Jeux de lumière, jeux d'ombre
Chapitres 1 à 24 • Chapitres 25 à 48 • Chapitres 49 à 72 • Chapitres 73 à 96 • Chapitres 97 à 122 • Chapitres 123 à 147
Devant l'entrée du territoire du "dieu" des Mojos, Veroga s'adresse aux Mojos qui ont accompagné ses compagnons d'armes :
- Nous sommes convenus d'un accord : nous rencontrerons votre dieu, ensuite tout dépendra des circonstances, comme vous le disiez. Si par bonheur, nous sortons vainqueur du dieu, alors nous exigerons, en qualité d'ambassadeurs de Sa Majesté, un présent que nous choisirons.
Devant la demande ferme d'une fille aux cheveux rouges, les Mojos se regardent embarrassés : Quel présent voudront-ils exiger ? Sagatt est content du tour qu'a joué Veroga aux Mojos. Ceux-ci acquiescent, non sans hésitation.
Les quatre compagnons de Sa Majesté entrent finalement dans une grande clairière fermée par des milliers de branchages qui empêchent le soleil de briller. Pourtant, tout est éclairé comme s'il y avait des chandelles allumées. Tout est vert d'une couleur rassurante. Link ne se méprend pas sur la couleur : elle est une arme redoutable qui endort la méfiance de tout intrus pénétrant au royaume du dieu des Mojos.
Ils explorent des "salles" de la maison du dieu Mojo. Elles contiennent des énigmes peu difficiles à démêler grâce à Navi et Sagatt, et des monstres insignifiants, comme des singes enragés, des plantes carnivores ou encore des pitbulls que Link et Veroga n'ont aucun mal à éliminer.
La première difficulté arrive à un endroit qui semble sans issue si Navi n'avait pas décelé à coup sûr une petite ouverture située en haut. Pour y accéder, il faut gravir les branchages. Sagatt fait remarquer que cette ouverture est un peu spéciale :
- Elle est abordable pour une personne menue ou un insecte ailé (il vise Navi qui tourne la tête), mais inaccessible pour moi ou Link. Je ne pourrai pas la franchir, ma corpulence ne me le permet pas. Quant à Link, impossible d'y aller sans bouclier : il en a gros besoin. Je ne vois qu'une solution... (Veroga, à ces mots, comprend vite), l'ouverture serait plus appropriée pour tes petites fesses..., finit Sagatt en massant sa mâchoire.
- S'il faut que j'y aille, j'irai, répond Veroga qui n'en démord pas.
Elle saute subitement pour s'accrocher aux branchages juste avant l'ouverture. Elle s'y faufile et saute dans une petite salle. Cette salle, contrairement aux autres, ne possède pas de hautes herbes où des vaches se plairaient à en mourir. C'est plutôt une pelouse qui semble avoir été cajolée depuis peu. La fillette rouge avance lorsqu'elle pressent une sourde menace.
Du sol montent deux monstres que Veroga n'a jamais vus auparavant puisqu'elle habite dans un pays où les monstres sont plutôt des carnivores. Les monstres possèdent un bouclier et une épée large, un visage de squelette comme leur corps. Elle entend la voix inquiète de Link. Celui-ci veut savoir ce qu'il en est. Veroga, tout en tournant en même temps que les monstres, donne à Link sa description.
Des stalfos ! comprennent Link et Navi. Toujours Ganondorf ! Il se met toujours là où on le croit moins enclin à nous attaquer. Je ne peux rien faire, mais j'ai confiance en Veroga.
La femme bouge gracieusement ses bras dans des mouvements de danse, elle se meut autour du premier stalfos qui intervient. Le squelette est prudent et attend le moment propice. Prenant son courage, il essaie de porter son arme vers le visage de Veroga. Sans s'émouvoir, elle crée un mini-vent qui repousse violemment en l'air le bras du squelette. Profitant de la surprise, Veroga fait une roulade en avant à flanc droit du stalfos afin de porter sa dure main dans la cage thoracique. Sans porter gravement atteinte, l'attaque a blessé et surpris le stalfos qui recule.
Veroga se tourne vers un deuxième stalfos en le provoquant d'un mouvement de danse. Ce squelette s'approche en sautant. La panthère rouge saute également, mais en arrière derrière le premier stalfos qui l'avait combattue. Alors qu'elle est encore en l'air derrière ce stalfos, son pied repousse sa tête en avant. Le résultat est connu : deux squelettes s'entrechoquent violemment, l'un portant un coup d'épée fatal à l'autre, l'autre n'ayant pas pu éviter la cage thoracique de l'un. Les stalfos sont détruits dans un grand bruit et un nuage de poussière.
Veroga entend un bruit derrière elle. Les branchages se sont distendus ce qui a pour effet d'ouvrir la salle aux autres héros. Ils la félicitent pour son art en combat rapproché sans avoir été les spectateurs de son combat.
Ils continuent à explorer les bois sans grande difficulté en matière d'énigmes ou de monstres.
Parvenus dans une salle un peu plus sombre qu'à l'accoutumée, deux plaques élevées dans les airs au niveau du torse sont au milieu de la salle. Devant ces plaques, une porte fermée par des branchages rouges. Sans réfléchir, Veroga et Sagatt posent leurs pieds sur les plaques, ce qui a pour effet d'ouvrir la porte. Aussitôt, ils quittent les plaques, mais leur mouvement referme la porte ! Navi a compris le principe : il faut deux personnes pour s'asseoir sur les plaques et permettre ainsi à une autre personne de franchir la porte. Les compagnons sont convenus que Link et sa charmante fée seront les premiers à tâter du chaud de l'autre côté de la salle. Sagatt et Veroga répètent l'opération : poser leurs pieds sur une plaque. L'opération réussie, Link et Navi franchissent la porte rouge.
- On n'a qu'à attendre, dit Sagatt en descendant de la plaque. Veroga y répond favorablement.
Ils entendent soudain un bruit venant du haut. Ils lèvent leur crâne pour constater qu'un papillon géant est en train de s'amuser à leur foncer dessus.
Ils l'évitent de justesse. Ce papillon est noir et vert, muni d'ailes vertes avec un peu de couleur rousse. Il fonce sur eux une fois de plus, puis pond des oursins qui se lancent à l'assaut du géant et de la fille. Promptement et légère comme le vent, Veroga saute en l'air assez facilement, mais ne peut pas éviter le papillon qui lui rentre dedans dans un choc. Quant à Sagatt, il est alourdi par de mignons oursins qui semblent en vouloir à sa corpulence. Il n'a pas eu le temps de dégainer. Il se meut péniblement et attend l'aide de Veroga.
Celle-ci, tombée par terre, se relance en l'air pour produire des vents violents qui déstabilisent le papillon en train de s'en prendre à l'ancien soldat. L'insecte volant perdant ses ailes essaye de pondre quelques oursins, mais Veroga ne lui en laisse pas l'occasion en lui revoyant des vents contraires. Les oursins qui viennent d'être pondus sont désormais collés aux fesses du papillon. Il trébuche par terre. Même avec ses ailes, il serait plus difficile au papillon de bien voler avec le nombre d'oursins accolés à celui-ci. Veroga tranche des oursins qui enserrent Sagatt.
Sagatt libéré, la féline rouge saute sur le dos du papillon voletant avec difficulté. Elle libère de l'énergie du vent pour lacérer son dos. Deux lignes parallèles sont alors ouvertes sur le dos et luisent d'une petite lumière, signe que le papillon géant va mourir. Ce qui advient, le papillon meurt en explosant dans un amas de nuages violets. Veroga descend tranquillement tandis que Sagatt se dépoussière et lui dit :
- Vu l'allure que tu m'as montrée, tu seras un jour capable de satisfaire se xuellement ton futur compagnon.
Veroga ne répond pas devant le ricanement de Sagatt.
La porte s'est renfermée sur Link et la fée. Ils remarquent une salle circulaire verte dont la profondeur du trou occupe plus l'attention que les murs verdâtres. Une sorte de feuille verte géante semble inviter le Kokiri à se parachuter. C'est ce qu'offrent les pensées de Navi à Link. Link ne se pose pas de questions : il décide de tomber dans ce vide !
Il s'élance en manipulant la feuille. Comment dois-je la baptiser ? Puisque nous sommes à l'orée du royaume des Mojos, je nommerai l'objet : la feuille mojo. Mais en essayant de la manipuler, il s'y est mal pris et chute au premier abord. Le courage lui vient en aide, Link prend rapidement les deux bouts de la feuille. La feuille ainsi utilisée est aspirée par l'air, avec pour effet de ralentir la chute infernale qui ferait à coup sûr de Navi l'orpheline de Link. Encore heureux qu'elle ne soit pas dépensière en magie ! pense Link qui, cependant, observe attentivement le fin fond du trou. Il se parachute ainsi lentement mais en sécurité au milieu de la pénombre des murs. Finalement, la pénombre se mue de plus en plus en otage de la lumière verdâtre qui monte du sol.
Jugeant le moment opportun, le Héros du Temps lâche un bout de la feuille pour tomber par terre. Il ne s'est pas blessé. Il tourne sur lui-même en portant ses orbites sur la physionomie de la salle. Cette salle est exactement la même que les précédentes : murs verts constellés de branchages marron avec un peu de rouge par-ci, de vert par-là, le sol couvert de hautes herbes. Seul un tronc collé au mur trahit l'apparence banale de la salle. Link s'approche en dégainant, bouclier et épée. Navi se méfie.
Soudain, Link ressent une violente tension venue de nulle part. Exactement comme dans les bois perdus lors de la cueillette avec les jumelles ! A la petite différence que cette tension invisible lui paraît bien familière. Elle est porteuse à la fois de haine et de sarcasme. Non ! Je ne dois pas laisser l'angoisse me gagner à cause d'une menace invisible ! Et Link tient bon en remarquant tout à coup que la tension a disparu. Puis il est étonné par le regard bizarre de Navi porté sur lui. Son regard se traduit : "Que t'arrive-t-il ?"
Encore une autre tension ! Mais cette fois, elle vient du tronc esseulé. L'Hylien se met sur ses gardes en attendant le moment propice. Le tronc bouge dans un bruit aigu et sourd, puis explose. Il se transforme en un arbre-squelette géant. Il a des bras de squelette en bois avec des mains disproportionnées par rapport à sa taille. Le visage sur le tronc présente un aspect effroyable : une bouche édentée, des yeux d'amande, pas de nez. L'arbre n'a pas de feuillage et ses racines sont bien bétonnées dans le sol. Et pourtant, il avance tranquillement comme si le sol et les racines s'harmonisaient aimablement.
C'est alors que l'arbre, probablement le dieu annoncé par les Mojos, allonge son bras pour s'en prendre à notre héros.
Temple de la Lumière
J'espère que nos amis se portent mieux en ce moment. Ces pensées traduisent une inquiétude non dissimulée de la reine Zelda qui joue avec sa chevelure. Depuis quelque temps, j'ai reçu une vision. Elle m'a montré trois terres (Hyrule, Termina et le Saint-Royaume sans aucun doute) menacées par une main hideuse et énorme avec sur sa paume un morceau de Triforce. Sur son revers, je pouvais voir un unique oeil rouge, chargé d'une haine terrible. Sa haine portait sur tout ce qui est vivant.
N'y pensons plus ! Seul le présent importe !
Zelda est ainsi assise sur une chaise à deux bras, proche d'une table ronde portant le livre qu'a déniché Sagatt auparavant. Elle l'ouvre et feuillette ses pages. Tout à coup, une vision venue du début des temps lui revient. Elle entend dans sa cervelle une musique apaisante. Il me semble que je m'en rappelle comme si c'était hier. Et la reine comprend immédiatement : la musique servira à son ami Link.
Mais Link, en ce moment, a affaire à un arbre coriace à son goût. Navi lui a conseillé de lancer une bombe dans la bouche du dieu. La tentative de Link fut un échec devant la bouche close. De plus, les mouvements rapides des bras lui en laissent peu l'occasion. Quand il le veut, l'arbre ouvre sa bouche pour tirer des dards épineux. Link, très à l'affût, a pu les repousser au moyen de son bouclier mais il n'a pas pu éviter la morsure des dards sur l'une de ses jambes. Ses flèches sont inutiles, vu que des petits panneaux en bois ferment les yeux de l'arbre. Link passe son temps à esquiver ou parer les coups en se tournant.
Navi, très perspicace, a remarqué que lorsque Link a tiré des sagettes vers les yeux qui se sont fermés, des petits bouts de racine rouges, contrairement au corps squelettique de l'arbre, sont sortis du sol. Navi conseille alors à Link de tirer dans les yeux puis de toucher les parties rouges de racines. Link obtempère. Il réalise l'opération en lançant son boomerang vers les parties rouges, après avoir tiré des flèches. Le résultat est éloquent : l'arbre hurle en ouvrant la bouche. Partie gagnée ! Link n'a pas eu le temps de lui lancer une bombe dans la bouche parce qu'il voulait vérifier les résultats des conseils de la fée.
Alors, il répète l'opération. A nouveau, c'est une réussite et il peut à présent lancer l'arme explosive au fond de la gorge. La gorge émet un bruit, signe que l'effet a été explosif.
Trois opérations réussies et l'arbre gît vaincu sur le sol.
Le roi mojo hésite. En effet, bien après l'entrée des intrus aux bois sinistres, ses sujets lui ont relaté l'exigence de Veroga en matière de "compensation". Cette compensation est un cadeau récompensant une victoire éventuelle sur le "dieu" des Mojos. Et voici le moment redouté : Veroga et les autres sont devant le seigneur des Mojos et lui présentent une preuve du triomphe sur leur dieu. Lorsqu'il entend le mot "cristal", le roi a un choc. Quoi ! On veut me dépouiller de mon trésor, surtout celui-ci qui est un trésor sacré ! Le roi leur demande de proposer autre chose que le cristal. Refus ferme de Veroga. On en serait resté là si Sagatt n'était pas intervenu selon son esprit opportuniste coutumier. Le géant a ainsi proposé que la reine d'Hyrule offre un trésor bien plus précieux au roi : un sceptre d'or. Devant cette offre, le roi s'imagine déjà rendant la justice à coup de sceptre. Il accepte solennellement l'offre, n'ayant rien à perdre ni à gagner surtout le symbole de sa domination majestueuse. Sagatt reçoit un regard désapprobateur de Navi, et dans une moindre mesure de Veroga.
Ils reçoivent le cristal taillé dans sa blancheur divine. Mais de temps en temps, on devine la luminosité verte, symbole du courage, se refléter du fond du cristal.
Puis il est temps de rentrer à Hyrule, surtout que l'oeil géant à Anchoia brûle tout ce qui est autour de lui en ouvrant son unique paupière lentement mais sûrement. Pour le chemin du retour, nul besoin de chevaux, il suffit de souffler dans l'ocarina pour rentrer au temple de la cité de Zelda. Sagatt et Veroga posent leur main sur les épaules du héros, Navi étant déjà sous le bonnet de l'elfe. Link joue la mélodie de la lumière. D'un coup, devant la stupéfaction des Mojos, le groupe disparaît. Le roi Mojo regrette vivement de ne pas avoir exigé l'ocarina en retour.
La reine Zelda est moins surprise du retour de ses amis dans la mesure où elle a une vision beaucoup plus élevée que la plupart de ses sujets les plus clairvoyants. Elle n'a en revanche pas prévu la présence d'une jeune femme à la natte rouge, aux yeux perçants d'un vert clair et à l'allure gracieuse. On lui présente Veroga. La reine lui souhaite la bienvenue en la gratifiant d'un sourire chaleureux. On lui raconte les pérégrinations en forêt, au village mojo et la rencontre avec une précieuse alliée. Bien sûr on ne lui cache pas la filature des comparses de Pandore. Zelda, à cet exposé, devient soucieuse.
Zelda s'est approchée du livre sur le Saint-Royaume et leur raconte les circonstances de sa vision sur la main maléfique menaçant Hyrule. Elle leur raconte encore :
- Depuis que j'ai feuilleté ce livre, j'ai recouvert une partie de la mémoire perdue de la famille royale (à ces mots, Rauru tressaillit). Rauru, à ce que je constate par votre surprise, il n'y a en principe jamais de mémoire perdue de la famille royale. Et pourtant, j'ai capté une mélodie apaisante il n'y a pas longtemps et cette musique est justement l'un des trésors royaux. Depuis que la Triforce a été créée, la famille reçoit et apprend tous les attributs offerts par les déesses. Comme l'ocarina du temps, Link ou encore comme les mélodies de transportation. Or, il semble certain qu'un pan divin nous échappe.
- Vous avez très bien pu recevoir la mélodie comme un signe des déesses par les temps qui courent. Cette mélodie n'aurait ainsi jamais été apprise ou reçue dans votre famille, se hasarde Billo présent lui aussi.
- Ce n'est pas possible parce que les membres de ma famille ont la particularité d'avoir hérité des dons de leurs ancêtres. J'ai ainsi hérité de mes visions prophétiques. D'ailleurs, on dit que mon grand-père aurait hérité de la force surnaturelle sans avoir la corpulence des hommes musclés. C'est sans doute l'un des dons hérités de mes ancêtres. Je suis absolument sûre que la mélodie que je vais enseigner à Link est bien l'attribut que doit posséder la famille.
Elle sort l'ocarina du temps appartenant à la famille royale. Elle sort une mélodie apaisante en effet aux oreilles des personnes présentes dans le temple de la lumière. Cette mélodie semble sortir tout droit des joutes musicales qu'auraient jouées les déesses. Link l'imite en sortant l'ocarina de Saria. Grâce à ses oreilles d'Hylien, il l'imite à la perfection. Satisfaite de la prestation de son ami kokiri, Zelda lui apprend que cette mélodie s'appelle "la sérénade divine".
- Elle vous permet de pénétrer au Saint-Royaume.
Il y a une exclamation de surprise de la part de tous, sauf de Rauru qui n'émet qu'un souffle de soupir. Des exclamations fusent comme la bombe : "Non ?!", "Déjà !", "Par les déesses !" ou "Putain de mes déesses !", cette dernière exclamation est évidemment de Sagatt qui n'hésite pas à blasphémer en cet endroit sacré. Rauru ne connaissait pas l'existence de la chanson et s'interroge un court instant.
- Je comprends votre surprise d'autant plus que si j'en avais connu l'existence, je n'aurais pas pris la peine de vous envoyer ailleurs. Zelda prend un air désolé puis : "La question que je me pose est : Pourquoi ma famille a-t-elle oublié l'existence de la chanson ?"
Zelda suggère aux autres d'aller au Saint-Royaume se renseigner. Sagatt lui demande de ne pas oublier la promesse faite au roi des Mojos au sujet du sceptre. A ces mots du géant, la reine sourit moqueuse :
- Tu es l'un des rares sujets à outrepasser l'autorité royale et à prendre des décisions sans notre autorisation. Cependant, je ne t'en fais pas grief car tu ne l'as fait que pour le bien d'Hyrule. Je n'oublierai pas ta "promesse".
Billo fusille Sagatt qui lui sourit d'un air désolé en levant les épaules.
Mais le moment est venu de prendre le départ pour le Saint-Royaume. De nouveau, Sagatt et Veroga posent leur main sur les épaules de Link. Celui-ci répète de nouveau la chanson divine. Des bulles éclatantes de lumière viennent alors vers eux pour les avaler dans un éclat de lumière bleuâtre.
Les compagnons d'armes lévitent dans un espace inconnu, de couleur bleu foncé et brillant. Ils volent vers un point de lumière qui leur brûle les yeux sans pourtant leur faire mal. Et ils volent à une vitesse prodigieuse !
L'émotion n'a duré que quelques moments, car ils viennent d'atterrir sur un promontoire ou un sol invisible duquel on peut voir la terre à une distance très élevée ! Ils se retrouvent en l'air sans se rendre compte qu'ils posent les pieds sur un sol invisible. Autour d'eux, le ciel n'est qu'orange paisible. Le fleuve s'étend à perte de vue avec à sa gauche un promontoire neigeux. Sur ses rives, une forêt grande de plusieurs hectares. Plus loin des rives droites, une mer fait office de décor. Au-dessus d'eux, des champs. Des oiseaux inconnus à Hyrule volettent en chantant. Ils sont émerveillés par leur vision depuis une altitude aussi élevée que le Mont du Péril. Même Veroga n'avait jamais vu son pays depuis cette altitude. Link ne sait que dire de la vision d'un royaume aussi enchanteur.
On est arrivés au Saint-Royaume.
- Que faisons-nous ? demande Link, encore sous le coup de la rêverie devant un paysage merveilleux. Sinon la nuit va tomber.
- Ne vous inquiétez pas, les jours sont souvent longs et orangés. Il y a très peu de jours avec un ciel aussi bleu et une nuit aussi étoilée, répond Veroga avec un sourire naïf.
Mais ils se demandent comment descendre sans se casser une jambes et être déclaré incapable de mouvement, ou sans risquer une mort certaine. Veroga ne le sait pas. Link sort alors son monocle de vérité qu'il a bien fait d'amener en cas de besoin. Il l'utilise et constate que l'escalier teinté de cristal blanc se présente face à eux. Les quatre compagnons y descendent prudemment, à l'exception de celle qui n'a que des ailes à mouvoir.
L'escalier descend en pente douce et en colimaçon pour déposer les héros sur la rive droite du grand fleuve. A peine parvenus là, ils remarquent une sorte de monstre écaillé avec des plumes courtes sur la tête et une gueule de lézard. Ce monstre se traîne sur ses quatre pattes et visiblement il semble avoir l'appétit d'un carnivore car il grogne méchamment. On n'a pas remarqué sa queue qui se finit par une masse redoutable. Sa queue se balance bruyamment comme celle d'un chien. Link et Sagatt veulent sortir leurs armes mais Veroga les en empêche en tendant ses bras :
- Ne l'attaquez pas ! Le meurtre n'a pas droit de cité dans ce royaume même contre un carnivore !
- Tu veux qu'on se fasse bouffer comme des cui-cuis !? s'étonne Sagatt.
- Attendez un peu ! s'irrite la jeune femme.
En réponse à l'irritation de l'adoratrice du dieu Molierus, un chimpanzé sans poils et de couleur marron s'approche hardiment du monstre. Il lui fait alors un geste obscène en lui montrant son cul. Il le provoque en sautant en même temps qu'il montre ses fesses au monstre. Celui-ci agacé par les chimpanzeries de l'animal rugit, puis saute sur lui. Le singe l'évite facilement, ensuite il lui montre son pubis en tenant ses bras sur sa tête. En colère, le lézard se met à la poursuite du chimpanzé. Devant l'étonnement de ses amis, Veroga leur explique que certains animaux sont dressés dans le but d'égarer des carnivores ou des herbivores irrités lorsqu'un danger menace les habitants du royaume.
- Tout de même, nous ne sommes présents que depuis quelques minutes à peine, et ce clown s'amuse déjà ! Il fallait être rapide pour nous sauver ! ironise Sagatt.
- Je ne sais pas comment ils font, lui répond Veroga laconiquement.
Ils décident de se porter à la rencontre d'un habitant rural, pêchant non loin de là. Celui-ci ne semblait pas s'inquiéter des agissements du lézard et pêchait calmement. Le pêcheur veut bien leur donner sa barque, arguant face aux protestations des garçons qu'il n'aura qu'à fabriquer une nouvelle barque plus belle que l'autre.
On saute sur la barque et on se laisse emporter par le courant du fleuve. Ce courant les emmène, explique Veroga, directement à l'une des cités les plus belles du royaume. Cette cité comprend surtout le saint temple des déesses, Din, Farore et Nayru. La femme veut surtout amener ses amis à la rencontre des puissants prêtres et aussi sages du Saint-Royaume sur le modèle similaire de celui d'Hyrule.
Après une promenade fluviale agréable et sans histoire (à part deux chimpanzés verts qui se sont cognés stupidement en sautant entre les arbres, d'une rive à l'autre), la barque parvient finalement à la cité. Juste avant le pont-entrée de la cité, les héros accostent sur la rive gauche. Ce que regardent les trois compagnons d'Hyrule les émerveille.
La cité présente un aspect lumineux, agrémenté de marbre blanc. Des maisons n'ont pas de toit de charpente mais des toits en forme de cristal soit vert, soit marron, soit jaune, soit comme son habitant le veut. Pas de déchets, ni de puanteur sur les dalles marbrées de la ville. On est étonné par des fenêtres ouvertes qui se ferment en commandant simplement par magie le mécanisme des murs se renfermant sur les fenêtres. Seules les portes sont en bois agréable à toucher. Il n'y a pas de statues, ni d'ornements lourds mais simplement, dans bien des endroits, des symboles de la Triforce sur les murs des bâtisses. Les habitants sont mélangés en races semblables à celles du monde d'Hyrule : Gorons, Zoras, Hyliens, Kokiris (qui portent cependant des vêtements aux couleurs diverses) et d'autres que ni Link, ni Sagatt ne connaissent dans leur monde. Le salut est la moindre des politesses en la cité des déesses ! Veroga répond gentiment aux saluts des passants. Certains passants s'interrogent sur la présence du jeune elfe et du géant, mais ne poussent pas leurs interrogations plus loin.
Une bâtisse domine les autres et est perchée au sommet à un millier de mètres à peine : il s'agit du temple sacré des trois déesses. Pour y monter, il faut franchir un sentier pavé de couleurs aussi vives que les étoiles. Ce sentier est accompagné par des arbres clairsemés entre eux et des parterres de roses, des fleurs aussi bizarres que jolies. Bref, le monde du Saint-Royaume est un pays bien supérieur à Hyrule sur le plan de la beauté. Cependant, pour franchir le sentier, les compagnons d'armes doivent traverser un petit pont qui mène audit sentier. En se dirigeant vers le pont, ils rencontrent une dame "hylienne" à la face ronde, qui porte un paquet de poissons. Elle reconnaît Veroga et veut prendre des nouvelles. Veroga lui en donne du mieux qu'elle le peut. Sagatt intervient :
- La cité est bien belle. Elle est bien la cité de la Triforce dont on voit le symbole partout sur les murs ?
