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The legend of Zelda : The Lonely Knight

Ecrit par Optoling
Chapitres 1 à 11   •   Chapitres 12 à 13
Chapitre 12 : Fait de sable et de rancoeur   up

Il était assailli par mille visions et sensations à la fois : les parois d'une grotte étroite - l'étendue de sable qui paraissait sans fin - ses poumons qui lui brulaient aux heures les plus chaudes de la journée - les regards remplis d'horreur des femmes Gerudos à sa vue.

Il n'était qu'un petit garçon… et c'était bien là tout le coeur du problème. Et ça, il s'en était rendu compte dès son plus jeune âge. Les visons s'accélérèrent. Il entendit sa mère qui lui ordonna de fuir, il se vit courir dans le désert sans fin. Et les guerrières Gerudos le rattrapèrent et l'encerclèrent avant de lui asséner des coups. Le petit garçon perdait son souffle, il saignait abondamment, son être tout entier le faisait souffrir et il sentait la vie le quitter.

"Pourquoi me tuer ? Pourquoi ? Je suis le dernier espoir de ce peuple. Tenez-vous donc à vivre coincées dans ces régions arides ?"

Puis le petit garçon comprit ce qui poussait les guerrières à lui faire du mal. Il n'était plus un enfant frêle et effrayé. De son corps s'échappait un monstre infâme qui grossissait à vue d'oeil.


Le jeune homme reprit lentement connaissance. Il avait un visage taillé à la serpe et un nez aquilin, ses longs cheveux d'un roux très foncé étaient attachés à son dos. Ses épaules étaient larges et son torse en partie laissé nu révélait une peau bronzée par plusieurs années de vie dans le désert. Il sentit ses muscles se détendre d'un coup et ses pensées s'éclaircir.

Il s'était assoupi durant sa méditation, et il avait encore fait un de ces étranges cauchemars. Contrôler des monstres lui demandait une grande quantité d'énergie, Ganondorf s'endormait couramment après cette délicate opération. Autour de lui, des murs en grès et en terre cuite ainsi que quelques bougies qui offraient un éclairage très faible. La pièce était encore fraiche à cette heure de la journée. Soudainement, il entendit une voix résonner à l'intérieur de sa tête. C'était celle de Kotake, l'une de ses mères adoptives :

"Rends-toi à nos quartiers sans plus attendre."

Le ton était catégorique, les Twinrowa le conviaient. Ganondorf se leva avec souplesse. Il sortit de sa salle de méditation et commença sa marche à travers le Temple de l'Esprit. Les sombres couloirs sans fin semblaient s'enchainer, mais il connaissait l'endroit comme sa poche et progressait avec aisance. Il atteignit finalement une salle baignée de lumière : les quartiers principaux. Ces derniers faisaient une centaine de mètres en longueur et en largeur. De grandes rangées de piliers passaient de manière symétrique aux abords de la pièce, et une gigantesque statue représentant la 9ème Héroïne Gerudo était placée contre le mur de la façade ouest. C'était l'endroit le plus fréquenté du temple et il y régnait un genre de brouhaha permanent. En effet, des yigas ainsi que quelques femmes Gerudos vaquaient à leurs occupations dans ce temple devenu un véritable refuge. Ils transportaient des armements, entretenaient les lieux ou encore s'entrainaient au combat. Et tous l'admiraient.

On lui adressait des signes de tête, on baissait les yeux à sa vue, on lui jetait des regards empreint d'un profond respect, c'était manifeste, on l'admirait, voir même on l'idolâtrait. Ganondorf en avait conscience et appréciait s'amuser de ce pouvoir. Les yigas particulièrement étaient de véritables fanatiques et le voyaient comme une divinité. Ce qui en soit était le cas. Il était le seul détenteur de la Triforce de la force, le plus habile des guerriers, le plus perfide des sorciers, un meneur d'hommes charismatique. Et même si sa puissance n'était contestée de personne, il avait peur. Peur de ses mères adoptives les Twinrova. Si lui était admiré en ces lieux, les vielles sorcières du désert, elles, n'inspiraient que de la méfiance et de l'effroi.

Ganondorf atteignit le centre de la pièce, descendit des marches et se rendit proche de la gigantesque statue aux pieds de laquelle se trouvait une entrée. Devant lui la dernière ligne droite. Un énième long couloir aux murs de grès et de terre cuite, avec des rangées de piliers et un tapis rouge, ce qui donnait à ces lieux une certaine prestance. Au fur et à mesure que Ganondorf progressait, il sentit une odeur d'encens de plus en plus forte, jusqu'à arriver devant une grande porte fermée. Devant celle-ci, Ganondorf remarqua un visage familier, celui du chef des yigas, Kogha. Sa tenue rouge était salie par le sable du désert, il boitait légèrement et avait retiré son masque, révélant un visage aux traits fins. Son retour était inhabituel. Jusqu'à présent, il servait d'espion au sein même de la famille royale sous l'identité de Rainier, un vétéran de l'armée d'Hyrule. Plus personne n'avait de nouvelles depuis plusieurs jours, et il reparaissait pour la première fois depuis maintenant presque quatre ans. Le sang de Ganondorf ne fit qu'un tour : Kogha avait été démasqué. Il avait peut-être même vu le fameux chevalier servant !

Le chef des yogas baissa la tête avec une expression de honte en le voyant arriver.

- J'ai été repéré mon seigneur. Je pensais pouvoir tuer ce gamin, il avait l'air si faible.
- Tu as rencontré le hér…

Au même moment, la porte s'ouvrit avec fracas. Une soldate Gerudo fit irruption et les introduisit dans l'antre des sorcières du désert. La pièce était sombre et l'odeur d'encens devenue étouffante. Au fond de la pièce se trouvaient deux formes assises côte à côte. Leur visage n'était pas visible car encapuchonné sous un long drap noir. La voix légèrement rauque d'une vielle femme s'éleva alors.

