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The Legend of Zelda : La malédiction des héros

Ecrit par Elincya
Chapitres 1 à 7   •   Chapitres 8 à 14   •   Chapitres 15 à 20   •   Chapitre 21 à 22
Chapitre 8 : Le temple de la forêt   up

fiction The Legend of Zelda : La malédiction des héros

Au bout de la petite salle, toujours aussi vide et inintéressante à part le cocon déchiré, Link s'empresse de se diriger vers l'autre sortie. En retenant son souffle pour ne plus respirer cette odeur de pourriture qui lui révulse l'estomac, il monte les escaliers tournants à pas prudent. Malgré l'inquiétude qui se lit dans ses iris azur, il entre dans une nouvelle pièce au premier étage. En constatant rapidement la présence de l'air toxique, il agite à nouveau la feuille pour aérer le lieu.

Dans cette grande pièce, similaire au grand hall du rez-de-chaussée, les statuettes d'Hylia sont cette fois-ci brisées en plusieurs morceaux, bien qu'elles se tiennent toujours debout sur le mur. Des liquides violets coulent même de leurs yeux vides, semblables à des larmes de souffrance. Mal à l'aise par cette vision cafardeuse à glacer le sang, Link prend le temps de regarder autour de lui. Seuls ses bruits de pas résonnent pendant plusieurs secondes sur le carrelage noir. Alors qu'il recule, son dos frôlant presque une statuette, une affreuse silhouette surgit derrière en la poussant pour de bon vers l'avant ! La sculpture en pierre se fracasse sans aucune résistance au sol. Le visage est brisé en mille morceaux.

Son coeur manquant un battement, Link se retourne aussitôt et dégaine frénétiquement son épée. Devant lui, une grosse araignée, dépassant le niveau de ses cuisses, lève ses huit pattes poilues et tranchantes comme des lames. Le plus troublant reste ses deux horribles dents qui dépassent. Une caractéristique irréaliste pour un être sous l'allure d'un arachnide, un être assimilé à un cauchemar. Épouvanté devant ce danger, Link recule doucement en position médiane. Avec hargne, l'araignée crache un venin toxique et liquide dans sa direction. Aussitôt, l'épéiste agile exécute un saut en arrière pour l'esquiver avant de foncer à toute hâte vers son adversaire. En lançant un coup droit devant avec précision, la pointe de l'épée embroche impétueusement la tête de la créature arachnide. Le bruit d'éclaboussures donne à Link l'envie de vomir tellement c'est écoeurant à entendre. Le souffle court, il retire hâtivement son arme avant de la tournoyer.

Mais soudainement, de nombreuses araignées entrent dans la salle. Elles sont au moins une dizaine, agressives et rapides. Certaines sortent même des cocons cachés derrière les statuettes qui se brisent instantanément au sol. Rancunières envers celui qui a tué leur soeur, les araignées se précipitent dans sa direction en troupe. Apeuré par le courroux de l'armée à huit pattes, Link est médusé. Désespérément, il sort la feuille de Korogu et l'agite dans leur direction. À cause de leur poids de plume, malgré leur aspect menaçant, les araignées se retrouvent propulsées en arrière, les pattes tendues en l'air. Sans perdre une seule seconde, Link profite de l'occasion pour trancher plusieurs d'entre elles à l'aide de son épée, sans aucune once de pitié. La rage de les tuer s'intensifie en lui. Tout à coup, le symbole triangulaire sur sa main gauche brille.

Loin de se laisser distraire par la douce lumière dorée qui l'enveloppe et qui lui donne une force surhumaine, il donne le coup fatal à ses ennemies en employant une attaque tournoyante. De nombreuses araignées, coupées en deux ou en trois selon l'impact reçu et leur position, gisent dans une flaque de liquide violet. Leur propre sang. Après avoir défait ses adversaires en un seul coup ou presque, Link reprend son souffle en s'agenouillant, l'épée plantée au sol pour mieux se tenir. Inquiet pour Emilia et Falgus, il se relève aussitôt avant de sortir de cette pièce, saccagée par les cadavres des araignées qui souillent toute trace de pureté.

* * *

Au même moment, Emilia et Falgus accèdent au premier étage dans l'aile ouest. Le plafond de cet endroit est détruit, mais la brume violette dissimule le ciel. Alors que le Korogu chasse l'air toxique à l'aide de sa petite feuille, la jeune femme examine attentivement les recoins de la salle. Le regard assombri, elle regarde les statuettes d'Hylia. En les fixant avec insistance, un étrange sentiment de nostalgie trouble son esprit. Au sol, elle remarque de nombreux morceaux de rochers siliceux : des silex.

- Madame Bleue ! Regarde ! l'appelle Falgus, debout sur une rambarde en pierre.
Intriguée, l'intéressée rejoint son allié. Après avoir posé son regard en bas, le visage d'Emilia se décompose. Au sein d'une source d'eau arrondie, de nombreux cocons sont présents, tandis que les petites araignées fourmillent et commencent à tisser leur première toile. Rien qu'en les regardant, elle sent un frisson traverser sa poitrine.
- Oh... c'est... c'est à cause d'elles que la source d'eau de la forêt a été empoisonnée... constate Emilia en esquissant un sourire nerveux. En plus, ces araignées sont terrifiantes... Tu sais quoi, Falgus ? Faisons demi-tour !
- Mais si nous les détruisons, nous n'aurons plus rien à craindre, suggère calmement Falgus. T'en penses quoi ?

Pendant de longues secondes, Emilia se plonge dans une grande réflexion. Il est vrai que l'idée du petit Korogu est bien brillante. Le sourire illuminé dessiné sur son visage en regardant à nouveau le silex au sol, elle s'agenouille. En sortant une flèche en bois du carquois, elle commence à frotter brusquement la pointe à l'aide du rocher.

- Que fais-tu, Madame Bleue ? Ce n'est pas le moment de tailler des pierres !
- Si j'arrive à créer un petit feu, alors je pourrai tirer une flèche enflammée pour les brûler. Les insectes et les cocons sont très sensibles au feu, explique Emilia avec conviction.
En continuant de frotter avec certitude, une légère fumée s'échappe.
- Hum... Non... Il me faut de la paille ! panique aussitôt la jeune femme.
Sans hésitation, Falgus pose sa fidèle feuille au sol.
- Tu peux utiliser ma feuille ! propose-t-il d'un air décidé.
Stupéfaite par son geste, Emilia le regarde longuement avant de protester :
- Mais Falgus, n'oublie pas que tu as besoin de cette feuille pour chasser l'air toxique et...
- Je sais, mais si ça peut sauver mon village et venger mon père, alors j'accepte de prendre le risque ! lui répond Falgus d'une voix résolue. Maman aurait fait la même chose que moi.

Hésitante au premier abord, Emilia baisse la tête et prend le temps de réfléchir en se murant dans le silence. Les mains tremblantes, elle finit par poser la pointe de l'arc sur la feuille. Au bout de plusieurs secondes, la flamme la consume avant de commencer à danser avec grâce. Déterminée, Emilia s'empare aussitôt d'une autre flèche en brûlant la pointe. Debout, désormais prête, elle s'approche de la rambarde. Confiante de son talent, la jeune archère prend le temps de bien viser le centre, là où résident de nombreux cocons. En fermant les yeux après avoir inspiré un bon coup, elle décoche finalement la fameuse flèche meurtrière.

Une fois atterrie sur un cocon, aussitôt embrasé, de nombreuses araignées essayent de fuir désespérément en poussant des légers cris très stridents. Les flammes, possédées par la cruauté de la faucheuse des enfers, les rattrapent. Une horrible odeur émane de la salle. L'odeur de la chair grillée. Falgus pose la main sur ses yeux, écoeuré, tandis qu'Emilia détourne le regard, loin d'être indifférente devant la souffrance des petits de la créature. Soudainement, elle tombe sur ses jambes, prise d'une quinte de toux. Inquiet, Falgus descend de la rambarde et s'approche d'elle.

- Madame Bleue ? s'étonne-t-il d'un ton soucieux. Que se passe-t-il ?
Hélas, il constate avec stupéfaction qu'un filet de sang dégouline des lèvres d'Emilia. Précipitamment, elle le chasse de la main.
- Je... je vais bien, rassure la jeune femme d'une voix affaiblie. Je pense que nous pourrons descendre... Link doit sûrement nous attendre quelque part.
Silencieusement, Falgus fixe tristement son interlocutrice avant de déclarer :
- Madame Bleue... Alors c'est pour cela que tes poumons rejettent ce poison... Tu es gravement malade...
Tristement, Emilia baisse les yeux en continuant de cacher ses lèvres sous sa main, encore couvertes par le sang.
Finalement, elle se lève en retrouvant son air un peu plus assuré.
- Peu importe ce qui m'arrive. Le plus important est de purifier la forêt. Retrouvons Link avant qu'il ne soit trop tard. Je m'inquiète pour lui...
Alors qu'elle s'empresse de quitter la salle, le petit Korogu baisse tristement la tête avant de la suivre.

* * *

De son côté, après s'être débarrassé de quelques araignées sur son chemin, Link accède au deuxième étage. Cette fois-ci, de nombreuses toiles figurant des paysages forestiers, peintes par une main talentueuse, sont accrochées sur quelques murs. Quant aux statuettes, elles sont toutes par terre, brisées. Bien que Link ait réussi à chasser l'air toxique, il constate avec un air dépité que la brume revient aussitôt. Il n'y a plus aucun doute : il s'approche dangereusement du nid. Au bout de la salle en piteux état, il distingue une grande porte en bois massif. À gauche se trouve un levier : une sorte de mécanisme. Intrigué, Link s'approche et le dirige vers l'avant. Le bruit de la rouille lui donne envie de serrer les dents.
Avec surprise, il constate que la porte s'ouvre, levée jusqu'au plafond pierreux. Lentement mais sûrement.
Mais alors qu'il relâche le mécanisme pour tenter d'entrer à l'intérieur, elle se ferme brutalement devant son nez.
Misère... Je... je dois trouver quelque chose qui va maintenir cette porte... Mais quoi... ?

Conscient du risque sous ce coup de frayeur, l'Hylien observe calmement autour de lui à la recherche de cette solution. Soudainement, il entend des bruits aigus résonner derrière lui. Des bruits de frottement et presque squelettiques. Figé, Link fronce les sourcils, la gorge serrée. Il n'ose pas se retourner. Une araignée noire, encore plus grande et dodue que les autres, descend du plafond à l'aide d'un fil de toile. L'anxiété dans les yeux, Link sort son épée et se retourne comme un fou furieux. Cette fois-ci, il sait qu'il n'a plus affaire à une simple araignée. La créature, arrivant jusqu'à son ventre, commence à se diriger vers lui en crachant son venin. Rapide, Link esquive aussitôt. Agenouillé au sol à cause de la perte d'équilibre, il lève la tête avant de brandir son épée et de repousser de toutes ses forces l'affreuse créature qui en a profité pour charger. Agressive, elle crache des toiles dans sa direction. Le bras gauche étreint et collé au mur, Link lâche maladroitement son épée. Désespérément, il se penche près du sol et essaye de la récupérer grâce à son autre main encore libre. Hélas, son arme est beaucoup trop loin.

- Oh non ! lâche-t-il désespéré en tiquant.

En poussant un cri d'effroi, il voit l'horrible araignée se diriger vers lui, prête à le dévorer comme une précieuse proie. Avec difficulté, il s'empare de son bouclier en bois pour essayer de libérer sa main gauche grâce à ses nombreux coups répétés. Alors que la première patte de l'araignée commence à effleurer la toile pour mieux enrouler le bras de sa proie, Link parvient à se libérer au dernier moment.
En reculant, le fil assez épais qui entoure son bras s'allonge et s'enroule autour du levier. Il le fait maintenir en avant grâce à l'araignée qui continue de tirer sur la toile qui la relie à Link. Ainsi, la porte s'ouvre. Malgré le risque, le jeune Hylien se jette en avant pour pénétrer à l'intérieur de la pièce. Au sol, il continue de reculer, les jambes encore trop paralysées pour se lever.

Malheureusement pour lui, la grande araignée n'abandonne pas et le suit jusqu'à cette nouvelle salle. Cependant, une de ses pattes, très imposante, brise le fil qui maintient le levier. Brutalement, la porte tombe sur sa forme dorsale en la coupant en deux, là où se trouve son coeur. Plaquée au sol, elle hurle de douleur. Ses pattes s'agitent dans tous les sens. Sous le choc, Link se lève finalement en reculant, spectateur de l'horrible scène qui se déroule sous ses yeux. Après de nombreuses secondes de souffrance, l'affreuse créature rend l'âme, les pattes désormais crispées. Seul son sang de couleur violette continue de couler au sol. Malgré la frayeur, l'Hylien s'agenouille en reprenant son souffle, le sourire nerveux.

- Haha... Bon sang... Entre Pawel qui est devenu fou et que j'ai tué, Emilia et Falgus qui doivent sûrement être heureux de se faire des amis à huit pattes et moi qui ai failli leur servir de repas, on peut dire que j'en collectionne... souffle-t-il sur un ton proche de l'ironie. Je suis vraiment maudit... Je vais devenir fou si ça continue ainsi...

Une fois levé, Link se retourne avant de remarquer une grande statue d'Hylia au coin d'une pièce couverte de lierres bien vivants, les murs et le sol en blanc. Étrange. La statue est grande, en très bon état et surtout très majestueuse. À ses pieds, un coffre rouge, la serrure métallisée en or, n'attend qu'à être ouvert. Intrigué, Link penche doucement la tête vers la droite avant de s'approcher. Le coeur palpitant très fort, il inspire un bon coup avant de l'ouvrir. Le dessus du coffre tombe au sol et aussitôt, les mains de l'Hylien plongent à l'intérieur pour toucher le contenu. Avec surprise, Link sort un équipement capable de tracter dans n'importe quelle direction : un grappin. La poignée est ornée d'argent, tandis que la façade est violette. En appuyant sur le petit mécanisme présent sur les deux côtés, une longue chaîne en fer sort aussitôt.

Le regard rempli d'interrogation, Link lève la tête et fixe la statue d'Hylia qui semble être la seule présence bienveillante de ce temple. Sans perdre une seule seconde qui peut s'avérer précieuse, il fait demi-tour. En face de la porte, maculée du sang de l'araignée qui est déjà en train de pourrir, il remarque une petite fenêtre en haut, notamment un appui. Avec assurance, il tracte son grappin dans cette direction pour se laisser propulser en hauteur. Une fois qu'il a traversé la petite issue sans aucune difficulté, l'épéiste récupère aussitôt sa fidèle épée et la range dans le fourreau après l'avoir tournoyée, n'osant pas regarder le cadavre de la créature derrière lui. Soudainement, un hurlement résonne dans le temple. Sous le choc, Link lâche un gémissement d'effroi.

- Emilia ! s'exclame-t-il.
Gagné par l'affolement en l'imaginant en danger, il accourt dans le sens inverse dans l'espoir de la retrouver avant qu'il ne soit trop tard. Revenu à la salle du premier étage, là où de nombreux cadavres d'araignées pourrissent, le jeune Hylien remarque instantanément une petite fenêtre vers la gauche. Sans hésitation, il utilise son grappin afin de la traverser. Une fois tombé à quatre pattes au sol, il se lève. Emilia et Falgus sont au bout de la salle, terrifiés.

- Emilia ! Falgus ! Vous n'avez rien ? s'inquiète-t-il en s'approchant d'eux.
Emilia se retourne vers Link, les larmes aux yeux. Elle accourt aussitôt dans sa direction avant de se jeter dans ses bras.
- Hé... hé ! bafouille Link, les joues rougies par cet enlacement soudain. Qu'est-ce que...
- J'ai trop peur ! Les araignées sont partout ! Ces petites créatures sont affreuses ! panique Emilia d'une voix stridente, tremblant comme une feuille. Link ! S'il te plaît, fais-moi sortir d'ici ! Je n'en peux plus !
- Madame Bleue n'arrive pas à s'approcher d'elles pour les tuer ! lui explique Falgus en regardant de toutes petites araignées se promener tranquillement au sol.
Link soupire de soulagement, rassuré de les voir entier.
- Allons... ça va aller, déclare-t-il à Emilia qui continue de trembler contre lui. Ce ne sont que des petites bêtes... Dis-toi que j'en ai rencontré une qui était vraiment énorme...

Peu à peu, la jeune femme relève la tête. Grâce aux paroles de Link, elle cesse de frissonner. Elle le lâche finalement en reculant.

- Tu es tombé sur une grosse araignée ? lui demande Falgus par curiosité.
- Et pas qu'une... En revanche, j'ai trouvé cet objet dans un coffre. Regardez.
En fixant le grappin, Emilia se montre stupéfaite tandis que Falgus le regarde de plus près.
- Oh ! Mais cet objet appartenait à mon grand-père ! Normalement, c'est interdit de le toucher. Mais vu que tu n'as pas eu le choix... s'imagine le petit Korogu.
- Quoi qu'il en soit, le nid se trouve au troisième étage. Précisément en haut de ces escaliers. Même si les dernières marches sont cassées, on pourra utiliser le grappin pour y accéder, explique calmement Emilia en désignant l'endroit du regard.
Link approuve.
- Dans ce cas, ne traînons pas.
Alors qu'il se précipite en direction des escaliers, Emilia le regarde de dos, la main posée contre son coeur. Malgré le doute qui s'empare d'elle, elle le suit en portant le petit Korogu dans ses bras.

* * *

Après avoir monté les marches, Link tracte le grappin et s'appuie au bord. Puis, il reproduit ce procédé pour aider Emilia et Falgus à le rejoindre. Une fois au troisième étage, peuplé de toiles d'araignées et de cocons que Link tranche afin d'empêcher leur éclosion, le petit groupe arrive enfin devant une double porte en bois massif. Le coeur du temple. Avec une part de crainte, Link et Emilia l'ouvrent simultanément de toutes leurs forces. Instantanément, une incroyable quantité de brume s'échappe de la pièce. D'un geste brusque, l'Hylien la chasse à nouveau à l'aide de la feuille avant de constater, à sa plus grande surprise, un immense cocon gisant au milieu de la pièce. Le plafond détruit, la brume toxique a été produite à partir des racines et des nerfs qui le maintiennent debout. De temps en temps, l'enveloppe bouge et un liquide dégouline. Link est sans voix. Craintif, il n'ose pas avancer sur le coup.

