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Il était une fois

Ecrit par Xaelia en 2004
Chapitre 1 : Bonheur

Le soleil se leva doucement sur le beau pays d'Hyrule, embrasant le ciel de couleurs chaudes et déversant progressivement son flot de lumière. Les oiseaux volaient à travers le ciel tout en acclamant le retour de l'astre diurne. Un vent délicat soufflait sur les plaines, faisant se plier herbes et fleurs comme si la terre se couvrait des vagues de l'océan. Dans tout le pays, la nature reflétait l'harmonie et la joie de vivre retrouvée après la terrible affaire du mal sans visage.
La lumière solaire atteignit bientôt le château d'Hyrule encore endormi. Dans l'une des magnifiques chambres du palais, dormaient paisiblement Link le Héros du Temps et sa jeune épouse la princesse Zelda qui reposait au creux de ses bras. Mariés depuis quelques mois, aucun événement, et pour leur plus grand soulagement, n'était venu entraver leur bonheur.
Dans le couloir qui juxtaposait les appartements royaux, un garde pour qui la relève se faisait attendre, s'endormit, ce qui provoqua la chute de sa lance. Suite à ce grand fracas, Link s'éveilla, tous ses sens de guerrier en alerte. Il se calma et tenta de se rendormir mais son sursaut avait réveillé sa compagne.
La belle princesse lui sourit. Il fit de même et l'embrassa.
- Bonjour mon amour... souffla-t-il.
Elle voulut lui répondre mais soudain elle devint très pâle et fila vers la salle de bain, sans un mot d'explication.
Inquiet, Link se leva, enfila un peignoir, sortit de la chambre, traversa le salon et enfin frappa à la porte de la salle d'eau.
- Zelda, est-ce que ça va ?
Il ne reçut aucune réponse et pour cause, la jeune femme étant en train de rendre tout ce que son estomac contenait.
- Je vais entrer, la prévint-il avant d'ouvrir la porte.
La princesse était alors occupée à se rincer la bouche. Elle ferma le robinet et se retourna vers lui tout sourire.
- Link, c'est merveilleux ! s'exclama-t-elle en se jetant dans ses bras.
Il la serra contre lui, de plus en plus interloqué par son comportement étrange. Quelle sorte de mystérieuse fièvre s'était emparée de sa femme ?
- Je ne vois pas en quoi être malade peut-être merveilleux, répondit-il.
- Pourtant il va falloir t'y habituer, je vais être malade tous les matins pendant un petit moment. Mais ne t'inquiète pas, c'est normal pour une femme dans mon état, lui répondit-elle en jouant distraitement avec le col du peignoir du jeune homme.
- Pour les femmes dans ton état ? De grâce votre Altesse, éclairez ma lanterne, gémit-il en la prenant par les épaules.
- Link, tu vas être papa... Je m'en doutais, mes prémonitions me l'avaient dit, mais maintenant j'en suis sûre.
Le visage de la princesse rayonna littéralement et son sourire n'en finissait pas. Que de joie et de sérénité s'était emparée de son âme ! Un enfant, un petit bébé, un futur souverain... Les déesses venaient de lui faire le plus beau cadeau qu'elle puisse espérer depuis que le Héros du Temps lui avait offert son amour.
Link assimila doucement la nouvelle et lorsqu'il en saisit enfin toute l'ampleur, un large sourire lui fendit le visage. Il saisit sa femme à bras le corps et la fit tourner autour de lui. Tous deux riaient de bonheur. Enfin il la reposa sur le sol et l'embrassa tendrement.

Chapitre 2 : Ah les enfants !   up

La petite fille avançait à travers la plaine. Le soleil se levait enfin, tant mieux, elle avait un peu peur du noir. Mais juste un peu...
Ses parents lui avaient raconté qu'autrefois, si on se retrouvait dans les plaines la nuit, des squelettes surgissaient puis vous attaquaient, et que le jour, des plantes agressives tentaient de vous couper en rondelles.
Toutes ses créatures avaient disparu mais la fillette était tout de même terrorisée. Désormais elle regrettait amèrement d'avoir quitté la maison de sa tante au village Cocorico... mais ce qui est fait est fait et elle était maintenant en vue du lac Hylia.
Autrefois elle venait souvent ici avec ses parents avant qu'ils ne s'en aillent rejoindre les déesses... Et durant ces temps bénis, jamais elle n'avait trouvé le chemin aussi long, ça lui avait pris toute la nuit. Mais bien sûr, avec ses parents, elle venait avec une charrette...
- Oh, non...
Elle constata avec horreur que des grilles interdisaient l'entrée du lac, il était trop tôt... Elle s'approcha, peut-être arriverait-elle à passer au-dessus ? Non, elles étaient beaucoup trop hautes. Elle avait envie de pleurer, tout ça pour rien...
C'est alors qu'elle vit que des échelles permettaient tout de même de passer. Elle les escalada et se retrouva enfin sur les rives du lac. Tout était paisible, aucun bruit ne sortait ni du laboratoire ni du stand de pêche. Elle était seule et sans personne pour diriger sa vie. Une fierté sans borne l'envahit.
Elle s'assit dans le sable et repensa à ce qu'était devenue sa vie. Elle était fille unique lorsque ses parents étaient décédés dans un accident tragique. Elle avait alors été recueillie chez sa tante où elle était élevée avec tous ses cousins cousines. Mais là-bas elle n'était pas très heureuse, ses parents lui manquaient et elle avait l'impression que sa tante ne l'aimait pas vraiment. Jamais elle ne lui lisait de contes, elle n'avait pas le temps. Et pourtant elle aimait ça la petite fille, les contes...
Elle farfouilla dans son baluchon et en sortit un livre de contes de fée qui avait appartenu à sa maman. Sur la couverture, une très jolie dame avec des ailes dans le dos agitait une baguette d'où sortaient quelques étoiles.
Elle le feuilleta un peu, elle ne savait pas encore lire mais à force de se faire répéter encore et toujours les mêmes histoires, elle les connaissait par coeur. Elle soupira. Tout ce qui arrivait dans ce genre d'histoire ne se passait jamais dans la réalité et c'était bien dommage. C'était pareil pour les personnages qui les composaient, par exemple les fées... dans le livre, c'était de toutes petites femmes très belles mais dans la réalité, elles ressemblaient à des boules lumineuses avec des ailes. Elle le savait bien, une fois elle en avait vu une dans une bouteille chez le marchand.
Elle se leva et commença à arpenter la rive. Elle était enfin seule, mais à présent que faire ? Perdue dans ses pensées, elle ne regardait pas son chemin et son pied heurta soudain un objet, la faisant s'affaler dans le sable. Des larmes roulèrent sur ses joues mais elle se calma rapidement, elle n'avait pas vraiment eu mal, c'était plus par habitude. De toute manière, il n'y avait personne dans le coin pour la consoler et lui donner un bonbon, alors pourquoi se fatiguer ?
L'objet fautif était enfoui dans le sol. Elle le déterra et découvrit qu'il s'agissait d'une bouteille avec un goulot très long, en cuivre, sur le fond était gravé un symbole qui ressemblait un peu à ceux qui décoraient le temple de l'esprit. Cela lui rappela une histoire, celle d'un jeune garçon qui découvrait une lampe magique et lorsqu'il voulut la nettoyer, un génie en sortit lui accordant trois voeux.
Elle eut soudain très envie d'essayer à son tour.
Elle prit un bout de sa robe et ôta le sable qui maculait la bouteille. L'objet commença alors à trembler. Elle le laissa tomber en poussant un cri de terreur et partit se cacher. Cependant elle passa tout de même la tête afin de connaître la suite.
Une volute de fumée s'échappa de la bouteille et un homme en sortit. Il avait une tête et un tronc humain mais le reste de son corps n'était que fumée qui s'échappait de la bouteille. Il était chauve sauf au sommet du crâne où une queue de cheval noire pendait. Sa peau était d'un joli ton cuivré et il arborait une musculature impressionnante. Il ne portait aucun vêtement mais des menottes d'or enserraient ses poignets.
- Ordonnez, maître et j'obéirai, récita-t-il d'une voix grave et dépourvue de sentiment.
- ...
- Maître ?
- Tu vas pas m'faire du mal, dis ? demanda une petite voix mal assurée sortant de derrière un rocher.
- Non, maître, je ne vis que pour vous servir, répondit humblement le Djinn en s'inclinant.
- C'est bien vrai ?
- Je vous le jure, maître.
La créature était étonnée, tout au long de sa longue vie, les hommes s'étaient déchirés pour obtenir son pouvoir mais ce nouveau maître semblait différent. Peut-être était-ce mieux ainsi...
Le dernier maître qu'il avait admiré était l'homme qui avait jeté la bouteille dans l'océan, perdant tout pouvoir mais arrêtant ainsi une guerre sanglante et inutile. Il était mort pour ça, mais qu'importait au génie, il n'était qu'un esclave.
Le courant avait entraîné sa bouteille puis un pêcheur l'avait ramassée dans son filet. Du filet, il a atterri dans un chariot qui s'était malencontreusement renversé envoyant son contenu dans une rivière, et encore une fois, il fut entraîné par les flots jusqu'à ce lac et désormais, il avait un nouveau maître à servir.
- Très bien, alors je me montre, reprit la petite voix.
Le génie fut surpris de voir arriver une petite fille brune aux yeux bleus et qui avait de longues oreilles pointues.
- Que désirez-vous, maîtresse ?
- J'ai le droit à combien de voeux ? s'enquit-elle en prenant une lippe sérieuse qui contrastait terriblement avec son adorable visage.
- Autant que vous m'en demanderez, maîtresse, répondit la créature de plus en plus étonnée.
- Tu veux dire que j'en ai plus que trois ? s'étonna-t-elle.
- Oui, mais seulement si ce sont des voeux réalisables.
- Pourtant dans l'histoire, il n'avait eu droit qu'à trois voeux... Moi je m'appelle Katina et toi ?
- Alakazam.
- Je suis ravie de te connaître. Alakazam.
- Merci maîtresse.
- Sois gentil, appelle-moi Katina.
- Bien maît... Katina. Quel sera votre premier voeu ?
- Je voudrais manger s'il te plaît.
Le génie se tut un instant. Décidément quel maître étrange ! Il la toisa un instant de la tête aux pieds et reprit d'un ton pédagogue :
- Votre voeu est trop vague pour moi, jeune Katina, il va vous falloir être plus précise.
- Une gaufre avec du chocolat et de la chantilly, s'enjoua l'enfant.
Alakazam claqua des doigts et son voeu se matérialisa devant elle.
- Oh merci génie ! répondit-elle la bouche pleine de chocolat.
- Un autre voeu ?
Elle réfléchit quelques instants et un sourire se peint sur son visage.
- Je voudrais que la vie soit comme un conte...

***

Alors le monde changea.
Des pots d'or se dévoilèrent au pied des arcs-en-ciel. Dans la forêt kokiri, des champignons de belle taille, dont le chapeau était décoré de couleurs vives, apparurent et servirent de maison à de petits homoncules aux vêtements chatoyants. Au village Cocorico, une femme donna naissance à un bébé mi-homme, mi-hérisson et l'aima comme s'il était humain. Au ranch LonLon, un âne, un chien, un chat et un coq décidèrent de devenir des stars de la musique. Au mont du péril, des nains apparurent et taillèrent la montagne en chantant "Hé ho ! Hé ho !".
Et tout aussi surprenant que cela puisse paraître, ce n'était qu'un début...