- Approchez.

La porte se referma d'elle-même. Kogha fit quelques pas en avant et se mit à genoux. Puis les deux femmes enlevèrent leur capuchon, révélant deux visages presque identiques, avec une peau verdâtre et flétrie. La seule différence reposait sur la couleur de leurs cheveux. Ceux-ci étaient littéralement constitués des éléments qu'elles maitrisaient : à gauche Koume, la sorcière du feu, et à droite Kotake qui maitrisait la glace.

- Je viens à vous parce que j'ai failli à ma mission. J'ai mis en péril ma couverture pour tenter de tuer la princesse, mais j'ai été vaincu.
- Par le chevalier ? s'écria Koume.
- Il est donc devenu puissant si rapidement ! compléta Kotake.

Ganondorf s'était pour sa part mis à l'écart dans la pièce et se tenait debout les bras croisés. Il était très curieux, et toute son attention se portait sur Kogha.

- Non. En fait, la princesse voulait comme je l'avais dit dans de précédents messages partir accomplir son pèlerinage dans les trois grandes sources. J'ai voulu l'en empêcher et lui ai donc tendu un piège pour tenter de l'assassiner.
- Impossible que ça marche. Le fameux héros ne faillirait pas devant un simple yiga, intervint Ganondorf.
- Et pourtant monseigneur. J'ai failli en venir à bout. Il serait mort si cette guerrière Sheikah n'était pas intervenue.
- Tu dis que tu as failli l'assassiner ? demanda Koume avec étonnement.
- Son sang allait couler oui.
- Il est donc bien plus faible que prévu pour le moment, dit Kotake avec malice.

Ganondorf au contraire se renfrogna. Il s'ennuyait terriblement, et il souhaitait ardemment faire ses preuves. S'il se contentait d'écraser l'élu de la légende le moment venu, il n'en tirerait aucune gloire. Les sorcières avaient surestimé ce gamin.

- Toujours est-il que tu as échoué. Nous n'avons plus d'informateur au sein du château, se rembrunit l'une des sorcières.
- Tu n'as plus le droit à l'erreur. Sinon tu sais ce qui t'attend.

La menace ne laissa pas Kogha de marbre et il tenta en vain de réprimer un léger frémissement. Les sorcières du désert se tournèrent ensuite vers Ganondorf.

- Nos deux ennemis ont enfin commencé leur voyage. Ils risquent de devenir de plus en plus dangereux. Mais la dernière source se trouve dans le désert Gerudo, et d'ici à leur arrivée, nous les occuperons. Ils n'ont aucune idée de ce qui les attend dans les sources du courage et de la sagesse.

Kotake et Koume se regardèrent et rirent toutes deux, un peu à la manière de deux gamines qui préparaient un mauvais tour.

- Le plan est simple. Tu tends un piège aux élus qui finiront tôt ou tard par venir. Tu en isoles l'un des deux.
- Et je le tue pour m'emparer de sa Triforce, dit Ganondorf.
Kogha fit alors une remarque.
- La dernière source est toujours sous le contrôle de la reine Gerudo.

Sa remarque était désobligeante, mais tout à fait pertinente, Ganondorf le savait. Ils n'étaient que des clandestins. Ils avaient beau avoir réuni une petite armée de yigas et de rebelles Gerudos, tant que la reine était debout le désert n'était pas sous leur contrôle. Les Twinrova prirent un air solennel avant de s'adresser à Ganondorf.

- Le moment est donc venu de passer à l'action.
- Nous nous y préparons depuis longtemps.
- Ganondorf, tu vas devoir faire tes preuves.
- Réunis une armée.
- Et pars pacifier le désert. La source de la force doit être à tout prix sous ton contrôle.
- Mais toi, contrairement à Kogha, tu n'as pas le droit à l'erreur. Tu es...
- Notre champion !

Les Twinrova avaient congédié Kogha et Ganondorf hors de leur quartier. Tout plein d'émotions animaient le jeune Gerudo, et celle qui dominait, c'était l'impatience. Il avait carte blanche et allait mener une opération militaire de grande envergure. On l'avait chassé de la Cité Gerudo il y avait maintenant seize ans, il avait dû fuir ce qui lui servait de maison et abandonné sa mère biologique. Il avait couru dans le désert jusqu'à en perdre son souffle. Puis il eut alors trouvé le temple des sorcières et elles l'accueillirent. Elles avaient fait de lui un véritable guerrier, elles lui avaient appris à maitriser ses étranges pouvoirs, elles l'avaient alimenté avec leur haine, et très bientôt, il allait devenir leur poing armé. Ganondorf comptait bien chasser la Reine Gerudo afin d'accomplir la vengeance de ses mères adoptives, et aussi la sienne. "Son" peuple méritait bien plus que ce cruel désert. Et il était plus qu'irrité de voir une partie de ces fières guerrières se contenter de ses terres arides.

- Monseigneur, avez-vous une stratégie en tête ?
Ganondorf ne lui accorda pas un regard et continua sa marche tout en lui parlant.
- Quelle question. Il n'y a pas encore de stratégie pour le moment. Réunis nos meilleurs éléments. Nous devons préparer cette opération, avec un plan efficace et le matériel nécessaire. Une guerre civile est sur le point de faire rage, nos ennemis n'ont encore aucune idée de ce qui les attend.

Chapitre 13 : Un bien morne cimetière   up

Link s'empourpra sous le coup de la colère. Le gouffre devant lui allait être infranchissable.

