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Twilight Princess : La véritable histoire

Ecrit par Flavchat
Chapitres 1 à 6   •   Chapitres 7 à 12
Chapitre 7 : La femme qui murmurait à l'oreille des chevaux   up

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis la traversée du Lac Hylia et déjà le Ranch Lonlon apparaissait au loin, dans les lueurs du soleil couchant. Le petit groupe décida de camper afin de pouvoir y arriver dans la matinée. Le plan était simple : emprunter des chevaux pour pouvoir contourner la zone restante du Crépuscule et atteindre la Montagne de la Mort au plus vite.

Mais en étant à peine à quelques kilomètres de ce qui était sans aucun doute pour Sarah un lieu mythique, une des étapes clés de l'un de ses "jeux Zelda" préférés. Et dans ce même univers vidéo ludique, il était question d'une mélodie particulière que l'Histoire retenait comme la mélodie d'Epona, la jument de Link.

"Tululuuuu... Tululuuu... Tu lu luu lu luuu.... ouuuuouuuouuuu Du luuluuu... Douuuu Louulouuu"

- Qu'est-ce que tu fredonnes, Sarah ? demanda Link en arrivant derrière son amie, le sourire aux lèvres.
- Oh, une mélodie qu'on associe aux chevaux sur Terre... Et le fait d'être bientôt dans un ranch, ça me fait penser à Epona et à cette mélodie, voilà tout, expliqua la jeune femme en ponctuant sa phrase d'un sourire à son tour.

Elle ne voulait pas en dire trop, même si la grosse bombe de "je viens d'un autre monde" avait été lâchée quelques jours plus tôt. Bien que mal à l'aise avec l'idée de devoir encore cacher quelques informations, Sarah se rassura comme elle pouvait car au moins, aucune des informations contenues dans sa réponse n'était un mensonge.

En arrière-plan, Zelda et Midona finissaient de déballer certaines de leurs affaires avant de rejoindre Link et Sarah au coin du feu, que la Princesse du Crépuscule allumait elle-même à chaque fois en produisant une petite étincelle avec ses pouvoirs similaires à ceux qu'elle avait utilisés lors de leur bref passage dans les geôles du château d'Hyrule.

La nuit fut douce. Un ciel complètement dégagé habillait le ciel. Il était étrange de regarder tant de constellations sans en reconnaître une seule. Le groupe s'était posé à la belle étoile et regardait le ciel en s'accordant un moment de détente plus que bienvenu. Les seules paroles provenaient de Sarah, questionnant Link sur les différents groupes d'étoiles et les noms associés. Depuis sa plus tendre enfance avec Iria, le jeune homme avait en effet passé bien des nuits à observer les cieux avec la jeune femme, à tel point que les nuits blanches n'étaient pas rares.

Malgré le danger et la difficulté du périple, ce genre de soirées le rendait plus qu'unique et il ne faisait aucun doute que les souvenirs que chacun en avait seraient aussi beau qu'Hyrule une fois le royaume libéré du Crépuscule.

* * *

Le ranch se situait au nord-ouest du centre de la plaine, au sud de la citadelle. En cette matinée où le soleil libérait dans le ciel un océan de lumière jaunâtre douce mais puissante, le bonheur était de voir que l'aura de l'aube était si forte que le gigantesque mur du Crépuscule, séparant le ranch de la citadelle au loin était rendu presque invisible par le contraste.

Un grand portail avec un écriteau en forme d'arche portait l'inscription "Ranch LonLon" derrière eux, une grande maison de dix mètres de long s'élevant de deux étages avec des murs beiges et un toit rouge à leur gauche, et une étable en bois de surface similaire à la maison et à l'intérieur de laquelle on pouvait entendre des chevaux à leur droite. Devant eux, enfin, s'étendaient non pas un enclos empli de verdure mais bien deux, immenses, de plus de quarante mètres de long sur une vingtaine de large. Les deux enclos s'alignaient dans leur axe le plus long.

Mais s'il ne fallait retenir qu'une seule chose de ce fabuleux paysage, ce serait sans conteste l'énorme bâtiment de bois qui se trouvait encore deux cent mètres après les deux enclos où les chevaux broutaient. La meilleure façon de le décrire serait d'imaginer un bâtiment ovale en bois de soixante mètres de long sur trente mètres dont la hauteur atteignait sans exagération une bonne quarantaine de mètres.

Link et Sarah restaient tout deux ébahis devant un tel spectacle. On peut le comprendre, Link étant habitué aux écuries du village Toal et Sarah dont même le souvenir de Lamotte Beuvron (lieu où se déroulent les championnats français équestres) paraissait bien pâle en comparaison. En revanche, Tetra regardait le tout comme s'il s'agissait d'un tableau quelconque... beau mais rien de plus :

- Le ranch sert également de centre d'instruction aux soldats de la citadelle, d'où la nécessité d'avoir cette gigantesque écurie royale, expliqua la Reine après que Link eut posé la question.

C'est alors qu'une jeune femme approcha le groupe. Elle était vêtue d'une robe verte simple sans manche, lui arrivant juste au-dessous des genoux, ainsi que de chaussures brunes à semelle épaisse.

- Bien le bonjour, votre Altesse, salua la jeune femme en s'inclinant respectueusement à quatre-vingt-dix degrés. Que puis-je faire pour vous servir ?
- Bonjour Malon ! répondit Tetra, Je vous présente Link et Sarah. Nous sommes à la recherche de chevaux afin de pouvoir parcourir au plus vite le royaume.
- Majesté, pardonnez mon audace... mais cela aurait-il un rapport avec les étranges ténèbres que nous voyons depuis plusieurs jours ? se risqua à demander la jeune fermière.
- En effet, mais ne vous en faites pas, nous nous en occupons, mais pour y arriver, nous aurions grand besoin de votre aide, Mademoiselle, enchaîna Link, surprenant visiblement Malon en répondant à la place de la Reine Zelda.

Quand on y pense, cela n'était en fait guère surprenant, Link ayant comme philosophie de faire ce qui lui semble nécessaire, peu importe les conséquences, tout en veillant absolument à ce que tout le monde puisse s'exprimer et être heureux. Voilà tout ce qui compte.

Une fois encore, Malon s'inclina devant la suzeraine et proposa de les emmener aux écuries. Sarah, quant à elle, choisit de rester un peu en retrait, les yeux captivés par l'un des chevaux dans l'enclos.
Il s'agissait d'un magnifique cheval de robe unie blanche. De bonne taille, l'équidé devait bien atteindre les 1m80 au garrot.

Absorbée par ce cheval en particulier, Sarah avança vers la porte du premier enclos, où il se trouvait.
Un homme aux cheveux courts noirs et à la moustache épaisse et entretenue, vêtu d'un haut rouge et d'une salopette de travail blanche était occupé à ratisser les feuilles tombées à proximité. Bien que Sarah lui adressa un "Bonjour Monsieur" tout à fait cordial et avec le sourire, elle constata sans surprise qu'il ne lui adressa en retour qu'un bref regard et un grognement à peine audible qui devait être l'équivalent de ses salutations les plus distinguées.

Constatant aussi que cela ne rimait pas à grand-chose de lui demander l'autorisation, compte tenu du fait qu'il n'en avait visiblement rien à cirer, la jeune femme continua à avancer dans l'enclos.
Dès que le cheval l'aperçut, il émit un hennissement puissant et s'approcha d'elle au trot, avant de venir à sa hauteur et de la bousculer tendrement comme pour la câliner.

Les deux nouveaux amis passèrent une bonne vingtaine de minutes ainsi, jouant de multiples façons. La cavalière s'amusait à mettre son poing devant la bouche du cheval qui tentait de l'attraper frénétiquement mais gentiment. Son regard amusé et attentif joint à ses petites léchouilles faisaient de cet instant un moment particulièrement magique.

Encore quelques minutes après, Sarah se dirigea vers l'écurie pour retrouver ses amis au moment précis où eux-mêmes sortaient. Link courut vers Sarah, suivi par Zelda et Malon qui elles, ne se pressaient pas mais riaient de bon coeur. La maîtresse des lieux tenait un cheval via une longe.

- On l'a retrouvé, Sarah ! On l'a retrouvé !!! cria l'épéiste.
- Qui donc ? répondit son interlocutrice. Non pas qu'elle ne connaissait pas la réponse, non. C'est surtout qu'elle n'y croyait pas, ce serait trop beau pour être vrai !

Mais si, car comme le confirmèrent non seulement les dires de Link mais également les yeux de Sarah : c'était bel et bien Epona que Malon amenait avec elle. Les deux amies s'amusèrent à danser et à crier comme des fous sous les rires des deux autres femmes. La jument elle-même levait la tête haute, les oreilles bien droites et regardant fixement son maître, laissant ainsi voir ce qu'elle ressentait sans erreur possible.

- Je l'ai retrouvée errant dans la plaine en apportant du lait dans un village voisin, expliqua Malon, une grande partie de son harnachement avait été très sérieusement endommagé. Je l'ai soignée et remplumée comme je pouvais. Elle a vraiment été contente en revoyant Link.
- Super Link ! Te voilà de retour avec ta fidèle amie ! finit alors en riant Sarah.
- Par ailleurs, il te faut à toi aussi un cheval, Sarah, rappela Tetra.
- Justement ! Dites-moi, Malon, j'ai été particulièrement intéressée par ce magnifique cheval blanc, là-bas, adressa-telle à la fermière.
- Ah... lui... oui, il est disponible, mais je vous préviens, il risque de ne pas être facile à gérer, Mademoiselle, prévint Malon. Il s'appelle Akmen Râ. Tout ce que je sais, c'est que sa propriétaire a chuté du haut du Viaduc Hylia, il y a de cela environ deux ans. Sa famille me l'a amené car c'était trop dur pour eux de la revoir sans cesse à travers lui.

La jeune femme était tentée de révéler la vérité. Zelda et Link, quant à eux, fixaient Sarah en sachant aussi bien qu'elle que ce n'était pas une coïncidence, mais le regard fort de la reine indiquait clairement que selon elle, révéler tout cela n'était guère indiqué. Sarah alla donc avec Malon auprès du cheval afin de démontrer qu'il était très réceptif envers sa "nouvelle" cavalière.

Une heure après, les dernières démarches administratives avaient été conclues. La famille royale possédait plusieurs chevaux au ranch et Zelda put donc en emprunter un nommé Gris-poil qu'elle montait régulièrement ici : Un magnifique cheval aussi blanc qu'Akhmen Râ mais dont l'allure était si majestueuse qu'on ne serait pas le moins du monde étonné s'il s'avérait avoir une corne cachée sur le front.

La prochaine étape de leur voyage serait le petit village d'Adelda, situé au sud-sud-ouest par rapport à la Citadelle d'Hyrule. De là, ils auraient une ouverture à travers le Crépuscule pour rejoindre les régions d'Ordinn.

Chapitre 8 : La force du dragon   up

Depuis le début de journée, le groupe avait quitté le village d'Adelda où ses membres avaient pu se ravitailler et se reposer. Depuis lors, ils n'avaient cessé de longer la rivière avec l'idée fixe que son lit les mènerait aux Bois Perdus, tout au nord du royaume, et du même coup, quasi directement au pied du volcan d'Ordinn. A l'est de ce dernier se trouvait la source de l'esprit qui permettrait de libérer la dernière zone occupée par le Crépuscule.

