Le protecteur de la Triforce
Chapitre 1 : Château d'Hyrule
Chapitre 2 : Ombres dans la nuit
Chapitre 3 : Bourg d'Hyrule
Chapitre 4 : Mercantile
Chapitre 5 : Maison d'Arielle et de Link
Chapitre 6 : La bergerie
Chapitre 7 : Préparatifs pour le départ
Chapitre 8 : En prison
Chapitre 9 : Retour au château d'Hyrule
Chapitre 10 : Le conseil
Chapitre 11 : Les épreuves
Chapitre 12 : Protecteur de la Triforce
Link se préparait à son excursion nocturne. La journée n'avait pas été des plus fatigantes, tout devait à priori bien se passer, il avait pris une leçon de maniement d'épée avec le chef du village. Link devenait fort à l'épée et commençait à craindre de moins en moins les dangers du monde extérieur. Comme chaque nuit, sa mère entrait dans sa chambre et lui racontait une histoire. Cette nuit, le sujet de cette histoire était une fiole au contenu d'un rouge rubis qui guérissait toutes sortes de blessures (évanouissements, blessures profondes ou légères et maladies). Sa mère sortit de sa chambre, Link attendait le silence total preuve que tout le village dormait. Une fois que le bruit fut sapé par la noirceur de la nuit, Link se mit à l'action. Il enfila sa tunique et ses bottes puis ouvrit la fenêtre. La fraîcheur du soir lui donnait des frissons dans le dos. Mais ça faisait un mois qu'il répétait toujours les mêmes gestes. Il regarda dehors et aperçut le toit de l'écurie juste sous sa fenêtre. Il sauta sur le toit puis descendit prudemment sur la paille posée sur le côté. Il se mit en route.
C'est devant cette muraille que son courage commençait à douter. La muraille faisait le tour du château et de son jardin et empêchait d'entrer par d'autre moyen que par la porte. Autour de la muraille, le bourg d'Hyrule était silencieux. Link entra dans la ville et se dirigea vers le château. Il y a un mois, il avait aperçu en entrant par la grille un coin de muraille très étrange, et c'est par ce coin qui était en fait un passage qu'il entrait désormais pour accéder au jardin somptueux du château d'Hyrule. Les buissons étaient taillés, l'herbe coupée et des fleurs étaient éparpillées un peu partout. Il y avait en tout trois grandes fontaines dans ce jardin. Les fontaines avaient toutes les trois une sculpture de déesse. Quand on entrait dans le jardin par la grille, on voyait la fontaine Nayru, vers la gauche on voyait la fontaine Din et vers la droite, la fontaine Farore, les trois déesses d'Hyrule. Comme toujours, Link eut des frissons en approchant de la fontaine Din. Il continua son chemin jusqu'à une fenêtre légèrement ouverte (comme toujours) et se faufila à l'intérieur. Il se retrouva dans la cuisine du château. A partir de là, il connaissait par coeur le chemin qu'il devait prendre. Il ouvrit la porte, vérifia si aucun garde était à proximité, il sortit de la cuisine, ferma la porte derrière lui, et continua son chemin vers la droite.
***
Caché derrière un vase, Link observait les environs. Sa destination n'était plus qu'à trois mètres mais ce n'était pas le coin le moins surveillé du château. Il approchait de la porte, attrapa rapidement l'anneau orné d'or et tira. Il entra en trombe dans la chambre, en relevant la tête, il tomba face à face avec une petite frimousse blonde qui devait l'attendre depuis le coucher du soleil. Devant lui, le petit fermier de campagne, se tenait fièrement la princesse Zelda. Link avala avec difficulté sa salive. C'était à cette fête il y a un mois où toute la contrée était invitée qu'il avait rencontré pour la première fois la princesse Zelda. Parmi plus de huit cent personnes, c'est lui qu'elle avait choisi.
Zelda avait beaucoup attendu ce moment où Link viendrait la voir. Ces visites nocturnes permettaient à la petite princesse de connaitre mieux le monde extérieur et au petit fermier d'expliquer sa vie quotidienne. Mais cette fois, Zelda voulait plus qu'une histoire :
"Emmène-moi là-bas" dit-t-elle.
"Vous emmener où ?" demanda Link, surpris.