- Alors, voici l'affreuse créature qui s'était rendue au village des Korogus ? s'interroge Emilia avec un air perplexe.
- Oui... mais on dirait qu'elle est en train de muter... constate Falgus d'une voix tremblante, dans les bras de cette dernière.
- Bon... bon sang... Allez, finissons-en une bonne fois pour toutes... déclare Link d'une voix étouffante, résolu à mettre fin à l'agonie de la forêt.

Lentement, il sort son épée avant de s'approcher de l'énorme cocon. Alors qu'il s'apprête à le détruire, une longue racine épineuse surgit à toute vitesse du sol et le plaque avec brutalité contre le mur en pierre. À moitié assommé par ce coup aussi brusque, Link laisse échapper un gémissement de douleur, maintenu prisonnier par la racine. Son épée tombe piteusement au sol.

- Non ! s'exclame Emilia avec inquiétude.

Mais au moment où elle s'approche de son ami pour l'aider, le cocon s'ouvre subitement en quatre et laisse échapper l'air toxique. Pris par une quinte de toux, Falgus s'éloigne en assistant avec effroi à l'apparition de l'horrible et grande créature. Les ailes crochues et visqueuses déployées, les huit pattes poilues, le monstre a tout l'air d'une araignée volante. L'oeil rouge ouvert au milieu de sa tête ronde, elle lâche un cri horrible, très aigu. Faiblement, Link ouvre les yeux avant de la fixer. Effrayée par l'apparence de ce monstre, Emilia recule, les mains tremblantes posées sur sa bouche.

- Madame Bleue ! Fuis ! s'exclame Falgus avec affolement. Ne reste pas là ! Il va te dévorer !

Paralysée par la peur d'être confrontée à une énorme araignée noire volante, la jeune femme est enfermée dans sa bulle, impuissante. En la voyant en danger, Link se débat désespérément. Il s'empare rapidement du grappin. Grâce à la chaîne, il retient son souffle en essayant de couper la racine qui le plaque toujours contre le mur. Derrière Emilia, de nombreuses petites araignées courent à toute hâte. Falgus en profite pour s'en débarrasser à l'aide des noix. Mais Emilia chute finalement sur ses jambes, n'arrivant plus à se tenir debout, et fixe l'oeil rouge.

Une fois proche d'elle, l'araignée mère s'apprête à lui donner un coup fatal à l'aide de ses dents pour satisfaire son féroce appétit. Au dernier moment, Link parvient enfin à se libérer et à s'emparer de son épée avant d'empaler la racine épineuse au bout de sa lame. En couvrant Emilia tel un bouclier humain, il repousse les crocs de l'araignée. Malencontreusement, les épines de la racine, encore vivantes, frôlent l'oeil rouge de son opposante. Les larmes de sang violet coulant, l'araignée recule et essaye de voler en direction du ciel en hurlant de douleur. Comme une furie, elle se jette sur Link et Emilia pour les tuer avec rage. Avec agilité, l'Hylien étreint son amie dans ses bras et esquive, tandis que Falgus se cache derrière une colonne de pierre brisée. Allongé au sol, Link se lève à moitié et s'assure de l'état d'Emilia.

- Emilia ! Est-ce que ça va ? s'inquiète-t-il en posant la main sur l'épaule de son amie.
- O... oui, répond faiblement la jeune femme, le regard oscillant entre la peur et l'admiration pour ce dernier.

Aussitôt, Link se lève et se débarrasse finalement de la racine épineuse après avoir agité son épée. Alors que son ennemie essaye de voler en direction du plafond pour fuir lâchement, il utilise son grappin pour la retenir de toutes ses forces. La chaîne touche l'aile et la créature tombe brutalement au sol. En toute hâte, Link accourt pour lui donner un coup décisif. Mais loin d'être vulnérable, l'araignée volante le repousse violemment grâce à l'une de ses pattes. Étourdi par le coup reçu à l'épaule droite, là où la cicatrice est encore présente, Link s'écroule au sol. Pris d'une quinte de toux à cause de l'air toxique, il ne trouve plus la force de se lever. Rancunière, l'affreux arachnide s'approche et s'apprête à le tuer grâce à l'une de ses pattes.

Brutalement, la créature lâche un hurlement surpuissant après avoir reçu une flèche en plein dans son oeil rouge. Les yeux écarquillés, Link se retourne avant de remarquer Emilia au bout de la salle, positionnée en tant qu'archère. Malgré le corps tremblant, son regard est sombre. Enfin, Link se lève et se précipite en direction du monstrueux être. En poussant un cri de rage, il effectue un assaut pour planter son épée dans l'oeil de la reine du temple. En un coup sec, il la retire de la paupière avant de le trancher en deux pendant que le corps s'écroule au sol, immergé dans une flaque de sang violet. Pendant de nombreuses secondes, un silence inquiétant règne. Seuls les essoufflements de Link résonnent. Toujours sur ses gardes, il fixe longuement le cadavre de son adversaire. Assuré que l'hideuse araignée volante est morte pour de bon, il tombe sur ses jambes, épuisé par ce combat éprouvant. Sa tunique verte est couverte de sang violet.

- Link ! Tout va bien ? lui demande Emilia en s'agenouillant à ses côtés, la main posée sur son thorax.
- Monsieur Vert ! s'exclame Falgus avec inquiétude.
La respiration haletante, Link sourit avec soulagement avant de leur répondre :
- Je... je vais bien... C'est fini...
Tout doucement, une lumière émane de sa main gauche.
- Oh ! Vos mains ! remarque Falgus avec surprise. Elles brillent !
Surpris, Link se retourne vers Emilia et constate avec effroi que sa main droite est illuminée par la lumière dorée. Exactement comme la sienne.
- Emi... Emilia... Toi... toi aussi ? s'étonne-t-il, bouleversé.

Elle ne lui répond pas et se retourne pour fuir son regard. Ainsi, un rayon du soleil, doux et chaleureux, traverse le plafond et fait disparaître une bonne fois pour toutes la brume violette, notamment le corps sans vie de l'araignée ainsi que le cocon. Chaque pièce, éclairée par le soleil tel un espoir, se trouve purifiée. La source de l'eau retrouve enfin sa pureté tandis que les rayons traversent les branches d'arbres morts comme s'ils essayent de les réanimer. Au balcon, Link, Emilia et Falgus s'approchent afin d'assister à la guérison de ces lieux.

- Les arbres... L'eau... murmure la jeune Hylienne avec soulagement.
- Vous... vous avez réussi ! La forêt... Elle se réveille ! s'exclame le Korogu.
- Oui... Et c'est grâce à vous, leur déclare soudainement une voix désincarnée.
Subitement, le petit groupe se retourne avant de remarquer un être spirituel sous l'allure d'un grand dragon à écailles bleues, baignant dans une lueur dorée. Les yeux blancs et les grands crocs offensifs dépassant sa grande mâchoire, il est majestueux et impressionnant.
- Qu'est-ce que... ? s'étonne Link en fixant cette apparition enchanteresse.
- L'esprit de la forêt ! Le dragon de la forêt de Firone !
Silencieusement, Emilia et Falgus s'agenouillent. Loin de comprendre la situation, l'épéiste les imite.
- En détruisant la créature, née dans ce cocon du mal, vous avez réussi à redonner la vie et l'espoir dans ma forêt... La lumière des fragments, présents sur votre main, m'ont délivré de mon insupportable sommeil. La nature rendra peu à peu la forme à cette forêt. Même si la souffrance ne se dissipera pas de sitôt, les conséquences peuvent être réparées selon la volonté et la croyance, leur explique calmement le dragon de la forêt.

Loin d'être indifférent à ces dernières paroles en repensant à son erreur, Link ferme les yeux, la tête baissée. Même s'il a réussi à réveiller l'esprit de la forêt, il ne se sent pas complètement libéré du poison de la culpabilité qui sillonne son coeur.

- Alors donc c'est vrai... Ces fragments... Link et moi, nous sommes vraiment les élus... constate Emilia d'une voix faible.
Avec discernement, il reporte toute son attention sur elle, de plus en plus perplexe.
- Ces fragments, pouvoirs de la Triforce, ont la capacité de réveiller et de sauver les deux esprits de la forêt : Ordinn et Lanelle. Je vous en conjure : aidez-les aussi... Eux aussi souffrent d'une terrible agonie, leur supplie le dragon en inclinant la tête, la patte droite posée sur son long cou.
- Ordinn et Lanelle ? s'étonne Emilia sous le choc. Alors ça veut dire que le poison a...
- Non. Leur situation est encore plus grave que celle de la forêt... Depuis l'éveil des pleins pouvoirs de la réincarnation de Ganon dans notre monde, les esprits protecteurs ont été maudits par une créature née du mal. Chaque seconde, les peuples, gardiens de ces esprits, prient la déesse Hylia... Donc, par pitié, élus de la légende sacrée, sauvez-les avant qu'il ne soit trop tard...
- Réincarnation de Ganon... ? murmure Link avec un regard apeuré. Déesse Hylia et élus de la légende... Mais qu'est-ce que ça veut dire à la fin ?
- Au fond de vous, vous devez le savoir. Ce fragment, qui brille sans cesse sur votre main, armée de courage et de sagesse, en est la preuve... En restant loyaux envers vous, par égard pour vos anciennes vies, je continuerai de vivre pour le couronnement et l'achèvement de votre destin... déclare l'esprit de Firone avant de disparaître, encore trop faible pour rester complètement éveillé.
- Non ! Attendez ! supplie Link en se levant.

Après un éclaboussement d'eau, le silence règne à nouveau dans la grande salle pendant de longues secondes.

- Il était si impressionnant... constate Falgus, n'en revenant toujours pas. C'est la première fois que je le vois !
- Alors... c'est donc vrai... lâche Emilia en fixant sa main, tremblante et essoufflée.
- C'est donc vrai que quoi ? répète Link, lassé par toutes ses questions. Emilia... Tu sembles en savoir plus... Que se passe-t-il à la fin ? Le pouvoir de la Triforce... Qu'est-ce que ça signifie tout ça ?
Avec mélancolie, Emilia baisse la tête en croisant ses mains.
- Cela... cela n'a aucune importance... Tout ce que je sais, c'est que nous devons nous rendre au volcan d'Ordinn et au lac Lanelle avant que la réincarnation de Ganon conduise Hyrule à la mort ! Nous ne devons pas traîner plus longtemps ! s'affole-t-elle en tournant les talons.
Aussitôt, Link accourt et la retient par le bras.
- Arrête de fuir et dis-moi plutôt la vérité ! Qu'est-ce que nous sommes exactement ? Je... je dois le savoir... J'ai toujours su que quelque chose d'étrange existait en moi ! Donc, je t'en conjure : dis-moi ce que je suis exactement ! Tu es la seule qui peut m'apporter les réponses !
Mal à l'aise devant le regard froid de son ami, Emilia baisse les yeux.
- Link... Nous... avons hérité le pouvoir de nos "ancêtres". Depuis la nuit des temps, ils ont porté les deux fragments de la Triforce. Celui du courage pour toi, celui de la sagesse pour moi et celui de la force pour... Ganon... Et c'est pour cela que nous devons... que nous devons...
N'arrivant plus à parler bien comme il faut, Emilia sombre et perd connaissance.
- Emilia ! s'inquiète Link en la rattrapant dans ses bras au moment où elle chute.

Délicatement, il soutient son corps au sol. Il constate avec effroi que du sang coule des lèvres violettes de la jeune femme.
- Madame Bleue ! s'exclame Falgus en s'approchant d'elle.
- Emilia ! Est-ce que tu m'entends ? Réponds-moi ! Emilia ! supplie désespérément Link.
Mais la voix de ce dernier n'atteint pas Emilia, plongée dans l'inconscience. Sa main droite tombe au sol. Les yeux écarquillés en remarquant une forme triangulaire sur le dos de sa main, appelée le pouvoir de la Triforce, Link regarde longuement son amie. À présent, un affreux doute l'habite.

*******************

Version parodique (contexte du jeu)

Après la défaite de l'affreuse araignée, une lumière apparaît sur son ventre.
Falgus : Oh ! La bête a quelque chose sur elle !
Link : Vraiment ! Allez ! * s'empare du coeur sur le ventre *
Emilia : o___o
Link : Oh ! Un réceptacle de coeur ! Bon, il est plus violet que rouge et il y a des petites pattes d'araignées sur la face, mais à présent, j'ai 4 coeurs ! Regarde Emilia ! *-*
Emilia : Non ! N'approche pas ça de moi ?! * pointe son arc avant de tirer une flèche *
Le réceptacle de coeur, aussitôt envolé, aussitôt atterri à l'intérieur du cadavre, au beau milieu des entrailles...
Link : ... Falgus, rassure-moi... Au village Korogu, je pourrai me laver ? -_-'
Korogu : Euh... voui...

Chapitre 9 : Un nouveau but   up

fiction The Legend of Zelda : La malédiction des héros

Le temps et la nature reprennent leurs droits sur la forêt. Le ciel, obscurci par les ténèbres de la nuit, tente d'aider l'astre lunaire à rayonner sur le visage des Korogus. À la maison pour les grands touristes, Emilia est allongée dans le lit. Couverte par une grande feuille bien lisse et verte, elle est plongée dans un profond sommeil. Vêtu seulement d'une chemise blanche à jabot ainsi que de son pantalon en attendant que sa tunique sèche, Link est assis sur le bord de la fenêtre, les yeux rivés sur le paysage forestier, si paisible. Peu à peu, les paupières d'Emilia papillonnent. Le corps encore engourdi, elle s'assoit tout doucement, faisant attention à pas trop forcer sur ses muscles encore endormis.

Calmement, Link se tourne dans sa direction. Gênée de porter une simple petite robe blanche à bretelles qui met très en valeur sa silhouette féminine, elle pose la feuille pour cacher sa poitrine du champ de vision de Link. Aussitôt, il se tourne par respect, comprenant la réaction pudique de son amie.

- Tu... tu es enfin réveillée. Je commençais à m'inquiéter...
- Mes vête... mes vêtements... bafouille Emilia, son visage aussi rouge qu'une tomate.
- C'est Mina qui les a enlevés pour les laver. Nos vêtements étaient couverts de poison...
Discrètement, elle soupire de soulagement sous le coup de la timidité. Puis, en redressant mieux sa mèche derrière son oreille droite, elle pose son regard sur Link avec un léger sourire.
- Je suis si heureuse de savoir que tout s'est bien passé. Dès que j'irai mieux, je me rendrai à la montagne de la mort. Il faut impérativement apaiser les deux autres esprits avant qu'il ne...
- Emilia... coupe aussitôt Link en se levant. Il vaut mieux que ce soit moi qui aille seul.

Abasourdie par la proposition soudaine mais résolue de ce dernier, les yeux de l'archère s'arrondissent avec stupeur.

- Tu plaisantes ? Mais c'est dangereux ! réplique-t-elle en récupérant son sérieux.
- Alors, ça l'est encore plus pour toi...
- À cause de mon malaise ? Mais je te rassure ! Ça va beaucoup mieux. C'était seulement de la fatigue et...
Sans finir sa phrase, Emilia croise ses bras et se crispe sous le regard sévère de Link. En constatant que son ami est loin d'être dupe, elle cherche désespérément ses mots :
- Je te rassure... C'est juste que...
Compréhensif devant le désarroi de cette dernière, Link baisse la tête et s'assoit sur la chaise au coin de la pièce ronde.
- Je comprends que tu ne veux rien me dire. Après tout, je ne suis pas la personne la mieux placée pour t'écouter ou même pour rester à tes côtés, avoue-t-il, la tête baissée. Emilia... je... je suis... un assassin...
Horrifiée par de tels propos aussi soudains, Emilia lève la tête et dévisage son allié avec interrogation.
- Un... un assassin... ? répète-t-elle de sa voix tremblante.

Honteux, Link n'ose pas la regarder. Mais le secret est devenu trop lourd pour continuer à le refouler au fond de son coeur meurtri. Ainsi, il ajoute :
- C'est pourquoi, je veux me rendre seul à la montagne de la mort. Peu importe les risques... Même si l'Arbre Mojo et l'esprit nous considèrent comme la réincarnation des élus, chose que j'ai bien du mal à croire, je reste avant tout un meurtrier... C'est à moi de payer mes fautes et de prendre tous les risques. Même celui de mourir.
Tristement, il esquisse un léger sourire pour retenir ses larmes et son sang-froid avec plus de facilité. Finalement, il se tourne vers Emilia.
- Pardonne-moi de t'avoir caché la vérité, Emilia... Mais si je te l'avais avoué depuis le début, tu aurais pris peur... J'ai profité pitoyablement de ta naïveté pour t'accompagner et pour trouver un moyen de me racheter. Mais depuis que tous insinuent que nous sommes des élus et que je te vois courir de graves dangers alors que ta santé semble être fragile, je me suis rendu compte que je n'ai pas le droit de fuir encore. Et encore moins de te mentir avec mes mains qui sont loin d'être pures.

Mal à l'aise, Link détourne à nouveau son regard et croise ses bras tremblants. En remarquant la tristesse dans la voix de son interlocuteur tourmenté, Emilia le regarde longuement. Oui, le choc est présent et de nombreuses questions surgissent dans sa tête. En écoutant les battements de son coeur, elle lui répond :

- Si tu as besoin de m'en parler, alors fais-le, Link. Je suis prête à t'écouter... Je ne vais pas te juger.