- Comme je vous l'expliquais il y a quelques temps, commença à expliquer la reine, un gang du nom de Yigas s'est jadis retiré de la tribu de l'ombre des Sheikahs pour se rallier à un puissant démon du nom de Ganon. Mais bien que cette abomination ne se soit plus montrée depuis deux cent ans, le gang reste à ce jour actif et ils ont établi une base près des Bois Perdus vers lesquels nous allons passer bientôt... et comme vous le savez, nous n'avons pas d'autre choix que de passer par-là...
- Dites-moi, Majesté, répondit Sarah, pourqu...
- WHOOOOO !!! s'écria Link en faisant stopper net Epona.

En effet, une gigantesque masse jaillit alors des entrailles de la terre. Odrac, Dragon des Terres d'Ordinn, sortit de la crevasse que surplombait le Pont de Walta Za Shrine. Cet énorme dragon avait la taille qu'aurait la Tour Eiffel si on la couchait. Le corps du reptile millénaire était entièrement gris. Chaque écaille qui le composait était reliée aux autres par une lueur orange rayonnante qui semblait s'écouler dans chacun des interstices. Des pics d'un rouge ardent s'alignaient le long de son dos comme une sorte de mini crête dorsale. Une multitude d'autres protubérances faisant penser à des cristaux de feu s'accumulaient au bout de sa queue, donnant l'impression d'avoir affaire à une massue titanesque. Une crinière flamboyante et ardente entourait deux énormes cornes dignes d'un démon tandis que deux petits yeux rouges à pupilles vertes complétaient l'ensemble.

Les trois chevaux s'affolèrent et tentèrent de partir au galop, obligeant leur cavalier à maintenir les rênes vers eux tout en se reculant légèrement. La petite panique dura ainsi une vingtaine de secondes. Manquant encore d'expérience malgré les quelques jours passés à cheval, Sarah ne parvint pas à bien maintenir son cheval en place qui l'envoya à terre. Le dragon était déjà loin tandis que Sarah revenait enfin avec sa monture. Remontant à cheval en arborant quelques écorchures peu significatives, la jeune femme s'enflamma et revint sur la majestueuse apparition :

- C'était le dragon Volcania ??? demanda-t-elle avec fougue.
- Volcania ??? s'étonna Link. Que veux-tu dire, Sarah ?
- Eh bien... heu... quand j'étais petite, je me rappelle que notre mère, à Ariel et moi, nous racontait des histoires sur un gros dragon de feu vivant sur Hyrule qui se nommerait Volcania, inventa Sarah en catastrophe.

Mentir une nouvelle fois à la reine et à Link ne plaisait pas du tout à Sarah. Certes, on pourrait lui rétorquer qu'il suffirait d'expliquer que dans "l'autre monde", il y avait des différences et que leurs aventures étaient racontées de cette façon. Mais imaginer la solution évidente et la mettre en pratique sont deux choses redoutablement différentes et la jeune Hylienne s'en rendait compte mieux que jamais.

Tetra n'était pas dupe. Depuis toute petite, elle avait acquis le pouvoir de lire l'esprit des gens grâce à la Triforce de la Sagesse. Tout du moins, elle avait le pouvoir de lire leur coeur, leurs émotions, et elle savait pertinemment que leur amie leur mentait. Oh, ni par plaisir, ni par sournoiserie mais car elle semblait bouleversée à l'idée de devoir aborder un autre secret. Secret qui de toute façon serait dévoilé le moment opportun et par sa sagesse, Zelda décida de passer là-dessus. Après tout, elles étaient amies à présent, et le respect et la compréhension mutuelle en était la clé.

Sans doute plus facile à dire, n'est-ce pas ? Les nobles qui fréquentaient la cour du roi avaient beau être des Hyliens, cela n'empêchait pas leur rang de souvent leur monter à la tête. Tetra avait tissé quelques amitiés avec certaines jeunes comtesses et fréquentés certains jeunes hommes, bien évidemment, mais au fond, la valeur de l'amitié se trouvait souvent gâchée par des égocentrismes bien rudes.

Link, quant à lui, avait également relevé les cachotteries de Sarah. Ce n'était pas dû à la Triforce du Courage dont il ne comprenait pas encore les rudiments mais bien car elle était son amie. Des semaines passées avec une personne qui s'ouvre à vous et il vous sera impossible de ne pas remarquer quand quelque chose ne va pas. Il n'en était pas à son coup d'essai en la matière :

Un jour, en pleine nuit, Iria s'était enfuie du village suite à une dispute avec sa famille le matin même. Bien que toute la journée, le jeune héro n'eut cessé d'essayer de la faire rire et de la réconforter, son amie était restée triste et silencieuse sur ce qui était arrivé. Ce soir-là, il avait retrouvé Iria au sommet de la haute colline qui surplombait leur village, où Iria était assise, là, dans l'herbe, à fixer la lune énorme et les étoiles. Il s'était assis à côté d'elle sans un mot et lui avait simplement pris la main. C'est alors que la jeune bergère avait éclaté en sanglots en révélant que son père n'avait eu de cesse, récemment, de toujours dicter sa conduite à sa fille, sa façon de parler, sa façon de se tenir, ce qu'elle devait avoir en tête en tant que fille du chef et donc héritière du titre. Pleurant sur son épaule, elle avait enfin vidé son sac et pu se résoudre, une fois calme, à rentrer à la maison avec Link.

Link n'allait pas chercher à forcer Sarah à parler si elle ne s'y sentait pas prête. En étant là pour elle et en la soutenant, elle finirait par en parler quand elle le sentirait.

* * *

Les dragons d'Hyrule sont sacrés pour les Hyliens. Représentations terrestres de la puissance des saintes déesses, leur simple présence rappelle aux habitants que même dans les moments difficiles, le ciel a les yeux tournés vers eux. Le petit groupe regarda le dragon s'éloigner dans le ciel. Quand il eut atteint environ... une certaine altitude... le dragon vit apparaître devant lui une spirale formée de nuages noirs qu'il traversa. Une fois cela fait, non seulement les nuages avaient disparu, mais également Spyr... Odrac... le dragon.

Une fois la route reprise, Link et Sarah, enthousiasmés d'avoir vu un dragon de si près, s'amusèrent à échanger une multitude d'hypothèses sur les dragons : Y avait-il une sorte de monde parallèle où vivaient plusieurs dragons ? quels étaient leurs pouvoirs en plus de maîtriser les différents éléments, ou d'autres questions pratiques comme savoir ce que ces créatures pouvaient bien manger.

La route continua ainsi pendant plusieurs heures encore et on devinait à la teinte du ciel que la nuit était relativement proche. A la surprise générale, Midona avait daigné sortir de l'ombre de Link et volait dans les espaces séparant les chevaux, que ce soit entre Sarah et Tetra ou entre Link et Sarah. Le moins qu'on puisse dire est qu'en matière de blagues, la Princesse du Crépuscule ne manquait pas d'inspiration, allant de qualifier Sarah de "petite blondinette écervelée" jusqu'à insinuer qu'avec sa carrure et ses muscles, Link ne devait pas manquer de compagnie la nuit, remarque qui fit d'ailleurs bien rire Sarah en pensant à ce qu'Iria pourrait bien en dire tandis que la Reine elle-même semblait à deux doigts d'exploser de rire devant l'avalanche de piques que déversait leur équipière ténébreuse.

Peu avant que la lumière du jour n'ait totalement disparu, les trois chevaux arrivèrent dans un endroit où le fleuve commençait à former un coude, et alors que le groupe admirait le château d'Hyrule sur leur droite, à peine visible par delà les ténèbres du Crépuscule, un trait rapide passa devant le nez de Tetra dont le cheval se cabra sans toutefois réussir à désarçonner sa cavalière. Très vite, sans leur laisser le temps de réagir, une vingtaine d'assaillants sortirent de derrière les arbres se trouvant à environ deux cents mètres de l'autre côté de la route et leur foncèrent dessus.

Chapitre 9 : La face sombre de la Triforce   up

Sarah était sonnée. L'un des adversaires qui étaient sortis du bois s'était mis devant son cheval en braquant une lance. Akmen Râ avait pris peur et avait désarçonné la jeune femme pour la seconde fois de la journée. Link était réveillé aux côtés de ses deux amies. Tetra était encadrée par deux ennemis qui semblaient prêts à la pourfendre à tout instant.

- Au moins, ça a l'avantage d'être très convivial ! plaisanta Sarah en voyant cette dernière scène.

Pour seule réponse, l'un des gardes retourna sa lance et la pointa droit sur la joue de la seconde blonde du groupe.

- Moouuaaiiisss... Pas un pince-sans-rire, ce zozo-là...

Les assaillants du groupe portaient ce qu'on pourrait qualifier sans trop se tromper de "costumes de ninja". Costume qui ressemblait pour simplifier à une tenue en latex qui couvrirait tout le corps. Le torse des "ninjas" était rouge et leurs cuisses et avant-bras étaient noirs, finissant le tableau avec le reste des extrémités rouges. Le masque blanc sur leur visage reprenait un symbole sheikah connu. Afin que le néophyte puisse s'en faire une représentation simple, il faut imaginer un oeil duquel coulerait une larme avec juste au-dessus trois triangles bien répartis et alignés sur la bordure. Une fois cette image bien en tête, il suffit de l'inverser.

- Dis, tête de cruche ! Tu pourrais m'apporter de l'eau au lieu de pointer ton long machin contre mon visage ? Je sais que je fais de l'effet mais...
- SILENCE ! vociféra le garde.

La lance était belle, ressemblant à son extrémité à deux croissants de lune qui se feraient face, reliés par leur pointe basse, avec cependant l'un des deux moitié moins grand que l'autre. Mais à cet instant, Sarah souhaitait surtout que cette pièce d'art s'éloigne de sa joue dont le sang commençait à perler.

- ARRÊTEZ ÇA ! cria à son tour Zelda, au moment où Link lançait une exclamation similaire.

Fortement énervés par les cris, d'autres gardes arrivèrent, visiblement prêts à corriger les trois prisonniers. Link appela Midona pour qu'elle les aide mais la Princesse du Crépuscule, pour une raison inconnue, était aux abonnés absents. Même un train du pays d'origine de Sarah laisserait plus des traces avant de disparaître.

- Ça suffit, les enfants. Vous avez entendu ?

La voix qui avait servi de support à cette exclamation provenait d'une vieille dame qui s'avança devant le groupe. Courbée par les ans, de la taille d'un enfant, la cheffe du clan yigas faisait son apparition. Des cheveux à mi-chemin entre le gris et le blanc coiffés en un chignon impeccable au moyen d'un ruban noir épais. Une robe noire avec des extrémités rouges, semblable à la tenue des Yigas lui servait d'uniforme. A ceci près que l'emblème rouge sang du clan trônait au milieu du noir abyssal au milieu de sa poitrine.

- Je me nomme Yigarane... Chef Suprême du Clan Yigas, en lieu et place du Grand et Tout-Puissant Ganon.

