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On ne naît pas héros, on le devient

Ecrit par USSYorktown
Chapitres 1 à 16   •   Chapitres 17 à 26   •   Chapitres 27 à 34
Chapitre 27 : Retrouvailles et craintes   up

J'ignorais combien de temps s'était écoulé depuis ma capture au temple. Je ne cessais d'alterner les périodes d'inconscience avec de très bref réveils. Je sentais être traîné sur le sol, plus tard je me retrouvais en train d'être emporté par les flots, tandis qu'encore plus tard je voyais des visages très flous être penchés sur moi, tandis que je psalmodiais des mots incompréhensibles. Je n'avais aucune idée de ce qui s'était passé, ni où j'étais, mais un des visages me semblait extrêmement familier. Plus encore, on aurait dit...
- Eh toi ! Tu ne comprends pas quand on te parle ? Debout !

* * *

Brutalement ramené à la réalité, j'eus tout juste le temps d'entrouvrir les yeux, aveuglé par la lumière, pour voir un immense poing s'enfoncer dans mon ventre, me coupant pratiquement le souffle. Sous l'effet de la surprise, je sentis mes jambes lâcher, me retrouvant suspendu dans les airs à cause des chaînes reliées à mes poignets. En face de moi, Kelar'iah me regardait me débattre faiblement, ravie.

- Je pensais que tu avais compris la règle ! Interdiction formelle de manger et dormir tant que l'on n'aura pas atteint la Citadelle. On ne voudrait pas qu'il te vienne à l'esprit de t'enfuir.

Ce fut ensuite tout juste si elle me fit boire un peu d'eau, avant de refermer la porte, me replongeant pour la énième fois dans l'obscurité. Même si j'avais été en pleine forme je ne voyais pas comment m'en sortir cette fois. J'ignorais depuis combien de temps j'étais enchaîné dans cette cage, sans le moindre rayon de lumière, à étouffer de chaleur et avec pour seule compagnie le bruit incessant des roues du chariot. Et comme si tout cela ne suffisait pas, le seul moment où j'aurais pu essayer de dormir discrètement, il avait fallu que ce maudit rêve réapparaisse. Décidément, la princesse avait bien pris son temps pour tout planifier. Quel abruti j'étais... Et dire que j'avais accepté de la laisser repartir avec Impa, j'aurais eu mieux fait de refuser. Non seulement elle avait profité de tout ce temps pour organiser ce comité d'accueil, mais en plus je n'avais aucune idée de ce qu'avait bien pu devenir Impa. Au vu du nombre de jours qui s'étaient écoulés, je craignais malheureusement qu'elle ne soit plus avec nous... Un énième échec à ajouter à ma longue liste. A chaque fois que je pensais avoir touché le fond, je découvrais que cela pouvait toujours empirer. Quand le destin cessera-t-il donc de s'acharner sur moi ?

Perdu dans mes pensées, ce fut à peine si j'entendis le bruit sourd porté contre la porte. Sans doute Kelar'iah qui s'amusait avec moi une fois de plus. Mais au bout de la troisième fois, je n'étais plus aussi sûr, tant le choc avait été violent. C'est à ce moment-là que je remarquai deux choses. Non seulement le bruit sourd des roues avait cessé, ce qui n'avait jamais eu lieu jusqu'alors, mais parmi les bruits que j'entendais de l'extérieur, je crus reconnaître avec certitude le crissement des épées qui s'entrechoquaient. Je ne savais pas ce qu'il se passait, mais il semblait y avoir un violent combat à l'extérieur. Un énième coup finit cependant par forcer la porte, inondant la cage de lumière. Aveuglé, je fus incapable de voir la personne en face de moi. A tous les coups, cela devait être Zelda qui voulait achever le travail. Brusquement, je sentis la pression des chaînes disparaître, tandis que je m'effondrai surpris et épuisé au sol.

- Décidément, on ne peut pas te laisser seul sans que tu n'attires tous les ennuis à la ronde. Heureusement que je suis du genre coriace, et que tes nouvelles amies ont vu ton arrestation. Que deviendrais-tu sans nous ?
Je devais être en plein délire. Je ne voyais pas d'autres explications. Cela ne se pouvait, pas après tout ce temps ; elle était certainement morte...
- Tu souhaites rester toute la journée assis ? A moins que tu ne souhaites avoir ton tête-à-tête avec le Roi et sa fille.
Encore cette voix... se pouvait-il que... Ouvrant péniblement les yeux à cause du soleil, je vis lentement se dessiner en face de moi un visage que je ne pensais plus revoir.
- Bonjour Link ! lança Impa avec un grand sourire. Je t'ai manqué ?

Dehors, les combats s'estompaient à mesure que les derniers mercenaires du roi se rendaient à la troupe combinée des Zoras et des Gerudos. Epaulé par Impa, j'avançais péniblement vers Hyr'iah et, ô joie, Amipha, lorsque je la vis à côté d'elles, étroitement surveillée par deux gardes. Non seulement elle n'était pas désarmée, mais en plus elle semblait plus être une invitée qu'une prisonnière. En voyant cela, mon coeur ne fit qu'un tour.

- Toi...
En me voyant, elle me gratifia une nouvelle fois de son sourire sadique, et je me retenais de ne pas parcourir la faible distance pour lui mettre ma main en plein visage, tant son regard mauvais m'horripilait. Il y avait en plus un léger détail sur son visage qui m'intriguait, et le fait de ne pas savoir quoi m'énervait encore plus.
- Tiens donc... on dirait bien que votre chevalier m'aura échappé encore une fois. Que c'est pitoyable. Ça se dit héros, mais ça ne parvient même pas à se débrouiller seul... C'est à se demander comment tu as pu t'en sortir aussi longtemps.

Au fond de moi, je sentais ma rage bouillir de plus en plus, tandis que mes yeux devinrent noirs de colère. Je ne rêvais que d'une chose, lui faire payer au centuple pour tout ce qu'elle avait fait, l'entendre supplier de l'épargner... Déesses... mais qu'est-ce qu'il m'arrivait ? Pourquoi étais-je envahi par ces sombres pensées ? Non, je refusais de sombrer dans la haine... Je ne voulais pas devenir comme ça... Pas comme elle... Je luttais de toutes mes forces pour essayer de reprendre le contrôle. Je sentais comme une bête au fond de moi... une bête qui me rongeait de sa haine et qui ne souhaitait qu'une chose, libérer sa rage à travers moi... Au prix d'un immense effort, je parvins enfin à la contenir, tandis que toute trace de colère disparaissait aussi soudainement qu'elle était apparue, mais en m'ôtant mes dernières forces. Epuisé, je sentis mes jambes lâcher et seule la force et la rapidité d'Impa m'empêchèrent de m'écraser au sol, tandis qu'en face de moi Zelda éclatait d'un rire cruel.

- Quel magnifique spectacle, vraiment ! Ah qu'il est beau votre héros ! Rien que pour le voir comme ça, je ne regrette pas d'avoir été capturée.
- SUFFIT ! cria Hyr'iah. Impa, pourquoi persistez-vous à accepter son aide, alors que son seul but est clairement de nous trahir à la première occasion ?
- C'est compliqué... On en parlera plus tard si vous le voulez bien... Mais sachez que l'on a absolument besoin d'elle... Ne vous inquiétez pas, quelqu'un se chargera de la convaincre... Mais d'abord, rentrons le plus vite possible au Domaine. Amipha, je te laisse te charger de Link.
Aidé par Amipha, nous nous dirigeâmes vers un des chariots de l'escouade, tandis que Zelda nous suivait, l'air satisfaite. Et tandis que l'escouade se mettait en route et qu'Amipha m'aidait à m'allonger, j'entendis Zelda me glisser discrètement au passage :
- Alors comme ça ils ne t'ont rien raconté ? Intéressant... Je sens que je vais bien m'amuser... Tu passeras le bonjour à Elle de ma part... ksss ksss ksss.

Chapitre 28 : Secrets révélés   up

- Le Prince va pouvoir vous recevoir, si vous voulez bien me suivre, messire Link.

"Pas trop tôt" grommelai-je en suivant le garde zora. Cela faisait des heures que j'attendais devant le palais qu'Impa et le Prince terminent leur réunion. Et pour une raison inconnue, ils avaient refusé que j'y assiste, soi-disant que je n'étais pas encore totalement remis. J'ignorais pourquoi, mais depuis que l'on avait capturé Zelda, tout le monde semblait éviter d'en parler en ma présence, comme s'ils avaient peur de trop en dire. Je ne comptais plus le nombre de fois où une conversation s'était brusquement interrompue en me voyant, et cela m'agaçait au plus haut point. Je sentais que l'on me cachait quelque chose, mais j'ignorais quoi. Et pour couronner le tout, je n'avais même pas la possibilité d'accéder à sa cellule pour essayer de comprendre ce qu'elle m'avait dit la dernière fois. "Ils ne t'ont rien raconté..." plus le temps passait, plus j'avais la sensation qu'il y avait bel et bien anguille sous roche. Mais cette fois, il était hors de question d'accepter que l'on me laisse une fois de plus dans l'ignorance. Qu'importe l'avis d'Impa et des autres, je découvrirai cette fois la vérité.

Il y avait foule dans la Grande Salle. De nombreux Zoras, Piafs et même des Gerudos s'étaient réunis autour du Prince, d'Impa, d'Alfine et, profond soulagement, d'Amipha. Cette dernière en me voyant ne put s'empêcher de se jeter dans mes bras de joie, tandis que le Prince me saluait chaleureusement.

- Ah Link, désolé de t'avoir fait attendre, nous écoutions le rapport d'Impa. Je suis heureux de voir que tu vas bien. J'ai appris ce qui est arrivé à Médolie ; sache que sa mort nous touche beaucoup. Je sais que tu dois te sentir coupable, mais d'après ce qu'Amipha m'a raconté, tu ne pouvais rien faire. De plus, tu as sauvé ma fille, et pour cela je t'en serai éternellement reconnaissant.
- Merci votre Altesse.
Me rapprochant de la table, je vis de nombreuses cartes d'Hyrule et de sa citadelle, ainsi que divers rapports d'éclaireur.
- Nous nous apprêtions à définir un plan d'action pour prendre la Citadelle. Nous aurions aimé avoir plus de temps, mais avec la disparition de la Princesse, l'armée royale peut nous tomber dessus à tout moment.

Prendre d'assaut la Citadelle ? Même avec une armée, il sera très difficile voire impossible de passer ne serait-ce que les murailles de la ville basse. Jamais nous n'arriverions au château sans être massacré.

- Je vois ta question Link, répondit le Prince. Ne t'en fais pas, nous ne comptons pas assiéger la ville ; non seulement nous savons qu'il est impossible de la prendre avec nos forces actuelles, mais nous ne voulons pas mettre les habitants en danger. Notre plan est le suivant : moi et Alfine prendrons la tête de notre armée et nous nous dirigerons vers les plaines d'Hyrule. Une fois en place, nous nous efforcerons d'attirer le plus de soldats à l'extérieur des murailles, et de les occuper le plus longtemps possible. Pendant ce temps, toi et Impa vous vous infiltrerez dans la Citadelle, et vous vous occuperez du Roi. L'armée royale étant composée presque uniquement de mercenaires, la capture de Mahor suffira certainement à les convaincre de déposer les armes. Nous laisserons alors le peuple décider d'un monarque, et nous aiderons Hyrule à retrouver sa prospérité.

Le plan me semblait assez risqué. De nombreuses personnes risquaient d'y laisser leur vie durant la diversion. Quant à l'infiltration, ni moi ni Impa ne connaissions assez le palais pour nous y déplacer discrètement.

- Votre Altesse, je ne remets pas en question la qualité de votre plan, ni vos compétences militaires, mais ni moi ni Impa n'avons suffisamment de connaissances solides pour réussir une infiltration. Par ailleurs, le château a sans doute dû changer depuis notre dernière visite, de même que les tours de gardes. Il serait suicidaire d'y aller sans informations récentes et fiables. Il nous faudrait quelqu'un pour nous renseigner ou mieux nous guider une fois sur place, mais je ne connais malheureusement personne qui accepterait une telle mission.

A ces mots, un silence s'installa sur l'assemblée. Au début, je pensais qu'ils réfléchissaient à une autre stratégie, avant de m'apercevoir que tous fuyaient mon regard, tandis qu'Amipha foudroyait des yeux son père... Je sentais qu'ils avaient déjà réfléchi à la question, mais que l'on cherchait une fois de plus à me le cacher. J'essayais de rester calme pour ne pas leur dire ce que je pensais de leurs petits secrets, bien que ce ne soit pas l'envie qui me manquait. Depuis le début, je n'avais cessé d'être manipulé aussi bien par un camp que par l'autre, et je ne le supportais plus. J'avais affronté des monstres redoutables, échappé à la mort plusieurs fois uniquement par chance, vu mes amis risquer leur vie pour moi, et pourtant on continuait de me mentir. C'en était trop ! J'allais peut-être regretter ces paroles par la suite, mais je n'en pouvais tout simplement plus.

- Votre Altesse. Avec tout le respect que je vous dois, j'ai l'impression que vous persistez une fois de plus à me cacher des choses que j'ignore. Une fois à l'intérieur, je serais sans doute livré à moi-même avec Impa pour seule alliée, et ce sans aucun moyen de repli en cas de problème. Je suis certes déterminé à restaurer la paix dans Hyrule, mais je ne veux pas mettre ma vie en jeu sans avoir autant d'information qu'elle. Alors si vous savez quelque chose que j'ignore, par les Déesses dites-le-moi et cessez de me considérer comme votre pantin !

Ce fut la stupéfaction générale dans l'assemblée. J'avais franchi les limites du raisonnable en m'en prenant directement aux plus hauts représentants des différents peuples, mais sur le coup je ne le regrettais absolument pas.