"Dans ton village, dans la campagne, dans ton écurie."
"Mais, mais..."
"Tu n'as pas le droit de refuser, allez, s'il te plaît."
"Vos parents vont s'inquiéter !"
"Je m'en contrefiche, je veux voir ce qu'il y a derrière la muraille."
Link ne savait plus quoi dire. S'il lui arrivait quelque chose, il sera mis en prison pour avoir volé la princesse. Mais le petit regard déterminé et cette jolie chevelure blonde étaient difficiles à retenir...
"Alors ?" demanda-t-elle.
"Je..."
"Je vais me préparer !"
Toute contente, Zelda se dirigea vers son armoire où elle sortit une chemise bleue et un short blanc.
"Je les ai pris à une amie" expliqua-t-elle à Link étonné de la présence d'un tel vêtement dans sa garde robe. Elle alla dans la pièce d'à côté le temps de se changer, pendant ce temps, Link regardait désespérément le jardin à travers la fenêtre. Ça n'allait pas être facile... Surtout qu'il connaissait Zelda comme la petite fille curieuse qui écoutait ses histoires le soir, il ne savait pas s'il pouvait compter sur sa discrétion... Qui sait ce qui pouvait se passer ?
Zelda arriva. Si on oubliait son allure de princesse et ses sandales dorées, elle avait tout l'air d'une petite campagnarde. Fière de son déguisement, elle regarda Link dans les yeux :
"Alors ?"
"Euh..."
"C'est bon, on y va alors !"
Elle ne semblait pas se rendre compte du risque encouru mais Link bizarrement n'arriva pas à la persuader de rester au château. Il se mit donc en route, Zelda sur ses talons. La première étape (la plus difficile) était de sortir du château SANS se faire voir. Link regarda Zelda, elle observait les alentours en souriant, ces alentours qu'elle connaissait de jour mais pas de nuit. Link sentait en elle l'impatience. L'impatience de vivre cette aventure. Link sentait autre chose : s'il continuait de regarder comme ça la princesse, elle s'en apercevrait et il risquerait de se déconcentrer sur le chemin à prendre. Il regarda devant lui... et faillit mourir d'une crise cardiaque : un garde approchait !
"Vite !"
"Quoi ?"
"Viens !"
Link attrapa Zelda par le poignet et l'emmena rapidement près d'une porte, il l'ouvrit et poussa Zelda à l'intérieur avant d'entrer à son tour et referma la porte derrière lui. La salle où il se trouvait avec la princesse était noire et Link espérait que ça n'était pas une chambre ou une salle où il y avait quelqu'un. Il souffla un bon coup.
"Qu'est-ce qui se passe ?" demanda Zelda.
"On a failli se faire voir."
"Comme c'est excitant !"
Link la regarda de travers mais après tout, c'était la première fois qu'elle faisait quelque chose de dangereux.
"Je reconnais cette salle" dit-elle,
"Ah oui, où est-on ?" Link avait beau scruter les environs, il ne voyait pas une goutte de lumière qui puisse lui indiquer le chemin.
"On est dans la grande bibliothèque."
"Comment tu sais ça toi ?!"
Une chance qu'il soit dans le noir : Link rougissait comme une tomate, il venait de tutoyer la princesse d'Hyrule et si un garde était là, il l'aurait sûrement condamné à mort.
"Je sens le savoir" répondit-elle sans remarquer la gaffe que venait de dire Link.
"Vous le... sentez ?"
"Oui !"
Link abandonna de chercher pourquoi et commença à chercher comment sortir d'ici.
"Est-ce qu'il y a des fenêtres dans cette bibliothèque ?"
"Oui, mais si tu cherches à sortir par-là, laisse tomber, les fenêtres sont hautes pour que personne ne vole le savoir d'Hyrule."
"Ah..."
Link ouvrit doucement la porte et regarda aux alentours : personne à gauche, personne à droite, c'est bon, le garde s'était éloigné.
"On peut y aller."
"Super !"
Ils partirent tous les deux, comme deux ombres dans la nuit.
La cuisine était silencieuse comme le reste du château mais cette pièce assistait à une scène toute particulière : un jeune fermier accompagné d'une princesse habillée en campagnarde se faufilaient tous deux un par un par la petite fenêtre toujours ouverte. La jeune fille hésitait mais bizarrement le garçon lui inspirait confiance.
