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The Legend of Zelda: Le prisonnier du temps

Ecrit par El Wap en 2007

Chapitres 1 à 28   •   Chapitres 29 à 52   •   Chapitres 53 à 77
Chapitre 1 : Mauvais présages
Chapitre 2 : Les retrouvailles
Chapitre 3 : Les épreuves de Leïa
Chapitre 4 : Les conseils d'une mère
Chapitre 5 : Les épreuves de Leïa
Chapitre 6 : L'arrivée
Chapitre 7 : Les oiseaux
Chapitre 8 : La rencontre
Chapitre 9 : Leçons de séduction
Chapitre 10 : Prédictions
Chapitre 11 : Agression
Chapitre 12 : Le secret de l'arbre Mojo
Chapitre 13 : La famille maudite
Chapitre 14 : Les cartes
Chapitre 15 : La chose
Chapitre 16 : Court répit
Chapitre 17 : La princesse Zelda
Chapitre 18 : Alliance forcée
Chapitre 19 : Le drame inévitable
Chapitre 20 : Eresim
Chapitre 21 : Paroles d'une nuit d'été
Chapitre 22 : La confession
Chapitre 23 : Prisonniers
Chapitre 24 : Au revoir
Chapitre 25 : L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux
Chapitre 26 : Quand on arrive en ville
Chapitre 27 : Entretien avec un roi
Chapitre 28 : L'invasion
Chapitre 1 : Mauvais présages

AlkantirLe village est doucement bercé par le bruit des vagues, le cri des mouettes, une légère brise et un doux soleil. Il est près de midi et les habitants quittent les terrasses aménagées sur les toits des maisons aux briques couleurs de sable pour chercher un peu de fraîcheur. C'est un jour parfait comme tant d'autres sur l'île d'Alkantir. Le temps semble s'être figé. Rien ne semble pouvoir troubler la tranquillité des villageois.

Sur la colline, près de la falaise se dresse une étrange tour. A la différence des autres édifices, cette tour a été érigée avec des pierres incroyablement blanches. Le sommet de la tour est occupé par un gigantesque brasier qui peut être aperçu à des kilomètres à la ronde. L'étage du dessous est également ouvert. Une énorme cloche y est installée. Jadis, elle servait de signal d'alarme, et on pouvait l'entendre partout sur l'île. Pourtant, depuis que les premiers colons sont arrivés il y a 20 ans, personne ne l'a jamais entendue sonner.

Une personne est installée à cet endroit et contemple son île bien aimée. Un cataclysme l'avait engloutie il y a des millénaires. Après une interminable quête, cette personne, qui avait été une des rares survivantes, réussit à découvrir une impressionnante relique dont les pouvoirs pouvaient dépasser tout ce que l'on peut imaginer. Elle avait ainsi réussi à faire revenir l'île à la surface, à la reconstruire et à y faire venir de nouveaux habitants, désireux d'une nouvelle vie. Cette personne, ou plutôt cette femme, se lève et s'approche de la barrière. Ses traits lui donnent l'aspect d'une femme mûre qui a déjà vu tout ce que la vie peut montrer. Elle doit avoir une quarantaine d'années. Elle a de longs cheveux turquoise qui flottent plus gracieusement qu'un drapeau. Elle ferme les yeux et tend les narines pour respirer l'air du large. Elle est tellement heureuse de la vie qu'elle mène sur ces terres qu'elle aime tant. Elle veut sentir la brise confirmer ce bonheur.

Etrangement, l'air est inhabituellement désagréable. La femme sent une odeur de pourriture venir du large. Elle avait déjà senti de semblables odeurs, mais jamais aussi fort. Cela signifie qu'une période de troubles commence sur le continent. Jadis, son meilleur ami prenait alors le large à la recherche de ces troubles et y ramenait immanquablement la paix. Il revenait généralement au bout d'une ou deux semaines, toujours triomphant, et l'air redevenait pur. C'était comme cela que ça se déroulait, il y a plus de dix ans. Cet ami avait disparu... et la femme n'a plus jamais reçu de sombres présages.

Elle est donc terriblement inquiète de ces nouveaux avertissements. Que faire ? Elle n'est pas son ami... Elle ne peut pas quitter l'île. Elle a des responsabilités. Elle est la gouvernante de ces terres. On vient la consulter tous les jours pour qu'elle assure la justice et l'ordre dans la cité. Une idée folle lui passe à travers la tête. Et si... Non, elle est loin d'être prête, et d'ailleurs, elle ne voudrait probablement pas quitter l'île. Elle est ramenée à la réalité par un bruit de voix.
- Raphi ? Je suis rentrée. J'ai les courses.
- Ah... Leïa, tu as tout trouvé ?
- Bien sûr... Et j'ai aussi pris des fleurs. Il faut combattre cette puanteur qui vient de la mer...
Raphaëlle s'immobilise.
- L'odeur... tu as pu la sentir ?
- Raphi... le village entier se plaint de cette odeur infernale. Le cadavre d'un monstre marin doit être en train de pourrir au large.
Raphaëlle se détendit. Elle s'était peut-être inquiétée pour rien. D'habitude, seuls Robin, Diana et elle sentaient ces sinistres augures. Si tout le village le sentait, c'était qu'il s'agissait de quelque chose de bien plus réaliste qu'une guerre sur le continent.
- C'est une bonne idée, les fleurs.
Elle s'avance pour aider la jeune fille à se débarrasser de ses sacs. La nouvelle venue doit avoir vingt ans. Elle a de beaux cheveux noirs qui descendent jusqu'aux épaules et de beaux yeux noirs. Elle porte une robe rouge qui lui dessine une gracieuse silhouette.
- Mais ça me dérange quand même... Cette odeur me rend nerveuse... Je ne comprends pas.
- Nerveuse ?
- Cette odeur de charogne... ça me fait penser à un cauchemar que je fais souvent depuis un mois.
- Un cauchemar ?
- Oui... je me retrouve perdue dans un sombre brouillard. Par un phénomène inexplicable, je vois mon coeur se diviser en quatre, et les parties s'éloignent. Je sens que j'étouffe, que je vais mourir. Au moment où je vais rendre le dernier soupir, un homme vêtu de noir et aux cheveux roux apparaît, avec l'organe entre les mains. Il me dit que puisqu'il a réussi à s'en emparer, il tient à le garder. A ce moment-là, je me réveille en sursaut.
La dame regarde la jeune fille.
- Ce cauchemar, tu le fais souvent ?
- De plus en plus. Pourquoi fais-tu une tête pareille ?
- C'est long à expliquer. Tu te souviens des histoires qu'on te racontait quand tu étais petite, celles qui parlaient d'aventures à Hyrule ?
- Bien sûr, pourquoi ? Ça aurait un lien ?
- Je crains que oui. L'homme de ton rêve, c'est celui qui a tué ton grand-père et qui persécute ta famille génération après génération. J'ai l'impression qu'il va revenir... pour nous.
- Qu'est-ce qu'on fait, alors ?
- Ce que tes ancêtres ont toujours fait : combattre. Mais cette fois-ci, il faudra s'y prendre différemment, et il faudra le faire vite et bien. Nous sommes seules, mais nous avons un avantage énorme. Tu portes la Triforce de la révolte depuis ta petite enfance, et le porteur de ce fragment domine les autres. Il les contrôle et les attire à lui. C'est un atout de toute première importance. Seulement, je crains que tu vas devoir te débrouiller sans moi.
- Hé... mais j'ai besoin de toi !
- Je ne suis plus l'habile guerrière qui a entraîné ton père. Je ne suis plus qu'une dame qui protège son île. Je ne peux pas quitter cet endroit. Toi, si. Je veux que tu ailles au temple des marées chercher la Triforce de la force. Ensuite, prends la mer et pars chercher les deux autres fragments.
- Mais je n'y arriverai pas toute seule.
- Je t'ai appris à te battre et à utiliser tes pouvoirs. Je suis sûre que tu pourras te débrouiller. A présent, je veux que tu fasses tes affaires. Tu pars demain à l'aube. Pendant que tu seras au temple, je vais te préparer un voilier.
- Mais pourquoi tant d'empressement ?
- Tu ne sais pas de quoi il est capable. S'il vient jusqu'ici, ce qui est fort probable, il ne faut pas qu'il te voie, sinon, il va s'acharner sur toi.
- Excuse-moi, mais je ne te comprends pas. A ce que j'ai compris, l'homme de mon rêve, c'est Ganondorf. Pourtant, quand tu parlais de lui, tu ne le décrivais pas comme un monstre.
Sa mère adoptive ferme les yeux.
- A mon époque, c'était un homme... Mais tu vas devoir apprendre qu'il change à chaque fois. Avant qu'on ne se rencontre, c'était le pire monstre que la terre ait connu. Je pense qu'il n'y avait que ma présence qui le calmait. Maintenant, après que nous l'ayons envoyé en enfer un si long moment, il sera envahi par la colère et par la vengeance. Il ne sera pas pareil.
- Et ça ne te fait rien ?
- Je suis un peu triste pour lui... Dans le fond, il est juste en mal d'affection... Mais il a de très mauvaises fréquentations. C'est ce qui l'a perdu. Son esprit est noyé par la haine. Je ne pourrai pas le sauver. Le mieux que l'on puisse faire, c'est abréger ses souffrances, en réunissant à nouveau la Triforce.
Les deux femmes restent quelques instants plongées dans le silence. Leïa ne semble pas rassurée à l'idée de devoir effectuer une si longue quête seule. Elle ne se sent pas apte et surtout, elle a peur. Sa tutrice peut dire tout ce qu'elle veut, qu'elle trouverait certainement de l'aide en cours de route et qu'elle détient le plus puissant des fragments de la Triforce, elle n'est absolument pas sûre d'elle. Elle sait qu'elle a des limites, et qu'elle n'en a jamais parlé à son ange gardien.

Les deux femmes finissent pourtant par aller se coucher. La nuit se déroule sans incidents notoires. La plus jeune fait une fois de plus le sinistre cauchemar et la plus vieille passe son temps à méditer près du brasier du phare. Le lendemain, elles exécutent leurs plans. Leïa part pour l'autre côté de l'île et Raphaëlle descend au port. En tant que grand sage de l'île, la grande dame a droit à son propre navire, entretenu avec soin. Il ne lui est pas difficile d'organiser l'installation de vivres et une révision du bateau. Elle charge deux des marins, des amis de sa fille adoptive, de l'accompagner lorsque le moment serait venu.
- Elle va devoir partir à la recherche de ses parents, et je voudrais que vous veilliez sur elle, au moins jusqu'à terre.
- Ne vous inquiétez pas, Madame. Votre fille sera entre de bonnes mains.
- C'était au sens figuré ?
- Mais qu'est-ce que tu vas t'imaginer, Hayel ?
- Que tout le monde dans ce village sait que ton plus grand rêve, c'est de...
- Ça suffit ! les gronda le grand sage. Leïa aura une tâche importante à accomplir. Elle a besoin d'aide, pas de coureurs de jupons. J'attends de vous que vous la protégiez le plus longtemps et le mieux possible.
Elle laisse les deux garçons terminer les préparatifs du départ et retourne au phare. Il doit être aux environs de midi. Sa fille adoptive ne sera pas de retour avant le soir, peut-être demain matin. Elle a donc encore un peu de temps. Chemin faisant, elle se met à penser à l'homme qui était en train de troubler sa paisible existence. S'il vient sur l'île, s'il vient la voir... que fera-t-elle ? Est-ce qu'il la menacera ? Qu'est-ce qu'il attendra d'elle, la Triforce ou... comme avant ? Comment devra-t-elle réagir, immédiatement montrer les griffes ou tenter une approche tactique en l'accueillant convenablement ? La première-née pense que s'ils sont seuls tous les deux, elle aura des chances de le contenir, peut-être de le faire renoncer à ses sinistres projets...

Perdue dans ses pensées, elle pousse la porte et monte vers son salon. Soudain, une voix familière l'appelle dans son dos.
- Enfin... Raphaëlle, quel plaisir de te revoir !
N'osant pas bouger, elle répond :
Ganondorf ?

Chapitre 2 : Les retrouvailles   up
RaphaëlleRaphaëlle

Pour toute réponse, son interlocuteur s'approcha d'elle et passa ses mains autour de sa taille.
- C'est étrange comme le temps fait bien les choses. Tu as à peine changé depuis notre dernière rencontre. Tu es toujours aussi belle, mais plus forte et plus sage à la fois.
- Et toi... Laisse-moi t'examiner.
L'homme desserra son étreinte et la jeune femme se retourna. A la vue de son invité, Raphaëlle ne put dissimuler un geste de surprise. Lui aussi avait peu changé, toujours aussi musclé et imposant, il avait encore cette chevelure rousse semblable à la crinière d'un lion. Il correspondait aux souvenirs de la femme, sauf que ses yeux étaient bien plus sombres. Ce nouveau Ganondorf était bien plus inquiétant.

Semblant lire dans les pensées de la jeune femme, l'homme lui demanda :
- J'ai cru percevoir un mouvement de recul.
- Juste de surprise, c'est vrai... si seulement je m'attendais à te revoir après tout ce temps, et ici en plus.
- J'espère que la surprise te plaît.
- Comment m'as-tu retrouvée ? Et comment es-tu revenu dans ce monde ?
- Que de questions... Pour tout te dire, les seuls souvenirs que les enfers n'ont pas pu m'enlever, ce sont ceux de tes yeux, de tes lèvres, de la douceur de ta peau... Grâce à toi, j'ai survécu. A présent, tu es le seul but de mon existence.
Devant tant de belles paroles, la première-née ne savait pas quoi penser. Il semblait lui vouer un amour passionné, mais il n'avait jamais dégagé une aura aussi maléfique. Quelles étaient les intentions de l'ancien seigneur des ténèbres ? Raphaëlle se dit qu'il valait mieux endormir ses soupçons et faire mine de l'accueillir convenablement.
- Ça ne me dit pas comment tu as trouvé l'île et ma demeure.
- Oh... lors de mes recherches, j'ai entendu des histoires de marins à propos d'une île enchantée qui aurait surgi des flots il y a plus de mille ans et où le temps s'écoulerait au ralenti. J'ai vite réalisé qu'elle avait surgi peu de temps après ma dernière défaite... Comme je savais que tes amis et toi aviez la Triforce à cette époque, j'ai compris que vous étiez à l'origine du phénomène et que vous ne pouviez que vous trouvez là. Je suis sur l'île depuis ce matin, et comme tout le monde ici sait qui tu es, je n'ai eu aucun mal à découvrir ta résidence. A ce propos, je suis étonné de te voir vivre dans un aussi grand endroit toute seule.
- Qui croyais-tu y trouver, à part moi ?
- Que sont devenus mon arrière-petit-fils et sa petite amie ?
- Ils ont vécu ici un temps mais sont partis il y a dix ans. Je ne les ai jamais revus depuis.
- Et le fruit de nos passions ?
A ces mots, une vague de tristesse envahit les yeux de la jeune femme.
- Elle... l'enfant était mort-née. Lorsqu'elle est venue au monde, la vie l'avait déjà quittée.
A cet instant, toute l'aura maléfique de l'homme disparut pour faire place à du chagrin et de la compassion.
- Les dieux n'ont pas voulu... Pourquoi n'ai-je pas droit au bonheur d'élever un enfant ? En plus, ce n'est pas moi qui en ai le plus souffert... Comme tu as dû te sentir seule... Je te promets que cela ne t'arrivera plus.
Il la prit doucement dans ses puissants bras et la porta vers un large canapé. La première-née n'essaya pas de résister. Dans ce genre de situations, elle perdait tous ses moyens et de plus, les caresses étaient bien trop douces et agréables. Ganondorf ne savait que trop bien quelles étaient ses faiblesses. Il savait parfaitement qu'il était le seul homme qui ait jamais su lui donner autant de bonheur. La méfiance de Raphaëlle disparaissait... Finalement, si elle l'avait senti si maléfique, c'était que son obsession de la retrouver l'avait rendu fou... Mais c'était fini. Il était près d'elle à présent et semblait prêt à devenir le meilleur des époux. Elle se rassura. Elle n'avait plus aucune raison de le craindre... et Leïa non plus. Elle le laissa donc dévorer son cou de baisers, ôter sa robe... et ainsi revivre les heures les plus agréables de sa longue vie.

Il devait déjà être neuf heures du soir, et les deux amants étaient toujours occupés. Entre deux baisers, Raphaëlle tentait de faire comprendre à son compagnon qu'elle avait des choses à faire, qu'on la solliciterait certainement au village, mais ce dernier tenait à faire durer les brûlantes retrouvailles le plus longtemps possible. Elle finit cependant par se dégager, en arrivant à le convaincre de manger quelque chose. Elle passa une robe courte, mais au moment de quitter la pièce, de violentes détonations retentirent au sommet du phare. Quelques secondes plus tard, un son grave et résonnant se fit entendre.
- La cloche ! Elle n'avait jamais sonné, même quand on s'acharnait dessus. Elle ne sonne qu'en cas de péril pour l'île... Que se passe-t-il ?
- Il se passe seulement qu'on est quitte.
- Pardon ?
Avant que la jeune femme ne puisse faire quoi que ce soit, l'homme l'assomma, et elle plongea dans le noir.

Chapitre 3 : Les épreuves de Leïa   up

Au petit matin, alors que Raph partait vers le port, Leïa, elle, avait pris un sentier partant vers les collines. Ce chemin serait accidenté, mais en le prenant, elle gagnait un temps précieux. Il n'était pas encore midi lorsqu'elle arriva dans une zone de hautes falaises surplombant la mer. A partir de là, il fallait qu'elle avance prudemment car le chemin était étroit et accidenté. De plus, au moindre faux pas, la voyageuse faisait une chute d'une dizaine de mètres sur des rochers tranchants avant d'être emportée par les puissantes vagues. Notre aventurière préféra ne pas regarder en bas et poursuivit son chemin avec la plus grande prudence. Elle finit par arriver sur une plate-forme plus large et plus sûre. Elle se trouve à présent devant une imposante porte de fer encastrée dans une gigantesque sculpture représentant une baleine à la bouche grande ouverte. C'était l'entrée du temple. Avant de franchir l'imposant portail, elle décida de prendre son repas de midi et de se reposer. Si elle se fiait aux histoires que lui avaient racontées ses parents et Raphi, cette gigantesque grotte avait été aménagée comme les grands temples d'Hyrule et par conséquent, elle était pleine de dangers.

Après une bonne demi-heure de repos, notre héroïne se décida à affronter les épreuves du temple des marées. A l'entrée se trouvait une série de jarres qui permettaient de se soigner. La jeune fille préféra les ignorer pour le moment. Il n'y avait qu'une seule issue à la salle, et c'était un large escalier. En haut de celui-ci se trouvait une autre salle dans laquelle était installée une grande machinerie. Leïa examina les lieux. Le passage qui l'intéressait était fermé par une lourde porte de pierre. Un texte écrit dans la langue antique indiquait que pour l'ouvrir, la jeune fille devait aller chercher deux clefs dans deux autres endroits du temple. Seulement, les autres passages étaient aussi fermés par des barreaux. Après un bon moment de réflexion et d'exploration de la pièce, notre aventurière découvrit des interrupteurs lui permettant d'abaisser ces barreaux. Elle en maintint un avec une énorme jarre et s'aventura dans le couloir qu'elle venait d'ouvrir.

Le chemin n'était pas vraiment difficile... Une étrange mécanique faisait en sorte que des parties de mur se compressaient régulièrement afin d'écraser les intrus. Il lui suffisait juste de bouger au bon moment. Un peu plus loin, ce n'était plus des murs, mais des guillotines qui entravaient son chemin. Comme précédemment, un bon timing lui permit de se tirer d'affaire. Elle arriva enfin dans un espace plus vaste. Son chemin se poursuivait sur des plates-formes flottantes, mais certaines étaient occupées par des énormes blocs couleur de sable. Leïa passa plusieurs minutes à trouver une solution. En apercevant un grand miroir installé près d'un rayon de soleil, elle se rappela les histoires que lui racontait son père. Durant ses voyages, il avait vu des roches qui tombaient en poussière une fois exposées au soleil. La jeune fille se dit qu'il devait s'agir de rochers de ce type. Elle ramassa le miroir et orienta les rayons du soleil sur les différents blocs. Son hypothèse se confirma... en quelques secondes, les blocs se désintégrèrent. La jeune fille n'eut plus qu'à continuer son chemin. Elle sentait qu'elle arrivait au bout du parcours. Effectivement, après quelques pas dans la salle suivante, un énorme ours en armure fit son apparition avec la ferme intention de faire un bon repas. Leïa savait qu'il était inutile de courir, car ces bestioles, même en armure, sont plus rapides. Il était donc temps pour elle de faire usage de ses pouvoirs et de se battre.

Elle constata vite qu'une partie de la pièce était parcourue par un grand trou garni de pieux. Si elle arrivait à y faire tomber la grosse bête, ses ennuis seraient finis. Elle courut donc se placer devant le trou et attendit que l'ours géant fonce sur elle. Au dernier moment, elle invoqua les pouvoirs de sa Triforce et s'éleva dans les airs. L'ours s'arrêta à peine quelques millimètres du bord. La jeune aventurière vola dans son dos et le poussa violemment. La bête perdit l'équilibre et finit empalée. Comme elle rendait le dernier soupir, un pont se matérialisa au-dessus du trou et invita la jeune combattante à franchir une nouvelle porte. Au grand soulagement de Leïa, la salle ne contenait qu'un piédestal dans lequel était planté un énorme sceptre ressemblant à une clef. La jeune fille le retira sans peine. A ce moment, des étranges dessins lumineux apparurent sur le sol. Leïa pensa encore une fois aux histoires de son père. Il lui avait dit que parfois, dans les grands temples et donjons qu'il avait parcourus, ce genre de dessins apparaissait. Il s'agissait de téléporteurs qui permettaient à ceux qui les utilisaient de se déplacer instantanément dans un autre endroit du donjon. Sans hésiter, elle alla au centre du dessin. Elle fut enveloppée d'une lumière blanche et se retrouva dans la pièce aux machines. Notre aventurière plaça le sceptre dans la serrure qui lui était destinée et s'approcha de l'autre couloir fermé. Elle actionna l'interrupteur et y entra.

Ce chemin-ci semblait beaucoup plus simple que l'autre, à la différence qu'un étrange bruit résonnait derrière les murs. Cela ne rassurait pas la jeune exploratrice car il lui était impossible de savoir de quoi il s'agissait. Elle continua d'avancer. Le bruit devenait de plus en plus fort... le sol se mit à trembler... et quelque chose s'approchait dans son dos. Leïa n'eut que le temps de s'envoler et de se coller au plafond. Un énorme rocher rond traversa le couloir. Si la jeune fille était restée au sol, elle aurait fini écrasée. Dès que le rocher se fut éloigné, elle redescendit au sol. Elle se dit que ce ne serait certainement pas le dernier. Elle continua d'avancer, tout en restant sur ses gardes. Effectivement, trente secondes plus tard, le sol se mit à nouveau à trembler. Cette fois-ci, une alcôve se présentait sur sa droite et la jeune fille se précipita dedans. Le rocher passa. L'aventurière en herbe examina le couloir piégé... Divers renfoncements dans les murs parsemaient le parcours. Dans certains se trouvaient des coffres. La jeune fille prit son inspiration, attendit le passage du rocher suivant et courut vers la prochaine zone sûre. Elle tenait à s'arrêter à chaque endroit pour être sûre de ne rien rater. Elle ne le regretta pas, car elle mit la main sur deux clefs, une simple en fer et une autre en or. Elle trouva également un sac contenant une dizaine de bombes. Qui sait, cela pourrait être une arme utile. Leïa finit par arriver à la fin du parcours. Une porte fermée par un cadenas se trouvait à gauche d'une espèce de monte-charge remorquant tous les rochers passant à proximité. Elle utilisa la clef de fer et franchit la porte. Une mauvaise surprise l'attendait de l'autre côté...

Elle se retrouvait nez à nez avec un serpent géant. Il était visiblement tout aussi affamé que l'ours, mais avait envie de jouer avec sa nourriture. Avant que la jeune fille ne puisse bouger, il l'avait encerclée. Certain que la nourriture ne s'échapperait pas, il ouvrit une large gueule. Notre héroïne en profita pour lui lancer une bombe dans le gosier. Le résultat ne se fit pas attendre. Le reptile géant commença par s'étouffer, puis l'objet insolite explosa, tuant l'animal. Une échelle apparut alors. La jeune fille y monta et découvrit avec soulagement le second sceptre-clef. Elle le ramassa et prit le téléporteur qui venait d'apparaître. Elle installa son sceptre dans la serrure qui convenait. A cet instant, toute la machinerie de la pièce se mit en marche, et la grande porte de pierre pivota.

La salle que la jeune fille visita ensuite était vide. Il y avait au bout une énorme stèle qui barrait le chemin. Il y avait des inscriptions en langue ancienne : "Seule la Triforce peut te permettre d'atteindre la Triforce". Pour Leïa, il était inutile de réfléchir bien longtemps. Elle avait son propre fragment. Elle concentra donc tous ses pouvoirs sur la stèle qui éclata vite en mille morceaux, libérant une porte incrustée d'or. L'aventurière utilisa la clef dorée et entra dans la pièce suivante. La pièce était ronde, il y avait divers échafaudages de bois sur les murs et une énorme statue en forme de vase au milieu de la pièce. La jeune fille n'avait fait que quelques pas que l'énorme statue se mit en mouvement. Des gigantesques canons sortirent du vase et se mirent à tirer des rayons sur l'intruse. Au début, la jeune fille se mit à courir, mais comprit vite que cela ne servait à rien car les canons s'ajustaient très rapidement. Elle préféra utiliser sa Triforce pour s'envoler. Elle vola juste au-dessus du vase, là où les canons ne pouvaient pas l'atteindre. En observant la terrible machine de guerre, elle constata qu'un trou était aménagé au sommet, et que le vase était creux. Sans hésiter une seule seconde, elle y jeta trois bombes. Le vase tourna sur lui-même et finit par éclater en mille morceaux.

L'heureuse gagnante du combat se posa sur le sol pour attendre une évolution des choses. Quelques secondes plus tard, une silhouette scintillante apparut au milieu des restes de la machine. C'était une femme d'une trentaine d'années, aux longs cheveux brun foncé et aux yeux de la même couleur. Elle était terriblement belle et son regard était si doux. Le coeur de Leïa bondit :
- Maman ?