- Le symbole ? Ah oui, répond la dame d'un air charmant, ça ne fait pas longtemps qu'on les a frappés ainsi sur les murs.
- En fait, la notion du mot "longtemps" n'a pas le même sens que chez vous à Hyrule. Ce "longtemps" désigne un temps beaucoup plus lointain de l'ordre de mille ou de deux mille années, explique Veroga.
- Bon ma chérie, je dois y aller si tu le veux bien.
La dame les abandonne. Apparemment, la dame ne connaît pas le sens du symbole de la Triforce à en juger par sa mine, se dit Sagatt. Après tout, nous n'avons pas les mêmes notions, alors les mentalités...
Lorsqu'ils veulent monter le sentier, ils sont arrêtés par la féline Veroga. Elle leur explique qu'elle aimerait retourner chez sa grand-mère prendre de ses nouvelles. Elle leur dit de ne pas s'inquiéter et que les pensionnaires du temple pourront répondre aux questions qui seront posées. Elle leur dit ceci car elle est persuadée que certains possèdent la faculté de prévoir sans plus de précision les intentions des visiteurs.
Les trois acceptent et montent, abandonnant Veroga qui poursuit son chemin à l'opposé des trois compagnons.
Navi, Link et Sagatt seront peut-être les premiers d'Hyrule à "visiter" le temple sacré des trois déesses.
Les trois compagnons, sans Veroga, poursuivent leur chemin qui monte petit à petit et au bout duquel ils regardent avidement la bâtisse du temple des déesses. Ils marchent, marchent sans quitter des yeux la bâtisse. Au fur et à mesure qu'ils s'approchent en montant le sentier, les héros lèvent de plus en plus la tête afin de voir la façade du temple. Finalement, le sentier est arrivé au bout de sa course et laisse entrevoir un escalier massif sur sa longueur, mais ridicule sur sa largeur. Un escalier, ça ? Il ne faudra que quelques minutes à peine pour y monter, pense Navi qui a oublié qui elle est.
Après l'escalier, les déesses. La façade est beaucoup plus massive et glorieuse qu'on ne l'aurait cru. Seulement, on l'a cru. Trois petites portes austères se présentent de gauche à droite, de part et d'autre entre les trois colonnes. Entre les colonnes ? Plutôt, la colonne centrale est perchée au-dessus de la porte centrale, de façon que celle-ci est encerclée par les colonnes. Et quelles colonnes !
Les colonnes en question sont plutôt des statues simples dans l'art de manier l'outil des sculpteurs. Les statues sont de plus mises en couleur : rouge, bleu, vert. Celle de gauche est rouge, celle de droite est verte, celle du milieu est bleue. En somme, force, courage, sagesse. Le mur de la façade est marron clair avec un petit soupçon de pourpre. Le toit posé sur le temple a des tuiles rouge vif. Revenons aux statues, celles-ci tiennent sur leur ventre une boule de la même couleur propre à la force, au courage ou à la sagesse. Si on observe avec recul, les statues auraient bien pu être moches tant elles paraissent énormes par rapport aux visiteurs (elles peuvent tenir plus de la taille de dix hommes de deux mètres environ !). Pourtant, sans savoir comment, des sculpteurs ont admirablement épousé les silhouettes des déesses avec celle du mur. A moins que la magie n'agisse...
En tout cas, pas de présence de la Triforce sur la façade. Apparemment, le symbole même de cette Triforce se fond dans les déesses. Qui mieux que les déesses peut représenter la Triforce ?
Encore émerveillés par l'art de la façade, les compagnons entrent dans le temple. Là, ils sont saisis par l'immensité de la salle circulaire. Le plafond, notamment, est rond, ne laissant qu'un trou au centre filtrer le soleil. Le plafond est peint d'un vert vif comme les couleurs d'une jungle. Curieusement, la salle est éclairée par le soleil qui imprime sa marque astrale sur le sol : le ciel est orange et le soleil est toujours couché dehors ! Comment le soleil peut-il éclairer la salle alors qu'il est couché ? Deux soleils ? A moins que la magie...
La salle est circulaire comme son frère le plafond. Mais encore un détail bizarre : si elle est circulaire, alors les trois portes sont aussi imprimées sur des murs circulaires. Or, à l'extérieur par où Link est entré, la façade n'est pas circulaire, et la distance entre la salle et l'extérieur à travers la porte est beaucoup trop mince, de l'ordre d'un doigt, pour laisser s'harmoniser le circulaire et le plat. Comment les architectes font-ils pour agencer habilement forme circulaire et façade plate à travers les portes ? Encore la magie sans doute...
Les héros continuent le chemin en parcourant le sol constellé de mosaïques représentant une fleur et ses trois pétales rouge, vert, bleu sur un fond gris clair. Le centre de la fleur est jaune. A l'autre bout de la salle, une porte moins austère que les précédentes.
De nouveau, les personnages masculins et le personnage féminin passent la porte. Derrière, une salle en demi-cercle. Aucun mur devant, à part celui de la porte. Simplement des petites colonnes blanches ouvrent sur l'extérieur ce qui permet d'admirer les paysages du royaume sacré. Encore un détail ! Derrière les colonnes blanches, le ciel est... bleu contrairement au ciel orangé auquel viennent d'être habitués les héros. Le sol est blanc sans décoration riche, alors que le plafond est noir. Après le grandiose, le profil bas !
"Encore de la magie... Le côté magique est le credo numéro un en ce monde, à l'inverse d'Hyrule où il tient une place relativement secondaire... A moins d'un effet d'illusion ou d'optique ?", médite Sagatt en levant les yeux vers le plafond dans un geste de soupir.
Trois personnes sont assises sur le sol. Deux hommes qui semblent être des elfes, une femme également. Ils doivent être les prêtres dont Veroga nous a parlé, se dit Link. Les hommes ont un visage ovale, des yeux félins avec cependant une figure ronde au fond de leurs orbites. Leurs yeux sont bleu marine perçants. Ils ont une chevelure longue et blanche allant jusqu'au milieu du dos. Mais elle n'est pas le signe de la vieillesse mais le mode d'emploi normal d'un elfe du royaume sacré. Leurs mains sont douces et féminines. Ils ne portent rien d'autre qu'une robe blanche. La femme est dans le même cas à deux exceptions près : ses yeux sont verts et ses cils sont plus tendres et gracieux que les cils masculins.
Les prêtres sont assis en tailleur, les mains nouées.
Le personnage masculin, entre l'autre homme à sa droite et la femme à sa gauche, prend la parole :
- Nous vous souhaitons la bienvenue dans le sanctuaire sacré des déesses divines. Il est ouvert à tout le monde. Asseyez-vous, je vous prie.
Leurs interlocuteurs hyliens obtempèrent. Le sol, malgré leur crainte, n'est pas dur mais est adapté aux fesses. On dirait qu'il s'est subtilement transformé en coussin sans qu'on remarque pourtant les effets de la transformation. Le personnage poursuit :
- Nous avions pressenti votre venue depuis un moment et d'après votre accoutrement, vous ne devez pas être d'ici mais plutôt du monde d'Hyrule. C'est plutôt inhabituel ça...
Son collègue masculin intervient à l'encontre du personnage :
- Au lieu de bavasser, vous devriez vous présenter ainsi que nous, à nos nouveaux amis hyliens. La politesse est de mise.
- Pardonne-moi. C'est vrai, j'ai tendance à prendre les devants au lieu de me conformer aux présentations. Je suis Persétél, grand prêtre de ce temple. Celui qui m'a fait des reproches est Babel. Enfin, la prêtresse ici présente se nomme Isagène.
Isagène intervient calmement en esquissant un sourire mince :
- Que faites-vous ici ? Et que pouvons-nous faire pour vous ?
Link, Sagatt et Navi se regardent puis Sagatt invite Navi à exposer les faits, ce dont elle ne se fait pas prier et réalise avec méthode et détermination.
Après ces moments d' "exposé", Persétél hoche la tête affirmativement et lentement. Puis, il pose des questions :
- Ainsi, vous êtes venus élucider le mystère de certains phénomènes courants dans votre monde comme l'oeil géant à Anchoia ? Les terres sacrées ont-elles une relation avec ces phénomènes ?
- C'est ce que la reine Zelda suppose, répond Navi.
Un instant pensif, Persétél fait signe à Isagène de prendre la parole :
- Nous n'avons aucun contact avec les gardiens du Saint-Royaume "les Intouchables", mais nous savons qu'ils surveillent notre pays pour le salut de la paix et de l'ordre dans le monde. Seulement, nos prédécesseurs les prêtres nous avaient raconté avoir pris contact avec des Intouchables. Ils auraient des informations selon lesquelles les cinq endroits sont liés intimement avec les trois déesses. Donc ça voudrait dire qu'ils sont en relation avec vos phénomènes comme l'oeil selon vos hypothèses. Cependant, nous avons appris que pour pénétrer dans ces endroits, sources de réponses à vos questions, il faut prendre contact avec quatre personnes : Enki, Enlil, Ikou, ainsi que Lik. C'est tout ce que nous savons et nous n'avons pas la possibilité de vérifier nos sources, puisque nous passons notre temps à satisfaire les besoins des habitants.
- Pourquoi nous révéler tout ça ? interroge Sagatt.
- Parce que l'un de vous a un coeur pur, répond la femme en désignant Link.
Babel entre dans la conversation :
- Cependant, avant de vous donner les emplacements où vous devriez rencontrer ces personnes, nous prierons les Intouchables en espérant être entendus. Donc, nous vous prions de bien vouloir attendre un jour.
- Je crois savoir que vous n'êtes pas seuls et que vous étiez accompagnés par quelqu'un. Sans quoi, vous n'auriez pas trouvé le chemin seuls, dit Persétél.
- En effet, répond simplement Sagatt.
- Il s'agit de Veroga, répond à son tour Link.
- Nous la connaissons. Elle fréquente parfois notre sanctuaire mais nous n'avons pas de contact plus poussé avec cette personne et elle est très intime sur ses sentiments. Nous respectons donc ses choix.
Comme pour conclure, Isagène :
- Revenez nous voir demain si c'est possible. D'ici là, Veroga devrait vous conduire si vous avez bien pris un rendez-vous avec elle.
- Heu ! Nous avons oublié de prendre rendez-vous, s'exclame Link.
- Vous n'avez donc qu'à attendre sur la place présentée par nos habitants comme le centre de toutes les rencontres. Là, je suis sûre que Veroga viendra lorsqu'elle réalisera votre oubli et elle saura que nous vous aurons envoyés là-bas.
- Nous vous remercions.
La conversation s'arrête sur un sentiment d'inachevé avec cependant l'espoir d'avoir de plus amples d'informations à l'avenir. Sur ce, les compagnons d'armes se mettent en route vers la place décrite par Isagène.
On est sur la place !
Ainsi a pensé Link. Autour de ses amis, il y a quelques badauds qui se promènent par-ci, par-là. On vient pour se revoir, se raconter des nouvelles ou... pour conquérir des coeurs. Un petit mélange de races se fait sur la place : des Kokiris, Elfes, etc. En attendant l'arrivée de Veroga (les héros espèrent qu'elle se rendra compte de son oubli de rendez-vous), Sagatt fouine un peu sur la place en posant des questions sur le royaume sacré, ses habitants, ses dieux, etc. Ce doit être une déformation professionnelle de Sagatt, pense Navi.
Quelques moments plus tard arrive enfin la féline à la natte rouge, Veroga. Elle les prie d'excuser son oubli involontaire. Elle était chez sa grand-mère quand elle s'est aperçue de sa méprise. Elle est venue aussi vite qu'elle l'a pu en songeant aux conseils qu'auraient donnés les prêtres aux héros.
- Voilà ! Encore, excusez-moi. Sans l'aimable obligeance des serviteurs des déesses, vous seriez perdus. Alors avez-vous des nouvelles ?
Mais avant que Link ne réponde, Veroga demande à relancer la conversation un peu plus loin par crainte inutile que des mauvaises nouvelles ne parviennent aux oreilles des "badauds". Le groupe accepte et suit la fille.
Ils quittent la place en se faufilant dans les petites rues menant à un petit pré assorti de quelques cailloux et deux ou trois pierres. Devant le pré un mur de tilleuls jaunes ou verts se tient debout. A droite du pré, un fleuve plus impétueux qu'à l'ordinaire. Veroga retarde encore la conversation en prétextant un petit besoin urgent. Le Kokiri, la fée et l'îlien hochent la tête favorablement. Pendant que Veroga se dirige vers les tilleuls, Link est attiré par une sorte de peluche assise sur un rocher. Quant à Sagatt, il regarde ailleurs. En fait de peluche, il s'agit plutôt d'une tête de chien avec des longues mèches qui cachent en grande partie le pif et la bouche. Seuls deux yeux noirs fixent le héros du temps. Celui-ci ne peut s'empêcher de caresser la tête du chien blanc. L'animal geint de bonheur en se faisant caresser ainsi. Link, n'ayant pas fini de le caresser, n'a pas vu d'autres têtes apparaître. Que vous êtes mignons ! Il se tourne vers Sagatt, dos aux chiens, en lui lançant :
"Sagatt, viens voir les petits chiens ! On a rarement vu plus adorable que ces chiens !"
Sagatt ne prend pas la peine de regarder vers le groupe. Il ne fait que hocher la tête avec lassitude.
Cependant, derrière le dos de l'elfe, Navi fige ses ailes dans un mouvement de stupeur : des longs cous de chiens sont éjectés du rocher faisant apparaître un petit monstre aux mille têtes de chiens blancs. Et ces chiens ne sont plus adorables ! Ils grognent !
"Link !"
Aussitôt, celui-ci fait volte-face. Il se retrouve nez à nez avec l'hybride canin. Il veut dégainer mais ne peut pour deux raisons : il n'aurait pas le temps de riposter aux attaques et il se rappelle les paroles de Veroga sur l'interdiction de meurtre envers les carnivores du Saint-Royaume. Devant ces perspectives, Link tend ses bras pour prendre des cous au hasard. Il se débat avant d'être plongé dans l'eau du fleuve qui l'entraîne. Navi crie tandis que Sagatt plonge instinctivement après avoir entendu les cris de Navi mêlés à ceux du monstre.
Veroga, ayant fini de pisser et entendu les cris, court en voulant leur crier quelque chose : "N'y allez pas ! Le fleuve vous emmènera plus loin !" Mais ses amis sont trop loin, y compris Navi qui volette dans le sens du fleuve. Elle se résout finalement aussi à mouiller ses vêtements.
Le bras armé de l'élément aquatique pousse Link, Sagatt et le monstre ailleurs et loin de la cité. Il court plus vite de sorte que Sagatt et Veroga n'ont pas à faire des mouvements inutiles de natation. Cependant, le monstre qui n'aime pas l'eau, se débat frileusement et, gagné par la peur, se noie bizarrement lâchant ainsi Link. Finalement, le fleuve se fait moins agressif et les amis peuvent gagner la terre bénie. La terre se compose de gros rochers avec des touffes de buissons jaunes. Veroga vient de gagner la terre en dit aux autres :
- Nous sommes beaucoup trop loin de la cité." Un instant reposée des joies de la baignade fluviale, Veroga dit encore : "Je n'ai pas d'autre choix que de contacter les prêtres par télépathie. Vous le voulez bien ?"
Si Link et Sagatt le veulent ? Bien sûr qu'ils le veulent, pas enthousiasmés à l'idée d'être perdus en pleine campagne inconnue !
Alors la fille s'assoit par terre et entame une coûteuse concentration de télépathie. Elle a les yeux fermés. Les autres n'osent pas la déranger. Quant à Navi, elle vient d'arriver péniblement en atterrissant et en demandant à boire. Link l'amène délicatement sur le fleuve tout en faisant attention à ce que le fleuve ne l'emporte pas.
Veroga vient de terminer sa télépathie et raconte que des secours arriveront du ciel. En attendant les secours, elle écoute l'histoire de l'entrevue avec les prêtres. En entendant les noms des contacts (Enki, Enlil, Lik, Ikou) ainsi que les mentions des endroits à visiter, Veroga tressaillit :
- Mais... qu'est-ce que c'est que ces idioties ? Ma grand-mère ne m'a jamais parlé de ces endroits ! On vous a raconté des histoires.
Surpris, Sagatt s'exclame :
- Mais tu nous as dit que ta mémé est l'amie des prêtres, non ?
- Elle était l'amie des anciens prêtres, répond Veroga flegmatique.
- Je vois... Et comme tu as peu de contacts "poussés" avec les prêtres, comme ceux-ci le disent, ils ne doivent pas connaître ta filiation avec ta grand-mère, n'est-ce pas ? poursuit Sagatt.
- C'est exact. Je ne leur ai jamais parlé de ma grand-mère. Elle tenait à être oubliée par les nouveaux prêtres.
- Pour quelle raison ces prêtres nous ont-ils menti ? intervient Link.
- Je l'ignore. D'ailleurs, il faut nous cacher. Je propose d'aller chez grand-mère, dit Veroga.
Navi accepte tout de suite, suivie de son compagnon kokiri. Sagatt qui voulait proposer une autre alternative, n'a pas d'autre choix que de suivre Veroga, se sentant un peu fatigué par toutes ses émotions en une journée au pays bizarre. La fille aux cheveux rouges donne l'ordre de se cacher derrière des rochers en attendant les secours.
Le moment vient où des secours arrivent du ciel. Plutôt un secours : une espèce d'autruche avec sur la tête une crête en forme d'épines levées vers le ciel. "L'autruche" a de gros yeux qui louchent un peu. Elle hésite dans sa façon de marcher. Par endroits elle baisse la tête en faisant semblant de picoter. Elle regarde un peu partout comme une idiote : elle ne semble pas savoir qui elle doit rechercher. D'ailleurs, comme si elle a marché sur une banane, elle tombe en arrière en gémissant et ses yeux grossissent un peu plus.
Veroga avertit pourtant les autres de ne pas se fier aux apparences de la bête : elle est très intelligente et capable de renifler n'importe qui. Link et ses amis entendent ses conseils et se tiennent cois. De toute façon, un seul oiseau comme secours, c'est un peu gros !
En ayant assez de rechercher inutilement, après une dizaine de minutes infructueuses, l'oiseau s'en va vers les cieux. Veroga et son groupe sortent des rochers. Elle leur propose de la suivre chez sa grand-mère.
Bien sûr, on te suit ! dit Link.
Des heures de longue marche quand il le faut.
Il le faut... Ainsi pense Link qui est en train de suivre les pas de Veroga, adoratrice du dieu Molierus. Cette femme semble très bien connaître le chemin à travers plaines, rochers, sentiers tortueux, forêts, tout ce qu'il faut dans la campagne à la fois accueillante et hostile. Cependant, elle a choisi un chemin plus long qu'à l'ordinaire afin de ne pas être repérés par les prêtres. Au lieu de suivre le fleuve, on choisit de parcourir une plaine de hautes herbes de la taille d'un Kokiri, puis de franchir une forêt semblable à celle chez Link, agréable en prime, et enfin des collines qui doivent mener jusqu'à la bâtisse de grand-mère. La femme qui a connu les prédécesseurs des prêtres des déesses, semble en savoir plus sur tout ce qui a trait aux "légendes"...
Ils arrivent finalement au seuil de la maison de la grand-mère de Veroga. Elle est bâtie en pierres sèches et en bois dur. On évoquerait plutôt une maison de pasteur de brebis qu'une maison accueillant une famille heureuse. L'impression des habitants d'Hyrule est confirmée lorsqu'ils pénètrent dans la maison. Les pierres des murs sont assemblées maladroitement et sans ordre apparent, laissant entrevoir un gros bloc en compagnie de pierres de la taille d'une brique ou encore même d'un minable galet de plage... Malgré cette disposition digne d'un maçon de seconde zone, le groupe ressent une impression de renfermé du fait qu'aucun trou, par où le soleil massacrerait la salle, n'est visible, à part la porte bien entendu. Donc, aucune fenêtre. Si autre ouverture on veut, on pourrait compter une simple cheminée avec un chaudron en cuivre. En face de la porte, un lit simple, couverture blanche et oreiller en prime, soutient une vieille dame.
Cette vieille dame est de petite taille dévolue aux nains, eu égard à son âge qui sectionne cruellement les os en les mordant patiemment au fil des ans. Son visage est rond et ridé, ses yeux sont bridés (ce qui pourrait s'expliquer par le nombre d'heures passées à faire de la lecture). Sa chevelure vire au blanc et comprend une boule de neige derrière son crâne. Cette "boule de neige" est attachée par une mince corde qu'on discerne à peine. Son corps est petit mais vigoureux pour son âge et cependant, on perçoit la faiblesse de ce corps laissant croire que l'heure noire viendra à l'instant. Elle toussote avant de reprendre une bonne allure :
- Tiens Vergra ! Tu es de retour depuis longtemps, on dirait...
La voix de la grand-mère est ferme sans dissimuler les difficultés de son élocution.
Veroga, la petite-fille, avance d'une allure qui se veut ferme mais qui trahit néanmoins l'inquiétude de la féline rouge. Elle pose sa main sur le front de la vieille qui l'écarte aussitôt en souriant. Veroga lui répond :
- On avait des ennuis... Gran-ma... En fait, nous avons découvert l'intrigue sombre des prêtres de qui tu sais...
"Gran-ma" rit rapidement, puis demande à entendre un récit depuis le départ de sa descendante. Sa descendante obéit sans discussion. Après quelques heures de récit, Gran-ma hoche la tête puis demande au géant d'allumer la cheminée car la nuit vient, enfin, de tomber comme le couperet.
- Je voulais utiliser mon don de la double vue mais j'ai préféré m'abstenir par précaution. Et puis, je savais Veroga en votre compagnie depuis l'épisode des bois des Mojos...", assure Gran-ma avant de poursuivre : "Ça me rappelle de bons souvenirs, en écoutant des histoires à côté d'une cheminée lorsque je n'étais encore qu'une frêle fille...". Un silence retombe puis : "Vergra. Je sais que tu veux à tout prix me guérir et je t'ai donné des conseils pour ça... Mais je voulais aussi te lancer dans l'aventure avec Link car tu dois contrecarrer le dessein des prêtres ! De même que tu dois aider Link à résoudre les problèmes de son monde !"
Veroga acquiesce.
- Depuis la disparition de mes amis, les anciens prêtres, j'avais tout de suite soupçonné des vils desseins sans en connaître leur teneur, à partir de ma retraite. Si j'étais jeune, j'aurais découvert depuis longtemps les buts de ces pseudo prêtres mais... (Gran-ma fait un sourire triste) mes pouvoirs se font faibles... Cependant, il existe vraiment un trésor bien plus incomparable encore que la Triforce elle-même dans le Saint-Royaume... que les prêtres recherchent activement et en secret !
Les compagnons d'armes se demandent avec étonnement comment ce trésor peut être plus convoité que la Triforce. Ils n'avaient jusque là jamais entendu parler de trésor supérieur en pouvoir et en convoitise que les fragments de la Triforce. C'est pourquoi la grande oreille, la petite oreille féminine, l'oreille humaine et l'oreille de fée sont toute ouïe, attendant impatiemment la suite des paroles de Gran-ma comme on scruterait avidement sans perdre une goutte les paroles sacrées d'un dieu !
- Mais je suis bien incapable de savoir quels pouvoirs renferme le trésor lui-même !
Gros soupir de déception.
- Ce sont mes amis qui m'ont révélé la légende du trésor sans pour autant me dévoiler ses secrets... Je les comprends. Cependant, ils ont bien voulu me révéler des endroits par lesquels il faut passer jusqu'au trésor !
Puis la vieille dame demande à Veroga d'aller chercher un objet insolite derrière la maison parmi les excréments de chèvre et les brindilles d'orties. Veroga sort sans comprendre. On attend un moment. La femme revient rapidement avec une boule rouge de la taille d'un ballon qui luit brillamment à la lueur des flammes de la cheminée.
- Vergra... Cette boule est la clé d'entrée... du Saint-Temple des déesses qui renfermerait le trésor... Les anciens prêtres me la confièrent, la jugeant plus sûre chez moi que dans un temple gardé. Ainsi ce temple est vide de cette boule au cas où un intrus y parviendrait... Les autres boules, verte et bleue, se trouvent à la grotte mystérieuse et à la tour verte. Je suppose que c'est ce trésor qui attire les viles convoitises de Ganondorf et des autres méchants...
Link se dit que le moment de résoudre les problèmes en allant simplement à ces deux endroits est enfin arrivé. Que tout cela est si rapide ! On est parvenus au royaume sacré grâce à Zelda ! Les yeux de Link luisent d'espoir. Je m'imagine très bien au Saint-Temple combattant les dangers...
La grand-mère qui a lu les yeux de Link dit encore :
- Mais ne vous trompez pas ! Les prêtres qui doivent avoir eu vent de votre disparition vont tout faire pour vous rechercher. Vous ne connaissez rien de notre pays... Et même Veroga ne connaît pas le chemin de la Tour ! Elle ne connaît que celui de la grotte ! Je vous conseille donc de mettre la boule à l'abri à Hyrule le temps que les recherches s'essoufflent...
- Mais vous avez oublié l'oeil géant ! s'exclame Link.
- Je ne l'ignore pas... Mais je sais que l'oeil n'ira pas jusqu'à plonger Hyrule dans les ténèbres tout de suite. Car je suis persuadée intuitivement qu'il ne grossit que pour vous effrayer ! Celui qui commande l'oeil ou l'oeil lui-même doit vraiment avoir besoin de vous pour ne pas mettre ses menaces à exécution. Cependant... j'avoue que si vous traînez un peu, la menace ne tardera pas à être terrible ! Comme la chanson de Zelda vous aidera, vous pourriez mettre à profit le temps qui vous reste, puisque le voyage entre nos mondes ne coûte qu'un temps ridicule...