Link et Zelda se retrouvèrent dans le jardin du château.
"Comme c'est beau la nuit !" s'exclama-t-elle.
"Oui" approuva Link en regardant aux alentours. La nuit donnait au jardin un air de paradis, et là on pouvait entendre d'ici la fontaine Din couler paisiblement sur le marbre. Un air frais vint balayer les cheveux des deux enfants. Ils étaient seuls dans ce silence, personne ne pourra jamais leur enlever de leur mémoire ce moment de tranquillité où tous les problèmes se faisaient oublier...
"Par ici" dit Link en s'approchant du passage secret.
"Tu en es sûr ?"
"Parfaitement, allez-y, passez la première."
Zelda se faufila accroupie dans ce passage. Si elle avait sa robe et tenait à montrer qu'elle était une princesse, elle aurait rejeté l'idée de ramper dans ce tunnel, mais là, c'était différent : pour la première fois de sa vie, la princesse Zelda se sentit libre. Elle atterrit devant le bourg d'Hyrule, et, derrière elle, la muraille du château d'Hyrule se dressait fièrement. Elle fit quelques pas en avant quand Link sortit du souterrain.
"Par où allons-nous maintenant ?" demanda-t-elle.
"Je... c'est par là" répondit Link.
Les deux enfants s'enfonçaient dans les ombres inquiétantes de la ville, Zelda s'arrêta un moment pour regarder une dernière fois le château. Elle était sûre qu'elle reviendrait mais elle ne savait pas quand. Elle se retourna pour voir où était Link, mais... il avait disparu ! Zelda sentit la panique arriver :
"Link ? Ohoo ! Link !"
Les larmes lui montaient aux yeux mais impossible de les retenir.
"Link !"
La petite princesse commença à courir dans les rues vides et sombres, les larmes coulaient sur ses joues comme des perles brillantes dans la nuit. Elle arriva en courant sur une place où gisait une fontaine. Elle s'effondra en pleurs près du bord et laissa ses larmes couler dans la fontaine. Quand elle entendit un cri tout près. Elle se releva, mais quelque chose en elle disait que le bruit ne venait pas de quelque chose ou quelqu'un de dangereux. Elle s'approcha de l'endroit où le cri avait retenti et crut entendre comme des gémissements.
"Ça va ?" demanda-t-elle à l'inconnu.
Tout d'un coup elle reconnut la voix, c'était celle de Link !
"Link ! Ça va !"
"J'ai l'impression d'avoir reçu des coups de couteaux dans le dos."
"Fais-moi voir !"
"Mais..."
"Enlève ta chemise, vite ! Si tu saignes, il faudra trouver un médecin !"
Link déboutonna sa chemise et sentit la main douce et chaude de la princesse passer sur son dos, il en eut des frissons.
"Je ne vois rien."
"Comment ça ?"
"Il n'y a aucune blessure !"
"Mais pourtant, j'ai l'impression que j'ai reçu des coups de couteaux, je vous l'assure !"
"Je te crois, mais il n'y a rien."
Link, quoi que surpris, passa sa main sur son dos avec difficulté mais remarqua en effet qu'il n'avait rien. Il remit sa chemise et ils se remirent en route.
"J'entends du bruit" murmura Zelda.
"C'est comme une alerte."
Ils se regardèrent un instant pris de panique et se retournèrent vers le château. Dans le château, des lumières s'allumaient et d'ici, on entendait les appels ; on cherchait la princesse d'Hyrule.
"Fuyons !" hurla Link en attrapant Zelda et l'entrainant dans une course endiablée. Ils coururent à travers les rues, et derrière eux, toute la ville se réveillait. Zelda avait à peine le temps de voir où ils allaient parce que Link essayait de prendre les chemins les plus discrets entre les murs et dans les escaliers, jusqu'à un cul-de-sac.
"Qu'est-ce qu'on fait !" s'inquiétait Zelda.
Link observait partout. Les tonneaux empilés avaient l'air facile à monter, pour lui...
"Arriverez-vous à monter sur ces tonneaux ?!"
"Euh, oui, enfin je crois..."