Chapitre 3 : Animation au château d'Hyrule   up

La servante entra dans le salon privé du couple royal et déposa un plateau empli de victuailles sur la table. Ceci fait, elle arrangea sa robe et frappa à la porte de la chambre réveillant ainsi ses souverains qui, après avoir fêté dignement l'heureux événement, s'étaient de nouveau endormis.
- Oui ? lui répondit une voix masculine et ensommeillée.
- Je suis désolée de vous réveiller, Altesses, mais la matinée est déjà bien avancée.
Le prince avait encore partagé la chambre de sa femme... Etait-il seulement au courant qu'il possédait ses propres appartements ? Elle ne chercha pas plus loin la réponse. Les nobles gens avaient un style de vie qui lui échappait.
- Reviens dans une heure ! lui ordonna le Héros du Temps.
- Allons Link, fainéant, debout ! le houspilla Zelda.
- Très bien... Tu peux entrer ! capitula celui-ci.
La soubrette franchit la porte, s'inclina et ouvrit les volets. Eblouis, les jeunes gens se protégèrent les yeux en attendant de s'habituer au jour nouveau.
- Dois-je faire appeler les suivantes de madame ? s'enquit la soubrette.
- Je me débrouillerai seule, merci.
- Bien madame. Le petit déjeuner vous attend au salon.
Elle s'inclina à nouveau et sortit.
Zelda joua des coudes pour échapper à l'étreinte de Link qui la retenait prisonnière au creux de ses bras et se dirigea vers la salle de bain. Elle en ressortit quelques temps plus tard vêtue de sa robe rose et découvrit son époux en train de dévorer.
- Tu m'en laisses un peu, oui ? N'oublie pas que maintenant je dois manger pour deux...
- Mais je n'oublie pas amour ! Regarde, je t'ai même beurré tes tartines.
- J'ai épousé l'homme parfait, ronronna-t-elle.
- Je ne suis pas parfait... si on cherche bien, on pourra très certainement dénicher un petit défaut.
- Et modeste avec ça !
Il se leva en riant, lui déposa un baiser sur les lèvres et partit se préparer tout en sifflotant.

***

Ils se retrouvèrent quelques temps plus tard en haut des marches du grand escalier qu'ils descendirent.
Il régnait dans le château une effervescence totalement inédite. Le couloir qui menait à la salle du trône était bondé de personnes, toutes classes confondues, qui attendaient impatiemment leur tour. Et parmi toute cette cohue, Impa, impassible, était adossée à un mur. Elle les remarqua et alla à leur rencontre.
- Bonjour tous les deux. Et bien quelle histoire ! s'exclama-t-elle en guise de salut.
- Mais que nous racontes-tu Impa ? Nous venons juste de nous lever, répondit Zelda.
- Vous n'êtes pas encore au courant... Eh bien, vous allez avoir une sacrée surprise !
- Toi aussi tu vas avoir une surprise, Impa, se défendit Link.
- Dis toujours, Héros du Temps.
- J'attends un bébé ! Euh non... en fait c'est Zelda qui l'attend, moi je ne fais qu'attendre qu'elle accouche...
- Zelda ! s'exclama le sage de l'ombre en serrant sa protégée dans ses bras.
- ... Oui mais je l'attends aussi ce bébé...
- Il est pour le printemps, indiqua la princesse.
- ... Mais si je dis que je l'attends, on pourrait croire que c'est moi qui suis enceinte.
- Je suis toute émue Zelda... Je vais être grand-mère d'une certaine façon... Tu as grandi si vite ! Je te revois encore lorsque tu ne savais pas marcher... s'émut la nourrice royale.
- ... Quoi que comme je suis un garçon il faudrait mieux dire enceint...
- Quelle est donc cette affaire dont tu nous parlais tout à l'heure ? reprit Zelda.
- ... Mais c'est idiot les garçons ne peuvent pas mettre des enfants au monde.
- C'est affolant, c'est comme si les contes étaient sortis de leurs livres et s'acharnaient sur Hyrule, expliqua Impa.
- ... Mais alors que dois-je dire, les filles ?
- Donnez-moi ça, je vous prie", ordonna la future maman en attrapant le cahier de doléance de l'un des secrétaires royaux. Elle le feuilleta quelques instants et ses yeux s'agrandirent d'étonnement. "Incroyable !"
- Les filles ? Vous m'écoutez dites ! s'inquiéta Link.
- Bien sûr, lui répondit distraitement sa femme. Oh père vous voilà !
Le roi fonça droit sur eux sans se préoccuper des gens qui s'inclinaient sur son passage. Puis il se planta devant sa fille, soulagé de la savoir enfin levée et lui implora :
- Par pitié Zelda... je n'en peux plus ! Aide-moi ! Depuis ce matin je n'arrête pas de recevoir tous ces gens qui me racontent des histoires sans queue ni tête.
- Calme-toi mon petit papa... laisse-moi m'occuper de tout et va te reposer, susurra-t-elle en lui prenant le bras tout en lui souriant tendrement.
- Merci.
Mais le regard bénissant d'Arkinian avait valeur de mille mots. Puis il s'éloigna dignement, sa cape rouge traînant sur le sol, sous le regard amusé de la princesse d'Hyrule.
- Link ! Reviens ici tout de suite ! s'écria-t-elle soudain.
L'Hylien eut un geste agacé, il n'avait pas réussi à s'esquiver. En y repensant bien, il n'avait jamais réussi à échapper à son devoir. Quelle poisse d'avoir épousé une princesse surtout que celle-ci possédait des pouvoirs magiques !
- Mais je ne partais pas ma chérie..., lui sourit-il tout sucre, tout miel.
- Mais je n'en doute pas... Je te rappelle juste au passage qu'en m'épousant, tu as aussi épousé Hyrule et il faut maintenant l'assumer, répondit-elle sur le même ton.
- J'en suis conscient, pleurnicha-t-il.
Zelda entra dans la salle du trône suivie de Link et d'Impa alors que sur son passage, tous s'inclinaient. Elle atteint finalement un trône et s'y assit, son époux prit place sur le second et sa nourrice se tint debout légèrement en retrait des deux sièges.
A peine furent-ils installés que le brouhaha de la foule reprit en puissance et de partout fusaient des récriminations.
- Votre Altesse ! Votre Altesse ! Une famille d'ours s'est installée près de chez moi et a terrorisé ma fille.
- Mon voisin a pêché un poisson d'or et celui-ci fait ses quatre volontés, j'en veux un aussi !
- Un âne, un chien, un chat et un coq se sont mis à crier sous mes fenêtres ! Je les supporte plus !
- Il y a un fantôme dans ma maison !
- Il...
- Il suffit ! tonna la princesse. Vos plaintes seront inscrites dans les cahiers de doléances et nous aviserons. Nous sommes déjà en train de nous occuper de cette affaire de conte. Que tous ceux qui n'ont que des faits fantaisistes à raconter sortent ! Que seuls ceux qui ont une affaire d'une autre nature restent !
Comme par un prodigieux enchantement, la pièce se vida laissant la salle du trône retrouver son calme et sa tranquillité.
De toute la foule, seule une femme resta. Brune aux yeux bleus, un certain embonpoint prouvait qu'elle avait une affinité toute particulière avec la nourriture, ses yeux bouffis et rouges démontraient qu'elle avait pleuré, et ses traits tirés dénonçaient un manque de sommeil. Elle tenait un mouchoir trempé à la main et elle semblait chamboulée et intimidée.
Zelda la regarda et lui sourit pour l'encourager.
- Avancez, je vous prie, et racontez-nous ce qui vous arrive, lui ordonna-t-elle.
- Votre Altesse, commença-t-elle en faisant une courte révérence. Je viens à propos de ma nièce, elle a disparu et elle est introuvable.
- Depuis combien de temps ? demanda Link soudain intéressé.
- Depuis hier soir... J'ai couché les enfants vers huit heures et à dix heures lorsque mon mari et moi-même sommes allés nous coucher à notre tour et que j'ai fait le tour des chambres, elle n'était plus dans son lit. On l'a cherchée dans tout le village et aux abords des plaines et rien... Oh votre Altesse, il faut faire quelque chose !
- Les événements étranges ont débuté ce matin d'après ce que j'ai pu lire, ça n'a donc aucun lien avec le reste", expliqua le septième sage à ses compagnons. Puis reportant son attention sur l'Hylienne : "Ses parents ont-ils été prévenus ?"
- Votre Altesse, la pauvre petite n'a plus de parents... C'est une triste histoire. Ma soeur et son époux ne pouvaient normalement pas avoir d'enfants et la venue de Katina a été un vrai miracle. Elle a donc été choyée plus que de raison mais ça ne l'a pas empêchée d'être une adorable enfant. Ils coulaient une vie paisible jusqu'au jour où...
Des larmes perlèrent aux yeux de la petite femme. Zelda, pendue à ses lèvres, avança machinalement la tête.
- Oui ?
- Jusqu'au jour où leur bateau coula dans l'océan... Heureusement la petite ne les accompagnait pas les rares fois où ils devaient se déplacer. Elle est donc devenue orpheline et je l'ai recueillie. Malheureusement j'ai déjà moi-même huit enfants et je ne peux donc pas lui donner autant d'attention que ses parents. Mais je l'aime quand même comme ma propre fille... Elle a cinq ans vot'majesté, toute seule dans les plaines...
La femme se remit à pleurer et au comble de l'étonnement de Link, la princesse d'Hyrule fit de même.
- Zelda ! Mais qu'y a-t-il ? lui demanda-t-il attristé.
- Cette petite fille toute seule avec tous les dangers, ça ne te fait rien ? Tu n'as aucun coeur ! Que va devenir notre enfant si son père ne se préoccupe pas de lui ? Tu es un monstre !" cracha-t-elle avec colère sur un pauvre Link qui ne put que rentrer la tête dans ses épaules. Puis la princesse se calma aussi rapidement qu'elle venait de s'énerver et lança un regard compatissant à la villageoise. "Ne vous inquiétez pas, ma bonne dame, je vais mettre le capitaine Krine lui-même sur cette affaire."
- Oh merci votre Altesse.
La petite bonne femme sortit à reculons tout en faisant des révérences, le regard plein de reconnaissance.
Link, quant à lui, se remit de ses accusations tout doucement.
- Mais enfin Zelda...
Impa lui posa une main sur l'épaule et lui fit un signe de tête pour le décourager de continuer.
- Zelda, intervint le sage de l'ombre, ne t'inquiète pas pour la petite fille, on va la retrouver. Pour le moment il faut penser à régler un autre problème, celui des contes... Tu comprends ?
La princesse acquiesça.
- Bien, reprit la nourrice. Il faut que tu te rendes compte du phénomène par toi-même. Mais pas question que tu montes à cheval dans ton état. Je propose que Link aille chercher Epona et aille voir si Saria va bien et qu'en passant, il fasse atteler une petite voiture pour que toi et moi allions faire un tour et on se retrouve tous à Cocorico.
Link lança un regard de gratitude à la Sheikah et se sauva très courageusement.