Link trouve ce conseil intéressant. Les autres semblent être de son avis.
Gran-ma, ou la grand-mère, demande à Veroga et ses amis de retourner sur-le-champ à Hyrule. Pour toute réponse, Veroga pose un baiser sur le front de sa grand-mère. Tu m'as donné courage et espoir, Gran-ma ! pense Veroga en regardant la mine ridée de la vieille dame. Puis elle suit les autres déjà dehors sous un amas d'étoiles dans le ciel.
Lorsqu'ils sont de retour à Hyrule, Link et la reine Zelda oublient la mélodie de la chanson qui doit ouvrir le chemin vers le Saint-Royaume. Et ils se demandent pourquoi et comment...
Grotte, près de l'île d'Anchoia
Il fait beau. Il fait tout simplement beau, avec une boule qui éclaire la mer. Mais c'est une boule qui vient de monter depuis la mer. Donc, la beauté n'est pas celle qu'on aurait observée en plein matin ou après-midi, mais à l'aube. Mais la beauté est altérée par une autre boule plus sinistre : l'oeil géant. L'oeil grille de plus en plus l'iceberg géant dont on dit que la taille peut avoisiner la plaine d'Hyrule et le lac Hylia réunis. L'oeil grossit de plus en plus au fur et à mesure que le rythme des jours passe inexorablement. Mais, une personne pense que l'oeil finira par disparaître comme si ce n'était qu'un mauvais souvenir.
La personne est un homme. Cet homme porte une chevelure blanche, signe de sa couleur naturelle, qui ne ressemble en rien à la chevelure des vieillards, ses yeux tirent sur le bleu, son nez est petit et viril, son menton est à la fois aquilin et viril, ses oreilles sont petites comme... celles d'un humain. Sa taille est juste à la portée d'une personne faisant environ un mètre quatre-vingt. De la grotte d'où il vient, il peut admirer le soleil, nu qu'il est comme un ver. La grotte se situe en haut d'une montagne près de la mer et surtout près du temple du temps (le temple dans lequel sert Laulu, ami de Rauru). L'homme soupire puis retourne auprès du lit dans lequel se repose une femme.
Cette femme dort paisiblement. En entendant les bruits de pas, elle ouvre ses yeux noirs. Elle regarde l'homme amoureusement et tendrement. Puis elle démêle ses cheveux, noirs aussi. Sa peau est mate, bronzée, métissée. Ses lèvres sont à la fois minces et sensuelles. Son nez est fin et petit. Ses oreilles sont de même nature que celles des humains : c'est donc une humaine. A la voir de près, on évoquerait une admirable adolescente timide plutôt qu'une jeune femme. Pourtant, sa forte poitrine prouve qu'elle est désormais bien une jeune femme dans la force de l'âge. Elle regarde encore une fois l'homme et dit :
- Tu assistes encore au lever du soleil ?
- Tu me connais mieux que personne et tu sais d'où je viens. Je ne peux plus me passer du soleil des magnifiques pays du monde d'Hyrule.
Il dépose un baiser sur le nez de la femme, puis déclare tout en s'asseyant et tenant la tête de son "amie" sur son bras :
- Tu n'ignores pas non plus qui je suis. Et pourtant cela m'a coûté cher de te l'avouer en substance.
- Je te vois venir... Tu voulais me dire quelque chose, dit la femme en souriant.
- Oui, Nuténa. Tu sais aussi que depuis des années je cherche le moyen qui nous permettra d'être ensemble selon tes "normes" et sans subir les conséquences que tu sais. Enfin... aujourd'hui, je dois mettre un peu entre parenthèses notre quête...
- De toute façon, tel que je te connais maintenant, je te fais confiance. Simplement, il faut du temps... Du moins, je le crois.
- Oui... répond son compagnon qui pense toutefois qu'il y a peut-être des doutes sur sa quête, mais il préfère garder espoir.
- Qui vas-tu aider aujourd'hui, mon bel amoureux ?
- Une personne qui vaut la peine d'être aidée.
Interrompant sa conversation, il s'habille avant de prendre un curieux objet éclairant d'un blanc pur. Puis, il est décidé : il partira aider ses nouveaux amis. Car il ne peut pas les laisser tomber malgré ses règles de neutralité en ce qui concerne le monde d'Hyrule.
Village Kokiri
Mido vient d'être jeté par terre.
Tout l'ensemble des Kokiris, mâles ou femelles, observent la scène apeurés, tandis que le chef de la tribu kokiri regagne le groupe sous les ricanements des monstres. Parmi ces monstres, une masse bestiale en est leur chef, qui vient de frapper Mido. Ce chef a une apparence de cochon poilu avec deux défenses pointues qui sortent de sa bouche. Les autres monstres sont soit des moblins, soit des loups-garous, soit des petits stalfos.
- Ha ! ha ! ha ! sales chiens de Kokiris ! On ne rigole plus ? Tant mieux, depuis que l'arbre Mojo a crevé et que son fils de bourgeon misérable n'est qu'une plante légume.
Cependant, je me demande pour quelle raison on est venus au village des Kokiris... On nous a juste dit : "Allez au village de la tribu des Kokiris et faites ce que vous en voulez." C'est tout. Je ne me pose pas de questions et j'applique les ordres à la lettre. Ça tombe bien ! Je me sens tout rouillé. Merci à toi notre maître Ganondorf...
Pourtant, le seigneur du malin n'est pas venu de son propre corps commander le chef des monstres. Ce n'était juste qu'un de ses serviteurs qui était venu annoncer l'ordre de Ganondorf.
Et il est là avec ses soldats à terroriser à plaisir les Kokiris.
Quant aux Kokiris, ils se tiennent groupés, ensemble, comme si la force de leur nombre pouvait éloigner les monstres qui infestent le village. Ils se seraient volontiers précipités dans leurs huttes en bois mais ces monstres ne l'ont pas voulu. Ils regardent attentivement les monstres en tremblant. Ils se demandent ce qui leur arrive, eux qui n'ont jamais quitté le village ou gardé contact avec l'extérieur à part les Mojos ou les enfants perdus. Pourtant, ils ne se lassent pas de se poser des questions : "D'où viennent-ils ? Ce sont des Hyliens ? Que vont-ils faire de nous ?" Mido a protesté et est allé au devant du chef, malgré le fait que son vêtement soit mouillé de pisse au-dessous de la taille. Les fées ne bougent pas, peureuses.
Alors que le chef est en train d'ordonner quelque chose, un mouvement se fait parmi les Kokiris et les monstres. En effet, ceux-ci lèvent la tête vers l'entrée des bois perdus. Un Kokiri ose s'approcher calmement, descendant la pente, sautant en bas de la hauteur. Les monstres n'osent pas bouger car ils sont impressionnés par l'allure gracieuse et la noblesse de l'attitude qui est celle d'un futur sage. Ce Kokiri porte des cheveux se confondant avec la couleur de la forêt. Il se dirige vers le chef. Parvenu devant lui, il fait un mouvement.
Saria frappe d'une paume le visage du commandant des monstres.
Un cri d'indignation surgit des monstres comme réveillés de leur torpeur. Un cri de gémissement et de peur surgit des Kokiris.
Le chef, un moment hébété et halluciné par l'audace de Saria, entend les paroles de reproche et d'indignation de celle-ci. Soudain, perdant son sang-froid, il frappe à son tour violemment Saria. Elle tombe en arrière, puis essuie son nez d'où coule du sang. Un ordre fuse :
- Tenez cette chienne ! (On lui obéit en prenant les bras de Saria) Tu regretteras d'être pondue. Tu fais la maligne ? Très bien, je vais te sodomiser et ensuite tu goûteras aux ruts de mes soldats tellement que ton cul en sera déchiré ! Mais avant cela...
Il prend la lance d'un soldat poilu et continue :
- Je ne tiens pas à souiller ma semence dans ton cul. Tu vois cette lance ? Eh bien, elle servira de lance se xuelle... Tenez-la bien !
Saria ne gémit pas. Elle se résigne. Deux monstres arrachent le bas de sa jupe laissant entrevoir des fesses dénuées de culotte. (Les Kokiris étant d'éternels enfants ne sont pas censés avoir des relations se xuelles et ne connaissent pas la pudeur.) Des Kokiris gémissent. Le commandant tient la lance à l'horizontale par rapport aux fesses et calcule le moment de mettre son ignoble arme dans le petit trou.
Mido gémit de colère et de honte car il ne peut rien faire contre la force des monstres. Et de toute façon, un monstre le contient aussi aisément que si Mido était une feuille. Le chef esquisse un mouvement.
Un cri tonne tout à coup, qui vient de l'entrée reliant la plaine Hyrule et le village. Puis, le chef, arrêtant un instant sa lance, remarque une scène : deux gardes-monstres sont en l'air avant de tomber par terre. Un jeune homme aux cheveux blancs fait son apparition. Il tient une épée scintillante d'une blancheur pure. Il s'arrête sur le seuil de l'entrée et regarde l'ensemble des monstres et des Kokiris. Il semble savoir ce qu'il va faire. Sa voix lance :
- Relâchez les Kokiris innocents et je ne vous ferai pas de mal. Vous pouvez quitter l'endroit sans dommages, ni intérêts.
Sa voix est ferme et terrifie le chef. Mais celui-ci n'en démord pas et fait remarquer qu'il est à quatre contre un. Sans plus poser de questions, il ordonne d'attaquer l'insolent merdeux.
Des coups tombent d'une épée blanche. Ils ont dessiné des courbes blanches. Des monstres tombent, gravement blessés. Un étonnement parcourt les monstres. Leur chef râle. L'inconnu répète que les monstres peuvent encore quitter le territoire tant qu'il en est encore temps. Son ennemi ricane doucement et avance vers lui, lance à la main.
Sans mot dire, l'inconnu touche rapidement la lance sans la couper. Aussitôt, la lance disparaît sous les yeux effarés de son propriétaire provisoire. Grognant de haine et de colère, il dégaine son sabre et veut découper verticalement l'humain. Mais celui-ci ne lui en laisse pas l'occasion : des coups faibles mais rapides de son épée blessent les deux épaules du cochon poilu. Le nouveau sauveur des Kokiris déclare qu'il ne tient nullement à recourir au meurtre sauf s'il y est acculé en légitime défense. Les monstres, obtempérant, déguerpissent vers les bois perdus. Quant à leur chef, il se dirige péniblement en courant vers les bois perdus, ne comprenant pas ce qui lui est arrivé. Des cris de soulagement parcourent les Kokiris qui se précipitent joyeusement vers l'inconnu, pendant que d'autres relèvent Saria qui leur sourit calmement.
Peu après apparaît Link qui court avec Sagatt et Veroga, ainsi que Navi. Zelda qui avait pressenti le malheur s'approchant des Kokiris, a pressé le héros du temps de se précipiter à la clairière kokiri afin de sauver ce qui peut l'être.
Link, sans répondre aux Kokiris qui lui demandent son nom et sans remarquer l'apparition du sauveur, court instinctivement vers Saria. Il s'inquiète des pans déchirés de sa jupe qui dévoile trop de choses. Saria comprend tout de suite qui est l'adulte qui se précipite vers elle. Alors, elle lui sourit et lui demande de ne pas s'inquiéter pour elle. Link comprend ensuite que Saria l'a reconnu malgré sa silhouette d'adulte. Il lui sourit à son tour.
Soudain, il ressent un malaise familier et haineux venant de quelque part. Il sait que ce malaise est le même que l'autre fois, lorsqu'il était en train de cueillir des aliments avec les jumelles. Il n'aime pas ça et se demande ce qui peut se cacher derrière ce malaise.
Pendant ce temps, le chef des monstres suit ses soldats qui mettent de plus en plus de distance entre eux et lui. Le chef est sonné par la puissance de son adversaire. A présent, il se sent humilié et jure de se venger. Puis, il voit horrifié devant lui des éclatements des corps encore vivants de ses soldats. Puis il voit enfin la personne qui vient de massacrer ces monstres. Il le voit. Il comprend horrifié. Ses yeux deviennent vitreux de peur.
Puis, son corps est déchiré à son tour. Son meurtrier quitte les parages et disparaît à l'horizon.
Quant à Link et ses amis, ils reçoivent les présentations de l'inconnu avant de le remercier d'avoir sauvé les Kokiris. Cet inconnu dit :
- Je sais qui vous êtes. Je me présente : je me nomme Rafaeli.
Pendant qu'il l'écoute, Link a l'impression d'être devant un personnage très noble d'attitude et de très grande puissance qu'il vaut mieux avoir pour allié que pour ennemi. Ses impressions se confirment lorsqu'il entend encore :
- Je viens du Saint-Royaume et j'habite votre pays depuis très longtemps. J'appartiens à la race des "Intouchables".
Le groupe se tient coi pendant un moment. Quoi ? l'inconnu qui vient de sauver les Kokiris, n'est autre qu'un fameux "Intouchable". Veroga regarde attentivement l'Intouchable des pieds à la tête. Dans son pays, les Intouchables sont des légendes sans savoir s'ils existent réellement. Navi volette doucement de haut en bas comme si elle mesurait la taille de Rafaeli. Sagatt ne sait plus où donner de la tête : deux pensionnaires du Saint-Royaume viennent en Hyrule comme des visiteurs en un rien de temps, et quels visiteurs ! Une fille féline qui a des rapports privilégiés avec sa grand-mère alors amie des anciens prêtres du royaume sacré, et un mâle se présentant comme un fameux Intouchable censé être l'un des gardiens du royaume sacré ! Cette fois, il se méfie moins de ce nouvel allié qu'il ne s'était méfié de Veroga. Quant à Link, il trouve que l'aubaine tombe à pic du ciel en la personne d'un des fameux personnages légendaires. Non seulement il a sauvé ses amis mais désormais il sera leur allié inestimable. S'il n'est pas un de ces Intouchables ? Il s'en moque.
Sagatt ironise :
- Link, je suppose que tu vas l'accepter dans ta compagnie comme tu l'as fait pour Veroga ?" Ainsi finit Sagatt en regardant Veroga.
Link ne peut qu'opiner gentiment du chef tandis que Navi vole de haut en bas et inversement, cette fois pour marquer son approbation.
L'affaire est conclue en moins d'une misérable seconde. Rafaeli sourit : je savais qu'ils m'accepteraient rapidement. Tant mieux car il faut toujours aider les personnes à écarter le mal grandissant.
Link et ses amis déclinent l'invitation de Mido (qui n'a pas reconnu le Link adulte mais qui s'interroge sur ses habits de Kokiri). Cependant, Link promet à son amie Saria de la revoir après son aventure à Anchoia. Celle-ci accepte la proposition. Lorsque le groupe est parti, Saria affronte les questions de sa tribu sur ses relations à priori inconnues avec un adulte.
Plus tard, sur la plaine d'Hyrule
Veroga en compagnie de Sagatt, Link avec Navi, enfin Rafaeli, chevauche à travers la plaine. Rafaeli est assis sur un étalon d'une blancheur pure. Auparavant, il s'est présenté à la reine Zelda visiblement ravie d'un nouvel allié en si peu de jours. La femme sait par intuition qu'on peut compter sur l'Intouchable. Et là, Rafaeli devient mieux connu par ses compagnons : il est peu bavard mais précis quant aux décisions à prendre. C'est ainsi que le groupe suit Rafaeli vers une destination précise : Anchoia. L'Intouchable ne leur a même pas dit quel moyen de transport il a pris pour parvenir aussi rapidement de sa demeure vers la tribu des Kokiris. Il a pris un moyen assez spécial pour y parvenir ! Et là encore, il préfère galoper comme les autres au lieu d'utiliser un transport spécial qui aurait permis d'abréger les coûts relatifs aux temps de voyage...
La journée commence à être percluse de rhumatismes et à baisser pavillon. Les héros commencent à s'installer et à allumer du feu tout en se demandant s'il vaut mieux ne pas se presser devant l'imminence du danger de l'oeil géant. Puis ils se souviennent des paroles de Gran-ma leur enjoignant de ne pas confondre précipitation et vitesse. Link ne s'est pas aperçu de la disparition du cheval de Rafaeli. Il doit sans doute manger de l'herbe ! Rafaeli s'assoit calmement par terre et sourit à ses nouveaux compagnons. Il leur dit encore qu'ils devraient être arrivés à Anchoia le lendemain. Ils en sont ainsi là lorsqu'un bruit se fait sentir.
Le bruit provient de branchages en train d'agoniser sous des coups de pieds vicieux mais pourtant involontaires. Sagatt, Veroga, Navi ainsi que Link se mettent brusquement sur leurs gardes. Seul Rafaeli ne bouge pas et semble connaître la silhouette qui s'approche du foyer.
La silhouette semble être aussi grosse qu'un rocher. Ce "rocher" se tient pourtant sur deux frêles jambes. Ses pieds sont pointus. S'approchant de plus en plus du feu sans crainte apparente, on discerne mieux sa silhouette. En fait de rocher, le personnage porte un énorme sac si bourré de masques qu'on aurait juré qu'il allait craquer. Ce sac porte aussi une tente accrochée par des petites cordes. La personne a des cheveux roux, des yeux bridés, des oreilles d'Hylien. Elle sourit toujours et se frotte les mains. Elle regarde Link qui réprime une surprise.
Le vendeur de masques qu'il avait rencontré dans le monde de Termina !
Ainsi, ce vendeur est venu tout droit vers le foyer et doit être visiblement sur un des chemins qui croise celui des héros. Il se prosterne aussi horizontalement que possible sans sentir le poids de son sac. Il commence :
- Nous revoici à la croisée des chemins. Quand il y a des rencontres, il y a forcément des séparations. Mais, il y a aussi des retrouvailles...
Il a reconnu Link malgré sa transformation d'adulte. Quel personnage singulier ! Je me remémore le moment où je l'ai quitté juste après ma victoire sur l'esprit diabolique du masque de Majora... Il avait récupéré le masque qu'un gamin esseulé lui avait dérobé. Et je ne l'avais plus revu... Que de souvenirs !
En remarquant la mine enjouée, Veroga déclare :
- A en juger par votre mine, vous devez être très heureux après avoir réalisé une... opération importante, non ?
- Oui et j'ai l'impression que tu avais atteint ton nirvana se xuel... se moque Sagatt.
Pour réponse, le vendeur pose son sac et s'installe par terre. En tournant la tête, il voit soudain Rafaeli et se sent mal à l'aise bien qu'il sourie toujours. On attend sa réponse :
- Mademoiselle, monsieur. C'est exact. J'ai réalisé une affaire intéressante et très... lucrative. Mais il est inexact que j'aie pris cours à des ébats amoureux.
Rafaeli intervient : Tu devrais remercier notre ami Link d'avoir sauvé le masque maléfique. Sans ta négligence, les déesses savent ce qui serait arrivé...
Le vendeur tressaillit. Link n'est pas moins surpris de la répartie de Rafaeli. Celui-ci connaît aussi mon aventure à Termina. Les seuls qui en ont pris connaissance sont Saria, Zelda, Navi, Sagatt et Veroga à qui j'ai déjà relaté l'aventure.
Sans répondre, le vendeur se ressaisit et continue :
- Il y a des jours, j'ai réalisé une lucrative affaire. J'ai échangé un masque banal qui vous transforme en une personne ordinaire contre une... liste d'énormes masques aussi variés que possible !!! Et qui existent aussi à Hyrule ainsi qu'à Termina !!!
- Et qui est cette personne ? demande Sagatt tout de suite curieux.
- Secret professionnel, taquine le vendeur de masques.
Sagatt est irrité par la réponse insolente du vendeur. Je lui aurais volontiers cassé la gueule ! Cependant, le vendeur dit encore qu'il était très surpris par la proposition du mystérieux personnage : un masque ordinaire contre une liste impressionnante de masques. Car cette liste vaut mille rubis ou plus pour tout collectionneur ou vendeur de masques digne de nom ! Puis le vendeur semble vouloir couper à toute nouvelle conversation en allant se coucher. Rafaeli coupe court aux déceptions en disant qu'il est temps de se reposer afin de reprendre des forces. Et on obtempère.
Cette nuit, les retrouvailles n'ont duré que quelques minutes...
Sur le bord d'une falaise, le groupe regarde autour de lui. Devant lui, une mer s'étendant à perte de vue au bout de laquelle on peut observer une sorte d'île qui est probablement celle de l'iceberg. Non loin de l'île, dans le ciel, trône le sinistre oeil maléfique qui est à moitié fermé par son unique paupière. On peut ressentir en frissonnant le pouvoir de l'île; seul Rafaeli, flegmatique, semble ne pas s'en soucier. En bas des falaises, une plage jonchée d'algues grises avec pour habitants des crabes verts, des vers creusant des nids pour y pondre leurs oeufs ainsi que quelques mauvaises herbes. Cet aspect est minoritaire par rapport à la grande longueur de la plage s'étendant du temple jusqu'aux rochers taillés. Ces rochers taillés permettent de descendre sur la plage. Le groupe s'y dirige.
En y descendant, Link et ses amis peuvent apercevoir une cavité avec son échelle qui continue jusqu'au pied d'une falaise. Anticipant les interrogations, Rafaeli répond qu'il s'agit de sa demeure qui est aussi celle de sa tendre amie. Toujours continuant leur chemin, les héros peuvent encore remarquer une longue file de badauds de toutes races. Cette file va jusqu'à une imposante entrée de grotte. Réponse de Rafaeli : c'est un ensemble de gens demandant un voeu à la grande fée de la plage du temple. Le personnage aux cheveux blancs poursuit :
- La grande fée peut être assimilée à une sorte de Triforce... (à peine interrompu par des exclamations, Rafaeli continue) ... Mais la fée n'exauce que des voeux mineurs et ce n'est pas donné à tout le monde de se voir exaucer les souhaits de ses rêves. Seules les personnes au coeur pur ou qui sont jugées dignes par la grande fée peuvent voir leurs voeux se réaliser. Vous remarquerez au passage que beaucoup des patients de la file sont des personnes démunies ou des malades. Pour autant que je sache, presque tous les voeux sont réalisés, plus particulièrement les guérisons. Il arrive même que des demandes mineures comme la téléportation en un certain endroit soient exaucées !
Rafaeli avance en parlant ainsi. Ses explications terminées, Link pense soudain qu'il n'a pas remarqué l'absence de maladie parmi les habitants du royaume de Zelda, à des rares exceptions comme le frère de l'éleveuse de poules du village Cocorico. Cela s'expliquerait par la puissance de la grande fée. Il regrette de ne pas avoir obtenu plus tôt des informations sur la fée : celles-ci lui auraient évité des péripéties inutiles lors de ses précédentes aventures.
Ses pensées interrompues, Link entend Rafaeli déclarer au groupe qu'il faut dénicher sur-le-champ une chaloupe qui leur permette de rejoindre Anchoia, l'île de glace. C'est sur ce conseil que l'homme se dirige vers des pêcheurs encore assis à compter les crabes repêchés. Rafaeli ne semble pas encore vouloir utiliser sa puissance au service du groupe qui aurait permis de rejoindre plus rapidement Anchoia.
Les pêcheurs leur déclarent soit ne pas avoir de bateau à disposition, soit ne pas vouloir confier des bateaux aux autres. Les raisons ? deux : ils en ont besoin pour utiliser la manne de l'océan et ils ont peur de voir leur bateau se faire "abîmer" si on le laisse en de mauvaises mains. Rien à faire malgré les propositions d'achat ou les promesses de bonne utilisation des bateaux : les pêcheurs tiennent à leur navire et ils ne changeront point d'avis, d'autant plus que dans quelques jours l'oeil serait disposé à tout brûler à loisir. Ce dernier argument sert de prétexte aux hommes de métier de la mer de garder leur bateau coûte que coûte.
Devant la mine déçue des héros, les pêcheurs leur disent cependant qu'il y aura bientôt d'autres collègues qui seront peut-être disposés à prêter leur moyen de transport maritime. Mais ils ne seront pas de retour avant la nuit. Navi s'exclame intérieurement : on va encore perdre du temps à attendre pour rien. Mais elle a une idée :
- Link ! Rappelle-toi le chant du soleil ! Avec ce chant, on pourrait faire passer le temps rapidement.
- C'est vrai ! Je n'y ai pas pensé.
Link est alors en train de fouiller ses vêtements lorsque Sagatt l'interrompt :
- Attends ! Rafaeli, ne nous trouvons-nous pas au temple de Laulu, prêtre du temps ?
- Exact.
- Et sa bibliothèque, où sont entreposées les vieilles archives, y est aussi ? continue malignement le géant en souriant.
- Toujours exact.
- Sagatt, tu veux aller y faire quoi ? On perd du temps en t'écoutant, intervient Veroga irritée.
Sagatt se tourne vers elle puis vers les autres, souriant toujours, les sourcils dénués de poils levés et les doigts joints :
- Peut-être pas au contraire... Les religieux du temple peuvent toujours nous enseigner leur savoir. Ils peuvent ainsi nous apprendre pas mal de choses... L'oeil par exemple...
- Je vous vois venir. Vous voulez vérifier si la liste des masques ne viendrait pas par hasard de la bibliothèque ? demande Rafaeli sans sourire.
- T'es aussi perspicace que Magalène ! ricane Sagatt dont l'attitude laisse entendre que le géant donne confirmation à l'Intouchable.
- Navi ? insiste Link.
- Heu... Je pense que plus d'informations nous feraient du bien...
Rafaeli tend mollement les bras :
- Très bien ! Je souscris aux conseils de Sagatt. Mettons notre temps à profit en attendant le retour des autres pêcheurs.
