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The Legend of Zelda : L'Epopée d'Hyrule (Hyrule's epic)

Ecrit par Eraxis & Co :
Caramelink/Miss Army, Dragoonkain, Nessy, Nesumi, Nouka, Ptikatz, ainsi qu'Eraxis, Rayan, Tschap, Wloofch, Wolfire et Yesod

Tome 1 : Les Élus


Chapitres 1 à 15   •   Chapitres 16 à 24   •   Chapitres 25 à 33   •   Chapitres 34 à 42   •   Chapitres 43 à 51   •   Chapitres 52 à 55
Chapitre 1 : Un réveil mouvementé   up

Tout était calme. A l'horizon, des arbres, beaucoup d'arbres, une forêt à perte de vue. Une légère brise soufflait, faisant danser les feuilles des arbres. Outre cette douce brise, un silence de plomb régnait. Tout était calme. Soudain, un léger tremblement se fit sentir au sol, puis un second et encore un. Ils étaient de plus en plus nombreux et de plus en plus intenses. Des fissures commencèrent à apparaître puis à s'étendre vers le lointain. Le calme qui apaisait la zone il y a quelques instants avait laissé place à un vacarme assourdissant. Une énorme fissure commença à déchirer la terre, laissant apparaître une voie royale vers le néant. La vue était terrifiante, un gouffre sombre et sans fond s'étendait à perte de vue. La fissure continuait à des kilomètres.

Soudain, un énorme cri retentit dans toute la forêt. Les tremblements redoublèrent de violence. Un énorme monstre jaillit du gouffre, faisant valser la végétation à proximité. Il avait enlevé toute trace de vie aux alentours. Cette forêt si paisible auparavant était devenue le siège d'un démon, détruisant tout sur son passage. Son corps tout entier était recouvert d'écailles anthracite. Sa gueule était remplie de crocs acérés, tranchant comme une lame affûtée par le meilleur des forgerons. La bête se rapprocha, son souffle faisait à lui seul trembler le sol. Le temps sembla s'arrêter, comme s'il était lui-même effrayé par ce monstre. Ce dernier poussa soudainement un cri en ouvrant grand la gueule. C'était la fin, le monde s'apprêtait à vivre ses derniers instants, terrassé par ce colosse, cette ignominieuse créature. C'est alors qu'une étrange voix retentit, elle semblait jeune et cristalline :
- Maître, il est temps de s'éveiller... la destinée est en marche.

"Clac !" Le volet venait de claquer. Link se réveilla en sursaut, encore bouleversé par son mauvais rêve... Link était trempé, de véritables sueurs froides. Ce rêve était plus que réel. Ce dernier lui avait fait ressentir des émotions communes à tout homme. La peur, la crainte et étrangement, de la solitude.
- Que pourrait-il bien se passer si une telle chose arrivait ? se dit-il.

Soudain, quelqu'un toqua à la porte de la petite maison du jeune homme. Qui cela pouvait-il bien être de si bon matin ? Un seul moyen de le savoir : ouvrir la porte. Link se leva de son lit, enfila un pantalon et une chemise. Il ouvrit son coffre personnel et en sortit une lampe. Il l'alluma, s'approcha de la porte et l'ouvrit. On entendit le gond grincer quand il abaissa la poignée.

Le jeune homme fut surpris de découvrir, au pas de sa porte, son plus cher ami qu'il connaissait depuis de nombreuses années. Il ne venait d'ailleurs pas le réveiller d'ordinaire. Puis il remarqua quelque chose d'évident : il était en train d'éblouir son compagnon d'aventure, nommé Lovio. En même temps, qui allumerait sa lampe des esprits lors d'une si lumineuse matinée, à part si la seule passion de la personne en question n'était que de dormir, les volets constamment fermés. Link poussa un cri de stupeur et éteignit aussitôt sa lampe magique. Lovio se frotta les yeux et se mit à parler :

- Dis-moi, tu es encore matinal ce matin ! J'ai cru que tu ne viendrais jamais, tout le monde t'attend sur la place centrale ! Allez espèce de gros Moblin fainéant, c'est pas tous les jours qu'on fait la fête ! Attends... Ne me dis pas que... tu as oublié que c'était la fête des Déesses aujourd'hui ?! Bon, écoute, reprends tes esprits, tu n'as pas l'air dans ton assiette, mon vieux aujourd'hui. Allez, dépêche-toi et suis-moi !

Link enfila ses bottes et suivit son ami.

- Tu dois te dépêcher ! dit Lovio à Link, le maître forgeron t'attend ! Il a un colis de la plus haute importance ! Tu devras le remettre au roi d'Hyrule.

Nos deux amis s'enfoncèrent dans une magnifique clairière où attendaient, attachées au pied d'un chêne, deux belles juments. Link grimpa sur son cheval prêt à se rendre au château.

Chapitre 2 : La Fête des Déesses   up

Les deux compères trottaient paisiblement en direction du château. En chemin, Lovio prit la parole :

- Tu sais Link, ces derniers temps l'atmosphère a changé. Les animaux ne se comportent plus pareil, les récoltes sont moins bonnes, on dirait que le monde craint quelque chose. Et la disparition d'un enfant dans le Village Agri ne va pas rassurer la population. Il faut que tu fasses attention à toi quand tu sors, je n'aimerais pas qu'il t'arrive quelque chose.

Les deux compagnons arrivaient aux abords de la citadelle d'Hyrule, Lovio mit un terme à son discours et ces derniers passèrent le pont-levis qui surplombait les douves. En entrant dans la citadelle, la fête battait son plein. Nos deux compagnons eurent du mal à se frayer un chemin jusqu'au jardin où se déroulait le tournoi. Celui-ci était presque terminé. Link devait se dépêcher d'apporter le présent au roi avant la fin de la cérémonie. Il observa la foule, cherchant parmi tous ces guerriers présents pour le tournoi le maître forgeron, qui était l'artisan le plus réputé de la région. Lovio cria, pour couvrir les bruits de la joyeuse cohue :

- Bon, je te laisse, je vais profiter du buffet !
- Hein ?! Mais, attends !
Trop tard. Son ami avait déjà disparu parmi les silhouettes dansantes. Link aperçut enfin le forgeron et se dirigea vers lui.
- Bien le bonjour à toi, jeune Link, cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas revus ! J'ai d'ailleurs cru que je ne te verrai toujours pas aujourd'hui, dit-il d'un air narquois.
Il sortit, du fourreau attaché à sa taille, une magnifique lame, blanche, et possédant des gravures aux significations inconnues. Il tendit alors l'épée au jeune garçon.
- Il s'agit là d'une lame splendide, c'est ma plus belle réussite depuis que j'exerce ce métier de forgeron ! Elle conviendra parfaitement au trophée de l'évènement. Tu n'as plus qu'à l'apporter au Roi pour la cérémonie de remise.

Link récupéra l'épée par sa fusée, en prenant soin de ne pas se blesser, puis se retourna pour chercher son ami. La cité était animée : les rues étaient pleines de commerçants, de marchands exposant de la nourriture de toutes les couleurs, mais aussi des vêtements et des objets qui provenaient de contrées lointaines et qui étaient très chers. En cherchant Lovio, Link arriva sur la place centrale de la cité où il y avait encore plus de foule. Il n'arrivait pas à voir ce qui se passait au centre de la place, quand soudain le clocher sonna : il était midi. Tout le monde se tut et l'on vit un grand bonhomme que Link ne connaissait pas monter sur une estrade. Il déclara :

- Peuple d'Hyrule ! Le tournoi est terminé ! Tout le monde acclama. Avant de connaître le vainqueur, laissez-moi vous montrer le prix du gagnant !
Link s'approcha et tendit l'épée au roi. Ce dernier exhiba l'épée que Link avait apportée au forgeron mais ne la sortit pas de son fourreau, pour aiguiser la curiosité des spectateurs.
- Et maintenant, les résultats ! Le vainqueur a vaincu le meilleur chevalier d'Hyrule ! Il provient de la tribu gerudo et c'est un honneur pour nous d'accueillir un étranger aussi fort et respectable ! C'est pourquoi, en étant vainqueur de ce tournoi, cet homme va recevoir le grand prix : cette épée enchantée !
L'étranger sourit et l'on vit s'avancer le roi d'Hyrule, un vieil homme fort et charismatique, pour lui tendre l'épée :
- C'est un honneur pour nous de vous offrir ce présent, Dragmire, nous espérons que cette épée vous accompagnera sur votre route et vous aidera dans votre quête. Faites-en bonne usage.

L'étranger baissa la tête en signe de remerciement et sortit l'épée de son fourreau mais juste un peu pour que lui seul la voie. Il sourit. Link était très intrigué et fut surpris car Lovio l'avait retrouvé et était arrivé par derrière. Alors que le spectacle allait se terminer, quelqu'un chuchota dans l'oreille du roi qui regarda en direction de Link. Le roi déclara :

- Avant que notre vainqueur s'en aille, nous vous laissons la possibilité de disputer un duel avec lui. Y a-t-il des volontaires ?
La foule discuta à voix basse puis plus fort quand soudain Lovio dit à Link :
- Eh, ça te dit Link ?
Et sans lui laisser le temps de répondre il cria : "Ici, ici !", et toute la foule s'écarta. Link était très gêné, tout le monde le regardait.
- Vas-y ! lui dit Lovio. Et il s'avança, son épée dans sa main gauche. Une fois face à son adversaire, il la tendit en signe de respect mais l'étranger n'en fit rien et sourit :
- Je te battrai à mains nues.
- Hylien, ton courage t'honore, dit le Roi d'Hyrule. Que le combat commence !

Une euphorie contagieuse se fit alors sentir dans la foule, les cris redoublèrent pendant que quelques marchands lançaient les enchères sur le combat à venir. Link regarda derrière lui pour apercevoir ce peuple en délire, excité à l'idée d'assister à un nouveau duel, puis tourna la tête en direction de son adversaire. Il était grand, les cheveux roux mi-longs et avait un étrange joyau rubis recouvrant le centre de son front. Sa peau sombre d'un vert sauge trahissait son origine gerudo. L'individu nommé précédemment Dragmire par le Roi posa son présent sur le côté, ôta sa cape et fit signe à Link de combattre. Le jeune homme fit alors le vide dans sa tête, repensant à toutes ces heures passées avec son oncle aujourd'hui défunt à s'entraîner, combattre sans relâche. Une vive émotion l'étreignit à la vision de son oncle, le voyant souriant et s'amusant avec lui lors de leurs nombreuses promenades en forêt, fier de lui lors de ses progressions fulgurantes dans le maniement de l'épée.

Soudain, une cloche retentit. C'était le début de l'ultime duel, l'heure de montrer ses capacités au royaume, lui qui avait tant voulu entrer en vain dans la Garde Royale d'Hyrule, pouvoir protéger le peuple, redonner le sourire à ses habitants. Link prit une grande inspiration et se prépara à combattre sans épée, à la seule force de ses bras et de sa tête. A peine la cloche retentit que notre adversaire se rua sur Link en poussant un cri ! Link eut à peine le temps de réagir afin d'esquiver le coup de poing de celui-ci. Il fit un bond de côté. D'un saut vif et élancé, il se plaça derrière son ennemi et l'asséna d'un coup dans le dos qui fit perdre à Dragmire son équilibre ! Celui-ci se retourna et donna un coup de pied dans la poitrine de Link qui fut si violent que Link tomba en arrière en haletant. Il eut à peine le temps de se relever qu'il sentit une forte étreinte autour de son cou : Dragmire avait la paume de sa main autour de son cou. La force de celui-ci était telle que Link ne touchait plus le sol. Il allait sans doute être terrassé.

"DILING DILING DILING"

Chapitre 3 : L'assaut du château   up

- Alerte ! La salle du trône est attaquée ! cria un garde.
Dragmire lâcha son emprise sur Link qui tomba à terre. Il échangea un regard avec celui-ci et fila en direction de la salle du trône.
- Link, suis-moi ! dit Lovio. Nous devons nous rendre au palais rapidement. Je sens que quelque chose de bizarre va se passer.

En effet le ciel s'était soudainement obscurci. Link n'écouta pas son ami. En effet, il était déjà parti en direction de la salle du trône tout comme Dragmire l'avait fait auparavant. Arrivé aux abords du château, il fit face à la terreur ; les soldats combattaient des hordes d'ennemis, le sang coulait à flot, le château lui-même avait pris feu. Etrangement, Dragmire avait disparu, Link le chercha parmi les combattants mais ne le vit point. Ni une ni deux, il sortit alors l'épée gagnée par Dragmire lors du tournoi, ce dernier l'ayant laissée lors de sa fuite vers la salle du trône. Le jeune garçon prit son courage à deux mains et courut en direction des quartiers généraux, se faufilant entre les duels acharnés et évitant les coups des horribles ennemis. Les flammes envahissaient le château alors que les combats faisaient rage. Link sentait bien que ces ignominieuses créatures étaient sur le point de prendre l'avantage et renverser le royaume.

Après quelques instants, il arriva devant la grande porte entrouverte de la salle du trône. Jamais il n'avait eu aussi peur et n'avait été aussi décidé à la fois. Sans réfléchir, il avança puis pénétra dans la pièce. La scène qu'il aperçut lui coupa sa respiration. Dragmire se tenait au centre, avec le Roi d'Hyrule gisant à ses pieds. Tout autour ne régnait que le chaos et la mort. Les gardes royaux gisaient dans leur sang. Ceux qui vivaient encore se battaient avec la force du désespoir contre des ennemis que Link n'avait jamais encore vus. Il n'était même pas sûr que ceux qui se cachaient derrière les lourdes armures de métal noir étaient humains tellement ils étaient grands et massifs. Derrière leurs heaumes cornus, leurs yeux semblaient faits de flammes. En voyant le roi au sol, le sang de Link ne fit qu'un tour et l'épée au poing, il se précipita vers le centre de la salle du trône, priant pour que le souverain soit toujours en vie. Il chargea Dragmire dans un cri, persuadé que le Gerudo était le responsable. Dragmire évita le premier coup en bondissant en arrière. Le Gerudo n'était pas armé, son cimeterre lui ayant été arraché un peu plus tôt dans la bataille. Il se jeta pourtant sur Link, juste à temps pour lui éviter d'être décapité par l'un des monstres en armure noire.

Les deux jeunes hommes, qui, il y a peu, étaient nommés adversaires, se retrouvaient désormais rassemblés pour combattre la menace qui ne s'est pas faite attendre. Le jeune Gerudo se releva et partit à la recherche de son arme, pour repousser l'attaque avec l'aide de Link, jusque-là armé non pas de sa lame, mais de celle du véritable gagnant du tournoi. Ce dernier ne mit pas longtemps à emboiter le pas afin de rejoindre Dragmire. Les deux héros se rendirent compte que le vacarme aux alentours cessait peu à peu : Les gardes royaux périssaient un à un. Link vit l'une de ces créatures retirer son épée spectrale de la gorge de l'un d'eux. Le pauvre ne pouvait cruellement plus pousser un seul cri, bien que la frayeur qui se lisait sur son visage en disait long sur la souffrance qu'il endurait, juste avant qu'il s'éteigne et s'effondre au sol. Même pour le jeune Hylien empli de rage et de haine envers ces envahisseurs, tout se passait au ralenti. Il eut le temps d'analyser vivement l'affront entre les derniers soldats de la garde royale et les créatures des ombres. Leurs épées semblaient lourdes, tant leur masse et taille respective les faisaient s'appuyer davantage sur la jambe du côté où leur bras était armé. De plus, leurs armures, qui, de prime à bord, semblaient impénétrables, étaient parsemées de nombreuses encoches. Link n'attendit pas une seconde de plus et se rua sur un de ces monstres pour aider un des soldats restants. Une fois face à l'ennemi, il ne fut pris d'aucune peur, son courage était tel que son ennemi lui-même commençait à douter de ses capacités à vaincre. Le jeune héros prit la poignée de sa blanche à deux mains et frappa, vers le haut, à toute puissance. Son adversaire n'eut d'autre choix que de parer cette attaque, et c'était exactement ce que souhaitait Link, qui mettait alors encore plus de poids sur la jambe droite du monstre spectral. Link crocheta ladite jambe et fit se renverser son adversaire face contre terre. Il brandit alors son arme entre ses deux mains et l'enfonça sans hésitation dans une des fentes de l'armure spectrale. Le monstre poussa un hurlement, avant de se vaporiser entièrement sous forme de fumée violette.

- Pas mal pour une demi-portion, fit Dragmire à Link en repoussant son adversaire.

Aussitôt, il en profita pour enfoncer son cimeterre dans la fente du heaume noir, imitant la prouesse de Link. Le jeune homme ne put s'empêcher de laisser éclater un rire de triomphe quand le monstre partit en fumée dans un hurlement sinistre. Aux cris de leurs congénères, les ennemis resserrèrent les rangs dans le but d'encercler Link et Dragmire. Les deux jeunes hommes étaient peut-être doués avec une lame, mais ils avaient bien conscience qu'ils ne pourraient pas tenir longtemps face à tant d'adversaires. Pour autant, tous les deux se positionnèrent face au danger, protégeant le roi toujours inconscient.

- Liiiiiiiiiiink !

