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The legend of Zelda : The Lonely Knight

Ecrit par Optoling
Chapitres 1 à 11   •   Chapitres 12 à 13


Note de l'auteur :
Salutation lecteur, il s'agit de ma première fanfic. J'essayerai de donner mon maximum pour offrir une histoire satisfaisante, j'ai été beaucoup déçu par le passé de fanfics franchement mal écrites. J'aimerais donc que la mienne soit la plus qualitative possible. Je déconseille cette fiction au moins de 12 ans, il n'y a pas de contenu avec des scènes explicites, mais quelquefois des scènes plutôt violentes. Sinon à part ça, je n'ai pas pour but de reprendre la trame d'un jeu Zelda particulier même si je tiens à dire que mes inspirations viendront pour beaucoup de BotW/TotK ainsi que OOT. Bonne lecture et hâte de voir des retours !

Prologue

Des dunes à perte de vue. Tel était le morne spectacle s'offrant au petit garçon seul au milieu de rien. Son dernier espoir se trouvait droit devant lui au coeur d'une tempête de sable. S'il voulait survivre un jour de plus, il lui fallait trouver le temple des sorcières du désert...

Nous voici maintenant au village de Toal dans le royaume d'Hyrule. Cette modeste petite bourgade se situait au sud du Territoire Hylien, à la bordure de la Grande Plaine d'Hyrule. Il s'agissait d'un endroit constitué de petites plaines verdoyantes coincé entre la forêt des pommiers et la rivière Hylia. Toal était habité par une cinquantaine d'habitants qui vivaient en ces temps-là principalement pour l'élevage de vaches, de chèvres et de cocottes. Le bétail de ce village était réputé pour sa qualité et certaines vaches pouvaient même finir au Ranch Lon-Lon situé plusieurs kilomètres plus au nord.

Toal était construite de manière simple : au centre du village se trouvait la place du marché dans laquelle des marchands itinérants vendaient leurs produits quand ils étaient de passage. Autour de cette place se trouvaient des maisons rustiques construites en chêne et en pierre. Et enfin à l'extrémité nord du village se trouvait le moulin dont les ailes tournaient grâce à un ingénieux mécanisme de roue aquatique alimenté par la rivière Hylia qui longeait tout le village, délimitant ainsi la frontière entre Toal et la Plaine d'Hyrule.

C'est dans cette bourgade que vivait un homme nommé Arn. Celui-ci était un fermier dans ce village depuis maintenant plusieurs générations. Il connaissait le village comme sa poche, mais aujourd'hui Arn avait l'air inquiet, il cherchait quelqu'un :

- Link ! Où te caches-tu ? Reviens ici, on rentre avant que ta mère ne s'inquiète !
Soudain, venant de la ferme de Vocah, un homme connu pour son élevage de poules, il entendit un cri. Son instinct paternel prenant le dessus, Arn se précipita vers la source du bruit. Une fois arrivé, il vit Vocah totalement abattu et terrifié, et à côté Orco le vieux maître d'armes natif du village d'Ecaraille tenant son fils Link dans ses bras.
- J'aimerais que nous parlions de ton fils, Arn.

Link était un petit garçon avec des cheveux châtains mi-longs et en bataille que sa mère l'obligeait à attacher quelques fois. Il avait des yeux bleus d'une grande clarté et le visage fin et anguleux. Ce petit avait l'air frêle, mais ce n'était qu'en apparence : aujourd'hui du haut de ses 7 ans, Link avait repoussé un renard s'attaquant aux cocottes de Vocah en étant armé d'une simple branche ce qui lui avait déjà valu un rubis rouge du pauvre fermier rassuré par l'aide de Link, mais surtout l'attention d'Orco qui passait non loin au moment des faits.

Orco était un homme d'un âge vénérable. Il n'avait plus ses cheveux depuis bien longtemps, mais il les compensait par sa longue barbe blanche. Sa peau était d'un teint mat, preuve de sa vie passée dans le village côtier d'Ecaraille, et une longue cicatrice entaillait son torse, vestige d'une guerre navale contre des pirates à laquelle Orco avait pris part dans sa jeunesse. Il s'était installé à Toal depuis un peu moins de deux décennies afin de prendre sa retraite dans un endroit tranquille. Mais après avoir vu Link à l'oeuvre, il flaira un potentiel immense chez celui-ci et décida de négocier avec son père Arn pour lui donner des cours d'escrime.

- Je vous assure que votre fils a un talent immense ! s'écria Orco.
- Et quel intérêt j'ai à lui faire apprendre l'escrime ? Link a juste besoin de savoir manier une houe et une fourche pour le travail à la ferme, lui répondit le père du petit prodige.
- Link a bien le potentiel de devenir officier dans l'armée d'Hyrule ! Il passerait sans mal l'examen pour devenir soldats et montera vite dans les échelons ! Et croyez-moi, je m'y connais dans ce domaine. Dans la garnison d'Ecaraille, j'ai mené plusieurs batailles contre des contrebandiers et autres pirates.
- Et qui s'occupera de la ferme à ma mort selon vous ? Vous avez une réponse à ça aussi ?
- Vous comprenez mal la situation. S'il devient ne serait-ce que lieutenant, il gagnera assez de rubis pour lui et sa famille
- Je ne veux pas que Link finisse comme son défunt grand père mort lamentablement au combat en tant que Garde royal.
Notre royaume connaît une grande ère de prospérité, il n'y a pas meilleur moment pour être soldat au Bourg d'Hyrule !
- Mais et si...
- Ecoutez Arn, j'ai une proposition à vous soumettre. Laissez-moi entraîner le jeune Link. Arrivé à ses 16 ans, nous lui ferons passer son examen pour devenir soldat. S'il échoue, je m'engage à lui faire oublier une bonne fois pour toutes l'escrime !
- Il pourra continuer de m'aider à la ferme malgré ses cours ?
- Je vous l'assure. Et je vous propose même d'en définir les horaires.
- Alors très bien, soupira Arn, je suis sûre que ça le rendra fou de joie, ajouta-t-il avec un sourire.
C'est ainsi que Link commença ses entraînements à l'épée. Dès ses 7 ans, un avenir radieux de soldat gradé s'annonçait pour lui, mais qui aurait pu croire qu'au même moment, un autre enfant qui allait mettre Hyrule à feu et à sang avançait inexorablement vers son sombre destin ?

Chapitre 1 : Un mauvais pressentiment   up

Malgré ses airs de guerriers, Link était un enfant très calme. Il était fasciné par la beauté de la nature, et notamment un endroit qu'il aimait plus que tout : la Grande Plaine d'Hyrule. Il habitait non loin de cet endroit magnifique et à la taille démesurée, cette plaine qui était connue pour être le berceau de sa civilisation. Et Link pouvait l'observer pendant des heures d'un oeil absent. Pour une raison inconnue, la vue de ce vaste espace l'emplissait de nostalgie. C'est comme s'il en connaissait les moindres valons, et il avait toujours eu cette étrange sensation de l'avoir arpentée des années durant, dans une vie antérieure peut-être ?

Mais en cet instant, la vue de la plaine l'emplissait seulement d'une peur sourde et absolue. Les nuages et le ciel étaient rouge sang, et la plaine meurtrie en divers endroits brûlait dans cette nuit de cauchemar. Et le pire était cette gigantesque armée de monstre, ils étaient des milliers, tous difformes et sauvages, c'était un torrent discontinu de cris bestiaux et de ces créatures aux allures porcines, et cette vague menaçait d'engloutir tout Hyrule. L'armée tuait et pillait. Quand elle passait à proximité d'un village ou d'un bourg, les habitants étaient sauvagement tués puis décapités pour que la tête des victimes puisse servir de trophée. Et les survivants étaient mutilés, terrorisés, les monstres faisaient durer ce supplice, cette lente agonie, et ce spectacle des plus horribles se répétait, répétait, répétait autour de Link sans qu'il ne puisse rien faire.

Soudainement, Link entendit une voix, celle de son maître d'armes Orco ! Peut-être que lui aussi se faisait torturer par tous ces horribles monstres !
- Link ! Mais vas-tu te réveiller bon sang !
Le jeune homme se réveilla en sursaut, trempé de sueur.
- Je vois que tu n'as pas passé une très bonne nuit, constata le vieux maître d'armes. Mais la matinée est déjà bien entamée, tu devrais être réveillé depuis longtemps !
- Je m'en excuse Orco. Mon rêve était vraiment perturbant.
- Allons mon garçon ! Passe à autre chose, maintenant la journée commence.
- Tu veux que je fasse des emplettes pour toi, c'est ça ?
- Perspicace même de bon matin. Allez dépêche-toi. C'est bientôt l'examen pour devenir soldat, et dans l'armée, on se réveille tôt !

Et c'est sur cette note qu'Orco partit de la chambre de Link en claquant la porte. J'ai toujours été en bons termes avec lui surtout depuis la mort de mes parents, mais le vieux est matinal, une vraie tornade ! pensa le jeune homme en souriant. Après avoir enfilé à toute vitesse un pantalon et sa vieille tunique hylienne de bonne manufacture, Link partit voir Orco qui lui donna une bourse de rubis et une liste de denrées alimentaires à acheter. Puis après ça, il put enfin sortir de la maison.

- Orco ne m'a pas menti. La rue est déjà bien animée, il est tard.

Link se mit à rejoindre la place centrale. Toal était un endroit calme d'habitude, mais aujourd'hui des charrettes arrivaient de tout sens et tous les habitants convergeaient vers la place du village. Cela ne pouvait dire qu'une seule chose : un marchand était de passage aujourd'hui ! Link avait du mal à rejoindre la place tant elle était densément peuplée. Quand une cinquantaine de personnes ainsi que des charrettes et du bétail étaient réunis au même endroit, le village devenait presque aussi animé que le Bourg d'Hyrule !

- Qui est de passage aujourd'hui ? demanda Link à un compagnon d'infortune lui aussi bloqué par la foule.
- C'est Terry !

Cela expliquait bien toute cette agitation. Terry était l'un des marchands les plus réputés de tout le royaume pour ses produits bien particuliers : les insectes. Grâce à ces petites bêtes, les fermiers pouvaient créer toutes sortes de remèdes utiles à leurs activités agricoles. Ces remèdes pouvaient par exemple soigner les bêtes malades ou requinquer n'importe quel fermier essoufflé s'ils étaient faits avec les bons ingrédients. Et les insectes étaient durs à attraper ce qui en faisaient une denrée assez rare.

Le jeune homme essaya de contourner la foule, mais même l'épicerie était bloquée. Il s'apprêtait à rentrer chez son père adoptif les mains vides, mais entendit une voix féminine l'appeler.

- Link ! Enfin réveillé, je te cherche depuis un moment !

Il n'eut même pas le temps de placer un mot que la fille le prit par la main et l'emmena à l'écart du village. Cette fille, c'était Marine, une amie d'enfance de Link. Celui-ci l'avait rencontrée peu après la mort de ses parents causée par une épidémie à laquelle lui seul dans sa famille avait échappé. Quant à Marine, elle était arrivée à Toal avec son père. Il venait tous les deux de la lointaine Cité des mouettes, situé dans le nord-est du Royaume d'Hyrule. Cette ville comme toute celle de la côte était en proie à des attaques de pirates. Après la mort de la mère, son père a préféré mettre sa fille en sécurité dans le paisible village de Toal et avait donc emménagé il y a presque 10 ans maintenant. Et la fameuse guerre qui avait ravagé la côte avait pris fin plusieurs années plus tard, mais cette petite famille s'était si bien intégrée qu'elle avait fait le choix de rester dans la région. Malgré tout Marine était toujours attachée à sa ville natale et en portait toujours les vêtements. Elle portait aujourd'hui une robe bleu ciel mi-longue ce qui contrastait beaucoup avec les larges robes brunes et ternes des villageoises de Toal. Marine avait de longs cheveux roux qu'elle portait détachés, et elle appréciait accrocher des fleurs à sa chevelure, manie chez elle qui avait toujours fait rire Link.

Les deux amis étaient maintenant devant le vieux moulin, un endroit toujours désert que Link adorait car il donnait vue à la Grande Plaine d'Hyrule. Et à sa vue, Link frissonna, le souvenir du cauchemar toujours présent.

- Tu ne vas pas bien Link ?
- J'ai seulement fait un étrange rêve dans lequel la plaine était envahie de monstres.
- Si ce n'est qu'un rêve. De toute manière, qu'est-ce qu'on a à craindre avec le grand chevalier Link parmi nous ? répondit Marine avec un air malicieux.
- En parlant de ça...
- Oui, me coupa Marine. Je sais, l'examen pour devenir soldat a lieu dans moins d'une semaine.
- Je pars après-demain.
- C'est pour ça que je t'ai fait venir. Je tenais à passer un peu de temps avec toi, parce que quand tu seras soldat, tu ne passeras plus très souvent par ici.
- Toal va vite me manquer, souffla Link.

À la suite de cette discussion, assis tranquillement dans l'herbe avec une vue magnifique sur la Grande Plaine, les deux amis se mirent à parler de tout et de rien, comme de leurs souvenirs d'enfance.

- Je me souviendrai toujours de la tête de ce vieux grincheux d'Ingo quand tu lui as joué ce mauvais tour, s'esclaffa Marine, Il était décidé à te poursuivre, mais c'était sans compter ton endurance légendaire !
Ils riaient beaucoup. Et le temps passait vite. Trop vite même. Il était presque midi !
- Marine, désolé j'avais promis à Orco de lui faire quelques courses.
Link s'apprêtait à courir vers l'épicerie quand Marine l'arrêta :
- Attends ! Dans le cas où on ne se revoir pas avant l'examen, sache que mon père et moi, on croit en toi et...
Elle me prit la main pour y poser une flûte de pan.
- C'est un instrument apprécié à la Cité des mouettes. Si tu y vas un jour, joue un air sur la plage pour moi.
- Merci beaucoup. On devrait pouvoir se voir demain avant mon départ, lui répondit Link très flatté par ce présent.

Malgré tous ses efforts pour arriver à temps, il était déjà midi passé et Orco ne manqua pas Link à son retour :

- Pas très ponctuel aujourd'hui.
- Terry était de passage, il y avait plein de monde sur la place.
- Si tu étais avec Marine, tu pouvais me le dire tu sais. Si à ton âge on ne prend pas le temps de traîner un peu dehors, alors crois-moi, tu ne le feras jamais ! Allez aide-moi à préparer le repas.
Link l'aida du mieux qu'il put pour rattraper son retard. Au menu : une pièce de venaison et des champignons d'Hyrule.
- Ton appétit légendaire a encore frappé ! Déjà fini ! Bon, plus sérieusement j'aimerais qu'on parle. Tu le sais l'examen de sélection approche pour toi.
- Viens-en au fait s'il te plaît.
- J'aimerais que demain nous nous battions en duel. Un vrai avec des armes. Si tu échoues à battre un vieux crouton comme moi, ne compte pas te rendre à Ecaraille qui est cette année le lieu de l'examen ! Si tu gagnes, tu auras ma bénédiction, mes armes et ma jument.
- C'est parce que je ne t'ai jamais battu en duel ? Alors très bien, je relève le défi. Je comprends tes raisons et suis bien déterminé à te battre.
- C'est tout ? Tu n'es pas un peu offusqué par ma requête ?
- Je te l'ai dit ! Je comprends tes raisons. Je sais que j'ai ta confiance. Et si je réussis j'aurai l'esprit plus tranquille !
- Qu'il en soit ainsi. Demain soir, je t'attends à mon dojo. Si tu gagnes, tu pourras partir dès le lendemain.

Chapitre 2 : Duel et départ   up

Link passa une deuxième nuit agitée, non pas à cause d'un mauvais rêve cette fois-ci, mais plutôt à cause du stress engendré par le duel. Cette journée allait être éprouvante mais surtout déterminante pour sa vie. Hors de questions pour lui d'être fermier à Toal ! Le jeune homme était tout de même confiant envers ses propres capacités. De toute sa vie, Link eut à affronter Orco à quatre reprises, et le dernier duel n'était pas passé très loin d'être une victoire du jeune disciple. Ce duel entre Link et le vieux maître d'armes remontait à il y a plusieurs années, et depuis, le jeune homme avait beaucoup grandi et pris en force. Malgré tout, Orco était un adversaire redoutable et le sous-estimer à cause de son âge vénérable serait une erreur fatale. Il était un ancien génie du combat rapproché, et ce vieux natif d'Ecaraille avait toujours une très bonne condition physique et mentale. Dans le genre de duel comme celui qui s'annonçait, rien ne sert à se mettre la pression en élaborant des stratégies, ce sera simplement le plus fort qui gagnera. Ainsi, ce fut pour Link une journée tout à fait banale, à l'exception près qu'Orco était introuvable. Il devait probablement méditer au dojo, situé derrière la maison.

