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Le mal sans visage

Ecrit par Xaelia en 2003
Chapitre 1 : Douce nuit sur Hyrule
Chapitre 2 : Les problèmes commencent
Chapitre 3 : Le conseil d'Hyrule
Chapitre 4 : Le héros du temps est de retour
Chapitre 5 : Le village Cocorico
Chapitre 6 : Madame Fanfreluche
Chapitre 7 : Au domaine goron
Chapitre 8 : Mudros le nécromancien
Chapitre 9 : En route vers le désert
Chapitre 10 : Premières difficultés
Chapitre 11 : Aziro le maître de l'illusion
Chapitre 12 : Duel
Chapitre 13 : Rival
Chapitre 14 : Jalousie
Chapitre 15 : Réconciliations
Chapitre 16 : La forêt Kokiri
Chapitre 17 : Sauvetage
Chapitre 18 : Gadan le maître des éléments
Chapitre 19 : Etat de crise
Chapitre 20 : Le Bourg d'Hyrule
Chapitre 21 : Dans l'antre de la bête
Epilogue
Chapitre 1 : Douce nuit sur Hyrule

Dans le château d'Hyrule, la fête battait son plein. Partout dans la salle de bal qui avait été décorée avec de nombreuses banderoles aux couleurs guillerettes, ce n'était que rires, entrechoquements de couverts, froufrous de tissus hors de prix et le tout s'accordant pour créer une ambiance de joie et de bonne humeur.
Sur un coin, un groupe de musiciens très en vogue débitait l'ensemble de son répertoire pour le plus grand plaisir des nombreux invités.
Autour de la piste de danse, une énorme table faisait le tour de la pièce et la seule distinction qui démarquait le roi et sa fille était qu'ils avaient droit à des trônes plutôt qu'à de simples fauteuils.
Assise à la droite de son père, la princesse, le teint encore rouge d'avoir trop dansé, regardait d'un oeil bienveillant l'ensemble des convives. Elle était si belle avec ses longs cheveux d'or et ses grands yeux bleus que tous les nobliaux en quête d'amour se disputaient ses faveurs. Aussi, le carnet de bal de la jeune fille était plein, bien avant le début des festivités. La nuit était déjà bien avancée et le sommeil, mêlé aux effluves d'alcool, rendait ses paupières très lourdes. Aussi, lorsqu'elle fut prise d'un fou rire involontaire, elle conclut qu'il était temps pour elle de regagner ses appartements. Elle se redressa, sa tête lui tournait mais elle n'en laissa rien paraître et faisant ses adieux à la communauté, elle sortit dignement de la pièce.

***

Après un brin de toilette et vêtue pour la nuit, elle se faufila sur sa terrasse afin de respirer un peu d'air pur. Cela lui remit quelque peu les idées en place et elle put ainsi se rendre compte qu'il faisait frisquet.
La nuit était emplie d'un calme reposant comparé au brouhaha qui émanait de la réception. La lune était très lumineuse et le ciel bien dégagé laissait apercevoir des milliers d'étoiles.
Zelda se sentait bien, la soirée avait été très réussie bien qu'éprouvante. Elle ne se lassait pas de voir tous ses jeunes hommes lui tourner autour, mais ce n'était que par pure fierté. En effet, depuis le jour de sa naissance, un seul homme était parvenu à toucher son coeur et malheureusement, il n'était pas là. A cette pensée, de nombreux souvenirs remontèrent en elle.
Après avoir enfermé Ganondorf dans le sceau des sages, elle avait fait retourner Hyrule sept ans en arrière dans une probabilité du passé où Ganon n'aurait pas violé le Saint Royaume. Toutes traces de chaos avaient ainsi étaient éliminées et seuls les sages, Link et elle gardaient le souvenir de l'autre probabilité. Elle avait ainsi offert une autre chance aux victimes du règne du seigneur du malin.
Link avait refusé de retourner dans la forêt Kokiri car là-bas n'était plus sa place, il avait alors décidé de parcourir le monde afin de trouver des réponses à ses questions, d'améliorer ses capacités et son savoir, mais surtout pour fuir Hyrule qui, aussi belle soit-elle, lui rappelait trop d'horreurs.
Il était donc retourner voir la jeune fille pour le lui expliquer dans une longue et trop sérieuse conversation pour les enfants qu'ils étaient redevenus. La princesse lui avait alors confié l'ocarina du temps en souvenir d'elle mais aussi pour l'aider si un problème survenait lors de son voyage. Et, c'est le coeur lourd par un beau matin d'hiver qu'ils s'étaient quittés sans trop savoir ce qui arriverait par la suite.
Le temps avait ainsi passé dans le calme d'un royaume où l'harmonie était devenue le maître mot. Zelda avait grandi au château, entourée de sa famille et de ses amis, heureuse de vivre libre mais parfois, lors de moments comme celui-ci, il lui arrivait de penser à son ami...
Le bonheur dura quelques années mais les serviteurs du mal n'avaient pas dit leur dernier mot. En effet, Koume et Kotake étaient parvenues à se sauver des enfers et voulaient à tout prix le retour de leur maître. Aussi, lorsqu'elles entendirent parler du pouvoir des oracles, elles trouvèrent là un moyen infaillible de parvenir à leurs fins, il leur suffisait pour cela d'allumer les trois flammes du mal. Mais Zelda découvrit la conspiration et envoya Impa, dont elle avait modifié l'apparence pour plus de sûreté, chercher les trois oracles afin de les ramener en Hyrule.
La nourrice royale décida de commencer par Din, l'oracle des saisons, car Holodrum était le pays le plus proche. Aussi, quelle ne fut pas sa surprise, lorsqu'elle découvrit que Link y était également présent. Il accepta de lui donner un petit coup de main et parvint à sauver Din des griffes d'Onox. Malheureusement celui-ci avait tout de même permis aux sorcières d'allumer le premier flambeau.
Le héros et le sage de l'ombre se retrouvèrent ensuite à Labrynna où encore une fois Link s'occupa de sauver Nayru, l'oracle des âges, qui était possédée par Veran.
La princesse, s'inquiétant du fait de ne pas recevoir de nouvelles d'Impa, s'était déplacée et elle fut bien heureuse de retrouver Link. Mais elle regretta bien vite d'avoir fait le voyage car les jumelles étaient parvenues à allumer les trois brasiers et elles la capturèrent avec la ferme intention de la sacrifier pour ressusciter Ganon.
Pour son plus grand soulagement, cela n'arriva pas grâce à Link. Aussi, pour le remercier, elle lui offrit un baiser qui le fit littéralement fondre sur place. Mais leur histoire s'arrêta là, pour lui ça n'avait été qu'un geste de remerciement.
Ils passèrent quelques jours ensemble et le jeune homme lui raconta ses voyages, notamment celui à Termina où il affronta Majora et son naufrage à Cocolint, une île qui apparemment n'existait que dans l'esprit du poisson-rêve.
Et depuis, rien... Elle était rentrée à Hyrule mais lui, avait continué son chemin. Elle soupira. Elle détestait le fait de ne pas savoir où il était, ce qu'il faisait, s'il allait bien et pire que tout, s'il était encore en vie.
Elle retourna dans sa chambre et s'étendit sur le lit pour succomber rapidement au sommeil.

Chapitre 2 : Les problèmes commencent   up

Peu à peu le château s'endormit à son tour. Seuls quelques courageux gardes grelottants à cause du froid attendaient la relève et un café bien chaud avec impatience. Le silence régnait et tout était paisible.
Tout ? Non, dans l'une des chambres royales, la princesse avait le sommeil agité, elle cauchemardait et ce n'était apparemment pas ce qu'il y avait de plus agréable. Soudain, elle se redressa précipitamment en ouvrant de grands yeux. Elle haletait et était en nage. Ce n'était qu'un rêve, il fallait se calmer, elle était dans sa chambre et tout allait bien...
Elle reposa délicatement sa tête sur l'épais oreiller et tenta de reprendre sa nuit là où elle l'avait laissée, bien que quelques sueurs froides récurrentes l'angoissaient. Elle se raisonna mais se rendit vite compte que ces frayeurs n'étaient pas dues au mauvais rêve qu'elle avait déjà oublié. Quelque chose clochait... Elle sentait... le mal s'était introduit en ces lieux... C'est alors que des cris lui parvinrent du couloir.
Elle enfila rapidement une paire de pantoufles et un peignoir, puis sortit. Des gardes couraient vers le rez-de-chaussée et faillirent la bousculer. Quelques secondes plus tard, un autre soldat déboucha du coin du couloir en tentant avec beaucoup de difficulté d'enfiler sa cotte de maille sans pour autant arrêter sa course ou faire tomber son casque.
- Halte !
Surpris, l'homme stoppa et se courba en se rendant compte de l'identité de la personne qui l'avait hélé.
- Votre altesse ?
- Relevez-vous. Que se passe-t-il ?
- On ne sait pas exactement, le capitaine Krine a fait appel à tous les soldats. D'après ce que j'ai entendu, il s'agirait d'une créature qui s'attaque au château.
- Ne pouvez-vous pas être plus précis ?
- Je suis désolé Madame...
- Qu'importe ! Retournez à vos occupations.
Le garde s'inclina et se remit à courir.
C'est alors qu'elle ressentit cette sensation étrange... l'ennemi avait senti son pouvoir et cherchait à la rejoindre. Prise de panique elle voulut se téléporter loin d'ici mais elle n'en eut plus envie et se calma. Quelque chose dans sa tête lui susurrait qu'il était inutile qu'elle parte, que de toute manière il la retrouverait et qu'il serait tellement agréable qu'elle l'attende bien sagement ici...
Zelda se ressaisit, il essayait de la contrôler, il fallait à tout prix qu'elle reste vigilante afin de ne plus retomber sous sa coupe. Et cela signifiait ne plus se servir de magie et donc que si elle voulait se sauver, ce serait de manière traditionnelle... et vite ! La chose était désormais tout près.
Retrouvant l'usage de ses jambes, elle se sauva. Ses chaussons glissaient sur le carrelage de marbre poli, aussi lorsqu'elle faillit perdre l'équilibre une fois de trop, elle les abandonna.
Elle arriva, elle ne sut trop comment, à l'écurie et ouvrant le box d'Assam, elle grimpa dessus alors qu'il en sortait au galop. La chose émit un cri de rage que la princesse ressentit plus qu'elle ne l'entendit. Elle mit tant bien que mal le cap vers la forêt Kokiri où elle espérait être à l'abri grâce à l'influence bénéfique de l'arbre Mojo. La créature semblait avoir abandonné la poursuite mais voulant être assurée sur ce point et ne pas avoir une mauvaise surprise, elle ne fit qu'accélérer l'allure.
Arrivé à l'orée de la forêt, l'étalon blanc était couvert de sueur et respirait difficilement. Bien entendu, n'ayant pas pris le temps d'harnacher sa monture, le fait que la princesse s'était crispée de toutes ses forces pour ne pas tomber, y était pour beaucoup...
Elle parvint finalement au village Kokiri où elle fut aussitôt stoppée par un gamin. Se félicitant d'avoir prévenu mentalement Saria de son arrivée imminente, elle eut le plaisir de voir le sage de la forêt arriver à la rescousse.
- C'est bon, laisse-la passer, je la connais.
Le Kokiri bougonna un peu puis capitula.
- Zelda ! Que s'est-il passé ?
- De grâce Saria... Tout cela est trop frais, je n'aspire qu'à un peu de calme. Je promets de tout te dire, mais demain.
- Bien sûr, c'est compréhensible, excuse-moi. Ma curiosité devra attendre. Tu vois cette cabane dans l'arbre ? C'est celle de Link, enfin c'était... Tu peux t'y installer, j'ai continué à en prendre soin et elle n'attend que d'être occupée de nouveau. Ne t'inquiète pas pour le cheval, on va s'occuper de lui.
- Merci.
La jeune fille grimpa l'échelle et se retrouva dans la hutte. Elle était désormais en sécurité mais elle ne pouvait en dire autant des êtres qui lui étaient chers. Elle ne savait pas ce qu'il était advenu de son père et l'inquiétude la rongeait. Quoi qu'ait fait cette chose, elle avait la certitude qu'elle ne reverrait pas le roi de sitôt, à supposer qu'elle puisse le revoir un jour.
Des larmes silencieuses roulaient sur ses joues alors que le stress était doucement remplacé par la tristesse et la douleur. Elle s'étendit sur la couche. Le lit était trop petit pour elle mais elle s'en contenterait. Elle ferma les yeux plus pour oublier cette terrible nuit qui avait pourtant si bien commencé, que par besoin de sommeil.

Chapitre 3 : Le conseil d'Hyrule   up

Kaepora Gaebora survola la vaste étendue verte qu'était la forêt, puis perdit progressivement de l'altitude tout en tournant sur lui-même. Il se percha sur l'une des branches basses de l'arbre Mojo et observa les membres du conseil d'Hyrule. Il y avait Darunia, l'imposant chef des Gorons et actuel sage du feu qui lui lançait des regards furibonds. A ses côtés, était assise Ruto, l'exaspérante et capricieuse princesse zora qui tenait lieu de sage de l'eau. Ensuite venait Impa, la mystérieuse et athlétique sage de l'ombre qui avait servi de nourrice à la princesse Zelda, suivie du sage de l'esprit, Nabooru, la fougueuse chef des Gerudos, qui discutait avec la jeune Saria, le joyeux sage de la forêt. Il y avait aussi Rauru, le réfléchi gardien du Saint Royaume et sage de la lumière. Et enfin Zelda, la sage et douce princesse d'Hyrule qui, en temps que septième sage, devait guider tout ce beau monde. Tous avaient le visage sérieux d'individus à qui revenait la tâche de protéger la terre et qui découvraient, trop tard, qu'ils avaient un nouveau problème sur les bras.
- Ce n'est pas trop tôt... le hibou est arrivé, on peut enfin commencer, gronda Darunia.
- Je suis désolé d'être en retard mais j'étais assez loin d'ici lorsque j'ai entendu l'appel, se défendit l'ancien sage.
- Ce n'est rien Kaepora, intervint le gardien spirituel des bois. Princesse de la Destinée, voulez-vous bien entreprendre votre récit ?
- Oui vénérable arbre Mojo. Voilà, tout a commencé hier durant la nuit. Je faisais un cauchemar et...
- Un cauchemar ? la coupa Ruto.
- Ce n'était pas un rêve prémonitoire si c'est là ta question, mais passons, ça n'a pas d'importance. Je me suis réveillée assez précipitamment et c'est alors que j'ai entendu toute cette agitation inhabituelle. Quelque chose était entré au palais et effrayait les gardes de façon exagérée. Cette créature possédait un sacré potentiel magique et elle m'a aussitôt repérée. N'ayant d'autres solutions, je me suis lâchement sauvée laissant le château et tous ceux qu'il contenait sans aucun moyen de se défendre...
- Ne t'en veux pas, tu n'avais pas le choix, la réconforta Saria.
La princesse hocha la tête en signe de remerciement et reprit la parole.
- Le plus troublant dans cette affaire, c'est la nature même de cette créature. C'était comme si elle était toute proche et si loin à la fois. Je ne la voyais pas mais je ressentais clairement sa présence. Vraiment c'était très étrange... Qui plus est, elle parvenait à modifier ma volonté, ses paroles, si on peut appeler ça comme ça, étaient si réconfortantes... L'idée même de ne pas lui obéir était incongrue. C'est pour cela que je n'ai pas usé de magie pour me sauver, sinon je lui ouvrais un passage direct vers mon esprit...
Chacun resta pensif quelques instants, puis Impa parla.
- Avant que tu ne nous contactes, Zelda, j'ai appris ce qui se passait au château et je m'y suis donc rendue avec quelques Sheikahs. Un espèce de voile noir et orageux entoure le palais et on ne voit absolument rien au travers. C'est comme si le château avait disparu, ne laissant que le vide derrière lui...
- As-tu essayé de le traverser ? demanda Nabooru.
- Moi non, mais je n'ai pas réussi à empêcher l'un de mes compagnons de le faire. Il est passé, on a entendu un cri suivi d'un silence lourd et pesant... il n'est jamais ressorti...
- Oh par les déesses, Père...
La princesse avait laissé échapper ce petit cri de douleur qui rappela à chacun que l'enjeu dépassait la simple tâche à accomplir. La Sheikah prit sa protégée dans ses bras et tenta de la réconforter.
- Je crois que tout a été dit, conclut l'arbre Mojo.
- Oui, répondit Rauru. Je vais faire des recherches et avec tout ce que vous m'avez dit sur cette chose, je pense être en mesure de vous en dire plus. Mais pour le moment, il serait plus sage que chacun reste discret afin de ne pas éveiller l'attention de notre nouvel ennemi.
- Tu as parfaitement raison Rauru, reprit le Goron, et je pense que l'on pourra venir t'aider chacun notre tour.
- Quant à la princesse, elle est la bienvenue dans ma forêt.
- Merci vénérable arbre Mojo.