La voix de Lovio prit l'Hylien et le Gerudo par surprise, d'autant plus que le cri du jeune homme fut accompagné d'une forte détonation qui fit trembler les murs de la salle du trône. Link sourit en coin. Il aurait dû savoir que même un jour de fête, son ami se promenait avec une ou deux bombes qu'il fabriquait dans son atelier. Lovio ne pouvait s'en empêcher, il adorait expérimenter tout ce qui se rapportait aux explosifs. Il avait eu plus d'une fois des ennuis à cause de cela, notamment quand, à cause d'une simple erreur de calcul sur un de ses nouveaux prototypes, il avait détruit tout le poulailler du vieux Sahasrahla, à Cocorico. Lovio avait dû alors subir la colère du vieil homme, mais la plus terrible avait été celle des cocottes qui avaient poursuivi son ami à travers tout le village pour se venger.

Mais l'incident de Cocorico était loin et Lovio avait fait des progrès dans ses inventions. Cette bombe-ci avait parfaitement fonctionné. Pris par surprise par la déflagration et la fumée, les monstres se figèrent une seconde. Nos trois compères disparurent derrière l'écran de fumée généré par la bombe. Ils arrivèrent dans une salle secrète derrière la salle du trône. Link alluma la torche grâce à sa lanterne qu'il avait gardée avec lui. Le corridor était sombre. De temps en temps, quelques rats et serpents leur passaient entre les pieds. Finalement, au bout de trente minutes à errer dans les souterrains, ils arrivèrent dans une salle avec un rideau. En le soulevant ils arrivèrent dans une petite chapelle en ruine.

Chapitre 4 : L'apparition   up

Au loin, on voyait encore le château en flammes et les drapeaux avec le sceau hylien qui brûlaient. Soudain un cri strident se fit entendre. Un dragon, chevauché par un homme casqué, passa au-dessus d'eux et se dirigea vers le château pour s'y poser.

- Il faut trouver le sage Sahasrahla pour voir s'il ne sait pas quelque chose à propos de cette créature. Pour l'heure je vais ramasser quelques baies et chasser du gibier pour la nuit. Nous sommes à trois jours de marche de la maison du sage. Allume le feu en attendant avec notre mystérieux ami. Et profites-en pour en apprendre plus sur lui. Il me paraît louche, dit Lovio.

Alors que Lovio était parti chercher à manger, Link et Dragmire se faisaient face sans se regarder, au milieu des bois. Il régnait un silence lourd. Ils se regardaient mais n'osaient pas parler. Dragmire dit soudain :

- Il faut faire un feu de camp.

Il avait une voix grave et rauque mais presque sage, car il ne s'inquiétait pas. Link acquiesça et sortit son épée de runes pour couper des arbustes. Dragmire la vit et dit :
- Tu peux la garder, elle te va mieux qu'à moi.

Il lui sourit et pendant que Link coupait un buisson, le Gerudo s'avança derrière lui et se mit devant un arbre. Link crut qu'il voulait se soulager mais il vit qu'il était en train de se concentrer. Soudain, l'homme se mit à dégager une aura plus agressive, les veines lui sortaient quasiment des bras et ses yeux devinrent laiteux ! Sous le regard ébahi de Link, il arracha un arbre, pas très grand mais quatre fois plus large que lui. Il le posa à l'horizontale et dit à Link :

- Je vais t'entraîner un peu au combat, toi. Ça te fera du bien. Tu ne parles pas beaucoup, comment ça se fait ? Sors ton épée !
Il avait failli le toucher à mains nues ! Link esquiva de justesse. Soudain Dragmire s'arrêta et se releva :
- Ah ! Ton ami est revenu.
Link se retourna mais il comprit qu'il n'y avait personne : trop tard ! Le Gerudo avait posé deux doigts sur sa nuque :
- La parole est aussi une arme. Mais elle n'est rien sans un peu d'esprit.
- D'accord. J'ai compris, on continue ! déglutit Link.

Dragmire lui adressa un sourire un peu carnassier et hocha la tête. Il s'écarta d'un pas et invita Link à l'attaquer. Le jeune Hylien ne se fit pas prier, mais l'assaut fut interrompu avant même que les fers se croisent : une nouvelle explosion retentit dans les bois, les prenant par surprise. Ils tendirent l'oreille, au cas où l'ennemi les ait suivis, mais ils n'entendirent que les cris des animaux dérangés par le bruit.

- Ton ami a une drôle de façon de chasser, fit le Gerudo en se demandant si cette arme qu'il ne connaissait pas pouvait être efficace contre les terribles Moldarquors de son désert natal.
- Et encore, tu n'as rien vu, répondit Link en espérant que Lovio n'allait pas les faire repérer.
- Avais-tu déjà vu ces fantômes en armure ? Dragmire rangea son arme. Ces créatures qui avaient attaqué le château d'Hyrule lui semblaient sorties tout droit des légendes de son enfance. Peut-être que sa mère, la chef des Gerudos, saurait de quoi il s'agissait.
- Les Gerudos sont réputés pour leurs connaissances sur les ennemis d'Hyrule, dit Lovio qui venait de rejoindre ses deux compères. Nous pourrions aller y faire tour, peut-être que nous pourrions accéder au Village Gerudo comme tu es de là-bas.
- C'est une mauvaise idée ! rétorqua Dragmire. Jamais mon peuple n'acceptera que des Hyliens pénètrent dans notre village !
Puis il partit nerveusement dans un coin arracher un autre tronc avec vigueur. Le comportement que venait d'avoir Dragmire à l'évocation du nom de son village surprit les deux amis, quelque chose n'allait pas, ils en étaient sûrs. Lovio s'avança en direction du colosse Gerudo :

- Et bien nous irons sans toi alors, si tu ne veux pas nous accompagner, reste ici à regarder le monde sombrer dans le désespoir ! Il revint vers Link et lui dit :
- Link, nous partirons à l'aube, es-tu d'accord ?

Link regarda son ami, puis Dragmire, et opina du chef. Dragmire n'avait quant à lui rien dit de la scène, il restait à l'écart, pensif. Allongé dans l'herbe tendre, un vent léger lui caressant les joues, Link ne trouvait pas le sommeil. Les bras croisés derrière la nuque, il observait le ciel parsemé d'étoiles scintillantes. Les lucioles dansaient autour de lui, dans une chorégraphie apaisante et silencieuse. Quelle étrange journée. Tout avait l'air si parfait autour de lui, comment avait-il pu être le témoin de tant d'horreur plus tôt dans la journée ? Cela valait la peine de se battre pour conserver tant de beauté, Hyrule était décidément un paradis sur terre. L'air pensif, le regard perdu dans les étoiles, il s'assoupit peu à peu sans même s'en rendre compte.

- Link… Link... Viens à moi, je t'attends.

Il se réveilla en sursaut. Cette voix qui lui était inconnue lui parut pourtant si familière, une douce voix qui l'appelle, mais qui cela pouvait-il bien être ? Link, toujours ébranlé par son brusque réveil, fut interpelé par une voix grave :

- Un cauchemar ? Pas étonnant avec ce qu'il s'est passé.

C'était le jeune Gerudo qui était assis sur la branche d'un arbre, un couteau dans une main et un petit bâton taillé dans l'autre. Après un silence, Link demanda :

- Tu ne dors pas ?
- Cela fait bien longtemps que je ne dors que d'un oeil, puis il en faut bien un pour monter la garde.

Link, interloqué, se rendit compte que ni lui ni son ami n'avait pensé à une telle nécessité. D'un regard décidé il demanda donc :

- Laisse-moi prendre un tour de garde !
Dragmire ricana doucement :
- Tu es bien courageux mais crois-moi, tu n'as pour l'instant pas l'expérience, retourne donc profiter du peu de sommeil qu'il te reste.

Link, légèrement frustré par cette réponse, exécuta malgré tout le conseil du mystérieux guerrier. Puis, mêlé au cliquetis cristallin de l'eau, le bruissement d'aile des dizaines de petites fées qui volaient dans la brume participait à donner au lieu une atmosphère calme et apaisante. Link avançait doucement, mû par une énergie invisible, mais sûre. Il aperçut plus loin une statue de la déesse Hylia, cerclée par les eaux de la fontaine, et au pied de celle-ci, une jeune femme. Il s'approcha lentement, le coeur battant.

- Link. Tu as entendu mon appel, dit-elle l'air grave mais rassuré, esquissant un sourire.

Assise sur la bordure de pierre du lieu sacré, la main caressant les carpes qui allaient et venaient entre les nénuphars, la jeune femme continua :

- Pardonne-moi de t'apparaître dans ton espace onirique, Link, mais Hyrule n'est plus sûre. C'était le seul moyen d'entrer en contact avec toi, grâce aux pouvoirs ancestraux qui nous lient...
- Onirique ?! Pouvoirs ?! Amusée par l'expression effarée qu'elle pouvait lire sur le visage de son interlocuteur, la jeune femme ne put retenir un petit rire amusé.
- Oui, tu es bien en train de rêver. Mais ne tardons pas, je n'ai pas beaucoup de temps. Nous courons un grand danger, Link. Le monde est en train de sombrer dans les mains de terribles forces. Il va falloir agir, et vite. Retrouve-moi dans trois lunes au temple de l'esprit, j'ai quelque chose à te donner. Maintenant, va, et réveille-toi.
- Qu... quoi ? Déjà ? Mais...

Tant de questions lui venaient sans pouvoir les formuler, les mots lui brûlaient la gorge mais ne pouvaient sortir. Dans une lueur douce, presque surnaturelle, tout autour de lui se dissipèrent, les fées, la fontaine, la statue, et se mua en une lumière vive et éclatante. Link ouvrit les yeux : Le jour s'était levé.

Chapitre 5 : La séparation   up

Nos trois compères rassemblèrent leurs affaires et partirent en direction de Cocorico pour aller rendre visite au sage Sahasrahla. Cela faisait déjà plusieurs heures qu'ils étaient partis et personne n'avait ouvert la bouche. Dragmire s'était muré dans le silence, le visage fermé et l'air peu engageant, et même Lovio n'osait pas le déranger de crainte de terminer dans le même état que le pauvre arbre que le Gerudo avait déraciné la veille. Et puis, ce n'était pas comme s'il avait grand-chose à lui dire vu comment il se méfiait du jeune guerrier.

De son côté, Link était plongé dans les souvenirs de son rêve étrange. Jamais de sa courte existence aurait-il pu imaginer être contacté par la Déesse elle-même. Il n'était que l'apprenti du forgeron. Il n'arrivait pourtant pas à remettre en cause cette rencontre. Au plus profond de lui, il savait que cette discussion n'avait pas été le fruit de son esprit traumatisé par les récents événements. C'était inexplicable, mais il savait que c'était bien la Déesse qui lui avait parlé. Le problème était qu'il n'avait aucune idée de l'emplacement de ce fameux Temple de l'Esprit, ni de comment s'y rendre. Link pensait également au roi. Aucun des trois n'en avait parlé depuis leur fuite, mais ils l'avaient abandonné à l'ennemi.

Alors que le trio avançait dans les sous-bois, Link n'arrivait pas à se défaire des paroles de la jeune fille : "retrouve-moi dans trois lunes au temple de l'esprit". Le temple de l'esprit est caché dans le Désert Gerudo, après le Village Gerudo. Si les trois compères font un passage par le Village Cocorico comme l'a souhaité Dragmire, jamais ils n'auront le temps d'y parvenir. Link était nerveux et Lovio le ressentit. Ce dernier s'approcha du jeune homme puis lui demanda :

- Qu'est-ce qui ne va pas, Link ? Tu as l'air soucieux.

Link lui expliqua alors son rêve et le message de la jeune fille. Pendant ce temps, Dragmire ouvrait toujours la marche, prêt à se protéger du moindre danger. Les explication finies, Lovio s'arrêta puis interpella le colosse Gerudo :

- Dragmire, nous devons à tout prix nous rendre au Village Gerudo.
Ce dernier fut surpris :
- Je pensais pourtant vous avoir fait changer d'avis quant à votre souhait d'aller dans ce désert ; nous étions censés nous rendre au Village Cocorico pour rendre visite à Sahasrahla comme nous avions planifié au départ !
Lovio répondit sèchement au Gerudo :
- Nous allons à la Cité Gerudo, et c'est tout. Si tu n'es pas d'accord avec notre chemin, tant pis. Sache juste que tu nous serais d'une grande utilité pour réussir à infiltrer ce village, tu le connais mieux que nous.

Les deux amis bifurquèrent vers le nord-ouest en direction des Gerudos, laissant Dragmire seul derrière eux. Dragmire les suivit, l'air bougon. Au bout d'une heure de marche ils entrèrent dans un canyon, quand soudain le Gerudo entendit un craquement de brindille le haut du canyon. Il eut à peine le temps de lever la tête qu'un énorme rocher leur tomba dessus.

- Link, Lovio attention !
- BRRRRROUMMMM !
Dragmire attrapa Link par le col et le tira en arrière de justesse. Link se releva abasourdi.
- M ais où est Lovio ?
Link regarda vers le rocher qui bloquait désormais le passage du canyon, seul accès au désert Gerudo. Il ne retrouva que le chapeau de Lovio.
- Je te l'avais dit que c'était dangereux ici Link ! Nous sommes obligés de rebrousser chemin. Allons voir le sage, je suis sûr qu'il doit bien avoir un grimoire pour nous téléporter au plus près de la cité Gerudo.

Link essaya de pousser le rocher, mais en vain. Il était beaucoup trop gros pour être déplacé. Et sans les bombes de Lovio pour le détruire, tout espoir était anéanti. Nos deux amis devaient trouver une autre solution ou un autre chemin pour se rendre au royaume gerudo. Ils se dirigèrent avec amertume vers Cocorico en espérant ne plus perdre de temps. En effet Cocorico était à une demi-journée de marche. Ce qui ne laisserait plus que deux jours pour aller au Village Gerudo.

- Mmm oh ! Ma tête ! soupira Lovio. J'ai dû me cogner la tête en sautant pour esquiver le rocher, dit-il en se relevant.
- Ohé Link, Dragmire vous m'entendez ?
Il n'y eut aucune réponse. C'est alors que Lovio s'aperçut qu'il était de l'autre côté du rocher. Ni une, ni deux, il sortit une grosse bombe de son sac, la posa contre le gros rocher et alluma la mèche. La détonation se fit ressentir dans tout le canyon !
- Ouf il était gros ce rocher mais j'en suis venu à bout ! se dit-il.
Mais de l'autre côté du rocher il n'y avait plus personne ! Lovio se rappela alors que Dragmire tenait beaucoup à aller à Cocorico.
- Peut-être sont-ils allés là-bas ? se dit-il.
Lovio n'avait pas fait cinq mètres qu'il trébucha par terre. Son pied avait heurté quelque chose. Le temps de se retourner il vit quelque chose sous un tas de gravats qui dépassait. Il s'approcha, dégagea les petites pierres avec ses mains.
- Non ! ce n'est pas possible ! Que fait l'épée de Link ici ? C'est bizarre il ne laisserait jamais son épée au sol. Je sens que quelque chose de bizarre se trame. Je suis sûr que Dragmire est derrière tout ça ! Lovio se releva et se mit à courir aussi vite que ses jambes le lui permettaient.
- Il faut que je les retrouve à tout prix !

Chapitre 6 : Deux directions opposées   up

Link et Dragmire marchaient depuis déjà cinq bonnes heures. Les deux jeunes hommes avaient continué de progresser dans le silence le plus lourd qui soit, aucun des deux n'étant vraiment doué pour faire la conversation. Link repensait sans cesse à Lovio, espérant qu'il n'était pas blessé, au vieux roi et surtout, à son rêve. Quant à Dragmire, il se contentait de jeter de temps en temps un regard vers le ciel ou en arrière, en direction du château, comme s'il réfléchissait encore aux évènements tragiques qui y avaient eu lieu. Ils grimpèrent une colline, suivant toujours les panneaux indicateurs. Cocorico n'était plus très loin. Ils s'arrêtèrent au sommet. C'était la première fois qu'ils étaient assez hauts pour apercevoir le château. D'énormes nuages noirs zébrés d'éclairs rouges et pourpres avaient obscurci le ciel au-dessus des tours et à bien y regarder, les murailles normalement d'un blanc éclatant commençaient à devenir noires elles aussi. Quelque chose volait en cercles. Une chose énorme, au corps sinueux. Le dragon. Mais d'ici, impossible de voir si son cavalier était toujours dessus.

- En route ! fit Dragmire en donnant une tape sur l'épaule de Link pour le faire avancer.
Le Gerudo fronça les sourcils.
- Tu n'avais pas une épée, toi ?
Il l'obligea à se retourner d'un coup sec, ce qui coupa la respiration de l'Hylien, surpris par le manque de délicatesse. Dragmire examina le fourreau vide et se frappa le front de la main. Comment Link avait-il pu ne pas se rendre compte qu'il n'avait plus son épée ? Une arme pesait lourd, ce n'était pas comme s'il avait simplement égaré sa bourse !
- On t'en trouvera une autre, soupira-t-il, blasé.

La chaleur était écrasante dans le canyon. La valse des rapaces virevoltant au-dessus de la tête de Lovio lui donnait la nausée, tout comme la sécheresse et le manque d'eau. De temps à autres, des virevoltants passaient devant lui, le narguant avec légèreté. Lovio avançait, péniblement, l'épée de Link dans le dos.

- Quel crétin je suis, à tous les coups je me suis perdu ! Ça fait au moins trois fois que je passe devant ce vieux feu de camp abandonné ! Où est cette satanée route pour Cocorico ? J'en ai marre ! Je n'en peux plus ! Je suis tout seul dans ce fichu désert, j'ai perdu Link et Dragmire, et pour couronner le tout j'ai tellement soif que je pourrais boire de la gelée chuchu ! Hé ! Mais qu'est-ce que... qu'est-ce que c'est là-bas ?
Il mit sa main au-dessus de ses yeux, pour mieux voir. Au loin semblaient apparaître des palmiers, perdus dans le miroitement de la chaleur.
- Une oasis ! Wouhou ! Ah, ma bonne étoile me sourit enfin !

