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Jeux de lumière, jeux d'ombre

Ecrit par lesourd en 2005

Chapitres 1 à 24  •  Chapitres 25 à 48  •  Chapitres 49 à 72  •  Chapitres 73 à 96  •  Chapitres 97 à 122  •  Chapitres 123 à 147
Chapitre 73 : Le traumatisme d'une petite fille
Chapitre 74 : Encore le marchand mojo !
Chapitre 75 : Le machiavélisme d'Aghanim
Chapitre 76 : La ferme
Chapitre 77 : Le vol du trône
Chapitre 78 : La grotte du cerbère
Chapitre 79 : Le fouet d'Angiflar
Chapitre 80 : Les revenants
Chapitre 81 : Le cerbère
Chapitre 82 : Révélations de Laulu
Chapitre 83 : Vickie
Chapitre 84 : Le transport du trône
Chapitre 85 : La divine fée
Chapitre 86 : Le cadavre du savant
Chapitre 87 : La Tour Verte
Chapitre 88 : Magalène au château
Chapitre 89 : Le réconfort des dieux
Chapitre 90 : La fusion des trônes
Chapitre 91 : Les gardiens de la Tour Verte
Chapitre 92 : L'assurance de la reine
Chapitre 93 : Peste à la capitale
Chapitre 94 : Les enfants sous un arbre
Chapitre 95 : Le retour du mal
Chapitre 96 : L'angoisse de l'ancêtre de Zelda
Chapitre 73 : Le traumatisme d'une petite fille

Période du Grand Chaos

Le soleil se débat contre des nuages voulant violer son éclat sur les terres d'Hyrule. Les nuages deviennent gris et d'un moment à l'autre, la pluie va tomber. La forêt devient sombre à cause de la puissance des nuages qui cachent de plus en plus le pauvre astre solaire. Des bruits de galop réveillent des bébés oiseaux et leurs parents, et dérangent des ébats amoureux entre écureuils qui s'empressent de se séparer. Des corbeaux s'enfuient en l'air. Trois chevaux, un mâle et deux femelles, portent deux Sheikahs et une nourrice. Devant la nourrice, une enfant de 4-5 ans à peine. Elle tremble mais elle est un peu rassurée par la présence de sa nourrice aux cheveux roux. Les deux Sheikahs sont les gardes du corps à vie de la petite fille et de sa nourrice. Le groupe doit s'échapper pour trouver refuge dans un endroit sûr.

La fuite se passe plusieurs mois après la chute du roi et le coup d'état du mystérieux Aghanim. Celui-ci avait fait mettre à mort le roi et chassé des proches insignifiants, à ses yeux, du roi. Des clans se sont formés, l'un optant pour le seigneur Aghanim, l'autre qui reste toujours fidèle à la mémoire de la famille royale. L'épouse du roi avait déjà été exécutée à cause des machinations d'Aghanim. Cependant, avant de mourir, elle avait ordonné à la tribu des Sheikahs de protéger sa fille au cas où la guerre civile éclaterait. Aghanim voulait prendre en otage la fille du roi afin de devenir son régent. L'audace des Sheikahs a pris de court le sorcier. Et depuis la fuite du château, de dix Sheikahs, il n'en reste plus que deux avec la nourrice. Après la fuite, la guerre a éclaté.

La princesse doit être mise en sécurité loin, très loin des griffes d'Aghanim et de mauvais ambitieux. Mais auparavant, elle doit traverser le territoire de bandits qui ne reconnaissent plus l'autorité du roi et sont à présent heureux de détrousser voyageurs ou pèlerins. Les bandits savent pourtant qui est la fille chevauchant aux côtés de sa nourrice. En effet, ils ont été prévenus par un noble pétri d'ambitions. Ce noble leur a promis une récompense s'ils capturent la princesse. Donc une troupe de bandits à cheval poursuit l'enfant.

La fuite se poursuit toujours mais les Sheikahs n'ont pas oublié de faire boire une potion spéciale aux chevaux afin que ceux-ci ne connaissent pas les fatigues du long galop. Leur endurance irrite les bandits, affolés de voir leur prime s'échapper comme une fée. Au fur et à mesure que la princesse leur échappe, leur haine augmente.

Advient l'impensable pour l'enfant : une jument trébuche sur une racine d'arbre à peine sortie du sol. Elle tombe accompagnant dans sa chute la nourrice et la fillette. La fillette n'est pas blessée grâce à la nourrice qui l'a protégée, en revanche, celle-ci s'est brisé le cou. Les Sheikahs, s'apercevant de cette mort subite et de la patte brisée du cheval, décident de ramasser la fillette et d'abandonner le cadavre et la blessée. Question de vie ou de mort de la dynastie royale. L'enfant crie en réclamant sa deuxième maman. Un Sheikah lui ment en disant que sa nourrice les rejoindra.

Les bandits ignorent la nourrice. Néanmoins, les deux derniers s'arrêtent pour s'enquérir de la santé de la femme. Ils sont dépités qu'elle soit morte car ils auraient aimé profiter d'elle.

En sortant de la forêt, les Sheikahs longent une longue crevasse. Ils semblent rechercher un endroit par où ils pourraient traverser la fosse sans encombres. Un Sheikah semble connaître l'endroit car il fait arrêter les chevaux. Il sort un monocle de vérité que le chef des Sheikahs avait pris dans le puits du village Cocorico. Ce Sheikah est responsable de l'utilisation de l'objet. Il sourit en entrevoyant un pont en marbre cisaillé qui traverse la fosse. Il fait signe à son compagnon d'avancer avec lui rapidement. Cependant, ils se permettent de mettre des écharpes sur les yeux des animaux pour qu'ils n'aient pas peur de franchir l'obstacle. La pluie commence alors à tomber.

Franchissant l'obstacle, les gardes du corps se retournent pour constater une troupe qui longe la crevasse. Les bandits sont très étonnés de remarquer que la princesse est de l'autre côté. Ils n'ont en effet pas assisté au tour de "passe-passe" des Sheikahs. Ils ne peuvent donc pas savoir qu'il existe un pont invisible. Un bandit bande son arc et tire une flèche au hasard dans le vide. Pas de réaction. Le groupe des hors-la-loi est à deux pas du fameux pont. Leur chef insulte les Sheikahs.

Ceux-ci justement ont déjà pénétré l'autre forêt. Ils s'arrêtent à une clairière choisie fortuitement. Ils veulent que les animaux puissent se reposer durant quelques instants. La fille déposée par terre gémit :

- Où est ma nourrice ?

Le Sheikah, détenteur du monocle de vérité, s'appelle Orion. Il répond à sa future reine :

- Princesse. Il faut vous avouer que votre nourrice bien-aimée doit chercher un endroit pour se cacher. Ne vous inquiétez pas. Elle nous rattrapera lorsqu'elle sera hors d'atteinte des bandits.

La princesse Zelda approuve sans trop y croire. Elle demande à aller faire ses besoins. Orion le lui accorde tout en lui recommandant de ne pas trop s'éloigner sinon sa nourrice serait en colère. Zelda s'engage timidement derrière les arbres. Orion est interpellé par Sirius :

- Ne vaut-il pas mieux lui avouer la vérité ?
- Je sais... Je suis lâche. Et pourtant, le moment est mal choisi pour faire de la peine à notre princesse. Quoi qu'il en soit, notre chef nous a ordonnés d'aller où tu sais.
- Oui... Puisse les dieux maudire Aghanim et ses acolytes. Il n'aura que trop causé d'ennuis au royaume. Depuis qu'il a ensorcelé Sa majesté, tout n'est plus qu'intrigues...
- Je t'approuve. Sors la nourriture. Il faut reprendre des forces.

Zelda relève sa jupe pour s'accroupir comme le lui avait appris sa mère et sa nourrice. Elle a peur. Elle veut revoir sa nourrice car elle sait que sa mère ne la reverra plus. Elle entend des gémissements de tristesse. Intriguée, elle s'approche et regarde derrière un arbre.

Elle voit une fée auréolée d'une lueur rose tourner autour du corps d'un Kokiri. Ce Kokiri est méconnaissable parce qu'il a les côtes et le visage déchiquetés par des charognards. La fée gémit, supplie le cadavre de ne pas "mourir". Ce Kokiri était un être arrogant qui se complaisait à explorer la grande forêt en dépit des avertissements de ses compères. Mal lui en a pris car il a été attaqué par un loup. Zelda, émue par la détresse de la fée, s'en approche.

La fée entendant les pas timides de la princesse, fige ses ailes et veut s'enfuir. La détresse morale et la fatigue à ranimer le corps ne lui laissent pas le temps d'échapper aux mains. Zelda encercle la fée, la repousse doucement vers l'autre arbre. Elle rassure l'étrange créature et murmure :

- Tu es triste... Tu veux que ton ami se réveille ? Moi aussi je voudrais que ma nourrice revienne. Je m'appelle Zelda.

La fée, ne sentant pas de menace de la fille, déclare s'appeler Vina. Elles se tournent vers le corps. Un instant plus tard, la princesse dit à Vina qu'il ne se relèvera plus jamais. Vina pleure. Les petits doigts caressent Vina. Zelda demande :

- Tu voudrais qu'on soit amies pour toujours ?

Vina regarde d'abord son Kokiri puis la princesse. Elle répond :

- J'en serais flattée. Tu... tu es une Kokiri ?
- Non, je suis Hylienne, répond Zelda se souvenant de sa mère qui lui parlait des différents peuples habitant la contrée d'Hyrule.

Elles entendent soudain le hurlement d'un cor. Le bruit vient de l'autre côté de la fosse. Elles se regardent. Zelda décide d'être plus curieuse et continue jusqu'au bord de la fosse. Des gouttes battent le sol. Un éclair tonne. La fée suit timidement Zelda. Des bandits ont sonné le cor car ils savent que leur proie n'est pas loin. Ils ont observé la trace d'une fumée - un feu allumé par des Sheikahs - et ont décidé de sonner le cor. Les Sheikahs l'ont aussi entendu. Ils recherchent Zelda avant de comprendre qu'elle n'est pas loin de la fosse.

Elle fait face à un groupe de bandits hyliens et humains. Les bandits sourient et l'un d'eux tient une lance. Zelda observe la lance portée trop haut. Elle hurle. Elle vient de reconnaître sa nourrice. Sa tête est en effet fichée sur une pique. Orion se jette sur la princesse pour mettre sa main sur ses yeux. Trop tard ! Elle vient de recevoir son baptême traumatisant. Sirius prépare les chevaux pour partir sur-le-champ. Les gardes du corps s'en veulent de n'avoir pas compté sur la perspicacité cruelle des bandits. Ils emmènent leur future reine.

La princesse Zelda restera traumatisée durant son enfance. A cause de son vécu douloureux, la sagesse supposée être innée dans le sang de sa lignée, développera très peu, voire pas du tout sa stabilité. Cette stabilité est nécessaire pour recouvrir la sagesse perdue et devenir plus tard la reine qui doit diriger le pays. La fée Vina l'aidera beaucoup en la rassurant, en l'amusant, en la réconfortant. Elle sera la fidèle amie de la princesse, qui l'aidera à devenir un sage du royaume.

Chapitre 74 : Encore le marchand mojo !   up

Il manipule une carte du royaume. Sagatt cherche sur la carte le chemin qui doit permettre à lui et son amie de retrouver l'endroit par où serait passé le trône. En effet, après avoir été emmené par Angiflar à l'ouest de la malheureuse cité royale, le trône avait fini quelque part dans un endroit inconnu. La mission est donc de savoir comment le trône était revenu à la cité royale et pourquoi le cristal n'était plus présent sur le siège royal. Voilà donc la mission du géant Sagatt et de l'adepte du dieu Molierus, Veroga. Pour aider le duo à mener la mission à bien, la reine leur a remis deux bagues, un bijou pour chacun. La bague, trésor de la famille royale, permet à quiconque la porte de résister aisément aux différentes illusions. Si Rafaeli avait porté la bague, il aurait su que Salbruttus se cachait derrière le faux Link. Le Héros du Temps a justement bien voulu céder son monocle de vérité pour aider ses amis. Il a déclaré qu'il se débrouillerait avec Navi sans l'objet sacré des Sheikahs. Le géant et la féline sont désormais en possession de deux objets précieux.

"Alors Sagatt ?"

Veroga croise les bras en grommelant. Sagatt s'était un peu vanté de savoir trouver le chemin, rien qu'en déchiffrant la carte. Or, il avoue se perdre un peu. Il grommelle à son tour et plonge son nez dans la carte. Que faire ? Laquelle choisir ? Le policier est sur son cheval et se situe à un carrefour dans une plaine à perte de vue, loin du lac Hylia. Il soupire amèrement et gratte son crâne chauve. Veroga chevauche une jolie jument blanche, cheval officiel de la reine Zelda. Elle a été enchantée de l'honneur fait par Zelda en lui cédant le cheval. La jument est si contente de porter la fille qu'elle s'harmonise aisément avec elle. Il n'y a qu'avec Zelda que le cheval pouvait se sentir aussi bien. La jument piaffe d'impatience ce qui fait penser à Veroga qu'elle est en total accord avec elle.

Sagatt déplie la carte et réfléchit. Veroga boude un peu. Soudain, Sagatt aperçoit une ombre dans le ciel qui s'approche vers le duo. Il sourit cruellement : il a reconnu le marchand mojo. Il l'avait arnaqué deux fois en le graissant de faux rubis. Il remarque également un autre Mojo qui accompagne le marchand. Lorsque les Mojos se posent, Sagatt se rend compte qu'il s'est trompé. Ce n'est pas un Mojo mais une Mojo. Cette femme mojo est maquillée. Le marchand porte un lourd sac et arbore fièrement un joli collier en diamant. A-t-il séduit la femme ou est-elle déjà sa femme ? se demande en souriant Sagatt. Le marchand mojo déclare :

- Mais c'est notre ami ! Chérie, je t'ai parlé du fameux géant. C'est lui.
- Oh ! Enchantée monsieur ! Je suis ravie de vous rencontrer. C'est un grand honneur pour moi.

Sagatt et Veroga descendent de cheval. Le géant avance un peu et s'incline, les dents carnassières.

- Madame. Monsieur. Vous ne pouvez pas mieux tomber. Je vous salue et vous présente Veroga.

Veroga s'incline impeccablement en moulinant les bras. Son ami complimente la femme et le mari :

- Mes félicitations monsieur. Vous avez là un joli collier.

Orgueilleux et rougissant, le vendeur répond :

- N'est-ce pas ? C'est grâce à votre rubis violet que j'ai pu organiser mes ventes. J'ai acheté, j'ai vendu. Bref, je suis devenu très riche et même mon seigneur le roi des Mojos m'a élevé à sa droite ! Malgré toutes ces louanges, je suis toujours resté marchand et je le proclame fièrement !
- Bien dit chéri ! se pavane la femme.

Sagatt feint son étonnement et puis son air triste. Il met sa main sur sa bouche, puis, il la bouge comme pour chasser ses soucis. Il demande un renseignement :

- Madame, monsieur. Auriez-vous l'amabilité de me renseigner sur le chemin à prendre ?

Il leur explique où il veut aller avec Veroga. Le marchand, toujours prêt à monnayer ses connaissances, gémit en mettant ses doigts sur la tête. Il feint aussi d'avoir perdu la mémoire. Pas dupe par la comédie du Mojo, Sagatt le regarde fixement avec fausse tristesse.

- Euh... je me sens complice de votre ascension...
- Pardon ? demande la femme du vendeur, intriguée par le mot "complice".
- Oui. Il se trouve que la reine actuelle est en train d'édicter une loi punissant tous ceux qui usent de faux rubis. Or, il se trouve justement que j'ai graissé votre mari avec de faux rubis...

Il sait qu'il n'a pas la moindre preuve à soumettre à la femme au cas où celle-ci en demanderait. De toute façon, il a bien sûr inventé l'histoire pour déstabiliser le marchand. Veroga, outrée par le mensonge gratuit, se tourne vers le géant. Mais il la fait taire en souriant aimablement. Il frotte ses mains discrètement, derrière son dos. La femme crie sur son mari :

- Bougre d'arbre mal famé ! Si j'apprends que tu as reçu de faux rubis... Je... Je...
- Minute ! Monsieur ! Il se peut que vous mentiez. Si c'est le cas, je n'admets pas une seconde de plus les insultes.

Apparemment, l'ascension a enivré l'ancien vendeur de bois mojo, pense Sagatt. Le policier sort alors une feuille de sa poche ventrale. Il leur explique :

- Il faut que vous sachiez... Je suis policier et je voyage parfois avec des édits de lois. Au cas où des cons insinueraient que je mens, je leur montre des extraits juridiques dûment signés par Sa Majesté. J'ai des relations haut placées qui me permettent de détenir d'authentiques parchemins signés par la reine Zelda Dohansen Hyrule. Voici donc cette loi.

Le marchand s'empare du parchemin et le lit. Il comprend que Sagatt dit la vérité. Il sait pour avoir fréquenté les archives du roi des Mojos, que les lois signées par des rois sur des parchemins obéissent à des modalités très strictes. Il semble accablé... Sa femme presse son bras :

- Alors ? Alors ?
- Euh... oui il dit la vérité.
- Aahh !!! Pourquoi j'ai épousé un corrompu pareil !

Sagatt intervient :

- Madame. Ne vous inquiétez pas. Je ne vous dénoncerai pas. Je ne pouvais pas savoir que les rubis étaient faux. Je voulais vous prévenir au cas où... Et puis...
- Arrêtez ! Monsieur ! On n'en parle plus, n'est-ce pas ? Je crois savoir où se trouve votre endroit.
- Tiens ? Je croyais que vous aviez perdu la mémoire.
- Fichtre ! J'ai retrouvé la mémoire, pardi !

On se quitte sur des compliments et des politesses. En se promenant sur les vieilles routes, Veroga regarde Sagatt avec désapprobation et dit :

- Pourquoi avoir menti ? Même si c'est pour le bien, j'ai un peu honte d'avoir un ripou pareil... Le pire est que tu prétends détenir une loi. Et comment tu pouvais savoir que tu rencontrerais le Mojo ?

Sagatt regarde la belle femme, les sourcils imberbes malheureux. Le sourire triste mais hypocrite, il répond :

- Avant notre départ, j'ai fabriqué des tas de parchemins que j'ai dérobés au château. Je soumettais tous les cas possibles. C'est le cas avec le marchand mojo. J'avais prévu la situation au cas où je le rencontrerais. Ne t'inquiète pas, la reine me pardonnera encore. Il faut savoir être mauvais pour le bien d'Hyrule, non ?

Veroga hoche la tête à contrecoeur et boude de plus belle.

Chapitre 75 : Le machiavélisme d'Aghanim   up

Peu avant le Grand Chaos

Château royal

L'imposante salle totalise deux cents mètres sur quatre cents mètres. Elle comporte des dalles en damier noir et blanc, des colonnes sculptées comme des palmiers, des vitraux aux couleurs légères et au style agréable à regarder. Deux grandes portes d'un même mur agrémentent le tout. Au milieu de la salle, une forêt de sièges a déjà poussé. Un seul arbre au milieu de la forêt : une simple table. Ce jour-là se réunit une assemblée extraordinaire. Réunion qui compte le roi, Aghanim (qui porte une longue robe avec capuche cachant entièrement son visage et ses mains - d'ailleurs, personne, pas même le roi, ne connaît la véritable apparence du sorcier), plus de nombreux notables, dont Warguere, siégeant. En face du roi, trois rangées de notables, la rangée de gauche, celle du milieu et de droite.

Perdu parmi les rangées et le roi, un seigneur prononce un discours destiné à argumenter sur un sujet précis et grave. Le seigneur a le visage rongé par l'obésité, les cheveux grisonnants, un embonpoint qui aurait été capable de tuer un cheval, des petits yeux perçants, une main difforme. Malgré son aspect repoussant, c'est un redoutable orateur très réputé dans tout Hyrule. Et c'est pourquoi tout le monde a l'oreille attentive sur les propos de ce gros bonhomme hylien. L'orateur, selon son habitude, parcourt de long en large comme pour haranguer des hésitants, des opportunistes, des nonchalants... Il poursuit, il poursuit, faisant monter l'adrénaline du vocabulaire : horreur, dramatique, angoisse, attention...

"... Seigneurs, donc écoutez-moi encore une fois ! Je vous le répète. Une dangereuse agitation sourd à l'orée de notre merveilleux royaume. Une agitation fiévreuse, horrible, dangereuse pour le corps et pour l'esprit est en train de mener à long terme, que dis-je à long terme !, notre pays à la ruine ! Oui, je vous le dis ! Une bande de hors-la-loi terrorise de paisibles sujets de Sa Majesté. Je ne doute pas cependant que Sa Majesté prenne des précautions promptes à punir les rebelles et à récompenser les fidèles. Oui... j'ignore les raisons des cruautés de ces hors-la-loi ! Mais lorsqu'il y a grave danger, il vaut mieux ignorer les raisons. En effet, à force de rechercher la trace de ces raisons, on tergiverserait et on donnerait du crédit puissant aux sinistres rebelles ! Voulez-vous laisser faire les rebelles selon leurs propres plaisirs ? Non, non, et non, je vous le dis ! C'est pourquoi je m'adresse humblement à la sagesse du roi et je supplie Sa Majesté de bien vouloir entendre mes plaintes. Je crois avoir tout dit."

En fait, les hors-la-loi étaient des paysans et des ouvriers mécontents des décisions économiques prises par le roi selon les conseils d'Aghanim. Le sorcier prétend rétablir une certaine égalité économique en faveur des artisans et des marchands mais en fait, il rééquilibre une égalité pour mieux mécontenter et attiser ainsi la rancoeur de catégories sociales précises. Pour cela il exagère une certaine disposition de ses mesures : tel prix sera exagéré par rapport à d'autres régions, certaines régions durement pénalisées par rapport à d'autres etc... . Le tout discrètement et secrètement en laissant habilement entendre que le roi est la cause de tous ces malheurs. Aghanim sait que d'une simple goutte, peut accoucher un monstre bestial. Il a deviné juste : de rares mécontents se transforment en hors-la-loi qui décrètent leur mainmise sur des richesses régionales. Prévenu, le roi aurait volontiers cédé aux revendications si Aghanim n'avait pas ajouté une deuxième option contestable. Le sorcier a en effet sous sa houlette plusieurs soldats qu'il solde généreusement en échange de leur obéissance la plus stricte à leur seigneur. La conséquence se produit comme l'avait prévu Aghanim : ses soldats rançonnent et menacent discrètement d'innocentes gens. Il y a même eu des meurtres perpétrés à l'abri de tout regard. La terreur discrète alimente les rumeurs les plus folles parmi des habitants. La peur pousse les nouveaux rebelles à ravager le pays ouvertement.

Il n'y a pas longtemps que cette rébellion s'est ouverte mais le seigneur obèse connaît parfaitement les racines de la révolte. En réalité il soutient Aghanim et espère avoir de fortes compensations de sa part. Le sorcier les lui a promises sincèrement. Une réunion a donc été décrétée en urgence par le roi pour consulter ses sujets en vue d'une décision rapide. L'orateur pèse donc de tout son poids pour pousser le roi à prendre position contre les rebelles. Agahnim et l'orateur ont en réalité un autre objectif. Warguere, qui a assisté au discours, en a la désagréable impression. Il est l'un des farouches opposants d'Aghanim. Un voisin assis près de lui lance :

"Seigneur. J'admire ton discours et la pertinence de tes arguments. Cependant, ne crois-tu pas dramatiser tes propos ? Où sont les preuves de tes dires ? Tu nous as affirmé qu'une personne importante se cache derrière les hors-la-loi ? Qu'elle est la principale instigatrice de la révolte ? Dis donc qui est cette personne à Notre Majesté."

L'orateur, prévoyant le coup, répond :

"Patience. J'en viens au fait, sire. J'en viens au fait, seigneurs. Avant de dévoiler le nom de la personne, j'ai fait enquêter secrètement afin de séparer le coupable et l'innocent. J'ai fait mener une recherche par différents enquêteurs et la conclusion ne fait plus de doutes... Seigneur Hulos pourra vous le confirmer..."

Seigneur Hulos est l'un des chevaliers en qui le roi a totalement confiance. Il ne s'amuse jamais à inventer des fables. Il se bornait en fait à répondre aux questions de l'orateur. Celui-ci continue :

"Votre Majesté, je vous demande humblement votre avis sur la nature du châtiment à donner au responsable des événements récents.
- Seigneur Oroz, oserais-tu me pousser à te répondre alors que tu n'établis même pas le nom du coupable ?
- Loin de moi de vous pousser à l'extrémité, sire ! s'incline humblement Oroz.
- Je veux bien te répondre. Sache que je prononcerai la peine capitale et que je pardonnerai aux autres hors-la-loi, pourvu qu'ils ne se rebellent plus contre Hyrule à l'avenir.

Un murmure de stupéfaction parcourt l'assemblée de notables. Il est rare qu'un roi prononce une sentence capitale, à plus forte raison que les coutumes du royaume ne permettent pas toujours aux autorités de prononcer la peine de mort. L'autorité du roi ne provoque pourtant pas de contestation. De plus, le roi est expéditif et têtu.

L'orateur se fait alors remettre le parchemin par l'un de ses amis. Au fond de lui, il jubile mais il reste humble en remettant le papier sur la table posé devant le roi. Celui-ci reprend le papier et le lit. Son visage barbu devient pâle. De nouveau, de petits murmures d'interrogation.

Le roi murmure : "La reine..."

Des exclamations sautent jusqu'au plafond. Aghanim gémit hypocritement. Des notables savent que la reine a pris l'habitude de se réfugier dans sa deuxième résidence justement située dans un endroit habité par des rebelles. Mais que la reine ait poussé les rebelles à la contestation, voilà qui est inconcevable. Hulos s'avance :

- Sire. Plusieurs indices laisseraient croire que la reine est au centre du complot.