- Que seuls Impa et Link restent avec moi dans cette salle. Tous les autres, sortez. Nous reprendrons plus tard.
Rapidement, toute l'assemblée se dispersa, ne laissant plus que moi face à Impa, le Prince et... Amipha ?
- Amipha, j'ai dit que seul moi et...
- Oui je sais, mais il est hors de question que je m'en aille. Je suis autant concernée par cette histoire que vous tous, et je ne vois pas pourquoi je ne devrais pas participer à cette conversation !
Durant un bref instant, je crus que le Prince allait expulser manu militari sa fille, mais il se contenta finalement de souffler.
- Décidément, ce voyage n'aura pas réussi à faire disparaître ton entêtement... Soit. Link ?
- Oui votre Altesse ?
- Nous comprenons parfaitement que tu puisses te poser autant de questions, mais sache que si nous restons silencieux dessus, c'est parce que nous devons protéger au maximum certaines choses, notamment sur Zelda. Je n'ignore pas que tu as remarqué que nous t'empêchons au maximum de lui parler ou simplement de la voir, mais nous devons faire en sorte que le moins de personnes possibles soient au courant de sa présence, et du rôle qu'elle doit jouer dans notre plan. Il est impératif que le Roi n'ait aucune idée de son importance ; c'est la raison pour laquelle seule une poignée de personnes dignes de confiance est au courant.
- Par ailleurs, vu ta réaction de la dernière fois en présence de la princesse, nous avons jugé plus sûr pour nous tous de te mettre à l'écart.

Je n'osais pas le croire. Non seulement le Prince annonçait de la manière la plus normale que Zelda allait encore être impliquée malgré les preuves montrant clairement sa trahison, mais en plus Impa m'expliquait que l'on faisait plus confiance à elle qu'à moi. Je n'étais pas dupe, j'avais parfaitement compris que le troisième "volontaire" ne serait autre que Zelda. C'en était trop. Oubliant cette fois toute retenue, je m'apprêtais à répliquer violemment, mais Amipha me coupa l'herbe sous le pied.

- Combien de temps comptez-vous encore considérer Link comme rien de plus qu'une arme ; une marionnette manipulable et que l'on jette une fois inutile ? Combien de fois allez-vous encore lui mentir effrontément dans le seul but de mieux le contrôler ? Tu devrais avoir honte, Impa ! De nous tous, tu es la première à avoir mal agi envers lui, et ce alors qu'il t'accordait sa confiance ! Et tu oses lui faire la morale ? Et toi, Père ? De quel droit estimes-tu que Link soit sous tes ordres ? Il n'a pas prêté allégeance à toi, ni à Impa, mais à Hyrule ! Et c'est pour cette raison seule qu'il a accepté de nous aider ! Et ce n'est pas lui mais nous qui devrions avoir de la reconnaissance. Il a combattu plus de monstres que n'importe qui d'autre sur cette terre, et n'a pas hésité à se mettre en danger pour nous tous ! Et que l'on ne me sorte pas un "Il n'a fait qu'accomplir sa mission" ! Sa mission ne comportait pas le fait de devoir affronter un Lynel, et encore moins un Moldarquor ! Il a fait plus que son devoir ! Alors quand est-ce que vous vous déciderez de lui révéler une bonne fois pour toute la vérité ? Mais sachez ceci ; Link m'a sauvé la vie plus d'une fois, et si vous vous obstinez à vous taire, alors je lui dirai, moi, par respect pour lui !

Stupéfaits, nous nous retournâmes en même temps vers Amipha. J'étais impressionné par le courage qu'elle avait eu de répondre à son père, qui plus est le Prince Zora. J'avais du mal à reconnaître la petite Zora insouciante du début. Ce qu'elle avait vécu l'avait endurcie, et bien qu'elle ne soit encore qu'une enfant, elle possédait maintenant une maturité impressionnante pour son âge. Mais de nous tous, c'était assurément le Prince qui était le plus marqué. Je voyais à son regard que les mots d'Amipha l'avaient bien plus touché qu'il ne le montrait, et je crus même voir une goutte perler un bref instant sur son visage. Lui aussi devait certainement se rendre compte de l'évolution de sa fille.
Un long moment silencieux s'écoula, durant lequel personne ne bougea, chacun réfléchissant à ce qui avait été dit depuis le début. Et après ce qui parut être une éternité, le Prince prit enfin la parole :

- Link... Je suis vraiment désolé... Ma fille a raison... Nous n'aurions pas dû te considérer de la sorte. De nous tous, tu es celui qui a le plus prouvé sa valeur, mais nous n'en avions pas pris compte. Pire, nous t'avons mal considéré depuis le début, et c'est indigne de nous. Je te prie d'accepter mes excuses les plus sincères, ainsi que celles du peuple zora.

Je ne savais plus vraiment quoi penser. Je m'attendais à être réprimandé pour mon accès de colère, mais pas à recevoir de telles excuses. Je me retournai tour à tour vers les autres, mais je ne vis que le visage gêné d'Impa et le regard sévère d'Amipha.

- Votre Altesse... je...
- Ne t'inquiète pas, je sais ce que tu dois penser. Et vous avez eu raison de me parler comme vous l'avez fait. Nous n'avions pas saisi l'ampleur de notre silence. Vous avez fait ce qu'il fallait et je n'ai aucune raison de vous en tenir rigueur. Chose promise, je vais te mener à Zelda. Je crois qu'Elle essaie de la raisonner de nous aider en ce moment. Je pense que c'est d'ailleurs à Elle de te raconter toute l'histoire. Mais tu risques d'avoir un choc. Es-tu sûr de vouloir savoir ?
- Oui !
Je n'avais même pas pris la peine de réfléchir à cette question. Aussi violente soit la vérité, je voulais savoir. Je devais savoir une fois pour toutes.
- Bien alors suis-moi.

Guidé par le Prince, nous nous dirigeâmes vers une zone du palais encore inconnue, avant de descendre un long escalier. J'ignorais où nous nous trouvions, mais j'étais presque sûr que nous étions au fond du lac du Domaine. Au bout du couloir se trouvaient deux gardes zoras devant une grande porte de métal. En voyant le Prince, ils s'inclinèrent respectueusement devant lui.
- La Princesse est-elle seule ?
- Non, votre Altesse. Elle est en compagnie de qui vous savez. Elle essaie de la raisonner.
- Bien. Link, nous allons te laisser entrer. Mais avant, je veux que tu saches que tout ce que nous avons fait avait pour unique but de protéger ce secret. Promets-nous de ne rien révéler à qui que ce soit et surtout, essaie de comprendre la difficulté que ce fut pour Elle de porter ce fardeau.
- Je vous le promets, Sire.

D'un geste de la main, le Prince ordonna aux gardes d'ouvrir la porte le temps de me laisser passer, avant de la refermer dans un quasi-silence. La salle dans laquelle je me trouvais semblait avoir été creusée dans la roche, et était assez spacieuse. Un grand mur coupait la salle en deux, le seul accès étant une simple porte en bois. Dans un coin se trouvait un lit assez simple, ainsi qu'un tabouret et une petite table. Quelques parchemins traînaient d'ailleurs encore dessus. Tandis que je m'avançais lentement, j'entendis quelques bruits étouffés derrière le mur central. Approchant prudemment de la porte, je tendis l'oreille pour essayer d'en entendre davantage.

- Ecoute, je sais que tu n'as aucune confiance en lui, mais si tu refuses de le faire pour lui, fais-le au moins pour le royaume. Tu sais mieux que quiconque qu'Hyrule mérite mieux.
- Tu me fais rire ! Tu crois m'amadouer avec tes beaux discours ? Ça a peut-être marché avec ce pauvre Link, mais pas avec moi ! D'ailleurs, j'ai vu sa réaction quand j'ai été capturé, et j'ai l'impression qu'il n'est pas loin de découvrir ton petit mensonge. Je ne te savais pas aussi manipulatrice. Déteindrais-je finalement sur toi, ma chère Zelda ?

Etais-je en train de devenir fou ? Cette voix, c'était exactement la même, mais avec une intonation légèrement différente à chaque fois. Par les Déesses, qu'est-ce que cela voulait dire ? Prenant une grande inspiration, j'ouvris alors en grand la porte.

- Saintes Déesses.... !!!

J'étais complètement sous le choc. Comment était-ce possible ? Même mon père n'en avait jamais rien su ! Cela ne se pouvait ! Mais en regardant plus attentivement, je vis un détail qui m'avait échappé la dernière fois. Ses yeux... ils étaient verts et non bleus... Et ses soi-disant accès de folie dont elle m'avait parlé la première fois... Pourquoi n'y avais-je donc pas pensé ? Et tandis que toute la lumière se faisait brusquement dans ma tête, je bafouillais incrédule :

- Deux... deux Zelda ?!
- Tiens donc, on dirait que notre cher ami a découvert le pot aux roses plus vite que je ne le pensais. On devrait lui expliquer avant qu'il ne fasse une attaque ; il a l'air complètement déboussolé le pauvre. Bon, je te laisse raconter ; après tout, c'est ton idée... ma chère Tetralyna.

Je sentais mon coeur battre à tout rompre et je ne cessais de passer de l'une à l'autre tant je n'osais croire ce que je voyais. Ce ne fut que lorsque Zelda me fit signe de m'asseoir que je réalisai enfin l'importance de cette découverte.

- Désolée de t'avoir caché cela pendant tout ce temps Link. J'aurais souhaité te le dire plus tôt, mais j'avais peur de ta réaction et je ne savais pas comment te l'annoncer... Il est temps que tu saches aujourd'hui la vérité. Mais d'abord, j'aimerais te présenter quelqu'un, même si tu la connais déjà. Je te présente la princesse Loruléa Zelda... ma soeur jumelle.

Chapitre 29 : Deux princesses, une destinée   up

"Il y a de cela vingt-cinq ans, notre père, le roi Mahor Bosphoramus Hyrule hérita du trône. C'était à l'époque un jeune courageux et volontaire, ayant à coeur de protéger son royaume et ses habitants. Adulé par le peuple, c'était un modèle de chevalerie et de courage. A cette époque, des poches de monstres menaçaient encore certaines régions, et il se fit un devoir de s'en débarrasser personnellement. Pendant des mois, il traqua chaque créature, à la tête de ses troupes, n'hésitant pas à se lancer au coeur de la mêlée pour soutenir ses hommes. En un temps record, il parvint à refouler la quasi-totalité des monstres au-delà des frontières d'Hyrule. Ce fut au cours d'une de ces campagnes qu'il sauva de justesse une jeune femme d'un groupe de bokoblins. Son village avait été attaqué et elle avait réussi à en réchapper par miracle. Pour Mahor, ce fut le coup de foudre ; lui qui consacrait jusqu'alors ses journées à s'occuper uniquement de son royaume se mit à les passer avec elle, et ce malgré les protestations des nobles scandalisés que le roi puisse aimer une simple roturière. Il était éperdument amoureux d'elle, et c'était réciproque. Ils passaient de longs moments ensemble, et oeuvraient tous les deux à la prospérité du royaume. Et puis un jour, ils décidèrent de s'unir par le mariage. La fête qui s'ensuivit fut parmi les plus belles que l'on ait jamais vues. Tout le peuple était en liesse et chantait des louanges de ce couple merveilleux. Quant aux nobles, ils furent forcés de finalement reconnaître l'autorité de la nouvelle reine. Durant près de quatre ans, Hyrule connut un véritable âge d'or ; une ère de bonheur et de prospérité digne de l'Ancien Temps. Mais cette allégresse ne pouvait malheureusement pas durer éternellement, et un jour, tout bascula.

Ce jour-là, le couple royal reçut une invitation de la part d'un autre royaume situé par-delà le désert Gerudo. Il avait eu vent de l'existence de notre pays, et souhaitait du coup établir des relations commerciales avec Hyrule. Le monarque proposait même à Mahor de venir visiter son royaume pour mieux découvrir leur culture. Mue par un sombre pressentiment, la reine tenta de l'en dissuader. "Il y a quelque chose de louche derrière tout ça. Comment un tel royaume situé aussi loin pourrait-il en connaître autant sur nous, et ce, alors même que les guerrières du désert n'avaient jamais entendu ne serait-ce que la moindre rumeur sur son existence ? Mahor, je t'en conjure, rejette cette offre trop belle pour être vraie". Mais trop ravi à l'idée de pouvoir découvrir un nouveau pays et d'établir avec lui de nouvelles alliances, Mahor accepta l'invitation et partit avec une escorte dans le désert Gerudo, laissant notre mère s'occuper des affaires du royaume, après lui avoir promis de revenir au plus tard dans deux mois. Un mois s'écoula, puis deux... puis quatre... sans qu'aucune nouvelle ne parvienne à la Citadelle. L'inquiétude grandissait de jour en jour, d'autant plus qu'une rumeur circulait depuis peu comme quoi la reine avait dû céder le pouvoir au Chambellan à cause d'une violente maladie. En réalité, elle était bien alitée, non pas à cause d'une maladie, mais parce qu'elle était enceinte. Mais tandis que le temps continuait de s'écouler inlassablement et que le peuple attendait avec angoisse le retour de son roi, dans l'ombre, les nobles conspiraient. Ils n'avaient pas oublié l'affront que leur avait fait Mahor par son mariage avec une simple paysanne, et étaient déterminés à profiter de son absence et de la faiblesse de la reine pour prendre le pouvoir. Durant les semaines suivantes, par un minutieux travail de sape, ils s'emparèrent progressivement des postes clés en soudoyant ou en remplaçant leurs détenteurs, et ce, malgré les nombreux efforts du Chambellan pour tenter de maintenir l'ordre. Et plus le temps passait, plus il apparaissait clair au sein de la cour qu'un coup d'Etat devenait imminent.