Les autres approuvent, y compris Veroga qui soupire. Link déclare aux autres qu'il aimerait bien visiter la grotte de la fée et puis, pourquoi pas, la bibliothèque.
- J'irai direct illico à la fameuse bibliothèque, affirme Sagatt dans un rictus.
Rafaeli regarde pensivement la grotte où il habite, puis dit aux autres qu'il ne les accompagnera pas, mais qu'il leur donne rendez-vous sur la plage à la faveur de la nuit. Cette nuit tombée, il leur présentera Nuténa, sa copine.
Sagatt n'est pas dupe des déclarations de Rafaeli. Comme d'habitude, ses coups d'oeil de policier ont décelé des mouvements involontaires de l'Intouchable quand Link a proposé d'aller à la bibliothèque plus tard. Apparemment, Rafaeli ne semble pas avoir envie d'y aller, pense Sagatt. A-t-il alors des relations inavouées avec la bibliothèque ? Si oui, pour quelle raison l'Intouchable ne tient pas à être présent au temple ? Comme toujours, les solutions viendront plus tard !
En accord, Link et ses amis se dirigent vers la grande grotte, tandis que Sagatt porte ses pas avides vers le temple de Laulu, alors que Rafaeli retourne chez lui.
Link, Navi et Veroga longent la longue file des patients. Ils continuent malgré les protestations de ceux qui attendent depuis longtemps avant d'être arrêtés par un curieux personnage qui ressemble à un de ces Zoras. En fait, il s'agit d'une Zora verte. Les Zoras qui élisent domicile ici sont exclusivement des femmes. Elles ont une couleur vert clair. A la différence de leurs cousins les Zoras de Ruto, les Zoras verts ont leur aileron collé sur leur dos et une chevelure verte. Ce qui ne manque pas d'étonner Link qui a côtoyé les Zoras du dieu Jabu-Jabu. La chevelure des Zoras verts est douce et lisse, leurs yeux sont félins. Mais à part ces détails, ils ressemblent bel et bien aux Zoras bleus.
La Zora qui arrête le groupe demande pour quelle raison celui-ci essaie de doubler la file d'attente. Puis elle s'avise soudain de la fée qui accompagne le Kokiri et la fillette. Elle leur dit ensuite qu'ils pourront visiter la grotte de la grande fée à condition de ne pas faire de scandale. Devant l'étonnement des autres, elle leur explique que sa race a une capacité particulière : ils peuvent lire dans le coeur des fées. Ainsi, elle a lu rapidement le coeur de la fée Navi. Elle leur laisse le passage en les priant de longer tranquillement la file. Non, Link et Veroga ne seront pas inquiétés parce que Navi sera là pour être scrutée par d'autres Zoras verts.
Pendant que le groupe progresse vers l'entrée de la grotte, Navi brille d'une rougeur vive : elle se sent gênée d'être lue ainsi et en même temps irritée. Une Zora pénètre mon jardin secret. J'espère que mes histoires ne vont pas jusqu'aux oreilles de Link ou de quiconque : j'en mourrais de honte ! Lorsque Navi s'approche des Zoras verts, elle se renfrogne en défense tel un hérisson, comme pour empêcher quiconque de pénétrer son âme. Rien n'y fait : les Zoras ont apparemment lu son coeur et laissent entrer Link et compagnie.
En entrant, Link constate une similitude frappante entre la grotte et celles qu'il a visitées auparavant à Hyrule. Mêmes couleurs vives et chatoyantes, même "plafond" qui plonge dans les ténèbres, même fontaine. Mais en s'approchant doucement et sûrement, sous les yeux des Zoras, Link constate un détail surprenant : la grande fée n'est physiquement pas la même que ses consoeurs !
En effet, la grande fée arbore un visage noir illuminé très faiblement par des petits yeux, des lèvres minces, un petit nez, des petites oreilles pointues. Elle a plusieurs bras noirs, des ailes blanches laides. Son corps finit dans des plis de drap. Plus que son aspect physique, c'est son visage qui fait frémir Link. Son visage a l'apparence d'un mort... c'est-à-dire qu'il ne murmure point, ni ne bouge, il ne semble pas se soucier de la file d'attente pleine d'espérance de promesses.
Link, tout comme ses amies, est ému par l'immobilité triste de la grande fée. Les Zoras qui se tiennent près de la fée noire expliquent aux héros que la grande fée est une sorte de mécanisme créé par les dieux afin de venir en aide à quiconque en a besoin. Link regarde un couple d'Hyliens faire le voeu de rendre caduc la stérilité de leur couple. Puis, il remarque que des étoiles sortent de la bouche de la grande fée. Une Zora explique au couple que leur voeu est exaucé et qu'ils pourraient avoir de la progéniture bientôt.
- Je... Si on pouvait remédier à certaines choses, comme faire revenir à la reine Zelda sa mémoire sur la chanson que Link a jouée, s'insinue Veroga, les bras ballants.
- C'est une bonne idée ça, approuve Link.
Mais une Zora intervient :
- Si vous parlez de la reine Zelda, je crains que votre voeu ne fonctionne point. Car les voeux s'adressent à tout le monde excepté la famille royale d'Hyrule, certains puissants de races différentes ou encore aux plus proches de la famille royale.
Un murmure de désappointement se fait sentir parmi les héros : pourquoi faut-il que les choses se compliquent ainsi ?
Temple de Laulu, bibliothèque
- C'est ça ?
Ainsi s'exprime le géant humain Sagatt aux yeux écarquillés devant l'immense salle qui s'ouvre à lui. Il est accompagné par des prêtresses zoras vertes. L'une d'elles lui sourit.
Sagatt se trouve au centre de la salle ronde. Cette salle peut se comparer à la taille du jardin du château de Zelda. Sur ses murs, que de reliures de livres, que de parchemins enroulés ! Sagatt imagine très bien en souriant ce qui arriverait si Billo le bibliothécaire voyait cette salle ronde : il démissionnerait et viendrait travailler dans cet endroit. Puis il rigole. Une Zora le regarde d'un air bizarre, aussi Sagatt la rassure d'une main. Les étagères continuent jusqu'en haut, très loin même, où on n'aperçoit que le flou des ténèbres. La salle n'a qu'une entrée qui dessert le temple, dans lequel les Zoras verts prient sous la houlette du puissant prêtre Laulu. Ce Laulu, qui est en train de mourir, est installé dans une petite salle à l'écart du temple.
Dans la bibliothèque ronde, nul besoin d'échelles ou d'escaliers pour monter sur une étagère. Il suffit de penser. En initialisant sa pensée, une personne peut soudain être transportée jusqu'à l'étagère voulue. Nul besoin de se salir les mains en retirant un livre ou un parchemin. Il suffit d'approcher sa misérable paume pour qu'un livre soit aussitôt attiré. Dans le cas d'un parchemin, il est attiré et s'ouvre spontanément.
Après s'être amusé à faire ces mouvements et après des formules de politesse, Sagatt passe à l'action :
- Grande prêtresse, Laulu est en train de mourir et vous savez qui lui succédera ?
- Traditionnellement, seule une personne apte à la sagesse et au savoir des sciences du temps, et qui ne soit pas une Zora verte, sera le successeur de Laulu. Pour être honnête, nous ne savons pas qui lui succédera. Sinon, je prendrai les fonctions de "prêtre" du temps, finit la grande prêtresse en ironisant gentiment sur le mot "prêtre".
Un instant de silence passe puis :
- Durant ces derniers mois, vous n'avez eu aucun problème à signaler dans votre temple ? demande sans gêne Sagatt, car Laulu avait parlé de ce géant aux prêtresses en insistant sur l'aide à lui fournir.
- Si. Il s'agit d'un humain que nous avions employé et qui a utilisé ses basses besognes dans le but de se faire plaisir.
- Mm... je vois, sourit Sagatt. Ne s'agit-il pas d'une personne aux cheveux courts et jaunâtres, le teint banal, environ un mètre soixante-dix ?
- Il me semble que votre description est exacte. Nous avions offert du travail à cet Hylien pendant quelques jours comme archiviste subalterne. Nous nous sommes aperçues qu'il se livrait en fait à des manoeuvres honteuses...
- Continuez.
- Il harcelait un peu trop les voyageurs ou les pèlerins passant par-là, à notre goût. Il leur demandait plein de choses indiscrètes. Nous avons voulu le chasser mais notre maître Laulu nous en a empêché.
- Pour quelle raison ?
- Seigneur Laulu ne voulait pas causer de tort à quiconque sur de simples suppositions, entendez par là des témoignages...
- Tout de même curieux ce Laulu...
- Je crois plutôt qu'il est de gentillesse naturelle. Il n'aime pas faire du tort. Il préfère gronder plutôt que punir impitoyablement.
- Je vois... A part ces harcèlements, pas d'incident à signaler ?
- Si... De nature à justifier l'opprobre sur notre Hylien. Il a dérobé deux parchemins précieux. Ces objets parlent de la liste des masques (à ce mot, Sagatt titille) et de la légende de la Triforce et du Saint-Royaume.
- La feuille qui mentionne la Triforce, de quoi elle traite précisément ? Et comment se fait-il qu'il l'ait eue aussi rapidement dans un tel désordre en quelques jours ?
- Le parchemin fait état de la légende de la Triforce avec ses fragments de la force, du courage et de la sagesse. Je n'ai pas besoin de détailler puisque vous les connaissez déjà. Par contre, il explicite aussi les conditions pour entrer au Saint-Royaume. Pour y pénétrer, il faut être détenteur d'un fragment de la Triforce. Mais on peut toujours y pénétrer en ayant une essence d'un des trois fragments.
- Euh ? une essence ? des trois fragments ? Et il ne parle pas de trois cristaux par hasard ?
- Non.
Sagatt se gratte les joues.
- Il précise aussi l'endroit par où on doit passer pour voyager aux terres sacrées. Si l'employé a dérobé le parchemin assez facilement dans une grande salle aux mille livres, il le doit à la fonction fluorescente.
- Ce procédé chimique qui permet d'éclairer le parchemin ?
- Plus exactement l'écriture. L'écriture était éclairée de vert. L'encre qui rend l'écriture brillante vient des manipulations chimiques qui étaient abondamment utilisées pendant le grand chaos. Si notre employé a pu dérober le parchemin après quelques jours de travail, il le doit justement à l'encre qui l'a immédiatement attiré. Sa curiosité a dû être satisfaite ainsi par la suite, répète la prêtresse.
- Voilà qui ouvre des perspectives intéressantes. L'avez-vous chassé du temple ? Ou s'est-il évaporé ?
- Votre deuxième question conviendrait mieux à la description de notre employé.
- L'employé dont vous venez de parler s'appelle Arnaqua.
- Merci pour l'information, monsieur, ironise la prêtresse en souriant aimablement.
Sagatt n'ayant rien à faire décide de quitter le temple. Un parchemin qui attire les curieux par la force de l'encre, voilà qui est bizarre ! Je me demande si... si ce que je viens de penser est juste, je n'aimerais pas avoir à conclure mon hypothèse. Arnaqua a sûrement volé les archives dans le but de les proposer à un richard ou à toute personne intéressée par des informations fraîches venues de la nuit des temps. Mais... pourquoi est-il alors allé à la bibliothèque royale de la reine Zelda ? Sans doute pour compléter les informations du parchemin si besoin en était. Mais s'il voulait compléter les informations, comment pouvait-il alors établir le lien manquant entre le parchemin et les cristaux ? Les cristaux ne sont nullement mentionnés dans le parchemin alors qu'ils le sont dans le livre de la bibliothèque. Pourquoi cette omission volontaire ? Plus j'avance dans mes suppositions, moins ça me plaît pas car quelque chose me dit qu'un connard nous joue des tours quelque part... Quant à la liste des masques, Arnaqua l'a échangée contre un simple masque dont je ne connais même pas le visage. Pourquoi cet échange minable alors qu'il pouvait en tirer un gros prix ? Le vendeur de masques avait raison d'affirmer qu'il avait fait un judicieux investissement presque gratuit.
C'est à regret que le géant quitte le temple au moment du coucher du soleil.
L'astre solaire en train de dormir, Sagatt retrouve ses amis sur la plage au moment où d'autres pêcheurs viennent de rentrer. Non, ils refusent de prêter des barques au groupe. Nouvelle déception et début d'agacement de la part de Sagatt. Cependant, un pêcheur leur dit que quelqu'un qui rentrera à minuit pourrait leur laisser sa petite barque. Rafaeli conseille au groupe d'attendre ce pêcheur en pressentant la réussite de la demande. Veroga prend part au débat en conseillant de patienter jusqu'à l'heure indiquée puis de se coucher afin de reprendre des forces pour le lendemain. Tout le monde accepte.
Link regarde la forme maléfique de l'oeil. "Je me demande s'il est vraiment prêt à brûler l'iceberg géant. Si c'est le cas, l'oeil doit être pris de haine pour vouloir noyer Hyrule sous les eaux ! Il est même possible que Ganondorf soit à l'instigation de l'oeil, moyen le plus sûr de faire payer aux autres sa captivité dans une prison spirituelle. Mais si ce seigneur du désert a vraiment créé l'oeil, comment diable peut-il le faire depuis sa prison ? Ce qui signifie que ses pouvoirs, loin de s'affaiblir, ont augmenté !" Link frémit un peu.
Le ciel s'enténèbre d'une couleur bleue. Veroga perçoit des mouvements à l'horizon du sol des océans. Elle crie aux autres qu'une barque s'approche. Sagatt prie intérieurement que ce foutu pêcheur acceptera de leur prêter son bateau. Quelques moments après, l'homme moustachu consent à leur prêter son navire moyennant des rubis de compensation au cas où son navire serait noyé à jamais. Apparemment, il se soucie peu de la vie des passagers !
Sagatt et Link tirent le navire sur le sable sous les encouragements de la fée. Allez ! Allez ! Du nerf ! crie-t-elle. Sagatt regrette de ne pas être une fée : cela lui épargnerait bien des efforts ! Puis les garçons soufflent tandis que Veroga allume des fagots de feu. Rafaeli a apporté des victuailles préparées par sa compagne Nuténa. Quelques minutes suffisent aux estomacs pour accueillir les victimes avec joie. Il est temps de s'endormir.
Mais toutes les personnes ne sont pas encore endormies au bout d'une heure : Veroga et Link. Plongé dans ses réflexions et l'angoisse, Link n'arrive pas à dormir. Son visage se tourne vers la couche de Veroga installée en face de lui. La fille est assise, la couverture posée sur ses genoux. Elle tient un médaillon jaune sur lequel on peut observer trois fragments formant la Triforce. Veroga regarde intensément son médaillon d'un air triste. Elle soupire et s'allonge. Link décide de s'assoupir afin d'oublier ses soucis. Mais Sagatt a aussi observé le manège de Veroga. Il fronce ses sourcils imberbes.
Le marchand de sable est enfin venu faucher Link, Sagatt et Veroga. On dort paisiblement.
Et pourtant après plusieurs heures de nuages de sable dispersés par le marchand, les oreilles elfes de Link perçoivent aisément les bruits venant de la mer. Perplexe, le héros décide de se lever tout en prenant garde de ne pas réveiller les autres. "Je ne me trompe pas ! Le bruit provient bel et bien du fond de l'océan froid !" Intrigué, Link touche les vagues en marchant. Sans regarder, il se fie aux bruits, avançant au rythme des bruits. Ces bruits sont inconnus ! Je ne les ai jamais entendus !" Il continue avant de se rendre compte d'un curieux mouvement : il marche sur l'eau ! Très surpris par cette magie que seules les bottes de l'air peuvent produire, le jeune Kokiri décide toutefois de suivre la mélodie des bruits. Ces bruits l'attirent, l'attirent, l'attirent...
Soudain, il tombe sans être mouillé !
Link hurle en tombant au plus profond de la mer. La couleur de cette mer prend des allures inquiétantes. Elle devient noire, très noire, situation qui devrait être normale vu que la nuit est tombée depuis belle lurette. Mais Link sait que cette couleur n'est pas naturelle. Finalement, tombant toujours, le visage tourné vers les profondeurs noires, petit à petit, flottant toujours vers le bas, il discerne certaines formes.
Il croit reconnaître les contours du menton, des oreilles humaines. Enfin, il embrasse le visage noir... Frappé par un détail curieux, il se demande où il l'a déjà vu. Ce n'est pas tout ! La bouche, les creux du nez, les yeux et tout le tour de la face portent des flammes noires. Son nez est pointu. Link comprend.
Ganondorf ! Le visage du seigneur du désert, le seigneur du malin !
Le visage est si énorme qu'il pourrait facilement avaler le pâle corps de Link. Les bruits en question proviennent de la face sombre de Ganondorf. Le visage est collé sur la terre des fonds marins. Un bruit se fait sentir :
- Ha ! Ha ! Ha ! Tu me reconnais ?
Partagé entre la fuite et la curiosité, Link reste silencieux un instant, attendant on ne sait quoi...
- Engendré par le désert, puissant parmi les puissants, assis à la droite du misérable roi d'Hyrule... continue la voix rocailleuse.
Link avale sa salive. Puis un énorme cri fuse :
- Je suis le seigneur du malin ! Le détenteur du fragment de la force ! On m'appelle Ganon !!!
La bouche crache des boules de flamme en criant. Même ses yeux crachent !
- Alors ?! Tu me reconnais ?! Je suis le meurtre, le désespoir, la douleur d'Hyrule !
Link flotte toujours lentement tandis que des petites boules de flammèches sont rejetées par des feux postés autour du hideux visage noir. Le Héros du temps essaie de se protéger de la fureur des flammes mais il est étonné de constater que ces boules traversent son corps pour remonter à la surface. Un triangle brille lentement sur le front de Ganondorf qui beugle toujours :
- J'aurai ton fragment et celui de la princesse !!! Je vous étriperai !!!
Link a une pensée : Non ! Je refuse de me laisser entraîner par Ganondorf ! Je veux repartir ! Ne plus entendre ces paroles ! Comme si ses pensées ont exaucé son voeu, le corps du Kokiri remonte... Il remonte de plus en plus vite. Link entend les gros ricanements. Juste avant d'être à l'air libre, il croit avoir aperçu une chose curieuse vers le visage géant.
Derrière le visage, quelques formes de faces hideuses. On aurait cru voir le visage d'un bélier ou une face encore plus hideuse avec plusieurs dents très pointues. De longues cornes couronnent le visage qui a une forme animale et squelettique, les yeux sont très ronds et brillent effroyablement. Dernier détail inquiétant : encore derrière ce visage animal, un oeil unique... et rouge...
Au lieu de remonter à la surface, Link tombe dans les ténèbres noires. Le noir l'enveloppe...
Secoué par des mains de géant, Link se réveille brutalement. Il regarde le visage ricanant de Sagatt. Il se soulève lentement. Il reçoit les injonctions de Veroga de se presser car l'aube est venue. Link secoue la tête et se lève finalement. Navi lui fait remarquer qu'il a encore fait un cauchemar comme dans le château de Zelda.
Rafaeli, sans mot dire, pousse aisément la barque vers l'océan. Alors que Link et Sagatt avaient bougé difficilement le navire, Rafaeli le fait avec brio et doigté. Tout le monde saute dans la barque. On lève les voiles. Le bateau fait mouvement vers l'iceberg sous le regard immobile de l'oeil gigantesque. Pressé par Navi, Link raconte son cauchemar. Sagatt reste perplexe pendant que Veroga déclare que Ganondorf est bien le créateur de l'oeil, sans expliquer comment l'ennemi aurait utilisé sa magie pour le créer.
La barque vogue...
Sagatt frissonne. Il n'a pas pensé à se vêtir d'habits chauds. Mais il ne veut pas être rabaissé devant les autres et pour cette raison, seules ses dents tremblent alors que son corps ne laisse rien paraître. Il demande alors à Veroga :
- Toi qui es dévêtue comme une courtisane, comment fais-tu pour ne pas ressentir le froid ?
- C'est simple. Tant que l'âme ne sera pas troublée, le corps ne le sera point. Il suffit de ne point penser à son corps, répond la féline aux cheveux rouges.
- Donc, prête-moi ton corps qui me réchauffe et garde ton âme, plaisante le géant.
Veroga se contente de tourner la tête vers l'entrée d'une grotte de l'iceberg. Par endroits le sol est glissant et traître. Une crampe, une tête éclatée, des doigts cassés ne sont pas loin ! Navi a compris que Sagatt frissonne suite à sa question à Veroga. Elle sourit malicieusement, puis elle bouge ses ailes un peu plus loin dans l'entrée. Rafaeli comme toujours demeure muet comme une carpe sauf qu'à l'heure qu'il est, cette carpe doit être en train de déménager plus loin, à cause du réchauffement causé par l'oeil géant. D'ailleurs, une partie de l'iceberg s'est détachée et vogue lentement vers d'autres rivages menaçant de les inonder. Link agite un peu son corps afin de réchauffer son enveloppe physique, mais il a déjà l'habitude de ce genre de situation lorsqu'il avait combattu à la grotte glaciale chez les Zoras dans le futur parallèle.
Curieuse, Navi avance timidement tout en prenant garde à ne pas s'éloigner du groupe. Au fur et à mesure qu'elle quitte le monde extérieur, la "salle d'entrée" se fait plus précise. Navi s'étonne : au milieu de la salle, se tient une statue de Zora armé d'un harpon et d'un sac de pêche dont on discerne le fond. La statue est prisonnière de la glace. Rafaeli apprend aux autres qu'il s'agissait d'un petit sanctuaire à l'époque où l'iceberg n'était encore qu'une île habitée par quelques Zoras bleus. Les yeux de Link enregistrent la présence de deux portes glacées.
On admire la statue qui a dû être ciselée par un artiste professionnel. Par la suite, on débat du choix à prendre entre les deux portes. Quel est le risque si on choisit la mauvaise porte ? demande Veroga. Rafaeli hausse les épaules en rétorquant qu'avec un Intouchable et un Héros du Temps, le groupe ne risque rien. Phrase que prononce Rafaeli sans aucun orgueil et avec sérénité. Il propose de diviser le groupe en deux incluant d'un côté Link et Veroga, et de l'autre Rafaeli et Sagatt, en pressentant que le chemin sera différent suivant la porte choisie.
Ils trouvent excellente l'idée de Rafaeli d'autant plus que le foutu temps presse le raisin jusqu'à plus soif. Sans mot dire, Rafaeli se dirige vers la porte de droite, suivi peu après par le policier des îles. Celui-ci leur donne rendez-vous à la salle de la statue au cas où l'issue se passerait mal. Juste avant l'ouverture de ladite porte, l'Intouchable annonce qu'il n'est nul besoin de prendre rendez-vous : il a l'intuition qu'une salle centrale relie les ensembles de salles de l'iceberg. Link et ses amies ont confiance en la puissante intuition de Rafaeli en se rendant vers l'autre porte. Une pensée de Link fuse : quelle étrangeté que de se jeter dans la bataille sans élaborer de stratégie ! Autant faire confiance à l'Intouchable, je poursuivrai jusqu'au bout l'exploration de l'iceberg comme j'ai l'habitude de le faire.
Durant les épreuves par lesquelles passent Rafaeli et Sagatt, l'Intouchable détruit des monstres ou démonte des énigmes avec une facilité déconcertante qui impressionne Sagatt, si bien qu'au bout de quelques moments, ils parviennent à la salle centrale comme l'avait prédit le mystérieux Rafaeli. Ils sont en outre munis d'une clé géante, après avoir dégommé une grosse pieuvre bleue.
Quant à Link et Veroga, ils y parviennent difficilement quoiqu'ils se débrouillent assez bien. Ils ont dû faire face aux guets-apens de misérables serpents de mer surgis du sol gelé en les brisant. Soit Link les tranche, soit Veroga les étrangle à coups de vents contraires. Il arrive que dans un très mince couloir, Link se fasse attraper par une main glacée surgie du sol, en regardant effaré une grosse boule de couleur marron foncer vers lui. Sans Veroga qui a coupé le bras de la main et qui a tiré l'elfe à droite, le héros serait dans un amas de pansements. Et ainsi, ils continuent, éliminant autant que possible des monstres leur barrant le passage, ou élucidant des énigmes.
Cependant, dans une salle ronde, quatre piliers situés sur le pourtour soutiennent le plafond glacé. Au centre, un bassin liquide avec une plate-forme verte qui vogue autour à une vitesse raisonnable. Sur ces quatre piliers, des statues de Zoras sont sculptées en haut des colonnes. Leurs bras entourent leur propre colonne, leur tête est tournée vers le bassin. En face de la salle, une porte grillagée et verrouillée. Aucun doute, il faut trouver le mécanisme en relation avec les statues, analyse Link. Navi fait remarquer aux autres que les statues ont la bouche ouverte comme si elles invitaient les guerriers à faire preuve de dextérité au tir. Le héros hoche la tête et regarde la fille qui l'approuve.
Link saute sur la plate-forme verte qui accélère le mouvement. Il prend son arc des fées et quelques flèches, ne sachant quelle manne, de glace ou de feu, il faut pour tirer une flèche dans l'une des bouches. Il calcule le moment pour lancer sa chère flèche de feu vers la cible. Il s'essaye aussitôt. Néanmoins, son dos est brûlé par un jet de feu qui le pousse dans l'eau froide.
- C'est l'autre statue qui a craché la boule de feu sur Link ! s'exclame Navi.
Veroga, comprenant la situation, déclare à son ami : "Au moment où tu te préparais à tirer, la statue derrière toi t'a touché. Il faut donc anticiper rapidement ton tir puis te jeter à plat ventre."
Link qui sort du bassin, accepte les conseils et recommence le même manège. Comme si la plate-forme semblait avoir entendu les funestes conseils de Veroga, elle accélère à une grande vitesse. Surpris par le mouvement, Link tire involontairement et maladroitement avec pour résultat que la statue, plus précise que notre héros, le poignarde dans le dos.