Hulos a été trompé par de fausses informations propagées par des partisans d'Aghanim. Il a mordu à l'hameçon. Oroz s'incline humblement en tenant le papier, signe qu'il demande un ordre à signer :

- Sire. On vous demande humblement de décapiter la tête de la contestation. Nous n'attendons plus que votre autorisation royale.

Le roi sait que s'il revient sur sa décision de faire mettre à mort le principal responsable de la révolte, il perdrait toute crédibilité et donnerait des encouragements aux hors-la-loi. Il regarde alors son deuxième chambellan (le premier est Aghanim) qui lui répond tristement :

- Sire, il le faut. Hélas.
- Ah. Que j'aurais aimé être illettré.

Le roi signe sans trembler l'ordre de mise à mort.

Résidence de la reine

La reine est abasourdie. Un ordre lui est signifié de mourir séance tenante. Elle répond aux militaires :

- Certes, il est vrai que j'habite dans un endroit fréquenté par des rebelles mais rien ne prouve que je sois leur inspiratrice.

Un grand capitaine barbu (encore un partisan brutal d'Aghanim) répond :

- Un ordre est un ordre !

La reine comprenant qu'il ne sert à rien de discuter, demande à parapher son testament. Le deuxième capitaine qui accompagne le barbu y consent aimablement parce qu'il aime bien la reine. Le barbu grommelle : "Ouais ! Ouais ! Dépêchons !" La reine a en réalité pour but d'envoyer un signal secret au chef des Sheikahs. Elle avait prévu avec lui qu'au cas où elle mourrait, elle enverrait un ordre discret. Normalement, les Sheikahs doivent obéir au roi, mais dans le cas où une reine serait la descendante directe de la lignée royale, les Sheikahs lui obéiraient d'abord. La femme du roi utilise donc un cachet vert et le colle sur le testament. Le code ? Que le peuple de l'ombre se disperse et emmène secrètement sa fille avant qu'Aghanim ne la prenne sous sa coupe. Ceci fait, elle sort. Elle vient de comprendre que le sorcier a encore influencé son mari.

Devant les soldats, la reine avance pour être prête à mourir. Le capitaine barbu se sert de la vieille coutume abandonnée : un condamné pour traîtrise doit se dévêtir complètement afin de recevoir le coup mortel. En effet, la trahison ne distinguant plus le notable du pauvre ou le chevalier du paysan, la mort d'un coupable avec des vêtements propres au rang social de chacun n'a plus lieu d'être. Le sergent s'indigne mais le barbu le fait taire brutalement. La reine, imperturbable, déclare :

- Très bien. Je me soumets mais vous n'aurez jamais mon esprit.

Elle se dévêt complètement. Elle ne cache même pas son corps par dignité. Certains soldats rougissent de honte, persuadés qu'elle est innocente. Elle se baisse et dégage ses cheveux. L'épée du barbu s'abat froidement...

Jardins du château

Le roi est assis sur le banc en marbre, le regard vide, les mains entre les genoux. Il est triste. Un peu à l'écart, un groupe de proches du roi fait des commentaires. Un jeune chevalier dit :

- Regardez-le. Nous savons que sire n'a jamais écouté les conseils de la reine mais il l'aime profondément.
- Oui, chevalier Xavie. Le roi a trop écouté Aghanim !

Un autre seigneur s'avance en disant :

- Certes mais à en juger par la mine soucieuse du roi depuis peu, il se peut qu'il soupçonne Aghanim.
- Souhaitons que le roi retrouve sa lucidité et qu'Aghanim meure à jamais.

Caché derrière quelques arbres, Aghanim a tout entendu. Il grommelle. Il sait à présent qu'il perd petit à petit la confiance du roi. "Que pouvais-je faire d'autre ? La reine était mon adversaire le plus dangereux. Elle avait compris que je n'étais venu que pour rechercher la Triforce. La reine savait que je recherchais le trésor des déesses, pas les autres ! Elle était près de convaincre le roi de mes machinations. J'ai alors mis au point un complot renversant la reine avec l'aide de mes alliés. Mais ma stratégie a un risque... Et... on dirait que la reine a gagné... Ce dont elle n'a pas su convaincre le roitelet de son vivant, elle l'a su grâce à son décès... Je sais que je ne pourrai plus influencer le roi. Tant pis ! J'abandonne donc mon projet de conquérir la Triforce directement. Cependant... je renverserai bientôt le trône. Car je n'abandonne pas le secret espoir de séduire le seul homme capable de détenir le fragment de la force. Et il s'agit de Ganondorf..."

Chapitre 76 : La ferme   up

- Maison en vue !

Le cri de Sagatt résonne aux oreilles de la vigoureuse Veroga. Intriguée, elle demande à son compagnon si les environs de la maison sont l'endroit le plus propice à la recherche du passage du trône. Le géant répond :

- Billo m'a raconté que Hérote a relaté la disparition d'une cité lors du Grand Chaos. Or, il se trouve que des malandrins d'Angiflar étaient passés par-là. De toute façon, la ferme que tu vois est sur le chemin que devait prendre Angiflar. Il nous faut trouver quelques indices. En cas d'échec, nous pourrions dormir là-bas et repartir le lendemain. Qu'en penses-tu ?

Veroga bénit la proposition d'un mouvement de tête. Les chevaux avancent vers la plaine de la ferme.

La ferme est entourée par de longues palissades en bois. Sagatt estime la superficie de la ferme plus ses environs à plus de sept hectares, ce qui n'est pas mal dans le fond. A l'intérieur des palissades, des vaches marron côtoyant quelques moutons noirs ainsi que les célèbres cocottes. Les poules sont de couleur bleue. Link avait raconté à Sagatt qu'il avait dû prendre la super-cocotte au village Cocorico. Le couple se trouve face aux dizaines de "super-cocottes". Ils descendent de cheval afin de ne pas effrayer les habitants de la ferme qui viennent les rejoindre.

Les habitants sont un couple et leur enfant. Le fermier est moustachu avec une figure mal rasée (la mauvaise hygiène peut se comprendre par le dur labeur que doit pratiquer un agriculteur de l'aube au crépuscule). Il a les cheveux noirs et dégarnis. Il porte plusieurs stigmates dans ses mains - conséquence du dur travail (plus tard, il racontera qu'il travaille sur une rare terre fertile un peu à l'orée de la ferme) -, il a le dos un peu penché. Sa femme est un peu dodue quoiqu'au visage agréable avec ses jolis cheveux blonds virant sur le roux. Contrairement à celles du mari, ses mains sont fines et peu stigmatisées. Elle doit traire des vaches, élever des cocottes, veiller aux soins des moutons. Quant à leur enfant, il est âgé de six ans et ressemble plutôt à sa mère : même couleur de cheveux, même nez. Seuls les yeux trahissent l'héritage du père qui a les iris gris. Le père s'avance en saluant d'un rituel :

"Que les Saintes Déesses vous bénissent et vous guident."

Les compagnons du héros leur rendent le salut. Sagatt intervient au nom de la reine qui l'autorise à enquêter sur les circonstances du passé. Fidèle à la tradition de l'accueil des hôtes, le fermier veut bien répondre à leurs questions. Cependant, sa femme les invite à venir boire et manger. On accepte poliment. On laisse donc les chevaux en compagnie des animaux de ferme (mouches comprises), même le cheval blanc de Zelda ne trouve rien à redire.

Le duo observe la bâtisse. Elle ressemble fortement à la maison du ranch Lon-Lon sauf que ses murs ne sont pas bâtis à la chaux mais avec des briques séchées. Ses toits supportent des briques rousses. Après avoir construit les murs, on mit de la peinture bleue dessus. Les fenêtres ne sont pas carrées, ni rectangulaires, encore moins des losanges, mais sont rondes. Les coutumes de construction des bâtiments se différencient beaucoup de celles des régions proches du château de Zelda. Ils pénètrent dedans. La ferme ne comporte que trois pièces : la salle principale réunissant la cuisine et la salle à manger, la chambre des parents et de l'enfant, et enfin le dortoir des animaux. Cette dernière pièce ne communique pas avec les autres pièces. De vieux meubles tapissent la salle à manger. Ils sont priés de poser leurs fesses très heureuses de toucher du bois plutôt que le cuir de la selle.

Les fermiers posent les habituelles questions à leurs hôtes : D'où venez-vous ? Où habitez-vous ? Que faites-vous ? Qu'allez-vous faire ? Est-il vrai que l'ancien roi a été assassiné ? Que la reine continue à observer le deuil ? Quel pauvre enfant ! se disent les fermiers sans savoir que Zelda a grandi en l'espace d'une minute pour les besoins du moment. Sagatt et Veroga acceptent de boire, de manger et de répondre comme le veut la politesse. Plus on est aimable, plus les témoins délient leur langue ! En bavardant une heure, Sagatt a pu remarquer des choses intéressantes.

Il a ainsi observé la présence de certaines pierres intéressantes. Sur les murs, on retrouve des pierres en remploi. Surtout, il a remarqué une inscription mutilée utilisée comme remploi de mur. Il sait que les fermiers possèdent quelques cuillères en or et une chandelle très vieille (choses que ne peuvent pas acquérir de pauvres paysans). Déjà dehors, Sagatt a vu des pierres inscrites utilisées comme bassins pour cocottes, d'autres servant d'ombre pour les moutons. Le nombre non négligeable des pierres incite Sagatt à sentir le bon moment pour aborder des choses sérieuses avec le couple.

Il leur détaille donc la légende de la disparition d'une riche bourgade pendant une période sombre de l'histoire d'Hyrule. Le fermier s'exclame en disant qu'il connaît très bien la légende pour l'avoir entendue de son père. En effet, la ferme est passée de génération en génération depuis plus de trois cents ans jusqu'au fermier actuel. Lors des veillées ou lorsqu'ils accueillent des voyageurs, les anciens fermiers n'arrêtaient pas de relater la légende de la cité disparue.

La fermière dit :

- Vous voyez la plaine derrière vous ? Aujourd'hui, ce n'est plus qu'une steppe... Pourtant, les ancêtres de mon mari nous assuraient qu'il existait autrefois une cité qui dominait les environs. Mais ils ne connaissent pas l'emplacement exact.
- Madame, pouvez-vous me dire où vous avez déniché les pierres qui se trouvent sur vos murs ?

L'enfant sourit et déclare :

- Ce sont les pierres que mon aïeul a ramenées. Il les a collées sur des murs.
- Oui. Très bien, mais sais-tu où il les a trouvées ?

Réaction muette qui peut ressembler à de l'ignorance. Un moment plus tard, il hausse les épaules. Sagatt se tourne vers le couple pour dire un mot lorsqu'il a soudain capté l'embarras de l'enfant. Juste avant qu'il ne se tourne, il a vu le garçon regarder un peu en arrière sur le sol. Puis, il a rapidement tourné la tête pour observer Sagatt et Veroga. Petit galopin ! pense Sagatt. Je crois avoir deviné ton petit secret. A en juger par la mine de tes parents (à moins qu'ils ne soient d'excellents comédiens), ils ne doivent pas connaître ton secret... En devisant poliment, Sagatt regarde discrètement autour de l'enfant. Il a pu remarquer qu'un vieux tapis vert dort sur le sol en bois. Or, si le policier se rappelle bien, le sol de la maison est rehaussé de plus de quarante centimètres. Il hausse alors les bras et demande la permission de sortir afin de rechercher quelques indices à l'extérieur. On accepte sa demande.

L'ancien soldat et la fille du Saint-Royaume s'éloignent un peu de la ferme. Ses habitants retournent à leurs occupations journalières. Veroga interroge Sagatt qui lui affirme pouvoir trouver l'emplacement exact de la fameuse cité. Il sort le monocle de vérité en espérant que l'objet marche. Zelda a fait en sorte que le monocle assure son travail sans avoir à engloutir la moindre parcelle de pouvoir magique. Sagatt se racle la gorge avant de regarder dans le monocle.

Ils sursautent.

Le monocle de vérité révèle d'immenses cadavres. Des corps squelettiques rongés. Ils reconnaissent des Hyliens, des Humains, des Zoras, des Gorons. Ils sont ensemble, semblent grimacer de douleur. Ils portent toujours leurs propres armes, leurs boucliers et encore quelques lambeaux de vêtements. En parcourant le champ de la ferme, ils s'horrifient du nombre de morts qui sommeillent là-dedans. Sagatt a même repéré la présence d'un mercenaire gardant son coffre et qui est assis en tailleur, la tête sur son torse. Il comprend que les morts n'ont pas été inhumés à la hâte mais qu'ils semblent avoir été engloutis par surprise. Beaucoup de cadavres ont le regard opposé à la maison. Sagatt veut continuer plus loin. Il ne trouve rien avant de tomber sur d'autres cadavres. Cette fois, ils sont brûlés. Des races sont mélangées dans cette "tombe" collective. A la différence des autres corps, il y a des femmes et des enfants. Certains sont mutilés. On aperçoit même un bout de lance fiché dans l'anus d'un corps mal calciné. L'ensemble de ces corps est mis à l'écart comme si on les avait emportés par crainte des épidémies... Le policier se demande si ces habitants n'ont pas été massacrés puis incinérés.

Il veut s'approcher de la ferme. Il est plus heureux dans ses recherches. Il constate des murs très épais, puis d'autres murs de maisons. Veroga et son compagnon d'armes sont pris par le vertige de la découverte de la cité. Ils recensent encore des cadavres intra-muros mais moins nombreux. Les corps ont encore la mine effrayée. En parcourant les alentours, ils comprennent qu'ils ont bien affaire à la cité disparue. En reconstituant, Sagatt raconte à Veroga les circonstances de la disparition. Des mercenaires (d'Angiflar ?) étaient en train de se regrouper en vue d'un départ après avoir pillé la cité et massacré ses habitants, lorsqu'un phénomène les surprit. Ils n'eurent pas le temps de s'enfuir. Il se demande si le nuage noir, décrit par un malandrin repenti, n'avait pas pris l'armée en tenailles. Si les mercenaires n'ont pas pu s'échapper et s'ils appartenaient bien à Angiflar, alors l'enquête doit impérativement s'arrêter autour de la ferme.

Sagatt, rangeant le monocle de vérité, retourne auprès des fermiers. Il leur propose une nouvelle maison et des terres fertiles en cas de coopération. Les fermiers refusent poliment. Cependant, le pouvoir de la reine lui permet d'offrir une deuxième résidence, de nouveaux débouchés alimentaires octroyés gratuitement, etc. Par politesse, le couple de paysans veut bien accepter. Sagatt et la fille logent alors à la maison. Les fermiers qui ont l'habitude d'accueillir des passants, logeront à l'écurie. Ainsi Sagatt dormira en compagnie de Veroga dans le lit des fermiers en face du lit de l'enfant. Veroga sait que Sagatt est trop préoccupé par l'enquête pour toucher à ses fesses.

La nuit venant, Sagatt, ne trouvant pas le sommeil, sort en laissant Veroga dormir paisiblement. Il observe des multitudes d'étoiles. Il entend tout à coup de sinistres bruits...

Chapitre 77 : Le vol du trône   up

Période du Grand Chaos

Peu après le siège de la cité royale

Le soleil se teint tristement d'une couleur rouge. Des feuilles s'enfuient des arbres, les oiseaux ne pépient plus. La cité plonge de plus en plus dans les ténèbres rouges, puis violettes et enfin noires. Il n'y a que des cris et des hurlements.

Depuis que Link a quitté le camp d'Angiflar en compagnie de Niséro, les mercenaires ont réussi à pénétrer la capitale du royaume d'Hyrule. Le temps qui s'ensuit n'est plus que pillages, tortures, meurtres, pleurs, rires... Une débauche de sang inonde la cité livrée au bon plaisir des malandrins. Parfois, on aperçoit certains d'entre eux se disputer pour qui veut prendre une vaisselle d'or, qui veut s'emparer de vêtements coûteux ou s'approprier une femme.

Plusieurs habitants mettent fin à leur vie par dignité. Pris d'une extrême frustration, des mercenaires mutilent leurs corps. Comme les boissons alcoolisées accompagnent habituellement l'armée, plusieurs soldats se mettent à en boire. On voit des soldats ivres trucider leurs propres collègues. Et il y a quelques incendies de maisons.

Mais pour les soldats, le clou doit être le château où, pense-t-on, est entassé l'ensemble des richesses incroyables du trésor. Aussi, lorsqu'ils ont mis le pied pour la première fois dans la cité, ils se sont précipités immédiatement vers la bâtisse du roi. Chacun veut ramener un "souvenir" du château. On se bouscule donc, sans écouter les commandants. Angiflar décidera plus tard de pendre des éléments incontrôlables de l'armée.

Pourtant, tous ne sont pas incontrôlables car ils tiennent à ne pas se frotter à Angiflar et ses deux amis Aenobarbus et Pululu, le Goron et le Zora. Auparavant, des prétoriens, soldats d'élite d'Angiflar, sont parvenus à éliminer les derniers Sheikahs qui restaient encore en vie. Le chef de l'armée sait que des Sheikahs importants et la princesse d'Hyrule se sont déjà enfuis. Il préfère les laisser partir. Angiflar monte donc l'escalier en colimaçon d'une tour du château.

Cette tour doit emmener le trio vers l'une des salles les plus importantes du château : la salle d'audience. La même qui servait de réunion au roi, à Aghanim et aux personnages importants du royaume. Cette salle a assisté à l'ordre du roi qui consista à mettre à mort la reine pour complot. Depuis l'événement, la salle a été aménagée. Elle contient à présent un trône. L'unique trône recherché par Sagatt et ses amis. A l'heure où Angiflar entre, la salle a déjà été pillée. Un groupe de prétoriens monte la garde autour du trône. D'autres ont empêché d'autres mercenaires d'entrer encore au château. Le piège se renferme sur les pillards.

Angiflar s'avance en tremblant vers le siège royal. Il est saisi d'une forte émotion. "J'ai enfin ma récompense ! Mon trône ! Le symbole du pouvoir royal !" Il se tourne vers Aenobarbus et Pululu et leur sourit. Il tâte le trône, après avoir écarté ses hommes, il le palpe, pose ses fesses dessus. Il soupire et regarde le plafond avec sa croisée d'ogives. Il reste pendant un long moment - personne ne veut le déranger - , puis il pose des questions :

- Capitaine ! Combien penses-tu qu'il y ait de soldats à avoir vu le trône ?
- A mon avis une centaine au maximum... Nous avons pris soin de filtrer le flux d'entrée au château de vos soldats, comme vous l'aviez ordonné. Nous avons aussi interdit l'accès de cette salle aux autres.
- Tant mieux. (Il sourit de plus belle.) Veillez à ce que les "cent" témoins qui ont vu mon trône ne sortent point du château. Offrez-leur donc plus de richesses du château que vos prétoriens ont amassé. De toute façon, vos prétoriens prendront le butin ramassé par ces "témoins".
- Très bien maître.

Le capitaine Zora recule d'un pas, tourne les talons et aboie un ordre. Ordre exécuté sur-le-champ par les prétoriens qui ne se demandent pas pourquoi ils doivent remettre leur butin aux autres mercenaires. Ils font totalement confiance à leur maître. Angiflar ordonne alors de déguerpir.

Resté seul avec ses deux bras droits, il se lève du siège. Il leur montre le cristal lumineux qui étincelle au dos du trône, juste entre les fragments de la Triforce.

- Vous avez vu ce diamant prodigieux. L'artiste qui l'a taillé délicatement au milieu des fragments est un génie. Voilà qui rehausse la gloire du trésor royal.
- Je t'approuve, répond Aenobarbus.

Pululu dépoussière un peu sa cape rouge, puis taille ses fausses moustaches. Il est toujours obsédé par sa propreté. Il avait répugné à se mêler aux batailles rangées, mais lorsqu'il obéit à son maître, il y va sans discuter. Il répond d'un même son de cloche :

- Moi aussi, je t'approuve.
- Très bien. Voilà qui est fait. J'ai atteint mon zénith..., déclare souriant Angiflar.

Il se tourne, avance vers l'un des vitraux et hurle :

- Porc de Ganondorf ! Si tu m'entends, sache que j'ai pris le trône ! Ta légende de la Triforce n'est que bouillie de merdille !!!

En fait, il n'avait pas besoin de crier dans le vide mais il avait envie de se soulager. Il se sent humilié par la parade de Ganondorf au village Cocorico. "Heureusement pour nous, Niséro a bien voulu partir... En échange d'une compensation bien sûr... Mais je ne la lui donnerai jamais à ce Gerudo ! Tant pis pour lui !"

Il donne les derniers détails des préparatifs de l'aménagement du trésor royal. Il regarde à travers le vitrail le ciel sans lune. Il remercie les déesses de lui avoir accordé une nuit sans éclairage lunaire. Il veut retenir tous ceux qui ont vu le trône royal. Il va faire circuler une rumeur qui annonce la disparition du siège. La rumeur dira que des Sheikahs ont emmené le siège avant l'arrivée des mercenaires.

Une mini-fête est donc organisée dans une salle peu après minuit. Les prétoriens ont passé du temps à appeler tous ceux qui ont eu l'honneur de déambuler à la salle d'audience. Peu importe aux prétoriens si un soldat qui vient se festoyer a menti ou non à propos de sa présence dans la salle du trône. Les mercenaires sont par conséquent en train de festoyer. Angiflar leur porte un toast pour les féliciter d'être les premiers à pénétrer dans la célèbre pièce. On l'applaudit.

Il sort peu après laissant les prétoriens faire leur travail. Ils prennent très peu part à l'orgie alimentaire. D'ailleurs, tout le monde sait que les soldats d'élite sont froids. Une heure plus tard, les Zoras, les Gorons, les Hyliens et les Humains tombent dans un profond sommeil. Ils ont été drogués. Pululu avait prévu cette situation peu avant la prise de la cité. Le Zora et son ami quittent à leur tour la salle pour faire leur rapport à leur maître.

Le capitaine des prétoriens lance un ordre :

- Décapitez-les ! Car personne ne doit les reconnaître. Déshabillez-les plutôt. On les prendra pour des habitants suppliciés. Brûlez donc les têtes et balancez le reste en ville.

On lui obéit scrupuleusement.

Une grande partie de la nuit se passe à emménager le siège royal afin de le mettre à l'abri dans un véhicule tiré par des chevaux. Un véhicule sans fenêtre bien entendu... Ainsi commence le voyage secret du siège qui se terminera à l'ouest. Personne ne saura ainsi ce qu'il est devenu...

Chapitre 78 : La grotte du cerbère   up

Ils regardent en l'air. Ils sont devant la longue échelle en fer qui court jusqu'à l'étage suivant. Navi et Link se regardent, puis longent leurs yeux vers une sorte de piscine verdâtre où une odeur âcre vous attrape à la gorge. Link bouge ses mains pour être plus adroit. Navi fixe attentivement la pénombre dans une salle ronde. Ils se trouvent dans une sorte de tuyau vertical. En gros, Link doit monter l'échelle mais des monstres l'ont assailli sans qu'il puisse se défendre. Des monstres qui l'attaquent dès qu'il monte, mais qui le lâchent dès qu'il est à terre. Ces monstres sont des grosses guêpes. On ne les voit pas en haut mais on peut entendre leurs battements d'ailes. La solution pour Link est d'activer l'amour de Nayru. Mais encore une fois, l'utiliser pompe de l'énergie à notre ami.

Pourtant, ils croyaient avoir fait le plus dur : parvenir jusque là.

Ils ont voyagé à travers le pays des terres sacrées. Ils ont traversé forêts, marais, prairies sans se faire remarquer, ou du moins se sont promenés discrètement. Et ils sont parvenus aux grandes montagnes qui abritent la grotte. La fameuse grotte du cerbère qui doit abriter une deuxième boule bleue. L'une des trois boules qui doivent ouvrir la porte du trésor secret du Saint-Royaume. Après avoir grimpé et sué, Link et sa fée sont parvenus enfin à pénétrer dans la grotte.

Première surprise lorsqu'ils parcourent la grotte : pas d'énigme ou presque. En revanche, ils doivent affronter la peur et d'innombrables monstres. Navi fait remarquer que ces monstres n'ont rien à voir avec tous ceux que Link a affrontés durant sa vie. Pas de hache-viande, pas de chauve-souris, pas de stalfos... Ils doivent parfois affronter les ténèbres les plus noires que ne peut même pas éclairer une lanterne ou une torche. Dans le noir le plus total, Link doit combattre des monstres difficiles à définir. Mais il jurerait que ce sont des rats géants.

Parfois, il y a des salles mieux taillées dans le roc, d'autres laissées en l'état où elles se trouvent. Navi et Link doivent slalomer entre les chutes de stalagmites.

Parmi les nouveaux monstres, il y a de gros scorpions, des champignons qui hurlent à faire crever des tympans, des sortes de monstres bleus armés de gourdins, de gros vers roses qui crachent du poison, des guêpes, des serpents volants, des rats géants, des petits dragons... En somme, que des prédateurs comme il y en existe tellement au pays de la "non-violence" (dixit Veroga !).

Mais le monstre le plus dangereux est un "muncher". C'est une sorte de serpent. Le monstre est rouge, avec deux bras se finissant par des gueules armées de dents et une tête ressemblant en tous points à ses bras-têtes. Il a des yeux très bridés et surtout... il vole et crache du poison ! Il a également des dents de piranha et a la taille d'un enfant de quatre ans. Inutile de vous dire que ce n'est pas un adorable animal de compagnie. Ce muncher hermaphrodite peut pondre plus de vingt oeufs en une semaine. Heureusement pour Link, il a une vie très courte équivalant à vingt jours en moyenne et ne peut pas vivre dehors (il n'aime que les endroits fermés).