Chapitre 4 : Les conseils d'une mère   up

L'apparition fit un grand sourire et hocha de la tête. La jeune fille se précipita, les larmes aux yeux.
- Oh maman !
Au moment où elle voulut se jeter dans ses bras, elle eut la désagréable surprise de passer au travers du corps de sa mère. Elle s'effondra sur le sol.
- Tu n'arriveras malheureusement pas à me toucher, en dépit de tous tes efforts.
- Mais... comment... Pourquoi ?
La jeune adulte baissa les yeux.
- Parce que c'est ainsi, je ne devrais pas me trouver dans le monde des vivants.
- Je ne comprends pas.
- Leïa, je te croyais plus futée. Je suis un fantôme, désormais. Je n'ai plus de corps.
- Non ! Si tu es un fantôme, c'est que tu... Tu ne peux pas mourir !
- Et pourquoi pas ? Tout ce qui est appelé à naître est également appelé à mourir. C'est la première règle de l'univers ! Même les dieux n'y peuvent rien. Je suis morte. C'est tout.
- Mais comment... Comment c'est arrivé ? Pourquoi ?
Un maigre sourire apparut sur le visage à présent translucide de Diana-Zelda.
- Je sais que cela te paraît inconcevable qu'une personne comme ta mère puisse passer de vie à trépas. J'ai eu du mal à l'admettre moi-même. Comment ai-je pu mourir aussi stupidement, je me le demande.
- Quoi ? Tu ne sais pas ce qui s'est passé ?
- Si, j'ai compris... mais j'ai du mal à réaliser que j'ai pu être à ce point maladroite.
- Explique-toi.
- Et bien... c'est parfaitement idiot. Ton père et moi étions au château d'Hyrule. Un banquet avait été organisé en notre honneur. Notre aventure était terminée. Le mal était vaincu et tout allait rentrer dans l'ordre. Ton père et moi ne savions pas si nous allions rentrer à Alkantir ou te faire venir vivre à Hyrule... Les Hyliens de l'époque avaient oublié ce qu'étaient les Gerudos maudits et Ganondorf. Nous pouvions y vivre en paix, sur la terre de nos ancêtres... Moi, en tout cas, c'est ce que je voulais, mais pas Robin. Il aimait l'île et voulait y retourner. On s'est un peu disputés et je suis sortie prendre l'air. L'escalier de pierre du parc était mouillé parce qu'il pleuvait... Je pense que comme j'avais l'esprit embrouillé, je n'ai pas fait attention. J'ai glissé et j'ai eu le cou brisé. C'est tout.
Sa fille la regardait d'un air désespéré. C'était donc la raison pour laquelle elle s'était retrouvée si seule ! Sa mère était morte à la suite d'une dispute ! Mais pourquoi son père n'était pas revenu ? Parce qu'il a décidé qu'il ne quitterait plus jamais sa femme ? Elle fit part de sa réflexion au fantôme de sa mère.
- Il n'est pas rentré ?
- Je ne l'ai plus jamais revu après votre départ.
- Mais c'est pas possible. Où est-il allé ? Que lui est-il arrivé ?
- Et toi... comment es-tu arrivée ici ?
- Je ne sais pas trop... Quand j'ai réalisé que je venais de mourir, j'ai refusé de partir... Je voulais te revoir... Je voulais voir la famille réunie à nouveau. Je me suis sentie emportée loin dans le temps et l'espace, et j'ai fini par arriver ici. Pendant des mois, peut-être des années, j'ai erré dans ces couloirs en attendant que toi ou ton père arrive. Tu es enfin arrivée.
- Mais si papa était mort ? Tu resterais enfermée ici pour toujours ?
- Je ne sais pas... si j'ai la certitude que son esprit est avec toi, je pense que je retrouverais la paix.
La jeune fille resta silencieuse et contempla la silhouette translucide qu'elle ne pouvait pas toucher. Comme elle aurait aimé se blottir dans ses bras comme avant. Le fantôme de sa mère commençait à s'effacer.
- Attends, j'ai besoin de toi. J'ai besoin de tes conseils. J'ai besoin de ton aide.
- C'est terriblement fatigant d'être visible pour les vivants. Je ne tiendrai pas longtemps.
- Je t'en supplie. L'homme que vous avez affronté, papa et toi, est de retour. Raph sait qu'il va venir sur l'île. Comment l'affronter ?
- Ganondorf ? Il est de retour ?
- Je le vois dans mes rêves. Il veut me prendre ce que j'ai de plus précieux et me tuer par la même occasion.
- Il est là pour la Triforce. Empêche-le de l'obtenir. Tu dois l'avoir avant lui. Sans les saints pouvoirs, il n'est rien qu'un homme.
- Raph en a quand même terriblement peur.
- Il y a de quoi. Je ne pense pas qu'il nous pardonnera son séjour forcé au purgatoire. Même si ce n'est qu'un homme, c'est un terrible magicien. Un conseil, ne le laisse pas t'influencer par ses douces paroles. Il y a des moments où il a l'air gentil, mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. Il est impossible de savoir ce qu'il est réellement. Il peut être d'une ignoble cruauté, même s'il te fait des cadeaux et te considère comme son propre enfant. Il est né pour être un monstre.
Son corps s'effaçait de plus en plus.
- Pour la Triforce, lorsque je disparaîtrai, un passage va s'ouvrir. Le fragment de la force se trouve au bout du chemin. Prends-le et pars à la recherche des autres morceaux que ton père et moi avons cachés en Hyrule.
- Mais pourquoi donc les avoir cachés si loin ? Et où les avez-vous mis ?
- Ton père s'est occupé de la Triforce du courage. J'ai simplement remis celle de la sagesse à la famille royale d'Hyrule, mes cousins. Tu dois comprendre... Les pouvoirs de la sainte relique sont tellement puissants. Elle ne doit pas être à la disposition de n'importe qui. La personne capable de réunir les quatre fragments sera forcément quelqu'un qui en sera digne. J'ai confiance en toi. Lorsque nous avons décidé de t'offrir le morceau de la révolte, nous savions que tu aurais à les réunir. Et lorsque tu auras accompli cette quête, tu seras certainement aussi forte que ton père. Je suis sûre qu'il serait aussi fier de toi que moi.
Quelques larmes coulèrent sur les joues de la jeune fille. Ces retrouvailles inattendues se réalisaient au-delà de ses rêves les plus fous. Elle essayait de profiter le plus possible des derniers instants de l'apparition. Les derniers mots de sa mère furent les suivants.
- Avec le temps, je retrouverai des forces. Reviens me voir avec Raphaëlle. Un mécanisme fait que tous les pièges seront renouvelés, mais je suis sûre que tu sauras t'en tirer.
Elle disparut. A cet instant, un mur de la pièce tomba en poussière, laissant la place à un couloir illuminé de nombreuses torches. Après avoir versé quelques larmes de tristesse, elle décida de suivre les conseils de sa défunte mère. Leïa prit le chemin. Elle arriva dans une salle féerique dont les murs scintillaient de mille lumières de toutes les couleurs. Au centre, se trouvait un grand autel argenté recouvert d'un linge blanc. A quelques centimètres de cette nappe, flottait un magnifique triangle d'or de la taille d'une main. La jeune fille décida de vérifier les dires de sa tutrice. Elle étendit la main et dit d'une voix claire :
- Triforce de la force, cadeau de la déesse Din, viens à moi !

Il ne se passa d'abord rien, plus Leïa sentit une vague de chaleur envahir son corps, son énergie se concentrer dans sa main. Alors, elle vit le triangle léviter et venir docilement à elle. Lorsqu'elle le toucha, le morceau d'or se mit à briller d'une vive lumière rouge. La lumière se répandit sur son corps. La sensation que la jeune aventurière sentit ensuite fut loin d'être agréable. La combinaison des deux fragments lui donnait l'impression d'être écrasée par une baleine et d'être brûlée de l'intérieur. Elle avait mal et avait des difficultés à bouger. Elle se souvint alors des paroles de sa tutrice. Raph lui avait raconté que son ancêtre Tanis, ne sachant pas contrôler son fragment, avait eu de graves problèmes de santé. Raphaëlle avait réussi à la soigner lui apprenant la méditation et à canaliser son énergie.

La jeune fille s'assit donc et ferma les yeux. Elle chercha à retrouver son souffle et son calme. La douleur se calma. Au bout d'une bonne heure, elle réussit à endormir les pouvoirs de ses fragments. Elle ne sentait plus rien qu'un désagréable mal de tête. Enfin, c'était déjà ça. Elle se releva et sortit. A sa grande déception, elle ne revit pas le fantôme de sa mère. Ce serait pour plus tard. A la salle des machines, elle eut la surprise de voir les clefs disparaître et la grande porte de pierre se refermer. Elle se rappela les paroles de sa mère. Tout allait se remettre en place. Elle décida de déposer le sac de bombes dans la pièce et sortit respirer l'air de la mer.

Elle passa une nouvelle heure à se reposer. Elle ramassa son sac qu'elle avait laissé à l'entrée et mangea le reste de ses provisions. Ensuite, elle rangea tout et décida de se remettre en route. A voir la position du soleil, il devait déjà être six heures. Sa promenade du retour fut plus rapide qu'à l'aller. Non seulement le chemin descendait, mais la jeune fille évitait les obstacles en volant. Il était presque neuf heures et le soleil se couchait lorsqu'elle arriva enfin en vue du village. Elle s'apprêtait à s'engager sur le chemin lorsqu'elle vit arriver un paysan qui arrivait dans le sens inverse.
- Bonjour Mademoiselle Leïa.
- Bonjour Hubert. La journée a été bonne ?
- Assez étrange, je dois dire... On a vu des hommes étranges en ville qui cherchaient tes parents. Pff... tout le monde leur a dit qu'ils étaient partis et probablement morts, mais ils s'obstinaient.
A ses mots, elle ne put s'empêcher de penser au fantôme qu'elle avait vu. Mais elle se concentra vite sur les étranges personnages.
- Comment étaient-ils ?
- Bah, des hommes de tous les âges, mais ils filaient tous la chair de poule. Ils sont venus sur de gigantesques oiseaux noirs à la queue bariolée. Vers deux heures, ils se sont envolés pour le phare. Leurs oiseaux sont installés au sommet de la tour. Je pense qu'on peut les voir d'ici.
Le visage de la jeune fille pâlit. Elle dit au paysan d'emmener le plus de gens vers les forêts et s'envola vers la tour. Aucun doute que Raph avait des problèmes.

Chapitre 5 : Le choc des générations   up

Leïa ne met pas longtemps à les apercevoir. Les oiseaux sont loin d'être discrets. Elle se dit que si sa mère adoptive est en danger, alors elle doit utiliser la ruse pour l'aider. Elle s'élève très haut dans le ciel de façon à ce que les gens postés en haut de la tour ne puissent pas la voir. Ensuite, elle va se poser sur le toit du phare. Il est brûlant, mais c'est parfaitement normal. Elle essaye d'écouter ce qui se passe. Elle entend des voix d'hommes.
- ... Longtemps ?
- Tant qu'on ne détecte pas de problème ou qu'il ne nous fait pas de signal.
- Il abuse, quand même. On est vraiment à l'étroit ici. Lui, il est en train de satisfaire ses instincts depuis au moins huit heures. Il exagère ! Tant de temps pour une catin qu'il veut dominer par pure vengeance !
- Surveille tes propos. S'il t'entendait parler d'elle de cette façon, tu serais vite dans l'autre monde.
- Mais j'en ai marre ! Qu'est-ce qu'on fait ici d'abord ? On a fait tout ce chemin pour que le patron fasse joujou. Qu'est-ce qu'on va y gagner, hein ?
- Eresim, on ne pouvait pas deviner que les copains de cette femme avaient disparu. Il nous est impossible de retrouver la trace de la Triforce.
La jeune fille, installée sur son toit, retient son souffle. Il est évident que ces sinistres personnages sont des sbires du terrible Ganondorf. Mais où était le sorcier ? Si elle doit se baser sur les dires des hommes, il est en bas avec Raphaëlle. Leïa n'ose pas imaginer ce qui pouvait bien se passer entre eux. Elle continue d'écouter la conversation en attendant de trouver une stratégie à adopter. Il lui semble inconcevable de partir pour Hyrule sans aider sa mère adoptive. Elle ne peut pas la laisser prisonnière du sorcier.
- Comment vous avez trouvé ce bled, vous ?
- Je ne sais comment dire... incroyablement ennuyeux...
- Oui, tellement tranquille qu'on en deviendrait fou !
- La vie de ces gens doit être un enfer.
- Les gars, si on allait y mettre un peu d'animation ?
- Suturb, on ne DOIT PAS bouger.
- Qui te parle de se déplacer ? Regarde... il me suffit de préparer ce petit sortilège de rien du tout...
- Oh, dans ce cas...
- Vous êtes complètement débiles, ma parole ! Le bruit des explosions va attirer le maître.
- Et alors ? On lui dira que ça sentait le roussi, que des gens tentaient d'intervenir. Allez... cet endroit paradisiaque t'énerve autant que nous, Knil.
Leïa n'entend pas ce que le dénommé Knil répond. Une espèce de fusée verte fonce vers le port. Quelques secondes plus tard, une énorme vague engloutit la grande majorité des navires amarrés au port. Les malotrus éclatent de rire.
- Dommage que tout le monde soit chez soi. Personne n'a vu le spectacle.
- La prochaine fois, il faudrait faire suffisamment de bruit pour les faire sortir de leurs habitations.
- OK, laissez-moi faire.
Cette fois-ci, une puissante boule rouge fonce en direction du plus grand bâtiment du village, la halle aux poissons. Il est pulvérisé et une odeur de poisson calciné se répand. Les monstres commencent à s'exciter.
- A moi, à moi ! Vous allez voir ce que je peux faire.
- Plus rien !
A ces mots, une puissante boule d'énergie rouge frappe de plein fouet l'individu impatient de faire ses preuves. Il est propulsé dans le vide. Tous se retournent pour voir une magnifique jeune femme à la robe et aux cheveux bordeaux trancher la corde retenant la cloche. Avec un regard haineux, elle se bouche les oreilles. Encore trop surpris par cette intervention, aucun des douze hommes présents sur cette terrasse ne réagit. Ils voient la cloche se balancer... et sont tous terrassés par la puissance du résonnement de la cloche. Lorsqu'ils reprennent leurs esprits, l'enragée a disparu. Ils ne comprennent rien.

Pendant ce temps, Leïa dévale les marches du phare quatre à quatre. Elle doit absolument trouver Raphaëlle et l'entraîner loin de tous ces barbares. Elle arrive dans la seule pièce éclairée de la tour, le grand salon. Elle aperçoit sa mère adoptive inconsciente allongée sur le grand divan. Elle ne se demande pas pourquoi elle est seule dans la pièce et se précipite vers la première-née dans le but de la réanimer. Elle finit pourtant par sentir la présence d'une autre personne dans la pièce. Elle se retourne pour découvrir un grand homme vêtu de noir et qui a tout d'une armoire à glace. La jeune fille reconnaît immédiatement l'homme de son rêve. C'est Ganondorf.
- Raphaëlle ne m'avait pas parlé de toi... Je suppose qu'elle voulait te protéger, mais c'est gentil d'être venue nous dire bonjour.
Leïa ne répond pas. L'homme continue.
- Mais son silence n'aurait pas changé grand-chose. Elle garde un portrait de votre petite famille dans une autre salle. Ton père, ta mère et toi. Même si tu t'es teint les cheveux, la ressemblance est trop flagrante. Tu sais que tu as exactement les même yeux que ta mère ? Ces grands yeux noirs si provocants ? Je me suis fait un serment de ne plus jamais les oublier.
Leïa ne comprend pas... Pourquoi dit-il qu'elle s'était teint les cheveux ? Un bref coup d'oeil à une vitre la renseigne. Ses beaux cheveux noirs sont devenus rouges comme le sang... mais comment ? Etait-ce le contact avec la Triforce ? Elle se reconcentre sur le trouble-paix.
- Qu'est-ce que tu as fait à Raph ?
- Rassure-toi, elle est juste évanouie. Rien de grave. Je l'ai assommée pour pouvoir te parler tranquillement.
- Et tu me veux quoi ?
- Je perçois beaucoup d'agressivité dans ta voix... Voyons, je ne suis pas un méchant homme.
- Tu n'es pas un méchant homme, tu es un monstre de la pire espèce !
- Tu te permets de me juger sur quelques phrases ?
- Je me base sur ton comportement et celui de tes hommes. Vous êtes venus pour apporter le chaos sur Alkantir et se repaître des souffrances de ses habitants.
- Je ne suis pas venu pour ça ! Je sais que mes employés sont des primitifs assez barbares. Je leur ai formellement interdit tout débordement et s'ils se sont livrés à des carnages, ils en seront châtiés.
- Ça suffit ! Qu'est-ce que tu veux ?
- Retrouver ma petite famille, donc toi... ainsi que les fameux trésors que vous vous transmettez de génération en génération.
- Des trésors ? De quoi tu parles ?
- De ce qui s'affiche au dos de ta main droite. Tiens, tiens, le triangle du haut et celui du centre... les fragments qui m'intéressent le plus, et ils sont déjà à portée de main.
- Tu ne les as pas encore et tu ne les auras jamais !
- Je t'ai toi... et tout ce qui est à toi sera à moi.
- JAMAIS, TU ENTENDS ? JAMAIS !!!
Sur ce cri de défi, elle lance une puissante rafale d'énergie sur son adversaire. Il a juste le temps de se baisser pour éviter le pire. Il se retourne. La vague d'énergie a pulvérisé un mur et une partie de la montagne derrière.
- Tu es très forte, mais ça ne te servira à rien, ma petite. Tes parents, tes grands-parents et tes arrière-grands-parents n'ont pas réussi à se débarrasser de moi. Aucun de vous ne sera jamais assez fort pour vaincre votre ancêtre.
- On parie ?
- Si tu perds, tu m'appartiens.
- Pervers !
Elle prépare une autre boule d'énergie mais soudain, une violente douleur résonne dans sa tête. Ça ne ressemble pas aux douleurs provoquées par la Triforce de la force. Non... c'est plus une insoutenable migraine, on dirait que c'est plus son esprit que sa tête qui souffre. La douleur est telle que la jeune fille s'évanouit. Son arrière-arrière-grand-père s'approche d'elle pour vérifier son état. Une autre personne sort de l'ombre.
- Tu arrives à point, Djingreï. Félicitations.
- Merci. Qu'est-ce qu'on en fait, maintenant ?
- D'abord, tu vas voir ce qui se passe en haut. Je suis curieux de connaître les excuses que ces imbéciles vont me donner pour l'avoir laissée entrer. Je vais remonter tranquillement avec mon arrière-arrière-petite-fille. Prépare les montures. Nous partons sur-le-champ.
- Vous tenez vraiment à la prendre ? Elle est dangereuse... Il nous suffirait de la forcer à nous donner les morceaux.
- Il faudra la dresser, mais je veux la garder auprès de moi. De toute façon, les dieux l'ont désignée comme la gardienne. Même si elle le voulait, elle ne pourrait pas s'en défaire.
- Et l'autre, la première-née ?
- On la laisse... Je peux l'oublier à présent. Je doute qu'elle puisse encore me gêner avec le coup que je lui ai porté.

Quelques minutes plus tard, neuf grands oiseaux noirs s'envolent, emportant Leïa vers son destin.

Chapitre 6 : L'arrivée   up

- Link... Link ?
Il était perdu dans un brouillard sombre... Il n'arrivait pas à se concentrer sur une pensée plus d'une seconde. Qu'est-ce qui se passait donc ?
- Liiiiiiiink, réponds, bon sang !
Qu'est-ce qui se passait ? Pourquoi on lui criait dessus ? Ah ! Il se souvenait... Il avait été aspiré par cet étrange typhon et avait sombré dans le noir. Il devait être en train de reprendre ses esprits. Le fait qu'on lui parle signifiait qu'il devait être arrivé à destination.

Son corps était terriblement engourdi. Le jeune homme faisait des efforts pour ouvrir les yeux, mais il n'y arrivait pas.
- Ça y est !!! Les gars !!! Il bouge ! Il revient à lui !
Link sentit une vraie cavalcade près de lui. Dans un effort surhumain, il arriva à se tourner sur le dos pour éviter de se faire piétiner. Il sentit que les forces lui revenaient petit à petit et qu'il arrivait à prendre possession de son corps. Il put remuer ses membres, mais il lui était toujours impossible d'ouvrir les yeux.
- Link ? Ça va ? Réponds-moi !
Le garçon se sentit obligé de donner un signe de compréhension.
- Qui est là ? Qui c'est ?
- Merci mes dieux ! Il va bien ! Link, c'est moi, Rick.
- RICK ??!!??
L'elfe ouvrit grand les yeux et se redressa d'un bond.
- Mais comment... est-ce que tu es là ?
Soudain, il réalisa qu'il était allongé dans une clairière et qu'il était encerclé par une dizaine de garçons âgés de quinze à une trentaine d'années. Il en reconnut la plupart. Il s'agissait de ses petits voleurs. Rick était agenouillé près de lui, en parfaite santé. Dans ses souvenirs, le jeune homme n'avait jamais paru aussi bien. Il avait un beau visage rayonnant et des longs cheveux noirs en bataille. Il regardait son ami d'un air inquiet.
- Ça va Link ?
- Qu'est-ce que... Qu'est-ce que je fais là ?
- Tu t'es brusquement évanoui. Tu es resté inconscient pendant trois heures.
- Je n'y comprends rien. Comment ai-je pu tomber évanoui ?
- Rappelle-toi. On examinait le butin de notre dernière attaque. Tu as ouvert l'unique coffret et as ramassé le caillou à l'intérieur. A ce moment-là, tu as eu comme un choc et tu es tombé sur le sol. On aurait dit que tu avais été attaqué par une méduse flottante.
- Ah bon...
En lui-même, l'elfe se remémorait la discussion qu'il avait eue avec son ami dans le futur parallèle. Rick lui avait dit qu'il avait commencé à avoir un étrange comportement après avoir obtenu ce qui devait être un fragment de la Triforce. Voulant vérifier ces faits, il tira sur ses gants de cuir. Il eut la surprise d'y découvrir un étrange tatouage représentant la Triforce à trois morceaux. Celui du bas à droite émettait une faible lumière jaune.

Alors, un doute se glissa dans l'esprit de Link. Et si... Mais c'était évident ! La lettre qu'il s'était écrite le confirmait. Comment ne s'en était-il pas rendu compte plus tôt ? Il avait déjà fait le voyage dans le temps auparavant.

Devant les regards interrogateurs de ses amis, il comprit qu'il devait faire quelque chose. Après tout, il était le chef. Tous les garçons attendaient ses ordres et il ne devait pas les inquiéter. Il ne fallait pas qu'il leur annonce en un coup qu'il était profondément amnésique et qu'il était parfaitement incapable d'assumer ses fonctions.
- Bon, ben... désolé de vous avoir fait peur. Le choc m'a bien embrouillé l'esprit, mais je crois que ça va mieux.
Tout le monde poussa un soupir de soulagement. Le personnage le plus âgé du groupe, grand et un peu enveloppé, s'avança. Si Link avait l'impression de ne l'avoir jamais vu, il reconnut en revanche la tunique qu'avait porté Sir Marsias. Cela devait être Bjorn, celui qui avait été tué par Ganondorf.
- Bon, Boss, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
- Euh... on a récolté quoi, au juste ?
- Le morceau d'or a disparu dans un éclat de lumière, alors on n'a plus que ce que portaient les moblins sur eux. On a une dizaine de colliers macabres et les rubis de leur argent de poche. Un résultat minable, en résumé.
- Bon, alors on n'a plus rien à faire ici. Rentrons au camp.
Tout le monde approuva la décision du chef. Bjorn l'aida à se relever et à marcher. Ils se dirigèrent vers les chevaux où Link eut la surprise de voir Getella, le cheval qu'il avait obtenu à Saut-de-Roc. Sir Marsias avait donc dit vrai. C'était bien son cheval. Sur la selle de cette dernière, étaient accrochées diverses armes. Link reconnut son fléau et sa flûte de pan. En revanche, il était surpris d'y voir une arbalète. Après réflexion, il en conclut que c'était normal. L'arc qu'il avait trouvé dans le futur parallèle était une arme ramassée dans un coffre et offerte par les sages du sanctuaire de pierre. Il ne lui avait donc pas appartenu. Il constata que Bjorn le regardait d'un air intrigué.
- Quelque chose te perturbe, Link ?
- Non, pas vraiment... je me demandais si je n'avais rien oublié.
- Non, tout est là. Je me suis permis de ranger tes affaires. La seule qui te manque, c'est... ÇA !
Avant que Link ne puisse se rendre compte de ce qui lui arrivait, le colosse lui avait enfoncé un énorme bonnet vert sur la tête, lui cachant ainsi les yeux et déclenchant l'hilarité chez ses compagnons.
- Pourquoi tu as fait ça ?
- Ben...
Bjorn ne riait plus. Il était très surpris.
- Et notre pari, alors ?
- Quel pari ?
- Tu ne vas pas me faire croire que tu ne te souviens pas de notre pari.
- Pour tout t'avouer, je crois que le choc m'a grillé quelques cellules du cerveau. Non, je ne me souviens pas d'un pari où tu dois m'enfoncer cette horreur sur la tête.
Bjorn parut un moment embarrassé mais retrouva vite son sourire.
- Ce n'est pas bien grave. Je suis sûr que la mémoire va te revenir avec le temps. En fait, on avait dégoté deux affreux bonnets et on avait décidé de relever le défi d'enfoncer le chapeau le plus de fois possible sur l'autre en moins d'une journée.
- Ça va. Qui gagnait ?
- C'était cinq à cinq jusqu'à tout à l'heure... Tu es sûr que tu ne me fais pas une blague pour éviter le déshonneur de la défaite ?
- Je ne fais pas de comédie. J'ai même du mal à trouver le nom de tout le monde. On arrête ce jeu stupide. J'ai besoin de calme pour me remettre les idées en place.
Son ami acquiesça, l'aida à monter sur le cheval et grimpa sur le sien. Il fit signe aux autres de partir en avant et resta en arrière avec son chef.
- Sans blague... Tu te souviens quand même de mon nom ?
- Toi, oui. Tu es Bjorn. Je vois bien Rick, Zieck, Rajick, Dolm... Viktor... Will...
- Les deux derniers, ce sont Axandrel et Vlad. Tu sais que tu me fais peur ? Avec ta mémoire dans un état pareil, les gars vont essayer d'en profiter au maximum.
- Mais je m'en rends bien compte. A moi aussi, ça me fait peur. L'idée de ne plus être à la hauteur de mes responsabilités me terrifie.

Chapitre 7 : Les oiseaux   up

Link et Bjorn continuaient d'avancer tranquillement tout en discutant d'une solution. Bjorn lui suggérait de prendre un petit moment de repos et d'aller voir le grand arbre Mojo. Son expérience millénaire pourrait certainement lui rendre sa mémoire perdue. Link sentait bien que Bjorn rêvait de prendre momentanément le titre de régent du groupe et ne savait pas vraiment s'il devait s'en méfier. De toute façon, s'il avait un monde à sauver, il devrait beaucoup voyager et devrait agir seul. Il ne tenait pas à impliquer ses amis comme dans le futur parallèle. Il n'avait aucune envie de les voir emprisonnés dans les cachots crasseux et malodorants de la montagne solitaire, et encore moins de voir Rick contraint de se mettre au service de Ganondorf. Non, il fallait qu'il s'en sépare et qu'ils aillent à l'abri le plus vite possible. Mais comment faire ?