Surpris par la réaction loin d'être rancunière et effrayée de son amie, l'Hylien la regarde bouleversé. Avec stupéfaction, il remarque même de la bienveillance dans le léger sourire d'Emilia malgré la peur dans ses yeux. Réconforté par une telle attitude, il se retient de pleurer et décide de lui ouvrir enfin la cicatrice de son coeur, les yeux posés sur la marque triangulaire de sa main.

- Au village Cocorico, j'ai... j'ai... j'ai tué une personne que j'admirais tant... Mon maître..., révèle-t-il avec beaucoup de mal. C'était un homme généreux et admirable. Il était comme un véritable père pour moi... Mais ce soir-là, sans que je ne comprenne le pourquoi du comment, il s'est mis à m'attaquer comme si j'étais un ennemi à abattre sur-le-champ... Ses yeux étaient rouges et la rage de me tuer était réellement présente... Et accidentellement, alors que j'ai tenté de lui faire entendre raison, ma lame a fini par transpercer son coeur...
En inspirant un bon coup pour contenir ses émotions les plus fortes, Link continue :
- Je... je n'ai jamais voulu commettre un acte aussi abominable... jamais ! Mais les villageois ont commencé à me traiter d'assassin, et même à me considérer comme la réincarnation de Ganon... Voilà pourquoi, tout à l'heure, j'ai perdu mon sang-froid à ton égard. Et j'en suis désolé...

Troublée, Emilia le fixe en tentant de décrypter les sentiments qui habitent son ami. Mais peu à peu, ses sourcils se froncent comme si un affreux doute naissait en elle.

- La réincarnation de Ganon... Les yeux rouges... murmure-t-elle de plus en plus apeurée. Non...
- Hum... ?
Link se retourne dans sa direction, intrigué par le comportement de la jeune femme qui croise de nouveau son regard.
- Link... Est-ce que cet homme... avait un étrange symbole gravé sur sa main ? Un symbole qui représente une larme à l'envers ? interroge Emilia avec sérieux. Décris-moi ses réactions, s'il te plaît.
Un peu pantois, Link s'exécute malgré tout :
- Ses yeux étaient rouges comme le sang et clairvoyants dans l'obscurité. Mais la chose qui a attiré surtout mon attention restait bien la mystérieuse marque sur sa main : un oeil avec une larme à l'envers comme tu viens juste de me le... dire...
Stupéfaite, Emilia écarquille les yeux en sentant sa gorge se serrer.
- Mais oui ! Alors c'est...
- Que se passe-t-il ?
L'Hylienne aux cheveux dorés s'assoit mieux sur le lit avant d'élucider ce nouveau mystère :
- Est-ce que ton Maître a eu cette marque auparavant ?
- Non. J'en suis même persuadé. C'était la première fois que je voyais un tel dessin.
- Alors donc, ton maître est réellement vivant. La personne que tu as tuée n'était qu'un imposteur qui a usurpé lâchement son identité pour renforcer ses chances de te tuer. Il est plus facile pour eux d'amadouer une personne en se faisant passer pour une de ses connaissances.

À ces mots, Link se lève, n'en croyant pas ses oreilles. De plus en plus bouleversé, il sent son coeur s'affoler.

- Que dis-tu ? Mais... mais comment peux-tu en être sûre ?
- Grâce à la marque : cet oeil avec la larme à l'envers. Est-ce que tu as déjà entendu parler des Yigas ?
- Des Yigas ?
- Je m'en doutais, vu que cette histoire a été oubliée... Jadis, un peuple nommé Sheikah, au passé néfaste, a prêté alliance à la famille royale en lui garantissant la protection absolue contre une entité diabolique que nous appelons Ganon depuis la nuit des temps.
De plus en plus interloqué, Link n'interrompt pas et continue de l'écouter.
- Mais il y a cinq cents ans... enchaîne sinistrement Emilia les mains croisées sur ses jambes, suite au dysfonctionnement des Gardiens, de redoutables combattants au corps de fer, et des créatures divines, protectrices aux quatre coins d'Hyrule, de nombreux Sheikahs ont décidé de se lier aux desseins de Ganon. Depuis, le symbole de la larme, qui évoque la tristesse, soumet à présent l'oeil pour déclarer la révolte envers celles et ceux qui osent s'opposer à eux. Alors que les Sheikahs représentent la bienveillance et le mystère, la couleur des Yigas est fort rouge comme le sang et la rancoeur. Même s'ils sont aujourd'hui peu nombreux, ils continuent de semer la peur par la pire des façons en attendant la résurrection de Ganon, leur maître : notamment sa réincarnation. L'être qui éveillera leurs pouvoirs.
- Mais alors ! Cela veut dire que j'ai tué un Yiga sous l'apparence de mon professeur ? dit Link, confus.
- Oui, vu qu'il n'a jamais eu cette étrange marque de naissance sur sa main. Ce qui veut dire que tu es innocent. Tu l'as tué par légitime défense. Quant à ton maître, il doit sûrement être vivant quelque part.

Partagé entre le soulagement et la confusion, la respiration de Link s'accélère.

- Donc, il est vivant... Ils vont sûrement revoir leur jugement sur moi... Mais selon toi : pourquoi le Yiga en avait après moi ? Pourquoi avoir pris l'apparence de mon maître ?
Emilia se plonge pendant plusieurs secondes de réflexion avant de finalement répondre :
- Sûrement à cause du symbole triangulaire qui se trouve sur ta main... Tout comme le mien... Après tout, moi aussi, j'étais poursuivie par l'un d'entre eux avant d'avoir réussi à le semer.
- Ce symbole... est vraiment celui de la Triforce ? enchaîne Link en la regardant à nouveau.
- Oui... nous sommes deux à posséder un fragment... Celui de gauche pour toi, et celui de droite pour moi... Mais le premier qui s'élève en hauteur... il appartient à Ganon d'après la légende... Mais ça doit être sa réincarnation qui l'a hérité...

Silencieusement, Link se retourne vers la fenêtre, désirant contempler le ciel nocturne qui semble calmer ses pensées les plus insensées : les Yigas, Pawel vivant, la Triforce, la réincarnation de Ganon... Il ne sait plus quoi croire à présent à part son innocence.

- Et moi qui me considérais comme un monstre... Raison de plus pour que j'aille à la montagne de la mort. Mais je dois d'abord me rendre au village de Cocorico pour prendre le risque de découvrir ce qui s'est réellement passé après ma fuite... Je dois en avoir le coeur net... Le voir de mes propres yeux. Et ensuite, je me rendrai à la montagne pour aider l'esprit d'Ordinn...
- Laisse-moi t'accompagner, Link... Je ne veux pas qu'il t'arrive un...
- N'aie pas peur pour moi, rassure Link en la regardant. Maintenant, c'est à ton tour de te reposer. Tu m'as sauvé la vie plusieurs fois. Tu m'as donné envie d'y croire et de continuer de vivre. Tu as guéri toutes mes plaies... Alors, c'est à mon tour d'essayer d'apaiser les cicatrices d'Hyrule. Si ce symbole est sur ma main, autant découvrir son histoire et sa force.

Admirative des paroles de Link, Emilia le regarde fixement. Ce n'est plus le jeune homme à l'âme brisée qui parle mais bel et bien l'élu armé du courage. Préférant écouter la voie de la sagesse, elle lui sourit finalement avant de répondre :

- Oui... oui, tu as raison.
Link lui rend un sourire bienveillant, le regard rempli de détermination. Brutalement, la porte s'ouvre et claque contre le mur ! Affolée, Mina entre à toute vitesse.
- Link ! Dame Emilia ! C'est horrible ! Le... le vénérable Arbre Mojo se meurt ! avertit-elle d'une voix stridente.

* * *

Ainsi, tous se réunissent autour de l'Arbre Mojo. Bien que l'hideuse créature ne trouble plus la source de la forêt, le vénérable arbre agonise toujours autant.
- Vénérable Arbre Mojo ! Tenez-bon ! supplie désespérément un Korogu en larmes.
- Vous n'avez pas le droit de mourir ! proteste un autre, la voix déchirée par la tristesse. Si vous mourez, qu'allons-nous faire ?

Impuissants devant cette triste situation, Link et Emilia sentent à leur tour la tristesse les envahir. Doucement, l'épéiste avance pour se joindre aux autres supplications.

- Non... vous ne pouvez pas mourir alors que tout le monde a besoin de vous ! Vous devez vivre !
Malgré la souffrance qui le tue peu à peu, l'arbre se force à sourire avec bienveillance, le regard posé sur Link et Emilia.
- Link... Emilia... Vous avez réussi à sauver notre village ainsi que l'esprit de la forêt. Mes petits seront éternellement reconnaissants envers vous... Il n'y a plus l'ombre d'un doute : vous portez bien l'espoir sur vos épaules.
Ne supportant plus d'avoir autant d'interrogations, Link regarde sa main gauche.
- Nous avons vraiment hérité du pouvoir de la Triforce... lâche-t-il à haute voix.
- Oui... un conte qui a toujours existé... Je suis conscient que pour toi, la situation est encore difficile à accepter... Mais lorsque tu éveilleras tes véritables pouvoirs, alors la peur et le doute se dissiperont et te guideront à la paix, lui répond l'Arbre Mojo.
Silencieusement, Link baisse la tête, anxieux.
- Ne renonce jamais à l'envie de vivre, Link. Il faut que tu continues à nourrir ton courage et tes espoirs. Et vous aussi, Emilia...

Les larmes aux yeux, Emilia joint nerveusement ses mains. Quant à Link, il lève la tête et fixe l'arbre avec un regard poignant. Soudainement, il laisse échapper un gémissement d'effroi en voyant les branches de l'esprit de la terre tomber au sol. Sous les yeux des Korogus, l'arbre commence à dépérir.

- Non ! Vénérable Arbre Mojo ! hurle Falgus en s'approchant de l'esprit.
- Falgus... Ton père aurait été si fier de toi... Lorsque mon âme s'envolera dans le ciel, je lui raconterai tes exploits. C'est en partie grâce à toi que la forêt a été sauvée... lui déclare l'Arbre Mojo d'une voix apaisante. Merci, mon petit...
En pleurs, Falgus baisse la tête. Mina s'approche de son fils pour le soutenir.
- Ainsi, la vie, tel un cycle, naît pour ensuite mourir... Si la Déesse Hylia nous en fait don, c'est pour justement connaître la sensation de vivre... N'oubliez jamais ces paroles tant que vous resterez vi... vants...
Sur ses dernières paroles, l'Arbre Mojo ferme les yeux et ne bouge plus. Toutes ses branches tombent à terre et sont consumées par le poison. Elles finissent en tas de cendres.
- Vénérable Arbre Mojo ! hurle un Korogu avec désespoir.

Autour de l'arbre inerte, la conscience chaleureuse envolée à tout jamais, le petit peuple pleure sur la mort de l'esprit. Chagriné, Link baisse la tête jusqu'à ce que ses franges blondes cachent ses yeux. Il lève la tête au ciel, le regard posé sur la pleine lune qui brille désormais. Alors que les petits villageois sanglotent, Emilia s'approche calmement de l'arbre. Malgré le froid qui la fait grelotter, seulement vêtue d'une cape noire qui cache sa robe blanche, elle continue de marcher.

Au pied de l'arbre, elle pose la main sur le tronc, à présent devenu terne et froid. La tête baissée, elle ne retient plus ses larmes. Au moment où l'une d'entre elles éclate sur le sol terreux, une petite racine, de la taille d'une plume, pousse discrètement et tout doucement à cet endroit. Intriguée par ce petit miracle, l'Hylienne s'agenouille et touche la feuille verte qui interrompt sa croissance pour l'instant. Doucement, un léger sourire, à la fois attristé et rassuré, se dessine sur son visage pâle, comprenant ainsi les dernières paroles de l'Arbre Mojo, sage esprit de la terre.

* * *

Le lendemain matin, sous le grand arbre baignant dans la lumière du soleil, Link brosse la crinière blanche d'Épona. Il porte à nouveau sa tunique verte propre comme un sou neuf. Il profite de rassurer sa jument après l'avoir cherchée. Malgré le deuil, les Korogus tentent de continuer de vivre. Chacun fixe Link.

- Monsieur Vert, tu dois vraiment partir... ? lui demande Falgus, peu enjoué de voir son nouvel ami quitter aussi vite le village.
- Oui, affirme calmement Link avec un sourire attristé. Il le faut bien.
- Revenez-nous vivant surtout ! Nous prions la Déesse Hylia pour votre retour, annonce Mina avec sincérité.
Reconnaissant, Link leur sourit avec attendrissement.
- Je vous remercie... Sincèrement, merci beaucoup.

Puis, il se tourne vers Emilia. Désormais remise, elle porte sa fidèle tenue. Le vent berce ses longs cheveux dorés, éclairés par les rayons du soleil. Dans sa main droite, elle tient son arc ainsi que le carquois. Avec discernement, Mina prend la main de Falgus et l'éloigne afin de laisser les deux amis, seuls.

- Tu es sûr que tu arriveras à trouver le chemin ? souhaite se rassurer Emilia, les yeux dans le vide.
- Oui... le plus difficile, ce sera de passer inaperçu vu que je suis toujours recherché au village Cocorico... Mais en même temps, je ne peux pas rester éternellement caché ici... Surtout que j'ai une famille qui m'attend... lui rappelle Link en tentant de rester confiant.
Avec mélancolie, Emilia trouve le courage de le regarder.
- Alors dans ce cas, prends mon arc et mes flèches... Tu en auras grandement besoin. Ils viennent de ma nourrice.
- Je ne peux pas accepter de tels présents.
- Allons : si tu n'acceptes pas, je vais te bouder jusqu'à la fin de ma vie, menace Emilia en lui faisant des gros yeux avec un air enfantin.

Comprenant qu'il est impossible de convaincre la jeune femme, têtue comme elle est, Link n'a guère le choix et accepte. Finalement, il rattache l'arme à distance sur son dos et le carquois au niveau de ses hanches.

- Merci, Emilia. Avec ça, je... je ne peux pas perdre ! lui déclare vivement Link avec optimisme pour la rassurer.
Avec préoccupation, Emilia lui serre la main gauche.
- Surtout, fais attention à toi, Link... S'il te plaît... Depuis la mort de ma mère, je ne veux plus perdre une personne qui arrive à faire battre mon coeur et à me rendre le sourire... Donc, reviens ici quand tout sera terminé, supplie-t-elle d'une voix fragile.
Touché par ces paroles qui bercent son coeur, Link pose affectueusement la main sur la tête de la jeune femme.
- Je ferai attention, je te le promets. Quand ça sera terminé, je reviendrai te voir. Toi et ma famille. J'ai une promesse à respecter envers vous tous.
Ne sachant plus quoi dire, l'âme désormais plus apaisée, Emilia lui rend un sourire chaleureux. Timidement, elle approuve d'un signe de la tête.
- Alors, je t'attendrai, déclare-t-elle avec un sourire confiant. Et promis : je me reposerai bien !

Rassuré, Link lui sourit avec une certaine tendresse et prend le temps de la contempler. Enfin, il commence à reculer et à quitter le village, seul, sous les yeux d'Emilia, de Falgus et de Mina. De nombreux Korogus l'acclament et lui crient bonne chance en choeur. Avec un coeur plus léger, Link quitte la forêt des Korogus, prêt à découvrir toutes les vérités.


Bonus : Chapitre 1 du conte légendaire (100 ans avant)

La conscience éveillée, le héros, preux chevalier de la garde royale,
croisa le périple de la prêtresse royale, déterminée à défaire l'être bestial.
Le sang des élus, porteurs de l'espoir, traversa de nombreuses histoires.
Leur lien symbolique, depuis la nuit des temps, détruira l'entité diabolique.
Malgré la prétention du héros, doté d'un coeur fragile, la prêtresse réclama sa présence, prête à surmonter risques et périls.
La légende commença avec innocence, destinée à toucher des larmes de reconnaissance.
Mais également des larmes de souffrance.

Chapitre 10 : Retour à Cocorico   up

fiction The Legend of Zelda : La malédiction des héros

Au milieu de la journée, Link arrive enfin à l'entrée de Cocorico. Désirant rester furtif aux yeux de tous, il cache le haut de son visage sous sa capuche. Sa cape noire flotte légèrement dans la brise sereine et campagnarde. Attentivement, derrière un chêne feuillu, il guette la route principale. Deux soldats, complètement ivres, sortent de la taverne en chantant jovialement. Une affreuse mélodie qui fait pester les habitants dans les alentours, mais idéale pour Link qui profite de cette occasion pour poser ses pieds sur le sol du village.

Cependant, sa respiration devient irrégulière et peut le trahir à tout moment. Le coeur battant d'anxiété à l'idée de se faire repérer, il prend le temps de se calmer derrière une maison en donnant un bon coup de poing sur son thorax. Les yeux posés sur la montagne de la mort bien visible tout au nord, il ne se sent pas très à l'aise à l'idée de devoir traverser le village d'une façon aussi lâche. Une fois le quartier libre, l'Hylien avance furtivement en direction de la taverne. Peu surpris, il remarque un avis de recherche vulgairement clouté sur le tableau à annonces : son portrait, dessiné par un talentueux dessinateur, lui est fidèle. En revanche, vu de face, son regard montre beaucoup de froideur.

- Au moins, ils ne m'ont pas raté... Ça fait quand même plaisir... ironise Link, peu enjoué.

Alors que quelques clients sortent de la taverne, le jeune homme s'empresse de se cacher derrière l'établissement, tout en évitant de fixer le lieu du cauchemar qui le fait de nouveau trembler de peur. Le regard poignant, il baisse la tête en posant la main contre son cou pour ne pas laisser le désarroi l'étouffer.

- Eh toi ! Que fais-tu ici ? s'exclame une voix rauque.
Effrayé, Link se retourne d'un bloc avant de reculer. Devant lui, un soldat, armé de la tête aux pieds, avance. Il tient une lance dans sa main droite.
- Pourquoi tu caches ton visage ? T'as l'intention de dévaliser cette taverne, c'est ça ? accuse-t-il d'un ton hautain.