Le jeune homme faisait avec les villageois l'état des lieux. Et sans surprise Cocorico s'était fait dévaster par le tremblement de terre. La plupart des maisons tenaient, mais trois d'entre elles reposaient dans la fosse sous plusieurs tonnes de gravats, et d'autres menaçaient de s'écrouler. Quant au soldat qui gardait la grille, son corps demeurait introuvable, mais ce n'était pas utile pour le déclarer mort.

L'abîme constituait un obstacle impressionnant. On pouvait en distinguer le fond, mais la chute mortelle faisait estimer à Link que la profondeur devait être d'environ cent-vingt mètres. Impossible d'accéder à la route en sautant, et construire une passerelle mettrait plusieurs jours vu l'instabilité du sol. Le village Goron allait être inaccessible en passant par Cocorico.

Encore un village dévasté, et l'auteur de ces odieux crimes continue de se cacher.

Mais Link commençait à avoir des doutes. La destruction de Cocorico ne lui semblait pas anodine et devait être liée de près ou de loin au Roi Démon. Dans ce cas, qu'était la créature qu'il avait entendu rugir ? Son grand ennemi devait probablement être un homme, et le son en question était tout sauf humain.

Il hocha la tête. Non, pas le moment de penser à ce genre de choses, il avait plein d'autres préoccupations bien plus concrètes. Il se mit en marche d'un pas décidé vers Alban, probablement le seul homme susceptible d'avoir des réponses à ses questions. Le maire du village était justement avec Zelda et tentait comme il pouvait de rassurer la population. Il se tenait proche des restes de l'estrade qui s'était partiellement écroulée car peu solide.

- Il n'y a pas d'inquiétude à avoir ! Nous sommes encore en vie et le danger est passé !
Les villageois ne l'écoutaient pas. Quelques familles pleuraient leurs biens disparus, d'autres étaient restés silencieux, en état de choc.
- La princesse et son chevalier sont encore avec nous ! Vous ne risquez rien !

Alban s'agitait, mais il offrait un spectacle bien pitoyable. Les habitants partirent les uns après les autres pour aider leurs pairs à faire l'inventaire de ce qui avait été détruit, ou pour coucher les enfants puisque la journée touchait à sa fin.

- Tu ne réussiras pas à les rassurer. Nous n'avons plus d'accès à la Montagne de la Mort, alors si tu veux te montrer utile j'aurai des questions à te poser. "
Link s'était surpris à prendre un ton agressif. Zelda le remarqua et prit la défense du maire.
- Link, Alban n'est pas responsable de cette catastrophe.
- Si nous étions partis plus tôt n…
- Nous serions peut-être morts ! Parce que personne ne sait à l'heure actuelle ce qui se passe dans cette montagne.

Link devait admettre qu'il y avait une part de vérité dans ce que disait Zelda. Mais il restait malgré tout persuadé qu'ils avaient perdu trop de temps en ces lieux. Malgré tout, il prit une grande inspiration, et s'adressa en mobilisant toute l'amabilité qu'il put.

- J'ai maintenant besoin d'une carte. Et de vous Alban, allons discuter ailleurs.

Ils étaient de retour dans la maison du maire, cette fois-ci installés dans la salle de réception. Sur une grande table mal rangée, Alban jeta avec précipitation une carte de la région d'Ordinn et ses environs. Le maire leur avait expliqué sur le chemin qu'il existait peut-être une solution pour passer outre le gouffre. Suite à quoi ils les avaient emmenés chez lui sans plus de précision.

- Votre problème est donc le suivant. Vous voulez accéder à la Montagne de la Mort afin de visiter les Gorons et la source du courage. Mais l'accès est à présent bloqué.
- Vous ne faites qu'énoncer des faits.
- Plus important encore, il vous est impossible de déterminer jusqu'où la faille s'étend.
Link s'impatientait de plus en plus. Quant à Zelda, elle compléta le résumé d'Alban :
- Le plus embêtant, c'est que nous allons être obligés de contourner toute la chaîne de montagne autour de Cocorico, pour pouvoir ensuite longer la Montagne de la Mort, et peut-être espérer tomber sur un endroit dans lequel l'abîme n'est pas présent.
- Et ce détour risque de nous prendre plusieurs jours de plus alors que des choses anormales ont l'air de se passer dans cette région, acheva Link. Mais pour la énième fois, quelle est votre suggestion ?
- Et si je vous disais qu'il existe un moyen de traverser le relief autour de Cocorico, ce qui pourrait vous épargner des jours entiers de voyages ?
- Je vous répondrais probablement que nous sommes intéressés, et qu'à titre personnel, je ne comprends pas l'intérêt de faire tout ce cérémonial pour nous parler d'un passage secret.
Alban fut surpris de la perspicacité du jeune homme.
- Si j'hésite à vous en parler, c'est parce qu'il y a bel et bien un accès caché, mais il se situe dans le cimetière.
- Un accès dans le cimetière ? Et alors, vous ne croyez tout de même pas aux histoires de fantômes ? répliqua Link, incrédule.
- Personne ne sait vraiment ce qu'il se cache dans les recoins de notre village. La seule chose claire c'est qu'il s'y est passé de drôles d'événements. À l'heure actuelle, seul Igor le fossoyeur y vit, et il nous avait mentionné plusieurs disparitions il y a maintenant quelques années. S'enfoncer trop loin au milieu des tombes, c'est prendre le choix de mettre sa vie en péril.
- Votre accès caché se situe-il à l'intérieur d'un tombeau ?

Le silence coupable du maire était une réponse on ne peut plus claire. Link et Zelda se regardèrent. Ils ne faisaient aucun doute, l'un comme l'autre se fichait bien de passer par un cimetière la nuit si ça pouvait permettre de gagner de précieuses journées de voyages. Zelda dit à Alban sur un ton rempli de détermination :

- Nous ne sommes pas à une histoire de fantômes près. Dans notre quête, il ne fait aucun doute que nous aurons tôt ou tard à affronter des dangers, nous ne pouvons pas nous permettre un détour par peur de l'inconnu.
Alban eut l'air lassé de cette histoire et s'affaissa l'air de dire : "je vous aurais prévenus".
- Alors suivez-moi à nouveau, partons faire une petite visite nocturne du cimetière.

