• Legend of Zelda
  • Adventure of Link
  • A Link to the Past
  • Link's Awakening
  • Ocarina of Time
  • Majora's Mask
  • Oracle of Seasons
  • Oracle of Ages
  • The Wind Waker
  • The Minish Cap
  • Four Swords Adventures
  • Twilight Princess
  • Phantom Hourglass
  • Spirit Tracks
  • Skyward Sword
  • A Link Between Worlds
  • Tri Force Heroes
  • Breath of the Wild
  • Tears of the Kingdom
  • jeux The Legend of Zelda

Passage au Bosquet

Ecrit par Silvara en 2010


Résumé : Les Kokiris s'éloignèrent les uns après les autres et il ne resta qu'un seul gamin, face à sa tunique rouge. Dans le reflet de son vaste regard neuf et innocent, Link retrouva le temps et les senteurs des rêves propres. Puis les accords d'une lyre le ramenèrent au présent.

Leur énergie semblait inépuisable. Dans le secret de leur sanctuaire, les bonnets verts se pourchassaient, couraient, couraient, couraient...

Et le temps autour de lui avait cessé, désengrené par la ronde festive, éparpillé dans la brise d'une fraîche insouciance.

Link ne se souvenait plus vraiment pourquoi il était revenu à la forêt. Il avait trouvé Zelda au milieu du pont de bois et avait simplement proposé de l'accompagner...

A présent, sous leur soleil d'émeraude, les Kokiris élargirent leur ronde et s'éloignèrent en file indienne du grand qui avait sauvé l'Arbre Mojo, ce protecteur inconnu qui essayait de porter leurs couleurs.

La farandole sans fin rousse et blonde bondissait, boudait, se fâchait, jouait ; les fées se gorgeaient de leurs rires, et le vent les épousait, dans son cortège de feuilles d'or et d'été. La mesure indolente et spontanée de leurs pas préparait la rosée de la terre, et ce rêve drapé d'abondance était pour lui le dernier poumon sain de cette Hyrule d'exodes. La terre et les choses même avaient un nom en ces lieux, et la magie avait saisi le fil d'une seconde qui ne mourait pas.

Link se retourna et les regarda s'éloigner une dernière fois. Il était temps. L'âme vide, l'Hylien dicta à ses pas le chemin du pont, mais sa tête se tourna toute seule vers la clairière. De lourdes mèches blondes et désordonnées sous un bonnet vert dérobèrent son regard. Link oublia son chemin.

Un dernier gamin était resté, là, debout.

Link sentit son âme happée par le bleu des iris de l'enfant, et toute notion de force, et chaque velléité fondit d'un seul coup. Le temps s'était déjà arrêté depuis un moment. De la poussière de fausses secondes glissa autour de leurs deux silhouettes face à face. Le regard du gamin ne connaissait pas le regret et la peur était une vague notion abstraite.

Mais les iris confus de l'adulte voyaient un miroir de lui-même, un reflet vierge et lisse du poids des secondes perdues.

L'adulte se souvenait. Ces yeux d'enfant n'avaient jamais connu l'inquiétude. Les couleurs et les silences, les souvenirs de leurs deux regards étaient-ils encore en accord ? L'adulte chercha.

Non. Il ne trouva pas de fatalité dans les yeux de l'enfant. L'amertume n'y existait pas. Elle n'avait jamais eu le temps de prendre racine. Pas l'ombre d'un doute gris dans le bleu enfantin. Et l'adulte vit son propre regard jeune de sept années lui poser une question.

Mais ce Kokiri qui lui faisait face n'en était pas un, et aucune seconde magique n'avait agité ses petites ailes pour le reconduire chez lui quelque soit le sentier sur lequel il se perdait. Son deuil n'était-il finalement que chimère ? Il se souvenait maintenant. Il y avait sept ans il avait plongé vers l'avenir avec un désespoir déguisé et sublimé. Ce choix n'avait peut-être pas été si naïf...

Il n'y avait plus de choix à présent, alors sa réponse s'imposa dans ses yeux, et la question s'éteignit dans les yeux de l'enfant.

Il s'efforça d'ignorer l'émotion qui le submergeait, sans pourtant vouloir détourner le regard. Il avait été un adulte, pire encore, un Héros tandis que le monde kokiri n'était que verdure.

Qu'était-ce qu'un héros ? Le mal était vaincu, le ciel était clair, et dans le silence de la plaine, l'Epée de Maitre était de trop. Il n'y avait plus rien à chasser, et quand le sang était devenu pour une nécessité trop personnelle, Link n'était plus sûr de savoir encore les anciens gestes des jeux innocents. L'idée le glaça et il fixa désespérément les yeux sur l'image de l'enfant.