Les mains dans le dos, et affichant une grande présence, la dénommée Yigarane avait enchaîné tout ça en gardant un visage fermé dont les yeux bleutés perçant fixait intensément la reine.

- Vous serez exécutés demain matin aux aurores. termina-t-elle sèchement avant de tourner les talons et de repartir.
- Attendez ! Revenez ! Laissez-nous au moins nous expliquer ! tenta vainement Link, ne croyant pas sincèrement lui-même que ça avait la moindre chance de marcher.
- C'est inutile... désespéra Tetra, le regard perdu dans le vide. Ils ne reculeront devant rien pour me tuer.
- Et pourquoi ? redemanda la (deuxième) blonde du groupe.

Sentant le regard interrogateur de Link et de Sarah, la reine du Royaume d'Hyrule n'avait plus qu'à se mettre à table :

- Link... Sarah... Savez-vous pourquoi la Triforce a une telle forme ?

Les deux amis échangèrent un regard interrogatif avant d'obéir à leur instinct primitif qui leur commandait de s'accrocher aux lèvres de toute personne qui s'apprête à donner une information d'importance extrême.

- La Triforce, Vestige du pouvoir des Déesses sur la Terre, a pris la forme de trois triangles d'or encerclant un quatrième triangle inversé qui existe uniquement grâce à la présence des trois autres, commença Tetra.
- Le Mal apparaissant pour équilibrer le Bien... devina Link.
- Exact, mais ce Mal que l'on nomme comme étant le Démon Ganon n'est pas en lui-même la raison pour laquelle ils veulent nous tuer. Car Ganon a été étouffé maintes et maintes fois par la lignée des descendantes de la Déesse Hylia... dont je suis la dépositaire...
- Oui mais c'est idiot, protesta Link. C'est une raison de vous maintenir en vie, pas de vous tuer !
- De NOUS tuer, Link, car comme tu l'as sans doute déjà compris, tu es la réincarnation des héros qui ont aidé mes aïeux à sceller ce monstre.

Link se tut un instant. Certes, la Reine leur avait déjà expliqué cette vérité de façon détournée, mais se le voir dire aussi directement lui fit un choc plus grand qu'il ne le croyait. C'était comme recevoir le fardeau du devoir des générations passées d'un coup. Le devoir et l'instinct de vouloir combattre le Mal coûte que coûte. C'était au final comme si son coeur, en comparaison d'un puzzle, venait de recevoir une pièce essentielle.

- Mais le vrai problème... Ne vous êtes-vous jamais demandé POURQUOI Ganon se libérait encore et encore ? leur demanda la suzeraine.
- Ben heu, pour maintenir une sorte... d'équilibre entre le Bien et le Mal, non ? se risqua à demander Sarah.
- Exactement. Et qui selon vous assure cet équilibre ?

Après un petit moment d'hésitation, ce fut Link qui répondit, d'un air grave à la hauteur de la terrible vérité qu'il venait de réaliser.

- Les trois Déesses...
- Oui.

* * *

Toute société, qu'elle soit primitive ou avancée, avance par le biais des développements que réalisent les forces des deux penchants principaux de l'Existence dans le but de s'affronter mutuellement. Les forces du Bien recherchent le moyen de faire perdurer la Paix et les forces du Mal recherchent le moyen de renverser la Paix pour établir leur domination.
Les Déesses d'Hyrule, pour veiller à l'évolution de la civilisation hylienne, libèrent Ganon sur le monde à des moments stratégiques de l'Histoire afin de forcer leur Création à s'élever toujours plus haut. Mais cette évolution provoque Mort et Désolation à chaque génération.
Afin de prévenir un soulèvement du peuple face à la possibilité d'une telle révélation, comme annoncer que quoiqu'ils fassent, toujours perdurera la peur de l'anéantissement à venir, la Famille Royale d'Hyrule prit le parti de dissimuler cette information à tous, y compris au peuple issu des Ombres : les Sheikahs.

Un jour funeste, les prêtres sheikahs, par leur magie noire, découvrirent la vérité. Une partie d'entre eux se mit à haïr la royauté pour avoir dissimulé une telle chose. La Guerre Noire des Ombres avait alors éclaté, opposant une bonne partie des Sheikahs aux forces hyliennes qui finirent par l'emporter. Les renégats furent gardés et punis par les membres de leur clan qui étaient restés fidèle à la Famille Royale d'Hyrule, dans un lieu souterrain d'un certain village du royaume connu comme étant le Temple de l'Ombre.

"Ici est enfermée l'histoire sanglante d'Hyrule, de cupidité et de haine."

* * *

- Je n'ai eu de cesse de vouloir racheter ma famille auprès des Sheikahs depuis que j'ai su cela de ma mère, pleura Tetra en finissant son récit. Je suis tellement désolée...
- Vous n'y êtes pour rien, Votre Grâce, assura Link en se tournant vers Tetra autant que ses liens le lui permettaient.
On ressentait dans l'attitude de Link, et via son regard plein de conviction, que rien n'y personne ne l'arrêterait pour réconforter son amie.
- Merci Link... répondit Tetra en souriant à Link, malgré le visage rouge et les larmes qui continuaient à couler.
- Vous faites de votre mieux pour vous réconcilier avec ces guignols alors que ce sont vos ancêtres qui ont commis une faute. Alors ne vous excusez pas ! Ce n'est pas vous qui êtes à blâmer mais ces imbéciles.

Devant les paroles de la jeune femme, un des gardes ne put que réagir et mit une baffe à la prisonnière qui pour autant ne cessa pas de sourire en regardant Tetra, de même que Link qui affichait un regard confiant. Les Yigas les jetèrent en cellule en attendant l'exécution qui devait avoir lieu le lendemain.

Chapitre 10 : Rescousse   up

Les gardes vinrent chercher leurs prisonniers aux premières lueurs de l'aube, comme annoncé la veille. C'était étrange. Ils n'avaient pas fait de tentative pour s'échapper plus qu'on ne pourrait le croire. En réalité, ils n'avaient essayé que deux fois : Une première fois où le jeune homme et ses deux compagnes de voyage avaient tenté d'attraper un garde isolé à travers les barreaux. Première tentative qui s'était soldée par des coups de pommeaux de lance dans le visage pour Tetra, dans les côtes pour Sarah et un poing dans le visage pour Link. La seconde ne fut pas plus glorieuse malgré une attaque plus agressive de la part des captifs. Le héros Elu des Déesses fut en revanche blessé à nouveau par une lance, mais cette fois pas par le pommeau mais bien par la pointe qui avait transpercé son épaule droite. Heureusement, Sarah et la Reine avaient pu arracher un morceau de tissu à la manche de la terrienne afin de panser la plaie. Il était évident qu'il faudrait rapidement désinfecter la plaie à l'aide d'onguent mais les plantes nécessaires et le matériel n'étaient naturellement pas disponibles.

- Bon ben je crois qu'on s'est officiellement foirés, sur ce coup-là... Comment tu te sens Link ? Pas trop mal ? demanda Sarah.

La réponse était évidente, bien sûr qu'il avait mal. Quand vous vous prenez un coup de lance dans l'épaule, on ne s'attend pas à ce que vous dansiez la macarena deux minutes après. La question sous-jacente était plutôt : "Est-ce que tu arriveras à tenir assez longtemps pour qu'on puisse s'en sortir ?"

- Oui, ça va aller... On a pas le choix de toute façon... répondit-il, mais je ne vois pas comment on pourrait sortir d'ici avant l'exécution.
- Midona ne s'est point montrée depuis notre capture et nos pouvoirs sont inefficaces... toutes mes tentatives de les utiliser ont été vaines. Je pense qu'ils doivent utiliser certains de leurs sortilèges pour neutraliser nos forces dans l'enceinte de leur base, déduit alors Tetra.
- Donc, quelle est la solution ?! paniqua légèrement Sarah.
- Je ne sais pas, avoua Link. Notre meilleure chance est d'attendre une ouverture et de la saisir.

* * *

Le trio décida de ne rien tenter de plus jusqu'au lendemain, et dans la mesure où les gardes venaient en nombre à chaque passage, que ce soit au moment du repas ou lors des patrouilles, il était devenu impensable (et suicidaire) de tenter quelques manoeuvres que ce soit. La blessure de Link risquait de s'infecter et ça aurait été un risque inutile. Quand vous êtes stressé, vous avez l'impression que le temps vous séparant de l'objet de votre peur vous semble court, c'est normal. Mais quand vous êtes condamné à mort par des gens que vous n'avez jamais vu de votre vie, autant dire que le temps passe très très vite. Mais pour l'une des occupantes de la cellule, cette situation amenait à penser avec dégoût aux assassins et terroristes terriens qui s'obstinaient à vouloir prendre des otages et à les tuer par les pires moyens imaginables. Ce genre de souvenirs, que ce soient les actes de barbarie ou de haine constatés sur sa planète d'origine avaient le don de réveiller dans le coeur de la "blondinette" une envie de vengeance, de tuer, massacrer les barbares en question.

Alors que le matin approchait, les réflexions de Sarah se remplissaient de ce genre de pensées... et de haine.

* * *

Les pas commençaient à se rapprocher de la cellule tandis que Zelda commençait à ressentir une boule au ventre et un puissant sentiment de stress. L'atmosphère était devenue pesante, comme si la Mort elle-même se trouvait à proximité. Malgré son entraînement poussé, la Reine ne voyait aucune solution pour échapper à l'exécution, à moins de bénéficier d'une ouverture extraordinaire. Le garde apparut devant les barreaux de la cellule, muni d'un trousseau de clés et accompagné de deux autres de ces semblables.

- Je souhaite demander audience à votre chef ! lança Zelda. Si vous nous exécutez, notre monde est condamné !

C'était vrai. Mais Tetra savait que sa demande n'aboutirait à rien, même en cas d'audience. Mais il restait possible que cela donne des occasions de s'échapper en repérant la moindre faille au cours du cheminement.

Le garde porta la main à sa ceinture pour y prendre les clés. Une fois qu'il les eut en main, il commença à ouvrir la porte. Il s'interrompit dans son geste, semblant être pris de nausée. Presque convulsant, le Yiga, de taille imposante, avait porté ses mains à sa gorge. Il avait le teint pâle... ou du moins, c'est ce qu'on imaginerait alors, avec un masque majoritairement blanc comme le sien, cela aurait complété l'ensemble.

- P... pi... pitié !!! Arrêtez ça !!! supplia le garde en se tenant la gorge, suffoquant.

Tetra s'éloigna d'un pas, sans comprendre. Elle ne faisait rien. Elle jeta un coup d'oeil paniqué à Link qui lui renvoyait le même regard. Elle regarda à nouveau le garde, puis à nouveau Link. Link, quant à lui, fixait le fond de la cellule. Suivant son regard, Tetra n'eut plus aucun mal à comprendre ce qui se passait. Sarah, arborant des yeux rouges vifs, regardait le garde avec le visage rempli de haine. Son bras était tendu vers l'avant, mimant de sa main un geste de prise à la gorge.