Il fut tiré de ses pensées par les cris d'alerte de ses compagnons. Ils étaient arrivés au sommet d'une colline au beau milieu de la forêt. De là, ils avaient une vue imprenable sur l'immensité d'arbres. L'agitation était due à l'apparition d'étranges oiseaux dans le ciel. Avec l'aide de longues-vues, les voleurs de grands chemins purent constater qu'il s'agissait de condors dorés de très grande taille, qu'ils étaient apprivoisés et qu'ils étaient surchargés. En effet, six des neuf volatiles portaient deux personnes. Les gens voyageant seuls semblaient prendre tant de place qu'ils avaient l'air plus difficile à porter. Lorsque Link examina le groupe à son tour, il eut un terrible choc. Il connaissait très bien la plupart des visages. Il s'agissait des mercenaires de Ganondorf. Il reconnaissait Knil et Fordononag. Il y avait aussi Djingreï, même si elle avait l'air assez différent. Au centre, il voyait... Ganondorf. Il était exactement comme dans ses souvenirs. Il portait une longue cape noire et tenait quelque chose à l'intérieur... Lorsque les oiseaux changèrent de direction (ils se dirigeaient vers eux), il distingua ce que gardait son ennemi. Il aperçut un visage avec des cheveux rouges comme le sang sur l'oiseau de son terrible ennemi. Enfin... Ganondorf passait près de lui sans le savoir. C'était l'occasion ou jamais ! Il pouvait sauver le monde avec quelques flèches. Il incita son équipe à s'armer d'arcs à flèches et de viser les oiseaux.

Très près de là, Leïa était plongée dans une terrible torpeur. Elle se sentait terriblement faible. A chaque fois qu'elle reprenait des forces, l'étrange migraine revenait et elle s'évanouissait à nouveau. Plongée dans cet état de demi-inconscience, elle avait quand même eu le temps de comprendre sa terrible situation. Elle était ligotée et fermement surveillée par son ancêtre. Elle ne savait pas ce qui allait se passer, mais il était évident qu'elle ne pourrait pas s'échapper. Son avenir était plus qu'incertain dans cette situation. Qu'est-ce que le monstre allait donc exiger d'elle ? Il la tenait fermement dans ses bras. Elle pouvait sentir sa respiration et les battements de son coeur. La jeune fille pouvait percevoir l'attention qu'il lui portait et cela la terrifiait.

C'est à ce moment-là qu'une flèche atteint l'oeil d'un des oiseaux. Elle fut suivie par une vraie pluie de ces projectiles. En quelques secondes, le chaos régnait dans le convoi aérien. Il était bien facile d'identifier la source des tirs, mais aucun des guerriers ne pouvait faire quoi que ce soit. Ils étaient tous trop occupés à se protéger et à calmer leurs montures. Leïa sentit son geôlier relâcher son étreinte pour faire apparaître une sorte de bouclier. C'était le moment ou jamais de lui fausser compagnie. Elle se laissa glisser de la selle et tomba dans le vide. Elle entendit son ancêtre hurler et un des voyous crier qu'il allait tenter de la réceptionner. Elle entendit le volatile battre des ailes. Elle le sentit approcher d'elle. Mais au moment où il allait atteindre son but, la jeune fille invoqua les pouvoirs de sa Triforce et modifia sa trajectoire. Surpris, l'homme ne put anticiper la nouvelle situation et fonça dans un arbre qui se détachait par sa hauteur. Leïa comprit très vite que les volatiles ne pourraient pas la suivre dans l'épaisse forêt et s'y précipita.

Link et sa bande de voleurs avaient bien vu la scène. L'elfe avait soudain eu un choc. La fille qui était tombée de l'oiseau de son ennemi volait... Sa fiancée lui avait signalé, avant son départ pour le passé, qu'elle pouvait le faire. Et si... mais dans ce cas, elle était tellement différente. Non, cela ne pouvait pas être Leïa. Pourtant, Ganondorf semblait particulièrement furieux d'avoir perdu sa prise. Link ne réfléchit pas longtemps. Il ordonna à ses amis de continuer à surveiller les oiseaux et de le couvrir pendant qu'il partait à la recherche de la personne qui avait disparu dans la forêt. Il devait en avoir le coeur net.

Chapitre 8 : La rencontre   up

L'elfe courait à travers les arbres. Il évitait les troncs, sautait par-dessus les rochers et traversait les buissons. De temps en temps, il entendait les grands condors voler près de lui au-dessus des arbres, mais ces derniers furent vite contraints d'abandonner. Ils étaient canardés de flèches, ne pouvaient pas se poser et n'avaient aucune chance de retrouver la fugitive. Il vit que les oiseaux et leurs propriétaires partaient se cacher et se soigner dans leur sombre repaire. Link reprit son chemin vers l'endroit où il avait vu la fille disparaître. Après une course de vingt minutes, il atteint une sorte de clairière parsemée de rochers. La fille se trouvait là et s'efforçait de trancher les cordes qui lui servaient de liens. Link eut un nouveau choc. Le corps... la forme du visage... le regard... aucun doute possible, c'était Leïa, mais tout de même terriblement différente. Déjà, ses yeux, ses cheveux et la couleur de sa peau... Mais il se dit que c'était peut-être normal. C'était peut-être la Triforce qui l'avait transformée.

La demoiselle s'aperçut vite de sa présence. Son premier geste fut un mouvement de recul et de surprise. Le jeune homme, se rappelant qu'elle ne le connaissait pas encore, décida de se montrer le plus bienveillant possible. Il s'approcha doucement d'elle. La fugitive l'interrogea :
- Heu... Papa, c'est toi ?
Link se dit dans sa tête : "Oh zut, j'avais oublié qu'il lui arrivait de me prendre pour son père".
- J'ai quasi le même âge que toi. Je ne peux pas être ton père.
- Oh pardon... C'est que tu es pire qu'un sosie, tu es son parfait reflet.
- Ce n'est pas grave. Est-ce que tu veux un coup de main pour te libérer ? J'ai une épée... Je peux trancher les cordes plus facilement qu'avec une simple pierre.
La jeune fille hésita mais finit par se laisser faire. Dans sa tête, elle réfléchissait à toute vitesse. Ce garçon avait l'air de connaître les lieux et d'être débrouillard. Si elle voulait s'en sortir, elle n'avait pas vraiment le choix. Elle avait besoin de lui. Pour éviter de la brusquer et de lui faire peur, le garçon utilisa son arme en douceur, en évitant au maximum de la toucher. Leïa l'interrogea :
- Excuse-moi mais... on est dans quelle région ?
- Au fin fond de la grande forêt d'Hyrule, je pense.
- Tu n'en es pas sûr ?
- Cette forêt est si grande qu'il est difficile d'y établir la frontière du royaume.
- Bon...
- Je peux te poser une question ? Quel est ton nom et que faisais-tu avec ces... gens-là ?
- Je ne traînais pas avec eux ! Ils m'ont emmenée de force.
- Ah bon... et tu sais pourquoi ?
- Parce qu'ils veulent s'emparer d'une relique aux immenses pouvoirs et j'en détiens une partie. Ne rêve pas ! Si la relique n'est pas au complet, elle ne vaut pas grand-chose.
Leïa ne venait pas d'échapper à Ganondorf pour susciter la convoitise d'un homme des bois. Elle ne voulait pas lui donner l'envie de s'approprier les fragments de la Triforce et choisit donc de mettre tout en oeuvre pour le décourager. Elle se méfiait du garçon. Il lui procurait d'étranges sensations. Elle n'arrivait pas à expliquer pourquoi, mais son comportement la perturbait. Il s'efforçait d'être rassurant mais avait l'air tellement distant et gêné qu'elle se demandait ce qu'il pensait d'elle. De plus, il y avait cette étrange ressemblance avec son père. Elle ne pouvait pas s'empêcher de penser à lui en regardant le garçon. Enfin, elle allait devoir faire avec. Elle était déjà en Hyrule et avait besoin d'un guide pour atteindre la civilisation. En premier lieu, il fallait qu'elle aille à la rencontre de la famille royale. Sa mère lui avait dit qu'ils détenaient la Triforce de la sagesse. Plus que jamais, elle tenait à la récupérer. En plus, le temps lui était désormais compté. Ganondorf allait également se lancer à la recherche de la relique et allait mettre tous les moyens en oeuvre pour la retrouver. Le mystérieux sosie de son père la tira de ses pensées.
- Tu ne m'as toujours pas dit ton nom.
- Je m'appelle Leïa.
- On devrait partir, Leïa. Tes agresseurs vont revenir. Suis-moi et tout ira bien.

Leïa décida donc de faire confiance au garçon et le suivit.

Chapitre 9 : Leçons de séduction   up

Link et Leïa retrouvèrent vite les compagnons de Link. Ils furent tous surpris de découvrir ce que leur chef leur ramenait. Ils étaient surpris non pas par l'étrange beauté de la demoiselle, mais par le fait que leur leader ait décidé de la protéger.

Rapidement, Rick proposa à la nouvelle venue de prendre son cheval.
- Heu... je n'ai jamais touché à un de ces animaux de toute ma vie.
- C'est pas grave... Je suis là pour t'apprendre.
Dans une réaction instinctive de jalousie et de méfiance, Link s'écria :
- Bas les pattes ! Elle monte sur le cheval, mais pas toi. Tu marches à côté et tu guides le cheval.
Tous les garçons regardaient à présent Rick d'un air amusé qui semblait dire "bien essayé". Le jeune homme n'insista pas et, après avoir aidé la demoiselle à monter sur le cheval, s'approcha de la bride. Link expliqua à sa protégée comment se tenir et ordonna l'ordre du départ.

Pendant le trajet, l'elfe ne pouvait s'empêcher de voir d'un très mauvais oeil la façon dont Rick discutait avec sa future bien-aimée. Bjorn s'approcha de lui et lui chuchota discrètement :
- C'est moi où tu viens enfin de découvrir l'amour ?
- Hein ? Quoi ???
- Avoue que tu n'aimes pas voir notre grand séducteur tourner autour de ta petite protégée.
- Mais...
- Et tu as bien raison. Tu as intérêt à réagir si tu ne veux pas qu'elle te file sous le nez.
- Attends... Rick ne va quand même pas emballer une parfaite inconnue.
- Tu n'as quand même pas oublié son sens inné de la séduction ? Même sans le faire exprès, il va la draguer. Link ! Tu m'écoutes ? Ahaha... j'avais visé juste !
- C'est pas vrai !
- Ne nie pas ! C'est vraiment trop flagrant ! Tu n'arrives pas à en détacher ton regard et tu deviens aussi rouge que ses beaux cheveux. C'est très mal assorti avec tes cheveux blonds.
- Arrête !
- Du calme... On va essayer d'arranger ça. Au fait, qu'est-ce qu'on va faire d'elle ? On la garde ?
- Elle est pourchassée par un dangereux sorcier. S'il la retrouve, Hyrule va vivre ses heures les plus sombres. On doit la protéger.
- Comment ça ?
- Ganondorf, ça te dit quelque chose ?
- LUI ??? C'était lui et sa bande de mercenaires ?
- Oui. Il a décidé de réunir les fragments de la sainte Triforce et elle en possède des fragments.
- Je vois... On n'est pas dans la merde, mais c'est tout comme.
- Je pense qu'il va revenir bientôt. Il risque de s'en prendre à la forêt. On doit partir et la cacher.
Ils interrompirent leur conversation. Ils avaient constaté que la jeune fille avait entendu leur conversation et qu'elle semblait terriblement inquiète. Gêné, Link détourna le regard.
- Link, ne joue pas au grand timide ou tu vas rater la chance de ta vie. Va lui parler et explique-lui la situation.
Il fut littéralement poussé par Bjorn vers le cheval de Rick. Il jeta un regard désespéré autour de lui. Il constatait que les membres de la bande qui se trouvaient dans les parages le regardaient d'un air vivement intéressé. Pauvre petit Link. Aller parler à une fille qui est censée devenir sa fiancée sans lui faire peur était déjà une terrible épreuve, mais le faire devant tous ses amis, c'était une mission impossible. Finalement, les garçons accélérèrent le pas et les laissèrent seuls. Rick confia les rênes à la jeune fille, lui assurant qu'elle saurait se débrouiller si elle n'était pas trop nerveuse et partit rejoindre ses compagnons. Mais pourquoi donc mettaient-ils tous un point d'honneur à les mettre ensemble ?

Link et Leïa se retrouvèrent seuls en pleine nature. Au début, il y eut un silence gêné. Ensuite, la fille prit la parole.
- Je ne t'avais pas parlé de Ganondorf... ni de la Triforce...
- Oui.
- Alors comment savais-tu tout ça ?
- Pour Ganondorf et ses mercenaires, je les avais déjà vus.
Link réfléchit. Il n'allait quand même pas lui dire toute la vérité maintenant. Il ne pouvait quand même pas lui dire qu'elle était prédestinée à devenir sa femme et qu'elle allait passer de longs mois prisonnière du terrible sorcier.
- En fait, j'avais rêvé de ce moment...
- Pardon ?
- Des dieux me sont apparus en rêve et m'ont annoncé que la personne désignée pour posséder la Triforce au grand complet allait arriver. Ils m'ont dit qu'elle aurait besoin d'aide et que je devrais l'aider dans sa tâche.
Leïa le regarda un moment silencieusement puis répondit :
- Et qu'est-ce qui te fait croire qu'il s'agit de moi ?
- Le signe sur ta main...
Il enleva le gant de sa main droite.
- ... Je l'ai aussi.
Lorsqu'elle vit le symbole sur sa main, elle faillit lui sauter dessus.
- Le courage... comme papa. Ce n'est pas possible ! Tu dois être sa réincarnation.
- Heu... qui sait ? Je ne vois pas comment vérifier.
- Oh... il y a une méthode très simple, mais je t'expliquerai plus tard. En attendant, il faut qu'on parle affaire. Tu dois me donner ton fragment.
- Je le voudrais bien mais je ne sais pas comment faire. De plus, je crois qu'il y a un problème.
- Quel problème ?
- En fait, je crois que je n'en ai qu'un seul petit morceau. Je ne pense pas que cela puisse te suffire.
En effet, la nouvelle déconcerta la jeune fille. Elle n'aurait jamais cru qu'il était possible de briser un des morceaux de la sainte relique. Que faire ? Où étaient donc les autres morceaux ?
- Papa... Mes parents avaient décidé de cacher les morceaux de la sagesse et du courage en Hyrule. Maman a donné le sien à la famille royale. Je ne sais pas ce que mon père a fait du sien. Il a disparu...
Link faillit lui dire qu'il savait où le trouver, mais il se ravisa. Lui dire qu'il connaît son père et l'endroit où il se trouve aurait vraiment paru louche. En y pensant, il eut une idée. La tombe de Robin... Il y avait une bonne série de fresques dans la tombe. Certaines ressemblaient à des cartes. Et si Robin avait laissé des pistes ? Il fallait qu'il aille le vérifier à la tombe du héros des bois. Mais comment expliquer à Leïa son idée ?
- Comment il s'appelle, ton père ?
- Mon père ? Robin. C'était un porteur de la Triforce du courage. Il a fait de grandes choses pour Hyrule.
- Robin... Il y a 5 siècles, il y a bien eu un Robin des Bois qui a remis le roi sur le trône... On disait que lui et sa compagne avaient les pouvoirs des dieux et qu'ils en ont fait cadeau au nouveau souverain. Enfin, je crois que c'est le dernier héros à avoir porté ce nom.
Leïa se tut un instant. Elle faisait un bref calcul. Sa mère adoptive lui avait dit de nombreuses fois qu'un an écoulé sur Alkantir était égal à 50 années sur le continent. 10 x 50... 500. Les dates correspondaient. Mais le garçon avait parlé d'une tombe. Etait-il possible que son père soit également mort ?

Link comprenait la boulette qu'il venait de faire. Sans le faire vraiment exprès, il avait annoncé à la jeune fille que son père était décédé... C'était en parfaite contradiction avec le futur parallèle puisque dans celui-ci, elle pensait que son père était toujours en vie. Oh, en réfléchissant, c'était pour changer le cours de l'histoire qu'il avait fait ce voyage. Autant commencer tout de suite. Inutile d'être aussi compliqué. Il finirait par tout dire à la jeune fille, mis à part leur relation. Comme Ranos le Zora le lui avait dit, il ne fallait pas forcer les sentiments.

- Tu sais où se trouve cette tombe ?
Link prit sa décision.
- Oui, plus ou moins. Mais pourquoi ? Ton père ne peut quand même pas être aussi âgé.
- Si, c'est possible. Je t'expliquerai. Est-ce que tu pourrais m'y emmener ?
- D'accord... mais... est-ce que je peux te poser une question indiscrète ?
- Quel genre de question ?
- Si ton père est mort il y a cinq cents ans... quel âge as-tu donc ?
- Heu... 20 ans en années alkantiennes, mais je viens d'une terre où le temps s'écoule bien plus lentement qu'en Hyrule. Alors je crois qu'en temps hylien, j'ai un peu plus de mille ans.
- Je n'y comprends rien ! Comment une telle déformation dans le temps est-elle possible ?
- C'est une terre bénie par les dieux ! C'est la Triforce qui a fait surgir l'île des flots.
- La Triforce peut faire de pareilles choses ? C'est impossible !
- Si tu voyages avec moi, d'ici quelques jours, tes croyances d'homme des bois auront subi un sérieux coup.
- Merci ! Je te serais reconnaissant de ne pas me considérer comme un vulgaire vagabond.
- Excuse-moi... Ce n'est pas vraiment ce que je voulais dire. C'est juste que je sais que ce qu'on raconte au peuple hylien est bien loin de ressembler à la réalité. Les croyances transmises par la famille royale sont fausses et ils ne le savent pas eux-mêmes.
- Pour ça, je te rassure. A la différence de grand nombre de gens et du roi lui-même, je connais la véritable histoire de la création d'Hyrule et je sais qui sont la déesse Tamara et les premiers-nés.
La jeune fille le regarda avec des yeux ronds. Etre tombée sur le porteur de la Triforce du courage, c'était déjà une bonne chose. Le fait qu'il n'était pas abruti par les imbécillités racontées par les détenteurs du pouvoir, cela tenait vraiment du miracle. C'était trop beau pour être vrai. Finalement, cette quête allait se dérouler facilement. Elle en aurait vite fini. Elle demanda donc à son nouvel ami de la conduire à la tombe le plus vite possible. Link acquiesça. Il lui demanda néanmoins de lui laisser le temps de se trouver un remplaçant pour diriger sa bande.

Link fit partir les chevaux au galop, au grand dam de la jeune fille qui ne savait définitivement pas monter à cheval. Ils ne mirent pas longtemps à retrouver les autres, qui, en fait, les attendaient cent mètres plus loin. Ils durent attendre quelques minutes que Bjorn et Rick reviennent d'une curieuse mission et se remirent en route. Cette fois-ci, Leïa refusait catégoriquement d'être seule sur une de ces grandes bêtes qu'elle n'arrivait pas à contrôler. Rick finit donc par l'accompagner, en faisant à Link un clin d'oeil pour le narguer. Bjorn arriva près de Link.
- Relax. Je lui ai fait promettre de ne pas te couper l'herbe sous le pied. Il n'essayera pas de la draguer. Il veut juste te décoincer un peu. Au fait, il te fait dire qu'il trouve que tu es un pitoyable séducteur. Il dit que tu n'as aucun sens du romantisme. Comment as-tu osé lui demander son âge ? Il ne faut jamais demander son âge à une jeune fille.
- Mais qu'est-ce que vous avez à vouloir me faire rencontrer l'âme soeur ?
- C'est qu'on a envie de te voir un peu plus sensible au charme féminin. Ça fait des années que toutes les paysannes des villages que nous aidons tombent à tes pieds et tu t'en fiches comme de ta première tunique ! Tu les ignores tellement qu'on croirait que tu hais les femmes.
- Humph...
- Parlons de choses sérieuses... Rick et moi, nous vous avons espionnés (pardon). Si j'ai bien compris, on se transforme en gardes du corps ?
- Euh... rien est encore sûr. On doit aller vérifier un truc à la tombe du héros des bois. Ensuite, on doit atteindre le château royal.
- T'es pas sérieux ? Nos têtes sont mises à prix. On n'entrera là-bas que couverts de chaînes pour être jetés dans un cachot.
- C'est pourquoi j'irai seul avec elle. Je crois qu'ils toléreront plus facilement des porteurs de la Triforce.
- Et nous ?
- Ecoute... il faut que vous quittiez la forêt. Ganondorf va revenir. Avertissez tous les habitants que vous trouverez et trouvez un refuge ailleurs. Je te confie le commandement des troupes.
Bjorn ne répondit pas, mais à son regard, Link comprit qu'il venait de réaliser son plus grand rêve.
Ils rentrèrent au camp, semblable à l'image que Link en aurait dans le futur parallèle. L'elfe décida qu'une des cabanes serait évacuée pour que leur invitée puisse se reposer en toute intimité. Durant toute cette organisation, Rick s'approcha de son chef.
- J'ai vraiment du mal à te comprendre. Je sais qu'elle te plaît. Alors pourquoi tu l'éloignes de toi ?

Chapitre 10 : Prédictions   up

Link n'arrivait pas à fermer l'oeil. Il ne pouvait pas s'empêcher de réfléchir à ce qui lui arrivait. Il ne savait pas quoi faire. Il était actuellement un brigand amnésique. Il ne se souvenait pas de ce qui s'était passé 24 heures auparavant et cela le tuait. Car à y réfléchir, toutes ses aventures s'étaient finalement compressées en trois heures... le temps pour son "Lui passé" de recevoir les informations de son expérience future. Hélas, il n'avait pas l'impression d'être ce Link du passé. Une vingtaine d'années manquaient à sa mémoire. Comment avait-il vécu avant ? Qui étaient ses parents ? Quel genre de stupides paris faisait-il avec ses amis ? Link était furieux d'être privé de ce passé. Comment pourrait-il le récupérer ?

C'est en pensant à Leïa et au danger qui les menaçait que la solution lui vint. Il se frappa la tête contre le tronc au centre de la cabane. Comment n'y avait-il pas pensé plutôt ? Il allait demander à la jeune fille, une fois que la Triforce serait entièrement réunie, que tous ses souvenirs lui reviennent. Si la sainte relique pouvait déformer le temps et faire surgir une île du fond de la mer, cela devrait être un jeu d'enfant.

Malgré cela, il n'arrivait toujours pas à dormir. Il y avait d'abord ce second voyage dans le temps. Lorsqu'il s'était écrit la fameuse lettre, il avait visiblement déjà fait un voyage dans le temps et était conscient qu'il allait devoir en refaire un. Mais s'il était déjà retourné dans le passé, il l'avait fait combien de fois ? Et si c'était un cercle vicieux ? Ensuite, il allait devoir annoncer ses intentions à ses amis. Il était inutile de leur mentir plus longtemps. Toute la question était de savoir s'ils allaient le croire. Il devait vérifier...

A ce moment-là, il vit quelque chose bouger en bas. Une silhouette noire se dirigeait vers les buissons. Quelqu'un quittait le campement. L'elfe ne perdit pas de temps. Il passa une tunique, ramassa son épée et quitta silencieusement la cabane suspendue dans laquelle il dormait. La nuit était claire. Il voyait parfaitement le fugitif. Il le suivait à pas de loup. La silhouette s'arrêta contre un arbre. C'est ce moment que saisit Link pour lui bondir dessus.
- Hé ? Qu'est-ce que... ?
Link desserra son étreinte.
- RICK ???
- Link ? Qu'est-ce que tu fais ?
- Et toi alors ? Pourquoi tu quittes le camp en catimini ?
- Pour aller me soulager. Ça te pose un problème ?
- Heu...
Link posa les yeux sur son ami. Il portait une longue cape noire ainsi qu'un sac de nourriture et des armes.
- Tu te fous de moi ? Tu es obligé de te mettre en tenue de voyage et de rassembler tout ce matériel pour aller te vider ?
Rick se mordit la langue. Il était coincé.
- Je le redemande gentiment. Où comptais-tu aller ?
Son prisonnier, silencieux, semblait réfléchir à toute vitesse et paniquer. Link eut soudain un doute. Et si... et si ses relations avec Ganondorf avaient commencé beaucoup plus tôt qu'il ne l'avait dit ?
- OK, j'ai rassemblé toutes ces affaires parce que tu as dit toi-même que la forêt allait devenir dangereuse. Je comptais aller voir l'arbre Mojo.
- Voir l'arbre Mojo ? En pleine nuit et sans le dire à personne ?
- Je l'ai dit à Bjorn. C'est lui qui m'a demandé de le faire.
- Et pourquoi tu allais le voir ?
- Parce qu'on a besoin d'aide, tiens !
- J'estime que j'aurais pu être tenu au courant.
- Oh non ! On ne peut pas savoir si on peut te faire confiance.
- Mais... enfin... pourquoi ?
- Tu ne nous auras pas. Tu n'es pas notre Link !
Les paroles de Rick étaient sorties comme des flèches qui atteignent le centre de la cible. Link était abasourdi par ce qu'il venait d'entendre. Ses amis le connaissaient donc si bien pour faire la différence ? Enfin, c'était ses amis. Il leur devait la vérité toute nue. Il ne voulait pas les perdre. Il rangea donc son arme et aida le garçon à se relever.
- Rick, tu ne peux pas savoir à quel point tu as raison. Je vais t'expliquer.
Le jeune voleur, méfiant, ne bougea pas d'un cil. Il avait la main sur son épée.
- Calme-toi, Rick. Je ne serai jamais ton ennemi. Regarde. Je jette l'épée. Assieds-toi et écoute.
Rick avait toujours son air méfiant, mais il avait au moins lâché son épée.
- C'est un peu difficile à expliquer, mais entre l'instant où j'ai été frappé par je ne sais quoi en ramassant le morceau d'or et le moment où je me suis réveillé, il s'est écoulé bien plus que trois heures pour moi, plus qu'un an... et cela fait que j'ai terriblement changé. J'ai connu des batailles, des combats... j'ai perdu beaucoup de monde... même toi. Comme si cela ne suffisait pas, j'ai été frappé d'une violente amnésie. Plus tard, la fille qu'on a sauvée tout à l'heure m'a annoncé que j'étais la réincarnation d'un premier-né.
- Excuse-moi, mais je n'y comprends rien. Tu es en train de me dire que cette Leïa, tu la connaissais déjà ?
- Oui... j'ai déjà vécu ce moment, je pense... En fait, je peux t'annoncer plus ou moins que Ganondorf va revenir ici, mettre le feu à la forêt et tuer Bjorn. Le seul moyen qu'on a de contrer ce sorcier, c'est de trouver les Triforces de la sagesse et du courage et de les donner à Leïa. Lorsque qu'elle les aura, elle aura le pouvoir de détruire le sorcier et de sauver Hyrule. Mais si on échoue, que je n'arrive pas à tuer Ganondorf et qu'il capture Leïa, alors ce sera le chaos. Je sais que je serai frappé d'amnésie et que vous serez tous appelés à mourir.
- Pourquoi tu devrais affronter le fou ? Ça ne te concerne pas.
- Hélas, si. Tu ne m'avais pas laissé finir, tout à l'heure. Regarde le symbole que j'ai sur la main. Les dieux reconnaissent que je suis un premier-né désigné il y a des millénaires pour contrer le mal. Ils me réincarnent à chaque fois que le mal menace la terre. C'est mon destin, Rick. Ensuite, je possède le fameux pouvoir du héros éternel. Au seuil de la mort, je peux contrôler le temps. C'est pour cela que je suis de retour à cette époque... pour sauver le monde.
Rick le regardait d'un air septique. Visiblement, il n'arrivait pas à le croire.
- Résumons... tu es en train de me dire que tu as déjà vécu cet instant et que dans un an ou presque, tu vas faire un voyage dans le temps qui te ramène à cette époque. Ce qui fait que tu sais à l'avance ce qui va nous arriver.
- Oui.
- Il faudra que tu te montres un peu plus convaincant, mon pote. Peux-tu seulement me donner une seule preuve de ce que tu avances ?
- Bof, tu auras une confirmation de toutes mes prédictions dans peu de temps.
- Donne-moi une prédiction plus précise...
- Espèce de saint Thomas !
- Pardon ?
- Euh... laisse tomber. Quel genre de prédiction il te faut pour me croire ?
- Quelque chose qui va bientôt se produire.
- Ça me pose un problème car mon amnésie me voile la période avant ma défaite face à Ganondorf.
- Ah ? Parce que Ganondorf va te mettre la pâtée ?
- Ne rigole pas ! Tout le noeud du problème est là. Si j'ai fait ce voyage dans le temps, c'est justement pour éviter cette défaite et ses conséquences désastreuses.
- C'est pas de cette façon que tu vas me convaincre.
- Tu es casse-pieds ! Bon... alors fais le voyage avec Leïa et moi. Je te prédis que cette fille va tomber sur le cadavre de ses parents et qu'elle ne va absolument pas s'entendre avec la princesse Zelda d'Hyrule.
- Dis-moi pourquoi elle ne s'entendrait pas avec notre belle et douce princesse ?
- Heu... de un, parce que leurs familles sont ennemies depuis la nuit des temps et ensuite parce qu'elles vont se disputer le même homme.
- Marrant, j'aimerais bien voir ça. Et pour quel genre d'homme elles vont s'affronter ?
- Moi.
Rick le regarda avec des yeux ronds. Au bout de quelques secondes, il éclata de rire.
- Pas possible ! Je ne peux pas croire que tu vas draguer deux filles à la fois. Ce n'est absolument pas ton genre.
- Je ne VAIS PAS draguer Zelda. Cette fille est une nymphomane. Je te jure que si elle me court après, je n'y serai pour rien. Elle va me draguer uniquement parce qu'elle voudra piquer l'homme de Leïa.
- Ah, parce que... la fille et toi...
- Oui, je suis sorti avec elle dans le futur parallèle. On a même eu des enfants. Ça te convient ?
- OK ! Ça explique peut-être pourquoi tu étais si timide avec elle et toute la discussion que vous avez eue tous les deux. Je veux voir ça. Si cette prédiction se réalise, je croirai tout ce que tu me diras.