Chapitre 4 : Le héros du temps est de retour   up

Quelques semaines passèrent ainsi. Zelda passait la nuit au sanctuaire des sages dans sa loge personnelle où quelques-unes de ses affaires étaient déjà entreposées. Le matin venu, elle aidait Rauru du mieux qu'elle le pouvait en parcourant les nombreux et poussiéreux ouvrages que contenait l'énorme bibliothèque du Saint Royaume, mais aussi en pourvoyant à ses besoins. Puis l'un des sages venait prendre la relève, ce qui lui laissait le reste de la journée libre.
C'est ainsi que peu après midi, par cette belle journée ensoleillée, elle paressait au pied du vénérable arbre Mojo en écoutant la vie de la forêt. Cet endroit dégageait une atmosphère qui rendait ses occupants insouciants, ce n'était donc pas étonnant que la race qui y vivait était exclusivement composée d'enfants.
Assam broutait tout près, il ne quittait jamais sa maîtresse et si l'on cherchait Zelda, il suffisait de repérer l'imposant cheval dans le paysage.
Les Kokiris s'étaient très vite accommodés de cette étrangère qu'ils avaient rapidement adoptée. Toujours en quête d'histoires ou de chansons, ils ne laissaient pas la princesse souvent seule. Aussi, elle savourait pleinement ce rare moment d'intimité.
L'étalon redressa la tête et sembla être attentif à un son que lui seul entendait, ce qui eut tôt fait d'inquiéter l'Hylienne. Puis, il retroussa la lèvre supérieure dans cette mimique que l'on appelle flegme. La jeune fille se détendit, il avait juste senti une jument. Une minute... il n'y avait qu'un seul cavalier qui possédait une jument et qui pouvait rentrer impunément dans les bois perdus... Elle se leva rapidement, épousseta sa robe et courut vers le village.
Il était là... Link...à genoux sur le sol, il tenait Saria par les épaules et la fixait de son regard grave tout en lui parlant doucement. La fillette, les larmes aux yeux, hochait la tête et lui répondait. Il la serra une nouvelle fois contre lui et se redressa. C'est alors qu'il vit la princesse. Il se précipita vers elle et, à peine arrivé, prit ses mains dans les siennes.
- Zelda ! Tout va bien ? s'enquit-il d'une voix où se mêlaient le doute et le soulagement. Lorsque je suis arrivé, j'ai vu le château et... Mais apparemment ça va, tu es en vie et Saria aussi.
L'Hylienne se remit de sa surprise, assimila doucement le flot de paroles qui venait de lui être débité et tenta de retrouver l'usage de la parole.
- Euh... oui je m'en suis sortie, mais je ne peux en dire autant de mon père et de mes amis...
- Je suis désolé Zelda... Mais qu'est-ce que c'est ?
Elle entreprit alors le récit de ses mésaventures, le rassemblement du conseil d'Hyrule et enfin la stagnation des recherches. Link écoutait attentivement et hochait de temps en temps la tête.
- Et voilà, tu en sais tout autant que moi désormais.
- Curieuse affaire... Mais quoi que ce soit, je lutterai à vos côtés.
- Merci Link, j'étais sûre que tu réagirais ainsi. Il est bien dommage que lorsque tu reviens enfin en Hyrule, l'on doive à nouveau se battre au lieu de fêter dignement ton retour...
- Ce n'est rien. Cette créature va comprendre que l'on ne peut s'attaquer à ma terre natale sans en subir les conséquences.
- Et après tu repartiras...
Le guerrier cilla et se retourna pour regarder la jeune femme droit dans les yeux.
- Non. Je suis de retour à Hyrule pour de bon et je ne la quitterai uniquement si j'y suis expressément obligé.
- Tant mieux... Mais pourquoi ne rentrer que maintenant ?
- J'ai souvent eu le mal du pays, je l'avoue. A Labrynna j'hésitais vraiment entre le fait de profiter de ton bateau pour revenir à Hyrule et continuer ma route. Puis, je me suis dit que si je ne suivais pas mon itinéraire jusqu'au bout, je le regretterais sûrement toute ma vie.
- Je comprends. A mon avis, tu as eu raison.
Ils avaient finalement atteint les racines noueuses de l'arbre Mojo. Link jeta un coup d'oeil d'ensemble à son père adoptif et parut surpris.
- Bonjour Link, je suis content de te revoir.
- Bonjour vénérable arbre Mojo.
- Quelque chose ne va pas ?
- Disons que lorsque je vous ai quitté, vous n'étiez qu'un bourgeon qui zozotait et vous êtes désormais aussi grand que votre dernière enveloppe. Et c'était il y a à peine dix ans.
- Je suis un arbre spirituel, j'ai un cycle de croissance beaucoup plus rapide que mes frères plus normaux.
- Je vois ça.
Zelda ne put s'empêcher de rire alors que Link lui jetait un regard interrogateur.
- Link, tu m'étonneras toujours ! s'exclama-t-elle.
- Ah oui ? Et pourquoi ?
- Le fait que l'arbre Mojo parle ne t'a jamais dérangé et tu t'étonnes du fait qu'il ait grandi trop vite.
- C'est certain que vu sous cet angle, la situation peut paraître comique.
- En tout cas, reprit l'arbre, ça fait plaisir d'entendre ton rire, Princesse de la Destinée. Depuis que tu es ici, je ne t'ai vue que sourire et ce, uniquement dans de rares occasions.
- J'avais le coeur lourd mais le retour de mon ami l'a quelque peu soulagé.
Les jeunes gens s'installèrent sur l'herbe tendre et restèrent silencieux quelques temps.
- Alors comme ça, tu as effectué ton dernier voyage...
- Je crois bien, oui.
- Il va te falloir t'installer, tu as une petite idée de l'endroit ?
- Même si je sais que je serai toujours le bienvenu, je ne peux rester ici, je ne suis plus un enfant. Mais pourquoi pas au bourg d'Hyrule... Une fois sauvé, cela va de soi.
- Et... tu as l'intention de prendre femme ?
Il rougit et bafouilla légèrement.
- Ça fait également partie de mes projets...
- As-tu déjà une idée de l'identité de l'heureuse élue ?
- Euh... C'est-à-dire que... Ça se pourrait bien... Je... Tu as changé de garde-robe ?
Zelda rit de nouveau. Link faisait référence à ses habits kokiris qui différaient vraiment de ses vêtements habituels. Elle portait une robe verte, décolletée, qui était retenue par de fines bretelles et qui descendait jusque légèrement au-dessus des genoux. Elle avait aussi des collants blancs et une paire de bottes de la même couleur que la robe.
- Lorsque j'ai quitté le château, j'étais en chemise de nuit et je n'ai pas vraiment eu le temps de prendre des affaires de rechanges... Saria m'a donc offert cette robe. J'ai d'autres affaires au sanctuaire des sages mais en forêt, ils paraîtraient déplacés. Malheureusement le vert ne me va pas très bien... - Rassure-toi, tu es tout de même très jolie.
- Tu es gentil... Link ?
- Oui ?
- Joli changement de sujet.
Elle s'éloigna alors que l'Hylien rougissait à nouveau.

***

Le conseil d'Hyrule se réunit à nouveau deux semaines plus tard et avec la présence de Link, il était enfin complet. Le sage de la lumière avait finalement trouvé des choses très intéressantes et s'apprêtait à en faire part à l'assemblée.
- Vas-y Rauru, nous t'écoutons, l'encouragea Zelda.
- Cette créature n'a pas de nom. Elle est juste désignée sous le terme du mal sans visage. Elle ne vit pas dans notre dimension mais elle peut y agir à sa guise.
- Le contraire est-il aussi exact ? demanda Nabooru.
- Hélas non. Nous ne pouvons rien contre elle dans ces conditions.
- Mais qu'est-elle exactement ? s'enquit Ruto.
- C'est une créature neutre, mais ses actions peuvent laisser penser qu'elle agit pour les forces du mal.
- Je suis désolé, mais je n'ai pas très bien compris, intervint Link. Elle est bonne ou mauvaise ?
- Ni l'un ni l'autre, Héros du Temps. Laissez-moi terminer, vous comprendrez mieux avec toutes les pièces du puzzle. Elle n'a pas agi seule, cette créature a été invoquée. Cela est déjà arrivé plusieurs fois à travers l'histoire et pas une fois ses maîtres ne sont parvenus à la contrôler. Elle a une volonté propre et elle a besoin d'un petit coup de pouce de la part de ses invocateurs pour agir. Sans cela, elle reste passive et ne s'approche pas de notre dimension. Au début, elle effectue leurs quatre volontés mais dès que les avis divergent, elle agit en solitaire et les maîtres deviennent alors esclaves.
- Je vois, dit la princesse d'Hyrule. Mais qu'a-t-elle fait au château ? Et surtout comment faire pour la renvoyer chez elle ?
- Elle a tenté de recréer le monde dans lequel elle vit, tous ceux qui sont actuellement enfermés dans le palais ne sont plus dans notre dimension, mais ils ne sont pas non plus dans la sienne. Voilà pourquoi on ne voit plus le château, il n'est plus là mais il n'a pas totalement disparu. Pour nous débarrasser de cette créature, il suffit de couper les liens qui l'unissent à ses maîtres. Cela la forcera alors à s'incarner et un guerrier pourra aisément en venir à bout, répondit-il tout en regardant Link fixement.
- Si j'ai bien compris, le guerrier en question... c'est moi ?
- Si tu es d'accord bien entendu.
- Mais je le suis.
- Alors tout est dit, continua Rauru, le conseil est clos.
- Non il ne l'est pas, s'énerva Zelda. Dis-nous-en plus sur les invocateurs.
- Oh mille pardons, je pensais l'avoir fait, s'excusa le vieil homme. Je ne sais pas comment les trouver mais une chose est sûre, c'est que ce sont tous des sorciers expérimentés. Un novice, aussi maladroit soit-il, n'aurait pu faire une telle prouesse. Il faut donc que l'un d'entre nous accompagne le héros du temps dans sa quête.
- J'irai, répondit sobrement la princesse.
- Mais Zelda...
La jeune femme coupa sa nourrice d'un geste de la main.
- Je n'accepterai aucune objection.
- Cela pourrait se révéler dangereux, argua Link.
- Ma présence t'indispose-t-elle donc ?
- Oh non, bien au contraire, mais...
- C'est moi qui possède le pouvoir le plus puissant, ici. Pouvoir encore accru grâce à la Triforce de la Sagesse. La personne la mieux à même d'accompagner Link, c'est donc moi. Qui plus est, si vous croyez que je vais rester là à attendre que les choses se passent alors que mon père est en danger, vous vous trompez amplement.
- Alors qu'il en soit ainsi, termina le vénérable arbre Mojo.

Chapitre 5 : Le village Cocorico   up

Zelda et Link chevauchaient tranquillement dans les plaines en direction du village Cocorico, en silence, se contentant simplement du fait de s'être retrouvés.
Arrivés à destination, la princesse ne put s'empêcher de jeter un oeil en direction de sa demeure. Ses yeux s'embuèrent de larmes alors qu'elle observait le bourg totalement vide et la masse noire parfois brièvement illuminée par quelques éclairs, qui enveloppait le château.
Ne sachant comment réagir, le chevalier posa une main réconfortante sur son épaule et l'entraîna doucement dans le village. Ce n'était peut-être pas la meilleure idée qu'il ait eue car dès qu'ils virent leur souveraine, les villageois accoururent, soulagés de voir qu'ils avaient encore un chef mais inquiets quant à la situation actuelle. De partout des exclamations fusaient alors que Zelda cherchait en vain à les comprendre.
- Votre altesse ! Vous êtes en vie ! Quelle joie ! Nous pensions que vous aviez tous péris. Que s'est-il donc passé au château ?
- Vous allez faire quelque chose ? On ne peut pas vivre avec cette menace permanente sous les yeux ! Et si jamais elle s'étendait et qu'elle englobait tout Hyrule.
- Vous êtes notre princesse ! Il est de votre devoir de faire quelque chose !
- Ça suffit ! tonna Link, puis tout doucement au creux de l'oreille de la jeune femme : ça va aller ?
- Oui, merci Link. Mes amis, cette chose s'est emparée du palais sans que j'aie pu faire quoi que ce soit. Malheureusement, mon père, le Roi, s'y trouve toujours. Je peux donc vous assurer que mes collaborateurs et moi-même faisons notre possible pour éliminer ce mal. C'est aussi pour cette raison que je vous demande votre aide. Voyez-vous cet homme ? Son nom est Link. C'est lui qui est chargé de mener cette affaire à bien. Il a toute ma confiance et m'a maintes fois prouvé ses capacités. C'est pour cela que je vous demande de bien vouloir accéder à toutes ses requêtes sans discussion. Vous pouvez retourner à vos occupations habituelles, nous nous occupons de tout.
Quelques marmonnements d'approbation jaillirent parmi le public qui se dispersa peu à peu laissant enfin les jeunes gens respirer.
- Ça s'est plutôt bien passé. Qu'en penses-tu ? demanda-t-elle.
- Parfaitement, princesse, et toi qui avais peur de leurs réactions... Bon, par où commençons-nous ?
- Pourquoi pas chez l'apothicaire ? Ces sorciers ont sûrement besoin d'ingrédients.
- En voyant ce jeune vendeur et l'état impeccable de sa boutique, je ne me serais jamais imaginé qu'il pouvait vendre des articles de sorcellerie.
- Pas lui... l'autre apothicaire...
- Oh ! Tu veux parler de l'homme étrange qui s'est installé derrière la pharmacie ?
- Exactement.
- Brou... il me file la chair de poule, il est vraiment trop bizarre.
- Il faudra pourtant faire avec.
Ils grimpèrent les quelques marches qui menaient à la partie en hauteur du village et entrèrent dans la pharmacie afin de prendre le passage qui menait à l'autre commerce. Ils pénétrèrent ainsi dans une pièce sombre où d'étranges liquides de couleur phosphorescente coulaient le long de tuyaux. Derrière son comptoir, un homme au visage difforme les gratifia d'un sourire grimaçant.
- Bienvenue, les accueillit-il d'une voix chevrotante. Votre altesse, c'est un honneur de vous recevoir dans mon humble boutique. Que désirez-vous ? Feuilles odorantes, pommades pour garder le teint jeune et frais, poisons ? Philtres d'amour ?
Link n'apprécia pas du tout le regard insistant que l'homme lui lança en proposant ce dernier article.
- Rien de tout cela, répondit Zelda. On vient chercher des renseignements.
- Oh... alors je crains de ne pas pouvoir vous être très utile... secret professionnel vous comprenez ?
- Je comprends très bien mais votre réponse ne m'enchante guère. Apparemment vous vendez ici certaines choses pas très licites... N'oubliez pas que je représente le pouvoir...
- Vous êtes dure en affaire, princesse...
- Nous voudrions savoir si vous avez vendu des articles de magie à un client un peu particulier, questionna le héros du temps.
- Quel genre de client ?
- Du genre qui ne rechigne pas à s'attaquer à de gros morceaux.
- Je vois bien quelqu'un dans ce goût-là, une femme... Elle vient à peu près une fois par semaine.
- Nous voudrions faire la connaissance de cette dame.
- Je peux lui laisser un message.
- Où alors je peux rester ici à attendre qu'elle se montre, insinua Link.
- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée.
- C'est bien dommage car moi, je la trouve très bonne cette idée.
- Non Link, il a raison, intervint la princesse. Dites-lui que je cherche à la voir. Nous repasserons lundi prochain.
- Très bien Altesse, ça sera fait Altesse, comptez sur moi Altesse, rampa l'affreux bonhomme.
- Il vaut mieux car dans le cas contraire, il se pourrait que je n'oublie pas votre commerce.
Ils sortirent au grand soulagement de l'apothicaire qui ferma boutique pour le reste de la journée, juste au cas où.
- Mais enfin Zelda, je ne comprends pas ! Elle va s'enfuir et on aura plus aucun moyen de la retrouver, s'emporta Link.
- Non au contraire, si elle n'est pas coupable, elle nous recevra poussée par la curiosité, mais si elle est coupable... l'occasion de mettre la main sur la princesse d'Hyrule sera trop belle. Dans tous les cas, elle ne se sauvera pas.
- Mais alors ça pourrait être dangereux pour toi.
- C'est à ce moment que tu entres en jeu, héros.

Chapitre 6 : Madame Fanfreluche   up

Le reste de la semaine se passa dans l'incertitude la plus totale. Les autres sages n'étaient pas très enjoués quant à l'idée de cette rencontre car trop de questions se posaient. Et si elle n'était pas ce qu'ils croyaient ? Et si elle l'était réellement, que feraient-ils ? Et tout cela n'était rien comparé à l'inquiétude qu'ils nourrissaient pour Zelda car plus que leur guide, elle était leur amie. Aussi c'est tout de même avec soulagement qu'ils virent le lundi arriver.
Comme prévu, les deux Hyliens se rendirent chez l'apothicaire. Celui-ci avait bien fait passer le message mais apparemment la femme n'avait pas pris la peine de leur donner une réponse.
- Je crois que le moment est mal choisi mais bon, il faut que ça sorte. Je te l'avais bien dis ! jouit Link.
- Savoure ta victoire héros car je crains que cela ne se reproduise une seconde fois... lui répondit-elle d'un ton qui aurait pu geler de la lave.
A ce moment un garçonnet qu'ils n'avaient pas remarqué en sortant, les aborda.
- Pardon madame, dit-il en tiraillant sur la jupe jaune de l'Hylienne.
Leurs yeux se posèrent sur un petit bout de chou aux bonnes joues toutes roses, portant des vêtements très colorés et qui tenait un ballon sous le bras. La princesse fut attendrie par le spectacle et un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'elle s'accroupissait pour être à sa taille.
- Oui, qu'y a-t-il mon bonhomme ?
- Y'a une dame qui m'a donné un sac de bonbons pour que je vous conduise à elle.
- Une dame tu dis, comment était-elle ? demanda Link.
- Ben c'était une dame quoi... Elle fait un peu peur et mes copains y sont tous partis.
- Et toi tu es resté.
- Oui monsieur ! Tu vois, moi je suis courageux. Et pis tant pis pour eux, je partagerai pas mes bonbons, y peuvent toujours rêver !
- T'as bien raison, p'tit gars.
- Bon, intervint Zelda, je vous laisse discuter ou on se met en route ?
- Tu vois p'tit, quand une dame dit ça, il vaut mieux obéir sinon ça risque de barder.
- Sinon, on a une fessée ?
- Oui ou autre chose que tu es trop petit pour comprendre.
- Cessez de parler comme si je n'étais pas là, S'IL VOUS PLAIT !
Ils suivirent l'enfant à travers quelques ruelles pour atterrir dans un cul-de-sac qu'étrangement ni l'un ni l'autre n'avait jamais remarqué.
- Merci mon bonhomme.
- Y'a pas de quoi madame, tu sais j'ai été payé pour ça. Et mon papa y dit que si on est payé et ben c'est normal et que c'est pas comme si c'était un service qu'on rendait.
- Ton père est un homme avisé.
- Non, il est maréchal-ferrant. 'voir.
Il détala laissant les Hyliens à nouveau seuls face à la maison qui fermait l'impasse.
- Link, je sais que ce n'est pas vraiment le bon moment pour te dire ça, mais il faut que ça sorte. Je te l'avais bien dis ! exulta Zelda.
- Tu es fière de toi, hein ?
- Plutôt fière, oui.
Le héros du temps ne répondit pas ayant la désagréable impression qu'il n'aurait pas le dernier mot de sitôt et poussa la porte qui roula sur ses gonds dans un grincement sinistre.
Ils se retrouvèrent dans une pièce sombre et enfumée qui contenait plus d'encens de tous genres que d'oxygène. De nombreuses étagères croulaient sous les bocaux contenant divers liquides et choses innommables. Quant aux choses auxquelles on aurait pu attribuer un nom, Link préféra les effacer de sa mémoire.
Au centre de la salle se trouvait une femme qui les observait d'un regard perçant. D'âge indéterminé, son visage était dissimulé sous plusieurs couches de maquillage qui lui donnaient un aspect effrayant, effet qu'accentuait encore sa robe violette qui semblait lui couper la circulation sanguine. Une escouade de bijoux argentés et gravés de symboles cabalistiques ornaient la moindre parcelle de peau et tintaient au moindre de ses mouvements. Elle avait des yeux aussi noirs que son épaisse et grasse chevelure qui lui arrivait à mi-dos.
- Approchez, faites comme chez vous, invita-t-elle d'une voix qu'agrémentait un accent indéterminé. Je suis madame Fanfreluche, il paraît que vous me cherchiez, Princesse d'Hyrule ?
- C'est exact. Je voudrais vous poser des questions à propos...
- Du mal sans visage, la coupa-t-elle.
- Oui.
- Alors prenez un siège car cela risque d'être un peu long.
Les jeunes gens s'exécutèrent plutôt en confiance bien que Link garda la main sur le pommeau de son épée. La femme s'en rendit compte mais se contenta de sourire à l'attention du héros l'air de dire "si tu crois que ça peux m'arrêter, tu te trompes mon p'tit père".
- Nous vous écoutons madame Fanfreluche, dit Zelda.
- Ça a été la pire bêtise que j'ai jamais faite. Nous sommes quatre. Au début, nous avions conscience de nos existences respectives bien que nous ne soyons jamais rentrés en contact. Puis un jour, c'est arrivé. Lors d'une réunion de magiciens chez des amis communs nous nous sommes rencontrés. Ça n'a vraiment pas été le grand amour, je vous le dis... mais pas de la haine non plus. L'alcool coulait à flot et une parole prononcée plus haut que les autres nous amena à nous défier mutuellement. Quelle belle bataille, vous auriez vu ça ! Puis quelqu'un a essayé de s'interposer. Alors nous avons uni nos pouvoirs afin de se débarrasser du gêneur. Nous nous sommes ainsi rendu compte qu'ensemble, nos pouvoirs dépassaient l'entendement. Par la suite, on se réunissait de temps en temps afin de tenter certaines expériences. Mus par notre succès, nous essayions des sorts de plus en plus importants... Le dernier en date fut d'invoquer le mal sans visage...
- Vous voulez dire que vous avez fait ça uniquement dans le but de vous amuser ! s'insurgea Link.
- Je n'en suis pas très fière, chevalier, je l'avoue. Mais pour ma défense, je dirais qu'à ce moment-là, nous avions tous une dent contre le pouvoir. Ces messieurs avaient envie d'accroître le leur, quant à moi... c'était uniquement par égoïsme.
- Par égoïsme ? s'étonna la princesse.
- Je vous enviais, Princesse, à un point que vous ne pouvez imaginer.
- Mais pourquoi donc ?
- Vous êtes jeune et belle, tout le monde vous respecte et cela malgré le fait que vous pratiquez la magie. En général les sorciers effraient les esprits faibles alors leur réputation en découd. On me respecte uniquement parce que l'on me craint alors que vous c'est pour votre charisme. Je voulais être comme vous... en réalité, je voulais être vous. Je suis vraiment désolée, c'était un coup de tête idiot.
- Et vous voulez réparer ce coup de tête ? s'enquit Link.
- Je vais vous aider, certes. Mais pas pour cette raison. Voyez-vous en l'invoquant, nous savions pertinemment qu'il pouvait échapper à notre contrôle à tout moment... Mais nous nous pensions supérieurs... Elle a fait du château son antre et moi je le voulais, ce château. Nos avis ont différé et elle a tenté une attaque. Nous avons fortement lutté et avons réussi à éviter le pire. Mais j'ai senti son pouvoir... elle est puissante... trop puissante. Mes amis pensent pouvoir la contrôler mais moi je sais... Elle attend son heure. Elle est patiente. Vous savez ce qu'elle fait à ses maîtres lorsqu'elle se retourne contre eux et qu'ils flanchent ?
- Je dois avouer que non, murmura Zelda qui se remettait lentement de sa surprise.
- Elle les enferme dans sa tanière et les y maintient en vie. Elle a besoin de leurs pouvoirs vous comprenez... nous ne serons plus que quatre plantes vertes qui n'attendront plus de la vie qu'une mort proche et brève. Je ne veux pas finir comme ça vous entendez ? C'est hors de question !
- Je peux le comprendre... Nous savons que pour l'éliminer, il faut qu'elle s'incarne dans notre dimension, reprit la princesse.
- Je le sais aussi. J'ai rompu mon pouvoir avec elle mais ce n'est pas ce qui va l'arrêter.
Elle se leva, attrapa un parchemin sur l'une des étagères et le présenta au septième sage.
- Voici une carte, poursuivit-elle, elle vous indique où mes confrères se trouvent. Malheureusement, ils ne voient pas la nécessité de renvoyer cette créature et il va alors vous falloir les affronter. Comme je vous l'ai dit, nous étions quatre, moi, le maître de la nature, Mudros le nécromancien, le maître des morts, Aziro, le maître des esprits et enfin, Gadan, le maître des éléments. Et pour finir voici le symbole de mon alliance avec le mal sans visage.
Elle lui présenta un petit pendentif en argent qui avait la forme d'un cercle.
Pour sa part, Link qui commençait à s'ennuyer ferme, tenta d'inspecter les bocaux plus en détail malgré sa répugnance. Il en souleva un pour mieux l'observer mais le reposa immédiatement : il contenait des foetus de rats...
- Link, tu ne devrais pas jouer avec ça, le sermonna l'Hylienne.
- Ecoute ta souveraine, elle a parfaitement raison, approuva madame Fanfreluche.
- Ces trucs peuvent être dangereux ? demanda-t-il.
- Non, mais ils ont parfois des effets secondaires indésirables...
Il haussa les épaules et s'empara d'un nouveau bocal qui contenait une fine poudre rose. Il ouvrit le couvercle et renifla. Alors tout se passa très vite. Il éternua, reboucha le flacon qu'il rangea et s'apprêta à s'asseoir lorsque son visage prit une expression étrange puis il fonça vers la sortie sans prendre la peine de refermer la porte et se jeta dans une mangeoire pleine d'eau.
- Un aphrodisiaque très puissant, précisa la sorcière.
- Tout s'explique... répondit calmement la jeune fille.
- Il a beaucoup de sang-froid ce jeune homme, j'en connais d'autres qui auraient agi d'une toute autre façon pour se calmer... si vous voyez ce que je veux dire.
- Beaucoup trop de sang-froid, en effet.
- Est-ce un reproche ?
- Une exaspération. M'avez-vous mise au courant de tout ce que je devrais savoir ?
- Oui.
- Très bien, alors je vais vous laisser.
- Au revoir Princesse. Ne la laissez pas me détruire.
- Je ferai mon possible.
- Cela ne sera peut-être pas suffisant.
- Il faudra tout de même faire avec, répondit froidement la jeune fille.
Dans un dernier salut, elle alla retrouver Link qui pataugeait toujours dans sa baignoire improvisée.
- On t'avait pourtant prévenu..., susurra-t-elle.
- Je sais... mais par pitié Zelda, laisse-moi seul, je te retrouverai lorsque tout sera redevenu normal, supplia-t-il.
- Très bien... mais que cela te serve de leçon !
Elle s'en allait vers le centre du village lorsqu'un "ça alors !" provenant de Link la fit se retourner : là où se tenait précédemment la maison de madame Fanfreluche, il n'y avait plus qu'un mur.