Encouragé par sa vision, Lovio fut porté par un regain d'énergie, et fonça à toute vitesse vers l'inespéré. En effet, au bout de quelques mètres parcourus, il put apercevoir les détails de ce qui paraissaient être les toits de quelques maisons gerudos isolées. La fumée d'un feu de camp s'élevant lentement dans les airs, l'encourageait à penser qu'il y avait là peut-être de quoi marchander avec quelques vieilles Gerudos qui arrondissaient leurs comptes en vendant quelques vivres aux voyageurs de passage.

- Sav'otta ! hésita Lovio dans un gerudo approximatif à la guerrière postée à l'entrée des lieux.
- Sav'otta. Que veux-tu, jeune Voï ?
- Je cherche un endroit pour la nuit et quelques vivres ! Je peux rester dans votre oasis le temps de récupérer des forces ?
- Hmm, les Voï de ton genre sont acceptés ici, mais ne va pas plus loin, la Cité Gerudo est interdite à des demi-portions comme toi !

D'un hochement de tête approbateur, Lovio s'éloigna vite fait bien fait. Il n'aimait pas trop ces guerrières géantes. Lovio n'avait qu'une petite poignée de rubis sur lui et il dut se résoudre à décider entre un lit sommaire sous une tente ou un peu de nourriture. Son estomac remporta la bataille et, après avoir marchandé un peu avec une vieille Gerudo à la peau burinée par le soleil, il put se régaler d'une brochette de viande rôtie un peu épicée et d'un melon désaltérant. Il s'installa ensuite contre le mur du seul bâtiment, les briques de terre cuite ayant absorbé la chaleur de la journée, l'empêchant certainement de mourir de froid pendant la nuit. Il se pelotonna en boule, une main sous la tête et l'autre tenant fermement l'épée de Link. Cela ne faisait que quelques minutes qu'il essayait de s'endormir qu'une couverture lui atterrit dessus sans crier gare. Il se redressa d'un bond et ôta la couverture de sa tête. Devant lui se tenait une Gerudo à la longue chevelure rousse retenue en queue de cheval. Sans un mot, elle s'assit à côté de lui. Elle le dominait d'une bonne tête, voire deux. Elle se mit à triturer le large bracelet qu'elle portait au poignet sans regarder Lovio.

- Heu... merci, dit le jeune homme, un peu méfiant.
- Les nuits sont froides pour un petit Voï comme toi.
Lovio l'observa un peu mieux, ne comprenant pas ce qu'elle lui voulait. A moins qu'elle ne se cherche un mari !
- Qu'est-ce que tu viens faire ici ? demanda-t-elle. Tu n'as pas l'air d'être un marchand.
- Heu... je visite.
La Gerudo le regarda enfin. Son regard le détailla des pieds à la tête.
- Tu n'as pas vraiment l'air d'être équipé comme un touriste. Tu as plutôt l'air perdu.

Lovio inventa une histoire comme quoi il faisait un pèlerinage et devait se rendre au temple de l'esprit dans le désert gerudo, mais il était très confus et se contredisait souvent. En effet, il était très troublé par les courbes voluptueuses de la jeune femme que la lumière de la lune laissait apercevoir. La Gerudo l'avait remarqué et elle savait aussi qu'il mentait, cependant elle ne lui en voulait pas, elle attendrait le lendemain afin qu'il lui raconte vraiment son histoire. Elle s'allongea à côté de lui et le prit dans ses bras, Lovio en fut tout émoustillé ! Cependant il ne trouva pas le sommeil : il pensait à son ami Link et à Dragmire, cet homme qu'il ne connaissait pas.

Les premiers rayons du soleil tirèrent Lovio du sommeil. Il était seul, la jeune Gerudo n'était plus là. Il la chercha du regard, mais elle ne semblait pas flâner dans l'oasis qui se réveillait. Lovio termina le melon en guise de petit-déjeuner et prit son courage à deux mains : il ne pouvait se reposer plus longtemps, il avait une mission à accomplir. Ensuite, il serait temps de retrouver Link à Cocorico. Mais pour le moment, il se dit que ce ne serait peut-être pas une mauvaise idée de se renseigner discrètement sur Dragmire tout en essayant de savoir si le peuple du désert avait entendu parler des chevaliers fantômes qui avaient attaqué le château d'Hyrule. Le jeune homme se mit donc en tête d'interroger tout l'oasis sans se douter que, cachée sur le toit du magasin, la Gerudo qui l'avait réchauffé cette nuit l'observait de loin. Elle sourit légèrement en le voyant se faire rembarrer par la vieille qui tenait l'étal de fruits. Lovio l'amusait tout autant qu'il l'intriguait. Peut-être pourrait-elle se servir de lui pour pénétrer dans la forteresse gerudo qui lui était désormais interdite ?

Chapitre 7 : Le Village Cocorico   up

Les ailes du moulin à vent de Cocorico tournoyaient nonchalamment, rythmées par quelques coups de marteau, des caquètements et le holà des marchands de passage. Link en eut le coeur gonflé de regain de courage : cette paisible vision était inespérée après toute cette aventure.

- Dragmire, regarde, nous y sommes !
- Hmpf, grogna celui-ci, pas trop tôt. Je ne ferai qu'une bouchée d'une bonne cocotte bien rôtie, mon estomac crie famine, dit-il dans un bâillement tout en étendant les bras au-dessus de sa tête.
- Tu penseras à ton estomac plus tard, pour l'instant nous devons rencontrer Sahasrahla au plus vite !
- Ah ! poussa Dragmire en s'esclaffant, tu as beau être une demi-portion, tu n'en es pas moins autoritaire ! Tu es vraiment un sacré gaillard ! railla-t-il en accompagnant son amusement d'une tape dans le dos de son compagnon de route.

La maison du vieux sage se dressait au fond du village, demeure étrange et biscornue. De la fumée s'élevait lentement de la cheminée, laissant à croire que les lieux étaient occupés. De loin, on pouvait même entendre la vieille rengaine de Guru-guru qui s'entraînait inlassablement près du moulin, dans un air répétitif et entêtant. A mesure que Link et Dragmire avançaient dans le village, ils se rendirent compte que la nouvelle de l'attaque du château était parvenue jusqu'à Cocorico et alimentait toutes les conversations. On les observait d'ailleurs d'un drôle d'air, notamment Dragmire qui détonnait avec sa haute stature, sa chevelure rousse et sa tenue gerudo. Le jeune homme n'y prêtait guère d'attention, du moins en apparence, mais son regard ne cessait d'observer les alentours et tout son corps indiquait qu'il était prêt à agir si le besoin s'en faisait sentir. Link se demanda un instant quelle vie Dragmire avait pu vivre pour qu'il soit ainsi toujours sur le qui-vive et aussi méfiant. Ils arrivèrent finalement à la maison du sage. Link frappa et on leur répondit d'entrer sans tarder. L'intérieur de la maison sentait l'encre et le parchemin. Les murs étaient recouverts d'étagères qui croulaient sous les livres. Comme elles étaient bien pleines et qu'en entreposer d'autres dessus les aurait certainement fait s'effondrer, d'autres ouvrages avaient simplement été empilés au sol si bien que se déplacer dans la pièce sans bousculer quelque chose relevait de l'exploit. Pourtant, le sage évoluait dans son capharnaüm comme un poisson dans l'eau, sa longue robe jaune traînant sur le sol. Le visage du vieillard était mangé d'une belle barbe blanche qui lui arrivait au nombril et ses yeux semblaient refléter l'expérience de plusieurs vies. Même Dragmire devait reconnaître que Sahasrahla n'avait pas usurpé son titre de sage.

- Je vous attendais, fit le vieil homme en leur adressant un sourire amical. Il les observa longuement sans un mot, lissant sa longue barbe entre ses doigts.
- Comment ? demanda Dragmire, toujours méfiant.
- Je vois tout, je sais tout... et j'ai un télescope, s'amusa le sage. Je vous ai vus sur la colline, là-haut.

Il leur fit signe de le suivre dans la pièce d'à côté, moins encombrée, et les invita à s'asseoir à sa table. Dragmire regarda Link qui haussa les épaules. C'était la première fois qu'il rencontrait le sage et il ne s'était pas attendu à ce qu'il ait le sens de l'humour, surtout vu les circonstances. Tous deux obtempérèrent. Le vieil homme reprit son sérieux :

- Vous étiez au château, n'est-ce pas ?
- Oui, dit Dragmire. Nous y étions, nous avons combattu, mais nous avons dû abandonner le roi pour rester en vie.
- Vous allez devoir surmonter bien des épreuves, mais avant cela il vous faudra faire preuve de courage. Toi Hylien laisse ton esprit s'ouvrir aux rêves, ils te conduiront à ta destinée.
- Très bien, fit Dragmire perplexe. Mais que sont ces créatures ? Comment pouvons-nous les vaincre ?

Le sage leur tourna le dos, il se dirigea vers la petite fenêtre de la pièce et contempla le paysage, en se frottant la barbe. Link et Dragmire ne le quittèrent pas des yeux. Le temps sembla s'être arrêté. Dragmire par manque de patience, se leva d'un bout de la chaise et commença à hurler sur le sage :

- Vous attendez quoi pour nous répondre ? Qu'Hyrule soit perdu ?
- La patience est une vertu que tu ne possèdes pas, jeune Gerudo, dit le sage tout en continuant à regarder l'horizon.
- Je ne pense pas qu'on ait du temps à perdre. Link, viens, allons chercher des informations ailleurs ! Ce sage est fou et il ne sait absolument rien.
Dragmire essaya de se diriger vers la sortie sans mettre plus de bazar quand le sage dit à Link :
- Tu vas devoir faire des choix difficiles pour mener à bien cette quête.
- Cette quête ? dit Link étonné.
Le vieillard se retourna en soupirant, le regard inquiet.
- Il y a, bien loin, par-delà les montagnes, une vallée sacrée. Des forces maléfiques s'y sont libérées et perturbent l'ordre du monde. Oui, Link, une quête t'attend car selon les prophéties, l'âme du Héros saura sauver Hyrule des forces féroces envieuses de s'emparer de notre monde.
Le regard de Dragmire se tourna vers Link.
- Lui ? L'âme du Héros ? Cette demi-portion ? Mouhaha ! s'esclaffa-t-il dans un rire tonitruant. Allez, la mascarade a assez duré, une cocotte grillée m'attend !

Dragmire sortit dans une rage théâtrale, claquant la porte derrière lui, ce qui ne manqua pas de faire tomber quelques livres sur le sol. Link, lui, le regard dans le vague, semblait réfléchir à toute vitesse. Les idées se bousculaient dans sa tête, sans savoir dans quel ordre les arranger pour assembler les pièces du puzzle.

- Sage Sahasrahla, il faut que je vous parle de quelque chose. J'ai... j'ai fait un rêve étrange il y a quelques jours.
- Hmm, je t'en prie, continue, dit le vieillard en lissant de nouveau sa barbe. J'ai rêvé d'une personne. Une... une jeune femme, avoua-t-il en rougissant. Je ne l'ai jamais vue auparavant, mais elle semblait me connaître, comme si nos esprits étaient liés.
- A quoi ressemblait-elle cette personne, Link ? demanda le sage. Mes souvenirs sont un peu vagues mais il me semble qu'elle était vêtue de bleu, mais sa silhouette et son visage étaient flous un peu comme un esprit ou quelque chose du genre.
Le sage marqua un arrêt pendant quelque instant. Link ne put s'empêcher de finir le jus de framboise posé sur la table, tellement il avait soif.
- Cette personne t'a dit de la rejoindre au Temple de l'Esprit, tu dois l'écouter et t'y rendre. Mais sache que plus tard dans ta quête, tu auras besoin de récupérer des choses très spéciales. Il faudra te rendre dans les Bois Mystérieux d'Hyrule. C'est là que repose l'épée sacrée.
- L'épée sacrée ? s'esclaffa Link en manquant de s'étrangler avec son jus de framboise.
- Oui Link. Il y a de cela des siècles, une Déesse du nom d'Hylia descendit sur terre pour combattre le mal des hommes. Afin de combattre ce mal, elle avait avec elle deux armes : l'épée sacrée ou épée de légende et les flèches de lumière. L'épée de légende est la seule épée au monde à pouvoir repousser le mal et à l'enfermer. D'ailleurs, les créatures que tu as vues au château font partie de ce mal ancestral. Les flèches de lumière servent quant à elles à éradiquer la moindre once de mal dans le coeur d'une personne. Seulement, elles ont été perdues à la fin d'un combat épique opposant la Déesse au Mal. Elle réussit néanmoins, grâce à l'épée, à l'enfermer dans un sceau dont seuls les sages de l'époque avaient le contrôle. Ce pouvoir se transmit de génération en génération aux descendants de ces sages. Je suis le descendant d'un de ces sages. La plupart des différentes lignées des sages se sont éteintes au fil des siècles. Seuls restent quatre sages à ce jour, mais visiblement nous ne sommes sans doute plus assez nombreux pour maintenir la stabilité du sceau à son maximum. Il a dû se passer quelque chose d'anormal. Quoiqu'il en soit la Déesse scella le mal avec l'épée, comme je le disais, et la planta dans une stèle de pierre au fin fond des bois mystérieux. Nombreux sont ceux qui essayèrent de la trouver, en vain. Si bien que le temps passa et l'existence de cette épée devint une légende. Pour revenir à ton apparition en rêve, la personne en question n'est autre que l'esprit de l'épée, esprit qui est en fait un fragment d'âme de la Déesse Hylia.
- Mais que me veut-elle ?
- A mon avis ce n'est pas par hasard si tu l'as vue en rêve. Je te conseille vivement de prendre quelques affaires en ville et de partir avec ton ami. Le Temple de l'Esprit se situe après la Cité Gerudo. Quand tu auras fini, reviens me voir, j'aurai quelque chose à te montrer pour te rendre à la Cité Gerudo plus rapidement qu'à pied.

Le sage lui tourna aussitôt le dos tout en continuant à lisser sa longue barbe. Le vieil homme se doutait que beaucoup de questions devaient tourner dans l'esprit de Link, mais les réponses viendraient en leur temps. Si l'entité qu'il avait vue en rêve était bel et bien l'esprit de l'Epée Sacrée, cela voulait dire que le jeune homme était la réincarnation de l'Esprit du Héros et cela impliquait une route douloureuse faite de combats et de sacrifices. Mais cela signifiait également que l'esprit de la Déesse Hylia s'était également réincarné tout autant que celui du Banni. Le regard de Sahasrahla retrouva la haute silhouette du guerrier gerudo qui redescendait vers le village d'un bon pas. Il avait senti plusieurs choses en le rencontrant : une forte volonté, un esprit guerrier et compétitif, de la colère également, mais son regard était franc. Le sage ne voulait pas condamner Dragmire simplement parce qu'il était le prince des Gerudos. Cela aurait été injuste. Sans compter qu'il semblait que du respect, à défaut d'une amitié, s'était tissé entre Dragmire et Link. Quant à l'esprit de la Déesse, le Roi d'Hyrule n'avait eu qu'un fils et il avait disparu des années auparavant dans un accident sur le Lac Hylia, alors qu'il n'était encore qu'un petit garçon intrépide. Cela avait été une véritable tragédie pour la reine qui avait dépéri et avait été incapable d'avoir un autre enfant. Pour la première fois depuis plusieurs générations, aucune fille n'était venue au monde dans la famille royale.

Sahasrahla se retourna en entendant Link percuter une pile de livres et s'excuser. Il lui fit signe de la main de ne pas les ramasser et d'aller se ravitailler en ville, comme prévu. Il ne se sentait pas le courage de lui parler du poids qui allait très certainement peser sur ses jeunes épaules et il ne voulait surtout pas le détourner du Gerudo. Le Temple de l'Esprit serait un bon test pour tous les deux. Pour sa part, il devait se résoudre à rendre visite à la tribu des Sheikahs. Il n'était pas certain qu'Impa soit ravie de le revoir après toutes ces années, mais il était temps de tirer un trait sur le passé et d'oublier les erreurs de jeunesse. Impa était l'une des Sages, et son clan était intimement lié à la famille royale depuis des temps immémoriaux, pour le meilleur et le pire d'ailleurs. Si quelqu'un en Hyrule devait savoir comment trouver la réincarnation de la Déesse, c'était elle. Le problème était de trouver le clan qui avait quitté Cocorico depuis vingt ans, après la disparition du prince. A l'époque, Impa avait dit que le roi les avait désavoués, mais Sahasrahla n'avait jamais réellement cru à cette histoire. De son côté, Link sortit de la maison, encore chamboulé par tout ce qu'il venait d'apprendre. Il rejoignit Dragmire qui tentait tant bien que mal de poser des questions aux villageois et l'entraîna jusqu'au magasin. Le vendeur n'était pas rassuré par le Gerudo, mais accepta de leur vendre des vivres et des manteaux de voyage que le prince du désert paya rubis sur l'ongle. Il fut temps ensuite de retourner voir le sage.

