."

Aïe ! aïe ! aïe ! peste intérieurement le Mojo. Tiens ? J'entends un sifflement puis une voix : "Je crains qu'on ne te retrouve en morceaux éparpillés..." Il entend un sifflement qui se fait de plus en plus aigu. Noon !!!

Alors le vendeur sort en l'air, en gesticulant. Sagatt l'attrape prestement. Le vendeur mojo se demande ce qu'ils lui veulent encore. Link dit :

- Même si j'avais posé la bombe, cela n'aurait pas explosé puisque j'ai mouillé un peu l'arme.

Le Mojo soupire de dépit. On lui demande la direction du royaume des Mojos. Le vendeur est un peu surpris. Il demande en quoi le royaume les intéresse. Mais Sagatt, tout en tenant le bras du Mojo, agite un rubis violet. Un rubis violet ! Mais ça vaut à peu près 100 rubis ! Le Mojo agite son bras libre vers le rubis convoité mais Sagatt fait reculer le rubis en émettant un mot : "Le royaume ?" Vaincu, le Mojo consent à leur indiquer le chemin, arguant qu'il n'a plus rien à perdre. Satisfait, Sagatt lui balance le faux rubis violet. Le Mojo caresse le rubis et l'embrasse.

Satisfaits, les deux compagnons abandonnent les chevaux qui retrouveront assez facilement le chemin de la plaine. Mais en continuant la route, Sagatt intime à Link de le suivre discrètement. Link opinant, le suit jusqu'à un ensemble de feuillus et de buissons très épais. En se cachant rapidement, ils remarquent deux types. L'un est habillé d'une cape noire, l'autre est hylien et porte des vêtements de paysan, ce qui peut sembler ridicule dans une forêt. Ils montent des chevaux. Ils ont beau s'y prendre discrètement, Sagatt les a flairés. Des échanges :

- Maskus, tu crois qu'ils nous ont repérés ? demande le paysan.
- Peut-être pas, mais il faut être prudent, Jacsus, répond celui qui porte une cape noire.
- Pff... Je ne comprendrai jamais les femmes... Pourtant, celle-ci est assez branlante.

"Pandore", songe soudain Sagatt. Mais l'autre poursuit :

- C'est vrai... Surtout qu'elle nous a promis de l'or qui se trouverait au Saint-Royaume..., fait Maskus.

"Non !", s'exclame silencieusement Link en s'agitant cependant. Sagatt lui donne un coup de coude et le Kokiri se calme.

- Elle nous a dit de se méfier des sbires de Ganondorf..., dit encore Jacsus.
- Tais-toi ! Oublies-tu qu'ils peuvent toujours nous entendre ?
- M... C'est vrai... Il faut les suivre maintenant ! s'angoisse soudain le paysan.
- Mm... Il est peut-être trop tard... Ils nous ont sûrement repérés.

Ils sont aussi beaux que cons, ricane Sagatt. Mais pourquoi Pandore prendrait-elle le risque de leur révéler l'existence du Saint-Royaume ? Comment a-t-elle pris connaissance de ce royaume ? Une légende qu'elle a crue ? C'est trop gros, elle n'aurait pas pris le risque d'être le mouton naïf des légendes de bonnes femmes ! Elle a sûrement entendu parler du royaume par le biais de rencontres, d'objets ou je ne sais quoi. Il nous faut retrouver le pays des Mojos et vite !

Dans le cerveau de Link : Ganondorf... C'est donc lui, le responsable des activités récentes... Zelda a raison, il faut aller au Saint-Royaume pour y trouver la vérité sur les agissements du vil Ganon. Mais qui est la femme qu'ils ont mentionnée ? En regardant Sagatt, Link comprend que celui-ci la connaît sûrement et il est décidé à le lui demander plus tard. La fée murmure :

"Il nous faut partir rapidement". Ces paroles assomment les songes des compagnons. Ceux-ci acquiescent.

Chapitre 23 : Veroga   up

La forêt se fait de plus en plus pressante. A sa tête, des arbres géants avec des soldats les racines, des capitaines qui sont des buissons, des lieutenants des touffes d'herbes grasses, des sergents des fleurs sauvages dont le pissenlit, le tilleul, les orties... Link et ses amis font face à une armée verte. Au fur et à mesure qu'ils s'enfoncent vers le royaume des Mojos, il y a moins de lumière répandue par le généreux soleil car le bouclier tenu par d'énormes arbres empêche l'astre solaire d'entrer au coeur de la forêt. Au lieu des bruits ordinairement perpétrés par des soldats, c'est un silence de cathédrale qui fait office d'arme redoutable. Si on est seul, sans insectes, sans fées, sans lucioles, sans animaux, avec tout ce qu'il y a de sauvage et d'oppressant, on risque de devenir fou.