Link a du mal à se débarrasser de ces munchers. Ils sont très voraces, rapides, adroits à cracher du poison. Le Héros du Temps est blessé plusieurs fois et a épuisé ses deux fioles rouges. Depuis sa rencontre avec les munchers, il ne pénètre plus hardiment une salle sans l'explorer attentivement avec ses yeux. Il utilise toujours son super-boomerang en cas de combat contre plusieurs munchers. Plus il avance vers le repaire du cerbère, moins il rencontre de munchers. Ceux-ci auraient-ils peur du terrible cerbère ?

Il affronte également un mini-boss sous la forme d'un chevalier muni de deux épées. Aucune magie, aucune flèche de feu, de glace ou de lumière ne l'atteint. Ce chevalier sans âme a la particularité d'être robuste et c'est un excellent escrimeur. Link doit donc l'abattre par la force de son Excalibur après un long combat. Il a épuisé son dernier bocal rouge. Il faut donc combattre le boss sans le moindre bocal ! En récompense de ses valeurs au combat, il a la clé de la porte du boss et une mystérieuse magie qui lui permet d'avoir instantanément n'importe quel objet qu'il avait eu dans n'importe quel temple. Cela signifie qu'il peut à présent utiliser un autre monocle de vérité ! Mais cela a un autre coût : l'énorme quantité de magie consommée à chaque fois que Link l'invoque.

Et là... Il est devant une échelle...

Quelque part

Une personne inconnue est interpellée par deux mystérieux personnages :

- Tu es là... Tant mieux... Tu nous es trop utile et pourtant, tu nous causes trop de soucis...
- Arf ! En quoi je "vous" cause trop de soucis ?
- Arrête de nous baratiner ! Nous savons que tu t'approches trop près de Link... Encore heureux qu'il ne te voie pas, mais il te ressent très profondément. A chaque fois que tu t'approches de lui, il le ressent malaisément. Au rythme où tu t'amuses, il finira par te rechercher..., répond un autre mystérieux personnage.
- Surtout tu as osé pénétrer au château royal peu avant le meurtre de la bibliothèque, juste pour t'amuser au lieu de faire ce que nous avions ordonné. Heureusement, Sagatt n'a rien remarqué... Pire ! Tu as commandité l'attaque du village Kokiri et, après l'échec de nos monstres, tu les as massacrés...

La personne interpellée caresse ses cheveux blonds puis sourit férocement à ses interlocuteurs. Il leur dit :

- Mais l'attaque du village Kokiri a sorti Rafaeli de sa tanière. C'est ce que vous vouliez, non ?
- Peut- être... Mais tu le fais à notre insu...

Un petit silence tombe avant que "l'interpellé" ne prenne la parole :

- Très bien. Puisque vous ne voulez plus que je me mêle des "affaires" de Link, je m'incline. Mais je peux aller me promener où bon me semble ?
- Oui... A condition de ne pas te faire remarquer... Au mieux, cache ton visage.

Le mystérieux personnage aux boucles blondes s'incline effrontément et quitte les parages. Les deux personnes qui l'ont interpellé s'inquiètent un peu de ce que seront ses prochains "amusements". Quant à cette personne, elle songe à aller au ranch Lon-Lon sans en aviser ses maîtres...

Grotte du cerbère

Link active sa magie. Il espère grimper rapidement et désactiver peu après l'amour de Nayru. Il respire puis remonte rapidement l'échelle. Arrivent alors des guêpes géantes qui se heurtent au mur de cristal bleu. Plus que quelques mètres avant la fin de l'échelle... Lorsque Link sent qu'il n'est plus nécessaire d'utiliser plus longtemps l'amour de Nayru, il cesse d'invoquer cette magie bleue. Il se protège donc de son mieux des piqûres de guêpes. Parvenu juste avant la porte, Link décuple son énergie à gommer les guêpes avec rage. Les monstres ailés tombés sur le champ d'honneur, notre Kokiri se laisse tomber sur ses genoux. Navi lui indique d'autres pots poussiéreux. Elle espère qu'ils contiennent de quoi remettre son Kokiri sur pieds. Oui, ces pots ont de quoi réveiller un mort et Link peut à présent affronter le boss.

En plus, la grotte ne contenait pas de pots à part ceux devant la porte...

Chapitre 79 : Le fouet d'Angiflar   up

Quelques années avant le Grand Chaos

En périphérie de la cité royale

Un rayon de soleil agresse un des sabots du cheval, qui est avec d'autres congénères. Un air de puanteur reconnaissable aux crottes de cheval court la grange. Des mouches volent joyeusement autour de chaque animal. Ils mangent de l'avoine, d'autres dorment. Un jeune palefrenier gratte le flanc d'une jument. Celle-ci hennit de plaisir. Il est avec d'autres préposé à l'entretien des chevaux. Il a de longs cheveux, un visage pâle mais très séduisant, aux dires des filles, il a une bouche sensuelle. Il a un ami goron qui s'appelle Dorunia. Le Goron n'a pas encore de brûlures au visage, pas plus qu'une barbe rouge. Angiflar, alors adolescent, plonge une éponge jaune dans le seau en bois. Il frotte le ventre pour que la jument soit plus présentable.

Une cour sépare la forge de la grange. Un autre adolescent humain est en train de passer des outils qui permettent au forgeron de fabriquer des fers à cheval. Ce forgeron peut aussi réparer des armes rouillées par le temps. L'adolescent a le nez un peu pointu, les sourcils qui commencent à devenir épais, de petites oreilles humaines. Ses regards sont perçants, ses cheveux marrons. Il fait la part entre tel et tel outil avant d'en prendre un. Ganondorf acquiesce aux demandes du forgeron.

Angiflar continue de frotter le cheval. Il pense qu'il mérite mieux que continuer à pratiquer son jeune métier de palefrenier. Il veut devenir quelqu'un d'important. De plus, son autre ennemi Ganondorf a insinué qu'il n'est qu'un garçon à filles. Un humain qui sait séduire des Hyliennes mais qui ne sait pas séduire les notables. Angiflar a rétorqué que si Ganondorf ne sait pas séduire les femmes, alors il ne séduirait jamais des femmes de notables. En effet, chacun sait que si une personne plaît à une femme au rang élevé, elle aura sans doute les faveurs du mari, du frère, ou du père.

Ganondorf cherche un outil demandé par le forgeron lorsqu'il entend un appel :

- Ganondorf !

La voix vient du vieux mercenaire. "Mercenaire" est un grand mot car être mercenaire rapporte beaucoup d'argent mais attire une très mauvaise réputation. On juge les mercenaires comme de vils soldats vendus à la déesse argent dans le but de pratiquer ses pulsions meurtrières. Le roi a même édicté une loi prévoyant de limiter à l'extrême le travail d'un mercenaire. A une époque de paix, très peu recourent aux services d'un mercenaire. Et lorsque quelqu'un le fait, il s'agit presque toujours d'un notable jalousant quiconque a un rang social ou financier envié. Malgré ces limitations, le vieux maître de la villa a pu exercer son métier sans inquiétude. Il ne s'intéressait pas aux conspirations et préférait servir des chevaliers ou des notables loyaux et justes. Mais l'âge venant, il est de plus en plus favorable à une frontière sociale entre le riche et le pauvre. En acquérant une fortune, il songe à assurer à sa lignée une descendance noble.

Le vieux maître, aux moustaches grises tombant jusqu'à la naissance du menton et à la faible calvitie au sommet du crâne, avance dans la forge. Le forgeron s'incline avant de replonger dans le travail. Le propriétaire a horreur qu'un employé se repose juste une minute. Il se dirige vers Ganondorf et le prend par le col. La poigne du vieil Hylien est si puissante que Ganondorf se laisse mener dehors comme un sac de patates. A l'extérieur de la bâtisse, il lui dit froidement :

- Ganondorf. Qu'as-tu fait à ma fille ?

Une pâleur se peint sur le visage de Ganondorf. Ainsi quelqu'un sait. L'adolescent avait attiré la jeune fille dans son lit. Il voulait prouver à Angiflar qu'il savait se montrer à la hauteur aussi bien au lit qu'au combat. Il avait attiré la fille en secret dans une chambre sans en informer Angiflar et bien sûr le vieux mercenaire. La fille avait des rondeurs agréables mais était naïve. Enfermée par son père, elle crut à l'amour proclamé de Ganondorf et le suivit. Le lendemain de l' "exploit" de Ganondorf, une personne en a parlé au vieil Hylien.

Comprenant la pâleur de l'adolescent, il rugit :

- C'était donc toi !!! Tu as souillé ma fille ! Tu as gâché mes efforts de la marier à un fils de notable !

L'usage des mariages entre personnes de rang social élevé à l'époque anté-grand chaos, veut que la fille soit vierge pour que l'alliance puisse se faire. Les habitants d'Hyrule savent que ce procédé est indigne, mais les vieilles coutumes entre notables empêchent le roi de légiférer sur la question. Plus tard, sa fille la reine Zelda fera interdire les mariages arrangés. Le vieux mercenaire avait prévu un mariage conformément à son accord avec un riche notable. Il voit donc ses efforts anéantis par l'insouciance d'un jeune idiot !

Il tient à lui donner une leçon pour qu'il ait un souvenir impérissable. Une heure après, il réunit les employés dans la cour. Il ne prend pas la peine de leur expliquer les raisons de la punition infligée à Ganondorf. De toute façon, il se doute qu'une rumeur est au rang des conversations. Il sait également que des notables sauront qu'il n'a pas pu marier sa fille pour une raison évidente. Ganondorf est allongé sur le ventre, les bras et les pieds tenus par des mains. On voit ses fesses nues. Le vieux propriétaire de la villa retrousse ses manches et prend un fouet. Il commence alors sa terrible punition. Parmi les témoins de la punition, Angiflar sourit. Il a lui-même dénoncé Ganondorf à son maître. Au terme de la punition, l'adolescent a les fesses brûlées par les griffes du fouet. Le vieil Hylien sue abondamment, fatigué par ses mouvements. Il halète un peu. Angiflar et Dorunia ricanent sous cape. Ils ont piégé leur ennemi. En le provoquant, ils ont réussi à l'amener malgré lui au lit avec la fille du mercenaire. En somme Ganondorf a été bien plus naïf que la fille !

Un autre jour, Ganondorf se jette sur Angiflar en le menaçant de mort. L'adolescent séduisant lui répond que s'il meurt, leur maître soupçonnera immédiatement Ganondorf. Vaincu, celui-ci jure de se venger.

Il a tenu parole. Pendant l'entrevue du village Cocorico, il a profondément humilié Angiflar en présence de Link. Quant à la fille du mercenaire, paradoxalement le pari de Ganondorf a permis à celle-ci d'éviter un mariage arrangé et d'aimer un garçon qui le lui rend bien. Elle restera avec lui jusqu'à la fin de ses jours.

Chapitre 80 : Les revenants   up

Sagatt s'interroge sur l'origine des bruits. Il s'immobilise donc pour percevoir d'où ils viennent. Ça ressemble à des grattements du sol, se dit Sagatt. Un craquement se fait un peu entendre non loin de là. Le géant s'approche doucement, très curieux.

Des petits nuages révèlent soudain la lune. Grâce à la bénédiction de dame Lune, le policier peut apercevoir ce qui a résonné dans ses oreilles.

Il ne se trompe pas et pourtant...

Deux personnes sortent péniblement mais sûrement des profondeurs du sol. Elles dégagent encore des mottes de terre et d'herbes et appuient leurs coudes sur le sol pour tenter d'éjecter leur taille et leurs pieds. Elles semblent être un Goron et un Zora - en tous cas, leur forme l'atteste. Les mystérieux habitants du sous-sol sont enfin délivrés. L'astre lunaire dévoile leur visage.

Des zombies !

En effet, des morceaux d'os sont observables sur plusieurs parties du corps des zombies. Ils ont le visage mangé par la pourriture du corps. Ils n'ont plus de bouche et révèlent une grosse partie d'os qui orne leur menton et leur bouche. Un Zora a même une cape rapiécée. Il semble à Sagatt que cette cape est rouge. "Que vois-je encore ? Le Zora sort une épée pointue. Le Goron a encore des petites touffes de barbe rouge. Ça me rappelle quelqu'un..."

Ils prononcent des paroles sinistres en bégayant :

- M... M... Moi... D... oru... nia... Dorunia... A... Aeno... barbus...
- M... oi... Pu... lu... Lu... Pulu... lu...

Aucun doute ! Dorunia Aenobarbus et Pululu, les deux bras droits d'Angiflar ! Sagatt regarde sa bague offerte par la reine Zelda. Elle a le pouvoir de dissiper les illusions. Rassuré sur ce point, il se demande si ce sont de vrais bras droits ou des usurpateurs. Qu'importe ! Il sait que ces monstres ne se sont pas réveillés pour lui offrir des cadeaux !

Le Goron commence à rouler sur lui-même tandis que Pululu tente difficilement de se précipiter vers Sagatt. "Je dois prévenir Veroga !" Puis une pensée traverse brutalement son esprit : "Si je crie au secours, certes Veroga sera réveillée mais les fermiers ? Ne voudront-ils plus collaborer avec nous après ce que ces zombies leur causeront comme peur ? Mieux vaut que Veroga veuille bien se lever et aille voir d'elle-même." Sagatt recule donc pour attirer ses adversaires. Mais vers où ? D'ailleurs, le Goron commence à échauffer la piste...

Ça y est ! Le Goron commence à rouler. Heureusement, les lambeaux de peau déchirée qui collent à sa peau gênent un peu sa course. Mieux vaut avoir affaire à un mort qu'à un vivant ! Sagatt tourne ses talons et saute au-dessus d'une pierre abandonnée. Dorunia l'éclate avant de s'arrêter. Pululu court lentement. "Je n'ai pas d'épée ! Elle est dans la ferme ! Merdille !"

Sagatt ramasse une fourche sans songer à la chance de se défendre avec l'outil agricole. Il contre-attaque Pululu. Il calcule sur la lenteur du Zora pour s'en débarrasser avant de converser en tête-à-tête avec le Goron. Il attaque Pululu. Celui-ci, d'un coup soudain, coupe en deux la fourche. Sagatt le savait et il a testé le Zora à la fausse moustache - et encore Pululu n'a plus de fausses moustaches... L'ancien soldat entend un roulement à sa gauche : Aenobarbus. Pour l'éviter, il se met rapidement derrière Pululu. Ce dernier s'est écarté de la trajectoire de la boule goron juste à temps. Le Zora insulte Sagatt.

Les courses d'Aenobarbus lui valent des lambeaux de peau perdus. Il ressemble de plus en plus à un gros squelette qu'à un zombie. Comprenant son point faible, il rugit mollement. Il bouge à gauche pour s'emparer d'une grosse roche taillée (probablement une ancienne statue abîmée par le temps et les intempéries). Il la lance.

Sagatt tombe en arrière pour éviter le cadeau de Dorunia. En chutant par terre, il constate les brusques mouvements de Pululu. Celui-ci veut embrocher son corps. Le géant roule en proférant un banal juron. Le Zora continue son jeu, mais son épée ne rencontre que le sol le plus souvent. Sagatt se relève vite mais l'épée a tracé une ligne sur la cheville. Il crie, mais court néanmoins.

Plus il court, plus il boite. Et pas question de réveiller la maison ! Pas question non plus d'aller chercher l'épée ! En continuant à s'échapper, il tombe sur un amas de bois. A cause de l'obscurité, il ne voit pas bien les alentours. Il voit alors le Goron rouler pour la dernière fois. Au moment où Sagatt veut s'écarter, il est surpris que Dorunia s'arrête soudain sans que des traces de freinage brusque apparaissent sur le sol. En revanche, la boule saute en l'air. Impressionné par les mouvements - erreur de la proie - , Sagatt ne bouge pas une seconde. Il comprend trop tard et se repent de ne pas y avoir pensé plus tôt. Une grosse masse va l'écraser...

Un tourbillon pousse le géant. Le gros Goron ne fait qu'un avec le sol dans un bruit sourd. Sagatt regarde vers la maison : Veroga ! Mais dans sa précipitation à sauver son ami, elle n'a pas vu arriver Pululu. Sagatt crie. La fille se baisse rapidement pour mettre son pied droit sur les jambes du désormais frêle Zora. Il tombe lourdement. Elle n'hésite pas. Elle saute en l'air et provoque deux courants d'air qui déchirent le corps fragile du Zora. Exit Pululu !

Dorunia ? Il n'en a pas encore fini avec Sagatt. Il jette ses gros poings sur le corps de l'ami de Veroga. Celui-ci pratique une roulade arrière. Encore raté, Aenobarbus ! Il fait un tel bruit que les fermiers devraient être réveillés, pense une seconde Sagatt. Aenobarbus sent tout à coup deux tourbillons qui courent sur lui. En se croisant, les tourbillons écartèlent facilement les fragiles os du revenant. Exit Dorunia Aenobarbus ! Il tombe en poussière.

Veroga court à la rencontre de son compagnon. Elle s'enquit de sa santé. Il la remercie encore une fois. Elle l'a sauvé deux fois. "Décidément, quelle femme !" sourit le géant. "Mais une question subsiste : où est Angiflar ? Est-il toujours resté sous terre ? Il est vrai que je ne connais pas son visage contrairement à Link." Le policier et l'adoratrice du dieu Molierus remarquent la présence de l'enfant sur le parvis de la maison. "Tiens ? Où sont ses parents ?" Peu après, il faut se rendre à l'évidence, ils somnolent encore. "Comment cela se fait-il ?"

Un phénomène apparaît. Une forme blanche très distincte approche. Elle est grosse et révèle le visage d'un vieillard. Elle marche vers le couple, les mains nouées derrière le dos. Elle leur sourit. Sur leurs gardes, l'humain et la femme le dévisagent méfiants. Le fantôme leur dit :

- Sagatt... Veroga... Je vous attendais... A l'évidence, Angiflar n'est pas là. Mais je n'en connais pas la raison. Je me nomme Laulu, ami de Rauru, ancien grand prêtre de la baie des Zoras verts, récemment décédé.

Sagatt et Veroga sursautent. Est-ce que c'est vraiment le fameux Laulu ? Celui qui avait raconté une belle fable à Link et à Zelda alors que ceux-ci n'avaient encore que le corps d'un enfant ? Celui qui avait légué une grande partie des archives à la bibliothèque royale ? Le géant se méfie et répond brutalement :

- Qui me dit que tu nous manipules pas ? J'ai assez joué avec les illusions. Alors le fantôme de Laulu !
- Sagatt ! Enfin ! Tu as la bague ! Tu ne te rappelles pas ? Il ne s'agit sûrement pas d'une illusion.

Le policier oublie la bague et doit admettre que son amie a raison. Il entend encore :

- Sagatt... Veroga... Je vais vous emmener vers le trône sacré de la famille royale (le couple sursaute encore). J'ai endormi les parents profondément mais pas leur fils. Il ne comprendra pas encore mes explications mais il saura s'en souvenir une fois adulte... Suivez-moi. Je vous raconterai "pas mal de choses".

Le trio suit les paroles sibyllines de Laulu à l'intérieur de la maison des agriculteurs...

Chapitre 81 : Le cerbère   up

Link ouvre la porte de la salle du boss. Elle s'ouvre dans un tonnerre de bruit. Il pénètre dedans désarmé. Il préfère ne pas être entravé au cas où les choses se passeraient d'abord mal.

La salle du boss est énorme. On voit à peine les murs rouges qui sont très éloignés, en face de Link. Le plafond est très éloigné, lui aussi. Link le pense car il ne voit que des ténèbres. Le sol illumine une couleur rouge. Il remarque un socle vert. En regardant Navi qui opine, le héros pose ses pieds dessus. Un formidable brouhaha suit le début de l'apparition. L'apparition éclaire d'un coup la salle. En une fraction de seconde, on peut apercevoir que le plafond est taillé dans du vulgaire rocher et qu'il est grossièrement rond. Notre ami sursaute avec la fée.

L'apparition fait place à un énorme chien. Le cerbère. Il doit mesurer en tout environ une cinquantaine de mètres. Il a trois têtes. Celles de gauche et de droite sont de race doberman. Celle du milieu est un pitbull. Le doberman de gauche est rouge, celui de droite bleu. Quant à celui du milieu, il est marron. Le reste du corps est rouge sombre. Il a une queue en boule, des pattes très griffues. Il grogne puis aboie.

Immédiatement Navi songe à son combat contre les sorcières jumelles du temple de l'esprit. En effet, elles avaient utilisé la magie de feu et de glace pour anéantir Link. Face à ce monstre, elle comprend qu'il faut utiliser le même procédé. Elle chuchote à Link. Compris !

Le Kokiri met sa main gauche derrière son dos pour sortir arc et flèches. Il doit encore compter sur sa provision de manne. Le doberman rouge commence à cracher des flammes. Link court autour du monstre pour les éviter. Il doit slalomer face à la moulinette de la queue. Elle heurte plusieurs fois le sol. Mais le chien est très vif et tourne rapidement en lançant une attaque glaciale. Surpris, Link saute en arrière et constate qu'une partie du sol est devenu du verglas. Il a donc intérêt à ne pas marcher dessus, sinon il glisserait à coup sûr. Il tire la première flèche de feu sur le doberman bleu. Celui-ci a une douleur aiguë.

Cependant, le pitbull allonge fortement son cou pour attraper notre Kokiri. Le héros veut utiliser Excalibur pour trancher la tête principale mais il voit que le doberman rouge a commencé à cracher. Il renonce donc. Il s'enfuit pour se poster derrière le cerbère. Evidemment, le monstre n'est pas en reste et tourne rapidement. Malheureusement pour lui, Link a déjà préparé sa deuxième flèche en courant. Nouveau tir, cette fois, sur le doberman rouge. Navi lui crie de tirer d'abord sur le doberman bleu pour éviter de voir le sol se transformer en patinoire. Le monstre bleu glace encore une fois le sol rouge. Link manque d'y glisser. Le pitbull crache - et c'est nouveau - des épines qui blessent la cuisse du personnage au bonnet vert. Il ne relâche pas la pression sur le boss.

Parfois, il se jette sous le ventre pour déstabiliser le monstre, parfois il zigzague soit à gauche, soit à droite du monstre. Quoi qu'il en soit, malgré les assauts des trois têtes, Link fait merveille en éliminant d'abord le doberman bleu qui explose, puis le doberman rouge. Alors privé de ses deux renforts, le pitbull s'effondre sur lui-même. Ses pattes s'allongent lourdement sur le sol, la queue crie son dernier baroud avant de mourir. Soulagé et heureux d'avoir vaincu une fois de plus un ennemi, Link se laisse tomber par terre tandis que la fée le félicite en lui faisant un câlin sur la joue. Sa manne vient d'être épuisée.

Deux minutes plus tard, le corps du cerbère est pris d'un tremblement. Les deux compagnons s'inquiètent et assistent inexorablement à la "résurrection". Le dos du cerbère s'ouvre en deux. On voit deux ailes de papillon se détacher du dos. Une tête. Une autre. Encore une autre. Et enfin, une autre queue. Le cerbère a terminé sa mue. Avec ses ailes de papillon, le monstre est encore plus imposant. Tout son corps est bleu sombre et glacial.

Déesses ! Il va falloir le combattre en l'air ! Je n'ai plus de magie pour mes flèches ! A moins que... Mais oui ! Les sorcières jumelles !

Link a été bien inspiré de prendre le bouclier miroir au temple de l'Esprit peu après le combat malheureux contre Rafaeli, à la place du bouclier hylien. Il l'utilise contre le cerbère volant. Le boss s'éloigne en l'air, disparaissant à l'horizon. Ne le voyant plus, Link doit patienter. Soudain, des boules de feu s'abattent sur le sol. Le Kokiri doit encore zigzaguer. Impossible de retourner le feu vers le monstre là où on ne le voit pas. Nouvelles attaques de glace. Link glisse. Le boss sort de la tanière noire. Le doberman rouge crache du feu. Assis sur du verglas, Link est obligé de se parer à l'aide de son bouclier. Mais il a l'esprit vif en renvoyant des boules de feu sur le doberman bleu. Il s'en faut de peu que celui-ci ne soit touché. Link l'a pourtant bien touché. Le cerbère disparaît encore.

Même opération du cerbère. Pendant longtemps, Link doit courir entre les pluies de feu et de glace, parfois il s'éloigne des traces de verglas. Le monstre ne semble pas vouloir sortir. Navi conseille alors au Héros du Temps de faire semblant de glisser sur le verglas. Elle espère ainsi que le monstre aura une intelligence moindre et inférieure à celle d'un moineau. Son calcul est juste. Le chien aux trois têtes fonce. Link renvoie les boules de glace vers le doberman rouge. Il a anticipé les mouvements du boss.

Après plusieurs opérations répétées, impressionnant dans son corps, impressionnant dans son intelligence minable, le cerbère s'effondre pour la dernière fois. En effet, le pitbull ne peut survivre sans ses frères dobermans. Link souffle.

Flotte alors la boule verte qui descend vers le sol. Link court pour l'accueillir, souriant...

Chapitre 82 : Révélations de Laulu   up

L'enfant sort le tapis vert pour dégager quelques petites planches qui encombrent le passage. Sagatt et Veroga regardent, la gorge nouée, le passage qui doit mener vers le trône. Derrière eux, le fantôme blanchâtre de Laulu qui sourit sereinement. Il invite ensuite l'enfant à allumer une torche ou une lanterne. Ce qu'il fait. Le petit fermier descend ensuite l'escalier en pierre. Les ombres dansent sur les murs en pierre. Sagatt et son amie doivent se dégager des éboulis de pierre qui encombrent une grande partie de la salle. Au fond du couloir encombré par quelques pierres, ils peuvent enfin sortir. Ils sont impressionnés par ce qu'ils voient.