Chapitre 4 : Retour d'une amie   up

Le héros du temps, heureux de pouvoir reprendre du service, galopait à travers les plaines sur le dos de sa fidèle Epona. Il avait quitté ses coûteux et somptueux vêtements de cour pour renfiler avec plaisir ses vêtements kokiris. Tout allait pour le mieux, bien que le comportement de sa femme soit pour lui un mystère tout entier. A ce propos, il faudrait qu'il ait une petite conversation avec Impa...
Il parvint finalement jusqu'aux bois perdus. Le village kokiri était animé par une effervescence inhabituelle quoique moins impressionnante que celle qu'il venait de voir au château. Intrigué, Link jeta un coup d'oeil circulaire et repéra bien vite le sage de la forêt puis s'avança vers elle.
- Link ! Quelles sont les nouvelles ? s'exclama la Kokiri, heureuse de retrouver son meilleur ami.
- Bonjour Saria. Je vais être papa !
- Oh, c'est merveilleux. Je suis très contente pour vous deux", s'écria-t-elle en prenant le prince dans ses bras. Puis sa mine se fit sombre : "Malheureusement je suis aussi très inquiète..."
- Que se passe-t-il ? s'enquit l'Hylien.
- Il y a plein de choses bizarres qui apparaissent dans la forêt et... Maxou et Vicky ont disparu. On les a cherchés partout mais ils restent introuvables.
- Je m'en occupe !
Le Héros avait parlé tellement vite que l'Hylien dut se concentrer à nouveau pour savoir ce qu'on attendait de lui.
- Merci Link, soupira Saria.
- Une minute ! Tu n'arriveras à rien sans moi, intervint une voix tintinnabulante.
Il aurait reconnu cette voix entre mille... Son visage s'illumina d'un sourire radieux.
- Navi !
- Et oui ! Je suis de retour. Je dois avouer que l'action me manque un peu...
- Je suis content de te revoir, petite fée.
- Alors ? On y va ?
Elle retourna sous le bonnet de Link. C'était l'endroit où elle se réfugiait lorsque le Héros du Temps n'avait pas besoin d'elle du temps où ils avaient combattu ensemble contre Ganon. Celui-ci fut heureux de sentir à nouveau la petite créature grouiller dans ses cheveux, ça lui rappelait tellement de souvenirs... Pas toujours bons, certes, mais qu'importe. Il avait été si triste lorsque la petite fée l'avait quitté pour retourner dans les bois perdus... Il se reprit et s'aventura dans l'épaisse forêt.
Il avançait ainsi depuis quelques temps lorsqu'une petite voix aigrelette retentit.
- Fais attention, sombre idiot !
- Qui a parlé ? demanda le héros.
- Moi !
- Qui ça, moi ?
- Regarde en bas... Plus bas !
Les yeux de Link se posèrent sur un homme qui ne devait pas faire plus de dix centimètres de haut.
- Mais tu es quoi, toi ?
- Je suis un gnome, andouille ! Ça se voit pas ?
- Excuse-moi, mais je n'ai pas vraiment l'habitude de rencontrer des créatures dans ton genre.
- Excuses acceptées... mais fais donc plus attention crétin, tu vas bientôt écraser ma maison !
Link retint difficilement une envie irrépressible de faire des claquettes et s'accroupit suffisamment loin de la maison-champignon du bonhomme.
- Et est-ce que tu n'aurais pas vu deux enfants récemment ?
- Non, mais est-ce que j'ai une tête de bonne d'enfant ? Si tu n'es pas capable de surveiller tes gosses, tant pis pour toi ! Ce n'est pas une raison pour enquiquiner les honnêtes gnomes.
- Bon écoute-moi bien maintenant, espèce de décoration de jardin. Tu me dis poliment ce que tu sais et moi je retiens poliment mes bottes qui ont envie de tout écraser...
- Je ne suis pas une décoration de jardin ! Tu m'entends grand dadais ! Tes menaces ne me font rien ! Au nom du petit peuple, sache que pour un gnome violenté, les souffrances que tu endureras te feront regretter le jour où tu es né !
- J'abandonne..." soupira Link. Cette créature avait beau être exaspérante, son sens de l'honneur lui interdisait de mettre ses menaces à exécution. Dommage... Puis une idée lui vint : "Navi ? Tu pourrais peut-être faire quelque chose ?"
A l'entente de son nom, la fée sortit du bonnet et voleta autour du guerrier.
- Oh mais que vois-je ? Mademoiselle, vous êtes une vraie beauté... Sûr que la reine des fées elle-même doit vous jalouser..., s'exclama le gnome.
Navi gloussa. Link crut qu'il allait sombrer dans la folie. Entre Zelda qui changeait d'humeur comme de chemise et ce gnome qui faisait du gringue à sa fée... Il y a des jours comme ça où on ferait mieux de rester couché !
- Arrêtez ! Vous allez me faire rougir..., s'empourpra Navi.
- Pardonnez-moi mais ce n'est pas tous les jours que l'on rencontre une dame de votre qualité.
- Alors vous pourrez venir en aide à une demoiselle en détresse ?
- Si c'est ce grand escogriffe qui vous embête, n'ayez crainte ! Je suis votre gnome.
- Oh non, ce n'est pas lui... J'ai perdu deux de mes amis, des enfants... Une fillette nommée Vicky. Elle a des cheveux noirs et des yeux verts. Et un garçonnet, un rouquin aux yeux bleus.
- J'ai peut-être bien vu quelque chose dans ce goût-là... je ne me souviens plus très bien.
- Allons, un petit effort..., le supplia-t-elle.
- Peut-être qu'un petit baiser pourrait me faire retrouver la mémoire...
- Oh ! Vous n'avez pas honte !" s'horrifia la fée. Puis elle capitula rapidement : "Bon, très bien... Mais juste parce que c'est vous..."
Elle atterrit et se pencha pour poser un baiser sur la joue de la créature mais au dernier moment celui-ci tourna la tête ce qui fit que les lèvres de Navi frôlèrent celles de ce sournois bonhomme.
- Vous devriez avoir honte ! s'insurgea-t-elle.
- Allons p'tite demoiselle, vous fâchez pas ! Les gosses... Y sont partis par-là. Suivez le sentier, vous finirez bien par les retrouver.
Et il rentra dans son champignon. Link, qui était resté silencieux jusque là, reprit :
- J'écrabouille sa maison ?
- Non... Ne le répète pas mais... ce n'était pas désagréable.
- Oh je vois... Tu crois qu'on peut lui faire confiance ?
- Non, mais là plutôt qu'ailleurs...

Chapitre 5 : Scène de vie et contes de fées   up

- Ô belle Lety... Ne craignez rien. Ce n'est que remis à plus tard. Je reviendrai et vous soustrairai au joug tyrannique de votre famille.
- Prenez garde Hiro... Le combat ne vous sera pas aisé ! Mes soeurs sont de farouches guerrières. Elles n'hésiteront pas à...
Une larme perla à l'oeil de la Gerudo. Elle avait pris des risques pour se rendre au rendez-vous que lui avait donné Hiro, l'un des ouvriers du village Cocorico. Ils s'aimaient mais leur amour n'était pas vu d'un bon oeil par leur peuple respectif. Chez les voleuses du désert, la règle était claire : pas d'homme ! Et chez les Hyliens... les voleuses n'avaient pas vraiment bonne réputation.
- Cela me prendra le temps qu'il faudra mais je n'aurai de cesse tant que vous ne serez pas mienne ! Notre amour est plus fort que tout.
- Vous me le promettez Hiro ?
- Bien sûr mon aimée... Dans la vie ou dans la mort, nous serons ensemble.
- Oh... mais pourquoi nos familles se détestent-elles tant ?
Des voix retentirent et deux gardes Gerudos apparurent, elles regardèrent bouche bée le couple mais ne semblèrent pas vouloir intervenir.
- Hiro ! Nous avons été découverts ! Fuyez ! Vite ! s'horrifia la guerrière.
Le gros ouvrier embrassa la jolie jeune femme et se sauva au pas de course dans une démarche plutôt efféminée. Lety le regarda s'éloigner le coeur brisé et se retourna vers ses soeurs.
- Nous nous aimons et vous ne pourrez jamais rien contre ça !
- C'est lui que tu as choisi pour être le père de ta fille ?! Tu as vraiment de drôles de goûts... Il cache vraiment bien son jeu, jamais je n'aurais cru qu'il pouvait être un grand guerrier, répondit l'une des gardes.
- Je vous hais ! hurla Lety.
Elle se sauva en pleurant et retourna à la forteresse. Les deux Gerudos restantes se regardèrent dans les yeux. Depuis ce matin, il y avait vraiment des trucs étranges qui se passaient.
- Tu crois qu'il faut prévenir Nabooru ?
- Oui. Elle a bien dit de la prévenir à chaque fait étrange qui pourrait se produire. Et ça si c'est pas bizarre alors je ne suis plus une Gerudo !

***

Assam, l'étalon blanc de la princesse tirait paresseusement la petite voiture où Zelda et Impa étaient confortablement installées. Il descendit ainsi le chemin qui menait au château et arriva doucement au Bourg d'Hyrule.
A ce moment, une vieille femme au visage fripé tira sur la manche de la princesse. Impa stoppa la carriole.
- Bonjour belle jeune fille... Daignez accepter le cadeau d'une pauvre vieille.
La femme lui tendit une pomme et Zelda s'en saisit tout en la remerciant. Le fruit était d'un rouge vermeil et semblait très appétissant. La princesse n'avait qu'une envie, c'était de croquer dedans à pleines dents, de sentir son goût sucré sur sa langue, de sucer le jus qui s'en échapperait... Elle porta le présent à sa bouche mais un violent coup asséné par Impa envoya la pomme rouler plus loin. La vieille émit un cri de rage et disparut tout bonnement.
- Mais enfin, Impa ! Qu'est-ce qui te prend ? s'exclama la princesse.
- Blanche Neige, ça ne te dit rien ?
Les yeux de la jeune femme s'agrandirent d'horreur.
- Oh, grandes déesses !
Le sage de l'ombre fouetta Assam qui se remit en route.

***

Darunia ôta la pioche des mains du nain. Celui-ci riposta et récupéra son bien. Une nouvelle fois le Goron la lui reprit. Le nain lui arracha de nouveau.
Ce petit manège durait depuis un bon moment déjà. Les Gorons ne supportaient plus que les nains aillent piocher dans leur garde-manger sans raison apparente et avaient envoyé leur impétueux chef régler la situation.
Le petit personnage, nullement effarouché par ce géant de pierre qui devait bien mesurer dans les deux mètres, se fâcha.
- Bon ça suffit maintenant ! Laissez-moi travailler en paix !
- Darunia n'est pas content que les nains envahissent son territoire et voudrait que vous fichiez le camp.
- On est des nains, mon vieux. Et les nains ça creuse la montagne ! Si vous n'êtes pas contents, vous n'avez qu'à partir, c'est pas nous qui allons vous retenir.
Le Goron souleva la créature par la peau du cou. Le petit être gigota et fila un gros coup de pioche sur le crâne de son bourreau. Sous le choc, le géant le lâcha et il alla se réfugier dans la caverne Dodongo que ses compagnons refermèrent.
Darunia jura et tenta en vain de faire coulisser la roue de pierre. Excédé, il se décida à aller chercher de l'aide au château d'Hyrule.