Mais Link n'est pas seul et est, de plus, accompagné de Sagatt et de Navi. Cependant, après avoir semé les pauvres sbires de Pandore, ils trouvent de plus en plus oppressante l'atmosphère verte. Pourtant, la perspective de sauver Hyrule de la ruine les encourage beaucoup. Ils veulent à tout prix dénicher le premier cristal. Ils continuent ainsi leur chemin quand leur sens de l'ouïe et de la vue sont attirés par un phénomène étrange.

Un nuage violet se forme peu à peu, lui-même auréolé de lumière très violette. Au milieu de ce nuage, se matérialise bientôt un obscur cavalier noir dont Link ne connaît que trop la silhouette : le fantôme spectral de Ganondorf ! Mais au lieu d'une face de squelette, c'est une ombre de fumée très noire avec son unique oeil rouge qui fait office de charmant visage. Son cheval est toujours noir, sa lance est toujours présente comme au bon vieux temps (ou plutôt comme au bon "futur" temps !). Link dégaine aussitôt tandis que Sagatt se demande si ce n'est pas le personnage que son ami lui avait décrit dans son histoire du temple de la forêt.

Alors le fantôme lève son bras au bout duquel se tient la lance qui commence à s'illuminer pour finalement prendre la forme d'une boule d'énergie. Il agite soudain son bras pour lancer une boule vers les compagnons. Ganondorf est bel et bien de retour ! La réaction ne se fait pas attendre : Link s'élance en avant pour rendre la politesse à son adversaire. Son glaive touche la boule d'énergie qui est renvoyée à son possesseur. La boule touche de plein fouet la monture noire qui trépasse aussitôt. Le fantôme, toujours en lévitation, semble être surpris par la violente réaction du Kokiri.

La lance disparaît, puis "Ganondorf" fait le geste d'adjoindre ses paumes. Avant qu'ils ne réagissent, Link et Sagatt sont attrapés par des mains griffues vertes qui viennent d'apparaître sur leur dos. Désormais, ils étouffent, pressés comme ils le sont par les mains de la marionnette du fantôme. En effet, cet ennemi fait mine de serrer ses poings comme s'il veut étrangler quelque chose. Et ce quelque chose, ce sont Link et Sagatt qui s'agitent en vain. Navi ne peut rien faire contre le monstre.

Subitement, les étouffements cessent. Les mains griffues ont disparu comme par magie. Le fantôme, ne comprenant pas, récidive son mouvement afin de réveiller les mains griffues. Puis il se rend compte que ses mains ont disparu... tranchées... Il est alors agité par de violents soubresauts. Les héros reprennent doucement haleine, mains et genoux posés sur le sol. Ils ne peuvent donc pas remarquer l'apparition d'un nouveau personnage. Celui-ci se tient face au monstre.

Le personnage est une jeune fille. Elle a des cheveux rouges comme le sang, des yeux verts et une queue de cheval qui tombe jusqu'à sa taille. Son visage a un aspect très juvénile mais en même temps très adulte. Sa silhouette est fine avec une petite poitrine. Elle porte une tenue rouge de danseuse, sans manches, qui colle à sa taille et un short très moulant aussi, qui descend jusque sous les genoux sans toutefois atteindre les chevilles. Ses sandales sont teintées de marron. Elle a une allure gracieuse comme les chats ou plutôt les félins. Devant l'ennemi, elle semble prendre la posture d'une danse en tenant les bras en l'air.

Irrité par l'apparition inopportune d'une jeune puta, l'ennemi spectral déchaîne quatre boules d'énergie rouge vers la fille. Avec un calme stoïque, elle imite le vent. Elle crée un vent qui repousse les boules. Touché par l'attaque de la fille, le fantôme n'a pas vu arriver son pied. Celle-ci, après avoir renvoyé les boules, a appuyé ses mains sur le sol pour s'élancer en l'air jambe droite vers les fesses de "Ganondorf".

Comme s'il avait été brûlé gravement par une quelconque fumée, le fantôme hurle puis disparaît dans des nuages violets.

Les héros, qui s'étaient soulevés, sont impressionnés par les mouvements sereins de la jeune fille aux oreilles pointues. Celle-ci s'approche cependant pour se présenter aux autres. Elle dit s'appeler Veroga. Elle se présente encore :

- Je viens du Saint-Royaume. Je suis venue pour vous aider à retrouver des cristaux afin que vous puissiez entrer dans mon pays. Je vous dis ceci car j'aimerais bien que vous nous aidiez en retour...
- Nous ? coupe Sagatt déjà méfiant de "Veroga" venue d'on ne sait où.