Chapitre 8 : Vers la Cité Gerudo   up

Pendant ce temps, au coeur du désert, Lovio avait fini par quitter l'oasis avec la ferme intention d'entrer dans la Cité Gerudo. L'épée de Link attachée dans le dos, il avança tant bien que mal, pestant à chaque pas contre le sable qui ralentissait sa progression et qui - comble de malheur - se faufilait dans ses yeux ou sa bouche au moindre coup de vent, ou encore râlant après le soleil qui tapait dur et lui donnait l'impression de cuire comme une volaille divine ! Et ce n'était pas suffisant, il tomba sur un groupe de Lézalfos électriques qui l'obligèrent à prendre la fuite, non sans leur avoir laissé un petit cadeau de son invention. Ses bombes explosèrent alors qu'il détalait dans un nuage de sable, sonnant les terribles bestioles pendant quelques instants. C'est avec soulagement, et une soif que le Lac Hylia ne saurait assouvir, qu'il arriva enfin en vue des remparts de la Cité Gerudo. Lovio dut reconnaître qu'il n'avait jamais vu pareil spectacle. Derrière les hauts murs austères qui protégeaient la ville, les bâtiments étaient recouverts d'une chaux crème plutôt banale, mais des plaques de mosaïques de tous les bleus possibles leur donnaient un air de joyaux étincelants au soleil. Des palmiers gigantesques apportaient une note de verdure tout autant qu'ils devaient apporter leur ombre salutaire aux habitantes et Lovio se voyait déjà dormir à leurs pieds pour profiter de la fraîcheur après son périple. Il se présenta à la première porte. Celle-ci était gardée solidement par deux soldates armées de lances, le cimeterre à la ceinture. Il les salua poliment et, au moment où il faisait un pas entre elles, il fut brusquement arrêté par les lances qui se mirent en travers de son chemin.

- Où comptes-tu aller, petit Voï ?
Lovio regarda la soldate avec autant de surprise que de crainte tellement elle n'avait pas l'air de plaisanter.
- Je viens visiter votre ville.... Oui ? fit-il peu rassuré.
- Les Voïs ne sont pas admis dans la cité. Seulement aux oasis.
- Mais...
- Pas de mais ! Pas de Voïs dans la cité, répliqua-t-elle plus que fermement. Lovio recula d'un pas, essayant de deviner l'intérieur de la ville de l'autre côté de la porte. Il entendait couler l'eau d'une fontaine et cela aiguisait sa soif.
- Vous êtes sûre... Madame ?
- Tu es dur d'oreille, petit Voï ?
Cette fois, la soldate avait froncé les sourcils. Qu'il refuse d'obtempérer ne semblait pas la mettre dans la meilleure des conditions.
- Mais... il faut que je parle à votre chef, insista-t-il après avoir rassemblé tout son courage. C'est important. C'est au sujet de votre prince.
- Le prince ?
L'autre soldate s'avança et se pencha pour mieux observer Lovio qui continuait de ne pas en mener large malgré tout.
- Eh bien, figurez-vous que Dragmire...
Lovio fut brusquement saisi en arrière et la main d'une jeune femme se posa sur sa bouche.
- Ne l'écoutez pas, il dit n'importe quoi. Le soleil lui a tapé durement sur la tête.
La jeune Gerudo de l'oasis tenait Lovio fermement. Les soldates la regardèrent avec suspicion.
- Il a parlé du prince.
- Oui, il a beaucoup d'imagination. C'est pour ça que je suis tombée amoureuse de lui, mentit-elle avec aplomb.
- Amoureuse de... ça ? fit l'une des soldates d'un air perplexe en détaillant Lovio des pieds à la tête.
- Il n'est pas très fort, c'est vrai, mais il a d'autres qualités.

Les deux gardes haussèrent les épaules, ce qui laissa l'opportunité à la jeune femme d'entraîner Lovio loin d'elles. Il se débattait de son mieux, mais elle était plus grande et plus forte que lui. Elle finit par le lâcher alors que les gardes n'étaient plus en vue.

- Mais... mais ça va pas ? hurla Lovio en essayant de retrouver sa dignité malmenée.
- Écoute-moi bien, mentionne encore une fois le nom du Prince à une Gerudo, et tu serviras d'apéritif aux Moldarquors, tu m'as bien comprise ?
- Oui enfin, grâce à ma fiancée, je ne devrais pas craindre grand-chose, non ? ironisa Lovio avec un sourire en coin.
- Oui, hem... écoute... rougit la Gerudo. Il fallait bien que je trouve quelque chose. Si je n'avais pas été là, tu te serais retrouvé dans de beaux draps.
- Ça mérite bien une petite récompense, non ? Ah ah, allez chère dulcinée, venez que je vous serre dans mes bras ! plaisanta Lovio dans un éclat de rire. La jeune guerrière sourit enfin.
- Tu es toujours aussi... jovial ? Je veux dire, chez nous, nous ne sommes pas comme ça. Depuis toutes petites nous sommes entraînées à être des guerrières au coeur dur, et, quand survient un homme dans nos lignées, il naît pour être un conquérant.
- Justement, raconte-moi ce qu'il s'est passé. Pourquoi le nom de Dragmire suscite-t-il autant de méfiance et d'animosité ? J'ai besoin de savoir, crois-moi, j'en sais plus que tu ne le penses.
- Comme tu le sais déjà, le peuple gerudo n'est constitué que de femmes. Or, tous les siècles naît un homme qui devient par tradition le chef de notre tribu. Dragmire est cette personne, cependant...
La Gerudo interrompit sa phrase.
- Cependant quoi ? demanda Lovio.
- Cependant, dès la naissance de Dragmire les Twinrovas l'ont élevé. Koume et Kotake sont les deux soeurs Twinrovas et sont également les deux Gerudos les plus âgées, nous les respectons toutes. Néanmoins, leur éducation n'est pas des plus déontologiques et elle n'a fait qu'assoiffer Dragmire de rage et de vengeance envers tous les peuples d'Hyrule. Depuis, il a grandi et a quitté la cité.
- Et depuis quand a-t-il quitté la cité ?
- Eh bien, cela fait quelques jours seulement, mais son départ a déjà eu des répercussions et des nouvelles nous parviennent tous les jours, toutes plus mauvaises les unes que les autres. Il a réussi à libérer le dragon Volfos pourtant endormi dans les profondeurs du temple des flammes. Il est ensuite allé attaquer le Château d'Hyrule grâce à ses nouvelles troupes d'ennemis et Volfos.
- Quoi ?! s'exclama Lovio. C'est impossible, Dragmire était avec nous durant l'invasion du Château d'Hyrule.
- Tu dois te tromper de personne, répondit la Gerudo. Il ne resterait jamais avec des Hyliens tels que vous sans pouvoir les détruire avec toute sa haine. J'ai entendu dire que Ganondorf allait bientôt revenir dans son désert natal, à la recherche du Miroir Magique, une antique relique laissée par un peuple inconnu qui permettrait d'invoquer une infinité de monstres venus d'un monde parallèle.
- Ganondorf ? Dragmire n'est donc pas son prénom ? Il faut à tout prix que je retrouve mon ami Link pour l'avertir du danger.
- Je ne connais pas toute ton histoire mais je vais t'aider, dit la jeune femme. Il faut que je m'écarte de mon peuple, l'atmosphère a changé depuis le départ de Ganondorf, on dirait bien que les Twinrovas préparent quelque chose également. Je connais une petite oasis non loin d'ici, elle est assez peu fréquentée, nous y serons avant la tombée de la nuit.

Malheureusement, c'était sans compter sur les Lézalfos qui attaquèrent Lovio et la jeune Gerudo. Heureusement, les Gerudos sont habituées à ce genre de combat. C'est ainsi que la jeune femme élimina les Lézalfos électriques. Lovio et son amie Frambra, étaient donc obligés d'établir un camp dans le désert afin de dormir. Lovio interpella Frambra :

- Dis-moi ?
- Oui ?
- Pourquoi es-tu venue avec moi ?
- J'ai mes raisons jeune voï, dit-elle sèchement. La nuit sera rude, et nous risquons de nous faire attaquer par un Moldarquor.
- Quoi ?! Un Moldarquor ? C'est une blague ! dit Lovio le visage crispé.
- Non, c'est pour cela que je monterai la garde.

Frambra laissa Lovio se coucher, le ventre vide, pensant à son meilleur ami qui lui manquait.

Chapitre 9 : Vers l'inconnu   up

Depuis que le ciel s'était teinté de cette couleur inhabituelle, Sahasrahla était parti rassurer les villageois paniqués. Entre ce qui planait au-dessus du château d'Hyrule et ce présage funeste dans le ciel nocturne, tout le monde pensait que la fin du monde approchait. Assis sur le banc devant la maison du vieux sage, Dragmire se disait qu'ils n'avaient pas tout à fait tort. La lune rouge n'était plus apparue dans le ciel d'Hyrule depuis des générations, mais il en connaissait les légendes et la signification. On les lui avait enseignées toute son enfance. Le jeune Gerudo suivait des yeux la course lente de la lune d'un air pensif. Il était venu au château pour avoir des réponses à certaines de ses questions et finalement, tout était parti de travers. L'espace d'un instant, il se demanda où était Frambra et ce qu'elle penserait de la situation. Il écarta aussitôt l'image de la jeune femme de son esprit. Il ne voulait pas s'y attarder. Il y avait d'autres choses plus préoccupantes. Il espérait juste qu'elle était restée loin de sa mère et du Colosse du Désert. Cette fois, il ne serait pas là pour la sortir des ennuis. Dragmire sentit la présence de Link avant même de l'entendre. L'Hylien s'assit à ses côtés. Le Gerudo avait encore du mal à le cerner, mais il était évident que leurs destins étaient liés. Il avait été décidé qu'ils partiraient le lendemain matin pour le Temple de l'Esprit. Sahasrahla leur avait fourni le moyen de s'y rendre rapidement, mais il leur avait déconseillé de le faire avec la lune rouge.

- Les monstres seront plus puissants maintenant, fit Dragmire. La lune de sang, ce dragon et ces chevaliers démoniaques. Tout cela pue autant qu'un Hinox pas frais.

Link regarda la lune à son tour. Cet astre rouge dans le ciel noir aurait pu être magnifique s'il ne le mettait pas aussi mal à l'aise. Il y avait quelque chose de profondément mauvais dans cette lune couleur sang. Une terrible menace, sourde et impitoyable. Il était impossible de ne pas penser que quelque chose avait changé et que ce n'était pas pour le mieux.

- Tu crois que tout a un lien ? demanda-t-il tout bas au Gerudo.
- Tu es si naïf. Je ne crois pas aux coïncidences. Et si la lune de sang se lève, alors le Banni se réveille.

Link sentit un frisson le long de son échine à cette évocation. Il n'avait jamais entendu ce nom, mais il faisait écho à quelque chose d'enfoui au plus profond de lui-même. Quelque chose venu d'un passé bien plus ancien que tout ce qu'il connaissait. Cela fit naître une étrange sensation en lui, comme s'il se sentait capable de venir à bout de cette menace. Un peu comme lorsqu'il s'était jeté dans la mêlée au château alors qu'il n'était ni un chevalier, ni un guerrier. A cette pensée, il crut sentir une main solide et amicale sur son épaule. Par réflexe, il jeta un oeil, mais évidemment, il n'y avait personne. Il le regretta pourtant. Link n'eut pas le temps de s'attarder sur cela qu'il vit Dragmire se prendre la tête entre les mains. Il avait serré les dents et il ne semblait pas au meilleur de sa forme.

- Ça ne va pas ? s'inquiéta Link.

La lune rouge était presque au zénith de sa course et l'atmosphère s'était considérablement alourdie. L'obscurité profonde gagnait du terrain, baissant même l'intensité des torches et des lanternes. Les flammes ne s'éteignaient pas, mais il faisait plus sombre.

- Laisse-moi, grogna le Gerudo en essayant de se lever.

Mais il titubait alors qu'une douleur insupportable lui vrillait le cerveau. Même ses yeux le brûlaient tellement qu'il avait l'impression qu'ils allaient sortir de ses orbites pour exploser. Il avait la gorge sèche alors que son coeur semblait pris dans un étau de glace. Le Gerudo tomba à genoux alors que la nuit se baignait du rouge de la lune. Link se porta à son aide. Un rugissement sinistre résonna tout d'un coup, obligeant l'Hylien à se tourner en direction du château. Le dragon avait gagné en altitude comme s'il voulait atteindre la lune ou la dévorer. Il rugit une seconde fois. La couleur de la lune devint insupportable aux yeux de Link. L'instant d'après, tout était terminé : la lune avait repris une couleur normale et le dragon avait disparu, sans doute reparti tourner autour du château. Dragmire se redressa. Il était livide, mais sa fierté l'empêchait de montrer plus longtemps sa faiblesse. Il jeta un oeil à Link et le planta là pour disparaître dans la maison. Link soupira. Il était soulagé que Dragmire aille mieux, mais ce qui venait de se passer l'inquiétait. Après ces évènements troublants, tout le monde partit se coucher.

Link se réveilla en sursautant. Une voix l'appelait, mais pas n'importe laquelle : c'était celle du sage de Cocorico. Il sortit de l'auberge et vit le vieux sage lui faisant signe de le suivre, ce qu'il fit aussitôt. Ils se retrouvèrent dans une petite cabane.

- Bonjour Link, je suis venu te souhaiter bonne chance pour ton périple à venir. Fais bien attention à toi et surveille bien Dragmire.

Link n'eut même pas le temps de poser une question que, comme par magie, Sahasrahla disparut en une sorte de vapeur bleue se dirigeant vers le ciel. "Soulève la pierre située entre les deux poteries derrière ma maison." Ce furent les dernières paroles qu'entendit Link pendant la disparition de Sahasrahla.

Link crut un instant qu'il rêvait encore. Il se pinça, mais dut se rendre à l'évidence que c'était bien la réalité. Comment le vieil homme avait fait pour se volatiliser restait mystérieux, mais évidemment, ce fut son avertissement qui le préoccupait le plus. Link soupira. Il avait l'impression que tout allait de mal en pis, sans compter tous ces rêves étranges. Sans compter la disparition de Lovio et maintenant, le comportement étrange de Dragmire ! Son ancienne vie insouciante était désormais derrière lui, c'était certain. Link fit le tour de la maison du Sage, curieux malgré tout. Les poteries attirèrent son regard et il se demanda brièvement s'il y avait quelque chose à l'intérieur, comme un rubis égaré par exemple, mais il se focalisa sur la pierre. Comme le vieil homme le lui avait demandé, il la souleva. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il découvrit, dissimulé derrière cette pierre, un trou avec une échelle qui avait l'air assez vieille et usagée. Link s'apprêtait à descendre quand il aperçut une ombre dans son dos, c'était Dragmire qui était de retour.

- Qu'as-tu trouvé jeune Hylien ? dit-il avec étonnement à Link. Le jeune homme s'écarta pour révéler l'entrée de cette grotte. Le Gerudo eut un air surpris.
- Bien joué, allons voir ce qui s'y cache à l'intérieur.

Link pénétra en premier, en essayant de garder Dragmire à l'oeil à la suite de ses étranges agissements la nuit dernière. Le colosse emboîta son pas. Voilà bien quelques minutes que le duo descendait vers le néant, bien accroché à la frêle échelle. L'espace n'était pas bien grand, ils étaient concentrés entre ce pylône de bois et la roche. Soudain, Link aperçut une faible lueur sous ses pieds : la descente était bientôt terminée ! Il accéléra l'allure, suivi par Dragmire. Une fois arrivés, ils découvrirent une torche illuminant une petite partie de la pièce. Dragmire vit un bout de bois par terre, s'empressa de le récupérer et l'embrasa. Il était temps d'avancer vers la pénombre. Les deux compères aperçurent une torche dissimulée non loin de la première, à l'abri des regards. Dragmire l'enflamma, la pièce s'éclaira un peu plus. Des torches étaient disposées à distance régulière, permettant - en les allumant- de visualiser de mieux en mieux l'endroit. La salle avait l'air circulaire, avec un étrange système situé en son centre.

Le Gerudo embrasa la dernière torche, la pièce était maintenant totalement visible. Link s'approcha prudemment de son centre, afin d'analyser l'étrange structure. Il pouvait voir des engrenages un petit peu partout, avec d'étranges tuyaux. A son pied gisait une stèle. Malheureusement pour eux, les écritures avaient presque toutes disparu avec le temps. Seules quelques lettres étaient encore présentes. Link pu déchiffrer : "E__raser la mè_he". Il leva la tête et vit un genre de petit fil qui partait à l'intérieur de la machine.

- Je vais mettre le feu à cette mèche, dit Dragmire d'un ton décidé.

La mèche s'alluma, puis disparut en laissant derrière elle quelques cendres. Soudain, un petit tremblement se fit sentir sous les pieds du duo. Une vive lumière bleu turquoise les éblouit, à tel point qu'ils durent protéger leurs yeux. Quand tout fut fini, ils regardèrent pour apercevoir à leur plus grande surprise un chariot flottant au-dessus du sol, avec un genre de câble fusionné au sol. Link monta à son bord. Dragmire qui ne faisait toujours paraître aucune émotion sur son visage le suivit. Le chariot flottait étrangement dans le vide, toujours avec ce câble bleuté qui flottait également dans le vide. Quelle pouvait bien être cette énergie responsable de ce déplacement. Link n'avait jamais vu de technologie aussi avancée dans sa vie. Ils avançaient paisiblement depuis quelques secondes, quand le jeune garçon vit au loin un immense mur scintillant.

- Un portail, fit Dragmire.

Le chariot arriva assez rapidement vers ce portail, ils s'apprêtaient à le traverser. Mais où allait-il les amener, ils n'en savaient rien.