Chapitre 11 : Agression   up

Le lendemain, Link eut à annoncer ses intentions de départ à son équipe. Il nomma officiellement Bjorn responsable du groupe et veilla à ce que tout se déroule bien pendant son absence. Il répéta encore une fois que la forêt allait devenir dangereuse et qu'il valait mieux qu'ils partent le plus vite possible. Pendant qu'il parlait, il constata que le regard de Rick était plein d'appréhension. Peut-être qu'il avait enfin compris le danger qu'ils étaient tous en train de courir ? Possible. Link savait que son ami était tout sauf idiot. Les expériences du passé le lui avaient bien montré.

L'elfe décida de se concentrer sur autre chose. Il avait constaté que Leïa, bien qu'elle ait passé une bonne nuit, semblait pâle et faible. Selon lui, ce n'était absolument pas normal. Il se dit qu'il lui demanderait ce qui lui arrivait en cours de route.

Le moment du départ arriva. Link prit son courage à deux mains et proposa à sa protégée de l'accompagner sur son cheval. Rick regarda la scène d'un air vivement intéressé. Il tentait de déceler l'instant où les relations gauchères et timides de Link et Leïa allait se transformer en belle histoire d'amour. Ce genre de choses l'intéressait au plus haut point.

Ils quittèrent donc le camp de base des voleurs. Rick prit enfin la parole.
- Bon, c'est quoi, notre première destination ?
- On va à la tombe du héros des bois chercher des informations. C'est notre seule piste à l'heure actuelle.
- Mais... on n'a jamais réussi à dépasser la première salle, tu le sais bien.
- Il y a d'autres entrées que j'ai eu le loisir d'utiliser. L'arbre Mojo en garde une. Sinon, il y a un puits dans la première salle. C'est une oubliette, mais il y a un passage très étroit tout au fond. Il faudrait être un enfant ou une fille assez fine pour y passer.
- Attention à ce que tu dis, le coupa Leïa... Si tu ne veux pas te prendre une gifle, n'essaye pas de dire qu'il faut renoncer à cette entrée-là.
Link constata que Rick avait tourné la tête pour rigoler.
- Du calme. C'est pas ce que je voulais dire. Je suis sûr que tu peux y passer sans problème. Mais Rick, lui, ne passera pas par-là et je tiens à ce qu'il voit tout.
Rick s'écria :
- Ne dis plus rien du tout ou tu vas te prendre plus qu'une gifle. Et ne va pas me dire que toi, tu saurais y passer.
- Oh... j'ai eu l'occasion d'apprendre des formules magiques, mais il me manque la baguette magique.
En prononçant ces mots, il avait baissé les yeux vers sa flûte de pan, attachée à sa ceinture. Dans le futur, elle lui permettait de réaliser d'étonnantes prouesses, mais en était-il de même à cette époque ? Il ne voulut pas vérifier. Il aurait le temps plus tard. Il allait simplement se rendre au sanctuaire des bois. Il constata que ses deux compagnons le regardaient d'un regard noir.
- Ecoutez... Si je vous suggère de prendre l'entrée de l'arbre Mojo, c'est parce qu'elle est plus commode. Mais un jour, vous aurez peut-être besoin de connaître l'existence du couloir de l'oubliette.
Rick le regarda à nouveau d'un air interrogateur. Link devina ce qu'il avait en tête. Rick devait se demander s'il serait confronté dans le futur à cette fameuse oubliette. Link n'eut pas envie de lui raconter en détail leur passage dans le futur parallèle. Ils continuèrent donc leur route en silence. Bientôt, un bruit étrange parvint à leurs oreilles. Les garçons se tinrent sur leurs gardes. Bientôt, une horde d'une dizaine de loups noirs bondit des buissons. Les garçons sautèrent de cheval en dégainant leur épée. Link cria à la jeune fille de faire son possible pour contrôler le cheval et rester dessus. Les hommes firent leur possible pour empêcher les bêtes enragées de s'approcher des chevaux qui étaient déjà complètement affolés.

Leïa ne put pas rester en selle bien longtemps. Une ruade de Getella la projeta vite sur le sol. Malgré la douleur du choc, la jeune fille dut esquiver les sabots des animaux qui menaçaient de la piétiner. Elle n'aimait définitivement pas ces animaux. Puis, elle entendit un grognement dans son dos. Un des loups noirs était juste derrière elle et montrait les crocs. Au moment où il se préparait à mordre, un nouveau coup de sabot du cheval de Link s'abattit sur la tête du canidé, le tuant sur le coup. "Brave bête", pensa Leïa.

La petite équipe ne mit pas longtemps à constater que toutes les bêtes se concentraient sur la demoiselle. Ils l'encerclaient, mais n'avaient pas vraiment l'intention de la blesser, juste de l'empêcher de partir. Les garçons faisaient tout leur possible pour repousser les bêtes, mais elles étaient trop nombreuses pour qu'ils puissent prendre le risque d'attaquer. Ils ne pouvaient que se défendre. Alors qu'ils commençaient à désespérer, les loups se mirent à hurler. Qu'est-ce qu'ils fabriquaient ? L'explication sauta aux yeux de Link. Ils l'appelaient, "LUI". "IL" s'était donc très vite ressaisi et avait déjà perverti les mauvaises créatures de la forêt. Désespéré, il se tourna vers son amie.
- Dis, si tu portes des morceaux de la Triforce, c'est que tu as un grand potentiel. Tu n'aurais pas un pouvoir qui pourrait nous sortir de là ?
- Heu... je ne sais pas si ça va marcher... J'ai l'impression que mes pouvoirs sont limités ici.
- On n'a rien à perdre ! Essaye.
Leïa acquiesça. Elle étendit les mains et se concentra. Sur l'île, elle faisait apparaître des boules de feu comme on craque une allumette, mais ici, avoir recours à ses pouvoirs la faisait souffrir et elle se sentait sans forces. Tous ses muscles semblaient brûler. Dans un effort surhumain, elle fit sortir de ses bras une pluie de flammes qui encerclèrent le petit groupe. Les loups, redoutant la fleur rouge qui dévore tout sur son passage, s'éloignèrent, craintifs.
- Génial, ça marche... Leïa ?
Link réalisa que son amie était devenue extrêmement pâle. Il se précipita pour la rattraper avant qu'elle ne s'effondre sur le sol. Rick, lui, courut rattraper les chevaux, qui, terrifiés, étaient devenus complètement fous.
- La vache, comme si les loups ne suffisaient pas, il fallait que ces bestioles soient allergiques aux flammes.
- Utilise ma flûte, je sais que ça les calme.
Il lui tendit la flûte de pan et se re-concentra sur sa future petite amie. Elle semblait atteinte d'une terrible fièvre et avait perdu connaissance. Mais que se passait-il donc ?
- Rick, tu crois qu'on est encore loin du sanctuaire des bois ?
- Ben... si ces lobos noirs ont su nous attaquer, c'est qu'on en est encore assez loin, pourquoi ?
- Parce qu'elle a un sérieux problème.
- Qu'est-ce qui lui arrive ?
- Je ne sais pas... on dirait qu'elle est malade, ou qu'elle a une crise de je-ne-sais-quoi.
- Ben... dans ton futur parallèle, comment vous soigniez ça ?
- Mais elle n'avait pas ce genre de crise ! Du moins, pas dans mes souvenirs qui sont quand même limités. Je ne sais pas ce qu'il faut faire, c'est pas prévu. Leïa, je t'en prie, parle-moi. Qu'est-ce qu'il faut faire ?
Désemparé, il essaya de lui masser le visage, d'enlever la transpiration...
- Pourquoi tu n'essayes pas le bouche-à-bouche ?
- QWA ?!?
- Allez, tu as au moins une bonne excuse...
- Heu...
Link devint presque aussi rouge que les cheveux de Leïa, et ce n'était pas très beau à voir. Pour décoincer son ami, Rick partit s'occuper des chevaux. Pendant qu'il jouait une douce mélodie sur l'instrument de Link, l'elfe s'agenouilla près de la jeune fille. Comme elle était belle... Ces yeux, cette bouche, ce si adorable visage... Il comprit comment il avait pu en tomber amoureux. Il sentit remonter en lui toute la tendresse et le désir qu'il avait éprouvés pour elle précédemment. Ce ne fut donc pas un simple bouche-à-bouche qu'il effectua, mais un long baiser passionné. Il sentit une force étrange monter en lui, qui semblait plus puissante dans sa main. Il comprit... La Triforce du courage voulait agir. Il prit la main marquée de son aimée et se concentra sur cette étrange force. "Va à Leïa... Soigne-la".

Au bout d'une dizaine de secondes, il sentit que le front de son amoureuse refroidissait. Elle recommença à respirer normalement. Elle dormait.
- Bon, Roméo, elle va mieux ?
- La fièvre est tombée, c'est déjà ça... Mais je me demande si sa crise n'est pas liée à la Triforce... On devrait voir des connaisseurs, des prêtres, des magiciens.
- Bof, au sanctuaire, tu as déjà les savants fous et le gardien Fado.
- Oui, je n'ai pas très confiance en Pythagore et Thalès, mais c'est mieux que rien. Aide-moi à la mettre sur mon cheval.
Rick obéit. Les animaux avaient retrouvé leur calme et ils purent se remettre immédiatement en route.
- Dis, Link... vous ne sortez pas encore ensemble, non ?
- Bien sûr que non, pourquoi ?
- Parce que dans ce cas, tu devrais mettre ta main ailleurs que là, sinon elle te collera une baffe dès qu'elle se réveillera.

Chapitre 12 : Le secret de l'arbre Mojo   up

Le sanctuaire était beaucoup plus proche qu'ils ne l'avaient pensé. Ils atteignirent très vite la zone bénie par le vénérable arbre Mojo. Une dizaine de Kokiris sortirent des buissons pour les guider.
- Bonjour Link, bonjour Rick. On avait peur de ne pas vous voir arriver.
- Hein ? Vous nous attendiez ?
- Le vénérable arbre Mojo a senti votre présence, mais il a aussi senti une force maléfique s'approcher de vous à toute vitesse. Il n'a pas eu le temps de faire quoi que ce soit pour vous aider. Désolé.
- Ce n'est pas grave. On a réussi à s'en sortir. Mais est-ce qu'il y a un médecin ici ? Notre copine ne se sent pas bien du tout.
- Il y a les deux elfes, mais bon... Enfin... vous voyez ce qu'on veut dire ?
Link se souvint de Thalès dans le futur parallèle. Il avait bien réussi à soigner Rick lorsqu'il avait eu les os brisés. On pouvait lui donner une chance. Il demanda aux Kokiris de les conduire immédiatement au repaire des apprentis sorciers. Le jeune apprenti les accueillit les bras ouverts, trop heureux de pouvoir enfin faire profiter des gens de son savoir. Il demanda aux garçons d'allonger la patiente sur un lit et l'examina. Au bout d'un moment il annonça qu'elle était simplement épuisée, vidée de son énergie et que les seuls remèdes possibles étaient du repos et, quand elle aurait la force de la digérer, une potion de son invention.
- Mais il faut attendre qu'elle se réveille pour lui donner le remède. Laissez-la dormir une ou deux heures.
Link et Rick approuvèrent sa suggestion. Ils lui confièrent Leïa et sortirent.
- Bon, on fait quoi pendant qu'elle dort ?
- Je pense qu'elle n'aimera pas qu'on y aille sans elle, mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée de l'emmener dans la tombe du héros des bois. On va y aller maintenant. Allons voir l'arbre Mojo.

Les deux jeunes hommes se rendirent donc près de l'arbre millénaire. L'arbre était exactement comme dans les souvenirs de Link, quoique plus alerte. A ses racines était assis un petit Kokiri. L'elfe le reconnut tout de suite. C'était le gardien du sanctuaire.
- Bienvenue, Link... Je crois que nous avons des choses à nous dire.
- C'est vrai.
- Assois-toi.
- Merci, s'exclama Rick. J'existe aussi.
- Pardon, mais il faut admettre que toutes nos pensées sont actuellement fixées sur ton ami.
- Je sais... il y a de quoi.
Rick s'assit et Link fit de même. L'arbre Mojo commença :
- Explique-moi, Link. Depuis quelques temps, je sais que Ganondorf est de retour et qu'il cherche la relique la plus puissante qui soit. Je voudrais savoir comment il se fait que deux fragments plus une petite partie d'une autre se déplacent avec toi depuis hier après-midi.
- Il se trouve que nous avons sauvé des griffes de Ganondorf une jeune fille qui possédait les fragments de la force et de la révolte. Un peu avant, nous avons "intercepté" un groupe de moblins qui se promenaient avec un petit morceau de celle du courage. Et c'est là que ça devient compliqué.
Link raconta une nouvelle fois son étrange aventure, essayant d'être le plus précis possible dans les événements, sans toutefois parler des manoeuvres de Rick. Il ne pouvait définitivement pas lui annoncer qu'il allait être contraint de se mettre au service de Ganondorf. Lorsque Link eut fini son histoire, Fado prit la parole.
- Il y a quand même des zones floues... Il y a beaucoup de passages que tu sautes, où tu n'es pas précis.
- Ce sont des zones superflues, inutiles.
- Je ne crois pas... Quand tu parles de l'élue des dieux, ton coeur commence à battre, et ton fragment à briller.
- C'est de la vie privée.
- Ecoutez, intervint Rick. Ce pauvre malheureux est tombé amoureux de cette fille dans son futur antérieur. C'est normal qu'il veuille cacher son intimité.
Fado éclata de rire.
- L'elfe de grand chemin ? Amoureux ???
- Qu'est-ce que ça peut faire ?
- Oh, pas grand-chose, mais quand même... c'est surprenant. Je me demandais si cela allait t'arriver un jour. Tu es tellement borné, d'habitude.
- On peut parler de choses plus sérieuses ? A propos de Leïa, par exemple. Lorsque nous nous sommes fait agresser tout à l'heure, elle a utilisé ses pouvoirs pour nous tirer d'affaire, et ça l'a mise KO. Est-ce que l'un de vous aurait une explication ?
- Nous ne sommes pas médecins. Il faut demander aux elfes qui se sont installés ici.
- Ils disent que c'est de la fatigue... Mais si elle possède deux fragments de Triforce, ce genre de choses peut-elle arriver ?
- C'est assez étrange, en effet. Fado se renseignera lorsqu'elle sera en état de parler. A présent, que comptez-vous faire ?
- Pas tellement d'idées... Leïa tenait à ce qu'on retrouve le plus vite les fragments de la Triforce. Et c'est d'ailleurs pour ça qu'on est ici. Leïa pense que le héros des bois est son père et qu'il lui aurait laissé un message au sujet de la Triforce qu'il s'était juré de cacher.
- SON PERE ? C'est... impossible... pas possible. D'où sort-elle ?
- Et bien... elle et sa mère adoptive m'ont dit qu'elle était l'arrière-petite-fille du héros du temps et d'une Tamara... des personnes qui ne vous sont pas inconnues ?
- Link, Tamara... ainsi que leur fille Tanis, ce brave Léo et Robin aussi, je les ai tous élevés. Mais alors... la gardienne de la Triforce serait la descendante de... "LUI" ?
- Oui.
- C'est donc l'arrière-arrière-petite-fille de Ganondorf.
Rick se redressa d'un bond.
- Hein ???
- Fais pas cette tête-là. Je sais que Leïa déteste son ancêtre et qu'elle est prête à tout pour lui nuire. Ils ne se ressemblent en rien.
- C'est pas pour ça... Mais maintenant, je comprends pourquoi tu me disais que le sorcier allait devenir très méchant. Tu dis que la forêt est en danger, mais c'est en danger de destruction totale !
Fado confirma qu'il recevait depuis quelques jours de terribles présages pour la forêt. Il devenait impératif d'agir au plus vite.
- Vénérable arbre Mojo, je sais que vous dissimulez une entrée vers la tombe du héros des bois. Laissez-nous y aller pour vérifier si Robin des bois n'a pas laissé des traces.
- Link, ce Robin...
- C'est mon sosie parfait, je sais. J'ai eu l'occasion de m'en rendre compte. Je sais quels points nous avons en commun. J'ai eu droit à un débat assez pimenté.
- Bon, dans ce cas... rien ne t'empêche d'y aller. Seulement, Leïa est-elle au courant de votre lien de parenté ?
- Attendez... vous pouvez répéter ? J'ai un lien de parenté avec elle ?
- Je croyais que tu venais de dire que tu le savais. Lorsque Robin et son épouse sont revenus il y a 500 ans, ils ont eu un deuxième enfant. Ce fut un épisode bien triste, car l'usurpateur du trône avait tendu une embuscade à un groupe de rebelles à qui ils avaient confié momentanément la garde de leur fils. Ce fut un massacre. Tout le monde crut que l'enfant était mort. Seulement, quelques temps après la mort de Robin, j'ai accueilli un bûcheron (chose exceptionnelle) dans le sanctuaire. Il m'a dit qu'il s'était rendu quelques heures après sur les lieux du massacre et qu'il y avait trouvé un enfant de même pas deux ans encore en vie. C'était le frère de Leïa. Le garçon a grandi dans la famille du bûcheron et a été élevé avec amour. Il s'est marié et sa descendance a prospéré jusqu'à nos jours. Il se trouve que, même si les liens sont à présent fort éloignés, le sang des Gerudos maudits coule aussi dans tes veines.

Chapitre 13 : La famille maudite   up

Link était abasourdi par ce qu'il venait d'entendre. Ainsi donc, il était lui aussi un descendant de Ganondorf ?
- Ce n'est pas possible. En 500 ans, comment pouvez-vous en être si sûr ?
- Tu sais, j'ai demandé à ce brave bûcheron de transmettre à l'enfant ainsi qu'à ses descendants la tradition de venir me saluer. J'ai rencontré chacun de tes ancêtres, même ton père. Et je peux te dire que ta famille n'a jamais été très nombreuse. La malédiction tenait toujours. Les membres de la famille n'ont généralement tenu que le temps de mettre au monde leur premier enfant. Les hommes mouraient au combat et les femmes ne se remettaient pas de leur départ ou de l'accouchement. Ta famille a connu bien des drames. Toutefois, je sais que ton grand-père, lui, a eu des jumeaux. L'un deux est parti au bourg d'Hyrule pour y faire des études. L'autre est resté au village béni des elfes où un de tes ancêtres s'est installé et y a appris le métier de chevalier. Celui-là, c'était ton père.
- Attendez... un de mes amis m'a un jour dit que j'étais le seul survivant d'un village qui avait été attaqué par des pillards.
- Oui, une tragédie de plus. En réalité, ce n'était pas des pillards ordinaires. Il s'agissait de membres de la secte des Maltiks. Ce sont des fous qui adorent ce qu'ils croient être le dieu de l'ombre, mais qui n'est autre que Ganon. Tu vois... sa malédiction marche. Il se venge bel et bien sur les descendants du héros du temps, quoique je ne pense pas que les sbires de Ganon réalisent qu'ils s'attaquent à des Gerudos maudits.
- Je vois.
- Pour parler de ton oncle... Un peu avant ton père, il est venu me présenter son fils. Ensuite, il est reparti à la ville où il avait l'intention de faire de ton cousin un érudit. Je sais que ton oncle est mort lors d'une épidémie, il y a au moins dix ans, mais ton cousin est toujours en vie. Il ne s'est pas encore marié et je ne pense pas qu'il ait eu le moindre enfant. La malédiction ne s'abattra pas sur lui. Tu devrais le retrouver.
Link était sans voix. Un cousin ? Il avait encore un cousin ? De la famille ? Quel choc. Une famille. C'est la première chose dont son amnésie le privait. C'était une des choses qui lui manquait le plus... un endroit où il saurait qu'on l'attend, où on l'aime... Des gens sur qui il sait qu'il peut compter, des gens liés à lui par le sang.
- Et vous savez où je peux trouver ce garçon ?
- Voyons... son nom... son nom... Je ne m'en souviens plus... Quelle ironie... tant de souvenirs emmagasinés depuis des millénaires... Je peux te raconter en détail la discussion que j'ai eue avec le héros du temps lorsqu'il m'a libéré d'une malédiction et que je lui ai révélé la vérité sur ses origines, je peux me souvenir d'un grand nombre des actes héroïques de tes ancêtres, mais le nom de ton cousin et où il se trouve, je ne sais pas te le dire.
- Mais vous pouvez quand même me mettre sur la piste... Parlez-moi de mon oncle, je pourrais le retrouver grâce à ça.
- Ton oncle... oui, c'est une idée... il s'appelait Euklidh. Il voulait devenir un mage, connaître la magie. C'est pour cela qu'il est parti au bourg d'Hyrule suivre les séminaires des sages.
- Bon... je n'aurai qu'à me renseigner là-bas. Merci de votre aide.
- Super, intervint Rick. Mais maintenant que tu es fixé sur tes origines, on peut revenir à des sujets plus importants ? Je te rappelle que nous devons agir vite.
- Oui, c'est vrai. Vénérable arbre Mojo, ouvrez-nous le chemin. Il est temps pour nous de nous remettre au travail.
L'arbre géant acquiesça. Il écarta ses grandes racines, révélant ainsi le fameux souterrain. Les deux aventuriers s'y engouffrèrent. Restés seuls, Fado et l'esprit de la forêt restèrent un moment silencieux.
- Grand arbre Mojo... pourquoi cette comédie ? Vous saviez que...
- Oui, mais une récompense est tellement plus agréable quand on l'a méritée.

Chapitre 14 : Les cartes   up

Les deux garçons avancèrent dans la pénombre. Ils eurent vite la désagréable surprise de constater que le passage était fermé par une énorme dalle.
- OK... on fait comment, Link ?
- Ben... lorsque je suis venu, il n'y avait pas de dalle. Je suppose qu'il y a donc un moyen de se débarrasser de cette pierre. Donne-moi cinq minutes.
L'elfe regarda les murs aux alentours. Il devait bien y avoir un mécanisme. Si dans son précédent passé, il avait brisé la dalle, il en serait resté des traces et il l'aurait remarqué. Non ! Un mécanisme devait permettre de la déplacer. Il finit par remarquer une pierre beaucoup plus claire que les autres. Elle n'était visiblement pas de la même origine. Link la retira et découvrit une poignée de fer qu'il tira. Les garçons entendirent alors toute une série de rouages s'activer et virent l'énorme pierre glisser sur le côté. Rick félicita son compagnon et ils continuèrent leur route.

Finalement, à part quelques obstacles du même genre et quelques grosses bébêtes pas trop coriaces, les deux aventuriers n'eurent pas trop de mal à arriver dans le couloir menant à la fameuse crypte. Link s'arrêta quand même devant la fausse pierre menant aux oubliettes.
- Regarde ça. Tu crois que c'est du granit ? Mets ta main.
Rick s'exécuta et poussa un cri de surprise en voyant sa main disparaître.
- C'est une illusion, et il en existe une autre à la fin du parcours. C'est le passage secret dont je t'ai parlé.
- Merci
- Dis... si jamais ça tourne mal, que je perds et que je suis à nouveau frappé d'amnésie, je compte sur toi pour me guider. Je te montre et t'explique tout maintenant. C'est important. On risquerait de perdre du temps.
- Qu'est-ce qu'on aura à faire dans cette tombe ?
- Il y aura des prisonniers Sheikas à libérer.
- Bon.

