Un cri poussé dans le Crépuscule éternel
Des petits carrés noirs s'élèvent autour de moi, comme autant d'adieux, autant d'ombres qui s'envolent vers les cieux, sous ton rire cruel. Je contemple l'éternel Crépuscule orangé, témoin de ma gloire et de ma déchéance. Je vois au loin ce château, aussi noir que ton âme, me narguer de ses hautes tours aux courbes arrogantes, comme les miennes... courbes que tu as convoitées. Que tu n'as pas obtenues. Tu as mon royaume, tu as le pouvoir, mais tu ne m'auras jamais, moi. Je regarde de nouveau mes mains devenues minuscules, je contemple ce petit corps, qui me fait ressembler à un lutin. J'ai l'apparence d'un monstre, je ne suis plus celle que j'étais. Du moins en apparence. Et comme le murmure l'adage aux oreilles des plus sages, les apparences sont parfois trompeuses... Espérons qu'il te reste un peu de bon sens pour t'en apercevoir, que tu n'arbores pas trop tôt les lauriers de ton triomphe. Je suis la tache sur le tissu de ta gloire, je suis le visage de ta conscience ébréchée, je suis le trésor que tu convoites, mais que tu ne posséderas jamais. J'ai été la victime de ta victoire, je serai l'instigatrice de ta défaite.
Tu m'as pris tout ce que je possédais. Tout ? Non. Il me reste la vengeance. Le seul désir que j'ai encore la force d'éprouver. Tes rêves deviendront les kyrielles d'ombres qui s'élèvent vers le ciel, indifférentes. Ils s'y fondront, oubliés, impossibles à saisir, à toucher du bout du doigt, instables et incomplets. J'ai mal, Xanto. Oui, j'ai mal. Toutes ces larmes qui ne demandent qu'à sortir, mais que je retiens. Toute cette douleur que tu ne mérites pas de contempler. Que tu mérites de goûter, de déguster jusqu'à la dernière bouchée. Jusqu'à ce que tu n'en puisses plus et que tu nous demandes grâce, à moi et à notre peuple. Jusqu'à ce que je voie ton ignoble face déformée par une souffrance qui ravira mon coeur meurtri. Je souhaite que tes nuits soient blanches, je souhaite que tu aies peur. Je souhaite que la solitude soit ton unique compagne. Tu as voulu la gloire, tu n'auras pas le bonheur, tu as voulu être un roi, tu termineras comme un déchet. Et ce jour-là, tu regretteras tes actes. Actes qui lesteront ta conscience, en supposant que tu en aies une.
Connais-tu l'histoire d'Icare ? Il s'est brûlé les ailes en souhaitant voler trop haut, le soleil l'a puni. Les Déesses deviendront ce soleil assassin... Mais avant de goûter à leur châtiment, j'entaillerai ta chair de mes lamentations. Entends mon cri, Xanto. C'est celui de la vengeance et de la douleur. Ecoute mes paroles. Elles seront l'objet de tes songes. Entends la Princesse Midona, ombre qui rôde à tes côtés à chacun de tes pas.
FIN
Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Princess-Midna". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.