Chapitre 10 : La traversée du Désert   up

Lovio, qui était dans un champ infini de boisseaux de riz, distinguait au loin une jeune Gerudo qu'il reconnut aussitôt, c'était Frambra. Il courut pour la rejoindre mais il avait l'impression qu'à chaque pas, Frambra s'éloignait avec un Hylien à qui elle donnait une étreinte vigoureuse. Il criait, courait toujours plus vite, mais rien à faire. Il se réveilla en sursaut, sortant légèrement la tête en sueur de la petite tente qu'il avait installée avec Frambra, et fut rassuré de voir que Link n'était pas avec Frambra. Celle-ci l'interpella :

- Hey, jeune voï, qu'as-tu à te réveiller au beau milieu de la nuit ? Tu es tout pâle, ce n'est pas bon. Va prendre de l'eau dans les caisses à côté.

Sans parler, Lovio hocha la tête et partit d'un pas vigoureux vers l'endroit que lui indiquait la Gerudo. Il y but quelques gorgées. Il ne savait pas exactement ce que signifiait son rêve et était encore légèrement sous le choc. Il referma la caisse et repartit vers la tente. Au moment d'y entrer, il bifurqua et alla vers le petit feu de camp où était installée Frambra. Elle lui jeta un regard interrogateur et comprit qu'il n'avait plus très sommeil. Elle le laissa s'installer près du feu. Lovio contemplait le feu d'un regard hagard. La Gerudo comprit, à ses gestes et son manque de parole inhabituel qu'il avait fait un cauchemar. Elle lui laissa le temps de reprendre ses esprits. Au bout d'un certain temps, elle lui demanda :

- Jeune voï, tout va bien ?
- Mmh... oui, oui ça va très bien.
- Ça n'a pas l'air d'aller pourtant.
- C'est un simple cauchemar, ne t'inquiète pas.
- Très bien. Dis-moi, est-ce que tu vois le rocher là-bas ?
- Quel... ah oui je vois. Qu'y a-t-il ?
- C'est un endroit où réside un Moldarquor, et nous sommes assez près, soupira Frambra. Espérons que nous ne nous perdrons pas dans le désert demain, et que nous n'irons pas dans cette direction par erreur.

La nuit se termina tranquillement. Frambra et Lovio avaient été contraints de faire un grand détour pour éviter le territoire du terrible Moldarquor. Pendant qu'ils marchaient, la Gerudo avait posé tout un tas de questions à son compagnon au sujet de ses bombes artisanales. Le jeune homme avait alors été plus que ravi de lui expliquer de A à Z comment il en avait eu l'idée et combien d'expériences ratées il avait dû affronter avant d'arriver à leur élaboration. Le récit de Lovio avait beaucoup fait rire Frambra, l'Hylien n'hésitant jamais à en rajouter des tonnes pour lui décrire avec précision les résultats de ses ratages, comme la fois où il avait réduit à néant la cuisine de sa mère et où celle-ci l'avait poursuivie armée de son balai pour lui donner une leçon, ou encore quand il avait roussi une cocotte qui passait malencontreusement à côté de son nouvel atelier, ou même la fois où il avait failli devenir chauve à cause du souffle d'une explosion un peu trop forte. Discuter ainsi avait eu le mérite de faire oublier à Lovio la marche ardue dans le désert. En fin de matinée, ils se posèrent dans une petite oasis, le temps de boire un peu et de déguster du melon gla-gla qui poussait en abondance autour de la petite mare d'eau fraîche. Lovio en profita pour se plonger dans l'eau. Il revint tout trempé et s'ébroua à côté de la Gerudo avec un petit air malin. Ses cheveux violet sombre lui tombaient dans les yeux.

- Tu devrais te baigner, ça fait du bien.
- Et toi, tu devrais te mettre à l'ombre. Si tu restes au soleil pour sécher, tu vas rôtir petit Voï, répliqua-t-elle en souriant néanmoins.

Lovio s'inclina pour la saluer et écouta son conseil. Frambra lui tendit un peu de melon. Elle se demandait si c'était une bonne idée que d'emmener le jeune Hylien avec elle aussi loin dans le désert. Il était frêle, n'avait pas du tout la carrure ni l'âme d'un guerrier. Ses bombes pouvaient se montrer utiles, mais il ne savait pas manier le cimeterre et elle se gardait bien de lui apprendre : il était capable de se couper un doigt rien qu'en s'en emparant ! Elle craignait de l'avoir entraîné vers sa mort. Affronter le désert était déjà difficile, alors qu'est-ce que ça serait une fois arrivés au Colosse du Désert ? Frambra se leva pour aller laver son visage dans l'eau de l'oasis. Elle avait pourtant juré ne plus retourner là-bas et pourtant. Elle regarda le bracelet à son poignet et soupira en pensant à Dragmire. Comment les choses avaient-elles pu dégénérer à ce point ? Lui en voulait-il toujours qu'il était parti sans lui en parler ?

- Frambra ? Ça va ?
La jeune femme hocha la tête et se releva. Lovio était juste à côté d'elle. Il était tellement plus petit ! Dragmire était le seul homme qu'elle pouvait regarder dans les yeux sans avoir à se baisser.
- Remettons-nous en route, nous ne sommes plus très loin.

Il parut à Lovio que cela faisait des heures maintenant qu'ils avançaient péniblement dans le sable. Le visage enturbanné dans des étoffes gerudos, le sable lui volait dans les yeux, l'obligeant à cligner des paupières régulièrement pour continuer à discerner l'horizon. Ils venaient d'entrer dans la partie la plus dangereuse du désert.

- La tempête s'est levée, mais nous n'avons pas d'autre choix que de maintenir notre cap, sinon nous allons nous perdre ! lui cria Frambra. Suis mes pas, et surtout ne t'éloigne pas de moi !

Lovio acquiesça, avançant d'un pas lourd. Soudain, il lui parut que sa chaussure restait collée au sol. Il secoua légèrement sa jambe, puis se mit à tirer carrément. Rien. Pire encore, son pied s'enfonçait lentement sous son poids, aspiré par les profondeurs de la terre.

- Heu... Frambra ! Frambra ! J'ai comme un problème !
Frambra ne l'entendait pas, continuant à affronter le vent et le sable.
- Frambra ! FRAMBRA !

Il se mit à paniquer. Lovio tirait sur sa jambe de toutes ses forces, mais à chaque mouvement, elle s'enfonçait encore plus dans les formes mouvantes qui aspiraient son corps goulûment. Puis, ce fut au tour de son autre pied, qu'il voyait disparaître au fur et à mesure dans le sable. Impossible de se mouvoir, ses deux jambes étaient immobilisées. A la recherche de la moindre accroche, Lovio cherchait désespérément avec ses mains la moindre touffe d'herbe à laquelle se retenir afin de ne pas sombrer. Soudain, une idée le frappa : l'épée de Link ! Il la saisit dans son dos d'un geste rapide, puis, de toutes ses forces la planta fermement dans le sol le plus loin possible des formes mouvantes dans lesquelles il se trouvait. Il se hissait de toutes ses forces grâce à l'épée lorsqu'une main vint rigoureusement l'attraper par le col en le tirant de ce mauvais pas. Il était sauvé.

- Je t'avais dit de ne pas t'éloigner de moi, nous sommes encerclés de sables mouvants !
Les yeux de Frambra étaient mêlés de colère et d'inquiétude.
- Merci mais... Kopf kopf ! toussa-t-il entre deux inhalations forcées de sable, j'aurais très bien pu m'en sortir seul !
Il commençait à détester ce satané désert.
- Mais bien sûr ! Hâtons-nous, le Colosse du désert est proche.

Lovio se secoua de son mieux pour se débarrasser du sable, mais c'était peine perdue. Même après s'être rincé la bouche, il sentait les grains de sable crisser entre ses dents ! Ils marchèrent encore un bon moment avant d'arriver au sommet d'une nouvelle dune.

- Là. Le Colosse du Désert, fit Frambra en tendant le bras. Lovio plissa les yeux et mit sa main en visière pour suivre la direction qu'elle montrait. Au loin, bien trop loin encore au goût de l'Hylien, se trouvait une masse rocheuse impressionnante. Il lui semblait qu'elle était sculptée, mais il n'arrivait pas bien à deviner comment. Frambra semblait soucieuse.

- Ne me dis pas qu'il y a encore des Moldarmachins sur notre route ? soupira Lovio.
- Non, même eux ne viennent pas jusqu'ici.
Lovio crut qu'elle plaisantait, mais il vit rapidement que ce n'était pas le cas. Il déglutit, mal à l'aise.
- Nous arrivons sur le territoire des Twinrovas. Il va falloir être très prudents.
- Elles sont si terribles ?
- Ce sont des sorcières et elles ont plusieurs siècles d'existence. Même pour des Gerudos, elles ont largement dépassé la date limite de consommation, dit Frambra dans une tentative d'humour pleine de sarcasme.
- Tu les as déjà rencontrées ?
- Une fois, oui, répondit la jeune femme en touchant machinalement son bracelet. Je n'en ai pas un bon souvenir. Avec un peu de chance, elles ont accompagné ce porc de Ganondorf jusqu'au château d'Hyrule et on pourra se faufiler dans le temple sans trop de problème.
Mais Frambra n'y croyait qu'à moitié. Même si elles étaient parties, elles n'avaient certainement pas laissé le lieu sans surveillance ou protection.
- Pourquoi veux-tu aller jusqu'au temple, Lovio ?

C'était la première fois qu'elle l'appelait par son prénom, ce qu'il ne manqua pas de remarquer avec une pointe de satisfaction. Son prénom lui semblait particulièrement sympathique lorsque c'était elle qui le disait.

- Et toi ? Tu disais vouloir t'éloigner des tiennes et te voilà ici.
- Il y a quelque chose que je dois récupérer là-dedans. Quelque chose qui pourrait tout changer.

Elle faisait la brave, mais en vérité, elle tremblait à l'idée de remettre les pieds dans le temple. La dernière fois, elle avait chèrement payé son audace et son monde avait été totalement bouleversé. Elle avait souffert des jours interminables dans les geôles des sorcières jumelles, elle avait croisé le Mal incarné et elle avait cru ses plus vils mensonges. Elle avait réussi à fuir, mais à quel prix ? Aujourd'hui, elle savait qu'elle avait été trompée en plus du reste, mais si elle réussissait à s'emparer de la pierre de l'Esprit, elle pourrait affaiblir les Twinrovas, rétablir la vérité et sauver son peuple. Lovio l'avait observée, remarquant qu'elle ne cessait de toucher son bracelet. Il sentait que ce qu'elle ne disait pas était important, mais il préféra ne pas l'interroger plus avant pour ne pas la braquer. Il posa sa main sur le bras de la jeune femme qui se tourna vers lui, surprise par son geste.

- C'est en rapport avec Dragmire... enfin, Ganondorf ?
Elle hocha la tête, ne retirant pas son bras.
- Tout va bien se passer. Je suis là pour te protéger, fit-il en bombant le torse et en désignant sa sacoche pleine de bombes.
- Dit le petit voï qui a failli mourir dans les sables mouvants.

Frambra sourit en disant cela, ce qui rendit Lovio encore plus fier. En réalité, il n'était pas aussi sûr de lui, mais il ne lui serait pas venu à l'idée de montrer le contraire à la jeune femme. Il priait néanmoins pour trouver un temple vide. Il n'était vraiment pas un guerrier et il savait qu'il risquait de s'enfuir en courant à la moindre chauve-souris. Alors s'il y avait pire là-dedans, il mourrait certainement d'une crise cardiaque et cela ferait mauvais effet devant Frambra.

Chapitre 11 : Le secret de Dragmire   up

Le chariot de Link et Dragmire gagnait en vitesse. Alors qu'ils approchaient du portail, l'Hylien aperçut plus nettement le symbole qui l'ornait : un oeil, en dessous duquel coulait une larme. Le chariot s'élança, et, en une fraction de seconde, tous deux agrippés nerveusement aux rebords de leur vaisseau, Link et Dragmire furent propulsés dans les tréfonds de l'au-delà. Cette même lueur bleue qui les avait suivis tout le long du parcours les enveloppa, puis, ce fut le black-out le plus total.

- Link... L i n k...

L'Hylien ouvrit péniblement les yeux.

- Link... Je t'attends dans la pièce du coffre au miroir... Rejoins-moi...

Link s'ébroua. Rêve ou réalité ? Il entendit un grognement à ses côtés.

- Hmmpff... Aïe, enlève tes sales petites pattes d'Hylien de ma tête !

Confus, Link déplaça sa main appuyée sur le visage de Dragmire. Il n'y avait plus aucune trace du chariot, ni du portail, ni de la lumière bleue. Ils étaient plongés dans l'obscurité la plus complète. L'endroit était humide et frais. Link se releva puis tenta de trouver où s'appuyer. Ses mains effleurèrent un mur respirant l'humidité. Il le tapota pour mieux se repérer et avança à tâtons, lentement, pas après pas. Quelques enjambées plus tard, il crut reconnaître un barreau fait de bois assez ancien. Il appela aussitôt Dragmire, encore en train de râler sur son arrivée brutale dans la pénombre. Ce dernier tenta de rejoindre le jeune homme, guidé par le son de sa voix, manquant de trébucher à quelques endroits délabrés par le temps. Une fois à ses côtés, Dragmire découvrit que Link avait trouvé une nouvelle échelle. L'Hylien se décida à y grimper en premier et le colosse gerudo lui emboîta le pas encore une fois. L'ascension fut encore longue et monotone, accompagnée par les craquements du bois vieillot des échelons. Après de longues minutes à répéter sans cesse les mêmes et difficiles mouvements d'ascension, Link se cogna contre ce qui semblait être un plafond. Il analysa l'obstacle avant de le pousser de toutes ses forces. L'objet céda de quelques centimètres, laissant passer des rayons lumineux éclairant le puits qu'ils venaient de remonter, et leur redonnant le moral après toutes ces heures dans l'obscurité. Quelques gouttes de sueur plus tard, la lourde roche s'avoua vaincue. Le soleil de plomb les éblouit, les obligeant à protéger leurs yeux de la soudaine luminosité. Pour couronner le tout, il faisait une chaleur intenable qui, ajoutée à leur manque cruel d'eau, pourrait vite devenir un danger. Enfin réhabitués à la surface, Link et Dragmire observèrent les alentours.

- Nous sommes dans le Désert Gerudo, fit Dragmire d'un ton semblant presque nostalgique.

A l'énoncé de ce lieu, Link se souvint que c'était justement leur destination. Peut-être allait-il enfin découvrir qui était cette voix qui l'appelait dans ses rêves. Il commençait à se poser de nombreuses questions, tout fusait dans son esprit : ces visions pendant son sommeil, le passage secret que Sahasrahla lui avait révélé, cet étrange oeil présent sur le portail, et surtout, la mise en garde du vieil homme quant à la dangerosité de Dragmire.

- Liiiiink ! entendirent-ils au loin.

Link redressa aussitôt la tête, ayant reconnu cette voix : Lovio, son ami de toujours qu'il avait dû abandonner dans le doute et la peur après une chute de rochers ! L'émotion l'étreignit, il fila droit vers son acolyte et se jeta dans ses bras, soulagé. Dragmire arriva quelques instants après en marchant tranquillement. Lovio le dévisagea étrangement, puis prit un ton solennel.

- Link, il faut que je te dise quelque chose...
- Pourquoi t'es-tu mis à courir comme cela, jeune Voï ? Nous sommes dans un désert, tu vas finir desséché comme un Virevoltant si tu continues, l'interrompit Frambra qui arrivait à son tour.

Elle s'arrêta de parler soudainement, son regard croisant celui de Dragmire. Les deux Gerudos se regardèrent bouche bée, ne sachant quoi dire. Lovio allait reprendre la parole quand deux rires résonnèrent du haut de la dune voisine.

- Hihihihi ! Alors ce Gerudo que nous avions jeté aux Moldarquors est encore en vie, Koume.
- Oui, Kotake, il me semblait bien ressentir encore sa présence en Hyrule.
- Les Twinrova ! s'écria Frambra.
- Tiens, comme c'est intéressant. Frambra, une traîtresse au sein des Gerudos. Cela ne m'étonne pas, tu as toujours fait bande à part et contredit nos ordres. La dernière leçon ne t'a pas suffi, on dirait.

Le joyau bleuté sur le front de Kotake se mit à briller, tout comme le joyau rouge rubis de Koume. Soudain, deux Darknuts apparurent de nulle part, encerclant le petit groupe.

- Occupez-vous de ces traîtres, ordonnèrent les deux soeurs aux ennemis en armure. Pendant ce temps, nous retournons prévenir Seigneur Ganondorf.

A l'énoncé de ce nom, Link fut comme interpellé. Il l'avait déjà entendu quelque part. L'heure n'était cependant pas aux élucubrations, ils avaient autour d'eux deux colosses de fer.

- Il va falloir se répartir les tâches, dit Dragmire. Occupez-vous de ce Darknut, je m'occupe du second.

Il s'élança avec une rage folle sur l'ennemi, lui infligeant d'énormes dégâts tout en essayant de ne pas se faire toucher par la lourde épée que portait l'opposant. Link, Lovio et Frambra tournèrent la tête pour s'attaquer à leur concurrent. Lovio en profita pour redonner à Link l'épée récupérée lors de l'éboulement, puis sortit ses bombes. Frambra, quant à elle, prit son cimeterre, prête à en découdre.

- Laisse-nous faire, je m'en voudrais trop s'il t'arrivait quelque chose, glissa Lovio à la Gerudo.