***

Plus tard, Zelda fut rejointe par un Link trempé mais parfaitement serein. Elle ne put s'empêcher de rire encore du comique de cette situation, mais cette fois-ci le jeune homme partagea sa bonne humeur.
- La curiosité tue le chat c'est bien connu... reconnut-il.
Les quelques villageois présents désapprouvaient cette attitude infantile tout à fait déplacée dans un moment de crise bien qu'en réalité, ils étaient simplement frustrés de ne pas connaître la cause de cette hilarité.
- Tout à fait... Bien, que faisons-nous à présent ? répondit la princesse.
- C'est toi le chef... Tu décides.
- Selon la carte que madame Fanfreluche nous a fournie, la demeure de Mudros se trouve dans les montagnes de la mort. Nous n'avons qu'à profiter de l'hospitalité de Darunia pour la nuit afin de commencer notre périple dès demain. Alors, qu'en penses-tu ?
- Ça me va parfaitement...

Chapitre 7 : Au domaine goron   up

Au village goron, la situation était moins tendue qu'à Cocorico grâce aux paroles rassurantes de Darunia. Aussi, Link et Zelda reçurent-ils un accueil chaleureux et échappèrent aux revendications de Gorons en colère.
L'après-midi durant, ils tracèrent un plan de route et se chargèrent de préparer vivres et matériel. Ainsi le soir, tout était prêt et ils purent passer le reste du temps sans se soucier d'autre chose que de ce qu'ils trouveraient dans leur assiette. Heureusement pour eux, ils eurent droit à de la cocotte grillée bien que le peuple de pierre soit horrifié à l'idée que l'on puisse manger autre chose que les délicieux gigots de pierre de la caverne dodongo.
Attablés chacun à un côté de Darunia, ils profitaient un maximum de ce moment de repos auquel les problèmes ne tarderaient pas à succéder.
- Alors mon frère, passes-tu un bon moment ? demanda Darunia à Link.
- Tout est parfait.
- Link ! Viens ! Je voudrais te montrer à quel point je suis rapide à la course, le héla le fils de Darunia que son père avait eu la bonne idée de nommer également Link en l'honneur de son frère de sang.
Le chevalier soupira, trop gentil pour dire "non", et suivit le jeune Goron avec des pieds de plomb. Zelda l'observa jusqu'à ce qu'il disparaisse de son champ de vision et se retourna vers son hôte.
- Ton fils a l'air de beaucoup apprécier Link.
- Oui, Link a été déclaré héros des Gorons après avoir sauvé mon peuple de la famine, alors c'est l'idole de nos jeunes.
- Il y a une autre chose que je me demande. Depuis que je te connais, je n'ai jamais eu le plaisir de rencontrer madame Darunia...
- Ah ma chère et tendre... En ce moment elle est à Termina chez nos cousins. Mais tu as déjà dû la rencontrer, elle t'a sûrement abordée sans se présenter, voilà tout.
Zelda esquissa une moue gênée et s'éclaircit la gorge.
- A vrai dire, quand bien même elle l'aurait fait, je ne l'aurais pas reconnue... Je suis désolée de dire ça, surtout ne te fâche pas mais... Je ne sais toujours pas faire la différence entre un Goron mâle et un Goron femelle, avoua-t-elle.
- Je ne t'en veux pas. La différence est si subtile que quiconque n'étant pas goron ne la voit pas.
- De toute manière, l'important est que vous, vous la remarquiez, cette différence.
- Pôpa ! pôpa ! C'est incroyable ! En fait, Link est un Goron et il m'a battu à la course ! Mais il a un peu triché, il a utilisé de la magie qui lui a fait pousser des pics et qui le faisait avancer plus vite.
La vue du jeune Link tout excité et accourant en hurlant des idioties comme un dingue jeta un froid sur l'assemblée et le silence se fit. Le petit Goron le remarqua et, penaud, s'enfuit dans la hutte de son père. Quelques murmures parcoururent l'assemblée goronesque. Puis le héros du temps entra à son tour, rouge, et espérant à tout prix devenir aussi petit qu'une souris afin de rentrer dans un trou.
- Euh... La journée a été un peu dure pour tout le monde et avec tous ces événements... Je propose que chacun rentre chez lui... parvint à articuler Darunia.
Alors tout le monde rejoignit son antre en espérant découvrir le fin mot de cette histoire, le chef et ses deux hôtes, eux, entrèrent chez le sage du feu.
- Je te jure pôpa, je l'ai vu ! J'ai pas rêvé ! Dis-le-lui Link !
- Ton fils a raison, approuva le héros du temps, mais je te jure que je n'ai pas triché volontairement, ma magie se met en route toute seule, je la contrôle pas !
- Link... intervint Zelda, je ne pense pas que ce soit de ça dont nous parlions...
- Non ? demanda-t-il innocemment.
- Je pense que tu devrais plutôt raconter comment tu as obtenu cette capacité à Termina...
- Oh bien sûr ! Que je suis bête ! Voilà, lors de mon voyage à Termina, un Skull Kid qui s'était échappé des bois perdus, s'est emparé d'un masque très puissant, le masque de Majora, et s'en est servi pour faire des farces monstrueuses. J'en ai moi-même été victime car il est parvenu à me transformer en Mojo. Bon, pour faire court, grâce à l'ocarina et à l'aide du vendeur de la foire aux masques qui se trouvait en voyage d'affaire là-bas, j'ai appris une mélodie qui me permet d'apaiser les âmes et de les transformer en masques magiques. Tout au long de mon aventure, j'ai récolté de nombreux masques dont notamment un masque mojo, un masque zora et un masque goron. Voilà comment je peux me transformer en Goron.
- Tout s'explique alors... Mais finis ton histoire, elle m'intéresse, quémanda Darunia.
- Bien voilà. Il me fallait éveiller les quatre géants qui devaient m'aider à maîtriser Skull Kid avant qu'il ne fasse tomber la lune sur Bourg Clocher. Ceci fait, on a constaté avec horreur que Skull Kid n'était pour rien là-dedans et qu'en réalité c'était le magicien Majora qui s'était emparé de lui. Je l'ai donc suivi sur la lune pour le défier. Au fait, vous saviez qu'il y avait une prairie sur la lune ? (Link remarqua les regards posés sur lui.) Euh... bon, passons... J'ai dû me débarrasser de tous mes masques sauf de mes masques mojo, goron, zora et celui de la puissance des fées. Mais tout s'est bien terminé, la preuve : Bourg Clocher est toujours là.
- Tu nous as fait la version ultra courte là ! grogna Link-le-goron.
- Je suis désolé mais tout raconter en détail serait trop long, Zelda peut en témoigner.
- Oui, c'est exact, réagit celle-ci.
- Mais moi je veux la version longue ! réclama le fils de Darunia.
- Ne te fâche pas, je te promets de te la raconter... une autre fois.
- Hum... très bien...
- Tu es un Goron raisonnable, tu iras loin, sermonna Link.

Chapitre 8 : Mudros le nécromancien   up

Le soleil s'était levé depuis peu et éclairait déjà abondamment le paysage aride des montagnes de la mort. Seules les deux silhouettes qui avançaient d'un bon pas venaient déranger la paisible vie de petits animaux faméliques qui occupaient le territoire. Le chemin, malheureusement très escarpé, ralentissait leur marche, mais comme aucun incident majeur ne fut à noter, ils parcoururent une bonne partie de la route qu'ils s'étaient assignée. Aussi c'est épuisés mais contents de leurs prouesses qu'ils s'arrêtèrent au coucher du soleil afin de prendre un repos bien mérité. Ils s'installèrent sous un petit renfoncement de la roche qui les protégerait du vent et éventuellement de la pluie.
- Je suis exténuée, je n'ai pas vraiment l'habitude de marcher aussi longtemps... Je ne sens même plus mes pieds, se plaignit la princesse.
- Je te rappelle que c'est toi qui as insisté pour m'accompagner dans ma quête.
- Tu ferais mieux, lorsque tout ceci sera fini, de me rappeler de faire construire des routes convenables.
- C'est certain qu'aujourd'hui ça nous aurait été très utile.
Elle se leva sans un mot et passa derrière un rocher. Intrigué, Link s'approcha et lui demanda :
- Quelque chose ne va pas ?
- Serait-ce trop te demander que de me laisser un peu d'intimité pour que je puisse faire un brin de toilette ?
- Oh ! désolé... Je vais... Je n'ai qu'à...
- Aller chercher du bois, termina-t-elle sèchement.
- Oui, c'est ça, c'est ce que je voulais faire, répondit-il. Puis pour lui-même : dans un endroit où il n'y a quasiment pas de végétation...
Finalement, un petit feu réussit à être allumé grâce à quelques brindilles. Il lançait quelques ombres dansantes sur les silhouettes rougies des deux amis. La nuit était noire d'encre et le silence pesant. Zelda se leva et plaça son sac de couchage entre le feu et Link.
- Tu as froid ?
- Non, c'est juste que... je ne suis pas très rassurée.
- Tu as affronté des démons, toutes sortes de monstres et tu as peur du noir ! Je n'arrive pas à le croire..., se moqua-t-il.
- Non, je n'ai pas peur du noir. Le noir ne me dérange pas s'il y a quatre murs et un toit au-dessus de ma tête. C'est juste que s'il y a des... choses cachées, on ne pourra pas les voir et on fera des proies faciles. Je ne suis pas une guerrière, ne l'oublie pas, je ne suis qu'une princesse... J'ai des faiblesses comme tout le monde. Le problème est que depuis toute petite on m'a toujours appris à les cacher. Tu vois, les gens suivent leur souverain quoi qu'il fasse donc si je suis calme et sereine, le peuple ne s'en fera pas trop alors que s'il voit que je m'affole, il va paniquer, se confessa-t-elle.
- Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle. Maintenant que tu le dis, je ne t'ai jamais vue perdre pied... j'imagine que cela doit être difficile.
- Oui. Mais avec toi, ce n'est pas pareil. Tu es quelqu'un de fort et d'équilibré, si je me montre vulnérable, tu ne vas pas pour autant paniquer et faire n'importe quoi. C'est pour cela que j'aime passer du temps avec toi, je me sens en confiance et je n'ai pas peur d'être ce que je suis...
- La confiance que tu m'accordes me touche beaucoup. Mais ne t'inquiète pas, je te protégerai si jamais il y a un problème. J'essaierai même d'intervenir avant que tu te fasses enlever ! Bon, trêve de plaisanteries, si ça peut te rassurer, je peux te prêter mon épée.
- Je crois qu'elle sera plus utile entre tes mains. Mais, merci quand même.
- Tu es bien installée, ça va ?
- Ça manque de soie et de matelas... mais je survivrai !
- Ravi de te l'entendre dire. Bonne nuit Zelda.
- Bonne nuit Link.
Apparemment la princesse d'Hyrule s'était alarmée pour rien car aucun problème ne survint pendant la nuit ni pendant la journée qui suivit. Leur chemin était si paisible qu'ils en vinrent à penser qu'ils n'avaient pas pris la bonne direction.
Après vérification, ils conclurent qu'ils ne s'étaient aucunement trompés de chemin. Ce fait posa alors une question plus terrible et plus lourde en conséquence : Et si madame Fanfreluche leur avait menti ? Après tout, il ne fallait pas oublier qu'elle leur avait elle-même avoué qu'elle avait participé à l'incantation... peut-être avait-elle simplement voulu les éloigner d'Hyrule pour une bonne raison.
Se demandant dans quel état ils retrouveraient leur terre, ils durent cependant prendre une décision. Le problème étant que peut-être il n'y avait rien à Hyrule, que madame Fanfreluche était de bonne foi et que Mudros avait tellement confiance en ses pouvoirs qu'il pensait inutile le fait de protéger les abords de sa demeure. Finalement ils optèrent pour finir leur chemin, qui n'était désormais plus très long pour parvenir au prétendu emplacement de la forteresse du nécromancien. De toute manière, s'il s'avérait qu'on leur avait menti, ils pourraient toujours se téléporter pour un retour plus rapide.
Le soleil, ayant fini sa course à travers le ciel, devenait d'un rouge sang lorsque les Hyliens parvinrent au dernier tournant. Devant eux se tenait un château aux murs noirs au-dessus duquel flottaient des centaines de vautours et de corbeaux.
Les volatils ne faisant pas mine de vouloir les attaquer, ils s'approchèrent et purent ainsi observer l'édifice de plus près. Entièrement recouvert de sculptures représentant os, crânes et symboles de la mort en tous genres, c'était la représentation type du genre d'endroit que l'on préfère éviter à minuit le jour d'Halloween. En réalité même en plein midi par une belle journée d'été, il flanquerait la frousse... Ce qui était précisément le cas pour les deux compères qui ne se décidaient pas à entrer malgré le fait que le pont-levis était abaissé et qu'il semblait n'y avoir aucun garde. Rejet encore accru par l'inscription surmontant la porte qui fit frémir Zelda à tel point qu'elle se refusa à la traduire au jeune homme.
- Quel endroit lugubre... Il me rappelle la tour de Ganon, murmura Link.
- Il est encore plus effrayant.
- Bon, quand faut y aller, faut y aller, s'encouragea-t-il avant de s'avancer dans le lieu maudit.
A peine avaient-ils franchi la grille qu'elle se referma violemment derrière eux. Pris au piège, ils se retrouvèrent acculés dans la cour du château lorsqu'une horde de Stalfos les attaqua. L'épée de Link faisait des ravages tout comme les attaques d'énergie de la princesse, aussi, ils en vinrent tout de même à bout. Ils entreprirent alors de se diriger à l'intérieur même de la bâtisse.
Ils arrivèrent ainsi dans un long couloir sommairement éclairé par quelques flambeaux. Le silence qui régnait en ces lieux était affreusement oppressant et l'air semblait pétri d'une peur ambiante.
Link, suivi de Zelda, pénétra ainsi dans une salle obscure. A l'autre bout de la pièce, sur un trône formé d'ossements humains, était assis un homme qui les observait sans qu'aucune expression puisse se lire sur son visage. Le seul adjectif qui vint en tête aux deux Hyliens pour le décrire fut "squelettique". Peut-être un jour avait-il été humain, mais de ce temps, il ne restait rien. Il était grand et maigre, son visage anguleux était creusé et d'énormes cernes pochaient ses yeux. Il semblait plus mort que vivant.
- Qui êtes-vous et que venez-vous faire en ces lieux, simples mortels ?
- Je suis Zelda et voici Link.
- La princesse d'Hyrule et son gentil toutou... C'est trop d'honneur que de vous recevoir en ma demeure.
Suivant son rôle de souveraine, Zelda tenta la diplomatie :
- Mudros, nous sommes venus vous demander de rompre tout lien avec la créature. Aucune réprimande ne vous sera faite si vous acceptez sans faire d'histoires.
- Oh c'est trop aimable à vous... Sachez, petite sotte, que personne ne peut effrayer Mudros le nécromancien.
- Retirez immédiatement vos paroles, s'insurgea Link.
- Non Link, du calme... Mudros, si cette créature se retourne contre vous, el...
- Ça suffit ! trancha-t-il. Fanfreluche est une faible, elle n'avait pas le cran pour faire ça. Mais, moi... moi, je suis le pouvoir ! Et rien ni personne ne m'arrêtera.
- Dans ce cas, je me vois dans l'obligation de vous défier... répondit simplement le héros du temps.
- Alors en garde !
Le sorcier se leva et commença à incanter. La salle devint encore plus obscure et les ombres commencèrent à se mouvoir. Zelda réagit aussitôt et se prépara à lancer un sort le temps que Link dégaine son épée.
- A non pas de ça ! répliqua le sorcier en emprisonnant la princesse derrière un rideau de feu. C'est entre lui et moi. Je vous appelle, enfants de la nuit, créatures des cauchemars ! Rejoignez votre maître et éliminez la lumière !
Venus de nulle part, des Stalfos, des Tetdoss et des Sakdoss affluèrent et attaquèrent le héros. D'attaques cyclones en parades, il parvenait rapidement à se débarrasser de ses assaillants mais aussitôt les morts ré-attaquaient, toujours plus nombreux.
Une douleur au dos le prévint qu'il était désormais encerclé. Tranchant la tête de son bourreau, il sentait l'espoir le quitter peu à peu. Ils étaient trop nombreux, beaucoup trop nombreux...
Il avait déjà eu affaire à ce genre d'adversaires dans le château d'Ikana à Termina. Une idée lui traversa alors l'esprit : les créatures des ténèbres craignent la lumière. Il se tailla alors un chemin dans le flot d'ennemis et se précipita à l'autre bout de la salle. Il mit à profit les quelques secondes qui lui étaient ainsi accordées pour enflammer des flèches et les lancer sur les panneaux de bois qui se consumèrent. Déjà ses ennemis étaient à nouveau sur lui.
Mudros éclata de rire.
- Tu n'es pas si bête que tu en as l'air, pauvre fou... J'avoue que ton idée aurait parfaitement fonctionné si le soleil ne s'était pas couché il n'y a même pas une heure.
Alors tout était perdu... il ne tiendrait jamais jusqu'à l'aurore. Une autre blessure. Il ne chercha même pas à éliminer le coupable : il se relèverait aussitôt de toute manière. Parmi les cris bestiaux qui emplissaient la salle, il parvint à distinguer une voix douce et inquiète. Zelda. Elle lui criait quelque chose à propos de... Il tendit l'oreille ce qui lui valut une lacération à la jambe. L'ocarina ? Pourquoi avait-elle besoin de l'ocarina ? Ne cherchant pas à comprendre, il lança à l'Hylienne le précieux ocarina du temps.
Un Stalfos fit tomber le chevalier... comme au ralenti, la lame du squelette se leva et cogna... le cristal bleuté qui protégeait le héros. Soulagé, épuisé, celui-ci ne réagit pas et resta passif quelques instants. Il crut entendre une mélodie légère comme le chant de l'oiseau, il connaissait cette mélodie : le chant du soleil.
Des fenêtres ouvertes, un lent rayon de lumière pénétra la salle et l'envahit de clarté. Les morts gémirent, agonisèrent et disparurent pour de bon. Le cristal protecteur cessa de faire son effet et Link, se remettant debout, décocha une flèche de lumière sur le sorcier. Le nécromancien tomba à terre et le héros du temps le frappa avec son épée.
Mudros, sonné, hurla et s'éloigna de ce fer agressif et douloureux. Il se fit alors surprendre par un rayon de soleil...
- Noooooon.
Ce fut son dernier cri. Sa peau fuma et disparut laissant place à un squelette qui fut rapidement réduit en cendres.
Zelda s'approcha des restes de Mudros, ramassa le pendentif et rejoignit son chevalier... juste à temps pour le recevoir dans ses bras lorsqu'il s'écroula. Elle porta une nouvelle fois l'ocarina du temps à ses lèvres et joua le menuet des bois. Ils furent ainsi téléportés au temple de la forêt et de là, elle le transporta à la cabane de Saria. La Kokiri fut étonnée de les voir apparaître aussi soudainement mais constatant l'état de son ami d'enfance, elle aida le septième sage à l'allonger sur le lit.
- Zelda, j'ai mal...gémit le héros.
- Je sais... tout est fini, ça va aller mieux maintenant.
Elle continua de lui murmurer des paroles réconfortantes à l'oreille tandis qu'elle lui transférait une partie de son énergie afin de le soigner. Peu à peu Link fut soulagé et s'endormit. Elle le borda, l'embrassa sur le front et sortit en adjoignant Saria de la suivre.