Finalement, la soirée arriva, et avec elle la première épreuve de ce jeune épéiste dans sa future vie de soldat : vaincre son maître d'armes. L'heure indiquée par Orco approchait, ainsi Link partit en direction du dojo. Ce bâtiment était situé derrière la maison. Il fallait d'abord traverser la maison jusqu'à la porte arrière qui menait vers un petit jardin. Après ça, il fallait traverser un petit chemin boueux et enfin on pouvait voir le dojo, qui n'était vraiment pas impressionnant vu de l'extérieur : il ressemblait à un genre de grosse cabane en bois. Le jeune Link entra. C'était une pièce à demi éclairée. Au mur, divers harpons et trophées de l'ancienne vie d'Orco ainsi que des petits vases posés au sol. Et au centre de la pièce se trouvait le vieil homme en personne. Comme le jeune épéiste l'avait deviné, son maître d'armes méditait. Orco se leva et regarda son apprenti :

- C'est l'heure, je vais donc t'expliquer les règles de notre duel.
Il s'avança vers une armoire située au coin de la pièce qui lui servait à stocker des armes. Il en sortit deux épées en acier trempé. Il donna une des deux armes à Link et lui dit :
- Ce duel se fera avec de vraies épées. Ainsi, pour gagner, il faut désarmer son adversaire. En position !
Link se recula de cinq pas épée en main et se mit en posture de garde, prêt à bondir sur son adversaire. Bon épéiste ou pas, il pensait qu'Orco serait moins endurant que lui et comptait l'avoir à l'usure.
- Commençons !

Link s'approcha de son adversaire rapidement et commença par le tester. Orco para ses coups sans broncher ni reculer. Le jeune épéiste finti par lui asséner un grand coup vertical qu'Orco esquiva. Puis le vieil homme contre-attaqua sans perdre une seconde. S'attendant à ce genre de réaction, Link resta calme et enchaîna les parades et les esquives lui aussi sans broncher. Il avait perdu du terrain sur son adversaire, mais cela n'allait plus durer. Link se remit sur ses appuis et stoppa net les assauts d'Orco avec une parade superbement bien placée. Après ça, Link enchaîna en l'attaquant de toutes parts. Il entreprit de lui donner une multitude de coups rapides sur plusieurs positions stratégiques. L'objectif était de faire reculer son maître d'armes et de briser sa concentration, puis enfin trouver le manche de l'épée de son adversaire et le désarmer. Cette technique marcha dans un premier temps et il parvint à faire perdre beaucoup de terrain à Orco. Bientôt, celui-ci sera dos à un mur ce qui réduira grandement son champ d'action et alors là, la victoire sera plus qu'à la portée de Link. Mais pour parvenir à ce résultat, Link devait continuer avec sa cadence actuelle, ce qui était même pour le jeune homme très épuisant. Orco devait continuer de parer sans s'impatienter jusqu'à ce qu'une faille dans la garde de son apprenti apparaisse, et Link devait continuer de le harceler de toutes parts sans faiblir. C'était une course d'endurance, une bataille psychologique. Et le premier qui se déconcentrerait aurait perdu d'office.

Link commençait à voir trouble et ses bras s'engourdissaient de plus en plus. Chaque fois que les épées s'entrechoquaient, l'onde de choc traversait son corps entier, et il devait continuer, continuer, continuer sans jamais s'arrêter. Mais l'objectif était proche, Orco était presque dos au mur ! L'apprenti concentra sa force dans un ultime coup latéral qui eut pour effet de propulser Orco dos au mur. Son adversaire était déconcentré et déséquilibré. Link sauta sur l'occasion et désarma son maître d'armes. Il avait enfin gagné !

Orco se leva et félicita son adversaire du jour et désormais son ex-apprenti :
- Tu as beaucoup progressé depuis la dernière fois. Je ne t'ai pourtant pas fait de cadeau lors de ce duel et tu as gagné haut la main.
Les deux guerriers reprirent tous deux leur souffle puis partirent ranger les épées.
- Attends Link ! Prends-en une avec toi pour ton voyage. Elle te sera utile. Va et prépare-toi pour ton départ, moi je range le dojo et t'attend à la cuisine.

Link partit donc en quête d'objets à prendre pour son voyage. Comme le lui avait dit Orco hier au soir, cette année, l'examen était à Ecaraille. Il en avait pour plusieurs jours de chevauchée et devait se mettre en route d'ici demain au maximum. Il prit donc son épée, un vieux bouclier en bois, des vivres, ainsi qu'une chemise hylienne de rechange. Il prit aussi sur lui un doublet qui ne serait pas de trop la nuit en pleine nature.

- Pour ce voyage, contente-toi de prendre la route. Si tu pars demain de bon matin, alors le soir tu devrais réussir à arriver au village d'Adeya où tu pourras faire une halte pour la nuit. Puis il faudra que tu traverses toute la forêt de Firone, même s'il me semble qu'il y a un relais dans la forêt qui devrait te permettre aussi de te reposer.

Après ça, Orco lui présenta sa vieille jument Carotte qui ne servait plus qu'en de très rares occasions. Elle se nommait ainsi en raison de sa belle robe rousse. Link était tout excité du voyage qui l'attendait, son premier vrai voyage qui allait en plus jusqu'à la mer. Sa seule envie était de partir immédiatement, mais il ne pouvait pas, car même en temps de paix, il n'était pas très intelligent de chevaucher de nuit surtout pour quelqu'un peu habitué aux longs voyages. Il partit donc dormir. Sa dernière nuit à Toal avant un long voyage.

Le petit garçon était maintenant devenu l'Homme du Désert. Et cela faisait maintenant longtemps qu'il vivait dans l'ombre, terré dans le coin le plus sombre d'Hyrule : le Désert Hanté. Mais cela allait changer. Il avait les cartes en main et n'avait plus qu'à passer à l'action. Mais malgré tout il connaissait la légende. Un héros et la princesse viendront tôt ou tard contrecarrer ses plans. Mais ce n'était pas grave, avant qu'ils ne viennent, Ganondorf aura le temps de s'attaquer à Hyrule, et le cataclysme finira par se mettre en marche.

Chapitre 3 : L'avertissement   up

La chevauchée était tranquille. Link était parti il y a plusieurs heures et l'après-midi était chaude et agréable. Avant de partir, il avait bien sûr fait ses adieux à Orco mais surtout à Marine et son père. Il avait d'ailleurs toujours la flûte de pan de Marine sur lui, bien attachée à sa ceinture. Heureusement pour le jeune épéiste, cette région d'Hyrule était très propice au voyage. Les paysages s'offrant à lui étaient tout simplement idéaux : un chemin large, de vertes prairies et quelques parties plus boisées. Comme Orco le lui avait conseillé, Link comptait faire escale à Adeya. Ce petit village hylien avait une auberge réputée pour sa bière et ses plats de champignons d'Hyrule. Le jeune voyageur avait d'ailleurs bien pensé à prendre sa bourse qui contenait quatre-vingt-trois rubis. Puis, voulant arriver avant la nuit, et aussi par plaisir d'être au galop, Link fit accélérer la jument.

La journée était maintenant bien entamée et Link arrivait enfin proche d'Adeya. Il s'attendait à voir des personnes aux alentours du village et entendre du bruit, mais rien n'émanait de cet endroit. Curieux, il se dépêcha d'atteindre le village. Plus Link avançait, plus il sentait de l'angoisse monter en lui. Il n'y avait rien et ce n'était pas normal. Puis, arrivé dans le village même, une vision effroyable s'offrit au jeune épéiste.

Devant lui se dressait un champ de ruines. Plusieurs maisons étaient partiellement détruites, voir même complètement brûlées. Pas loin à côté se trouvait un vieux puit totalement asséché, et les cultures avaient été ravagées. Link vit même des traces de sang séché au sol. Mais le pire était sans aucun doute cette odeur, cette odeur écoeurante et pestilentielle. Elle émanait du centre du village ! Il ne perdit pas une seconde et se précipita vers la place centrale d'Adeya. C'était une vision cauchemardesque. Au centre du village se trouvait une montagne de cadavres. Tous les villageois que l'on reconnaissait encore vaguement grâce à leurs vêtements atypiques, des hommes, des femmes, des enfants, tous morts, le visage encore tordu d'effroi.

Link descendit maladroitement de son cheval, encore choqué par cette scène d'une violence inouïe. Il glissa dans une flaque de sang, chuta et tomba nez à nez avec les restes d'une femme qui avait été gravement mutilée. C'en était trop pour Link. Il se précipita vers un fourré et vomit une bile amère. En état de choc, il resta assis de longues minutes. Puis il prit son courage à deux mains et commença son inspection du village. Il essaya de retourner sur la place, mais l'odeur forte des cadavres en décomposition lui donna plusieurs haut-le-coeur. Après s'y être pris à plusieurs reprises, il alla inspecter un des cadavres. C'était un homme d'un certain âge, la cinquantaine ou plus peut-être. Il y avait des traces de luttes armées. Les blessures avaient été pour la plupart faites avec des épées, mais Link repéra aussi des griffures et des morsures. Ce n'étaient donc pas des humains qui avaient fait ça, mais quel genre de bête sauvage tuerait pour le plaisir et ramènerait méthodiquement des cadavres au même endroit ? Link partit de la place à la recherche d'une réponse logique et de survivants. Et finalement, un peu à l'écart du village, il trouva un campement, lui aussi en ruine. Ce petit campement était constitué de trois tentes. Celles-ci étaient rouges et portaient comme emblème le sceau de la famille royale d'Hyrule. Au sol, on pouvait trouver des traces de luttes encore plus intenses : des armes, du sang, des cadavres de soldats et surtout des cadavres de monstres ! Au milieu des soldats en armures se trouvaient des bokoblins morts ! Cette créature était connue comme étant le monstre le plus commun d'Hyrule. C'étaient de vraies petites teignes, qui avaient longtemps fait la loi en Hyrule. Mais depuis plusieurs années maintenant, les monstres étaient en infériorité numérique et vivaient le plus clair de leurs temps dans des grottes ou des bases à l'abri des regards. C'était d'ailleurs la première fois que Link voyait un vrai bokoblin. Il en profita donc pour inspecter un cadavre de cet odieux monstre. Le bokoblin qu'il inspecta était de taille moyenne, à peu près dans les 1 m 40. C'était un bipède qui avait des allures porcines : une tête plus grosse que celle d'un humain avec à la place du nez un groin, de grandes oreilles, des petits yeux bleus injectés de sang et une peau rouge très rugueuse.

Mais à part des cadavres il n'y avait rien d'autre. Link s'apprêtait à opérer un demi-tour pour trouver des survivants ailleurs quand il entendit un drôle de bruit. Cela venait de sous une tente et c'étaient des gémissements étouffés ! Se dirigeant vers le bruit, Link trouva une tente un peu à l'écart qui s'était totalement écroulée. En relevant la toile, il trouva enfin un survivant. Il s'agissait d'un soldat. Il avait une blessure assez profonde au niveau du bas-ventre et son visage était blême. Le soldat essayait d'articuler des mots, mais Link n'arrivait pas à le comprendre. Il décida donc de lui faire boire de l'eau. Après quoi le soldat dit :

- Merci voyageur. Je suis le soldat Erick de la première division des brigades anti-monstres du capitaine Hoz.

Les brigades anti-monstres ! Elles existaient depuis maintenant longtemps, fondées à une époque où les monstres étaient plus nombreux et agressifs. Maintenant, l'utilité de ces brigades était limitée, mais on les envoyait surtout pour rassurer la population.

- Notre brigade a été envoyée à Adeya il y a maintenant une semaine. Un monstre aurait attaqué un voyageur dans cette région. Un incident mineur comme souvent, mais hier soir nous avons été violemment attaqués.
Même blessé et en état de choc, le soldat s'expliquait de manière claire. Un professionnel jusqu'au bout. Mais combien de monstres étaient-ils pour les avoir décimés ainsi ?
- Je dirais qu'ils étaient une trentaine de monstres, très organisés. Ils ont attaqué à la faveur de la nuit. Nos veilleurs, ayant un peu trop poussé la bouteille, ne les ont vus que trop tard. La bataille a eu lieu ici même. Nous leur avons opposé une certaine résistance, mais ça n'a pas suffi. Ensuite, ils ont mis le village à sac.
- Mais quels étaient leurs objectifs ? Où sont-ils partis ?
- Ils sont juste là pour piller, tuer et saccager. Et il me semble qu'ils sont partis vers le nord.
Le nord ! Le village de Link était en danger !
- Tu es de Toal, petit ? Les habitants de ton village courent un grave danger ! Malgré le fait que tu n'as aucune chance contre eux, j'ai envie de t'encourager à y aller. Tu as un cheval ?
- Oui.
- Et des armes. Oui, tu arriveras peut-être à temps pour les prévenir. Mais tu ne dois pas perdre une seconde ! Pars d'ici !
- Et vous ? Vous êtes gravement blessé !
- Je suis déjà fini. La blessure est profonde et pourrit à l'air libre depuis plusieurs heures. Cependant, quand ton village sera hors de danger, pars prévenir des autorités compétentes. C'est une crise sans précédent, il faut faire venir l'armée pour mener une chasse aux monstres.
- Dès que Toal sera hors de danger, je foncerai au Bourg d'Hyrule et demanderai une audience au Roi s'il le faut.
- Tu as l'air fort et intelligent. Décidément, tu as peut-être une chance. Allez fonce, ne perds pas une seconde de plus !

Link remercia le soldat d'un signe de tête et partit en courant vers Carotte. Mais en repassant dans la place du village, il ne put réprimer un frisson d'effroi en imaginant Orco et Marine sur une pile de cadavres.

Le soldat était à nouveau seul avec ses pensées. Il éprouvait une certaine tristesse. Ce garçon risquait de voir d'autres choses horribles dans sa vie. Car au vu de la bande organisée de monstres qui avait détruit Adeya, il ne faisait aucun doute que d'autres évènements graves allaient se produire. Cela faisait presque un siècle qu'un village n'avait pas été détruit par des monstres. Peut-être était-ce le commencement d'un nouveau Grand Cataclysme. Des milliers de gens allaient mourir dans les prochaines années, et lui, Erick, un soldat brillant et expérimenté n'allait rien pouvoir faire. Il avait failli devant une bande de voyous, et n'avait pas eu la capacité de vaincre leur chef. Oui, il pensait sincèrement que sa fin était pitoyable. Mais ce garçon lui avait donné de l'espoir. Il avait un grand avenir devant lui, à n'en pas douter. Il ne lui restait qu'à espérer que les guerres futures ne noircissent pas son coeur.

Chapitre 4 : L'attaque   up

Link n'avait pas une seconde à perdre. Après avoir enfourché Carotte, il partit au galop vers le nord, direction Toal. L'examen pouvait bien attendre, ses proches étaient en danger de mort ! Aller jusqu'à Toal au trot lui avait pris au moins hui heures. Il espérait donc pouvoir arriver avant le lendemain matin au galop. La nuit était tombée et la jument commençait à fatiguer, mais il ne pouvait pas faire de halte, pas avec cette menace qui planait peut-être à quelques kilomètres de lui.

Marine s'était endormie le coeur lourd, attristée par le départ de son ami d'enfance. Elle allait beaucoup s'ennuyer sans lui. Et déjà là elle avait du mal à trouver le sommeil. Chaque fois qu'elle s'endormait, Marine faisait des rêves si étranges que ça la réveillait en sursaut au bout d'une heure à peine. Mais là, son rêve était vraiment anormal : il était très lumineux et bruyant. Elle mit plusieurs minutes à comprendre qu'elle était bien réveillée et que quelque chose n'allait pas dehors. Elle se leva et jeta un coup d'oeil à la fenêtre et aperçut des drôles de forme au loin... Et ces formes ressemblaient à des monstres armés ! Prenant peur, elle partit réveiller son père.

Link était enfin proche du village. Plus il se rapprochait, plus l'angoisse lui tordait le ventre. Quant à Carotte, elle donnait tout pour maintenir son galop, mais elle était sérieusement épuisée. Quel animal fidèle. Il revoyait maintenant les collines de son village, ces collines qu'il avait arpentées et qu'il connaissait par coeur, son chez lui. Comme pour Adeya, il sentait quelque chose d'anormal. Mais comme il faisait nuit, ce qui lui faisait peur n'était pas le silence, mais bien l'agitation qu'il entendait. Des lumières étaient allumées et il entendait des cris. Aucun doute, les bokoblins étaient passés à l'action. Mais Link n'était pas arrivé trop tard, les cris qu'il avait entendus étaient humains, les habitants étaient donc toujours en vie et lui était armé. Prenant son courage à deux mains, Link dégaina son épée et son bouclier. A cheval, il avait l'avantage sur ses ennemis.