Elle haïssait ces hommes et ceux de son genre. Ceux dont les actions répandaient mal et mort : terroristes, braconniers, assassins, violeurs, etc. De quel droit osaient-ils arracher des êtres à leurs proches, tant humains qu'animals ? De quel droit devrait-elle laisser vivre ce sale type qui soutenait Ganon et voulait les mener à la mort ? Serrant le poing, Sarah ramena son poing vers elle au même titre que le fut projeté sur les barreaux verticaux de la cellule. Son front heurta violemment le métal, puis Sarah le ré-éloigna aussitôt pour revenir amplifier le traumatisme crânien une seconde fois.

- ARRETE-CA, SARAH ! hurla Tetra. Ce qui arrivait d'ordinaire rarement, même en situation de combat.

Sarah fixa la Reine avec ses mêmes yeux rouges, comme si elle était d'autant plus en colère que son amie s'oppose au châtiment du garde. Visiblement, elle n'était plus du tout elle-même ! Link lui-même s'était relevé aussi vite que possible en s'appuyant là où il le pouvait pour tenter d'empêcher son amie de devenir une tueuse.

Alors que son collègue se tenait à terre, son masque blanc fissuré par le milieu d'où sortait un liquide rouge facilement identifiable, un Yigas vêtu de façon semblable au premier, arriva. Il profita de la distraction créée pour tirer une flèche dans la jambe de la jeune Hylienne grâce à un arc rouge à double encoche. La douleur fut plus qu'intense et mit naturellement aussitôt la jeune femme à terre. Ses yeux étaient redevenus normaux et des larmes ruisselaient sur son visage.

Le garde qui avait tiré ouvrit la cellule à la volée tandis que deux de ses acolytes l'accompagnaient, suivis par deux de plus qui transportaient leur camarade en sang. Éloignant Tetra et Link sans ménagement, et ce non sans provoquer de nouveau à Link une douleur fulgurante à l'épaule, le soldat ennemi arracha la flèche de la jambe de Sarah sans compassion. Hurlant comme jamais, la jeune femme se recroquevilla au sol, attrapant sa jambe ruisselante de sang.

- Meeerdeee, pleura Sarah. j'ai maaaallll.

Se faisant attraper par le col, elle fut relevée et forcée à se mettre debout, hurlant de douleur de plus belle. Link et Tetra demandèrent avec insistance à leurs geôliers de les laisser aider leur amie, mais autant être honnête : Si l'un des prisonniers mourrait avant l'exécution, rien ne leur ferait plus plaisir.

* * *

Une grande clairière s'offrait à la vue de Zelda, Link et Sarah. Comme si la forêt s'ouvrait en deux, laissant voir comme deux forêts distinctes dont les pelages verdoyants partaient à l'horizon de chaque côté. Au loin, dans l'aube naissante, on pouvait apercevoir une plaine jaunie par la lueur du soleil qui trônait là-bas... comme posé simplement sur ce champ de blé éblouissant.

Devant les protagonistes, escortés par une horde de Yigas en uniforme qui pour certains pointaient le bout de leur lance vers le dos de leurs ennemis, se tenait un anneau de verre rouge suspendu à quarante-cinq degrés dans les airs. A un mètre au-dessus de ce premier se tenait un deuxième cercle deux fois plus grand et de même apparence que le premier. Un troisième anneau venait compléter la série en suivant la même logique. Trois barres de métal étaient disposées perpendiculairement aux trois anneaux de verre, formant un entonnoir en se positionnant à soixante degrés autour de la structure. Deux piliers de bois particulièrement massifs étaient enracinés dans le sol et supportaient ce que l'on devinait être l'outil de l'exécution en maintenant ce dernier par des fixations au niveau du deuxième cercle.

Derrière l'échafaud se tenait alignées une dizaine de personnes vêtues de bures rouges. Elles ne portaient pas de masque mais un voile blanc couvrant leur visage en partant du milieu de leur nez et descendant jusqu'au milieu de leur poitrine. Leur mains étaient jointes paume contre paume devant elles, à angle droit, comme en prière.

Encore plus loin derrière eux se tenait enfin une estrade en bois, faisant penser à deux escaliers composés de cinq paliers qu'on aurait mis l'un en face de l'autre et qui s'unissaient à leur plus haut niveau. Au sommet de l'estrade se tenait Yigarane, se tenant assise sur un trône doré majestueux au dossier très haut sculpté et orné de magnifiques gravures hyliennes. Elle portait une robe noire et rouge comme lors de leur rencontre la veille. Ses cheveux argentés étaient coiffés en un chignon méticuleux.

Tetra, dont les mains avaient été ensanglantées après avoir réussi à convaincre les gardes de la laisser bander la blessure de Sarah, avançait en étant régulièrement poussée en avant par les gardes. Link et Sarah se tenaient tous deux à sa gauche, logés à la même enseigne. La jeune femme souffrait très largement de sa blessure à la jambe et n'arrivait à avancer que grâce à l'aide de Link qui se tenait tout contre elle, plaquant contre lui son bras droit pour résister plus facilement à la douleur.

Le trio fut agenouillé devant l'échafaud, sur un plateau circulaire en bois posé à même l'herbe. Le chef suprême des Yigas se leva et prononça ces mots :

- Prisonniers ! Vous avez hérité, de par votre sang ou par allégeance, du crime de trahison de la Famille Royale d'Hyrule contre mon peuple. Vous en paierez le prix de votre vie lorsque le soleil, de ses rayons, combinés à notre magie, dispersera vos corps et vos âmes.

Rassemblant toutes ses forces, la Reine d'Hyrule voulut tenter une dernière manoeuvre pour sauver ses compagnons. Son visage, comme ceux de ses amis, portait de multiples cicatrices et traces de terre dues aux mauvais traitements des soldats qui les avaient escortés, ne manquant pas de leur mettre des coups et de les mettre à terre à la moindre occasion.

- Yigarane, Chef Suprême des Yigas ! lança la Reine à la commandante ennemie. Je vous en conjure ! Laissez partir mes amis ! C'est moi et ma famille que vous souhaitez sacrifier à Ganon ! Ne les laissez pas payer pour moi, je vous en supplie !

Mais pour seule réponse, Yigarane leva rapidement le bras droit et fit signe à ses sbires de commencer l'exécution. Les dix "prêtres" alignés devant la tribune se retournèrent pour s'incliner devant leur chef avant de faire de nouveau volte-face et de commencer leur procession. Ils se placèrent en cercle autour de l'engin de mort et se mirent à psalmodier en levant les bras au ciel.

Les trois anneaux mortels se mirent à tourner, lentement puis de plus en plus vite jusqu'à atteindre une vitesse faramineuse. Au même instant, la lumière solaire sembla commencer à se concentrer au centre du cône, à en juger par la lueur rougeâtre qui y naissait et en tenant compte des dires de Yigarane. Ledit cône commença à pivoter légèrement de haut en bas pour que les trois anneaux pointent dans la direction des prisonniers.

Il était impossible de s'enfuir car des pieux métalliques plantés au sol étaient reliés à leurs menottes par des chaînes supplémentaires. Un rayon brûlant rouge émana du cône tournoyant et vint éclairer les trois compagnons qui devaient déjà serrer les dents pour ne pas hurler de douleur sous la chaleur déjà haute du rayon.

Alors que la lumière infernale s'intensifiait, la peau commençait à peler, comme vaporisée par cette énergie. Ce supplice qui venait de commencer semblait déjà avoir duré des heures. Link avait l'impression que sa chair menaçait de se détacher de ses os et il fermait les yeux de peur de les perdre d'entrée de jeu. Il entendait ses deux amies commencer à crier de douleur également à ses côtés, ce qui le torturait alors dans son coeur au-delà même de la douleur !

Soudain, la douleur, la chaleur et le rouge insoutenable disparurent alors qu'un bruit extrêmement puissant s'était fait entendre. A sa suite, de multiples autres explosions retentirent. Link était recroquevillé au sol, endolori de partout. Ses dents et ses muscles étaient encore crispés comme lors du supplice.

Ouvrant un peu les yeux pour tenter de voir ce qu'il se passait, il ne put apercevoir que quelques images... Tetra dans le même état que lui, visiblement évanouie au sol, tandis que les Yigas semblaient avoir engagé le combat contre des silhouettes d'apparence grise mais floues. Bien qu'il voulut se retourner pour voir si Sarah allait bien, il ne put le faire, son corps refusant tout simplement de bouger. Luttant pour tenter de bouger, Link dut finalement renoncer au bout de quelques secondes et sombra à son tour dans l'inconscience, laissant s'estomper le bruit du combat, la chaleur des flammes dues aux explosions et sa vision.

Chapitre 11 : Sheikahs   up

La brume se dissipait. Si Link avait déjà eu l'occasion d'abuser de la boisson au village Toal, seules les plus grosses gueules de bois imaginables pouvaient donner une idée du mal de crâne qui le harcelait au réveil. Lorsque ses yeux s'ouvrirent, ce fut pour le mettre face à une scène on ne peut plus floue.

Le jeune homme était affalé sur l'encolure d'un cheval. La vision brouillée, il entrevit sur la droite de la monture une colonne de personnes en uniforme. Des sortes de turbans gris sur la tête pour certains, agrémentés de tresses bien ficelées s'échappant d'un côté ou de l'autre.

Link, réveillé que très partiellement, ne pouvait voir que ça, des vêtements gris qui semblaient morcelés par endroits, par dessus un vêtement plus sombre. Ce fut alors fini, car le Héro élu des déesses replongea dans les vapes.

* * *

Sur Terre, lorsque l'on est endormi avant une opération, on a l'impression d'être emporté dans un tourbillon blanc ultra rapide, puis de se réveiller dans un autre environnement. Pour un patient, seules quelques secondes semblent s'écouler, alors que l'opération, elle, avait pu durer dix heures, parfois. Une fois revenu à soi, on peut constater alors des tuyaux dans certains endroits, des patchs et capteurs à d'autres. Des douleurs nouvelles peuvent même nous revenir peu à peu.

C'est dans cet état d'esprit que s'éveilla quelques heures plus tard le jeune Hylien plutôt beau gosse qui avait, une demi-journée plus tôt, côtoyé la mort d'assez près. Ouvrant les yeux péniblement, Link ne savait plus rien, que ce soit ce qui s'était passé, qui était la personne qui le surplombait à cet instant, où il était, il ne savait plus rien ! Mais au moins, il n'avait aucun tuyau branché ni par ci, ni (et surtout pas) par là !

Mais il y avait cette femme qui le regardait, penchée sur lui. Une lumière au-dessus d'elle donna l'impression à Link d'être mort, et accueilli par un ange. Mais au fil des minutes, il comprit que tout allait bien, qu'il était sorti d'affaire. Cette présence était rassurante, comme si elle annonçait à elle seule que oui, tout allait bien se passer maintenant.

L'Hylien prit son temps pour focaliser sa vision et pouvoir vraiment observer cette personne. Le teint mat, de grands yeux bridés aux pupilles rougeoyantes, des cils et des cheveux d'un argent presque lumineux, cette femme était vraiment d'une beauté saisissante. Bien que ses cheveux fussent courts, une longue tresse tombait sur le côté droit de son visage. Une larme rouge était peinte sous son oeil gauche, tandis que trois traits verticaux de même couleur étaient répartis régulièrement au-dessus de ce même oeil. Cette symbolique rappela immédiatement à Link le symbole des Yigas, bien que celui-ci fut dans le sens inverse.