Trop abasourdi pour libérer le son de sa voix prisonnière dans sa gorge serrée, Link reste sur place. Seule sa main gauche glisse à l'arrière de son dos pour empoigner nerveusement le pommeau de son arme. Même si l'idée ne lui plaît guère, il sait qu'il n'aura pas le choix d'utiliser son épée pour l'étourdir. Cependant, la peur de le tuer contre sa volonté si le pouvoir de la Triforce se manifeste le terrifie bien plus. Bien qu'il s'efforce de chasser cette pensée qui le hante, il tremble en serrant les dents. Comportement qui intensifie les doutes du soldat qui pointe la lance dans sa direction.

- Impudent ! Mets-toi à genoux tout de suite si tu ne veux pas que je t'embroche ! le menace-t-il.
- Allons ! Qu'est-ce que vous faites ici ? interroge Telma, les mains posées sur les côtes.

Surpris, Link baisse la tête afin de mieux cacher son visage. Son coeur s'affole si fort qu'il a la sensation d'entendre les battements résonner dans sa tête. La gérante de la taverne risque de le reconnaître et de le dénoncer !

- Je suis désolé, madame Telma ! s'excuse le soldat d'une voix tremblante. Mais cette personne me paraît suspecte et...
- Vous osez insinuer que mon adorable neveu, venu tout droit d'une contrée lointaine, est suspect ? Ça fait plaisir, dites donc ! Et moi qui vous offre une tournée supplémentaire chaque soir ! enchaîne Telma d'un ton agacé, son visage tiré par la sévérité.
- Toutes mes excuses ! Je... je vais me tenir tranquille ! Promis !
Confus, le soldat se tourne vers Link et s'incline bêtement.
- Pardonnez-moi ! Vous êtes aussi charmant que Dame Telma ! Voilà !
Telma esquisse un sourire mesquin en croisant ses grands bras au niveau de sa poitrine ronde.
- Voilà qui est mieux !
Le soldat rit comme un imbécile heureux avant de quitter les lieux, laissant la gérante de la taverne avec le fugitif dans la cour. Avec assurance, Telma se retourne vers Link avant de lui déclarer :
- On peut dire que tu as eu chaud, mon mignon. Si j'étais toi, je ne resterais pas longtemps ici... C'est du suicide.

Sous le choc, Link se met sur ses gardes. Méfiant, il s'apprête à sortir l'épée contre son gré. Telma le tempère en levant la main dans sa direction.
- N'aie crainte ; je ne dirai à personne que je t'ai vu ici. Je ne suis pas ton ennemie, car je suis l'une des rares personnes à te croire innocent. Après tout, j'ai été témoin de la scène.
Bouleversé par cette réponse, Link renonce à son geste, envahi par la curiosité.
- Vous avez... tout vu ? Mais alors, pourquoi vous n'avez rien fait ? l'interroge ce dernier, toujours aussi confus.
- Je ne voulais pas que les Yigas s'en prennent encore à moi si je révélais leur existence... Ils ont failli tuer mon fils il y a quelques années parce que j'avais dénoncé l'un des leurs à l'armée d'Hyrule... C'est pourquoi je me suis débarrassé moi-même du corps du Yiga l'autre soir... Les cendres que l'armée a obtenues pour l'enterrement ne sont pas celles du capitaine Pawel mais d'un sanglier. Ni vu, ni connu, explique Telma en esquissant un sourire attristé.
- Mais... alors, c'est donc vrai... Pawel est bien vivant...
- Oui. Après avoir su que les Yigas étaient revenus dans ce village, il s'est empressé de les suivre pour trouver leur repaire. Cela fait des mois qu'il rêve de ce moment-là. Malheureusement, le début de sa quête a coïncidé avec ton combat contre le Yiga...

N'en revenant pas de cette révélation qui confirme bien ses doutes, Link baisse la tête en sentant son coeur se décontracter avec soulagement. Il se retient de pleurer de joie.
- Pawel est bel et bien vivant... souffle-t-il avec un sourire plus apaisé. J'ai eu tellement peur d'avoir perdu celui qui a été comme un père pour moi...
La culpabilité envolée une bonne fois pour toutes, seule la détermination s'enflamme au fond de son être.
- Mais alors, comment pourrai-je prouver mon innocence aux yeux de tous ? J'imagine que si je révèle l'existence des Yigas, alors ça veut dire que...
- Que tu courras un grand danger. Toi et tes proches. Excuse-moi d'être une lâche, mais ma vie de famille est plus importante que tout... Alors dis-moi Link, que comptes-tu faire à présent que tu as obtenu ces réponses ?
Link se tourne vers la montagne de la mort pour ne pas s'écarter de son but primaire.
- Me rendre à cet endroit... révèle-t-il d'une voix décidée. J'ai quelque chose à faire avant de régler mes problèmes personnels.
Telma croise les bras et fixe le jeune homme d'un regard soucieux.
- Ça ne sera pas facile avec tous les soldats en ville, bien qu'ils soient à la recherche d'une autre personne... Mais... c'est loin d'être impossible. Hum...

Après plusieurs secondes de réflexion, elle claque vivement ses mains avant de s'enthousiasmer :
- Écoute, je crois que j'ai une petite idée... Viens avec moi !
Sans crier gare, Telma prend la main de Link et l'entraîne de force jusqu'au puits de la cour.
- En passant par-là, tu pourras traverser le village Cocorico sans aucun problème. Bien sûr, il faut savoir nager et retenir sa respiration ! Est-ce que tu y arriveras ?
Peu enjoué par la solution de dernier recours, Link se penche sur le rebord et fixe l'eau.
- Vous êtes sûre que c'est sans danger... ? Ça a l'air d'être profond et...
- Roh ! Ne fais pas le fragile ! Ne t'inquiète pas pour ça. L'eau de ce puits est filtrée avant d'être bue par les villageois !
Tout à coup, Telma tape son dos en le poussant vers l'avant. Pris au dépourvu, Link perd l'équilibre et tombe dans le puits en lâchant un cri d'effroi qui résonne en écho.
- Bonne chance, mon petit, murmure Telma avec un sourire confiant.

Dans les profondeurs du puits, la tête de Link émerge de l'eau. Comme il n'a pas pied, il détaille à toute vitesse les alentours afin de chercher quelque chose à quoi se raccrocher, tout en conservant son sang-froid. La température est loin d'être désagréable finalement et, grâce à la propreté de l'eau, il distingue un long couloir. Après avoir bien inspiré pour comprimer l'air dans ses poumons, il plonge. Bien qu'il soit loin d'être un nageur exceptionnel, il parvient à se débrouiller sans aucune difficulté. Mais plus l'épéiste traverse le couloir de trois cent mètres entre les deux murs en pierre, plus l'oxygène commence à lui manquer.

Aussitôt, il remonte à la surface, profitant du peu d'espace pour reprendre de l'air, sa tête touchant le plafond. Pris d'une quinte de toux, il regarde droit devant lui avant de plonger à nouveau. Après ce qui lui paraît être une éternité, il arrive enfin au bout du "tunnel", épuisé par tant d'efforts. Une dernière fois, il remonte à la surface, en dessous d'une planche en bois qu'il pousse de la force de ses bras avec soulagement. Les doux rayons du soleil agressent instantanément ses yeux. Au coeur d'une clairière située à l'autre bout du village, Link sort. Trempé jusqu'à l'os, il ne peut s'empêcher de grimacer. Il a froid. Cependant, rien ne vaut d'être à l'air libre qui fait gonfler agréablement ses poumons encore serrés par sa mésaventure.

Puis, une étrange mélodie, à la fois joviale et entraînante, parvient jusqu'à ses oreilles pointues. Elle semble même avoir le don d'éclater une tempête déchaînée. Intrigué, il finit par apercevoir un homme assis au pied d'un grand cèdre. Crâne chauve, vêtu d'un simple haut et short bleu ridicule, l'intéressé continue de faire tourner la manivelle d'un tourne-disque. Chaque fois qu'il chantonne, un sourire heureux se dessine sur ses lèvres.

- Lalala.... Lalala ! Lalalalalala ! chante vivement ce dernier.
Link prend le risque de s'approcher afin de l'écouter, emporté par la mélodie qui s'ancre dans sa tête.
- Oh ! remarque le musicien avec stupéfaction en continuant de jouer. Bonjour ! Êtes-vous intéressé par ce magnifique chant ? Voilà qui fait plaisir à voir ! Depuis le meurtre et la disparition de la Princesse, le monde devient fou. Personne ne prend plus le temps d'écouter mon talent ! Vous vous en rendez compte ? Il ne faut pas s'étonner que mon chant puisse provoquer une pluie incessante !
Sur ces dernières paroles, poussé par cette frustration, il agite frénétiquement la manivelle de son instrument.
- La disparition de la Princesse ? répète Link avec perplexité.
- Mais oui ! Juste la veille de son mariage en plus ! Les soldats deviennent fous, voire ivres lorsqu'ils entrent à la taverne ! raconte l'inconnu en fredonnant.
Peu pensif, Link continue d'écouter attentivement la mélodie.
- Hey, le vieux Guru-Guru ! Tu ne peux pas fermer ta maudite boîte à musique ! râle un soldat en arrivant sur les lieux.
Le regard horrifié, Link se retourne légèrement. Aussitôt, le soldat s'arrête et s'exclame :
- Tu... mais... je te reconnais ! Enfin, tu es de retour ! Alors, as-tu l'intention de faire couler une nouvelle goutte de sang, maudite réincarnation de Ganon ?
À ses mots, il siffle de toutes ses forces pour donner l'alerte.
- Argh ! Ce n'est pas vrai ! peste Link avec frustration.
Sans perdre une seconde, il s'enfuit !
- Lalala Lalala ! Un assassin s'enfuit ! Un assassin s'enfuit ! chante vivement Guru-Guru, passif devant la fuite du jeune homme.

En remontant une pente, Link entre illégalement dans un jardin. Au fond se trouve un abri pour les cocottes.

- Il est là-bas ! s'écrie un soldat au loin.
Submergé par l'anxiété, Link scrute hâtivement les alentours avant d'avancer.
- Eh ! Qu'est-ce que vous faites ici ?! s'exclame la propriétaire de la demeure en lui faisant barrage.

Les cheveux mi-longs bruns et les yeux noisette ronds, la jeune femme défie l'intrus de son regard fulminant après s'être empressée de sortir de sa maison. Sa longue robe bleue est salie par les graines qu'elle donne aux cocottes. Le capitaine, le même que la dernière fois, ainsi que deux soldats finissent par arriver à leur tour.

- Te voilà, toi ! s'exclame le leader. Ça me fait plaisir de revoir ta sale tête ici !
- Eh ! Je peux savoir pourquoi vous osez troubler le monde de mes petites cocottes ? demande la femme avec mécontentement aux soldats en tapant du pied.
- Veuillez nous excuser, madame Anju ! Mais ce fugitif... il faut l'arrêter avant qu'il ne tue encore une autre personne !
- Quoi ? Oh non, pas mes cocottes ! N'y touchez pas, assassin ou je vous jette des graines ! dit Anju paniquée en direction de Link, armée d'un petit sac de graines.
- Euh... vous vous inquiétez d'abord pour vos cocottes... ? Hum ! Soit ! Qu'on l'arrête sur-le-champ ! ordonne le capitaine en s'efforçant de rester sérieux.

Link recule, ne sachant pas quoi faire. Il ne veut pas sortir son épée par peur de blesser ces soldats.
Derrière la clôture, seule une grande falaise l'attend. Un pur suicide s'il saute. En fixant une cocotte blanche qui se promène à ses pieds, une idée malicieuse surgit aussitôt dans sa tête. À toute hâte, il s'en empare pour la soulever au-dessus de sa tête. Paniquée par cette soudaine emprise, la cocotte glousse en continu. Ainsi, Link monte sur la clôture avant de sauter dans le vide.

- Non ! Le fugitif ! hurle le capitaine avec un regard ahuri en s'approchant.
- Ma petite cocotte ! Non ! sanglote Anju avec désespoir.

Grâce aux petites ailes étonnantes de la cocotte affolée, Link parvient à planer jusqu'au sentier rocheux de la montagne de la mort. Il se retourne vers les soldats en leur lançant un sourire triomphant, content d'avoir réussi à leur échapper une fois de plus.

- Diantre ! Soldats ! Sortez votre arc et vos flèches explosives ! Et que ça saute ! ordonne le capitaine, de plus en plus agacé par ce deuxième échec qui entache sa fierté.
- Vous n'y pensez pas ! Si jamais vous osez blesser ma cocotte, non seulement je transformerai votre vie en enfer mais en plus, vous subirez le courroux des autres cocottes ! menace Anju avec un air téméraire.
Le capitaine lâche un souffle d'exaspération et râle :
- Bon d'accord ! On a compris ! Pas la peine de hurler comme une vache ! (Puis il se tourne vers ses soldats.) Vous deux, venez... Je vous paye une tournée, exceptionnellement...
- Mais il faut que nous trouvions la princesse ! rappelle nerveusement le premier soldat.
- Je m'en contrefiche ! Toute l'armée est à sa recherche en ce moment. Dans tout l'Hyrule ! On peut bien se détendre un peu quand même ! C'est même un ordre ! En avant, mauvaise troupe !
Les deux soldats obtempèrent malgré eux à l'ordre plus qu'étrange de leur capitaine.
- Ma cocotte ! pleure Anju en priant au ciel. Son absence m'affecte plus que celle de Kafei... Bouhouhou...

* * *

Au même moment, la cocotte continue d'agiter ses petites ailes, portant de toutes ses forces Link, les mains agrippées à ses pattes. Soudainement, épuisée, elle commence à perdre de l'altitude.
- Oh non... Non ! Ne me fais pas ça maintenant ! Je vais me fracasser le cou au sol ! supplie désespérément Link.

Hélas, la cocotte finit par lâcher et chuter. Les mains relâchées sous le coup de la pression, Link tombe à toute vitesse en poussant un hurlement. Au dernier moment, il s'agrippe maladroitement à une paroi rocheuse et plante son épée dans une crevasse. Tout en bas de la falaise, il constate avec épouvante la présence d'une rivière de lave bien bouillante. S'il lâche prise, ce serait la mort assurée.

- Oh... Bon sang... lâche Link avec un air exaspéré.
Avec persévérance et calme, il parvient à remonter en lâchant un soupir de soulagement une fois au bord.
- Si je suis vraiment la réincarnation du héros, chose que j'ai du mal à croire, alors je suis le moins chanceux du monde, ironise-t-il en prenant son souffle.
- Oh ! Que fait un petit bonhomme comme toi par ici ? fait une voix féminine très grave derrière lui.
Surpris, le jeune homme lève la tête avant de faire face à une créature à la peau marron clair, mi-humaine mi-rocher. Les yeux ronds comme ceux d'un chat, le crâne chauve et le ventre très arrondi, il n'y a aucun doute : il s'agit d'un Goron. Le peuple vivant dans la montagne de la mort depuis des générations.
- Ah... je... je me suis perdu. Est-ce que vous savez où se trouve l'esprit de ces lieux ? interroge Link en se levant, préférant aller droit au but.
- L'esprit de ces lieux ? Mais pourquoi ? s'étonne la Goronne en penchant la tête sur la droite. Qui êtes-vous ?
- Link. Je suis un... voyageur ! Voilà !
Abasourdie, la créature rocheuse gratte son double menton.
- Link... Mais ce prénom ! C'est le prénom d'un de mes ancêtres ! s'exclame-t-elle avec enthousiasme. Enchantée ! Je m'appelle Dounia ! La fille du chef des Gorons ! Suis-moi et vite !
Étonné, Link ne cherche plus à comprendre et la suit sans hésitation.

* * *

Une dizaine de minutes plus tard, alors que le chemin devient de plus en plus escarpé, Link éprouve beaucoup de mal à suivre la créature rocheuse. La route est sableuse. Il est vrai aussi que la chaleur ne l'aide pas. Surtout avec ce ciel clair qui est enveloppé par une fumée volcanique. Obligé d'enlever la cape qui l'étouffe tant, il s'arrête finalement pour reprendre son souffle.

- Eh ! Tout va bien ? lui demande Dounia d'un air attentionné en s'approchant de ce dernier.
- Oui... c'est juste que... c'est épuisant...
- Oh ! Voir autant de sueur sur ton front te va si bien !
- Euh...
Dounia rit avec amusement avant d'ajouter :
- Courage ! Nous y sommes presque ! Le village se trouve en haut de cette route ! Viens ! Oh ! Tu veux que je te porte sur mon dos peut-être ?
- N... non ! J'arrive à marcher ! rassure Link, loin d'être enjoué par cette étrange proposition.
- Comme tu veux !

En soupirant de soulagement, Link continue de monter cette horrible route. Mais, contre toute attente, il arrive enfin au sommet de cette longue pente sans s'arrêter de nouveau. Sous ses yeux, oscillant entre la curiosité et la stupéfaction, il découvre un petit village. Toutes les maisons sont en pierres rondes, tandis qu'un immense feu de camp illumine la place, peuplée de nombreux Gorons savourant de nombreux cailloux.

- Voici mon village ! Viens ! annonce Dounia en le conduisant jusqu'au centre.

Assoiffé à cause de la chaleur, Link regarde à peine les villageois qui le dévisagent, n'ayant pas l'habitude de voir un touriste hylien dans un endroit pareil. Puis, arrivé devant le feu, il aperçoit un vieux Goron aux longs cheveux grisâtres tombant sur ses épaules ridées. Il se tient debout à l'aide d'une canne de marche en fer.

- Oh ! Un Hylien ici ? Par tous les rochers, c'est rare ! constate-t-il d'une voix grave.
- Il s'appelle Link, popa ! présente Dounia aux côtés du chef.
- Link... Le héros légendaire... ? Ce n'est pas croyable...