Il s'engouffrait enfin dans le village. Quelques maisons brûlaient, et il voyait des habitants au loin courir vers le pont du village. Ce pont était proche du vieux moulin, il traversait la rivière Hylia et menait vers la Grande Plaine d'Hyrule. C'était donc là que fuyaient les villageois ! Pas bête, s'ils se dispersaient dans la plaine, les monstres auraient du mal à les attraper. C'était là que Link devait se rendre.

Arrivé dans une des rues du village, Link trouva un groupe de deux bokoblins isolé. Il les chargea. Les deux monstres, armés d'armes de corps à corps très courtes, prirent peur. Link décapita le premier en passant et le second fut piétiné à mort par Carotte. C'était définitif, à cheval et avec ses talents, il pourrait peut-être les arrêter. Puis il continua son chemin jusqu'à la place centrale, toujours en tuant des groupes de monstres qui passaient sur son chemin. De la place, il avait enfin vue sur le pont. Et là-bas, la situation était critique. Les bokoblins étaient nombreux et bien armés. Et surtout, au centre se trouvait un monstre plus massif que les autres : un chef boko armé d'un énorme gourdin. Devant le chef, se dressait un autre guerrier. C'était Orco ! Il risquait de se faire tuer ! Link engagea Carotte au grand galop. Mais le groupe de bokoblins l'avait repéré, il n'avait plus l'avantage de la surprise. Tant pis il lui fallait quand même foncer dans le tas s'il voulait sauver Orco, cet homme qui en héros couvrait le pont pour que les habitants fuient et avait engagé le combat face au colosse qui se tenait devant lui.

Orco était face à son destin. Ils restaient quelques habitants qui n'avaient pas encore fui. Et lui avait déjà vaincu beaucoup de monstres. Les corps d'une demi-douzaine de bokoblins en témoignaient. Maintenant, leur chef se présentait à lui. Qu'il en soit ainsi, lui et son harpon, qui était son arme favorite, allaient leur faire mordre la poussière. Le chef était énorme, au moins l'équivalent de trois bokoblins en hauteur, et deux en largeur. Il était gras et bedonnant, mais loin d'être maladroit, et la gigantesque corne au sommet de sa tête pourrait bien le faucher. Celui-ci engagea le combat avec un premier coup horizontal de son gourdin, obligeant Orco à reculer. Il ne devait pas laisser ce monstre gagner du terrain. Il le chargea, harpon bien en main et lui donna un coup d'estoc. Malgré sa rapidité le chef boko ne bougea pas d'un poil et se mit en position pour arrêter l'attaque. Le harpon vint s'enfoncer avec force dans le gourdin qui ne cassa pas. Le monstre lui recula juste de quelques pas à cause du choc. Le harpon s'était bloqué dans le gourdin. Orco tira de toutes ses forces, mais rien n'y faisait. Le chef boko avait repris ses esprits et avait l'intention de lancer son gourdin à sa droite. Orco, toujours proche du monstre au moment de l'action, fut projeté violemment à la rampe du pont, à moitié sonné. Le vieux maître d'armes allait être battu d'un instant à l'autre, il le savait. Mais derrière le monstre, il aperçut Link ! Il était revenu. C'était le dernier espoir du village et il allait charger bêtement dans la masse de bokoblins ! Il risquait de se faire tuer !

- Link !

Orco cria son nom. Et il était sur le point de perdre. Link devait urgemment passer le barrage. Et il en n'était plus très loin, plus que deux mètres, un mètre... La charge à cheval de Link détruisit la première ligne. Le jeune homme se dit que finalement, les bokoblins étaient primitifs et peu organisés. Mais ce qu'il ne vit pas, c'était l'archer embusqué au coin du mur. Le monstre tira sa flèche qui se logea dans la tête de Carotte. La jument s'écroula, elle était morte sur le coup. Et Link tomba du cheval, fit plusieurs culbutes et ne put se réceptionner correctement. Il était face contre terre, encerclé par au moins cinq monstres, et assistait, impuissant, à la mise à mort d'Orco. Le chef boko prit son élan, baissa la tête et fonça sur Orco, qui fut embroché par la corne du monstre. Ensuite, le monstre prit le corps inanimé du vieux maître d'armes et le jeta quelques mètres plus loin. Il arracha enfin le harpon de son gourdin et le planta dans la jambe d'Orco qui poussa un dernier hurlement. C'était fini. Le dernier défenseur du pont était mort, et Link pensait qu'il allait le rejoindre dans plus très longtemps.

Non, ça ne pouvait se finir ainsi, Link avait toujours son épée en main, et n'avait pas perdu espoir. Dans son coeur, la détermination et le courage ne cessèrent de croître en lui ! Puis soudainement, une forte lumière couleur d'or s'échappa de sa main. Sur celle-ci brillait une Triforce. Link se leva et mit son épée en garde. Les bokoblins se précipitèrent sur lui. Il y en avait cinq, chacun à des positions différentes. Link testa alors une toute nouvelle attaque qu'il avait imaginée enfant, mais jamais mis en pratique : une attaque circulaire. Il concentra sa force dans son bras et trancha les cinq monstres presque en même temps. La Triforce à sa main cessa de briller aussi soudainement qu'elle était apparue.

La voie était enfin libre. J'ai vaincu mes ennemis, mais un peu trop tard, pensa Link. Il sentait en lui un désir de vengeance monter en lui à chaque seconde. L'archer qui avait tué Carotte était encore en vie. Ce sera donc lui sa prochaine victime. Link se rua à la vitesse de l'éclair sur lui. Le bokoblin archer encocha une flèche qui vint s'écraser sur le bouclier de Link, puis la seconde d'après, le guerrier l'embrocha avec son épée. Un de moins. Il ne restait que le chef. Le colosse avait remarqué Link avec toute la lumière dégagée par la Triforce. Il s'était tourné vers lui et voyait une potentielle menace. Link le chargea. Le chef boko répliqua par un coup latéral de gourdin dans sa direction. Link esquiva au dernier moment. Puis bien sur ses appuis, il donna à son tour un coup vertical qui trancha le monstre et le tua sur le coup. La bête s'écroula. Link avait triomphé, le soleil se levait, et les rares monstres encore en vie s'enfuyaient à toutes jambes.

Chapitre 5 : Le début d'un long voyage   up

Les villageois, qui pour la plupart étaient restés près du pont et avaient vu Link se battre, retournèrent vers lui pour l'assister. L'adrénaline était retombée et le sauveur de Toal tenait à peine debout. Ce fut Marine qui en premier vint aider Link. Elle aussi ne paraissait pas de bonne humeur, très attristée par la mort d'Orco et la destruction de Toal.

- Tu es venu nous sauver, tu es toujours en vie !

Ensemble, les deux amis partirent vers Orco. Celui-ci avait bien quitté ce monde. Il ne respirait plus et était mort avant d'avoir vu le village sauvé. Link sentit les larmes lui monter aux yeux et essaya de réprimer un sanglot. Mais il était fatigué et surtout anéanti par la mort de sa deuxième figure paternelle. Cet homme avait été son père adoptif en plus d'être son maître d'armes, et il avait vécu presque 10 ans avec lui comme seul parent. Le voir ainsi mutilé lui fendait le coeur. Et maintenant Link regretta amèrement de ne pas être resté plus longtemps à Toal. Personne n'aurait péri si j'avais été là quand il le fallait, pensa-t-il.

- Mais pourquoi êtes-vous tous réveillés en pleine nuit ? Vous avez vu les monstres arriver ?
- Je n'arrivais pas à dormir. J'ai donc entendu les monstres, et prenant peur, je suis allé réveiller mon père qui a lui-même réveillé tout le village. Moi, j'ai foncé jusqu'à la maison d'Orco pour lui dire de partir, mais il a préféré prendre les armes contre l'envahisseur. Sans lui, personne à Toal aurait survécu.

Tous les villageois étaient enfin retournés dans le village. Orco n'était bien sûr pas la seule victime. Et pour éviter une épidémie à cause des cadavres en décomposition, les corps des victimes furent incinérés. Ensuite, les villageois se réunirent en cette fraîche matinée pour parler de la marche à suivre. C'était le maire de Toal, un homme du nom de Dotour, qui présidait cette assemblée. Il donna d'abord la parole à Link qui résuma son petit voyage jusqu'Adeya.

- Cela veut donc dire que les monstres n'étaient pas à leur premier coup d'essai, dit un fermier.
- Et aussi que Link et Orco sont plus efficaces qu'une brigade anti-monstre.
- Cela veut surtout dire que quelqu'un doit informer le Roi de la situation, dit Dotour.
- Je me porte volontaire pour y aller sur-le-champ ! cria Link.
- Il est vrai que tu es le mieux placé, tu es le seul témoin pour Adeya, et surtout, cette mystérieuse lumière d'or qui s'est matérialisée à ton bras... Tout cela est vraiment étrange, lui répondit le maire.
- Vous oubliez un détail ! répondit l'un des fermiers. Toutes nos bêtes ont fui, ou ont été tuées. Link va donc devoir faire tout le chemin à pied.
- Ou alors je peux me rendre à pied au ranch Lon-Lon et prendre un cheval pour aller jusque Bourg Hyrule. Toute façon rien ne m'arrêtera. Je vais partir quoi qu'il se passe. C'est ma mission, j'ai une promesse envers quelqu'un à tenir.
- Je pense que le jeune Link est le plus déterminé à partir. Laissons-le accomplir cette mission, il est digne de confiance, dit Dotour, clôturant ainsi le débat.

C'est ainsi que Link prit un nouveau départ. Il ne dormit qu'une heure, prépara à nouveau ses affaires, et partit, en espérant ne pas être de retour à Toal de sitôt. Il aimait toujours son village, mais la mort de son père adoptif avait rouvert une vielle blessure en lui. Et il était presque heureux : pour la première fois de sa vie, il allait traverser la Grande Plaine d'Hyrule. C'est comme si ce lieu l'appelait, il s'en sentait irrémédiablement attiré. Il commença donc à tracer sa route sans un regard en arrière.

Chapitre 6 : Le Ranch Lon-Lon   up

Cela faisait bien deux heures que Link était parti de Toal, et la Plaine s'étendait toujours à perte de vue, sans le moindre bâtiment à l'horizon. C'était une mer de vert : de l'herbe et des petites collines, quelques fois coupées par quelques bosquets, seul point d'ombre de la plaine qui pouvait se transformer en été en véritable désert de verdure. Link sentait bien que le printemps ne revenait que timidement, la matinée était froide et des nuages menaçants se profilaient plus loin à l'horizon. Il commençait à paniquer : et s'il avait pris la mauvaise direction ? De plus, il serait compliqué pour lui de se repérer avec le soleil puisque celui-ci était caché par le mauvais temps. Pas le choix, il devait continuer tout droit. Il finirait tôt ou tard par trouver quelque chose, et puis il pouvait encore tenir un certain temps avec ses provisions. La fin d'après-midi commençait à être entamée. Link avait du mal à avoir un bon rythme de marche : il avait peu dormi. Heureusement, ce qui devait arriver arriva : il apercevait enfin une habitation. Celle-ci était juchée sur une petite colline. C'était constitué d'une maison et des étables ainsi qu'un portique d'entrée. Link contourna la colline et passa le portique sur lequel il était écrit : Ranch Lon-Lon. Il était enfin arrivé ! Ce n'était pas trop tôt. Il espérait pouvoir demander l'asile pour au moins une nuit au propriétaire du ranch : après tout, ce n'était pas vraiment une auberge, il craignait qu'on le laisse à la porte. Il avança et entendit un bruit inhabituel. Link, qui commençait à devenir sérieusement paranoïaque au moindre bruit inhabituel, dégaina immédiatement son épée de son fourreau... Puis la rangea, puisque le son en question provenait d'une personne qui chantait.

Link s'avança pour découvrir un genre d'enclos à ciel ouvert dans lequel plusieurs chevaux se promenaient librement. Et au milieu de tout ça une femme, qui avait à peu près l'âge de Link et qui chantait à côté d'une jeune jument. Elle avait de longs cheveux auburn, avait de grands yeux bleus et portait une chemise légère ainsi qu'un foulard jaune attaché à son cou. Link se dirigea lentement vers la jeune femme. Elle l'avait remarqué et avait l'air d'attendre quelque chose de lui. Elle regardait vers la flûte de pan accrochée à sa ceinture.

- Cette flûte serait parfaite pour accompagner ma chanson, tu ne trouves pas ?
- A qui ai-je l'honneur ?
- Je te retourne la question. Tu es dans ma propriété, voyageur.
- Je suis Link, du village de Toal. Mon village a été victime d'une attaque de monstre.

Link sentait bien qu'il avait piqué la curiosité de la jeune femme, Toal n'était pas très loin et cette histoire d'attaque était aussi effrayante qu'invraisemblable.

- Admettons que ce que tu dis est vrai. Que viens-tu faire ici ?
- Je pars pour le Bourg d'Hyrule. Je vais prévenir la famille royale en personne s'il le faut. Et j'avais besoin de faire une halte pour me reposer, j'ai encore de la route et je n'ai presque pas dormi la nuit dernière.

En voyant son air débraillé, ses yeux fatigués et son épée, la jeune femme se dit que le jeune homme devant lui devait probablement lui dire la vérité. Elle lui serra la main et lui dit :

- Tu es le bienvenu pour passer la nuit. Je m'appelle Malon, et toi, tu es ?
- Link. Merci mille fois pour votre hospitalité.
- Eh bien, je dois t'avouer que même si nous ne sommes officiellement pas une auberge, nous avons tout de même une chambre spéciale pour les voyageurs à côté de l'étable. Suis-moi, je vais te faire visiter !

Elle commença sa visite en me présentant sa jument favorite qui se promenait non loin et qui s'appelait Epona. Ensuite ils partirent en direction de l'étable, qui était proche de l'entrée. C'était un bâtiment assez grand dans lequel il y avait au moins une douzaine d'enclos à vaches laitières.

- Et c'est ici qu'est produit le très réputé lait Lon-Lon. Il se vend merveilleusement bien à travers tout le pays et est connu pour ses valeurs nutritives. Les vaches sont toutes sélectionnées avec grand soin !

Elle continua dans l'étable et me montra un endroit dans le coin du mur où était installé un matelas à même le sol.

- Et c'est dans ce magnifique lieu que tu auras l'occasion de dormir ! dit-elle à Link en souriant.
- En toute sincérité, je suis tellement fatigué que je pourrais dormir n'importe où.
- Alors si j'en crois tes dires, tu pourrais très bien dormir à la belle étoile dans la plaine d'Hyrule plutôt que de me demander l'hospitalité, lui dit la jeune fille en souriant.
- Cela aurait été regrettable. Je n'aurais pas pu suivre cette incroyable visite ! répondit Link en souriant lui aussi.

Ils continuèrent la visite, cette fois-ci dans la maison, un lieu d'habitation construit en brique et plus spacieux que les maisons à Toal.

- Et voici mon chez-moi !
- Tu vis seule dans ce vaste espace et en t'occupant de tout le ranch ?
- Non, mon père vit ici aussi. Juste, il fait actuellement une vente de lait Lon-Lon à Bourg Hyrule.
- Tu ne t'ennuies pas trop ?
- Je n'ai jamais grandi et joué avec d'autres enfants. La présence des vaches et des chevaux me suffit. Mais assez parlé de moi, aide-moi à faire le repas !

Link aida Malon à tout préparer. Au menu : un délice des bois à la viande. Les deux jeunes gens s'installèrent dans une charmante petite salle à manger et commencèrent le dîner. Link qui d'habitude engloutissait les plats qu'il voyait en très peu de temps préféra les manger à une vitesse normale afin de ne pas faire mauvaise impression.

- Et toi que faisais-tu à Toal ? Tu as l'air de savoir te servir d'une épée, c'est peu courant dans un village de fermier.
- Toute ma famille a été décimée par une mystérieuse maladie. J'ai été recueilli par un ancien soldat d'Ecaraille qui m'a appris l'escrime. Lui aussi est décédé, mais c'était hier et à cause des monstres.

Sur cette dernière note le coeur de Link se serra. Malon avait bien vu qu'il n'allait pas bien et préféra dévier vers un autre sujet de conversation.

- Je peux t'apprendre à jouer de la flûte si tu veux ! Je me débrouille bien en musique !

Link ne refusa pas son aide. Elle lui montra les différentes notes qu'on pouvait faire avec ce petit instrument. Ensuite, pour mettre en pratique l'exercice, elle chanta un air simple que Link reprit à la flûte de pan.

- Tu es un bon élève.
- Merci pour tout Malon, vraiment. Mais il commence à être tard et je suis exténué.
- Très bien, tu sais où se trouve ta chambre pour cette nuit. Dors bien !