Chapitre 9 : En route vers le désert   up

Après avoir abandonné Link à un sommeil bien mérité, Zelda et Saria s'étaient dirigées vers la clairière de l'arbre Mojo afin que la princesse d'Hyrule puisse faire son rapport aux autres sages.
- Zelda ! Tout va bien ? s'enquit Impa à l'approche de sa protégée.
- Oui, nous avons réussi... Link a été un peu amoché mais désormais tout va bien et il dort comme un bienheureux.
- Cette madame Fanfreluche n'avait donc pas menti ? constata Ruto.
- Non en effet. Nous possédons désormais deux des quatre talismans.
Un murmure d'approbation parcourut les sages à l'entente de cette nouvelle victoire sur le mal qui s'en prenait à Hyrule. Ils étaient tous également conscients que bien qu'il ait éprouvé quelques difficultés, Link était une fois encore capable de mener à bien sa destinée. Cependant, ils venaient peut-être de remporter un combat mais malheureusement pas la guerre, c'est pourquoi Nabooru exposa l'avis de tous en demandant :
- Quel est le prochain objectif ?
- Ça tombe bien que tu poses cette question Nabooru, répondit Zelda, car Aziro vit près de ton territoire.
- Je serais ravie de vous accueillir. Mais tu connais mes filles... pour toi il n'y a aucun problème. Mais pour le gamin... tu lui donneras ça.
La chef des Gerudos tendit au septième sage un petit bout de carton où quelques mots étaient inscrits.
- Qu'est-ce que c'est ? s'enquit Zelda.
- Une carte de membre. Il pourra ainsi aller et venir à sa guise. De toute manière, il l'avait déjà remportée, mais vu que mes guerrières n'ont gardé aucun souvenir du règne de Ganondorf...
La princesse acquiesça, elle comprenait. Elle-même éprouvait parfois ce genre de difficultés avec les Hyliens. Soudain, sa mine soucieuse disparut au profit d'un sourire discret.
- Nabooru ? reprit-elle.
- Oui ?
- Il n'est plus un gamin tu sais...

Le désert : vaste océan de sable jaune et brûlant qui s'étend à perte de vue, servant de territoire aux voleuses Gerudos. Au coeur de la vallée, dans la forteresse, Link et Zelda profitaient d'un moment de repos après la longue traversée d'Hyrule qu'ils venaient d'effectuer. Ils étaient tous deux confortablement installés sur des coussins devant un bon repas, en compagnie du sage de l'esprit.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda Link.
- Ouvre, tu verras bien, minauda Nabooru.
Il s'exécuta et déchira avidement le papier qui entourait l'objet révélant ainsi un magnifique bouclier, au bord d'un rouge métallique, au centre duquel était incrusté un miroir gravé d'une lune et de quelques étoiles.
- Le bouclier miroir ! s'écria-t-il.
- C'est le cadeau du peuple Gerudo au Héros du Temps. De toute manière, il te revient de droit.
- Merci, Nab. J'avais récupéré un autre bouclier miroir à Termina mais je préfère nettement celui-ci. Et lorsque les sept années ont été effacées, il faisait partie des choses que je regrettais...
- Et peut-on savoir quelles étaient les autres choses ? s'enquit la princesse.
- Oh... euh... disons que c'était surtout des personnes... et l'épée de légende, bien entendu.
Un peu honteux et s'en voulant d'avoir parlé un peu trop vite, Link observa attentivement les murs, en évitant soigneusement de regarder la blonde Hylienne qui se trouvait à son côté sous peine de se mettre à rougir.
Zelda et Nabooru échangèrent un regard complice, le petit manège du Héros du Temps n'avait échappé ni à l'une, ni à l'autre. Puis, prise de pitié pour le jeune Hylien, la Gerudo changea de sujet :
- Etes-vous sûrs de vouloir traverser le désert de nuit ? Vous êtes les bienvenus ici et nous avons suffisamment de chambres.
- C'est vraiment gentil Nabooru, mais la température sera plus supportable ainsi, répondit Zelda.
- Oui, c'est juste, reconnut-elle.
- D'ailleurs je crois qu'il est temps pour nous de partir, constata Link en jetant un coup d'oeil par la fenêtre.

Chapitre 10 : Premières difficultés   up

Les chevaux laissaient les empruntes de leurs lourds sabots dans les dunes de sable vierges de tout autre passage. Le ciel étoilé éclairait sommairement leur chemin mais cela suffisait. Quelques heures à peine après leur départ, ils étaient arrivés devant une immense muraille de pierre, totalement infranchissable.
- Que faisons-nous ? demanda un beau jeune homme blond tout de vert vêtu.
- N'oublie pas qu'Aziro est le maître des illusions, répondit sa compagne elle-même vêtue d'une tunique mauve et d'un pantalon blanc.
- Il faut que j'utilise le monocle de vérité ?
- Essaie toujours.
Link porta l'oeil de vérité à son visage et put ainsi constater qu'il y avait un passage en plein centre de la falaise.
- C'est par-là.
Ils pénétrèrent ainsi dans une vaste grotte qui leur laissait un choix de sortie sur deux portes.
- Laquelle choisir ? Elles sont réelles toutes les deux... se questionna le Héros du Temps.
- L'une débouche sur la liberté, l'autre sur la mort.
- Tu en es sûre ?
- Non, c'est juste une citation. Il se peut qu'elles soient toutes deux un piège ou qu'elles nous fassent sortir. Je propose que j'ouvre la porte de droite pendant que tu ouvriras celle de gauche.
- Mais ça pourrait être dangereux...
- Je sais me défendre, Link, répondit-elle sèchement.
Ils descendirent de leur monture et s'approchèrent chacun d'une porte.
Zelda posa la main sur la poignée argentée avec un soupçon d'appréhension. Puis elle se décida à agir. La serrure émit un grincement et la porte roula sur ses gonds... La vaste pièce dans laquelle la princesse venait de déboucher, était apparemment vide et très haute de plafond. Etrange. Elle avança prudemment, et, sans qu'elle ne s'en rende compte, son pied buta sur un mince fil de soie qui, sous le choc, se brisa...
Link souffla un bon coup puis ouvrit brusquement la porte. Elle donnait sur une vaste plaine couverte d'herbe, le soleil n'était pas encore levé mais ce qu'il distinguait permettait déjà de dire que le paysage serait aussi beau que celui des infinies plaines d'Hyrule. Soulagé, il comprit qu'il venait de trouver la sortie, il n'avait plus qu'à prévenir sa princesse et ils pourraient reprendre leur route.
Soudain, un grand fracas d'objet brisé suivi d'un cri de surprise émanant d'une voix qu'il ne connaissait que trop bien, tira le Héros de Temps de sa rêverie. Il se précipita comme un fou et arriva au seuil de l'autre porte. Devant lui, Zelda semblait effarée. Elle était en vie et ne semblait pas blessée.
- Ça va ? Pourquoi as-tu crié ? lui demanda-t-il mi-agacé, mi-soulagé.
"Je sais me défendre, Link, hein..." ne put-il s'empêcher de penser d'un ton ironique.
- Link ? Où es-tu ? s'enquit la princesse.
Il s'avança un peu plus. Son pied écrasa quelques morceaux de coquille mais il ne s'en préoccupa pas car autre chose le perturbait : Zelda avait tourné la tête vers lui, mais son regard semblait le traverser.
- Je suis là, tout va bien..., répondit-il d'un ton rassurant.
Il lui prit la main. Surprise, la princesse eut un petit mouvement de recul.
- Link, que se passe-t-il ? Je ne vois plus rien...
Il fit faire quelques passages à ses mains devant les yeux du septième sage, mais elle ne réagit pas.
- Tu es aveugle Zelda...
Elle s'affola un peu plus.
- Aveugle ? Par les déesses. Link ! Mes yeux ! Comment sont mes yeux ?
- Eh bien... Ils sont... toujours bleus ?
- Non, je veux dire, ont-ils été brûlés ou un voile les recouvre-t-il ?
- Non, tout me parait normal.
- Mais alors... comment ?
Il se rappela alors un détail qui lui paraissait jusque là insignifiant mais qui avait son importance, il le comprenait bien maintenant. Il regarda le plafond et jeta un rapide coup d'oeil circulaire dans la pièce.
- Une noix mojo... d'une taille sacrément impressionnante.
La princesse se calma.
- Alors tout va bien, ce n'est que passager. Quelle taille faisait-elle à ton avis ?
- Vu les débris, la taille de la pièce.
- Une noix normale n'aveugle guère plus longtemps que quelques secondes... D'après ce que je pense me souvenir de la taille de cette salle, dans un jour, deux tout au plus, j'aurai retrouvé la vue. D'ici là, il faudra s'accommoder... Aide-moi.
Il passa derrière elle et prit ses mains dans les siennes pour l'aider à se relever et à se diriger.
- Tu ne peux plus monter à cheval dans cet état. Epona est puissante, elle pourra aisément porter un poids supplémentaire. Mais si tu préfères, on peut attendre.
- Non, nous n'avons pas le temps. Assam, viens ici mon tout beau.
L'étalon blanc s'approcha et plaça ses naseaux dans les mains de sa cavalière. La jeune fille caressa l'imposante tête.
- Assam, je ne peux plus te monter pour l'instant... Tu vas retourner chez Nabooru. Tu entends Assam ? A la Vallée Gerudo. Tu vas gentiment m'attendre là-bas, d'accord ? Allez, va maintenant.
Le cheval hennit et sortit d'un pas nonchalant.
Link reprit Zelda et l'amena à Epona. Il posa la main gauche de la princesse dans l'épaisse crinière blanche et la droite sur la selle puis il lui souleva la cheville.
- A trois. Un. Deux. Trois ! ordonna-t-il.
Le chevalier souleva la jambe de la jeune fille tandis qu'elle tirait sur ses bras afin de se hisser sur la selle. Habituée à l'art équestre, ce petit exercice ne lui posa aucun problème.
Enfin, Link monta derrière elle, passa son bras gauche autour de la taille de la jeune fille et prit les reines dans la droite.
- Tu es bien installée ? s'assura le jeune homme.
- Oui.
- Alors allons-y.
Epona, nullement incommodée par son passager supplémentaire, galopa vers le nord.
- Link, où sommes-nous ? demanda Zelda au bout d'un moment.
- Dans une plaine. Elle ressemble beaucoup aux plaines d'Hyrule.
- Tu me préviens si quoi que ce soit d'inhabituel te choque, hein ?
- Promis.
Ils continuèrent ainsi, l'un comme l'autre ravis de ce contact forcé.
Link, même s'il n'arrivait pas à se l'avouer, aimait beaucoup la jeune femme. A chaque fois qu'un problème lui arrivait, il se sentait inquiet et n'hésitait pas à risquer sa propre vie pour sauver la sienne. Labrynna... elle lui avait déposé un bisou malicieux sur la joue au moment où il s'y attendait le moins. Il avait alors senti son coeur fondre. Il s'était toujours demandé si elle avait fait ça parce qu'elle partageait aussi ses sentiments ou tout simplement en récompense que toute bonne princesse offre à son sauveur. Peut-être un peu des deux... du moins l'espérait-il. Il la serra un peu plus. Comme en réponse à ce geste, elle se nicha contre lui. Link était heureux, Hyrule était en danger, il était sur le sentier de la guerre et le temps pressait, mais il tenait la femme qu'il aimait secrètement au creux de ses bras et rien ne pouvait plus le perturber.
A part peut-être les quelques guerriers qui surgirent de derrière un groupe de rochers.
- Zelda, on a de la compagnie..., lui souffla-t-il à l'oreille ce qui eut tôt fait d'inquiéter la jeune femme.
Link stoppa sa jument et sauta à terre. Il dégaina son épée et un rude combat commença. Il fut tout de même content de constater que ces ennemis, une fois terrassés, restaient à terre. Cela n'empêchait pas la bataille de faire rage. Des étincelles jaillissaient de son bouclier, et des lames lorsqu'elles s'entrecroisaient. Parfois il repoussait deux ennemis à la fois et devait se protéger aussitôt, car un troisième soldat l'attaquait par derrière. Malgré tout, au bout de quelques minutes, il sortit vainqueur du combat. Une douzaine de cadavres jonchaient le sol.
Il s'apprêtait à rejoindre Epona lorsqu'un dernier embusqué, qui était resté sagement caché derrière un rocher, frappa sa nuque du plat de son épée. Le héros sombra dans l'inconscience.
Zelda entendait les bruits de combats mais elle ne pouvait intervenir car sans la vue, elle risquait de blesser Link. Puis, les bruits avaient soudain cessé, preuve que la bataille avait pris fin. Elle s'apprêtait à demander à son ami s'il était vainqueur, lorsqu'un autre bruit survint. Mais elle n'eut pas le temps de l'identifier. Epona s'était cabrée, l'envoyant sur le sol, puis était partie dans un galop fulgurant qui ne fut stoppé que par le bruit mat d'un corps qu'on écrase.
- Epona ? Epona, viens... Viens là. Epona ! appela l'Hylienne.
La jument s'approcha et posa sa tête sur la princesse. La jeune fille s'agrippa à la crinière et se redressa.
- Conduis-moi à Link. Tu comprends ? Link.
Compris ou pas, la jument commença à avancer, au pas, sentant que quelque chose n'allait pas chez la compagne de son maître. L'Hylienne se laissa guider, se demandant où Epona pouvait bien la conduire. Elle trébucha sur un obstacle mou et se retrouva de nouveau à terre.
- Je l'ai trouvé, c'est ça ? Epona, j'espère que c'est bien Link, je ne tiens pas à entrer en contact avec autre chose...
Bien entendu, la jument ne lui répondit pas... La princesse tâtonna à la recherche de formes connues. Un torse, des épaules, un cou, un visage, de longues oreilles pointues... c'était un humain, pas de doute à avoir là-dessus. Mais était-ce Link ? N'ayant pas trop le choix, elle se concentra. Apparemment, il n'était pas blessé, il était juste dans les choux. Elle entra en contact avec son esprit.
Il rêvait. Elle était seule, aveugle, sans aucun moyen de se défendre et lui rêvait... Ah ! les guerriers... Elle se retrouvait dans une prairie étrange avec un seul et unique arbre. Elle ne l'avait jamais vue, mais d'après ce que Link lui avait dit, il était possible que ce soit la prairie sur la lune. Elle avança, bien qu'elle soit contente de pouvoir utiliser ses yeux, elle aurait voulu pouvoir marcher plus vite mais dans les songes, les distances ne sont pas très significatives. Elle arriva enfin à l'arbre.
Link était là, faisant des mamours à une version pas très vêtue d'elle-même. Les rêves apprennent toujours des choses très intéressantes sur ce que sont réellement les gens ou leurs envies... mais dans le cas présent, elle aurait préféré s'abstenir. Après tout s'il y avait quelque chose entre lui et elle, y participer semblait un minimum.
Soudain le décor changea. Ils se trouvaient à présent dans le cratère du péril. Link élimina un monstre et elle s'approcha de lui avant que tout se modifie à nouveau.
- Link.
Il se retourna.
- J'ai vaincu le monstre, tout va bien maintenant, il ne t'ennuiera plus.
- Tu es en train de rêver Link....
- Quoi ?
- Je suis parfaitement réelle, Link. Souviens-toi. On était sur Epona lorsqu'on s'est fait attaquer et tu as été assommé. Il est temps de te réveiller, nous sommes tous deux en danger.
- Mais qu'est-ce que tu racontes ?
- REVEILLE-TOI ! hurla-t-elle.
Le Héros du Temps ouvrit les yeux dans un sursaut. Il était dans une plaine en compagnie de Zelda qui lui écrasa malencontreusement l'estomac en se relevant. Il ne le lui fit cependant pas remarquer et se redressa à son tour.
- Tu es entrée dans mon esprit ! lui reprocha-t-il.
- Je suis désolée, Link, mais je n'avais pas d'autres solutions.
Un doute troubla l'Hylien.
- Tu étais là depuis longtemps ?
- Non, pourquoi ? feignit-elle de ne pas savoir.
- Oh ! euh... Pour rien, juste comme ça pour savoir. Je ne me souviens pas toujours de mes rêves tu comprends... J'aurais aimé savoir, c'est tout.
- Dans ce cas je peux y retourner si tu veux.
- Non ! s'affola-t-il, puis plus posément : "Je veux dire, non ce n'est pas la peine. Euh... En route."
Ils chevauchèrent ainsi le reste de la journée sans rencontrer d'autres embuscades. Le soleil se coucha laissant ainsi à Epona l'occasion de se reposer. Il ne se passa pas grand-chose ce soir-là car Zelda avait un peu de mal à gérer ce qu'elle avait découvert dans les songes de son compagnon, quant à Link il doutait tout de même, et à raison, de l'affirmation de la princesse. Une bonne nuit de sommeil arrangea tout ça.