Veroga se fait sombre :

- En fait, au Saint-Royaume, ma grand-mère se meurt... Je veux la guérir. Elle sait que je veux l'aider, alors elle m'a conseillé d'aller en Hyrule, bien que ce soit interdit. Elle m'a dit de te chercher (Veroga s'adresse à Link), elle ne m'a pas dit pourquoi... Juste qu'au moment où tu la rencontrerais, elle m'expliquerait en détail...
- Dans ce cas, pourquoi n'es-tu pas allée à sa rencontre plus tôt ? demande Sagatt.
- Bien qu'elle m'ait décrit Link..., voyant que Link est surpris d'entendre son nom, Veroga s'empresse de poursuivre : ... Elle connaît ton nom car elle est l'ancienne prêtresse de la déesse de la double vue. Elle a des dons qui permettent de voir tout événement très loin. Ce qui est rare... car seuls les Intouchables ont de tels dons innés. Moi, je ne suis que le serviteur du dieu Molierus... Enfin, malgré la description qu'elle m'a faite, je voulais m'assurer que tu es bien celui qui doit m'aider.
- Si elle est bien celle que tu décris, alors elle doit connaître les aventures de Link dans le monde de Termina ! Et puis comment as-tu pris connaissance des cristaux ? Tu n'as même pas de mouche ! dit encore Sagatt sans se préoccuper de savoir si Veroga connaît l'existence des mouches espionnes.
- En fait, c'est ma grand-mère qui m'en a parlé. Elle m'a avertie que si je pouvais sortir facilement du Saint-Royaume, j'y entrerais très difficilement à moins de posséder les trois cristaux.

En remarquant la mine soupçonneuse des garçons, Veroga continue :

- Elle est l'amie des prêtres intermédiaires des Intouchables. Ceux-ci possèdent d'immenses connaissances des trois mondes : les terres sacrées, Hyrule et Termina.

Devant le silence embarrassé des trois compagnons, Veroga prend alors un visage triste et mêle ses mains dans une posture de supplication :

- S'il vous plaît, ma grand-mère se meurt... Je n'aurais jamais pris le risque de venir ici si je ne m'étais pas trouvée dans cette situation... Mais s'il le faut, je continuerai à chercher seule les cristaux sans votre aide et malgré les conseils de grand-mère. Je vous ai bien sauvés non ? Car, je n'avais pas le choix ! Enfin, grâce à mes pouvoirs de télépathie qui sont très coûteux en énergie, ma grand-mère m'a révélé que tu as vaincu l'aigle géant au piton du village de ton ami. C'est pourquoi, je vous ai suivis pour m'en assurer. L'apparition des cavaliers et du fantôme m'a convaincue que tu es bien la personne qui puisse m'aider...

Link sourit et répond :

- Dans le fond, pourquoi pas ? Sans toi, nous serions morts. Plus on a d'alliés, plus on a de chances de parvenir au bout de la quête. Qu'est-ce que tu en penses, Sagatt ?
- Tu es le héros du royaume, alors c'est toi qui décides, répond d'un ton lassant le géant.

Veroga prend alors une mine rayonnante et suit ses nouveaux compagnons qui viennent de reprendre leur chemin.

Chapitre 24 : Les Mojos   up

Un Mojo touffu de feuilles rousses vient remplacer un autre préposé à la garde du village. Non, village n'est pas un terme qui convient... c'est plutôt une ville. Pff ! Il regarde autour de lui dans l'espoir de remarquer un quelconque événement, parce que quand il voit que tout n'est que forêt, ça le déprime un peu. Et encore, seule la "ville" paraît en animation. Forêt, ville, forêt, ville... Non, ce n'est pas marrant tous les jours. Il aimerait bien voyager ailleurs comme les marchands mojos le font. Parfois, le tour de garde est pénible car en cas de pluie, il aura des feuilles mouillées, et après l'événement météorologique, il lui faudra toujours rentrer pour se débarrasser des flaques d'eau comme un chien. Il soupire et il est prêt à somnoler lorsqu'il remarque quelque chose à l'horizon.

Enfin !

Hum... Je vois... trois pestes mojos qui ont probablement fait office d'éclaireurs. Et puis qui d'autre ? Un nabot vert... Un nabot rouge... Et... un nabot blanc... Heu... non celui-ci n'est pas un nabot et il est bien plus grand que les autres ! Impossible ! Seul, notre roi est bien plus grand que nous et même que les marchands ! Le Mojo, qui vient d'observer Link, Veroga et Sagatt, ignore que la taille de Sagatt n'est pas rare dans le monde d'Hyrule. Il est en train de tirer le battant de la porte de bois.