Link partit dormir dans son coin. Il lui restait qu'un détail à élucider : il fallait qu'il persuade Malon de bien vouloir lui laisser un cheval pour faire route jusqu'au Bourg d'Hyrule. Malgré l'inconfort de son abri, Link savait que c'était toujours plus préférable que dormir dehors. Il n'avait pas vraiment goût au luxe et était d'ailleurs tellement fatigué qu'il s'était endormi presque immédiatement et ne s'était réveillé qu'au petit matin. C'est Malon qui le sorti de son sommeil, car en tant que fermière, en l'absence de son père, elle devait s'occuper des vaches le matin à l'aube. Link l'aida en changeant le foin de chaque enclos. Après quoi, il parla à Malon de son problème :

- Si je veux prévenir rapidement la famille royale, il va me falloir un cheval. Je me demandais si je pouvais en obtenir un ici, même si je n'ai que peu d'argent sur moi.
- Ce n'est pas que je ne veux pas, mais ce qui est coûteux ici, ce n'est pas l'achat de la bête, mais plutôt les cours pour apprendre l'équitation. Mais tu as de la chance que je sois là, les chevaux c'est plus ma spécialité que celle de mon père.
- Et donc le prix ?
- Disons que je veux bien te faire un prix d'ami.

C'était donc aussi réglé pour le cheval. Les deux jeunes gens partaient maintenant vers l'abri des chevaux. Link aperçut directement la jument que Malon lui avait montrée la veille : Epona. Ce cheval avait directement tapé à l'oeil de Link, cet animal l'intriguait.

- Tu penses que je peux réussir à apprivoiser Epona ?
- De tous les chevaux présents ici, tu veux choisir la plus indomptable et imprévisible des juments ? Peu probable que tu y arrives. Moi-même j'ai parfois du mal à l'approcher. Mais je te propose un petit défi : si tu réussis, tu n'auras rien à payer.
- Pourquoi me proposer ça ?
- On n'a rien à perdre avec ce cheval. Impossible à vendre ou à apprivoiser.
- Je tente ma chance alors.

Link s'approcha doucement. Epona n'eut pas la moindre difficulté à le repérer. Elle commença à s'éloigner. Malon ne put réprimer un petit sourire en coin devant la gêne manifeste de Link. Puis le jeune homme improvisa. Il sortit la flûte de pan, et de mémoire commença à jouer l'air que chantait Malon hier au soir. Cette technique marchait, Epona avait l'air plus apaisé et avançait timidement vers le jeune épéiste. Link caressa la jument le long de son encolure, puis tenta l'impossible : il monta sur le cheval, qui au lieu de se cabrer pour éjecter Link, se contenta de marcher tranquillement au pas. Link avait réussi le défi de Malon. La jeune femme était d'ailleurs restée bouche bée tout du long.

- Tu ne m'avais pas dit pour ton talent avec les chevaux.
- Pourtant, c'est bien la première jument que j'apprivoise. Mais j'avais l'impression de connaître ce cheval, ça a été étonnamment très facile d'établir le premier contact.
- Un marché reste un marché, soupira Malon, elle est à toi !

Après quoi, Malon lui apporta une selle et un filet que Link installa sur Epona qui restait docile.

- Je ne vais pas m'éterniser plus longtemps ici Malon, avec ce cheval, je peux espérer arriver à la capitale d'Hyrule avant la fin d'après-midi.
- Je me doutais bien que tu allais repartir rapidement. C'est étrange, on ne s'est vus qu'une soirée, mais de toute ma vie tu es déjà pour moi ce qui s'apparente le plus à un ami. J'espère que tu atteindras ton objectif.
- Et toi, j'espère que tu ne t'ennuieras pas toute seule ici trop longtemps.
- Mon père devrait rentrer aujourd'hui normalement. Et n'oublie pas : tu seras toujours la bienvenue au Ranch Lon-Lon !
- Au plaisir de se revoir !

Link partit au galop du ranch et continua son voyage, cette fois-ci la tête reposée et en vue de son réel objectif : le Bourg d'Hyrule.Link voyageait à cheval depuis maintenant plusieurs heures. La route de terre continuait et les nuages au loin paraissaient se noircir au fil des heures. Sans personne avec qui parler il était plongé dans ses pensées. Pouvoir parler à Malon lui avait fait du bien. Mais quand ils avaient fini par aborder le sujet de la mort d'Orco, Link, pour qui le traumatisme était encore présent, s'était presque immédiatement refermé sur lui-même. Maintenant qu'il était seul devant cette étendue d'herbe qui paraissait infinie, la scène de la mort de son ancien maître d'armes se rejouait en boucle dans sa tête. S'il n'avait pas foncé bêtement dans le tas, Orco aurait peut-être survécu. Il n'avait pas su retenir ses émotions, avait agi de manière impulsive et en avait payé le prix. À présent il se promettait de ne plus jamais laisser un proche mourir sous ses yeux à cause de sa propre incapacité à gérer ses émotions. "C'est fou." pensa Link, "cette plaine a vraiment un pouvoir étrange sur moi, c'est comme si isolé dans ce vaste espace, je me retrouvais à affronter mes propres démons."

Epona était une excellente jument et était même au trot plus rapide que la défunte Carotte. La route était grande et le jeune homme croisait enfin d'autres Hyliens à pied ou à cheval comme lui. Le voyage était si rapide que Link voyait désormais la gigantesque ville se dresser devant lui. La première chose qui tapait à l'oeil était d'abord l'épaisse muraille qui garantissait la sécurité aux habitants. Elle était construite en pierre et s'élevait à plus d'une dizaine de mètres de haut. Près des créneaux, Link arrivait même à voir les soldats qui patrouillaient, ils étaient au moins une dizaine et tous armés de hallebardes. Autour se dressaient aussi des douves ainsi qu'un pont-levis, qui était fermé la nuit et empêchait des trouble-fête de s'introduire discrètement dans la cité. Link apercevait aussi le gigantesque temple du temps, qui trônait dans la cité même depuis plusieurs centaines d'années. Et enfin, plus majestueux que tout, le gigantesque château d'Hyrule, palais dans lequel résidaient la famille royale, leurs conseillers, les hauts gradés, la garde royale et les servants. Le palais était protégé par une deuxième muraille de plus petite taille et était constitué de plusieurs ailes différentes qui encerclaient la cour centrale, le lieu de la salle du trône. Le château à lui seul devait occuper au moins un quart de la cité qui était de très loin la plus grande et la plus majestueuse de tout le monde connu.

Link était enfin arrivé devant la grande porte. Il l'avait atteinte quelques heures avant le soir, il aurait peut-être même le temps de se rendre au palais sans avoir à passer une nuit à l'auberge. Le talentueux épéiste passa devant un garde qui surveillait la grande porte. Celui-ci devait le fouiller et l'interroger sur la raison de sa venue, probablement à cause de l'épée qu'il portait. Link descendit de son cheval.

- Vous venez de ?
- Toal.
- Ce petit village de fermier ? Et pourquoi diable portez-vous donc une arme alors ?
- Je devais me rendre au village d'Ecaraille afin de passer un examen et devenir soldat. Mais sur la route, j'ai découvert que le village d'Adeya a été détruit à cause d'une bande de monstres.
- Ce que tu dis est ridicule. Tu veux vraiment me faire gober tout ça ? Avoue, t'es juste venu pour voler une boutique et te tailler d'ici vite fait, hein ?
- Après quoi, mon village aussi a été détruit par les monstres.
- Continue avec tes histoires et tu finiras en cellule.
- Deux villages ont été détruits en l'espace de quelques jours ! L'armée est assez incompétente pour n'en avoir rien à faire !?

"Je suis allé trop loin, mon impulsivité va encore me jouer des tours" pensa Link. La situation était au point mort, le soldat avait l'air indigné et commençait à être menaçant avec son arme. C'était trop tard pour négocier. Et fuir ne lui attirerait que plus d'ennuis. Mais d'un autre côté, si Link se laissait faire, il finirait en prison ce qui ne l'avancerait pas non plus. Le jeune homme ne savait plus quoi faire, mais heureusement, un autre soldat plus haut gradé et avec plus de jugeote vint :

- Calme-toi soldat, ce qu'il dit n'est pas totalement idiot. On a plus aucune nouvelle de la première division de la brigade anti-monstres qui était postée à Adeya.
- C'est celle du capitaine Hoz ?" s'écria Link.
- Oui exactement. Tu as l'air d'en savoir beaucoup, et ce que tu avances est très inquiétant. Viens par-là, je vais t'escorter aux bureaux des gardes.

Après quoi, le haut gradé le prit avec lui. Epona fut amenée à des écuries spéciales par le garde à l'entrée qui à présent fulminait. Les deux hommes partirent dans un endroit reculé que Link n'avait pas remarqué. Celui-ci menait à une petite maison elle-même reliée à la muraille. À l'intérieur, un mobilier simple : quatre chaises en bois et une table.

- Très bien, installe-toi. Je suis le lieutenant Gautier. Et tu vas me faire un rapport détaillé de tout ce à quoi tu as assisté. Ensuite, j'estimerai si oui ou non ce que tu dis est crédible.

Link lui raconta tout. Il lui expliqua qui il était, pourquoi il passait à Adeya, il lui détailla au maximum sa rencontre avec le soldat Erick. Ensuite, Link enchaina en lui racontant l'attaque de Toal, mais ne lui parla pas de la lumière dorée qui était apparue sur sa main, ne tenant pas à ce qu'on le prenne pour un fou. Gautier avait l'air particulièrement inquiet.

- Ce que tu racontes est cohérent. Je connaissais de nom le soldat à qui tu fais allusion, et tu n'aurais pas pu l'inventer pour ton histoire. De plus, les faits coïncident : le moment où tu as rencontré la brigade devait être la date à laquelle il devait nous envoyer un message par pigeon voyageur pour faire un rapport.
- Que devons-nous faire à présent ?
- Toi, pas grand-chose. Je vais t'escorter au château, et quand je ferai un rapport au roi, tu pourras me servir en tant que témoin oculaire pour rajouter quelques précisions que j'aurais pu omettre durant mon compte-rendu. Au vu de la situation, réunir un conseil d'urgence ne serait pas de trop. Puis quand ce sera fini, tu pourras rentrer chez toi.

Cela faisait bizarre à Link d'entendre le mot chez toi. Il n'avait pas anticipé l'après voyage et était franchement convaincu qu'il n'arriverait plus à vivre normalement à Toal après le traumatisme qu'il avait vécu. Mais cela tombait bien puisqu'il ne comptait pas encore rentrer. Cette lumière dorée l'intriguait et il lui fallait trouver des réponses ici même. Et Link avait peut-être une petite idée derrière la tête.

Gautier escorta Link jusqu'au château. Maintenant dehors, le jeune homme avait l'occasion d'admirer l'intérieur de Bourg Hyrule. De grandes maisons, pour la plupart qui s'enchainaient sur plus de trois étages, défilaient devant les yeux de Link dans des rues larges et qui lui paraissaient sans fin. La population affluait, des gens venaient de partout, se rendaient pour la plupart sur des places marchandes. Link ne put s'empêcher aussi de regarder une boutique d'un marchand de masques, dans laquelle un homme un peu étrange réarrangeait sa vitrine. Après une dizaine de minutes de marche, les deux hommes avaient enfin atteint la place du Bourg, une place circulaire avec une magnifique fontaine en son centre. Plusieurs chemins s'offraient alors à eux : ils pouvaient prendre la rue tout droit et accéder à l'entrée du château, prendre d'autres chemins qui menaient vers des quartiers plus résidentiels ou alors partir vers la droite et se diriger vers le très imposant temple du Temps, qui était une église constituée de trois ailes différentes, et dont le pic s'élevait à plus de cent mètres de hauteur.

Link se sentait tout simplement écrasé par la ville. Ce n'était finalement absolument pas comparable à Toal, et ce même quand un vendeur était de passage. Le jeune épéiste avait beau ne pas être agoraphobe, il se sentait tout de même mal à l'aise dans cette véritable mer humaine, et avait hâte d'atteindre le château où il y aurait probablement moins d'agitation. Finalement, les deux hommes arrivèrent devant un grand portail, situé à l'extrémité nord de la ville. Celui-ci était gardé par d'autres soldats et le portail portait l'emblème d'Hyrule en son centre. Les deux soldats laissèrent passer le lieutenant et son invité sans se poser de questions. Le château était encore plus gigantesque vu d'aussi près, et pourtant le lieutenant se déplaçait à travers tous ses chemins sans la moindre difficulté. Ils prirent la route principale située en extérieur, puis plus loin, entrèrent par une petite porte sur le côté. Après avoir pris un escalier à colimaçon, ils se déplacèrent dans plusieurs couloirs internes, ou des serviteurs pressés s'affairaient. Ils arrivèrent enfin à destination, la salle des gardes, ou plusieurs hommes se reposaient.

- Je ne t'ai pas emmené ici pour rien. Avant de faire une audience au roi, je vais t'expliquer un peu ce qui va se passer et surtout te retirer ton arme, seuls les gardes royaux ont le droit de port d'arme dans la salle du trône.

Link acquiesça et donna son épée ainsi que le fourreau de celle-ci et son vieux bouclier en bois. Après quoi, Gautier lui expliqua plus précisément son rôle en insistant bien qu'il s'occupait de tout et que Link n'était là que pour appuyer ses propos. Puis il laissa le jeune épéiste seul dans la salle pour partir demander l'audience au Roi.

- Je reviens dans une trentaine de minutes. Ne bouge pas de la salle, attends mon retour.

Alors Link fit ce qu'on lui demandait. Il attendit, restant seul avec ses pensées et une idée qui avait peut-être bien une chance de fonctionner, même si ce qui germait dans sa tête lui paraissait trop invraisemblable pour en parler au lieutenant Gautier.

La salle du trône était bondée. Celle-ci était organisée en cercle et pouvait accueillir beaucoup de monde en simultané, et au centre se trouvaient les trois sièges de la famille royale. L'annonce était faite, une grave nouvelle était parvenue au Roi. Après tant d'années de paix, la guerre et la destruction se profilaient à nouveau en Hyrule. Le roi rétablit à nouveau le silence dans la salle. À ses côtés, sa femme et surtout la célèbre princesse Zelda à sa droite. Hyrule avait des coutumes très particulières. Effectivement, la princesse n'avait qu'un faible rôle politique mais était en revanche nommée Grande Prêtresse d'office, c'est elle qui avait toutes les responsabilités religieuses du royaume. Et c'était en partie sur ça que Link comptait. Gautier en était à l'épisode de la destruction de Toal. Le roi ne laissait passer que peu d'émotion, mais il était apparent qu'il avait du mal à croire ce qu'on lui disait. Comment lui en vouloir ? C'était si invraisemblable et il y avait si peu de preuves pour l'instant ! La vingtaine de conseillers proches du roi avait l'air aussi incrédule, mais Gautier ne perdait pas la face.

- Et c'est donc ce gringalet qui a terrassé une armée de monstres ? ne put s'empêcher de lâcher l'un des conseillers.
- Il n'était pas seul, d'autres villageois l'ont probablement aidé à repousser les monstres, lui répondit calmement le lieutenant.
Le roi prit alors la parole :
- Il est vrai que cette absence de réponse des garnisons anti-monstres est troublante. Mais je ne peux mobiliser tout Hyrule sans des preuves plus concrètes qu'un simple témoin oculaire qui pourrait tout à fait délirer.
Link commençait à s'irriter. Il n'avait pas vécu toutes ces horreurs pour être traité de menteur et de fou. Il manquait un argument qui pourrait le rendre totalement légitime. Il prit donc la parole sans autorisation :
- Il y a une chose que je n'ai pas dite au lieutenant Gautier.

Le lieutenant en question se tourna l'air inquiet et fit signe à Link de se taire. Mais le mal était déjà fait. Le roi, un peu vexé d'avoir été coupé sauta sur l'occasion :

- Et quelle est donc cette fameuse chose que tu as omis de dire ? Si tu n'as toujours pas de preuve, je me réserve le droit de te faire mener vers les geôles, petit fauteur de troubles.
- J'ai bel et bien attaqué les monstres seul, et j'ai bien cru que j'allais y passer. Mais une mystérieuse lumière dorée s'est matérialisée sur ma main. Il y avait sur mon bras une Triforce, comme dans la légende du héros d'Hyrule !

Tout le monde s'était tu. Personne n'osait parler ou même rire. Ce qu'il avançait était tellement gros ! Débarquer de nulle part et prétendre avoir un lien avec le héros des légendes d'Hyrule. Cette fois-ci, tout le monde le prenait pour un fou. Le roi se leva et fit signe au garde d'approcher. Seule la princesse Zelda semblait sincèrement intriguée.

- Tu as dit la bêtise de trop. Qu'essayes-tu donc de faire à la fin ? Si ton village a vraiment été attaqué, dis la vérité. Tu penses tromper quelqu'un avec de telles sornettes ? Soldats, éjectez-le du château !
- Attendez père ! Moi j'ai peut-être un moyen de connaitre la vérité.
- Allons ma fille, ne te ridiculise pas à ton tour !
- Vous oubliez un détail, je suis la plus haut placée quand il s'agit de religion. Il parle de la Triforce et fait référence au héros, cela me concerne donc.