Six mois jour pour jour après le départ du roi, alors que la grossesse de la reine arrivait à son terme, les nobles avaient acquis suffisamment d'influence et d'alliés à leur cause. Dès l'aube, ils s'étaient rassemblés et s'apprêtaient alors à prendre le palais, lorsqu'un soldat annonça avec appréhension la nouvelle que l'on ne pensait plus jamais entendre. Le roi Mahor était enfin de retour. Cette nouvelle provoqua un vent d'inquiétude dans la citadelle. Tout le monde craignait que les nobles ne décident de s'en prendre aussi au roi, mais à la surprise générale, ils s'agenouillèrent tous avec respect. Malgré sa longue absence, Mahor avait toujours le soutien du peuple et de l'armée ; ils savaient qu'avec son retour, leur coup d'Etat était désormais voué à l'échec. Mais une sombre surprise attendit les habitants quand l'escorte royale traversa la ville. Sur l'ensemble des soldats d'Hyrule qui étaient partis, aucun n'était visible au retour. A leur place se trouvait uniquement ce qui semblait être un ramassis de mercenaires et d'anciens malfrats. Et lorsque Mahor apparut, les nobles eux-mêmes furent stupéfaits en voyant à quel point il avait changé. Le jeune roi qui autrefois était toujours souriant et plein de vigueur avait laissé place à un monarque sombre et d'humeur maussade. Un frisson de terreur traversa même les Hyliens les plus proches en découvrant que son regard jusqu'alors bienveillant avait laissé la place à deux yeux remplis de méfiance et de colère. Ignorant complètement ceux qui quelques secondes encore l'acclamaient de joie, Mahor se dirigea vers la salle du trône, et devant la surprise générale, ordonna la dissolution de sa garde personnelle pour la remplacer par le groupe de mercenaires. Jamais dans toute l'histoire d'Hyrule un roi n'avait pris une telle décision ; les hommes sélectionnés étant dévoués jusqu'à la mort à leur suzerain. Mais d'un revers de la main, Mahor balaya toutes les remarques à ce sujet, avant d'ordonner à ce que personne ne le dérange sous aucun prétexte. Les ministres et nobles présents étaient sidérés. Qu'était-il donc arrivé à leur monarque ? Et surtout, comment pouvait-il oublier l'existence même de son épouse au point de ne même pas l'avertir de sa présence, alors qu'ils étaient toujours inséparables avant ?

Pendant plusieurs jours, il resta seul quasiment sans manger ni dormir. L'inquiétude grandissait de plus en plus. Ministres et conseillers ne savaient quoi faire, et les gardes ne laissaient quiconque approcher le monarque, tandis que dans l'ombre, de plus en plus d'Hyliens commençaient à murmurer que les nobles auraient peut-être dû finalement prendre le pouvoir. La tension était palpable dans la citadelle, et personne ne savait à quoi ressemblerait le lendemain. Finalement, au bout de trois longues journées, les grandes portes de la salle se rouvrirent, laissant apparaître de nouveau Mahor. Il se rendit sur-le-champ au chevet de la reine et, tout en se confondant en excuses, découvrit par la même occasion avec joie la bonne nouvelle. Pour la première fois depuis son retour, il afficha un immense sourire, comme si un énorme poids venait de disparaître. Avec une énergie inépuisable, il reprit les rênes du royaume afin d'y rétablir l'ordre, mais souhaitant être tenu en permanence informé de l'état de son épouse. En un temps record, il parvint à calmer la situation et à ramener la stabilité dans Hyrule. Il était de nouveau soutenu par le peuple, heureux de retrouver son monarque des premiers jours, comme si rien de tout ce qui était arrivé durant ces six derniers mois n'avait existé. Tout le monde était satisfait, mais deux personnes ne partageaient malheureusement pas cette joie...

Depuis son retour, la reine et le Chambellan ne parvenaient plus à reconnaître le roi. Ils sentaient que son visage joyeux et ses sourires n'étaient plus qu'une façade destinés à apaiser et tromper le peuple. Lui qui autrefois était chaleureux et bienveillant semblait aujourd'hui froid et distant. Il ne faisait plus confiance à personne, pas même au Chambellan, le plus dévoué de ses serviteurs. Quant à la dissolution de la garde royale lors de son retour, la seule à lui être restée fidèle durant son absence, c'était tout simplement incompréhensible et inimaginable. Les mercenaires ramenés par le roi prenaient de plus en plus d'importance au sein de l'armée, et personne ne semblait ou ne voulait s'en rendre compte. Et depuis peu, une rumeur disait que plusieurs notables ayant autrefois fomenté contre le roi avaient disparu subitement, et nul ne savait ce qu'il était advenu d'eux. La reine et le Chambellan étaient de plus en plus angoissés quant à l'état de Mahor et de la direction qu'il prenait. Et lorsqu'à deux semaines du terme de la grossesse, il ordonna à un de ses hommes de rester avec la reine afin de lui ramener le bébé dès sa naissance, ce fut le coup de grâce. Rongée par la tristesse et le désespoir, la santé de la reine se mit à chuter brutalement. Malgré les soins prodigués par les meilleurs médecins, elle ne faisait que décliner, à tel point que l'on craignait pour sa vie et celle de l'enfant. Et à moins de cinq jours de l'accouchement, son état était devenu tellement critique qu'il était désormais certain pour tous qu'elle ne s'en sortirait malheureusement pas. L'objectif était désormais de sauver au moins l'héritier.

Lorsque l'on annonça à Mahor que le travail venait de commencer, il insista longtemps pour être présent, mais le Chambellan parvint, à force d'arguments et de persuasion, à le convaincre d'attendre dans la Grande Salle, ne laissant avec la reine que lui, le garde, ainsi que la sage-femme, une ancienne Sheikah, venue aider. Et après de longues heures de travail acharné pour les uns et d'attente insoutenable pour les autres, un cri résonna dans la chambre, remplissant de joie ceux qui étaient présents. Tenant délicatement le nouveau-né, la sage-femme présenta sa fille à la reine, qui la nomma Loruléa. Malgré la présence mystérieuse d'une cicatrice sur sa main gauche, elle semblait en parfaite santé. Tout le monde était soulagé et heureux ; même le mercenaire présent ne put esquisser une larme de bonheur en voyant la future héritière du Royaume. Mais il avait ses ordres, et il prit la princesse dans les bras pour l'amener au roi, laissant la reine déverser toute sa tristesse. Mais à peine s'apprêtait-il à ouvrir la porte qu'un violent spasme secoua la reine, tandis que la sage-femme se précipitait sur elle. Au bout de quelques instants, et devant leurs yeux stupéfaits, elle leur présenta une seconde fille ; cette dernière possédait étonnamment la même cicatrice que son aînée, mais cette fois sur la main droite. La reine avait en fait donné naissance à des jumelles. C'était un évènement unique, mais hélas, le deuil remplaça vite la joie. Epuisée par cet ultime effort et ayant abandonné la lutte, la reine venait de cesser de vivre. Une terrible décision s'imposait alors pour l'ensemble des personnes dans la chambre : que devait-on faire de cette seconde enfant ? L'état inquiétant du roi laissait craindre le pire pour la suite, aussi décidèrent-ils finalement à l'unanimité de cacher la vérité au roi. Le garde emmènerait bien la princesse aînée à Mahor, mais la sage-femme quitterait la citadelle par une sortie discrète et élèverait dans son village la cadette. Juste avant de se quitter, et en l'honneur de la défunte reine, ils la prénommèrent Tetralyna. Lorsqu'il apprit la sombre nouvelle, Mahor fut complètement dévasté par le chagrin. Malgré tous les évènements, il n'avait jamais cessé d'aimer sa femme. Il organisa des funérailles grandioses en son honneur, et l'enterra avec les siens au milieu des ruines de son village natal.

Pendant dix ans, les deux soeurs vécurent séparément. L'une vécut au rythme de l'étiquette princière et de la discipline militaire, tandis que la seconde, ignorant tout de ses origines, grandit parmi les enfants de Cocorico et fut initiée aux techniques sheikahs. Durant tout ce temps, aucune des deux enfants n'eut vent de l'existence de sa jumelle. Mais cela changea lors de la date anniversaire de la mort de la reine. Ce jour-là, la cadette avait une fois de plus échappé à la vigilance des Sheikahs et s'était cachée dans un arbre situé près des ruines d'un ancien village. Elle en ignorait la raison, mais elle adorait cet endroit, et venait y passer autant de temps que possible. Mais ce jour-là, alors qu'elle s'apprêtait à rentrer, elle vit une autre jeune fille s'arrêter devant un immense mausolée à proximité. Chose stupéfiante, elle lui ressemblait étrangement. Les Sheikahs lui avaient toujours conseillé de rester prudente quand elle sortait, mais la curiosité fut trop grande. Quittant discrètement son abri, elle s'avança discrètement vers la silhouette au loin. Mais alors que la jeune Sheikah s'approchait d'elle, une étrange pulsation lumineuse commença à jaillir d'une ancienne cicatrice sur sa main droite. Et plus étrange encore fut pour elle de reconnaître la silhouette de la princesse royale qui, en se retournant, révéla une cicatrice parfaitement identique sur sa main gauche. Désemparées par la scène presque surréaliste qui se déroulait devant leurs yeux, les deux filles comprirent instinctivement que pour une raison qui leur échappait, elles étaient porteuses d'un fragment de Triforce. Et c'est lorsque la jeune Sheikah se rappela que sa mère adoptive avait autrefois été sage-femme au palais que la raison de leur ressemblance et du lien qui les unissait se fit. Elles étaient soeurs jumelles. Plus stupéfiant encore, la Triforce de la Sagesse, disparue depuis la mort de la reine, s'était séparée en deux fragments répartis entre les deux princesses. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le destin avait décidé que chacune porterait en elle la moitié du fragment.

Ebranlées par ce qu'elles venaient de découvrir, les deux princesses se racontèrent leur histoire afin de mieux se connaître. Elles étaient à la fois différentes de par leur caractère, mais aussi complémentaires. L'aînée était impulsive et n'hésitait pas à se lancer si besoin dans l'action, tandis que la cadette était plus réfléchie et préférait rester dans l'ombre. Mais toutes deux possédaient en commun cette volonté d'indépendance et de liberté. Ainsi, de la même manière que sa cadette se jouait de la vigilance des Sheikahs, l'aînée profitait de ces moments de recueillement pour échapper à ses précepteurs et aux innombrables tâches qui incombaient à une princesse héritière. Elles passèrent ainsi plusieurs heures ensemble, tant elles avaient à se raconter. Elles étaient le jour et la nuit, mais elles devinrent à la fin de la journée de véritables amies. Malheureusement les obligations de chacune, et surtout les conséquences que pourrait entraîner leur secret, se rappelèrent à elles. Malgré leur joie d'avoir pu se rencontrer et leur envie de rester ensemble, elles décidèrent douloureusement qu'il valait mieux, pour la sécurité de tous, qu'elles ne se revoient plus. Et juste avant de partir, les deux soeurs jurèrent sur les Déesses de ne jamais révéler leur lien, quelle qu'en soit la raison..."

Chapitre 30 : Jusqu'au bout...   up

- Les années ont passé, et malgré les épreuves, nous n'avons jamais oublié notre serment. C'est pour cette raison que nous t'avons caché la vérité durant tout ce temps Link, et j'en suis navré. Mais au vu de la situation et de l'importance de votre mission, nous avons, ma soeur et moi, décidé qu'il était temps de mettre un terme à ce pacte.

J'étais complètement stupéfait par ce que je venais d'apprendre, et ce que cela impliquait. J'avais la tête qui tournait tandis que les pièces manquantes s'assemblaient. Tout s'expliquait désormais. Le soutien apporté aux Zoras, la soi-disant folie, la trahison... j'avais en fait été confronté à deux Zelda. Deux princesses totalement différentes... Jamais de toute l'histoire d'Hyrule une telle chose ne s'était produite. Et plus incroyable encore était de savoir que même le roi ignorait cette histoire. Je sentais les sentiments se mélanger en moi. Colère, soulagement, tristesse, dégoût... haine... Tout ça arrivait en même temps sans aucune possibilité de les contrôler ; ni elles, ni les mots qui sortirent alors de ma bouche, les regrettant déjà. Mais après tout ce que j'avais vécu jusqu'à présent, ce fut la goutte de trop...

- J'ai une question, une seule... Pourquoi... pourquoi avoir fait tout ça... et ce alors même que vous saviez la vérité... Pourquoi ce mensonge, ce massacre dans la grande salle... Et surtout... pourquoi mon père ? Pourquoi moi ?! Pourquoi vous en prendre à ma famille ?!! Vous, Tetralyna, vous considérez le roi comme un fou qu'il faut détrôner, mais vous ne valez pas mieux que lui. Au contraire vous êtes encore plus folle, sournoise, et même menteuse de surcroît ! Mahor au moins a la décence de ne pas se cacher derrière sa garde pour vous frapper au coeur ; il s'en charge lui-même ! Tandis que vous, vous n'hésitez pas à sacrifier vos alliés comme de vulgaires pions ! Vous m'avez menti un nombre incalculable de fois. Et chaque fois j'ai eu la bêtise de vous croire et j'en ai payé le prix fort. Alors pourquoi devrais-je vous faire confiance cette-fois ci ? Qui me dit que vous ne me manipulez pas une énième fois comme vous en avez l'habitude ! La mort de Médolie ne vous a donc pas suffi, ou n'était-elle qu'une personne sacrifiable sur votre échiquier ? Quant à vous, "Princesse" Loruléa, vous ne valez pas mieux ! Vous êtes aussi dangereuse et fourbe que votre soeur ! Vous êtes prête à tous les moyens et mises en scène imaginables pour humilier et vaincre vos adversaires ! Je n'oublierai jamais ce jour noir où non contente d'avoir vu mon père mourir devant moi, vous m'avez trainé dans les rues de la Citadelle comme une bête de foire avant de salir le nom de ma famille devant le peuple ! Et comme cela ne vous suffisait pas, vous n'avez cessé par la suite de me traquer pour m'enfermer comme si je n'étais rien d'autre qu'une horrible bête sauvage ! Jamais, vous m'entendez, JAMAIS je ne vous le pardonnerai ! Ni à l'une, ni à l'autre ! A cause de vous deux, je vis un enfer indescriptible ! J'ai vu mes amis souffrir et même mourir sous mes yeux, et tout ça pour vos maudits projets ! Vous vous vantez de porter toutes les deux la Triforce de la Sagesse, mais tout ce que je vois en face de moi, ce sont deux personnes avec des actes dignes de Ganon lui-même ! Alors s'il vous reste ne serait-ce encore qu'un soupçon de décence et de pitié dans vos coeurs de pierre, expliquez-moi pourquoi ai-je dû subir tout cela ! POURQUOI ??!!