C'était un soir de nouvelle lune. L'obscurité complète ne laissait comme seul éclairage qu'une petite lanterne tenue par Alban. Les arbustes ainsi que les tombes défilaient devant les yeux de Link, et formaient un véritable dédale de pierres tombales et de végétations. Sur les épitaphes de quelques sépultures, le jeune homme aperçut même des caractères en Hyrulien ancien, démontrant ainsi l'âge plus que vénérable de ce morne cimetière. Link ne s'estimait pas facilement impressionnable, mais il ne put rester stoïque face à ce qu'il voyait, où plutôt ce qu'il ne pouvait voir. L'atmosphère lugubre et les bruits environnant n'aidaient pas. Entre les craquements de branches, les hululements d'une chouette, les croassements de quelques corbeaux… La faune et la flore locales offraient tout un panel de sons invitant les imprudents voyageurs à faire machine arrière.

En plus de cet étrange décor, les deux jeunes gens se faisaient guider par un drôle de personnage. Igor avait un crâne chauve et allongé, et il lui manquait une grande partie de sa dentition. Cet homme, trapu et de taille moyenne, tenait une pelle dans sa main et n'était qu'en partie éclairé par la lanterne du maire. Ce fut d'ailleurs le fossoyeur qui prit la parole de sa voix étrangement perçante :

- Nous approchons de votre destination.

Link regarda si la princesse allait bien. Comme lui, elle devait se sentir oppressée par les lieux, mais elle avait en apparence nullement perdu sa détermination. Ils faisaient le bon choix, c'était ça ou faire un détour et avoir la certitude d'arriver trop tard chez les Gorons.

Le petit groupe s'arrêta sur un geste d'Igor, face à un cul-de-sac. Devant eux, une grande tombe dans un renfoncement de la montagne. Alban fit passer la lampe proche d'inscriptions et Zelda lut à haute voix :

- Ci-git le Roi Ulric III d'Hyrule et tous les infidèles.
- Attends deux secondes… Ulric III comme le roi d'Hyrule ?
- Oui, c'est bien lui. Ou plutôt c'était. Quoique personne ne sait s'il est mort ou s'il hante encore les lieux. Tous les pilleurs de tombes présents en Ordinn ont fini par trépasser à l'intérieur de son tombeau.

Ulric III faisait partie des rois d'Hyrule les plus tristement célèbres du royaume. Un dirigeant à l'origine d'une grande trahison envers les autres peuples, et qui avait comploté afin d'asservir les Zoras, Gorons et Gerudos. Sa tentative resta heureusement infructueuse, et il fut destitué. Il devait être condamné à l'exil d'après la sentence d'un tribunal populaire mené par son propre frère. Mais il ne se résigna pas, au contraire, il prit les armes avec ses partisans causant alors une guerre civile qu'il eut perdue. Traitre ou pas, son corps et celui de ses partisans furent enterrés, ou plutôt entassés dans de sombres catacombes situées sous Cocorico. Il était le seul roi à ne pas avoir été enterré dans la région du centre d'Hyrule en punition pour ses méfaits. Ce lieu n'avait pas été construit pour se recueillir, il l'avait été pour garder souvenir des erreurs passées.

- En dessous, ce sont des catacombes. Les architectes à l'origine de ce petit bijou ont laissé un accès caché ici même.
Igor parlait de sépultures avec une note d'admiration et d'amour dans sa voix. Cette passion aussi étrange fut-elle était ce qui animait le fossoyeur. Alban ajouta aux explications d'Igor :
- Le fait le moins connu et qui nous intéresse dans le cas présent, c'est qu'il existe un autre accès caché à l'extérieur de Cocorico. Autrement dit, si vous traversiez les catacombes, vous finiriez par trouver un passage qui vous mènerait au pied de la Montagne de la Mort. Il ne vous restera plus qu'à trouver un moyen de faire l'ascension sans passer par la route.

Les chevaux étaient restés à Cocorico puisque inutilisables pour escalader un mont. Même s'il n'en était pas encore à l'ascension de la montagne, Link calcula mentalement s'ils auraient assez de vivre pour tenir. Quant à Zelda, elle prit la parole et posa la grande question évidente qu'Alban semblait étrangement attendre pour continuer sa présentation.

- Comment trouve-t-on cette sortie ?
- Je n'en sais rien, personne ne connait sa localisation exacte, et aucun voyageur n'est parvenu à faire de voyage aller et retour dans les catacombes depuis maintenant bien longtemps. Ces informations, nous les tenons de livres écrits par les bâtisseurs de ces lieux eux-mêmes, en des temps où les mauvais esprits ne pullulaient pas dans les cimetières. Tout ce que je suis en mesure de faire, c'est vous dire comment ouvrir ce passage, combien de temps ça vous prendra de le traverser, et vous assurez qu'il existe une sortie.

Zelda se montrait de plus en plus captivée par cette affaire. Quant à Link, son scepticisme était flagrant et pleinement assumé. Suite à ces quelques vagues explications, Alban posa la lanterne et se plaça droit face à la gravure. Il prit dans sa main un petit livre où d'étranges dessins y étaient représentés. Il mit ensuite ses doigts sur plusieurs lettres du mur et appuya dessus. Dans un premier temps, rien ne se passa. Puis, un long crissement perçant se fit entendre : de derrière eux venait un bruit de chaines et de rouages. Une trappe cachée sous le sol s'ouvrit très lentement, laissant apparaitre une longue et étroite cage d'escaliers en pierre.