***

Nabooru galopait à vive allure sur son cheval à la robe isabelle. Des faits étranges se passaient dans son territoire... cela avait commencé par l'apparition de vers de sable et autres djinns dans le désert. A la forteresse, des tapis s'étaient mis à voler, au temple de l'esprit, le colosse avait bougé et parlé. Mais ce n'est que lorsqu'une des Gerudos, Lety, lui avait parlé amour et mariage avec... oh par les déesses... un ouvrier... Elle avait décidé de faire part de ses inquiétudes à une autorité supérieure.
Elle passa devant trois maisonnettes et dut s'arrêter à cause du choc que cela lui procura. La première était en paille, la seconde en bois et la dernière en brique. Et dedans vivaient... Elle se frotta les yeux pour être sûre de ce qu'elle voyait. Trois petits cochons... qui avaient fabriqué les maisons et le travail fini se prélassaient en chantant et en dansant. Elle ne chercha pas à comprendre et poussa sa monture à sa vitesse maximale. Aussi ne vit-elle pas, au loin, un loup qui se léchait les babines.

Chapitre 6 : La situation s'aggrave   up

Au bout de deux heures, Link parvint à une clairière minuscule où se trouvait une maison. Navi quitta son abri et voleta près de la bâtisse.
- Link, tu ne vas pas le croire !
- Qu'y a-t-il ?
- La maison... Elle est en pain d'épice !
- Quoi ?! s'étonna-t-il.
- Tu as bien entendu... Et comme je connais les Kokiris, nos deux amis sont sûrement là-dedans.
Le jeune homme s'avança et cogna à la porte mais non seulement cela ne produisit aucun bruit, mais en plus ses doigts devinrent poisseux. Il se décida alors à tourner la poignée de sucre d'orge. Il pénétra dans une pièce assez sombre, dont les meubles étaient entièrement faits en sucreries. Seule la cage où se tenaient deux Kokiris apeurés était en acier.
- Link ! Link ! Aide-nous ! La sorcière a l'intention de nous manger, appela Vicky.
Le héros s'approcha et tenta d'écarter les barreaux mais ceux-ci étaient trop solides, alors il essaya de briser la serrure avec l'épée de légende mais rien n'y fit.
- Je suis désolé mais je n'y arrive pas. Où est la clé ?
- La sorcière la garde tout le temps sur elle, lui répondit Maxou.
- Et où est la sorcière ?
- Derrière toi, intervint une voix inconnue.
Link se retourna. Face à lui se tenait une vielle femme aux allures doucereuses. Le jeune homme se demanda comment une si charmante grand-mère était capable de dévorer des enfants. Il dégaina son épée mais n'attaqua pas.
- Link... Qu'est-ce que tu attends ? grinça Navi.
- Je ne peux tout de même pas lui faire du mal, ce n'est qu'une grand-mère.
- Le gentil jeune homme ne va pas attaquer une pauvre vieille femme sans défenses et qui ne demande rien à personne...
- Link, si tu ne fais rien, elle va nous dévorer, supplia la Kokiri.
- Et Kotake et Koume, tu les as bien tuées... deux fois ! renchérit la fée.
- Oui, c'est juste.
L'Hylien se retourna vers la cage et lisant la terreur dans les yeux de ces deux petits amis, il se décida à attaquer. Il fit tournoyer son arme et frappa la vieille. La lame lui passa au travers, ne la blessant même pas. La sorcière ricana.
- Tu es un peu vieux et ta chair doit être coriace mais je suis pour les expériences nouvelles... Viens ici mon mignon.
- Navi, un conseil serait le bienvenu... supplia-t-il tout en reculant vers le mur.
- Cette histoire ressemble à Hansël et Gretëlle... Comment la sorcière meurt-elle ? demanda la petite créature aux Kokiris.
- L'arbre Mojo nous a raconté cette histoire il n'y a pas longtemps... Gretëlle la pousse dans le four, répondit Maxou.
- Link ? questionna la fée.
- J'ai compris.
Le guerrier bondit par-dessus la table et ouvrit la porte de l'énorme four qui aurait pu contenir un daim entier.
La sorcière se raidit, elle n'avait pas vraiment envie d'aller visiter son propre four de trop près. Navi profita de ce moment d'inattention pour lui arracher la clé. Elle voleta ainsi tant bien que mal jusqu'à la cage car le poids que représentait l'objet était beaucoup trop important pour ses ailes.
Link, lui, empêcha la vieille d'attraper sa compagne dans une petite mêlée.
La fée lâcha la clé qui tomba lourdement en plein milieu de la geôle. Les deux Kokiris se disputèrent pour la saisir mais c'est finalement le garçonnet qui l'attrapa et qui ouvrit la porte.
Voyant cela, le Héros du Temps qui s'étonnait de la force prodigieuse de la grand-mère, la saisit à bras-le-corps et la jeta dans le four.
Vicky en referma violemment la porte tout en poussant la température à son maximum. La sorcière hurla et disparut dans un nuage rosé bientôt suivi par le reste de la maisonnette.
- Mon héros ! s'écria la fillette qui avait un petit faible pour le bel Hylien tout en le serrant contre elle.
- Euh... Vicky... Pourrais-tu me lâcher s'il te plaît ? Vicky ?
- Mmh ?
- Il faut que j'y aille alors lâche-moi, je te prie.
- Oh désolée ! s'exclama-t-elle en le lâchant.
- Oh les filles ! grogna Maxou.
- Je vous raccompagne au village... Cette sorcière avait des griffes sacrément bien aiguisées... J'ai des éraflures plein les bras, se plaignit Link.
- Je pourrais te soigner si tu veux, proposa Vicky.
- Je pense que ma femme pourra s'en occuper.
La Kokiri ne répondit rien et s'avança dans la forêt en poussant un grognement exaspéré. Elle fut bientôt rejointe par ses compagnons amusés.

***

Zelda et Impa se tenaient devant une haute tour blanche qui ne semblait n'avoir aucune porte. Seule une fenêtre trahissait que la construction était creuse. Une douce voix s'en échappant montrait également qu'elle était occupée.
- Il y a quelqu'un ? appela le sage de l'ombre.
La chanson cessa et Malon apparut à la fenêtre. Elle lança ensuite sa longue chevelure qui arriva au pied de la tour.
- Si vous voulez monter, accrochez-vous à mes cheveux ! leur indiqua-t-elle.
- C'est toi, Malon ? demanda Zelda.
- Malon ? Je ne connais pas de Malon. Mon nom à moi c'est Rapounzel. Je vis ici depuis que je suis toute petite et j'attends patiemment que ma mère adoptive vienne me rendre visite tous les soirs.
- Alors je suis désolée de vous avoir dérangée Rapounzel, s'excusa la princesse.
- Ce n'est rien... Je m'ennuie tellement, un peu de compagnie m'a fait plaisir !
Les deux sages s'éloignèrent un peu de manière à ne pas être entendues de la jeune fille.
- La situation s'aggrave, Impa. Les contes s'incarnent... Car tu ne vas pas me dire que ce n'est pas Malon, là-haut dans la tour.
- Si c'est bien elle. Zelda, il faut que tu fasses très attention à toi, tu es une princesse... Et tu constitues donc un morceau de choix.
- Dans ce cas, Nabooru et Ruto le sont aussi.
- Oui.
- Au fait, tant que j'y pense... il faut absolument empêcher Link d'approcher cette tour.
- Pourquoi cela ? s'étonna Impa.
- Car dans l'histoire, le prince tombe amoureux de Rapounzel et lui rend visite tous les jours... Et pas seulement pour discuter si tu vois ce que je veux dire. La sorcière les surprend, elle crève les yeux du prince et Rapounzel est condamnée à errer jusqu'à ce que sa jeunesse et sa beauté s'envolent.
- Et c'est un conte pour enfants...
Zelda sourit et reprit.
- A la fin elle retrouve quand même son prince qui est devenu un mendiant, ses larmes lui guérissent les yeux, elle récupère sa jeunesse envolée, ils se marient et ont beaucoup d'enfants." récita-t-elle très vite, tout en observant la fenêtre de la tour. Puis elle se retourna vers sa nourrice et un éclair de rage fusa dans son regard. "Impa, possédé ou non, je refuse que Link aille fricoter avec une autre !"
- Nous veillerons à cela, Zelda.