Chapitre 11 : Aziro le maître de l'illusion   up

- Tu te réveilles enfin. J'attendais pour ne pas que tu te retrouves seule et que tu t'inquiètes, salua Link.
- C'est gentil à toi, répondit Zelda d'une voix ensommeillée.
- Et tes yeux ?
- Je ne vois toujours rien.
- J'avais l'intention de partir en éclaireur. Mais si tu préfères, je peux rester ici.
- Non, vas-y. Je saurai me débrouiller.
- Très bien. De toute façon, si tu as le moindre problème tu n'as qu'à crier, je ne serai pas loin. Epona restera avec toi.
- D'accord.
Il lui déposa une tasse chaude dans une main et une miche de pain dans l'autre.
- Bon appétit, votre Altesse.
- Merci.
Link s'éloigna, un peu embêté de devoir laisser la princesse seule.
Une forêt faisait son apparition au bout de la plaine. Il s'y engagea. Les bois étaient particulièrement silencieux, aucun chant d'oiseau ni aucun bruissement de feuille ne se faisait entendre. Il n'en émanait aucune ambiance particulière ou peut-être juste celle qui faisait pressentir que tout cela n'était pas très naturel sans pour autant être dangereux. Il avança ainsi prudemment et parvint finalement à une grille. Link avait trouvé la demeure d'Aziro le maître des illusions. Ceci fait, il retourna rapidement auprès de sa souveraine.
Elle semblait l'avoir entendu et aussitôt elle se leva un tantinet inquiète.
- Link ? C'est toi ? s'enquit-elle.
- Oui, la rassura-t-il.
- Me suis-je correctement habillée ? demanda-t-elle en faisant un tour sur elle-même.
- Il me semble que oui... Non, attends, tu as mal boutonné ta tunique.
Il s'approcha et s'occupa à régler ce problème tout en essayant de ne pas trop laisser balader ses yeux sur ce qu'il y avait en dessous.
- Voilà qui est mieux, annonça-t-il. J'ai trouvé la tanière de notre ami. Si tu es prête, on peut y aller.
- Très bien.
Link conduisit Epona à l'endroit qu'il avait découvert précédemment. Curieusement, la grille était ouverte et semblait les inviter à entrer. Tant pis pour l'effet de surprise... Il dégaina tout de même son épée, prêt à frapper. Ils pénétrèrent dans un jardin où herbes et buissons étaient parfaitement taillés et ne laissaient apercevoir aucun défaut. Quelques fleurs, uniquement de couleur blanche, venaient trancher de leur délicatesse l'étendue verte.
- Où sommes-nous ? souffla la jeune fille consciente du silence absolu.
- Dans un jardin. Il y a beaucoup de statues autour de nous. En marbre blanc, je crois. Elles représentent toutes des femmes... Non, je crois que ce sont plutôt des déesses ou des anges. En tout cas, elles sont très ressemblantes, on pourrait croire qu'elles sont vivantes.
Un doute submergea son esprit.
- Elles ne le sont pas, n'est-ce pas ? voulut-il se rassurer.
La princesse ferma les yeux et se concentra.
- Non, ce sont juste des statues.
Ils parvinrent à l'entrée d'un manoir et se firent accueillir par beaucoup d'hommes en armes qui les menaçaient avec des arbalètes prêtes à tirer. Link les menaça également avec son épée.
- Allons mon garçon, tu vas gentiment poser cette épée et nous suivre. Tu ne voudrais tout de même pas qu'il arrive du mal à la jeune dame, commanda celui qui, vu son armure, devait être le chef.
Link n'attaqua pas mais n'obéit pas non plus.
- Link, combien sont-ils ? demanda Zelda.
- Trop nombreux.
- Alors fais ce qu'ils te disent.
- Tu devrais écouter la demoiselle, elle est la sagesse personnifiée, reprit l'homme ignorant à quel point il était dans le vrai.
- Très bien, grinça le Héros du Temps.
Il descendit d'Epona. Le chef fit signe à deux autres hommes qui le désarmèrent et le maîtrisèrent. Un autre homme attrapa Zelda et la posa à terre.
- Emmenez-le au cachot, ordonna le chef. Madame, si vous voulez bien me suivre.
Le soldat qui maintenait la princesse la bouscula afin qu'elle avance ce qui, au contraire, la fit tomber.
- Sombre idiot, elle est aveugle ! Tu n'as pas entendu le maître ou quoi !
- Je suis désolé, je ne savais pas.
- Ça oui, tu peux être désolé.
Il lui décocha une flèche entre les deux yeux et préféra mener lui-même le septième sage.
- Pardonnez-lui, belle dame, il est si maladroit... Mais ne vous inquiétez pas, je doute qu'il vous cause à nouveau des ennuis.
Zelda fut conduite dans une chambre après avoir traversé maints couloirs. On l'installa sur un fauteuil, mais elle n'eut pas longtemps à attendre seule, car bien vite un groupe de femmes vinrent s'occuper d'elle. Elle fut déshabillée, baignée, coiffée et revêtue, mais elle se laissa faire passivement car un autre détail occupait son esprit. Peu à peu ses yeux re-fonctionnaient. Elle distinguait la lumière et les couleurs bien que les formes lui soient encore interdites.
- Voilà madame. Voulez-vous que nous vous installions sur le lit ? demanda l'une des soubrettes.
- Je préférerais retourner sur le fauteuil.
- Bien ma dame.
A nouveau elle se retrouva seule. Sa vue lui revenait de façon de plus en plus rapide et nette. Une heure plus tard, tout était revenu à son état normal.
Elle se leva et regarda par la fenêtre. Elle avait une vue imprenable sur le jardin puis, plus loin, sur la forêt et enfin, tout au bout, sur la plaine. Elle pensa alors à regarder ce qu'on lui avait fait dans un miroir. Elle fut agréablement surprise par son reflet. Elle avait une robe blanche, taillée dans une soie très fine. Décolleté sur la poitrine et plus largement dans le dos, le vêtement lui enserrait la taille avant de s'évaser légèrement. Les manches lui arrivaient jusqu'au coude puis se fendaient jusqu'au poignet pour pendre de façon élégante jusqu'à ses chevilles. Un gallon fait de fils d'or lui enserrait la taille et les coudes. Nul doute que c'était là la plus belle robe qu'elle ait jamais portée. Ses cheveux avaient été relevés et étaient retenus par un cerceau d'or. Seules quelques mèches malicieuses cascadaient hors de la coiffure. A ses pieds, de magnifiques chaussures, blanches également, étaient surmontées par un talon. Elle s'admira encore quelques instants tout en s'inquiétant sur les intentions de son hôte forcé.
Puis elle se dirigea vers la porte. A sa plus grande surprise, celle-ci n'était pas fermée à clé et aucun garde ne surveillait le couloir. Elle s'y engagea prudemment. Elle erra ainsi dans l'immense manoir jusqu'à ce qu'elle rencontre un garde au détour d'un corridor.
- Vous voilà, douce dame. Tant de beauté me ravit les yeux... Je comprends mon maître désormais.
Elle reconnut sa voix, c'était le capitaine des gardes. Curieusement, il ne semblait pas vouloir la retenir.
- Si vous voulez bien me suivre, je vous mènerai à lui, reprit-il.
- Je vous suis.
Il la mena à une large double-porte et l'abandonna en s'inclinant. Elle entra et se retrouva dans une vaste pièce où il y avait une longue table, quelques armoiries sur les murs et surtout un homme qui se leva et vint à sa rencontre.
Zelda fut saisie. Elle avait rarement vu d'homme aussi beau. Il avait les trais fins qu'aucune imperfection ne venait troubler, des cheveux noirs et des yeux gris. Il était vêtu d'une tunique noire et d'un pantalon de même couleur. Il lui tourna autour quelques instants pour mieux l'admirer.
- Vous êtes si belle et si pure... Un véritable ange.
Il avait une voix très agréable et ne semblait pas nourrir de mauvaises intentions cependant ses yeux trahissaient tout de même une certaine cruauté.
- Aziro, je présume..., commença la princesse.
- C'est exact. Vous êtes une femme intrigante Zelda. Ne vous rendez-vous donc pas compte à quel point vous êtes pure et innocente ? Je recherche une telle pureté depuis tant d'années... et voilà que je la retrouve chez mon ennemi. Mais je n'en attendais pas moins de la protégée de Nayru.
- Que voulez-vous ?
- Mais je vous veux vous, Zelda. Pour cela, je vous propose un duel. Ne vous inquiétez pas, quelle qu'en soit l'issue, vous serez gagnante.
Quelle surprenante proposition ! Où donc voulait-il en venir ? Le doux visage de l'Hylienne prit une expression soucieuse.
- Dites toujours, s'avança-t-elle.
Aziro sourit légèrement.
Par les déesses, ce qu'il était beau ! Zelda se ressaisit. Il était son ennemi et non l'un des damoiseaux de la cour. Qui plus est, rien ne lui disait que ce physique si attirant n'était pas une illusion. Elle s'en assura. Non, aucune illusion dans ce corps d'Apollon. Pourquoi donc le sorcier n'était-il pas laid et affreux, les choses auraient été beaucoup plus faciles...
- Si vous gagnez, expliqua le sorcier, je vous laisse partir, vous et votre ami et je romprai mon lien avec la créature. Peut-être irais-je même jusqu'à vous aider. Mais si je gagne..." Les yeux d'Aziro s'étrécirent et son sourire s'élargit. "Alors vous deviendrez mon épouse. De cette manière je monterai sur le trône d'Hyrule de façon légale, je n'aurai donc plus besoin du mal sans visage et je romprai alors mon lien avec lui. N'est-ce pas ce que vous vouliez de toute façon ? J'épargnerai aussi sa vie...
Sans quitter Zelda des yeux, il pointa un doigt en direction de l'une des armoiries et un éclair en jaillit. En réponse, un morceau du mur pivota sur lui-même révélant ainsi Link, les poignets attachés par des liens de fer.
La princesse se précipita vers lui.
- Bien entendu, reprit Aziro, il disparaîtra loin d'ici. Je ne voudrais pas que ma femme se laisse séduire par un héros de passage. Alors, quelle est votre réponse ?
Elle se retourna et lui lança un regard mauvais avant de lancer :
- Je n'ai pas le choix de toute façon.
- On a toujours le choix...
- J'accepte, mais avant laissez-moi lui parler, s'il vous plaît.
- Allez-y, mon ange, cela vous prouvera que je ne suis pas si méchant.
Il s'éloigna vers le fond de la pièce autant pour leur laisser un peu d'intimité que pour préciser le lieu du duel.
Quant à Zelda, à défaut de mains, elle saisit délicatement le visage du héros.
- Link... Promets-moi une chose. S'il sort vainqueur, il faut que tu me jures que tu ne tenteras pas de venir me chercher et que tu resteras loin de moi.
- Je ne peux pas faire ça.
- Il ne plaisante pas Link, il ne te laissera pas de seconde chance... Et Hyrule a besoin de toi.
- A quoi cela peut-il servir que je sauve le trône si je ne peux te le remettre !
- Hyrule n'est pas qu'un trône Link, c'est aussi un peuple qui a besoin de toi. Ils croient tous en toi, tu n'as pas le droit de les décevoir.
- Alors, je te le jure, répondit-il à contrecoeur tout en baissant le regard afin de ne plus croiser le regard si expressif de la femme qu'il aimait.
- Merci. Et puis, rien ne dit que je ne gagnerai pas.
A ces mots, un pâle sourire illumina le visage de la princesse.
- Fais tout de même attention. On ne peut avoir confiance en ce genre d'individu, insinua-t-il en relevant brusquement son regard fier vers elle.
- Alors souhaite-moi bonne chance.
Elle rapprocha doucement son visage et effleura de ses lèvres la bouche de Link dans un baiser léger comme la caresse d'un rayon de soleil.
Le jeune homme souleva vers elle un regard d'incompréhension mais elle était déjà partie rejoindre le sorcier.
- Bonne chance..., murmura-t-il.

Chapitre 12 : Duel   up

Les adversaires se faisaient face, chacun prêt à réagir au quart de tour. Pourtant ni l'un ni l'autre n'osait esquisser le moindre mouvement de peur que cela ne déclenche un cataclysme. Cependant, Aziro se décida à prendre la parole :
- Etes-vous prête, mon ange ?
- Je n'en ai aucune idée... c'est mon premier duel, avoua-t-elle.
- Voulez-vous que je vous en explique les règles ?
- Inutile. Je sais pertinemment qu'il n'y en a pas, répondit-elle d'un ton acide.
Le coin des lèvres du sorcier se souleva dans un rictus amusé.
- Plus ça avance, plus vous me plaisez, Zelda. Je crois que vous prendre pour femme sera un vrai plaisir.
- Vous ne m'avez pas encore ! se fâcha-t-elle.
- Impatiente, hein ? Que le duel commence !
L'image d'Aziro devint floue quelques instants pour laisser la place à un molosse à la mâchoire impressionnante qui grogna et se prépara à se jeter sur la princesse, lorsque celle-ci prit la forme d'une panthère noire, feulant et prête à bondir toutes griffes dehors.
Il devint alors un éléphant, elle une souris. A sa vue, le pachyderme barrit et s'affola jusqu'à ce que le sorcier reprenne le dessus sur ses instincts, et ne prenne l'apparence d'une chouette. La souris se sauva en couinant pour échapper aux serres menaçantes. Au dernier moment le rongeur grossit et devint une boule lumineuse qui éblouit l'oiseau.
Aziro tomba sur le sol et reprit alors à nouveau la forme d'un chien. Zelda, quant à elle, devint un serpent sifflant, prêt à mordre au moindre mouvement.
Le sorcier voulut aussitôt se transformer en mangouste mais il n'y parvint pas. Que se passait-il ? Il avait toujours été le meilleur duelliste... Pourtant, au moment présent, il n'arrivait pas à détacher son regard des yeux hypnotiques du reptile. Après un gros effort de volonté, il réussit à reprendre forme humaine.
La princesse fit de même sans pour autant lâcher le mage des yeux. Il transpirait à grosses gouttes. Elle avait envahi son esprit et emplissait la moindre petite parcelle de son corps. Il luttait tant qu'il pouvait mais rien n'y faisait, elle était entrée en lui et prenait petit à petit de plus en plus de place.
Le septième sage restait impassible, telle une statue, les yeux plongés dans ceux de son ennemi.
Aziro tomba à genoux et s'écroula sur le sol sans pour autant pouvoir se détacher du regard transperçant. Il ignorait l'existence d'une telle magie et cela lui coûterait la victoire et peut-être la vie. Colère, regret, supplications, rien n'y faisait, il restait emprisonné en lui-même par cette femme qu'il désirait tant.
Soudain, le visage de la princesse qui, jusque là ne montrait qu'une expression sérieuse et résolue, se comprima dans un soudain effort.
Le sorcier hurla comme si on lui avait tranché quelque chose sans anesthésie et s'affala en pleurant sur le sol.
- Qu'ai-je fait... Mais qu'ai-je fait... Pardon. Je ne voulais pas.... Pardon, sanglota-t-il.
Zelda sourit sur sa victoire et s'effondra.

Chapitre 13 : Rival   up

La princesse d'Hyrule ouvrit les yeux. Elle était allongée dans un lit, dans la chambre où on l'avait conduite à son arrivée dans l'antre du sorcier, et Link était à son chevet.
Lorsqu'il remarqua que la belle au bois dormant venait de s'éveiller, il sourit et lui demanda :
- Comment te sens-tu ?
- Vidée..." Elle fit une grimace expressive ce qui arracha un sourire rassuré au Héros du Temps. "Combien de temps ai-je dormi ?"
- Deux jours.
- Pouh...
Elle refit une grimace et se laissa retomber sur son oreiller.
- Que s'est-il passé ? Aziro n'a rien pu m'expliquer mais en tout cas je peux te dire qu'il a drôlement changé, poursuivit Link.
- Oui, je voudrais savoir et vous remercier, intervint ce dernier qui venait d'entrer.
La princesse se redressa et offrit un sourire de bienvenue à son hôte. Puis elle prit la parole :
- J'ai tout d'abord essayé de me battre sur son propre terrain, mais il est fort à ce petit jeu... et on tournait en rond. Alors il me fallait changer de tactique. J'ai attendu qu'une brèche se fasse dans son esprit, ce qui se passait à chaque fois qu'il prenait une autre apparence, et j'en ai pris possession. En réalité, je cherchais la réponse à une question qui m'intriguait. Pourquoi cette constante recherche de la pureté ? D'abord les jardins avec leurs fleurs blanches et leurs statues et ensuite la façon dont il me considérait... C'était vraiment étrange. J'ai ainsi découvert qu'en apprenant la magie, il avait voulu faire le bien. Mais ça avait mal tourné et la recherche permanente d'un pouvoir plus grand encore, avait détourné son esprit de ses bonnes résolutions. Alors j'ai fait le ménage, enfin, si on peut dire. Il a lutté comme un beau diable mais je devais tenir bon." Elle se remémora la fierté qui l'avait envahie lorsque la victoire avait été sienne, puis un voile sombre passa sur son visage. "Malheureusement j'y ai laissé tout mon pouvoir et je ne l'ai toujours pas retrouvé. Je ne suis plus qu'une simple jeune femme maintenant et pour quelques temps encore."
Aziro s'approcha du chevet de la demoiselle, tomba à genoux et lui saisit la main avant de prendre la parole :
- Je veux vous remercier Altesse. On m'a toujours appris que la magie avait un coût... je ne le voyais pas et je pensais que cela n'était qu'une fable. J'ai été idiot. Si j'avais su le prix aussi élevé, je ne m'y serais jamais engagé. La magie, c'est fini pour moi !
- Vous avez pris la bonne décision, Aziro, le consola-t-elle.
Le sorcier leva vers Zelda un visage éploré.
- Pourrez-vous me pardonner un jour ? sanglota-t-il.
Fini l'arrogance et la fierté, il ne restait que douleur à un homme à l'âme torturée.
- C'est déjà fait," le rassura-t-elle tout en posant sa main libre sur celle d'Aziro qui ne l'avait pas lâchée un seul instant. Puis elle se retourna vers le Héros du Temps. "N'est-ce pas Link ?"
- Mouais, répondit celui-ci à contrecoeur.