Link commençait déjà à monter jusqu'à une boîte posée sur les tonneaux, il se retourna et tendit sa main à la princesse qui essayait désespérément de grimper. Zelda attrapa la main que Link lui tendait quand Link l'enleva subitement.
"Qu'est-ce qui se passe ?"
Link regardait sa main. Elle était brulée et prenait une forme étrange de triangle, la même forme que sur la robe de Zelda il y a un mois. Il se dit qu'il s'occuperait de ça plus tard, il retendit sa main à Zelda et cette fois elle arriva sur la boîte. A cette hauteur, les deux enfants pouvaient enjamber le mur. Link passa un pied au-dessus puis l'autre, soudain... il tomba.
"AAaaaaah ! Ouch !"
"Ça va ?"
"Oui, mais il est un peu haut ce mur."
Zelda regarda par-dessus le mur. En effet, trois mètres et demi plus bas, Link se frottait sa jambe.
"Comment je vais faire, je ne peux pas sauter ça moi !"
"Sautez, je vous rattraperai."
Link tendit ses bras en avant, Zelda regarda derrière elle, les habitants commençaient à sortir de leurs maisons. Elle prit son courage à deux mains et sauta. Link vit Zelda tomber sur lui, il l'attrapa au vol pour éviter qu'elle se blesse mais ne put éviter une chute en arrière. La seule chose que Link n'avait pas prévu, c'est qu'ils étaient hors de la ville à présent et en haut d'une colline. Zelda tomba dans les bras de Link, ils partirent tous les deux en arrière et roulèrent sur eux-mêmes jusqu'en bas de la colline. Arrivés là, ils s'assirent pour reprendre leurs esprits, se regardèrent et rirent aux éclats.
***
Ils continuèrent leur chemin jusqu'à un bois touffu où les habitants du bourg d'Hyrule ne les verraient pas. Link voulut faire le bilan des blessures pour être sûr de ne pas courir un risque en s'éloignant de la ville pour atteindre le village suivant à deux heures de route. Zelda assura n'avoir aucune blessure, quant à Link, il avait une vilaine coupure sur le genou droit qu'il s'était fait en tombant du mur au village. Mais, ce n'était rien comparé à la brûlure qui lui entaillait la main en une forme de triangle avec trois autres triangles à l'intérieur. Ce signe voulait peut-être dire quelque chose, mais il décida de ne pas en parler à la princesse pour ne pas l'inquiéter. L'aube laissait de l'ombre dans la forêt mais derrière eux, le château d'Hyrule baignait de lumière.
"Et maintenant ?" demanda Zelda.
"Maintenant, on s'éloigne et une fois assez loin, on se dirigera vers mon village."
Ils se mirent en route. Les branches les griffaient et le chemin était dur à suivre. Les enfants ne se décourageaient pas pour autant. Le soleil se levait, et il régnait dans la forêt un air frais et apaisant. Rapidement, le bout de la forêt se montra pour laisser place à une grande plaine verdoyante : la plaine d'Hyrule ! Les yeux de la princesse brillèrent, ce spectacle était digne du jardin du château, sauf que là, le créateur n'était autre que dame nature. Link, beaucoup moins sensible à ce spectacle regardait la plaine, différente le jour et la nuit. Zelda commença à courir puis fit une galipette pour atterrir allongée dans l'herbe le regard observant le ciel encore pâle du matin. Link approcha pour s'asseoir à côté d'elle :
"C'est magnifique" dit-elle émerveillée par la plaine.
"Ce n'est pas le plus beau moment de la journée dans cette plaine" dit simplement Link.
"Alors, c'est quand ?" demanda Zelda.
"Aux aurores" répondit Link, le regard rêveur.
"Tu pourras m'y emmener ?"
"Bien sûr."
"Génial, on y va ?"
Ils se remirent en route à travers la plaine. Ils arrivèrent au village de Link à l'heure du déjeuner. Le village Mercantile battait son plein. Les chèvres passaient, les marchands hélaient et les femmes faisaient leurs courses habituelles.
"Rappelez-vous qu'ici personne ne sait que vous êtes une princesse, on vous traitera donc comme toutes les jeunes filles du village."
"Tant mieux" répondit Zelda, observant chaque bruit, chaque signe autour d'elle.