Après ce petit cours, les deux amis continuèrent leur chemin et entrèrent dans la chambre mortuaire du héros. Les deux morts étaient toujours au même endroit, sur un autel et tendrement enlacés.
- La vache ! C'est ton sosie parfait ! Pour le lien de parenté, il n'y a pas photo.
- Ça me surprendra toujours. Mais ce n'est pas les morts qu'il faut regarder. Il faut jeter un coup d'oeil aux murs.
C'est ce qu'ils firent. Seulement, ils eurent vite une très désagréable surprise. Tous les textes étaient gravés dans un ancien hylien incompréhensible. Tous ces textes ne leur étaient donc d'aucune utilité. Ils durent se concentrer sur les rares fresques de la salle. A leur grande joie, une carte d'Hyrule était représentée. Link reconnaissait plus ou moins la géographie des lieux, mais pas la position des villes et celle de la forêt. On pouvait reconnaître l'arbre Mojo, le lac Hylia, la montagne solitaire, la citadelle des nuages... Le bourg d'Hyrule était représenté, lui aussi.
- C'est bien joli, sortit Rick, mais on n'y trouvera aucun indice.
- Peut-être que si... Regarde, il y a sept petits triangles un peu partout. Le triangle, c'est bien la forme symbolique de la Triforce, non ?
- Mais à supposer qu'ils représentent l'emplacement des morceaux, qui nous dit qu'ils s'y trouvent toujours ? Les moblins qu'on a abattus sont la preuve qu'au moins un des morceaux a été trouvé et déplacé.
- Et je pense que ce morceau est celui qui était caché au fin fond de la forêt. Pour les autres, il faudra vérifier. Tu as de quoi noter ? Il faut qu'on retienne l'emplacement des divers fragments.
Faute de papier, ils ramassèrent un grand bouclier de bois sur lequel ils s'efforcèrent de recopier la carte. Soudain, Rick s'écria :
- Attends une minute... Il y a un morceau par ici.
- Oui, le mien.
- Mais non, imbécile. La carte indique un morceau à proximité de l'arbre Mojo. C'est donc dans ce bâtiment.
- Hé oui... C'est vraiment énervant de ne pas savoir comprendre cette langue. Je suis sûr qu'il en parle.
- Tu sais quoi, je suggère que nous retournions voir l'arbre. Je suis sûr que Fado, ou à la limite un des deux savants fous, pourrait la traduire.
- Ne traite pas Thalès de savant fou. Il peut être brillant quand il veut.
- N'empêche que nous ne pouvons plus avancer tout seuls. On a besoin d'un interprète.
Link l'approuva et ils rebroussèrent chemin. A un moment donné, Link s'arrêta.
- Attends, tu vois ce que je vois ?
- Heu... si tu parles des toiles d'araignée, oui.
- Non... il y a un couloir derrière. Passe la torche.
L'elfe s'approcha avec la flamme des toiles. Elles s'enflammèrent en un instant.
- Si ça se trouve, la Triforce est au bout de ce chemin. On va voir ?
- Dis... tu as vu la taille des toiles ? As-tu une idée de ce qui a pu les faire ?
- Une très grosse araignée, mais ça ne me fait pas peur. J'ai déjà affronté des affreuses bestioles : un géant de pierre, une araignée de glace, un vampire, des poulpes, fourmis et lapins géants. Je saurai me débrouiller. Alors, on y va ?

Chapitre 15 : La chose   up

Les deux explorateurs avancèrent silencieusement dans des couloirs de plus en plus sombres et de plus en plus sales. Ils trouvaient des cadavres d'animaux enveloppés dans des énormes toiles. Rick était de moins en moins rassuré. Il s'efforçait de se concentrer sur la torche qu'il avait entre ses mains et veillait à la renouveler. Toutefois, lorsqu'il ramassa ce qu'il croyait être un morceau de bois et qui se révéla être un reste de jambe humaine, le pauvre garçon ne put s'empêcher de vomir et faillit laisser la lumière s'éteindre.
- Je n'en peux plus... Je veux partir.
- Partir après tout le chemin qu'on a fait et sans avoir trouvé le trésor, c'est idiot. Un peu de courage. Je te garantis que cet endroit n'est rien à côté des endroits que tu vas fréquenter.
- Puisque tu m'en parles, tu ne m'as jamais dit ce qui allait m'arriver.
- Tu tiens vraiment à le savoir ?
- Ça me permettra de vérifier tout ce que tu m'as raconté.
- Parce que tu ne me crois toujours pas ?
- Pourquoi tu ne veux rien me dire ?
- Car tu penseras avoir fait des conneries et que tu voudras les éviter. Pourtant, ça nous sauvera plusieurs fois.
- Dans ce cas, donne-moi juste des conseils.
- Bon, ben, reste toi-même, suis ton instinct (ça fait réplique pourrie de ciné, je sais).
Leur discussion fut interrompue par un étrange et désagréable bruit. Cela ressemblait à une sorte de frottement, mais en même temps, on croyait entendre la pluie ruisseler sur une vitre.
- La "chose" n'est pas loin. Garde l'oeil ouvert.
- Tu vois, je crois plutôt que je vais m'évanouir avant de l'avoir vue.
Les bruits recommencèrent.
- Arrête de gémir, Rick. Tu vas l'exciter. Ces trucs-là sentent l'angoisse de leurs proies.
- Tu pourrais me dire un truc rassurant, pour une fois ?
- T'es qu'une chochotte. Arrête de faire du bruit, tu l'aides à nous repérer. Ne t'inquiète pas, je l'aurai.
Rick se tut, mais il lança un regard noir à Link, lui en voulant de l'avoir entraîné dans cette aventure.

Les bruits recommencèrent, mais cette fois-ci, ils venaient d'en haut. Les deux garçons levèrent lentement la tête. Rick resta pétrifié d'horreur.

L'araignée géante devait bien avoir la même taille qu'eux. Elle était noire, velue et de ses crochets dégoulinait un étrange liquide foncé. Dans un sifflement, elle se laissa tomber sur le sol et fonça sur ses proies. Pas de chance pour elle, Link l'attendait de pied ferme.
Le combat fut bref. Link sortit son arbalète et visa entre les yeux. L'arachnide poussa un cri strident et voulut contre-attaquer en tirant une toile gluante, mais l'elfe était encore trop rapide. Le jeune homme saisit cette fois-ci son fléau et écrasa la tête de son adversaire. Il recommença l'opération jusqu'à ce que plus aucun membre ne bouge. Ensuite, il se tourna vers son ami qui n'avait pas bougé d'un poil.

Ce dernier était toujours paralysé. Son visage était blanc comme la neige et sa respiration semblait s'être arrêtée.
- Rick ? Rick ? Ça va ?
Le garçon ne bougeait toujours pas.
- Qu'est-ce que tu as, réponds ? J'ai tué la bestiole ! Elle ne t'a même pas touchée. Hé ho !
Link commençait à secouer son ami.
- Allez, c'est pas possible d'être arachnophobe au point de faire une crise de nerfs. Réponds-moi !
Rick commença à donner des signes de connaissance. Il se remit à respirer et à bouger convulsivement.
- Ça va mieux ?
- Link... qu'est-ce que... qu'est-ce qui s'est passé ?
- Je ne sais pas, mais je crois que tu as un coeur très sensible.
Le garçon regarda ce qui restait de la chose qu'il avait tant redoutée. Même en bouillie, l'araignée le terrorisait.
- Ne me dis pas que tu es tellement sensible... Comment as-tu pu survivre dans mon futur ?
- Link... qu'est-ce qui m'attend ?
- Bon... sache que tu vas côtoyer les pires créatures qui existent.
- Ecoute, des moblins, des morts vivants... je peux encore les supporter. C'est juste que j'ai les araignées en horreur. Tant que je suis plus grand et que je peux les écraser, ça va. Je les détruis. Mais là... c'était trop. Pardon.
- Ce n'est pas grave. Je n'ai eu aucun problème. Viens... on continue.
Il aida son ami à reprendre son calme et ils se remirent en route. Rick tint absolument à se tenir le plus loin possible de la bête. Le simple fait de s'en rapprocher renforçait la blancheur de sa peau et accélérait les battements de son coeur. Link se dépêcha d'enfoncer la porte que la bête défendait et poussa son compagnon dans la salle suivante.

La pièce dans laquelle ils entrèrent était grande. Une grande toile recouvrait le mur du fond. Intrigués, les deux garçons s'avancèrent, mais un curieux rire les immobilisa rapidement. Un dessin de spectre apparut sur la toile. Bientôt, la même image s'en détacha et flotta dans la pièce.
- Robin ?
- Heu... en fait, pas tout à fait. Je suis son héritier, son descendant.
- Mauvaise réponse, gamin. Le seul homme que je laisse tranquille, c'est Robin. Les autres, je les embête.
- Tu connais mon ancêtre ?
- Si je le connais ? Il m'a libéré d'une terrible malédiction qui me reliait aux ténèbres. J'ai juré de veiller sur son repos et son trésor. Je ne laisserai personne le troubler.
- Dans ce cas, tu le fais mal. N'importe qui peut entrer dans la crypte où se trouve son corps.
- Ah ???
Le fantôme parut tout d'un coup gêné. Son corps gris commençait à devenir rouge.
- Je ne veux pas nuire à l'âme de Robin. Moi et sa fille, nous devons réunir les quatre fragments de la Triforce avant Ganondorf.
- Tu as dit Ganondorf ? Il est là ?
Le spectre changea une nouvelle fois de couleur. Il devint bleu.
- J'ai l'impression que cela ne t'enchante pas, cette nouvelle.
- Tais-toi ! C'est lui qui m'a maudit il y a plus d'un millénaire. Il m'a tué puis a divisé mon esprit en quatre et m'a forcé à le servir. Si Robin n'avait pas détruit mon corps et l'amulette qui maintenait la malédiction, je serais encore en train de souffrir. Un grand homme, ce Robin... Un héros...
- Bon... écoute, si moi et la fille de l'homme que tu admires tant ne réunissons pas la Triforce rapidement, nous ne saurons pas repousser Ganondorf. Si tu sais quelque chose au sujet des morceaux de la Triforce, dis-le-moi.
- Et bien... j'en garde un. Je sais qu'il en a caché six autres en Hyrule et un sur une île sacrée.
- Une île sacrée ? Alkantir ?
- J'chais pas... moi et les noms, vous savez.
- Je n'avais pas vu de textes pour Alkantir. Enfin, comme je ne savais pas lire les textes, je ne savais rien tout court. Bon... peux-tu me passer ton morceau, s'il te plaît.
- Ah, ça non ! Robin n'aurait jamais voulu que je le cède au premier venu. Il va falloir le mériter. Tu vas devoir subir une épreuve.
Le spectre retourna dans son tableau et quatre énormes cubes tombèrent du plafond, manquant d'écraser les deux garçons. Qu'est-ce qu'ils devaient en faire ? Rick remarqua que les faces étaient décorées. En fait, elles semblaient chacune représenter une partie du tableau. Il cria à Link qu'il fallait probablement reconstituer la peinture. C'est ce qu'ils firent. Ce ne fut pas facile car toutes les minutes, les cubes s'élevaient et changeaient de face. Les garçons devaient tout recommencer. Ils finirent pourtant par y arriver. Le spectre sortit alors du cadre, tenant un coffre à la main.
- OK... Vous êtes dignes de la confiance de Robin. Je vous donne mon trésor.
- Merci. Au fait sais-tu déchiffrer l'ancien hylien ?
- Oh, celui de l'époque où je vivais, oui, mais la langue, et surtout la façon de l'écrire, a bien changé en des millénaires. Dans ce pays, elle change radicalement en quelques siècles. Pourquoi ?
- Parce que nous ne savons pas lire les textes gravés sur les murs de la crypte où repose Robin.
- Cette version-là de l'écriture, je ne la connais pas. Désolé.
Le spectre sentait qu'il avait accompli son devoir. Il n'avait plus de trésor à garder et son héros s'était visiblement réincarné dans le gamin blond. Il se sentait en paix et son corps commençait à disparaître.
- Ma tâche sur terre est enfin terminée... Je vais pouvoir partir. C'est incroyable comme je me sens bien. Je crois que je n'ai jamais rien senti d'aussi agréable. L'au-delà me tend enfin les bras...
- Nous sommes heureux pour toi.
Les garçons s'apprêtèrent à remonter à la surface, mais avant de quitter la salle, Link se retourna encore une fois.
- Au fait, une dernière chose. Sais-tu comment Robin est mort ? Leïa voudra certainement le savoir.
- Il a croisé le chemin d'Anya La Faucheuse.

Chapitre 16 : Court répit   up

- Qui ça ?
- Anya La Faucheuse... Une première née... La plus inquiétante de tout son peuple de génies. Remarque, à choisir, j'aurais préféré cette femme à Ganondorf.
- Quel est son pouvoir particulier ?
- On dit que c'est de tuer, rien qu'en touchant ses victimes.
- Sinistre...
- La mort n'est pas forcément une calamité... Depuis que je suis un spectre, je crois que c'est même une excellente chose, la meilleure qui puisse nous arriver.
- Ça dépend des points de vue, évidemment.
- Moui... quoi qu'il en soit, je me souviens d'avoir rencontré ses amis, alarmés. Ils m'ont dit qu'ils erraient désespérément dans les plaines lorsqu'Anya La Faucheuse est apparue brusquement devant lui. Ils auraient entendu le dialogue suivant :
Anya : Ça faisait longtemps.
Robin : Oui.
Anya : Tu m'as l'air aussi malheureux que la dernière fois.
Robin : Les situations se ressemblent beaucoup, même si cette fois-ci, ce n'est pas ta faute.
Anya : Tu m'en veux toujours ? Je vais essayer de me racheter... Je vais vous réunir... tous.
On dit qu'après, elle lui a touché le front avec son index, et qu'il s'est effondré sans un mot, mort. Après cela, ses amis ont décidé de faire de son repaire préféré sa tombe.
Les deux garçons restèrent pensifs... Tout devenait clair pour eux, pourquoi il avait été enterré ici, et pourquoi, inconsciemment, Link avait tant d'estime pour le héros des bois.

Les garçons prirent congé pour de bon du spectre et retournèrent vers le soleil. Ils furent agréablement surpris de voir que les Kokiris leur avaient préparé un repas végétarien et que Leïa s'était réveillée. Elle était en train de discuter avec le vénérable arbre Mojo et le petit Fado lorsqu'ils sortirent du souterrain. Ils furent soulagés de constater qu'elle se portait bien, même si elle avait du mal à se tenir debout.
- C'est comme si j'étais ivre morte, sauf que je n'ai bu que l'eau que vous m'avez donnée. Je n'arrive pas à me concentrer pour utiliser mes pouvoirs. J'ai des terribles migraines dès que je tente quoi que ce soit.
- Je me demande, intervint l'arbre Mojo, si tu n'es pas victime d'un sort, un sortilège puissant qui scelle tes pouvoirs.
- Comment vérifier ?
- Nous ne sommes pas vraiment équiper pour ces recherches, ici. Tu devrais te rendre au sanctuaire de pierre. Je suis sûr qu'ils trouveront une solution, là-bas.
- Et un voyage de plus, soupira Rick.
- Qu'est-ce que tu as ? Pourquoi es-tu si peu motivé ?
- Laissez tomber, dit Link d'un air amusé. Le pauvre a dû affronter son pire cauchemar dans ces labyrinthes. A ce propos... Leïa, devine ce qu'il y a dans ce coffre.
- Heu...
Link saisit son épée et brisa le cadenas rouillé. Dans le coffret se trouvait un gros morceau d'or.
- C'est un...
- C'en est un, d'après le spectre qui le gardait férocement.
L'elfe ramassa le métal pour le passer à la jeune fille, mais à peine l'avait-il touché que le morceau de la Triforce disparut dans une vive lumière. Le garçon sentit une vague de chaleur se répandre dans son corps, puis sa main brûler. Par réflexe, il retira son gant. Le fameux symbole brillait.
- Pas de doute, c'en était un.
- Mais la relique du courage est-elle pour autant complète ?
- Non... d'après les cartes qu'on a vues, il y a encore cinq morceaux cachés en Hyrule, et une autre sur Alkantir.
- Quoi ? C'est une blague ?
- C'était écrit sur les murs.
- Mais c'est pas possible ! Depuis le temps, Raph ou moi l'aurions senti.
- Il est caché dans un endroit appelé le temple des marées.
- C'est encore moins possible, je l'ai fouillé de fond en comble avant l'arrivée du sorcier.
- Et bien, il faudra y retourner.

Après un bref moment d'organisation, les deux aventuriers furent invités à prendre leur déjeuner. Ils mangèrent donc en racontant ce qu'ils avaient vécu en bas. Link était toutefois inquiet de la réaction qu'aurait Leïa lorsqu'il lui dirait ce qu'il savait sur son père. Il n'eut pas l'occasion de lui en parler. L'arbre Mojo coupa net les discussions.
- Des forces... je sens une multitude de présences maléfiques dans la forêt. Grands dieux... le mal se répand sur mon territoire.
- Oh non ! Ganondorf riposte beaucoup plus vite que prévu.
- Les jeunes, il faut que vous partiez... Le sort d'Hyrule dépend de vous. Je ne saurais vous défendre éternellement.
A cet instant, trois petits Kokiris arrivèrent dans la clairière à bout de souffle.
- Vénérable arbre Mojo, Vénérable arbre...
- Ça va, ça va... Qu'y a-t-il, mes enfants ?
- Il y a deux personnes, à l'entrée des bois Kokiris... Ils veulent vous voir.
- Qui sont-ils ?
- ... Zut, on était tellement excités par leur arrivée qu'on a oublié de le leur demander.
- Mes petits... quoiqu'il arrive, vous devez toujours savoir à qui vous avez affaire, pour le bien de tous. Bon, qui cela peut bien être ? Comment étaient-ils ?
- Heu... il y avait un grand chevalier et une grande et belle dame.
- Je ne pense pas que cela corresponde à la description d'un sbire de Ganondorf.
- Je ne sens pas de force maléfique. Ils ne sont pas dangereux. Vous pouvez les faire venir ici.
Les enfants obéirent et quittèrent la clairière. Ils revinrent quelques minutes plus tard accompagnés de deux personnes à cheval. Ils étaient habillés de riches étoffes et semblaient être de grands seigneurs. La jeune femme fit un signe de tête à l'homme. Il descendit de cheval et s'approcha de celui de sa dame pour l'aider à descendre. Les jeunes gens, à terre, se regardaient. Qui étaient ces deux ploucs qui faisaient tant de cérémonie ? La jeune femme regarda le trio avec étonnement. Link sentit son coeur faire un bond... Cette femme blonde... c'était la princesse Zelda.

Chapitre 17 : La princesse Zelda   up

La jeune fille ne s'attendait visiblement pas à trouver tant d'humains dans cet endroit réputé pour héberger des éternels enfants. La demoiselle semblait déconcertée. Ce fut l'arbre Mojo qui rompit le silence.
- Eh bien, princesse Zelda, que me vaut l'honneur de votre visite ?
- Heu... en fait, nous venions pour solliciter vos sages conseils... C'est possible de pouvoir vous parler en privé ? C'est au sujet d'une certaine légende qui a tendance à se répéter...
- Tu peux parler en leur présence. Ils sont aussi concernés par la situation. Deux d'entre eux sont des porteurs de la Triforce.
La demoiselle jeta un regard étonné sur les deux garçons.
- Des porteurs de... ? Incroyable, nous pensions que les morceaux étaient perdus.
- Bien sûr que non, ils ne sont pas perdus... Ils ont toujours été sagement gardés par des personnes méritantes, la coupa Leïa, sauf la Triforce du courage qui a été dissimulée. Enfin, je parle bien sûr des morceaux de la révolte et de la force dont je suis moi-même la gardienne. Je ne sais pas si votre famille a réussi à conserver la partie qu'on lui a confiée.
La voix de cette dernière n'était pas agressive, mais elle était quand même assez sèche et antipathique. Rick se retourna vivement vers Link, soudain tous sens aux aguets. Zelda aussi avait perçu le ton désagréable.
- Comment une paysanne peut-elle être avoir accès aux plus grands secrets du royaume ?
- Je ne suis pas une paysanne, ma petite. Ma mère est aussi une princesse royale.
- N'importe quoi ! Mon père, le roi Daphnès Hyrule est fils unique et je n'ai pas de cousins.
- Oh... les liens sont éloignés entre toi et moi, mais ma mère se nomme Diana-Zelda, fille de la reine Paola-Zelda. Avant l'arrivée de Ganondorf, elle était princesse héritière du royaume.
- Ne joue pas à ce genre de jeu, pauvre sotte. Il n'y a pas eu de Paola depuis des siècles dans la famille. Tu ne dis que des sornettes.
- Que des sornettes ? Et pourquoi cela ? Parce qu'il est impossible d'être la petite-fille d'une personne ayant existé il y a un peu plus de mille ans ?
- Et comment donc ! Aucun sortilège ne peut permettre une pareille longévité.
- Sauf un souhait demandé à la Triforce. Ecoute bien, petite ignorante... Tes ancêtres ont voulu faire une censure des événements des siècles terribles et c'est ce qui risque de vous perdre aujourd'hui. La vérité était trop perturbatrice pour justifier votre légitimité. Qu'est-ce que tes ancêtres ont raconté pour expliquer les siècles sombres ? Qu'un maniaque avait pactisé avec les forces du mal pour s'emparer du pouvoir ? Non... c'est un règlement de compte entre la lignée de ceux que vous avez baptisé Gerudos maudits et la vôtre.
- Quel genre de sorcière es-tu pour proférer de pareilles hérésies ?
- Du calme, princesse, coupa l'arbre Mojo... J'ai vécu à cette époque, je m'en souviens bien... Et la fille de Diana-Zelda et de Robin des bois dit la vérité.
- Mais vénérable arbre Mojo, réfléchissez. C'est parfaitement impossible que cette ... fille ait plus de mille ans.
- Là, c'est vrai, je n'ai que vingt ans. Seulement, ces vingt années, je les ai vécues sur une terre bénie où le temps s'écoule beaucoup plus lentement, environ 1 an correspond à 50 de vos années.
- Et bien sûr, tu vas m'expliquer comment une pareille déformation est possible.
- Mais volontiers... Lorsqu'à la fin de la troisième guerre contre Ganondorf, mes parents et Raphaëlle la première-née l'ont vaincu, ils ont récupéré le morceau de la force que ce dernier gardait farouchement depuis deux siècles. Ils ont ainsi réuni la Triforce au grand complet... les quatre fragments. Je ne sais pas si on t'a expliqué le principe de la Triforce, mais une fois qu'au moins les trois morceaux primaires sont réunis, celui qui touche la relique voit tous ses voeux se réaliser. Si on réalise ses souhaits avec les quatre morceaux, les dieux interviennent personnellement dans la réalisation des souhaits. A part un autre souhait venant de cette sainte union, rien ne peut les briser. Donc, mes parents ont décidé de faire un souhait, celui de faire revenir la prospérité et la vie sur le royaume d'Hyrule. La première-née, elle, a demandé de faire revenir à la surface de l'eau une île depuis longtemps engloutie.
- Hein ?
- Ça t'en bouche un coin, n'est-ce pas ? On ne voit pas ce genre de choses chez les charlatans de la cour.
- Leïa, supplia Link, du calme. Elle ne veut pas te rabaisser.
- Tu trouves, toi ?
- Disons qu'à la base, je ne suis pas venue pour avoir une conversation de ce genre avec toi.
- ...
- Bon, tu ne m'as toujours pas expliqué le pourquoi de ta "déformation temporelle".
- Mais nous y sommes. La création de l'île a nécessité tant d'énergie et de pouvoirs divins que le temps s'est modifié dans ce périmètre. Dans un rayon de 100 kilomètres, le temps est ralenti de cette façon... Oh, c'est progressif. Les marins qui entrent dans cette zone n'ont pas le temps de réaliser ce qui leur arrive.
Le regard de Leïa affronta un long moment celui de Zelda. Rick profita de ce moment de calme pour s'approcher de Link.
- Bon, ben... pour la relation épicée entre ces deux filles, je te crois. Mais bon... il n'y a quand même pas la rivalité sentimentale.
- Pour ça, on verra plus tard... Je dois moi-même réfléchir.
Leur discussion fut interrompue par l'arbre millénaire.
- Ecoutez, les jeunes. Cessez de vous disputer. Croyez-vous que c'est ce qu'il y a de mieux à faire alors que l'ombre du sorcier s'étend sur la forêt ? Il ne faut pas que vous vous divisiez. Zelda, je sais que cela vous dérange de faire équipe avec les descendants de Ganondorf, mais ils sont vos meilleurs alliés dans la lutte contre leur ancêtre.
- Parce que c'est une descendante de ce monstre ? Vous rigolez ? Si ça se trouve, elle constitue une aussi grande menace que son ancêtre.
- Arrière-arrière-petite-fille. Il est venu me chercher sur mon île il y a quelques jours, mais j'ai réussi à lui échapper, grâce à Link et à Rick.
La princesse regardait à présent son interlocutrice d'un air dégoûté, mais le nom de Link changea son humeur et son centre d'intérêt.
- Link ? C'est pas le nom par excellence pour désigner le grand héros élu par les dieux ? C'est lequel d'entre vous ?
A cette question, les deux garçons concernés se raidirent. Rick regarda Link d'un air amusé.
- Tiens, tiens...
Le regard de la princesse se posa immédiatement sur Link.
- Toi, tu es Link ! Tu es le sauveur d'Hyrule ! Un homme aussi séduisant et aussi résistant ne peut être que ce héros.
Rick se leva précipitamment pour quitter la clairière. Link était persuadé de l'entendre s'écrouler de rire quelques mètres plus loin. En attendant, la princesse d'Hyrule regardait son "héros" avec des yeux brillants d'admiration et de rêves. L'elfe se demandait si elle allait se jeter sur lui pour le toucher et vérifier s'il était bien vrai. Il ne fallait pas. Il ne pouvait tout simplement supporter l'idée de se faire draguer par cette mythomane. Il devait trouver le moyen de la repousser. La jeune fille commençait à raconter un récit idyllique des aventures du héros du temps, qui ne correspondait pas à ce que Raphaëlle lui avait raconté.
- Je ne veux pas vous vexer, mais je sais par d'autres sources que la vérité sur cette époque est tout autre. Je sais qu'à sa défaite, il a maudit Link et ses descendants. Le hasard a fait qu'il est tombé amoureux de la fille de Ganondorf et qu'ainsi est née la lignée des Gerudos maudits.
- Un hasard, mais c'est n'importe quoi ! La fille de Ganondorf, sur ordre de son père, lui a lavé le cerveau.
- Elle n'a jamais rencontré son père. Jusqu'à ce que la princesse Zelda le lui signale, elle ne savait pas qui était son père, cria Leïa. Et dans cette histoire, ce ne sont pas les Gerudos maudits qui ont le plus mauvais rôle. Tout irait tellement mieux si les pouffiasses blondes qui servent de princesse ne se faisaient pas une fixation obsessionnelle sur les héros.
L'arbre Mojo intervint une fois de plus.
- Les enfants, l'heure n'est pas à la dispute, unissez-vous ou l'ennemi vous balayera.
- ...
- ...
- Ecoutez, l'ennemi est proche... trop fort pour que je puisse le repousser. Ils seront bientôt ici. Partez tous les cinq. Et souvenez-vous que l'union fait la force et la discorde, la perte.
- Mais...
- Par tous les dieux, faites ce que je vous dis ! Leïa, si ton ancêtre te retrouve, tu n'auras pas autant de chance que la dernière fois. Partez !