Devant la grille du jardin, les Hyliens se préparaient à repartir et faisaient leurs adieux à l'ex-sorcier.
- Je vous souhaite bonne chance. Vous en aurez besoin, Gadan n'est pas un tendre et la créature s'agite, je la sens, leur avoua Aziro.
- La chance n'a rien à voir là-dedans, répondit Link.
Le Héros ne parvenait pas à accepter le fait que leur ennemi avait pu changer au point de venir dans leur camp, même s'il les avait aidés et qu'il leur avait remis son talisman. Et surtout qu'il avait fait des avances à la femme dont il était terriblement épris.
Aziro ignora la dureté que Link lui témoignait et se retourna vers Zelda qu'il regarda droit dans les yeux, troublant légèrement la jeune femme. Puis il mit un genou à terre, posa la main sur son coeur et baissa la tête.
- Votre altesse, je voudrais vous jurer fidélité. Où et quand que ce soit, ordonnez et j'obéirai.
La princesse sourit. Elle posa le bout de ses doigts sous le menton du sorcier pour lui soulever la tête et le fit se relever.
- Je vous en sais gré Aziro, mais comme vous pouvez le voir, j'ai déjà un chevalier servant." A ces mots, le Héros du Temps bomba fièrement le torse, mais la demoiselle, lui tournant le dos, ne le vit pas. "Pour le moment, prenez simplement soin de vous."
- Aziro" salua Link en posant la main sur son bonnet avant de se mettre en selle. Il n'aimait pas du tout le regard que le sorcier adressait à sa belle, mieux valait partir au plus vite. "Vous venez princesse ?"
- Au revoir Link, répondit Aziro. Je suis vraiment désolé de tous les ennuis que j'ai pu vous causer." A ce moment, il se retourna à nouveau vers Zelda mais il fuit son regard, pour rendre la chose qu'il avait l'intention de faire plus facile. "Votre altesse... je... je ressentais vraiment quelque chose pour vous. Je voulais que vous le sachiez. J'aurais été un bon époux malgré mon côté maléfique. Vous êtes un ange et même un démon ne leur ferait pas de mal. Malheureusement pour moi, vous m'avez libéré des forces du mal, mais je resterai éternellement prisonnier de votre charme. Je suis fou amoureux de vous Zelda..."
Il n'avait pas relevé son beau visage et tremblait de la suite des événements.
Link n'en croyait pas ses oreilles et il restait paralysé de stupeur. Quant à la princesse d'Hyrule, attendrie, elle s'approcha de lui, souleva une nouvelle fois sa figure et l'embrassa sous le regard horrifié de Link.
Aziro, pétrifié, ne réagit pas tout de suite mais il se reprit bien vite et rendit son baiser à l'Hylienne avec l'intention de lui faire comprendre qu'il était l'homme de ces rêves. Mais la princesse se retira.
- En d'autres circonstances peut-être... répondit-elle simplement avant de rejoindre le Héros du Temps.
Elle n'eut pas le temps de prononcer d'autres mots, Link lança sa monture au galop mettant ainsi le plus de distance possible entre la princesse et son rival.

Chapitre 14 : Jalousie   up

Tout au long du chemin, Link resta cloîtré dans un silence lourd de reproche. La princesse se rendait bien compte que cela avait un rapport avec Aziro mais elle ne comprenait pas pourquoi. Après tout, ils n'étaient pas mariés, même pas fiancés et, elle ne se le cachait pas, son champion avait très probablement connu d'autres femmes durant ses voyages. Avait-il donc le droit d'aller voir ailleurs et pas elle ? C'était bien les hommes ça...
Aussi, elle respecta son silence et ce ne fut que lorsqu'ils s'arrêtèrent pour la nuit qu'elle tenta la conversation :
- Je te trouve bien silencieux.
- Si tu le dis, répondit-il froidement.
- Pourquoi ?
- Je peux te poser une question ?" Il avait prononcé ces quelques mots presque gentiment, mais c'est avec colère qu'il poursuivit. "Pourquoi l'as-tu embrassé alors que tu savais parfaitement qu'il était notre ennemi ?"
Zelda se fâcha à son tour. Il avait osé hausser le ton avec elle. Il ne fallait pas qu'il oublie qu'elle était une princesse et qu'il lui devait tous les égards dus à son rang. Voilà où mène trop de laxisme... Qui plus est, il sous-entendait qu'elle était frivole et cela, elle ne l'acceptait pas non plus.
- Lorsque je l'ai fait, il ne l'était plus. Qui plus est, lorsqu'un homme déclare sa flamme à une femme, c'est en général le genre de chose qui arrive. Et moi, je peux te poser une question ? Pourquoi es-tu jaloux ?
- Je ne suis pas jaloux !
- Ce n'est pas l'impression que tu donnes pourtant.
- Je suis désolé de vous décevoir, Altesse, mais vous n'êtes pas l'unique objet de mes préoccupations et ce que vous faites de votre vie ne m'intéresse guère !
- Ah oui !
- Oui !
Elle croisa les bras et le toisa méchamment.
- Et quelles sont tes autres préoccupations, alors ? ironisa-t-elle.
Link fut pris au dépourvu, mais ne s'avoua pas vaincu pour autant.
- Eh bien... Il y a Malon.
- Malon ? La fille du ranch ? s'étonna Zelda.
- Oui ! Elle est très jolie et très douce !
Comparer la princesse qu'elle était à une vulgaire paysanne... Pour le coup Zelda se vexa.
- Epouse-la donc si elle te préoccupe tant !
- C'est peut-être bien ce que je vais faire !
- Eh bien, je vous souhaite beaucoup de bonheur !
- Merci !
- Bonne nuit !
- Bonne nuit !

La journée du lendemain fut aussi très tendue. Link s'acharnait à respecter le protocole impliquant la présence d'une princesse et ne lui adressait uniquement la parole qu'en cas d'obligation. Zelda, d'abord en colère contre ce soudain changement d'attitude, s'en accommoda et commença à se conduire de façon hautaine.
Ils furent donc soulagés, l'un comme l'autre, de voir arriver la grotte qui les ramènerait au désert hanté. Une fois franchie, ils se retrouvèrent, avec surprise, nez à nez avec Nabooru et ses guerrières qui les cherchaient.
- Ah vous voilà enfin ! s'écria le sage de l'esprit. Lorsque j'ai vu Assam rentrer seul je me suis inquiétée et on est parti à votre recherche. Et voilà que vous sortez tout droit d'un mur. Tout va bien ?
- Oui, Nabooru, répondit Link.
- Avez-vous réussi ? s'enquit la Gerudo.
Link ne prit pas la peine de répondre et s'adressa directement à Zelda.
- Votre Altesse, reprit-il, je vais vous faire descendre ici afin que vous récupériez votre monture car je n'ignore pas que monter avec un roturier ne sied guère à une personne de votre rang. De cette manière vous pourrez plus aisément compter nos aventures à la noble chef des Gerudos.
- Parfait chevalier, répondit la princesse.
Elle sauta à bas d'Epona et se dirigea vers Assam. Elle caressa un petit moment la tête chevaline de son ami, heureuse de le retrouver en bonne santé, puis se mit en selle.
- Si son Altesse royale me le permet, j'aimerais retourner en avant à la forteresse, demanda Link.
- Vous pouvez disposer.
- Merci ma Dame.

Chapitre 15 : Réconciliations   up

Nabooru se tenait derrière la porte de l'une des chambres de la forteresse qu'elle avait cédée à Zelda. Curieuse de savoir les raisons de l'attitude distante qu'avaient adoptées ses deux amis l'un envers l'autre, la chef des Gerudos avait d'abord été trouver Link, mais n'ayant rien pu tirer de lui, elle s'était alors décidée à aller voir la princesse d'Hyrule.
Elle frappa contre le panneau de bois se demandant encore comment elle pourrait entamer la conversation. Quelques instants plus tard, une voix assourdie par l'obstacle lui intima d'entrer. Elle tourna la poignée et trouva l'Hylienne en contemplation de la lune. Sur son lit une magnifique robe blanche était posée.
- Y a-t-il quelque chose dont je devrais être mise au courant ? demanda le sage de l'esprit.
- Tu veux parler de Link et moi ? répondit Zelda sans jeter un regard en arrière.
- Oui.
La princesse se retourna et s'assit sur le rebord de la fenêtre. Elle paraissait soucieuse, mais aussi triste. Nabooru se demanda si elle avait pleuré, mais non, ses yeux n'étaient ni rouges, ni humides. Elle était simplement malheureuse.
- C'est une histoire idiote qui a pris une tournure assez exagérée, raconta Zelda. Te souviens-tu de la façon dont j'ai vaincu Aziro ?
- Oui, tu l'as délivré de lui-même, c'est ça ?
La Gerudo connaissait l'histoire qu'elle avait écoutée précédemment lors de leur retour à la forteresse. En tant que sage, elle avait immédiatement compris la façon dont son Guide avait remporté la victoire sur Aziro.
- Exactement." reprit la princesse. Elle se leva et commença à arpenter la pièce tout en parlant avec passion. "Tu sais, avant de toucher à la magie, c'était quelqu'un de vraiment bien, je l'ai senti lorsque j'ai purifié son esprit. Je suis ainsi parvenue à le faire retourner à cet état." Le regard de la princesse se fit plus sombre et elle stoppa sa marche.
- Malheureusement pour lui, les atrocités qu'il a commises lui pèseront à tout jamais sur la conscience. C'est une âme torturée, il me faisait pitié... Avant que nous ne partions, il m'a avoué les sentiments qu'il avait à mon égard." Soudain, elle sourit et son regard s'illumina. "Ajoute cela au fait qu'il est vraiment bel homme... Je n'ai pas vraiment résisté et..."
Nabooru était horrifiée par ce qu'elle n'avait que trop bien deviné.
- Où veux-tu en venir ? la pressa-t-elle.
- Je l'ai embrassé.
Pour une fois, la Gerudo aurait préféré avoir eu tort. Ce qui l'épouvantait ce n'était pas le geste du septième sage, mais ce qui avait forcément suivi :
- Et Link vous a surpris...
- A vrai dire, il était là...
Pauvre gamin... Le sage de l'esprit avait toujours eu beaucoup d'affection pour lui, et s'imaginer comment il avait dû souffrir en voyant celle qu'il pensait aimer secrètement embrasser un autre, la meurtrissait énormément. La blessure avait été profonde et suffisamment douloureuse pour mettre en colère ce modèle de gentillesse et de courage. Septième sage ou pas, la princesse d'Hyrule avait été trop loin. Nabooru avait choisi son camp, elle tiendrait pour le Héros du Temps.
- Tu as manqué de tact, Zelda, la gronda-t-elle.
- Je m'en rends compte..." L'Hylienne était sincère, mais soudain elle s'énerva de nouveau. "Mais on n'est pas ensemble ! Je veux dire, j'aime Link et je suis quasiment sûre qu'il m'aime aussi, mais ça s'arrête là. Je ne peux pas passer le reste de ma vie à endurer cette relation stérile et pathétique."
Elle n'avait pas tout à fait tort. La balance interne de la Gerudo pencha un instant du côté de Zelda.
- C'est certain, avoua-t-elle.
- Mais je ne veux pas non plus le faire souffrir.
Les épaules de la princesse s'affaissèrent et elle se laissa tomber sur son lit.
- Il fallait y penser avant, poursuivit Nabooru.
- Le problème est qu'il commence à m'énerver sérieusement. Ne passera-t-il jamais aux aveux ?
- Il est timide...
Soudain Zelda se redressa aussi vivement qu'un diable sortant de sa boîte, son regard devint malicieux et un sourire diabolique se dessina sur ses lèvres.
- Alors je vais le faire faillir par là où j'ai pêché, susurra-t-elle.
- Que veux-tu dire ?
- Je vais le prendre par les sentiments.
Sans un mot, le septième sage s'approcha du lit, enfila la robe blanche et les chaussures puis s'installa devant la coiffeuse. Elle peigna soigneusement ses cheveux et les laissa libres de cascader sur ses épaules.
Nabooru observait la scène, se demandant bien quel était le plan machiavélique qui venait de germer dans l'esprit de la princesse d'Hyrule.
- Alors ? demanda Zelda en tournant sur elle-même.
- Il va craquer c'est sûr... Mais d'où te vient cette robe ?
- Cadeau d'Aziro.
Nouvelle surprise pour la Gerudo. Le septième sage se montrait habituellement beaucoup plus subtile et réfléchie, l'amour lui avait donc fait perdre la tête ? Elle ne put s'empêcher de le faire remarquer à son amie hylienne :
- Dans ce cas, je crains que tu ne fasses une erreur en allant voir Link avec ça sur le dos.
- Non, bien au contraire. Il veut du mélodrame, il va en avoir. Où est-il ?
Décidément, Nabooru n'appréciait pas du tout la mine volontaire de Zelda, mais elle ne pouvait se résoudre à lui mentir, aussi elle lâcha à contrecoeur :
- Sur le toit.
La princesse sortit en coup de vent, le sage de l'esprit traînant derrière elle, et se dirigea vers les sommets de la forteresse rejoindre Link qui boudait seul sous les étoiles.
- Link ? demanda-t-elle doucement.
- Oui votre Altesse, répondit froidement celui-ci.
Elle alla s'asseoir près de lui.
- Je suis désolée de t'avoir choqué en embrassant Aziro, dit-elle d'une petite voix sans le regarder.
- Al...
- Non ! Ne dis rien pour l'instant. Je voudrais que tu saches que je ne ressentais rien pour lui.
- Pourtant vous n'avez pas quitté son cadeau, remarqua-t-il perspicace.
La princesse se releva et se présenta au héros dans toute sa splendeur.
- Comment me trouves-tu dans cette robe ?
La question surprit Link. Il aurait voulu lui dire qu'elle ne lui allait pas et qu'elle ferait mieux de la brûler mais il ne le put car cette robe lui donnait d'autres pensées.
- Sublime, répondit-il à contrecoeur.
- Doutes-tu qu'avec ça sur le dos, je pourrais faire pâlir de jalousie toutes les dames de la cour ?
- Non, bien au contraire...
- Link, j'adore cette robe et ça n'a rien à voir avec lui. Mais si tu me le demandes, je m'en débarrasserai... Nabooru semblait beaucoup l'apprécier, je pourrais la lui offrir. Ça te prouvera peut-être que je tiens beaucoup à toi et que je ne supporte pas que tu m'en veuilles.
- Vraiment ? demanda-t-il avec espoir.
Tous deux savaient que ce n'était pas de la robe dont parlait Link.
- Je te l'assure. Je ne veux pas perdre ton amitié, elle m'est trop précieuse, sourit la princesse en reprenant place près de l'Hylien.
- Garde la robe, ce n'est que du tissu de toute manière..., marmonna-t-il.
Il voulut retourner à ses mornes pensées mais les paroles de la jeune fille résonnaient encore dans sa tête. Il sentait sa volonté faiblir, remplacée doucement mais sûrement par l'envie de prendre la princesse dans ses bras pour valser dans l'infini.
- Tu m'en veux car j'ai embrassé un ennemi, mais ce que tu oublies c'est que je t'ai embrassé, toi aussi..., reprit Zelda.
Il sursauta. Perdu dans ses pensées, il avait oublié la réalité. Le souvenir de cette douce caresse lui revint en mémoire et une question s'échappa de ses lèvres :
- Pourquoi ce baiser ?
- Je jouais le reste de ma vie dans ce duel, je me voyais mal finir ma vie avec un homme que je n'aimais pas sans savoir ce que cela faisait de t'embrasser, toi.
Il assimila la réponse, soupira et se résolut à prononcer les quelques mots qui ne demandaient qu'à sortir depuis un petit moment déjà.
- Pardon, Zelda.
- Plus de ça, d'accord ?
- Je te le promets.
- Je suis contente de te retrouver, mon très cher ami...
Elle pressa doucement l'épaule de son compagnon avec sa main et lui offrit son plus charmant sourire. Enfin, elle se leva et réintégra le bâtiment de sa démarche lente et altière.
- Alors Nab, qu'en penses-tu ? demanda-t-elle en clignant de l'oeil.
- Elle est magique cette robe ! s'exclama Nabooru qui avait assisté à toute la conversation.
- Je me sens mieux, tu ne peux pas savoir !
- De toute manière, un jour qui sait... Il ouvrira les yeux.
- Que les déesses t'entendent !

Chapitre 16 : La forêt Kokiri   up

Dans le village kokiri, Link s'apprêtait à aller à la rencontre de Gadan, le maître des éléments. Il ne restait plus qu'un talisman à récupérer et il avait hâte que toute cette histoire se termine afin de retrouver une vie normale. C'est pour cela qu'il ne s'était accordé pour tout repos que le soir qui avait conclu son retour de la nuit qu'il avait passée à la Forteresse Gerudo.
Il fixa une dernière sangle sur la selle d'Epona et se retourna vers le septième sage qui le regardait faire depuis un petit moment déjà. Elle avait sur le dos sa robe verte, cadeau du peuple Kokiri. Le Héros du Temps sourit, lorsqu'on avait un corps et un visage comme le sien, nul n'était besoin d'avoir de belles toilettes pour être sublime. Oui, elle était belle sa princesse, si délicieuse qu'il avait oublié toute leur dispute.
- Es-tu prête Zelda ? lui demanda Link.
Zelda fut surprise, pourquoi le guerrier voulait-il de sa présence ?
- Mais Link, je ne peux pas venir avec toi, je n'ai plus de pouvoir ne l'oublie pas. Je te serai inutile en plus de t'encombrer, répondit-elle.
Ce fut au tour du héros d'être étonné. Bien sûr, qu'il voulait qu'elle vienne, il ne connaissait que trop bien la solitude et il ne voulait plus en faire les frais. Qui plus est, si elle était avec lui, il ne risquait pas de la retrouver dans les bras d'une espèce de sorcier de pacotille.
- J'ai besoin de tes conseils... et de ta présence. Ne peux-tu pas arranger ça avec des fioles de magie ? reprit-il.
L'idée fit sourire la princesse. Tant d'innocence régnait en ce garçon, pas une seule de ses batailles n'était parvenue à ternir son âme si pure. C'était aussi pour cela qu'elle l'aimait.
- Combien t'en faut-il, à toi, pour te régénérer ? questionna-t-elle.
- Deux.
- Deux ? Comme c'est mignon ! Mais pour moi, ça sera bien loin d'être suffisant.
- Tu ne veux vraiment pas venir ?
Le Héros du Temps avait troqué son regard d'acier du fier guerrier qu'il était, pour deux yeux larmoyants qui suppliaient la belle de ne pas le laisser seul. Il avait également adopté une petite voix troublante qui n'avait pas laissé la jeune fille de marbre. Zelda sourit à nouveau, n'était-ce pas elle qui il y a quelques jours encore avait annoncé à Nabooru que Link n'était plus un gamin ?
- J'aimerais sincèrement t'accompagner mais je dispose juste de quoi lancer un seul sortilège puis je retomberais à nouveau à sec. Si je viens, il faudra que tu sois deux fois plus attentif, expliqua-t-elle.
- Ça me va.
- Euh..." Zelda fut aussi surprise de la réponse que par le ton brave que Link avait employé. Elle qui s'attendait à un acquiescement déçu, elle était servie. C'est peut-être aussi pour cela qu'elle conclut : "Très bien, alors je vais chercher Assam."
Elle prit rapidement de quoi se faire une litière convenable et se mit en selle.
Fin prêts, ils s'enfoncèrent dans l'épaisse forêt. En effet, Gadan vivant près de Termina, à la lisière des Bois Perdus, c'était le chemin le plus commode. La journée était très douce, il faisait chaud et une brise légère faisait chanter les arbres, ce climat paisible les incitait à flâner un peu en route.
Ils avancèrent ainsi à l'ombre des arbres jusqu'à ce que leurs estomacs les préviennent qu'il était temps de faire la pause-déjeuner. Aussi, dînèrent-ils près du gargouillement d'une mare alimentée par une source souterraine. Le repas terminé, une envie de sieste remonta doucement.
Pour éviter cet état léthargique, Zelda décida de se baigner. Alors Link s'éloigna un peu sous un prétexte quelconque afin de lui laisser un peu d'intimité. Elle ôta sa robe kokiri, ses bottes, ses collants mais conserva tout de même ses sous-vêtements. Après tout, en tant que princesse, elle se devait de garder un minimum de pudeur.
Elle se glissa dans l'onde avec délice. Elle aimait tant la natation... non qu'elle soit une bonne nageuse, mais le contact de l'eau avait cet effet apaisant qu'elle ne retrouvait nulle part ailleurs.
Elle plongea et ouvrit les yeux. Dans le fond sablonneux de la mare, quelques plantes avaient réussi à se développer créant ainsi une jungle aquatique miniature. Un poisson frôla l'Hylienne, ce qui lui fit rapidement regagner la surface. Elle savait ces animaux pacifiques mais une sage méfiance lui dictait de ne pas toujours croire ce qu'on lui disait.
Elle fit quelques brasses et se submergea à nouveau. Elle inspecta le sol plus en profondeur mais ses poumons la brûlant, elle retourna à la surface. Elle eut l'impression que la température s'était affaiblie. Sans doute était-ce dû au fait qu'elle se trouvait dans l'eau. Elle aurait pu sortir mais un objet doré et brillant avait attiré son attention.
Elle replongea et alla alors droit à son but. Elle dénicha un rubis doré soit l'équivalent de deux cent rubis verts. Sa journée n'était pas perdue ! Il était temps pour elle de sortir car désormais, elle était transie de froid.
Elle regagna la surface et constata avec horreur qu'une couche de gel la recouvrait. Elle cogna de toutes ses forces et parvint à en briser un morceau. Elle aspira l'air goulûment et tenta de grimper sur la glace afin de rejoindre le bord. Dans un grincement sinistre, la surface gelée céda sous son poids lui arrachant un cri. De nouveau elle se retrouva submergée.
Pour sa plus grande horreur, elle vit la banquise se reformer, se durcir et s'épaissir, la condamnant à une mort atroce...