Je ne parvenais plus à me contrôler sous l'effet de la rage. Submergé par des émotions trop longtemps refoulées, je laissai toute la haine, la tristesse et la souffrance accumulée depuis des mois se libérer en un flot intarissable. Je n'avais plus qu'une chose en tête, me libérer une fois pour toutes du poids que j'avais gardé en moi depuis tant de temps. Et alors que j'achevais d'inonder d'insultes les princesses, ivre de colère, je frappai violemment le poing contre le mur à quelques centimètres de la tête de Tetralyna. Presque aussitôt, la haine qui m'habitait laissa place à l'horreur et à la honte en voyant les regards effrayés des princesses. Pâlissant à vue d'oeil, je sentis mes jambes s'affaisser sous le poids de la culpabilité qui désormais me hantait, tandis que des larmes se mettaient à ruisseler sur mon visage désespéré. Déesses, qu'avais-je fait ? Comment avais-je pu donc changer à ce point en si peu de temps ? J'avais laissé mes démons s'échapper et je venais de commettre l'irréparable : lever la main sur la princesse elle-même. Comment pouvais-je continuer à vivre en sachant ce que j'étais devenu... un monstre hanté par ses remords et capable du pire lors de ses accès de colère... Je ne souhaitais plus qu'une chose, que ce cauchemar infernal s'achève enfin.

* * *

J'ignore combien de temps je restai assis dans cet état en faisant abstraction de tout ce qui m'entourait tant ma douleur était grande. Tandis que les heures s'écoulaient, j'entendis distraitement les princesses rejoindre les autres, suivi de violents éclats de voix. Sans doute n'étaient-ils pas d'accord sur mon sort ; mais obnubilé par ma détresse, ce fut à peine si je fis attention à ce qu'ils se disaient. Finalement, au bout de ce qui sembla être pour moi une éternité, une main se posa doucement sur mon épaule. Relevant tristement la tête, je vis en face de moi le visage préoccupé d'Amipha. Et juste derrière elle, je crus discerner la silhouette des deux princesses, mais aussi celle d'Impa, du prince et d'Hyr'iah. Je redoutais de croiser leurs regards craignant leurs réactions après ce qui s'était passé, mais les faire attendre davantage n'apporterait sans doute rien de plus. Autant en finir une bonne fois pour toutes...

- Je suppose que vous êtes là pour décider de mon sort suite à ce que j'ai fait... Je n'ai absolument aucune excuse, et ce que j'ai fait est absolument indigne de moi. Je n'ai pas su garder le contrôle et ai largement dépassé les limites du pardonnable. Je suis désolé d'avoir trahi votre confiance à tous. Mais quel que soit votre jugement, j'espère que vous ramènerez la paix en Hyrule.

Pendant un moment personne ne répondit, puis d'un coup je sentis une violente douleur sur ma joue gauche. Complètement estomaqué, j'eus tout juste le temps de remarquer le bras d'Amipha levé avant qu'elle ne me gifle à nouveau, cette fois sur l'autre joue. Décidément, Hyr'iah et elle faisaient bien la paire, et elles possédaient toutes les deux une sacrée poigne malgré les apparences.

- Maintenant, Link, tu vas m'écouter attentivement ! Je n'ai pas fait tout ce chemin avec toi pour que je te laisse abandonner maintenant ! De la même manière que tu n'as pas le droit de nous abandonner après tout ce que tu as fait ! Il est temps que tu cesses de croire que tout est de ta faute ! Ce n'est pas à toi de t'excuser, ou même d'avoir des remords. Ce sont elles qui devraient en avoir et s'excuser auprès de toi !

Tout en parlant, elle pointa du doigt Tetralyna et Loruléa. Si Tetralyna était mal à l'aise, Loruléa elle semblait très énervée. Quant aux autres, au lieu des regards sombres auquel je m'attendais, je ne vis qu'approbation et encouragement dans leurs yeux, tandis qu'Amipha poursuivait :

- Elles ont cru pouvoir tromper tout le monde, mais Mahor savait pour leur lien de parenté, et ce depuis le début. Il s'est alors servi d'elles pour pouvoir se débarrasser facilement de ta famille. Tout en gardant un oeil sur Tetralyna, il corrompait sa soeur en lui faisant croire que tu étais un criminel de la pire espèce. Il les a manipulées de façon à ce qu'elles se mettent mutuellement des bâtons dans les roues, et elles n'y ont vu que du feu ! Tu n'es en aucun cas coupable, au contraire. Toutes ces manigances, toutes ces combines, c'est toi et les tiens qu'elles visaient. Pourquoi ? On l'ignore encore, mais une chose est sûre : Mahor veut anéantir ta lignée et il est prêt à tout, quitte à sacrifier ses filles pour atteindre son but.

La nouvelle fit l'effet d'une onde de choc pour moi. Je savais que le roi voulait me voir mort, mais pas à un tel point. Être prêt à sacrifier ses propres enfants dans ce but était tout simplement ignoble. Quant aux princesses, je ne pouvais qu'imaginer leur colère d'avoir été manoeuvrées de cette manière. Mais une question restait en suspens : comment avions-nous découvert tout ceci ? Cela ressemblait trop à un piège... A moins que...

- C'était donc ça le document que tu avais découvert, Impa ? Celui sur le cadavre du garde royal ?
- En effet, et on a eu énormément de chance. Le roi les avait envoyés pour te ramener toi et la princesse au palais. Tous ses plans y étaient détaillés. Ironie du sort, ce fut uniquement grâce au lynel que nous nous en sommes sortis.

Un coup de chance... A chaque fois, je parvenais in-extremis à m'en sortir, par chance. Mais était-ce vraiment un hasard ou bien quelqu'un veillait-il réellement sur moi ? Les Déesses continueraient-elles à croire en moi ? C'est alors que Tetralyna s'approcha. Apprendre qu'elle avait été trompée semblait l'avoir touchée car sa voix, habituellement sûre, tremblotait.

- Link... Ce que j'ai fait est impardonnable... Je pensais pouvoir aider Hyrule, au lieu de cela j'ai accéléré sa chute. Vous avez tous souffert par ma faute, et toi plus que quiconque. Si j'avais été beaucoup plus prudente, tout ceci ne serait peut-être pas arrivé. Je comprends parfaitement que tu te sois mis en colère tout à l'heure, je le mérite amplement, si ce n'est plus encore. Link... je sais qu'au vu de tout ce qui s'est passé, j'ai définitivement perdu ta confiance, mais je veux me racheter. Je veux réellement voir Hyrule retrouver une ère de paix et de prospérité, et je sais que c'est désormais possible avec toi. Si tu l'acceptes, laisse-moi me racheter en vous aidant à infiltrer le palais. Je ne suis certes pas douée au combat, mais je peux rester discrète pour vous aider à localiser les patrouilles.

Bien que l'idée d'avoir Tetralyna dans le groupe ne m'enchantait guère, elle avait raison sur ce point. Sans personne en reconnaissance, Impa et moi n'irions pas bien loin sans être repérés. Et Tetralyna nous avait déjà montré ses capacités en la matière. Lâchant un léger soupir de résignation, j'acceptai sa proposition.

- Bien ! commença Impa. Maintenant que l'on a réglé ce problème, on va pouvoir...
- Je viens aussi avec vous !
Je restai complètement stupéfait. De toutes les personnes présentes, elle était la dernière à laquelle j'aurais pensé, qui plus est au vu de tous les évènements passés.
- Loruléa ? Mais...
- Je sais ce que tu penses Link. Pourquoi voudrais-je t'aider après n'avoir cessé de te nuire durant tout ce temps. Depuis mon enfance, je n'ai eu pour seul enseignement que celui de Père. Pour moi, il était un modèle que je devais suivre. Pendant toutes ces années, j'ai bu ses moindres paroles et suivi aveuglément ses ordres, persuadée de contribuer à garder la paix dans Hyrule. J'ai arrêté de nombreuses personnes, et ce, sans chercher à me poser la moindre question sur leur possible innocence tant j'étais certaine du bien-fondé du jugement de Père. Un jour, Mahor m'a présenté tout un tas de documents révélant un complot contre notre famille, un complot orchestré par toi. J'étais alors folle de rage, et Mahor m'a incité à ne montrer aucune pitié. Quand nous avons appris ta présence chez les Zoras, je n'avais qu'une idée en tête, te faire payer ta traîtrise. La suite tu la connais... Peu de temps après t'avoir rattrapé, vous nous avez attaqués et c'est finalement moi qui suis devenue prisonnière... Ironique n'est-ce pas ?
- Mais... si tu me hais autant, pourquoi vouloir nous apporter ton soutien ?
- PARCE QU'IL M'A MENTI ! Pendant tout ce temps, chaque mot, chaque pensée... tout n'était que mensonges ! Je pensais que le document que vous aviez récupéré était un faux, mais il possède un symbole supplémentaire dans le sceau qui prouve son authenticité. Seul Mahor l'utilise. Savoir que je n'étais rien d'autre qu'une marionnette me met hors de moi. Pire encore, j'ai toujours cru que le seul moyen de maintenir l'ordre était de se montrer intraitable. Quand vous m'avez capturée, je pensais passer par divers supplices, tant Mahor ne cessait de me raconter la cruauté dont vous faisiez preuve envers vos ennemis. Mais en réalité, il n'y a rien eu de tel, au contraire vous êtes à l'opposé total de ce qu'on m'inventait. Ici, je ne vois nulle trace de peur quand vous parlez entre vous, et aucun dans votre groupe n'a plus d'importance qu'un autre. Vous êtes tous loyaux les uns envers les autres, et c'est ça qui vous rend si forts. Et la dernière chose qui m'a convaincue, c'est la réaction que tu as eue avec ma soeur, Link. Jamais un criminel aussi infâme ne se serait mis à pleurer et à avoir des remords pour ce qu'il a fait. Ça ne correspond absolument pas au portrait de toi que m'avait fait Mahor. J'ai commis beaucoup trop d'erreurs à cause de ma naïveté, et de tous, tu es celui qui en a le plus souffert. Même si cela ne réparera pas mes fautes, je tiens à me racheter. Il est plus que temps de mettre un terme à la folie de Mahor, et je compte bien vous aider à précipiter sa chute.

Tout cela me semblait être une très mauvaise idée. Au vu des évènements passés et du goût des princesses pour le mensonge, qu'est-ce qui me disait qu'il ne s'agissait pas d'un énième piège. Mais elle avait l'air sincère. De plus, je pouvais voir luire dans ses yeux la même détermination que lorsqu'elle me traquait, à ceci près que cette fois, c'était contre Mahor que cette colère était dirigée... Oui. Elle nous aiderait jusqu'au bout, et ce, même si je n'avais aucune confiance en elle. Et surtout elle était la seule à connaître par coeur le palais, ce qui ne nous serait certainement pas de trop. Résigné à garder pour moi mes appréhensions, j'acceptai.

- Parfait, lança Impa. Tout le monde sait donc ce qu'il a à faire. Je vous conseille de vous reposer, car demain risque d'être une longue journée pour nous tous.

Oh oui, demain allait être une très longue journée. Mais surtout, ce serait le jour où la lumière reviendrait de nouveau sur Hyrule. Il était temps de mettre un terme une fois pour toutes à la folie de Mahor... Pour l'avenir de notre royaume et pour le bien de tous...

Chapitre 31 : Infiltration   up

- Il y a toujours des gardes qui patrouillent au bout de ce couloir. Si on passe par l'escalier des domestiques, on pourra facilement les éviter. A cette heure, il n'y a jamais personne. De là, on pourra facilement atteindre le grand hall, et nous rapprocher de la salle du trône... Enfin, sauf si notre cher héros souhaite visiter auparavant les geôles royales...

Si je devais bien reconnaître une chose concernant Loruléa, c'est qu'elle nous avait été jusqu'à présent d'une grande aide. Sans elle, nous aurions tous été repérés ou capturés plus d'une fois. Elle connaissait le château par coeur, et arrivait à se souvenir avec exactitude de chaque patrouille et de chaque lieu. Mais depuis notre départ du Domaine elle ne cessait de me quitter des yeux. Et lorsque je la regardais, elle se mettait pour une mystérieuse raison à sourire presque béatement. Etais-je en train de rêver ou elle commençait...

Chassant cette idée complètement délirante de ma tête, je me mis à faire le point sur notre situation. Jusqu'à présent, tout se déroulait comme prévu. Dès que l'armée de Mahor avait quitté la ville pour engager le Prince et ses forces, nous avions pu nous infiltrer discrètement par l'ancien débarcadère souterrain. A partir de là, les princesses avaient pris le relais. Loruléa nous indiquant le chemin tandis que Tetralyna repérait les dangers potentiels. Elles travaillaient en parfaite coordination et étaient d'une efficacité redoutable. En seulement une demi-heure, nous avions réussi à atteindre les appartements royaux, et n'étions plus très loin de la grande salle... La grande salle... Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis les sinistres évènements, mais pour moi c'était comme si cela remontait à hier... Tout avait commencé d'ici, et ironie du sort, c'est ici que tout allait s'achever d'une manière ou d'une autre...

- Link.

Chassant ces sombres pensées de la tête, je me dépêchai de rejoindre le reste du groupe. Le chemin conseillé par Loruléa nous avait amenés juste derrière le grand escalier de l'entrée principale. De cet endroit, nous avions une vue sur l'ensemble du hall, tout en restant hors de vue des gardes. Du doigt, Loruléa nous montra une grande porte sur la droite de l'entrée et gardée par deux soldats.

- Là, c'est le seul passage sûr. De cette porte, nous pourrons arriver sans encombre à la grande salle. Le seul problème, c'est que contrairement à d'habitude, elle est surveillée. Mahor a certainement renforcé la surveillance du palais. Il va falloir trouver un moyen de détourner l'attention des gardes, mais je ne vois pas comment hélas.