Link avait honte d'habiter un village aussi pauvre. Aux yeux de la princesse, ce village ne valait sûrement rien. Mais la princesse semblait absorbée par toute la vitalité du village.
"Ce village est merveilleux."
"Vous trouvez ?"
Quand un homme arriva en courant :
"Link !"
"Qui est-ce ?" demanda Zelda.
"Le berger du village, c'est avec lui et mon père que je travaille."
"Que tu... travailles ?"
"Oui, mais c'est vrai que pour vous, ça ne doit pas dire grand-chose."
"Tu m'emmèneras voir tout ça."
Déjà, le berger était à côté d'eux :
"Link, où étais-tu passé, on t'a cherché partout pour regrouper les chèvres !" dit-il sévèrement.
Link rentra la tête dans les épaules. Avec la princesse et le passage dans la forêt pour ne pas se faire voir, il avait allongé le chemin de deux heures de plus.
"Mais qui ramènes-tu-là ?" continua le berger en remarquant Zelda. "Bonjour mademoiselle, vous n'êtes pas du coin."
"Non, je viens du bourg d'Hyrule, la ville au pied du château d'Hyrule."
"Voilà une bien belle ville, bienvenue à Mercantile mademoiselle... ?"
"Tétra !"
"Eh bien mademoiselle Tétra passez un bon séjour, si vous restez avec Link, j'espère qu'il vous donnera une bonne impression sur le village" dit-il en s'adressant en partie à ce dernier.
Il s'éloigna, laissant les deux enfants seuls.
"Tétra ? D'où vient ce prénom ?"
"Je n'en sais rien mais à partir de maintenant, il va falloir que tu m'appelles Tétra et que tu me tutoies."
"Bon, je suis sûr que vous, euh, que tu as faim, allons chez moi, ma mère et ma soeur doivent être là-bas."
Zelda suivit Link jusqu'à une maison bien bâtie sur les abords du village. Juste à côté de la maison, une écurie avait été construite, et derrière la maison, on pouvait voir une petite fille aux cheveux aussi blonds que ceux de Link se pencher dangereusement sur le bord d'un puits.
"Arielle !" hurla Link en courant vers elle pout l'attraper par la taille et la tirer en arrière. "Je t'ai déjà dit cent fois de ne pas te pencher sur le bord du puits, un jour ou l'autre, tu vas tomber dedans !"
Link semblait plus soulagé qu'énervé quant à la petite Arielle, elle le regardait en souriant. Ce sourire faisait fondre toute colère se dit Zelda parce que Link semblait déjà calmé. Il frottait les cheveux de sa petite soeur et lui tendit son seau rempli d'eau qu'elle s'empressa de ramener dans la maison. Link rougit en regardant Zelda, elle l'observait en rigolant :
"Elle est mignonne" fit remarquer Zelda.
"Oui, un peu trop." répondit Link en regardant la porte par laquelle Arielle était entrée.
Déjà, la petite fille ressortit de la maison pour allez voir Zelda :
"Bonjour" dit Arielle aimablement.
"Bonjour" répondit Zelda.
"Je m'appelle Arielle et toi ?"
"Moi, c'est Tétra."
"Bienvenue Tétra !" annonça-t-elle chaleureusement, puis elle ajouta "Où as-tu trouvé tes sandales ?"
Le regard avide que portait cette petite fille aux sandales dorées de Zelda la fit rire.
"Arielle !" s'exclama Link fâché du comportement de sa petite soeur devant une princesse.
"Ce n'est pas grave" dit calmement Zelda. "Si elles te plaisent tant que ça, je veux bien te les offrir mais à une condition."
"Laquelle ?" demanda Arielle de plus en plus excitée.
"Eh bien, si tu me prêtes d'autres sandales pour remplacer celles-là, je veux bien te les passer."
Arielle hurla de joie et courut en chantonnant vers la maison pour aller chercher une autre paire de sandales. Link leva les yeux au ciel. Zelda le regarda en riant. Link se ressaisit puis dit :
"Viens je vais te présenter à ma mère."
Ils partirent tous deux vers la maison.