Chapitre 17 : Sauvetage   up

Link taillait des bouts de bois avec son épée afin d'en faire des flèches convenables. Son carquois commençait à déjà bien se remplir lorsqu'il entendit un cri. Ayant très bien reconnu la voix, il abandonna aussitôt son ouvrage et fila vers la source sonore.
C'est alors qu'il constata avec affolement que la mare était totalement gelée et que sous la glace, cognant désespérément pour attirer son attention, il y avait Zelda. Soudain, des centaines de bulles entourèrent la princesse puis elle réapparut, inconsciente.
Il se ressaisit et décocha plusieurs flèches de feu. Peu à peu, la glace fondit, beaucoup trop lentement à son goût. Il plongea alors les mains dans l'eau glacée et récupéra le corps de la jeune fille qui flottait à quelques centimètres sous la surface puis l'allongea délicatement sur le sol.
Elle ne respirait plus et son coeur avait cessé de battre. Il fallait agir vite, il le savait, sinon il la perdrait pour de bon. Des larmes d'angoisse coulant sur son visage, il entreprit de lui faire du bouche à bouche. Rien. Il lui fit un massage cardiaque et dans la foulée il retenta la respiration artificielle.
A son grand soulagement, la princesse toussa et recracha l'eau qu'elle avait ingurgitée. Il ne fut pas apaisé pour autant car à présent un nouveau danger guettait sa souveraine. Elle était toute bleue et tremblait à cause du froid. Il courut chercher sa couverture et l'enveloppa avec, puis il la souleva et la déposa près du feu qu'ils avaient précédemment allumé. Il coupa un buisson entier et le jeta dessus. Les flammes léchèrent l'arbuste et une immense flambée s'éleva. Enfin il prit sa propre couverture et s'enveloppa dedans avec la princesse.
Ils restèrent ainsi un long moment alors que chaleur et vie revenaient doucement dans le corps de la frêle jeune fille. Enfin, peu à peu, ses couleurs firent leur apparition.
- Tu m'as fichu une sacrée trouille, tu sais ? gémit-il.
Le stress avait quitté son esprit, laissant ses nerfs dans un piteux état.
- J'aurai préféré l'éviter, crois-moi, se défendit Zelda.
- Ça va mieux ?
- Beaucoup, oui. Je pense que je vais aller me rhabiller.
Elle se redressa, encore un peu chancelante, mais elle parvint tout de même à remettre ses vêtements alors que Link détournait le regard. Il l'avait peut-être vue presque nue mais cela ne voulait pas dire qu'il devait profiter de la moindre occasion... de toute manière, il devait éteindre le feu car tout aussi chaud et salvateur qu'il était, il n'en restait pas moins dangereux au coeur de cette forêt. Fin prête, elle retourna s'asseoir à côté de lui.
- Merci Link.
- Tu n'as pas à me remercier. Je suis ton garde du corps et je dois te protéger de tout.
Il avait prononcé ces mots comme s'il venait de réciter une leçon apprise par coeur, ce qui fit sourire le septième sage.
- De tout ? demanda-t-elle malicieusement.
- Oui, assura-t-il tout en acquiesçant d'un mouvement sûr de la tête.
Elle rapprocha doucement mais sûrement son visage du sien. Link devint nerveux, mais il ne recula pas. Puis les lèvres de la jeune fille effleurèrent son oreille et elle lui murmura :
- Dans ce cas, qui me protégera... de toi ?
Comme le héros qu'il était, l'Hylien resta digne et répondit le plus sérieusement du monde :
- Je ne peux hélas rien te dire car j'en ignore la réponse...
Il tourna la tête et la regarda droit dans les yeux puis il reprit d'une voix calme et solennelle :
- Mais la vraie question est : veux-tu vraiment être protégée de moi ?
Cette fois-ci, ce fut au tour de Zelda de perdre ses moyens, elle avait l'impression d'être redevenue une petite fille seule et fragile. Pourtant elle brava ce regard d'un bleu profond et ne se retira pas.
Leurs souffles se mêlaient, le monde autour d'eux avait disparu, seul restaient le désir et la peur.
- Je crois que non... souffla-t-elle, se sentant soudain timide et vulnérable.
Doucement leurs visages se rapprochèrent, encore et toujours plus près... Doucement, leurs yeux se fermèrent... Puis, ils se rencontrèrent, leurs lèvres se frôlèrent pudiquement d'abord mais prirent rapidement de l'assurance.
Le baiser fini, ils s'écartèrent légèrement l'un de l'autre, mais tel un aimant, leurs bouches s'attirèrent de nouveau. Le baiser se fit alors amoureux, les lèvres se happaient, les langues se caressaient et les corps se rapprochaient puis le flot de la passion s'assécha, libérant ses prisonniers.
Link, toujours les paupières closes, fut le premier à reprendre ses esprits :
- Zelda, je...
Elle l'arrêta en posant le bout de ses doigts sur les lèvres qu'elle venait de goûter.
- Si tu veux me dire autre chose que "j'ai apprécié le baiser", abstiens-toi.
- J'ai apprécié le baiser.
Ils osèrent à nouveau se regarder et un chaleureux sourire se dessina sur les lèvres de la princesse.
- Tant mieux, parce que moi aussi, avoua-t-elle.
Link ne parvenait pas à en croire ses oreilles, elle ne l'avait pas repoussé, mieux encore, elle l'invitait. Ce fait lui fit prendre de l'assurance, aussi il osa demander :
- Alors... je pourrais peut-être recommencer ?
- Je ne te l'interdis pas et te le conseille vivement... mais plus tard, car pour l'instant, on a un sorcier qui me doit un bain glacé.

Chapitre 18 : Gadan le maître des éléments   up

La forêt ne leur posa plus de problèmes et c'est ainsi que Link et Zelda parvinrent assez rapidement au repaire de Gadan. Imaginant mille endroits lugubres, ils furent surpris de constater que le sorcier vivait dans une charmante petite maisonnette typiquement hylienne, c'est-à-dire un pied-à-terre qui ne devait probablement disposer que d'une seule et unique pièce.
La maison était entourée d'un jardin clôturé mais après la barrière, sur une centaine de mètres environ, le sol était vierge de toute végétation, ne laissant qu'un vaste cercle de terre rouge. Link y posa le pied mais se recula vivement car un tremblement de terre secoua le sol le faisant s'effondrer.
La maisonnette désormais inaccessible, ils se demandèrent comment l'atteindre.
- Tu ne pourrais pas utiliser ton grappin ? demanda la princesse.
- Sur une centaine de mètres ?! Tu le surestimes ! Et toi, ne peux-tu rien faire ?
- Je pourrais nous y téléporter mais n'en attends pas plus de moi.
- On n'a pas d'autres solutions, répondit-il dans un sérieux impressionnant.
Zelda le regarda et le trouva terriblement séduisant avec ce regard fier. Son guerrier. Comment avait-elle pu attendre aussi longtemps qu'il se déclare ? Un éclair de malice passa dans ses yeux.
- Serre-moi fort..., roucoula-t-elle.
Le jeune homme comprit aussitôt l'allusion.
- Avec plaisir, susurra-t-il en la prenant dans ses bras et la serrant un peu plus fort que la décence ne l'aurait voulu.
Il ne put résister à l'envie de l'embrasser puis ils disparurent pour réapparaître dans le jardinet.
- On devrait se téléporter plus souvent, j'ai trouvé ça très agréable, lui chuchota-t-il à l'oreille.
Zelda s'apprêtait à lui répondre lorsque soudain, un vent violent se souleva, les poussant irrémédiablement vers le vide.
Le Héros du Temps agrippa sa bien-aimée et usant de son grappin, les fit se tracter jusqu'à la porte de bois qu'ils se dépêchèrent de franchir...
Gadan était en train de siroter une tasse de thé lorsque les Hyliens firent irruption chez lui. Il en recracha ce qu'il venait d'avaler. Pris d'une rage froide, ce petit homme chauve, gras et au visage porcin, vêtu d'une robe de mage orange fluo où quelques étoiles étaient brodées au fil rouge, bondit de son siège alors que son visage prenait un teint cramoisi.
- Comment se fait-il que vous soyez encore en vie ! hurla-t-il.
- En faisant un gros effort ? hasarda Link.
Le sorcier ignora la réplique et reprit :
- Je devrais peut-être vous remercier, après tout vous m'avez débarrassé des autres... Je suis enfin le vrai maître d'Hyrule et bientôt le maître du monde ! Alors ne comptez pas sur moi pour capituler.
Il rugit et se mit à luire de façon intense. Peu à peu la lumière disparut. Ils étaient toujours dans la même pièce sauf que tous les meubles avaient disparu. Gadan, quant à lui, voletait à quelques centimètres au-dessus du sol et avait le corps entouré de flammes qui, curieusement, ne semblaient pas le brûler. Il eut un rire qui se voulait démoniaque mais qui ressembla plus à un ricanement stupide.
Zelda battit en retraite et se cala sur un coin du mur mais le sorcier ne semblait faire attention qu'à Link. Il lui envoya une gerbe de feu que le chevalier intercepta avec le bouclier miroir. La flamme retourna à son propriétaire, mais au lieu de l'affaiblir, sembla accroître sa puissance.
Essayant autre chose, l'Hylien lui envoya une flèche de glace. Le mage fut immobilisé et Link en profita pour le frapper à l'épée. Mais pas très longtemps, car bien vite Gadan se libéra et cette fois, son corps était entouré de glace.
Encore une fois le Héros du Temps esquiva puis envoya une flèche de feu sur son ennemi. De nouveau vulnérable, le sorcier reçut quelques coups d'épée avant de redevenir flamme.
Il s'apprêtait à attaquer lorsque soudain, il se prit la tête entre les mains et cria de douleur. Il retomba lourdement sur le sol tout en reprenant une apparence normale. La pièce retrouva alors tous ses meubles, c'était comme si le combat n'avait jamais eu lieu.
- Non ! Tu ne peux pas faire ça ! Je suis ton maître ! Tu dois m'obéir !
Il luttait désespérément. De partout dans la salle, les vases éclataient en mille morceaux et les rideaux s'enflammaient.
Link retourna près de la princesse afin de pouvoir la protéger alors que le sorcier se débattait mentalement de l'emprise de son esclave.
Il eut un dernier cri, ses yeux semblèrent vouloir sortir de leur orbite puis il disparut. A l'endroit où il se tenait, il y eut pendant quelques instants le voile noir et orageux qui se dissipa rapidement. Tout redevint calme et étrangement silencieux.
- Que s'est-il passé ? murmura Link.
- La créature a réclamé son dû... Tu n'es pas blessé, rassure-moi ?
- Je vais bien... Qu'allons-nous faire ?
- Il faut retourner le plus rapidement possible aux Bois Perdus, le temps presse. On va se servir de l'ocarina, tant pis pour les chevaux, ils retrouveront bien le chemin tous seuls.
Elle porta l'ocarina du temps à ses lèvres et joua le menuet des bois.

Chapitre 19 : Etat de crise   up

A leur arrivée, Link et Zelda furent accueillis par l'ensemble des sages qui semblaient pris d'une grande inquiétude.
- Enfin vous voilà ! La créature elle... Enfin, le voile s'étend de plus en plus, s'affola Ruto.
- A quelle allure ? s'enquit la princesse.
- Un homme qui marche, répondit Impa.
- A cette vitesse Hyrule sera très vite entièrement submergée... constata Rauru.
- Il faut agir maintenant, s'exclama Link.
- C'est une excellente idée... Pourquoi n'y avons-nous pas pensé avant ! s'emporta Nabooru.
La Gerudo était d'une nature impétueuse. C'était leur première vraie crise depuis l'emprisonnement de Ganondorf et elle ne supportait pas le fait de ne pouvoir agir. Alors elle faisait les cent pas et passait ses nerfs à chaque fois qu'elle en avait l'occasion.
Zelda le comprenait bien, mais il était aussi de son devoir de maintenir l'ordre parmi ses sages.
- Du calme, rien ne sert de s'énerver, la réprimanda-t-elle d'une voix calme et posée.
Le sage de l'esprit se tut, vaincu par la parole du chef.
- Il faudrait un moyen de conserver un lien avec notre dimension, intervint Saria. Pourquoi pas une corde ?
- J'ai déjà essayé, intervint Darunia. Un de mes Gorons est entré et c'est comme si la corde avait été sectionnée avec une épée, un coup net et précis.
- C'est parce que la corde se retrouve dans la même position que nous, expliqua le sage de la lumière.
- Mais oui ! s'exclama soudainement la princesse d'Hyrule.
Tous lui jetèrent un regard interrogateur.
- Il faudrait un objet qui soit l'essence même de notre monde, reprit-elle.
- Et où trouver un tel objet ? demanda le sage de l'ombre.
- Nous l'avons déjà, répondit Zelda. Trois déesses créèrent le monde d'Hyrule et comme seul vestige de leur pouvoir apparurent...
- Trois triangles d'or, la Sainte Triforce, termina Rauru.
- Ça pourrait marcher, en effet, intervint soudain la princesse Zora.
- C'est l'unique solution de toute manière, dit le sage de la forêt.
- Il nous faut nous rendre au château, ordonna Darunia.
Les six sages entourèrent le nouveau couple et levèrent les bras dans un même ensemble.

***

Le voile avançait inexorablement. Il avait quasiment englobé le Bourg d'Hyrule lorsque les sages et le Héros du Temps apparurent devant le pont-levis.
Link observa le phénomène, souffla et se prépara à entrer lorsque la grosse poigne de Darunia le ramena en arrière.
- Attends un peu mon frère.
- Mais enfin... répondit Link.
- Link, nous ne disposons que de deux morceaux de la Triforce, le tien et le mien, intervint Zelda. Nous ne sommes pas sûrs que cela va fonctionner, il nous faut d'abord faire un test.
- Ce qui en clair veut dire... continua Link qui n'y comprenait goutte.
- Je vais entrer et si je ressors indemne, tu y entreras à ton tour, avoua la princesse.
- Non, c'est trop dangereux ! Dites-le-lui, vous autres ! s'insurgea l'Hylien.
- Je regrette héros, ça me fait mal autant qu'à toi mais c'est obligatoire, soupira Impa.
- Pourquoi ?
- Link, reprit Zelda. Je n'ai plus de pouvoir donc je suis inutile, quant à toi, tu sais toujours te battre...
- Mais ton pouvoir reviendra.
- D'ici là, on n'en aura plus besoin car cette chose nous aura dévorés.
- Très bien, je capitule, mais ça ne me plaît pas du tout.
- Merci.
Elle s'avança vers la masse sombre mais Link lui attrapa la main juste avant qu'elle n'y entre, la fit valser sur elle-même, la rattrapa pour finalement l'embrasser. Les sages, surpris, ne réagirent même pas.
- Je t'aime, souffla-t-il.
- Pourquoi attends-tu toujours les situations extrêmes pour me dire ce genre de choses ? demanda-t-elle les larmes aux yeux.
- Je suis timide, sourit-il.
Elle se redressa et retourna à la rencontre du nid du mal sans visage. Juste avant d'y pénétrer, elle se retourna vers Link.
- Je t'aime.
- Fais attention à toi...
Trop tard, elle avait disparu.

Chapitre 20 : Le Bourg d'Hyrule   up

A peine était-elle entrée que la nausée la prit, Zelda s'affala sur le sol, cherchant désespérément sa respiration. Toute sa volonté semblait s'envoler, l'empêchant de bouger et même de penser par elle-même. Voilà donc ce qui arrivait à ses prisonniers... Le mal continuait à empirer jusqu'à en devenir insupportable. Elle n'en pouvait plus, peu à peu elle abandonnait.
Elle avait échoué, la Triforce ne permettait pas de résister au néant. Hyrule était perdue. Plus de trône, plus d'histoire, plus de vie future, rien qu'un vide cruel et froid, la légende avait pris fin.
Pourtant elle avait eu la foi, elle avait cru en un avenir au côté de celui qu'elle aimait, sur le trône d'un royaume prospère et en paix. N'avait-elle donc pas suffisamment souffert de l'emprise de Ganondorf ? N'était-elle destinée qu'au malheur encore et toujours ?
C'en était trop, elle allait lâcher prise et s'offrir à la créature de manière à ce que tous ses ennuis cessent pour l'éternité. Elle se rendait bien compte que le mal sans visage était en train de la manipuler, mais il était tellement tentant.
Un instant, l'image de Link lui revint à l'esprit et lui donna le courage de résister. Elle était Princesse et future Reine, elle ne pouvait s'avouer vaincue aussi facilement. Ce n'était qu'un effort de volonté. Et de la volonté, elle en avait à revendre...
- Grandes Déesses, protégez votre enfant..., supplia-t-elle.
En réponse à sa prière, le symbole de la Triforce sur sa main se mit à luire alors que l'effet du mal était inversé. De nouveau elle se sentit bien, de nouveau elle put réfléchir et de nouveau la vengeance emplissait son esprit. Son plan avait fonctionné, pour son plus grand soulagement.
Elle était encore un peu sonnée mais le temps pressait. Elle se dirigea alors vers la ligne de démarcation.