Veroga lui propose d'utiliser sa magie du vent afin d'amener la flèche vers la cible souhaitée, mais en faisant en sorte que la cible soit elle-même ! Link, irrité par les amusements de la statue, recommence avec les résultats escomptés : en tirant sur Veroga et non sur une maudite statue, l'autre ne crache plus sur Link. La flèche de feu plonge dans la bouche de la statue dont les yeux brillent de rouge. Le couple répète trois fois l'opération sans plus de mal. Voici leur récompense : un coffret avec une clé.
Au moment où Veroga déverrouille la porte, un tremblement se fait sentir au plafond. Des piliers se brisent en plusieurs morceaux, détruisant le plafond. Un monstre géant saute dans la salle : un Minotaure blanc armé d'une hache à deux faces. Il manie assez aisément son arme. Link dégaine bouclier et Excalibur.
Il avance vers le taureau qui saute pour se transporter juste derrière Link. Le Kokiri a le temps d'éviter la hache qui s'abat sur sa gauche. Celui-ci fait un saut en arrière pendant que le Minotaure, affamé de sang, bouge son arme à gauche et à droite. Le héros comprend : les mouvements du Minotaure sont assez similaires à ceux d'un hache-viande à la différence que le monstre blanc est plus véloce que son collègue en armure. D'ailleurs, ni les coups d'épée, ni les coups de vent de Veroga, ne font le poids face à la carapace naturelle. Link se précipite sur la plate-forme du bassin afin d'obliger le boeuf humanoïde à plonger dans l'eau. Peine perdue, le monstre s'y refuse en sautant tout droit, hache à la verticale, vers le Kokiri. Effaré, le courageux héros recule en faisant un saut. Le Minotaure ressaute illico pour mieux l'achever, mais un coup de vent dévie subitement la hache qui s'enfonce dans un mur.
Navi conseille de manier diverses armes pour pouvoir détecter le point faible du Minotaure blanc. Les flèches font autant de mal au monstre qu'une mouche. Option rejetée donc. L'attaque tournoyante ne fait rien non plus alors que la hache a blessé Link au torse, mais moins gravement. Et puis, l'attaque tournoyante coûte de la magie, par conséquent autant la réserver pour la fin. Link n'a pas de grappin, il a dans son dos un super-boomerang, la feuille mojo et quelques bombes. En déduisant que la feuille mojo et le super-boomerang ne font pas le poids face à la carapace du Minotaure, il décide de sortir son dernier atout en priant que ça marche.
Apparemment, le Minotaure beugle cruellement lorsqu'il constate que son adversaire est en train d'allumer sa bombe. La panique le prend et il s'élance, bave en avant, vers Link. Veroga sourit et comprend quel est le point faible du Minotaure. L'elfe s'empresse de lancer son arme à la figure du monstre mais celui-ci anticipant le lancer, dégage l'arme de justesse. La bombe explose à côté et fait de minimes dégâts au mur. Link court rapidement afin de ne pas recevoir ses derniers instants. Navi ordonne à Veroga d'aider son ami en déviant les bombes par la force du vent pour les diriger vers le Minotaure. Les yeux rougis par le froid, Link allume la bombe et la lance en arrière vers le géant blanc poilu qui la dévie facilement en arrière encore. Malheureusement pour le mini-boss, Veroga joue à la baballe en relançant l'arme chérie de Link dans le dos du Minotaure. Dégâts souhaités : une grosse blessure dans le dos. Le monstre hurle, ce qui laisse un peu de répit à Link qui recommence sereinement son opération. Résultat de la bataille : des morceaux du corps du Minotaure par-ci, par-là, qui ne durent pas et disparaissent dans des fumées violettes.
Soupirant, le groupe dépasse la porte décidément convoitée et poursuit dans les salles sans histoire pour parvenir à celle avec la grande porte munie d'un cadenas. Sagatt et Rafaeli sourient en voyant arriver, fourbus, Link et ses amies. Rafaeli demande à Link d'ouvrir tout de suite la porte de la salle dans laquelle on devrait retrouver le cristal déposé par les anciens Zoras. Link prend la grande clé et manipule le cadenas géant. Soudain, un bruit angoissant se fait entendre. Link et la fée se retournent. Horreur ! Sagatt, Veroga et Rafaeli sont prisonniers des glaces ! Le héros remarque que des tiges sortent de minces trous dans le sol. Aucun doute, ces tiges ont gelé ses amis ! Néanmoins, Link se précipite vers eux pour les délivrer mais une voix l'arrête :
- Attends Link !
La voix est de Rafaeli qui, bien que ne bougeant pas dans sa prison glacée, regarde attentivement Link et lui communique ces mots :
- Ecoute-moi bien. Je suis le seul à pouvoir te parler. Mes pouvoirs d'Intouchable pourraient me permettre de me délivrer facilement mais je m'y refuse parce que ce n'est pas mon destin. Sagatt et Veroga mourront en revanche si tu ne fais rien. Précipite-toi donc dans la salle d'où viennent les tiges. Leur salut dépend de toi et non de moi. D'accord ?
Sans réfléchir, Link accepte en se précipitant vers la salle du criminel. Navi ne comprend pas les raisons de Rafaeli mais décide de ne pas tergiverser.
Il avance lentement dans les brumes blanches. Il avance à tâtons. Les brumes se dissipent enfin pour montrer l'image d'un trou carré. En deçà du trou, à sa gauche, une statue verte, à sa droite, une statue rouge, en face une statue bleue. A l'évidence, ces statues au visage réduit en charpie représentent les déesses. Entre chaque déesse, des murs figurés, quoiqu'abîmés par les terreurs du froid, illustrent des Zoras pêchant sous la protection du symbole de la Triforce.
Ne perdant pas de temps à contempler les illustrations, ni la salle cultuelle, Link descend en utilisant sa feuille mojo.
Parvenu sur le sol, l'elfe ne constate d'abord rien que de la couleur bleue et froide sur les murs, sur le sol. L'effet est accentué par l'absence de matériel ou de décoration riche. L'ensemble contraste fortement avec celui de la salle cultuelle. Cependant, un craquement venu du sol se fait sentir. Des traces de craquelure apparaissent en effet. Puis des bouts de terre glacée sont éjectés subitement laissant apercevoir... des gros pétales de fleur !
Premier problème, Link se situe au milieu des pétales sur du coussin jaune comme du miel. Deuxième problème, ces pétales veulent écrabouiller Link en se resserrant sur lui !
Refusant l'agonie, Link se glisse entre les pétales et tourne sur le sol. Il se relève rapidement mais le sol glissant le rappelle à l'ordre en l'obligeant à glisser encore une fois ! Le héros se masse les fesses en grimaçant. Mais cette grimace disparaît vite pour laisser place à l'épée côté gauche et au bouclier côté droit.
Quant à la fleur géante, elle flotte doucement en l'air, laissant entrevoir ses fesses rouges ou plutôt une sphère rouge. Navi a le sentiment que le point faible se situe sur cette sphère collée au "coussin" jaune. Link opine. Il regarde ensuite attentivement les mouvements de la fleur.
La fleur tourne sur elle-même. Ses mouvements créent des petites bouffées d'air. Celles-ci flottent un petit moment avant de déclarer au monde que la lumière des poulpes bleus vient d'être créée. Ces poulpes d'électricité, semblables aux monstres du ventre de Jabu-Jabu, se jettent sur Link. En évitant comme d'habitude les morsures électriques, il tabasse ces minables monstres. Ces échauffements terminés, il se dépêche de se porter sur la sphère rouge pour l'anéantir. Mais la fleur comprenant l'action fait éjecter de minces tiges qui se précipitent au plafond. Ce mouvement accroche la fleur, et ses pétales se resserrent à l'envers sur la sphère, la protégeant ainsi.
Navi a raison de penser que la sphère rouge est le point faible du monstre, mais rien ne peut détruire cette demi-boule à moins que de solides pétales ne soient détruits à temps. Link essaie en vain de les détruire. La solution vient alors des tiges. En les coupant, la fleur ne pourra plus se resserrer ce qui laissera la sphère à la merci.
La fleur descend, tourne une fois de plus, crée encore quelques bouffées d'air. Au lieu de poulpes, on a affaire à d'adorables loups blancs et des moblins blancs armés de lances. Ça craint ! Surtout lorsque ces moblins vous foncent dessus.
En essayant de se débarrasser des sales loups, Link est blessé par les charges furieuses des moblins. Il veut alors utiliser les flèches mais il doit compter sur la faible provision de sagettes pour ne pas gaspiller son arme. Il recule alors rapidement pour faire face aux loups en comptant sur le faible niveau intellectuel des moblins. Sa stratégie a payé, et les moblins, comme agités par la gueule de Link, foncent sur... les loups qui meurent dans un amas de nuages violets. Les lances s'étant cassées, Link ne fait pas dans la dentelle en massacrant impitoyablement les moblins.
Mettant à profit la vitesse de son intelligence, le Kokiri utilise des flèches de feu au lieu de banales sagettes de fer. Il a deviné juste. En tirant au hasard, la flèche nimbée de feu touche instantanément toutes les tiges. D'un craquement sourd, la fleur tombe par terre, les pétales devenant mous. Link se précipite et passe à tabac la sphère rouge tout en sachant que ça ne durera pas longtemps, d'après son expérience des combats passés contre les boss.
La fleur plus bête que jamais, ne renonçant jamais, crée plus que jamais des monstres aussi minables que variés : moblins, loups, poulpes, serpents de mer surgis du sol avec le même résultat : gommés avec tactique et intelligence.
La suite ne tarde pas à être connue. Link décapite l'ensemble des tiges et finit son travail en achevant la grosse fleur que nul n'aurait osé présenter en guise de cadeau à un proche. La fleur géante part petit à petit en fumée. Après que cette fumée se soit dissipée, Link et Navi reçoivent en récompense le deuxième cristal venu du ciel. A ce moment-là, les amis de Link sont délivrés des morsures de la glace.
L'intermède de l'iceberg géant terminé, Link et ses amis retournent au palais de Zelda. Le deuil interdisant à tout successeur de la famille royale de se montrer en public, la reine est restée cloîtrée, attendant le retour de ses amis. Elle s'inquiète de plus en plus pour Impa. Cela fait des jours et des nuits qu'elle n'a plus donné signe de vie. Cependant, elle se dit que les médaillons qui les unissent les contacteraient aussitôt qu'un problème se poserait. Zelda met ensuite sa gracieuse et royale main sous son vêtement pour prendre un objet collé entre ses gracieux seins. Elle sort son médaillon. Ce médaillon ne donnant pas de signes, elle n'a pas à s'inquiéter outre mesure.
Le retour attendu arrive au moyen du chant joué par Link. Ce retour ajoute un nouveau compagnon ou plutôt une nouvelle compagne : Nuténa, concubine de Rafaeli. En signe de soumission, Nuténa à la peau mate s'incline gracieusement devant la reine Zelda qui lui souhaite la bienvenue. Puis celle-ci dit aux autres deux nouvelles qui les attendent durant leur absence. Primo, Sagatt doit aller au village Cocorico car un événement tragique s'y est passé récemment, sans plus de détails. Secundo, elle vient d'apprendre la mort de Laulu, ami de Rauru, et ajoute que l'ensemble des archives du temple de Laulu seront aussitôt transférées à la bibliothèque royale, où Billo se fera une joie d'analyser les archives.
Sagatt obéit aux ordres de Zelda et porte ses pas en priant Link et Veroga de l'accompagner. La fillette à la chevelure de feu refuse de venir car elle a vécu des aventures plutôt pas agréables. Elle préfère être en compagnie de Nuténa et des autres. Rafaeli bien sûr n'ira pas avec Sagatt, désirant être en compagnie de Nuténa. Et Navi ? Chose très rare dans la vie en couple avec Link, elle prétend être curieuse des talents culinaires de Nuténa. En somme, Nuténa a dépouillé Sagatt de son armada sans le vouloir! Link, candide et courageux, suit Sagatt.
Village Cocorico
On dit que le nom "Cocorico" vient d'une légende montrant le combat furieux des coqs s'affrontant en mêlée et piétinant de fragiles roses rouges. Le combat avait été si furieux qu'on voyait dans cette sinistre tragédie le signe que les dieux voulaient que le village soit fondé en l'honneur de la Triforce. Mais c'était un repaire des Sheikahs, peuple de l'Ombre, qui avait été établi avant la fondation du village... Le nom de "Cocorico" signifie peut-être que les Sheikahs sont aussi courageux que les coqs.
L'herbe vient d'être mouillée par une forte pluie. Il y a un peu de boue partout. Les poules se sont mises à l'abri et pondent pendant la pluie. Il y a un petit rassemblement autour du puits près duquel on peut apercevoir Enqvus, le petit enquêteur plumitif, dont Sagatt se moque volontiers. Enqvus, qui gratte nerveusement ses moustaches tirées à angle droit vers le haut, frappe son bâton sur le sol. Il regarde d'un air méprisant Sagatt qui s'approche du puits :
- Tiens, le meurtrier est de retour... Je n'ai pas besoin de te dire que tu trouveras ta victime au fond du puits...
Les habitants se regardent dans un murmure général : Sagatt serait le meurtrier qu'Enqvus viendrait de mettre la main dessus ? Le géant répond :
- Epargne-moi tes insinuations bouseuses comme la vache qui ne sait produire que de la bouse. Dis-moi plutôt ce qui s'est passé.
Vaincu, Enqvus indique le puits de sa tête, invitant Sagatt à jeter un coup d'oeil. Intrigués, Link et celui-ci jettent un regard dans le puits. Puis Sagatt émet un juron :
- Arnaqua !
La fameuse crapule aux cheveux courts et jaunâtres, le voleur du temple des Zoras verts, le manipulateur de la bibliothèque, le suspect potentiel des meurtres de Villo l'assistant de Billo, du maître chanteur et enfin du roi lui-même, l'ancien dépositaire de la liste des masques, gît bel et bien au fond du puits au milieu des rochers. Son ventre est percé par une épée. Cette épée a pénétré le dos d'Arnaqua avant de finir sur son ventre. Ce qui est inquiétant, c'est l'aspect du visage d'Arnaqua : ses yeux sont vitrés de peur, sa bouche est toujours ouverte comme s'il avait vu une chose aussi horrible qu'indicible à décrire.
Link se demande si c'est vraiment le fameux Arnaqua qu'a souvent décrit son ami Sagatt. Soudain, il perçoit encore la même tension haineuse et ricanante venue d'on ne sait où. Discrètement, il tourne sur lui-même en essayant de percevoir d'où vient la tension. Peine perdue car Sagatt vient de lui demander de tirer le cadavre au moyen de la corde que vient d'enrouler un gars sur le corps.
Le corps enfin sorti du puits est allongé sur son flanc, évitant ainsi de casser l'épée qui s'est joliment accrochée à travers les entrailles. Enqvus devançant Sagatt ordonne l'autopsie du corps par le vétérinaire du palais royal. Après avoir examiné le corps et au passage noté une curieuse impression qu'Arnaqua n'est pas Arnaqua sans savoir pourquoi, Sagatt déclare à tous ceux présents dans Cocorico qu'il a été diligenté par Sa majesté à enquêter sur ce meurtre. Cette disposition oblige ainsi les personnes à répondre aux questions du géant. Devant la mine suspicieuse des habitants, Sagatt menace du regard Enqvus qui est obligé d'admettre la vérité. Ceci étant dit, les habitants sont soulagés. Cependant, le géant demande aux habitants d'aller exactement à l'endroit où ils étaient pendant l'épisode du meurtre d'Arnaqua, ce qu'ils acceptent avec bonne foi en se dispersant.
- Tu vas apprendre ce qu'est une enquête, dit Sagatt mi-moqueur.
- D'accord, répond Link mi-naïf.
Sagatt décide de se porter à la rencontre du soldat préposé à la garde de la porte menant au Mont du Péril. Aux questions de l'ancien soldat îlien, le soldat affirme être resté en dépit d'une forte et douce pluie. Il a entendu un bruit comme un cri de stupeur ou d'horreur quelque part. A la question de savoir pourquoi le soldat n'a pas bougé son cul pour se porter aux origines du bruit, le garde répond que ce n'est pas son rôle de se mêler des affaires du village si toutefois celles-ci en sont. Le géant laisse sur place le soldat en disant à Link que plus les Hyliens sont cons comme ce soldat, plus il comprend pourquoi Ganondorf avait facilement dominé le monde. Intérieurement, Link n'est pas de son avis car la curiosité du soldat est parfois un vilain défaut et non de l'idiotie, mais il ne dit rien à Sagatt.
Les compagnons entrent dans l'ancienne demeure occupée par Impa et qui est alors occupée par la fille aux poules bleues. Là ils se heurtent au mutisme du vieux bourru à la moustache blanche qui ne fait que marmonner des reproches aux ouvriers du village. Devant la fermeté de Sagatt, le vieux chef du village veut bien répondre aux questions :
- Si vous voulez savoir ce que je faisais, j'étais devant ma maison, pas loin de la maison des araignées (à ce mot, il déglutit de dégoût). Bref, j'étais dehors et protégé par ma capuche à rester sur le seuil de la porte.
- Que faisiez-vous à cette heure ? Ce n'est pas l'heure appropriée pour danser sous la pluie..., demande Sagatt.
- Je surveillais mes ouvriers ! Car ce sont des paresseux ! Oui, ce sont des paresseux ! L'endroit était approprié car de là où j'étais, je pouvais surveiller les allées et venues des ouvriers non loin de l'entrée du village.
Puis devançant la question de Sagatt :
- Rien à craindre du côté du chemin du Mont du Péril et du cimetière car j'ai soudoyé le garde afin de surveiller les fuites inopinées des fainéants. D'ailleurs, vu qu'ils sont si paresseux, ils ne seraient pas capables d'affronter la terreur des âmes du cimetière ! Nyark !
- Dans ce cas, qu'as-tu vu ? Et as-tu entendu du bruit ? interroge le géant enquêteur.
- Pour ce qui est du bruit, ouais j'en ai entendu mais j'ai pris ce bruit pour une diversion à la con d'un ouvrier. Vous savez, je ne tiens pas à bouger ! En revanche, j'ai vu trois personnes inconnues du village y entrer. D'abord deux personnes... Ensuite l'autre...
- Décris-les-moi, ordonne Sagatt.
- Heu..., fait le vieux en se grattant le crâne. Une sorte de paysan d'après ses vêtements typiques de la campagne d'Hyrule... et... heu... un personnage vêtu d'une cape noire... Je crois... Oui c'est ça !
Immédiatement Link et Sagatt se regardent : ces mecs décrits par le vieux ressemblent étrangement à ceux qu'ils avaient surpris aux bois des Mojos ! Puis, celui-ci interroge encore :
- Et l'autre ?
- Le cadavre, répond sans rire le vieux qui n'aime apparemment pas trop décrire un personnage.
- Combien de temps entre les entrées de ces personnages ?
- Je dirais... une bonne demi-heure... Les premiers venaient d'entrer au moment de la tombée de la pluie.
Sagatt remercie le vieux tandis que Link se demande les raisons de la présence des deux compères apparemment sans rapport avec Arnaqua. Quant à Sagatt, il se dit que c'est trop beau ! L'entrée en scène des compères qui sont ses suspects ne peut pas être fortuite ! Enfin, je préfère aviser plus tard en terminant mes interrogatoires.
Le groupe explore presque toutes les maisons au hasard, ne recevant que de banales réponses du type : non, on n'a rien vu, ni entendu, ou alors on a entendu mais ce n'est pas notre problème, etc. Finalement, le duo décide d'entrer dans une maison au-dessous du magasin de l'apothicaire. C'est une maison d'accueil pour le père de Malon à l'époque future où Ganondorf terrorise Hyrule. Là, ils ont des informations intéressantes. La grosse dame à la chevelure courte et désordonnée leur donne les indications suivantes :
- Monsieur, il faut dire que les deux personnes, un paysan et un homme à la cape noire, étaient venus demander un peu de réconfort pendant une pluie du tonnerre. Je ne pouvais pas leur refuser un gîte pareil ! Mon coeur n'est pas de pierre, monsieur ! Toujours est-il que le paysan a décidé de s'asseoir à une table près de la fenêtre et que...
- Un instant, madame, celle qui fait face au puits ? interrompt Sagatt.
- Oui, c'est cela monsieur ! Je disais que ceux-ci s'appelaient Jacsus, le paysan, et Maskus celui à la cape. Je vous dis ceci car ils échangeaient des paroles !
- Du genre ?
- Oh ! de la pluie et du beau temps... Je leur ai servi du vin chaud. J'ai cependant entendu des inquiétudes comme : "J'espère qu'il ne nous a pas repérés" ou quelque chose comme ça, monsieur. Ils sont restés là sans mot dire pendant une demi-heure environ... Le paysan, un peu nerveux, s'est contenté de se pencher sur les volets à moitié fermés pour voir je ne sais quoi...
- Continuez madame, encourage souriant le géant.
- Tout à coup, j'ai entendu un horrible cri... (La grosse femme tremble de peur). Et j'ai entendu Jachsus, heu... pardon Jacsus s'exclamer à haute voix et tout pâle : "Elle a osé faire ça !!! Ce n'est pas possible !!!" L'autre l'a intimé de se calmer ! Et ils sont restés cinq minutes à peu près... Moi, j'étais clouée sur place... Pensez ! Ce cri, ce n'est pas hylien ! s'exclame la femme qui pose ses mains sur sa grosse poitrine haletante.
- Je vous comprends. Et ensuite ils sont sortis ?
- Oui, oui monsieur ! C'est que la pluie venait de cesser.
- Rien d'autre à signaler ?
- Non monsieur.
Ils sortent en remerciant la femme pour son aide. Link demande à Sagatt qui a bien pu l'éliminer si ce ne sont pas les deux compères. Sagatt donne sa version : soit c'est l'un des villageois qui a fait le sale coup, soit c'est quelqu'un de l'extérieur qui n'a pas été mentionné par le vieux chef, ou alors il ne sait pas. Le soldat a garanti que personne n'est entré au village par le chemin de la montagne, il ne reste que le cimetière. En effet, ce quelqu'un a très bien pu s'y cacher en attendant le moment propice pour perpétrer son meurtre.
Au bout de l'interrogatoire du fossoyeur, ils n'obtiennent que des réponses laconiques : personne n'est formellement venu le jour, et rester au cimetière pendant la nuit c'est courir au suicide vu le pullulement des fantômes. Ce qui est confirmé par Link qui dut affronter les âmes méchantes du cimetière dans le passé et le futur. N'obtenant rien de plus, on décide de mettre un terme à l'enquête.
En se promenant avec Link, Sagatt s'interroge. Quelle raison pousse les deux Hyliens à se rendre à Cocorico ? Et sous quels ordres s'ils existent ces ordres ? Leur chef n'est-il pas Pandore, la jeune femme redoutable que Sagatt avait affrontée dans la précédente guerre ? Cela expliquerait alors le lien qui unit Pandore à Arnaqua. Car je me souviens des paroles de Pandore qui m'avait dit de chercher quelque chose de grandiose, autrement dit le Saint-Royaume. Mais pourquoi envoyer les deux novices au village puisque tout le monde sait à présent qui ils sont ? Se peut-il qu'ils venaient dans le but d'intercepter Arnaqua ? Dans ce cas, l'ont-ils éliminé juste après leur passage au gîte ? Mais ce n'est pas très clair car dans ce cas-là, Arnaqua aurait crié deux fois, la deuxième en mourant trucidé par l'un des compères, surtout après l'horrible cri qui a effrayé la grosse dame. Et surtout, avec qui Arnaqua avait-il rendez-vous ? Avec les deux mecs ? Ou avec une autre personne ? Et pour quelles raisons ? Ainsi Sagatt poursuit ses réflexions en constatant qu'il devient de plus en plus mou dans son enquête.
Link et Sagatt retournent au château.
- Réveille-toi !
Sagatt sursaute en entendant ces mots. Les mots sont proférés par la féline Veroga qui interrompt les interrogations du géant : Qu'a vu le paysan Jacsus pour qu'il se soit exclamé ainsi ?
- Enfin... Arrête un peu de rêvasser et viens manger les merveilleux produits préparés par Nuténa.
Sagatt ricane et approuve la fille. Il suit Veroga, puis rejoint la reine et ses amis Veroga, Rauru, Billo, Rafaeli et Nuténa. Ceux-ci prennent des petites collations préparées par la concubine de Rafaeli. Link et sa fée sont au village des Kokiris comme ils avaient promis à Saria de la rejoindre. Zelda fait des compliments sur la saveur culinaire des produits. Sagatt prend une collation mais ne peut s'empêcher de penser à la précédente réunion.
La réunion en question se passait avant le repas du soir. La reine Zelda annonça que les recherches de Billo s'étaient avérées vaines à propos de la localisation d'un royaume de Basile. De son côté, elle n'avait trouvé aucune information intéressante concernant ce royaume même pas dans les souvenirs de la famille royale. C'est à croire que le royaume n'existe pas ! Mais Zelda ne désespérait pas car Billo le bibliothécaire n'avait pas encore terminé ses recherches et des nouvelles archives léguées par Laulu n'allaient pas tarder à arriver. En marge de la réunion, Billo se faisait relater l'interrogatoire de Sagatt à la prêtresse du temple de Laulu. Puis Billo lui dit que le livre qui était à la bibliothèque royale et qui contenait des informations sur le Saint-Royaume, venait en fait du temple du temps. C'était un des anciens grands prêtres du temple qui l'avait offert au roi parce qu'il pensait cet ouvrage plus en sécurité à la bibliothèque qu'au temple. Il estimait que ce livre était plus précieux que le parchemin dont Sagatt avait pris connaissance, en raison des grosses informations qui ne devaient pas tomber entre les mains d'un intrus. Celui-ci remercia Billo en lui tapotant la joue.