Dès qu'on entrait, une odeur de soupe et de fruits embaumait l'air. La mère de Link était devant la cheminée et touillait le contenu d'un chaudron (sûrement de la soupe). Quand elle s'aperçut de la présence de Link et de Zelda, elle s'exclama :
"Link ! Ça va ? Où étais-tu passé, j'étais inquiète !"... puis elle remarqua Zelda et lui dit :
"Oh, vous devez être Tétra, ma fille m'a parlé de vous un court instant avant de monter toute excitée dans sa chambre chercher je-ne-sais-quoi."
Zelda sourit avant d'expliquer :
"Je lui ai promis mes sandales en échange d'une autre paire."
La mère de Link regarda un court instant les sandales de Zelda.
"Mais, ce sont des sandales ornées d'or ! Vous n'allez tout de même pas donner ça à Arielle, gardez- les pour vous !"
"Elles devenaient trop petites" expliqua Zelda. "Autant les donner à quelqu'un."
C'est à ce moment qu'Arielle arriva en courant avec dans ses mains une paire de sandales en cuir confortables mais beaucoup moins belles que celles de Zelda.
"Merci Arielle" dit-elle simplement avant de prendre les sandales et commencer à défaire les liens de ses propres sandales. Une fois les fils dorés défaits, Zelda tendit ses sandales vers Arielle qui les prit en les observant le regard luisant.
"Merci" dit Arielle en un souffle.
"Vas-y, essaie les" dit doucement Zelda tout en enfilant les sandales qu'Arielle lui avait apportées. Arielle mit à ses pieds les chaussures d'or et marcha un peu avec. Il n'y avait pas à dire, ces sandales lui allaient très bien, assorties à ses cheveux, et sa robe bleue ne rendait que mieux l'ensemble.
"Tu es magnifique" fit remarquer Zelda.
"C'est vrai ?" dit Arielle le regard plein de satisfaction. "Je vais les montrer à Mina !" et elle sortit en courant.
"Restes-tu pour le déjeuner Tétra ?"
"Oui avec plaisir" répondit-elle.
"Bien, mettez la table tous les deux."
En posant les couverts et les bols, Zelda demanda :
"Qui est Mina ?"
"Mina ?!" répondit Link en rigolant. "C'est une mouette, après tout, on n'est pas si loin de la mer. Arielle pense que Mina vient dans ce village seulement pour la voir, mais à mon avis, c'est plutôt parce qu'elle lui donne à manger."
Zelda sourit. Elle pensait que la mouette pouvait très bien venir jusqu'ici pour de la nourriture mais, pourquoi pas voir une amie humaine ? Une fois la soupe prête et les couverts installés, la mère de Link lui demanda d'aller chercher Arielle. Link sortit dehors accompagné de Zelda qui voulait se rendre utile.
"Où a-t-elle bien pu passer ?" demanda Link.
"Elle est sûrement dans un coin en train de montrer ses sandales à Mina."
"Peut-être mais où ?"
"Cherchons, on trouvera bien."
Ils commencèrent à chercher près de la maison tout en l'appelant. Voyant bien qu'elle n'était pas là, ils allèrent vers la bergerie. C'était au milieu du pré qu'ils la trouvèrent, assise sur un tronc et entourées de chèvres et d'une mouette, elle semblait captivée par ses sandales.
"Eh, Arielle, c'est l'heure de manger" appela Link.
Arielle sourit d'un air malicieux : "Tu n'as qu'a venir me chercher !" dit-elle.
Link enjamba la barrière d'un pas mal assuré et dès qu'il posa un pied dans le pré, une chèvre le vit et fonça vers lui. Pris au dépourvu, Link tomba en arrière sur le dos mais hors du pré, quant à la chèvre, elle retourna au près d'Arielle. Zelda rigola en regardant Link se débattre dans les hautes herbes.
Frustré, Link lui dit : "Vas-y toi !"
"Bien" dit-elle.
En un saut Zelda se retrouvait de l'autre côté de la barrière. Les chèvres la remarquaient à peine. Zelda avança jusqu'au tronc d'arbre. Là elle demanda à Arielle :
"Viens manger, on a mis la table pour toi."
"J'arrive" répondit Arielle. "A tout à l'heure Mina !" lança-t-elle à l'intention de la mouette.