Il eut un mouvement de crainte, songeant que l'ennemi le tenait de nouveau, mais la femme posa sa main gauche sur la poitrine de Link et la main droite sur sa tête, et se mit à lui parler :

- Calme-toi, Link !!! je ne suis pas une Yiga !

A ses mots, le jeune homme consentit à moins d'agitation, tout en restant sur le qui-vive, bien que son instinct lui confirme qu'elle ne lui souhaitait aucun mal, bien au contraire ! Le Héro Elu des Déesses, tel qu'on le nommait (même si lui-même ne se sentait pas légitime à un titre qu'il trouvait pompeux et arrogant), rassembla ses forces et parvint à articuler quelques mots :

- Comment t'appelles-tu ? demanda Link.
La jeune femme esquissa un sourire bien marqué avant de lui répondre :
- Je me nomme Impa. Je suis une Sheikah. Nous vous avons récupéré alors que vous alliez être sacrifié par les Yigas.
- Et où sommes-nous ??? rajouta son interlocuteur en se relevant comme il le pouvait.
C'est alors que Link sentit qu'il ne portait plus sa tunique verte mais un pantalon ample blanc et son torse nu était serré par plusieurs séries de bandages.
- Tu es au village de Minuhizo, à une journée de marche à l'ouest de la Citadelle d'Hyrule. Notre village est caché, même aux yeux des plus hautes instances de la royauté.
En entendant cette phrase, Link s'enflamma :
- Zelda, Midona et Sarah ?!?! où sont-elles ??? cria-t-il presque.
- Ne t'inquiète pas, jeune homme, elles sont dans le cloître. Elles t'attendent avec impatience, répondit Impa avec un nouveau sourire plein de bienveillance. Viens ! Je t'emmène auprès d'elles !

Se levant, Impa se pencha à nouveau vers le bretteur en lui tendant la main pour l'aider à se lever. Il se rendit immédiatement compte qu'il subsistait chez lui quelques vertiges. Il avait mal aux côtes, et sentit sur sa peau, en bien des endroits, notamment au ventre, que plusieurs plaies fraîchement cicatrisées se tendaient sous ses efforts. En suivant Impa, il en profita pour jeter un oeil autour de lui.

Une pièce très vaste, d'environ dix mètres de côté. Une unique et large fenêtre donnait sur l'extérieur. Cet extérieur semblait être un petit jardin dont Link ne vit que quelques arbres et plantes. Les murs de la salle étaient de couleur jaune clair, surplombés d'un plafond tout de blanc vêtu, dont le seul bijou était un candélabre central simple. Alors qu'il prenait le temps d'observer le jardin extérieur, Link fut rappelé par Impa qui l'invita à la suivre.

La porte d'entrée donnait sur un cloître vaste. Des chemins de graviers et des bancs en pierre étaient disposés dans un jardin rectangulaire gigantesque qui devait facilement faire la taille d'un quart de terrain de football professionnel. Tout autour de ce nouvel espace se trouvait un bâtiment de style japonais qui encadrait le coin de nature d'une allée de promenade en bois couverte et accolée audit bâtiment.

Après s'être engagé sur l'un des chemins de graviers qui virevoltaient en tous sens parmi la verdure, celui que ses amies avaient parfois surnommé le "lutin vert géant" s'élança en avant avec un sourire radieux en apercevant lesdites amies. Il courut, ignorant (presque) la douleur qu'il ressentait encore à la jambe, bien que souvent chancelant et manquant de s'écrouler. Le groupe de voyage était à présent totalement reconstitué, et Link fut également accueilli avec un bonheur non dissimulé sur le visage des trois jeunes femmes. Seule Midona ne semblait pas à la fête, regardant le sol aux pieds de Zelda, à sa droite.

Balayant ces compagnes de voyage du regard, l'homme du quatuor constata que ses accompagnatrices revenaient elles aussi de loin. Des bandages parcouraient leur corps entier, et pas seulement aux endroits où ils avaient reçu des coups. Tout comme pour Link, plus de 80 % de leur corps avait dû être soigné. Les rayons de destruction avaient fait bien plus de dégâts encore qu'il ne l'avait imaginé.

- T'as vu, Link !!! fanfaronna Sarah. Je vais jouer des momies au théâtre, maintenant !!!

Liant le geste à la parole, la terrienne se mit à mettre les deux bras en avant, ouvrant un peu la bouche en un air livide. Elle commença à marcher de façon saccadée tout en laissant échapper de petits grognements bien exagérés. Tetra, tout comme Link, laissa échapper des rires bien francs devant la facétie de leur amie. Même Impa esquissa un sourire bien prononcé, oscillant entre l'exaspération et l'amusement. Mais pour autant, Midona n'accorda qu'un léger coup d'oeil à Sarah, retournant bien vite son regard vers la terre. La voyant ainsi, Link sentit une phrase monter en lui :

- Tu n'y es pour rien si ils t'ont neutralisée, Midona ! lui dit-il, le ton plein de conviction.
- ARRÊTE DE DIRE N'IMPORTE QUOI !!! hurla la Princesse des Ombres.
Sursautant, Link resta interdit, surpris par la vive réaction de son amie.
- Ils ne m'ont pas neutralisée !!! Pas vraiment... il y avait un voile d'énergie sombre... Ils se fichaient que je puisse voir ce qu'ils allaient faire ! Je pense même qu'ils voulaient que je les voie vous exécuter en sachant que je ne pourrais rien faire !!! ... mais tu sais quoi ? Ça m'aurait été bien égal... Vous n'êtes que des humains pathétiques !!!

La façon dont elle s'exprimait faisait mentir Midona. Elle ne pouvait feindre ses sentiments réels. De plus, Link était persuadé d'avoir vu une larme couler de son oeil découvert lorsqu'elle exprima ces mots. Sans réfléchir, Link attrapa Midona entre ses bras et la serra contre lui. Elle sembla ne pas comprendre ce qui lui arrivait pendant quelques secondes.

- Tu n'y es... pour... rien !

Link avait articulé ses mots comme pour les imprimer dans le crâne de son amie. Les larmes de la princesse sombre arrivèrent alors bien franchement à ses yeux. Elle repoussa l'Hylien sans ménagement et se mit à vociférer des réprimandes que l'on ne put bien comprendre, tandis qu'elle pleurait à chaudes larmes. Prise à son tour d'une envie de réconforter Midona, Sarah sembla vouloir tenter à son tour de l'enlacer, mais fut retenue par la main de Tetra qui se posa sur son épaule.

- Tout va bien, Midona ! On est en vie ! Et tu as fait tout ce que tu pouvais ! T'y es vraiment pour rien dans tout ça, lui dit-elle.
- Bon sang ! Tu comprends vraiment rien à rien !!! Vous êtes les seuls vrais amis que j'aie jamais eus et j'ai failli vous regarder mourir comme j'ai dû voir mourir ma propre famille et mon peuple !!! Je veux pas vous perdre !!! lâcha-t-elle d'une traite.

Restant tous sans rien dire quelques secondes en entendant ses mots, Link et Sarah revinrent aussitôt, poussés par leur instinct, pour prendre à nouveau Midona dans leur bras. Cette fois-ci, elle les accepta sans poser de questions et pleura de plus belle, tout comme Link et Sarah. Aucun des deux ne sauraient rester là ne rien faire en la voyant souffrir ainsi. La Reine d'Hyrule elle-même eut les larmes aux yeux, bien que la tenue qui lui avait été inculquée, comme une seconde nature, l'incitait à se maîtriser, bien que son coeur eut le même élan que celui de ses compagnons.

Une fois que tous eurent le temps de se calmer, un médecin sheikah nommé Impurht se présenta. Il leur indiqua que leurs chambres avaient pu être préparées et qu'ils allaient tous devoir recevoir des soins complémentaires dans les jours qui arriveraient. Interdiction de quitter l'enceinte du village tant qu'ils ne seraient pas sur pied. Ils purent prendre congé pour le restant de la journée. Impa les avait invités le soir même à un repas avec plusieurs autres Sheikahs où ils prendraient le temps de faire un point sur la situation, ainsi que de prévoir leurs prochains mouvements.

Chapitre 12 : L'escouade d'argent   up

Plusieurs jours s'étaient écoulés. Le groupe de Link se préparait au village Minuhizo pour la suite du périple. Penché sur plusieurs cartes, les jeunes gens prenaient connaissance de l'état du royaume, alors envahi bien plus qu'ils ne le pensaient par les forces de l'Ombre. Certaines de ces forces étaient bien plus puissantes que les voyageurs ne l'imaginaient... L'une d'entre elles avait, semble-t-il, sévit dans la forêt de Firone, tout récemment. Un village avait succombé à la terreur et ses habitants s'étaient entre-tués.

Lorsque l'on rencontre des gens tel que Link, Tetra, ou encore Midona, il ne fait aucun doute qu'ils seront ceux qui ramèneront l'équilibre dans la Force et qui restaureront la paix dans la galaxie...
Mais plus sérieusement, bien qu'il était évident que la défaite finale du Crépuscule et de ceux qui le manipulent dépendait avant tout de ces quelques personnes, il était des incidents de ce genre que ni Link ni Tetra, NI Midona, ni même leur accompagnatrice ne pourraient changer, car hors de leur portée.

Mais Hyrule compte de nombreux protecteurs qui arpentent le royaume sans relâche pour aider ceux qui subissent ces atrocités que la légende ne retient pas. Parmi eux se trouvaient les Sheikahs.

Au coeur de la Forêt de Firone, l'un d'entre eux avançait à pas feutrés.
"Mis à part ça, je ne sers pas du tout d'appât..." pensa tout haut Macao.
Le guerrier des ombres avait dissimulé sa tenue habituelle au profit d'une tunique de voyageur, une bourse à la ceinture, aucune arme et un sac lourd sur le dos cliquetant de partout. Bref, typiquement le genre de personne qu'un assaillant ne prendrait pas DU TOUT pour cible de peur d'y laisser la vie, impressionné par une défense si impénétrable.

Mais chez un peuple tel que les Sheikahs où l'usage de la magie est aussi courant que d'aller aux toilettes, la télépathie était l'une des pratiques les plus simples et les plus utiles. Devoir enquêter sur une personne, par exemple, devient alors bien aisée : Posez-lui vos questions et vous aurez aussitôt en tête ses pensées exactes, quelque soit sa réponse... Dans le cas présent, cette technique s'avérait également indispensable...

"Tais-toi et avance, Macao ! Si tu peux abattre ce démon par surprise, on sera rentrés pour le diner !"

La voix qui avait résonné dans la tête de chacun était celle de Viseo. Perché dans les arbres, ledit Viseo s'était, sans mauvais jeu de mots, enraciné solidement sur deux branches d'arbre en choisissant avec soin la position de ses pieds pour avoir la meilleure assise possible. Un arc à double encoche dans sa main se tenait prêt à abattre une énième saleté démoniaque qui ne manquerait pas à ce monde.