Les pierres semblent se tenir à l'écart du trône. Elles forment un mur. Des cailloux, des poutres en bois miraculeusement conservées, des statues sont mélangées derrière cet amas de murs. Mais autour du trône, on voit deux murs qui se rejoignent. On admire les fresques qui ornent ces murs. Un étrange air paisible court autour du trône. Sa magie puissante a dû écarter facilement les pierres qui devaient s'effondrer sur la salle. Sagatt commence à comprendre quelque chose : lorsque le phénomène a détruit la cité, des étages se sont effondrés avec le trône mais grâce à sa puissante magie, le siège ne fut pas détruit. Le géant regarde le plafond. Il a l'impression que le plafond a été formé peu après l'effondrement d'un étage. Mais par qui ? Laulu qui vient de comprendre les questions intérieures de Sagatt s'avance et se positionne derrière le trône. Cependant, avant qu'il ne se positionne derrière l'objet, il s'est incliné devant le siège royal.

Deux trônes royaux existent donc... Qu'est-ce qui a divisé l'unique siège en deux ? se demande Sagatt. Laulu observe le trio (dont l'enfant impressionné par la matière du fantôme). La lanterne est posée sur le sol. Laulu leur déclare :

- Avant que je ne vous apprenne des choses, résumez-moi la création du monde d'Hyrule par les déesses.

Surpris, l'humain et la femme balbutient. L'enfant les prend de court en récitant ce qu'il sait de la création. Car il adore la légende de la création d'Hyrule :

- Il était une fois les trois déesses, Nayru, Farore et Din qui descendirent du ciel apporter de la vie à notre Hyrule. Din créa la terre et la fertilité, Farore donna la vie aux êtres, Nayru colora le ciel et sema la magie afin que le monde vive. Puis elles quittèrent Hyrule en laissant le trésor divin, la Triforce.

L'enfant finit cependant sur une note triste :

- Après leur départ, les dissensions commencèrent et créèrent le Grand Chaos.
- Pff..., dit Sagatt compatissant.
- C'est vrai qu'on se demande, si les déesses ont créé la Triforce, pourquoi elles n'ont pas apporté l'espoir pendant les grandes crises, dit Veroga.

L'enfant met ses bras sur ses genoux et sourit à Veroga :

- Mais une légende dit que les déesses reviendront bientôt sur Hyrule apporter le grand espoir...
- Parce que tu crois que la légende dit la vérité, répond tristement Veroga qui sourit à son tour à l'enfant.
- Elle a raison. On ne sait rien de cette histoire sinon que c'est une légende justement, finit Sagatt.

Laulu qui vient de s'asseoir sur le trône, les deux doigts sur le menton, observe le trio sarcastiquement. Il leur répond à son tour :

- Il est exact que les déesses ont créé Hyrule et la Triforce. Ce qui l'est moins est qu'elles n'ont jamais créé la Triforce. Et elle n'est apparue que plus tard après plusieurs générations d'Hyliens...

Le couple reste bouche bée, conscient du bouleversement de la théorie sur la Triforce. L'enfant reste silencieux et commence à bailler. Ses paupières luttent pour maintenir les yeux ouverts.

Veroga s'exclame :

- Mais c'est l'arbre Mojo lui-même qui a confirmé la création de la Triforce.
- Exact. Mais tout dieu qu'il soit, il oublie un petit détail. Lorsqu'il a parlé de la création de la Triforce peu après le départ des déesses, il s'exprimait selon sa conception du temps. Lorsque vous voyez des papillons naître, vivre et mourir, vous vous dites qu'ils ont dû vivre un très court laps de temps. Pour eux, votre espérance de vie est comparable à celui d'un dieu. Continuez et vous constaterez que le soleil a une durée de vie incomparablement longue.

Laulu se lève du siège pour arpenter la salle. Il continue :

- Dites-moi la fonction de la Triforce elle-même.
- Heu... N'importe quelle personne peut prononcer un voeu, rien qu'en touchant la pierre. Si un coeur pur touche la Triforce, le monde deviendra meilleur. Si un coeur mauvais touche la Triforce, elle se brisera en trois morceaux échouant aux mains des élus, répond la féline.
- Dans ce cas, si les déesses ont vraiment créé la Triforce, elles n'auraient jamais dû laisser tomber le trésor aux mains du mauvais coeur. Logiquement, la Triforce n'aurait jamais dû exaucer un voeu venant de la part du mauvais.
- Parce qu'on s'est encore trompés sur la Triforce ? demande sarcastiquement Sagatt.
- Oui... Il est juste que la Triforce a été créée pour servir d'espoir aux habitants. En réalité, la Triforce n'exauce jamais de voeu lorsqu'il vient d'un mauvais coeur ! Elle n'aurait jamais été brisée en trois morceaux. Enfin... quand je dis "en réalité", je le pense. Mais l'éclatement en trois morceaux est prouvé. Je veux plutôt vous montrer un songe que j'ai eu lorsque je suis devenu grand prêtre à la mort de mon prédécesseur.

Le trône, l'enfant et la salle disparaissent brutalement, remplacés par le ciel et la terre. Le couple comprend qu'ils sont en l'air avec le fantôme. Ils remarquent des sortes de gros nuages noirs avançant inexorablement vers les habitants effrayés qui s'enfuient. A la tête des nuages, on trouve... l'oeil géant ! Ce qui les horrifie, c'est ce phénomène étrange : derrière les nuages géants, on voit un énorme ver blanc qui se meut lentement. Ce ver mesure plus de mille kilomètres de longueur et cinq cents kilomètres de largeur. La tête du ver a des yeux globuleux tantôt rouges, tantôt verts. Curieusement, le ver ne semble pas détruire. Soudain, ils comprennent que ce monstre est transparent et qu'il semble pousser les nuages noirs. Laulu leur explique qu'il s'agit d'une scène qui s'est passée plusieurs milliers d'années avant le Grand Chaos. Il leur dit également qu'ils ne se trouvent plus dans l'Hyrule qu'ils connaissent, mais dans l'ancien Hyrule originel !

Le songe n'est pas terminé et le couple doit affronter, un peu tremblant, toutes sortes d'horreur. Ils voient des pustules ravager les corps, des cadavres jonchant les prairies, des mers se rougeoyant, une grosse tête aux yeux crevés d'où sort de la bouche un ver rouge, des flammes incendiant des contrées, des habitants se jetant des falaises... Veroga serait près de s'évanouir si la présence de Laulu ne la rassurait. Finalement, ce que veut montrer Laulu est une présence noire... Une présence d'une autre sorte de fantôme... Ce "fantôme" fait sentir d'horribles frissons au couple rien que par sa présence. Sa tête est penchée sur son torse. On ne voit pas encore ses yeux. Lorsqu'il relève doucement la tête, on devine ses yeux blancs... La scène s'arrête brutalement.

Laulu a brutalement interrompu la scène en expliquant :

- Si vous aviez fixé ses yeux, vous seriez morts de peur. Nous les grands prêtres, avons à peine soutenu son regard. Nous nous en sommes sortis à force de fermeté et nous n'avons plus parlé de ce songe.
- Mais qui est... ce monstre ?

Laulu sourit :

- Vous devriez vous demander pourquoi la pierre de la force a été attirée par Ganondorf ?
- On a attribué ce phénomène en raison des particularités propres à chacun : Link est courageux donc il a le fragment du courage, Zelda est sage donc le fragment de la sagesse. Il est donc logique que Ganondorf ait celui de la force. Ne me dites pas qu'il y a d'autres raisons ?
- Si... C'est exact que la sagesse et le courage peuvent échoir à ceux qui en sont dignes. Cependant, si je vous dis que Ganondorf a eu le fragment de la force parce qu'il est non seulement puissant mais surtout mauvais, et que le fragment est... mauvais.

Un silence s'abat sur la salle. Laulu l'interrompt :

- Les Sheikahs et nous les grands prêtres de la baie des Zoras verts, nous seuls connaissons les secrets de la création de la Triforce. Je vous les révèle maintenant vu que vous en aurez besoin par la suite. Je n'ai pas jugé nécessaire de les révéler auparavant. Sachez d'abord que la force, la sagesse et le courage ont un trait commun, l'amour. Le courage sert à une personne qui veut avouer son amour à une autre personne. La force donne des motivations fortes à un couple pour durer. La sagesse donne des capacités à faire durer l'amour selon les périodes, selon les circonstances précises. Nous pensons que les déesses ont créé Hyrule parce qu'elles veulent aimer voir d'autres personnes vivre. Elles ne supportaient pas d'être égoïstes sans créer la vie, sans aider les habitants. Elles ne supportaient pas non plus de maintenir les Hyliens dans l'ignorance. Alors elles ont créé le... libre arbitre. C'est ce que nous supposons. Elles ne supportaient pas non plus d'être supérieures aux autres. Alors (nous en sommes certains) elles ont créé leurs semblables... masculins ! Elles n'ont pas fait que créer des dieux semblables à elles, elles ont aussi créé une puissante barrière propre aux habitants en empêchant les déesses et les dieux importants de détruire tout être vivant. En gros, ils ne peuvent absolument rien faire contre les êtres vivants, de par leur volonté !

Le fantôme arrête un peu avant de reprendre :

- Ce sont les trois dieux Rin, Garore et Daryu qui ont eux-mêmes créé la Triforce. Constatant le mauvais usage que font les Hyliens de leur libre arbitre (encore qu'on ne sait pas si c'est le libre arbitre qui existe ou si c'est la destinée... enfin je m'égare...), euh... ah oui ! Les dieux ont créé la Triforce pour donner espoir aux Hyliens avec l'accord des Saintes Déesses. Mais pour une raison que nous ignorons, Rin le dieu de la force s'est rebellé. Quittant alors les déesses et les deux autres dieux, Rin est tombé dans la haine. Il est parti ailleurs créer des milliers de monstres et de démons. On murmure qu'il peut se transformer en un gros monstre abominable - vous l'avez vu dans le songe. Il voue une telle haine envers les êtres vivants qu'il est même l'auteur de la division d'Hyrule originel en trois mondes : Hyrule, Termina et le Saint-Royaume...

Laulu s'apaise avant de s'indigner, ses sourcils se durcissent :

- Il est l'ennemi juré des Déesses !

Rin, le dieu de la force ! Din le nouveau grand démon !

Sagatt s'exprime :

- Mais ce qu'on raconte de Ganondorf en ce moment même n'est que du vent ? Oui. Oubliez cela. La scène où Link a rencontré Ganondorf pendant que vous étiez à l'iceberg géant n'est qu'une illusion ! C'est Rin qui est à l'origine de tout cela ! C'est le plus grand manipulateur.

Veroga murmure :

- Rin... Le dieu de la force. Mais alors... Les meurtres de la bibliothèque ne sont pas l'oeuvre des sbires de Ganondorf ? Ni des sbires de Pandore ? Mais de Din lui-même ?

Le géant est étonné par Veroga. Il a un peu sous-estimé la féline. Il a toujours pensé qu'elle n'était qu'une étonnante combattante qui peut faire face aux adversaires quels qu'ils soient. La perspective de la main de Rin dans les meurtres du château oriente fortement l'enquête de Sagatt. Mais Laulu balaye cette perspective :

- Oubliez aussi cela. En fait, peu avant la division d'Hyrule, les Déesses ont choisi un couple d'enfants comme détenteurs absolus de la Triforce. Ces enfants sont les ancêtres directs de la reine Zelda. Les rois jurent de protéger la Triforce et de veiller aux affaires du royaume en échange... de la barrière puissante qui protège le château et la cité royale des infiltrations du démon et de ses sbires. Vous comprenez pourquoi Ganondorf ou les mercenaires sont entrés à la cité royale ? Parce qu'ils ne sont pas des serviteurs de Rin mais simplement de mauvaises personnes.

Le fantôme se rassoit sur le trône royal :

- Suite à la révolte de Rin, on murmure que les déesses auraient créé un autre monde, le Saint-Royaume, pour soustraire le précieux trésor divin aux convoitises de Rin. Il s'agit du Triangle divin. Il a la même particularité que la Triforce à la différence près qu'elle peut exaucer les voeux de n'importe quelle personne. La raison pour laquelle les déesses permettent même à d'autres coeurs impurs de voir exaucer leur voeu m'échappe.
- Je vois... Rin cherche à s'emparer de la Triforce mais Ganondorf étant enfermé par Link, il se rabat sur le Triangle divin. Mais... s'il était à la recherche de la Triforce ou du Triangle divin, il y a longtemps qu'il se serait remué pour les atteindre. Pourquoi maintenant ? demande Sagatt.
- Je ne sais pas vraiment... Toujours est-il qu'il doit y avoir une profonde raison de l'immobilité de Rin pendant tout ce temps. Il est surtout très prudent, il préfère agir dans l'ombre. Rin est un adversaire dont il faut se méfier fortement !

Le vieil ami de Rauru leur dit encore une chose :

- Sachez que le symbole de l'oeil gravé sur la poitrine des Sheikahs fait clairement référence au pouvoir ténébreux du démon Rin. Ne vous rappelez-vous pas l'apparition de l'oeil géant non loin de chez moi ? Les Sheikahs n'ont réellement qu'une mission : s'opposer secrètement à Rin. Seulement, pour que la combine fonctionne, il faut que la famille royale ne sache rien des motivations secrètes du peuple de l'ombre. Donc, on a affirmé que la raison officielle des Sheikahs est de protéger la famille royale, ce qui est vrai... Mais surtout lorsqu'il s'agit de la protéger des griffes du démon. Très rares sont les rois qui en connaissent les motivations. Même Sa Majesté Zelda et ses ascendants jusqu'à la dixième génération ne les connaissent pas...

Sagatt se remémore alors ce que Link a raconté sur Haerf lorsqu'il était dans le passé ; Haerf disait : "Nous avons une mission beaucoup plus importante et plus périlleuse que surveiller la famille royale." Il comprend tout à coup la signification de la phrase mystérieuse de Haerf.

Laulu déclare qu'il aimerait disparaître. Sagatt l'interrompt en lui posant une dernière question :

- La prédiction de Magalène sur les six étoiles... Tu dois en connaître la signification ?

Le vieil ami de Rauru rit :

- J'avais oublié ! Oui. Les six étoiles correspondent justement aux héros qui ont sauvé leur monde. Les deux étoiles naines sont le premier héros du Grand Chaos qui a aidé Zelda à relever le royaume, la deuxième étoile est Omni, le héros de Termina qui a vaincu Majora avec l'aide des quatre compagnons d'armes représentant les quatre points cardinaux. Les trois étoiles sont Rafaeli qui a vaincu Volcania. Link évidemment. Et... toi !
- Moi !? s'étonne Sagatt.
- Ne te sous-estime pas. Si tu n'étais pas intervenu pour éliminer les deux créatures, le père de la reine serait en fâcheuse posture. Tu mérites donc d'être un héros. Et enfin la dernière étoile sera pour un héros qui ne naîtra que dans plusieurs siècles.
- La dernière... Mais cela signifie que Rin serait vaincu...
- La prédiction n'a de valeur que si elle est confirmée. Pour qu'elle s'accomplisse, il faudrait donc que le libre arbitre commande. Je pense que si vous ne battez pas Rin, ce sixième héros n'apparaîtra jamais.
- Oui... L'étoile rouge est... Rafaeli devenu un démon ?
- Oui...

Le silence s'abat pour la dernière fois à présent que Laulu a disparu en donnant sa bénédiction aux compagnons de Link. Veroga regarde pensivement le trône et murmure :

- Rin... Les prêtres du Saint-Royaume ont projeté d'unifier les trois mondes sous leur autorité. N'est-ce pas ?
- Oui... murmure Sagatt.
- Alors...

Veroga reprend enfin :

- Ce Rin qui voulait deux trésors divins. Quels sont les deux voeux qu'il aurait souhaité voir exaucer ?

Chapitre 83 : Vickie   up

Link ayant vaincu le cerbère, il sort de la grotte et longe le sentier creusé dans la falaise. Il ne sait pas quoi faire maintenant. Il sait qu'il doit rechercher la dernière boule. Un indice aide le héros : elle se trouve à la tour verte. Navi lui conseille de glaner des informations dans un village. On continue donc le chemin en attendant de tomber sur ce fameux village. Une heure de randonnée plus tard, ils retrouvent le village.

Le village est largement creusé dans la falaise comme l'est la cité des Gerudos. Cependant, si le village des femmes est cerné par le désert et le fleuve, le village du Saint-Royaume est encerclé par la falaise et le vide. Link poursuit son chemin en descendant les larges escaliers taillés dans la pierre. Il s'arrête juste devant l'entrée du village dénué de murailles (a-t-on besoin de murailles dans un royaume qui ne connaît pas la guerre et qui est protégé par des animaux particuliers ?). Il se retourne vers la droite pour admirer le paysage qui s'étend à perte de vue. Il y a des champs fertiles, des forêts, des petites rivières, des petits villages. Il croit même reconnaître plus loin la capitale du royaume avec son célèbre temple des trois déesses. Les prêtres nous surveillent-ils ? Nous recherchent-ils ? se demande Link tandis que Navi indique une fille assise au bord du précipice.

Elle ne semble pas avoir peur du vide. Elle aime beaucoup s'asseoir et admirer le paysage. Elle doit avoir treize ans (encore que l'âge soit en conformité avec celui d'Hyrule). Elle a de courts cheveux roses à la fois lisses et désordonnés. Deux mèches tombent sur ses oreilles. Sa poitrine est plate mais des signes de développement consécutifs à la puberté tardive commencent à apparaître. Dans quelques années, elle aura une belle et forte poitrine. Ses yeux sont vert cristal. Elle mesure environ un mètre soixante. Elle balance ses pieds en rêvassant. Link et Navi respectent son intimité en admirant le village.

Le village est troglodytique. Ses habitants rassemblent différentes races mêlées comme à la capitale. On retrouve des Zoras, des Gorons, des Gerudos, des Hyliens, mais pas de Kokiris. A croire qu'ils sont immunisés contre le mélange... Le couple ne rencontre personne dans la cour du village à part des poules et deux chiens endormis. Navi pense peut-être à l'heure du sommeil. Elle le fait savoir à son ami. Seule la fillette reste accrochée au vide dehors.

Comme elle s'aperçoit que des visiteurs sont présents, elle s'exclame fort qu'un villageois sort d'une maison creusée dans la roche. Link et Navi sont étonnés par les cris de bienvenue de la fille. C'est comme s'ils étaient attendus comme des dieux vivants ! En un clin d'oeil, elle se lève et se précipite devant le Kokiri, les mains croisées. Ses paupières clignent de joie non dissimulée. Link et Navi ne sachant que faire, murmurent un salut. Le villageois va à la rencontre des visiteurs.

Il s'agit d'un jeune Goron. Il semble se tenir à distance de la fille. Il souhaite une joyeuse bienvenue à l'Hylien et à la petite fée, puis, il est rejoint par d'autres habitants. On ne se presse pas d'accueillir les visiteurs, on se contente d'avancer doucement en énonçant des mots gentils. Curieusement, s'ils entourent bien la fille, ils semblent faire preuve de prudence envers elle. Que leur a-t-elle fait pour leur inspirer de la méfiance ? De la prudence ? s'interroge Navi. Les habitants les invitent à se restaurer. Link accepte volontiers en espérant être bombardé de renseignements sur la tour verte. La fille les accompagne joyeusement en sifflotant.

Un Zora les accueille sur le pas de la porte sans battant. Un rideau orne toutes les entrées des maisons. Ce Zora est un peu gros mais respire le respect dû à un chef de village. Il sourit à nos amis et également à la fillette. Il leur permet d'entrer dans sa demeure tandis que le reste du village se disperse.

Après quelques mots de politesse, petits renseignements et l'estomac rassasié, Navi et Link abordent la question sérieuse : la tour verte. Le chef du village hausse un sourcil imberbe. Il regarde la fille dont les yeux brillent d'énormes espoirs. Il soupire et demande gentiment à celle-ci de sortir. Elle consent à contrecoeur. Dehors, elle s'adosse au mur, les bras derrière le dos, regardant le ciel. Un enfant joue avec un chien.

Le chef leur dit :

- Je ne connais pas la tour verte mais la fille que vous venez de voir la connaît peut-être. Elle s'appelle Vickie. Je l'ai recueillie lorsque ses parents sont décédés dans un accident. Elle est très gentille, très sympa... Mais elle a deux gentils défauts : la naïveté et... une particularité.

Link et Navi attendent, attisés de curiosité.

- En fait, dès que quelqu'un veut lui faire du mal, Vickie semble être protégée. Si on veut lui faire du mal, on est immédiatement puni. Etonnant non ? Elle a l'étrange faculté de se prémunir contre les méchancetés et c'est parfois pour cette raison qu'elle est naïve. Pour elle, la cause de la malchance des autres doit être attribuée à leur maladresse. Que sais-je encore comme anecdotes qui pourraient vous amuser (il sourit). Mais elle est un peu malheureuse chez nous. Des villageois ont peur de l'aborder même s'ils l'adorent, car dès qu'ils prononcent un mot maladroit de méchanceté, ils se retrouvent dans la "poisse". Elle rêve de voyager un peu partout. Pendant longtemps, par égard pour son jeune âge, je lui ai refusé de partir. Mais aussi parce que je m'inquiète pour son... étrange don. Elle pourrait donc vous conduire chez la grande fée qu'elle voit constamment.

Devant la mine suspicieuse de ses interlocuteurs, le chef soupire et les invite à sortir. Il annonce la bonne nouvelle à Vickie. Très heureuse, elle saute de joie et parcourt le village en courant. Link et Navi se demandent ce qu'elle a dans le ventre. Le chef leur intime de patienter et d'observer un peu la suite des événements.

Vickie tourne dans la cour allant même jusqu'à flirter avec le grand saut. Un grand Hylien s'inquiétant pour elle, se précipite pour la gronder. Son visage grimace d'inquiétude et de colère. Il a un moment oublié qui est Vickie. En courant la rattraper avant le vide, il n'a pas remarqué que la balle lancée par l'enfant passe entre les jambes du grand Hylien. Or, le chien aboyant après la balle galope devant... celui-ci. Ils se heurtent dans un choc bruyant. Il a le nez cassé. Vickie s'arrête pour venir au secours du malheureux habitant. Mû par l'instinct d'effroi, celui-ci recule, tendant une main en l'air, criant : "ça ira ! ça ira ! ne bouge plus !" Vickie opine en souriant, les mains croisées derrière ses fesses, sur la pointe des pieds.

Link et Navi semblent se rendre à l'évidence : Vickie pourrait leur apporter beaucoup à condition qu'ils la protègent et qu'ils soient très très prudents. Le chef les regarde, l'oeil malicieux. Navi est d'avis que Vickie apprenne un peu des choses du monde mais qu'elle doit parfois se tenir, ce qu'elle apprend à la mignonne fille. Vickie hoche vigoureusement la tête. Elle les presse de quitter le village.

Link et Navi n'ont qu'un mot : rester prudent et aller à la tour verte accompagnés par Vickie.

Chapitre 84 : Le transport du trône   up

Un petit chien blanc se promène tristement, les oreilles abattues, la queue hésitant à fouetter l'air, le pif sur le sol. Il se sent abandonné. Il s'arrête un moment avant d'aboyer pour appeler son maître. Il ne peut pas croire que son maître l'ait abandonné, mais il est décidé à le retrouver avec son flair incomparable, plus son orientation. Mais étant jeune et élevé dans un petit village très urbanisé, il n'a pas pris l'habitude de retrouver le chemin dans une forêt. Il y a quelques minutes que son maître l'a abandonné parce qu'il ne pouvait pas le nourrir. Celui-ci a compris que son chien risquait de le retrouver grâce à son flair. Il élimine donc sa trace en s'éclaboussant en pataugeant dans une rivière. Ceci fait, il part le coeur mi-malheureux, mi-apaisé. Il ne doute pas que son chien trouvera un autre maître.

Le chiot suit les odeurs laissées par son maître. "Oui, je vais retrouver mon maître !" Malheureusement, l'odeur s'interrompt brutalement au passage d'une rivière à peine tarie. Interloqué, il gémit puis aboie tristement. "Non ! Ce n'est pas possible !" Puis, il s'assoit les pattes repliées. Son menton se pose sur ses pattes avant, les yeux pétillant de réflexion. Cependant, il ne peut réfléchir, troublé qu'il est par la disparition de son maître. Et il a un petit creux. Il traverse donc la rivière. Marchant plus loin, il renifle soudain une odeur de viande. Il galope donc à la recherche d'un sac à protéines. Gagné ! Un morceau de viande est bien là mais un petit rat aux dents très acérées est en train de le contempler. Le chiot ne peut laisser l'affront à un rat de tenir un territoire. Il grogne avant de s'élancer. Le rat comprenant la partie, préfère s'éclipser. Heureux par les événements, le chien tient à marquer la viande en levant une patte arrière. Il a appris cela de sa mère. Puis il mord un morceau rouge. Un chien adulte se serait méfié devant un "corps" inanimé mais le chiot ne fait guère la différence entre un "corps" et un morceau de viande. En effet, les chiens d'Hyrule sont capables d'identifier si un morceau du corps est bien inanimé ou non. Le petit chien n'a pas encore développé toutes ses facultés d'identification. Il régale donc son estomac.