Calme, Link ne lui répond pas et continue de le dévisager, prêt à en apprendre plus sur l'esprit Ordinn, mais également aussi sur la véritable nature de son sang.

Chapitre 11 : L'arène des flammes   up

fiction The Legend of Zelda : La malédiction des héros

Pendant de longues secondes, Link dévisage avec insistance le chef Goron en sentant une question lui brûler les lèvres :

- Le héros légendaire... ? Ne me dites pas que... je suis votre... votre...
- Oui ! Notre héros était un Goron tout à fait prodigieux ! Regarde cette statue au loin ! Le voici : Link ! présente le chef Goron en désignant l'oeuvre à l'aide de sa canne.

L'intéressé se retourne avant de poser ses yeux sur une sculpture de roche : un Goron aux bras musclés et levés au ciel est représenté. Son air jovial montre la fierté et le côté chaleureux du peuple. Sa barbe blanche a été magnifiquement taillée.

- Il lui ressemble, n'est-ce pas ? se demande Dounia en croisant ses poings.
- Tout à fait, ma fille ! Jadis, le Grand Yunobo, le descendant de Daruk le prodige, a nommé son fils dans l'espoir qu'il devienne à son tour une... légende éternelle ! conte le chef avec émerveillement. Et cette légende éternelle a sauvé plus d'une fois notre village !

Dubitatif, Link n'ose pas les interrompre dans leur rêverie, et gratte l'arrière de la tête.
Il y a forcément une erreur... Ils doivent me confondre avec ce héros... pense-t-il en lâchant un sourire gêné.
Mais en sentant sa gorge complètement sèche, il tire une grimace. La chaleur insoutenable lui monte à la tête et commence à brûler sa peau. De la sueur dégouline le long de sa joue gauche.

- S'il vous plaît, est-ce que je peux... avoir à boire ? demande-t-il d'une voix exténuée.
- Bien sûr ! lui répond Dounia avec amabilité avant de s'empresser de chercher de l'eau.
Link lâche un soupir, de plus en plus étourdi par le climat ardent, incompatible avec son corps.
- Dis-moi jeune étranger, quelle est la raison de ta venue ? interroge le chef Goron en grattant sa barbe d'un air sérieux.
- Je... je dois voir l'esprit de ces lieux... D'après ce qu'on m'a dit, il a des ennuis, n'est-ce pas... ? interroge Link en élevant sa voix du mieux qu'il peut.
Avec un regard soucieux, le chef hoche la tête avant de commencer à lui expliquer la situation :
- Oui... Jadis, l'esprit d'Ordinn, faisant preuve de bonté, a toujours veillé sur notre peuple. Mais depuis quelques jours, la folie l'a frappé et le torture jour et nuit. Quand nous avons appris la mort de notre sage, nous avons enfermé l'esprit dans le volcan grâce aux rochers que nous avons bombardés... Sa folie l'empêche d'utiliser sa véritable force pour le moment, mais je crains que cela ne soit pas suffisant... Le volcan ne tiendra pas indéfiniment... Nous n'aurons pas d'autres choix que d'abandonner notre village et d'essayer de vivre dans une autre contrée à notre plus grand désarroi... Même si nous voulons l'arrêter, nous ne pouvons rien faire contre lui... Oui, nous pouvons dire que nous sommes lâches. Aucun de nous n'a souhaité se rebeller. Nous avons tellement souffert par la perte tragique de l'un des nôtres qu'il nous serait insupportable de revivre cette épreuve encore une fois.

Inquiet par ce récit, Link fixe longuement le volcan.
Mais qu'est-ce qui a bien pu rendre fou l'esprit... ?
Précipitamment, Dounia les rejoint en tenant un verre de pierre.

- Tiens ! Bois-en ! C'est l'eau de la source ! dit-elle avec un sourire bienveillant.
Reconnaissant, Link hoche la tête et boit rapidement une gorgée. Soudainement, ses yeux s'écarquillent, suivi par un cri étouffé qu'il lâche en étreignant son cou à deux mains.
- Waaaah ! Ça brûle ! Vite ! De la glace ! s'affole-t-il, n'arrivant pas à rester sur place avant de chercher désespérément quelque chose de froid autour de lui.
En l'observant, Dounia et le chef gardent le sourire.
- Je pense qu'il s'agit bien du descendant du véritable Link, constate le vieux Goron d'un ton hilare. Dounia, remets-lui les équipements nécessaires. Ce petit désire nous sauver de la colère de l'esprit d'Ordinn !
- Bien père ! répond Dounia avec optimisme.

* * *

Plusieurs minutes plus tard, avec un regard désemparé, Link est conduit à la maison de Dounia. Bien que sa gorge le brûle toujours, il s'efforce de garder son calme. L'intérieur de la demeure est rempli de cailloux pour ne pas changer.

- Ne fais pas attention à ma chambre ! Je n'ai pas eu le temps de la ranger ! s'excuse Dounia en fouillant dans un coin.
- Ranger... des cailloux, murmure Link avec un air dépité.
- Ah ! La voilà !
Sous le regard curieux de Link, Dounia déplie une tunique rouge ainsi qu'un plastron en acier.
- Bon, ça sent la poussière, mais au moins, grâce à cette tenue et à la cotte de mailles en fer, tu pourras supporter la chaleur ! C'est la grande Fée qui les a rendus résistants contre le feu. En revanche, elles ne pourront pas te protéger contre la lave si tu tombes dedans.

Sceptique, Link penche la tête vers la gauche avec interrogation. Puis il enlève sa tunique verte avant d'enfiler la nouvelle tenue. Admirative de contempler le torse du jeune homme légèrement musclé sous sa chemise blanche, Dounia fait les gros yeux en joignant ses grosses mains. Gêné d'être épié comme ça, Link se retourne en déboutonnant son haut avant d'enfiler la cotte de mailles. Désormais équipé de son armure, il sent une étrange sensation parcourir son corps.

- Incroyable ! Je... je ne ressens plus la chaleur ! s'étonne-t-il avec un regard ahuri en fixant ses bras.
- Ne jamais sous-estimer les apparences ! réplique Dounia avec un large sourire. Et voici de l'eau ! Normalement, grâce à cette tenue, tu pourras boire de l'eau bouillante.
- Merci, Dounia ! la remercie Link, reconnaissant envers cette dernière.
- Allez, viens ! Je te conduis au volcan !

* * *

Au pied d'une grande paroi rocheuse, juste en face du volcan entouré par de la lave bouillonnante, Link se tient debout sur une grande planche rectangulaire en fer. Son poids plaque la première moitié au sol. Avec un regard interrogatif, il lève la tête pour observer Dounia, debout au bord de la falaise.

- Tu es prêt ? Une fois que tu seras en l'air, déploie la cape que tu possèdes pour t'envoler jusqu'à l'entrée du volcan ! Vu que le pont a été détruit par Ordinn, nous n'avons pas d'autres choix que d'effectuer cette manoeuvre. Donc, je te demande une dernière fois : tu es prêt ?
L'anxiété dans ses yeux bleus, Link lâche un soupir avant de sourire nerveusement.
- Oui... Tu peux... Mais...
Mais maintenant que j'y pense : comment vais-je faire pour revenir... ? pense Link, soudainement préoccupé.

Le signal lancé, Dounia se jette dans le vide en se mettant en boule comme un rocher. En atterrissant parfaitement sur la deuxième moitié du plancher, imposant ainsi son poids colossal, Link se fait propulser en hauteur en poussant un cri surpris. Dans les airs, il déploie aussitôt la cape noire et s'en sert comme paravoile en planant jusqu'à l'entrée du volcan. Une fois atterri au sol, il se retourne en arrière. Dounia lui fait signe de la main pour l'encourager. Afin de la rassurer, l'épéiste hoche la tête avant de pénétrer à l'intérieur du volcan sans flancher. Mais une fois sur le seuil de l'entrée, il entend un rugissement monstrueux résonner. Devinant directement qu'il s'agit de l'esprit de ces lieux, tourmenté par sa douleur, Link ne recule pas et observe prudemment les alentours. La lave et les parois rocheuses semblent être les seules occupantes de cet endroit. Aucune autre âme ne semble y vivre.

Après avoir dégluti, Link traverse un pont large et rocheux au-dessus d'une rivière toute rouge et chaude. Au milieu du trajet, une petite chauve-souris en feu le surprend ! Précipitamment, Link sort son arc et décoche sans vergogne une flèche, la pointe enflammée à cause de la chaleur, dans la direction de sa petite adversaire ailée. Le coup mortel et critique l'achève, causant ainsi la chute de son cadavre dans la lave. Hélas, le jeune homme remarque avec étonnement que son arme prend aussitôt feu. En l'agrippant à sa tunique, l'arc en bois ne s'enflamme plus. C'en est de même pour son bouclier.
Hum... Je ne devrais les utiliser qu'en cas d'urgence... pense Link avec prudence.

Résolu, il continue alors de parcourir le lieu. En remarquant les jets de lave, il n'ose pas imaginer l'effroyable température si par malheur il enlève sa tunique. Rien que le fait d'y penser le terrifie. Au loin, une double porte en fer semble l'attendre. Surpris par sa présence, Link avance et décide de l'ouvrir de toutes ses forces. En laissant échapper un gémissement d'effroi avec stupeur, il constate que la salle est peuplée de statuettes d'Hylia sur les murs, identiques à celles du temple de Firone. Jamais il n'aurait pu croire qu'un temple de prière se trouvait au coeur du volcan.

Malgré l'horrible chaleur et le poids du temps, les murs et le sol pierreux sont restés intacts. Sans perdre une seconde, il arpente la salle. Plus il avance, plus il sent le stress monter en lui. Encore une fois, l'esprit d'Ordinn hurle de douleur. À maintes reprises, les murs s'ébranlent. C'est comme s'il se frappait avec violence pour se libérer de sa souffrance. En montant les petites marches raides, Link finit par pénétrer dans une nouvelle pièce, ressemblant cette fois-ci à une arène de combat. Le sol est rempli de sable, tandis que quatre torches, accrochées à chaque coin de la salle arrondie, l'éclairent.

Avec insouciance, son pied droit se pose sur une dalle à moitié cachée, activant instantanément un mécanisme. Une chaîne en fer sort rapidement de la stèle au milieu de la salle, en plein centre d'un cercle gravé au sol, et entoure fermement la cheville droite de Link. En lâchant un cri d'effroi, il s'empresse de se libérer. Mais en vain. La menotte ne s'ouvre pas. Elle est très résistante. Puis, la deuxième porte s'ouvre sous le regard paniqué de Link qui reste pétrifié.

Lentement, un soldat, dangereusement armé, équipé d'un casque et d'une armure en argent, entre dans la mystérieuse arène. Il tient un gros boulet en métal dans ses deux mains. Tout comme Link, son pied gauche est également tenu par une chaîne, reliée à la stèle. Seulement, l'épéiste ne parvient pas à deviner sa véritable apparence : un homme ou un monstre ? Les bruits de pas lourds, faisant résonner à plusieurs reprises la menace, le soldat charge le boulet en direction de Link. N'ayant pas eu le temps d'esquiver, le jeune homme reçoit un violent coup au ventre avant d'être propulsé brutalement au mur. En crachant des gouttes de sang, sous le coup de l'horrible douleur qui élance son corps, il respire avec difficulté. À peine remis de cette douleur atroce, il est brutalement tiré vers l'avant comme un cadavre par la chaîne fixée à son pied droit.

Au centre de la salle, l'étrange cercle au sol s'illumine alors, et s'ouvre avec un grincement mécanique, révélant en contrebas un lac de lave. De la fumée s'échappe abondamment du piège mortel, vers lequel Link est attiré petit à petit. Avec horreur, il finit par comprendre qu'à chaque coup qu'il reçoit ou qu'il se fait propulser en arrière, la chaîne le tire vers le précipice pour le conduire à une mort certaine. Même l'armure inflammable ne pourra pas le protéger de ce destin néfaste. Épouvanté, Link se lève maladroitement, la main droite plaquée sur son ventre, tremblant de douleur, avant de dégainer son épée. Le regard à la fois froid et anxieux, il serre les dents en prenant une position défensive face à son adversaire. Comme une furie, l'imposant soldat accourt et lance violemment le boulet dans sa direction. Avec beaucoup de mal, Link esquive en exécutant une roulade sur sa droite. L'arme frappe avec fracas le mur, laissant à présent un énorme trou. Désespérément, l'épéiste s'empare de son arc. Bien que les flammes dansantes s'emparent de l'arme en bois, il tire aussitôt une flèche sur son opposant. Hélas, l'armure, aussi résistante soit-elle, repousse sans aucun mal la pointe.

En tiquant, Link scrute les alentours pendant que le soldat tire la chaîne de son boulet pour le traîner au sol. Subitement, il constate que ce dernier, malgré sa force monstrueuse, est plutôt très lent. La main toujours posée sur son ventre et le sang dégoulinant du coin de ses lèvres, il agite son épée avec une idée en tête. Une fois le boulet à la main, le soldat le lance dans sa direction. Précipitamment, Link esquive et exécute une charge avec férocité. Désemparé, son ennemi lance la boule métallique en hauteur pour le récupérer le plus rapidement possible. Trop tard, l'Hylien enchaîne les coups afin de le faire reculer au moment où le boulet tombe au sol, proche de lui. Brutalement, grâce à sa force, le soldat empoigne l'épée du combattant et la jette au fond de la salle en même temps que son porteur. Au sol, Link sent la chaîne tirer instantanément son pied droit vers le milieu de la salle. Plus que deux mètres et il tombera dans le trou.

Le corps engourdi, il se lève. L'affolement le gagne de plus en plus et sa respiration s'accélère. Le chevalier du volcan enchaîne plusieurs coups de boulet, désirant le voir s'écraser sous son arme. Au dernier moment, Link sort son bouclier, en feu, pour se défendre contre un coup peu puissant. Soudainement, il sent une odeur désagréable : une odeur de matériau brûlé. En effet, à force d'atterrir au sol, le sable a fini par se coller au boulet, notamment sur la chaîne. Le feu du bouclier brûle les grains sans aucune hésitation. Une soudaine idée surgit dans la tête de Link.

Perdant patience à cause du combat qui commence à s'éterniser, le bourreau enchaîne à nouveau ses attaques, aussi prévisibles les unes que les autres. Link continue de les esquiver, tout en faisant attention à ne pas reculer. Une fois le milieu de la chaîne de l'arme dans le sable, il se jette précipitamment et plaque le bouclier en feu par-dessus. Une odeur, de plus en plus insoutenable, s'en dégage. Même si le feu brûle légèrement la main droite de Link, il s'efforce de supporter la douleur afin de faire briser le milieu de la chaîne. Une fois que cette dernière se casse, sous l'effroi du soldat, Link lève la tête avec détermination malgré la souffrance présente dans ses yeux.

De toutes ses forces, il s'empare de l'autre partie, le boulet au bout de la chaîne, avant de la soulever et la diriger en direction de son menaçant adversaire. L'armure lui donne également la force de s'en servir. N'ayant plus aucun moyen de se défendre, le soldat recule inconsciemment. La cruelle chaîne du destin le tire sans cesse vers le trou. Ignorant sa douleur, Link ne renonce pas et continue de répéter les coups de toutes ses forces. Finalement, au bord du vide, le mystérieux soldat commence à perdre l'équilibre. Une dernière fois, Link lui donne un coup critique de boulet en poussant un cri de révolte. Mais alors qu'il s'apprête à tomber, le soldat tire la chaîne de Link dans l'espoir de l'entraîner dans sa chute.

Tiré vers le vide, Link pousse un hurlement d'horreur, le regard posé sur la mort qui l'attend en bas. Seule la moitié de son corps se trouve dans le trou. En s'agrippant désespérément au rebord grâce à son épée plantée au sol, la main droite sur le pommeau, Link constate avec affolement que le soldat s'accroche au bout de sa chaîne pour ne pas tomber. Sa cheville droite, tirée de plus en plus fort, commence à le faire grimacer. Il a l'impression de sentir sa jambe se déchirer. Désespérément, bien que le risque soit grand, il ferme les yeux en tirant hâtivement le boulet vers lui grâce à sa main gauche avant de l'élancer en l'arrière. À toute vitesse, l'arme imposante tombe dans le trou et percute le soldat avec violence, qui lâche prise et tombe dans le lac. La mort brûle à présent son corps. Très affaibli, Link n'arrive plus vraiment à tenir. En pensant à sa vie comme motivation pour survivre, notamment à sa famille, Pawel et Emilia, il lève la tête vers le plafond rocheux, la respiration haletante.

- Je ne peux... pas mou...rir... On m'attend... se dit-il pour se donner du courage.

Alors qu'il s'extirpe du trou en puisant dans ses dernières forces, la plateforme se referme, révélant à nouveau le symbole au sol. La menotte entourant la cheville droite de Link se brise une bonne fois pour toutes. Au même moment, la grille de l'autre côté s'ouvre. Écroulé au sol, il rampe loin du trou, de peur qu'il ne s'ouvre encore une fois sous ses pieds. Le corps tremblant après avoir frôlé la mort de si près, Link chasse le sang de ses lèvres frémissantes de peur. Son ventre bleui par le coup violent le fait atrocement souffrir. Sérieusement blessé, il ne peut s'empêcher de gémir de douleur, le regard délirant.
Hélas, à proximité, il remarque que le bouclier que lui a offert Romani, le jour de son départ, est à présent en cendres. À la fois triste et soulagé, il ferme les yeux avant de murmurer :

- Merci Romani... C'est toi qui m'as sauvé la vie... Quand tout sera terminé, je rentrerai et je continuerai à te lire des contes pour te revoir sourire. Tout comme Malon et Talon...

Faiblement, il se lève. En ignorant ouvertement la stèle qui conte "Le combattant le plus faible et lâche sera brûlé pour l'éternité...", le vainqueur quitte l'arène.