Nous avions beau essayer de chercher une solution, personne n'en trouvait et le désespoir commençait à nous gagner. Nous n'allions quand même pas échouer si près du but, pas après tout ce qui s'était passé...

- Je crois que j'ai une idée.
Intrigués, nous nous retournâmes tous vers Impa.
Et à quoi penses-tu exactement ? demanda Tetralyna.
- On est bien d'accord que si les gardes repèrent quelqu'un, ils se lanceront à sa poursuite.
- Bien sûr. Mais comment veux-tu que...
C'est à ce moment-là que je vis son regard, ainsi que ce fameux sourire en coin.
- Oh non... Impa, je t'interdis de...

Avant même d'avoir eu le temps de finir ma phrase, elle s'élança hors de la cachette et se jeta sur les deux gardes, l'arme au poing. On entendit rapidement deux corps tomber au sol, suivis d'une cavalcade dans les escaliers juste au-dessus de nous. Je priai de tout mon coeur les Déesses qu'elle s'en sorte indemne.

- Ne t'en fais pas, Impa saura se débrouiller. Après tout, elle n'était pas la protectrice de la reine pour rien. C'est la meilleure des Sheikahs et je doute que ce soit un groupe de mercenaires déguisés en gardes qui vont lui faire peur.

Tetralyna avait raison. Impa n'était pas n'importe qui loin de là. Cependant, un détail venait de m'interloquer. Si Impa était la protectrice de la reine, était-ce elle aussi qui avait... ?

- C'était elle n'est-ce pas ? C'était Impa la sage-femme dont tu me parlais. C'est pour ça que tu as été élevée au village Cocorico.
- Exact. Et c'est justement pour ça que je sais qu'elle y arrivera.

Rassurés, nous nous dirigeâmes rapidement vers la porte désormais libre d'accès, les deux gardes gisant au sol assommés. Mais à peine quelques mètres plus loin, j'entendis une étrange mélodie venant très faiblement du mur juste à ma gauche.

- Link qu'est-ce que tu fais ? On doit se dépêcher !
- Il y a quelque chose derrière ce mur, une sorte de musique. Loruléa, comment on accède à cette zone ?
- Qu'est-ce que tu racontes, on n'entend absolument rien. Et je n'ai jamais eu connaissance d'un passage secret à cet endroit. Tu dois rêver.
- Link, Loruléa a raison, il n'y a aucune musique. On doit avancer. Plus vite on y arrivera, plus vite Impa et les autres seront hors de danger.

J'aurais voulu les croire, mais j'entendais parfaitement la mélodie de l'autre côté. Je ne pouvais quand même pas être le seul à l'entendre. Et plus je l'écoutais, plus je souhaitais trouver son origine. Faisant fi des interrogations des princesses, je me mis à chercher la moindre fissure ou faille prouvant la présence d'une ouverture. Mais alors que je posais ma main sur un pan du mur, j'entendis un léger bruit de l'autre côté. Aussitôt, je sentis le mur se retourner brusquement, tandis que je disparaissais sous les regards stupéfaits de Loruléa et Tetralyna.

* * *

- Loruléa ! Tetralyna ! Vous allez bien ?

Aucune réponse. Je retentai en collant mon oreille contre le mur. Toujours rien. Nous voilà maintenant séparés, et je n'avais aucune idée d'où conduisait l'étroit escalier devant moi. Il avait l'air de s'enfoncer profondément dans le sol, et il n'y avait pour tout éclairage qu'une torche accrochée au mur. Et dire qu'il n'y a même pas cinq minutes, je trouvais que tout se déroulait parfaitement bien. J'avais décidément le don de me mettre dans des situations pas croyables. Bon, ce n'était pas en restant là que j'allais pouvoir aider les filles. Quitte à être coincé, autant que j'essaie de découvrir ce qui avait tant motivé ma curiosité. Récupérant la torche, je m'enfonçai prudemment dans les profondeurs de la citadelle, laissant l'étrange mélodie guider mes pas.

* * *

J'ignorais où je me trouvais exactement et depuis combien de temps je descendais cet escalier interminable. J'avais beau chercher dans mes souvenirs, je ne trouvais aucune information sur l'existence d'un tel passage secret. Et où pouvait-il bien m'emmener ? Tout ce que je savais, c'est que plus je m'enfonçais, plus la musique se faisait de plus en plus distincte, et également de plus en plus triste. Je ne devais cependant plus être très loin, puisque je commençais à voir une très faible lumière au loin.

Au bout de ce qui sembla être une éternité, j'atteignis enfin le bout de cet escalier, avant de rester stupéfait par ce qui se trouvait devant mes yeux. Le passage abritait en fait un chemin de pierres menant à un temple... et pas n'importe quel temple... Le Temple, exactement le même que celui de mes rêves, se trouvait juste devant moi... mais quelque chose clochait. L'atmosphère était bien plus sombre que dans mes souvenirs, et les colonnades étaient d'un rouge sang intense, au lieu du blanc éclatant de la dernière fois. Les grandes portes étaient cette fois ouvertes, mais une atmosphère presque étouffante semblait venir du coeur du sanctuaire. Il y avait quelque chose de maléfique à l'oeuvre ici. Pourtant, la mélodie provenait bien de son centre. Prudemment, je franchis le seuil du temple, encouragé par mon fragment de Triforce plus brillant que jamais. Rien ne ressemblait à mon rêve. Les anciennes fresques avaient disparu, remplacées par d'autres représentant des hordes de monstres ravageant le royaume, tandis qu'au milieu des ruines se dressait une immense et horrible créature... Ganon. Et sur une autre, je vis sa forme humaine, Ganondorf. Ce dernier tenait la Triforce recomposée dans le creux d'une main, et semblait prendre un malin plaisir à transpercer de l'autre un jeune homme qui me ressemblait affreusement... Peu rassuré par ce que je voyais, je me mis à avancer rapidement vers le bout du couloir tout en essayant de contenir la peur qui m'envahissait de plus en plus. Cet endroit était clairement corrompu par le mal, et il me semblait inconcevable que le roi ait pu en cacher l'existence à tout le monde. En laissant cet endroit, c'était tout Hyrule qu'il mettait en danger. Il fallait absolument que je trouve la source de cette corruption et que je la détruise.

C'est en arrivant enfin dans le coeur du sanctuaire que je la vis de nouveau... Posée sur un piédestal en obsidienne, elle était là... la même lyre que celle de mes rêves... C'était d'elle que provenait cette musique. Elle était maintenant tellement puissante et distincte que chacune de ses notes semblait m'arracher le coeur de tristesse tant elle était déchirante. Elle l'était tellement que je pouvais sentir la douleur que ressentait cet instrument divin d'avoir été ainsi souillé par le malin. Je ne pouvais tout simplement pas rester sans rien faire face à une telle infamie. Guidé par l'instinct et la mélodie, je tendis ma main vers l'instrument maudit dans l'espoir de le purifier grâce à mon fragment. Mais au moment où je touchai l'une des cordes, une violente lumière se mit à jaillir tandis que le monde se mettait à changer autour de moi...

* * *

J'étais de retour exactement au même endroit que la dernière fois. J'étais à moitié immergé et inconscient, incapable de bouger et de voir correctement. Quelques instants s'écoulèrent avant que des mains ne m'attrapent et me tirent hors de l'eau. A bout de forces, c'est tout juste si je parvenais à entendre quelques bribes incompréhensibles échangés par ceux qui m'avaient trouvé. Je sentis vaguement que l'on m'allongeait sur quelque chose de moins rugueux que le sol, tandis que des vibrations m'indiquèrent que j'étais probablement dans un chariot. A mes côtés devait se tenir quelqu'un car on ne cessait de me parler. Je souhaitais répondre, mais tout juste parvins-je à bredouiller quelques mots inintelligibles. Je sentais la fatigue m'envahir de plus en plus, mais je voulais au moins mettre une image sur ceux qui m'avaient sauvé. Rassemblant mes dernières forces, j'ouvris très faiblement les yeux pour y découvrir le visage d'un jeune homme avec des cheveux bouclés d'or qui me regardait avec deux yeux d'un bleu saphir rempli d'inquiétude et de joie à la fois. J'étais stupéfait. Ce visage, je le connaissais mieux que quiconque puisqu'il s'agissait en fait... de moi...

- Tu as parfaitement raison Link, il s'agit bel et bien de toi.

La scène disparut instantanément et j'ouvris les yeux dans une église remplie de lumière. De chaque côté se trouvaient de grands vitraux représentant la déesse Hylia, ainsi que ce qui semblait être différentes réincarnations du Héros à la lame purificatrice. Où avais-je bien pu atterrir ? Mais ce qui me troubla le plus fut sans doute l'esprit étrangement familier qui se trouvait en face de moi. D'instinct, je portai ma main au fourreau, avant de m'apercevoir que l'épée n'y était plus.

- N'aie pas peur Link, je ne veux pas te faire de mal. Après tout, je serais incapable de lever la main sur celui qui m'a secouru, qui plus est sur mon propre sang.

Celui que j'ai secouru ? Son propre sang ??!! En entendant ces deux phrases, je sentis que les pièces manquantes s'assemblaient entre elles, me ramenant à une époque entachée par la mort de celui qui avait été aussi bien mon réconfort que mon modèle, quelqu'un qui m'avait toujours soutenu et m'avais appris à ne jamais abandonner, quelqu'un que j'avais longtemps pleuré et qui continuait encore aujourd'hui de prendre une place dans mon coeur...

- Grand... grand-père ?

Chapitre 32 : Un nouvel Héros   up

Complètement bouleversé et heureux à la fois, je me jetai dans les bras de celui qui m'avait tant manqué et que je retrouvais ne serait-ce qu'un instant aujourd'hui.

- Comment est-ce possible ? Comment peux-tu être en face de moi en tant qu'esprit ? Que t'était-il arrivé pour que tu te retrouves ainsi ? Pourquoi ne nous avais-tu rien dit ? Et pourquoi est-ce que je suis en train de revivre tes souvenirs ?
- Je vois que tu n'as pas perdu ton insatiable curiosité. Je vais tout te dire, mais avant laisse-moi te dire que je suis fier de toi. Je te suis depuis le début, et j'ai ainsi pu voir le petit garçon que j'ai connu devenir un jeune homme courageux.
- Attends. Tu veux dire que tu m'observes depuis tout ce temps ?! Mais comment ?
- Pourquoi suis-je sous forme d'esprit, tu vas le savoir sous peu. Et oui, je te regarde depuis un long moment ; depuis ma mort pour être exact. J'ai pu voir tes progrès comme tes échecs, tes moments de joie comme de douleur. Chevaucher un lynel puis un moldarquor pour sauver tes amis était très courageux de ta part d'ailleurs.
- Cela n'a malheureusement pas permis de sauver Médolie...
- Certes, mais tu as tout fait de ton côté pour l'éviter ; il arrive cependant parfois que l'on ne puisse rien faire. Cependant, tu as non seulement pu sauver Amipha, mais aussi permis à Hyr'iah de reprendre sa place légitime de reine au sein du peuple Gerudo. Et ceci, c'est la preuve que tes actions n'ont pas été vaines. Au fait, très seyantes tes nouvelles tenues, on s'y serait trompé. Il faut croire que cette féminité est de famille.

Nous éclatâmes tous les deux de rire. Même si ce n'était que temporaire, cela me rendait heureux de pouvoir parler une dernière fois avec Grand-père. Et savoir qu'il était fier de moi représentait à mes yeux la plus belle des récompenses. Même si je savais que j'avais souvent eu beaucoup de chance, force était de reconnaître que j'étais désormais un vrai guerrier. Mais surtout, j'avais avec moi une équipe sur qui je pouvais compter. Les autres... Il fallait absolument que je les retrouve avant qu'ils ne se fassent attraper.

- Tes amis vont bien pour le moment, ne t'en fais pas. Link, avant que tu t'en ailles, je souhaite te raconter comment cette situation a pu arriver ; et j'espère que tu me pardonneras... Je n'ai pas su voir les ténèbres s'accumuler sur Hyrule, et tu en payes les conséquences par ma faute...
- Que veux-tu dire par là ?
Je commençai à m'inquiéter. Grand-père avait toujours consacré sa vie à Hyrule, comment aurait-il pu mettre le royaume en danger ?
- Si tout ceci a pu se produire, c'est à cause de moi... J'aurais aimé dire le contraire, mais je suis le seul et unique responsable. Laisse-moi te raconter ce qui s'est passé lors de cette ultime mission, où tout a basculé...

* * *

"Peu de temps après le retour de Mahor à la Citadelle, j'ai été chargé d'une mission de la plus haute importance. Une ancienne structure avait été découverte dans la région enneigée d'Hébra, et c'était à moi que revenait la charge d'enquêter dessus. Afin de garder le secret, je devais me débrouiller seul. Je partis immédiatement pour les montagnes d'Hébra, espérant en apprendre plus rapidement. Malheureusement, rien ne se passa comme je l'avais espéré. A peine fus-je arrivé qu'une horde de stalfos me tendirent une embuscade et tuèrent ma monture. Je ne dus mon salut qu'en m'enfonçant dans cette vieille structure, sans savoir qu'une menace plus grande encore guettait dans ce qui ressemblait en réalité à un labyrinthe. La suite tu la connais déjà : le gardien, la chute, le temple... Mais ce que tu ignores encore, c'est ce qui s'est passé à la fin, et pourquoi ma découverte a précipité le chaos sur Hyrule. Voici mon ultime souvenir sur cette mission que je tiens à te faire découvrir..."
Et tandis qu'il posa ses mains sur ma tête, je plongeai alors pour la dernière fois dans sa mémoire...