Tétra et Arielle retournèrent auprès de Link qui était toujours en train de se débattre dans les mauvaises herbes et les lianes qui trainaient. Elles l'aidèrent à se débarrasser de toutes ces plantes et ils repartirent vers la maison. Pour la première fois de sa vie, Tétra vit ce que c'était un repas en famille. La mère de Link servait tout le monde, Arielle s'amusait avec elle et Link mangeait. Un repas heureux. Dans le château, à l'heure du déjeuner, tous les convives se mettaient autour d'une table et parlaient, mais elle n'avait pas le droit de piper mot. Elle devait manger en silence jusqu'à ce qu'enfin, on la libère de cette table monotone, mais là, elle aurait pu rester des heures assise à la petite table de la salle à manger sans s'ennuyer.
Link venait de finir son assiette quand son père et le berger appelé Bodhan entrèrent dans la pièce.
"Link, c'est l'heure de rentrer les chèvres !" dit son père.
"Déjà !" s'exclama Link.
"Bah, oui, comme toujours."
Link soupira, attrapa un bout de pain et sortit derrière son père et Bodhan. Tétra le regardait s'éloigner avec un pincement au coeur. Arielle s'en aperçut et lui chuchota à l'oreille :
"Après le déjeuner, je t'emmènerai à la bergerie, tu verras, c'est amusant."
Sur cette pensée réconfortante, Tétra termina son assiette. Après que les deux filles eurent fini de débarrasser la table, elles sortirent en direction de la bergerie. Arrivées devant l'enclos du pré, elles s'assirent sur une barre de bois et regardèrent le spectacle : le père de Link, à cheval, hélait les chèvres pour qu'elles se dirigent vers l'écurie, pendant ce temps, Bodhan prenait les chèvres qui essayaient de sortir, quant à Link, il avait le fâcheux devoir de tenir la porte de l'écurie. Tout se passait bien quand une chèvre, plutôt maligne, sauta par-dessus un bout de barrière cassé et s'échappa vers la forêt.
"Link, va la chercher !" cria Bodhan.
Link mit un caillou sous la porte de l'écurie pour qu'elle reste ouverte, puis courut jusqu'à la barrière, sauta par-dessus et s'élança dans la forêt. Ayant disparu du champ de vue des deux filles, Arielle dit :
"Viens Tétra, allons l'aider !"
Arielle sauta de la barrière, contourna l'enclos et s'enfonça dans la forêt. Tétra la suivit du mieux qu'elle put. Tétra courut dans la forêt et une fois la lumière cachée par les sapins, elle commença à s'inquiéter. Elle regarda dans les alentours et aperçut Arielle qui lui faisait signe de la suivre. Elles s'élancèrent sur un sentier tortueux mais praticable. De temps en temps, elles apercevaient devant elles des bouts de la chemise verte de Link.
"Plus vite Tétra !" lança Arielle. "On va bientôt le rattraper !"
Elles coururent jusqu'à une clairière entourée d'arbres où elles retrouvèrent Link essoufflé et inquiet.
"Qu'est-ce qu'il y a ?" demanda Arielle.
"J'ai cru entendre un bruit" expliqua Link.
"Ha ha, mais Link, il y a toujours eu du bruit dans la forêt !" dit Arielle, elle s'avança en riant quand un buisson bougea derrière Tétra.
"Euh, Link ?" dit-elle. "Regarde !"
Link eut juste le temps de se retourner avant de recevoir un coup dans le ventre qui le projeta deux mètres plus loin. Tétra hurla et Arielle sursauta. Devant eux, un gobelin venait de sortir des fourrés.
"Link !" hurlèrent-elles à l'unisson.
Link se relevait, le souffle coupé par le coup qu'il avait reçu. Il regarda rapidement autour de lui : Tétra et Arielle étaient d'un côté du monstre qui, lui regardait Link. Le jeune garçon regarda encore une fois les environs quand il aperçut un bâton au pied du gobelin. Il sauta sur celui-ci pour qu'il tombe à la renverse. D'un geste rapide, il attrapa le bâton et le brandit prêt à combattre se mettant entre le monstre et les deux filles.
Le gobelin se releva et observa un court instant les enfants, il était un peu plus grand qu'eux et beaucoup plus fort. Il brandit sa patte et porta un coup au plus téméraire d'entre eux.