Dans la chair de la viande se cache un petit asticot blanc qui attend patiemment le moment que le chien vienne le prendre au royaume de l'estomac. L'asticot contient en son sein des milliers de soldats du démon Rin. L'ennemi des déesses espère ainsi pénétrer à la cité royale à travers le chien. Pour cela, il a patiemment observé les événements. Il a assisté à l'abandon du chien. Ça tombait bien pour lui ! Il a fait entrer ses démons dans un asticot et dans un morceau de viande. Car il savait qu'une petite troupe trouverait sur son chemin le chiot. La petite troupe n'est autre qu'un couple et leur petite fille de cinq ans ainsi que des cavaliers, Sagatt et Veroga.

Le couple tire un petit chariot transportant une grosse boîte en bois contenant le fameux trône. Les fermiers ont accepté d'aider les envoyés de la reine en allant requérir auprès des voisins. Les voisins, un couple et une petite fille, ont volontiers accepté la requête de nos amis : transporter un trône. Sagatt leur a précisé qu'une forte récompense leur serait offerte en cas de succès jusqu'à la cité royale et surtout au château. Puis Sagatt et Veroga firent leurs adieux agréables aux fermiers. Ceux-ci ne voulurent pas savoir comment on avait trouvé un passage secret vers le trône. Etant très occupés par leur labeur quotidien, ils voulurent bien céder leur prestigieuse et provisoire propriété aux amis de Zelda.

L'ensemble de la petite troupe s'arrête un moment afin de laisser prendre des forces à leurs chevaux. Ils retrouvent facilement le chemin du château. L'asticot sait qu'il lui faut aller très vite faire subir de petits désagréments au petit chien, l'obligeant à se mouvoir. Le chiot sort de l'armée des forêts. Son pif sent agréablement l'odeur d'une petite fille. Méfiant au début, il s'élance finalement vers la troupe. Les parents se retournent vers l'origine des bruits de galop. Avant qu'ils ne fassent un mouvement, leur fille téméraire se jette sur le chien. Peu habitué aux débordements d'une enfant, le chien grogne une seconde puis jappe. La fille aimerait l'adopter ce qui amène des petites réflexions aux parents :

- Priscilla, tu veux adopter ce chien ? On ne sait pourtant pas s'il a toujours son maître, remarque la mère.
- Maman ! S'il te plaît !
- Priscilla, maman a raison. On ne sait pas s'il s'est promené avec son maître il y a peu de temps. De toute façon, vas-tu te dévouer à cajoler ce chien ?
- Papa !!! S'il te plaît !

Le chiot semblant comprendre l'importance des débats régnant au sein des Hyliens, se met au garde-à-vous, la queue baissée. Il regarde les parents, les yeux brillant d'espoir, la mâchoire dégoulinant. Qui n'aurait pas envie de l'adopter rien qu'en voyant ses yeux mignons ? Le chien est intelligent malgré son âge et comprend immédiatement qui sont les nouveaux maîtres à convaincre : les grands Hyliens. Il ne bouge plus même si c'est dur pour lui. Il regarde ensuite Sagatt et Veroga.

Sagatt, compatissant envers Priscilla, intervient :

- Madame, monsieur. Je pense en toute expérience qu'il s'agit d'un chien abandonné. Vous voyez une marque autour de son cou ? Il n'est pas tenu en laisse. On peut aussi remarquer qu'il a une mâchoire tâchée de morceaux de chair chaude. Or, un maître qui se respecte à Hyrule ne promène pas son chien avec de la nourriture. Ce chien est très jeune. Comment penser que son maître le laisse déambuler à une grande distance ? Il risque de se perdre en forêt. Vous ne le savez pas mais j'ai remarqué qu'un chien de cité se différencie beaucoup de celui de la campagne. Ce chiot vient sans doute d'une cité puisqu'il a les poils bien lisses, il a très peu de traces de griffure sur son corps. Un chien de campagne au contraire a l'aspect négligeable et porte souvent des traces laissées lorsqu'il rencontre des petits monstres.

Le flot de ses paroles convainc la mère. Le père pour s'assurer de la docilité du chien se lève pour faire face à l'animal. Le chiot, conscient de l'importance du moment, se baisse et reste à quatre pattes allongées, la queue rentrant sous le corps, la tête reposée sur les pattes, les yeux levés vers le père. Celui-ci comprend immédiatement qu'il serait un bon animal de compagnie obéissant. Il comprend aussi qu'il faut de la compagnie à sa fille qui risque d'étaler ses caprices lorsqu'elle s'ennuie. Il sourit à Priscilla en acceptant. La fille bondit et remercie beaucoup ses parents. Le chiot gagne la joute des coeurs (ainsi que Rin qui a gagné le droit à ses serviteurs de pénétrer tranquillement dans la ville de Zelda). Il lèche la main de Priscilla. Veroga sourit. Sagatt se met un peu à l'écart afin de réfléchir à son enquête.

"L'existence de Rin révélé par l'âme de Laulu modifie beaucoup la donne. En effet, si des sbires de Rin n'ont pas pu pénétrer la cité donc la bibliothèque pour assassiner l'assistant de Billo, qui donc l'a meurtri ? Un sbire de Pandore ? Que faut-il penser des inquiétudes d'Arnaqua au château (il se méfiait et épiait par-dessus son épaule) ? Qui a éliminé Arnaqua si les deux sbires de Pandore n'y sont pour rien ? Qui a tué le père de Zelda ? A l'évidence Pandore voulait les secrets pour pénétrer au Saint-Royaume. Je me demande... Je me demande... Si les deux serviteurs de Pandore étaient à Cocorico, n'était-ce pas pour servir d'avertissement ? A qui ? A ces sbires ? Je ne le pense pas sinon ils sont assez serviables envers Pandore pour la trahir. De plus, ils avaient dû comprendre que la mort d'Arnaqua leur aurait servi de leçon. Sinon si Pandore a bien été l'instigatrice du meurtre d'Arnaqua, a-t-elle besoin d'envoyer ses deux mecs ? Apparemment non puisqu'ils n'avaient pas bougé pendant la mort du malheureux, à en croire l'hôtesse." Une hypothèse envahit de plus en plus l'esprit de Sagatt : et si les deux personnes servaient d'avertissement à son encontre ? Sagatt commence à avoir un peu mal à la tête. Il préfère donc s'asseoir au pied d'un arbre et poser ses objets qui encombrent sa poche ventrale. Les objets déposés, il remarque une mouche mécanique inanimée. Il la prend pour la nettoyer un peu.

Il rigole en se souvenant de la mouche qui avait espionné les enfants Link et Zelda lors de son arrivée à la cité royale. Espionner... Espionner... La mouche...

Mais c'est bien sûr !

Chapitre 85 : La divine fée   up

Le regard perçant, le bec piaffant de chair odorante, le vautour au très long bec observe attentivement les alentours. Au-dessous de ses fesses, des petits vautours qui crient. "Ils ont faim ? Eh bien, je vais les chercher." Un petit habitant du Saint-Royaume fera bien l'affaire parce que ce vautour est un géant qui peut facilement agripper une personne pour la mutiler à coups de frottement contre les murs de falaise. Gauche ? Rien. Droite ? Rien. Derrière ? Rien. Devant ? Rien. Ah non ! Il y a bien deux personnes. Il les regarde attentivement. Une personne féminine qui court sur les longs escaliers taillés et une personne masculine habillée en vert qui suit doucement derrière.

Il comprend qu'il vaut mieux ne pas s'attaquer à la personne au bonnet vert. Il est capable de percevoir les dangers en faisant la différence entre diverses personnes. Par contre... la fille rose... petite... insouciante... lui va bien ! Kroa ! Kroa ! Il déploie ses longues ailes et descend... Aucun danger de se frotter à Link ! Il est trop loin de Vickie pour cela ! Kroa ! Kroa !

Agrippé sur une des fissures de la falaise se trouve un drôle de singe dont la couleur se confond avec la falaise rose. Il n'a pas de poils mais possède quatre grosses pattes qui peuvent facilement briser une pierre. Il est un très bon alpiniste et funambule. Lui aussi, il a le ventre un peu creux et voudrait casser une petite croûte. Il gratte son crâne chauve, puis ses trous de nez et enfin ses fesses. C'est une manie chez lui de laver son corps. Il se contente d'attendre et d'observer ce qui se passe en bas. Il a parfois l'habitude détestable de sauter en bas pour fracasser le crâne d'un chamois ou d'un autre animal. Enfin, lorsqu'il n'y a pas d'autres animaux dépêchés par les Intouchables et chargés de surveiller tout prédateur en puissance. Tiens ? Une habitante ? Elle a l'air maigre... ça tombe bien ! Le singe rose descend... sans remarquer Link.

Navi a tout vu : le vautour qui plane vers Vickie et le singe qui saute vers la fille. Link n'a pas le temps de la protéger mais cela était inutile. Inutile parce que les deux prédateurs s'entrechoquent en l'air et tombent dans le vide jonché de sapins. Le vautour aura sûrement les ailes cassées et le singe le bras abîmé. Navi et Link se regardent, la gorge nouée : Vickie n'a vraiment pas besoin de Link puisque son aura particulière suffit à la protéger efficacement.

Vickie attend Link et sa fée qui viennent d'admirer l'entrée de la grotte. La porte est magnifiquement taillée. Elle est rectangulaire, bleue et en calcaire lisse. Elle possède également le symbole de la Triforce en plomb sur son linteau. Il semble à Navi que ce symbole ait été gravé récemment. Elle doit se tromper sûrement. Ils y pénètrent. Link est abasourdi par la beauté régnant à l'intérieur de la grotte. Des milliers de lucioles brillent partout. Un petit lac d'une très faible profondeur abreuve le milieu de la pièce. Des colonnes frustes nichent autour du lac. Les murs sont bleu marine. Link et Navi ne bougent plus, fascinés par la beauté du lieu. Même les grottes des grandes fées et des petites fées à Hyrule semblent être moches.

Soudain, une boule jaune vient se déposer au milieu du lac. En un instant, apparaît une très jolie grande fée. Elle illumine la salle entière. Cependant, si sa lumière inonde la salle, la pièce peut garder sa propre luminosité. Cela paraît difficile à faire gober aux Hyliens lorsqu'ils raconteront l'aspect lumineux de la grotte, pensent Link et Navi. La grande fée porte une robe transparente laissant entrevoir ses contours magnifiques. Un mâle aurait été en rut devant la beauté du corps de la fée, Link montre de l'impassibilité car il vivait dans un endroit où l'idée de la beauté du se xe parle peu. La fée a une longue chevelure rose. Ses yeux pétillent d'une lumière bleue douce. Navi n'a jamais vu de fée aussi jolie. Elle rougit. Link voit aussitôt la lumière de Navi rougir. La grande fée leur adresse un sourire chaleureux. Vickie la salue joyeusement.

- Bienvenue mon enfant Vickie. Bienvenue Link et Navi (ceux-ci s'étonnent). Je suis si contente de vous voir. Vickie, chacune de tes visites me remplit d'une immense joie.

La douceur des paroles ainsi que sa luminosité abreuvent le héros et la petite fée d'une impassibilité sereine sans pareil. Ils se sentent tout à coup apaisés. Ils ne ressentent plus aucun danger qui pourrait les assaillir. Ils ont envie de se jeter dans ses bras. La grande fée continue :

- Je m'appelle Lumina, la divine fée du Saint-Royaume. Il existe aussi deux autres fées ailleurs. Je sais ce qui vous amène. Je vous aime énormément. Je connais vos souffrances comme si elles étaient les miennes. Laissez-moi donc apaiser vos souffrances.

Elle irradie une douce lumière qui englobe non seulement Link mais également Navi. Elle continue :

- Link, Héros de la Destinée et du Temps, je vous ai offert mes pouvoirs. Désormais, vous pourrez augmenter votre puissance magique autant que vous le voudrez. Cela vous permettra d'affronter plusieurs ennemis puissants. Quant à vous, ma fille Navi, vous pourrez à présent guérir n'importe quelle personne. Mais également, vous pourrez invoquer un bouclier vous protégeant des assauts des adversaires. Cependant, vous ne pourrez guérir que deux fois par jour le temps nécessaire pour recommencer la guérison. Laissons la guérison à mes filles les petites fées. J'aimerais aussi vous confier mes filles les fées. Elles sont intelligentes et peuvent vous guérir comme à Hyrule.

Link et son amie ne disent rien. Ils ont peur de gâcher leur bonheur ou que Lumina ne disparaisse brutalement. Lumina leur sourit et leur demande de ne pas avoir peur. Vickie s'enquit du lieu de la Tour Verte. Lumina lui répond volontiers avec une précision époustouflante et aisée à se rappeler. Le Kokiri sait maintenant qu'il pourra facilement trouver le chemin du prochain donjon. Il aimerait que Vickie ne les accompagne pas. Lumina ayant lu ses pensées intervient :

- Mon enfant, vous devez accompagner Vickie. Vous aurez besoin d'elle parce qu'elle est la clé qui ouvre la porte de la Tour Verte. Vickie ?
- Oui maman ! (Link et Navi sont un peu surpris de l'entendre mais ils comprennent que Lumina remplace les parents dans le coeur de Vickie).
- Tu as le bonjour de tes parents comme d'habitude. Si tu veux bien sortir, il y a une jolie chose à voir. Les fleurs ont éclos...
- Merci ! A bientôt ! Lorsque je reviendrai, je te raconterai.
- D'accord mon enfant. Que mes mères les déesses te bénissent.

Après la sortie de la naïve fille, Lumina reprend :

- Mes enfants... Vickie est le sage du Saint-Royaume. Elle ne le sait pas mais s'éveillera lorsque le moment viendra. Il n'y a qu'un sage dans le Saint-Royaume, contrairement à votre pays qui en compte sept. Je vous souhaite un énorme courage car vous affronterez un terrible ennemi. Je l'aime beaucoup tout comme les déesses l'adorent. Lorsque Vickie ouvrira la porte du donjon vert, vous lui demanderez d'aller à la capitale car elle rencontrera bientôt vos amis. (Link et Navi acquiescent) Je pressens au plus profond de mon être que la douce Vickie deviendra la reine des fées et sera ma supérieure mais pour qu'une prophétie s'accomplisse, il faudra que vous battiez l'ennemi. Sagatt et Veroga vous expliqueront tout. Ne vous inquiétez pas pour eux. Ils sont en bonne santé de même que la protégée royale de mes mères, la reine Zelda. Elle viendra également avec vos amis.

Loin de s'inquiéter pour l'avenir, les deux compagnons sont convaincus par Lumina et promettent de mener leur quête à bien et de retrouver leurs amis venus d'Hyrule.

- Partez mes enfants. Que les déesses vous bénissent.

Les deux amis de Zelda quittent la grotte tandis que la fée esquisse un sourire triste. Elle prie les déesses de remettre le démon Rin sur le droit chemin. Elle l'aime beaucoup. Les déesses aussi l'aiment beaucoup... Mais Rin les hait terriblement.

Chapitre 86 : Le cadavre du savant   up

Plongés dans les profondeurs des bois perdus, Sagatt et Veroga font des pas, écartent les mauvaises herbes, des buissons. Ils ont confié leurs chevaux au couple qui les remettra au château royal. Ils présenteront également un certificat royal attestant leur collaboration avec la nouvelle reine. Le géant a invité son amie à venir avec lui pour procéder à quelques vérifications. Il n'a pas voulu donner plus d'explications.

Sagatt hésite sur le chemin à prendre. Ses souvenirs sont un peu brouillés. Il se trompe plusieurs fois de chemin avant de trouver le bon. Il s'exclame joyeusement devant une sorte de maison cachée par des ronces et des racines d'arbres. De mauvaises herbes combattent les murs calcinés. Pas de porte en bois, on note des toiles d'araignée par-ci, par-là. Des plantes fleurissent sur le toit calciné lui aussi. Sagatt explique enfin :

- Il s'agit - si je ne me trompe pas - de la demeure du savant. Ce savant, je te l'ai raconté, a fabriqué deux créatures maléfiques pour le compte de l'oncle du père de Zelda. L'oncle voulait que ses créatures répandent la terreur afin d'attirer l'attention de l'ancien roi. Il échoua à cause de moi (Sagatt sourit).
- D'accord. Mais je ne vois pas ce qu'on vient faire ici.
- Ce savant est le concepteur des mouches-espionnes. Lorsque j'ai brûlé la maison, j'ai capturé une mouche. Je pensais alors qu'il n'en avait conçu qu'une. Mais au fur et à mesure de l'enquête que j'ai faite, j'ai posé comme hypothèse que Pandore possédait également une mouche. Des questions se sont alors posées à moi : le savant a-t-il conçu d'autres mouches ? Si oui, alors Pandore a pu en prendre une avant que je n'incendie la maison. Ou alors... le savant n'est pas mort et il continue à oeuvrer. Si c'est le cas, il aurait pu concevoir une mouche et l'offrir à Pandore.
- C'est pour ça que tu veux vérifier...
- Oui.

Veroga, grâce à son talent de coupe-herbes, peut facilement ouvrir le chemin à Sagatt en éliminant herbes, racines d'arbres, branchages, toiles d'araignée, etc. Le policier a pensé à apporter une torche qu'il a empruntée au couple. Il allume une torche en verre. Sa lumière éclaire faiblement la pièce d'entrée bien qu'on puisse en cerner les contours. Tout est brûlé. Il ne reste rien hormis les bons vieux murs en fer. Des poussières calcinées ornent le sol qui a été du carrelage en marbre. Le savant n'hésitait pas à en acheter pour apporter de l'agrément à sa demeure ! Le géant ordonne à Veroga de dénicher un indice. Veroga n'en trouve pas, mais Sagatt, grâce à son expérience, remarque que des poussières sont moins entassées à un endroit. Son oeil très perspicace observe qu'une sorte de chemin trace le sol jusqu'à un endroit... En fait, il a remarqué que des poussières s'entassent moins sur le long d'un chemin. Il comprend qu'une personne est récemment passée par-là. Il juge qu'elle est venue là depuis un bon moment déjà puisque de faibles branchages viennent de pousser à l'entrée.

Il suit alors le chemin et constate que quatre fissures encadrent un endroit carré. Il comprend que le visiteur est entré dans cette trappe puis l'a fermée depuis quelque temps puisque de la poussière s'est entassée dessus, sauf que cette poussière est grise et non noire. Sagatt dépoussière et ouvre la trappe tandis que la belle féline tient la torche. Ils descendent une échelle en fer. Sagatt s'en veut de ne pas avoir fouillé la salle de fond en comble lorsqu'il a affronté les créatures la dernière fois. Il aurait dû comprendre qu'une grosse étagère cachait la trappe. Mais il était inexpérimenté et encore bouleversé par la mort de ses anciens compagnons de l'armée. Ils quittent rapidement l'antichambre. Ils pénètrent une petite salle où ils sont surpris par un habitant.

Des étagères trônent aux quatre coins de la salle. Les murs doivent être en pierre. Plusieurs livres nichent sur des étagères. Là encore, on voit de la poussière prendre le pouvoir partout. Cependant, c'est le centre de la salle qui surprend nos visiteurs. Une table en bois fruste, un fauteuil en bois fruste et une odeur. Une odeur désagréable qui vous prend à la gorge dès que vous entrez dans la salle. Une personne est assise sur le fauteuil, les bras reposés sur la table, le dos penché et le côté gauche du visage sur la table. Des asticots dévorent son visage encore barbu. Il n'a plus d'yeux déjà dévorés par d'aimables insectes. Son corps est en décomposition avancée. Malgré la décomposition du cadavre, Sagatt reconnaît immédiatement le savant et il le fait savoir à Veroga qui se bouche le nez.

Pendant que la fille s'avance dans une autre pièce, Sagatt remarque une feuille jaunie posée sur la table. A l'évidence, elle porte très peu de poussière ce qui fait penser à Sagatt que la personne était venue chez le savant. Il prend le parchemin et lit... Il pousse alors un gros juron. Veroga ayant entendu se précipite jusqu'à son grand ami. Le menton de Sagatt frémit de colère, les dents serrées, les pupilles éclatant de colère, les sourcils imberbes devenant méchants. Devant l'interrogation muette de Veroga, Sagatt consent à lui lire la feuille :

"Mon cher Sagatt bien-aimé. Comment vas-tu ?

Je te fais part de mes félicitations pour tes talents d'enquêteur. Tu n'ignores pourtant pas que je te félicite ironiquement. Je pense que tu auras deviné que je possède une mouche-espionne. Eh bien, grâce à cela, j'ai pu vous écouter en toute tranquillité. Et j'ai appris pas mal de choses mais insuffisamment. Peu importe... J'ai eu une chose que je voulais... Grâce à votre ami Rafaeli - avec qui j'aurais très bien pu forniquer... dommage - peu après votre passage à la baie des Zoras verts, j'ai réalisé une chose inouïe dont je préfère ne pas dévoiler le secret. Mais je me suis bien amusée ! Tiens ? Je te sens bouillir de colère ? Ne pleure pas... Tu m'humiliais autrefois, je te le fais à mon tour. Je savais que tôt ou tard, tu interrogerais le vieux savant. Alors, j'ai pris la décision de l'éliminer. Exit le savant ! Non sans avoir fait l'amour avec lui. Je peux te dire que je suis frustrée avec lui sur la scène d'amour. Tu t'en fous, je suppose ? Tu as raison.

La bienheureuse nouvelle, je te l'annonce : le savant a fabriqué deux nouvelles créatures bien plus puissantes que les anciennes. Avec la chance, tu as battu les anciennes mais... là ce n'est que partie remise et avec mes deux nouveaux serviteurs, je te mutilerai vivant, sois-en sûr. Je n'ai jamais oublié mon humiliation : ne pas t'avoir mis sous ma coupe se xuellement et mentalement parlant. Encore pire, tu m'as laissée vivante. Cette fois, on se battra de nouveau et tu ressentiras l'humiliation. Mais je ne désespère point de te séduire avant de te tuer.

Sur ce, je dois te laisser vaquer à tes merveilleuses occupations. Bisous.

Pandore."

Un silence suit la lecture. Sagatt dit :

- Pandore a sans doute rencontré Rafaeli durant l'absence de Link alors dans le passé. Sinon, elle n'aurait jamais mentionné l'échec de "fornication". Je la connais bien. Elle adore séduire les mâles et je la vois mal "épargner" Rafaeli. Elle aura sans doute essayé de lui faire des propositions, ce à quoi il se sera refusé. Ou alors, Rafaeli, sachant sans doute que Pandore avait sa mouche, l'aura avertie. Oui, Veroga ?
- Je pense que les créatures que nomme Pandore sont nées de l'autre côté...

Le géant finit par déchirer la feuille et suit la fille. Il entre dans la pièce où se situent deux gros aquariums desséchés. Ils ne semblent pas avoir de batteries destinées à approvisionner de l'eau ou à produire de l'énergie. Plusieurs fioles brisées jonchent le sol. De vieux parchemins sont aussi mouillés et devenus secs depuis. Sagatt regarde Veroga. Un regard lourd d'inquiétude. Son amie préfère ne rien dire. Ils reviennent sur leurs pas.

Au moment où ils allaient sortir, Sagatt remarque un détail qui ne lui plaît pas. Alors que plusieurs étagères sont pratiquement habitées totalement par des livres, une seule présente quelques ouvrages clairsemés. Il invite son amie à bouger le meuble. Elle obéit sans poser de questions. En tirant le meuble et en le faisant tomber, ils actionnent le mécanisme d'ouverture. Veroga ramasse la torche posée sur une étagère et suit son ami à l'intérieur du passage secret.

La salle secrète ressemble un peu à la pièce de conception des deux créatures. Un aquarium vertical est également adossé au mur. Sagatt ne marche pas sur plusieurs bris de verres et déconseille à Veroga de se balader. Des traces d'eau sèche inondent la salle. Veroga regarde Sagatt qui demeure mutin. Une voix :

- Veroga, je pense que Pandore ne connaît pas le passage secret sinon elle n'aurait pas manqué de triompher dans sa lettre. Cela signifie que loin d'obéir à la succube, le savant a travaillé en secret à la conception d'une créature secrète. Mais est-elle en relation avec les deux créatures ? Ou est-elle destinée qu'à obéir au savant ? Ou encore, le savant travaille-t-il pour d'autres ? Quoi qu'il en soit, nous avons sur les bras plusieurs ennemis : Rin, Pandore, les créatures et le mystérieux monstre du passage secret.

Chapitre 87 : La Tour Verte   up

Rien. Il n'y a rien à raconter sur la randonnée de Link, Navi et de Vickie jusqu'à la Tour Verte. Si ce n'est que Vickie semble apporter du malheur à quiconque veut l'agresser. Du coup, Link n'a pas eu besoin de la surveiller de près. Cependant, pour le bien du chef du village, il veille sur Vickie. Il a promis aussi à la grande fée de la conduire jusqu'à la Tour Verte et ensuite de la laisser partir. Conformément aux explications de la divine fée, ils retrouvent facilement le chemin. Ils s'étonnent de ne pas avoir rencontré d'habitants. Ils n'ont vu que des prédateurs et des herbivores. La Tour Verte, nous voilà !

La Tour Verte ressemble à une longue pagode verte de plus de deux cents mètres. Chaque étage est surmonté de plusieurs colonnades vertes qui penchent vers le bas. Pas de fenêtres. Un aspect dépouillé. Au sommet de la tour, on voit une sorte de boule au sommet de laquelle une flèche est pointée vers le ciel. Elles sont de couleur jaune. A la base du monument, une porte rouge massive, sur les panneaux latéraux sont sculptés des symboles de la Triforce. Sur le parvis de la tour et juste devant la porte, deux sculptures de lions accueillent les visiteurs. Autour de la pagode, un fleuve violet. Un pont en pierre emmène Vickie et ses amis vers l'entrée. Plus loin, des forêts et des chaînes de montagnes.