Chapitre 18 : Alliance forcée   up

Sans vraiment se soucier de la princesse (de toute façon, elle avait amené un chevalier pour ça), Link aida Leïa à se lever et à quitter la clairière, après avoir salué une dernière fois Fado et l'arbre Mojo. Ils retrouvèrent Rick qui était occupé à retrouver son calme.
- On peut savoir ce qui t'est arrivé ? Pourquoi es-tu essoufflé ?
- Ben...
- Il n'y a rien de drôle à la situation. L'ennemi est en train de lancer une offensive. Il faut que tu emmènes Leïa loin d'ici, dans le genre au sanctuaire de pierre.
- Hein ? Tu ne viens pas avec nous ?
- J'ai un ami à sauver.
- Qui ?
- Bjorn ! Si je n'interviens pas dans le cours de l'histoire, Ganondorf va le tuer.
- Link... pourquoi tu nous parles de cours de l'histoire ?
- Je ne t'ai pas correctement expliqué, Leïa. J'en suis désolé, mais je ne savais vraiment pas comment te le dire. Je t'expliquerai à nos retrouvailles. Allez vous cacher au sanctuaire de pierre. C'est la meilleure des cachettes.
- Hors de question de partir nous cacher si nos amis sont en danger. Link, je viens avec toi.
- Non ! Il faut que tu veilles sur Leïa. Il ne faut pas la laisser seule. Elle ne pourra pas se défendre bien longtemps si elle ne peut pas se servir de ses pouvoirs. Je veux que tu la protèges.
A ce moment-là, Zelda et son chevalier servant sortirent à leur tour de la clairière de l'arbre Mojo. Ils passèrent devant eux en faisant mine de les ignorer superbement, même si le chevalier semblait avoir un air assez gêné. Soudain, Link eut un choc. Cet homme... avec ce casque et ces cheveux si bien coiffés, il ne l'avait pas reconnu. Il s'agissait de Sir Marsias, le fiancé officiel de la princesse.
- Le pauvre, pensa Link. Comment a-t-il pu en arriver là ?
Alors qu'ils se dirigeaient vers la sortie, Link eut soudain une idée. Il les rappela, enfin, il interpella surtout le chevalier.
- Qu'est-ce que tu veux ?
- Je suppose que tu connais le sanctuaire de pierre.
- Oui, mais un homme de la forêt comme toi, comment connais-tu...
- Je rappelle que je suis la réincarnation du héros éternel. En tant que sauveur attitré d'Hyrule, j'ai les moyens de savoir beaucoup de choses. Bon, je suppose que puisque tu es le garde du corps de la princesse, c'est que tu n'es pas un mauvais combattant. (A ces mots, le chevalier se redressa fièrement, il était toujours aussi imbu de lui-même).
- Allez, abrège, qu'est-ce que tu veux ?
- Je veux que vous emmeniez Leïa là-bas le plus vite possible.
- T'es pas sérieux ? Ma princesse ne voudra jamais.
- Si vous tenez à sauver Hyrule, il faudra que tout le monde face un effort. Toi aussi, Leïa, dit-il en voyant son regard surpris.
- Attends, tu comptes me lâcher et me laisser seule avec ces deux individus, avec cette...
- Laisse tomber les luttes tribales. Si tu veux ta Triforce de la sagesse, il faudra bien que tu sympathises avec eux. Tes parents ont bien confié ce fragment à la famille royale. Ils leur faisaient confiance, eux.
Comme si elle avait compris qu'on parlait d'elle, la princesse revint aussi sur ses pas.
- Je peux savoir ce que vous complotez ?
- T'as le droit de savoir, répondit Leïa... Link veut qu'on fasse un voyage toutes les deux, ensemble. C'est pas merveilleux ?
- Tu plaisantes, j'espère ? Ce n'est pas parce que tu es le nouveau héros du temps que tu vas donner des ordres à la princesse héritière d'Hyrule.
- Dans la mesure où c'est moi qui vais sauver le royaume et me taper le sale boulot, oui, je pense que je peux demander un service à la princesse.
Elle fit mine de soutenir son regard d'un air provocateur, mais bien vite, un éclair de malice passa dans ses yeux.
- Alors ça va devoir se négocier. On va en discuter à l'écart ?
- Minute, toi ! Tu comptes faire quoi, dit Leïa d'un ton très méfiant.
- Ça ne te regarde pas !
- Oh si ça me regarde...
- S'il vous plaît, les filles, on n'a pas le temps de faire tout ce cirque. Ganondorf et ses hommes vont arriver ici d'un instant à l'autre. Ne compliquez pas les choses.
Ils n'eurent pas le temps de discuter davantage. Une odeur de brûlé parvint à cet instant à leurs narines. La forêt brûlait. Il était trop tard pour discuter.
- Tant pis ! N'allez pas vous plaindre si le royaume subit de lourds dégâts, cria Link à la princesse.
Il empoigna sa future bien-aimée par la main et l'emmena à son cheval.
- Que tout le monde parte d'ici... Rendez-vous à Saut-de-Roc !
Un peu dépassé par les événements, Rick courut pour les rattraper. Ils montèrent tous rapidement à cheval, et, tout en oubliant les deux autres, quittèrent rapidement les lieux.
- Heu, risqua Rick au bout de quelques minutes. Qu'est-ce qu'on fait, finalement ? On va se mettre à l'abri ou on va essayer de sauver nos amis ?
Link ne répondit pas, se contentant de se diriger vers leur campement.

Chapitre 19 : Le drame inévitable   up

Ils galopèrent en silence pendant un bon moment. Personne n'osait rompre le silence et s'efforçait de réfléchir à ce qui le préoccupait.
Link pensait à ce qui se préparait, aux combats qu'il allait devoir mener, à Leïa qu'il devait protéger et Bjorn qu'il voulait sauver d'un avenir cruel.
Rick réfléchissait à cet avenir dont Link lui avait parlé. Il se demandait quelle sorte de catastrophe allait se produire. Il croyait entièrement son ami à présent. La rencontre entre les deux jeunes filles avait suffi à le convaincre.
Leïa, elle, se questionnait sur la disparition de ses pouvoirs et sur la soudaine offensive de son ancêtre. Etait-il possible que les deux événements soient liés ? Elle se remémorait l'attaque des loups. C'est au moment où elle avait voulu se servir de ses pouvoirs qu'elle s'était sentie si mal. Bon, elle n'était pas en forme avant, mais cela devait être lié à son désagréable voyage. Non, le phénomène qui s'était produit lorsqu'elle avait voulu se défendre était bien différent. Elle avait senti quelque chose couler dans ses veines et transformer ses membres en plomb, tous à l'exception de sa main qui semblait être installée au milieu d'un four à métaux, celle où était représenté le symbole de la Triforce. Ensuite, dès le moment où elle avait réussi à invoquer ses pouvoirs, cette brûlure était devenue glaciale, et elle avait eu l'impression d'être plongée dans une piscine de glaçons. Pour elle et l'arbre Mojo, il n'y avait pas de doute... ses problèmes étaient liés à ces fragments sacrés. Pour une étrange raison, une sorte de barrière l'empêchait d'avoir recours à ses pouvoirs.

Tous trois furent tirés de leurs pensées par un bruit de course. Ils ne mirent pas longtemps à voir apparaître leurs amis dans le désordre le plus total. Link poussa un soupir de soulagement. Ils étaient tous là. Eux étaient surpris de les voir à cet endroit.
- Vous aviez pas décidé d'aller faire un grand tour ?
- Oui, mais on se faisait beaucoup de soucis pour vous. La forêt commence à devenir très dangereuse.
- On a senti, merci. On a eu droit à plein de sales bestioles qui ne se montrent généralement que la nuit. Et le nord de la forêt brûle.
- C'est pourquoi nous devons mettre les voiles le plus vite possible. Direction Saut-de-Roc !
Tous obéirent sans faire de manières. Malheureusement, ils furent bientôt rejoints par une horde de mites géantes. Les garçons dégainèrent leurs épées et s'efforcèrent de tailler ces monstres en pièces.
Chemin faisant, les assauts des monstres commencèrent à disperser le groupe. Rick, Zieck et Will étaient sur un chemin, Viktor, Axandrel, Dolm et Rajick, se battaient dans la plaine, Vlad était poussé dans les buissons, quant à Link, Bjorn et Leïa, ils étaient de plus en plus isolés du groupe, contraints de reculer toujours plus loin sous les assauts répétés des créatures volantes. Vint un moment où, une fois le danger écarté, le trio réalisa qu'ils avaient perdu leurs amis de vue.

Ils tentaient de retrouver leur chemin lorsqu'une voix sinistre se fit entendre derrière eux.
- On te retrouve, petite sotte !
Ils se retournèrent pour voir trois hommes en armures et à l'air sinistre. Leïa trembla, elle les reconnaissait bien pour les avoir vus sur le phare peu avant son enlèvement.
- Tu ne t'es pas vraiment ennuyée, on dirait. Tu t'es vite fait des amis. C'est dommage que vous deviez déjà vous séparer.
Dans un geste instinctif, Link se plaça devant la jeune fille et répondit :
- Sauf qu'elle n'ira nulle part sans nous.
Le visage du mercenaire s'assombrit.
- Chacun son tour, microbe. Si tu voulais jouer avec elle, il fallait le faire avant. Tirez-vous sans faire d'histoires et laissez la fille. Vous vous en sortirez vivant.
- Ce serait plutôt à vous de partir, si vous voulez rester en un seul morceau.
- Stupide vermisseau, Tu tiens vraiment à te battre contre nous ? Tu ne sais pas à qui tu as à affaire...
- A des ordures qui servent Ganondorf, et ça ne me fait absolument pas peur. Si vous voulez Leïa, il faudra vous battre contre l'héritier du héros des bois.
- "Le héros des bois", rien que ça... Les gars, je propose qu'on lui apprenne à respecter ses supérieurs avant de dresser la demoiselle.
Les mercenaires dégénèrent leurs armes. Link et Bjorn en firent de même.
- Il a quand même fallu que tu t'intéresses à la seule fille qui puisse t'attirer autant de problèmes.
L'elfe ne lui répondit pas. Cette scène lui semblait étrangement familière... Il sentait qu'il pouvait anticiper tous les événements qui allaient s'en suivre. Il sentait arriver un instant qui lui serait affreusement difficile à supporter. Il repoussa cette idée angoissante pour faire face à ses adversaires.

Ces derniers avaient des épées bien plus longues et plus trempées que nos héros, ce qui leur donnait un certain avantage, mais Link avait encore dans la peau le souvenir des combats épiques de son futur parallèle. Les balances devaient être plus ou moins équilibrées. Cependant, l'elfe dut se rappeler que Bjorn ne bénéficiait pas d'une telle expérience et que Leïa ne lui était actuellement d'aucun secours. En résumé, il était quasi seul contre trois. Enfin... il ne pouvait plus reculer, à présent. Il devait tout faire pour protéger ses amis.

La suite des événements se déroula comme une récitation. Link avait l'impression de savoir quels hommes allaient se jeter sur lui, lequel s'occuperait de Bjorn. L'elfe avait l'impression d'anticiper les attaques préférées et les faiblesses de ses ennemis, et savait comment ils allaient opérer. Comme un automate, il suivit à la lettre ce qui semblait lui être dicté par son esprit : Parade du bouclier... frapper au niveau des genoux... reculer... glisser dans le dos de l'adversaire... l'ennemi est gaucher, il faut frapper l'épaule gauche... plus qu'un seul adversaire assez rapide à aller pousser dans les buissons... le garçon avait l'impression de connaître la marche à suivre pour gagner par coeur. Une fois qu'il eut planté son épée dans le ventre de son adversaire, il sentit une terrible angoisse monter en lui... il savait que lorsqu'il allait se retourner, quelque chose allait lui faire très mal... Mais quoi ?

Lentement et plein d'appréhension, il fit le mouvement, pour voir un des hommes trancher la gorge de son ami. Il bondit pour combattre le monstre qui avait osé blesser son ami. L'elfe n'utilisa même pas son épée... Il enchaîna coups de poing sur coups de poing et finit par assommer son adversaire. Il courut vers le blessé.
- Ça va ?
- Je... ne sais plus... Sauve-le... la...
Et la tête du garçon s'inclina sur le côté. Bjorn était mort.

Chapitre 20 : Eresim   up

Link ferma les paupières de son ami et sentit les larmes lui couler sur la joue. Il avait échoué. Le garçon pour qui il était revenu dans le temps était mort malgré tout. Le jeune homme se sentit alors faible et parfaitement inutile. Il avait honte de lui-même. Comment n'avait-il pas réussi à le sauver ? C'était entièrement de sa faute... Il avait suivi son instinct. Cette intuition l'avait bien guidé contre deux attaquants, mais il avait complètement oublié Bjorn pendant ce combat. Une dernière fois, il voulut le serrer dans ses bras, voulut lui expliquer tout ce qu'il ne lui avait pas dit.

A cet instant, il fut tiré de son désespoir par un cri de femme. Il reconnut la voix de Leïa.
- Laisse-moi, pervers ! Arrête ! Non !
"Grands dieux" ! Il l'avait complètement oubliée. Il aurait dû se douter que les trois mercenaires n'étaient pas seuls. Les autres avaient dû profiter du combat pour s'emparer de la jeune fille. Le sang de Link ne fit qu'un tour. S'il n'avait pas pu sauver Bjorn, il sauverait Leïa. Il ramassa son arme et se dirigea vers l'origine des plaintes.

Il s'arrêta brusquement. Non seulement les cris avaient cessé, mais il entendait une voix qui lui était désagréablement familière. Mais il refusait d'y croire. "Non, dieux d'Hyrule, faites que ce ne se soit pas LUI". Il s'avança silencieusement, se cachant d'arbre en arbre. Le spectacle qui lui apparut avait tout pour l'horrifier. La femme de sa vie était allongée sur le sol, les vêtements déchirés et le visage en sang. Elle semblait tremblotante et terrifiée par ce qui avait failli lui arriver. A quelques mètres d'elle, un grand homme en cape noire était en train d'en forcer un autre à se prosterner à ses pieds. Link eut un haut-le-coeur. C'était bien LUI. Il était à quelques mètres de lui.

- Mon petit Eresim, je dois avouer que je suis très déçu... Je pensais que si quelqu'un respectait mes ordres, ce serait toi.
- Ce n'était pas dans mes intentions, maître... Je n'ai jamais voulu... Je voulais juste la neutraliser...
- N'aggrave pas ton cas en me prenant pour un imbécile. Je suis parfaitement capable de voir lorsqu'un homme est en train de violer une femme. Et c'est à ma petite-fille que tu as voulu toucher. Je ne peux pas tolérer de pareil outrage...
Il utilisa un sortilège pour propulser son mauvais serviteur contre un arbre. L'homme dut bien se casser une côte dans le choc.
- Je ne voulais que la neutraliser... l'effet psychologique l'aurait rendue docile.
- Silence, ou je te tue sur place en te brûlant les entrailles.
- Faites-le ! Qu'on en finisse vite !
- On verra ça... lorsque j'aurais rendu mon jugement devant tes compagnons d'armes.
Le sorcier utilisa un étrange sifflet et un énorme condor doré apparut au-dessus des arbres. Il fondit sur le dénommé Eresim et lui transperça les bras de ses puissantes serres. L'agresseur de Leïa poussa un hurlement, mais Ganondorf ne s'en soucia pas le moins du monde. Il s'approcha de sa descendante encore sous le choc et l'enveloppa doucement dans une cape, puis la porta dans ses bras jusqu'à l'oiseau. La scène surprenait le dernier des Gerudos maudits caché derrière un buisson par sa légèreté. Le sorcier semblait être en train de bercer l'infortunée. Cela donnait un grand contraste avec la violente discussion entre les deux hommes. Le sorcier posa délicatement son précieux colis sur les plumes de l'animal. Il lui chuchota à l'oreille :
- Plus personne ne te fera de mal... Reste gentiment ici et tout ira bien. Je vais juste voir si les autres ont fait correctement leur travail.
La jeune fille était trop secouée pour répondre. Le sorcier partit, la laissant aux bons soins de son volatile de compagnie.

Link sauta sur l'occasion. Il s'approcha de l'oiseau géant par l'arrière. Le voyou, encore conscient, le remarqua et voulut alerter son maître, mais l'elfe le fit taire en l'assommant d'un coup de pied bien placé dans le cou. Il fit de même avec l'oiseau, mais en utilisant son bon vieux fléau. Seulement, l'oiseau poussa un long cri aigu. L'ennemi était prévenu. Il fallait partir. Il courut chercher sa bien-aimée.
- Leïa... viens vite.
- Va-t-en, Link. Sauve-toi et laisse-moi.
- Hors de question que je te laisse.
- Ne me regarde pas ! Ne me touche pas ! Je t'en supplie...
- Tout ce que tu veux, mais suis-moi. Tu ne dois pas rester ici.
- Quelle importance...
- Leïa... Je sais que tu viens de vivre quelque chose de dur... mais tu t'exposes à pire en ne bougeant pas. Si tu veux ta revanche, il faut partir... et vite.
Link voyait bien qu'elle était en trop mauvais état pour se déplacer. Cet Eresim avait dû la frapper violemment pour s'assurer d'en profiter tranquillement. Il décida donc d'ignorer les supplications de la jeune fille et la prit dans les bras avant de s'élancer dans la forêt. Il se félicita de cette initiative car moins d'une minute plus tard, il entendit un formidable cri de rage et une onde de choc qui avait dû déraciner quelques arbres. La jeune fille frémit dans ses bras.
- Link... je crois que tu peux me poser.
- Tu te sens capable de courir ?
- Oui.
Le garçon la posa sans discuter davantage, et lui fit signe de le suivre.
- Link, c'est inutile de courir... Leurs grands oiseaux ont un odorat très développé. Ils vont nous suivre à l'odeur.
- Alors direction la rivière... on verra s'ils sauront nous suivre dans l'eau.

Chapitre 21 : Paroles d'une nuit d'été   up

Leïa ne savait pas courir. Sa cheville droite s'était foulée et la jeune fille était contrainte de boiter. Elle faisait pourtant tous les efforts possibles pour se déplacer aussi rapidement que son compagnon. Au bout d'une dizaine de minutes, elle demanda quand même à son ami de l'aider.

Ils ne tardèrent pas à entendre des bruits d'ailes. L'ennemi s'approchait. Link demanda à son amie de s'arrêter un instant. Il sortit son arbalète et attendit de voir une de ces sales bêtes s'approcher. Il visa soigneusement et tira. La flèche fit mouche, on entendit un cri suraigu et le bruit de branches qui se cassent. Les deux jeunes gens reprirent leur course et finirent par atteindre la rivière, dont le cours était relativement calme à cet endroit. Cela signifiait que de nombreuses bestioles pouvaient y vivre, mais aussi que la zone était peu profonde et qu'ils pouvaient s'y déplacer.

Link fit signe à sa protégée de le suivre. Ils n'avaient pas le choix, et si sa cheville était vraiment foulée, la fraîcheur de l'eau lui ferait du bien. Ils s'avancèrent donc, mais à chaque pas, ils s'enfonçaient dans des algues, de la vase, et sentaient les poissons et d'autres choses douteuses frôler leurs jambes. Trop absorbés par les désagréables surprises que leur réservaient les fonds du cours d'eau, ils ne remarquèrent pas certains plissements à la surface de l'eau qui trahissaient l'approche d'une grande créature.

Leïa était répugnée par cet endroit.
- Ça ne durera pas... je sais que le courant est plus fort plus loin. On n'aura pas tous ces désagréments.
- Link, attention !
Link évita de justesse un énorme serpent qui avait tenté de le mordre. La bête ne tarda pas à se ressaisir et retenta son attaque, mais Link l'avait empoignée au bas de la tête. S'en suivit un combat épique entre l'elfe et le reptile qui tentait de l'étouffer entre ses anneaux. Le jeune homme se débattait comme un beau diable devant les yeux horrifiés de son amie. Bientôt, chargé par le poids de la bête, l'elfe s'écroula dans l'eau.

Leïa suivit la lutte grâce aux remontées de moins en moins fréquentes du jeune héros. Au bout de plusieurs minutes de lutte, il n'y eut bientôt plus un seul signe de lutte. La surface de l'eau était calme, mais aucun des deux adversaires ne remontaient à la surface. Paniquée, elle se dirigea sur les lieux du combat pour chercher Link.
- Link, réponds-moi, reviens à la surface...
L'unique réponse fut la tête menaçante du reptile qui jaillit brusquement du fond des eaux. Dans un hurlement, la jeune fille recula et tomba à la renverse. Une seconde plus tard, Link émergeait à son tour de l'eau, montrant une large entaille dans le corps de l'animal.
- Je l'ai tué, du calme... Il est mort.
- Pauvre imbécile ! Tu ne pouvais pas sortir de l'eau avant de brandir ta victime ?
- Pas fait exprès, désolé.
Le jeune homme se débarrassa de son encombrante parure et ils suivirent leur chemin, mais en faisant le moins de bruit possible. Il était fort possible que les bruits du combat aient attiré du monde. Enfin, ils atteignirent un endroit de la rivière qui ressemblait plus à un torrent. Ils sautaient à présent maladroitement de pierre en pierre.

Leïa ne se révéla pas douée à ce jeu. Son pied blessé l'empêchait de garder son équilibre. Son compagnon devait constamment la surveiller et la tenir. Link commençait à faiblir. Il leur fallait donc arrêter leur marche. Ils repérèrent une petite grotte sur la rive droite et s'y allongèrent pour se reposer. Chacun commença à vérifier dans quel état il se trouvait.

Mis à part sa cheville et quelques bleus qui n'étaient pas très douloureux, Leïa allait bien. Elle déchira un bout de la cape de Ganondorf pour l'envelopper autour de sa cheville, et utilisa le reste comme un grand paréo. Heureusement qu'il s'était un peu occupé d'elle, finalement, car elle n'avait pas envie de se promener avec ce qui restait de ses anciens vêtements auprès de Link. Elle se retourna vers lui et réalisa qu'un de ses bras avait enflé autour d'une étrange blessure caractérisée par quatre points rouges.
- Le serpent t'a mordu !
- Oui
- Mais pourquoi tu ne l'as pas dit plus tôt, imbécile ! Il fallait immobiliser le bras, empêcher le venin de se répandre, faire un garrot.
- Un quoi ?
- Nouer un morceau de tissu au-dessus de la blessure pour ralentir la circulation du sang. Heureusement qu'on évoluait dans de l'eau glacée et que tes circuits sanguins tournaient au ralentis, sinon, tu serais probablement mort.
L'elfe lui répondit par un air souffrant.
- Bon, je vais devoir prendre les choses en main. NE BOUGE PLUS !
Elle déchira un autre morceau de son paréo et fit un noeud serré au-dessus de la blessure. Ensuite, elle ramassa l'épée du jeune homme.
- Minute... qu'est-ce que tu vas me faire ?
- Faire saigner la plaie. Ca fera partir le plus gros du poison.
- Mhé...
- Ne fais pas le douillet. Tu n'as rien dit pendant toute la marche dans les rochers, tu ne vas pas te plaindre maintenant ! Ne BOUGE PAS, JE TE DIS ! Si tu t'agites, tu vas encore mélanger le poison dans ton corps.
Link ferma les yeux, pensant qu'il détenait la Triforce du courage et laissa son amie faire. Lorsqu'elle annonça avoir fini, il s'étendit sur le sol. La jeune secouriste vint s'allonger à côté de lui.
- Tu permets ? J'ai un peu froid.
- Oui, tu peux, mais... je croyais que... tu...
- N'y fais plus jamais allusion ! Dis-toi qu'il ne s'est rien passé, que ce n'était pas bien grave. De toute façon, il n'a pas eu le temps de faire grand-chose. C'était un type répugnant, mais trop bavard. Il parlait bien plus qu'il n'agissait. Je m'en remettrai. Mais ne parle plus jamais de ça.
- Enfin... j'avais pensé que tu aurais été dégoûtée...
- J'ai remis beaucoup de choses en question, c'est vrai... mais je n'ai encore rien condamné. Oublie l'événement.
Link obéit et laissa la jeune fille se blottir contre lui.
- Peut-être qu'un jour... quelqu'un me montrera que l'amour est autrement différent.
Link pensa : "Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour y réussir".

Ils restèrent ainsi immobiles et silencieux pendant plusieurs longues minutes. La jeune fille finit par rompre le silence.
- Mais... ton copain, Bjorn, où est-il ?
- Il...
Le souvenir de ce triste événement lui fit monter les larmes aux yeux.
- Pardon, je ne savais pas.
- Tu ne pouvais pas savoir. Je ne t'en veux pas.
- Mais, tu nous as dit à plusieurs reprises que tu savais que cela allait arriver. Comment savais-tu cela ?
- Parce que... je l'ai déjà vécu... Le rêve dont je t'ai parlé était en fait assez différent et beaucoup plus long...
La jeune fille le regarda d'un air interrogateur. Link prit sa respiration et raconta une fois de plus son aventure. Une fois encore, il censura les parties qui concernaient sa relation privilégiée avec la jeune fille. Lorsqu'il eut terminé, il se sentit particulièrement fatigué. Son corps devenait si faible et douloureux... l'opération de sa bien-aimée n'avait visiblement pas été suffisante. La jeune fille passa son bras autour de sa taille et s'allongea contre lui.
- Je comprends que tu aies voulu me cacher tout ça, mais je pense que c'est mieux maintenant... Informée, je peux être en mesure de t'aider. Et si tu perds à nouveau la mémoire, je pourrais te la rendre.
- Merci... mais tu penses vraiment que j'aurai encore besoin d'aide ?
- Qu'est-ce que tu racontes ? Même le héros éternel a besoin d'aide, de ravitaillement, de renseignements...
- Tu sais... je ne sais pas si cela me sera encore utile d'ici quelques heures.
- Que... ne joue pas au mourant ! N'y pense même pas. Tu ne mourras pas ! Tu sais très bien que tu as encore beaucoup trop de choses à faire pour partir pour l'autre monde. Tu sais aussi ce qui nous arriverait si tu meurs.
- Il ne se passera rien. A l'article de la mort, je reviendrai dans le passé, je suppose avant de tomber sur le reptile, et nous éviterons cette sale bête. Je reprendrai mon explication à zéro.
- Ne dis pas de bêtises. Moi, je ne voyage pas dans le passé. Je reste ici à me morfondre à côté d'un cadavre en attendant que Ganondorf me retrouve ! Je t'interdis de mourir !
- La douleur m'envahit... Je ne pourrai pas lutter bien longtemps.
- Tu es le héros détenteur de la Triforce du Courage, oui ou non ?
- Je hais porter ce fragment... dans le futur parallèle, on a utilisé le même prétexte pour me faire achever Sir Marsias.
- Tu as besoin d'autres sortes d'encouragement ?
- D'autres choses que le genre "c'est-ton-destin-alors-assume".
- Et ces encouragements-ci ?
Elle rapprocha encore son visage du sien et lui déposa un tout petit baiser sur les lèvres.
- Je dois dire... que c'est intéressant... recommence pour voir.
La demoiselle réitéra son geste, mais en plus langoureux. Link était aux anges. Enfin... il s'était toujours demandé comment ils s'étaient rapprochés... Il savait à présent que c'était de cette façon. Il ferma les yeux pour profiter de l'instant. Il se sentit glisser dans l'abîme de l'inconscience, alors qu'un hennissement résonnait au dehors de la grotte.