Le roi ne sut quoi répondre. Ce qu'elle disait n'était pas faux. Puis lui comme elle n'avait rien à perdre. Zelda s'approcha donc de Link. Le jeune épéiste était troublé. Il n'avait jamais vu la princesse, et elle lui semblait si familière. Quand il la voyait, il avait à nouveau en lui cette sensation de nostalgie, comme quand il admirait la plaine ! Elle portait une simple robe bleue et blanche avec des motifs dorés à la taille, et ses cheveux blonds lui arrivaient dans le dos. Finalement Zelda arriva devant lui et tendit la main. Link commença à lever son bras et elle le lui prit. Instantanément, la lumière dorée émana à nouveau de son bras, mais aussi de celui de la princesse. La lumière était si forte que la plupart des conseillers plissaient les yeux, voire se détournaient. Le roi lui, n'avait plus du tout le visage neutre. Devant lui se trouvait l'authentique héros de la légende ainsi que la princesse !

Chapitre 8 : Nouvelle vie, nouveaux combats   up

Au commencement, il n'y avait que le Néant. De ce Néant sont nés les démons de ce monde, et ils vivaient en ces périodes troublées leur grand âge de prospérité. Mais ces immondes créatures étaient cupides et incapables de créer, ainsi ils ne laissèrent aucune autre créature s'installer et Hyrule resta figé dans les ténèbres durant des millénaires.
Puis les déesses d'or firent leur apparition.
Din, de ses bras enflammés sculpta le sol et créa la terre rouge. Nayru inonda l'univers de sa sagesse et apporta ordre et loi sur le monde. Et Farore de son âme infinie donna vie aux êtres issus de l'ordre et de la loi.
Une fois leur oeuvre achevée, elles laissèrent en héritage une partie de leur pouvoir matérialisé sous la forme de la Triforce. Cette Triforce était divisée en trois parties : la force, la sagesse et le courage. Les trois morceaux réunis, celle-ci rendait son détenteur omnipotent et lui permettait de réaliser un souhait.
Mais plusieurs siècles auparavant, un être consumé par les ténèbres qui était le digne descendant des anciens monstres nés du Néant trouva et s'empara de la Triforce. Il était alors connu sous le nom de Seigneur du Malin, ou Roi Démon. A cause de sa malveillance, le pouvoir sacré se scinda en trois parties distinctes, chacune allant à un possesseur lui correspondant. Ainsi le Roi Démon reçut la Force et partit en quête des deux autres, possédés par la princesse du royaume et son chevalier servant.
C'est ainsi que commença le premier Grand Cataclysme d'Hyrule : sur la confrontation entre le champion de Din ainsi que la prêtresse et son chevalier.

* * *

Link était allongé sur le lit de son nouveau chez soi. Il était réveillé et regardait le plafond depuis plusieurs minutes. Il se repassait en boucle les phrases de l'antique légende qu'on lui contait quand il était encore tout jeune. Il se souvenait que sa mère aimait la lui narrer. Sa mère. Cela lui semblait si loin, il n'avait plus que sa voix et son odeur rassurante dans sa mémoire. Il vivait dans l'insouciance à cette époque. Mais désormais sa vie n'était plus que chamboulement. Il y a encore moins d'une semaine, son rêve était de s'engager dans l'armée et devenir soldat. Maintenant il était devenu le chevalier servant de la princesse du royaume. La Triforce avait brillé à sa main au contact de Zelda, c'était la preuve irréfutable qu'il détenait le pouvoir des élus des déesses. Cela faisait de lui le digne descendant du héros d'Hyrule. Après cet événement extraordinaire, Link se retrouvait en discussion avec le roi en personne qui lui remit quelques heures après ses nouvelles armes et son nouvel équipement. Désormais sa mission était simple : surveiller et défendre la grande prêtresse du royaume. Il fut ensuite emmené à ses appartements situés proche de sa désormais protégée, et le roi partit saisir un conseil de guerre auquel le jeune homme allait devoir participer dès le lendemain. C'était tellement surréaliste aux yeux du jeune épéiste que celui-ci crut rêver en de multiples occasions. Son nouveau rôle était très prenant. Dans quelques minutes il devait être prêt afin d'arriver dans la salle de banquet où il allait attendre Zelda et accompagner celle-ci toute la journée. Cela lui paraissait excessif vu comment le château était protégé. Mais il ne s'agissait pas que de sécurité : Link allait devoir le faire parce que la tradition le voulait. Souhaitait-il réellement tous ses changements dans sa vie ? Au fond il se sentait angoissé par toutes ses nouvelles responsabilités, réaction somme toute assez logique. Mais dans les faits cela ne le gênait pas. Il était moins libre mais pouvait vivre paisiblement en Hyrule et dans un certain luxe. De plus sa place allait être idéale pour venger son village et tuer des monstres. C'est tout ce qui importait pour lui : trouver celui qui avait causé la destruction de Toal. Parce que Link connaissait la légende : trois Triforces pour trois élus. Le héros, donc lui-même, représentait le courage. La princesse la sagesse et enfin la troisième Triforce était la force. Et son détenteur actuel était encore inconnu, mais toujours d'après les récits anciens, le possesseur de la force avait de mauvaises intentions et complotait souvent contre Hyrule. Donc si une telle personne existait et que son pouvoir s'était éveillé, il y aurait fort à parier que cet être veuille du mal à la population du royaume.

Le jeune homme fut dérangé dans ses pensées quand un serviteur frappa à sa porte pour le réveiller. Link se leva et enfila son uniforme : une cotte de mailles et surtout une magnifique tunique verte, cette tunique qui se transmettait à travers les générations et qui revenait toujours au chevalier servant. Puis il prit son authentique bouclier hylien ainsi qu'une épée de garde royal. La journée pour ce nouveau héros débutait.

Link mit plus de temps que nécessaire pour arriver à destination. Il n'était pas encore un habitué du palais et s'était perdu, obligé alors de demander son chemin à un serviteur. Il passa à travers une demi-douzaine de couloirs richement décorés : plafond vouté en staff, tapis rouge et doré, armements divers mis en trophée. Le jeune homme arriva juste à temps : à peine arriver, essoufflé par son voyage, la princesse venait elle d'entrer tranquillement prendre le premier repas du jour. Elle le salua à peine. Elle le snoba presque ! Pourtant Link avait du mal à lui en vouloir. Il débarquait dans sa vie et se mettait à la suivre partout, à sa place il aurait moyennement apprécié. Pourtant à travers les différentes légendes d'Hyrule, l'élu et la princesse étaient toujours ensemble et s'appréciaient. L'amitié entre les deux personnages dans les histoires avait donc été inventé pour rendre la légende plus idéale ? S'il devait passer le restant de ses jours avec Zelda, il aimerait au moins pouvoir la considérer comme une amie. Enfin, pas d'inquiétude à se faire, ce n'était que son premier jour. Zelda partit vaquer à ses occupations. Elle aussi devait participer au conseil mais celui-ci avait lieu que l'après-midi pour avoir le temps de faire venir tous les généraux de l'armée d'Hyrule. Link suivit donc la princesse qui partit en direction de la grande bibliothèque sans lui accorder un regard. Elle prit un grand livre d'étude et s'installa. Le jeune héros s'ennuyait terriblement. Orco lui avait appris à lire, mais le maitre comme l'apprenti ne considéraient pas l'étude d'ouvrage écrit comme un loisir. Le jeune homme tenta donc maladroitement d'engager la discussion :

- Je n'ai aucune idée de ce qui va être dit pendant le conseil, et mon nouveau rôle au sein d'Hyrule m'impose de grandes responsabilités que je n'ai jamais demandées.
Il s'était contenté de dire la vérité, c'était presque un cri du coeur, il se sentait stressé. Mais que pouvait bien répondre la princesse à cette question, qui n'en était même pas une d'ailleurs. Elle lui jeta un regard, et prise peut-être d'une certaine pitié lui répondit de sa voix claire et limpide :
- Tu n'as pas à t'en faire. On te donnera des ordres simples, et tu seras pris au sérieux toi au moins...
Elle aussi avait répondu de manière simple et impulsive, et elle regrettait déjà à moitié ses paroles. Les deux jeunes gens s'enfermèrent donc chacun de leur côté dans leur mutisme.

Le conseil allait être saisi d'une minute à l'autre, Zelda et Link se dirigèrent donc en direction des quartiers principaux rejoindre le roi, la reine et toutes les personnalités importantes militairement du pays. La réunion ayant été décidée rapidement, il n'y avait aucune délégation des peuples du reste d'Hyrule, donc aucun Zora et Goron. Seule une délégation Sheikah était présente. L'arrivé de Link fit pas mal de bruit, l'élu de la légende était présent et les généraux notamment tenaient à se présenter. Le jeune homme eut un très bon accueil, et beaucoup de mains inconnues furent serrées, toujours en présence de Zelda qui était restée silencieuse depuis la tentative d'engager la discussion dans la bibliothèque. Une table ronde très vaste avait été dressée pour l'occasion avec dessus une grande carte de tout le royaume. Au centre de la carte le Bourg d'Hyrule et la Grande Plaine qui étaient cernés par plusieurs grands fleuves. Au nord de la cité se trouvait la Grande forêt d'Hyrule, au nord-est la montagne de la Mort ainsi que le village Goron. Et plus au sud se trouvaient les territoires côtiers : la cité des Mouettes, le village d'Ecaraille et la Forêt de Firone. Ensuite au nord-ouest se trouvait le Domaine Zora, et c'était là que se situait le lac Hylia. Et tout le sud-ouest était la propriété des Gerudos, cette tribu de femmes guerrières du désert qui avait comme avantage géographique d'être protégée par une grande chaine de montagne où était nichée une forteresse.
Les peuples d'Hyrule étaient en paix depuis maintenant presque un siècle. La plupart des conflits dans l'Histoire avaient été menés contre les belliqueuses Gerudos, mais à présent même celles-ci étaient devenues neutres. La grande menace qui avait toujours pesé sur le royaume, le grand ennemi universel, c'étaient les monstres généralement caractérisés par le retour du Roi Démon Ganon, mais il n'existait aucune preuve physique de l'existence de ce dernier. Pourtant la légende persistait. Même sans preuve directe, on ne rigolait pas quand on parlait du Fléau d'Hyrule. Et aux yeux de beaucoup, l'enchainement de coïncidences telles que le retour de l'élu et la princesse, ainsi que la recrudescence de monstres prouvait bien l'existence d'un être maléfique supérieur et il fallait rapidement mettre un plan en place pour lutter contre cette éventualité.

- Hyliens, l'heure est grave. Deux villages de notre beau royaume ont été attaqués puis pillés par une bande de monstres particulièrement coriace. Il nous faut maintenant répliquer.
- Ce ne sont pas les brigades anti-monstres qu'il faut mobiliser, mais bien le corps principal de l'armée d'Hyrule. Organisons une battue dans la région de Toal et mettons fin au problème en purgeant la forêt de Firone de ses stupides monstres ! s'emporta l'un des généraux.
- Le problème, c'est que les monstres ne sont peut-être pas que dans la forêt plus au sud. Une armée de ces créatures peut venir attaquer de partout à tout moment. Renforcer la sécurité nous fera gagner du temps, mais on ne peut pas diviser l'armée pour chasser les monstres aux quatre coins du royaume.

Et ce genre de débat complètement inutile reprit comme ça pendant ce qui sembla être à Link une éternité. Il avait besoin d'action pas de discussion. Et tous ses hommes parlaient d'armée, mais il était flagrant qu'ils craignaient le retour du Fléau et préféraient donc se voiler la face sur la nature du problème. Ce fut Zelda qui intervint :

- Le héros est à nouveau parmi nous et les monstres se réveillent. Il ne fait aucun doute que l'antique Fléau d'Hyrule fera son retour si nous utilisons la méthode classique. L'armée ne pourra rien, laissez-moi vous exposer ma proposition. Le héros et moi-même devrons commencer notre pèlerinage à travers les sources d'Hyrule. Après quoi, j'aurai la possibilité de maitriser mes pouvoirs et Link sera à même de s'emparer de l'épée de légende. Avec tous ces éléments combinés, le royaume n'aura plus rien à craindre.
- Et donc votre proposition est de remettre le destin d'Hyrule sur vos frêles épaules ? Et ce fameux chevalier est-il assez digne de confiance pour qu'on puisse lui confier pareille tâche ? Votre proposition et de s'en remettre à la religion ?

Link était sur ce point-là d'accord avec l'homme qui venait d'intervenir. C'était l'un des plus importants d'Hyrule : le très influent général Rainier, un quinquagénaire un peu grisonnant, mais qui paraissait avoir tout de même sauvegardé une partie de sa force d'avant. Il était présent à la cour depuis longtemps maintenant. Il avait de nombreuses fois intervenu et gagné des batailles décisives notamment contre les pirates de Firone. Rainier était un homme très terre-à-terre, et il appréciait peu Zelda qui avait tendance à beaucoup s'en remettre à la religion comme elle était la grande prêtresse.

- Si je ne m'abuse, ce choix a été bénéfique, puisque sans ça aucune personne ici présente ne serait en vie car Hyrule aurait été anéanti il y a bien longtemps.
- Ce genre de décision serait irréfléchie. Les sources sont situées à des endroits dangereux de cette terre. La source de la Force notamment est cachée au fin fond du désert Gerudos, Gerudos qui ont il y a quelques années coupé tout lien avec Hyrule et fermé la frontière sans plus d'explication.
- Si vous n'êtes pas d'accord, demandons son avis à sa majesté mon père.

La situation s'était clairement envenimée. Tout le monde s'était tourné vers le roi et la reine. La reine n'avait pas écouté un traitre mot du conseil dont dépendait le sort de son royaume, et avait l'air de s'ennuyer terriblement. Quant au roi, il avait l'air lassé et fatigué. Malgré tout, lui aussi redoutait le Roi Démon, et du fait de cette peur préféra se fier à la religion.

- Rainier, ma fille a raison, l'armée du royaume ne pourra pas gérer cette crise sans précédent. De plus, à part la source des Gerudos, la source de la sagesse et du courage se situent sur des territoires alliés. Fions-nous au pouvoir des déesses, et nous repousserons le malin hors de ces terres une fois de plus.

La décision était irrévocable. Rainier fulminait à présent et s'enfonça dans son siège, l'air boudeur. "Tous plus pitoyables les uns que les autres," pensa le jeune épéiste. Désormais la décision était prise. Zelda et Link allaient partir en pèlerinage à travers les différentes sources. Link étant le puissant héros allait être seul à accompagner la princesse, comme le voulait la légende. Le jeune homme était d'ailleurs très perturbé qu'on lui accorde pleine confiance aussi rapidement. Ils allaient partir dans les prochains jours et se rendraient dans un premier temps plus au nord vers la Montagne de la Mort. Cette montagne était donc le territoire des Gorons, le peuple du feu chez qui se trouvait logiquement la source du courage. Après quoi, ils allaient poursuivre cette quête en se rendant chez les Zora, des êtres mi-homme, mi-poisson. Et pour la dernière source il n'y avait aucun plan précis. Le clan Sheikah a tout de même proposé d'engager ses guerriers furtifs pour infiltrer les deux jeunes gens en toute discrétion mais c'était tout. La tête du nouveau héros bourdonnait tant, tout ça lui paraissait surréaliste. Tous des aristocrates effrayés de perdre leur position, assez impitoyables pour laisser deux gamins partir à l'aventure dans le vaste Hyrule, et ce à cause de la décision d'une jeune princesse inconsciente. Dépassé par ce qui lui arrivait, Link partit de la salle, abasourdi par l'indifférence de toutes ces personnes du "grand monde", ces hommes au pouvoir qui dirigeaient le royaume depuis maintenant des siècles. "Finalement, vu leur incapacité, ce n'est peut-être pas plus mal que je m'occupe seul de la protection de Zelda", pensa Link qui était désormais tiraillé entre amusement et exaspération.

Rainier était seul au milieu de la pièce en désordre, plongé dans la semi-obscurité environnante. Il ne se contentait plus de fulminer mais avait clairement laissé s'échapper sa rage. Des chaises avaient été renversées, des livres jetés çà et là, comme brusquement projetés par un coup de vent. La réunion avait été désastreuse pour lui, et la "morveuse" allait compromettre tous ses plans. L'avait-elle prévu, ou était-ce un simple caprice ? Il ne pouvait le savoir. En tout cas elle ne lui laissait que peu de temps pour passer à l'action. Il allait devoir saborder tous ses efforts, toutes ces années d'infiltration pour mettre cette gamine hors d'état de nuire. Il se grattait à sang la peau tant il était devenu nerveux et se mit à rire comme un dément : il n'avait plus rien d'humain. Rainier, qui n'était plus lui-même s'empara du katana qu'il avait caché dans un compartiment secret de son bureau. Il était désormais prêt, sa soif de sang allait pouvoir être étanchée.