Chapitre 12 : La proposition   up

fiction The Legend of Zelda : La malédiction des héros

Link monte les escaliers avant de pénétrer dans le coeur du volcan. Malgré le combat éprouvant qui a failli lui coûter la vie, le courage continue de hurler en lui comme une bête avide de puissance. Même si la peur résonne en lui, il ne veut pas reculer.

Soudain, il distingue une grande paroi rocheuse au centre, accessible uniquement grâce à un pont en pierre. Le lac de lave encercle cette deuxième arène, tandis que le plafond est dissimulé par l'obscurité. Sur ses gardes, entouré par la brume volcanique, Link traverse le pont en retenant son souffle. Une fois arrivé au centre de la plate-forme, il balaye les alentours d'un regard méfiant. Cependant, aucune trace de l'esprit d'Ordinn. Puis, une petite secousse retentit. En retenant sa respiration, Link se retourne et dégaine son épée en position de médiane.

Tout à coup, un dragon rouge au corps ardent, les flammes dansantes le long de sa crinière rouge comme le feu, sort du lac de lave en poussant un rugissement épouvantable. Ses yeux, possédés par une folie meurtrière, sont blancs et ses crocs ressortent, prêts à déchiqueter avec violence ses prochaines proies. En colère de voir un "visiteur" dans son antre, l'énorme bête se dirige comme une furie dans sa direction. Link esquive en effectuant une roulade sur le côté. Après l'avoir observé attentivement, il remarque un étrange oeil sur le dos de l'esprit : une pupille rouge, bordée par une paupière visqueuse qui s'agrippe sur ses écailles rougeâtres.

En déduisant que ce parasite est la cause de la souffrance d'Ordinn, Link accourt et se cramponne à la queue du dragon volant pour remonter sur son dos. L'esprit corrompu agite aussitôt son corps dans tous les sens en poussant des hurlements de douleur. Avec beaucoup de mal, Link continue d'escalader malgré la chaleur qui le fait grimacer. Sa main gauche brille à nouveau, comme si elle veut le protéger des flammes dansantes qui se dressent sur son chemin. Arrivé juste en face de l'oeil, il élance son épée en hauteur pour le trancher. Hélas, la paupière visqueuse se déforme pour l'éjecter au dernier moment. Pris au dépourvu, Link tombe. Mais au moment propice, en écoutant son instinct, il s'empare de son arc et vise avec précision l'oeil.

La flèche, décochée malgré les flammes qui la consument, atterrit en plein milieu de la pupille. Stupéfait d'avoir réussi du premier coup, une fois atterri sur la petite plate-forme ébranlée continuellement par les secousses, Link regarde son arc avec stupéfaction avant d'assister impuissant à la souffrance de l'esprit. En agitant son long corps dans tous les sens, le dragon d'Ordinn pousse cette fois-ci un cri rauque vers le plafond avant de se laisser tomber sur le sol de l'arène, complètement essoufflé. Paniqué, l'oeil se détache enfin de son corps et rebondit comme une balle pour s'enfuir. N'éprouvant aucune pitié, Link s'élance pour le trancher en deux. Misérablement, les deux parties tombent avant de brûler, consumées finalement par l'insoutenable chaleur.

La respiration haletante, Link s'essuie le menton et se retourne avec méfiance. À sa grande surprise, le dragon, les yeux dorénavant dorés, a repris conscience. Bien qu'il soit encore faible, il lève la tête et pose un regard reconnaissant sur son sauveur.

- Alors, comme ça... nous nous retrouvons à nouveau, porteur du courage. Tu n'as pas énormément changé, constate-t-il en lâchant un léger rire de bienveillance. Tu me sembles même être plus calme.
- Vous... vous avez retrouvé vos esprits... constate Link avec soulagement.
- En même temps, j'en suis un ! Ha ha ! Mais, je dois t'avouer que je ne me rappelle pratiquement de rien depuis que j'ai senti une effroyable douleur sur mon dos... Je pensais même en perdre les écailles. Allons ! Sais-tu où se trouve Goni, le sage de ces lieux ?
Tristement, Link baisse les yeux avant de lui répondre :
- Mais vous l'avez...

Il se mord la langue pour ne pas poursuivre sa phrase, ne voulant pas que l'esprit se sente coupable de quelque chose qu'il n'a pas commis volontairement. Finalement, il s'abstient en fermant ses paupières.

- Il est mort en essayant de vous sauver... ment-il sur un ton froid.
Les yeux écarquillés, le dragon rugit tristement en baissant la tête, abattu par cette nouvelle.
- Non... Dire qu'il protégeait ce temple et qu'il condamnait les vils êtres démoniaques à la mort... C'est... c'était mon fils...
Devinant avec facilité que l'esprit évoque l'arène, Link ne peut s'empêcher de sentir une profonde amertume en repensant au combat de la mort qu'il a mené péniblement.
- C'est pour cela qu'il y avait cette maudite arène avec cette créature... constate-t-il avec froideur.
- Oui... pardonne-moi. Tu es passé par l'entrée des condamnées, chose dont peu de Gorons sont au courant.
Soudainement, Link lâche un gémissement de douleur. La souffrance provoquée par les coups qu'il a reçus surgit à nouveau.
- Il est temps de te ramener au village. Tu es faible comme un asticot, constate Ordinn en désirant se reprendre malgré la tristesse dans sa voix. Je te remercie de m'avoir sauvé encore une fois, Link.

Surpris que l'esprit connaisse son prénom, l'intéressé le fixe longuement avec un regard poignant. Ainsi, il monte sur le dos du dragon. Avide de puissance, Ordinn hurle et vole à toute hâte en direction du plafond avant de le briser avec facilité. Subitement, le symbole sur la main de Link s'illumine ! Dans le village des Gorons, une grande foule s'est rassemblée sur la place centrale et observe avec inquiétude le volcan. À leur grande surprise, le sommet explose. Une silhouette ailée s'envole vers le ciel baigné dans la lumière dorée. Des rayons, aussi doux que ceux d'un soleil, s'étirent sur ces terres.

- C'est... c'est Link ! reconnaît Dounia avec soulagement. Mais... il chevauche le dragon Ordinn !
Alors que la nouvelle se répand et impressionne tous les Gorons, le légendaire dragon dépose Link à l'entrée du village. Plus serein, il lève la tête vers le ciel.
- Cette douce lueur qui brille dans le ciel me rappelle tant ton prodigieux pouvoir, ainsi que celui de Zelda.
- Zelda... ? répète Link, aussitôt curieux. Vous l'avez rencontrée ?
- Oui... vous étiez si proches après tant de disputes et d'incompréhension... Tu l'as protégée et chérie jusqu'à la mort.
Les yeux écarquillés, Link le dévisage longuement dans l'espoir d'en apprendre plus malgré la confusion. Mais les mots lui manquent.
- Je suis si heureux que tu sois revenu pour sauver Hyrule. Mais s'il te plaît, quoi qu'il arrive, si tu rencontres la princesse Zelda de ce nouveau cycle, ne laisse pas les larmes te ralentir et l'assurance t'envahir comme il y a un siècle... Laisse brûler ton courage encore une fois.
Alors que l'esprit est sur le point de disparaître pour reprendre ses forces en tant que source du volcan, Link accourt dans sa direction.
- Une seconde ! Vous parlez bien de Link, le héros des Gorons, n'est-ce pas ?
- Non, je parle bien de Link, le véritable héros d'Hyrule. Je prierai pour toi avec Firone et Lanelle lorsque tu l'auras délivrée de son sommeil.

Ainsi, le dragon disparaît et de nombreuses perles de lumières rouges retournent au volcan. Bouleversé, Link ne comprend qu'à moitié la situation. Tremblant, malgré le soulagement d'avoir réussi à survivre, il s'écroule de fatigue.

* * *

Dans son rêve, en voyageant au sein de la terre infertile, le ciel rouge est soudainement recouvert par de grands nuages noirs évoquant la mort. De nouveau, il est confronté à l'horrible entité à deux cornes qui se dresse devant lui. Cette fois-ci, Link dégaine son épée avec détermination. Mais alors qu'il s'apprête à l'attaquer, un effroyable hurlement retentit derrière lui.
- Emilia ? s'inquiète-t-il en se retournant.
Brutalement, une épée transperce sa poitrine. Le regard horrifié, Link voit son sang couler. Son corps se penche vers l'arrière, à présent inerte.

* * *

En sursaut, Link ouvre ses yeux terrifiés, le coeur battant d'anxiété.
- Oh là là ! Ça va ? s'inquiète Dounia au chevet de ce dernier.
Désormais assis sur un rocher qui lui a servi de lit, Link récupère peu à peu sa lucidité. Bien que ça ne soit qu'un horrible cauchemar, la douleur dans sa poitrine était bien réelle. Il a réellement ressenti cette épée le transpercer.
- Dou... Dounia... Oui, je vais bien... rassure-t-il d'une voix nerveuse en posant la main sur son thorax, craignant de mourir d'un moment à l'autre.
- Lorsque je me suis rendu au pied de la falaise, je t'ai trouvé inconscient au sol. Mais dire que tu as réussi à calmer la fureur du dragon d'Ordinn... c'est incroyable.
Désormais réveillé, Link repense aux derniers évènements. Tout est allé si vite pour lui.
- Quand tu iras mieux, mon père voudrait que tu le rejoignes devant la statue du héros ! dit Dounia en se frottant les mains. En attendant, je te laisse te reposer. Ainsi, la Goronne quitte sa chambre, laissant Link seul.

Emilia... J'espère que tu vas bien et que tu es bien en sécurité avec les Korogus et Épona... Si seulement je pouvais te voir.
Sentant son coeur palpiter par cette douce envie qui éclipse la mort qu'il avait rencontrée dans son cauchemar, Link esquisse finalement un léger sourire. Pendant un instant, il parvient à oublier les récents événements auxquels il a dû faire face tout seul. Même si les dernières paroles de l'esprit d'Ordinn ne cessent d'augmenter sa curiosité.

* * *

Quelques heures plus tard, après s'être bien reposé, Link rejoint comme convenu le chef devant la statue du village.
- Oh ! Te voilà mon petit. Eh bien, on peut dire que ça a dû être fatiguant pour toi, déclare le vieux Goron avec une grande reconnaissance. Mais nous te devons une fière chandelle, Link. C'est pourquoi je te laisse l'honneur de réaliser le voeu de ma fille.
Dounia s'approche et gratte l'arrière de sa tête avec un sourire gêné.
- Le voeu ? répète Link avec un sourire intrigué.
- Celui de l'épouser !

Pendant plusieurs secondes, un silence règne. Alors que Dounia sent ses grosses joues rougir, Link se statufie, imitant inconsciemment la statue du Goron légendaire. Peu à peu, son regard s'horrifie.

- L'é.... l'épou... l'épou...
- Elle n'a pas de poux, je te rassure ! Tu sais, Douina a toujours rêvé d'épouser un Hylien, même s'il y a tant de différences entre nos deux espèces. Mais exceptionnellement, je lui accorde ce droit ! Surtout que tu n'es pas aussi prétentieux que le héros venu nous sauver il y a cent ans. Je suis sûr que vous ferez de beaux mariés demain soir et que vous aurez beaucoup d'enfants.

Abasourdi, Link tremble en se forçant à sourire nerveusement. Rien que d'imaginer ce mariage, à la fois insensé et ridicule, son visage pâlit comme s'il avait envie de vomir. Il veut fuir le plus loin possible.

- Épouser... un Goron ? Des enfants mi-Hyliens et mi-Gorons ?
- Oh Link ! s'exclame Dounia en le fixant avec des yeux émerveillés. Je ferai tout pour te rendre heureux ! Tu sais, dès que je t'ai vu pour la première fois, j'ai su immédiatement que tu étais le rocher de ma vie ! Et puis, tu n'as pas un coeur en pierre aussi !
Gêné de se trouver dans une situation aussi loufoque, Link serre les dents, loin d'être enjoué.
- Alors ? Quelle est ta réponse ? insiste à nouveau le chef des Gorons.
- Je... je... gémit Link en cherchant les bons mots. Écoutez, sachez que votre proposition me touche dans un... certain sens mais... je ne peux pas accepter !
Tristement, Dounia baisse la tête, ne cachant pas sa déception devant Link.
- Oh... dans un certain sens, je m'en doutais. Ton coeur doit être déjà pris alors... Pendant ton sommeil, tu n'as cessé de prononcer le prénom Emilia.

Surpris, Link ne lui répond pas. Il est vrai que lui aussi, s'est rapidement attaché à Emilia et ressent l'envie de la protéger en restant à ses côtés. Bien qu'il en sache très peu sur elle, il n'aspire qu'à une chose : revenir à la forêt Korogu pour la revoir.

- Mais bon ! Si c'est le cas, je vous souhaite tout le bonheur du monde, et surtout : faites de beaux bébés ! s'exclame Dounia, la tristesse aussitôt envolée. Père, c'est décidé : je veux me marier avec un Goron ! Comme le grand Link sur cette statue !
- Dounia... Tu sais que ton bonheur compte plus que tout au monde, ma chère fille. En prenant cette décision plus que... naturelle, tu fais preuve d'une grande sagesse. Surtout après avoir aidé Link et en priant de tout ton être à la statue d'Hylia pour son salut. Je suis si fier de toi, déclare le chef avec un sourire attendrissant.
- Père, je ferai tout pour être la meilleure chef des Gorons ! Quant à toi Link, ne tarde pas à la retrouver !

Malgré la proposition de mariage qui l'a terrifié sur le coup et le rouge qui lui monte aux joues, Link ne peut s'empêcher d'admirer Dounia pour son optimisme, peu importe les situations. Un exemple qu'il aimerait bien emprunter des fois. En regardant à nouveau la statue du Link Goron, il commence à se poser de plus en plus de questions sur le héros qui lui ressemble tant. Bien que ses exploits aient été marquants, son prédécesseur a l'air d'être bien différent.

* * *

Ainsi, après avoir fait ses adieux au peuple Goron, Link quitte le village, l'esprit plus serein. Même s'il doit passer encore par Cocorico, il préfère ne pas penser au pire. Discrètement, il escalade une falaise rocheuse en plantant son épée à plusieurs reprises pour y parvenir. Arrivé à nouveau dans le jardin des cocottes d'Anju, il remet sa cape noire avant de marcher hâtivement.

Cependant, le jeune homme entend des chahuts au centre du village, juste en face de la chapelle. Pratiquement tous les villageois se sont regroupés. Intrigué, Link s'empare d'un bâton en bois et baisse la tête en marchant comme une vieille dame au dos courbé. Il reste discret, mais veut connaître la raison des éclats de mécontentements au coeur de la foule. Devant la porte noire de la chapelle, le capitaine de l'armée est au centre de l'attention, et tient entre ses bras une sorte de toile cachée sous un drap blanc.

- Comme vous le savez, la Princesse de notre Royaume a disparu depuis peu ! Est-ce que l'un ou l'une de vous a aperçu une jeune fille de dix-sept ans, avec de longs cheveux dorés et des yeux bleus ? demande-t-il, sa tête cachée sous son heaume.
- Cette maudite princesse ! Je suis sûre qu'elle s'est enfuie pour ne pas épouser le comte Vadel ! À cause de ses caprices, Hyrule court un grand danger pendant qu'elle se balade dans la nature comme un rat ! râle une villageoise mégère en exprimant son mépris.
- Peut-être que le comte Vadel est si laid que ça pour qu'elle l'épouse. Elle a sûrement préféré se trouver un autre homme bien plus beau... plaisante Ingo, à moitié ivre. Beau comme moi...
- En tant que princesse du royaume, son devoir est de s'occuper des affaires du peuple en premier ! Ses sentiments ne sont pas aussi importants !

Bien que Link comprenne leur inquiétude, il ne peut s'empêcher de trouver leurs propos blessants, voire très égoïstes. La réaction des habitants lui semble totalement exagérée. Il se sent peiné pour la princesse qui l'intrigue tant.

- Voyons, du calme ! ordonne le capitaine en tapant la pointe de sa lance au sol pour calmer la foule. Je ne réclame pas vos commentaires mais votre aide ! Si la description ne vous aide pas, alors peut-être que son portrait peut vous aider !

Tout à coup, il retire le drap avant de dévoiler l'oeuvre. La toile représente une jeune fille assise sur un fauteuil rouge luxueux. L'arrière-plan est un mur marron foncé, austère et sans vie. Ses longs cheveux dorés tombent en cascade sur ses épaules nues, tandis que ses yeux bleus sont envahis par une tristesse accaparante malgré le léger sourire qu'elle s'est forcée d'esquisser pour le peintre. Elle porte une longue robe bleu foncé et majestueuse ainsi que de grands gants blancs, les mains croisées sur ses genoux.

- Mais ma parole, on dirait qu'elle est triste sur cette peinture... remarque une villageoise avec étonnement. Elle est même sur le point de pleurer.

Surpris par la beauté de leur princesse malgré sa mélancolie affligeante, les habitants restent figés en gardant leur calme. C'est la première fois qu'ils parviennent à mettre le prénom de Zelda sur le visage de cette dernière. Cependant, Link est le plus choqué. Horrifié, il retient sa respiration du mieux qu'il peut pour tenter de garder son calme malgré les douloureux battements de son coeur qui cognent contre sa poitrine. Ce n'est pas la princesse Zelda qu'il voit sur la toile. C'est Emilia.

*******************

Partie parodique :

Dans la source d'eau chaude, Link est assis en profitant de son bain.
Link : Enfin un peu de repos... Cela fait du bien *-* ... Hum... N'empêche, je n'ai pas eu de chance jusqu'ici... Après avoir failli me faire griller comme un steak il y a peu de temps, franchement, ce n'était pas glorieux... En même pas une semaine, ma vie a bien été chamboulée... Mais bon, c'est grâce à l'espoir que je vis encore *-* Je crois qu'au fur et à mesure que l'histoire avance, je deviendrai courageux ! *-* Si on me voit encore torse nu, ce n'est pas pour être uniquement une décoration après tout ! C'est bien pour enflammer le coeur des fans ! Oh oh *-* ( J'espère qu'Emilia ne le saura jamais ! :) )
.... : Je confirme mon Linkounet !
Link : o__o * se retourne sur sa droite *
Dounia à côté de lui dans la même source : Quand je te regarde, mon coeur s'enflamme *///* Dommage cependant que tu n'aies pas des cailloux tout en bas. Mais ne t'en fais pas : je t'aime pour ce que tu es *-* Viens me faire un gros câlinou !
Link : o____o....
Dounia : Hihi... :D
Link : NOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!!!!! * avant de plonger pour fuir *
Dounia : Oh il est si romantique ! Ma proposition l'a noyé tellement il en est ému !