Chapitre 7 : Saint George (heu non pas tout à fait...)   up

Nabooru aperçut au loin un magnifique petit carrosse dans lequel se tenaient Impa et Zelda. Elle stimula encore un peu plus sa monture et les héla. En réponse à son appel, la voiture stoppa et les deux femmes attendirent leur amie.
- Vous ne devinerez jamais ce qui se passe à la forteresse ! s'écria la Gerudo en guise de salut.
- Laisse-moi deviner : des personnages de conte de fées sont apparus, répondit Impa.
- Des... euh oui, c'est ça. Comment le sais-tu ?
- C'est pareil dans toutes les Plaines, au Bourg et à Cocorico, la renseigna Zelda.
- Et tu oublies le mont du péril ! intervint Darunia que personne n'avait vu arriver.
- Au mont du péril ? voulut en savoir plus la princesse.
- Des nains ont envahi la Caverne Dodongo. Les Gorons crèvent de faim et ils nous cassent les oreilles avec leur chanson débile. Il faut faire quelque chose !
- Le pire est que le phénomène empire, ajouta le sage de l'ombre.
- Il faut réunir le conseil des sages, conclut la princesse d'Hyrule. Quelqu'un a-t-il vu Ruto ?
- Apparemment personne... constata Nabooru. Je vais la chercher, le domaine zora est juste à côté.
Elle lança sa monture au galop et s'éloigna dans un grand fracas.
- Il faut aussi prévenir Saria, poursuivit Darunia.
- C'est inutile, regarde par-là ! Elle est sur le cheval de Link, remarqua Impa. Quant à moi, je vais chercher Rauru.
Elle devint un point lumineux violet qui disparut après s'être élevé quelques instants.
Link, qui venait d'arriver, fit ralentir Epona et mit pied à terre, puis il aida une Saria pas très rassurée à descendre. C'était la première fois que la Kokiri montait sur un cheval et elle n'était pas prête à recommencer de sitôt.
La princesse d'Hyrule sauta de la voiture et se jeta dans les bras de son époux.
- Link ! Tu m'as manqué...
Le Héros du Temps était très intrigué par le changement d'attitude de sa femme. Tout au long de la route il s'était apprêté à se faire disputer à nouveau, mais jamais il n'avait imaginé un accueil aussi chaleureux. Après tout il préférait de beaucoup les câlins aux disputes et jugea judicieux de ne pas questionner la princesse.
- Mais enfin Zelda, je ne suis parti que quelques heures...
- Mais j'ai trouvé le temps long tu sais. Que dirais-tu de...
Elle rapprocha son visage de celui de son mari et lui murmura quelque chose à l'oreille. Link se mit à rougir.
- Je ne pense pas que cela soit vraiment le bon moment, mon coeur, répondit-il tristement.
- Vraiment ? susurra-t-elle en l'embrassant.
- Oui vraiment Zelda, il y a tellement de choses à régler et... Et là tu triches.
La jeune fille avait plongé la tête dans le cou de son mari.
- Bon très bien ! Mais tu l'auras voulu, reprit-il en soulevant la jeune fille.
Il la déposa sur le siège de la carriole et il en fit le tour pour prendre place à ses côtés lorsqu'une ombre obscurcit le ciel.
Un immense reptile volait au-dessus d'eux grâce à une paire d'énormes ailes recouvertes d'une membrane translucide. Il avait un corps énorme qui se prolongeait dans un long cou auquel une petite tête était attachée. Le dragon ouvrit la gueule et une immense gerbe de flammes s'en échappa.
Saria et Darunia se protégèrent en invoquant un cristal protecteur et Link se plaqua contre le carrosse. Lorsque la fumée et les flammes s'estompèrent, ils constatèrent que le sol était calciné.
Le monstre hurla et dans un geste gracieux plongea en piquet vers la carriole et en arracha Zelda qui se débattait entre les immenses griffes.
- Zelda ! appela le Héros du Temps.
Le dragon rugit à nouveau et leur cracha une nouvelle fois du feu avant de s'éloigner vers les montagnes de la mort.
- Il faut aller l'aider ! s'affola Link. Saria ! Monte dans la voiture avec moi ! Vite !
La petite fille s'exécuta.
- Je suis trop gros pour aller là-dedans mais ne t'inquiète pas pour moi, intervint Darunia.
Le Héros du Temps abandonna Epona et lança Assam au galop. Le chef des Gorons quant à lui, se mit en boule et roula à côté d'eux.
C'est ainsi qu'ils s'engouffrèrent dans le Village Cocorico sans prendre la peine d'éviter les villageois qui s'écartaient précipitamment de leur trajectoire en les houspillant. Ils tournèrent sur la gauche du village et arpentèrent le Chemin du Péril.
Sur la droite de la Caverne Dodongo, une nouvelle voie s'était ouverte et ils s'y engagèrent bien que Darunia perdit quelques secondes pour rouler sur un nain curieux qui était sorti pour voir ce qui se passait.
Link stoppa la carriole et ils finirent les derniers mètres à pied. Ils parvinrent finalement à l'antre du dragon. Se cachant derrière un gros rocher, ils étudièrent la situation. La tête du dragon sortait d'une caverne et surveillait attentivement une jeune fille qui avait les poings liés à un poteau. Link eut un choc. Bien que la jeune femme porte une robe verte aux épaules bouffantes et que ses cheveux étaient retenus en arrière par une longue tresse qui descendait jusqu'à ses chevilles, il ne faisait pas de doute qu'il s'agissait de Zelda. Mais une Zelda bien différente de celle qu'il connaissait.
- Qu'allons-nous faire ? demanda Saria.
- On fonce dans le tas ! proposa Darunia.
- Je ne sais pas, il se peut que la créature te rejette, le résonna Link.
- Il n'en aura pas le temps !
- Non Darunia, ce que je veux dire c'est qu'il n'y a qu'un seul moyen de le tuer, celui que le héros de l'histoire utilise... Je crois que c'est pour cette raison que mon épée est passée à travers la sorcière dans la forêt..., expliqua l'Hylien.
- Je crois comprendre ce que tu veux dire, mon frère. Et comment on élimine un dragon dans les histoires ?
- Il me semble qu'un chevalier avec une lance vient au secours de la jouvencelle en détresse, répondit Link.
- Et où est-ce que l'on va trouver tout ça ? s'interrogea le Goron.
- On n'aura pas besoin de chercher très loin... conclut Saria.
Un homme à cheval venait de faire son entrée. Il était vêtu d'une lourde armure et un heaume cachait ses traits. Sur son flanc pendait une épée impressionnante et son bras semblait être prolongé par une longue lance à la pointe acérée. Sa monture elle-même était caparaçonnée à l'aide de larges plaques de fer si bien que l'on se demandait comment le pauvre cheval pouvait supporter tout ce poids.
- N'ayez crainte, demoiselle ! Moi, le chevalier flamboyant, vais vous sauver des griffes de cette terrible créature.
- Faites vite chevalier ! Je ne saurai résister plus longtemps, implora la princesse.
Le dragon sortit de la caverne en rugissant et cracha une gerbe de feu droit sur son ennemi. Celui-ci se protégea lui et sa monture avec un épais bouclier. Puis le chevalier chargea toute lance dehors. La pointe de l'arme s'enfonça dans le coeur du reptile à la vitesse d'un cheval au galop. La créature se cabra en hurlant de rage et de douleur, faisant lâcher prise à l'homme qui se fit éjecter de sa monture. Lorsque le monstre toucha de nouveau le sol, le chevalier dégaina son épée et trancha la tête du dragon qui après un dernier soubresaut s'écroula sur le flanc.
L'homme regarda son trophée et ôta son heaume révélant ainsi le visage du capitaine Krine. Le chef de la garde royale était âgé d'une quarantaine d'années, avait des cheveux bruns et bouclés et il arborait une fine moustache qui faisait sa fierté. Il s'approcha de sa souveraine et la délivra.
- Mon héros ! s'écria-t-elle en se jetant à son cou.
- Je n'ai fait que mon devoir, douce Dame.
- Pour vous remercier mon père vous accordera sûrement ma main.
- Cela ferait de moi le plus heureux des hommes...
Il approcha son visage du sien et l'embrassa.
Alors tout disparut. Le dragon devint un petit lézard, le chemin et la grotte s'effacèrent et ils se retrouvèrent tous face à la Caverne Dodongo. Les deux possédés retrouvèrent leurs vêtements habituels... et leurs esprits. Ils se séparèrent précipitamment, Zelda le visage figé dans une expression de dégoût et Krine, aussi rouge qu'une pivoine, n'osa pas croiser son regard.
- Votre Altesse... veuillez m'excuser... je ne sais pas ce qui m'a pris... je.... Enfin, je....
- Ce n'est rien capitaine, ce n'est pas votre faute, intervint Link qui tentait lui-même de se raisonner avec grande difficulté.
- Oh vous étiez là aussi...
Le capitaine se rappela ses devoirs et se mit au garde-à-vous.
- Je venais au rapport, se reprit-il. La petite fille n'a été vue nulle part et elle reste introuvable. Cependant mes hommes n'ont pu aller jusqu'au lac car plus ils en approchaient, plus des phénomènes étranges apparaissaient. Le soir tombe, nous reprendrons les recherches demain.
- Merci capitaine. Vous pouvez disposer, parvint à articuler la princesse d'Hyrule.
L'homme ne se le fit pas répéter deux fois et s'en alla sans se retourner. Zelda se retourna vers son époux.
- Tu es en colère ?
- Non.
- Jaloux ?
- Non.
- Tu m'en veux ?
- Un peu...
- Pardon mon chéri.
- Ce n'est rien, je sais que tu ne l'as pas voulu. Ton expression en disait suffisamment. Allons, il est temps de rentrer maintenant.
Elle sourit et le serra contre elle.
- Je t'aime Link.
- Moi aussi.
- C'y t'y pas mignon tout ça ! s'exclama un nain.
Darunia grogna, attrapa le petit homme au collet et le balança rudement dans la caverne. Saria voulut dire quelque chose mais en observant la mine du sage du feu, elle préféra se retenir.
Se calant bien les uns contre les autres, les trois humains purent prendre place à bord de la voiture alors que le chef des Gorons se remettait en boule.
Zelda se nicha contre son époux qui passa un bras autour de ses épaules avant d'ordonner à Assam d'avancer. La princesse se sentait bien. Lorsque Link était revenu de ses voyages, Hyrule était alors menacée par le Mal Sans Visage. C'est lors de cette nouvelle aventure qu'il lui avait déclaré sa flamme. Quelques temps après que la victoire soit leur, il lui avait demandé sa main. Le mariage avait duré une semaine entière, jamais auparavant une fête d'une telle importance n'avait été organisée. C'était il y a huit mois... depuis, elle coulait le parfait amour avec son âme soeur. Elle était consciente des sacrifices que Link avait fait bien qu'il n'en parle jamais. C'était un aventurier et rester au château pendant de longues journées lui coûtait beaucoup. Les nombreuses heures qu'il passait dans la salle d'entraînement le prouvaient bien. De même que les nombreuses responsabilités qui accompagnaient inlassablement la royauté. Il avait toujours peur de mal faire, aussi se contentait-il juste de donner son avis. Preuve qu'il était beaucoup plus sage et censé qu'il ne le croyait. La princesse n'avait qu'une seule peur, c'était qu'il reparte à nouveau loin d'elle. Certes, les voyages ne l'intéressaient plus désormais et avec l'arrivée prochaine de l'enfant... Mais le doute persistait toujours au plus profond d'elle-même. Aussi vivait-elle chaque instant comme s'il s'agissait du dernier.