Chapitre 9 : L'émissaire du Roi Démon   up

- Cela vous arrive donc de temps à autre de craindre pour votre vie ? s'emporta Link.

La réunion était passée depuis maintenant plusieurs heures et la nuit était déjà tombée. Zelda avait reçu une lettre du général Rainier qui l'invitait dans l'un des salons de l'aile ouest du palais afin de revenir sur ce qui avait été dit durant la réunion. La princesse décida d'aller à ce rendez-vous, et Link ne comprenait pas sa décision. Les choix pris au cours du conseil étaient insensés mais pourquoi revenir sur les mesures prises ? Et puis têtue comme l'était Zelda, Link voyait mal Rainier convaincre la princesse. Il flairait dans cette histoire quelque chose d'anormal.

- Et vous avez peur de quoi exactement ? Nous sommes dans l'enceinte du palais et vous êtes armé. De plus Rainier n'a aucun intérêt à tenter quoi que ce soit, donc s'il vous plait arrêtez de faire comme si vous vous y connaissez en politique et laissez-moi défendre mes opinions comme une grande fille !
C'était la première fois que la princesse lui adressait la parole depuis l'incident de la bibliothèque. Elle lui parlait à présent avec un ton sec et amer. Décidément, Link ne comprenait pas ce qu'il avait bien pu lui faire. Il commençait à être particulièrement agacé par le comportement de la jeune femme, mais il restait son chevalier et se sentait obligé de la suivre. C'était maintenant son nouveau rôle, son objectif, et il ne supporterait pas d'échouer à protéger quelqu'un une seconde fois.
- Si je vous embête, rien ne vous oblige à me suivre partout docilement.
- Je préfère rester proche de vous. N'oubliez pas que ma position dépend de si vous êtes en vie.

Les deux jeunes gens continuèrent donc leur petit voyage au sein du palais. Zelda n'ayant reçu la missive que tardivement, Link n'avait pas eu le temps de prendre avec lui tout son équipement ce qu'il regrettait un peu. Il avait juste sur lui son épée. Mais comme l'avait souligné Zelda, ce n'était que Rainier qui n'avait pas vraiment l'air jeune et fort. "Et s'il avait tout simplement engagé des assassins ? Admettons que plusieurs personnes expérimentées m'attaquaient en simultané, je ne sais pas si j'y survivrais, Triforce ou pas. Non la princesse a raison, ça n'a pas de sens. Je suis carrément paranoïaque, moi-même je me rends compte que j'ai les nerfs à fleur de peau depuis Toal. Allez Link, reprends-toi. Aie l'air fort et assuré." Le jeune homme ne pouvait s'empêcher d'angoisser au fur et à mesure qu'ils avançaient. Les couloirs étaient à peine éclairés par quelques bougies. À cette heure si ce n'était normalement que le crépuscule et il faisait déjà très sombre dans le Bourg d'Hyrule.

Ils arrivèrent enfin au point de rendez-vous donné par le général où il y régnait un silence de plomb. C'était une pièce avec plusieurs fauteuils confortables, en bref un petit salon qui devait être chaleureux en temps normal. Mais la grande baie vitrée située en face projetait des ombres étranges et inquiétantes. La lune brillait haut et fort et la pâle clarté de ses rayons était la seule source de lumière présente. Le centre de la pièce était lui occupé par Rainier. Celui-ci avait les bras croisés et son regard se portait vers la fenêtre de la pièce d'où l'on pouvait bénéficier d'une vue magnifique sur la cité. Rainier se retourna.

- Je vous en prie, entrez et faisons en sorte que cet entretien se déroule dans les plus brefs délais.
L'ambiance de l'endroit avait beau être menaçante, le ton du chef de guerre était calme, absent de la moindre once d'agressivité. Il se tenait droit et avait l'air détendu, en tout cas bien plus que Link. La princesse fit un pas vers l'avant et son chevalier la suivit dans la pièce.
- Rainier, vous avez intérêt à m'avoir invitée ici pour une bonne raison. Je suis là que parce que je n'ai aucun intérêt à faire de vous mon ennemi à la cour, mais je n'apprécie guère que l'on me fasse perdre mon temps. Je prépare un important voyage comme vous le savez.
La dernière petite pique lancée par la princesse ne passa pas inaperçu et Link perçut une légère crispation sur le visage du quinquagénaire.
- Vous vous doutez bien que je suis ici pour vous en parler. Le roi est insensible à mes avertissements et ne prend plus la moindre décision. Puisqu'il n'est plus capable de prendre des initiatives, je tenais à en parler avec la personne qui a l'air de détenir le pouvoir politique en ce moment, à savoir vous.
- Vos propos pourraient être perçus comme de l'insubordination. Je l'ai convaincu, cela veut donc juste dire que je fais preuve de plus d'éloquence que vous. Venez-en au fait, ou je pars.
Rainier sentit que la situation lui échappait, et cela le frustrait. Il commença à s'avancer lentement en direction des deux jeunes gens.
- Je vais donc être sincère avec vous. Si vous partez faire ce voyage, vous mourrez.
Les pupilles du jeune héros se dilatèrent. Link sentit immédiatement une tension dans l'air. Rainier avait fait deux pas vers leur direction. Zelda n'avait pas l'air de ressentir la moindre menace et semblait simplement irritée par les propos du général. Le temps sembla s'écouler au ralenti. Par réflexe Link mit sa main sur son fourreau, ce que Rainier remarqua.
- Vous ne comprenez pas la menace que représentent les Gerudos pour votre quête. Si vous êtes capturé, famille royale ou pas, elles vous exécuteront dans les moindres délais.

Rainier continuait vers eux. Il avait ralenti probablement intimidé par le mouvement du jeune homme. Le général était à moins de quatre mètres d'eux. Zelda s'apprêta à répondre puis l'instant fatidique arriva. Sorti de nulle part, le général sortit une dague de sa manche. Il prit son impulsion pour atteindre rapidement la gorge de la princesse. Link qui avait vu le coup venir prit le bras de Zelda et la poussa derrière lui. Puis dans la même seconde, il dégaina son épée et para le coup. Il s'apprêta à achever son adversaire en lui plantant son épée, mais Rainier fit preuve d'une telle agilité que Link en fut surpris. Cet homme était censé être un quinquagénaire et avait fait un bond de cinq mètres en arrière pour esquiver son coup. Ensuite il y eut une explosion de lumière orangée, et devant le jeune homme se dressait à présent un tout autre homme. C'était un guerrier musclé, portant un justaucorps rouge sang révélant un torse saillant. Il portait des cheveux d'un noir de jais mi-longs et attachés, et son visage était caché par un masque qui arborait un mystérieux motif en forme d'oeil avec une larme s'écoulant vers le haut. Ce que craignait surtout Link, c'était l'arme de cet homme masqué, un long katana noir qui pourrait facilement trancher le jeune héros en deux.

Link se mit en position de combat. Sa dernière confrontation contre un humain s'était assez bien déroulée, mais l'adversaire se tenant devant lui n'était pas comme les autres. "Allez, la meilleure défense, c'est l'attaque !" Link n'était plus angoissé, seulement concentré sur le duel qui s'annonçait. Il s'élança vers son adversaire mais eut une hésitation. Son but était-il d'assassiner Zelda ou de le tuer lui ? Il vaudrait peut-être mieux rester près de la princesse pour éviter qu'elle ne soit blessée. Le guerrier remarqua ce moment de réflexion du jeune héros et en profita immédiatement pour prendre l'ascendant sur le combat en portant le premier coup.

Link le vit venir, toutefois l'arme était longue et la vitesse de son ennemi n'égalait que sa férocité. Le jeune homme para avec difficulté. Il tenta de le repousser. Zelda elle commençait à reprendre ses esprits. Tout s'était déroulé tellement rapidement, la princesse était restée sur place que quelques secondes et à présent elle voulait fuir pour prévenir les gardes. Le féroce adversaire de Link ne voulait pas laisser la princesse s'échapper, il tenta une méthode de combat plus radicale et sortit d'une de ses poches une petite sphère qu'il glissa entre ses doigts et jeta avec force au sol. Une noix mojo ! Link en avait entendu parler, c'était une arme normalement utilisée par les terribles guerriers sheikah. Cette petite graine émettait un violent flash de lumière. Link eut juste le temps de mettre son bras devant ses yeux, ensuite ce fut une violente déflagration de lumière. Il crut bien que sa tête allait imploser tant celle-ci était forte. Le jeune homme avait eu un bon réflexe et arrivait encore à distinguer la forme de son adversaire devant lui. Zelda en revanche était complètement aveuglée. Le mystérieux ninja s'élança, son arme élevée au-dessus de sa tête. Le jeune élu savait que s'il ne bougeait pas il mourrait. Mais la noix mojo avait tout de même fait des dégâts, il distinguait tout juste son adversaire et ne pourrait pas porter un coup précis pour parer la prochaine charge. Link laissa alors son instinct parler à la place de sa logique. Il lâcha son épée puis il prit ses appuis, baissa la tête et s'élança devant lui ses bras en avant. Le guerrier ne s'attendait absolument pas à cette manoeuvre et le jeune homme le percuta de plein fouet en l'agrippant à la taille. Son impulsion avait été très forte et son adversaire basculait maintenant avec lui vers l'arrière. Les deux combattants traversèrent la baie vitrée située dans la pièce.

Le choc était terrible, et le vent sifflait dans les oreilles du jeune élu. Link sentit d'un coup le froid mordant de la nuit et son visage fut égratigné par des petits éclats de verre. Encore heureux que son ennemi lui serve de bouclier humain, la situation aurait pu être dramatique pour le jeune héros. La chute allait les mener une dizaine de mètres plus bas sur un toit de l'aile ouest. Le choc ne serait pas mortel pour Link qui allait pouvoir se servir du corps de l'homme masqué pour amortir sa chute. Mais tout ne se passa pas comme prévu. Le féroce guerrier se dégagea de son étreinte par un violent mouvement de jambes. Puis arrivé au point de chute, il atterrit et se réceptionna avec beaucoup de naturel. Link, lui, s'écrasa quelques mètres plus loin et eut juste le temps de mettre ses bras en avant pour protéger sa tête. Le jeune homme était complètement sonné : ses bras étaient engourdis et une douleur sourde se propageait comme une onde de choc dans tout son corps. Link se doutait qu'il allait probablement mourir dans les prochaines secondes, son adversaire avait son arme bien en main. Il se dirigeait vers lui avec tranquillité, déjà assuré de sa victoire. Malgré tout, Link était presque serein, il avait réussi sa mission, Zelda aurait le temps de se mettre à l'abri.

- Je comptais assassiner la princesse, de vous deux c'était la moins à même de se défendre. Mais je suis finalement déçu de la puissance du fameux héros.
Même avec un masque, Link devinait aisément le rictus de mépris que devait arborer le visage de son ennemi.
- Que je tue l'un ou l'autre cela ne change rien à mes plans. Si l'un des détenteurs de la Triforce vient à mourir, la prophétie ne pourra pas se réaliser à nouveau.
Le jeune élu était perplexe. L'autre faisait probablement référence au récit mythique. S'il voulait tuer le détenteur de la sagesse ou du courage, cela devait probablement signifier qu'il était associé à l'actuel détenteur de la force !
- Le grand Roi Démon fera bientôt son retour en Hyrule grâce à moi !

Link ne voulait pas attendre de mourir sans rien faire, mais il n'avait aucune option. Derrière lui une chute cette fois-ci mortelle, de l'autre un katana prêt à le trancher en deux. Puis sans prévenir, son adversaire fut stoppé dans son avancée vers le héros et se tordit de douleur. Deux shurikens étaient plantés dans son dos. Derrière lui se dressait un, ou plutôt une nouvelle venue : un membre du clan Sheikah. Elle arborait le même genre d'arme et tenue que son adversaire, à l'exception près que sa combinaison était bleue marine et blanche et que son visage était à découvert : un visage fin et anguleux cerné de mèches argentés.

- Tu n'iras pas plus loin, yiga ! Retourne te réfugier dans l'ombre de ton maître !
Yiga ? Qu'était-ce donc ? Link avait de la culture mais n'avait jamais entendu ce mot. Toutefois, au vu de la colère que la Sheikah avait mise dans ce mystérieux mot, il pourrait très bien être une insulte. À moins qu'il ne s'agisse plutôt d'une organisation, un autre clan ? Le jeune homme était au courant de l'existence d'un clan adverse au Sheikah mais il n'en connaissait jusqu'alors pas le nom. La Sheikah s'élança vers ce qui semblait être donc le yiga à une vitesse prodigieuse. L'autre restait très habile malgré les shurikens qui l'avaient blessé. Les coups et les pirouettes s'enchainaient, Link qui n'était pas armé, restait en retrait pour les voir se battre en restant admiratif de leur puissance. "Pourquoi suis-je donc l'élu ? Les deux guerriers en face de moi ont une bien meilleure maitrise de leur arme, je ne vois aucun faux mouvement." Le yiga commençait à fatiguer, il combattait depuis plus longtemps que la Sheikah et ses coups faiblissaient à vue d'oeil. Il était littéralement au bord du gouffre et n'avait plus d'endroit où fuir, c'était à son tour d'être pris au piège.

- Vous gens du clan sheikah, pourquoi se battre pour une royauté qui n'a jamais voulu de vous ? Il n'y a rien de plus horripilant que de vous voir accepter votre sort sans protester, arrêtez de n'être que des esclaves !
La guerrière restait neutre et froide. Elle continua son attaque et coupa cette fois les doigts de son adversaire qui dut lâcher son katana, puis elle lui asséna un violent coup de pied dans le bas-ventre, l'éjectant ainsi du toit. Link se baissa pour voir si le Yiga était en vie mais ne vit rien, l'espace en contre-bas était trop peu lumineux.
- Est-il mort ?
- Nous ne le saurons peut-être jamais. C'est un yiga, une ancienne dynastie du clan sheikah qui s'associa au Seigneur du Malin pour asservir Hyrule. Ils ne sont que des assassins, expert dans l'art du déguisement et aussi de la fuite. En bref ils ne valent rien.
- Il a failli me tuer. Je ne suis donc pas censé être l'élu ? Comment réussir à protéger la princesse si je ne peux pas me protéger moi-même ?
- Vaste question. Mais pour l'instant relève-toi. Je me nomme Impa, du clan Sheikah. C'était moi la chargée de la protection de Zelda avant ton arrivée, jeune Link !

Link arriva dans la chapelle du château en compagnie d'Impa. Cette pièce servait aussi d'infirmerie ce qui pouvait se montrer utile au vu de l'état du jeune homme. L'adrénaline était redescendue et la douleur en était accrue. Les os de ses bras avaient failli casser, heureusement qu'il avait une très bonne condition physique. La Sheikah lui concocta un remède vitalis. Le liquide n'avait que peu de goût et d'odeur, mais une sensation de chaleur se propagea instantanément dans la gorge de l'élu qui était maintenant détendu.

- Comme je te l'ai dit, l'homme que tu affrontais étais un Yiga, c'est-à-dire un ancien membre du clan sheikah qui s'est associé au Fléau d'Hyrule. Celui-là était vraiment fort, c'était probablement un haut gradé dans leur clan.
- Rainier n'a donc jamais existé ?
- Je ne sais pas. Ce Yiga est infiltré sous cette identité depuis des années. Il n'y a donc que deux options : soit Rainier est un traître depuis le début, soit il a tué Rainier pour prendre sa place. Et j'opterais plus pour la deuxième hypothèse.

Comme l'avait mentionné Impa, les Yigas avaient trahi leur propre clan pour s'associer au Roi Démon. Mais pour comprendre ce choix, il fallait remonter à une très ancienne époque. Les Sheikah ont toujours été au service du peuple d'Hyrule et leur étaient même supérieurs technologiquement parlant. Cependant, la famille royale ne voyait pas d'un bon oeil cette technologie et demandèrent donc à ce clan d'arrêter leurs recherches. Il y eut un refus de plusieurs membres du clan qui préférèrent s'isoler d'Hyrule et comploter pour renverser le roi et la reine. Le seul problème est qu'ils n'étaient pas majoritaires au sein des Sheikah et n'étaient donc pas assez puissants pour réussir leur coup. Ils s'allièrent donc au Roi Démon. Ce sombre personnage était originaire du désert et avait rallié à sa cause plusieurs brigandes gerudos. Il chercha à grossir ses rangs et accueillit les Yigas à bras ouverts. Finalement, en voulant éviter le roi d'Hyrule, ils finirent par être dominés par un nouveau souverain. À la suite de ces événements, le Roi Démon déclara la guerre à tout Hyrule. Il avait une armée d'une puissance phénoménale grâce à la magie noire et aux monstres, mais fut défait sur la Plaine d'Hyrule par la princesse et le héros après des années de destruction. C'était à ce jour la plus grande guerre qui avait décimé Hyrule.