Link et Zelda réajustèrent leur sac de voyage sur leur dos et se tournèrent pour saluer la petite escorte. Alban avait visiblement quelques frissons devant l'entrée obscure, et Igor était resté extasié face à l'ouverture des catacombes. On donna aux deux élus de quoi allumer des torches, puis le maire de Cocorico mit sa main sur l'épaule de Link et Zelda en leur souhaitant bonne chance. Suite à quoi, les deux jeunes gens s'engouffrèrent dans le passage qui se referma de lui-même quelques secondes plus tard, les laissant avec pour seule source de lumière une torche allumée à la va-vite. Le jeune homme soupira.

- Je ne sais pas si tout ce cérémonial était nécessaire, mais en tout cas Alban sait comment ménager le suspense.

Zelda rit de bon coeur. Le dernier éclat de rire qu'ils allaient entendre de la nuit.

* * *

Cela faisait maintenant de longues minutes qu'ils descendaient l'escalier. L'architecture de ce dernier était plus qu'hasardeuse avec le plafond bas et les marches extrêmement irrégulières. Link faisait donc attention, il ne tenait pas à se rompre le cou ou perdre la torche. Après encore de longues secondes de tâtonnements et de galères, ils aperçurent enfin une source de lumière, provenant de devant eux, à un endroit où les escaliers semblaient s'arrêter. Ils continuèrent leur avancée. Le chemin les fit déboucher sur une salle un peu plus large, éclairée par d'étranges crânes incrustés dans les murs desquels s'échappait une inquiétante lueur bleutée. Zelda et Link s'avancèrent et se retrouvèrent bloqués par une imposante porte sur laquelle étaient gravées d'autres inscriptions en Hyrulien ancien. Le jeune homme y passa sa torche et Zelda lut d'une voix lente et modulée :

- Si vous payez le prix de la cendre aux morts, de vos yeux vous apercevrez les ossements et les trésors.
- C'est sans aucun doute possible une énigme. Comment la résoudre, c'est une autre histoire.
- Je pense avoir une idée. Retourne-toi Link ! s'écria Zelda.

Il n'y avait pas prêté attention mais se trouvait au centre de la pièce un drôle d'objet : un genre de grand brasero en pierre. Link se pencha et remarqua qu'à l'intérieur se trouvait un mélange de bois séché, d'ossements humains et de cendres.

- Le prix de la cendre… Ça pourrait être en lien avec le feu.
- Surtout qu'il y a des os, ce qui expliquerait pourquoi il faut le payer aux morts.

Link empoigna la torche et mit le feu au brasero tout en s'assurant de pouvoir garder leur seule source d'éclairage fiable au cas où. Des flammes s'élevèrent, et la porte se mit à bouger, faisant tomber la poussière qui s'y était accumulée.

- Bien trouvé Zelda. Heureusement que vous avez appris à lire des langues mortes.

La jeune femme ne fit pas spécialement attention à la remarque, elle s'était déjà engouffrée dans l'ouverture pour voir ce qui se trouvait de l'autre côté. Elle lui dit d'une voix assurée :

- Point de fantômes ici.

Tout de même curieux, Link fit quelques enjambées et traversa la porte. Devant eux, encore le même genre de couloirs en pierre grise et froide, éclairé par les même crânes incrustés dans les murs. Seulement, il y avait pleins de croisements, ce qui leur laissait un grand nombre d'itinéraires possibles.

- Nous ne pouvons pas perdre trop de temps à errer dans des couloirs. Nous sommes limités en vivres et pressés par le temps.
- Malheureusement je ne connais aucun moyen sûr de traverser un labyrinthe.

Link prit un instant de réflexion. Hors de question qu'ils s'éparpillent et s'éloignent du point par lequel ils étaient entrés avant d'avoir un moyen de se repérer. Ils fouillèrent les couloirs avec frénésie dans le but de trouver une solution à leur problème, tout en faisant en sorte de rester à proximité de la salle du brasero. Les chemins se ressemblaient en plus d'être nombreux. Mais la chance sourit aux deux élus. Link aperçut sur le sol au détour de l'un des corridors une petite forme marron et ovale. Un gland, suivi d'un autre, et encore un autre…

- Venez, quelqu'un a laissé des traces !
Zelda accourut et put faire le même constat que Link. Une autre personne était passée avant eux et avait probablement laissé des glands pour se repérer. La princesse croisa les bras et dit :
- Nous ne perdons rien à suivre leur trace. Dans le pire des cas, nous ferons demi-tour avant de revenir à notre point de départ.

Le jeune homme acquiesça et ils reprirent leur route en suivant la traînée végétale, qui faisait tache dans ces souterrains. Le passage était interminable, mais Link remarqua un changement progressif dans l'architecture. Les plafonds s'élevaient en voûte, les gravures ainsi que les crânes devenaient plus courants. L'odeur se faisait de plus en plus putride aussi, et les glapissements des rats très fréquents. Link préférait rester sur ses gardes avec ce genre de bestioles. En se faisait mordre, il risquerait d'attraper quelques maladies mortelles au vu de la dégradation des catacombes et de l'hygiène de vie des rongeurs. Sa main restait en permanence sur le pommeau de son épée, accrochée dans son dos. Le jeune homme jeta un oeil sur la princesse. Elle aussi se tenait sur ses gardes, prête à dégainer son glaive à tout moment. Elle n'avait pas l'air rassuré, mais restait tout de même très sereine pour une princesse qui avait vécu sa vie dans un château, et qui se retrouvait coincée dans un tombeau géant presque du jour au lendemain.