Chapitre 22 : La confession   up

Lorsque Link ouvrit les yeux, il lui était absolument impossible de savoir ce qui lui était arrivé. Il sentait qu'il était installé dans un lit chaud et confortable, dans une pièce chauffée au feu de bois. Il ouvrit les yeux et se tourna sur le côté pour en savoir plus sur cet endroit. Il ne vit pas tout de suite grand-chose, mais au bout de quelques secondes, il remarqua qu'une silhouette rouge bougeait au milieu d'un mur brun clair.
- Alors, mon petit malade imaginaire... tu as passé une bonne nuit ?
- Hein ? Que...
- Tu t'imaginais vraiment que tu allais mourir ? Que tu étais atteint d'un terrible mal ?
- Leïa, que s'est-il passé ?
La demoiselle vint s'installer près du lit et lui déposa un tout petit baiser sur le front.
- Tu t'es endormi au beau milieu d'un baiser, gros pataud ! Juste à ce moment-là, tes copains sont passés au-dessus de la grotte. Ils utilisaient le flair de ton cheval pour te retrouver (note de l'auteur : un cheval ??? du flair ??? euh...). On t'a mis sur le cheval et on t'a transporté jusqu'au sanctuaire de pierre. On s'inquiétait pour toi, alors on a tout de suite sollicité les grands guérisseurs. Ils n'ont pas mis longtemps à dire que c'était une simple vipère des eaux et que tout ce que sa morsure pouvait te faire était une petite fièvre de rien du tout. Alors, soulagé ?
- Euh, oui... mais toi, ta cheville et tout le reste...
- Tu veux dire quoi, par tout le reste ?
- Ben... tu te rappelles quand même avoir eu des crises... tes pouvoirs ne marchaient plus, non ? Les sages n'ont pas su t'aider ?
- Inutile, je sais déjà ce qui ne va pas. C'est l'autre pervers qui me l'a dit. Il paraît que mon ancêtre a utilisé quelques-uns de mes cheveux pour me jeter un sort et m'empêcher d'utiliser la sainte relique. En résumé, il a scellé la Triforce.
- Et m...
- Pas trop grave... je pense que si je récupère les autres fragments, je pourrai briser le sort. Je sens que tu vas avoir du travail, mon petit héros.
Link était étonné par la grande familiarité avec laquelle Leïa lui parlait. On aurait dit qu'ils étaient un vieux couple. Enfin, ce n'était pas vraiment pour lui déplaire, puisque lui, il l'aimait certainement depuis très, très longtemps. Il la saisit par le poignet et l'attira tout près de lui.
- Je suis... encore trop faible... Il faut que je reprenne des forces, que je me repose... Alors ne crie pas et viens un peu dormir près de moi.
- Tu ne crois pas que tu exagères un peu ? Mais soit...
Elle vint se blottir contre lui. L'elfe passa ses bras autour de sa taille et se mit à lui déposer de légers baisers dans le cou.
- Au fait, c'est moi, ou tu ne m'avais pas encore tout dit sur ton "futur antérieur".
- Pardon ?
- Je vais être plus claire, quelles étaient nos relations dans cette époque ? Hier, tu ne paraissais nullement étonné par mon geste.
- Quelle importance... je suis revenu dans le passé pour effacer cet avenir. Il faut l'oublier. Enfin, juste en conserver les bons éléments...
- Tu ne réponds pas à ma question.
- N'essaye pas de savoir... connaître l'avenir signifie vouloir l'anticiper et le corriger. Il y a tant de choses qui doivent se passer naturellement.
- Alors tu gardes le mystère ? Tu ne me fais pas confiance ?
- Ecoute, tu es ce à quoi je tiens le plus au monde. Je ne veux pas te perdre pour une simple question de méfiance. Laisse les choses se passer naturellement. N'agis pas sous les contraintes du destin.
- Je me rends... mais je sens que tu as quelque chose à te reprocher... tu as des remords.
- Ils ne viennent pas de l'avenir, ils viennent d'hier. L'arbre Mojo m'a expliqué des choses sur ta famille.
- Et qu'est-ce que tu lui reproches, à ma famille ?
- C'est qu'elle soit la nôtre, à tous les deux.
La jeune fille fut coupée dans son élan de colère. Elle ne comprenait pas.
- Le vénérable arbre Mojo m'a dit que tes parents ont eu un deuxième enfant lorsqu'ils étaient en Hyrule... et que je suis un descendant de ton frère... Je suppose que c'est la raison pour laquelle je ressemble tellement à ton père.
Leïa resta un moment silencieuse, le regard perdu dans le vague. Link crut voir des larmes sur le point de tomber.
- On forme une famille, alors... j'ai des cousins, des neveux, des descendants, des gens chez qui aller... je me sentais si seule et abandonnée sur mon île. L'idée que la seule personne qui me soit liée par le sang soit ce terrible sorcier me terrifiait...
Elle se jeta au cou du jeune garçon. Link sentit les larmes couler sur sa joue.
- Je suis heureuse...
Elle ne dit plus rien et s'endormit dans ses bras.

Chapitre 23 : Prisonniers   up

Quelques minutes plus tard, Rick et deux autres des jeunes voleurs entrèrent dans la pièce.
- T'es réveillé ! Tant mieux. On s'inquiétait beaucoup pour toi.
- Oui, ça va... Je me sens beaucoup mieux.
- Pourquoi elle dort, l'autre ?
- Je suppose qu'elle est fatiguée.
- Alors laisse-la dormir. Habille-toi plus chaudement, les supérieurs du sanctuaire veulent te parler.
Link se leva sans broncher et mit une tenue qui avait été déposée près de son lit. La tunique était couleur de sapin, avec une chemise et des collants qui semblaient être faits de peau de zora tant les reflets bleus et argentés semblaient irréels. L'ensemble était très élégant et allait à merveille au jeune guerrier.
- Bon, on y va ?
- Je suis prêt.
- Au fait, il faut qu'on te dise... Je ne sais pas si tu t'en souviens, mais on n'est pas bien vus par les autorités. Tu sais, nos principales cibles sont les collecteurs-détourneurs d'impôts. Tout ça pour te dire qu'on... est en état d'arrestation. La seule chose qui retient les types du sanctuaire de nous livrer à la garnison de Saut-de-Roc, c'est que Leïa nous considère comme ses gardes du corps. Je ne sais pas pourquoi, mais à elle, ils font confiance. Ils ont l'air de bien l'aimer.
- Bon, ben, on est tranquilles, alors.
- Non, parce qu'ils ont envoyé un message à la forteresse des Sheikahs. Ils veulent nous remplacer par cette bande de magiciens. Si ces derniers se rappliquent, on est morts.
- C'est pas vrai ! Comment ils veulent que je sauve le monde s'ils me mènent la vie aussi dure ? Et puis d'abord, Leïa ne voudra jamais.
Les quatre garçons arrivèrent dans la fameuse salle octogonale où Link s'était vu saluer par le roi d'Hyrule dans le futur parallèle.
- En résumé, tu nous as mis dans le pétrin, débrouille-toi pour nous en tirer.
Ils poussèrent leur chef en avant, devant une dizaine de moines. Link reconnut parmi eux le gardien du sanctuaire, le sage Voltère. Après un bref silence gêné, le chef de la petite bande prit la parole.
- Bien, d'abord, je tiens à vous remercier pour votre hospitalité... C'est très aimable à vous de nous avoir accueillis et dans mon cas, de m'avoir donné les quelques soins nécessaires...
Les moines ne répondaient pas. Ils l'observaient silencieusement. Mais qu'est-ce qu'ils attendaient de lui ? Le vieux Voltère finit par rompre le silence.
- Mais pourquoi avoir tenu à solliciter notre aide en particulier, alors que les avis de recherche vous concernant sont aussi courants que les cailloux ici ?
- Ben... parce que de toute façon, j'aurai eu à vous voir. On a besoin de vous pour lutter contre Ganondorf... vous avez certainement des informations dont nous avons besoin.
- Ce qui nous mène à la deuxième question. Qu'est-ce qui nous prouve que tu es le nouveau héros du temps et que l'on doit te faire confiance ?
- Qu'est-ce qu'il vous faut ? Des monstres terrassés ? J'ai été choisi par la Triforce, les dieux et les liens du sang...
Sur ses mots, il tira son gant et révéla le précieux tatouage.
- Liens du sang ?
- Je suis un descendant des héros du temps... Le sang de Link et ses successeurs coule dans mes veines...
- Hmmmm, hmmm, alors celui des Gerudos maudits aussi.
- Ça pose un problème ? Si mes souvenirs sont bons, les Gerudos maudits vous ont toujours soutenus contre le mal.
- ... (silence)...
- La fille qui est venue avec nous est une cousine à moi, c'est la fille de Robin des bois et l'arrière arrière-petite-fille de Ganondorf... mais tout comme moi, elle est déterminée à s'opposer à lui. Seulement, pour y parvenir, on doit réunir toute la Triforce. C'est la seule solution que nous ayons pour libérer les deux fragments ensorcelés par le sorcier. Et si vous ne nous aidez pas, nous n'y arriverons pas et cela ouvrira une voie royale à l'ennemi. Ce n'est tout de même pas ce que vous voulez.
Les visages gênés des moines indiquèrent à Link qu'il avait utilisé les bons arguments. Il continua :
- Pour retrouver les fragments, et les dieux savent en combien de morceaux ils ont été divisés, j'ai besoin de votre confiance et votre aide. Si moi et mes amis sommes arrêtés... que voulez-vous qu'on fasse ? Vous pensez que les Sheikahs feront du meilleur travail ?
- Trouver les fragments... mais tu as le courage, ton amie a la force, et la famille royale a celle de la sagesse. Il n'y a rien à chercher.
- Bien sûr que si... par mesure de sécurité, le héros des bois a divisé son fragment en au moins 8 morceaux. Je n'en ai que deux petites parties...
- Néanmoins... nous ne pensons pas que tes copains te soient très utiles dans cette quête. Ils sont loin d'avoir l'entraînement adéquat. Ils vont rester ici... ou plutôt à la citadelle des nuages où ils seront convenablement traités en attendant la fin de ta mission.
- Ils sont libres d'aller où ils veulent ou je pactise avec Ganondorf, c'est clair ?
- Des menaces... Tu es définitivement trop impulsif et dangereux pour être un bon héros du temps...
Cette voix venait du fond de la pièce. Un homme enveloppé d'une grande cape bleu marine et au visage masqué par un turban venait d'entrer dans la pièce. Il était suivi par cinq Sheikahs...
- Je suis le duc Dalbe, et chef de la tribu des Sheikahs... En tant que responsable de la sécurité en Hyrule, je te mets en état d'arrestation. Toute personne susceptible de menacer la tranquillité du royaume sera arrêtée et transférée à la citadelle des nuages, donc toi et tes copains qui avez dépouillé bon nombre de personnes respectables.
- Tu parles, s'écria Rick. Tous des pourritures qui affament les villageois en les écrasant d'impôts. Les collecteurs d'impôts, on leur laisse environ 1000 rubis à remettre aux caisses de l'Etat, mais ils les gardent pour eux et signalent un vol total. Link, va proposer tes services à Ganondorf et aide-le à s'emparer du pouvoir... Mieux vaut un dragon bien réel qu'un démon sournois et invisible.
Deux Sheikahs s'avancèrent vers le jeune homme pour le neutraliser. La situation aurait pu dégénérer si une voix familière et pas vraiment agréable aux oreilles de Link n'était pas venue immobiliser les belligérants.
- Ça suffit ! Au nom de la princesse héritière et du roi d'Hyrule, que tout le monde range ses armes.
Les Sheikahs se calmèrent. Link et ses trois amis aussi. La foule s'écarta pour laisser passer un chevalier et une belle jeune fille, Sir Marsias et la princesse Zelda. Cette dernière arborait un visage triomphant. Elle s'assura que tout le monde s'était tu pour clamer :
- Je déclare que Link, héros du temps et sauveur d'Hyrule, possède la carte blanche pour aller où bon lui semble afin de mener à bien la mission dont les dieux l'ont chargé. Que personne ne se mette à l'encontre de ses décisions et ne se mette au travers de son chemin.
Link était estomaqué. Pourquoi cette capricieuse jeune fille s'était-elle mise à l'aider ? Elle continua :
- Et ses amis sont également libres de leurs mouvements. Les mandats d'arrestation mis à ce jour sont supprimés. Pour la sécurité du royaume, comme vous l'avez si bien dit, Duc Dalbe, il est impératif d'apporter au héros toute l'aide dont il a besoin. Vous pouvez disposer, nous vous remercions pour votre intervention.
Le chef des Sheikahs voulut protester.
- Princesse, la sécurité du royaume voudrait qu'on s'assure de la valeur de vos champions.
- Duc Dalbe... l'heure n'est plus aux formalités. Le pays est en crise et la grande forêt brûle. Si vous pensez mettre la main sur les morceaux sacrés avant mon champion, libre à vous d'agir... mais pour ma part et celle de mon père, nous faisons confiance au héros de la légende. L'entretien est terminé.
Les Sheikahs rompèrent sans protester, mais Link nota quand même le regard furieux que lui lançait le chef de la tribu magicienne. Il voulut aller rejoindre ses amis qui semblaient tout d'un coup soulagés, mais sentit une main agripper son bras. Zelda le regardait avec un sourire carnassier.
- Minute, papillon, tu n'es pas encore sorti du sanctuaire.
- Et alors ?
- Et alors, il ne va pas sans dire que je réclame un petit quelque chose pour ce geste.

Chapitre 24 : Au revoir   up

Leïa fut réveillée non pas par Link mais par Rick.
- Debout... Ce n'est plus le moment de dormir. Nous avons du chemin à faire.
- Hein ? Mais je pensais que nous étions arrivés à destination.
- La situation a un peu changé... les sages du sanctuaire affirment être incapables de te protéger en cas d'attaque de ton ancêtre, et il faut que tu ailles te mettre en sécurité à la citadelle des nuages, l'endroit le plus sûr d'Hyrule.
Leïa était encore à moitié endormie et ne comprenait pas la situation.
- Pourquoi ce n'est pas Link qui vient me le dire ? Et qui te dit qu'on sera les bienvenus à la citadelle ?
- La princesse Zelda a, en quelques mots, réservé une chambre pour toi là-bas, et comme Link doit partir chercher la sainte relique, il nous envoie pour que tu ne t'ennuies pas.
- Cette pouf... princesse Zelda ? Ça va pas ? Si elle s'imagine que je vais aller m'enterrer dans un trou perdu pour lui laisser le champ libre, elle se met le doigt dans l'oeil. Et pourquoi Link n'a pas protesté ?
- Disons qu'il avait le choix entre approuver cette initiative ou l'embrasser.
- Brave garçon... J'espère que Mademoiselle n'a pas été trop vexée...
- Tu aurais dû voir sa tête... mais elle est repartie pour le château royal, tu n'auras pas l'occasion de recueillir ses impressions.
- Mais il est où, Link ?
- Il prépare ses affaires. Il va venir, mais il doit encore arranger certaines choses avec le sage Voltère.
La jeune fille se résigna donc à se préparer au départ. Elle enfila une grande toge noire de moine équipée d'un grand capuchon pour dissimuler sa trop voyante chevelure. Ensuite elle se dirigea vers la salle principale. Elle y vit effectivement son cousin, équipé pour une expédition d'au moins six mois, en grande conversation avec le gardien du sanctuaire. Ce dernier remettait solennellement au héros une jolie flûte de pan argentée.
- Tiens... je me suis permis de te l'améliorer. Un instrument sacré te sera utile pour invoquer les pouvoirs des dieux.
- Je pense que oui. Merci beaucoup.
- Et voici les traductions des notes que tu as prises...
Il fait allusion à des époques de la guérilla menée par le héros des bois. Il parle effectivement des lieux, ou plutôt des personnes à qui ont été confiés les morceaux. Tant que j'y pense... la carte que tu as recopiée... nous ne connaissons pas ces sites. Ils sont absents de nos livres. Ils ont dû être oubliés et abandonnés. De plus, je me demande qui a bien pu faire la carte, elle est complètement faussée, aucun respect des distances... les sites repères sont disposés n'importe comment. Tu ne vas pas pouvoir te baser sur elle. Je suis désolé de ne pas t'être d'un plus grand secours.
L'elfe remercia le moine qui était devenu si confiant, puis se retourna pour se retrouver nez-à-nez avec sa belle cousine.
- Link... est-ce que c'est vrai que tu vas partir et m'abandonner ?
- Je ne vais pas t'abandonner. Tu ne peux pas venir avec moi, alors je veux m'assurer que tu soies en sécurité.
- Pourquoi je ne peux pas t'accompagner ? Je suis un poids lourd ?
- Je ne dirai pas un poids lourd... ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit. Mais je n'ai pas su te protéger avant et tu n'as rien pu faire non plus. Je ne me pardonnerai jamais si d'autres événements fâcheux t'arrivaient.
La jeune fille le regarda avec des yeux pleins de reproche.
- Je t'assure que c'est par amour pour toi que je le fais...
- Rick m'a dit que c'était plutôt par aversion de la princesse.
- La question ne s'est même pas posée... Elle m'a proposé de te mettre à l'abri. Je me fichais complètement de l'autre solution. Si on l'a interprété d'une autre façon parce que je n'ai pas hésité, tant pis. Et tu ne seras pas seule. Mes amis seront là pour être sûrs que tu ailles bien et que tu ne t'ennuies pas. De plus, je passerai souvent te voir, ne serait-ce que pour ramener les divers morceaux de la Triforce.
- Tu vas commencer par aller où ?
- Je vais aller au château d'Hyrule chercher la Triforce de la sagesse. Je te promets que dès que je l'ai, je reviens te voir.
- Tu me le promets ? Tu me promets que tu ne te feras pas avoir par cette blonde ?
- Je te promets qu'il ne se passera rien de ce genre entre elle et moi.
Il passa ses mains autour de sa taille et l'attira contre lui. Ils restèrent un moment l'un contre l'autre, puis Link se dirigea vers la sortie. Il se retourna une dernière fois pour voir tous ses amis réunis, leur fit un dernier signe et sortit.

Chapitre 25 : L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux   up

Link commença par se rendre au village de Saut-de-Roc. Il n'avait pas grand-chose à y faire, sinon aller consulter son compte en banque et voir ce que le pharmacien avait à lui proposer. Il devait également récupérer son cheval qui avait été confié à l'écurie.

Il dut vite renoncer au pharmacien. Les articles proposés nécessitaient des flacons et il n'en avait pas. Il se rendit ensuite à la banque. Il se souvenait que dans le futur parallèle, il était colossalement riche, mais une fois qu'il se retrouva devant le banquier, il fut terriblement surpris. Son compte n'atteignait pas le centième des réserves du futur parallèle. D'où donc venaient les fameux rubis, s'ils n'étaient pas le fruit des divers pillages ?

L'elfe ne s'interrogea pas d'avantage. Il retira quand même une centaine de rubis pour couvrir ses frais de voyage. Ceci fait, il se rendit aux écuries où était installée Getella. On le guida immédiatement à sa jument, qui était occupée à dévorer un gros tas d'avoine et elle n'était visiblement pas enchantée de quitter son box. Link dut jouer un petit air de flûte pour la décider. Enfin prêt, il monta à cheval et quitta le village pour sa longue quête.

Il tenta de se rappeler ce qu'on lui avait dit au sujet de la cité royale. Les frères forestiers disaient qu'il y avait là-bas d'habiles artisans, le vieux Lucas qui lui avait rendu son épée, qui lui avait rendu un fier service et finalement Sir Marsias lui avait indiqué le chemin, et que la cité avait été envahie par les forces obscures, probablement après que Ganondorf ait mis la main sur Leïa et la Triforce. A cette dernière pensée, Link frémit. Devait-il prévenir le roi de cette menace ?

Il se rappela également les paroles de l'arbre Mojo. Il lui avait dit que son oncle avait vécu à la cité d'Hyrule... il avait toujours un cousin dans cette ville. Il devait le retrouver. La perspective de rencontrer un membre proche de sa famille renforça sa motivation à se rendre à la ville. Il poussa son cheval à se hâter. En lui-même, il se demandait à quoi pouvait ressembler ce fameux garçon... est-ce qu'il lui ressemblait ? Que faisait-il de sa vie ? Etait-il un érudit comme son père ou avait-il décidé de mener une vie paisible et sans histoire en montant un commerce ou travaillant comme employé dans un quelconque établissement ? Quel qu'il soit, Link brûlait d'impatience de le rencontrer. Il passa tout son trajet à s'imaginer divers scénarios de rencontre. Si ce jeune garçon était devenu un magicien, il s'approcherait de lui en lui demandant s'il était le fils du fameux Euklidh. Le jeune lui répondrait par l'affirmative et en lui demandant pourquoi. Là, Link dirait "parce que c'est mon oncle... et que tu es alors mon cousin". Il visualisait des scènes plus émouvantes... dans le genre : arriver au moment où le garçon est au bord du désespoir et ainsi apparaître comme la lune au milieu de la nuit noire.

Une ruade de son cheval le rappela à l'ordre. Link se retrouva projeté au sol. D'étranges pieuvres terrestres barraient le passage et s'amusaient à bombarder le voyageur de cailloux qu'elles projetaient par une sorte de trompe. Il fallut plusieurs coups, bleus et hématomes avant que le jeune elfe n'arrive à se redresser et à se protéger de son bouclier. Il fit une roulade pour s'approcher des bestioles et les faucher en se redressant. Après cette belle performance dont il s'étonnait lui-même, Link dut chercher sa jument qui s'était enfuie.
- Sale bête... C'est vraiment trop facile de fuir le danger... Qu'est-ce que je vais faire d'un cheval qui me laisse tomber à la moindre alerte ?
Il sortit sa flûte et dut jouer cinq bonnes minutes, mais l'animal ne répondait pas à son appel. Link dut donc se résoudre à chercher les empreintes des sabots de Getella et à suivre sa piste. Tout son équipement devait être encore accroché à la selle. Il ne pourrait pas continuer son chemin sans avoir récupéré la bête.

Il marcha ainsi pendant plus d'une heure en maudissant son cheval à chaque seconde. Où avait-elle bien pu passer ? Il était dans la plaine. Il devrait la voir de loin, mais il ne l'apercevait nulle part. Il ne pouvait que continuer de suivre la piste. Ce ne fut que beaucoup plus tard qu'il entendit une étrange conversation venir de nulle part.
- Alors ça va mieux ? Puisque je te dis que tu n'as rien à craindre de ces créatures. Tu es deux fois plus grande qu'eux. Tu peux les balayer en quelques coups de sabot.
Link avait-il bien entendu ? Quelqu'un était en train de parler à un cheval ? Il tourna la tête dans tous les sens, mais ne vit personne. Pourtant, il entendait la voix et le souffle de l'animal qui lui répondait.
- Allez, tu ne vas rester cachée ici, tout de même... Et ton maître ? Je suis sûr qu'il doit être en train de te chercher... Non, tu ne seras pas mieux ici, et PAS TOUCHE A MON CHAPEAU, il n'est pas à manger... D'ailleurs, il est là... Tu vas t'expliquer avec lui.
En une seconde, la jument apparut devant Link, un étrange homme à ses côtés. Il devait avoir une trentaine d'années, les cheveux roux en bataille et une tenue brune de paysan, avec un grand chapeau de paille dans le dos.
- Bonjour jeune homme, je suppose que tu connais cette jument ?
Link était trop surpris pour répondre.
- Elle me dit que oui, donc c'est pour ça que je te le demande... allô ?
Link réagit enfin.
- Euh... oui, bien sûr qu'elle est à moi.
- Hum... écoute, elle est un peu à cran pour le moment, alors ne dis pas qu'elle est ta propriété, pas devant elle.
- Mais qui...
- Ça n'a pas d'importance. Tu peux m'appeler "l'ami des chevaux", Hippophilos... J'ai toujours su leur parler et les soigner. Je l'ai vue tout à l'heure en train de galoper, complètement affolée. Il paraît que c'est la deuxième fois en deux jours que des animaux l'agressent. Elle n'est pas habituée à se retrouver dans ce genre de situation, même si les octorocks n'étaient pas vraiment dangereux pour elle. Il faut que tu la rassures.
Link continuait de dévisager l'homme. Une idée commençait à l'envahir. Il était magicien, avait des pouvoirs assez singuliers. Et s'il était...
- Es-tu un premier-né ?
Ce fut au tour d'Hippophilos de dévisager l'elfe.
- Ne dis pas ces mots à voix haute. Par les temps qui courent, ça peut porter malheur. Comment connais-tu notre existence ? Les Hyliens nous ont depuis si longtemps oubliés.
- On m'a parlé de vous... j'ai déjà eu l'occasion d'en rencontrer. Pour tout avouer, j'en suis un, enfin... une réincarnation.
Le premier-né devenait nerveux et visiblement méfiant.
- Qu'est-ce que j'ai dit ? Vous voulez rester ignorés ?
- Bien sûr que je veux rester ignoré. La vie est dure pour nous depuis quelques temps. Nous sommes persécutés et devons nous méfier de tout.
- Persécutés ? Mais par qui, si les Hyliens vous ont oubliés ?
- Par le premier-né fou, Ganon.
- Je vois... je te rassure, je ne suis pas avec lui. Je suis même contre.
L'ami des chevaux se détendit un peu.
- Tant mieux... il a lancé des mortels particulièrement vicieux pour nous traquer et nous supprimer. Il veut exterminer notre peuple. C'est bien simple... tu as dû constater que je suis contraint de rester invisible. Ah mais... je savais bien que ta tête me disait quelque chose... premier-né... tu es le "héros éternel", Alïnkto. On s'est déjà rencontrés.
- Heu... dans une autre vie, alors...
- Bien sûr, cela devait être il y a plusieurs siècles, plus d'un millénaire, même... enfin, je ne me souviens plus très bien. C'était il y a très longtemps, en effet. Tu me rassures. Un instant, j'avais cru que tu étais un traqueur du fou.
- Loin de moi cette idée. Mais dis-moi, il y a encore des gens de notre peuple qui vivent dans le coin ?
- Euh... laisse-moi réfléchir... Hé ! Le cheval... je t'ai déjà dit que mon chapeau n'était pas à manger.
Getella était en effet occupée à grignoter un morceau du large chapeau de paille.
- Enfin, ça montre au moins que tu t'es remise de tes émotions. Bon, où en étais-je ? Ah oui... avant que le fou ne lance son offensive, il y avait quatre d'entre nous qui vivaient en permanence ici, mais maintenant... soit ils se sont faits avoir, soit ils se cachent.
- Qui sont-ils ?
- Euh... il y a Deku, l'enfant du vent... Le chasseur de rêves, Minisha... Anya, Tresed et Muriel aiment aussi traîner dans le royaume, puis, j'y ai déjà croisé Ralph, mais lui, c'était aussi il y a très longtemps. Enfin, je ne me fais pas trop de soucis pour ces quatre-là. Ils savent se défendre. Mais les autres... S'ils se cachent, je ne veux pas les déranger.
- Bon, dans ce cas, je ne vais pas te laisser à découvert plus longtemps. Reste invisible. Je vais m'efforcer de vaincre Ganon. Merci pour Getella.
- Où ?
- Heu... c'est le nom de mon cheval.
- Ah, d'accord... (quelle idée d'appeler son cheval de cette façon) (Note de l'auteur : De quoi je me mêle ? Est-ce que je vais dire à tout le monde qu'Hippophilos est un nom ridicule et que je ne l'ai choisi que parce qu'il voulait dire "ami du cheval" en grec ? Je viens de le faire ?Euh...). Alors bon voyage... et que nos créatrices te protègent.
- Oui, toi aussi... J'espère qu'on se reverra.
Link monta sur sa jument, beaucoup plus disposée à le porter. Hippophilos disparut aussi vite qu'il était venu. Link l'entendit encore lui souhaiter bonne chance. L'elfe donna à sa compagne de route le signal du départ et continua sa route vers la cité royale d'Hyrule.