- Cet homme était donc probablement associé au Roi Démon si c'est un Yiga. Il y a fait référence. Le Fléau est donc toujours en vie.
- Et ça t'étonne ? Bien sûr que le grand ennemi d'Hyrule est encore en vie, sinon comment expliques-tu ta présence dans ce château en compagnie de la princesse ?
- Mais quelle est donc sa vraie puissance ? Que faire s'il se décide à attaquer rapidement ?
- Il ne s'attaquera pas directement à Hyrule, ou en tout cas pas pour l'instant. C'est là que vous intervenez Zelda et toi. Votre pèlerinage vous rendra supérieur à lui : Zelda saura utiliser ses pouvoirs, et toi tu seras enfin digne de porter l'épée de légende.
- Ce sera un sacré périple.
Link regarda par un vitrail de la chapelle. Il ne voulait plus rentrer à Toal mais partir à l'inconnu l'inquiétait aussi. Le sort d'Hyrule reposait en partie sur ses épaules et il n'avait que la princesse pour partager ce fardeau. Malgré tout il en avait marre de se lamenter.
- Puisqu'il doit en être ainsi, j'accompagnerai la princesse et ensemble nous deviendrons assez puissants pour repousser le Roi Démon !
Le visage de Link s'était éclairé d'un coup. Il se rendit compte que sa propre peur l'avait lui aussi embrouillé, et désormais il se sentait enfin prêt à affronter Hyrule et ses nombreux dangers. Impa l'avait bien compris et regarda Link, elle aussi en souriant.
- Link tu es encore en vie !
Zelda venait d'entrer dans la pièce et un immense soulagement se lisait sur ses traits de visage. Le jeune homme en était étonné, il n'avait pas imaginé une seule seconde que la princesse aurait pu s'inquiéter pour lui, le chevalier. Cette impression s'était renforcée à cause de la froideur de celle-ci à son égard. Maintenant, Link se rendait compte que la jeune femme était autant perdue que lui.
- Je ne comptais pas mourir de sitôt ! Quoique sans Impa le corps du grand chevalier d'Hyrule ferait probablement trempette avec les poissons dans les douves...
Zelda laissa s'échapper un petit sourire en coin, le premier qu'il ait vu sur son visage. Une première petite victoire pour le héros.
- Bon allez-vous deux. Assez d'émotions pour ce soir, je me charge d'avertir le roi de ses sombres événements. Reposez-vous, demain le départ risque d'être dans la matinée !

Chapitre 10 : Vers Ordinn !   up

À peine arrivé dans les quartiers principaux, Link apercevait déjà tout plein de gens du palais s'affairer. Les soldats notamment escortaient divers membres de la cour afin de les interroger ou au contraire les maintenir sous protection. Les événements de la veille avaient chamboulé toute l'organisation ce qui avait davantage précipité le départ des deux élus. La ville entière avait été prévenue de la désormais glorieuse mission royale et les habitants aussi commençaient à se masser dans les rues de Bourg Hyrule. Link avait reçu son sac de voyage avec notamment des provisions et le strict minimum pour dormir et se repérer dehors, ce qui était déjà un luxe en soi au vu du périple prévu. Link avait bien évidemment tout son arsenal cette fois-ci : une très bonne épée, son bouclier et un arc. Il était d'ailleurs assez gêné quand il avait reçu ce dernier : Orco ne lui avait jamais montré comment en utiliser un, il lui faudra apprendre par lui-même. Mais il n'en était pas inquiet, le jeune homme aurait probablement le temps de s'entrainer durant son voyage.

Aux écuries, les serviteurs aussi étaient agités, un vrai branle-bas de combat matinal. Link partit retrouver Epona. La brave bête avait été amenée jusqu'ici peu après son arrivée et il ne l'avait pas revue depuis. Epona était maintenant brossée et on lui avait harnaché une belle selle de voyage. Le serviteur qui s'en était occupé avait même porté plainte, il n'était pas passé loin de se faire piétiner par la farouche jument. Link emmena Epona hors des écuries et attendit Zelda qui ne tarda pas, elle aussi déjà en tenue de voyage et armée d'un sabre. Effectivement, la princesse avait reçu les bases en escrime et auto-défense pour justement contrer les tentatives d'assassinat comme la veille. Malheureusement, acquérir les bases ne suffit pas toujours face à un autre ennemi intelligent, et c'est là que l'expérience d'un vrai combat était enrichissante, expérience que n'avait pas encore eu la jeune princesse. Zelda prit son cheval et se mit en selle tout comme Link.

- Prêt à affronter Hyrule ? lui demanda cette dernière.
- Les monstres oui. La foule non.
- On n'aura pas à s'en soucier longtemps. J'ai hâte de retourner sur la plaine. Mon père m'y emmenait parfois, mais toujours avec une grande escorte de garde. Cette fois-ci, je serai moins entourée.
- Pressons alors. Je n'ai jamais aimé les adieux déchirants, et il n'y a rien à faire de plus ici.
- Tout à fait d'accord. Le château ne va pas me manquer de suite.

Link se demandait pourquoi la princesse avait l'air de se sentir aussi mal entre ces grands murs de pierre. Dans son cas, Toal lui rappelait un traumatisme encore récent. Mais dans le cas de Zelda, il n'avait aucune idée de ce qu'elle aurait pu vivre et qui lui donnait cette envie pressante de partir.

Une fois parvenu dans la cité, un triomphe leur fut donné. La foule était partout sur les trottoirs acclamant les deux jeunes gens. Des fanions avaient été dressés, des encouragements criés, il y avait même une petite troupe de musiciens venus célébrer ce futur succès avec une douce et guillerette mélodie. Les habitants étaient tous heureux et sûrs de la victoire de leurs jeunes élus, aucun pessimisme ne se décelait dans leurs regards. Link avait reçu une nouvelle leçon de vie : le peuple a une entière confiance en ces héros, et cette confiance était peut-être bien la plus dangereuse des armes. À Link et Zelda de ne décevoir personne.

Après ce bain de foule, ils arrivèrent enfin devant la grande porte où un large passage avait été laissé pour les besoins de circulation. La plaine était proche, ce désert de verdure appelait Link une fois de plus. Mais il n'était plus seul dorénavant. Ils entrèrent en ce lieu apaisant et se dirigèrent vers le nord-est. Première escale prévue sur le village de Cocorico, après ce sera la fin des terres hyliennes et ils seront livrés à eux-mêmes sur la Montagne de la Mort.

Plusieurs heures s'étaient écoulées. Le début du voyage fut silencieux, et les deux jeunes gens s'en contentaient. Ce silence était quelques fois interrompu par les bruits de la plaine : le vent caressant l'herbe, la foulée régulière des chevaux qu'ils montaient... L'endroit mettait les sens de Link en éveil, que ce soit l'odeur de la verdure humidifiée, ou bien encore la vue admirable qu'il avait sur tout le royaume depuis cet emplacement. Les nuages menaçants n'étaient plus et le coeur d'Hyrule rayonnait plus que jamais. Le paysage et les sensations procurées étaient agréables, mais malgré tout les bruits de la plaine ne parvenaient pas à couvrir le lourd silence qui se maintenait. Ce fut finalement la princesse qui se décida à rompre ce moment de calme :

- C'est encore mieux que tout ce que j'ai pu imaginer. Ce lieu est apaisant quand on n'y est pas escorté.
Zelda rayonnait. Ses grands yeux curieux se posaient partout autour d'elle, elle admirait la flore, les insectes, les oiseaux. C'était comme si elle regardait le monde pour la première fois, elle semblait revivre.
- C'est pourtant ce que je suis censé être.
- Tu es bien moins envahissant que tous ces gardes du palais. Ce que je veux dire par là, c'est que je préfère encore me promener avec une personne de mon âge plutôt que dix soldats grincheux.
- Serait-ce un compliment ? fit remarquer Link qui était d'humeur taquine. Vous avez tout de même l'air d'oublier un détail, ce n'est pas tout à fait une promenade, c'est plutôt un périple.
- Il y a quelque chose de grisant dans le fait de se lancer à l'inconnu. Je prends ça comme une balade de santé comparé à la vie de palais.
Link avait rapidement remarqué chez la princesse une grande soif de découverte. Elle voyait la quête comme une escapade plus qu'un pèlerinage pour réveiller ses pouvoirs.
- Vous ne direz plus ça après plusieurs mois passés dans la nature, j'en suis sûr. Je ne suis pas un grand vagabond, mais le peu de voyages que j'ai faits ont tous été fatigants. Je suis quand même d'accord avec vous sur un point, on ne s'ennuiera pas. En tout cas pas quand on sera attaqués par des monstres ou en train d'échapper à d'autres catastrophes diverses, car le monde ne manque pas de ressources pour surprendre.
- C'est vrai qu'il nous faudra être plus concentrés quand un danger sera proche. Mais tout de même, tu n'es pas le chevalier le plus jovial que je connaisse. Toujours droit et concentré, dit-elle en imitant la position de Link sur son cheval, qui sans s'en rendre compte était extrêmement tendu.
- Moi, quelqu'un de pessimiste et peu sympathique ? lui répondit le jeune homme faussement vexé. Si je puis me permettre princesse...
- Mais allez-y messire Link, permettez-vous.
- Il me semble que c'est bien vous qui parliez d'un ton sec à environ tous les gens de la cour tentant d'engager une discussion avec vous.
- J'évite d'accorder ma confiance à n'importe qui. La preuve en est qu'hier même, en tentant d'engager une discussion civilisée, on a tenté de m'assassiner.
- Vous marquez un point sur ce coup-là.
- Comme toujours. Je suis la prêtresse d'Hyrule, je suis censée avoir réponse à tout.

Une ombre passa rapidement sur son visage, ce que le jeune élu releva. Zelda montrait de nouvelles facettes de sa personnalité, elle donnait de sa personne ce que Link appréciait. Mais il se doutait qu'elle avait dû vivre une enfance assez difficile, et elle lui en parlera quand elle s'en sentira prête. Ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps, mais le jeune homme était certain que cette quête commune créerait des liens.

Le crépuscule commençait lentement, mais sûrement à se profiler. Zelda et Link savaient qu'il leur faudrait dormir dehors pour la nuit. Ils venaient d'arriver proche d'un vieux pont en pierre séparant la Plaine d'Hyrule au reste du monde. Cocorico se localisait encore à une dizaine de kilomètres, caché derrière une pente assez brusque. Des zones plus montagneuses et rocailleuses apparaissaient déjà, et encore plus loin la Montagne de la Mort, tellement haute quelle était visible de n'importe quel lieu du royaume.

Proche du vieux pont, un pommier s'y était épanoui, et c'est sous ses branchages que les deux jeunes gens décidèrent de dresser leur tente qui consistait en un simple drap assez ample ainsi que des piquets. En bref un abri de fortune, mais très portable. Son avantage était surtout qu'elle avait été cousue avec un tissu très spécial qui était imperméable. Une fois la tente prête, ils cherchèrent une nouvelle occupation avant la nuit. Link prit son arc et son carquois afin de profiter des dernières minutes de soleil pour s'entraîner. Une fois dans un endroit plat et dégagé, il chercha une cible et se fixa comme objectif de toucher un tronc d'arbre à quelques mètres de lui. Il leva son bras, mit du temps à réussir à encocher la flèche, banda l'arc et rata totalement sa cible. Voyant la mine déconfite de son partenaire de voyage, Zelda intervint :

- Tu n'as pas appris à tirer à l'arc ?
- C'est donc si flagrant que ça ?
- Oui, ça l'est. Mais je n'étais pas plus adroite que toi à mes premiers cours.
- Alors en plus de l'escrime, vous êtes aussi bonne archère ? Il y a des jours où je me demande si je suis vraiment si utile que ça au royaume.
- C'était une initiative d'Impa. Elle a convaincu mon père que le meilleur moyen de me protéger était de m'apprendre à me défendre, et je lui en serai toujours reconnaissante. Puisque tu es encore un débutant en archerie, je veux bien te donner quelques conseils.
- Je ne refuse jamais les recommandations d'une personne expérimentée.

Zelda s'approcha de Link et lui montra d'abord les différentes parties de l'arc. Ensuite, elle lui demanda de mettre la flèche. Link s'exécuta, se mit de profil, réussit un peu plus rapidement à encocher la flèche et attendit. La princesse recorrigea sa posture non sans quelques difficultés. Puis elle lui ordonna de se mettre en position de tir. À nouveau Link s'exécuta et à nouveau la princesse lui montra comment se positionner. Cette fois-ci il y eut une difficulté supplémentaire : garder l'arc bandé en continu pendant que Zelda lui montrait comment se mettre faisait mal au bras de Link. Enfin, il visa et tira... avant de voir la flèche s'écraser à quelques mètres de l'arbre.

- Pourquoi fais-tu donc cette tête ? Ta flèche est plus proche du tronc qu'avant.
- J'imagine qu'il n'y a pas de solution magique. Il faut que je m'entraine encore plus.
- Exactement. Alors réarme ton arc et continue de tirer jusqu'à ce que tu touches le tronc.

Le jeune homme eut quelques galères à se remettre en position de tir, mais ces mouvements se fluidifiaient. Après douze essais infructueux, une flèche s'enfonça avec force en plein milieu du tronc. Link, content de sa performance, partit reprendre ses flèches avec un demi-sourire de satisfaction. Fin de son entrainement pour la journée, la nuit était enfin tombée.

- Tu as un talent manifeste pour les armes, ta vitesse de progression est bien plus élevée que la mienne.
- Il s'agit effectivement de l'une de mes qualités. Mon maitre d'armes était très doué.
Pour la première fois, le jeune élu parvint à faire mention d'Orco sans que sa poitrine ne s'enserre. Il était bien évidemment loin de faire son deuil, mais ses progrès à ce niveau-là aussi étaient manifestes.
- Si cela vous intéresse aussi princesse, je peux vous donner quelques cours d'escrime supplémentaires. Ce sera en quelque sorte notre manière de nous préparer aux futures épreuves qui nous attendent.
- Si nous trouvons du temps durant notre voyage, ce sera avec plaisir.

Link s'installa lourdement sur le sol. Il ne s'était pas exercé des heures, néanmoins ses bras étaient légèrement endoloris. Les deux jeunes gens allumèrent un petit feu de camp, et après quoi composèrent un repas avec les quelques ressources qu'ils avaient sur eux, c'est-à-dire des fruits secs ainsi qu'un biscuit salé et très consistant. Zelda se sentait quelque peu fatiguée de cette première journée de voyage et partit se coucher très rapidement. Quant au jeune homme, il profita un peu de la vue. Le ciel était dégagé et l'air frais. Il s'installa dans l'herbe et attendit que le feu commence à faiblir pour partir se coucher dans la tente lui aussi, heureux de cette journée où il avait presque réussi à oublier qu'il était un rescapé de son village et le héros aux grandes responsabilités.

Chapitre 11 : Un accueil festif à Cocorico   up

L'aube se profilait à nouveau sur la vaste plaine d'Hyrule, et Link et Zelda étaient déjà en route pour leur prochaine destination : le village de Cocorico. Les chevaux étaient reposés et trottaient à une allure rapide à travers la colline qui les séparait de leur objectif, ce qui était d'ailleurs la première trace de dénivelé aperçue depuis le début du voyage. La végétation se faisait un peu plus dense, et ce qui était en premier lieu une colline se révéla être plusieurs kilomètres plus loin de hautes montagnes qui cernaient l'entièreté de Cocorico. Le village était selon la carte de Link niché plus en contrebas, et protégé par le relief qui formait une véritable barrière naturelle.

- J'ai déjà fait un voyage à Cocorico, c'était pour une visite diplomatique dans laquelle j'accompagnais mon père, lui dit la princesse l'air pensive.
- Une visite diplomatique au sein de son propre royaume ?
- C'est un village qui est majoritairement habité par des Hyliens, mais il y a aussi un bâtiment qui est la propriété du clan sheikah.
- Je ne me rendais pas bien compte d'à quel point les relations entre Hyliens et Sheikahs pouvaient être tendues.
- Les yigas ne comptent pas vraiment, les Sheikahs les méprisent et ne les considèrent pas comme de leur clan. Et cette visite était plus un hommage qu'un déplacement pour apaiser les tensions.
- Et tes impressions sur le village ?
Il y eut un moment de silence pendant lequel Zelda semblait réfléchir à la question.
- J'étais très jeune, mais comme je sortais peu du château ça m'a marqué. J'ai souvenir d'un endroit chaleureux.

Link était de plus en plus curieux au fur et à mesure qu'ils traçaient leur chemin. Le jeune homme avait entendu parler de notamment deux choses sur Cocorico : il y avait une auberge réputée (Orco lui faisait des cours de géographie et mettait un point d'honneur à lui présenter les bons établissements), et un cimetière qui serait selon les différentes légendes locales, hanté par des fantômes. Ils arrivèrent enfin au sommet de la pente et prirent un chemin plus plat qui serpentait à travers le relief. Zelda et Link entendirent des bruits, ce qui leur indiquait qu'ils arrivaient proche de leur première escale.