Chapitre 8 : Au château   up

Enfin parvenu au château, le petit groupe tomba nez à nez avec Nabooru sur sa monture et Ruto accompagnée d'un autre Zora qui sortaient de la rivière. Le trio s'approcha du carrosse et de Darunia.
- Zelda, nous sommes arrivés. Zelda ? Oh, elle s'est endormie... constata Link.
- Je ne connais pas grand-chose à ces histoires, mais je sais que porter un enfant peut être épuisant, intervint Saria.
- Zelda est enceinte ?! s'écria Nabooru. Serai-je donc à chaque fois la dernière à être mise au courant !
- Je ne le savais pas non plus, lui répondit le sage de l'eau.
- Ni moi... grogna le sage du feu.
- Du calme mes amis, se défendit Link qui éveillait doucement sa compagne, c'est tout nouveau de ce matin, même le roi n'est pas encore au courant.
Impa et Rauru apparurent à ce moment.
- Impa m'a mis au courant, félicitations Héros du Temps, intervint Rauru. Mais le temps presse, il faut nous réunir de toute urgence, nous nous réjouirons plus tard.
- Au fait Ruto, qui est ce Zora qui t'accompagne ? demanda Saria alors qu'ils se dirigeaient vers le cabinet de crise du château.
- Ça vaut le coup d'entendre la réponse, assura la Gerudo au reste du groupe.
- Je jouais avec ma balle en or lorsqu'elle est tombée dans l'eau, expliqua Ruto. J'étais si triste de l'avoir fait tomber... Alors Aldo du quatuor grenouillesque m'a dit qu'en échange d'un baiser, il me rapporterait ma balle.
- Mais c'est idiot Ruto, tu es une Zora... tu aurais facilement pu aller la chercher toi-même ! s'écria Link.
- Qu'est-ce que tu en sais ? les évidences ne se réalisent pas toujours et tu en connais un rayon sur le sujet...
La princesse Zora n'avait toujours pas digéré le fait que Link ait préféré épouser Zelda plutôt qu'elle.
- Bon... euh... continue ton histoire, l'invita-t-il.
- Je ne voulais pas, vous comprenez, embrasser une grenouille... Mais bon, j'ai finalement accepté. Il m'a rapporté ma balle et après que je lui ai donné un baiser, il s'est métamorphosé en Zora. On va se marier dans un mois. Il est trop beau, vous ne trouvez pas ?
Tous regardèrent le Zora en question. Il avait d'énormes yeux globuleux, quelques pustules sur la peau et tenait difficilement sur ses deux jambes. Le groupe s'échangea un regard.
- Si assurément, répondirent-ils d'une même voix.
Ils continuèrent de traverser les longs couloirs que contenait le château dans un silence gêné jusqu'à ce qu'ils soient de nouveau interrompus. Le roi Arkinian, le visage radieux, était accompagné par une mystérieuse jeune femme aux traits sévères et au regard dur.
- Ah ma fille ! Enfin je te trouve.
- Père, répondit Zelda.
- Je voudrais te présenter ta future belle-mère.
- Quoi ?!!!
- Ça n'a pas l'air de te faire plaisir. Tu pourrais au moins avoir la décence de venir l'embrasser.
- Ce n'est rien mon ami... Je comprends que cela puisse être difficile à assimiler pour votre fille, n'oubliez pas qu'elle ne connaît pas notre petit secret, susurra la nouvelle venue.
- Oh oui, notre petit secret..., gloussa le roi.
Zelda qui avait déjà un peu de mal à émerger après sa courte sieste nageait en plein délire. D'abord le mariage de Ruto avec une grenouille et maintenant ça... Elle se ressaisit. De quel conte pouvait-il bien s'agir ? Oups, oh non... pas lui... Elle pensa aux sages, à l'enfant qu'elle portait et surtout à son père. Il fallait trouver une parade et vite. Le visage de la princesse s'illumina alors d'un sourire radieux et se jeta au cou de la femme et de son père.
- Ne vous offusquez pas madame... C'est que je ne m'y attendais pas, voilà tout. C'est merveilleux ! Je suis si contente pour vous deux. A quand le mariage ?
Le visage de la femme prit une expression paniquée, ça n'aurait pas dû se passer comme ça... Le roi, quant à lui, retrouva sa bonne humeur habituelle.
- Je suis content que tu acceptes cela de si bonne grâce, ma fille. Nous nous marrions le mois prochain.
- Parfait ! Mais nous allons maintenant vous laisser, vous devez encore avoir beaucoup de choses à vous dire. A plus tard père.
- A plus tard. Vous venez mon aimée ?
- Oui, mon roi.
La princesse regarda le couple s'éloigner puis lorsqu'ils disparurent au détour d'un couloir, elle se retourna vers ses amis.
- Ben quoi ? demanda-t-elle en voyant leur mine consternée. Je crois que je vous dois une petite explication.
- Oui en effet, répondit Nabooru.
- Il s'agit là du conte des six cygnes, reprit-elle, enfin je crois... Mon père est persuadé que cette femme qui l'accompagne est ma mère. Et cette sorcière ne fait rien pour le détromper, bien au contraire...
- Leur petit secret, comprit Saria.
- Exactement. Dans l'histoire, la sorcière, jalouse de l'amour que le roi porte à ses enfants, leur jette un sort. Elle parvint à ensorceler les six frères de la princesse qui sont condamnés à se transformer en cygne le jour et redeviennent humains la nuit.
- Tu n'as pas de frère Zelda, répliqua Impa.
- Peut-être, mais j'ai six sages... Donc, comme je le disais, pour les sauver, la princesse doit garder le silence pendant six ans, six mois et six jours, tout en fabriquant six chemises avec des tiges d'orties qu'elle ira cueillir la nuit dans un cimetière. Pendant sa longue errance, elle rencontre un prince qu'elle épouse, Link, mais la belle-mère, entre-temps, épouse le père du prince. Là je ne sais pas comment le conte tentera d'arranger les choses... Enfin bref, la sorcière veut à tout prix discréditer la princesse aux yeux de son époux de crainte qu'elle ne dévoile sa réelle personnalité. Pour cela elle noiera les trois enfants que la princesse mettra au monde tout en l'accusant de sorcellerie à cause de ses sorties nocturnes.
Link eut un hoquet étouffé. Zelda lui sourit et déposa un baiser sur sa joue.
- La princesse ne pouvant pas se défendre car devant garder le silence, le prince finit par la croire et condamne sa femme au bûché, poursuivit le septième sage.
- Mais je ne ferai jamais ça ! s'écria Link.
- Je l'espère bien mon coeur... Mais ne t'inquiète pas, tout finit bien. Les chemises sont prêtes à temps et les dernières secondes s'écoulent avant que les flammes n'atteignent la princesse. Les frères retrouvent forme humaine, les trois enfants sont sains et saufs et ont été élevés par les cygnes qui les avaient repêchés, ceux-ci tuent la sorcière, le prince se repent et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.
- Ben quelle histoire, s'exclama Nabooru.
- Oui il est temps que nous mettions un terme à toute cette magie, décréta Rauru.

Chapitre 9 : Rencontre   up

Dans le petit cabinet, le silence n'était rompu que par les bruissements des pages des livres que l'on tourne. Attablés autour d'une table ronde, les sages, Link et accessoirement Aldo, feuilletaient attentivement les cahiers de doléances surchargés de plaintes causées par les phénomènes étranges que subissait la population hylienne. De tous ces événements tous plus incroyables les uns que les autres, ils purent tout de même en venir à la conclusion que les phénomènes, bien que d'ampleur croissante, agissaient par vagues. Apparemment, ils étaient beaucoup moins spectaculaires à l'est qu'à l'ouest. Théorie confirmée par le fait que la Vallée Gerudo était beaucoup plus touchée que les autres régions d'Hyrule. Il fut donc décidé que le début de l'enquête commencerait par-là.
Voilà pourquoi, en cette fin de soirée alors que la lune montait dans le ciel, ils se retrouvèrent tous face aux grilles du Lac Hylia, Link, Nabooru et Impa sur leur cheval respectif et les autres dans une calèche avec Zelda.
- Est-il réellement nécessaire que nous fassions un tour au lac ? Je veux dire... Il n'y a aucune plainte qui a été formulée à son encontre après tout, demanda Saria.
- Bien au contraire, cela ne te parait-il pas suspect ? répondit Rauru.
- Oui, c'est juste.
- De toute manière, il...
Rauru stoppa net et tous observèrent le curieux spectacle qui leur passa devant les yeux.
- ... faut bien commencer quelque part, termina le sage de la lumière. Quelqu'un a-t-il vu un coq sur un chat lui-même sur un chien qui se trouve sur un âne ?
Le reste du groupe s'échangea un regard.
- Non, pas du tout ! répondirent-ils d'une même voix.
- Ça tombe bien, moi non plus...
- Bon c'est pas tout ça mais faudrait penser à continuer, intervint Nabooru. Zelda, donne-moi les clés je vais ouvrir la grille.
Tandis que chacun attendait patiemment que la Gerudo trouve la bonne clé dans le lourd trousseau, le Héros du Temps s'approcha discrètement d'Impa.
- Euh... Impa ?
- Oui.
- Ça me gêne un peu de te demander ça, mais c'est important.
- Je t'écoute", lui répondit-elle doucement puis en voyant son air coincé : "Ne t'inquiète pas, même sous la torture je ne répéterai pas ce qui se dira dans cette conversation."
Il hocha la tête en signe de remerciement.
- C'est à propos de Zelda, reprit-il, tu vois, je ne connais pas grand-chose aux femmes et elle reste un mystère tout entier surtout pour les choses... disons tabou. Par exemple, pour la nuit de noce je savais ce que je devais faire, je ne suis pas idiot non plus.
- Oui je t'ai vu discuter à ce propos avec cet homme venu de Termina. Kafei, c'est ça ?
Le guerrier se mit à rougir.
- Oui c'est ça... Mais pour ma défense je dirai que je savais très bien ce que j'avais à faire... Je voulais juste de plus amples renseignements...
- Mais je ne te juge pas.
- Quelqu'un d'autre est-il au courant ? voulut-il savoir.
- Zelda... Ne me regarde pas comme ça, que crois-tu, elle est la future reine ! Aucun secret pour elle.
- Bon, passons... Disons que pour les choses de la vie courante, je me rends parfois ridicule pour pas grand-chose. Je me souviens que peu après le mariage, elle a eu... enfin, tu sais, ses...
- Menstruations ?
- Oui. J'ai eu tellement peur qu'elle soit en réalité malade que je me suis affolé et que j'ai fait appeler le médecin. Bien sûr maintenant je sais et je reste calme... Mais je ne comprends pas vraiment la manière dont elle agit maintenant qu'elle porte un enfant, elle est disons... différente.
- Son corps se modifie peu à peu, tu n'as pas à t'en faire. Bien que ce sera une période plutôt difficile pour toi.
- Que veux-tu dire ?
- Elle va probablement devenir un peu capricieuse, elle aura des sautes d'humeur...
- Oui je connais ça...
Le coin des lèvres de la Sheikah se releva dans un petit sourire.
- Et elle sera très sensible.
- Ça promet... Et qu'en est-il de... du...
- Pas de problème, mais ne lui écrase pas le ventre... De toute façon elle te le fera bien remarquer elle-même.
- C'est la joie... marmonna-t-il.
- Bon ! Vous venez oui ou non ? appela Ruto.
En grande discussion, ils n'avaient pas remarqué que les autres avaient déjà franchi le seuil du lac.
Sur la rive, une nouvelle maison était apparue. Peut-être était-ce là une nouvelle manifestation d'un conte ? De toute manière, il leur fallait tout de même y entrer, ne serait-ce que pour être fixé sur la question. Link descendit d'Epona et frappa à la porte. Au bout de quelques instants, une fillette apparut. Brune aux yeux bleus, elle offrit un énorme sourire aux arrivants.
- Oui ? demanda-t-elle.
- Bonjour jeune fille, répondit le Héros du Temps, nous voudrions savoir s'il y a eu des problèmes au lac... Euh... Tu ne voudrais pas appeler tes parents ?
- J'ai plus de parents.
- Et qui s'occupe de toi alors ?
- Avant c'était ma tante mais plus maintenant.
- Tu ne t'appellerais pas Katina par hasard ? intervint soudain Zelda qu'un gros doute rongeait.
- Si, c'est mon nom.
- Tu sais que ta tante te cherche partout et qu'elle se fait beaucoup de soucis pour toi ?
- Ça m'étonnerait beaucoup... de toute façon j'ai un nouvel ami qui s'occupe très bien de moi maintenant.
- Et... qui est-ce ?
- Alakazam ? Viens ici ! Il y a une dame qui veut te parler.
Tous furent étonnés de voir le génie apparaître.
- Est-ce toi qui es à l'origine de tous ces phénomènes étranges qui apparaissent dans tout Hyrule ?
- Oui. Mais je ne soupçonnais pas que les choses prendraient tant d'ampleur... Aucun de mes sorts n'a jamais été aussi puissant, répondit la créature.
- Cela vient du fait qu'Hyrule est un royaume qui baigne dans la magie... Et comme beaucoup de créatures féeriques existaient bien avant que tu ne lances ce sort, ça l'a décuplé. Katina, tout Hyrule connaît de gros problèmes, il faut arrêter tout ça.
- Nan j'veux pas !
- S'il te plaît Katina... C'est très important... Après tu pourras retourner chez ta tante, je t'assure qu'elle t'aime beaucoup. J'ai vu dans quel état ton départ l'a mise. Elle a besoin de toi et toi tu as encore besoin d'elle. Un génie ne peut pas élever une petite fille correctement.
- Non ! Non ! Non et Non ! Génie ! Je souhaite qu'ils ne puissent pas s'emparer ni de moi ni de ma bouteille. Débarrasse-toi d'eux !
- Bien Katina.
Le djinn claqua des doigts et une armée de stalfos apparut. Tous sauf la princesse d'Hyrule se mirent en position de combat et l'affrontement commença. Parmi les étincelles et les énergies, Zelda avança jusqu'à la petite fille tout en étant protégée par un cristal bleu.
- Katina... pourquoi fais-tu cela ?
- Je veux pas... C'est tellement mieux ainsi... Il s'occupe que de moi et de personne d'autres.
- Regarde, ils souffrent... A chaque coup qu'ils reçoivent de l'un des monstres, c'est comme si c'était toi qui le leur donnais. C'est ça que tu veux ? Devenir une meurtrière ?
- Non... Mais si je leur dis d'arrêter, vous allez me prendre Alakazam.
- Un génie est une créature magique, il ne pourra jamais remplacer des parents.
- Qu'est-ce que tu en sais, toi ?
- Il y a longtemps de cela, ma maman est morte... J'avais peur, je ne savais pas ce qui allait arriver ensuite et pire que tout, je me sentais si seule...
Des larmes roulèrent sur les joues de la princesse.
- Moi aussi mes parents sont morts..., soupira la petite fille.
- Je sais... Tu vois la dame avec les cheveux blancs ?
- Oui.
- C'est elle qui m'a servi de maman par la suite... Je l'aime vraiment beaucoup même si je sais très bien que nous ne sommes pas du même sang et c'est réciproque. Sans elle, je ne sais pas ce que je serais devenue... C'est pareil pour toi et ta tante. Quoiqu'il arrive, elle sera toujours là pour toi tandis qu'Alakazam, lui, t'abandonnera sans aucune autre forme de procès si quelqu'un parvient à s'emparer de la bouteille.
La bataille continuait de faire rage et les stalfos étaient de plus en plus nombreux. A chaque ennemi tué, deux autres le remplaçaient. Ils étaient submergés et commençaient à fatiguer.
- Je t'en supplie Katina, reprit-elle, ils ne tiendront plus longtemps maintenant... Je te promets que je n'essayerai pas de te prendre la bouteille de force... S'il te plaît...
Le visage de la fillette exprimait la lutte intérieure qui se jouait dans son esprit. D'un côté, elle appréciait cette jolie dame qui ne paraissait pas nourrir de mauvaises intentions envers elle et qui lui parlait d'une voix douce et posée. Mais d'un autre côté, elle ne la connaissait pas vraiment...
- Puis-je vraiment avoir confiance en vous ?
- Oui, mais rien ne te le prouve... Tu peux tout de même remarquer que depuis que nous parlons, la bouteille n'est qu'à quelques centimètres de mes mains et que je n'ai rien tenté.
- C'est vrai, avoua-t-elle en cachant précipitamment la bouteille derrière son dos. Bon d'accord... Alakazam ! Je souhaite annuler mon voeu.
- Un voeu ne peut être annulé, répondit sobrement la créature.
- Alors je souhaite que les stalfos... que... qu'ils soient changés en... en lapinous !
Tous les squelettes furent métamorphosés dans une volute de fumée bleue et épaisse. Lorsque tout redevint clair, une armée de lapins envahissait les rives du lac. Cependant lorsqu'ils se rendirent compte qu'ils n'étaient pas seuls et qu'ils se tenaient du mauvais côté de la chaîne alimentaire, ils détalèrent vers les plaines.
- Merci Katina. Mais il est maintenant temps que nous parlions calmement de cette histoire de contes..., reprit Zelda.
- Mais c'est tellement amusant !
- Peut-être... Mais pense à ceux qui en sont victimes. On ne peut continuer comme ça. Tu es trop jeune pour posséder un pouvoir aussi grand, et crois-moi, j'en sais quelque chose... Tu fais des bêtises avec et il n'est pas toujours possible de les réparer.
La petite fille ne savait pas très bien de quoi la dame parlait mais ça avait l'air sérieux. Les autres sages, eux, savaient pertinemment que Zelda et Link étaient responsables de l'arrivée de Ganon au pouvoir. Ils étaient trop jeunes et en voulant faire le bien, ils avaient grand ouvert les portes du Saint Royaume aux ténèbres.
- Mais je ne veux pas me séparer d'Alakazam, il est mon ami... Et je ne veux pas non plus retourner chez ma tante.
Le génie se dit qu'il ressentait quelque chose d'étrange pour la fillette, mais il chassa rapidement cette idée. Essayer d'être humain ne lui allait pas. Il était un génie et les génies n'ont pas d'émotions.
- Katina, y a-t-il un voeu qu'il n'a pu exaucer ?
- Oui...
- Quel est-il ?
- Je voulais revoir mes parents, que tout redevienne comme avant...
Des larmes roulaient sur les joues de la fillette.
- Si je t'accorde ce voeu, reprit la princesse, accepteras-tu de me donner la bouteille ?
Une expression horrifiée se peint sur le visage d'Impa, il ne fallait pas faire ça, c'était trop dur... Elle n'allait tout de même pas... Bien sûr qu'elle allait le faire. Mais pourquoi avait-il fallu que cette petite princesse veuille toujours que tout aille bien dans le meilleur des mondes. Il n'en ressortirait rien de bon, non vraiment rien...
- Tu peux faire ça ?! s'étonna la petite fille.
- Oui. Mais je ne peux les ramener que quelques instants.
- Des fantômes ? Non ce n'est pas ce que je veux... Tout le monde sait que les fantômes ne sont plus comme ils étaient avant...
- Non, tu ne comprends pas ce que je veux dire. Ils seront réellement là, comme si rien ne s'était passé.
- Vraiment ?
- Oui, mais juste quelques temps.
- Seulement quelques temps ? Même pas une toute petite journée ?
- Je suis désolée, mais tu sais, cet exercice est excessivement difficile. Tu auras à peine le temps de leur dire au revoir.
- Mais c'est injuste !
- C'est tout ce que je peux t'offrir...
Katina réfléchit quelques instants. Quelques secondes à peine... Mais n'avait-elle pas attendu cet instant depuis l'accident ?
- J'accepte.