Chapitre 26 : Quand on arrive en ville   up

Link atteignit finalement la rivière le conduisant à la cité à la tombée de la nuit. Bien qu'exténué, il se refusait à dormir à la belle étoile. D'abord, la ville ne devait plus être très loin. Ensuite, il était incapable de dire si la plaine serait sûre et si son cheval ne tenterait pas de retrouver l'ami des chevaux. Non, il continuait.

Cependant, il dut vite constater que la nuit tombait très vite et qu'elle fut rapidement sombre. Le manque de visibilité ne rendait pas le voyage facile. Il lui était impossible de continuer. Le cavalier arrêta donc sa monture et mit pied à terre, à la recherche d'un sol décent. Manque de chance pour lui, il faisait si noir qu'il lui était impossible d'observer le terrain sur lequel il évoluait. Il s'assit un moment sur le sol, sans savoir quoi faire. Il ne pouvait pas dormir... Il ne savait pas garder sa jument près de lui et ne savait pas où il était.

Alors qu'il tenait sa tête entre ses mains, son coude sentit la flûte de Pan à sa taille. L'elfe se sentit comme frappé par un éclair. Il était le roi des idiots. Comment avait-il pu oublier ? Il détacha la flûte et joua l'air que Boru (ou plutôt une de ses notices) lui avait appris : le chant du soleil. L'effet fut immédiat et surprenant. En quelques secondes, les nuages disparurent et le soleil remplaça les étoiles. Dans la lumière du matin, Link pouvait constater qu'il était à moins d'un kilomètre de la ville. Cette vision le re-motiva et il reprit sa route. Il atteignit la ville en une quinzaine de minutes.

L'elfe ne savait pas vraiment ce à quoi il s'était attendu, mais le lieu dans lequel il débarqua le laissait ébahi. Les demeures de pierre grise ou claire s'élevaient sur quatre ou cinq étages, les rues étaient généralement si étroites que deux charrettes ne pouvaient pas se croiser. Les voies de passage étaient remplies de trous et d'ornières, rendant la marche encore plus difficile qu'en montagne. Link confia vite son cheval à l'écurie de la grande porte et commença à explorer les lieux. S'imaginant que le temps ne lui était pas compté, il décida d'examiner chaque magasin. Il constata qu'il y avait un nombre incalculable d'ateliers en tout genre... Des menuisiers, potiers, orfèvres, souffleurs de verre, forgerons... Forgerons ? Il entra dans la boutique voir ce qu'ils vendaient comme épées et boucliers. Dans sa vieille mémoire, il avait dû perdre le sien lors de sa fameuse défaite et en avait racheté un autre, beaucoup plus simple, faute de fonds. A présent, c'était différent. Il examina les diverses pièces et en trouva un qui se distinguait par sa simplicité dans les ornements et son élégance. Il était bleu marine, mais orné de feuilles d'argent à ses trois extrémités. L'elfe tomba tout de suite sous le charme et l'acheta.

L'elfe continua son chemin. Il repéra une sympathique auberge où il irait certainement se reposer ce soir et se mit à chercher les académies de magie. Il était temps de se mettre vraiment au travail. Il chercha une grande place et demanda des renseignements. On lui indiqua le grand conservatoire, qui devait se trouver à proximité du palais royal. Il s'y rendit tranquillement, mais constata que plus il s'approchait des bons quartiers (où les voies de circulation étaient mieux entretenues et plus larges), et plus les gens le regardaient de travers. Il comprit bien vite l'origine de cet intérêt. Il remarqua sur des palissades des vieux avis de recherche le concernant. Ils étaient tellement vieux qu'on ne distinguait plus grand-chose sur l'image, mais il y avait encore moyen de voir qu'on recherchait un jeune garçon blond. Comme personne ne se décidait à interpeller le jeune garçon, il décida d'ignorer les regards. De toute façon, Zelda avait arrêté les recherches. Pour une fois, il était content de son intervention.

Il finit par arriver devant une grande bâtisse de pierre aux fenêtres étroites et cinq fois plus grandes qu'un être humain. Les portes étaient ornées de dizaines de statuettes superposées représentant des sages en toge et tenant des livres. Il ne devait pas y avoir de doute, il était tombé sur le conservatoire. Il n'hésita pas, entra et se mit en quête de personnes capables de le renseigner sur la vie de son oncle. On finit par lui indiquer le bureau du doyen, le sage Haïn Chtaïn. Le vieil homme en question passait sa vie dans une petite pièce, entouré de milliers de parchemins, et n'était visiblement pas habitué à recevoir de la visite. Il se redressa d'un bond, visiblement embarrassé par le désordre.
- Un petit jeune ? Qu'est-ce qu'un jeunot comme vous peut vouloir à un vieillard ?
- Juste des renseignements... Vous étiez présent dans cette académie il y a trente ans ?
- Hm... oui, à l'époque, j'étais le responsable en chef de la bibliothèque.
- Hé bien, je suis à la recherche d'un oncle qui étudiait ici à cette époque. Il se nommait Euklidh.
- Euklidh... ah oui, il fut mon assistant quelques mois. Un brave petit, toujours prêt à rendre service et avide de connaissance... L'étudiant rêvé... Dommage qu'il ait rencontré cette fille, il aurait pu devenir quelqu'un de grand, de très grand, peut-être premier sorcier de la cour. A la place, il s'est limité au poste d'alchimiste... avec ses inventions, il arrivait à faire vivre confortablement sa petite famille, et ça lui suffisait. Dommage tout de même.
- Une famille... je voudrais justement les retrouver. Où habitent-ils ?
- Hélas... c'est bien là le malheur. Ils habitaient un petit appartement dans les bas-quartiers, zone où s'est déclarée une sinistre épidémie. Lui et son épouse ont succombé au mal mystérieux. Leur fils a voyagé de foyer d'accueil en foyer d'accueil... Ensuite, il est entré à notre pensionnat, puis il a dû faire un voyage d'étude... Et il n'est pas revenu.
- Quoi ?
- Il s'était spécialisé dans l'herbologie... pour son projet de fin d'année, il devait étudier des plantes rares. Il a quitté la ville et n'est pas rentré.
- Mais... quand ?
- Il y a au moins quatre ans, à présent.
Link s'effondra sur une chaise... Tous ces espoirs... Son cousin était mort... Non...

Chapitre 27 : Entretien avec un roi   up

Le vieil homme regarda son interlocuteur.
- Je suis désolé. Je ne peux vous dire ce qu'il est advenu de lui. Il a peut-être décidé de refaire sa vie ailleurs. Il était obsédé par la légende d'un village où vivent les elfes.
- Malheureusement, ce village a été détruit il y a des lustres. Il ne peut pas s'y trouver.
Link comprit que la suite de la conversation était inutile. Il ne lui restait plus qu'à faire le deuil de ce cousin inconnu.
- Merci tout de même pour votre aide. Je voudrais juste savoir une chose... comment s'appelait-il, mon cousin ?
- Il s'appelait...
Il ne put achever, plusieurs soldats venaient de faire irruption dans le bureau. La main à l'épée, ils annoncèrent à l'elfe de grand chemin qu'il était convoqué au château séance tenante. Link demanda pourquoi, mais les soldats n'étaient pas assez communicatifs pour le lui expliquer. Notre jeune héros, méfiant, refusa de bouger de son siège. Il fallut que le vieux Chtaïn supplie les divers protagonistes de ne pas avoir recours à la violence dans les locaux pour que Link se résigne à suivre les forces de police, non sans affirmer un manque total de collaboration. Il voulut se retourner pour demander au doyen de lui dévoiler le nom qu'il n'avait pas pu lui dire, mais ce dernier avait disparu de son champ de vision.

Notre aventurier se demandait bien ce que pouvait lui vouloir Zelda pour envoyer les équipes de sécurité à sa recherche (Link estimait qu'il n'y avait que Zelda qui puisse être derrière toute cette mascarade). Peut-être avait-elle un nouveau caprice, envie de montrer à tout le monde qu'elle pouvait se pêcher des hommes rien qu'en claquant des doigts ? L'antipathie qu'il éprouvait vis-à-vis de la princesse augmentait à chaque pas. Il n'aimait décidément pas le fait d'être considéré comme la propriété de la future reine.

La troupe quitta les masses de bâtiments pour arriver dans un grand parc empli d'arbres, de statues et de fleurs. L'allée sur laquelle ils marchaient menait à une énorme grille richement décorée au milieu d'un énorme mur de plusieurs mètres de haut. Derrière la grille, Link distinguait un grand pont passant au-dessus d'un cours d'eau. Lorsqu'il fut sur ce pont, il réalisa que cette eau faisait partie d'un énorme lac, et que le gigantesque château d'Hyrule était construit sur une île. L'elfe observa l'énorme monument. Il semblait être un assemblage de hautes tours et de ponts, comme si l'espace limité de l'île avait poussé les architectes à agrandir le château en hauteur. Ce n'était pas vraiment l'image que Link se faisait d'un palais royal.

Il fut poussé par la troupe de soldats à l'intérieur de l'énorme édifice. Les salles qu'il traversait rivalisaient toutes par leur taille et leur niveau de décoration. De grands tableaux et tapisseries recouvraient les murs, de somptueux tapis recouvraient le sol et des grands lustres de verre et de cristal illuminaient des plafonds ornés de fresques mythologiques. Link se sentit de moins en moins à l'aise. Tant d'excès de luxe ne pouvait que témoigner un esprit mégalomane. Enfin, ces décorations étaient probablement là depuis bien longtemps et n'étaient probablement pas de l'initiative du roi actuel. L'elfe chercha à se détendre.
- Du calme, mon vieux... On ne va pas te mettre aux fers. Si ça se trouve, le roi veut juste rencontrer le héros éternel. Tu n'as pas de raisons d'être nerveux.
Rien n'y faisait. Les luxueuses pièces dans lesquelles il évoluait le rendaient terriblement nerveux. Mais pourquoi ?
Soudain, il eut une brève vision, comme celles faisant allusion à son combat contre Ganondorf. Il était dans une salle tout aussi luxueuse, avec une grande table et deux grands fauteuils. Dans l'un d'eux se trouve le terrible sorcier. Link réalise qu'il est enchaîné et jeté à ses pieds. Link se réveille en sursaut. Il réalise qu'il est en train de monter un escalier, puis de traverser un balcon au-dessus d'une grande salle d'apparat, que Link reconnaît grâce à la grande statue du héros des bois. Il réfléchissait à la vision. Que signifiait-elle ? Etait-ce un souvenir ? Avait-il été le prisonnier du seigneur du mal ? Mais pourquoi cette vision à cet endroit précis ?

Il se sentit saisi au bras. La troupe s'était arrêtée devant une grande porte à deux battants. On fit signe au jeune homme d'entrer. L'elfe eut un choc en passant la porte. C'était la pièce de sa vision, à la différence que le personnage dans le fauteuil était le roi d'Hyrule. Sa vision annonçait-elle l'invasion du château ?

Link s'approcha hésitant du souverain. Il était si différent de celui qu'il avait rencontré au sanctuaire de pierre. Ses cheveux étaient encore foncés, le visage était quasi dépourvu de rides... Il semblait plus jeune d'une dizaine d'années.
- Et bien... de nombreuses voix m'ont rapporté que les dieux avaient entendu mes prières et les avaient exhaussées en envoyant des sauveurs. Il me fallait voir cela de mes propres yeux. Approche, jeune héros du temps.
Link se détendit. Il ne s'agissait que d'une simple visite de courtoisie. Le roi était toujours aussi confiant, accueillant et sympathique (le contraire de sa fille).
- Majesté, j'espère sincèrement être à la hauteur de vos attentes, dit Link en s'agenouillant.
- Relève-toi. Le sauveur de mon royaume n'a pas à s'agenouiller devenant son souverain. Enfin, assieds-toi plutôt. J'ai besoin de savoir... Peu de mes hommes ont su s'approcher de Ganondorf... Peux-tu évaluer l'ampleur de la menace ? Que sais-tu sur ses projets ?
Link ne se fit pas prier. Enfin il tombait sur quelqu'un avec qui il aurait plaisir de parler. Le roi d'Hyrule l'écoutait sagement raconter sa révélation au contact de la Triforce (légèrement modifiée pour ne pas inquiéter le souverain), sa rencontre avec Leïa, puis les divers événements qui s'en sont suivis, comme la rencontre avec Zelda ou l'accroc avec les sbires de Ganondorf. Le roi l'écoutait silencieusement, hochant la tête et se gardant de l'interrompre. A la fin du récit du jeune homme, il entreprit de résumer :
- Donc, pour contrer Ganondorf, il est impératif de retrouver les fragments du courage et de la sagesse avant lui. Je n'ai pas la moindre idée d'où pourraient se trouver les morceaux du courage, mais pour la sagesse... il faut les demander à ma benjamine.
- A Soraya ? C'est elle qui... ?
- La Triforce de la Sagesse s'est toujours transmise de mère en fille, comme le droit de succession. Ma chère épouse m'a quitté il y a quelques année, je ne suis plus que le régent en attendant la majorité de ma fille.
- Mais euh... pourquoi une enfant plutôt que Zelda ?
- Parce que Zelda-Elisabeth est justement l'aînée et que tout le monde sait qu'elle sera l'héritière du trône et que par les temps qui courent, c'est un statut très peu sécurisant. Nous ne pouvons pas prendre le risque de perdre une reine et la Triforce de la sagesse en même temps. Mais que ceci reste entre nous.
Link mit un petit moment à comprendre qu'il parlait de Zelda. Quel idiot il faisait ! C'était évident que la princesse devait avoir un nom composé, comme sa soeur et ses ancêtres.
- Je comprends... mais n'est-ce pas encore plus risqué de confier pareil trésor à une enfant ?
- C'est bien pour cela que mes Sheikahs usent de toutes les ruses possibles pour la dissimuler. J'avoue que cela fait plusieurs mois déjà que j'ignore où se trouve mon enfant et je n'en dors pas.
Link ferma les yeux. "Génial, il va falloir que je joue à cache-cache avec ce petit fauve". Il demanda au roi s'il connaissait le moyen de prendre contact avec elle. Le régent répondit qu'il suffisait de le demander à sa nourrice, la dame Blanche de Val-Loix, et elle était simple à trouver. Elle vivait toujours au château. Le roi allait envoyer un serviteur chercher la noble nourrice lorsqu'un soldat fit irruption dans la pièce.
- Majesté, c'est terrible, horrible...
- Qu'y a-t-il ?
- Dans la plaine... c'est une vision de cauchemar.
- Qu'est-ce qui vous affole à ce point ?
- Une... une armée... de monstres plus répugnants les uns que les autres, Majesté. Ils se déploient vite. La ville est déjà en état de siège.
- Alors sonnez les cloches d'alertes ! Pourquoi ne pas l'avoir fait tout de suite ? Faites mettre les femmes, les enfants et les vieillards à l'abri au château et mobilisez tous les hommes capables de porter une arme.
Le soldat inclina la tête en signe d'obéissance et se retira. Le roi appela un autre serviteur et lui demanda de faire chercher le commandant des armées ainsi que la dame de Val-Loix. Quand il eut fini de donner des directives, il s'approcha de la fenêtre dont on pouvait voir le lac et des masses sombres évoluer sur ses rives.
- C'est lui qui lance une offensive, n'est-ce pas ?
Link ne put que confirmer.
- Je suppose que lui aussi cherche mes filles. C'est une véritable course qui commence entre vous deux. Je prierai les dieux pour que tu triomphes. Tout de même... une si grande armée assiégeant la ville en si peu de temps... les guetteurs auraient dû les repérer de loin. Il semblerait qu'ils aient surgi de la terre en un instant.
- Il faut que vous fassiez évacuer la ville. Je connais le sort que ce monstre réserve à ses victimes et je ne le souhaite à personne. Vous pensez que vous mettez votre peuple à l'abri dans le château, mais s'il entre, cela va être un effroyable massacre. Seulement, vu comme la ville est assiégée, je ne vois pas vraiment comment faire.
- Pour ça, il y a plusieurs solutions... Tu peux soit passer par le lac, soit par des souterrains.
- Des souterrains ? Pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt ? Faites évacuer la ville par ce chemin !
- C'est que personne à ma connaissance n'a utilisé ces couloirs depuis plus d'un siècle, et je ne peux pas garantir qu'ils soient praticables ou sûrs. Le lac, ce serait encore plus compliqué, car je suppose que l'ennemi surveille ses rives de très près. Aucune barque ne pourrait accoster sans se faire repérer.
Cette dernière nouvelle ne découragea pas Link. En surface, on pouvait le voir, mais pas sous l'eau. Il lui suffirait de se transformer en Zora.
- Majesté... je suis sûr que votre passage secret sera plus sûr que la ville d'ici quelques heures. Faites fuir votre peuple par ce passage. Ne le laissez pas aux monstres de Ganondorf.
Le roi resta silencieux, continuant de regarder les armées du sorcier encercler les rives du lac.
- C'est ce qui est préférable, en effet...
A cet instant, on frappa à la porte pour annoncer l'arrivée du commandant des armées. Link eut un choc en le voyant entrer. Non ! Il se mordit les lèvres pour empêcher de laisser paraître sa surprise. Ce fameux commandant, c'était Sir Marsias.
- Vous m'avez demandé, Sir ?
- Oui, dès que le héros aura les informations qu'il cherche, nous partons nous armer pour défendre la sainte ville de nos ancêtres.
- Vous voulez...
- Non, cria Link. Ne restez pas ici, Majesté. Vous ne pourrez pas empêcher Ganondorf d'envahir la ville. La résistance est inutile, vous devez fuir avec votre peuple.
Le commandant se tourna vers l'aventurier.
- Si nous ne résistons pas, ce monstre volera ce royaume comme on vole une sucette à un nouveau-né. Et s'il ne rencontre pas de résistance, il comprendra que nous avons une sortie de secours... Si nous voulons sauver le peuple, il faut se battre.
- Si ton roi meurt, le sorcier n'aura aucun mal à prendre le pouvoir.
- Il le prendra de toute façon, trancha le roi. Mais il est de mon devoir de me sacrifier pour mon royaume. Marsias, Link, protégez mes héritières. Je dois rester et détourner ainsi son attention. Retrouvez et mettez mes filles à l'abri, c'est un ordre.
- Majesté...
- Jurez solennellement à votre roi que vous protégerez mes deux filles et que cela sera votre priorité jusqu'à ce qu'elles soient hors de danger.
- Mais... bon... bien sûr.
Les deux jeunes combattants regardaient leur souverain d'un air désespéré, mais n'osèrent pas contester son ordre. Ils jurèrent donc, mais cela ne changeait rien dans leur tête. Link savait que la bataille était sans issue. Il savait aussi qu'il avait besoin du roi dans le futur. Il ne pouvait pas le laisser là.

C'est à cet instant que des bruits sourds se firent entendre dans le ciel. Un messager arriva presque à ce moment pour annoncer que les troupes ennemies commençaient à bombarder la ville et les remparts. Un autre arriva pour annoncer l'arrivée de la nourrice de la princesse Soraya. Le roi annonça que seul l'elfe devait entendre les paroles de la noble dame et fit signe à son chevalier de sortir avec lui. Ils se retirèrent donc et une femme sans âge aux cheveux argentés et portant une tunique masculine entra dans la pièce.

Chapitre 28 : L'invasion   up

D'abord gêné d'être laissé seul face à cette femme qui tenait plus du garçon manqué que de la nourrice dont il avait l'idée, Link resta silencieux quelques secondes. Heureusement pour lui, la jeune femme semblait lire dans ses pensées et lui répondit.
- Tu veux rencontrer Soraya, c'est ça ?
- Heu... oui...
- Si on fait appel à moi, c'est que cela concerne ma petite protégée.
- Oui... en fait, c'est pressant... si elle est encore dans le palais, il faut que je l'emmène immédiatement.
- Elle y est encore, mais j'ai déjà pris des dispositions pour qu'elle puisse s'en aller par un passage secret.
Link poussa un soupir de soulagement. La petite était en sécurité.
- Par contre, Elisabeth était ici il y a quelques heures, et ça m'étonnerait qu'elle soit partie. Je ne sais pas où elle est en ce moment, mais la connaissant, elle va vouloir aider son père et rester avec lui.
L'elfe ferma les yeux. Il venait à peine de promettre à son père de la protéger. Il allait falloir aller la chercher.
- Bon... je pars chercher Zelda.
Il s'arrêta sur le pas de la porte.
- Sauf que... je ne connais absolument pas ce château, je n'y ai jamais mis les pieds. Il m'est quasi impossible de m'y retrouver.
- Je m'y attendais un peu, gamin. On part à sa recherche ensemble ?
- Ben... je suppose que c'est la meilleure chose à faire.
Les deux jeunes gens quittèrent la pièce et traversèrent divers couloirs. Blanche supposait que Zelda serait déjà auprès de son père ou du premier chevalier du royaume et viendrait tôt ou tard au balcon des apparitions. Il fallait s'y rendre.

Au fur et à mesure qu'ils avançaient, ils croisèrent de plus en plus de soldats et de chevaliers en armure qui s'agitaient dans tous les sens. Lorsqu'ils passèrent au-dessus du grand hall, ils eurent l'occasion de voir des centaines de réfugiés passer sous leurs pieds et se rendre vers une petite porte qui semblait mener à un sous-sol.
- Au fait, au cas où on se séparerait... où se trouve le passage secret ?
- Dans une cave à proximité des cachots. Tu dois aller dans l'entrepôt de vin. Au fond, il y a un symbole de la Triforce sur le sol, mais il est caché par une grosse caisse pleine de bouchons de liège. Il faut jouer l'hymne de la famille royale dessus et une issue apparaîtra pendant un bref instant. C'est l'entrée du chemin.
- Merci... bon, tu crois que toutes ces troupes se dirigent vers l'endroit où se trouve ton souverain ?
- Elles ne se dirigent pas vers la sortie... il faut croire que notre seigneur veut les disposer sur les chemins de ronde du château. Ça veut dire que la ville est déjà perdue.
- C'est impressionnant. L'ennemi progresse si vite... Nous devons nous dépêcher, sinon on sera fait prisonniers avant d'avoir repéré Zelda.
La nourrice approuva de la tête et poussa l'elfe vers une fenêtre. Elle expliqua qu'il s'agissait d'un raccourci. Il y avait une corniche qui leur permettrait d'atteindre le balcon des apparitions sans avoir à se faufiler parmi les soldats. Ils gagneraient du temps. Link ouvrit donc la fenêtre et suivit la jeune femme sur un petit sentier de pierre de cinquante centimètres de large ... à plus de quinze mètres du sol. Le malheureux elfe resta collé au mur. Fallait-il vraiment passer par-là ? Il regarda la Sheikah qui évoluait tranquillement d'un air désespéré, mais elle semblait l'ignorer. Il prit donc son courage à deux mains, ferma les yeux et avança, collé contre le mur.

Combien de temps avança-t-il ? Il ne le savait pas, il ne voulait pas savoir. Tout ce qu'il voulait, c'était arriver vivant à destination. Il sentait le vent souffler à son visage, entendait des cris et des bruits sourds de murs qui s'effondrent, ainsi que le choc d'épées. L'odeur du brûlé vint à ses narines. Il n'osait pas regarder, mais il comprenait que la ville assiégée s'étendait à ses pieds. A quoi donc ressemblaient ces terribles assaillants ? Combien étaient-ils pour avoir réussi à envahir la cité en si peu de temps. L'elfe se risqua à ouvrir les yeux. La vision était terrible. On ne voyait plus les bâtiments, juste des centaines de colonnes de fumée et de flammes qui s'élevaient vers le ciel. Il n'y avait plus grand monde dans la plaine... Link distinguait quelques groupes de créatures errer autour de la ville, d'autres occupées à déplacer des armes de siège, d'autres patrouilles tournaient autour du lac.

Le jeune homme était horrifié. Dire que quelques heures auparavant, il marchait dans ces rues, observait les magnifiques magasins... tant de belles choses qui partaient en cendres. Puis, il réalisa que sa jument était dans la ville. Getella ! Qu'est-ce qui lui était arrivé ? Avait-elle fini en plat de résistance pour les immondes créatures ou avait-elle réussi à s'échapper ? Et le vieux Haïn Staïn qui ne lui avait toujours pas donné le nom de ce défunt cousin... avait-il réussi à gagner le château ?

L'elfe tremblait de douleur. Il n'avait pas pu éviter ce drame... Pourquoi donc était-il revenu, si ce n'était pas pour sauver ces vies innocentes ? Il fut tiré de ses sombres pensées par un appel de Blanche. Elle lui désignait un condor doré qui s'approchait d'une des plus hautes tours du château. Link observa la bête. Elle cherchait à se poser discrètement. Comme les fumées obscurcissaient le ciel et que tous les soldats étaient concentrés sur la défense des remparts, personne à part eux ne le remarquait. Link réussit à apercevoir le visage du pilote. Il le reconnut. Il s'agissait de ce maudit Knil.
- Si tu veux mon avis, l'invasion était une diversion pour lui permettre de fouiller le château à son aise. Il n'y a plus aucun garde à l'intérieur, c'est trop facile pour lui de s'y promener.
- Qu'est-ce qu'il est venu y chercher ? De toute façon, son maître se rendra maître du château.
- Blanche... je crois qu'il veut trouver quelque chose qui risquerait d'être endommagé par les envahisseurs, ou plutôt quelqu'un... il est là pour Zelda ou pour Soraya.
- Je pencherais plus pour Elisabeth. Qu'est-ce qu'il ferait de ma protégée ? Il n'est absolument pas sensé savoir que...
- Que quoi ?
- Je ne peux pas le dire.
- Si tu parles de la Triforce de la sagesse, son père m'en a déjà parlé. C'était en partie pour mettre la relique à l'abri que je cherchais Soraya.
- Bon, dans ce cas... on le pourchasse ?
- J'ai promis au roi de protéger SES descendantes. Je dois retrouver autant Zelda que Soraya.
- J'ai confiance en les gens à qui j'ai confié ma petite fille, concentrons-nous sur Elisabeth. C'est elle qui est le plus en danger.
La menace avait fait oublier à Link ses crises de vertige et le poussait à avancer de plus en plus vite. Enfin, il aperçut le fameux balcon, qui ne devait plus être qu'à une trentaine de mètres. Il y voyait le roi et des chevaliers observer ce qui se passait en bas et sir Marsias qui s'efforçait de convaincre la princesse héritière de partir s'abriter, alors qu'elle s'y opposait farouchement. Link poussa un soupir de soulagement. Ses problèmes semblaient résolus pour un moment.

chapitres suivants...

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "El Wap". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 26.03.24