* * *

J'ouvris les yeux dans un endroit complètement obscur, éclairé uniquement par deux torches situées de part et d'autre de deux portes imposantes. Quel étrange endroit. Était-ce donc ça que l'on voyait une fois mort ? Mu par une énergie étrange, je m'approchai de la porte de droite, avant de poser ma main sur la poignée. Aussitôt, une violente décharge me projeta en arrière, tandis qu'une épaisse fumée noire et rouge enveloppait les deux portes sous mon regard stupéfait. Non, ce n'était pas possible...il était mort...
- Alors, que penses-tu de ma petite surprise, gamin ? Tu ne pensais tout de même pas que j'en avais fini avec toi, non ?
Tous les sens en alerte, je cherchais désespérément le responsable de tout ceci. Je nageais en plein cauchemar. Comment pouvait-il être déjà de retour ? Je l'avais vaincu, comment cela pouvait-il arriver ?
- Que tu es pathétique. Je n'arrive pas à croire que tu sois celui qui ait pu vaincre ma forme bestiale, alors que tu n'es rien d'autre qu'un misérable Hylien.
Sa forme bestiale ? Mais si cette dernière était bien morte, pourquoi était-il encore en vie ? Jamais une telle chose ne s'était produite auparavant... C'était le pire cauchemar qu'Hyrule pouvait connaître, et il était en train de se réaliser.
- Je dois reconnaître que tu m'as été très utile, gamin, en me débarrassant de cette version faible et inutile de moi. Que de la force brute, aucune intelligence. C'était indigne de moi. Mais grâce à toi, elle a été éliminée avant ma résurrection, chose inédite mais extrêmement avantageuse pour moi. Sans elle, je suis désormais bien plus fort que je ne l'ai jamais été.
- Cesse de te cacher et viens te battre ! Je ne te laisserai pas souiller une nouvelle fois notre monde !
- Ha ha ha ! Mais qui parle de se cacher ? Je ne me cache pas, gamin. En fait, je suis déjà le maître d'Hyrule, et bientôt du monde, et le plus amusant, c'est que tu en seras le responsable. Après tout, c'est toi qui m'as offert cette relique en exécutant l'ordre de ton roi : mon ordre. Je n'ai fait que me servir.
Son ordre ? Mahor lui-même ignorait jusqu'à l'existence de cette relique... A moins que... non... Il n'avait quand même pas fait ça... Et je venais de lui offrir un moyen d'asservir Hyrule sur un plateau... Tout ça par ma faute...
- Je vois que tu as enfin fini par comprendre. Quel dommage que tu ne sois désormais plus de ce monde pour m'arrêter. Bien, il est temps que j'accomplisse ma destinée, à savoir régner sur ce monde. Mais comme je ne suis pas un ingrat et que tu m'as grandement aidé, je vais te laisser un petit cadeau. Actuellement, tu te trouves dans l'antichambre de la mort ; un endroit assez austère il faut l'avouer. Si tu es ici, c'est que tu as un choix à faire : te battre et continuer à vivre, ou accepter de mourir. Toute personne qui arrive ici est obligée à un moment de choisir, mais exceptionnellement pour toi, j'ai décidé de t'épargner cette peine. Vois-tu, cette magnifique lyre que tu m'as donnée possède le pouvoir de jouer avec la vie ou la mort selon ce qu'on en fait. Et moi, je t'offre les deux à la fois. Tu resteras dans cet endroit, ni vivant ni mort. Tu erreras pour l'éternité dans cet entre-deux mondes sombre et vide, afin que tu assistes à mon triomphe et à la chute de tout ce qui t'est cher, à commencer par ton incapable de petit-fils.
- Laisse-le en dehors de ça ! Il n'a absolument rien à voir dans cette histoire !
- Ah ah ah ! Ne t'en fais pas pour lui, la fin que je lui réserve sera digne d'un spectacle grandiose ! Adieu gamin...

* * *

- Mahor et Ganondorf.... Les deux ne font qu'un...
- Je vois que tu as compris. J'ignore ce qui s'est passé durant son voyage, mais le vrai Mahor n'en est jamais revenu. Il s'agit bel et bien de Ganondorf. Il a réussi à prendre sa place sans que personne ne s'en rende compte. Pire, il a su me manipuler pour que je lui remette cette relique, la Lyre de la Déesse. Etant détenteur du fragment de la Force, il a ainsi pu la corrompre à loisir.

La Lyre de la Déesse ? J'avais souvent entendu parler de cet objet ancestral. On raconte que cet instrument a été autrefois utilisé par la déesse Hylia elle-même pour combattre le Néant. Que Ganondorf ait pu la souiller à ce point était tout simplement ignoble. Mais une question restait toujours en suspens.

- Je ne comprends pas cependant. S'il voulait me tuer, pourquoi ne l'a-t-il pas fait dès le début ? Pourquoi m'a-t-il permis de devenir l'écuyer d'Impa, au lieu de se débarrasser de moi ? Il aurait pu le faire sans problème. Et quel est ce pays d'où il vient ? Personne n'en a jamais entendu parler jusqu'alors.
- Cela semble assez difficile à comprendre en effet. Mais je pense que Ganondorf souhaitait s'assurer la mainmise sur le royaume. S'il t'avait éliminé dès le début, il se serait retrouvé avec une révolte sur les bras ; notre famille était très renommée dans le royaume. En annonçant prendre en charge ta formation, il gagnait du temps tout en endormant la vigilance du peuple. D'une certaine façon, l'attaque des monstres a précipité ses plans. Ton arrestation au palais lui a permis à la fois de se débarrasser de ses pires ennemis, tandis que la mort des principaux notables mettait à bas toute idée de résistance de la part du peuple. Ganondorf a toujours été un fin tacticien, et un excellent planificateur. Il n'agit que très rarement sur un coup de tête, et il sait attendre le moment propice pour frapper. Quant au royaume d'où il vient... je n'en ai pas la moindre idée. Il existe de nombreuses autres régions par-delà Hyrule et il fut un temps où les différents royaumes commerçaient entre eux. Mais cette époque remonte aux temps anciens et aujourd'hui, plus personne ne s'en souvient.

Les derniers éléments manquants faisaient désormais sens. Depuis le début, Ganondorf avait agi minutieusement selon un plan incroyablement complexe qu'il préparait depuis des années sans doute. Le plus impressionnant était de savoir qu'il avait été exécuté à la perfection, sans que personne ne comprenne ou ne réagisse. Ganondorf était extrêmement redoutable, et on ne pouvait que lui reconnaître son incroyable intelligence.

- Comment puis-je l'arrêter ?
- Purifie la lyre, récupère Excalibur et retrouve tes amis. C'est seulement en unissant vos forces que vous pourrez vaincre Ganondorf, une bonne fois pour toutes.
- Sans l'Epée de légende ? Et comment je peux purifier la lyre ?
- Laisse la lyre te la révéler. Quant à sa purification, la réponse se trouve déjà en toi.

Quoi ? Que voulait-il dire par là ? Mais avant que je puisse lui poser la question, un épais brouillard enveloppa l'intégralité de l'église. La dernière chose que je vis fut le sourire que m'adressa Grand-père pour la dernière fois.

- Je suis fier de toi Link...

* * *

J'étais de retour dans le sanctuaire, la lyre continuant de jouer sa musique larmoyante juste en face de moi. Comment pouvais-je lui rendre sa splendeur d'antan ? "La réponse se trouve en toi", qu'avait-il bien pu dire par là ? Selon grand-père, c'est grâce à son fragment que Ganondorf avait pu se saisir de la relique et la corrompre... Et si... Mu par un instinct, j'approchai lentement ma main gauche vers l'instrument, avant de finalement la saisir. En réaction, la Triforce du Courage se mit à briller de mille feux, tandis que je sentais sa chaleur envahir mon corps, ainsi que la lyre.

"Une telle puissance..."
Cette voix résonna en moi comme un coup de marteau, tandis que dans le même temps je me mis à ressentir une intense douleur au niveau de ma main, comme si elle était plongée dans les flammes.
"Un tel pouvoir... à portée de ta main."
Mon esprit s'embrouillait, mais je tentais de garder le contrôle face à la corruption de Ganondorf.
"Tu crois que je suis le produit de cet idiot ? Je suis là depuis bien plus longtemps, et je sais parfaitement qui tu es, ce que tu ressens... Toute cette haine, ce désir de vengeance envers ceux qui t'ont méprisé et traqué."

Je pouvais sentir ses tentatives envahir mon esprit, mais je refusais de céder face à cet être, quel qu'il soit. Je ne voulais pas laisser la colère m'envahir de nouveau comme au Domaine. Mais plus je résistais, plus la douleur devenait insupportable... Pire encore, je voyais ma Triforce faiblir. Déesses, faites que cela cesse vite...

"Les Déesses ? Elles ne t'ont jamais aimé. Tu n'es rien d'autre que leur marionnette, leur jouet. Mais avec cette relique, tu pourrais devenir bien plus. Ttu pourrais même devenir le nouveau roi d'Hyrule. L'ensemble des peuples se prosterneraient devant toi, tu serais craint même par tes ennemis...Tu serais le monarque suprême, invincible et immortel..."

Tandis que cette voix parlait, je voyais des images défiler dans ma tête... Hyrule en ruine, une armée faisant régner la terreur, moi assis sur le trône et condamnant avec un sourire cruel Tetralyna à mort, des milliers d'esclaves construisant une immense statue à mon effigie... Toutes ces images me remplirent d'horreur et de dégoût. Je refusais ne serait-ce que d'imaginer que je puisse devenir un tel monstre.

- Jamais...
"Que dis-tu ?"
- Jamais je ne laisserai une telle chose arriver... J'ignore qui tu es vraiment, mais tu ne m'auras pas...
"Tu crois être en mesure de me vaincre aussi facilement ? Tu te penses plus fort que moi ? C'est d'une tristesse... Seul tu n'es rien et tu n'es pas mieux aux yeux des autres, alors que moi je t'offre le pouvoir."
- C'est là que tu te trompes. Je ne suis peut-être pas aussi doué que mes prédécesseurs, mais au moins je sais que je pourrai toujours compter sur mes amis, quels qu'ils soient. Impa, Amipha, Tetralyna... Tous comptent pour moi. Et je refuse de leur faire le moindre mal, et ce, quand bien même on m'offrirait le monde en échange. Maintenant disparais !
"Pas question ! Et même si tu refuses de me laisser ton corps de plein gré, je finirai de toute façon par l'avoir tôt ou tard."
- Ça n'arrivera jamais... Tu m'entends ? JAMAIS !!!
Et alors que je projetais toute la volonté qui me restait contre cet ennemi invisible, la Triforce du Courage s'illumina de nouveau, balayant les dernières traces de corruption dans la pièce.
"Ah !!! Ce n'est pas terminé ! Je suis toujours là, et un jour, tu ne pourras plus me retenir ! N'oublie pas... je suis en toi..."

* * *

Le calme était de nouveau retombé dans le sanctuaire, désormais débarrassé de l'emprise du mal. La lyre avait également retrouvé sa beauté d'origine. Quant à moi, j'étais épuisé après ce qui venait de se passer. J'avais réussi de justesse, et je préférais ne pas penser à ce qui serait arrivé en cas d'échec. Je ramassai délicatement la lyre, non sans avoir pincé une de ses cordes au passage. Un son cristallin emplit alors l'espace, tandis que je sentis une légère pulsation au niveau de la Triforce. Rassemblant mes affaires, je m'apprêtais à repartir lorsque j'entendis un léger bruit au niveau du socle où reposait la lyre. Sous mes yeux ébahis, il se mit à s'ouvrir, faisant alors apparaître une arme que j'aurais pu reconnaître entre mille tant je la connaissais.

- Excalibur... C'était donc là qu'il t'avait cachée.

Revoir cette épée était à la fois un soulagement et une profonde tristesse pour moi, car elle me rappelait que c'était par ma faute qu'elle avait disparu. Avec un profond respect pour cette arme légendaire, je pris le pommeau et la sortis de son fourreau. Sa lame était restée en excellent état malgré tout ce temps, et, chose surprenante, me paraissait bien plus légère et maniable qu'autrefois. Il était maintenant temps de retrouver les autres et d'éliminer Ganondorf une fois pour toutes. Et pendant que je remontais en direction du château, j'eus l'impression d'entendre comme un ensemble de voix parlant à l'unisson depuis l'épée :

"Héros du Temps, Héros du Crépuscule, Héros des Landes... Nous avons tous oeuvré à protéger ce monde du mal. Tu as été choisi par l'Epée Purificatrice, et tu es sans doute celui qui le mérite le plus de nous tous. Nos esprits t'accompagnent pour ramener la paix en Hyrule, car tu es le nouvel Héros... le Héros de l'Espoir...".

Chapitre 33 : Les masques tombent   up

- Impa ! Princesses Zelda ! Vous êtes là ?

Pour la énième fois, seul un silence pesant me répondit. J'ignorais combien de temps s'était écoulé dans le sanctuaire, mais une fois remonté dans le palais, je n'avais rien trouvé d'autre que des couloirs entièrement vides. Gardes, domestiques... il n'y avait tout simplement plus âme qui vive à l'intérieur. Quant au ciel, il était maintenant envahi par de sinistres nuages noirs au-dessus de la Citadelle. Inquiet pour mes amies, je me dirigeai le plus rapidement possible vers la Grande Salle, espérant les croiser en chemin, mais rien... Je commençais à être envahi par l'inquiétude. Et lorsque j'atteignis les grandes portes de la salle du trône, j'eus un mauvais pressentiment sur ce que j'allais trouver derrière, et sur mes capacités à réussir. Mais je ne pouvais plus faire demi-tour. A chaque seconde qui passait, nos alliés mettaient leur vie en danger pour nous. J'avais déjà perdu trop de monde qui m'était cher, et il était hors de question que d'autres personnes meurent aujourd'hui. Adressant une prière silencieuse aux Déesses, j'entrai alors dans la salle même où tout avait commencé...

- Bienvenue à toi gamin ! Nous n'attendions plus que toi pour commencer la cérémonie !

La scène qui se déroulait devant moi était digne de mes pires cauchemars. Tetralyna et Loruléa étaient toutes les deux enfermées dans une sorte d'immense cristal violet, tandis que sur le trône se trouvait Mahor, alias Ganondorf. D'Impa, aucune trace. J'espérais qu'elle s'en était sortie, même si son aide m'aurait été bien utile. En me voyant arriver, le roi esquissa un sinistre sourire, avant de se lever et de s'approcher de moi.