- Je me posais une question qui risque de vous paraitre étrange. Vous ne vous sentez pas un minimum effrayé par la présence d'ossements humains ?
- Absolument pas. Pour tout te dire, j'ai même déjà vu un cadavre. Donc ce ne sont pas quelques crânes qui vont m'impressionner.
Link ralentit. Il se tourna vers cette dernière.
- Dans quelle circonstance vous auriez pu vous retrouver face à un cadavre ?
- Hum... c'est une drôle d'histoire.
- Vous avez du temps pour la raconter, le chemin n'a pas l'air de prendre fin.
Zelda toussota pour s'éclaircir la voix.
- Si tu insistes. Cet événement remonte à quand j'avais sept ans. Je me suis levée, puis dans l'espoir de manger une sucrerie, je me suis rendue aux cuisines. Dans ces dernières travaillait une servante qui m'aimait bien. Elle avait pris l'habitude de me donner une petite part de gâteau avant que ce ne soit l'heure du déjeuner, ce qui était bien sûr interdit. Mais elle ne savait pas me résister et finissait toujours par craquer à un moment.
Zelda eut un léger rire, puis redevint plus grave.
- Puis un matin pas fait comme un autre, je l'ai retrouvée morte, baignant dans son sang.
L'anecdote de Zelda jeta un froid dans la conversation durant quelques secondes.
- Elle a été assassinée, j'imagine.
- On pense qu'il devait s'agir d'une histoire de vengeance. Une enquête a été menée, on s'est rendu compte qu'avant de servir notre famille, cette servante avait eu un passé mouvementé. Mais à l'heure actuelle on ne sait toujours pas qui l'a tuée, et pour quelles raisons précises.
- Mais absolument personne ne s'est inquiété de votre sécurité ? C'est une histoire de meurtre au sein d'un château, votre vie aurait pu être mise en danger.
- Malgré le traumatisme que ça a été, je n'étais pas concernée par cette histoire. Le meurtrier n'en voulait pas à la famille royale.
- Donc vous allez me dire qu'il est possible de rentrer dans le palais comme dans un moulin, tuer qui on veut et s'en sortir indemne ?
- Non, bien sûr que non. En tout cas, il n'est pas aisé de s'attaquer à un membre de la noblesse, les gardes royaux sont très efficaces. Cependant, les serviteurs sont bien plus vulnérables.

Link s'en trouvait indigné. Il voyait bien que les gens de la cour ne s'intéressaient pas toujours au peuple. Il se souvenait encore de son arrivée à Bourg Hyrule et comment il lui avait été difficile de se faire entendre.

- Le traumatisme que ça a dû être pour une enfant...
- J'étais comme paralysée et c'est un soldat qui me trouva dans la cuisine, à côté du cadavre, des heures plus tard. Je n'ai que peu de souvenirs du long moment d'attente devant le corps sans vie de la servante. C'est comme si mon inconscient ne voulait pas que je puisse me remémorer un tel souvenir.
Zelda regarda le jeune homme avec compassion.
- Toi aussi tu t'es retrouvé seul face à la mort.
- Oui, et plus d'une fois. Il y a eu d'abord ma famille décimée suite à une épidémie. Puis le fameux soir où j'ai tout perdu à nouveau.
- Link, je sais que c'est un peu facile de dire ça, mais j'espère que tu réussiras à te construire une nouvelle vie heureuse en tant que chevalier.
Link lui sourit en retour et répliqua d'une voix sûre :
- Je l'espère tout autant. Même si avant de se reconstruire une vie, je vais tout faire pour me trouver en paix avec moi-même, et débarrasser ces terres de notre grand ennemi.
- C'est vrai que le vagabondage à travers les terres sauvages d'Hyrule n'est peut-être pas un idéal. À ce propos…

Link l'interrompit d'un signe de la main, l'intimant de faire silence. Zelda s'exécuta sans poser de questions, car le jeune homme sortit l'épée de son fourreau. Les glands disparurent peu à peu, laissant place à une longue traînée de sang. Les deux héros avancèrent furtivement. Les traces n'avaient que quelques jours d'ancienneté dans un lieu pourtant sans activité humaine. Le couloir devant eux formait un angle droit, bloquant totalement leur vue sur ce qui pourrait se cacher derrière. Link prit son bouclier en main, se mit en garde, fit plusieurs pas rapides pour aller voir où s'arrêtait la traînée pourpre. Puis il se détendit d'un seul coup. Zelda le rejoignit et eut une moue de dégoût. Un humain mort en putréfaction gisait dos au mur juste en face d'eux. Dans ses mains, il tenait une carte et un couteau, et au sol se trouvait un sac de glands qui avait laissé tout son contenu s'échapper.

Mais plus étrange encore, un second cadavre gisait non loin. Celui-ci semblait être une momie décharnée, à la peau terne et rugueuse. Sa tête s'affaissait, et Link devina un genre de masque en bois aux motifs étranges qui couvrait partiellement le visage du mystérieux défunt.

- Qu'est-ce donc que cette chose ? dit Zelda avec dégoût.
- Qui sait ? Moi la première question qui me viendrait à l'esprit, c'est ce que ça fait à côté d'un autre cadavre.
- Peut-être est-ce un pilleur de tombes qui pour une quelconque raison a voulu emporter avec lui une dépouille vieille de plusieurs siècles ?
- Non, ça ne tient pas debout. Ce genre de bien n'a normalement aucune valeur pour un voleur. Mais concentrons-nous, car ce qui devrait nous préoccuper à l'heure actuelle, c'est qu'un humain est mort récemment et que la chose qui l'a tué est peut-être proche.