Macao, quant lui, malgré son air de bienheureux inconscient qui parcourait en toute "ignorance" la forêt la plus réputée qui soit pour être envahie de monstres, était un expert de la magie noire et de l'art des sceaux de l'Ombre.

- Si cette créature ne se montre pas, je te préviens, Viseo ! tu seras le prochain à mettre une tenue ridicule pour partir en éclaireur.
- Arrête de te plaindre !!! dis-moi plutôt ce que tu vois !!!
- Tu te fiches de moi !? C'est toi l'archer perché !!! C'est pas toi qui es censé avoir la vue perçante ?
- Yep ! Mais c'est toi l'appât, donc qui est censé être attentif pour ne pas te faire bouffer !
Interrompant la chamaillerie de ses deux camarades, une troisième voix s'éleva pour faire cesser cette cacophonie.
- Continuez ainsi et je vous ferai nettoyer le parquet de tout le village à la brosse à dents...
- Capitaine Hosaka ! vous rigolez, là !!! riposta Macao, plus pour oublier la forêt sombre que pour protester. Si vous faites ça, la réputation de l'Escouade sera foutue !
- Que tu es soucieux de la propreté des lieux et du bien-être de tes équipiers, Macao...

L'ironie du Capitaine Hosaka allait de paire avec sa force morale. C'était un grand homme, dans tous les sens du terme, avec autant de force dans la tête que dans les muscles. La légende disait qu'il avait été entraîné par un Maître Sheikah dans la forêt des Ombres, à l'ouest de la forêt Korogu. Il était le chef de l'Escouade d'Argent. Le plus expérimenté et le plus redoutable de ses cinq membres.

- Chef ! Je ressens une signature spirituelle étrangement élevée droit devant Macao !

La quatrième voix qui s'était élevée était celle de Yumika. Une sorcière du peuple des Ombres, spécialisée dans les enchantements et pièges magiques, ainsi qu'au combat à l'arme blanche. Cachée un peu en hauteur, revêtant le kimono gris réglementaire des Sheikahs, de même couleur que le masque opaque qui lui couvrait le visage, décoré du symbole sacré de leur clan. Un grand chapeau de paille complétait son uniforme.

Dans le costume de Yumika, des armes de toutes sortes étaient dissimulées. Derrière chaque pli, chaque ourlet, chaque portion du tissu, une lame était prête à prendre son envol. Arsenal qui était dissimulé par la présence bien plus évidente d'un katana dans son dos et par de petits couteaux ac-crochés à sa ceinture. De toute la tribu, cette femme était la plus crainte, une véritable armurerie sur pattes !

Âgée d'une trentaine d'années, Yumika était devenue aveugle suite à un combat. Son handicap l'obligea à développer tous ses autres sens, plus que largement accrus par son énergie magique.
De ce fait, elle était devenue capable de "voir" et ressentir tout ce qui l'entourait à des kilomètres à la ronde. Grâce à cet ensemble, Yumika était sans conteste un membre de choix pour l'Escadron d'argent.

Un peu plus loin sur la route se trouvait un feu de camp. Avançant vers la lueur, Macao constata la présence d'un homme auprès de l'âtre. Petit et menu, le campeur tourna vers Macao deux yeux orange brillants. Le Sheikah se doutait que la force spirituelle ressentie par Yumika et la présence du campeur n'était une coïncidence que dans ses rêves les plus fous ! Il se prépara donc au combat, prêt à rompre son camouflage à tout instant.

Arrivé à quelques pas, la silhouette put être distinguée plus clairement. L'homme avait des cheveux roux courts, et s'était vêtu d'une tunique de voyage violette, de même couleur que ses chaussures et que son pantalon court. Un grand sac était à côté de lui, décoré de masques en tout genre.

- Bonsoir, mon bon Seigneur ! lança l'inconnu à Macao. Qu'est-ce qui vous amène à cette heure tardive dans mon campement ?

Macao fut secoué d'une impression étrange. Comme s'il se trouvait en face d'un serpent venimeux dressé qui s'apprêtait à frapper au moindre mouvement. Les yeux plissés et le sourire flippant et malsain de cet "être" étaient aussi effrayants que la forêt elle-même. Oui, on le ressentait, cette chose n'avait rien d'humain. Être près de lui, énergétiquement parlant, revenait à être dans un abîme de peur et de souffrance, comme si l'Enfer entier venait oblitérer leur coeur.

- Bonsoir, répondit simplement Macao, en souhaitant marquer une saine distance avec l'abomination en face de lui.

L'énergie spirituelle dégagée par une personne se lit en se fiant au ressenti immédiat que l'on avait en rencontrant une personne. Malgré son entraînement et son expérience, Macao devait lutter contre une envie irrésistible de partir en courant en présence de l'étrange gringalet.

Il ne semblait pas très difficile à maîtriser en cas de besoin, ceci dit. Mis à part son gros sac de masques, aucun signe d'une arme quelconque à l'horizon. Alors qu'il observait le sac, Macao sursauta en jetant un coup d'oeil à l'homme qui s'était levé durant les quelques secondes où Macao avait détourné les yeux vers le bagage suspect. Le petit être était à présent debout et légèrement courbé vers l'avant, se frottant les mains frénétiquement. Un petit rire inquiétant s'échappa des lèvres immobiles de l'inconnu, dont les yeux étaient toujours plissés.

- Enchanté ! je suis le Vendeur de Masques ! ravi de faire votre connaissance, jeune homme !!! voulez-vous vous joindre à moi ???
Continuant à parler, le vendeur avait rétracté ses mains à une vitesse fulgurante et effectuait à présent une série de salutations d'avant en arrière à un rythme rapide et inquiétant.

"MACAO !!! ÉLOIGNE-TOI DE LUI TOUT DE SUITE !!! hurla Yumika dans la tête du guerrier."
Le vendeur devint alors parfaitement immobile, puis se redressa à une vitesse bien plus lente et précise, avant de déclarer d'un ton calme et amusé :
- On dirait que tu n'es pas un simple voyageur... Sheikah... Ton ami a raison ! courir semble être une bonne idée.
Macao recula de quelques pas, s'emparant d'un couteau de combat rapproché qu'il gardait sous sa tunique.
- Hi hi hi... Tu es confronté à un terrible destin, n'est-ce pas ? hi hi hi, rit le vendeur.

Macao sauta en arrière, esquivant de peu le coup de son adversaire qui venait de le frôler. L'ennemi avait bondit vers l'avant.
A la réception, Macao réalisa un nouveau saut arrière pour retrouver une distance de combat raisonnable.
Le démon ne riait plus du tout, ses yeux grands ouverts et écarquillés affichaient une vive teinte orange. Ses dents serrées formaient un sourire carnassier, tandis que de grandes ailes noires étaient apparues dans son dos.

- ... ET CE DESTIN, C'EST MOI !!!
- Capitaine ! Je recommande le plan piège numéro 5 !" déclara Yumika dans la tête du capitaine uniquement.
- Intervention ! en position de combat, Zedokon ! ordonna le leader du groupe.

"ARRRRRRRRRRRRRRGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH"

Le monstre avait poussé un hurlement de douleur. Derrière lui, un cinquième homme venait de se présenter, muni d'un poignard à lame recourbée qu'il venait d'abattre dans le dos du "vendeur de masques". Zedokon était le nom de ce cinquième combattant.

Vêtu d'une tenue de combat presque identique à celle de Yumika, la sienne ne se distinguait que par sa couleur noire, et par l'ajout d'une visière sur le masque, au-dessus du symbole rouge sombre de son clan.

Deux coups supplémentaires furent portés avant que l'ennemi ne le chasse d'un revers. Zedokon avait déjà disparu, et était reparu aux pieds du démon ... quoique l'on ne pourrait plus parler de pieds car les petites chaussures violettes avaient laissé place à des pattes noires poilues munies de trois énormes griffes digne d'un T-Rex sorti des films de Steven Spielberg.

Le Sheikah, utilisant visiblement une faculté de téléportation pour frapper à bout portant ses ennemis, planta une petite lance métallique dans le pied du démon qui hurla de douleur en cherchant à arracher la tête de son assaillant.

Continuant à beugler d'une voix stridente, le vendeur de masques tendit ses bras démoniaques à l'horizontale. Leur apparence avait également changé pour devenir semblable à celle de ses pattes.
Un sceau indescriptible se matérialisa sous le démon. Ce sceau provoqua l'expulsion de plusieurs boules de feu partant de la position du vendeur de masques. Les arbres furent pulvérisés pour la majorité, si ce n'était propulsés au loin.

Le Capitaine Hosaka, ainsi que Yumika et Video, qui jusque là étaient tous trois en hauteur durent sauter de leur position et rejoindre leur camarade au sol. Video méritait le titre de snipper lorsqu'il manipulait un arc. Devoir sauter au sol signifiait perdre une position stratégique et donc la chance de placer une frappe idéale. Par un réflexe acquis grâce à son expérience, le tireur d'élite calcula son saut pour pouvoir passer au-dessus de la tête de l'ennemi. Au cours de la seconde où la nuque de la cible était visible, Viseo banda son arc et décocha une flèche destinée à la colonne vertébrale de la créature.

Cette dernière alors en mouvement frénétique ne resta immobile à aucun moment, rendant impossible une pénétration au point visé, mais par chance, la flèche se plaça en dessous de la nuque, un peu sur la gauche. Une flèche standard n'aurait eu que peu d'effet sur le Mal, mais une flèche bénie par la magie blanche...

Le démon hurla et soudain, un sceau d'énergie rouge et violette se matérialisa à ses pieds, englobant toute l'aire de combat. Yumika venait d'entrer en action ! Le sceau magique était un piège à démon, sorte d'équivalent hylien du sceau de Salomon.

Le capitaine Hosaka fonça sur la cible désorientée. Le "marchand de masques" tenta de riposter en faisant apparaître deux épées dont les lames recourbées présentaient un large volume à la manière des armes gerudos. Alors qu'il voulait les abattre sur le Capitaine Hosaka, le vendeur avait visiblement très mal choisi son jour.

La montagne de muscles attrapa les deux lames du démon et lui colla entre les deux yeux un mémorable coup de tête. La légende raconte d'ailleurs que c'est la tête du Capitaine Hosaka qui fendit le Mont Gemini en deux.

Le Capitaine Hosaka tenait toujours fermement le vendeur de masques par les épaules,
réitérant deux coups de boule successifs. La tête de la créature n'avait plus rien d'humain. La moitié de sa chevelure rousse avait disparu, de même que son visage qui était à présent gris et écailleux. Sa mâchoire était difforme et une langue longue et pointue sortait de sa bouche pleine de dents semblables à celles d'un requin.

Durant la manoeuvre, Zedonko avait lâché deux petites boules grises qui explosèrent de chaque côté du démon aux masques. Une fois le choc passé, des chaînes étaient apparues, reliant chacune une main de l'abomination démoniaque au sol. Viseo, qui avait grimpé rapidement sur un arbre éloigné en faisant une série de sauts entre deux troncs, sauta au plus près de sa cible et lui décolla trois nouvelles flèches bénies dans le dos.

Le piège était tendu alors que Yumika et Macao récitaient l'incantation qui scellerait le démon sous une stèle magique. Les légendes les plus reculées, datant de la lointaine époque dite de la Grande Déesse Hylia, racontait qu'une technique similaire avait été utilisée pour sceller le Roi Démon, opposant farouche de la Déesse.