- Je dois reconnaître, tu m'impressionnes, petit. Réussir à survivre durant tout ce temps est déjà remarquable, mais vaincre un lynel, puis un moldarquor, avant de fédérer les autres peuples contre moi... voilà qui est digne des plus grands héros. Et je constate que tu as sur toi l'Epée de Légende et la Lyre de la Déesse ; étonnant d'ailleurs que cette dernière ne t'ait pas corrompu. Tu n'es finalement pas le porteur de la Triforce du Courage pour rien.
- Si je le suis, c'est en partie grâce à toi. Ironique n'est-ce pas ?
- Ah ah ah ! Tu ne manques pas de répondant, gamin ! J'aime ça ! J'admets que ta résilience m'a surpris plus d'une fois. Mais malgré tous tes efforts, tu n'auras rien été d'autre qu'un léger désagrément dans mon jeu, de même que vous, ma chère Tetralyna. Heureux de faire enfin votre connaissance après toutes ces années.

Il savait donc pour l'histoire des princesses depuis tout ce temps ? Personne n'avait songé un seul instant qu'il puisse être au courant. J'ignore comment il l'avait découvert, mais il nous avait tous magistralement bernés.
- J'ai été étonné de savoir l'existence de princesses jumelles, mais bien plus encore quand j'ai découvert que vous partagiez le fragment de la Sagesse. Une manoeuvre très habile de la part des Déesses, mais hélas futile. J'ai pris un grand plaisir à vous manipuler, chères princesses. Franchement, vous aviez vraiment cru que votre rencontre n'était rien d'autre que le fruit du hasard ?
- Libérez-moi et je me ferai un plaisir de vous expliquer mon avis là-dessus.
- Oh mais je n'en doute pas, ma chère Loruléa. Bien, et maintenant...

Brusquement, une lame sortit de sa poitrine. Mahor se mit alors à vaciller avant de s'effondrer, tandis que sous nos yeux stupéfaits, Impa apparut derrière lui.

- Impa... Mais comment...
- J'ai passé suffisamment de temps au palais pour en connaître chaque recoin, y compris ses passages secrets. Ça m'aura été finalement utile. Heureuse de vous revoir.
J'aurais aimé partager son enthousiasme, mais un râle provenant du roi m'en empêcha. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Mahor se releva, tandis que la blessure à son ventre se refermait d'elle-même. Grand-père avait dit vrai...la mort n'avait plus d'emprise sur lui.
- Pathétique... Vous pensiez vraiment me tuer de cette manière ? Sachez que j'ai vaincu la mort elle-même ! Je suis immortel ! Et bientôt, je serai également invincible ! Et vous pensez être à la hauteur ? Je vais m'occuper de vous, à commencer par toi Impa !

Je me précipitai à sa rescousse, mais je m'écrasai contre un mur magique élevé par Mahor, laissant Impa seule face à lui. Qu'est-ce que je pouvais faire ? Malgré ses capacités guerrières, Impa n'avait aucune chance, d'autant plus que la lyre l'empêchait de mourir... La lyre ! Mais bien sûr ! S'il s'agissait bien de l'instrument de la Déesse Hylia, alors sa réincarnation saurait comment l'utiliser. Cela paraissait insensé, mais je ne voyais pas d'autres options. Profitant du peu de temps à ma disposition, je me mis devant la prison de Tetralyna, avant de sortir l'Epée de Légende. J'espérais juste ne pas faire de bêtise. Empaler la princesse en essayant de la libérer serait risible au possible. Prenant une profonde inspiration, j'abattis de toutes mes forces la lame sur le cristal. Malgré le choc, celui-ci résistait, mais je continuais à appuyer de toutes mes forces dessus, tandis que ma Triforce et Excalibur rayonnaient comme jamais. D'abord rien ne se passa, puis des fissures apparurent de plus en plus sur la barrière, avant que cette dernière ne finisse par exploser. Immédiatement, j'enchaînai sur la prison de Loruléa qui connut le même sort, achevant de libérer les deux princesses.

- Princesses, prenez la lyre. Il faut que vous brisiez l'enchantement pour l'empêcher de revenir à la vie en permanence.
- Link, comment veux-tu que Loruléa et moi y parvenions ? on ne maîtrise pas cet instrument. Et comment va-t-elle nous aider ?
- Vous êtes la réincarnation de la déesse Hylia, vous saurez comment utiliser sa lyre. Princesses, durant tout ce temps, vous n'avez cessé de me faire confiance, malgré ma colère envers vous. Mais aujourd'hui, c'est moi qui vous fais confiance. Vous portez toutes les deux le fragment de la Sagesse ; vous y arriverez ensemble. Je vais essayer de l'occuper pendant que...
- Non !
Surpris par le cri de Tetralyna, je me retournai pour voir Impa être projetée contre une des colonnes de la salle dans un horrible craquement d'os. Non... ce n'était pas possible... pas elle...
- Qu'est-ce que ça fait du bien. Depuis le temps que j'aurais dû me débarrasser de toi, Impa.
Toute la tristesse qui commençait à m'envahir fut alors remplacée par une colère telle que je n'en avais jamais eue jusqu'alors...
- Tu as raison Ganondorf... On aurait dû se débarrasser de toi depuis bien longtemps...
- Tiens tiens, tu sais qui je suis gamin ? Ton grand-père serait-il passé te voir ? Comment va-t-il d'ailleurs. J'espère qu'il apprécie sa nouvelle condition.
- Oh crois-moi, il appréciera bien plus quand je t'aurai anéanti une fois pour toutes.
- Mais c'est que tu n'as pas peur, gamin... Eh bien, si c'est ce que tu souhaites...
Je sortis alors Excalibur et mon bouclier, tandis qu'un nouveau champ de force m'enferma à l'intérieur avec Ganondorf.
- Link, surtout ne t'inquiète pas pour la lyre. Tetralyna et moi on va s'en charger. Rends-nous service... pulvérise-le... pour tout ce qu'il a fait...

De ce côté-là, il n'y avait pas à s'en faire. Jamais je n'avais été aussi déterminé... Me mettant en garde, je fis enfin face au plus mortel des ennemis. L'heure était venue de libérer Hyrule du Fléau... une fois pour toutes.

Chapitre 34 : Le dernier combat   up

La tension était palpable tant les enjeux étaient grands. Nous nous regardions en essayant de jauger son adversaire. Je savais que me lancer sans réfléchir dans ce combat n'amènerait rien d'autre qu'une mort certaine. Et il n'était pas question de tenter un rapport de force qui me serait clairement défavorable. Si je voulais avoir une chance de gagner, il me faudrait faire usage de vitesse et d'agilité.

Ce fut Ganondorf qui lança les hostilités en essayant de me toucher au niveau de mon bras gauche. D'un revers du bouclier, je fis dévier sa lame avant d'effectuer une riposte au niveau de sa jambe droite, mais il esquiva aisément le coup. Sans lui laisser le temps de se remettre en position, je tentais de le blesser au niveau du flanc, mais il parvint à parer au dernier moment. Alors que nos visages étaient proches, il me donna un violent coup de tête, manquant de m'assommer au passage. Profitant de ma confusion, il me toucha au niveau de la jambe gauche. Ce n'était qu'une entaille, mais je savais que s'il l'avait souhaité, il aurait pu me la trancher aisément. Pour lui, il ne s'agissait rien de plus que d'un jeu dans lequel il était pour le moment certain de sortir vainqueur. Il savait sa victoire déjà acquise, aussi prenait-il moins de précautions que lors d'un vrai duel. Ses coups étaient retenus et il ne cherchait même pas à lancer de nouvelles attaques ; il se contentait juste de parer mes frappes, un sourire narquois au visage.

- C'est tout ce que tu sais faire gamin ?
Pendant qu'il était distrait en disant cela, je lui donnai un violent coup de bouclier dans le torse et, profitant qu'il soit sonné, lui enfonça mon épée dans le flanc gauche. Grièvement blessé, Ganondorf tomba à genoux.
- Bien joué gamin, vraiment bien joué. Mais tu as oublié un détail... Tu ne peux pas me tuer.
Et alors qu'il disait cela, je vis avec stupéfaction sa plaie cicatriser et disparaître d'elle-même, tandis qu'il se relevait, triomphant.
- Bien... maintenant que j'ai pu voir ce que tu vaux, il est temps de passer aux choses sérieuses.

J'eus à peine le temps de me reculer que je sentis le souffle glacé de sa lame frôler ma gorge. Sans me laisser le temps de contre-attaquer, Ganondorf se mit à enchaîner les attaques, toutes plus violentes les unes que les autres. Il n'y avait aucun doute, il était vraiment redoutable. Tout ce que j'avais pu affronter jusqu'alors était sans commune mesure face à ce combat. Si je voulais avoir une chance de gagner, alors je ne devais surtout pas baisser ma vigilance, car la moindre seconde d'inattention risquerait de m'être fatale. J'espérai ardemment que les princesses allaient vite réussir à se servir de la lyre, car je sentais la fatigue m'envahir de plus en plus tandis que Ganondorf semblait toujours être au meilleur de sa forme.

- Alors gamin ? Qu'est-ce que tu attends ? Je m'attendais à mieux de ta part.

Il exécuta alors une violente attaque vers le bas que je parvins à dévier in-extremis avec mon bouclier. Tandis que sa lame percutait violemment le sol, j'en profitai pour essayer de le toucher au bras, coup qu'il évita facilement. Il tenta alors de me faucher au niveau des jambes, mais je pus l'esquiver de justesse. Esquivant un violent coup de taille, j'en profitai pour le gratifier d'une profonde entaille sur sa jambe droite. Le combat se poursuivit durant de longues minutes. Ganondorf et moi enchaînions les coups et les esquives dans une chorégraphie mortelle, mais il était clair que je n'avais pas l'avantage. Parant un énième coup d'estoc avec mon bouclier, je parvins à placer une feinte sur son flanc gauche, l'entaillant légèrement. Malheureusement, je n'eus pas le temps de me remettre en position et je sentis une violente douleur au niveau de mon épaule droite. Il en profita alors pour m'envoyer un grand coup de pied dans le ventre qui me projeta au sol, le souffle coupé. Je tentai de me relever, mais je sentis son pied m'écraser le poignet gauche tandis qu'il plaçait sa lame sous ma gorge.
- C'était un beau combat gamin. Futile, mais beau. Maintenant, il est temps pour toi de faire un très long sommeil. Dis-moi, avant de mourir, quel effet ça fait d'avoir été le héros le plus inutile d'Hyrule ?

Cette phrase me fit voir rouge. Je sentis toute la colère que j'avais accumulée au fil des semaines exploser en moi. Mais cette fois, je ne fis rien pour la retenir. Au contraire, je la laissais m'envahir et fusionner avec moi, tandis qu'une énergie nouvelle traversait la moindre parcelle de mon corps. Et alors que Ganondorf levait sa lourde épée dans le but d'en finir, faisant fi de la douleur à l'épaule, je donnai un violent coup avec mon bouclier dans son entrejambe. Il lâcha aussitôt son épée avant de se pencher en poussant un grognement de souffrance. Ce n'était pas très honorable, mais c'était ça ou mourir. Ramassant Excalibur, je me retournai juste à temps pour esquiver un violent coup de poing de la part de Ganondorf. J'en profitai alors et lui fis une profonde entaille sur son bras. Sous la colère, mes sens s'étaient décuplés. J'arrivais non seulement à parer tous ses assauts, mais aussi à contre-attaquer, ce qui le forçait à se mettre sur la défensive. Décidé à mettre fin à ce duel, j'entrechoquai nos épées. En réaction, je sentis la force déployée par Ganondorf faire pression sur ma lame. C'était le moment. Relâchant brutalement la pression, je me décalai pour éviter son arme qui frappa violemment le marbre... et plongea Excalibur dans son diaphragme...

Mortellement atteint, il tomba à genoux tandis que je fis de même, épuisé. Cela faisait deux fois que je remportais notre duel, et je doutais d'être en mesure de réitérer une troisième fois cet exploit... Déjà je voyais sa plaie commencer à se refermer ; d'ici quelques instants, il retrouverait toute sa force, tandis que je fatiguais de plus en plus. C'était un combat à l'usure que je ne pouvais gagner, et il le savait très bien.

- Tu es... encore plus pitoyable et faible... que je ne le pensais, gamin. Frapper en traître de cette manière... Il est vraiment temps... que je me débarrasse de toi... et crois-moi... je vais te faire payer ce que tu...

Au même instant, une douce musique commença à résonner depuis le fond de la salle. En jetant un oeil, je vis Tetralyna et Lorulea en train d'accompagner la mélodie de la lyre. Elles baignaient dans une grande aura lumineuse produite par la lyre, leur fragment de Triforce résonnant à l'unisson. Au moment même où les premières notes furent jouées, Ganondorf fut pris de convulsions.

- Argh... non... pas... maintenant... soyez... maudites... princesses...
Lentement, je m'approchai de lui, décidé à mettre un terme au combat.
- C'est terminé Ganondorf. Rends-toi et on te laissera en vie.
- Pour... m'exécuter ensuite ? Tu n'es... même pas... capable de finir... ta mission. Les Déesses... devaient vraiment être... désespérées pour te choisir toi... Et ne crois pas... que ce soit la fin... gamin...

Ce furent ses dernières paroles avant qu'il ne s'effondre au sol. Ça y est... c'était enfin fini... Derrière moi, j'entendis l'une des princesses se précipiter vers Impa, tandis que la seconde m'aidait à me relever.

- Comment tu te sens ? Montre-moi ta blessure.
Avec surprise, je m'aperçus qu'il s'agissait de Loruléa, et qu'elle semblait vraiment inquiète quant à mon état de santé. La princesse qui, il y a peu encore, voulait ma peau avait changé du tout au tout.
- Ça va aller. La priorité c'est Impa.
- Et tu vas mourir si on n'arrête pas cette hémorragie !
N'ayant guère le choix, je dus attendre que Loruléa finisse son bandage avant de pouvoir rejoindre Tetralyna et Impa.
- Comment va-t-elle ?
- Elle respire, mais faiblement. Je crains cependant qu'elle n'ait de nombreux os cassés et une commotion cérébrale, peut-être même que sa colonne vertébrale est touchée, mais je n'en suis pas certaine...
- Il faut qu'on l'évacue au plus vite. Tetralyna aide-moi à la porter. Loruléa ouvrira la marche.
Relevant Impa tant bien que mal, nous nous mîmes à courir vers la sortie. Mais à peine Tetralyna et Impa eurent le temps de passer les portes qu'une barrière magique apparut, nous séparant d'elles.
- Link !
- Ça va aller. Ne t'occupe pas de nous et sauve Impa !
- GAMIN !!!