Celle-ci se contenta de soupirer en le regardant avec un regard déterminé : elle allait bien évidemment combattre avec eux, qu'ils le veuillent ou non. Lovio entama les hostilités en lançant une bombe en direction du Darknut. Celle-ci explosa sans une seule répercussion pour ce dernier. Il fallait trouver une autre solution, un point faible, quelque chose, avant que le Darknut ne puisse les atteindre. Frambra leur fit signe d'entourer l'ennemi. Lovio resta face à celui-ci et Link, quant à lui, fit une roulade bien placée qui l'amena dans le dos de la proie. Il vit une ouverture et frappa aussitôt, faisant crier le Darknut de douleur, laissant derrière lui une pièce de son armure.

- C'est bon, nous avons notre stratégie ! dit Lovio tout excité.

Le trio répéta ainsi l'opération plusieurs fois jusqu'à enlever la totalité de l'armure à cette vile créature. Ce fut au tour de Lovio d'envoyer ses terribles bombes. L'ennemi disparut dans un nuage de fumée créé par les explosions. Les trois combattants sautèrent de joie, fiers de leur victoire. Dragmire les rejoignit, ayant également terrassé le second Darknut.

- Dragmire, je crois que tu nous dois quelques explications ! fit Lovio, coupant court à l'euphorie.

Le colosse Gerudo opina du chef, il s'avança vers le reste du groupe. Pour la première fois, Link le vit inquiet, peut-être même avait-il de la peur en lui à l'idée de s'expliquer. Le jeune homme ne savait pas ce qui allait être révélé, mais il savait d'ores et déjà que cela allait bouleverser le reste de leur périple.

- C'est... c'est assez compliqué à expliquer, commença Dragmire. A vrai dire, je ne sais pas par où commencer. Je vais aller à l'essentiel : j'ai un frère jumeau, et il s'appelle Ganondorf.

Link fut abasourdi par cette révélation, il s'attendait à tout sauf à ça.

- Le peuple gerudo est constitué uniquement de femmes. Or, tous les siècles naît un garçon qui deviendra leur chef, continua Dragmire. Cependant, cette fois-ci ne naquit pas un garçon mais bien deux, des jumeaux : moi et mon frère Ganondorf. Les Twinrovas, qui élèvent les garçons gerudos pour en faire les leaders de notre tribu, ont alors gardé le plus fort, mon frère... Elles l'ont entraîné à devenir sans pitié, lui ont insufflé une haine terrible envers les autres tribus, notamment les Hyliens. Mais surtout, elles ont effacé mon existence de la mémoire de tous.

Une vive émotion étreignit alors Dragmire, ses yeux étaient à la fois humides d'émotion et remplis de haine.

- Quant à moi, elles me jetèrent dans le désert, croyant que j'allais y dépérir. Cependant, un Hylien de passage me récupéra. Il me donna tout son amour durant des années, jusqu'à ce qu'il disparaisse un matin. Il m'a dit qu'il partait faire quelque chose d'important mais n'est jamais revenu. Depuis, je me suis baladé en Hyrule, à la recherche d'épreuves pour m'endurcir, et c'est là que je vous ai rencontrés, Link et Lovio. Comme vous vous en doutez également, Dragmire est mon nom de famille gerudo. Quant à mon prénom, c'est l'homme qui m'a recueilli qui me l'a donné. Il m'a donné ce nom comme symbole d'espoir et de paix : Hönir Dragmire.

Le silence régna après ces intenses révélations, trahissant le choc général. Seule une légère brise le troublait, accompagnée de quelques nuages sableux. Hönir n'avait jamais paru aussi ému et personne ne savait quoi dire. Des tas de questions se posaient dans la tête de Link. Hönir souffla de soulagement et décontraction après ce discours riche en souvenirs pour lui. Frambra se leva, fit un pas en avant et prit la parole.

- Il ne faut pas traîner ici. Entrons.

La jeune femme regarda Hönir dans les yeux un instant. Elle ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose, mais renonça, détourna le regard et prit la direction de l'entrée. Le Gerudo soupira, déçu.

- Bon ben, tu as un frère jumeau démoniaque qui veut tout raser sur son passage et qui chevauche un dragon. C'est pas la peine d'en faire un drame. J'ai bien un oncle qui se prend pour un Goron et qui ne se nourrit que de gigots de caillasses. Il n'a plus du tout de dents. Crois-moi, c'est flippant aussi, mais on s'y fait, fit Lovio dans une tentative de détendre l'atmosphère.

Il esquissa un sourire à l'adresse du Gerudo, malgré tout mal à l'aise de l'avoir soupçonné tout ce temps, et emboîta le pas à Frambra. Il voyait bien que la jeune femme s'était retranchée derrière un masque de dureté et il ne voulait pas la laisser seule. De son côté, Link fit ce qu'il aurait fait à Lovio pour l'encourager et donna un léger coup de coude à Hönir. Il n'avait jamais été tellement doué pour trouver les mots, mais il voulait que le Gerudo sache qu'il avait un ami sur qui compter.

- Tu as dû comprendre qu'on se connaissait, elle et moi. Je l'ai rencontrée quand je cherchais à savoir qui j'étais, il y a quelques années. Mon père m'a toujours dit que ma mère était gerudo. De toute façon, ça se voit facilement, fit le jeune homme en désignant sa stature tout autant que la couleur de sa peau ou celle de ses cheveux. Frambra a toujours été un peu à part elle aussi, elle n'avait personne. Nous avons été amis, et puis... nous sommes venus ici. Ce qu'ils lui ont fait...

Link tourna le regard vers la jeune femme et Lovio qui pénétraient dans le temple. Son ami était en train de parler à Frambra, s'agitant dans tous les sens pour essayer de lui tirer un sourire. Il reconnaissait bien là Lovio.

- Rejoignons-les, dit finalement Hönir, incapable d'en dire plus.
- Ce qui t'est arrivé avec la lune de sang... commença Link.
- Je suppose que c'est à cause de mon frère, soupira le Gerudo. Ganondorf est le Seigneur du Mal, la réincarnation du Banni... et la lune rouge est l'une des manifestations de son pouvoir. Que je le veuille ou non, nous sommes liés. Ce soir-là, je l'ai vu sur son dragon. Non... c'était comme si j'étais sur le dragon.

Cette révélation sembla peser lourd à Hönir. Il craignait qu'en disant cela, Link ne lui accorde plus sa confiance. Lui qui avait souvent été seul dans son enfance à cause de sa différence et qui avait ensuite perdu l'amitié de Frambra, sa seule amie, à cause de son propre frère avait cru s'être endurci et n'avoir besoin de personne. Il se rendait compte à cet instant que c'était faux. Jamais il ne pourrait vaincre les Twinrova à la seule force de son bras et, surtout, il n'en avait pas envie.

- Les sorcières ont essayé de me briser une fois, continua-t-il alors qu'ils entraient dans le temple à leur tour. Elles ont usé de leur magie sur moi. Elles voulaient le rendre plus fort qu'il ne l'est déjà.
- Mais tu as résisté lors de cette lune, ça doit prouver qu'elles n'ont pas réussi à faire ce qu'elles voulaient, le rassura Link.

Ils entendirent soudain une explosion suivie du cri de Lovio.

Chapitre 12 : Lovio ! Non !   up

Sans une hésitation, Link et Hönir se précipitèrent à l'intérieur pour voir Lovio courir en cercles, jetant ses bombes un peu n'importe comment pour se débarrasser d'une sentinelle qui tentait de le griller avec son laser.

- Vise l'oeil, criait Frambra qui était fort occupée à chercher le mécanisme d'ouverture d'une monumentale porte de pierre.
- Mais j'essayeuh ! Tu crois que c'est facile !

La scène était tellement surréaliste qu'Hönir ne put réprimer un éclat de rire. Finalement, après plusieurs tentatives infructueuses, une bombe éclata, et la sentinelle explosa en morceaux.

- Pfiouuu, c'était moins une ! ricana Lovio en s'épongeant le front.

Link et Dragmire le rejoignirent, s'approchant de Frambra qui était affairée à ouvrir la lourde porte.

- Tu as toujours ton bracelet, non ? dit Dragmire à Frambra. Sa magie aurait été dissipée ou bien tu m'en veux tant que tu ne souhaites pas y toucher ?

Frambra leva la tête, s'époussetant l'épaule de quelques minces filets de sable qui s'échappaient du plafond.

- C'est juste que... depuis la dernière fois, je me suis jurée de ne plus l'utiliser avant ton retour.
- Qu'est-ce que c'est ? Ddmanda Link en s'approchant du poignet de la Gerudo.
- Un gage de ma loyauté envers elle, lui répondit Dragmire. C'est un bracelet Goron, un peuple des montagnes. Il permet à quiconque qui le portera de soulever un poids hors de portée du commun des Hyliens ! Frambra, fais-leur une petite démonstration.

Le voile de regret qui s'était dessiné sur son visage se dissipa à l'évocation de son prénom. Elle exerça une légère pression sur le rubis rouge en forme de patte ornant son bijou qui s'illumina soudainement. Kling ! La Gerudo se leva, et, empoignant le bas de la porte des deux mains, elle se mit à soulever. Un léger tremblement se fit sentir, tandis que la porte s'ouvrait dans un nuage de poussière et de sable. Le petit groupe franchit le seuil.

- Wooooooooooa ! s'émerveilla Lovio.

Devant eux apparaissait une gigantesque salle, aussi haute de plafond qu'une cathédrale. Deux immenses serpents taillés à même la roche présidaient, la gueule ouverte sur d'énormes rubis rouges.

- Surtout ne pas toucher les rubis, prévint Dragmire en attrapant Lovio par la capuche, l'empêchant d'approcher des statues.
- Maieuh, j'allais pas les toucher. Mais avoue que c'est tentant.
- Justement. Le Colosse de Pierre est la demeure des Twinrova depuis tellement longtemps qu'elles l'ont truffé de pièges pour les voleurs.

Lui et Frambra en savaient quelque chose. C'était comme cela qu'ils s'étaient retrouvés dans les ennuis la dernière fois.

- Pourquoi es-tu revenue ici ? demanda le Gerudo à la jeune femme.
- Ganondorf est en quête du Miroir Magique. Il faut le trouver avant lui.

Link tendit l'oreille à la mention du miroir. La jeune femme de son rêve - l'esprit de l'Epée de Légende d'après Saharashla - lui avait dit l'attendre dans la pièce du coffre au miroir.

- C'est quoi ce miroir ?
- Une relique perdue quelque part dans le Désert Gerudo. Enfin d'après les légendes. Personne ne l'a jamais trouvé. Mais on dit que son possesseur pourrait obtenir une grande puissance, répondit Dragmire.
- C'est vrai qu'un dragon millénaire, ça ne devait pas suffire pour s'emparer du monde, soupira Lovio.
- T'en fais pas, petit Voï, je suis là pour te protéger, fit Frambra en lui tapant dans le dos, ce qui le fit basculer en avant.
- Le miroir est ici ? demanda Link.
- Non, bien sûr, mais le Colosse est la mémoire des Gerudos. Toutes les légendes de notre peuple sont inscrites ici, sur les murs, dit la jeune femme en désignant les alentours d'un ample geste de la main. Et celle du Miroir ne fait pas exception.
- Mais... on ne va jamais le trouver avant que les deux vieilles réapparaissent, fit remarquer Lovio.
- Sauf que je sais exactement où c'est. Je l'ai vu la dernière fois que j'étais ici.

D'un regard, elle interdit à Hönir de rajouter quoi que ce soit. Elle n'avait pas envie de revenir sur ce qui lui était arrivé et elle ne le tenait pas pour responsable de toute manière.

- Est-ce que c'est dans une salle avec un coffre ? Peut-être un coffre avec des miroirs ? fit soudain Link.
- Non, pas exactement. C'est une salle avec des miroirs aux murs, mais il y a effectivement un grand coffre de pierre. Mais comment sais-tu cela ? fit Frambra avec méfiance.
- C'est un voï plein de surprises, répondit Hönir à la place de l'Hylien. Pressons-nous. Nous t'expliquerons en route.

Hönir échangea un regard avec Link qui hocha la tête. Visiblement, le Gerudo avait écouté aux portes de la maison du Sage et savait tout ce que Sahashrala lui avait révélé. Link ne voyait aucune raison de ne pas en parler avec Frambra. Il lui paraissait normal que tous ses compagnons sachent dans quoi ils mettaient les pieds, du moins autant qu'il pouvait les en informer.

Ils traversèrent la moitié de la salle sans encombre, Lovio était à la traîne à force de contempler les joyaux géants des statues. Il se retenait tant bien que mal de ne pas toucher, quand il vit sur sa gauche un gros rubis doré encore plus magnifique que ceux dans la gueule des serpents et, surtout, à sa portée. Il s'arrêta comme envoûté par ce qu'il voyait. Ses yeux brillaient de mille feux, un large sourire se dessina sur son visage. Lovio tendit les deux mains vers l'objet. Mais il ne pouvait le saisir. Il fit un tout petit pas pour se rapprocher, et du bout des doigts effleura le joyau avant de le prendre. Un grondement sourd se fit entendre, Lovio reposa le rubis comme si de rien n'était et mit ses mains derrière son dos.

- Misérable asticot !!! tu ne pouvais pas t'en empêcher !!! cria Hönir en se retournant vers lui.

Lovio fit mine de ne pas comprendre, quand le sol se mit à trembler. Le séisme se propagea aussitôt jusqu'au plafond qui menaçait de s'effondrer.

- Courez ! ordonna Frambra en attrapant Lovio par la manche.

Elle le foudroya du regard, et encore plus quand il continua à prendre son air innocent malgré l'évidence. Ils rejoignaient le bout de la grande salle quand, derrière eux, les statues des serpents s'effondrèrent et une lueur d'un rouge extrême illumina les lieux.

- De la lave ! cria Hönir, n'en croyant pas ses yeux.

Le flot gluant et bouillonnant de roche en fusion se déversa par l'ouverture dans le sol et la chaleur devint vite insupportable. Lovio fut certain que si la lave approchait trop, ils finiraient tous rôtis comme de la viande divine sur les pierres du volcan d'Ordinn. Le sol bascula soudain comme une gigantesque plate-forme et ils n'eurent d'autre choix que de glisser sur les fesses, sauf le pauvre Lovio qui dégringola la tête la première. Arrivés au bout, ils chutèrent dans le vide en hurlant tous autant qu'ils étaient. Ils atterrirent brutalement dans ce qui semblait être une chambre forte. Les tas de pièces d'or leur servirent de coussins d'atterrissage et quand ils se relevèrent, chacun compta ses bleus.

- Tu as vu ce que tu as fait ? hurla Hönir, menaçant.
- J'ai pas fait exprès... geignit Lovio en frottant ses fesses meurtries.
- Il ne faut pas rester là. La lave arrive, prévint Link en montrant le plafond.

Ils reprirent leur course folle, pourchassés par la lave qui se déversait par le plafond maintenant. Ils ignoraient s'il y avait une autre issue, mais ils n'avaient pas le choix. Lovio pila net et Link lui rentra dedans.

- Attends ! Il y a un truc là-bas !
- Cours ! le poussa Link.

Mais Lovio ne l'écouta pas. Il bifurqua alors que Frambra et Hönir étaient déjà loin devant. Link lui ordonna de revenir, en vain. La lave se rapprochait dangereusement et la chaleur était étouffante.

- Aide-moi !

Link n'en croyait pas ses yeux : Lovio était penché sur un coffre énorme et tentait de l'ouvrir ! Quoi qu'à la réflexion, il semblait plutôt vouloir le pousser.

- Mais qu'est-ce que tu fais ? On va rôtir ! dit-il en tirant sur le bras de son ami pour le ramener à la raison.
- Mais regarde !

Link était tenté d'assommer Lovio pour le sauver, mais son ami lui attrapa le visage pour qu'il regarde au sol.

- Tu veux risquer de te faire avaler par la lave pour un vieux tapis mité ? fit-il sans cacher sa colère cette fois.

A peine avait-il dit "mité" que le sol se souleva brusquement. Cette fois, cela ne venait pas des tremblements qui secouaient le temple, mais... du tapis.

- Qu'est-ce que...
- Aide-moi à le dégager. C'est un tapis volant !

Link était complètement abasourdi, mais le tapis était bel et bien vivant. Une partie était coincée sous le coffre et il essayait de se dégager en tirant. Lovio, lui, tentait de pousser le coffre. Link finit par lui prêter main forte. Derrière eux, les tas d'or et de bijoux fondaient comme de la neige au soleil. Bientôt, la lave leur lécherait les bottes et ça en serait fini d'eux. Dans un dernier effort, les deux amis réussirent à dégager le tapis qui s'envola en cercle autour d'eux pour les remercier.

- C'est vraiment un tapis volant... murmura Link.

Le tapis approuva en s'enroulant autour de lui une seconde.

- Tu peux nous aider à sortir de là ? s'enthousiasma Lovio.

Cette fois, le tapis s'étira comme s'il sautait et écartait bras et jambes. Il refit un tour sur lui-même et prit de l'élan. Il bouscula Link et Lovio qui se retrouvèrent assis sur lui, volant bientôt à quelques mètres au-dessus du sol.

- Youh hou ! hurla Lovio. En route !
- Hé ! N'oublions pas les autres ! fit Link qui avait décidé de ne plus se poser de questions sur cette histoire.
- Bien sûr que non ! Lovio montra ses compagnons au tapis qui fonça sur eux.

Link les héla. La seconde d'après, tout le monde était sur le tapis volant.

- Madame, Messieurs, l'équipage vous remercie d'avoir choisi la compagnie Tapis Volant. Gardez bien les bras et les mains à l'intérieur du tapis et c'est partiiiii ! s'amusa Lovio, fier de sa trouvaille.