En disant cela, Link remit son épée dans son fourreau et partit en direction du cadavre le plus récent pour l'examiner. Une fois devant, il s'accroupit. La carte que possédait l'homme était bel et bien celle des catacombes. Le jeune élu la plia et la mit dans sa sacoche. Puis il inspecta plus en détail le cadavre. Il devait dater d'au moins quelques jours et dégageait une odeur répugnante. La cause de la mort restait cependant indéterminable. Des lésions au cou montraient qu'il avait été étranglé. Puis le coeur de Link cessa de battre l'espace de quelques secondes. Au cou du pilleur de tombes, il y avait un autre détail, une plaie. Comme si un monstre avait sucé son sang. Un monstre avec exactement la même forme de bouche rectangulaire que la dépouille masquée à côté de lui.

Link entendit un effroyable cri. Un son inhumain, à la fois aigu et rauque qui semblait venir de partout autour de lui. Il lui sembla que son sang s'arrêta de circuler, il n'arrivait même plus à esquisser le moindre geste. Sa tête bourdonnait, le cri résonnait. Link concentra toutes ses forces pour se tourner vers le corps décharné. Ce dernier, maintenant debout, avançait, les bras en avant très proche de son cou. Puis il commença à l'étrangler. Malgré son apparence frêle et squelettique, il possédait une force insoupçonnée. Sa main froide broya le cou de Link, bloquant sa respiration. Le jeune homme voulut se débattre, appeler à l'aide, utiliser son épée pour se défendre, mais tout cela lui était impossible. Dès qu'il essayait de former une pensée cohérente, le cri revenait en force pour le malmener mentalement. Son champ de vision se brouilla. Ses pieds décollèrent du sol, la chose entreprit d'approcher son horrible visage masqué proche de ses veines. Tout se noircissait autour de Link, il crut voir la mort en face puis reprit conscience d'un coup.

On l'avait lâché, il était étendu face contre terre, et devant lui, la chose était plaquée contre le mur avec le glaive de la princesse planté dans son flanc. Zelda l'avait sauvé ! Mais elle risquait sa vie seule contre un monstre encore prêt à en découdre. La momie se tourna cette fois-ci vers elle. Link ne lui laissa pas le temps de faire plus. Il s'était déjà relevé, s'était rué vers le monstre, et d'un moulinet d'épée tout à fait maitrisé, il lui avait tranché la tête qui retomba mollement sur le sol dur. Link et Zelda, pantelants, tentèrent de reprendre leur souffle.

- Je ne sais pas trop ce qu'était cette chose. Cependant, il va falloir se montrer beaucoup, beaucoup plus prudent à l'avenir.

Zelda acquiesça. Ils préférèrent s'éloigner sans tarder, et aucun des deux n'osa vérifier l'état du monstre. Puis Link sortit la carte de sa sacoche. Le plan du labyrinthe devant ses yeux, il leur était dorénavant impossible de se perdre. Ce qui ne les empêchait pas de regarder nerveusement par-dessus leurs épaules.

Les heures de marche continuaient de défiler, les murs de se dégrader. Link se sentait de plus en plus oppressé dans ces longues salles basses de plafond, et il accéléra le pas. Zelda subissait la cadence sans se plaindre, et se faisait même plus hâtive que lui par moments. Ils aperçurent des sarcophages très vieux posés par terre, ainsi que d'autres de ces mort-vivants masqués. Link et Zelda comprirent que tant qu'ils en restaient éloignés, ils ne risquaient rien. Cela n'empêchait pas le coeur du chevalier de battre à cent à l'heure de peur que le cri retentisse à nouveau.

Après des heures à errer sans qu'il ne se passe rien, ils atteignirent enfin le bout du tunnel. Le jeune homme sut grâce à la carte qu'ils étaient proches de la sortie, mais il leur faudrait pour y accéder pénétrer le tombeau du roi Ulric III. Cette salle un peu spéciale se trouvait séparée du reste de l'édifice par une lourde porte peu accueillante. Link et Zelda poussèrent l'un des battants de toutes leurs forces. Ce dernier leur opposa de la résistance avant de s'ouvrir d'un coup, presque par magie, dans un grand fracas sinistre. Avec l'ouverture de la porte, une odeur de renfermé vint aux narines de Link, comme si le lieu n'avait pas été visité depuis des siècles. La salle était circulaire et étonnamment haute comparée au reste des catacombes. Quelques flambeaux dont s'échappaient d'inquiétantes flammes bleues l'éclairaient, et au centre se trouvait un très grand cercueil de marbre serti de pierres précieuses. Le plus surprenant se trouvait derrière le sarcophage : une imposante armure de chevalier d'un noir de jais, qui tenait un long espadon.

- Link, regarde les inscriptions au mur !
Le jeune homme pivota et posa la torche devenue inutile. Comme l'avait dit Zelda, il y avait des inscriptions, mais aussi des dessins représentant toutes les espèces qui cohabitaient en Hyrule.
- Ces gravures représentent la trahison du roi. Toute cette pièce a été créée dans le but de dénoncer ses odieux actes.

Link regarda partout autour de lui : un pan entier de l'histoire du royaume tenait sur un mur d'une dizaine de mètres. Les inscriptions et les gravures se combinaient pour former une oeuvre admirable. Les deux élus firent progressivement le tour de la pièce et finirent par retourner à l'entrée. Il n'y avait pas la moindre porte de sortie.

- Tu ne t'es pas trompé d'emplacement ?
- Non, il est indiqué qu'il faut atteindre la salle du tombeau du roi.
- Peut-être s'agit-il d'une nouvelle énigme. Nous n'avons pas tout fouillé.
En disant cela, Zelda jeta un regard au cercueil et s'y dirigea pour l'examiner. Link la suivit. Une fois devant, il regarda la princesse s'agiter autour.
- Plutôt que de me regarder, aide-moi à l'ouvrir.
- Etes-vous sûre qu'il s'agit d'une bonne idée ?
- Tu ne vas quand même pas te mettre à croire aux histoires de fantômes d'Alban ?
- Un mort-vivant a failli me tuer aujourd'hui. Alors oui, je me montre un peu plus méfiant quand je me tiens devant le sarcophage d'un antique roi maudit.