L'étroit chemin déboucha sur un pâturage et le jeune homme fut impressionné par la vue panoramique qu'il avait du village. Cocorico se situait en contrebas, éclairé par les faibles rayons de soleil matinal. La bourgade était bien moins modeste que Toal. Des charmantes petites maisons en briques avaient été construites, et un grand moulin était installé plus en hauteur. Des champs de blé et de carottes s'y épanouissaient non loin. En bref, un village de campagne tout ce qu'il y a de plus charmant, et parfaitement à l'abri grâce aux reliefs naturels. Link profita de son point d'observation pour trouver l'accès à la Montagne de la Mort, situé plus au nord encore. Le jeune homme aperçut une grille gardée par un soldat qui semblait minuscule de ce point de vue élevé. C'était donc là qu'ils se rendraient.

- Le départ a été précipité, aucun émissaire n'a été envoyé pour prévenir notre arrivée. Prépare-toi à l'attention que vont nous porter les villageois.
- Ce n'est pas grave, nous ne resterons pas longtemps en ces lieux, répliqua Link.
- Je pense y passer au maximum une nuit. Il faut préparer notre ascension qui sera bien moins paisible que la petite chevauchée dans la plaine.
- Je ne m'en serais pas douté, lui répondit le jeune homme d'un ton sarcastique.

Les deux élus descendirent tranquillement la pente quand il y eut enfin contact avec un habitant. Un garde posté à l'entrée qui écarquilla les yeux en voyant la princesse du royaume s'avancer vers lui avec la plus grande tranquillité. Sa réaction amusa Link qui ne put réprimer un pouffement de rire, tant le soldat paraissait estomaqué par la visite surprise.

- V... vo...votre majesté nous fait l'honneur, heu, d'une visite surprise en ces lieux ?
- De courte durée je le crains. J'ai besoin de voir le régent de cette ville au plus vite, je vous prie de me mener à lui.

Le soldat tout penaud se mit à escorter la princesse sans quelques maladresses. Ils progressèrent ainsi dans le village. Celui-ci n'était pas encore très animé et malgré leur venue très inhabituelle, peu de regards indiscrets leur étaient accordés. Ils arrivèrent devant une maison plus grande et plus large que les autres dans le centre-ville. C'était l'habitation du maire de ce village, un quinquagénaire dénommé Alban. Le soldat poussa la porte d'entrée et le petit groupe fut accueilli par un domestique, qui finit après une courte attente par dire qu'Alban allait les recevoir en urgence. Link et Zelda s'installèrent donc dans un petit salon confortable et richement meublé. Le jeune héros s'assit dans un siège de bois et de velours, le même genre de siège que ceux du palais. "Je me suis trop vite habitué au luxe. Escalader une montagne infernale ne me fera peut-être pas tant de mal que ça," pensa Link, mi-sourire mi-inquiet par l'expédition.

- J'ai déjà vu Alban au palais, il est plutôt du genre à apprécier les cérémonies et les fêtes. Il faudra le détourner de cette idée, nous avons peu de temps à perdre ici. Oh et aussi, il va probablement vouloir se présenter à toi. Tu es connu aux quatre coins du royaume comme mon chevalier maintenant, lui indiqua la princesse en s'asseyant à son tour.
- Vous êtes plus connue que moi tout de même. Je m'occuperai des quelques achats nécessaires pour l'ascension. Si je suis efficace nous pourrions partir dans l'après-midi.

La princesse et son chevalier continuèrent de parler ainsi de leur départ et des produits qui allaient être de première nécessité, tandis que le temps commençait à paraître long. Soudainement la porte s'ouvrit avec fracas. Des confettis, un mini orchestre avec des trompettes et des tambours qui jouait un air entrainant, et au milieu de ce tintamarre, un homme. Il était d'une taille assez modeste, avait un drôle de costume violet et des cheveux gris totalement hirsute. Son visage était rouge et potelé. Il avait surtout l'air totalement débraillé, comme s'il s'était habillé dans la plus grande précipitation. Link regarda d'abord l'étrange personnage et se mit à ouvrir la bouche pour faire une remarque, puis se ravisa. Enfin, il regarda Zelda qui était, elle, parfaitement calme, quoique qu'il décelait dans ses yeux une pointe d'amusement et d'exaspération en même temps.

- Je vous souhaite la bienvenue dans notre beau village de Cocorico !
Il y eut une exclamation suivie d'un petit air de trompette pour conclure, puis après un silence pesant.
- Merci. Hem... Un grand merci pour ce chaleureux accueil Alban, je n'en attendais pas tant de votre part.
- Mais voyons, la princesse ET son légendaire chevalier présent ici pour la première fois ! Je me devais de marquer le coup, c'est historique. Je vous en veux de ne pas m'avoir prévenu plus tôt, j'ai dû tout organiser à la dernière minute.
Alban fit le signe de salut traditionnel d'Hyrule. La princesse se mit debout et le lui rendit. Link lui, restait encore effaré, notamment à l'idée que l'énergumène en face de lui dirigeait un village.
- Si vous n'avez pas été prévenu, c'est bien normal. Notre départ était précipité et je vais avec Link mon chevalier à la source du courage en urgence. Cocorico n'est qu'une escale.
- Une simple escale ?! La Montagne de la Mort nécessite beaucoup de préparations ! De plus, votre voyage dans la plaine a dû vous épuiser. Je vous interdis de repartir avant demain, je m'en voudrais à jamais s'il vous arrivait quelque chose. Et pourquoi n'avez-vous donc pas d'escorte ?
- Je suis l'escorte, répliqua Link en se levant lentement.
- Pour plus de précisions, nous partons en quête des trois sources pour purger le mal du royaume. Cette mission est considérée comme sacrée et seul Link et moi pouvons y participer.
L'air était déjà moins à la fête, même pour Alban qui comprenait enfin qu'il s'agissait bien d'une quête d'une importance capitale, et non pas une simple visite de courtoisie.
- J'avais entendu parler de la destruction de Toal. Il va sans dire qu'on a tous eu un peu froid dans le dos à cause de cette histoire. Un sentiment d'insécurité règne même jusqu'ici.
En disant cela, Alban jeta un regard nerveux à la Montagne de la Mort, visible depuis la fenêtre de la pièce, ce que Link releva.
- Se passe-t-il des choses anormales par ici ? ne put s'empêcher de demander le jeune homme.
- Hein ? À Cocorico, non et encore heureux. Mais les Gorons ne sont pas très actifs en ce moment. Cela va faire deux jours maintenant qu'ils sont terrés dans la montagne. Il est courant que quelques-uns d'entre eux viennent vendre des produits comme des métaux précieux, mais ils sont un peu moins présents ces temps-ci.
Link commença à marcher vers la porte tout en s'adressant à Zelda.
- Nous n'avons plus de temps à perdre, surtout si les Gorons ont un problème, princesse.
- Hey ! Je n'ai jamais dit qu'il y avait un grave problème.
- Link a raison, nous ne pouvons pas nous attarder ici.
- Mais... Et les villageois de Cocorico ? Pensez un peu à eux ! Ça fait maintenant plusieurs jours que les enfants ne dorment plus, de peur que des monstres viennent nous attaquer ! Votre venue était un prétexte absolument parfait pour rassurer la population autour d'une belle fête !

Alban eut l'air plus déterminé que jamais. Il ne pouvait se résigner à les laisser partir ainsi. Et Link commençait sérieusement à se poser des questions sur l'issue de cette histoire, puisque Zelda avait l'air hésitante.

- Ecoutez au moins ma proposition. SI nous nous y mettons tous ensemble, tout peut être prêt dans l'après-midi, vous pourriez même partir en fin de journée et établir votre camp pour la nuit sur le chemin !
- Il n'a pas tort, Link. Nous ne sommes pas pressés à ce point. Et la situation des Gorons est loin d'être alarmante. Si nous prenions le temps de nous reposer ?
La jeune femme s'approcha de Link et parla à voix plus basse.
- Il y a quelques jours, tu passais pas loin de la mort face à un yiga. Se précipiter pourrait être au moins aussi mortel que rester inactif. Nous ne sommes pas à quelques heures près.
- Qu'il en soit ainsi, répondit Link en soupirant
L'argument de la princesse était recevable, mais il restait quelques détails à régler.
- Nous avons besoin d'un endroit où poser nos affaires, ainsi que des boutiques où acheter nos fournitures. Des suggestions Alban ?

Quelques heures plus tard, Link passa la porte d'une petite auberge en plein centre-ville, les bras chargés de nourriture, eau et remèdes ignifus pour supporter les hautes températures. Le gérant de l'auberge le salua d'un bref signe de tête.
- La princesse est à l'étage.
Link le remercia de l'indication, puis se faufila entre les tables jusqu'à une pièce tout au fond qui menait vers une cage d'escalier. Il monta les marches rapidement, arriva dans un couloir et prit la première porte à gauche qui était une petite chambre qui leur servait de salle de rangement le temps de ce court séjour. Zelda regardait par la fenêtre tous les préparatifs. Link s'approcha et jeta un oeil lui aussi. Alban était au milieu des villageois qui montaient une petite estrade. Les rues inanimées du matin étaient à présent pleines de gens qui s'affairaient dans la bonne humeur. Le message était passé, la princesse du royaume et son légendaire chevalier servant leur faisaient l'honneur de passer la soirée avec eux. Alban aussi mettait main à la pâte. Il avait l'air dans son élément, c'était un homme fait pour être au contact du peuple, pas assis dans un bureau.

- J'étais très sceptique quand je l'ai vu pour la première fois. Mais en réalité, il a l'air d'un maire tout à fait responsable et agréable. Il veut juste le bien des villageois.
- C'est aussi pour ça que je n'ai pas décliné l'invitation. Je n'avais pas pensé au fait que la population en dehors du Bourg d'Hyrule puisse être effrayée par les événements récents. C'est triste à dire, mais la vie au palais nous éloigne du peuple.
- Eh bien ! Pour avoir déjà fait des fêtes dans mon village, je peux vous dire que vous aurez le droit à un vrai bain de foule.
La princesse le regarda avec étonnement.
- Link, ne te vexe pas, je sais que tu as eu une vie avant d'être mon chevalier, mais l'idée de te voir dans une fête de village me parait tout à fait invraisemblable.
Link se redressa d'un coup en prenant un air outragé.
- Zelda, si vous me connaissiez vraiment, vous seriez déjà au courant que je suis le meilleur danseur de mon village natal. Pourriez-vous en dire autant ?
L'anecdote arracha un rire franc à la jeune femme, qui se remit peu après à regarder dans le vide.
- Dans la mesure où les seules fêtes auxquelles j'ai pu assister étaient de barbantes cérémonies, non je m'avoue vaincue sur ce terrain-là. Mais que faisons-nous encore ici ? Tu as tout apporté pour le voyage, alors allons aider les autres dehors !
Zelda prit Link par la main et l'emmena à l'extérieur de l'auberge sans lui laisser le temps de dire un mot.

La fin de journée s'approchait, et tandis que les rayons du soleil perdaient en intensité, l'excitation des villageois de Cocorico devenait palpable. L'estrade sur la place avait été terminée, il y avait même quelques stands qui proposaient divers jeux pour les enfants. Le nombre de villageois s'élevait, il y en avait presque une centaine au même endroit, ce qui formait une foule compacte. Link et Zelda furent emmenés dans un premier temps à l'écart de tout ce monde pour être placés proche de l'estrade où le maire tenait un discours.

- C'est ainsi que la princesse et son chevalier ont décidé de faire une escale ici ! Traitons donc ces invités d'honneur comme il se doit !
Acclamation de la foule, puis applaudissements. Une demi-douzaine de musiciens commencèrent à jouer de la musique. Zelda se sépara d'Alban et Link. Le jeune héros, lui, se mit un peu à l'écart.
"Zelda n'a jamais fait ce genre de fête, et pourtant elle s'intègre déjà mieux que moi."
Elle accompagnait des enfants vers les stands de jeu et discutait avec les parents avec beaucoup de naturel. Quant à Link, il préférait se détacher de ce grand rassemblement et surveiller discrètement Zelda. Un assassin pourrait facilement se cacher dans la foule. Même si c'était peu probable, le jeune homme voulait rester à l'affût, mais sans gâcher la soirée de la princesse en passant pour un rabat-joie.
"Ça crève les yeux qu'elle a besoin de ce genre de contact humain. Elle n'est pas vraiment faite pour la vie de château."

Les pensées du jeune élu dérivèrent de Zelda à ses propres peurs. Il n'osait pas vraiment se joindre à toutes ces réjouissances. Il ne se sentait pas à l'aise au milieu de tous ces inconnus, alors que d'habitude, quand une estrade était construite sur la place, c'était pour qu'il rejoigne Marine et s'amuse au milieu de gens qui lui étaient familiers, à Toal. Puis, dans un tic nerveux, il mit une main dans sa sacoche... où se trouvait la flûte de pan que lui avait offerte son amie d'enfance. Il avait commencé à en jouer régulièrement durant ses voyages, et avait appris à l'utiliser. Presque par automatisme, Link se déplaça proche des autres musiciens. Ceux-ci virent son instrument et l'incitèrent bruyamment à se joindre à eux. Link s'exécuta et commença à jouer une note. Rapidement, il comprit le rythme de la musique en se calquant sur ce que faisaient ses voisins. Il était désormais en parfaite harmonie avec le petit orchestre.

Il n'existait pas sur terre meilleur point de vue d'une fête que celui d'un musicien. Link avait une vision d'ensemble. Les fanions virevoltaient dans le vent au rythme des danseurs. D'autres personnes, plus discrètes se contentaient d'être devant l'estrade et de les regarder jouer en tapant occasionnellement dans leurs mains. Les enfants étaient quant à eux dans une tout autre place, en tout cas dans leur imagination. Ils couraient en tous sens, s'agitaient, se chamaillaient. Et Zelda était arrêtée près d'une table et le regardait avec fascination. Le morceau prit fin, et la foule applaudit les artistes. Les musiciens félicitèrent Link pour ses talents à la flûte de pan, et le jeune homme, un peu flatté et lui-même étonné, descendit de l'estrade ou la princesse le rejoignit.

- Tu m'avais donc aussi caché tes talents de musiciens ? lui dit-elle sur un ton taquin mais aussi un poil impressionné.
- Je ne les soupçonnais pas moi-même.
- Tu as fait preuve d'aisance en jouant d'un instrument. Alors maintenant, je dois savoir si tu es aussi bon danseur que tu le prétends.

Zelda lui tourna le dos et s'enfonça au milieu de la place en lui faisant signe de la suivre. L'orchestre reprit alors un autre air et Link n'avait plus vraiment le choix. Il s'enfonça au milieu des habitants pour rejoindre son "amie". Link lui prit la main et ils commencèrent à danser. Les minutes s'écoulaient de manière tout à fait étrange. Pris dans l'euphorie de la foule, il ne savait plus vraiment ce qu'il se passait. Il dansait simplement, et il lui semblait être en ces lieux depuis des années. Le visage de la jeune femme était au centre de son champ de vision, et elle était heureuse. Lui-même souriait ! Pourquoi ne le ferait-il pas ? Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait complet, il se sentait exister. Et c'est probablement à cause de ce sentiment d'euphorie qu'il ne s'aperçut pas précisément quand tout bascula.

Il lui sembla que le sol tremblait. Était-ce à force de tournoyer dans sa danse ? Non ce ne pouvait être ça. Link comprit enfin qu'il devait reprendre ses esprits, mais ses jambes se dérobèrent sous lui. Et il n'était pas le seul. Tous les autres villageois étaient à terre. Link se tourna vers la Montagne de la Mort. Il s'élevait une épaisse fumée rougeâtre du cratère. Et aussi étrange que cela puisse paraitre, toute la montagne semblait s'élever. Link entendit alors un rugissement, à la fois puissant et étouffé. D'une manière ou d'une autre, il comprenait qu'il y avait dans cette montagne quelque chose de dangereux.

Le jeune homme parvint à se remettre debout, non sans quelques efforts. La grille d'accès à la route vers la montagne, située à une cinquantaine de mètres, s'engouffra dans le sol. La terre elle-même se fendait sous le seul passage qui aurait permis à la princesse et lui d'accéder à la source du courage. Puis, la fissure dans le sol s'éleva et s'élargit entrainant avec elle plusieurs habitations à l'extrémité du village. Voyant cela, les villageois de Cocorico commencèrent à hurler de frayeur... et plus rien. La terre s'arrêta de trembler, la fissure de s'élargir. Et la catastrophe prit fin, laissant une plaie béante à Cocorico.

chapitres suivants...

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Optoling". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 30.04.25