Frambra regarda Link qui haussa les épaules pour lui dire de ne pas chercher plus loin. Hönir, lui, était blanc comme un linge. Visiblement, il avait le mal de l'air.

Chapitre 13 : L'esprit de l'Epée   up

Après plusieurs minutes de vol, le tapis amorça doucement sa descente vers une oasis visiblement déserte. Lovio était surexcité.

- Veuillez rester assis jusqu'à ce que la carpette se soit stabilisée..., fit-il d'un air amusé à l'ensemble du groupe.
- Ohhh ! Assez ! fit Hönir en jetant un regard glacial à celui-ci.

Lovio baissa la tête comme un petit garçon qui venait de faire une grosse bêtise. Une fois nos quatre compagnons sur la terre ferme, Frambra, agacée, mit un bon coup de pied dans une pierre.

- Nous sommes sortis indemnes, nous devrions nous réjouir, fit Lovio.
- Nous réjouir ! hurla Frambra. Tu te fiches de nous ! Nous en sommes là à cause de toi. L'accès à l'intérieur du temple est complètement détruit.

Lovio tendit la main vers Frambra mais il se ravisa au vu de son regard glacial.

- Et maintenant ? fit Link. Comment allons-nous accéder à cette salle ?
- Je n'en ai aucune idée, dit la Gerudo.
- Et si...
- Et si tu apprenais à te taire et faire ce que l'on te demande, coupa net Hönir ce pauvre Lovio.

L'Hylien voulut s'excuser, mais Hönir le dévisagea méchamment. Il alla donc s'assoir sur un rocher pour bouder seul dans son coin.

- Il doit bien y avoir un autre moyen d'arriver à cette salle, reprit Link.

Frambra croisa les bras et se plongea dans une intense réflexion. Mentalement, elle tentait de se souvenir du plan du temple.

- Dis-moi que ce n'était pas au sous-sol, fit Hönir qui reprenait ses couleurs maintenant qu'il était descendu du tapis.
- Heureusement non, répondit son amie. Mais ça ne veut pas dire qu'on va pouvoir y retourner facilement.

Link n'avait aucune idée à proposer, ne connaissant pas les lieux. Hönir réfléchit un moment, les bras croisés et ses doigts jouant avec sa barbe courte. De son côté, le tapis voleta doucement vers Lovio et lui chatouilla la joue de son pompon doré pour le consoler. Le jeune homme apprécia le geste et lui caressa gentiment ce qui pouvait être considéré comme sa tête, s'il en avait eu une. Lovio n'aurait jamais pensé avoir la chance de trouver un véritable tapis volant. Il pensait qu'ils n'existaient que dans les contes gerudos. Et pourtant, il y en avait un qui lui faisait un câlin !

- Dans les appartements de mon... frère, dit finalement Hönir en renâclant à utiliser ce terme pour désigner son jumeau maléfique. Il y avait un passage creusé dans la roche, avec la lueur du jour au bout.

Hönir n'aimait pas se remémorer ce qu'il avait vécu dans les appartements de Ganondorf. Apprendre qu'il avait un frère jumeau et qu'il était le fils de la cheffe des Gerudos avait déjà été un choc. Être confronté au Mal absolu avait été pire encore. Ganondorf avait pris un malin plaisir à le garder enchaîné au mur de sa chambre, à le torturer en lui contant avec force détails tout ce qu'il faisait et disait à Frambra enfermée dans une geôle... Il écarta ces pénibles souvenirs d'un revers de la main.

- Je ne sais pas si on peut passer par là, je n'ai jamais été dans le passage.
- C'est déjà une piste, approuva Link. Une idée d'où il pourrait déboucher ?
- Ganondorf vivait dans les derniers étages du temple...

Le tapis s'agita, tournant et sautillant devant Lovio.

- Heu... je crois qu'il sait où c'est, tenta-t-il en revenant vers les autres.

Hönir se retourna, les mains sur les hanches.

- Hors de question que je repose un pied sur ce tapis.
- N'empêche... fit Frambra. Ce tapis peut nous être très utile.
- Super ! sautilla Lovio en frappant dans les mains.
- Et comment veux-tu qu'il nous aide ? demanda Link.
- Très bien, nous passerons par une des mains de la statue, capitula Hönir.
- Attendez une minute. La pièce se trouve au bout de la main?! s'exclama Lovio, paniqué. On va devoir tout remonter pour s'y rendre !!!
- Ne t'inquiète pas petit voï, ce passage nous mènera à la pièce sans nous faire voir.
- Alors, en route, dit Link déjà assis sur le tapis.

Honir grommela mais il savait que c'était le moyen le plus sûr et le plus rapide. C'est ainsi que nos quatre compères se mirent en route vers la demeure de Ganondorf. Il faisait presque nuit à leur arrivée. Lovio claquait des dents.

- Les nuits sont vraiment fraîches dans le désert.
- Tu vas nous faire prendre à claquer des dents comme tu le fais. Ressaisis-toi un peu, soupira Hönir avec exaspération.

Lovio voulut dire quelque chose, mais le regard dur de Frambra le coupa net.

- Je te préviens, petit voï, je ne pourrai pas te protéger ici. Alors ne touche à RIEN.

Lovio baissa la tête. Personne ne lui faisait confiance. Il sentit une main se poser sur son épaule, celle de Link.

- Allez, ne t'inquiète pas. Je veille sur toi, moi.

Hönir montra du doigt la main droite de la statue.

- C'est ici que nous devons aller.

Le tapis les mena jusqu'à la paume de la main. Ils sautèrent tous dessus. L'entrée se trouvait sur le côté. Hönir pénétra le premier dans le boyau de pierre, suivi de ses trois compagnons. Le couloir était étroit et les escaliers raides. Après plusieurs minutes de marche, nos aventuriers se trouvèrent face à une porte de bois. Honir la poussa et entra dans une pièce plongée dans la pénombre. Il n'y avait pas grand-chose : un lit, une table de chevet, une armoire et le tableau qui cachait la porte qu'Hönir venait d'ouvrir. On pouvait y voir Ganondorf sur sa monture.

- C'est un peu cliché, fit remarquer Lovio.

Link resta à observer le tableau. Ganondorf ressemblait réellement comme deux gouttes d'eau à Hönir. Ils avaient la même stature, le même nez, les mêmes cheveux rouges. Pourtant, leurs expressions étaient bien différentes. Hönir pouvait être un peu sec et même faire un peu peur quand il s'énervait, il ne se dégageait pas de lui la même malignité que chez son jumeau. Ni le même sens du spectacle. Vu la pose sur le tableau, Ganondorf avait tout l'air d'être du genre mégalomane.

- Ne traînons pas ici, ordonna le Gerudo dont la voix trahissait le malaise.

Frambra ne les avait pas attendus. Elle avait déjà ouvert la porte donnant sur le corridor central de l'étage. Elle avait les nerfs à vif en se retrouvant ici. Elle se doutait qu'il en était de même pour Hönir. Elle avait vu les chaînes au mur avec lesquelles son ami avait été emprisonné pendant des semaines, alors qu'elle, elle était enchaînée dans une cellule un peu plus loin. Aucun des deux n'avait eu un sort enviable. Elle sentit soudain le bras de Lovio sur le sien. L'Hylien lui sourit gentiment, comprenant qu'elle se battait contre de douloureux souvenirs. Elle lui fut gré de son geste. Malgré ses bourdes à répétition, Lovio était toujours adorable avec elle. Elle n'aurait jamais cru rencontrer un Hylien comme lui. Il ne devait d'ailleurs pas en exister deux comme lui, sinon elle ne donnait pas cher du royaume d'Hyrule !

Frambra les entraîna jusqu'à un escalier donnant sur les derniers étages du temple. Le tapis les devança, puis revint en agitant ses pompons, comme pour leur signaler que la voie était libre. Lovio le remercia en lui serrant le pompon. Malgré la situation, il n'arrivait pas à se départir de son émerveillement pour le tapis magique. En haut de l'escalier, il n'y avait qu'une porte, sculptée d'emblèmes gerudos et de tout le bestiaire du désert. Sans hésiter, ils la poussèrent pour entrer dans une pièce circulaire. La lumière de la lune entrait par deux grandes ouvertures ovales : les yeux du Colosse du Désert. Ils étaient dans la tête de la statue. Au centre de la pièce se trouvait un énorme coffre de pierre sculpté. Les murs étaient recouverts d'inscriptions et de hauts miroirs. Le tapis vola jusqu'au mur de gauche et désigna le texte gravé dans la pierre de ses pompons.

- Voilà la légende sur le Miroir Magique, fit Frambra en rejoignant le tapis.

Hönir se plaça à ses côtés. Le texte étant en gerudo, ils étaient les seuls à pouvoir le lire. Mais Link ne s'occupait pas de cela. Il n'avait d'yeux que pour le coffre. Enfin il était arrivé à destination. Enfin il se retrouvait là où l'esprit de l'Epée de Légende lui avait donné rendez-vous. Avec appréhension, il avança jusqu'au coffre. Lovio était à ses côtés, sentant la fébrilité de son ami. Il était également très curieux de la suite des événements. Link posa les mains sur le coffre, cherchant l'ouverture. A peine sa peau avait-elle touché la pierre brute qu'une lueur irradia du coffre, le faisant reculer d'un pas, interrompant la lecture de Frambra et Hönir. Sous leurs yeux ébahis, le coffre s'ouvrit de lui-même et une silhouette féminine en émergea. L'apparition était intangible, à la peau bleue lumineuse. Link reconnut aussitôt celle qui lui était apparue en rêve et l'avait guidé jusqu'ici.

- Maître Link, Fay au rapport. Vous êtes arrivé à destination.
- Maître ? s'étonna Link.
- Vous êtes mon Maître. L'Elu de la Déesse Hylia.
- Tu es l'esprit de l'Epée de Légende ? C'est bien ça ?
- Je suis Fay.
- L'épée est ici ? demanda Lovio, complètement subjugué.

Fay tourna son visage vers lui, semblant le jauger ou l'analyser. Elle s'écarta légèrement du coffre pour qu'ils puissent en voir l'intérieur. Sur un coussin de velours bleu étaient disposés plusieurs morceaux de métal.

- L'épée a été brisée. Elle doit être reforgée pour que vous puissiez combattre le Banni, Maître Link, expliqua-t-elle d'une voix plus faible.

Link l'observa un instant. Il lui semblait qu'elle devenait plus pâle.

- Fay ? Tu te sens bien ?
- Il y a 98% de chances que mon énergie arrive à son terme. Vous contacter a puisé dans mes dernières réserves.
- On peut faire quelque chose ? fit Lovio.
- Je vous conseille de reforger l'épée. Il est probable que je retrouverai alors toute ma puissance et pourrai être à vos côtés, Maître.
- Une chance que tu sois l'apprenti du forgeron, hein ? répondit Lovio avec un sourire.

Link s'était penché à l'intérieur du coffre pour récupérer les morceaux de l'épée.

- Il manque la poignée et la garde. Où sont-elles, Fay ?
- D'après mes informations, les Kokiris les protègent.

Link et Lovio échangèrent un regard surpris. Personne n'avait revu de Kokiris depuis si longtemps qu'ils étaient passés dans le domaine des légendes.

- Mais les Bois Perdus sont hantés ! Je ne veux pas voir de fantômes !
- On n'y est pas encore, Lovio, temporisa Link.
- Vite, Maître, reprit Fay. Le Mal approche. Reforgez l'Epée de Légende.

Fay faiblissait de plus en plus. Elle finit par disparaître sur une dernière phrase que seul Link entendit et qu'il garda pour lui.

- Et ben ça alors... On va visiter tout Hyrule ou quoi ? demanda Lovio.
- J'en sais rien... Mais on a un tapis pour gagner du temps, c'est déjà ça, sourit Link bien que la disparition de Fay lui serrât le coeur.
- Je ne remets pas les pieds sur ce machin, râla Hönir.
- On ne te demande pas d'y mettre les pieds, mais les fesses, répondit Frambra en lui donnant une tape dans le dos.
- Vous avez trouvé quelque chose sur le miroir ?
- On en parlera une fois hors d'ici, fit le Gerudo.

Link prit les morceaux de l'épée délicatement et les rangea dans sa besace.

- C'est bon, on peut déguerpir demanda Lovio, je ne suis pas rassuré du tout ici.

Frambra lui mit la main sur l'épaule pour le rassurer.

- Nous pouvons y aller, oui.

Chapitre 14 : Confrontation   up

Lovio se précipita le premier hors de la pièce aux miroirs. Il descendit l'escalier quatre à quatre, mettant une distance considérable entre lui et ses amis. Frambra poussa la porte de la chambre où Lovio se trouvait déjà. Elle poussa un cri d'horreur en entrant. Link et Hönir pressèrent aussitôt le pas. Ils découvrirent Ganondorf derrière Lovio, un cimeterre sous la gorge.

- Hönir, mon frère, je savais que tu finirais par venir ! Et en plus, tu es en compagnie de ma douce Frambra.

A ces mots, Frambra eut la chair de poule.

- Relâche-le, dit-elle au bord des larmes.

Link saisit son épée et voulut engager le combat, mais Hönir l'arrêta de la main. Link le regarda, stupéfait. Hönir lui fit non de la tête.

- Si tu veux mourir aujourd'hui vas-y, mais je te le déconseille.

Ganondorf éclata de rire en voyant la scène. Frambra en profita pour se munir de son cimeterre et se jeter sur lui. Le prince des Gerudo souleva Lovio d'une main et l'envoya valser contre le mur tête la première, l'assommant à moitié. Le pauvre Lovio gisait maintenant au sol. Ganondorf poussa violemment Frambra. Elle était bien plus forte que lors de leur dernière rencontre, mais il était bien plus rapide. Il s'empara brusquement d'elle et fit face à son frère.

- Arrête ! cria Hönir. Laisse-les partir, je suis prêt à rester contre leur liberté.
- Non !!! hurla Frambra.
- Si je ne peux l'avoir, toi non plus, cher frère.

Ganondorf posa son cimeterre sous la gorge de Frambra et tira d'un coup sec. Le sang s'échappa de sa gorge tranchée à gros bouillons. Elle suffoqua dans un hoquet, puis son corps glissa au sol, inerte.

- Non !!! hurla Hönir.

Link était paralysé. La scène s'était déroulée tellement vite sous ses yeux qu'il mit un moment à comprendre. Il cria au tapis de prendre Hönir et Lovio et de les sortir d'ici sur-le-champ. Hönir protesta mais il n'eut pas le choix. Link brandit aussitôt son épée.

- Quel tempérament, petit Hylien ! ricana Ganondorf. Tu subiras le même sort que Frambra.

Ganondorf poussa le corps de la défunte avec son pied. Il marcha dans le sang pour s'approcher de Link. Il essuya son cimeterre à sa manche puis le brandit en direction de son adversaire. Celui-ci engagea le combat le premier. Le cimeterre du Gerudo heurta l'épée de Link avec une telle violence que des étincelles jaillirent. Link était bien plus fort qu'il ne l'avait pensé, mais Ganondorf n'avait pas mis toute sa puissance dans son attaque. Il s'apprêtait à lui asséner un nouveau coup quand il remarqua un symbole sur le dessus de la main gauche de Link qui le fit reculer de stupeur.

- C'est toi l'Elu ?! Finalement, je me faisais du souci pour rien : le combat va être vite réglé.
- Je ne suis pas l'Elu, enchaîna Link.
- Le symbole de la Triforce sur le dos de ta main dit le contraire, Hylien.

Link examina sa main pour voir le symbole briller, baissant sa garde sous la surprise. Ganondorf en profita pour se jeter sur lui. Alors qu'il allait asséner un coup d'épée mortel, la Triforce sur la main du jeune Héros brilla d'un éclat aveuglant, formant une sorte de bulle de protection. Le cimeterre de Ganondorf rebondit sur cette sphère de lumière et se brisa.

- Nooooon !!! s'écria-t-il. Ma lame... qu'as-tu fait ?!

Profitant de cet instant, Link fondit sur Ganondorf. Il fit tournoyer son épée, et son ennemi, pris au dépourvu et sans aucun moyen de défense, recula encore et encore, jusqu'à buter contre le mur. Link pointa son épée sur Ganondorf et fit quelques pas en arrière jusqu'à la sacoche de Frambra, espérant y trouver un morceau de corde. Le tapis volant, un brin curieux peut-être, était resté en retrait, contrairement à ce que lui avait indiqué Link. Au plus près du plafond pour garder Lovio et Hönir hors du combat, il observait la scène, prêt à secourir le Héros en cas de problème. Sur lui, Lovio, encore étourdi, remua légèrement et passa par-dessus bord. Déjà mal en point, sa chute n'aida en rien et il vit 36 chandelles. Hönir, quant à lui, était resté sur le tapis et observait la scène, autant subjugué que frustré.

Link ne baissa pas son épée et la garda fixement pointée sur son ennemi qui était cloué contre le mur. Impuissant, le Gerudo se demandait comment il allait se sortir de cette fâcheuse situation. Link trouva finalement un bout de corde, le jaugea du regard et en conclut que ce serait suffisamment solide. Il marcha vers le colosse et lui attacha les mains dans le dos solidement, en serrant du mieux qu'il le pouvait. Lovio, pendant ce temps, récupérait. Il scruta autour de lui et vit Frambra. Son esprit, encore légèrement confus, crut que Frambra était inconsciente à même le sol. Il partit en rampant près du corps de la Gerudo. Link, l'esprit plus tranquille, contemplait sa main, remerciant la déesse Hylia de l'avoir protégé. Il se demanda quels pouvaient être ses autres pouvoirs. Ganondorf le regardait avec mépris, tout en pestant. C'est alors qu'un bruit à l'extérieur de la chambre se fit entendre. Link recula jusqu'à la porte avec prudence sans quitter son prisonnier des yeux.