Après des bavardages sans intérêt (on a pris pour règle tacite de ne point parler des événements funestes qui sont arrivés aux amis de Link), le géant policier décide d'aller respirer l'air des jardins royaux. Ces jardins où Link avait joué les espions il y a une année. Les autres ne font rien pour l'empêcher vu qu'ils sont englués dans un concert de bavardages. Sagatt sort par la porte-fenêtre de la salle du trône et s'engage vers une pépinière de fleurs. Il y a encore quelques nuages qui cachent la nudité honteuse de la lune. Avec un brin de cynisme, Sagatt ajuste son pantalon pour mieux pisser sur quelques fleurs. Voilà l'une des raisons de sa présence aux jardins : l'endroit idéal pour uriner ! De toute façon, Sagatt pense que les fleurs mourront si l'oeil gagne la bataille en faisant fondre les glaciers et en inondant Hyrule. Un bruit surprend Sagatt alors en état de grâce urinale :
- N'as-tu pas honte de flétrir les fleurs ainsi ?
La voix est celle de Rafaeli qui sourit. Sagatt, rougissant, se tourne vers lui.
- Bah ! C'est trop tard ! répond ricanant le policier des îles.
Un silence se fait au bout duquel Sagatt invite l'Intouchable à se promener avec lui dans le but de lui soutirer des informations. Ce dernier sourit en soupirant. Il accepte sans hésiter. Ainsi ils déambulent à travers les jardins sous les regards d'abord suspicieux puis bienveillants des gardes qui voudraient somnoler un peu. Sagatt engage la conversation par une banalité :
- Nuténa est mignonne à ce que je vois et surtout... cordon-bleu !
- Oui.
Quelques petits pas plus loin, Sagatt revient à la charge :
- Dis-moi... Les Intouchables sont immortels n'est-ce pas ?
- Oui. Cependant, ils ne sont pas nés lors de la création du monde par les déesses. Par exemple, je suis né longtemps après la création du monde et je suis le dernier de la race des Intouchables. Et je ne vois plus les Intouchables depuis longtemps... depuis que je suis venu sur Hyrule...
- Pour quelle raison ? demande Sagatt sans détour.
Rafaeli rit doucement :
- Lorsque j'étais sur le départ pour Hyrule, j'étais ce que vous appelleriez un adolescent insouciant et rêvant de quêtes inespérées. Je n'aimais pas mon rôle d'Intouchable qui consistait à ne pas bouger et à observer les événements en attendant les moments critiques. Non, je voulais intervenir activement. J'ai discuté âprement (sans exigence exorbitante) avec les Intouchables aînés. Finalement, comme on pensait que je ne devais pas me morfondre au risque de devenir irritant, ou pire brutal, on a accepté à une condition : me faire discret, très discret même, et en ne dévoilant mon origine à personne sinon aux personnes très dignes de confiance.
- Ah... d'accord...
- Tu connais la légende du dragon Volcania terrassé par un ancêtre des Gorons ?
- Oui, Link m'en a parlé.
- Cet ancêtre n'a jamais vaincu Volcania. Je suis intervenu contre la malveillance de Volcania. Et j'étais tenu par l'une des règles d'Intouchables qui interdit de tuer quiconque sauf en cas de légitime défense. La solution pour vaincre Volcania sans le tuer est d'utiliser la "masse des Titans" comme vous l'appelez. Avec cette masse, j'ai assommé Volcania puis je l'ai enfermé. Il restera enfermé jusqu'à ce qu'une puissance vienne le délivrer. Enfin... c'est fait dans le futur parallèle, finit Rafaeli en souriant.
Sagatt est surpris par cette révélation mais dans le fond, il pense que ce n'est pas étonnant vu le statut de Rafaeli puis il demande :
- Et ce roi Dodongo, c'était encore vous ?
- Oui... A l'époque où j'ai été transféré en Hyrule, ce monstre disputait les choux-pêteurs aux Gorons avec férocité. En recherche de sensation d'exploits, j'ai combattu et vaincu le roi Dodongo. Mon exploit m'a valu des remerciements des Gorons qui m'ont rappelé plus tard pour les délivrer du dragon Volcania. Ce que j'ai fait avec la promesse que mon nom ne serait pas dévoilé.
- Je parie que tu as proposé un autre héros...
- Oui. C'est moi qui ai proposé à l'ancien chef des Gorons d'être le héros du mont du péril. Ce qu'il a accepté bien sûr.
Sagatt sourit. Il repose une question :
- En somme, vous les Intouchables, vous êtes si puissants, si immortels à ce que je crois, que rien ne pourrait vous arriver...
- Puissants peut-être. Immortels, oui dans le sens où notre espérance de vie dure indéfiniment mais pas invulnérables. Par contre, il peut toujours nous arriver quelque chose...
- Oui ?
Rafaeli hésite un court instant puis se résigne :
- Tu es probablement le premier à qui un Intouchable révèle un des secrets. Tu as certes des défauts mais je peux te faire confiance. Il paraît que si un Intouchable voit son coeur noirci par la haine ou toute malveillance prohibée par les déesses, il sera transformé... en monstre ! Je ne sais pas si la légende est vraie. Toujours est-il que nous ne prenons pas les avertissements divins à la légère.
Sagatt songe tout de suite à ne pas dévoiler ce secret par respect, comme il l'avait souvent fait lorsqu'il enquêtait sur des adultères ou des petits scandales. Il ajoute :
- Mais... d'après ce que je vois, Nuténa n'est pas une Intouchable...
- Hélas... (Rafaeli regarde le ciel noir). Pendant très longtemps, je n'avais pas compris ce que signifie vraiment l'amour. Les déesses, par l'intermédiaire des vieux Intouchables, avaient insisté sur l'importance de l'amour quel qu'il soit. Nous sommes créés par l'amour et la compassion des déesses donc nous n'avons point de parents de qui on peut comprendre la notion d'amour. Puis, il y a quelques années, mon coeur battit pour Nuténa alors qu'elle n'était qu'une enfant parmi d'autres.
Sagatt ricane :
- Voyez-vous... Un Intouchable âgé de plusieurs siècles tombe amoureux d'une fillette pas encore pubère ! Comme l'amour crée des liens curieux !
- Oui... l'amour est parfois plus fort que soi-même. Je ne m'en étais pas encore aperçu, moi qui pensais que je pouvais choisir l'amour comme je voulais. Etant établi depuis plusieurs siècles en Hyrule, je connais très bien l'espérance de vie d'un habitant. Bien que ça m'ait coûté d'attendre des années, j'ai dû patienter durant la croissance de Nuténa. Au début, quand nous avons établi un lien, j'ai choisi d'abord l'amitié fondée sur la relation grand frère-soeur ou encore père-fille... Tu vois ?
- Ouais...
- De son côté, Nuténa n'éprouvait encore rien pour moi sinon de l'amitié, ce que je pouvais comprendre à son âge. Nous nous sommes revus plusieurs années sans aller plus loin, une relation affectueuse et platonique en somme. Puis, arrive le moment espéré. Elle a compris que je l'aimais et tout s'est bien passé...
Sagatt dit cruellement en croisant les bras :
- Mais votre relation sera aussi éphémère qu'une feuille morte...
- Oui. Je m'en doutais à partir du moment où nous avons établi une relation. On s'est installé à l'abri de tout événement à la baie du temple de Laulu. Même l'arrivée du seigneur du désert Ganondorf dans la cour royale ne nous a pas bousculés. Je me suis juré de rechercher n'importe quelle magie pouvant changer ma vie d'Intouchable à celle d'un simple habitant d'Hyrule. J'ai cherché un peu partout, essayant de glaner des informations. Rien de concret pour l'instant." Devançant la voix de Sagatt, Rafaeli ajoute : "J'ai déjà pensé à la Triforce et à la grande fée de la baie du temple mais une des règles est formelle : il est interdit aux Intouchables de recourir aux voeux quels qu'ils soient. Je pense que les Intouchables doivent protéger et servir les mondes créés par les déesses, et qu'ils sont une petite alternative à la Triforce. Je ne désespère pas de continuer.
Sagatt esquisse un mouvement de soupir et dit souriant :
- Bon courage.
- Et Magalène ?
Sagatt émet une convulsion involontaire :
- Quoi ? Magalène ?
- Tu n'ignores pas que j'ai des pouvoirs très développés sans être omniscients. J'ai tout vu des manèges de Magalène et je sais ce que tu sais.
- Si je sais qu'elle est amoureuse de moi ? Oui, je le sais. Mais je suis pour le moment imperméable aux assauts discrets de la voyante", répond d'un rictus le policier qui continue : "Il est inutile de la décevoir en lui disant que je suis encore insensible à ses charmes. Plus tard peut-être... Mais pas tout de suite. Je préfère m'amuser à mon métier de policier. Je m'efforce tout de même de ne pas l'attrister et puis... je n'ai pas envie de voir par un beau matin un nouveau fruit au milieu des pommes d'un arbre."
- Tu es parfois cynique. Tu as quelques défauts mais tu n'es pas cruel. Ton coeur n'est pas encore ouvert mais il le deviendra sûrement. Sinon, tu passeras à côté d'une chose merveilleuse. Ecoute ton confident qui a connu plusieurs expériences de la vie pendant plusieurs siècles.
Comme pour couper court à la conversation, Sagatt déclare qu'il est temps pour lui de reprendre l'enquête en allant à la bibliothèque, où Billo sera sûrement en train de faire des recherches sur un éventuel royaume de Basile. Rafaeli opine et sourit.
La bougie illumine le visage tendu de Billo qui prospecte toute information si minime qu'elle soit sur le royaume de Basile. Il est assis sur un tabouret l'obligeant ainsi à ne point paresser ou tomber dans le brouillard des rêves. Il est penché sur la table de chêne. A ses côtés, un chandelier à une bougie dont la flamme danse joyeusement. Une pile de livres reliés est déposée à la gauche du bibliothécaire. Celui-ci tient une plume de cocotte bleue en attendant de noter sur du parchemin vierge. Il joue parfois avec sa plume en cherchant dans les pages d'un livre. A sa droite, par terre, des tas de livres ou de feuillets jaunis par le temps, signe que Billo n'a pas trouvé d'information capitale sur Basile. Autour de la table, des étagères où sont entreposés de nouveaux livres ou de nouvelles archives léguées par Laulu. Quelque part par-là, une petite vieille cheminée avec ses sculptures de cerfs et parsemée par-ci par-là de fragments de Triforce. La cheminée n'est pas allumée et reste au chômage technique.
Une main se pose doucement sur l'épaule de Billo. Celui-ci sursaute en émettant un cri. Il se tourne prestement vers celui qui a osé poser sa sale patte sur son épaule.
- Sagatt ! Tu m'as fait peur ! Ne me fais plus jamais ce coup-là !
Le géant est là, devant Billo. Celui-ci n'avait pas vu venir son ami. Sagatt venait de se mettre en face du bibliothécaire attendant que celui-ci veuille bien lever sa tête. Mais il n'a pas reçu de réponse ce qui l'a obligé à poser sa main sur l'épaule de Billo.
- Si j'avais été un assassin, on t'aurait retrouvé pataugeant au milieu des canards, rigole Sagatt.
Billo fait un soupir. Il lève ses bras pour mieux masser ses muscles. Son moment de musculation "nirvanale" terminé, il demande ce que vient faire Sagatt. Celui-ci répond qu'il n'a pas retrouvé son ami myope dans la salle où Zelda et ses amis mangent. On lui a répondu que Billo avait terriblement envie de se coltiner les livres légués par Laulu. Sagatt s'étonne ensuite de remarquer les archives de Laulu déjà présentes, alors que le vieil ami de Rauru vient à peine de mourir. Billo explique qu'un accord de transfert avait déjà été passé entre Laulu et le roi. Cet accord stipulait qu'un transfert était possible à condition de ne point les consulter tant que Laulu était en vie. Le décès constaté, on peut librement consulter et archiver la petite bibliothèque léguée. Sagatt se demande par quel miracle il n'avait rien remarqué de spécial lors de sa visite au temple de Laulu, où il avait visité la bibliothèque en compagnie des Zoras vertes. Billo précise que les archives sont en majorité écrites aux plus vieux temps, en particulier lors du grand chaos. Très peu de parchemins de cette même période restent entreposés au temple des Zoras vertes. Et Billo est en train de lire les précieux témoignages du passé. Sagatt sourit en regardant Billo.
- Laulu vient à peine de mourir et tu lis avec joie ses livres ? Pas mal comme deuil !
Billo lève son bras en signe de désappointement et d'ironie :
- Heu... Comment t'expliquer ? Il ne se passe pas un jour sans que l'absence de ma femme et de mes enfants se fasse sentir... Des jours et des jours à surveiller la bibliothèque ou à archiver des documents déjà enregistrés... La vie devient monotone... Je savais que les documents du maître Laulu étaient déjà présents non loin de la bibliothèque du roi. Tu imagines ? Juste là ! Et je pouvais rien faire à part me décrasser les doigts ! (un soupir) Parfois, l'envie me prenait de passer outre les précisions testamentaires de Laulu et de prendre fut-ce qu'un maigre livre... Finalement, le décès est arrivé...
- Il ne manquerait plus qu'Enqvus t'accuse de meurtre sur Laulu ! s'esclaffe Sagatt.
- Laisse tomber celui-ci ! Il ne m'a guère intéressé...
Sagatt cherche un autre tabouret ou de quoi s'asseoir. Billo lui en donne un. Quand le géant s'est assis, Billo déclare :
- Je n'ai pas encore retrouvé la mention de "Basile", tu t'en doutes sûrement...
- Oui ça se voit, sinon tu aurais écrasé tes verres correcteurs en courant avertir Sa Majesté...
- Je n'ai parcouru qu'une moitié de l'ensemble des archives où j'ai lu des choses très intéressantes mais sans rapport avec ce Basile.
- Raconte ! propose-t-il en voulant décrisper Billo.
Billo prend une mine enjouée mêlée d'un soupir et commence :
- Hérote est un personnage impressionnant ! Ce personnage était une sorte de conteur parcourant les pays et racontant des événements écrits sur ses papiers. Il l'a fait pendant le grand chaos ! J'admire son courage. Il n'hésitait pas à aller là où il ne fallait pas poser les pieds. Je gage que sans lui, on ne connaîtrait rien des événements funestes ou heureux de la période du grand chaos !
- Il a dû manquer de papier ou alors il a pris deux sacs bourrés de feuilles !
- Je ne crois pas qu'il manquait de papier et pourtant, j'ai là une collection impressionnante de ses écrits ! Plusieurs de ses écrits sont perdus. Et peut-être, j'aurais trouvé dans ses écrits perdus une trace de Basile...
- Rêve ! se moque gentiment l'ancien soldat.
- Puis il est mort quelque part on ne sait où. Mais on suppose qu'il a été tué lors d'une bataille. Je pense qu'il était sûrement en train de raconter le déroulement des combats. Je te devance en t'apprenant que des papiers ont été ramenés par un jeune guerrier qui l'avait accompagné. Il avait dû l'abandonner pour ramener les papiers au village natal de Hérote.
- Singulier comme personnage...
- Plein de choses que je pourrais te raconter sur ce que j'ai trouvé mais le temps n'est pas là... (Billo fait allusion à l'oeil géant). Une dernière chose. A l'ouest de la capitale d'Hyrule se trouve une cité. Une cité banale sauf qu'elle se situe dans un curieux environnement... Quelques écrits que j'ai relevés sont d'accord pour dire qu'avant l'établissement de la cité, l'endroit n'était qu'une immense steppe, proche du désert des Gerudos, où rien ne pouvait nourrir les terres. Donc... pas de quoi s'établir... Et pourtant, à peine cinquante ou cent ans après, on retrouve des champs fertiles et une cité sublime ! A croire qu'un dieu est intervenu...
- Oui... Elle existe encore ?
- Justement... Pendant le grand chaos, la cité a... disparu !
Devant la mine un peu étonnée de Sagatt qui se méfie des racontars ou rumeurs, Billo ajoute :
- Hérote a affirmé qu'elle existait encore de son vivant. Il l'a décrite. On ne sait pas comment elle a disparu. Mais... un petit témoignage d'un malandrin repenti raconte qu'une troupe de pillards s'était dirigée vers la cité peu après le pillage de la cité royale. Peut-être qu'elle a détruit la cité avec une férocité inouïe. Mais ça n'explique toujours pas comment, ni pourquoi la cité a disparu... Et encore, des rumeurs toujours racontées par ce malandrin font état d'un certain nuage très noir qui avalait tout... Et si c'est ce nuage qui a... détruit la cité ?
- Calme-toi. Je connais tes jouissances devant les petits mystères de l'histoire. Malheureusement, cela n'a aucun rapport avec notre quête...
Billo s'affaisse doucement sur lui-même en tenant ses mains entre ses genoux sur son tabouret, puis propose à son ami de faire des recherches avec lui. Ce que fait le policier volontiers.
Ainsi pendant une grosse partie de la nuit, ils cherchent, prospectent, analysent, fouillent, grattent plusieurs écrits en croyant relever un indice qui se révèle être qu'un vain gribouillis ne voulant rien dire. Ils ont apporté de quoi manger et boire pour tenir la nuit. Sagatt pense : on aurait pu le faire une journée tranquillement ! J'espère que Zelda n'est pas en train de dormir sans quoi Billo va sans doute la réveiller en cas de victoire ! Après des recherches infructueuses, Sagatt émet un petit juron en disant que la signification du mot "Basile" pourrait l'aider énormément. A cette réaction, Billo s'exclame : mais... oui ! Et si ce n'est pas un nom mais... un mot ?
Fébrile et s'élançant dans l'autre bibliothèque, Billo va chercher quelque chose qui puisse lui indiquer une piste, sous les yeux fatigués de Sagatt qui baille. Prenant un air de triomphe après avoir consulté un livre, Billo déclare solennellement en retournant dans la salle où Sagatt se trouve :
- J'ai trouvé.
Sagatt suit la silhouette de son ami à travers les dédales du château. On leur dit que la reine Zelda a fait passer le message qu'elle serait dans sa chambre en compagnie de Rauru. Veroga est allée se coucher. Rafaeli a accompagné sa Nuténa jusqu'à la chambre des invités pendant quelques heures. Encore heureux que Zelda ne soit pas seule sinon Billo l'aurait réveillée en pyjama ou robe de nuit, pense Sagatt. Cependant, Billo a la politesse de frapper à la porte malgré le fait qu'il soit pressé de dévoiler ses trouvailles. Même le géant n'en sait rien.
Dans la chambre, Zelda est toujours habillée de sa robe royale, en train de converser avec le sage Rauru. Ils en ont pris du temps à bavarder pendant une partie de la nuit, pense Sagatt. En voyant sa mine enjouée, la reine demande s'il a trouvé un indice.
- Mieux qu'un indice, je sais pourquoi le royaume s'appelle "Basile", triomphe Billo.
Rauru se penche pour mieux entendre tout en tentant de rester impassible. Sagatt fait de même en souriant. Zelda reste attentive et encourage Billo à poursuivre en le gratifiant d'un amical sourire.
- C'est mon ami ici présent qui m'a mis la puce à l'oreille. On a pris comme principe que "Basile" est un nom propre et non un nom commun. L'erreur est là : et si c'était un mot et non un nom ? Je me suis rapidement interrogé après que Sagatt ait lancé "Si ce mot pouvait signifier quelque chose." (le tout sans que Billo mentionne exactement la phrase de Sagatt avec ses jurons). J'ai commencé à avoir des doutes et je suis allé chercher la signification du mot et non du nom dans de vieux grimoires. Je n'ai rien trouvé dans le vocabulaire hylien actuel. En revanche, et c'est intéressant, en vieux hylien ou plutôt en hyrulien, ce mot signifie...
Billo s'amuse en laissant un suspense insoutenable pendant une minute...
- Ce mot signifie donc... "le roi" !
L'exclamation de Billo provoque un murmure de déception. Comment en effet expliquer l'expression : "Le royaume du roi" à la place du "royaume de Basile" ? Ça soulève plus de questions que de réponses car on ne sait même pas qui est le roi. Billo trépigne de joie car il n'a toujours pas dévoilé le meilleur pour la fin. Sagatt qui a compris la comédie de Billo pousse son ami à en finir avec les devinettes.
- Très bien. Ce n'est pas tout. Aujourd'hui, on lui donnerait facilement la signification de monarque. Mais un érudit aurait immédiatement compris qu'il y avait en réalité deux sens au mot "roi" en langue hyrulienne. A part la signification même du mot "roi", il fallait aussi comprendre le sens hyrulien par le sens hylien... "le trône" !
Après quelques instants d'incompréhension consécutifs aux explications un peu brouillées de Billo, l'entourage de Zelda s'exclame. Un trône contiendrait lui-même un cristal ?! Cela semble difficile à avaler vu qu'il peut y avoir plusieurs sortes de trône. Mais Sagatt n'est pas d'accord.
- Au contraire, le mot hyrulien spécifie que le trône est bien celui du roi d'Hyrule. Par conséquent, ce n'est pas dans les divers trônes des royaumes d'Hyrule qu'il faut chercher, mais dans la cité royale elle-même ! répond le bibliothécaire.
La découverte fortuite de Billo fait naître un espoir inespéré en ce sens qu'il est désormais plus aisé de rechercher dans un endroit plus proche. La reine décide d'aller à la salle du trône tout en veillant à ce que très peu de personnes la voient pour raison de deuil. Les dispositions prenant du temps, Sagatt en profite pour réfléchir : ça ne colle pas vraiment. En effet, comment peut-il y avoir en même temps un ancien mot hylien et un mot hylien actuel qui mettent en dénominateur commun le roi ? Plus personne ne connaît l'hyrulien, même Billo a dû deviner et aller chercher la signification du mot. La question est : quand a été fabriquée la plaque que j'ai ramassée dans la forêt et qui indique les emplacements des cristaux ? Durant le grand chaos ? Difficile à croire vu que la langue hylienne n'existait pas encore. Des siècles après le grand chaos, c'est plausible mais quand ? Et qui a fait fabriquer la plaque ? Et pourquoi ? Se peut-il que la plaque ait été fabriquée pour nous obliger à aller là où on veut ? Si c'est le cas, ça devient dangereux... Et maintes interrogations fouettent les neurones de Sagatt. Puis peu après arrive Rafaeli qui a senti du remue-ménage. On lui explique la situation. Rafaeli prend un air indéchiffrable qui parait ne pas être neutre pour Sagatt. Celui-ci se demande si Rafaeli ne connaîtrait pas l'existence de la plaque.
Salle du trône
Sagatt et Billo sont en train de tâter tous les recoins du siège royal, histoire de vérifier s'il n'y a pas de cachette secrète. Les recherches se révèlent vaines. Pourtant, Billo persiste à dire que le mot hyrulien parle bien du trône, ce que personne ne met en doute pour ne pas froisser le labeur inutile du bibliothécaire. Puis Sagatt avance que le trône pourrait avoir été vidé et ainsi on aurait retrouvé et caché le cristal ailleurs. Zelda reste dubitative et répond qu'à sa connaissance, le trône n'a jamais été bougé par qui que ce soit, à part pendant les événements du grand chaos. En effet, la règle veut que le trône ne soit jamais approché, encore moins touché, par quiconque sans autorisation royale. Sagatt comprend mieux le stress des gardes de la salle du siège. Ils sont responsables du trône. Il insiste qu'on aurait pu rater un événement durant lequel une personne aurait dérobé le cristal à la barbe du palais. Zelda rétorque que ce n'est pas possible car on lui en aurait parlé à travers une quelconque tradition ou légende, et surtout, le trône ne porte aucune trace d'effraction. Abattre en morceaux le siège est impensable et exclu en raison de son caractère sacré. On cherche d'autres solutions. Finalement, on n'en trouve aucune. Billo pense que le trône a été déplacé pendant le grand chaos. Et durant ce temps-là, une personne a pu trouver le cristal par hasard. Sagatt réplique que le trône ne porte aucune trace d'effraction à moins que le cristal ne soit posé à la surface même du siège que ce soit au dos de l'objet ou sur les coussins. Rauru se demande si la scène du cavalier restituant le trésor de la cité royale aux habitants, racontée par son vieil ami Laulu, n'est pas une légende. Zelda s'avance un peu vers le siège de ses ancêtres et déclare :
- Quoi qu'il en soit, il n'est plus question de poursuivre les recherches pendant encore des jours. L'oeil géant nous impose son chantage. Tout indique qu'il veut nous pousser à aller dans le Saint-Royaume. Récemment, le chambellan m'a informée qu'une terre a été inondée durablement sous l'effet de la fonte d'une partie de l'iceberg d'Anchoia. C'est sans doute un avertissement de l'oeil. La grand-mère de Veroga vous en avait parlé. On ne peut pas se disperser et se tromper. Avez-vous des solutions ?
Personne ne se bouscule. Après un silence gênant, Rauru émet une proposition :
- J'en ai une qui concerne Link. Mais ça ne vous plaira pas.
En entendant sa proposition, le groupe sait que ce sera une terrible épreuve pour le Héros du Temps. Ils restent silencieux.
Clairière de l'arbre Mojo
Les étoiles brillent de mille feux. Le vent souffle faiblement à cause du filtre créé par les arbres qui peuplent la clairière du dieu des Kokiris. Le vieil arbre Mojo gît comme un fossile noirci par la pourriture du temps. Ses quelques branches commencent à se dessécher. Heureusement, son fils, un bourgeon éclairé par une lumière, grandit paisiblement. Il zozote comme dans le futur parallèle. Sur une des souches du vieil arbre, sont assis Link et son amie Saria. Leur fée respective bavardent. Le faux Kokiri et la Kokiri regardent les étoiles. Link ouvre la bouche :
- Heu... Saria. Je te demande... Pourquoi as-tu osé gifler le moblin ? Ne nie pas. Les Kokiris m'ont raconté... Sans compter que ce monstre a failli te faire mal...