Le sceau violet sous les pieds du désormais méconnaissable vendeur de masques gagna en intensité lumineuse. Mais soudain, la créature se volatilisa. Comme si tout son être s'était concentré en un point central qui avait disparu à son tour.

- Merde ! Il est passé dans un autre plan !!!
- Langage, Macao ! réprimanda le Capitaine de l'Escouade.
La voix démoniaque s'éleva dans les airs :
- Bravo, mes petits agneaux !!! à cause de vous, je vais mettre un peu de temps à retrouver ma force, certes... mais vous ne perdez rien pour attendre... J'ai hâte de voir ce que mon roi fera de la petite équipe de bras cassés qui s'est mise en tête de sauver votre monde... hihihihihihi. Et lorsqu'ils seront aussi morts qu'on peut l'être, je reviendrai vous trancher la tête et manger les coeurs de vos enfants... de bons petits coeurs tout tendres !!! Et ne vous y trompez pas, je vous forcerai à regarder !!! Vous regretterez de m'avoir défié !!! Adieuuuuuuuuu !!!

La petite voix désincarnée avait oscillé constamment entre le ton doux et la menace féroce, donnant une idée du degré de folie meurtrière qui habitait cette immonde saleté. Le silence était tombé. Les cinq combattants prirent quelques minutes pour souffler. Ce fut Macao qui brisa le silence.

- Il nous en aura fait baver, cet enfoiré...
- Macao ! réprimanda à nouveau Hosaka.
- Ben quoi, Chef !!! vous allez pas me dire qu'on est pas dans la me...lasse ! Ce type peut revenir dans quelques jours, semaines, ou mois et continuer son carnage !
- Non... J'ai eu le temps d'analyser en détail son énergie spirituelle... Quand il reviendra, les mystiques Sheikahs et moi-même le sentirons !
- Viseo ! Mets-toi en hauteur et essaye de repérer les environs pour voir la route la plus courte pour sortir de la forêt ! Yumika, envoie un message au village pour les informer de notre arrivée ! Le groupe du héros ne doit pas quitter le village sans qu'on en sache plus !

Bien entendu, les Sheikahs avaient au fur et à mesure étendu un réseau de renseignements au travers de tout le royaume, grâce à des mystiques formés spécialement pour pouvoir transmettre des messages à longue distance par télépathie. Au sein de l'Escouade, Yumika était la plus douée et se chargeait naturellement du relais.

- Que dois-je leur dire, chef ??? demanda la magicienne.
- Le Roi Démon est de la partie ! Il ne s'agit pas juste du Royaume des Ombres...
- Le fléau !!! ??? Vous en êtes certain ?
- Ça ne fait aucun doute, Yumika ! préviens la base ! vite !!! Nous devons nous mettre en route pour le village ! Si le fléau est revenu, le groupe du héros aura besoin de renfort !

Chapitre 13 : La magicienne   up

Attention, ce chapitre contient des scènes de sexe.

La Magie. Ce mot, à lui seul, représentait la raison pour laquelle la jeune femme s'était intéressée à la vie spirituelle en premier lieu. Une force invisible mais pourtant omniprésente, rendant possible, tout d'un coup, de passer dans les coulisses de la réalité et de pouvoir tirer quelques divins fils secrets.

Les Sheikahs étaient avant tout le peuple de l'ombre. Dépositaire d'un genre tout particulier de Magie, héritée de leurs lointains ancêtres. En se retrouvant dans leur village, inutile de dire que la blonde de service non-royale ne s'était pas privée de montrer son intérêt pour cet art ! Une occasion inespérée !

C'est à cette occasion qu'entra en scène Ashita, une Sheikah qui trouvait ses origines non pas dans le clan, mais d'un lointain village. Ce peuple cosmopolite n'hésitait pas à intégrer en son sein les jeunes gens les plus talentueux. L'entraînement et les rituels finissaient par leur donner l'apparence et les pouvoirs de véritables Sheikahs.

Ses yeux, à l'image de ses pairs, étaient d'un puissant rouge vif, tandis que sa chevelure violette alternait les teintes claires et sombres. Ses formes étaient fines, soulignées dans leurs formes généreuses par l'uniforme de la tribu. Cette tunique avait pour couleur dominante le blanc, avec une deuxième couche de vêtement bleu visible sur les jambes et les bras. On remarquait ensuite l'oeil Sheikah, de couleur beige, sur la poitrine. Des bandes blanches serrées aux avant-bras et aux chevilles permettaient de dissimuler, entre autres, des lames.

Ashita avait été désignée comme Instructrice de Sarah, qui n'était pas indifférente au charme de cette jeune femme sensiblement du même âge qu'elle. La bienheureuse rencontre remontait au troisième jour après leur arrivée au village. Sarah s'était présentée le plus naturellement du monde alors que la guerrière profitait d'un moment de répit entre deux entraînements. Sa beauté, couplée à son attitude excentrique et libre représentaient un combo imbattable. Bien sûr, ladite Sheikah était parfaitement au courant de l'identité des nouveaux arrivants, aussi, le contact fut facilité.

La proposition de former Sarah à la magie venait d'Ashita, qui avait bien repéré la passion de son interlocutrice, qu'elle trouvait également mignonne. L'apprentie d'alors était la seule à ne pas soupçonner la réciprocité de l'attirance.

* * *

Les entraînements quotidiens étaient éreintants. Il s'agissait de s'assurer que le groupe puisse être préparé parfaitement à reprendre la route. Non seulement ils avaient dû guérir de leurs blessures, mais il fallait aussi en profiter pour leur faire regagner des forces et permettre un coup de boost à leurs techniques et capacités. Pour toutes ces raisons, la durée du séjour s'étala sur trois semaines.

Ashita n'insistait pas tant sur l'enseignement magique, pour lequel la terrienne démontrait des progrès rapides et spectaculaires, mais surtout sur le maniement des lames. Sarah avait reçu de sa part, en cadeau, un petit sabre Sheikah, lorsque celle-ci avait pour la première fois réussi à générer une flamme magique, mais aussi bien des bleus lors de ses séances.

Elle avait conscience que son niveau martial n'était pas à la hauteur de ce qui était nécessaire, aussi Ashita avait redoublé d'effort pour former son élève, ne manquant jamais une occasion de se moquer gentiment des "pitoyables performances" de la Terrienne en terme de combat, que ce soit avec une lame... ou à mains nues. Mais tout cela se déroulait dans une atmosphère bon enfant, rendant ces moments de "Sarah Punching-ball" moins stressants.

Un jour, on vit ainsi l'une des arènes d'entraînement devenir le théâtre d'une belle scène comique. Alors que Sarah venait de tenter une nouvelle approche avec des frappes de jambes plus aériennes. La Sheikah parvenait sans difficulté à contourner sa """défense""" et à la plaquer au sol. L'infortunée voyageuse se retrouva alors à terre, avec son Maître penché sur elle, plaquant son coude sur sa gorge. Mais Sarah n'en démordait pas, faisant de son mieux pour appliquer au mieux les conseils que lui prodiguait l'ensemble de ses tuteurs... et développait malgré tout, au fur et à mesure, une progression.

Link, quant à lui, n'avait naturellement que peu de problèmes en escrime. Moï l'avait parfaitement entraîné au combat depuis l'enfance. Mais en combat à mains nues. Sarah et lui étaient dans le même bateau. Un bateau avec une coque grillagée que l'on remplace à la dure par une neuve. Tetra, en revanche...

Un matin, la foule s'était amassée autour du terrain d'entraînement. La Reine, vêtue d'une tenue sheikah, les cheveux attachés en chignon, parait chacun des coups d'Impa, la cheffe de village, comme si sa main était mue par un réflexe pur. Chacune des deux combattantes souriaient, tout en échangeant des coups d'une rare violence. A la fin du combat, la matriarche et son ancien élève souffraient chacune de blessures diverses dont aucune ne semblait se soucier tant le combat les avait amusées.

Être reine ne signifiait pas juste être de lignée royale mais impliquait un cursus impitoyable et complet dans tous les domaines, y compris martial. Défier parfois plusieurs combattants relevait également du jeu pour elle. Il n'était donc pas rare non plus de voir la suzeraine rire de bon coeur en voyant son amie effectuer ses premiers entraînements. Ici, au sein de ce village où elle s'était entraînée plus jeune, loin de l'aristocratie et du protocole, Tetra semblait renaître à sa vraie nature : Une jeune femme rieuse et blagueuse.

À la fin d'une séance, cette dernière s'était même fendue d'une série de "bouuhhh ouuuuuhhhhhhh" moqueurs, comme un public mécontent assistant à un match de boxe terrien. Poussant la plaisanterie, elle s'amusait à ramasser de la terre et à en lancer sur Sarah, fraichement vaincue.

* * *

Un peu moins de trois jours avant la date du grand départ. Ashita et Sarah avaient pris place à la table d'une taverne après une énième journée de mise à l'épreuve, en compagnie de tout le groupe, incluant Link, Midona, Tetra, Impa et son plus proche lieutenant. La perspective de quitter ce lieu et de perdre ses amies ne réjouissait pas Sarah. La terrienne, un peu en retrait avec Ashita, la regardait "subtilement" tout en l'écoutant parler de ses origines.

Le coin était magnifique, avec devant soi une petite assiette de charcuterie à partager et un verre de lait de chèvre. Bien que Sarah n'était pas fan du lait sur Terre, il fallait reconnaître que la version hylienne était très à son goût. Si elle devait être franche, Sarah dirait qu'elle n'avait écouté que d'une oreille distraite car elle fut réveillée au moment où Ashita lui demanda, d'un coup :

- Tu as déjà pensé à ce que tu ferais après la crise ?

Après la crise... après la crise... A vrai dire, elle n'y avait pas réfléchi. Le fait de pouvoir participer à une telle épopée avec Link, Tetra et Midona était une merveille en soi, malgré les dangers mortels derrière eux, et très probablement encore devant eux, si on était réaliste.

Sentant que cette soirée serait sans doute la dernière où elle aurait l'occasion de se lancer, et étant très légèrement, énormément nulle pour toutes les subtilités de la drague. Sarah se lança et écouta la boule de feu qu'était son coeur à ce moment-là :

- Ecoute Ashita, pour être honnête, je me fiche de ce que je ferai après la crise, pour le moment, car je ne te verrai plus, alors que je n'ai qu'une envie, là, tout de suite, c'est de rester auprès de toi !

Ayant lâché la révélation d'une traite, Sarah attendit que la nouvelle fut digérée par Ashita qui la regarda avec un sourire en coin. Son intuition lui dictait que quelque chose allait se passer, et elle ne fut pas déçue. Ashita la prit par les mains et l'entraîna avec elle. L'ombre de la première maison venue conviendrait parfaitement.