Au lieu de l'écouter, Zelda se mit à pousser pour faire basculer le socle. Link comprit qu'il n'arriverait pas à raisonner la princesse et l'aida. Le lourd couvercle finit par s'entrouvrir, et presque aussitôt, un genre de matière noire s'en échappa. Link mit les bras devant son visage pour se protéger et Zelda se baissa.

Il regarda à gauche et à droite mais ne remarqua rien. Zelda fit de même et il croisa son regard surpris. L'étrange matière sombre s'était évaporée comme par magie. Link entendit soudainement un crissement métallique. Il regarda devant lui plus attentivement et comprit. L'armure devant le sarcophage prenait vie. Aussitôt sur ces gardes, le jeune homme dégaina son épée et empoigna son bouclier.

- Zelda, éloignez-vous !

Ses réflexes les sauvèrent tout deux : des yeux d'un rouge vif se mirent à luire derrière le casque de l'armure, et cette dernière se rua immédiatement sur Link en lui assénant un coup très puissant de son espadon. Le jeune épéiste para grâce à son bouclier, mais il sentit une onde de choc traverser tout son corps. La charge avait été tellement puissante que Link fut propulsé plusieurs pas en arrière.

Je ne pourrais pas tenir un deuxième coup de cette puissance, pensa-t-il tandis que l'adrénaline montait en flèche.

Des souvenirs des cours d'Orco lui vinrent. On lui avait déjà parlé d'une armure fantôme qui s'attaquait aux humains. Ce genre de monstre se nommait darknut. Un mauvais esprit qui prend possession d'une armure de chevalier. Mais ces monstres n'étaient censés exister que dans les légendes populaires d'Hyrule.

Pas le temps de réfléchir. Le darknut face à lui n'avait pas besoin de reprendre son souffle et il chargea à nouveau Link. Le jeune homme se prépara. Plutôt que parer, il allait esquiver. Quand l'épée ne fut plus qu'à quelques mètres de son corps, il se laissa tomber et fit une roulade avant de passer derrière le monstre. Il profita de l'ouverture et frappa, mais son épée rebondit contre la lourde cuirasse en métal. Rien n'y faisait, son ennemi ne possédait aucun point faible.

Le darknut se retourna, Link faillit se prendre un coup de coude. Déséquilibré, il risquait de se faire empaler à n'importe quel moment quand Zelda vint l'assister. Elle s'était placée plus loin pour tirer une flèche qui vint rebondir contre la cuirasse. L'attaque n'eut aucun effet, mais elle réussit à déconcentrer le monstre, ce qui permit à Link de partir se mettre à une distance raisonnable de celui-ci.

Impossible de trouver une ouverture, sans compter je n'arriverai à rien avec mon épée si je me contente de frapper fort.

Link ne savait pas s'il existait un moyen de blesser les fantômes. Il pensait tout de même avoir une idée. Il lui fallait trouver comment passer outre la cuirasse de son adversaire et frapper d'une manière ou d'une autre ce qui s'y cachait. Il chargea le darknut à son tour, qui se contenta de balayer l'air devant lui avec son espadon. Le jeune homme se stoppa pour ne pas se faire empaler, reprit ses appuis et sauta pour asséner un puissant coup d'estoc. Il eut espoir d'au moins déséquilibrer le monstre mais rien n'y fit. Le darknut, toujours stable, tenta même de mettre un coup de pied au jeune héros qui esquiva à nouveau de justesse. Le souffle court, il tenta de provoquer le monstre qui continuait de l'attaquer sans faiblir. Le jeune héros para, esquiva, mais devenait de plus en plus maladroit.

Zelda décocha à nouveau une flèche qui se logea cette fois-ci avec un bruit mat dans l'un des interstices de l'armure. Le darknut émit pour la première fois un genre de plainte, ce qui prouva à Link qu'il était bel et bien possible de blesser la chose. Le jeune homme attendit que la créature reprenne ses esprits et le frappe bêtement sous le coup de la colère. Comme il l'avait prévu, c'est ce qu'il fit. Alors Link se baissa avant d'asséner un coup puissant dans un autre interstice de l'armure situé au bras. Le morceau d'armure sauta, le darknut se retrouva incapable de brandir son épée. Ce dernier se prit une autre flèche à l'arrière de la jambe cette fois-ci. Il tomba à genoux devant Link. Le jeune héros prit une grande inspiration, concentra sa force, et d'un grand coup circulaire blessa la créature au niveau de la carotide. La fumée noire s'échappa de l'armure, et les pièces de la cuirasse se désassemblèrent.

La salle était à nouveau plongée dans un silence qui parut assourdissant pour Link. Les bruits d'entrechocs métalliques entre son bouclier et l'épée de son défunt adversaire résonnaient toujours dans sa tête. Puis il entendit le son de l'activation d'un mécanisme, ce qui le sortit de sa torpeur. Il leva la tête et vit une entrée s'ouvrir devant lui. Des rayons de soleil affluèrent et vinrent réchauffer les deux élus d'une lumière pure et rassurante. Zelda commençait déjà à s'avancer d'un pas pressé vers la voix de leur salut, et Link ne tarda pas à l'imiter. Il marcha avec empressement, à la limite de courir tant il désirait retrouver la nature et se sortir de ces sordides souterrains. Les parois du tunnel qu'ils traversaient s'éclaircissaient de plus en plus jusqu'à ce que les deux jeunes gens s'extirpent enfin des catacombes. Le passage déboucha dans un petit coin de verdure à flanc de montagne. Link leva les yeux et prit une grande inspiration pour profiter de l'air frais. Jamais il ne s'était senti aussi vivant devant les premiers rayons de l'aube.

A suivre...

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Optoling". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 30.04.25