Avant d'entrer, Link veut s'assurer que le renfort de Vickie n'est pas vain. Il esquisse un mouvement pour enlever deux gros battants de porte. Une étrange aura électrise sa main. Link recule instantanément. Navi comprend qu'il faut un sortilège qui brise la magie anti-intrus. Cependant, elle sourit et fait signe à Vickie de s'avancer. Elle obéit, grisée par l'aventure qui dissipe ses jours moroses. Inquiète, elle hésite à toucher le battant. Link l'encourage doucement. Revigorée par l'assurance de Navi, la fille touche la porte et... elle s'ouvre toute seule, par miracle ! La fée se demande si c'est à cause de l'innocence d'une fille que la porte a pu s'ouvrir. Apparemment, l'aura étrange de Vickie repousse l'aura agressive de la tour. Au moment d'entrer dans la tour, Vickie est arrêtée par Link.

- Vickie... La fée nous a demandé que tu ailles toute seule à la capitale afin de rencontrer nos amis. Tu sais, elle a de bonnes raisons. Elle pense qu'il ne t'arrivera rien jusqu'à la cité. Et puis, tu dois aimer partir à l'aventure, non ? argumente doucement Navi.
- Oui !!! s'exclame Vickie souriante.

Sans se poser de questions et sur les indications de Link, la fille rose retourne sur ses pas, confiante en sa mémoire et parce qu'elle est très excitée de poursuivre le chemin seule. D'ailleurs, le héros lui promet de la retrouver une fois qu'il aura trouvé la dernière boule. Elle fait surtout confiance aux conseils de sa grande fée préférée plutôt qu'aux recommandations de Navi. Lorsqu'elle passe le pont, Navi et son ami préfèrent attendre un peu pour observer Vickie. Justement, ils remarquent la présence d'une panthère violette à dents de sabre sortir d'une mare de même couleur. Elle semble vouloir dévorer la fille. Navi retient Link. Elle a raison de ne pas intervenir. Une sorte de ruche pour abeilles est frottée par la queue de la panthère. De la ruche sortent des abeilles dérangées qui agressent le prédateur. La panthère s'enfuit et se jette dans la mare.

Link et Navi soupirent. La fée se jette sous le bonnet vert pour se dorloter contre les mèches blondes.

Première entrée, premières impressions. La salle est austère. Nulle trace de style baroque dans la tour. Des murs lisses sans trace de travail d'artisan. Le vert est partout, que ce soit sur les murs, le sol ou le plafond. De même, des nuages verts courent un peu partout. Un étrange sentiment d'irréalité s'empare de notre ami. Il prend le majestueux escalier vert montant à la porte verte suivante.

Après, ce n'est que des épreuves innombrables et stressants à souhait. Link apprend amèrement que pour un échec, c'est la téléportation à la case départ au rez-de-chaussée. Plus le droit à l'erreur donc. Lorsqu'un échec si minime soit-il vous transporte à l'entrée, vous êtes épuisé par la fatigue de devoir recommencer à zéro. Heureusement, le grand courage et le statut respecté du héros lui permettent de dompter la tour.

Des épreuves ? Il y en a des centaines, plus nombreuses que tous les donjons d'Hyrule réunis. Link doit par exemple frapper sur des cloches pour discerner les différents sons qui ouvrent ou ferment plusieurs portes à la fois. Un son aigu ferme la porte, un son grave l'ouvre. Un problème arrive lorsqu'il doit affronter un monstre sous forme de main verte. Quand il a fini de l'affronter, il remarque que des cloches sont permutées. Navi doit donc surveiller la permutation des cloches pendant que Link affronte le monstre. La permutation des cloches se fait dans le plus complet silence et dans la meilleure discrétion possible. Il faut toute la perspicacité de Navi pour empêcher Link de connaître un échec.

Dans une autre épreuve, Link doit sauter d'une trappe volante à une autre. Seulement, une trappe disparaît parfois dans un son aigu. Il utilise alors une botte des airs pour ne pas sombrer dans le vide. Il utilise parfois le grappin pour l'accrocher à une trappe. Il arrive qu'une trappe fasse trébucher le Kokiri et seules ses forces d'agripper le rebord de la trappe l'empêchent de tomber.

Il doit frapper une statue parmi cinq pour qu'elles soient de même couleur. Rouge, noir, vert, bleu, jaune, peu importe pourvu qu'elles aient la même couleur. Une statue scintille entre plusieurs couleurs et si la couleur n'est pas la bonne, Link est transporté à l'endroit juste avant la salle des statues. Il enrage alors. Il répète l'opération jusqu'au résultat escompté : il arrive à avoir une couleur rouge conforme aux quatre autres statues rouges.

Il déambule parfois dans un long labyrinthe enfermé entre ses courts murs. Link aurait pu aisément franchir les murs mais il a peur d'être téléporté pour "tricherie". Il est désormais prudent à la tour. Navi, en bonne intuitive qu'elle est, tire Link des mauvais pas.

Ils doivent aussi pousser des grosses billes de couleurs différentes et les ranger dans des petits paniers correspondant à une couleur précise. Auparavant, ils doivent respecter l'itinéraire tracé sur le sol. Si des cases sont rouges, il doit pousser la bille rouge sinon celle-ci disparaît pour réapparaître dans l'autre pièce. Il y a un gros levier pour changer une couleur. Changer de couleur, pousser une grosse boule, la ranger dans une petite cavité est fatigant. L'endurance de Link lui permet de passer l'épreuve. Et pourtant... son corps commence à ressentir les blessures insidieuses : la fatigue. Des fois, il doit faire appel à Navi qui le guérit. Lorsqu'elle épuise ses dons de guérisseuse, Link doit faire attention aux fioles rouges qu'il transporte, et également aux fioles enfermant des petites fées. Il préfère les conserver pour plus tard.

Il doit rassembler des cubes en vue de faire une pyramide avant que l'eau n'inonde la salle. Cela demande une réflexion rapide et une vitesse ainsi qu'une endurance épuisante, surtout lorsqu'il faut mettre un cube au bon endroit, c'est-à-dire à une distance respectable de l'ouverture par laquelle Link entrera. Ou encore il affronte trois chevaliers bardés d'armures comme à la grotte du Cerbère. Blessé maintes fois, il réussit à les vaincre. Il reçoit comme récompense de sa victoire sur les chevaliers des super bottes des airs lui permettant de léviter pendant longtemps. Grâce aux bottes, il peut traverser le vide sans encombres...

Parvenu devant la salle du boss, Link et Navi se demandent : qu'est-ce que cela peut être comme boss après le Cerbère ?

Chapitre 88 : Magalène au château   up

Sagatt et Veroga remettent leurs chevaux aux palefreniers. La fille n'a fait que rendre le cheval blanc à sa propriétaire, la reine Zelda. Mais le cheval semble l'adorer beaucoup puisqu'il hennit lorsque Veroga quitte l'écurie. Elle le console et lui promet de revenir quand cela sera possible, en ajoutant que Zelda aura du plaisir à le chevaucher. La jument blanche, rassérénée par les paroles de la féline, se calme. Le duo prend le chemin du château et entre dans l'un des couloirs menant au jardin. Ils longent le jardin jadis emprunté par Link enfant. Peu avant de pénétrer dans le tunnel, ils retrouvent le couple et leur fille. Elle joue à la baballe avec le chien adopté. Ils ne se doutent pas qu'une immense armée du démon Rin niche dans l'estomac du chien. L'astuce de Rin a marché : il suffit de se cacher dans un corps innocent pour passer à travers les mailles anti-Rin. Le géant et la guerrière du vent dépassent le tunnel gardé par des soldats. Ils retrouvent bien sûr la reine, Rauru et Billo. Sagatt est surpris par la présence de Magalène vêtue d'une lourde robe blanche.

L'amie d'enfance de Sagatt lui sourit en rougissant. Répondant au géant, elle explique qu'elle s'est souvenue d'une information qu'elle estimait utile de communiquer à son ami. En réalité, elle profite de ce moment pour revoir un ami qu'elle aime tant. Elle raconte qu'elle a été aidée par une amie à traverser mers, montagnes et plaines pour arriver à la cité royale. Grâce à son intuition de voyante, elles ont pu éviter pareilles mésaventures. Ensuite Magalène n'avait plus qu'à murmurer le nom doux de Sagatt pour pouvoir rencontrer Billo et ensuite Zelda, bien que le deuil lui interdise normalement de se montrer aux sujets. Sagatt opine et attend l'information.

Magalène répond :

- Il s'agit de l'entrevue entre ma grand-mère et l'aïeul de Sa Majesté. Ma mère me l'avait racontée peu avant sa mort. Je ne l'ai répété à personne mais je ne savais pas que cela pouvait devenir important pour vous (elle parle de Veroga, Sagatt, Link et les autres compagnons). Je ne sais pas vraiment si cela peut vous aider mais...
- Dis toujours, murmure doucement Sagatt tel un loup.

Veroga fronce les sourcils. "Qu'est-ce qu'il attend pour se rapprocher de Magalène ? Il n'était pas vraiment honnête avec la voyante. J'espère que l'arrivée de Magalène va souder leur lien d' "enfance"."

- Eh bien... commence Magalène

"C'était il y a des années avant la naissance du grand-père de Zelda...

Le soleil brillait sur les abords du Lac Hylia. Une petite troupe se rafraîchissait au bord du lac. Elle se composait du roi, de son épouse et de leurs fidèles serviteurs. Le roi voyageait sur toutes les terres d'Hyrule afin de tisser des liens avec ses sujets. Le roi, âgé d'une trentaine d'années, avait la mine d'un ours, le ventre musclé, les yeux bleus, les cheveux noirs, les sourcils minces et des oreilles hyliennes avec des boucles. Il ne portait pas de couronne, ni d'apparat royal. Il aimait vivre sans l'étiquette. Son épouse qui ressemble beaucoup à sa descendante Zelda est du même avis que lui. Elle avait été reine avant de céder sa place à son époux venu d'une autre région. Elle n'aimait pas gouverner et préférait conseiller son mari ou un chambellan. Elle n'avait pourtant que vingt-trois ans. Elle préférait prendre du temps avant de tomber enceinte. Son intuition royale lui avait dit qu'elle n'avait pas à s'inquiéter concernant sa fin prématurée avant de tomber enceinte. Son mari avait cependant un rendez-vous à honorer. Une entrevue avec une célèbre voyante venue des îles peuplées par des Humains.

Il l'aperçut enfin sortant de la future demeure du savant. Nul corbeau ne s'aventurait jusque là. Ils préfèraient ne pas chercher noise à Sa Majesté. Une mignonne femme ronde, aux cheveux bouclés et à la queue de cheval tombant derrière son dos jusqu'à sa taille, portant une longue robe dont je devrais hériter plus tard, s'avança et voulut se prosterner mais le roi l'en empêcha, ce qui lui valut un sourire approuvé de la reine. Contrairement au protocole, le roi l'invita galamment à passer devant lui. La reine préféra ne pas demander les teneurs de l'entrevue secrète plus tard.

Assis sur des tabourets, à une distance des mauvaises oreilles, le roi et la voyante commencent à discuter.

- Si vous n'étiez pas une voyante renommée, je ne vous aurais jamais accordé une entrevue. Vaut-elle le détour, madame ?
- Oui sire, c'est exact. J'ai eu récemment des prémonitions graves que j'estime devoir vous communiquer. Il en va peut-être de la survie du royaume.
- Je jugerai, madame. Parlez, je vous en prie.
- Bien sire. Je n'ai à dire qu'une chose. Mes prémonitions sont courtes mais très parlantes. Un jour, votre descendant direct provoquera le chaos dans le royaume. Il fera des morts et des ruines. C'est tout ce que j'ai à dire.

Le roi ne dit mot, mâtiné d'un flegme imperturbable. Cependant, son cerveau était teinté d'inquiétude car il n'ignore pas que les prédictions de l'aïeule de Magalène se révélaient justes. Il voulut encore poser des questions.

- Etes-vous sûre de votre prédiction ? Qui peut bien être mon descendant direct ?
- Sire, je ne le sais vraiment pas, mais j'ai la conviction qu'il pourrait s'agir de votre futur fils qui n'est pas encore né.

Le roi resta toujours imperturbable mais son cerveau bouillonnait toujours. Allait-il ne pas honorer son épouse afin de ne pas déclencher une future crise grave ? Non car son épouse ne le permettrait pas. Elle dirait qu'on n'aurait qu'à éviter la crise en faisant ceci, cela. Sa Majesté dit encore :

- Connaissez-vous les raisons de la future folie de mon descendant ?
- Non, je pense qu'il cherchera à devenir roi. Ce n'est que mon humble avis, sire.
- Bien, bien. Je vous remercie. Je vais prendre des mesures pour empêcher l'inéluctable. Une question : les prophéties sont-elles guidées par le destin ou par les êtres vivants ?
- Les êtres vivants, j'en ai l'intime conviction sans pouvoir vous donner une preuve, sire.

Ainsi se termina l'entrevue qui s'avérera fatale à Hyrule des années plus tard. La voyante eut raison de dire que ce sont les êtres vivants qui sont à l'origine des prophéties. Pour elle, les prophéties ne faisaient que raconter les "prouesses" des habitants sans que le destin ait son mot à dire. L'ironie du sort voulut que ce soient les prophéties qui provoquerait la guerre civile. Car des années après l'entrevue, naquirent des jumeaux dont l'un d'eux serait le futur grand-père de Zelda. D'où la décision de ne pas confier un fragment de la Triforce à ceux-ci, ni au fils éventuel d'un jumeau. En effet, le roi dicterait secrètement au prédécesseur de Rauru de ne confier les rênes du pouvoir qu'au fils d'un jumeau qui le mériterait, et de céder un fragment de la Triforce à une descendante. Les mauvaises évaluations envers l'enfance des jumeaux provoquèrent la jalousie de l'oncle du père de Zelda. La jalousie ombrageuse de l'oncle incita alors le jeune sage Rauru et d'autres sages à choisir secrètement le grand-père de Zelda. Conséquences : une guerre civile."

- Je comprends mieux la véritable origine du conflit, dit Sagatt. Peut-être que si ta grand-mère n'avait pas révélé ses prédictions au roi, je ne serais pas devenu soldat pour trucider les créatures, la mère de Link ne serait pas morte en confiant son enfant aux Kokiris et bien d'autres choses encore... Reine Zelda, sauf votre respect, je trouve les décisions de votre aïeul stupides. Encore que je me demande ce que je ferais si j'étais le roi."

Zelda ne dit mot mais comprend les hésitations cruelles de son aïeul. "Aurait-il fallu ne pas croire la voyante ? Je ne sais pas vraiment mais ce qui est fait est fait. La prophétie a fait son travail. Le moment est venu de mettre le trône ramené de la ferme avec l'autre." Elle murmure une voix sereine :

- Magalène, je te remercie. Tu dormiras chez moi. Il nous faut à présent amener le trône dans la salle d'audience. Je tiens à ce que vous, Sagatt et Veroga, assistiez au transport du siège royal.

Alors que Sagatt allait se précipiter par la "porte-fenêtre" du jardin, Veroga le tire par la manche.

- Sagatt... Tu ne vas pas me dire que tu ne peux te rapprocher de Magalène qui t'aime tant.
- Veroga. Ce n'est pas le moment de me casser les pieds. J'aime bien Magalène mais cela reste de l'amitié sans plus. Voyons donc les trônes.

Ils ont parlé à voix basse. Veroga râle intérieurement mais n'évite pas de montrer ses sourcils froncés à Sagatt. Magalène ne les entend bien sûr pas mais regarde beaucoup Sagatt. Elle ne veut pas brusquer son ami d'enfance. Elle élance ses mains et les masse maladroitement, posées sur son ventre. Sagatt, avant de retourner à la salle du trône, pointe un regard discret en direction de Magalène avec une pensée à l'esprit : C'est vrai qu'elle est très craquante avec sa timidité. Je verrai cela avec elle plus tard.

Chapitre 89 : Le réconfort des dieux   up

Période du Grand Chaos

La princesse Zelda vient d'entrer dans un petit sanctuaire, sans la fée Vina. Le sanctuaire alors longtemps abandonné est à présent en bon état de conservation. La princesse qui aime beaucoup fréquenter l'endroit, reçoit l'aide des habitants du coin. Ces habitants ont restauré le sanctuaire tombé en ruines. En retour, Zelda les réconforte du mieux qu'elle le peut. La région du sanctuaire se situe non loin des collines, derrière une région de marais. Zelda s'y était réfugiée avec la fée Vina et ses gardes du corps, les vieux Sheikahs Orion et Sirius. Aghanim la recherchait bien sûr mais il semblait qu'il ait abandonné rapidement les recherches. Et Aghanim disparut mystérieusement. On murmura qu'il fut assassiné par le mercenaire Ganondorf. Depuis, elle grandit dans la région qu'elle a adopté pendant la guerre qui déchirait presque tout Hyrule. Grâce aux marais et à la vigilance des habitants combinés aux commandements des Sheikahs respectés, aucune armée malfaisante ne put pénétrer dans le pays.

Sirius et Orion tentèrent d'apprendre à leur princesse les préceptes royaux et les principes de commandement royal. Zelda écouta attentivement leurs conseils et leur enseignement mais grandit tout de même malheureuse. Enfant elle perdit sa nourrice et ses parents, surtout sa mère. Bien qu'elle apprécie beaucoup la chaleur des habitants, elle ressent une sorte de vide. Si la fée n'était pas là, elle se sentirait encore seule. En gros, elle manque de motivation pour devenir un jour une digne reine capable d'unifier Hyrule. Pourtant, elle sait pertinemment que pour parvenir à une paix durable tout le socle du royaume repose sur elle.

Elle est maintenant une jeune fille. Elle ressemble beaucoup à sa mère et plus tard à sa descendante Zelda, amie de Link. Son visage mélancolique émeut les habitants, elle fait tourner les têtes des jeunes hommes. Pourtant, ceux-ci n'osent pas l'aborder par respect à sa personne royale. Depuis quelques années, des troupes de mercenaires sont éparpillées et dispersées, Niséro, Angiflar, Ganondorf, les terribles bourreaux ont disparu. Cependant, la génération suivante prend la place des mercenaires : les jeunes seigneurs. Ceux-ci semblent oublier la famille royale et ne songent qu'à acquérir terres ou pouvoirs. Le danger d'Aghanim et des horribles mercenaires ayant disparu, le moment est venu pour les Sheikahs de pousser leur princesse sur la scène internationale. Plus le temps passe, plus les habitants commencent à croire que la famille royale a été exterminée. Et puis, une reine de même sang est synonyme de forte espérance. Mais Zelda a peur de décevoir les gens. Elle hésite. Elle repousse parfois la date de son départ pour faire le tour d'Hyrule.

Et elle se retrouve dans le sanctuaire. Celui-ci a des vitraux simples, rouges et bleus, avec des symboles de Triforce (ordre de Zelda qui aime beaucoup ces symboles). Un tapis rouge et vert inonde le sol rocailleux et lisse. Une cavité ronde se situe au fond du sanctuaire avec ses trois statues de déesses. Ces statues très dépouillées, sans visage, ont été sculptées par les artisans du coin sur commande de Zelda. Elles sont peintes pour chacune d'une couleur : rouge, vert et bleu. Il y a quelques chandelles fixées entre chaque vitrail mais pas de trace de chaise, ni tabouret ou fauteuil. C'est encore Zelda qui avait désiré que le sanctuaire fut ouvert à tous ceux qui aiment y prier. Sans le savoir, elle commande comme une reine à restaurer et à orner le temple.

Elle s'avance seule devant les statues. Il n'y a personne. Les Sheikahs ont préféré qu'elle soit seule et retrouve son inspiration de reine. Elle s'assoit sur les genoux, regarde longtemps les statues puis pleure. Elle prie comme le lui ont appris les Sheikahs mais n'a pas la force de continuer. Le dos voûté, elle regarde le sol. Elle se demande si les dieux ou les déesses soutiennent vraiment Hyrule. Elle a l'impression qu'ils l'ont abandonné. Elle pose ses mains sur son front.

Soudain, deux lumières bleue et verte inondent le temple. Eblouie par la luminosité et par la chaleur des lumières, Zelda reste bouche bée. Elle ne ressent pas la peur mais une impression de calme et de bien-être. Les couleurs bleue et verte inondent la salle tout en étant inondées par une blancheur pure. Elle n'a jamais ressenti une telle chaleur et un amour profond. Un amour, non pas féminin, mais masculin. Un amour teinté de respect et de domination douce. Tout en sachant que les lumières pourraient être celles des déesses, elle se demande où est passée la lumière rouge. Elle ne bouge point de peur d'interrompre la scène merveilleuse.

Des voix douces et fermes fusent :

- Bonjour Zelda, dit la lumière bleue, suivie par la verte.
- B... Bonjour..., marmonne Zelda.
- Nous sommes les dieux, créés par nos soeurs les Déesses. Nous avons entendu ta détresse et ton hésitation et nous avons proposé aux déesses de te rejoindre.

La princesse n'en croit pas ses yeux. Elle se retrouve non pas face aux déesses très célèbres en Hyrule mais aux dieux inconnus. Cependant, elle leur fait confiance et les écoute.

- Zelda... Pourquoi n'obéis-tu pas aux conseils de tes serviteurs Sirius et Orion ? Tu devrais savoir que ce sont de bons conseils, demande le dieu vert qui finit sur une note d'humour : Crois-en notre expérience éternelle.
- Oui. Plus tu restes dans ton coin, plus les Hyliens sont tristes. N'abandonne pas Hyrule ! Tu es la princesse de la destinée chargée de restaurer l'ordre, renchérit le dieu bleu.
- Seigneurs... Je veux bien mais je n'ai pas la force. J'ai cru... que vous aviez abandonné Hyrule... Et surtout mon père le roi et ma mère... Je... J'ai honte de vous l'avouer...
- N'aie point honte. Cela est compréhensible mais cela n'excuse point ton hésitation. Tu connais ta sagesse malgré tes dénégations. Sache que nous les dieux et déesses n'avions point abandonné Hyrule. Jamais ! décrète le dieu bleu.
- Pardonnez-moi mon audace... Mais si vous aviez aidé au début de la crise, rien ne serait arrivé.
- Tout serait en effet facile. Mais cela enlèverait des responsabilités aux Hyliens. Les déesses n'ont pas créé le monde juste pour que des êtres vivent. Elles veulent absolument qu'ils décident par eux-mêmes, dit le dieu bleu.
- Tes ancêtres ont été choisis pour guider Hyrule. Nous les assistions. Nous les protégions. Cependant, nous les avions averti qu'ils devaient être vigilants. Extrêmement vigilants. Et ton père n'a pas été assez vigilant, répond doucement le dieu vert.
- Seigneurs... Que voulez-vous dire ?
- Lorsque Aghanim a guéri les habitants de la peste, ton père lui a fait immédiatement confiance. Ce fut une erreur lourde de conséquence. Aghanim avance comme une chenille déguisée en papillon. La décision de ton père de mettre à sa droite Aghanim fut la cause de la crise. Il en porte la responsabilité.
- Je..., murmure Zelda qui préfère ne pas continuer mais les dieux ont lu sa pensée :
- Lorsqu'un roi, seigneur ou supérieur commande plusieurs personnes et les protège, il se doit d'être attentif et vigilant. Aucun mauvais pas ne doit être raté à moins de le rectifier rapidement. Ton père aurait pu le rectifier mais il a été aveugle malgré les méfiances de ta mère. Nous avons été attristés et en colère, parle doucement la lumière bleue.
- Cependant, nous t'avons protégée en guidant tes Sheikahs. Nous avons attendu que tu te ressaisisses. Mais tu hésites, ce que nous avions déjà prévu. Alors le moment est venu pour toi de réparer les erreurs de ton père. Nous voulons que tu ailles apaiser les douleurs de tes peuples, déclare la lumière verte.
- Oui. J'accepte vos ordres mais qui me croira ? Qui pensera que je suis digne d'être reine ?

Les dieux rient doucement et chaleureusement. Le dieu bleu répond :

- Si tu n'étais pas digne d'être reine, nous ne serions pas là à te parler. Ne doute point de tes talents !
- J'ajoute que tu te plains que nous ne soyons pas intervenus. Dans ce cas, regarde ce que nous avons amené, ironise gentiment le dieu vert.

La princesse se retourne pour constater en l'air la lumière jaune faisant place au trône. Le fameux trône volé par Angiflar. Elle est émue car elle se souvient très bien de ce trône. Ce trône sur lequel s'asseyait son père qui jouait avec elle. Elle entend ensuite :

- Cependant, la responsabilité de ton père étant incombée, nous avons décidé de diviser le trône en deux. Il a perdu désormais ses pouvoirs. Il sera la preuve de ton sang royal. Les trônes ne fusionneront que chez ta descendante, dit le dieu bleu.
- De plus, tu auras bientôt à tes côtés un héros. Celui-ci se débarrassera des pauvres méchants. Tu ne le verras que lorsqu'il aura terminé son labeur, continue le dieu vert. Nous n'en dirons pas plus.
- A toi de finir le travail, s'amuse la couleur bleue. Nous allons te quitter. Sache que nous t'aimons profondément ainsi que tous tes sujets, "méchants" y compris.

Zelda veut lever le bras pour les retenir mais les lumières ont cessé de briller. Peu après, elle se sent sereine et déterminée à affronter son destin. Elle se reproche son hésitation mais est déterminée à "rectifier le tir". Elle reprend son allure royale, franchit le sanctuaire et sort.