Chapitre 10 : Ghost   up

Dans le Temple du Temps, chacun se préparait mentalement à l'épreuve qu'ils subiraient d'ici quelques minutes. Impa avait bien essayé de dissuader la princesse d'Hyrule de faire ça, c'était beaucoup trop éprouvant et dangereux pour le bébé. Mais en vain. Rauru était resté silencieux. Lui aussi connaissait l'enjeu d'une telle incantation mais il n'en laissait rien paraître. Il avait pour rôle de surveiller le Sanctuaire des Sages et rien d'autre. Si le guide décidait d'une action, il suivait et n'exprimait aucun avis. Les autres, quant à eux, ne soupçonnaient même pas la difficulté.
Zelda, près du piédestal de l'épée de légende, était entourée par les six sages qui se tenaient respectivement sur les socles gravés de leur symbole. Link était adossé au mur dans un coin en compagnie d'Aldo, que Ruto ne voulait pas laisser seul, et il observait le spectacle d'un regard sérieux.
Katina quant à elle attendait, un peu à l'écart des autres.
- Etes-vous prêts ? demanda l'Hylienne.
- Oui, septième sage.
- Alors on y va.
Tous les sages concentrèrent leur pouvoir et le dirigèrent vers le guide qui servirait de catalyseur. La princesse soupira. Elle fit un lien vers chacun des sages et commença à incanter.
- Moi Zelda, princesse de la destinée, élue des déesses, porteuse de la Triforce de la sagesse et septième sage, invoque le pouvoir divin des trois puissances créatrices d'Hyrule. Puisse le voeu de cette enfant être réalisé, puissent ses défunts parents fouler la terre de leurs pieds à nouveau. Je vous implore, ô grandes déesses, d'entendre ma prière et de me donner le pouvoir de réaliser l'impossible !
La lueur qui émanait de la princesse s'intensifia, les déesses avaient répondu à son appel. Les sages qui jusque là ne supportaient qu'une mince partie du pouvoir se virent pomper de l'énergie de manière brutale et vive par leur guide. Tous grimacèrent de douleur et se sentirent las mais ce n'était rien comparé à ce que ressentait la princesse qui ne tenait debout que par la puissance dévastatrice qui émanait d'elle.
Katina observait le spectacle avec une fascination horrifiée mais un détail aperçu du coin de l'oeil la fit se retourner. Un rayon de lumière sortait de l'une des fenêtres près de l'entrée. Etrange, il faisait pourtant nuit dehors... Elle s'approcha timidement. Dans le rayon, deux boules lumineuses flottaient. La petite fille tenta de les saisir mais n'y parvint pas. Soudain, elles devinrent d'une lumière éblouissante qui fit fermer les yeux à l'enfant. Lorsque la vue lui revint, ses parents se tenaient là, face à elle, un sourire aimant sur le visage et les bras grands ouverts. La gamine resta interloquée quelques instants mais elle se reprit vite et se lança dans leurs bras, le visage baigné de larmes.
- Maman ! Papa ! Vous êtes revenus, vous m'avez tellement manqué...
- Oh ma petite fille, comme tu as grandi, s'extasia sa mère.
- Toi aussi tu nous as manqué, répliqua son père.
- Ne m'abandonnez plus, pitié, ne m'abandonnez plus.
- Chérie, nous ne t'avons jamais abandonnée, reprit calmement l'Hylienne, nous n'avons pas fait exprès de mourir ce jour-là, tu sais. Ce genre de chose ne se prévoit pas, mais sache que depuis tout ce temps nous veillons sur toi. Nous ne t'oublions pas, tu es notre fille chérie.
Le fait que la voix de sa mère soit de moins en moins audible fit lever la tête à la petite fille, déjà ses parents disparaissaient et elle parvenait à voir au travers d'eux.
- Non, pas déjà ! Emmenez-moi avec vous, je vous en supplie, emmenez-moi avec vous.
- Katina, lui répondit son père, ton temps n'est pas encore venu... mais quand ton heure sonnera, je te promets que ta mère et moi viendrons te chercher.
- Vraiment ?
- Oui. Mais pour le moment, tu vas retourner chez Tatie et tu seras bien sage, d'accord ?
La fillette hocha la tête.
- Je vous aime.
- Nous aussi on t'aime...
Les deux silhouettes s'évanouirent.
- Adieu...
- Non, juste au revoir... Et le plus tard possible, j'espère. Je te souhaite une vie longue et heureuse ma chère enfant, reprit une dernière fois la voix désincarnée de sa mère.
Alors la lumière disparut, l'obscurité tomba plus noire que jamais et un silence lourd et pesant envahit le temple.
Les sages tombèrent tous à genoux alors que la lueur émanant de Zelda s'éteint soudainement, laissant la jeune femme sombrer dans l'inconscience. Heureusement Link eut la présence d'esprit de se précipiter afin de la rattraper avant qu'elle ne touche violemment le sol.
La petite fille en pleurs s'approcha doucement de lui.
- Est-ce qu'elle est... ? demanda-t-elle.
- Non, rassure-toi, elle est juste mal en point... Enfin, un peu plus mal en point qu'eux, répondit-il en embrassant l'ensemble des sages dans un geste significatif.
- Ils vont guérir ?
- Oui, mais un petit coup de potion rouge serait le bienvenu.
- Génie, je souhaite que chacune de ces personnes ait un flacon de potion rouge.
Link fut impressionné par la vivacité d'esprit de la fillette. Utiliser le génie ? Il n'y avait pas pensé...
Aussitôt souhaité, aussitôt fait. Chaque sage but les quelques gorgées du liquide rouge et revigorant que contenaient les flacons et furent rapidement sur pied. Le héros du temps, lui, aida sa femme à boire, bien que la potion eut moins d'effet sur elle. Elle reprit conscience, mais incapable de rester debout seule, son époux dut la soutenir.
- As-tu eu ce que tu voulais, jeune fille ? demanda la princesse.
- Oui, madame... Merci, merci beaucoup.
Zelda sourit.
- Je suis contente pour toi. Mais il est désormais temps de remplir ta part de notre accord.
- Oui c'est vrai, voici la bouteille. Alakazam, tu as été très gentil avec moi, tu vas me manquer.
- Merci, répondit stoïquement le génie qui sentait un noeud à son estomac mais encore une fois, il chassa l'impression.
- Génie ? reprit la princesse.
- Oui maîtresse ?
- J'imagine que tu ne peux toujours pas annuler les voeux.
- En effet, maîtresse.
- Comment faire alors ? s'enquit Nabooru.
Chacun resta pensif quelques instants afin de trouver la meilleure formulation de voeu possible pour que tout redevienne comme avant et avec le moins d'altérations possibles.
- Et si on demandait que toute la magie disparaisse ? proposa Aldo.
- Ça va pas la tête ! Sans magie, je ne donne pas une semaine de survie à Hyrule, grogna Darunia.
Ils commencèrent à se disputer car la princesse Zora avait aussitôt pris la défense de son amant.
- Quelle est la source de ton pouvoir ? demanda Zelda sans se préoccuper des interventions chaotiques de ses amis.
- C'est ma nature même, ô maîtresse.
- Et sans tes pouvoirs, le sort s'annulera donc car privé de sa source.
- C'est fort possible, maîtresse.
Le septième sage resta pensive quelques instants. Puis sa décision prise, elle reporta son attention sur le djinn.
- Très bien, alors je souhaite que tu deviennes un humain comme les autres, désira-t-elle.
- Accordé.
Un lourd nuage de fumée bleu entoura quelques instants la créature et lorsqu'il se dissipa, il laissa place à un homme uniquement vêtu d'un pantalon de cuir noir.