Une fois à l'abri des regards, Ashita posa sa main gauche sur Sarah et la poussa légèrement contre le mur tandis que de l'autre main, elle lui caressa le visage, l'embrassant sans hésitation. Les lèvres commencèrent leur ballet. Aucune expérience précise ne pouvait guider Sarah qui laissait aller comme ça venait. Elle laissait parcourir ses mains sur le corps de la jeune femme à l'instinct, en ne s'interdisant aucun passage sur sa poitrine généreuse dont la simple pression sur son propre corps était pour Sarah une source de plaisir. La prise de sa partenaire se resserrait et se faisait ressentir plus passionnée, tandis que la blondinette se sentait pressée contre le mur de plus en plus fort, alors qu'Ashita avait coincé sa conquête à l'équerre contre le mur, tout en lui enlaçant la hanche afin de mieux la presser contre elle.
Voulant laisser libre cours à ses envies, l'apprentie guerrière se dégagea de l'emprise d'Ashita pour reprendre les devants. Elle lui attrapa le visage et l'embrassa de plus belle avant de lui chuchoter :

- On peut aller où ?????

Souriant et haletant d'envie, la Sheikah emporta Sarah avec elle sous les yeux médusés de Link, resté à la table, qui avait suivi toute la scène du regard. Il se rendit compte qu'il aurait dû perdre moins de temps, même si la quête et leur amitié avait semblé être toujours une priorité.

- T'as qu'à les suivre... ksh kshh kshh, lui murmura la petite ombre flottante de Midona qui s'était rapproché du beau brun en ayant observé son visage.
- T'es pas bien, Midona !? Qu'est-ce que tu me chantes ??? vociféra presque Link, d'une rare mauvaise humeur.
- Oh ! Rien ! Je dis juste qu'un beau mâle comme toi, ça ne peut que faire plaisir à deux jeunes filles en rut ! rigola la Peste du Crépuscule en observant ses ongles comme on admire une manucure.

Midona se montrait d'un franc-parler et d'un cru qui laissèrent Link penaud et rouge comme un coquelicot. Celle-ci se contenta de rire, la main devant la bouche, décidant à cet instant de commettre ce qui serait très certainement son coup le plus tordu, et de loin de toute l'aventure.

* * *

La chambre d'Ashita se trouvait dans la seconde partie de l'habitation, séparée du séjour par un léger mur en feuille de bambou. La propriétaire de la maison avait enlevé le haut de son uniforme et s'était mise à califourchon sur une Sarah qui avait visiblement considéré l'ensemble de ses vêtements comme superflu. Il était insupportable de la voir encore si loin, aussi la terrienne attrapa-t-elle les bras de sa bien-aimée pour qu'elle revienne se blottir contre elle, seins contre seins. Leurs jambes se mêlaient, brûlantes du même désir, tandis que les baisers étaient de plus en plus passionnés.

Attrapant cette fois Ashita par la taille, elle la fit rouler sur le lit. Inversant les rôles, Sarah ne l'avait jamais fait auparavant, mais le feu qui l'animait lui dictait chaque geste, tel que celui qui lui fit ôter rapidement le bas de l'uniforme d'Ashita, ainsi que tout obstacle à son dessein. La Sheikah rit un peu sans s'expliquer, car ayant observé que les yeux de Sarah étaient devenus complètement violets durant leur acte présent, signe que la magie avait commencé à faire partie, à part entière, de son élève.

- J'ai bien travaillé, pensa-t-elle.

L'ouvrage se poursuivait avec une application et une méthode irréprochable, un énorme bruit se fit entendre à la porte d'entrée. Se séparant dans la surprise, les deux filles attrapèrent de quoi se couvrir avant de se diriger prudemment vers la porte. Des coups résonnèrent à nouveau à la porte, comme une personne demandant à entrer avec insistance. Agacée que l'on interrompe sa partie de jambes en l'air, Ashita s'avança et ouvrit la porte de façon brusque, prête à envoyer promener la personne responsable.

Quel ne fut pas leur surprise de découvrir le pauvre Link, saucissonné par une main orange géante, la tête en bas, animée par la chevelure magique de Midona. La princesse du Crépuscule affichait un sourire démoniaque, pleinement satisfaite de faire des heureux tout en traumati-satisfaisant le jeune homme.

- Le Monsieur a des chaleurs ! Il faut de magnifiques louves pour alimenter l'incendie ! envoya Midona en leur tendant Link.
- Mid ...
Le Toalien n'aura pas pu finir son premier mot que l'un des cheveux magiques vint le bâillonner.
- Vous auriez vu son regard ! Il en a très envie mais n'ose jamais faire le premier pas ! aggrava encore plus le lutin des Ombres.
- Hihiiii, ricana Ashita en enlaçant sa compagne, ça peut être marrant, qu'est-ce que tu en penses, Sarahnou ???
- Tu as envie de venir avec nous, mon petit Link ??? demanda l'intéressée avec gentillesse.

Link tenta de se dégager mais aucun son n'était en mesure de sortir de sa bouche. Il fut alors "déposé" avec toute la délicatesse dont Midona était capable, au pied des deux jeunes femmes. Link se dépêcha de se relever, plus rouge qu'une tomate, et entreprit de fuir mais Ashita et Sarah l'attrapèrent chacune par un bras pour l'entraîner à l'intérieur. Il les suivit sans oser trop protester, le coeur battant la chamade. La porte se referma et les deux jeunes femmes se débarrassèrent des tissus les cachant pour s'affairer autour de Link.

* * *

Sarah ouvrit doucement les yeux. Après quelques instants, elle se remémora les évènements de la soirée et sentit Link contre elle. Le bel homme était encore profondément endormi, laissant échapper quelques très légers ronflements à peine audibles. Sa peau était douce et chaude, aussi la jeune femme n'avait pas très envie de s'en séparer. Visiblement, Ashita s'était levée en premier, laissant à la place qu'elle occupait quelques draps entortillés.

On entendait de l'eau bouillir en arrière plan, et des bruits indiquant qu'une personne s'affairait dans la pièce d'à côté. Se forçant à quitter le lit qui, comme chaque matin, quel que soit celui où l'on s'endormait, semblait toujours avoir pris des airs de véritable ami, la blondinette se dirigea vers l'origine de l'agitation. Ashita s'était déjà préparée et portait déjà son uniforme. Cette dernière se retourna et eut un grand sourire en voyant Sarah qu'elle enlaça et embrassa un long moment.

- Le temps d'aller au petit coin et j'arrive, ma toute belle ! lui lança-t-elle joyeusement.

Passant vers le lit, la terrienne s'amusa à pincer et passer son doigt sur le nez de Link et un peu partout sur le visage, comme si un insecte volant venait le déranger. Son ami commença à s'agiter et à tenter de faire partir l'intrus virtuel avec ses mains. Il finit par ouvrir les yeux et découvrit Sarah penchée sur lui. Lui souriant également, Link passa une main hors du lit et caressa la cuisse de sa partenaire de la nuit. Consciente que leur voyage ne leur laisserait sans doute pas beaucoup d'autres occasions de passer du bon temps ensemble, elle se contenta de lui déposer un baiser sur les lèvres avant de le quitter et d'aller se préparer à son tour.

* * *

L'heure passa avec tranquillité. Chacun avait retrouvé ses esprits, tandis qu'ils partageaient un bon petit déjeuner préparé par les soins de leur hôte. Du lait de chèvre avec du pain aux céréales que l'on parsemait de confiture de fraise. L'essentiel de la discussion porta sur les évènements de la nuit, car Sarah et Link venaient tout juste de vivre leur première expérience charnelle. Entre plaisanteries et discutions osées, tout y passa. Le point essentiel était que la timidité de Link avait grandement disparu. Il semblait beaucoup plus sûr de lui. Lorsqu'il prend part à un combat ou doit aider une personne, il n'y avait jamais à trop réfléchir et il fonçait, mais concernant l'affectif et le personnel, le jeune homme tout de vert vêtu se retrouvait très vulnérable.

Pendant le repas, et alors que les filles discutaient entre elles, il avait pu se montrer songeur. Iria allait-elle bien ? Etait-elle blessée ? Il n'était pas idiot et se rendait bien compte que la situation avait toujours été ambiguë entre eux deux. Que dire de ce qu'il venait de faire alors qu'une jeune femme qui oscillait entre amour et amitié pour lui était sans doute prisonnière des monstres du Crépuscule ?

* * *

Après ce petit déjeuner copieux, Link et les deux filles se remirent en route pour les entraînements du jour, les entraînements des deux derniers jours. Sur la route menant vers le centre du village, un silence s'était installé dans le trio, chacun étant concentré sur la séance à venir. Alors qu'il arrivait vers la demeure principale, celle d'Impa, cheffe du village, ils virent devant eux la reine, accompagnée de son ancienne nourrice. Dissimulée dans l'ombre de l'habitation, la silhouette flottante et brumeuse de Midona se devinait.

Tetra, qui avait passé les dernières semaines dans une tenue sheikah, avait troqué une nouvelle fois son habillement contre une nouvelle composition comprenant un pantalon noir serré par une ceinture marron munie de chaque côté de petites sacoches. Un haut bleu mettant en valeur ses formes gracieuses et généreuses était quant à lui ajusté par un plastron noir recouvrant la zone partant de la ceinture jusqu'au-dessous de la poitrine.

- Magnifique tenue, Votre Altesse ! lança Link d'une voix joyeuse.
- Eh bien, jeune homme... Est-ce ainsi que tu parles à ta souveraine ? le réprimanda Impa sur un ton neutre, presque serein.
- Oh ! Je vous demande pardon, c'est juste que j'ai été subjugué !
Entendant ces mots, Impa, les bras croisés et le sourire en coin, se tourna vers Tetra.
- Ce garçon a en effet, je le crois, passé une excellente nuit !

Ce cher Link était bon pour finir rouge comme une tomate alors que l'ensemble des jeunes femmes autour de lui éclatèrent toutes de rire au même instant, Midona en tête. La chipie du Crépuscule s'était retrouvée à terre et se tenait les côtes en riant aux éclats.

- MIDONA !!! Tu vas me le payer !!!

Link se rua sur elle pour tenter de l'attraper mais la teigne des ombres s'était téléportée derrière lui. Au moment où Link se retourna, une main orangée géante le projeta en arrière avec fulgurance. Les rires cessèrent au profit d'onomatopées exprimant la surprise du groupe. Alors que les demoiselles se précipitaient pour l'aider, le souffre douleur de Midona fut relevé en douceur par cette même main aux proportions menaçantes.

- Ça va !!! Notre Princesse du Crépuscule commence à apprendre la douceur ! plaisanta Sarah.
Midona se retourna au quart et fixa la blondinette qui comprit en un regard qu'elle pourrait bien être la prochaine à voler.
- Pppfffff, je n'ai pas forcément envie de toujours le traumatiser !

Cette dernière phrase avait été prononcée sur un ton presque mélancolique, comme émise avec un soupçon de repentance. Se relevant avec malgré tout quelques sensations légères de douleurs ici et là, Link invita ses compagnes à aller à l'arène de combat, quand soudain quelques cris se firent entendre au loin. Aux abords de l'entrée du village, un remue-ménage commença à tonner tel le tonnerre, tandis que de la fumée commençait à s'élever. La terrienne laissa échapper un juron de surprise et le groupe se lança d'un seul élan, sans concertation, dans la direction en question...

A suivre...

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Flavchat". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 30.04.25