Sirius et Orion l'attendent, anxieux de connaître sa décision. Ils sont surpris par son attitude posée et majestueuse. Que s'est-il passé dans le sanctuaire pour qu'elle ait changé à ce point ? La fée se précipite joyeusement dans les cheveux de Zelda. Celle-ci l'embrasse affectueusement. Elle fait face aux Sheikahs. Conscients de l'allure royale qui les écrase gentiment, ils se prosternent. Mais Zelda ordonne qu'ils ne se prosternent jamais devant elle. Un simple salut fera l'affaire. Elle ajoute qu'elle les remercie de l'avoir conseillée. En conséquence de quoi, elle les autorise à ne point s'agenouiller. Elle dit ensuite que le trône est dans le temple, à la stupéfaction des vieux bonhommes. Mais ils ne disent mot et sourient.

Peu après, un marchand ambulant habitué à approvisionner le village proche du sanctuaire vient apprendre à Zelda qu'un jeune et vigoureux homme commence à se faire connaître. Il raconte que celui-ci commence à éliminer les imposteurs ou mauvais seigneurs pour le bien de la famille royale. Le jeune homme n'avait jamais cru en la disparition d'un membre de la famille royale, finit le marchand. Zelda sourit.

Elle ne songe qu'à une chose : la pacification est désormais en avance. Et elle sera l'unique reine de tout Hyrule.

Chapitre 90 : La fusion des trônes   up

La reine Zelda, Sagatt, Rauru, Billo, Veroga et Magalène regardent les soldats transporter précieusement le trône. D'ailleurs, les pensionnaires du château s'étonnent de constater qu'il y a deux trônes identiques. Ils se demandent si on a reproduit un deuxième siège. Impossible, se disent-ils car le trône est compliqué à élaborer. Ou alors l'artisan est un dieu de la menuiserie, de la sculpture etc. Le groupe pénètre dans la salle, précédant les transporteurs. Comme d'habitude, la salle éblouit ceux qui vont peut-être assister à un événement. Le groupe s'arrête sur le seuil de la grande porte. Le trône originel est posé au fond de la salle et on regarde manoeuvrer les soldats manipulant l'autre trône.

Sagatt, les bras croisés. Veroga, le regard attentif. Rauru reste impassible tout en avalant l'histoire de la rencontre avec Laulu à la ferme dans sa cervelle. Billo nettoie rapidement les verres correcteurs afin de ne rien rater du prochain spectacle. Magalène, à gauche de Sagatt et un peu en retrait, observe sa future conquête du coin de l'oeil. Zelda, devant tout le monde, reste imperturbable. Lorsque les soldats ont terminé de déposer le trône à deux pas de l'autre, la reine leur ordonne de s'éloigner sur-le-champ. Ordre exécuté avec un certain empressement maladroit. Les trônes se ressemblent comme deux gouttes d'eau.

La faux du silence s'abat sur la salle. Insoutenable. Insupportable. Tous attendent, la gorge nouée, le regard aimanté par les sièges. Une goutte de sueur perle même sur le cou de Billo. Zelda n'a pas de réaction particulière. Puis, deux halos commencent à illuminer les deux sièges. Réaction émerveillée du groupe et des soldats. Les trônes commencent également à léviter. Ils planent en l'air. Ils planent. Sagatt dénoue les bras. Veroga lève la tête. Rauru souffle sur ses moustaches. Billo tient ses verres en l'air. Magalène lâche Sagatt pour assister au spectacle. Zelda lève à peine les yeux, consciente de ce qui va se passer.

Les trônes brillent de plus en plus, se colorant du jaune au blanc en passant par le bleu. Finalement, ils aveuglent le groupe et les gardes. Lorsque les paupières reprennent du courage en laissant le passage aux yeux, on est surpris par l'apparition d'un unique trône. Il n'y a qu'un seul trône et Zelda est son propriétaire. Elle s'avance majestueusement, consciente du rôle qu'elle jouera. Le groupe ne bouge pas. Il préfère laisser Zelda guider l'événement. Le trône est resté tel qu'il était autrefois : même couleur, même proportion, même symbole de la Triforce. Ne remarquant rien, la reine tourne autour du trône et écarquille les yeux.

Un morceau de cristal est collé derrière le trône. Voulant s'en approcher, Zelda semble aimanter la pierre cristallisée. Le cristal, en effet, naît du dos du trône pour voler lentement vers les mains gantées roses de la reine. Les soldats, déjà mis dans le secret à propos de la transformation de l'enfant Zelda en une adulte, songent qu'ils raconteront cet incroyable événement à leurs petits-enfants plus tard. Cependant, quand Zelda touche le cristal, elle assiste soudain à un songe terrifiant.

Elle voit les ténèbres. Un océan de haine la submergeant tandis que ses regards volent de plus en plus vers un point. Ce point grossit de plus en plus jusqu'à devenir une personne. Une silhouette obscure dont les cheveux cachent le visage. Elle lève doucement la tête, écartant doucement les mèches sans l'aide de ses mains noires. Zelda est tout à coup terrifiée : le visage de Link hideux, blanc, les sourcils foncés, les yeux globuleux, la bouche mince boudant, il n'a pas de bonnet, que des cheveux hirsutes. Sans laisser de répit à la reine, la silhouette de Link ouvre grand sa bouche pour lancer sa langue. Sa langue s'allonge, s'élançant vers elle tandis que ses yeux se noircissent. Zelda est agrippée par une main.

Une main humaine agrippe son bras : celle de Sagatt, le regard curieux. Elle s'aperçoit qu'un cercle l'observe inquiet. Zelda se contente de remettre en place ses mèches et leur sourit, voulant les rassurer. Elle remet le cristal à Rauru qui se chargera de le mettre avec les deux autres. Sagatt s'exclame :

- Enfin... Le moment est de découvrir la foutue vérité au Saint-Royaume. On va griller ces petits prêtres du Saint-Royaume et ce bâtard de Rin. Ainsi que cette perverse de Pandore...

Le groupe le regarde, gêné par la familiarité de ses paroles. Il continue cependant :

- Quoi qu'il en soit, le moment est venu de quitter immédiatement Hyrule pour l'autre monde.
- Maintenant !? Sans se reposer ? s'étonne Veroga.
- Ma chère, ma chère (Magalène rougit un peu de dépit et de jalousie, sans se rendre compte, sans froncer les sourcils), plus tôt on sera au royaume sacré, plus tôt Rin ou les autres verront leur cul grillé.
- C'est à voir, ça, décide Zelda. Il n'en reste pas moins que je décide de vous accompagner.

Une exclamation fuse de quelques-uns dont la plus vigoureuse est celle de Billo, si attaché à Zelda.

- Majesté ! Vous ne pouvez pas nous faire ça ! Votre sécurité est à ce prix.
- Billo... Avec toute l'affection que je te dois, je ne peux pas rester sans rien faire. Je veux réparer mon erreur (elle fait allusion à la perte de Rafaeli). De plus, notre ennemi deviendra de plus en plus dangereux si je ne vous fais pas bénéficier de ma sagesse. Deux propriétaires des morceaux de la Triforce ne seront pas de trop pour affronter le danger. Et puis... Sagatt et Veroga seront mes gardes du corps, finit Zelda souriante.
- Veroga, d'accord... mais Sagatt... lui..., soupire Billo vaincu.

Sagatt ricane cruellement.

Salle du socle de l'Excalibur au temple du Temps

Zelda est vêtue de son habit de Sheikah avec l'oeil brodé sur son ventre. Le même habit que dans le futur parallèle lorsque l'autre Zelda est Sheik. Seules les mèches de cheveux circulent librement. Sagatt, avant de se poser sur le socle, dit à Rauru :

- Puisque la reine t'a désigné implicitement comme responsable de l'ordre de la cité, avec le chambellan, je souhaite te mettre en garde. Il est à craindre que Rin et Pandore tenteront de forcer le passage pour aller au Saint-Royaume. Je ne crois pas qu'on puisse arrêter Rin. En revanche, nous avons une chance d'arrêter Pandore. Surveille très attentivement et discrètement la cité, poste des soldats aux alentours du temple du Temps. Il faut empêcher cette prostituée de parvenir à son but. Sois vigilant. Elle est très intelligente, très maligne !

Rauru acquiesce sans répondre, ni demander. Magalène regarde Sagatt prendre la main de Zelda qui accroche celle de Veroga. Il lui demande cruellement :

- Magalène, tu ne pleures pas ?
- Pourquoi pleurerais-je ? Je t'ai fait confiance et je sais grâce à mes dons que tu reviendras sain et sauf. Quant à savoir quand, je ne peux pas te répondre.
- D'accord. A bientôt tout le monde.

Magalène murmure tout bas : "Habite chez moi bientôt..."

Les cristaux s'échappent des mains de Billo. Ils font apparaître un gros halo de lumière bleue au milieu du socle. Ce halo restera ainsi pendant quatre jours. En sa qualité de détentrice d'un morceau de Triforce, Zelda est autorisée à pénétrer au Saint-Royaume à travers le labeur des cristaux. Sagatt et Veroga ne pourraient pas y passer. Heureusement, le fait de toucher les mains de Zelda les font passer pour des détenteurs des fragments de Triforce. Le trio avance dans la lumière. En une seconde, ils disparaissent.

Une nouvelle aventure commence.

Chapitre 91 : Les gardiens de la Tour Verte   up

La salle est énorme. Link et Navi ont l'impression que la salle viole les lois de l'architecture qui veut que plus on monte, plus la salle est petite. Or, cette salle semble dépasser les dimensions de la tour. Ou alors l'effet de la magie... Oui ça doit être ça.

Le sol est pavé de carreaux noirs et blancs à la manière d'une salle au Temple de la Forêt. Des murs restent toujours aussi verts. On ne voit pas de plafond caché par du brouillard vert. Prudent, notre Kokiri s'avance, l'épée brandie. Navi tourne sur elle-même pour parer à toute surprise. Et ils entendent le même son. Tout à coup, plusieurs boules grises tombent durement sur le sol faisant du ménage parmi la poussière. Peu après les boules cessent de l'être pour devenir des sortes de soldats des échecs... Link constate aussi en l'air deux trônes sur lesquels sont assis un homme barbu et une femme. Sauf qu'ils ont l'air de statues. Les sièges flottent, tournent autour de nos amis. Si Link ne se trompe pas sur les principes d'une partie d'échecs que lui avait expliqué Sagatt, les deux trônes doivent être ceux du roi et de la reine. Il compte douze soldats : six simples pions, deux tours, deux fous, deux cavaliers.

Link veut se déplacer rapidement mais le sol semble ne pas vouloir lâcher facilement ses pieds. Il a l'impression de se bouger comme un gros animal faisant deux pas en dix minutes. Navi comprend que les échecs veulent l'obliger à respecter les règles du jeu. Déjà deux pions, sur un ordre muet du roi, commencent à l'attaquer. Ces pions sont des statues sans visage, ni ornementation particulière, comme les autres pièces géantes. Ils ont au bout des bras des sortes d'épées. Link se meut difficilement car s'il arrive à se protéger et à se débarrasser d'un pion, il ne peut éviter l'autre pion qui le blesse au bras. Immédiatement, un fou bouge vers lui comme une girouette. Il porte un attribut de bouffon sous la forme d'un bâton aux trois petits boulets meurtriers attachés par le fil.

Vu la vitesse d'exécution des soldats de marbre, Link n'aura pas beaucoup de temps pour changer d'armes tout en bougeant. Soudain une voix douce et gentille lui murmure, ainsi qu'à Navi : "Ne craignez rien, Link et Navi. Je suis la divine fée. Le temps du combat, Link, tu peux invoquer rapidement une arme que tu as déjà. Il faut juste que tu y penses. Un détail : sers-toi des bottes pour les vaincre." Link se dépêche d'invoquer les flèches. Sans comprendre comment, il se retrouve bandant un arc et des flèches visant le fou qui fonce sur lui. La pensée a été plus rapide que l'acte. Il tire ce qui a pour effet de freiner la course du fou. Au terme d'une course ralentie, il est massacré par l'Excalibur. Il explose dans un nuage violet.

Attaquent alors un cavalier et une tour. Le cavalier saute par-dessus les pions et fonce. Il a la forme d'un sagittaire. Celui-ci peut soit manipuler les flèches, soit la lance, soit l'épée. La tour disparaît à l'horizon. Navi comprend que la tour disparaît pour pouvoir réapparaître par surprise et le fait savoir à Link. Appliquant les conseils de la divine fée, le héros pense "bottes des airs". Mauvais choix, les bottes au lieu de s'envoler, glissent bruyamment sur le sol. Est-ce que c'est un mauvais choix ? Un coup de chance plutôt car le cavalier manque de décapiter Link. Surpris par le mouvement brusque de Link, il n'a pas vu arriver la tour, puissante mais bête. Dans un choc, ils explosent.

Link n'oublie pas le pion qui n'a pas bougé. Il pense "super-boomerang". L'arme élimine facilement le pion. Cependant, deux soldats et une tour se meuvent. La tour sort ses bras, attrape les pions et les jette contre Link. Elle fonce en même temps que les pions s'envolant vers Link. La force du lancer-pion est telle que Link n'a pas d'autre choix que de bouger. Que faire ? Mû par un extraordinaire instinct de survie embêtant les neurones, Link pense à des bottes de plomb. Les bottes l'alourdissent davantage craquelant un peu plus le sol. Link se met rapidement à genoux puis cesse de penser à ces bottes. Il saute alors en l'air, les pions le ratant de peu. Ceux-ci meurent dans un choc avec le sol.

L'émotion disparue, Link lance une bombe sur la tour. Exit l'imbécile. Sans laisser du temps aux autres, il utilise à la fois le boomerang et l'arc pour éliminer les pions qui restent. Il utilise enfin le feu de Din pour brûler le fou et le cavalier qui voulait profiter de sa posture d'archer visant les pions peu auparavant. Restent le roi et la reine. La reine descend bruyamment de son trône sur le sol qui se casse un peu. Le trône disparaît par enchantement, la reine ne bouge cependant pas. Elle porte une robe en marbre noir. Elle a une tête blanche et une sorte de couronne frontale jaune, tout comme le roi, sauf que sa couronne est faite de diamants.

Refusant de capituler, le roi fait apparaître six autres boules noires. Elles cassent lourdement le sol. Il y a peu de carreaux noirs et blancs autour des boules noires. Elles se transforment en deux stalfos noirs, deux hache-viande noirs, deux lizaflos noirs. La divine fée murmure encore : "Ne crois pas que ce soient des créatures de l'ennemi. Il ne s'agit que des symboles que tu as déjà affrontés. Ne crains rien." Des lizaflos l'attaquent en crachant du feu. Combinant bottes des airs, de plomb et bottes normales, Link n'a aucun mal à s'en débarrasser. Les stalfos sont plus coriaces que leurs "confrères". De plus, ils arrivent parfois à se rendre transparents. Leurs coups d'attaques en avant blessent Link par surprise. Il ne les aurait pas crus aussi mobiles. Son super-boomerang, qui a la particularité de ne point retourner avant de toucher la cible, ne fait pas de détails face aux stalfos obligés de cesser d'être transparents. Quant aux hache-viande, malgré leur arme mortelle, la lenteur les dessert. Link n'a plus qu'à combiner boomerang et flèche de feu. Le boomerang enfonce davantage la flèche qui pénètre l'armure noire. Répétant l'opération deux fois, Link élimine les hache-viande.

Ayant l'intuition que la reine est plus dangereuse que le roi et que de la mort de celui-ci dépend la défaite de la reine, Navi demande à Link de tirer une flèche de lumière sur le roi directement. Obéissant à la fée, le héros ajuste sa flèche sur le roi avant que la reine ne charge sur notre ami. Surpris et ne pouvant que se déplacer lentement, le roi n'a pas pu éviter l'attaque de Link. La flèche d'or pénètre le coeur du roi. Il explose à l'instant suivant. De ce fait, la reine disparaît brutalement. Sauvés ! S'ils n'avaient pas eu connaissance des échecs avec Sagatt, ils n'auraient jamais vaincu les échecs aussi aisément. La divine fée est pour beaucoup dans ce combat. Commencé difficilement, Link finit son combat très facilement.

Et voici la dernière boule flottant dans le ciel en guise de récompense...

Chapitre 92 : L'assurance de la reine   up

Période du Grand Chaos

Le pouvoir de la reine grandit de plus en plus. Son aura bienfaisante s'étend sur plusieurs parties d'Hyrule. Depuis qu'elle a décidé de quitter son refuge d'enfant, elle n'a de cesse de rameuter des énergies, d'encourager toute personne s'engageant sur le sentier de la paix, d'apaiser des conflits, d'oublier pour la bonne cause des tracas contre l'autorité royale, de s'arroger le droit de juger dans un tribunal. Trois ou quatre années ont passé depuis le départ de la reine de son refuge avec Sirius et Orion. Zelda et sa meilleure amie la fée Vina habitent à la cité royale même qui avait été horriblement pillée par les mercenaires d'Angiflar. Retournée chez elle, elle n'a plus rien à craindre, ni les marginaux, ni les seigneurs turbulents, ni ses prétendants en quête de pouvoir. Sirius et Orion, bien que tapis dans l'ombre, sont ses meilleurs conseillers. Ils ressentent les morsures de la vieillesse mais savent que les Sheikahs sont de retour à la cité royale discrètement.

Des derniers détails restent à faire. En effet, il faut encore éliminer les dernières turbulences qui parasitent le royaume. Il reste encore quelques seigneurs arrogants qui pressurent leur pays avec à leur solde ce qu'il reste des derniers mercenaires. Mais vingt ans se sont écoulés sans qu'il n'y ait des traces de paix, d'apaisement. Pillages, meurtres, massacres, dévastations, voilà le lot de malheurs des habitants d'Hyrule. Tous ressentent de la lassitude et aspirent à la paix. C'est pourquoi il est aisé à Zelda de cueillir doucement les fruits de sa succession royale. Et elle a un lointain mais précieux allié, celui qu'on appelle communément "le Héros".

On dit qu'à l'origine c'était un fils de bûcherons. Il les avait perdus adolescent. Les circonstances selon lesquelles il commença à devenir le héros qu'on sait restent mystérieuses. Toutefois on connaît ses méthodes d'opération. Elles consistent à combattre quelques monstres infestant les contrées, et vaincre des mercenaires en embauchant d'autres mercenaires repentis. Il organise de mieux en mieux sa structure de combat. Il connaît très bien les mercenaires, les seigneurs qu'il avait souvent fréquentés lors de ses négociations. Il sait reculer exprès pour mieux surprendre l'adversaire. Son sens du pardon pesé est pour beaucoup dans les événements de paix qui courent depuis quelque temps. En effet, il préfère parfois accorder le pardon aux criminels à condition que ceux-ci servent la paix et la monarchie. De toute façon, celui-ci est parfaitement conscient que la justice ne peut tout régler. Mais il espère que, la paix vraiment installée, sa reine prendra des mesures judiciaires contre les pires espèces.

Mais le moment de la rencontre tant attendue entre la reine et le héros est enfin arrivé. Et cela se passe à la capitale même.

Cité royale

Des maisons ont été rasées pour faire place aux nouvelles. Cependant, on prend soin de restaurer quelques bâtisses, le temps de permettre aux non-nantis d'être hébergés. Lorsqu'une nouvelle maison est bâtie, on rase l'ancienne maison restaurée et ainsi de suite. Un gros programme de rénovation fut élaboré par la sage reine. Seul le château fut peu remanié en raison de coûts colossaux. D'ailleurs le château sera plusieurs fois remanié et la bâtisse royale des temps de Link n'a plus rien à voir avec son ancêtre. La foule se presse sur les abords de la place qui servira plus tard de fontaine. Un simple échafaudage est organisé sur la place pour que tous puissent voir la reine et son trône. Elle est assise sur son trône, des soldats entourant l'échafaudage en bois. Elle est habillée en tenue blanche, elle porte une émeraude sur son front (que portera plus tard sa descendante, l'amie de Link). Vina bavarde gaiement avec elle. La reine lui sourit ce qui suscite des remarques gentilles de la part des Hyliens amassés autour d'elles. On ne note que très peu de races présentes à Hyrule : Gorons, Gerudos, Zoras. Pendant le Grand Chaos, en raison des haines, des gens appartenant aux différentes races se sont regroupés et se sont réfugiés dans d'autres lieux. C'est ainsi que la reine Zelda a conféré un lieu secret aux Zoras, situé près du fleuve. Quelques représentants d'autres races sont présents. Les Kokiris ne sont évidemment pas présents.

La reine doit attendre l'arrivée du Héros qu'elle rencontrera pour la première fois. Elle n'a plus aucune appréhension car elle a confiance en elle depuis qu'elle a entendu les dieux. Un pendentif en triangle niche entre ses jolis seins. Elle veut entendre imposer partout le symbole de la Triforce et n'hésite pas à arborer son pendentif sur sa forte poitrine. Quelques superstitieux remarquant ses gros seins n'hésitent pas à murmurer qu'ils sont le signe de la période des vaches grasses à venir. Surtout chez les paysans superstitieux très habitués à traire les mamelles des bêtes. Les Hyliens attendent aussi l'arrivée du mystérieux héros.

Des bruits de trompette annoncent l'arrivée du héros. En effet, dépassant la porte urbaine détruite, le jeune homme arrive juché sur son cheval. Il a des cheveux noirs coupés ras, des yeux noirs d'assurance tranquille, un visage à la fois juvénile et adulte, et son corps s'est musclé à la faveur des durs combats qu'il a menés. Il porte des simples habits marron assortis de bottes vertes. Un fanion jaune avec son symbole en trois fragments bleus est accroché derrière lui, sur l'un des flancs de sa monture. Il utilise également de lourds gants. En revanche, il n'utilise pas d'arme. Il a ainsi préféré venir en paix et se mettre sous la protection de la reine. Il veut venir en simple sujet plutôt qu'en puissant. Il n'a jamais oublié la vénération de ses parents envers le roi et la reproduit. Un silence se fait.

Le héros est accompagné par quelques compagnons et conseillers. Il descend de cheval et attend au pied de sa monture un signe de la reine. Celle-ci se lève et lui fait un signe. Il franchit l'escalier en bois. Parvenu sur l'échafaudage, il se prosterne, une main sur la cuisse. Elle ordonne de se lever. Il obéit. Une voix douce :

- Jeune seigneur (le Héros a l'habitude d'être épinglé ainsi de la part des pauvres gens mais il ne s'est jamais attendu à ça de la part de la reine). Tout Hyrule connaît tes exploits. Tu n'as pas hésité à quitter ta maison pour te mettre au service de la paix et ensuite soumettre les provinces en mon nom. Ton initiative se doit d'être récompensée.

Le héros rougit, mal à l'aise par les paroles royales et réconfortantes de la reine. Le silence qui suit la voix de Zelda devient insupportable. Même Vina ne tient plus en place.

- Puisque ton initiative doit être récompensée, j'exige que tu deviennes mon époux.

Une grosse exclamation de surprise brûle les alentours, à commencer par le héros ébranlé par l'assurance tranquille de la reine. Devenir son époux... ce à quoi n'ont jamais pu parvenir les prétendants, le héros l'a réussi. Il n'a jamais songé devenir son époux. Il rougit de plus en plus fort. Il ne s'est jamais senti comme un enfant pris sur le fait. Seuls ses parents étaient capables de le faire rougir facilement. Zelda poursuit après avoir attendu la fin des murmures :

- Je veux que tu sois mon époux parce que j'ai besoin d'un conseiller sachant me guider dans la conduite du pays. Pour que le royaume se maintienne durablement, j'ai besoin d'un héritier. Comme père de mon futur héritier, je ne vois que toi. Je connais tes talents de commandant. Acceptes-tu ?

Le héros ne peut que s'incliner sans répondre vocalement. Il est obligé de reconnaître l'autorité de la reine. Auparavant, il s'était inquiété de connaître le futur époux de la reine. Il se demandait ce qui allait suivre si Zelda épousait un garçon. Il a fallu que Zelda le choisisse sans hésitation aucune, sans même sonder son coeur ou ses prétendus talents. Ça ne lui déplaît finalement pas de devenir son époux. Elle est jolie et a une agréable silhouette à faire frémir d'aisance les mâles hyliens ou humains. Zelda avance une main invitant le héros à la prendre. Il la prend. Suit alors une exclamation forte : le mariage tant rêvé est enfin arrivé entre la reine et le héros. Personne ne se serait sérieusement attendu à ce mariage.

Sirius et Orion, qui étaient tombés bouche bée à l'annonce de leur reine, conversent :

- Elle n'a pas fini de nous étonner... Un mariage..., murmure Orion.
- Oui. Ce n'est pas un mariage d'amour mais un mariage politique. Elle rassure les habitants craignant de devoir obéir à un mari déplaisant. Elle n'hésite pas à choisir le héros sur-le-champ sans nous consulter !
- Elle n'a pas trouvé l'amour... A ce propos, trouvera-t-elle l'amour avec le héros ?
- Je le lui souhaite. Mais auparavant, ils doivent apprendre à se connaître. L'héritier doit passer avant leur futur amour. Et si leur enfant est la cause de leur amour ?
- Je pense qu'ils sont assez intelligents pour ça. Ils doivent savoir qu'une bonne harmonie au sein du couple assure celle d'Hyrule. Notre reine n'a jamais oublié la petite dissension entre ses parents consécutive à l'arrivée d'Aghanim.
- Oui... Ils seront assez intelligents...

Chapitre 93 : Peste à la capitale   up

Rauru est prostré sous ses draps, enfin seule la partie au-dessous de sa taille est protégée par des draps. Il est bien adossé aux gros oreillers. Il se trouve dans une petite chambre située aux étages supérieurs du château de Zelda. Il a les yeux rougis de grosse fatigue causée par une maladie contagieuse : une peste inconnue. Il tousse avant d'entendre les rapports d'Enqvus, l'enquêteur et le rival de Sagatt. Celui-ci se met à une distance respectable de Rauru afin de ne pas être contaminé, en compagnie de Billo. Enqvus porte toujours une canne alors le symbole de sa fonction.