- Laisse-moi descendre ! vociféra Hönir au tapis.

Comme il n'obéissait pas, le Gerudo sauta dans la seconde et se rua jusqu'à Frambra avant que Lovio ne l'ait atteinte. Il tomba à genoux devant son corps inerte, sans se soucier de patauger dans la mare de sang qui ne cessait de s'étaler sur le sol. Le colosse hésitait, ne sachant pas s'il devait la toucher ou pas. Il savait qu'elle était morte, mais il n'arrivait pas à assimiler l'idée.

- Frambra ?

Lovio était arrivé jusqu'à elle. Il n'avait jamais été aussi blême alors qu'il était mis face à la dure réalité. Ses mains tremblaient, mais il réussit à faire ce dont était incapable Hönir. Avec délicatesse, il prit Frambra dans ses bras, lui caressant lentement le front et la joue sans porter attention au sang qui imbibait désormais ses vêtements et ses doigts.

- Frambra... murmura-t-il, la voix cassée par l'émotion.

Des larmes coulèrent sur ses joues, se mêlant au sang de la jeune femme. Il continua à la bercer doucement. En le voyant faire, Hönir se sentit totalement inutile. Il regarda le visage de son amie, sa peau livide et ses yeux éteints, et une rage indescriptible l'envahit. D'un bond, il fut debout, ramassant le cimeterre de Frambra au passage, et se précipita vers son frère qui se mit à rire.

- Tu te crois capable de me tuer, toi, l'avorton ? se moqua Ganondorf.
- Des Darknuts. Il faut partir, fit Link en barricadant la porte.

Mais son avertissement n'atteint ni Lovio plongé dans le chagrin, ni Hönir aveuglé par la haine. Il n'eut pas le temps de le réitérer que Ganondorf se contracta, ses veines apparaissant sur son visage et ses bras. Link avait déjà vu cela chez Hönir, quand celui-ci s'était concentré pour arracher un pauvre arbre et faire une démonstration de force.

- Attention ! cria-t-il à son ami gerudo.

Hönir leva le cimeterre avec la ferme intention de décapiter son jumeau, mais il n'en eut pas le temps. Ganondorf poussa un cri de rage et une vague de pouvoir frappa Hönir de plein fouet, le projetant au sol quelques mètres en arrière. Link et Lovio subirent le même sort. Sans attendre, Ganondorf leva une main vers son frère. Sa paume irradia d'une lueur violette de mauvais augure. Hönir fut soulevé du sol sans pouvoir bouger.

- Vous êtes tous si pathétiques. Misérables vermisseaux. Je vais faire une faveur à ce monde et le débarrasser de vous, fit Ganondorf en avançant vers son frère.

Link se releva, prêt à se battre à nouveau, mais cette fois, son adversaire ne lui en laissa pas le temps. D'un geste de son autre main, il immobilisa le jeune Hylien alors que les Darknuts enfonçaient la porte. Leur arrivée tira Lovio de son état de choc. Il leur balança une bombe, ce qui surprit tout le monde.

- Tapis !!! hurla-t-il.

Le tapis volant ne se fit pas prier. Aussi vite qu'il le put, il se précipita vers Link qui était le plus proche et alors que Lovio envoyait une autre de ses bombes à la figure de Ganondorf, il réussit à dégager l'Hylien de son emprise. Il fit de même avec Hönir dans la foulée. Le géant tenta de se débattre pour retourner tuer son frère, mais Link l'en empêcha en se jetant sur lui, juste à temps pour attraper la capuche de Lovio au vol.

- Laisse-moi ! crièrent en même temps le Gerudo et Lovio.
- Jamais ! Plus vite, Tapis !

Le tapis obtempéra, filant comme une flèche vers le couloir menant à l'extérieur. Il enfonça la porte. Voler n'était pas le plus simple dans ce boyau étroit avec un géant en colère sur le dos et un Lovio qui s'agitait pour faire lâcher prise à Link, mais ils arrivèrent rapidement dehors. Le tapis prit aussitôt de l'altitude, ce qui calma Lovio et mit de la distance avec le Colosse du Désert.

- Fuyez tant que vous le pouvez ! entendirent-ils derrière eux.

Ganondorf éclata de son rire mauvais puis siffla.

- Hylia, non ! murmura Link, ébahi.
- Oh, plus vite ! Plus vite ! fit Lovio. Faites-moi grimper !

Le dragon de Ganondorf apparut de derrière le Colosse du Désert. Il était immense et sa gueule était pourvue de crocs bien trop nombreux pour être comptés. Son corps était fait d'écailles de braise et ses cornes étaient de feu. Il cracha une colonne de flammes en direction des fuyards et se mit en chasse du tapis à travers le désert brûlant. Tout semblait visiblement perdu et le tapis commençait à montrer des signes de fatigue.

- Nous devons trouver un abri pour nous cacher du dragon ! fit Lovio toujours suspendu dans le vide.

Link, qui essayait tant bien que mal de contenir Hönir et de tenir son ami par la capuche, aperçut une faille au creux d'une falaise où coulait une cascade.

- Là ! fit-il. Tapis ! Fonce et traverse la cascade !

Celui-ci s'exécuta immédiatement. Nos amis étaient presque à la cascade que le souffle brûlant du dragon les rattrapa, mettant, hélas, le feu au tapis. Rapidement, il n'eut plus assez de force pour porter ces passagers, mais dans un dernier élan, il traversa la cascade in extremis, atteignant la faille. Il chuta brusquement, envoyant valdinguer nos amis à même le sol rocheux de la caverne. A l'extérieur, on entendait les rugissements oppressants du dragon qui, mécontent de ne pouvoir traverser la cascade, tourna en rond devant la falaise avant de repartir.

- Ouf il s'en est fallu de peu ! soupira Lovio.
- Oui, rétorquèrent Link et Hönir.

La grotte était assez sombre, mais au plafond, une petite fissure faisait passer les rayons du soleil qui éclairaient d'un voile léger la cavité. Nos trois amis décidèrent de monter un petit campement pour la nuit afin de se reposer et de se remettre de toutes ces péripéties.

Chapitre 15 : A coeur ouvert   up

Hönir chercha un endroit assez plat pour pouvoir s'allonger et installer le campement pendant que Lovio remplissait les gourdes de chacun grâce à l'eau qui ruisselait sur une des parois. De son côté, Link, soucieux du dernier message que Fay lui avait murmuré, essaya de s'enfoncer un peu dans la grotte pour voir s'il n'y avait pas une autre issue.

- J'ai retrouvé le tapis ! murmura Lovio, de peur de réveiller une quelconque créature des ténèbres.
Le malheureux tapis ne pourrait plus voler, tout l'arrière étant complètement brûlé. Lovio le récupéra et l'installa avec lui près du feu de camp qu'Hönir venait d'allumer.
- As-tu vu Link ? demanda le Gerudo.
- Non pas encore, il est parti explorer la grotte.
Link revint trente minutes plus tard, trouvant les deux autres plongés dans le silence.
- J'ai trouvé à manger !
Il sortit de son sac quelques champignons luminescents, deux chauves-souris et une fée. Lovio nettoya aussitôt les champignons à l'eau claire.
- C'est un peu maigre comme repas mais on s'en contentera, fit Hönir en dépeçant les volatiles.

Lovio mit les champignons finement coupés en lamelles dans un récipient qu'il mit sur le feu avec un peu d'eau. Hönir rajouta la viande de chauve-souris. Il garda les yeux pour plus tard et les rangea dans sa sacoche.
- Que faisons-nous de la fée ? demanda Link.
- Attends, tu vas voir, répondit Hönir en prenant la fée pour la jeter dans le bouillon.
- Mais non !!! cria Lovio. Pourquoi as-tu fait cel...
- ATTENDS ! Et regarde ! lui ordonna le Gerudo, le coupant net.
Le bouillon d'une couleur marron commença à scintiller et à changer de couleur de telle sorte qu'il devint orangé.
- Voilà, c'est prêt.

Nos trois amis s'agenouillèrent, prirent chacun une part de bouillon et commencèrent à le déguster en silence, tout en repensant à ce qui s'était passé, au périple traversé, à la mort de Frambra, à cette fameuse quête légendaire pour vaincre le mal, à cette épée brisée en plusieurs morceaux dont il manquait la garde et le manche.

- Hmm, délicieux, dirent Lavio et Link en même temps.
- Quel est l'intérêt de la fée dans ton ragoût ? demanda Lovio.
- La fée restaure la totalité de nos forces, ce que le ragoût seul ne peut faire, expliqua Hönir.
En effet, Link et Lovio, après avoir fini leur assiette, se sentirent comme légers, lavés de toutes blessures et de toute fatigue.
- Au fait, en cherchant de quoi manger, j'ai trouvé une sortie, indiqua Link en se levant, repu après ce repas qui l'avait restauré et guéri de l'intérieur.

Il voulut entraîner ses amis, mais ceux-ci, épuisés, s'étaient laissé tomber sur le dos et commençaient à somnoler. Il partit donc seul vers l'issue qu'il avait trouvée. Le Héros marcha un petit moment, le silence de la grotte seulement troublé par le passage d'un rat ou une goutte d'eau tombant d'une stalactite. Link se courba et passa dans une petite cavité légèrement camouflée. Il chemina tant bien que mal, accroupi, dans ce boyau de roches. Après une légère pente, Link déboucha dans un vaste endroit, à l'ombre du soleil brûlant du désert. Après un rapide coup d'oeil, le jeune homme en conclut qu'il devait être arrivé au canyon surplombant le désert. Il fit demi-tour et revint à l'intérieur de la grotte où s'étaient éveillés ses compagnons pour leur faire part de sa découverte. Hönir fut aussitôt prêt à se mettre en route, mais Lovio ne répondit pas, plongé dans ses pensées qui devaient revenir sans cesse à Frambra et à sa mort.

- Nous pourrions retourner au passage que nous avons pris pour arriver dans le désert, proposa Link qui avait beaucoup réfléchi à la suite des évènements.
Toujours sans un mot, Lovio les laissa discuter, s'allongeant au sol et leur tournant le dos. Il avait tiré sa capuche sur son visage après avoir roulé à côté de lui ce qui restait du tapis. Il avait fait cela très gentiment, en lui assurant qu'ils allaient trouver rapidement un tisserand capable de le réparer.
- C'est trop près du Colosse du Désert, fit le Gerudo. Dormons un peu. Nous réfléchirons à où aller quand nous serons sortis d'ici.

Link n'insista pas. Hönir n'avait pas tort : tant qu'ils n'étaient pas sortis d'ici, ils ne savaient pas où ils étaient exactement et ne pouvaient pas décider d'un cap à prendre. Il sentait bien également que le Gerudo avait besoin de repos, tout comme lui. Sous sa capuche, Lovio semblait déjà s'être endormi.
Link s'installa à son tour, inquiet pour ses deux amis. Il voyait bien que l'un comme l'autre se forçait à agir comme si de rien n'était, comme si la mort de Frambra et le fait d'avoir été contraint de l'abandonner là-bas ne les touchaient pas. Il craignait leur réaction lorsque le choc serait passé. Hönir voudrait certainement venger son amie. Quant à Lovio, il ne l'avait jamais vu aussi enragé que lorsqu'il avait jeté ses bombes à la figure de Ganondorf.

Alors qu'il ne comptait pas dormir, Link finit par sombrer. Quand il se réveilla brusquement, il crut qu'à peine quelques minutes s'étaient écoulées, mais force était de constater qu'il faisait nuit noire. Un rapide coup d'oeil lui indiqua que Lovio était toujours là, mais qu'Hönir avait disparu. Il bondit sur ses pieds, hésitant sur la direction à prendre. Le tapis roulé au sol attira son attention en agitant ses pompons faiblement. Il lui désigna l'intérieur de la grotte. Link le remercia d'un hochement de tête et se lança à la poursuite du Gerudo. Il le retrouva assez vite, marchant d'un bon pas, sa torche en main.

- Hönir !
Le géant soupira d'agacement, mais s'arrêta. Il se retourna vers Link qui le rejoignit aussitôt.
- Tu ne pouvais pas dormir plus longtemps ? râla le Gerudo.
- Tu ne comptes pas retourner là-bas quand même ?
- Ce que je fais ne te regarde pas, petit Voï. Nos chemins se séparent ici. Ton destin te mène aux Bois Perdus. Le mien est d'aller tuer cette raclure.
Link regarda son ami dans les yeux. Il n'y voyait qu'une colère immense. Il ne pouvait lui en vouloir.
- Hönir... C'est sûrement ce qu'il attend que tu fasses.
- Et alors ? Tu crois que ça va m'arrêter ? Que j'ai peur de lui ? s'énerva l'autre. Si tu ne m'avais pas empêché d'intervenir, je l'aurais tué !
- Ecoute, je...
- Jamais elle n'aurait dû retourner au Colosse du Désert ! Jamais !
- Ce n'est pas ta faute.
- Qu'est-ce que tu en sais ? cria-t-il en jetant sa torche au sol. C'est moi qui l'ai entraînée là-bas la première fois ! Moi qui ai eu l'idée d'aller m'emparer des richesses du temple ! C'est à cause de moi qu'elle a été emprisonnée et torturée ! Sais-tu ce qu'il lui a fait ? Et maintenant elle est morte ! Et c'est ma faute, oui ! MA faute ! Je n'ai pas pu la protéger !

Link le laissa crier sans l'interrompre. Il ressentait toute la frustration et la culpabilité d'Hönir et il ne pouvait rien y faire.
- Je crois qu'elle ne voulait pas qu'on la protège. C'était une guerrière.
Lovio venait d'apparaître. Il avait parlé à voix basse.
- C'est ma faute si elle est morte. Je n'ai pas fait attention. J'étais si pressé qu'on s'en aille de là... Je...
Il essuya ses larmes naissantes d'un revers de la manche et se reprit. Il ne voulait pas pleurer.
- Oui, c'est ta faute, fit sèchement le Gerudo. Tu es un inconscient, une épine dans le pied ! Tu ne réfléchis jamais ! Je devrais te tuer pour l'avoir entraînée là-dedans !
- Arrête de faire comme si Frambra n'avait rien décidé par elle-même ! cria-t-il soudain, prenant tout le monde de court. C'est vrai qu'elle avait peur de retourner au temple, mais elle avait décidé d'aller là-bas bien avant qu'on se rencontre ! Elle voulait débarrasser votre peuple de ce monstre ! Elle voulait faire quelque chose contre lui !

Lovio avait avancé jusqu'à Hönir et pour la première fois, il ne baissait pas le regard. Il appuya son index sur le torse du géant. Hönir le dépassait de trois bonnes têtes, mais sur le moment, Lovio ne paraissait pas si petit.

- Et tu sais ce qui fait le plus mal dans tout ça ? C'est que je suis sûr que si elle voulait faire ça, c'était avant tout pour toi !
La voix de Lovio se cassa à cette phrase. Link ne l'avait jamais vu dans cet état.
- Mais si tu veux te précipiter dans la gueule du dragon et te faire tuer bêtement, vas-y. Je te retiens pas. Je suis sûr qu'elle te dira sa façon de penser quand tu la retrouveras de l'autre côté.

Sur ces mots, Lovio tourna les talons et repartit de là où il était venu. Sa colère était palpable, mais Link se doutait qu'elle n'était pas uniquement tournée vers Hönir. Lovio n'avait connu Frambra que quelques jours, mais Link avait vu aussitôt que son ami était tombé sous son charme. Peut-être même commençait-il à tomber amoureux de la Gerudo. Se sentir responsable de sa mort devait le ronger de l'intérieur.

- Hönir, fit Link en se tournant vers le Gerudo. Tout ce que je sais, c'est que si tu retournes là-bas maintenant, il te tuera. Il a des pouvoirs, un dragon à ses ordres, plus les sorcières, les Darknuts et je ne sais pas quoi d'autre. Nous devons d'abord trouver un moyen de lui ôter ses avantages. Mais si tu veux vraiment y aller, je viendrai avec toi.
- Et pour parfaire le tout, j'ajouterai mon inestimable personne à ce tableau débile, hurla Lovio de loin, ce qui fit légèrement sourire son ami.

Hönir soupira en se passant la main sur le visage. Il n'aurait jamais cru rencontrer deux Hyliens comme eux. Il se fit la réflexion que son père les aurait appréciés, même cet idiot de Lovio. Frambra l'aimait bien après tout et il devait reconnaître que cela lui avait déplu. Était-il simplement en colère à cause de sa mort ou bien la jalousie s'était-elle ajoutée à cela ? Il préférait ne pas y réfléchir, d'autant plus que cela ne servait à rien maintenant qu'elle était morte.

- Tu es peut-être l'Elu, mais c'est moi qui le tuerai, répondit-il finalement en regardant Link dans les yeux.
- Il est à toi, approuva l'Hylien qui préféra ne pas revenir maintenant sur cette histoire d'Elu. Mais c'est ensemble qu'on trouvera une solution.
Hönir se contenta de hocher la tête. Il ramassa sa torche et retourna vers leur campement de fortune.
- Sortons d'ici maintenant qu'il fait nuit, fit-il simplement.
Link lui emboîta le pas, espérant que le Gerudo ne reviendrait pas sur sa décision pour se précipiter tête la première dans un combat qu'il avait très peu de chances de remporter. Quant à Lovio, il comptait bien l'épauler de son mieux.

chapitres suivants...

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par un groupe d'auteurs (voir plus haut). Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 01.05.24