Saria reste silencieuse, sourit et répond :
- Link... Je ne pouvais pas rester sans rien faire et abandonner mes amis d'enfance... Si j'ai fait ce geste, c'est que je savais que tu viendrais...
- Comment ? Tu n'es pas Zelda. Tu n'as pas de capacités magiques à part jouer de l'ocarina des fées...
- Link... Quand tu t'éloignes de moi, je m'attriste un peu... Alors pour atténuer ma tristesse, je joue ma chanson. Comme tu viens de temps en temps au village, même lorsque tu t'es transformé en adulte (Saria rigole), je reste rassurée. Mais ça ne m'empêche pas de jouer encore et toujours de l'ocarina... Puis au moment où les monstres attaquaient nos amis, je fus éveillée.
- Tu... tu veux dire... éveillée comme dans le futur ?
Saria opine. Link comprend les sentiments qui animent Saria. Celle-ci l'aime. Il se demande comment il fera pour ne pas l'attrister lorsqu'il quittera la terre. La mélancolie le prend un court instant. Saria lui propose ensuite de chanter avec elle. Link est disposé à accepter lorsqu'on l'appelle.
C'est une télépathie de la reine lui enjoignant de la rejoindre au plus vite au palais. Link accepte et explique la situation à Saria. Il lui dit qu'il est encore étonné par les tours de Zelda, preuve qu'il ne la connaît pas parfaitement. Puis, il lui dit un au revoir. Saria lui répond de même en retour.
Link chante la chanson pour retourner au temple du temps. Le temps qu'il prenne le chemin vers le château, il arrive à la salle du trône après quelques minutes. Il perçoit les regards sur lui.
On explique à Link les circonstances de la découverte du nom Basile et ses conséquences. Ils ont peiné à trouver l'endroit exact du dernier cristal, condition indispensable pour accéder au Saint-Royaume. Arrivé dans ce royaume, on trouverait la clé des problèmes d'Hyrule. Les explications terminées, Rauru commence :
- Ce que je te propose ne nous plaît pas mais ça ne concerne que toi, et toi seul. Tu es le Héros du Temps qui a vaincu le seigneur du Malin. Tu as ouvert les portes du Temps qui t'ont permis de voyager dans le temps. La seule période pendant laquelle le trône pourrait avoir été déplacé est justement le grand chaos. Période survenue voilà plus de 2026 années à peu près. Je te propose donc de voyager dans le passé et de tenter de retrouver ce siège que tu vois dans cette salle. Retrouver veut plutôt dire connaître le chemin par lequel est passé le trône. Tu me comprends Héros du Temps ?
Link ne voit pas ce qui ne plairait pas à ses amis. Il a déjà voyagé, il peut encore le faire. Navi est du même avis que lui. Rauru, devant l'impassibilité sereine de Link, reprend :
- Ce voyage que tu entreprendras, si tu veux, n'aura rien à voir avec celui que tu as déjà fait dans le futur. Là où je t'avais envoyé avait très peu de conséquences sur le royaume d'Hyrule, et réparait l'injustice causée par Ganondorf, seigneur du désert. Tu pouvais modifier à ta guise les événements du futur puisque tout ce qui n'est pas encore né peut être manipulé. Ton statut d'Héros du Temps t'a ainsi permis de traverser sans dommage l'espace-temps alors gouverné par la volonté des Saintes Déesses.
Rauru souffle un peu laissant dans un petit silence tous ceux qui l'écoutent, la mine grave, à commencer par Rafaeli, Zelda, Billo et Sagatt. Le sage de la Lumière reprend encore :
- Mais tu vas voyager dans le passé. Or, tout ce qui est né ne doit plus être manipulé. Le moindre changement d'un événement important peut causer des conséquences irréparables dans l'histoire du royaume d'Hyrule. Ce que je te demande donc est de rechercher les traces du siège royal sans intervenir dans les événements. Tu ne pourrais plus intervenir à ta guise. Au cas où tu accepterais l'épreuve, le symbole de la Triforce au revers de ta main pourrait briller de trois couleurs rougeâtres. Ces couleurs signifient que tu viens de modifier ce qui n'aurait pas dû l'être. La première couleur brillera quand tu auras choisi une mauvaise option. La deuxième couleur ne brillera que lorsque tu voudras entreprendre une action. Enfin, la dernière s'illuminera fortement et avec insistance quand une pensée te traversera l'esprit. Tout dépend des circonstances. Par exemple, si tu rencontres le roi et que tu feras une bêtise suite à ta pensée, la couleur brillera avec insistance. Et si tu as fait le mauvais choix, tu... mourras !
Navi s'exclame bruyamment. Rauru passe outre :
- Et ce sans même que les deux premières couleurs aient brillé. Tu comprends le poids des choix qui pèseront sur toi si tu voyages ?
Link, sans broncher, accepte sans hésitation. Rauru soupire avant que Billo n'intervienne :
- Link... Il faut que tu comprennes une chose. La période du grand chaos est très importante dans l'histoire d'Hyrule, au point qu'un calendrier principal a été établi d'après l'avènement de la grande ancêtre de la reine Zelda. On n'en est pas sûr mais le grand chaos aurait duré... 27 ans ! Certains disent plutôt 25 ou 20 ans. Le fait n'est pas là. Ce qui importe c'est que tu traverseras des pays ravagés par la famine et la guerre. La guerre a été provoquée par l'avidité d'un sorcier du nom d'Aghanim qui renversa le roi. Peu à peu, Aghanim disparut pour laisser place aux cruels mercenaires. Ceux-ci s'échinèrent à ravager le monde d'Hyrule dans le but de... s'amuser. Et enfin, après quelques années de dévastation, les mercenaires se sont dispersés. A leur place, sont intervenus des courtisans, chevaliers ou petits rois de la seconde génération. Tout cela simplement parce que le royaume avait cessé d'exister avant qu'intervienne la reine Zelda, première du nom. Cette reine avait à peine quelques années lorsque la guerre a éclaté...
- Je pensais qu'elle n'était encore qu'un bébé, coupe Sagatt.
- C'est une des légendes. En réalité, elle avait cinq ans. Affectée par la mort de sa famille, elle dut endurer des épreuves avant que sa sagesse et sa force de l'adolescence ne prennent le pas. Elle fut aidée notamment par un jeune héros qui l'épousa. Celui-ci avait peu à peu ramené la paix avec l'aide de la reine.
Link regarde alors instinctivement les vitraux. Il se souvient qu'avec son amie Zelda, il avait admiré les vitraux qui racontent les périples du couple royal durant le grand chaos. Sagatt interrompt sa contemplation :
- Alors ? Tu acceptes ou non ?
Link regarde l'entourage et répond crânement :
- Si c'est pour le salut d'Hyrule, alors oui j'accepte.
Tout le monde se regarde, sauf Rafaeli qui dirige ses yeux dans le vide sans rien dire. Le géant ré-intervient :
- D'accord... Alors, comme tu ne dois pas laisser de traces dans les archives d'histoire, de légendes ou de contes, tu dois te faire discret. Ça a plutôt bien marché à la forteresse Gerudo, non ?", sourit-il. "Dans ce cas, tu dois changer de vêtements. Tu porteras toujours la même tenue. Mais celle-ci sera noire car d'après Billo, cette couleur est le signe d'un statut de mercenaire solitaire, de moindre importance à l'époque. Surtout, abandonne épée de légende, bouclier, et tout ce que tu avais pris, à part l'arc et les flèches ordinaires. Encore que j'espère que tu n'utiliseras pas de magie qui puisse étonner les habitants "Hyruliens"... D'accord ?
La perspective de devoir laisser ses armes qu'il avait acquises rebute un peu Link, mais il ne s'en formalise pas. Sagatt lui donnera une épée et un bouclier ordinaire. Il confisque aussi l'Ocarina du Temps. Navi s'exclame :
- Heureusement que je suis toujours là...
- Minute ! Je suis désolé mais tu ne l'accompagneras point !
- Hein ?! Mais pourquoi ?!
- Crois-en mon expérience de soldat. Ta présence attirerait des jalousies, de l'avidité. Et surtout, ta présence avec Link serait probablement racontée par de beaux parleurs en quête de sensationnalisme. Donc, tu n'iras point avec lui !
Navi a envie de pleurer mais la reine la conforte en faisant confiance au courage de Link. Elle est sûre que Link sortira victorieux et vivant. Navi opine doucement sans trop y croire. Ensuite, Rauru explique à Link comment revenir s'il réussit sa mission. La durée du voyage de Link équivaut à deux jours dans le temps de Rauru. Donc, même si le Héros reste plusieurs jours dans le passé, il ne reviendra qu'après deux jours du présent. Link demande à Navi de ne point s'inquiéter.
On lui dit que le trône pourrait avoir été volé lors de la prise de la cité royale par les mercenaires. La mission est donc de savoir par où est passé le siège, mais on pense qu'il est passé à l'ouest, non loin du désert des Gerudos, sans conviction. A Link de trouver des indices.
Salle du socle de l'Epée de la légende
Avant que Link ne commence à placer l'épée de légende dans la fente du socle, qu'il n'utilisera pas dans le passé, Navi pose une question :
- Le passé est si terrible que ça ?
- Pour te répondre, lors de mes recherches avec Billo, j'ai lu une histoire édifiante. Un village avait ses communautés mélangées avec des Gorons, des Zoras, etc. La guerre est passée par-là et une communauté fut presque exterminée dans un massacre. D'ailleurs avant le grand chaos, les communautés étaient, paraît-il, mélangées. Après, ce fut chacun chez soi... répond Sagatt.
Navi frissonne et Billo adresse un regard de reproche à Sagatt. Celui-ci hausse les épaules. Rauru précise enfin que le héros sera téléporté loin de la cité royale afin de ne pas éveiller les soupçons. Ensuite, Link devra se débrouiller pour se diriger vers la cité royale et d'en recueillir des indices. Sagatt donne ses derniers conseils. Les palabres terminées, Link monte sur le socle et met son épée dans la fente. L'instant d'après, une lueur bleue sort du socle pour englober le Kokiri. Link disparaît ensuite.
Rafaeli sort de son mutisme : "Il va en enfer..."
Pendant ce temps-là, Link voyage dans une succession de brouillards noirs autour de lui, accompagné par une lumière bleue, symbole du temps.
Temps très anciens avant le Grand Chaos
La dernière scène de l'ancien monde d'Hyrule s'est passée très longtemps avant la période du grand chaos. En ces temps-là, étaient réunis les trois mondes : Saint-Royaume, Hyrule et Termina. Ce monde était appelé par les légendes : Grande Hyrule. L'ancien monde était si grand et si peuplé qu'on aurait pu croire que ceux qui veillaient sur ce monde l'inondaient de richesses. Des races y cohabitaient dont plusieurs disparurent à la suite de deux périodes sinistres : le grand chaos et la sécession des trois mondes.
La sécession des trois mondes intervint peu après l'attaque des grands monstres venus d'on ne sait où.
En effet, les grands monstres comptabilisaient des milliers de petits monstres aussi divers que des loups-garous, des petits dragons, des fantômes avaleurs de corps, que d'énormes monstres faisant plus de 300 mètres et représentant des têtes d'os, des mains, des visages aux mille facettes. Ces monstres avaient le point commun d'avoir des ailes ou de pouvoir voler.
L'armée des monstres avait comme objectif ni plus, ni moins, la destruction de la Grande Hyrule. Des nuages gris se formèrent, le ciel se tint de couleur grisâtre. Il y eut des milliers de monstres dont quatre ou cinq gros ennemis ailés. Leurs ombres obscurcirent cités, villages, plaines, montagnes. Ils commencèrent à bombarder plusieurs endroits qui disparurent.
L'ancien monde était menacé de destruction !
Les habitants qui ne se laissaient pas faire étaient secondés par de très puissants seigneurs experts en matière de magie, des chevaliers pouvant user de flèches plus puissantes que celles de Link. On criait pour s'encourager. Les cris n'étaient plus que : "Tuez ces monstres !", "Pour l'avenir d'Hyrule, vainquons-les !" ou encore "Battez-vous ! Battez-vous !" On employa d'impressionnantes machines de guerre préparées pour la circonstance : des dragons géants, des super scorpions qui crachaient leur venin de dards. Mais leurs tentatives se révélèrent vaines. Car si les petits monstres étaient vaincus sans mal, ce n'était pas le cas des adversaires de grande taille. Et pour cause, ces ennemis détestables pouvaient mesurer plus de 300-400 mètres et pouvaient causer la destruction soit par le fouet des queues, soit par des millions de dards venimeux, ou par de simples boules de magie énormes qui ravageaient une grande surface.
La tentative des habitants était si désespérée qu'on n'hésitait pas à faire appel aux puissants rituels. Ces rituels faisaient venir des météorites vers Hyrule avec pour cible les monstres désormais haïs. Mais les rituels ne furent utilisés qu'en dernier recours. Faute de concentration ou d'entraînement suffisants, les météorites se retournaient parfois vers ceux qui les avaient invoqués. Ceux qui s'aperçurent de leur erreur pâlirent en voyant ces objets venus du monde d'en haut. Leurs yeux effarés virent pour la dernière fois l'une des météorites s'écraser sur eux. On ne vit plus que d'énormes nuages causés par la collision des petites météorites mais suffisamment importantes pour détruire une grande surface.
On se demandait : "Mais que font les déesses ?"
En effet car une sinistre voix d'outre-tombe se faisait puissamment sentir : "Misérables insectes... Vos déesses vous ont abandonnés..." Et continuèrent ainsi combats et destructions. Rien ne semblait présager que la Grande Hyrule serait sauvée.
Et pourtant...
Aussi incroyable que ça puisse paraître, l'ennemi fut vaincu et chassé. De rares d'habitants pensèrent à un puissant miracle et ils en crièrent de joie. Puis la Grande Hyrule cessa d'exister pour donner naissance aux trois mondes que sont Hyrule, le Saint-Royaume et Termina. Les habitants furent répartis comme par magie entre ces trois royaumes. Cette dispersion eut pour conséquence l'oubli involontaire de l'existence de la Grande Hyrule et la naissance des histoires qu'on appelle légendes. Ces légendes sont considérées comme des contes à faire frémir les gamins.
On pensait avoir vu des choses incroyables comme les monstres. Cependant on n'oublia jamais la présence d'un ennemi si horrible et si monstrueux. De rares témoins racontèrent avoir assisté à une chose inoubliable. Ces témoins ne faisaient qu'entre un mètre et quart et deux mètres selon les races. Devant eux, très loin, des monstres (visages horribles, dragons cruels, démons etc.) qui pouvaient mesurer entre quatre mètres et quatre cent mètres. Ce qui les stupéfiait c'était un immense ensemble de nuages noirs englobant de grandes densités. Ces nuages pouvaient être estimés à dix mètres. Ils ne laissaient point la moindre lueur percer ces brouillards noirs. Le pire restait à venir : au milieu de ces brouillards noirs, se formait une tour de feux et de fumées de même couleur qui s'élançait à plus de dix mille mètres. Sa largeur se mesurait entre cinq cent et six cent mètres. Au sommet de la tour de feux noirs, on pouvait aisément observer un grand oeil rouge briller. Juste au-dessus de l'oeil, deux yeux bridés et blancs regardaient haineusement les terres de la Grande Hyrule et ses habitants. Le phénomène monstrueux avançait en avalant tout ce qui pouvait exister à la surface de la terre.
Des jours passèrent après le passage dudit phénomène, tout n'était que dévastation et désert. On ne voyait plus de traces de végétation mais que de la terre marron et craquelée. Quelque part par-là, une bulle bleue protégeait deux habitants. Un garçon et une fillette âgés de moins de dix ans gisaient sur le sol, nus. Ils étaient évanouis. De ce couple, allait naître une prestigieuse dynastie alliée aux vertus des déesses.
Le garçon et la fille étaient les fondateurs de la dynastie royale de Zelda. Dans la bulle, au-dessus de ces enfants, lévitait une Triforce... Et ces enfants étaient les ancêtres directs de la reine Zelda...
La lumière qui enveloppe Link cesse de briller et c'est au milieu de nulle part que notre héros apparaît. Celui-ci constate qu'il n'a plus d'épée Excalibur. Il regarde aux alentours. Le ciel est en train de virer à l'orange, signe manifeste que l'astre solaire va prendre son repos bien mérité. Link tourne sur lui-même pour savoir à quoi ressemble le pays dans un passé aussi lointain. Des terres dépourvues de nourriture pour vaches, des rochers parsemant le paysage, des brindilles d'herbes dures par-ci, par-là, quelques trous de très faible profondeur. Parfois, on peut apercevoir un ou deux gros rochers. Plus loin derrière lui, un mur d'arbres décharnés. Plus loin devant, une steppe à perte de vue. Link se situe en fait sur une petite colline, ce qui explique qu'il puisse percevoir aisément des trucs. Juste avant la forêt, un sentier empierré avec son amas de cailloux durs, mal proportionnés. Je me demande ce que je dois faire. Je suis un peu perdu là ! Les déesses entendant son désespoir viennent l'aider sous la forme d'un trio qui avance sur l'un des sentiers menant vers la forêt. Le Kokiri décide d'attendre leur arrivée pour connaître leurs intentions et éventuellement recueillir des informations fraîches.
Le trio est composé d'un âne, d'un Hylien avec un gros ventre et d'une grosse Hylienne. Le couple doit être dans sa cinquantième année. Ils conduisent un maigre chariot en bois mal fabriqué et tiré par leur animal. Des petites mouches attaquent la "forteresse-âne". Sur le chariot sont amassés des tas de vêtements, une marmite et un sac qui doit probablement contenir de la nourriture. Le gros couple a déjà aperçu le Kokiri et se tient sur ses gardes. L'Hylien et la femme prennent brusquement une mine inquiète et mauvaise. Ils s'approchent tout de même.
Comprenant que Link n'est pas une menace, ils se sentent soulagés sans pourtant se lasser de se méfier. Le jeune se présente aux vieux. Link est un peu perdu : il se demande par où commencer. Finalement, il leur dévoile son intention : aller vers la capitale royale. A sa demande, ses interlocuteurs se regardent : est-il dingue à ce point pour aller vers la capitale royale ? Ils lui répondent que le sentier empierré est l'un des chemins à prendre. Il faut juste traverser la forêt. Mais le couple le prévient qu'il ne tient pas à l'accompagner plus loin. L'Hylien dit encore :
- Et encore, nous espérons peu d'hostilité des bois pour suivre sans encombre notre chemin...
- L'hostilité ? s'étonne Link.
- On murmure que ces derniers temps, la forêt, d'habitude calme, est devenue brutale et irritable envers ceux qui osent y pénétrer... (Tout bas, la femme murmure) Mais si on prend juste le chemin empierré, elle ne nous fera absolument rien...
Le Héros du Temps se propose de les rejoindre. Le vieux gratte sa chevelure, regarde sa femme, puis consent. Quelques minutes plus tard, on pénètre enfin dans le monde verdoyant des arbres. On doit quelquefois écarter des branches de quelques buissons qui semblent monter la garde. Le couple devient tout à coup silencieux et inquiet. L'âne ne tremble pas et marche machinalement comme un automate. La forêt était protégée par la magie de la famille royale. Le roi avait scellé la forêt afin que tout le monde puisse traverser ses territoires en toute sécurité. Car les bois ont peu en commun avec les autres forêts en ce qu'ils sont "vivants", c'est-à-dire très actifs sur le plan sentimental et affectif. Le royaume vivant des arbres peut être très susceptible si on ne prend pas assez de précaution. Le roi et sa famille ayant été dispersés, la Triforce qui devait sceller la forêt n'est plus alimentée par la sagesse du roi. Le résultat est désastreux : le scellé magique a disparu et la forêt devient meurtrière et irritable...
Après des heures de chemin, l'homme craque :
- Je ne sais pas si on a bien fait de prendre ce chemin...
Sa femme rétorque méchamment :
- Dis que je suis hypocrite ! C'est toi qui as proposé ce "chemin" ! Pff... ma mère m'a toujours déconseillé d'épouser un paysan ! Ceux-ci ne savent que paresser !
- Arrête un peu, femelle ! Tu me débites des idioties du genre : "Je veux des enfants" ! Madame doit comprendre que sans ressources suffisantes pour donner à bouffer à ses enfants, on doit choisir entre un gamin affamé et un gamin bien pourvu en entrailles !
- Misérable !
Et ainsi se poursuit la dispute qui fatigue les oreilles de Link. Il préfère dépasser le couple et aller au-devant du chemin, histoire d'atténuer le pénible boulot des oreilles. Il souffle un peu. Subitement, ses oreilles se mettent à travailler.
Ce n'est pas le même bruit que celui proféré par la dispute. On entend plutôt des pas de course désespérés et des trots de cheval. Apparaît alors une silhouette dont on ne saurait dire si elle est masculine ou féminine. Link a l'intuition que la silhouette est féminine. Plus près, on voit le visage jovial d'une femme aux cheveux coupés. La fille, surprise par l'apparition du héros et du trio au chariot, agite les bras en criant et en courant : "Sauvez-vous ! Vite !" Elle continue à courir et pousse Link dans les fourrés. Le couple se dispute toujours. Le bruit des chevaux haletants se faisant de plus en plus fort, le mari et la femme tournent leur tête vers l'origine des bruits. Leurs yeux s'agrandissent d'horreur.
Trois ou quatre cavaliers avec des armures noires avancent. Le cavalier de tête, furieux de constater la disparition de la proie féminine, galope, épée en avant, vers le couple. Paralysés de peur, la femme et l'homme ne bougent pas et ont à peine ouvert la bouche. Le cavalier se met à la droite de l'Hylienne et son épée fait une moulinette. Un instant après, on n'aperçoit plus la tête de la femme. Le mari, bougeant à peine mais comprenant enfin la gravité de la situation, décide de s'enfuir à l'opposé du chemin pris par les cavaliers. Mais prévoyant la fuite, les cavaliers lancent leurs pilums qui se fichent dans le dos du mari. Celui-ci a le souffle coupé et tombe en avant. Le cavalier qui vient de trancher la femme beugle aux autres d'aller où sont passés Link et l'inconnue. Les cavaliers hésitent un court instant mais suivent quand même leur chef. Abandonnant leurs chevaux, les poursuivants s'y dirigent.
Link suit la fillette qui ne doit pas être âgée de plus de dix-sept ans dans l'acception de l'espérance de vie des Humains. Ils écartent des branchages, franchissent des bouts de bois, se baissent sous les feuillages des petits arbres.
Leurs poursuivants marchent en file indienne. Leur crainte de la colère des bois est tempérée par la volonté de sauter sur leur proie féminine. Leurs épées tranchent feuilles, branchages, brindilles. La fureur des bois augmente d'heure en heure. Et leur malédiction s'abat sur les intrus.
Un lacet de feuille fabriqué naturellement est déposé au milieu des hautes herbes touffues. Le cavalier qui ferme la marche vient d'y trébucher. Plus haut, une vieille grosse branche d'un diamètre de cinquante centimètres se détache de l'arbre sous la pression des vents. Elle tombe à la verticale sans être freinée par des branchages, simplement parce qu'il n'y en a pas, par miracle, sur son chemin aérien. Au moment où le cavalier se relève en jurant, ladite branche touche bruyamment son dos juste derrière son cou, sur la colonne vertébrale. L'effet est désastreux et le cavalier tombe à terre, paralysé à partir du cou. Les autres cavaliers ne l'ayant pas vu tomber l'abandonnent à son triste sort. Le combattant paralysé tente en vain de bouger, restant face contre terre. Seule sa tête bouge. Soudain, il remarque des mouvements derrière des buissons. Des loups de l'envergure de deux mètres apparaissent et laissent entrevoir leurs crocs affamés. L'homme tente désespérément de bouger. Sa tentative est vaine et il meurt sous les assauts culinaires des loups.
Les autres poursuivent leur route. Au bout d'un moment, un soldat fait remarquer la disparition du dernier cavalier, ce dont leur chef n'a cure. Le deuxième dans la file indienne glisse tout à coup sur des feuilles mortes mouillées et tombe en roulant en bas. Le commandant ordonne à l'autre que la priorité est de rechercher la fillette. On abandonne donc volontairement le malheureux. Celui-ci continue donc de rouler sur la pente descendante au milieu des fourrés, égratignant assez faiblement sa peau. Mais parvenu à une petite clairière, où on trouve un gros rocher et à son sommet une grosse pierre très lourde, le soldat tombe en avant vers ce rocher. Son dos percute le rocher, qui, sous le choc, fait glisser la lourde pierre, qui écrase le cerveau du soldat.
Du côté des deux derniers survivants, le commandant, furieux d'avoir perdu de vue sa proie, court rapidement et choisit au hasard un "chemin", en se basant sur son instinct de chasseur. L'autre qui le suit n'a pas le temps de le rattraper. Il l'a perdu de vue, mais choisit malgré tout un chemin. Il a fait un mauvais choix. Ne retrouvant plus son maître et perdu parmi le peuple vert de la végétation hostile, le cavalier hurle de désespoir en appelant son maître. Il hurle à pleins poumons, laissant échapper ses sueurs qui sécrètent des phéromones. Et ce sont les phéromones qui guident les terribles prédateurs. Le prédateur hylien se retrouve proie. Les phéromones ne trompent pas les grizzlis car ils prouvent la peur de l'Hylien. Les grizzlis encerclent par surprise leur proie...