***

Link observait le voile. Il était inquiet, cela faisait beaucoup trop longtemps qu'elle était entrée. Chaque seconde lui paraissait des heures et il lui semblait attendre là depuis une éternité. Le plan avait échoué, il avait perdu la femme qu'il aimait et il n'avait plus aucun moyen de sauver Hyrule.
A ce moment, une paire de mains suivie de bras sortirent du néant et l'attirèrent à l'intérieur.
Il se retrouva dans ce monde étrange, surpris et n'ayant pas très bien compris ce qui venait de lui arriver. Tout ce qu'il savait, c'était que sa princesse se tenait devant lui et apparemment en bonne santé.
- Zelda ! Je n'ai jamais été aussi heureux de te voir ! s'exclama-t-il.
- Merci, sourit-elle. Mais le temps presse, viens.
Ils avancèrent vers la place du marché.
Tout le décor était gris et semblait n'avoir jamais été coloré. Le ciel, s'il y en avait un, se démarquait à peine, toutes les bâtisses ne formaient plus qu'une, quelques personnes étaient présentes, le visage sans expression, le regard éteint et ils exécutaient sans cesse le même geste, tels des automates.
De la place autrefois si vivante, il ne restait désormais plus qu'un monde mort. Et tranchant cette désolation, les deux amis se déplaçaient tout en comprenant bien qu'ils étaient des intrus dans ce lieu qui ne leur appartenait plus.
Link voulut prendre la direction du château mais Zelda le retint.
- Attends, pas tout de suite. Il y a une chose très importante à faire avant.
Elle lui prit la main et l'entraîna vers le Temple du Temps.
Les pierres ancestrales étaient toujours là et les portes du temps, ouvertes, attendaient patiemment que quelqu'un les franchisse. L'Epée de Légende était là aussi, toujours sur son socle, impatiente de sauver le monde à nouveau.
Ils s'en approchèrent doucement.
- J'aurais aimé t'offrir une cérémonie digne de ce nom, tu sais..., s'excusa la jeune fille.
- Tu me re-confies l'épée ? s'étonna Link.
- Elle a toujours été à toi, elle te revient de droit.
- Et les passages du temps ?
- Ils ne poseront aucun problème, tu es suffisamment âgé pour dégager l'épée sans qu'il y ait de conséquences.
Il posa délicatement ses mains sur la poignée, savourant chaque instant... et tira d'un coup sec. Il n'y eut aucun halo, aucun événement extraordinaire, l'artefact se dégagea simplement délicatement. Link tint l'épée grisâtre droit au-dessus de lui, puis peu à peu la poignée redevint violette, la lame argentée et le symbole de la Triforce qui y était gravé s'illumina.
- Tu as fière allure, guerrier.

Chapitre 21 : Dans l'antre de la bête   up

Arrivés au château, Zelda et Link passèrent devant des gardes statiques et au regard vide qu'ils ne purent malheureusement qu'ignorer puis pénétrèrent dans le palais royal.
- Il vaut mieux nous séparer, Link, le château est grand.
- Oui, tu as raison mais que cherchons-nous exactement ?
- L'endroit exact où se trouvent la créature et les sorciers afin d'ôter son pendentif à Gadan.
- Très bien.
- Je m'occupe des étages, ne te perds pas dans les oubliettes ! lança-t-elle avant de s'éloigner.
- Je vais essayer..., marmonna-t-il.
Il s'avança dans le couloir gris et froid.
Il fallait avant tout relativiser les choses. Il était dans un château qu'il n'avait jamais visité et où il risquait de s'égarer à tout moment. Une des pièces contenait un ennemi invincible qui défendrait farouchement son territoire. Et s'il échouait, Hyrule sombrerait dans le chaos. La routine, quoi !
Comme le lui avait implicitement suggéré la princesse, il décida de commencer par les oubliettes. Où pouvaient-elles donc se trouver ? Selon toute logique, probablement au sous-sol. Il fallait donc qu'il emprunte le premier escalier venu.
Il continua à arpenter les luxueux couloirs mais malheureusement, aucun escalier n'était visible. Mais après tout, c'était plutôt normal, Link voyait mal le roi Arkinian recevoir ses invités en les faisant passer devant les portes des cachots. Il valait mieux essayer de trouver un passage pour les domestiques.
Enfin, après avoir erré dans les nombreux recoins du château et se soupçonnant même d'être passé au même endroit à plusieurs reprises, il trouva enfin une porte faite d'un bois grossier. Espérant qu'il ne s'agisse pas là du placard à balais, il l'ouvrit et fut relativement heureux de découvrir qu'elle cachait un escalier qui semblait mener droit aux entrailles de la terre.
Il ne voyait absolument rien et décida alors d'enflammer une flèche afin de s'éclairer. La pointe émit une lueur vive qui lui blessa les yeux, mais très vite elle perdit de son éclat et devint grise. Le héros du temps s'en débarrassa, il n'avait désormais plus d'autres choix que d'avancer à tâtons. Il constata ainsi avec dégoût que les murs suintaient et que de la moisissure malodorante s'y était développée.
Il parvint finalement, il ne sut trop comment, en bas de l'escalier en un seul morceau. Devant lui, s'étendait un ensemble de geôles où des prisonniers zombies végétaient. Mais de traces des sorciers, aucune.
Désappointé, il retourna à la surface. Et c'est en espérant que la princesse avait eu plus de chance que lui qu'il recommença à arpenter les couloirs. Son chemin le conduisit à une large double porte, délicatement sculptée du blason d'Hyrule : une Triforce surmontant une aigle rouge stylisé lui-même au-dessus de la partie manquante des Saints Triangles. Il l'ouvrit et entra.
La porte se referma violemment derrière lui et resta bloquée. Etrange, la salle du trône était pourtant vide. C'est alors qu'il sentit que quelque chose s'enroulait autour de lui. Il fut soulevé de terre, méchamment secoué et envoyé avec une force prodigieuse vers un mur. L'impact fut rude mais moins douloureux que celui du sol. Il était retombé sur son bras gauche qui formait à présent un angle bizarre. La douleur était insupportable et des points dansaient devant ses yeux. A nouveau, une chose invisible le souleva...

***

Zelda passa une nouvelle fois la main devant les yeux de son père. Aucune réaction. Il allait bien, c'était l'essentiel, mais elle avait tellement espéré qu'il se produise un miracle... Elle prit la couronne royale qui reposait sur un petit coussin de velours et en ceignit le crâne de son père. La princesse déposa un baiser sur le front paternel et se décida à sortir, les larmes aux yeux.
Elle connaissait parfaitement les lieux et savait pertinemment que les sorciers pouvaient tous se trouver dans n'importe laquelle des innombrables chambres. Mais son instinct lui susurrait qu'il y avait une pièce en particulier qui correspondait parfaitement à la situation : l'observatoire...
Tel un fantôme, elle s'avança d'un pas sûr mais prudent dans les silencieux couloirs. Elle changea plusieurs fois de corridors et trouva finalement l'escalier qui menait à la salle la plus en hauteur du château. En temps normal, il était recouvert d'un tapis rouge mais là, ce n'était que gris sur gris. En colimaçon et plutôt étroit, il représentait une bonne partie de la tour.
Essoufflée, la jeune fille parvint finalement à la dernière marche et poussa la porte. Heureusement pour elle, son instinct était bon, car les quatre sorciers étaient là. Tant mieux. Elle s'en serait voulu d'avoir fait cette ascension à tort...
Le temps de récupérer, elle jeta un coup d'oeil autour d'elle. Un télescope sortait par une fenêtre et sur des étagères, plusieurs ouvrages d'astronomie et quelques instruments étaient posés. D'ailleurs l'astronome était attablé à son bureau et semblait étudier une carte du ciel. Les mages, Madame Fanfreluche, Mudros, Aziro et Gadan étaient appuyés contre le mur, le regard absent.
Elle s'approcha doucement d'eux. Elle eut un petit pincement au coeur en revoyant Aziro, mais c'était Link qu'elle aimait. Dommage... La jeune fille se morigéna aussitôt pour avoir eu de telles pensées. Hyrule était en danger, elle n'avait pas le temps de jouer aux jouvencelles. Furieuse contre elle-même, elle entrouvrit le col de Gadan et lui arracha violemment son talisman.
La réalité reprit ses droits.
Pendant quelques courts instants il y eut un papillonnement entre la dimension d'Hyrule et l'état second du mal sans visage puis tout redevint normal. Couleurs, sons et odeurs revinrent en troupe. L'Hylienne était comblée, elle était à nouveau chez elle. Mais pourtant quelque chose clochait : les zombies n'avaient pas repris vie. Les quatre sorciers et l'astrologue restaient dans leur état végétatif, car encore sous l'emprise de la bête...

***

Link échappa à la mort de justesse car la créature l'oublia pendant quelques instants, se débattant avec elle-même. Elle l'avait laissé tomber à terre pour s'agiter et hurler.
Le Héros du Temps put ainsi voir avec soulagement le château redevenir normal... et observer avec effroi, que la bête s'était complètement incarnée dans leur dimension. Elle était énorme, elle avait la forme d'une masse noire surmontée de six pattes d'araignée très aiguisées. Sur ce qu'il pensait être le devant, deux tentacules se tortillaient, mais le plus terrible était ses deux premiers "bras" qui n'étaient autres que deux lames acérées.
Remis de sa surprise, le mal sans visage chargea.
Link esquiva avec une pirouette mais le regretta vite, son bras cassé le rappelant à l'ordre. Il ne pouvait plus se servir de son bouclier mais son bras droit, celui de l'épée, était toujours valide et ce monstre s'en rendrait vite compte, foi de Héros ! Etant sous la créature, il en profita pour lui couper une patte. Elle poussa un cri strident mais ne fut nullement handicapée par ce bout manquant.
Après quelques coups, l'Hylien parvint à lui soustraire encore deux autres pattes et un tentacule. Mais la bête enragée attaquait encore et toujours sans donner de signe de faiblesse.
La pensée que ce qu'il faisait était inutile et la douleur décourageaient Link et il commençait à croire qu'il n'en viendrait jamais à bout.
A ce moment-là, la porte s'ouvrit laissant entrer une Zelda joyeuse et insouciante qui poussa un cri de terreur en découvrant le monstre. Alerté, le mal sans visage envoya son tentacule restant sur la princesse, l'enroula autour d'elle et la souleva.
- Zelda ! s'affola le jeune homme.
Elle ne put répondre, car tel un serpent, le membre la comprimait de plus en plus. Elle sentait ses os craquer, alors que respirer lui était de plus en plus éprouvant.
Alors, de nouveau, le Héros du Temps reprit goût au combat car désormais il avait un but à atteindre. Il n'était pas encore né celui qui toucherait à la princesse d'Hyrule sans en subir les conséquences...
Après un duel contre les lames, Link parvint une nouvelle fois sous la bête et accumula son énergie magique pour une attaque cyclone. Il se concentra tant et si bien que la lame de l'Epée de Légende flamboya exagérément, et l'attaque fut d'une puissance qu'il n'avait encore jamais atteinte auparavant.
Les pattes restantes furent coupées en même temps.
Le guerrier se précipita et partit de cet endroit dangereux, avant que la créature ne s'écroule dans un hurlement de douleur et de rage, pour ne plus jamais pouvoir se relever. Se sentant vaincu, le monstre se vengea sur la pauvre princesse en resserrant encore plus son étreinte.
Le cri étranglé que sa bien-aimée poussa mit le jeune homme dans une rage froide. Oubliant douleur et fatigue, il s'acharna à taillader la bête en petits morceaux alors que des bouts de chair et des flots de sang noir s'en échappaient.
Soudain, le mal sans visage émit un dernier cri, qui glaça le sang des deux Hyliens, et mourut. Peu à peu son corps disparut et la princesse retomba sur le sol.
Alors le château s'éveilla pour de bon mais cela importait peu à Link qui s'était glissé près de son amour. Elle avait la respiration difficile et pressée mais au moins, elle était en vie.
Le sang de la demoiselle cessa de lui marteler les tempes et elle se retourna vers son sauveur.
- Link...
- Tout est fini, on a gagné.
Il lui offrit un sourire qui ressemblait fort à celui qui avait illuminé son visage lorsque sa dame de coeur avait été sauvée de la noyade.
- Félicitations mon coeur. Mais tu es dans un piteux état..., remarqua-t-elle tout en lui caressant son beau visage.
- Je m'en remettrai... mais pour le moment j'aimerais sincèrement voir un médecin, lui répondit-il avant de sombrer dans l'inconscient.

Epilogue   up

En punition de leur conspiration, les sages décidèrent d'annihiler leurs pouvoirs aux quatre sorciers. Puis les condamnations différèrent selon les cas.
Pour avoir avoué sa faute et les avoir aidés, madame Fanfreluche se vit pardonner sans qu'aucune autre sanction ne soit prise à son égard. Dès lors, plus personne n'entendit jamais parler d'elle.
Aziro, regrettant sincèrement sa faute et ayant proposé son aide, se vit attribuer une peine minimale qui consistait à quelques travaux d'intérêt général. Il vendit alors sa propriété pour venir s'installer au Bourg d'Hyrule. Il ne toucha plus jamais à quoi que ce soit qui n'ait un lien de près ou de loin avec la magie, et devint un homme serviable toujours prêt à aider son prochain afin de se faire pardonner son abominable ancien comportement.
Quant à Gadan et Mudros qui clamaient encore qu'ils se vengeraient, ils furent condamnés à la prison à vie sauf changement exceptionnel de leur comportement. Ce qui n'arriva pas.
Personne (à part Link) n'avait souffert de l'incursion de cette créature et tous furent ravis de retrouver parents et amis. Le château reprit sa vie paisible et le Bourg d'Hyrule se retrouva à nouveau surpeuplé.

***

Dans la salle du trône, une grande cérémonie officielle se déroulait. La pièce était bondée de personnalités aux vêtements luxueux. La cour au grand complet s'était rassemblée pour rendre gloire au sauveur de leur précieux territoire.
Les hommes regardaient la scène d'un oeil critique et se demandaient comment ce jeunot était parvenu à sauver Hyrule. Quant aux femmes, elles se pâmaient et cherchaient désespérément à se faire remarquer du héros.
A genoux devant le roi et sa fille, Link, vêtu d'une tunique noire et d'un pantalon blanc, se voyait attribuer une récompense pour ses bons et loyaux services. Il était un peu gêné de susciter autant d'attention, mais il était le guerrier de la forêt, le porteur de la Triforce du courage, il ne fallait pas l'oublier. Il se raccrocha à cette idée qui lui permit d'adopter une attitude fière et digne.
- Moi, Sa Royale Majesté Arkinian d'Hyrule te fais chevalier et te remercie pour avoir sauvé son trône. Te voilà anobli à présent. Relève-toi chevalier.
Link se redressa et le roi lui fit l'accolade, puis le souverain retourna à son trône et laissa la place à sa fille.
- Moi, Sa Royale Altesse Zelda d'Hyrule fais de toi son champion et te remets la médaille du courage.
Elle lui passa un médaillon représentant la pierre ancestrale de la forêt autour du cou et lui fit la bise.
L'ensemble des convives applaudirent et des cris de joie retentirent dans toute la salle. Link était quelque peu intimidé par toutes ces effusions le concernant, mais un coup d'oeil complice avec Zelda le rassura : il n'était pas seul et elle le soutenait.
- Que les festivités commencent, déclara le roi.
Alors, tous se dirigèrent vers la salle de bal où un buffet était dressé et où des musiciens entamèrent une valse entraînante.
Link se vit féliciter par de nombreuses personnes qu'il n'avait jamais vues auparavant mais qui semblaient très désireuses de s'en faire un ami. Cela ne lui plut pas vraiment car ces mêmes personnes l'auraient ignoré voir même méprisé quelques jours plus tôt. Dès qu'il le put, il se sauva et alla se réfugier sur la terrasse.
Il eut le plaisir de se faire rapidement rejoindre par la princesse. Elle avait revêtu une robe bleu-roi et sur sa jupe, un tablier aux armoiries d'Hyrule, pendait.
- Comment fais-tu pour survivre à tout ça ? demanda-t-il penaud, en effectuant un geste vague de la main qui engloba l'ensemble de la salle.
- Tu t'y habitueras, répondit-elle en souriant.
Elle l'inspecta alors sous toutes les coutures et reprit :
- Tu es très élégant, le noir te donne un petit air mystérieux non négligeable..., roucoula-t-elle malicieusement.
Le chevalier resta digne, et tenta d'oublier certaines parties de lui qui s'éveillaient.
- Je suis ravi que cela te plaise, ma douce.
- Il n'y a pas qu'à moi que cela plaît..., gronda la demoiselle. Elle avança vers lui d'un pas félin qui faisait rouler ses hanches puis lorsqu'elle fut tout près, elle caressa le torse puissant avec un index cajoleur. "Heureusement qu'en tant que princesse mon terrain est chasse gardée sinon je devrais passer mon temps à te surveiller."
Ces paroles horrifièrent Link et du même coup le calmèrent un peu.
- Je ne suis que du gibier pour toi ?! s'exclama-t-il.
- Je dirais plus un sacré trophée..., ronronna-t-elle en se mordant la lèvre inférieure tout en lui lançant une oeillade soutenue.
- Mais enfin...
Le doigt caressant se fit violent et rejeta le héros.
- Je plaisante Link, je tiens vraiment à toi et tu le sais alors détends-toi ! répliqua-t-elle.
- Mouais..." La jeune fille troublait tellement Link qu'il ne savait plus discerner la vérité. Il chassa toutes les idées qui lui trottaient dans la tête et reprit. "Il y a une chose que je me demandais, comment se fait-il que Mudros soit encore en vie ? Tu étais là, il a pourtant été réduit à néant."
- C'est un nécromancien, il tirait ses pouvoirs de la mort... Tu l'as vaincu mais tu n'as pas détruit la source de son pouvoir alors il s'est régénéré.
- Il est immortel, alors ?
- On peut voir ça comme ça.
- Il a de la chance.
- De la chance ! Le prix à payer pour cette immortalité est de dire adieu au soleil et vivre en solitaire. Merci, très peu pour moi.
- Je n'avais pas vu les choses ainsi.
La jeune fille soupira en fronçant les sourcils puis elle fixa son regard qui ne cillait pas dans les yeux du guerrier.
- Link, c'est ton jour de gloire, la femme la plus prisée de la cour t'accorde ses faveurs et toi tu passes ton temps à penser à tes ennemis ! Amuse-toi un peu !
- Oui, tu as raison..., s'excusa-t-il.
Elle s'approcha et se colla contre lui. Il se sentit gêné mais n'osa pas la repousser, mais il ne s'autorisa pas non plus à la prendre dans ses bras.
- Tu sais Link, tu es encore plus séduisant sans ton bonnet, lui susurra-t-elle à l'oreille.
- Mais sans mon bonnet, je me sens tout nu, répliqua-t-il sans réfléchir.
- Ce n'est pas un problème.
- Zelda ! s'écria-t-il.
Elle éclata d'un rire guilleret et sans transition, l'embrassa. Cette fois-ci le héros se recula vivement.
- Il vaudrait mieux que tu sois plus discrète, non ? demanda-t-il.
- Pourquoi ? s'étonna-t-elle.
- Bien... Tu es la princesse.
- Une princesse est une femme comme une autre.
Link se décida à vider ce qui lui pesait sur le coeur et qui l'empêchait de répondre aux avances de cette femme si séduisante dont il était tombé amoureux.
- Mais comment vont-ils me traiter, moi ? Je suis leur héros aujourd'hui mais demain ne m'en voudront-ils pas ? Ils me voient t'embrasser et pourtant devant eux, je n'ai pas le droit de te tutoyer ni d'être familier avec toi.
- Non, ils ne nous voient pas, garantit-elle d'un ton ferme.
- Mais si je t'assure, ils nous voient et jacassent entre eux.
Zelda eut un sourire attendri devant tant de naïveté. Décidément, son séjour à la cour fera un grand bien à cet homme.
- Oui, bien sûr qu'ils nous voient. Je voulais dire que quoi que l'on fasse, ils y resteront aveugles. Je peux m'afficher avec toi en public, on peut se faire surprendre durant nos ébats, je peux même avoir un enfant de toi, tant que l'on est pas marié, tu ne fais pas partie de la famille royale. C'est comme si tu n'existais pas.
- C'est cruel.
- Je ne trouve pas, ça te décidera peut-être à me demander en mariage avant que je sois en danger de mort...
Pour toute réponse, le jeune homme se mit à rougir.
- Le message est clair mais pour le moment si on se contentait d'aller danser ? se défendit-il.
- Très bien.
Ils retournèrent dans la salle de bal alors que le soleil se couchait, terminant en beauté cette journée de gloire.
Une nouvelle victoire sur le compte du Héros du Temps. Malheureusement, peut-être pas la dernière. Hyrule étant le territoire qui faisait la transition entre les dieux et les hommes, elle attirait encore et toujours la convoitise des forces du mal. Mais son héros enfin de retour, la Terre aux Légendes Eternelles leur présentait un sérieux obstacle. Mais cela suffirait-il à les décourager ?

FIN

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Xaelia". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 14.04.24