Depuis le départ de nos amis, Rauru et ses amis n'ont de cesse de veiller à l'entrée d'une certaine Pandore. La mission est de l'empêcher d'entrer au Temple du Temps dans le but de forcer le passage vers le Saint-Royaume. Le chambellan, sur indication du sage de la lumière, a fait mettre des gardes autour du sanctuaire de la cité. Mais il semble que Pandore ait une fois de plus éventré le blocus défensif de Rauru. Rauru est sûr que la femme a créé une peste dans le but de créer la panique. Deux jours plus tard, au plus fort de la peste, des soldats ont déserté pour veiller sur leurs proches ou pour simplement s'enfuir, on a rapidement mis la cité en quarantaine mais à cause du manque de gardes nécessaires, le filtrage s'est fait moins efficace. On a fait appel au vétérinaire du château. Après avoir détecté les symptômes de la peste, il déclare : "Beu... beu... oui, il s'agit bien de l'épidémie qui avait disparu depuis plus de deux mille ans... Euh... c'était... beu... oui ! Pendant le Grand Chaos..." Et de promettre de guérir les personnes dans les meilleurs délais.

Enqvus a rapidement établi que la peste a commencé... au château (ce qui prouve malgré les dénégations de Sagatt que le policier n'est pas un mauvais enquêteur). On a trouvé la personne responsable malgré elle de l'épidémie. Il s'agirait du cuisinier personnel de la reine qui fait la navette entre le château et le village Cocorico. Avant de décéder, le cuisinier avait confié au policier avoir connu l'extase se xuelle en compagnie d'une très belle inconnue. Il avait répété qu'il n'en avait jamais connu de pareille avec sa femme (un aveu d'adultère en somme !). Rauru a immédiatement fait le lien entre la peste, Pandore et le cuisinier. Devant la perplexité de Billo, Enqvus explique :

- Monsieur Billo. Si cette femme - que Monsieur Rauru ne veut pas nommer pour raisons particulières et je m'en moque - voulait pénétrer à travers les mailles du filet du chambellan, il lui fallait user d'une méthode bien connue dans l'histoire : provoquer un événement dépassant les personnages. Cet événement ferait oublier ou du moins négliger la surveillance. Si Monsieur Rauru a raison en ce qui concerne la culpabilité de la femme, elle choisit exprès le cuisinier parce qu'elle sait qu'il est l'une des rares personnes à fréquenter... le chambellan, Rauru ou la reine.
- Oui. Mais je ne vois pas le rapport..., avance Billo.
- Monsieur Billo. Si elle avait choisi de contaminer une personne qui entrerait dans la cité, le chambellan aurait immédiatement établi un cordon sanitaire entre la bâtisse royale et la basse-ville. Il fallait à tout prix ne pas contaminer une personne qui n'a pas de passe au château. En contaminant le cuisinier, celui-ci contamine à son tour l'entourage du château puis la basse-ville. En gros, on commence par le plus gros avant de terminer par le bas !
- C'est... c'est effrayant ! murmure Billo qui se dit posséder la chance de travailler enfermé entre quatre étagères. Il ne connaît en effet pas le cuisinier qu'il ne fréquente jamais. Peu de personnes vont à la bibliothèque royale depuis le meurtre de Villo par superstition.

Le bibliothécaire continue :

- Mais pour que cette "femme" puisse choisir le cuisinier, il lui fallait connaître son visage. Or, à ce que je sais, elle n'a jamais mis les pieds ici.
- Arnaqua, dit laconiquement Rauru.

A ce nom Enqvus sursaute car il se remémore les tracasseries de son rival Sagatt, mais il ne bouge pas, préférant attendre la fin de l'entrevue. S'apercevant de l'impatience non dissimulée du policier, Rauru le congédie et s'entretient avec Billo.

- Il est évident qu'Arnaqua contactait Pandore plusieurs fois par jour lorsqu'il travaillait au château. Il lui aura sans doute décrit les personnes.
- Que peut-on faire maintenant ?
- Rien. Guérir les malades, c'est tout. Pandore a sans doute pénétré au Temple du Temps. Mieux vaut laisser les événements agir. De toute façon, Link et ses amis sont au Saint-Royaume depuis plus de deux jours...

Basse-ville

Les rues et ruelles sont désertes sauf pour certains animaux épargnés par la contagion puisque la maladie n'a aucune prise sur les animaux. Parmi les bêtes, le chiot adopté par la petite fille. Il s'est échappé du château et déambule dans les rues tel un somnambule. En fait, l'asticot contrôle le chiot. Il le fait courir jusqu'au Temple. L'asticot a eu chaud car une femme, deux hommes et deux mystérieuses créatures déguisées viennent de pénétrer au temple.

Pandore, satisfaite, peut se diriger vers le socle d'Excalibur où la lumière luit toujours. Elle est contente d'avoir eu sous sa botte Arnaqua puisqu'elle a eu connaissance des descriptions de différentes personnes officiant au château. Elle a rencontré ainsi le cuisinier logeant à Cocorico. Elle lui a donné du plaisir érotique le contaminant consciemment. Elle n'a eu qu'à attendre un moment de panique pour entrer aisément dans la cité. Parvenue au temple, elle n'a plus besoin de vêtements lui cachant le visage et sa silhouette. En les enlevant, elle remarque avec plaisir les troubles de Jacsus et de Maskus. Ceux-ci meurent d'envie de connaître une nuit de plaisir avec elle. C'est comme ça qu'on dompte les mâles ! Cependant, elle commence à s'inquiéter concernant le paysan Jacsus. Oui, depuis la mort d'Arnaqua, elle a constaté des signes de changements chez Jacsus. Elle sait que le paysan feint de ne point se trahir. "Je verrai avec lui plus tard..." Les deux créatures ne disent rien parce qu'elles sont fortement liées à Pandore. "Et pas besoin de se xe avec elles ! Normal, vu que le savant les a créées pour moi !"

Lorsqu'elle dépasse l'autel par la gauche, elle entend des petits aboiements. Elle se retourne pour voir le chiot qui se jette joyeusement sur Maskus. Or, celui-ci adore les chiens et ne se fait pas prier pour le prendre dans ses bras. Il met le chiot sur son bras pendant qu'il chatouille son museau. L'asticot en profite pour faire lâcher des excréments au pauvre chiot. Ceci fait, Maskus émet un juron sans frapper le chien. Il se contente de le poser par terre et de nettoyer le bras souillé. C'est à ce moment que l'asticot, mélangé à des excréments, se dépêche de percer la peau du compagnon de Jacsus. En pénétrant discrètement dans la peau sans causer de douleur, l'asticot longe les vaisseaux sanguins et reste niché non loin des poumons. Le ver blanc est heureux et apaisé d'avoir pu réussir le "passage". Désormais, les ténèbres s'abattront sur le Saint-Royaume !

Le chien délivré de sa bête regarde la salle les yeux hagards. Il se demande où il est et panique : il veut retrouver sa maîtresse. Non ! Pas deux fois ! Il met en force son nez pour rechercher la fillette. Il se précipite dehors. Pandore, à la fois amusée et énervée par le spectacle, intime froidement à ses serviteurs de la rejoindre. Ils s'y empressent.

Pandore prend les mains des créatures. Celles-ci prennent à leur tour Jacsus et Maskus inquiets par la présence de ces puissantes créatures. Heureuse parce qu'elle a l'essence du fragment de la Triforce, la redoutable femme s'avance vers le halo de lumière. Entrée dedans, son appréhension disparaît car elle est aussitôt téléportée.

Quant au chiot, il a enfin retrouvé sa maîtresse...

Chapitre 94 : Les enfants sous un arbre   up

Zelda, Sagatt et Veroga marchaient à travers le Saint-Royaume depuis des heures. L'objectif est bien sûr d'éviter de se faire prendre par les prêtres du Saint-Royaume. Cependant, le but premier est de rejoindre Link qui aura sans doute terminé sa besogne de héros. Mais ensuite ? Par où aller ? On ne connaît en effet rien de l'emplacement exact du sanctuaire qui enferme le trésor divin. En toute sagesse, la reine a recommandé d'aller glaner des informations directement à la... capitale. D'abord incrédule, le géant s'est ensuite rendu compte de l'intelligence de Zelda qui n'était encore qu'une enfant il n'y a pas longtemps. Non seulement elle a la sagesse mais également le courage. Elle n'avait pas hésité à rechercher sa nourrice Impa. Aller à la capitale c'est se jeter dans la gueule du loup. Oui, mais l'ennemi ne saura pas que nos amis iront illico dans son repaire. Les prêtres penseront à rechercher les amis de Link en dehors de leur cité et de leur temple. La capitale étant un carrefour d'échanges d'idées, de marchandises, de voyageurs etc., il est plus utile d'y aller que de se disperser aux alentours à trouver des indices très minces.

Zelda, vêtue de la panoplie des Sheikahs, marche en tête suivie du géant et de la fille rouge côte à côte. Les cheveux de la reine ondulent librement. Veroga parle à Sagatt :

- Dis... Ne peux-tu pas penser un peu plus à Magalène ?
- Tu ne vas pas recommencer !... Je t'ai dit que ma décision n'est pas définitive. Attendons un peu.
- Certes, mais tu ne vois pas que Magalène se fait du souci pour toi.
- Elle ? Ça m'étonnerait avec ses pouvoirs de voyante, ricane Sagatt. Je vais te dire une chose : lorsque je nageais loin de l'île au péril des grandes vagues, jamais la voyante ne s'est inquiétée pour moi.
- Oui mais il y a une différence entre les vagues et Rin, ironise Veroga.
- Certes mais je sais qu'elle a toute confiance en moi. Il faut juste qu'elle patiente encore un peu. Elle n'a que vingt ans à peu près...
- Et toi une trentaine à peu près si je ne m'abuse, sourit malicieusement la féline. Ne t'es-tu pas demandé ce que ça signifie l'amour ? L'amour avec un grand A ?
- L'amour..., réfléchit Sagatt songeur.

Après la Période du Grand Chaos

- Expliquez-moi ce que c'est l'amour ?

Ainsi commence le personnage assis sur ses genoux, les mains posées dessus. Il est adossé à un arbre. Les feuilles de l'arbre protègent le personnage et les petits enfants. Le soleil bat son plein, les cigales chantent, les fourmis transportent de la nourriture. La cigale a survécu à l'hiver... Le personnage en question est le fameux héros qui a épousé la reine Zelda. Son visage a peu changé mais ses cheveux ont poussé allant jusqu'à sa taille. Des enfants au nombre de cinq ou six le regardent attentivement. Trois fillettes, deux garçons, un garçon marchant à l'orée de ses douze ans. Une fille lève la main. L'ancien héros sourit. Il s'agit de sa fille âgée de six ans aux cheveux noirs.

- Je t'aime ! C'est ça l'amour ?

Bien que ce ne soit pas une réponse, le mari de Zelda sourit devant l'innocence de sa fille. Il veut amener les enfants à commencer à réfléchir sur eux-mêmes et le monde les entourant. Le jeune garçon blond de douze ans est son premier fils. Ayant déjà conversé avec son père, il aurait très bien pu s'absenter mais sa soeur voulait absolument qu'il soit présent. Alors, il reste assis sans mot dire. Les autres sont des enfants invités par le roi. Zelda est d'accord avec son mari sur le fait qu'on doit se sentir proche du peuple. C'est également l'occasion de tisser des liens intimes avec ses sujets afin de les amener à rester fidèles à la royauté. La fillette satisfaite se jette sur les genoux de Link. Une autre fillette un peu jalouse se jette également sur l'adulte - un complexe d'Oedipe sans doute.

D'autres lèvent la main et tentent de répondre à la question. Le roi préfère qu'ils aient leur propre réponse. Il ne tente donc pas de les corriger mais de les amener à d'autres questions sur la vie en général. Les enfants adorent parler avec le roi car ils reçoivent parfois leur réponse personnelle.

Ils se trouvent tous dans le grand jardin du château. Plus tard, on instaurera des murs séparant différents jardins mais pour le moment, des arbres sont plantés un peu partout sans pour autant occuper la scène. Des murs du château commencent à être enduits de chaux blanche. Par la suite, on les peindra au gré des avènements de successeurs royaux d'une couleur différente. Mais on n'appliquera la peinture que sur les murs du jardin, le reste de la bâtisse restera blanc ou gris. A l'opposé de l'arbre protégeant les enfants, debout derrière un jeune arbre, une femme à la poitrine généreuse ne se lasse pas d'écouter les conversations courtes mais agréables. La reine écoute les yeux fermés, les mains derrière son dos adossé à l'arbre, la mine souriante.

Le héros qu'elle avait épousé par la contrainte est devenu un très bon mari et père. Les vieux Sheikahs avaient raison de prétendre que la naissance des enfants souderait le mariage. Zelda et son mari ont appris à s'aimer. Bien qu'elle ait choisi son mari pour des raisons politiques, elle s'aperçoit au fil du temps que l'ancien héros est devenu aussi sage qu'elle. De son côté, le fils des bûcherons découvre la beauté d'une femme et les vertus féminines - enfant, il n'a pas eu trop l'occasion de côtoyer des filles et la seule vraie fille qu'il ait admirée était sa mère. Il aime beaucoup sa sagesse innée. Plus qu'un conseiller, il est un excellent roi prompt à se montrer généreux. Le bon départ de la vie en couple influe positivement sur le royaume entier. Hyrule est en effet en paix depuis quelques temps et rien ne trouble sa quiétude.

Cependant les rêves sonores troublent un peu l'ancêtre de Zelda sans l'assombrir. Elle se promet de consulter son mari pour être apaisée. Elle sait que si sa sagesse est supérieure à celle de son mari, celui-ci saura la conseiller en toute acuité. Depuis la naissance de sa fille, et deux à trois fois par an, elle fait des rêves bizarres. Ses rêves ne sont pas des images mais des sons. Elle pense que les déesses veulent lui envoyer un petit avertissement sans aller plus loin. Elles veulent sans doute qu'elle prenne toute seule ou avec son mari des décisions en toute responsabilité. Des mots ou un nom unique fusent dans ses rêves :

"Rin... Rin... Rin..."

Chapitre 95 : Le retour du mal   up

Un chien patauge dans le pré avec un enfant. Soudain, le meilleur compagnon de l'enfant flaire un danger et commence à grogner. Il ne continue plus à grogner puisqu'un fil lui tranche la tête sous les yeux effarés de l'enfant. Il ne faut pas plus d'une minute pour que l'enfant connaisse le même sort. Sur les deux pauvres cadavres apparaît un monstre dont les fleurs vertes et jaunes recouvrent le corps. Les fils qui ont éteint la vie des victimes sont des tiges presque invisibles à l'oeil nu. Au milieu des fleurs apparaît un oeil unique rouge, puis des dents féroces s'ouvrent. Ils donnent le signal de l'assaut des monstres de Rin sur le Saint-Royaume...

Le pêcheur qui avait accueilli Sagatt et ses amis pour la première fois est en train de pêcher lorsque son fil se tend. Il croit qu'il s'agit d'un prédateur comme il en a l'habitude. Il suffit d'attendre qu'un animal préposé à la défense des habitants du royaume sacré distraie le prédateur. Erreur fatale ! Mais qui pouvait savoir que l'armée allait submerger le royaume ? Pas le pêcheur qui remarque soudain la tête bleue émergeant du fleuve et disant :

"Tu as perduuuuuuuuuu !"

La tête est composée d'une grosse bouche avec des petits yeux, de dents pointues et d'une grosse langue de crapaud. Cette langue attrape le pêcheur et l'avale sans coup férir. Ceux qui devaient protéger les habitants ne font pas le poids face aux puissants monstres de l'ancien dieu Rin. Ils sont facilement massacrés en quelques heures. Des monstres incendiaires enflamment la forêt. Un immense chaos de flammes se promène joyeusement dans la forêt. Les habitants n'ayant jamais connu le malheur se font massacrer comme des animaux dociles.

En quelques heures, une grande partie du pays se trouve sous la botte des hordes démoniaques. Depuis les collines ou les montagnes, on peut apercevoir un étrange nuage noir et gris. Petit à petit, ce nuage prend la forme d'un visage. Un visage sombre, aux traits en forme de losange descendant vers le bas. Des yeux noirs, une bouche avec quelques dents se perd dans un trou noir au milieu des nuages gris. Par intermittence, on voit s'allumer des yeux rouges au fond de ce gros nuage. Durant une heure, le nuage reste ainsi, puis d'un coup, une explosion retentit dont on ressent l'écho partout dans le pays. L'explosion vient du cri du visage. Ce visage se transforme alors en un très long serpent aux mille-pattes. Ce serpent est si noir et si grand qu'il peut facilement obscurcir le ciel. Le serpent s'élance vers le ciel et n'en finit plus. On a l'impression qu'il est prêt à attraper la lune ! Tout à coup, il a disparu.

Le phénomène est le résultat de la libération de la haine de Rin. Celui-ci enfin parvenu au royaume où habitent les déesses et dieux, peut déployer son formidable arsenal de pouvoirs démoniaques. S'il a fait disparaître le serpent, il veut rechercher le trésor des déesses et est donc déterminé à retrouver l'endroit. Grâce à son intuition très aiguisée, il ne fait aucun doute qu'il atteindra facilement l'endroit dans quelques jours.

Pour limiter les effets dévastateurs de l'invasion, une énorme bulle transparente protège le reste du pays qui peut toujours être protégé. N'importe quelle personne ne faisant pas partie du camp de Rin peut entrer ou sortir de la bulle. Les monstres sont à présent incapables d'y pénétrer. Cependant, il reste un endroit pas encore protégé : le sanctuaire des déesses où est enfermé le trésor divin. Ce choix semble étrange. Toutefois, si la bulle protège la majeure partie du pays, il reste à sauver les habitants et à les ramener sains et saufs dans la bulle. On envoie donc une armée d'animaux chargés de ramener les êtres vivants à l'intérieur de la bulle.

Temple des Déesses à la capitale

Dans la même salle où Link et ses compagnons étaient venus pour la première fois, trois prêtres sont assis calmement. Ils goûtent à la contemplation d'un ciel bleu lumineux. Puis Persétel, le grand prêtre prend la parole :

- Vous connaissez sûrement l'agitation qui règne en ce moment ?

Isagène, la svelte prêtresse, et Babel, l'autre prêtre, opinent. Celui-ci intervient :

- Faut-il annuler notre projet ?
- Surtout pas..., objecte la prêtresse. Notre mission va plus loin, tu le sais bien.

Babel s'incline et ajoute :

- Encore heureux que les "Intouchables" aient pensé à créer une bulle.
- Je trouve cette disposition normale, sourit Persétel. Ne faut-il pas protéger les habitants, n'est-ce pas ?
- Dans quelques heures, nous serons occupés à mettre dans le besoin les futurs réfugiés. D'ailleurs, les premiers sont déjà arrivés en ville.
- Certes, mais nous avons pris le soin d'introduire notre espion, déclare Isagène qui semble répugner à utiliser le terme "espion". Notre ami ira voir Veroga. Nous savons d'une source certaine qu'elle viendra à la capitale avec ses amis. Ils iront rechercher des informations sur l'emplacement exact du sanctuaire. Nous sommes convenus que nous ne ferons rien contre eux. Nous mettrons notre espoir sur l'ami en question. Il contactera Veroga et on verra la suite.
- Donc, nous ne ferons rien pour le moment. La séance est levée, il faut nous occuper des pauvres malheureux.

Chapitre 96 : L'angoisse de l'ancêtre de Zelda   up

Après la période du Grand Chaos

La reine Zelda est assise sur un fauteuil simple. Elle a le regard perdu à travers le vitrail qui orne la fenêtre. De la fenêtre, on admire la plaine. On aurait oublié qu'il y a quelques années la guerre faisait rage. Elle est vêtue d'une robe bleutée simple. Sa forte poitrine vibre sous un gros soupir. Zelda lève la tête et observe le plafond en bois. "Devrais-je en parler à mon époux ? Oui, il doit le savoir." Elle entend le bruit du crissement de la porte. La porte faisant du bruit n'a pas été réparée pour la bonne raison que le bruit prévient facilement le roi ou la reine. On se trouve en effet dans la chambre du couple royal. Cette chambre est la même que celle où dormira l'amie de Link.

L'ancien héros vient d'entrer. Il a des habits de simple habitant d'une ville mais il est facilement reconnaissable grâce à ses longs cheveux. Zelda ne se lève pas pour l'accueillir. Il se penche pour masser ses épaules. Elle ronronne comme une chatte. Rassérénée, elle se lève et fait face à son mari. Yeux dans les yeux, ils ne se disent rien, le mari a conscience de ce que va lui révéler la reine. Avant de dire une chose importante, on s'échauffe par des politesses. On s'inquiète gentiment sur sa santé, sur la marche à suivre du royaume, les repas pris à midi etc....

Elle raconte les circonstances de ses rêves sonores. Son interlocuteur ne dit d'abord rien puis demande :

- Qu'est-ce qu'il faut faire selon toi ?
- Je ne sais pas... En tous cas, ce "Rin" - si c'est un ennemi - me parait beaucoup plus menaçant que nos ennemis. Tu te rappelles ma rencontre avec les deux lumières ? (Il opine). J'ai vu la lumière verte et bleue mais pas rouge... J'ai le pressentiment que le rouge pourrait être celle d'un dieu déchu... et... j'ai l'intuition que Rin pourrait être un dieu déchu.

L'ancien héros met ses mains sur les épaules de la jolie reine. Il lui intime d'un geste de se calmer. Il lui dit :

- Où est passée la reine qui m'a surpris en me forçant à l'épouser ? Où est la reine qui m'a fait un chantage à l'accouplement ?

Elle rit doucement.

- A l'époque, j'avais une telle confiance en moi que je prenais des décisions surprises. Mais... face à un ennemi inconnu dont je ne sais rien, que puis-je faire ?
- Il n'y a rien que tu puisses faire. Mieux vaut attendre les événements.
- Oui...
- Ce qui me plaît chez toi, ce sont tes seins, les mamelles d'Hyrule, sourit son mari.

Zelda prend un air faussement outré, rigole et fait mine de frapper sur sa tête. Son mari a entendu parler plusieurs fois de la superstition des paysans pour qui les seins de la reine sont le symbole même de la fertilité d'Hyrule. Bien que la reine n'aime guère les idées des superstitieux sur ce point particulier, elle ne peut pas les empêcher d'élever des statues à la femme aux seins généreux. Elle veut leur rendre espoir et ne fait rien pour arrêter la superstition. Elle sait également ce qui avait séduit l'ancien héros : sa grande sagesse et sa gentillesse. La plaisanterie de son époux lui fait oublier un moment ses soucis.

Un serviteur attitré vient frapper à la porte. Il entre et annonce qu'une personne désire parler au couple royal car il paraît qu'il détiendrait des informations importantes pour le royaume. Le couple accepte. Le serviteur s'en va chercher la personne tandis que la reine ajuste sa robe pour paraître majestueuse. Entre un humain barbu efféminé. Ils le connaissent : il s'agit d'un capitaine chargé des relations entre le désert Gerudo et la plaine d'Hyrule. Il apporte parfois de précieuses informations. Il s'incline et commence en ces termes :

- Sire et sire. Il y a quelques jours, j'ai reçu la visite d'une femme originaire du ravin proche du village des Gerudos. Elle aurait fait un rêve dans lequel les dieux lui ordonnaient de faire sculpter une plaque noire et de l'apporter chez vous. Bien que réticent face à son affirmation, ce qui m'a paru opportun de vous signaler est la présence du parchemin que voici (il sort la feuille). Cette femme aurait dicté sous la direction d'une voix. Je ne sais s'il faut la croire. Ce parchemin fourmille d'informations riches en syntaxe, en vocabulaire et en pensée complexe pour qu'une pauvre femme à peine alphabétisée puisse l'écrire. Il détaille comment entrer aux "terres sacrées" (le couple titille). J'ai pensé vous le confier ainsi que la plaque anépigraphe.

Il claque des doigts et peu après, deux soldats apportent la plaque en question. Elle ne contient aucune inscription. La reine remercie le trio en les récompensant et en les invitant à dormir au château. Ce grand honneur ravit le trio habitué à croupir dans les bas-fonds du royaume. Après leur départ, le roi, soucieux, dit à sa femme :

- Voilà un souci de plus. Personne à part nous et de rares personnes ne connaît la légende du Saint-Royaume, là où viendrait le pays de la Triforce comme tu me l'as enseigné. Il vaut mieux que je promeuve ces trois personnes. Ils doivent rester ici et ne point révéler notre conversation.
- Je t'approuve. Concernant Rin, je propose de l'oublier et d'attendre un peu la suite des événements. Quant à ce parchemin, nous le confierons aux nouveaux Zoras verts installés non loin de l'iceberg géant. Et pour la plaque ?
- Mieux vaut ne pas la toucher et la mettre en sécurité dans la forêt. Tu penses à quel endroit ?
- Oui, aux bois kokiriesques. Non loin de l'entrée d'un mystérieux arbre dont on murmure que c'est l'entrée d'un autre monde. Je sais de source sûre que très peu de personnes s'approchent de cet endroit. Je pense à un signe des Dieux qui veulent que nous remettions la plaque dans un endroit opportun. Mais avant cela, je ferai bâtir un petit temple pour honorer les Dieux des bois. Ensuite, nous nous en remettrons à la grâce des Dieux. Peut-être la plaque finira-t-elle par être inscrite ? Seuls les Déesses le savent.
- Tu restes toujours aussi sage. Je préfère ta sagesse à tes seins, plaisante encore admiratif son mari.

Zelda rougit, rit et feint de taper sur le personnage aux cheveux longs.

chapitres suivants...

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "lesourd". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 08.06.25