- Avancez ! Avancez ! Vous êtes sourds ou quoi ?

C'est ces mots que les compagnons et la fée entendent comme aimables cris. Ils ont avancé plus loin dans les bois après avoir vaincu le fantôme de Ganon. Veroga leur a conseillé de se laisser prendre en flagrant délit et de se laisser capturer par des Mojos à l'approche du royaume. Les garçons ont trouvé son idée bonne. Ainsi, lorsqu'ils ont rencontré des soldats mojos, Sagatt a fait mine de prendre un air de dépit. Les héros ont suivi les Mojos ou plutôt se sont fait escorter. Sans l'idée de Veroga, ils n'auraient jamais retrouvé le royaume.

Les compagnons d'armes, escortés par des Mojos, pénètrent dans le village du roi des Mojos. Link constate soudain qu'il n'y a pas de lucioles en ce village, ni aux alentours. Serait-ce que l'arbre Mojo attire ces lucioles ? Il décide de ne pas se laisser tomber dans les sables mouvants de la réflexion et de continuer à suivre les soldats, déjà cerné par tout le village.

- Ha ! Ha ! Ha ! Nous avons capturé les intrus ! crie fièrement un éclaireur tout en se pavanant, la lance sur l'épaule.
- Drôle de pays où ils portent des lances alors que les noix mojos feraient bien l'affaire, pense Veroga.
- J'espère que le roi Mojo nous recevra. Plus tôt on en saura sur le cristal, mieux ce sera, s'interroge Link.
- Si cela ne tenait qu'à moi, j'irais casser la gueule de ce con qui me colle aux fesses avec son bâton de vieillard ! s'irrite secrètement Sagatt.

Link observe attentivement comme à l'accoutumée le village qui se profile devant lui.

Devant lui s'élève une sorte d'allée en bois, dont les planches déposées une par une horizontalement continuent jusqu'à une imposante bâtisse en bois également. Le long de l'allée en bois, des maisons en forme d'oeuf bâties à coup de bois tendre et solide, venu d'arbres dont on ne connaît pas le nom. Curieusement, les entrées des maisons comportent toujours une porte ouverte et deux petites fenêtres. On se fait ainsi une idée du visage des maisons en bois qui ressemblent indiscutablement à une tête de peste mojo. D'ailleurs sur le toit de ces maisons, on retrouve un petit bouquet de fleurs de palmiers. Sur le sol de tout le village sont posés plusieurs feuillages verts. On dirait de vrais tapis ! De sorte que les couleurs du village sont vert et marron.

Link et ses amis marchent cependant jusqu'à ladite bâtisse en bois. Bien qu'elle soit plus énorme que la plupart des maisons-oeufs, elle est bâtie sur le même modèle : mêmes fenêtres, même porte, même bouquet sur le toit avec toutefois une sorte de fleur carnivore. Ils y pénètrent et tombent sur une grande salle garnie de tabourets verts ainsi qu'un "autel" sur lequel est assis un Mojo géant.

Ce Mojo géant n'en est pas vraiment un. Car sur sa tête, on trouve une coiffure de paon. Il porte un vieux bâton qu'on jurerait qu'il va craquer comme si des termites l'ont déjà bouffé sans que son possesseur s'en aperçoive. Il porte sur les quatre amis un regard qui se veut à la fois sévère et magnanime. Un regard de roi en somme ! Près de lui, des petits Mojos feuillus de rouge. Le roi s'agite :

- J'apprends à l'instant que vous êtes venus farfouiller dans nos affaires publiques. Cela mérite un châtiment !
- Majesté. Avec le respect qu'on vous doit, on ne connaît pas les raisons pour lesquelles on a été arrêtés. Et de quel châtiment voulez-vous parler ? avance respectueusement Veroga du Saint-Royaume.

Le roi est un peu embarrassé de la tournure mais réplique :

- Il n'y a jamais eu d'étrangers dans notre royaume et il n'y en aura jamais ! Donc il est juste que vous receviez un châtiment approprié !

Les compagnons et la fée sont un peu abasourdis : on se fait arrêter juste parce qu'on approche du royaume sans mauvaise intention. Justement, on a dû faire semblant d'être des espions, s'ironise Sagatt. Mais quelque chose ne colle pas avec leur mise aux arrêts. C'est pourquoi Veroga demande encore :

- Si telle est votre volonté, sire, soit. Mais si vous pouvez nous éclairer un peu plus sur les raisons de notre arrêt, nous connaîtrons alors les nobles sentiments d'un roi.