L'image de cet enfant irréel finirait par quitter son âme. Peut-être même, qu'un jour, ce Kokiri ne le reconnaîtrait plus du tout... Link retint de toutes ses forces les détails de ce visage insouciant, et il put presque s'y voir retourné à son point de départ... Mais il n'y avait déjà plus rien, rien qu'un mirage ; des souvenirs ayant pris la forme et la couleur de quelques-uns de ses soupirs ; juste l'absence et le deuil d'un idéal inaccessible.

Son regard s'embua un peu et le mouvement de la cape de la princesse lui apparut au coin de l'oeil. Il n'avait pas vraiment compris pourquoi elle était là. Link lui jeta un bref coup d'oeil et saisit mécaniquement la main qu'elle semblait avoir gardée tendu depuis un bon moment. Elle s'était enveloppée d'une cape sombre qui ne laissait que ses bottes visibles, et ses gestes coulaient dans l'espace, un peu comme un jeu d'ombre et de lumière.

Sa main rencontra celle de la princesse, et il sentit le fourmillement insistant que laissaient les flèches de lumière tandis que devant lui, l'image du Kokiri commençait lentement à s'estomper.

Il voulut alors formuler un mot, un délai, une supplique, mais il se tut et ses iris se givrèrent. Dans le petit village, une nouvelle petite tête rousse jaillit de la cabane où il avait grandi, puis courut rejoindre les autres enfants qui se baignaient dans les mystères lumineux de la forêt enchantée.

Alors il réalisa que cet endroit était devenu étranger. Lui avait-il jamais appartenu ?

Zelda lui pressa la main.
Link tourna enfin la tête dans un geste empenné de lourdeur. En regardant le visage blanc impeccable, il trouva le rêve de l'âme d'un Sheikah caché derrière les iris de la princesse.

Rassurants, déterminés... Invitants ?

Surpris, il débarrassa alors son propre regard du reste de désespoir givré qui enfermait Zelda, et découvrit dans le sien de nouvelles requêtes secrètes et vitales.

Les rires des enfants agitaient doucement les feuillages lumineux des arbres d'émeraude, mais leur mélodie impalpable s'était éloignée dans ce rêve distant. Il avait choisi il y avait déjà tant de temps...
Mais il se sentait accablé et nu en même temps. Ses nouveaux repères se redessinaient, et il n'était pas sûr de les comprendre assez vite. Sans ennemi, il n'y avait plus de place pour un guerrier, et qui avait besoin d'un héros en temps de paix ?

Zelda lui sourit. Un tout petit sourire de Princesse de la Destiné, un peu triste, un peu coupable, mais le geste eut une franche chaleur qui souffla suffisamment ses propres ténèbres. Alors Link répondit instinctivement, une dernière timidité encore vive au coin de ses lèvres.

Lorsqu'enfin il quitta la forêt, la main de Sheik était dans la sienne, et Link voulut écouter la ferme assurance qui chantait contre la chaleur de sa peau que le temps n'était plus aux sacrifices.

Plus tard, bien plus tard, dévêtu de bleu ou de rouge dans une alcôve en fête, il en baiserait chaque phalange pour goûter le souvenir et l'amitié d'une race presque éteinte ; il plongerait dans l'intimité exaltée d'un regard ému pour caresser de son âme, le prix de sept années vécues heure par heure avec une lyre pour seule compagnie.

Et lorsque sa mémoire retracerait le chemin de la forêt, ce serait pour ee souvenir d'un choix, celui des Hyliens traversant l'enfance ; un changement équitable. Des rêves immortels pour les draps d'un senhal ; deux poids d'une même mesure, car si chaque âge avait sa palette de couleurs, l'innocence avait peut-être plusieurs rendez-vous...
Pour lui, il avait fait ce premier passage sien, et ne regrettait désormais plus rien.

FIN   

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Silvara". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

Le Palais de Zelda :: Webmaster: Ariane
Design créé par Sylvain
www.palaiszelda.com :: Copyright © 1999-2024
Note légale : Ce site est protégé par les lois internationales sur le droit d'auteur et la protection de la propriété intellectuelle. Il est strictement interdit de le reproduire, dans sa forme ou son contenu, sans un accord écrit préalable du "Palais de Zelda".
retour au haut de la page
Mis à jour le 08.05.24