Enfin, le chef sourit en entrevoyant la fin des interminables branchages verts et le début d'une petite rivière faite de boue par endroits. Il s'y précipite et s'arrête devant le faible débit des eaux de la rivière. Le vent qui souffle ce jour-là rejette de la matière grasse et mielleuse sur l'un des bras du commandant. Il regarde son bras et constate une tâche jaune. Il tente de la nettoyer vite fait lorsqu'il pâlit. Cette tâche n'est pas n'importe quoi. Il s'agit de miel, et la matière vient d'un petit chêne. La nourriture est toujours transportée par de gros bourdons de vingt centimètres. Malheur à celui qui tente, ne fut-ce qu'en petite quantité, de prendre du miel. Les gros bourdons ont la particularité d'avoir un odorat très sensible et n'admettent pas que l'odeur du miel soit mélangée à une autre odeur. La souillure doit être lavée par le sang ! L'armée des bourdons vient en renfort saccager la forteresse hylienne sur laquelle est entreposée le miel. L'ironie du sort veut que la proie féminine soit à proximité du chef de bande.
Link est en train de traverser un gué sous les injonctions de la jeune fille. Le gué est fabriqué par de la boue qui forme de la motte sous-marine. Mais la boue peut être transformée en sable mouvant sous la pression de l'érosion lente de la roche mère. Le héros traverse donc le gué en veillant à marcher doucement et se force à expulser à chaque pas par la force des jambes de la boue accrochée à ses bottes. Une pente ascendante vient accueillir le Kokiri. Il s'accroche et tire sur l'un des troncs morts des arbres. Il souffle en tombant à genoux.
Mais la fillette a entendu les cris du chef. Elle les prend pour de la colère et de l'excitation à la capturer. En fait, ces cris ne sont que le reflet douloureux du soldat qui se débat contre les bourdons. Elle s'empresse donc de courir sur le gué. Mouvement fatal ! Plus elle court, plus la boue tente de l'ensabler. A quelques pas de l'autre rive, ses cuisses sont prises dans du sable mouvant. Plus elle continue à échapper à son prédateur, plus les sables l'avalent. Tournant à peine les yeux, Link se dépêche d'essayer de tirer la fille hors de la masse boueuse. Mais dans sa précipitation, sa jambe tombe dans un trou de cinquante centimètres de diamètre. Link est jeté face à terre. La masse boueuse, rejetée par les pieds de la jeune femme, creuse inexorablement la roche mère déjà fragilisée. En un court instant, la roche ne tient plus et laisse entrer le sable mouvant. La fille se noie subitement et disparaît de la scène. Horrifié, Link ne peut que regarder l'endroit précis où s'est évaporée l'inconnue. Il n'a pas su la sauver. Sous le choc, Link reste à genoux plusieurs minutes et se rend à l'évidence : c'est la première fois qu'il a échoué à se porter au secours d'une personne. Il ne connaît même pas son nom, il ne sait pas pourquoi elle tentait de s'enfuir, ni la raison pour laquelle les cavaliers la suivaient.
Plus tard et parce qu'il est protégé par son fragment du courage, Link sort à peu près indemne de la forêt...
Le soleil décline rapidement. Un jeune personnage habillé de noir, avec un bonnet noir et une petite panoplie d'armes, des mèches de cheveux blonds sortant du bonnet, marche le dos un peu abattu.
Il n'arrive pas à croire qu'il vient d'échouer à aider et à sortir la jeune fille des ténèbres de la mort. Cette fille échappait à des cavaliers pleins de folie guerrière. Elle était morte pour avoir voulu leur échapper. Link n'avait rien pu faire pour la femme qui s'était noyée dans le sable boueux.
Il marche en deçà de la forêt maudite qui a tué les cavaliers et la fille. Il laisse la forêt pour s'engager dans le pays des rochers. Il y a plusieurs types de rochers, petits, moyens, grands, voire des menhirs très mal taillés... Il y a très peu d'herbages qui avoisinent les rochers. Parfois, on rencontre des "clairières" c'est-à-dire des endroits sans rochers. Des lézards paradent joyeusement parmi les énormes cailloux. Ils recherchent leurs proies. Un ou deux buissons quelque part par-là et c'est tout. Le Héros du Temps doit parfois escalader un rocher pour en descendre aussitôt. Il doit aussi franchir deux gros rochers de la taille d'un âne. Au fur et à mesure qu'il pénètre dans le "pays", les rochers deviennent de plus en plus gros. L'endroit idéal pour les guets-apens !
Quand on parle des guets-apens, on remarque assez rapidement deux silhouettes de guerriers occupés à dépouiller le corps d'une jeune fille. Cette fille est à moitié vêtue et juste à côté d'elle, on peut apercevoir une flaque d'urine. La fille était sans doute allée faire un besoin avant de se faire surprendre par les deux guerriers. Mais si elle était allée faire son besoin, ça suppose que sa maison n'est pas loin. Link aurait dû penser à ça mais le choc est si profond qu'il ne réfléchit même pas. Les deux guerriers portent un masque blanc et noir, noir à gauche et blanc à droite. Ils sont vêtus légèrement mais laissent entrevoir des poignards autour de leur taille. Ils portent également des gants noirs, des pantalons serrés noirs, ainsi que des bottes noires. S'ils portent un masque, c'est pour éviter d'être reconnus car ils appartiennent à la race des marathoniens. En effet, leur physionomie physique est exactement la même que celle d'un simple Hylien. La différence tient simplement à une question de performance physique exceptionnelle : la vitesse. Link avait rencontré un marathonien qui courait dans la plaine d'Hyrule et un facteur de Termina. Ceux-ci sont aussi des "marathoniens".
Les guerriers se relèvent calmement et fixent Link les bras fermés. Le Kokiri ne bouge plus, ne sachant que faire face à cette situation. Soudain, les guerriers prennent leur poignard et s'élancent comme le vent vers Link. Manifestement, ils lui en veulent d'avoir interrompu leur fouille. Leurs pas dansent à la façon d'un chien. Link pris d'un instinct de guerrier, dégaine son bouclier et son épée alors moins puissante que sa collègue Excalibur. Il se met en position de défense. Ses ennemis masqués s'approchent...
Deux lignes se creusent tout à coup sur le sol et développent leurs ardeurs meurtrières vers les guerriers. En passant près de notre héros, celui-ci sent un coup de vent des deux côtés. Lorsque ces traces touchent les guerriers, ceux-ci ont le masque coupé et le visage tailladé en deux. Leur torse est déchiré par une ligne. Ils tombent dans un bruit mat devant l'étonnement du Kokiri. L'ami de Saria se retourne pour savoir d'où viennent les attaques prodigieuses. Il voit un vieux personnage. Celui-ci porte une robe violette et une ceinture blanche autour de la taille. Son visage porte une barbe en pointe et des cheveux blancs ras. Il porte également le poids des années sur son visage. Ses yeux ressemblent à ceux d'un aigle royal, son nez à celui d'un ivrogne.
Un bruit surprend le jeune Kokiri et le vieil inconnu. Ce bruit provient d'un autre marathonien, masqué lui aussi. Ce marathonien est en haut d'un rocher. A la différence des autres, il porte une queue de cheval. Il tient un poignard ensanglanté. Se rendant compte des cadavres de ses compagnons, il soulève son masque et le jette par terre. Il leur montre son visage très juvénile, voire androgyne. Il ne devrait pas avoir plus de quatorze ans, mais il a la même taille qu'un grand adulte. Avec un certain mépris, il lance son poignard sur le ventre de la fille. Les narines du vieux frémissent d'indignation. Alors le jeune marathonien cache ses mains derrière son dos pour prendre ses multiples couteaux. Il a quatre couteaux, dont deux sont reliés par deux bâtons. Ces bâtons se transforment en masse d'armes pour la circonstance. Le marathonien juvénile descend du rocher tandis que le vieux s'avance pour se mettre devant Link.
Le marathonien, comme dans une sorte de rituel, étend ses bras en l'air en agitant doucement ses armes. Puis, l'ennemi court aussi vite que ses compagnons en faisant tournoyer ses couteaux. Ses yeux sont injectés d'un bonheur de meurtre intact. Ses pupilles fixent intensément le vieillard. Parvenu à deux pas de lui, le vieillard utilise une grosse noix mojo et la lance par terre. Aveuglé par l'éclat, ayant sous-estimé la force du vieux, le jeune marathonien met ses mains sur ses yeux. Des mouvements se font sentir autour de son cou. Des bâtons sont en train d'étrangler son mince cou. Paniqué, le marathonien tente de dénouer l'emprise de ses petites armes pendant qu'il est en train de se détacher du sol. Le détachement du sol est le fait de la magie du vieux qui marmonne des incantations destinées à faire flotter son ennemi en l'air. Les bâtons étranglent de plus en plus le cou du jeune guerrier. Les pupilles roulent sur elles-mêmes, sa langue devient bleue, ses jambes tremblent vigoureusement. Quelques instants après, le corps cesse de s'égosiller comme un poisson.
Link n'avait encore jamais vu de sa vie une telle violence entre Hyliens ! Il s'était toujours habitué à massacrer des ennemis n'appartenant pas aux races des Kokiris, Gorons, Zoras, Sheikahs, Hyliens ou Gerudos.
Apparaît un petit groupe de quatre personnes surgies des rochers à la faveur de l'appel du puissant vieux, Link reste serein et rengaine ses armes. Le vieux sauveur du Kokiri s'approche du corps de la fille et dit tristement :
- Tu n'aurais pas dû quitter le village... Je t'avais pourtant dit que ta pudeur ne valait rien face aux dangers de l'extérieur...
Il ordonne ensuite aux autres de ramasser délicatement le corps et de le ramener au village. Il porte ses pas vers Link. Il le salue (tardivement !) et lui dit :
- Tu t'appelles Link, n'est-ce pas ?
Le Héros du Temps est consterné : ainsi on connaît son nom à une période si éloignée de son temps. Le vieux soupire et rit :
- Je me suis habitué aux étonnements comme le tien... Je te dirai pourquoi je connais ton nom. Je connais également l'origine de ta mission. C'est simple : Je fais partie du peuple de l'ombre, les Sheikahs. Et je m'appelle Haerf.
Link ne trouve rien de mieux que de suivre son sauveur. Les gens qui ont accompagné Haerf ramassent le corps de la pauvre fille et la transportent à travers les chemins escarpés des rochers. Les étoiles commencent à apparaître. Après des minutes de marche forcée, on parvient enfin au village de Haerf.
Le village est protégé par une sorte de bulle mi-violette, mi-bleue. La petite cité est principalement construite en matériaux de bois. Les maisons ont presque toutes la forme de tours circulaires, et rares sont les bâtiments qui sont construits sur un modèle rectangulaire. Lorsqu'on traverse, on constate qu'il y a plusieurs décharges dans lesquelles on peut apercevoir beaucoup de bois brûlé. Link ne le sait pas mais ce bois provient des anciennes maisons qui ont été brûlées par des pillards. Seuls de rares bâtiments sont faits en pierre. Et ils sont plaisants à admirer. Ce sont de petits chefs-d'oeuvre. Cependant, on perçoit tout de même des brûlures parmi ces pierres. Ces bâtiments ne sont pas non plus épargnés par la fureur ruineuse des pillards.
En outre, il y a une petite place où on étale des petites marchandises. Une petite fontaine ornée de trois couleurs : rouge, vert et bleu, décore le tout.
D'abord, Link suit Haerf chez lui, après que celui-ci ait réglé les modalités d'incinération de la victime. La maison du vieux Sheikah est en calcaire, privilège de l'un des notables du village. Le héros pénètre dans une salle qui contient une table carrée en fer, un fauteuil mobile en bois, des petits pots de fleur, des cartes accrochées aux murs et enfin un escalier empierré en palier. Haerf invite Link à s'asseoir et sans plus de formalités commence :
- Tu es Link, Héros du Temps. Tu viens du futur très lointain et tu as pour but de dénicher des informations. C'est la famille royale qui t'envoie, n'est-ce pas ? dit-il sans sourire.
- Euh... La reine Zelda pour être précis...
- Comme notre future reine... coupe Haerf rêveur.
- Mais même si vous appartenez au peuple de l'ombre, comment pouvez-vous me connaître ?
- Je vous l'ai dit. Je suis un des Sheikahs. Le peuple de l'ombre est lié à la famille royale. Il a comme mission de protéger la famille royale. En temps de paix, nous vivons cachés, sauf notre chef, et nous surveillons la famille royale. Mais ce n'est pas notre seule mission. Nous en avons une autre beaucoup plus importante et plus périlleuse. Mais je ne t'en dirai pas plus.
On laisse souffler les poumons et on recommence :
- Link... Je sais juste que tu as été mandaté par ta reine à rechercher des informations. Seulement, je ne connais pas toutes les raisons de ton irruption dans notre monde. Pourrais-tu m'en dire un peu plus ?
Le Kokiri explique de son mieux. L'index et le pouce sur le menton barbu, Haerf semble diriger ses orbites dans le vide. Finalement, Haerf répond :
- Je connais quelqu'un qui pourrait te guider jusqu'à l'endroit que tu m'as cité. Cependant, celui-ci te demandera de l'aider un peu. Je pense que tu n'aurais pas de peine à satisfaire ses désirs, n'est-ce pas ?
Link, qui a toujours l'habitude de venir au secours de quiconque le lui demande, ne trouve rien à redire. Le vieux qui semble lire dans la cervelle de son interlocuteur, dit gravement :
- Mais fais attention. Ton altruisme pourrait te coûter cher. Très cher...
Et finir dans une pensée : oui... ton altruisme te plongera dans le pire désespoir qui soit... Un désespoir d'où seule la reine pourra te tirer...
Haerf invite ensuite son compagnon à le suivre. Ils sortent de la maison, déambulent parmi les ruelles boueuses. Le Sheikah explique à Link que sa puissante magie permet de créer une bulle protectrice. Cette bulle empêche les mauvaises personnes d'entrer au village. Et depuis un an, les villageois vivent dans la paix. Il raconte encore que le misérable Aghanim avait réussi à renverser le roi et à disperser les Sheikahs. La princesse Zelda s'était enfuie avec sa nourrice et deux autres Sheikahs. Depuis le début de la guerre civile, et sous l'ordre de l'épouse du roi mourante, chaque Sheikah dispersé aux quatre coins du monde tente de protéger village ou ville des méchancetés. En cas de décès d'un Sheikah, la magie qui protège les villages finira par disparaître au bout de cinq ans. Et de rire aux angoisses des habitants qui veillent jalousement sur la santé des Sheikahs. Les Sheikahs sont aussi adorés comme des dieux et des déesses ! Haerf confie encore à Link qu'on a préparé des dispositions dans le cas où il mourrait : fuite, etc.
Link aperçoit un grand bâtiment aux toits très pointus et à la cheminée d'où sort une fumée. Haerf précise qu'il s'agit d'une auberge qui accueille des voyageurs ou des réfugiés. C'est également là que vit une personne qui pourrait aider Link dans sa quête. Il promet encore un cheval adapté au caractère de Link.
On entre dans une imposante salle. Des tables rectangulaires à huit places sont disposées aux coins de la salle. Une cheminée servant de pilier chauffe la salle. Un bar est disposé à gauche de l'entrée. Des personnes mangent de la soupe, boivent du vin pourri, se donnent des nouvelles. A l'entrée du vieux Sheikah, des sourires s'agrandissent et des saluts fusent. "Que les Saintes Déesses vous bénissent !", "Gloire à notre maître bien-aimé !", "Bonsoir cher maître !". Link comprend mieux le statut envié des Sheikahs. Cependant, personne ne cherche à se jeter aux pieds du maître et on vaque à ses habituelles occupations. Haerf emmène son compagnon s'asseoir à une table près de la cheminée, donc au centre de la salle. Il commande une petite soupe pour son ami tandis qu'il se contente d'eau. On les lui amène illico. Haerf presse doucement Link à manger sa soupe en attendant l'arrivée de la personne providentielle.
Une porte menant à l'étage supérieur s'ouvre sur deux personnes. La première personne qui vient d'ouvrir a un aspect funeste. Il a des cheveux châtains qui tombent sur ses épaules. Il porte une robe noire s'arrêtant aux genoux. Ses délicates chaussures marron clair ornent sa tenue vestimentaire. La deuxième personne contraste avec la rigueur vestimentaire de l'homme aux cheveux longs. Il porte un pantalon rouge large qui s'arrête aux genoux. Ses jambes portent encore des culottes et ses pieds sont coiffés par des chaussures rouges. Il a une chemise rouge aux longues manches. Sa tête est coiffée d'un béret rouge orné d'une plume noire. Le visage est hylien, comme la première personne, et porte une moustache grimpant vers le haut, ainsi qu'une mince barbiche sur son menton. Il a des pommettes tantôt grosses, tantôt maigres, suivant le débit de ses paroles.
Le personnage joyeux se dirige vers Haerf et se présente en décroisant les jambes et en agitant son béret vers le bas :
- Mon cher maître. Je constate que je ne me suis pas présenté à votre nouvel ami. Je suis un donneur de nouvelles, ou plutôt un historien qui rapporte les nouvelles du monde. Je m'appelle Hérote.
Il présente ensuite son compagnon comme son frère Tucyde. Celui-ci marmonne un court salut. Il semble craindre les agissements de Hérote. Et ses paroles le confirment :
- J'attendais que vous m'ameniez un nouveau compagnon. Je venais de rentrer il y a à peine quelques jours et voilà que mon ancien compagnon m'a lâché sans mot dire. Pourtant, je le paie beaucoup... (Un rictus tristounet et, se tournant vers Link :) Peut-être êtes-vous plus courageux que l'autre ? Dans ce cas, je vous propose de m'accompagner dans des endroits dangereux pour une intégrité physique, mais formidables pour une participation aux événements historiques. Qu'en dites-vous ?
Un court moment d'hésitation suit. Link est un peu surpris par la mitraillette des mots de Hérote et se demande s'il faut accepter la proposition du maigre personnage. Haerf explique à Hérote la mission de Link sans plus révéler les raisons exactes. Hérote continue en proposant des chemins détournés. Link n'aurait qu'à "accompagner" Hérote dans des endroits dangereux. Ces péripéties terminées, il n'aurait qu'à suivre son nouveau compagnon vers la citadelle royale. Le Héros du Temps accepte alors spontanément. A cette réponse positive, Tucyde émet une moue dédaigneuse et tourne le dos pour repartir vers la porte. Sans vouloir le dire à cause de son mutisme orgueilleux, Tucyde craint pour la vie de son frère qui joue avec le feu. Hérote ouvre ses bras et serre joyeusement Link encore étonné. Sur ce Haerf fait préparer un cheval pour l'elfe et un puissant âne pour Hérote. Link objecte que la nuit tombe et que cela pourrait être dangereux. Haerf balaie ses objections par son sourire triste :
- Et ta chanson qui accélère le temps ? As-tu oublié le chant du soleil ?
Penaud, Link opine doucement. Hérote se précipite vers la porte tandis que Haerf donne ses ultimes conseils : "Mets en veilleuse ton altruisme sans être méchant."
On voyage en une minute d'une nuit à l'aube. Hérote complimente Link sur son art d'accélérer le temps. Il ne cherche pas à savoir par quel procédé Link a réussi à avoir le chant du soleil, cependant il consigne un court écrit dans ses papiers jaunis. Le Kokiri s'inquiète un peu : ne va-t-il pas mentionner son nom dans ses écrits ? Puis il se remémore les paroles de Haerf et surtout le fragment de la Triforce qui avait brillé d'une rougeur claire. Link vient de se rendre compte trop tard qu'il a commis une petite bêtise en acceptant la proposition d'Hérote. Mais le fragment a brillé après la réponse positive, le héros n'a pas à s'en faire.
L'âne, Hérote et Link (sans cheval) quittent le village et sa bulle protectrice au moment du lever du soleil. Haerf n'a pas assisté à leur départ. Donc, nos amis mènent leurs pérégrinations loin du village, loin des gros rochers, et surtout loin de la maudite forêt qui a englouti l'inconnue. Le soleil naissant échauffe leur cou et apaise leur coeur. Hérote lorgne souvent sur la sacoche déposée sur le dos de l'âne. Il a très peur de perdre ses feuilles ! Pendant une petite partie de la matinée, les deux compagnons n'ont pas engagé de conversation parce qu'Hérote a recommandé de presser le pas si on ne veut pas avoir de mauvais soldats à ses trousses. Finalement, il est temps de se reposer et on accueille avec bénédiction et joie la clairière qui se situe juste derrière un petit groupe d'arbres blancs et rayés. Avant d'y pénétrer, ils ont croisé deux paysans qui étaient en train de cueillir des marrons frais. Mais étaient-ils vraiment des paysans ? Link en doute à en juger par la lance et le petit sabre affûté qui les "ornent". Hérote, qui vient de s'allonger et qui a remarqué la mine suspicieuse de son compagnon envers les paysans, lui explique qu'il est courant par les temps qui courent de porter une arme. Link rougit et comprend qu'il doit encore en apprendre sur le monde qui l'entoure.
Puis il demande les raisons qui poussent Hérote à parcourir le monde. Celui-ci sourit et répond qu'il rêve d'inscrire plusieurs événements qui soient dans son "histoire du merveilleux et puissant royaume d'Hyrule". Il espère que son oeuvre sera lue et commentée après sa mort. Il ne recherche en fait que la gloire d'un témoin oculaire et privilégié des événements qui émaillent tout Hyrule. Mieux : peu avant le déclenchement de la crise, il avait écrit une histoire des origines du royaume. Et la passion venant, il décida de jouer les observateurs. Il lui arrive parfois de jouer les autobiographes. Hérote prend ensuite la sacoche pour la déposer sur ses jambes et en sortir une feuille. Il utilise sa plume à encre noire "qui ne s'épuisera jamais" selon ses dires. Après avoir écrit sur la feuille recto verso, il marmonne une formule en tendant ses mains, paumes ouvertes, qui tiennent ladite feuille. Sous les yeux émerveillés de Link, la feuille disparaît des paumes de Hérote. Ce qui fait dire à Link :
- Mais où l'as-tu envoyée ?
- Chez moi, dans la chambre de mon frère Thucyde. Il rangera ma feuille dans une reliure. J'en ai plus... euh... de deux cents ou trois cents reliures. Le sens de la magie chez moi est inné. Chez mon frère également, mais j'ignore lequel. Il n'a pas voulu me le dire. (Suit ensuite un regard mêlé de soupir vers le ciel).
L'historien prend la sacoche et la tient en l'air en s'exclamant :
- Il n'y a pas tout. Là-dedans, c'est de l'or ! Tu m'entends ?! De l'or !!!
Hérote et Link ne sont pas seuls car adossés derrière des buissons, deux paysans, qu'ils avaient aperçus il y a quelques instants, espionnent nos amis. Pourtant, ils n'ont pu saisir que la dernière exclamation de l'historien car ils viennent tout juste d'arriver pour les espionner. Le plus âgé des "paysans" porte une barbe sans moustache et un crâne dégarni. Il utilise la tenue d'un cultivateur qu'il a tué sans remords. Son unique arme est la lance à deux pointes très fines qui peuvent pénétrer profondément dans la chair. Son compagnon est beaucoup plus jeune que lui. Il porte un bandeau autour de la tête et une tenue de berger à base de laine de mouton. Son arme favorite (car il a également un petit canif) est un sabre de taille moyenne qui peut décapiter sans coup férir un malheureux cou. Ils ont déserté une armée. Le barbu dit tout bas :
- Tu as entendu ?
L'autre, les yeux écarquillés, murmure :
- De l'or...
Ils se prénomment Humuys et Labroux.
Du côté de nos amis, on entend alors des bruits de galop. Link et Hérote se mettent en garde et s'allongent sur le ventre tout en écartant des feuilles pour obliger leurs yeux à travailler. Ils voient un petit groupe de cavaliers mal vêtus et un Goron qui roule. Hérote pense qu'il s'agit de déserteurs, donc de déracinés qui pillent. Il dit encore qu'il vaut mieux les éviter puisque, sans ressources pécuniaires, ils n'auraient pas d'autre choix que de massacrer les badauds pour les dépouiller. Heureusement pour eux, le groupe passe à côté de la clairière. Quant aux faux paysans, ils s'éclipsent discrètement mais ils ont l'intention de suivre Link et son protégé à distance.
La nuit venant après des longues heures de marche ponctuées de prises de notes de l'historien, on décide de loger dans une maison paisible et agrémentée d'un jardin de légumes. Mais à y approcher de plus près, on constate que des légumes ont été dérobés et d'autres dévastés. Hérote sent une odeur nauséabonde venir d'une petite rivière non loin de la maison. Parvenu près de la rivière, il émet un rictus en levant sa main sur son nez. Link qui vient de le rejoindre, ne peut qu'émettre un petit cri d'horreur. En effet, deux personnes sont pendues par les pieds et ont la tête noyée par la rivière, poignets attachés. Hérote suppose que des pillards sont passés par-là. Ensuite, les compagnons se réfugient dans une grange, précaution non négligeable, puisqu'on suppose que les pillards iront d'abord dans une maison avant de pénétrer dans une grange. Link a déposé une gourde sur une petite pierre taillée rongée par le temps. Ils tombent ensuite dans de beaux rêves (ou cauchemars...).
Plusieurs heures après, à la faveur de la moitié de la lune qui brille désespérément dans un ciel noyé par les étoiles, le jeune pillard Labroux se dirige vers l'entrée de la grange à pas de loup. Labroux sourit en s'emparant de la gourde. Il est suivi par son compagnon tenant sa lance à deux mains. Ils pénètrent doucement dans la grange. Mais sous-estimant misérablement l'âne, ils sursautent en entendant les hennissements de l'animal gris. Les cris malmènent les tympans de Link et Hérote. Link s'en veut de ne pas être plus vigilant. Les pillards décampent sans demander leur reste. Le Héros du Temps a une réaction peinée en remarquant la disparition de sa gourde. Il s'interroge :
Arriverai-je sans encombre jusqu'à la cité royale ?
Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "lesourd". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.