Le roi est touché par les paroles de Veroga. Comme tout est surréaliste ! Ils se font arrêter, puis ils reçoivent la sentence du roi sans raison ! sinon, une raison mince et puérile : avoir pénétré dans le royaume.

Le roi s'approche plus près de Veroga et lui murmure à l'oreille : "C'est que j'ai besoin d'un peu de nourriture fraîche pour notre dieu..." Veroga recule instinctivement avec un air interrogateur : "Nous serons sacrifiés !?" Elle le répète haut et fort à ses nouveaux amis. Le roi cache son bâton derrière lui tout en tapotant du pied : attitude honteuse. Sagatt sourit férocement. Notre arrêt est un bon prétexte : un petit sacrifice ne fera pas de mal à leur dieu ! La fée est soudain à deux pas du visage du roi pour marquer sa colère et son dégoût. Mais un Mojo de rang respectable leur répond :

- Notre dieu nous approvisionne en bois de qualité rare qui est notre seule nourriture. Mais il n'est disposé à nous approvisionner que moyennant sacrifices en fruits et légumes frais. Comme nous n'en cultivons point, nous avons envoyé des marchands partout aussi discrètement que possible. Ils vendent du bois, des bombes ou je ne sais quoi... (Link comprend mieux la présence des marchands qui n'ont servi qu'à une chose : acheter de la nourriture pour l'offrir à leur "dieu".) Mais depuis quelque temps, la denrée se fait rare parce qu'on n'arrive plus à vendre nos meilleurs produits... Nous désespérions quand vous êtes arrivés... Peut-être que votre chair fraîche va plaire à notre dieu...

Sagatt cache son sourire derrière son poing. Il a envie de rigoler. C'était donc ça ! Un dieu arnaque les Mojos en les privant de nourriture si on ne le nourrit pas de ce qui lui plaît. Bref, ce n'est qu'une pauvre histoire de bouffe. Le roi ayant vu la mine enjouée du géant, se ressaisit et sermonne les autres. Sagatt dit soudain :

- Par les culs des déesses ! J'avais oublié ! En fait, nous sommes porteurs du message de notre nouvelle reine Zelda d'Hyrule. (A ces mots, le roi se fait attentif tandis que Sagatt sort de la poche ventrale de son vêtement une lettre sous enveloppe). A la faveur d'un nouveau règne, nous sommes venus vous apporter la bienveillance de notre reine envers notre loyal allié le roi des Mojos. Elle a voulu savoir si vous êtes disposés à recevoir notre aide. Mais les liens entre nos royaumes sont depuis longtemps distendus et c'est pourquoi nous nous étions approchés discrètement pour savoir si vous êtes toujours nos alliés.

Sagatt tient respectueusement la lettre royale déjà disparue de ses mains et décachetée par celles du roi. Pendant que le roi lit, Navi murmure à l'oreille de Sagatt :

- La reine t'a vraiment remis la lettre, Sagatt ?
- Non.
- Mais alors...
- J'ai simplement imité l'écriture de Zelda et substitué le tampon de cire royal. J'ai arrangé un peu l'écriture royale en prévision de ce que nous allions faire. J'avais vu juste, répond d'un sinistre rictus le policier des îles en croisant les bras.

Navi recule avec un air d'incompréhension. Veroga et Link se regardent embarrassés par l'attitude honteuse de Sagatt. Veroga a maintenant compris ce que veut dire le mot "ripou". Ils tournent la tête vers le roi pour observer attentivement son attitude. Le roi, satisfait par sa lecture, leur répond :

- Bien ! Bien ! Votre aide ? Bien sûr qu'on veut votre aide ! Je veux donc que vous alliez dans les bois sinistres rencontrer notre dieu et ses gardiens. Ensuite tout dépendra des événements : soit on reçoit la nourriture, et vous êtes donc sacrifiés par notre dieu, soit vous revenez vivants des bois sinistres, et j'aurai compris que notre dieu n'est pas invulnérable.

C'est un appel déguisé au meurtre de leur "dieu" ! comprend Sagatt. Ça ne les gêne pas du tout de se débarrasser de leur dieu ! Etranges coutumes ! Comme s'ils avaient compris que leur dieu n'en est pas vraiment un et qu'ils continuent néanmoins à le tamponner d'un qualificatif divin ! Il entend la voix féminine :

- Nous acceptons la proposition de Sa Majesté.

chapitres suivants...

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Mis à jour le 01.05.24