Mon coeur faillit rater un battement en entendant ce cri. Non... ce n'était pas possible... Il ne pouvait pas être encore en vie... Me retournant, je ne pus que confirmer mes pires craintes. Juste en face se trouvait Ganondorf, bien vivant, et enveloppé d'une sinistre aura maléfique. Ses yeux étaient injectés de sang et remplis de haine pure. Toute trace d'amusement l'avait définitivement quitté, laissant la place à la rage.

- J'ai passé des années à mettre au point ce plan, à tout planifier dans les moindres détails. Ce jour devait être mon ascension au sommet et toi, tu viens tout gâcher ! Eh bien fini de jouer ! Je vais vous tuer, et je rassemblerai la Triforce ! Et je vais commencer par te pulvériser gamin ! J'aurais d'ailleurs dû le faire depuis le début !!!

Et tandis qu'il disait ces mots, l'aura le recouvrit entièrement, avant de se dissiper et de laisser la place à... Saintes Déesses... Devais-je vraiment affronter un tel adversaire ?
Si Mahor avait été impressionnant, Ganondorf, sous sa vraie forme, était effrayant. Il devait faire dans les deux mètres, et on devinait très aisément sa musculature sous son armure. Il avait une chevelure et une barbe rousses, qui lui conféraient une sorte de grande crinière. Il portait en outre un robuste plastron en plaques d'acier noir qui lui offrait une protection complète au niveau du torse et des bras, ainsi que de solides jambières dans le même matériau. Il était armé d'une immense épée ébène aussi grande que moi, et malgré son poids il la manipulait très aisément d'une seule main. Ce n'était pas un redoutable guerrier que j'allais devoir affronter, mais une véritable machine à tuer.

- Ah... enfin débarrassé de ce déguisement. Dommage que ce cher Mahor ait préféré mourir plutôt que de me servir, il aurait été un excellent pantin... Qu'est-ce que je t'avais dit, gamin... Je ne peux pas mourir.
Cela était incompréhensible. J'avais bel et bien vu la lyre en action. A moins que...
- Tu ne pouvais pas mourir en effet. Mais la lyre ne te régénèrera plus désormais. C'est ta dernière vie n'est-ce pas...

Ganondorf poussa un cri de rage, avant d'abattre lourdement sa lame vers moi. Je parvins à l'esquiver in-extremis, tandis que l'épée pulvérisait le marbre au sol. J'avais maintenant deux certitudes. Il s'agissait bien de sa dernière vie, et sa force était sans commune mesure à la mienne. Il assenait coup sur coup avec une bestialité et une puissance inouïe, et je devais être en mouvement permanent pour éviter de finir écrasé. Je n'avais aucun moyen pour m'approcher de lui, et son épée avait bien plus de portée que la mienne. Je n'allais pas pouvoir continuer ainsi éternellement. Et alors que je tentais d'éviter un énième coup, le plat de sa lame percuta violemment mon bras droit dans un horrible son d'os brisés. Aussitôt, une intense douleur se propagea dans tout mon corps, tandis que je lâchais mon bouclier en poussant un cri.

Désorienté sous le choc, je n'eus pas le temps d'apercevoir le poing de Ganondorf qui me projeta avec force contre une des colonnades, me coupant le souffle, tandis qu'un autre élancement se faisait sentir cette fois au niveau des côtes. En face de moi, Ganondorf s'avançait lentement, fulminant.
- Depuis longtemps, je rêve de cet instant. Aujourd'hui, et devant les Déesses elles-mêmes, je vais mettre un terme à la misérable lignée du Héros, et ce une fois pour toutes !

A terre, désarmé et épuisé, je ne voyais pas comment m'en sortir cette fois. Mon épée était juste derrière Ganondorf, et je n'avais rien qui pouvait m'aider autour de moi, si ce n'est de la poussière et des fragments du sol en marbre qu'il avait brisé. Des fragments de marbre ? L'idée qui venait d'apparaître dans mon esprit était complètement folle ; une stratégie de la dernière chance. Mais il était hors de question de laisser tomber. Au nom de tous ceux qui se battaient pour Hyrule, je ne devais pas échouer ! Quelques secondes, j'avais juste besoin de quelques secondes... Ramassant le plus de morceaux et de poussière possible avec mon bras encore valide, j'adressai une ultime prière :

"Déesses, si je dois mourir aujourd'hui, donnez-moi la possibilité de terminer avant ma mission. Que ma mort permette à tous de vivre à nouveau dans un monde en paix. Je vous en conjure, Déesses, guidez-ma main !"

Et alors que Ganondorf s'apprêtait à me faire passer de vie à trépas, je projetai le contenu de ma main vers ses yeux. A la fois surpris par mon geste et incommodé par la poussière, il dévia au dernier moment son arme en explosant la colonnade sous la violence du choc.

- Sale vermine ! Je vais te pulvériser !!!

Mettant à profit ces quelques secondes, je me précipitai malgré la douleur vers mon épée, avant de me retourner pour voir Ganondorf arriver sur moi, prêt à me décapiter. Je parvins à me baisser au dernier moment, et sentis l'air vibrer au-dessus de ma tête. Dans une tentative de la dernière chance, je me jetai alors dans l'ouverture qu'il venait de faire dans sa garde... et plantai Excalibur en plein dans l'estomac, son torse traversé de part en part. Durant quelques secondes, je pus croiser son regard où se mêlaient haine, surprise et incompréhension, puis son épée lui glissa des mains et il s'effondra au sol.

Epuisé par cet ultime affrontement, je ne parvenais pas à détacher mon regard de Ganondorf tant je ne parvenais pas à y croire. Ça y est... c'était désormais terminé. Après tous ces évènements, j'avais enfin réussi. Ganondorf mourant, la barrière se désintégra d'elle-même. De son côté, Loruléa se mit à courir vers moi, avant de faire la moue en voyant mes trop nombreuses blessures.

- Tu es vraiment dans un sale état, tu sais ? Mais bon, tu devrais pouvoir t'en tirer.
Un râle venant de Ganondorf nous arrêta cependant.
- Ga... min...
Lentement, je m'approchai de lui. Il saignait abondamment, et ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'il ne meure.
- Ga... min... Dis-moi... pourquoi... pourquoi devons-nous... nous affronter... en permanence ?

Cette question qui venait du plus grand ennemi d'Hyrule me surprit complètement. L'idée qu'il puisse éprouver du remord semblait complètement impensable. Mais en y réfléchissant, c'était lui qui portait le plus lourd fardeau. Détenteur de la Force, il était condamné à être la réincarnation du Fléau, et à mourir de nos mains. C'était une vision que je n'avais envisagée jusqu'alors, et je ne pouvais qu'éprouver un léger sentiment de honte, toute trace de colère m'ayant quitté. Pris de pitié pour mon plus grand ennemi, je pris une de ses mains.

- Je ne saurais expliquer pourquoi cette boucle se répète. Héros, Princesse, Fléau... nous nous battons, nous mourrons et nous renaissons. C'est sans fin. Mais qui sait ? Peut-être qu'un jour, nous pourrons mettre un terme à ce cercle vicieux, et cesser de nous entretuer.
- Ah... ça serait parfait... moi... le pouvoir... et plus de héros pour m'arrêter.
Alors qu'il disait ces mots, je sentis brusquement sa poigne bloquer mon bras, tandis que je voyais avec horreur une sinistre boule de lumière ténébreuse se former sur son autre main.
- Je vais... mourir... mais pas avant... de finir ce... que j'ai... commencé...
Il plaqua alors violemment sa paume sur ma tête, et une horrible sensation de froid se mit alors à m'envahir.
- Pauvre idiot... Puisses-tu... errer à jamais... dans le royaume des ombres...

Je ne m'aperçus même pas de sa mort tant je souffrais. Jamais je n'avais ressenti une telle douleur. Un froid glacial envahissait chacune de mes cellules, et j'avais l'impression que des serres de feu s'enfonçaient dans mon crâne et mon coeur. Et alors que ma tête allait comme exploser, je lâchai un hurlement déchirant avant de laisser les ténèbres m'envahir.

Epilogue   up

Extrait du journal de Son Altesse la Princesse Tetralyna Zelda

Quinze jours se sont écoulés depuis le violent combat dans la grande salle du palais. Quinze jours depuis la fin du règne de Ganondorf et le retour de la paix en Hyrule. Mais aussi quinze jours durant lesquels nous n'avons cessé de chercher Link, mais hélas en vain. Malgré l'envie de ma soeur de poursuivre les recherches, il a fallu nous rendre à l'évidence. Link avait bel et bien été vaporisé sous nos yeux par Ganondorf ; seule Excalibur avait pu être retrouvée. Cette nouvelle fut extrêmement difficile à accepter autant pour nous que pour les autres. Impa était encore à l'hôpital et fulminait de ne pas pouvoir aider, tandis que le Prince essayait de soutenir Amipha inconsolable depuis la disparition de son "grand frère". En ce qui me concerne, je ne pouvais qu'éprouver du regret et de la honte. Loruléa et moi nous étions comportées terriblement mal avec Link, et malgré cela il avait sacrifié sa vie pour nous aider. Quant à ma soeur, si elle ne laissait rien paraître en public, je pouvais entendre ses sanglots le soir dans sa chambre. La mort de Link l'avait bien plus touchée qu'elle ne voulait l'admettre. Bien que cela semble surprenant, je crois qu'elle avait fini par avoir des sentiments envers Link.

Mais bien que sa perte nous afflige tous, nous ne pouvons pas laisser la tristesse nous envahir. Le Royaume doit être reconstruit, et nous pouvons compter pour cela sur l'aide des autres peuples. Piafs, Gerudos, Zoras... jamais depuis le Grand Chaos nous n'avions vu une telle solidarité. C'est par notre union et par nos sacrifices communs que nous pourrons à nouveau retrouver la paix. Nous ne devons jamais oublier ceux qui sont tombés en ce jour pour elle, et un mémorial en leur honneur sera bientôt achevé au coeur même de la Citadelle.

Au vu de tout ce qui s'est passé, ma soeur, se sentant responsable, souhaitait ne pas revendiquer le trône. Mais après une longue discussion avec l'ensemble des dirigeants, nous avons pu trouver un compromis. Etant donné que seule la détentrice du fragment de la Sagesse peut devenir reine, il y aura pour la première fois non pas une mais deux dirigeantes pour Hyrule. Nous avons malheureusement commis beaucoup d'erreurs auparavant, aussi sommes-nous décidées à montrer au reste du monde que nous méritons la confiance qu'il nous accorde, et nous veillerons à ce qu'Hyrule retrouve un âge d'or digne de l'Ancien Temps.

Ayant connaissance de l'immense puissance de la lyre de la Déesse, et dans l'intérêt de tous, il a été décidé qu'il valait mieux qu'elle ne subsiste que dans les légendes. Son pouvoir est bien trop attirant et personne ne saurait prédire ce que l'avenir nous réserve. C'est pourquoi, d'un commun accord avec tous les peuples, nous l'avons redéposée dans son sanctuaire, et scellé son entrée ainsi que le passage secret. Et afin de pouvoir nous assurer que plus personne ne puisse un jour être tenté par sa puissance, nous fîmes s'écrouler la caverne, achevant de faire disparaître cette relique ancestrale. Quant à l'Epée de Légende, elle repose dans la grande salle, aux pieds de la statue de celui qui, en ces temps troublés, a su ramener l'espoir et le courage de nous battre pour ce qui est juste.

Ô Grandes Déesses ! J'ignore si Link est mort, mais si par miracle il est encore vivant, puissiez-vous veiller sur lui et le ramener parmi nous. Il a fait bien plus qu'il n'en devait pour ce royaume, et si quelqu'un mérite de vivre, c'est bien lui. Nos pensées t'accompagnent Link. Où que tu sois, nous ne t'oublierons pas.

* * *

Finalement, être mort était une drôle de sensation, mais ce n'était pas ce à quoi je m'attendais. J'avais l'impression d'être en train de chuter continuellement dans un puit sans fond. Je me retrouvais plongé dans le noir complet, et je n'avais absolument aucune idée de l'environnement autour de moi. Était-ce donc ça la mort ? Errer dans un néant absolu ? Mais si j'étais mort, pourquoi ressentais-je encore les nombreuses blessures sur mon corps ? Était-ce dû à la malédiction lancée par Ganondorf... ou bien s'agissait-il d'autre chose ?

* * *

A la suite d'une chute interminable qui me parut durer des jours, mon corps entra en contact avec une surface sortie de nulle part. Elle était dure et froide, et ressemblait à de la roche au toucher. Cela devenait de plus en plus étrange. Malgré la douleur et l'obscurité totale, je tentai de me relever afin d'explorer un peu plus cet endroit. Mais avant de pouvoir y parvenir, je sentis une légère piqûre au niveau de mon cou. Presque aussitôt, je sentis mes membres s'engourdir, tandis que mon esprit s'embrumait. J'essayais de crier, mais mon corps refusait de m'obéir. Du poison... malgré toutes les morts possibles que j'avais pu imaginer, je n'aurais jamais cru finir ainsi. Incapable de réagir, je me vis de nouveau tomber au sol, sans doute définitivement cette fois-ci.

- Tiens tiens... Mais regardez donc qui nous avons là !
Et juste avant de sombrer dans l'inconscience, je vis deux points rouges me regarder fixement, tandis qu'autour résonnait un rire cruel.
- Bienvenue Link... Bienvenue dans ton pire cauchemar...

FIN

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "USSYorktown". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 30.04.25