***

Alors le monde changea. Tous ceux qui avaient écumé Hyrule à la recherche d'arc-en-ciel virent leur fortune ainsi accumulée, disparaître. Dans tout le pays, les apparitions et autres êtres fantastiques s'évaporèrent.
Dans les plaines, un âne, un chien, un chat et un coq se demandèrent ce qu'ils faisaient là quelques secondes avant que le chien ne se mette à courir derrière le chat pour l'attraper, que le poulet se sauve et que l'âne ne se mette à brouter.
Au mont du péril, les Gorons fêtèrent la soudaine disparition des nains en allant faire un festin digne d'un roi dans la Caverne Dodongo.
Malon se retrouva seule au pied de ce qu'elle avait cru être une tour mais qui n'existait plus et elle retourna bien vite au ranch car les corvées ne se feraient pas toutes seules.
Près du lac, un homme qui passait son temps à courir dans les plaines était entouré de lapins, sa plus fervente passion. Heureux comme jamais, il regardait les rongeurs qui étaient revenus. En effet, il les croyait irrémédiablement disparus dans les estomacs de la population hylienne. Tous les lapinous disparurent.
- Noooooooonn !
Près de la Vallée Gerudo, deux chevaux galopaient. Hors de vue, ils stoppèrent. Leurs cavaliers descendirent et se jetèrent dans les bras l'un de l'autre.
- Lety, nous avons réussi !
- Ho Hiro, quelle joie ! Plus rien ne nous séparera désormais...
Ils s'embrassèrent... Enfin jusqu'à ce que la Gerudo ne constate avec horreur qu'elle se trouvait dans les bras d'un ouvrier gras et laid et qu'elle ne le repousse violemment.
- Comment oses-tu poser tes sales pattes sur moi !
- Mais mademoiselle...
Elle lui vola sa bourse, se remit en selle et retourna chez elle.

Chapitre 11 : Tout est bien qui finit bien (ou presque)   up

Au Temple du Temps, tout le monde attendit anxieusement la suite des événements. Alakazam était désormais humain, mais cela avait-il réellement changé quelque chose ? C'est à ce moment qu'Aldo le Zora redevint Aldo la grenouille.
- Ouf, ça a marché, respira Link.
- Aldo... pleurnicha Ruto.
- Mais enfin Ruto, tu ne vas tout de même pas nous dire que tu étais réellement amoureuse de cette chose, s'exclama Nabooru.
- Ben...
- Ruto ! s'horrifia la Gerudo.
- J'ai jamais de chance avec les hommes..., gémit la Zora.
- Si j'étais toi, Ruto, je me contenterais de choisir un compagnon parmi le peuple Zora, la sermonna Link.
- Si j'étais toi, Link, je me passerais de commentaires...
- Très bien, ne te fâche pas, se défendit aussitôt celui-ci.
- Tout est réglé désormais, je retourne au Saint Royaume, déclara Rauru avant de s'exécuter.
Le sage de la lumière leva les bras, devint une boule jaune et luisante qui s'éleva vers le plafond et finit par disparaître. Cet interlude terminé, les sages se retournèrent à nouveau les uns vers les autres.
- Qu'allons-nous faire de lui maintenant, demanda Impa en désignant l'ex-génie du menton.
- Il pourrait venir vivre avec moi, proposa Katina.
- Pourquoi pas... si ta tante est d'accord, répondit Zelda. Qu'en penses-tu Alakazam ?
Le nouvel homme ne répondit pas pour la simple et bonne raison qu'il n'avait pas entendu. Perdu dans ses pensées, il faisait le point sur sa nouvelle condition. Tous ses sentiments qui perturbaient sa vision des choses et qu'il n'arrivait plus à chasser, ses jambes qui le maintenaient pour le moment difficilement debout et enfin sa qualité d'homme libre... Toute sa vie, il n'avait été qu'un esclave et voilà que désormais, il était maître de lui-même. Merveilleux, terrible, mais merveilleux. Le prix à payer pour cette liberté était qu'il était désormais mortel, mais vraiment, ce n'était pas cher payé.
- Alakazam ? s'impatienta la princesse.
- Hein ? Euh, pardon, vous disiez quelque chose ?
- Katina se propose de t'accueillir.
- Vraiment ? demanda-t-il avec espoir.
- Mais oui, tu es mon ami, répondit la petite fille, et je t'aime bien. Je serais vraiment très contente si tu venais vivre avec moi.
- D'accord, merci beaucoup de ta bienveillance, j'en suis très honoré.
- Katina, reprit la princesse d'Hyrule, il est comme un bébé, il sait parler mais regarde, il tient à peine sur ses jambes, il va falloir lui apprendre à vivre comme nous tous. Il ignore ce que sont les sentiments ou la douleur... Il va te falloir le soutenir et être toujours présente à ses côtés, tu comprends ça ?
- Oui, je serai une bonne maman.
L'assemblée éclata de rire.

Epilogue : Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants (oups, ben non, c'est pas possible ça, c'est déjà fait !^^)   up

Quelques semaines avaient passé.
Alakazam avait été accueilli les bras ouverts par la famille de Katina dans d'heureuses retrouvailles car un grand gaillard comme lui pouvait asséner pas mal de travail. La petite fille ne se sauva plus jamais et n'eut plus à regretter un manque d'attention car l'ancien génie était aux petits soins avec elle. D'ailleurs, celui-ci s'accommoda très vite de sa nouvelle vie.
Ruto s'était remise de son chagrin d'amour. Elle avait à présent jeté son dévolu sur un Zora (enfin !), et si tout continuait à se passer aussi bien entre eux, le mariage ne devait pas tarder à arriver.
Les Gorons qui avaient désormais le ventre plein, étaient heureux. Ils avaient alors repris leur petite vie douce et sans soucis bien que dans les premiers temps, ils se mettaient facilement en rage s'ils apercevaient des gens de petite taille, ou s'ils entendaient quelqu'un chanter.
Enfin, Nabooru était contente que Lety ait retrouvé ses esprits. La jeune Gerudo ne voulut plus jamais entendre parler de son accès de folie et elle devint l'une des guerrières les plus redoutables de la forteresse.

***

Par ce bel après-midi, Link et Zelda paressaient dans les jardins royaux sous la douce caresse du soleil. Ils avaient d'un commun accord décidé de prendre cette journée de repos et s'étaient promis, durant cette période, de se consacrer uniquement l'un à l'autre, quoi qu'il arrive. Ainsi, le Héros du Temps était assis dans l'herbe tendre alors que sa femme s'y était allongée, se servant du torse de son mari comme dossier. La princesse porta un quartier d'orange aux lèvres de son époux avant d'en prendre un pour elle-même.
- Quand même, toute cette puissance... Tu n'as pas voulu, ne serait-ce qu'un seul instant en devenir maître ? lui demanda-t-il doucement.
- Si bien sûr, que crois-tu ? Je suis humaine après tout.
- Qu'est-ce qui t'a retenue ?
- Ma sagesse légendaire...
Elle rit.
- Non, reprit-elle, sincèrement je me suis dit que si je faisais un voeu, rien qu'un, juste avant de le faire devenir un homme, ça ne ferait de mal à personne. Puis en y réfléchissant bien, je me suis rendue compte que rien ne me venait à l'esprit. Je suis heureuse, Link. J'ai tout ce que je pouvais désirer. Je suis aimée de mon peuple, je n'ai aucun souci à me faire pour mon avenir, j'ai épousé l'homme que j'aime et j'attends un enfant de lui... Tout est parfait dans le meilleur des mondes.
Il lui sourit et déposa un baiser sur le haut de son crâne.
- Mais on aurait pu lui demander d'arracher la Triforce de la force à Ganondorf, reprit-il.
- Il n'aurait pas pu réaliser ce voeu. Les génies n'existent que pour servir des gens tout ce qu'il y a de plus normaux. Traverser des dimensions et affronter des démons est hors de ses compétences. De toute manière ça aurait été risqué que Ganon trouve une porte de sortie. Il est très bien là où il est, tu n'es pas d'accord ?
- Si, bien sûr, tu as raison...
Il lui offrit une fraise.
- Mais tout de même..., regretta-t-il.
- Link ? Qu'est-ce qui te tracasse comme ça ?
- Ben, je me disais que peut-être, grâce à lui, j'aurai pu retrouver la trace de ma famille.
- C'est une intention très louable, chéri... Mais qui sait, un jour peut-être...
- Je le souhaite sincèrement.
Zelda se redressa, et se mit face à lui pour pouvoir le regarder droit dans les yeux, l'air sévère. Puis un sourire détendit ses traits et elle reprit d'une voix douce :
- Link, si tu veux un conseil sage et avisé, écoute ceci. Pour le bien de tous, il vaudrait mieux que tu ne commences pas une phrase par "je souhaite" et ce pendant un très, très long moment...

FIN

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Xaelia". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 26.03.24