* Au même moment, à la forêt des Korogus *
Emilia : Je me demande ce que Link peut bien faire... Oh Link... Il me manque tellement, snif...
Falgus : Ne t'en fais pas, je suis sûr qu'il est en train de sauver le dragon d'Ordinn. Je le vois mal séduire une fille :D

Chapitre 13 : La proposition   up

fiction The Legend of Zelda : La malédiction des héros

Au pied du grand Arbre Mojo, sans âme, Emilia examine attentivement la racine. Depuis le départ de Link, elle aide les Korogus à surmonter leur chagrin. Elle s'occupe également d'Épona du mieux qu'elle peut. En effleurant la tige de la nouvelle pousse, un sourire bienveillant se dessine sur le visage de la jeune femme.

- Emilia ! l'interpelle Falgus au loin, tout joyeux. Link ! Il... il arrive !

Surprise, Emilia se lève en sentant son coeur s'affoler, heureuse de le savoir sain et sauf. Tous les Korogus accueillent chaleureusement Link. Soulagé de le revoir en entier, Falgus se jette dans ses bras. Malgré le malaise, Link se force à lui sourire, touché par son accueil. Mais une fois en face d'Emilia qui a rejoint les autres Korugus, son visage se décompose. Son regard devient plus froid, brisant ainsi toute trace de bien-être.

- Link ! Dieu merci, tu vas bien ! s'exprime-t-elle en s'approchant de ce dernier.
Contre toute attente, Link s'agenouille et appuie son bras gauche contre sa poitrine. Éberluée par ce soudain geste évoquant le respect envers une royauté, Emilia s'arrête en adoptant un air dubitatif.
- Lin... Link ? souffle-t-elle.
- Je suis de retour, votre Majesté... lui annonce Link d'une voix monotone, le visage dépourvu d'émotion.
Les Korogus ne prononcent aucun mot. Avec la plus grande difficulté du monde, Emilia se force à lui sourire nerveusement pour dissiper ses traits déconcertés. Puis finalement, elle éclate de rire.
- Voyons, Link ! Tu as dû boire à la taverne avant de venir ici ! Moi ? Une princesse ? C'est impossible !
- Mais je n'ai jamais dit "princesse", votre Majesté... lui répond sèchement Link en levant la tête, désormais certain. Alors donc c'est vrai... vous êtes la Princesse Zelda. Celle qui s'est enfuie du château, il y a peu.

Trahie par sa maladresse, les mains tremblantes d'Emilia se joignent au niveau de sa poitrine. Elle se retourne pour fuir le regard insistant de son ami. Link se lève, à la fois confus et énervé.

- Mais pourquoi m'avoir caché la vérité ? Si vous me l'aviez révélé pour m'ordonner d'agir selon vos désirs, alors je me serai...
- Je ne te vois pas comme un larbin de service, Link, coupe aussitôt la princesse en croisant de nouveau son regard sérieux. Si je ne t'ai rien dit, c'est pour une raison. Ce n'est pas par manque de confiance en toi, mais je ne voyais pas l'intérêt de t'avouer la vérité... Princesse ou simple roturière, à part l'argent, quelle différence ?
- Justement ! Il y en a bien une ! tonne aussitôt Link. Le peuple vous réclame et exprime ouvertement son mécontentement ! Tout le monde remue ciel et terre pour vous retrouver et pour vous voir mariée... Il faut que vous rentriez au royaume avant que les choses n'empirent comme un coup d'état et...
Cédant à la panique à l'idée de revenir au château, Emilia recule brutalement en secouant plusieurs fois la tête d'un geste négatif.
- Non ! Pitié, Link ! Ne m'emmène pas là-bas ! Je ne veux pas rentrer ! supplie-t-elle d'une voix fragile comme une petite fille apeurée. Si jamais tu comptes m'emmener dans cet endroit... alors je... je...

Plutôt que de terminer sa phrase, elle sort son poignard et l'approche, lentement mais avec résignation, de son propre cou, prête à se trancher la gorge à tout moment. Elle conserve son calme.
Choqués par cet épouvantable chantage, les Korogus poussent un cri d'effroi, tandis que Link essaye de garder son sang-froid malgré la peur luisant dans ses yeux azur, hésitant à s'approcher d'elle. Au bout de plusieurs secondes de silence, Emilia baisse le poignard en esquissant un sourire attristé.

- Si tu le fais, voilà ce qui m'arrivera exactement... Il est hors de question que je perde la vie avant de m'assurer que l'avenir paisible d'Hyrule ait lieu sans encombre... C'est justement pour protéger mon peuple que j'ai quitté le royaume, et non pour le condamner à une mort certaine lorsque la réincarnation de Ganon retrouvera toute sa puissance grâce aux cicatrices de nos terres... Libre à toi de me croire ou non. Mais sache une dernière chose : si je t'ai caché mon identité, c'était justement pour que tu me voies comme une simple jeune fille et non comme une princesse...

En sentant les larmes lui brûler les yeux, elle tourne les talons pour s'éloigner de Link, le plus loin possible. Link n'ose pas aller à sa poursuite et croise ses bras engourdis. Son coeur tambourine contre sa poitrine. Falgus s'approche de son ami pour le soutenir.

- Monsieur Vert, Madame Bleue est... hum... la Princesse Zelda est vraiment une personne adorable... Tu dois continuer de croire en elle. Tu sais, pendant ton absence, elle n'a jamais cessé de prier pour toi en espérant que tu reviennes vivant. Elle était souvent triste... Ça se voit qu'elle tient beaucoup à toi : comme maman tenait à papa.
Réconforté par ces paroles qui apaisent peu à peu son coeur, Link s'agenouille pour caresser affectueusement la tête du Korogu.
- Merci, Falgus, remercie-t-il d'une voix sincère.
Falgus lui adresse un sourire timide.
- Oh ! Regardez ! s'écrit un autre Korogu, les yeux rivés sur l'Arbre Mojo.

Tous, Link y compris, se retournent d'un bloc dans cette direction. En effet, béni par la lumière dorée du soleil, la racine gesticule. Intrigué, l'Hylien s'approche, suivi par quelques Korogus qui avancent avec prudence derrière lui. Soudainement, la grande feuille s'immobilise, tendue comme une corde à violon vers le haut. Alors que Link s'apprête à la toucher du bout de ses doigts tremblants, un étrange petit être surgit tout à coup du sol en criant :

- Bonzouuuur mes amis !
Pris par surprise, Link trésaille, tandis que les Korogus s'exclament de stupéfaction. Devant eux, un gros bourgeon, esquissant un sourire très enfantin, bouge tout doucement ses toutes petites branches.
- Mais qu'est-ce que ? s'étonne Link, tant ébahi par cette découverte.
- Ze suis le nouveau Arbre Mozo ! Zaque fois que mon âme meurt, ze me réincarne ! zozote le bourgeon Mojo, encore trop jeune pour bien articuler.
- Vénérable Arbre Mojo ! se réjouit Falgus en courant vers lui avec les autres amis.
- Nous avons cru vous avoir perdu à tout jamais ! lui avoue Mina, les larmes aux yeux.
- Z'est zurtout grâze à la prinzezze Salade que ze suis de retour ! Elle a pris zoin de moi ! Zi vous la voy... vochez, dites-lui merzi de ma part !
- Vénérable Arbre Mojo ! C'est Zelda, pas salade ! ricane Falgus, amusé par l'âme enfantine de l'esprit de la terre, lui qui a été toujours sage et droit.

En retrait, Link sourit, désormais rassuré. Les Korogus se réjouissent de retrouver l'Arbre Mojo sous une autre forme. Cependant, la préoccupation du jeune homme est à la hauteur de son soulagement. Alors qu'il scrute les alentours, son regard se pose sur une Princesse de la Sérénité. Les pétales, bleues et blanches, sont contemplatifs et semblent avoir le don de chasser la tristesse.

* * *

Une bonne demi-heure plus tard, les nuages, porteurs des larmes de la nature, dissimulent le soleil rayonnant d'espoir. Assise au pied d'un grand chêne dressé à l'extérieur du village, les branches couvertes de feuilles rousses, Emilia regarde fixement le dos de sa main droite : le deuxième fragment légendaire. Maussade, elle baisse la tête avant de sentir quelque chose frôler avec douceur sa joue droite. Lentement, elle lève les yeux pour apercevoir une jolie fleur : la Princesse de la Sérénité, tendue par Link agenouillé à ses côtés. Surprise de le revoir de sitôt, la princesse le dévisage avec une profonde mélancolie avant de détourner son regard. Calmement, Link s'assoit en plaquant mieux son dos contre le tronc. Il fait tournoyer la fleur dans sa main.

- Votre Altesse... Je suis désolé de vous avoir mise mal à l'aise, tout à l'heure. Ce n'était pas mon intention. Tout ce que je voulais, c'était de vous savoir en sécurité. Surtout que votre fiancé doit s'inquiéter pour vous, se justifie-t-il en tenant d'insuffler de l'apaisement dans sa voix un peu tremblante.
En pensant au mariage prévu, il sent son coeur battre à tout rompre. Le fait d'y penser, il sent son estomac se tordre de douleur.
- Il ne s'inquiètera pas pour moi... lui répond calmement la princesse, décidée à entamer la discussion.
Avec discernement, Link se retourne mieux dans sa direction, tout ouï. Zelda lève la tête vers le ciel gris, ses deux grandes mèches bercées par la brise froide.
- C'en est de même pour mon père... Depuis la mort de ma mère, la défunte Reine Emilia, il s'est donné à corps perdu aux affaires du royaume. Il ne me regarde plus. Les seuls instants où il m'a adressé la parole, c'était uniquement pour me mettre la pression. Devenir une princesse exemplaire qui doit toujours méditer, prier et parler avec sagesse. Tout comme mes ancêtres qui ont réussi à contrôler leur pouvoir, à protéger leur peuple et, surtout, à protéger l'élu du courage au péril de leur vie. Mais la noblesse m'a toujours écoeurée. Depuis que ma mère nous a quittés pour l'éternité, la noblesse a corrompu le coeur de mon père... Mais pas le mien...

Tel un confident, Link l'écoute, sans l'interrompre. Emilia réprime les larmes en essayant de contenir sa rancoeur et sa mélancolie.

- Il y a quelques jours, un certain comte Vadel est entré au château et a demandé ma main. Bien qu'il soit beau, gracieux et qu'il ait sept ans de plus que moi, à l'instant où mes yeux ont croisé les siens aussi rouges que le sang, une profonde inquiétude m'a saisie... Quand je l'ai regardé, la peur m'a gagnée aussitôt..., explique Zelda d'une voix sombre. Et quand j'ai pressenti le malheur qui s'est abattu sur la forêt, personne n'a voulu m'aider, ni même me croire... Donc, au milieu de la nuit, j'ai préparé mes affaires, assommé violemment un garde, et je me suis enfuie... Ce qui était un crime impardonnable de ma part... Quand une personne de la lignée royale prend la fuite, elle est considérée comme un être pathétique, lâche, et qui ne mérite pas de régner sur les terres d'Hyrule... C'est pourquoi, je veux profiter du peu de temps qu'...

Incapable de terminer sa phrase en sentant sa voix se briser, au bord des larmes, elle se crispe.

- Je veux fermer les cicatrices causées par Ganon depuis plusieurs siècles... Je ne veux pas qu'il revienne comme dans mon cauchemar...
- Votre cauchemar ? réagit aussitôt Link, abasourdi. Mais alors, vous rêvez de ce monstre ?
- Oui... Et dans ce cauchemar, il t'a... tué sous mes yeux... C'est depuis ma rencontre avec le comte Vadel que chaque nuit, ce monstre au néfaste destin hante mes nuits...

Link la dévisage d'un regard horrifié.
Ce maudit cauchemar qui nous lie... Qu'est-ce que c'est exactement ? Une prémonition ?
Il pose la main sur son front, très inquiet. Mais finalement, il inspire pour se calmer. Il ne lui sert à rien de s'affoler.

- Dans tous les cas, cela n'arrivera pas, tente-t-il de se convaincre.
Zelda prend le courage de plonger son regard profondément inquiet dans le sien.
- Comment peux-tu en être aussi... sûr ? lui demande-t-elle d'une voix chevrotante.
- Parce que nous allons soigner Hyrule de ses plaies. L'esprit d'Ordinn a été apaisé. Il ne reste plus que le dragon de Lanelle et tout sera terminé... dit Link avec un sourire assuré.
Les lèvres pincées, Zelda sent son coeur battre d'espoir grâce aux paroles rassurantes de son allié.
- Tu veux... rester à mes côtés, alors ? lui demande-t-elle avec hésitation.
En esquissant un tendre sourire, Link hoche la tête avant de répondre :
- Oui, votre Majesté... Tout comme ça a été le cas pour le premier temple. Si vous êtes d'accord, bien sûr.
Touchée par la décision plus que réfléchie de Link, Zelda baisse la tête, les joues rouges.
- Bien sûr. Cependant, je t'ordonne de respecter une condition cruciale, ajoute-t-elle d'une voix résolue.
- Tout ce que vous voudrez, lui répond Link avec politesse.
Malgré la tristesse et la peur qui sillonnent son corps, Zelda lui sourit avant de lâcher son ordre :
- Cesse de me considérer comme une princesse jusqu'au prochain ordre que je te donnerai.
Surpris par cette condition, Link finit cependant par acquiescer :
- À tes ordres... Zelda.

Sur ces mots prononcés avec douceur, il lui tend la fleur. Heureuse de se sentir encore plus proche de Link, Zelda accepte enfin le présent et hume l'odeur sucrée. Longuement, Link la regarde avec un air attentionné. Subitement, ses yeux s'écarquillent en remarquant un filet de sang coulé du nez de Zelda. Maladroitement, l'autre main plaquant le bas de son visage, elle baisse la tête en éloignant la fleur pour éviter de la salir.

- Je... je suis désolée ! Cela m'arrive de temps en temps, rassure-t-elle avant de sortir un mouchoir blanc.
En revanche, Link constate tristement qu'il a été déjà utilisé. Quelques traces de sang sont présentes à l'arrière.
- Zelda... Dis-moi, est-ce que c'est à cause du poison que tu as mal ? l'interroge ce dernier avec inquiétude.
Hésitante au premier abord, Zelda souffle un bon coup avant de lui répondre :
- Rassure-toi : je suis solide ! Ce n'est que du stress...

Ne sachant pas quoi lui répondre, Link garde son calme. Soudainement, il se retourne d'un bloc après avoir senti un froissement de buisson. Sur ses gardes, il se lève en dégainant son épée.
- Link ? s'étonne Zelda en se levant à son tour. Que se passe-t-il ?
Puis, à son tour, elle entend des bruits de pas approcher d'eux. Un imposant katana en fer tranche fructueusement les obstacles de la nature. Les yeux rouges et les cheveux argentés, dont une longue natte allonge la partie droite de son visage jusqu'au milieu de son torse musclé, une grande femme à la peau mate avance. Les longs bras nus, elle porte une tunique ainsi qu'un pantalon serré bleu et noir. Sur sa joue droite, juste en dessous de son oeil, un symbole rouge est encré : une larme. En fixant longuement Zelda, l'inconnue écarquille des yeux.

- Vous ? Vous êtes...
Cependant, en remarquant ses iris rouges, Link accourt comme une furie dans sa direction, la considérant instantanément comme une menace à abattre.
- Link ! s'exclame Zelda en tendant sa main, n'ayant pas eu le temps de le retenir.
Rapidement, la femme pare le coup de l'épéiste qui l'agresse. Subitement, elle disparaît du champ de vision de son adversaire. Ahuri, Link s'arrête et entend des bruits de pas se précipiter dans sa direction. Ainsi, il se retourne avant de contrer l'attaque surprise de l'inconnue. Puis, il exécute un bond en arrière.
- Arrêtez ! Je vous en prie ! supplie Zelda en s'interposant entre les deux combattants. Link ! Impa !
- Impa ? Tu la connais ? s'étonne Link avec confusion en s'arrêtant.
La mystérieuse Impa lâche un soupir exaspéré, et rengaine son katana dans le fourreau accroché à sa hanche très fine.
- Hum... On peut dire que j'ai fait une entrée fracassante sans le vouloir. Veuillez me pardonner, votre Altesse... s'excuse-t-elle en s'inclinant avec courtoisie. Au moins, vous êtes saine et sauve et c'est tout ce qui compte.

Heureuse de retrouver une vieille connaissance, Zelda lâche un sourire rassuré, tandis que Link, déconcerté, fixe longuement le symbole bien différent de celui des Yigas : le symbole des Sheikahs.

*******************

Partie parodique :

Après avoir su la vérité...
Link * agenouillé avec grâce * : Princesse... Vos désirs sont les ordres. Je suis votre arme. Au péril de ma vie, j'obéirai à vos ordres !
Zelda * coeur battant fort * : Oh Link... Oui, il y a bien un ordre que tu dois exécuter pour moi.
Link : Tout ce que voudrez, ma chère Princesse (J'espère qu'elle ne va pas me demander d'aller chercher un steak pur boeuf à Cocorico. J'ai ma dose de ce village... à moins que ça soit... :o)
Zelda : Bien, je... hum... (Voyons, que vais-je bien pouvoir lui demander *-* ? En tant que princesse, je dois en profiter, même s'il ne faut pas abuser ! Un baiser ? Non quand même pas ! Quoi que... Oh, je commence à sentir mes joues chauffer, ça ne va pas ! Hihi ! Mais c'est vrai que l'idée me plaît bien... Oh oh... Link et moi qui partageons un baiser sous la lune ! Oh, ça sera tellement romantique) * en train de poser ses mains sur son visage rouge comme une tomate *
Link : o__o Euh... Votre Altesse, vous voulez peut-être que j'aille vous chercher un doliprane 1000... ? Vous êtes toute rouge.
Zelda : Mais si je vais en prendre un, le goût sera infect et à cause de cela, tu ne pourras pas accomplir l'ordre de m'em... de m'em...
Link : o___o Continuez ! L'ordre de vous em... (pas l'ordre de vous emmerder quand même j'espère !)
Zelda : De... de m'emmener à Cocorico pour chercher un steak haché pur boeuf en promotion !
Link : ...
Zelda : ... :D (Sauvée... ce n'est pas pour tout de suite !)
Link : ... Hum... J'accomplirai mon devoir, votre Altesse. (Grrr, mais quel imbécile ! J'aurais dû la fermer -_-')

Chapitre 14 : L'accord   up

fiction The Legend of Zelda : La malédiction des héros

Une fois que Zelda lui a conté ses mésaventures, Impa croise les bras, le dos plaqué contre un arbre.
- Je comprends mieux à présent, s'exprime calmement la Sheikah. Ainsi, vous avez réussi à libérer l'esprit de Firone.
- Oui, lui affirme Zelda, les yeux rivés sur la fleur offerte par Link. Voici la raison qui m'a poussée à quitter le château. De toute façon, depuis que tu as été chassée par mon père, la situation a empiré...
Impa sent l'impuissance la submerger. En se mordant la langue, elle avance de quelques pas avant de caresser affectueusement le front de Zelda.
- Toutes mes excuses, votre Altesse... Depuis l'infiltration du Yiga au sein du château, tous se sont retournés contre moi, même votre père... Tous, sauf vous. Sachez que je n'ai jamais approuvé cet ignoble mariage avec le compte Vadel.
Comme une enfant, la princesse se blottit contre Impa sous les yeux de Link qui reste en retrait, conscient du lien qui unit les deux femmes.
- Oh Impa ! Je suis si heureuse de te revoir ! déclare Zelda avec émotion.
Impa esquisse un sourire plus soulagé.
- C'est réciproque, votre Altesse. En revanche, vous devez impérativement rentrer au château. Si vous continuez à parcourir notre contrée, votre santé empirera, avertit la guerrière Sheikah, reprenant ainsi son sérieux.

Avec interrogation, Link fixe la princesse qui se mure dans son silence. Même si une question lui brûle les lèvres, il s'abstient. Mais Zelda ne semble pas s'en inquiéter, et secoue négativement la tête pour protester.

- Je le sais, Impa... mais je ne peux pas rentrer tant que l'esprit de Lanelle ne sera pas libéré de l'emprise maléfique... Mais je te promets que je ferai attention !
- Je ne peux pas vous laisser encourir de tels risques. S'il vous plaît, votre Altesse : laissez-moi m'en charger pour l'esprit de Lanelle, se propose Impa en s'agenouillant avec respect.
Malgré la proposition de son amie, Zelda s'obstine :
- Je suis désolée, mais je veux que tu respectes ma décision. Tant que Lanelle ne sera pas éveillé, je ne rentrerai pas au château.
- Mais votre Altesse... souffle Impa avec inquiétude avant de poser son regard sur Link comme dernier recours. Toi, là-bas ! Est-ce que tu pourrais m'aider à la convaincre ?
Zelda tique en tapant du pied, les épaules haussées.
- Impa ! Ne parle pas aussi insolemment à Link ! Il m'a tant protégée ! C'est grâce à lui si Firone et Ordinn se sont à nouveau éveillés !
- Mais si vous continuez de voyager avec lui, vous allez courir de grands risques ! avertit Impa, son visage de nouveau ferme. Savez-vous qu'il est recherché pour meurtre, même s'il est accusé à tort ? Le peuple ne connaît pas la vérité ! Seule une personne pourrait témoigner en sa faveur...
Subitement intrigué par les dires de la Sheikah, Link décide de s'intégrer enfin dans cette discussion.
- Une seule personne ? Tu veux parler du Capitaine Pawel ? l'interroge-t-elle en sentant sa gorge nouée.
- Capitaine Pawel ? répète Zelda, surprise.
Malgré sa méfiance toujours dirigée contre l'épéiste, Impa hoche la tête avant de lui répondre :
- Oui... je l'ai trouvé grièvement blessé dans les alentours d'Ordiala, le village des Piafs. Il voulait mettre fin au règne des Yigas.
- Blessé ? Non ! s'affole aussitôt Link. Mais pourquoi une telle folie ?
- Du calme. Sa vie n'est plus en danger, rassure-toi. Mais pour répondre à ta question ; son épouse était une Yiga qui a quitté son clan par amour pour lui... Depuis, elle est traquée comme une traîtresse qui ne mérite plus de respirer. C'est pourquoi, dès que le capitaine Pawel a repéré un Yiga dans les alentours, juste après l'incident de Cocorico, il n'a pas hésité une seule seconde à le poursuivre jusqu'au repaire dans l'espoir de mettre fin à ce clan sordide et, surtout, pour assurer la vie de son épouse...
- La vie de son épouse ? Leyna...
La Sheikah regarde finalement l'Hylien droit dans les yeux.
- Tu ne le sais peut-être pas mais jadis, cette "Leyna" était une Yiga.

Abasourdi par cette révélation, Link a un mouvement de recul. Désormais, il comprend mieux les caractéristiques étranges et les rumeurs sombres qui ont tourné autour de Leyna comme la main cachée en permanence sous gant noir, ses cheveux argentés... Tout est clair à présent.
Néanmoins, malgré cette annonce plus que surprenante, il conserve toujours la même estime pour cette dernière qui a toujours su se montrer bienveillante à son égard, et surtout à celui de Pawel.
- Sache que Pawel était très inquiet pour toi... poursuit Impa d'un ton plus calme. Lorsqu'il s'en remettra, il suppliera le peuple de briser ta sentence qu'est la condamnation à mort pour un acte que tu n'as pas commis... Pour le moment, je ne peux pas t'en dire plus. Donc, si tu reviens à Foracalia, rassure son épouse.

Soulagé de savoir son maître d'armes en lieu sûr, Link lève les yeux au ciel gris en avalant une goulée d'air. Après tant d'interrogations et de mésaventures, il connaît enfin les dernières pièces du puzzle qui lui manquaient. A présent, l'apaisement l'envahit.

- Je l'aiderai à prouver ton innocence mais à une seule condition : que tu m'aides à convaincre Dame Zelda de rentrer au château, lui propose Impa en souhaitant saisir sa chance.
- Impa ! réprimande Zelda, désemparée par l'insistance plus que pesante de sa nourrice.
Loin d'être dupe, Link comprend rapidement qu'Impa a tenté de l'amadouer. Bien que l'intention de la Sheikah soit plus que louable, il lui répond :
- Je protégerai la princesse selon ses désirs. Jusqu'à ce que je perde mon souffle.
Surprise par cette allégeance, Impa serre les dents avant de déchaîner ses mots :
- Mais cette fois-ci, les choses seront plus difficiles pour vous deux ! Je ne peux pas accepter... Si tu persistes ainsi, alors tu ne me laisses pas le choix.

Joignant son geste à la parole, Impa dégaine son katana avant de le faire tournoyer avec une incroyable rapidité. Aussitôt, Link comprend le regard déterminé de la grande guerrière Sheikah qui le défie au combat.

- Impa... Tu vas nous arrêter ? lui demande nerveusement Zelda à la fois confuse et sur ses gardes.
- Je veux seulement évaluer la force de cet épéiste qui veut vous protéger. Nous allons bien voir si ses paroles et ses convictions sont réellement sincères et à la hauteur de sa puissance. Je veux voir le prodige de mes propres yeux, porteur du courage et protecteur de votre coeur et de votre sagesse ! annonce froidement Impa à Zelda avant de se retourner vers son adversaire. En garde, Link !

Devant ce défi plus qu'inattendu, Link dégaine son épée de son fourreau et l'agite en retenant son souffle. En retrait, Zelda ne peut qu'être arbitre des deux combattants qui se battent pour son salut. Même si elle déteste se sentir comme une enfant déchirée entre ses parents qui se disputent pour son avenir, elle ne proteste pas. Sur ses gardes, le pied droit en arrière et les hanches abaissées, Impa s'élance pour effectuer une charge ! Confiant de son agilité et de sa force, Link pare le katana au dernier moment. Hâtivement, Impa exécute un grand bond en arrière avant de créer une sorte de rafale de feuilles dansantes. Déstabilisé en les recevant au visage, Link ferme les paupières. Aussitôt, il les ouvre après avoir senti la présence d'Impa derrière lui, prête à l'assommer. Au dernier moment, il joue du pommeau de son arme pour la prendre par surprise.

En recevant ce soudain coup au ventre, Impa lâche un léger gémissement de douleur avant de reculer. Remise rapidement, elle enchaîne ses coups. Pendant plusieurs secondes, les deux combattants croisent le fer sans renoncer. Malgré la rapidité plus qu'incroyable da la guerrière porteuse du symbole Sheikah, Link arrive à suivre ses coups sans trop de difficultés. Puis, sa main gauche s'illumine au moment où il lève son épée au ciel, frôlant ainsi le katana d'Impa qui vole dans les airs. Son arme tombe lourdement au sol. En fixant la lumière dorée qui envahit tout l'être de Link, Impa recule, bouchée bée. Cette fois-ci, il n'y a plus aucun doute pour elle. Link pointe son épée dans sa direction pour affirmer sa victoire.
Perdante, la femme aux cheveux argentés ramasse son katana.

- Je vois... même face à la réincarnation du héros, mes forces ne suffisent point...
Avec contrainte, elle se retourne vers Zelda.
- Bien... dans ce cas, jusqu'à l'éveil de l'esprit de Lanelle, j'accorde le titre de garde du corps à Link, lui déclare-t-elle.
Zelda reste silencieuse, impressionnée par le nouveau titre de son ami. Mais Impa se montre toujours inquiète à son égard.
- Votre Altesse... en échange de votre promesse de faire attention à ne pas courir de risques inutiles, avez-vous une faveur à me demander en retour ? demande-t-elle en posant affectueusement sa main sur la joue droite de la princesse.
Calmement, Zelda se plonge dans une petite réflexion. Décidée, elle lui sourit tristement avant de lui répondre :
- Je souhaiterais que tu protèges la forêt des Korogus jusqu'à notre retour.
Compréhensive, Impa s'incline sans rétorquer.
- À vos ordres, votre Altesse. Au nom des Sheikahs, je protégerai le peuple des Korogus jusqu'à ma mort ! Et... sachez que même si je n'approuve pas pleinement votre décision, je reste avant tout fière de votre sagesse...
Le coeur réchauffé en entendant de telles paroles encourageantes, Zelda lui sourit avant de se jeter dans ses bras.
- Merci Impa. Je te promets que je vais faire attention à moi.
Impa lui caresse les cheveux malgré la tristesse dans ses yeux.
- Je prierai pour que tout se passe bien pour vous...
Rassuré de constater que la Sheikah accepte finalement d'accorder sa confiance, Link la regarde longuement. Ainsi, les rayons du soleil chassent lentement les tristes nuages.

* * *

Plus tard, alors que Mina et quelques Korogus apprennent au bourgeon Mojo à mieux parler, Zelda, suivie par Link et Impa, s'approche de ce dernier.
- Oh bonzour prinzezze Salade ! Merzi d'avoir pris zoin de moi ! remercie-t-il avec enthousiasme.
- C'est princesse Zelda, vénérable bourgeon Mojo ! le corrige Mina d'une voix plus détendue.
- Oh zut ! Z'ai encore beaucoup de zozes à apprendre avant de grondir pour devenir beau !
- Grandir ! corrige Falgus à son tour, tout hilare.
Souriante, Zelda s'agenouille en face du bourgeon.
- Vous êtes revenu... Je l'ai directement compris lorsque j'ai aperçu la première racine, lui avoue-t-elle. Après tout, que serait le village des Korogus sans l'esprit de la terre ?
- Hihi ! Z'est zur ! Mais faut que je grondis pour être zaze !

Attendrie par le côté enfantin du bourgeon, Zelda lâche un rire. En retrait, Link et Impa veillent sur elle avec un air attentionné. Hésitante en jetant un oeil sur le jeune homme, la guerrière lui déclare :

- Link, tu m'as prouvé que tu es déterminé et que tu peux devenir encore plus fort. Mais quoi qu'il arrive, protège la princesse Zelda et surtout, ne laisse pas tes larmes couler si ce jour arrivera sous tes yeux...
Stupéfait, Link essaye de comprendre le réel message dans les yeux rouges d'Impa, oscillants entre tristesse et confiance.
- Si ce jour arrivera ? Que veux-tu dire ? lui demande-t-il, l'inquiétude dans sa voix.
- Si tu ne veux pas souffrir, ne t'attache pas trop à la princesse jusqu'au réveil de l'esprit de Lanelle. C'est un conseil que je te donne pour t'épargner la tristesse et la colère. Même si tous tes ancêtres s'étaient attachés à la Princesse Zelda dans leur époque respective, ne suis surtout pas le même exemple qu'eux...
- Ne pas m'attacher à elle... Ce n'est pas possible... puisque je...
- Tu la protèges non pas parce qu'elle est une princesse mais parce que tu la vois comme une jeune fille avant tout ? Je peux comprendre... Mais quoi qu'il en soit, concentre-toi sur ta quête et veille bien sur elle...

Rassuré par la confiance d'Impa malgré sa déclaration plus qu'étrange, Link acquiesce. C'est avec détermination que l'épéiste quitte la forêt Korogu avec la Princesse et Épona, à présent protégée par la Sheikah au grand coeur.

* * *

Au coeur de la plaine d'Hyrule, bénie par les lueurs orangées du soleil et la brise campagnarde, Zelda, couverte par la cape noire et cramponnée à Link sur le dos de la jument, distingue au loin le château. Finalement, elle fuit la demeure du regard. Discrètement, Link la surveille d'un oeil curieux, comprenant sa crainte.

- Vous feriez mieux de remettre votre capuche. Si quelqu'un vous voit ainsi et devine votre identité...
- Je suis désolée, mais je suis incapable de cacher mon visage lorsque je peux sentir ce vent d'espoir et de liberté souffler sur mon visage.
Malgré l'inconscience de Zelda, Link ne proteste pas, peu importe les risques.
- Au fait, Link, même si ça te semble impossible, je souhaiterais que tu me tutoies. Tu as déjà oublié ?
- Vous... vous en êtes sûre ? lui demande Link avec hésitation. Je suis devenu votre garde du corps...
- Oui, vraiment !
- D... d'accord, princesse...
Agacée par son ton si poli, Zelda lève les yeux au ciel bleu en soupirant. Puis, un certain lieu captive toute son attention.
- Oh, Link ! Est-ce qu'on peut se rendre dans cette petite forêt à côté de la clairière ?
- Dans cet endroit ? Ce n'est pas risqué ? s'inquiète Link, hésitant au premier abord.
- Oh que non ! Pas du tout même !

* * *

Après avoir dévié légèrement leur trajectoire vers le sud-est, Link et Zelda arrivent dans un lieu mystérieux : une sorte de forêt dégageant une brume bleue euphorique. Au milieu se trouve un grand champ de Princesses de Sérénité. Les rayons du soleil bénissent cet endroit, tandis que les pétales blancs dansent une valse entre eux. Avec émerveillement, Zelda accourt et s'agenouille au milieu du champ, en faisant attention de ne pas abîmer les fleurs. Link caresse le long museau d'Épona avec attention avant de la joindre.

- Quel est cet endroit ? s'interroge-t-il en contemplant la beauté de cette petite forêt.
- C'est la forêt de la grande Fée. C'est ici que poussent de nombreuses fleurs, notamment les Princesses de Sérénité. Une de mes aïeules aimait beaucoup cette fleur car elle lui donnait l'espoir de continuer à se battre, peu importe les obstacles qui se sont dressés sur son chemin... Ma mère a souhaité me transmettre cet héritage, donc peu de temps avant sa mort, elle m'a emmené ici. Depuis ce jour, ce paysage s'est ancré en moi. C'est pourquoi je veux protéger Hyrule, mon peuple mais aussi ces fleurs. Rien qu'en les regardant, je me sens revivre..., lui explique Zelda, les yeux rivés sur les fleurs.
Link s'agenouille à ses côtés et caresse les pétales.
- Je peux tout à fait comprendre. Il faut admettre qu'elles sont magnifiques. Peu importe notre passé, le plus important, c'est que nous aussi, nous ayons nos souvenirs et notre place, lui répond-il d'une voix douce.
- Oui... affirme calmement Zelda en souriant. Il faut s'accrocher à cet espoir si jamais la réincarnation de Ganon met en péril notre terre et la beauté de la nature.

Link la regarde discrètement. Il ne peut s'empêcher de sentir un point au coeur, notamment une soudaine mélancolie l'envahir. Rien que le fait d'imaginer un Hyrule détruit, froid et triste, il sent son sang se glacer. Soudainement, en scrutant les alentours, Zelda se lève et remarque au loin une petite grotte.

- Mais oui ! En passant par cette grotte, nous pourrons accéder directement au domaine de Zora ! se rappelle-t-elle. D'après ma mère, c'est par là que les Zoras passent pour cultiver les fleurs qu'ils utilisent pour les décorations ou autres !
- Dans ce cas, allons-y. Allons rencontrer ce fameux peuple Zora, accepte Link avec un léger sourire.
Ainsi, en tenant les rênes d'Épona, il entre dans l'étrange grotte aux côtés de Zelda.

chapitres suivants...

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Elincya". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 30.04.25