Link ne vit pas le coup venir, la seconde d'après, il était projeté contre un rocher où il perdit connaissance. Arielle attrapa le bâton qu'il avait fait tomber et le brandit à son tour. Malgré son jeune âge, la petite fille était déterminée à protéger sa nouvelle amie.
"Allons près de Link !" cria-t-elle à Tétra. "Il faut le protéger !"
Tétra s'exécuta, mais le gobelin s'approchait d'elle par derrière, elle se retourna et prit un coup de griffe sur le bras qui la projeta un arrière. Elle s'évanouit sous la douleur. Arielle, en rage, courut vers le monstre, lui sauta dessus et avec le bâton, elle commença à le frapper. A ce moment-là, Link reprit conscience. Il vit sa petite soeur sur le dos du gobelin en train de se faire attraper et projeter en avant. Arielle atterrit à côté de Tétra mais dans sa chute, elle perdit le précieux bâton. Link s'aperçut que Tétra ne se réveillait pas, elle devait être évanouie. Il vit le bâton dans l'herbe à un mètre de lui. Il se releva avec difficulté et plongea vers le bâton. Une fois la petite arme entre ses mains, il courut vers les deux filles. Le gobelin revenait déjà à la charge quand quelque chose le percuta et le fit tomber une deuxième fois à la renverse. La chose en question était la chèvre qui s'était enfuie. Link ne réfléchit pas deux fois avant de passer à l'action. Il profita du fait que son ennemi était à terre pour sauter vers lui et lui donner un coup de bâton dans la tête. Une fois le gobelin sonné, Link mit le bâton à sa ceinture, et, accompagné de la chèvre, il courut vers Zelda. Arielle l'observait l'air inquiet.
"Princesse Zelda !" s'exclama Link. "Vous allez bien ?!"
"Princesse quoi ?!" s'exclama à son tour Arielle.
Tétra ouvrit légèrement les yeux, elle vit les deux petites têtes blondes la regarder, puis elle ferma les yeux, elle était tellement fatiguée.
"Il faut la ramener à la maison" décida Arielle.
"Tu sais que t'es perspicace toi parfois" dit Link d'un ton ironique. "Monte sur la chèvre, ta jambe droite saigne, et passe-moi un bout du bas de ta robe."
Arielle s'aperçut en effet que sa jambe était en sang, elle déchira le bas de sa robe, tendit le morceau de tissu à Link, puis l'observa faire un bandage de fortune au bras de la princesse. Une fois le bandage fait, elle monta sur le dos de la chèvre, quant à Link, usant du peu de force qu'il lui restait, il ramassa la princesse et commença à se diriger rapidement vers le village, la chèvre portant Arielle sur ses talons. Il espérait que le coup qui avait sonné le gobelin leur laisserait le temps pour atteindre le village. Il commençait à être fatigué quand enfin la lumière du soleil les éclaira lui, sa soeur, la chèvre et Zelda.
"Arielle, va chercher papa et maman" dit-il, essoufflé.
Sa petite soeur talonna la chèvre qui partit en courant. Link continua à avancer mais c'était au dessus de ses forces, il tomba à genoux, déposa la princesse et s'allongea à côté d'elle dans l'herbe, à ce moment, sa vision se brouilla et tout devint noir.
Tétra se réveillait lentement. Elle sentait des draps doux et un coussin moelleux. Elle voulait rester ainsi des années. Mais les derniers événements dont elle se souvenait ne pouvaient pas la laisser inerte. Link s'était évanoui, elle courait vers lui quand elle avait reçu un coup sur le bras qui l'avait projetée en avant. Le reste était flou : le bruit d'un combat, un animal à la charge, une tête blonde qui l'appelle (Link ?) et puis plus rien. Tétra ouvrit enfin les yeux pour apercevoir un plafond en bois. Elle sentait un bandage sur son bras. Elle regarda autour d'elle et vit la mère de Link endormie. Près de son lit, Tétra apercevait une fenêtre. Dehors, il faisait nuit noire, elle avait donc dormi toute la journée. La porte s'entrouvrit et la tête d'Arielle apparut.
"Tétra !" hurla-t-elle en voyant son amie réveillée. Elle courut vers son lit et lui sauta au cou. "Tu vas bien ?"
"Oui."
"Tétra, c'est vrai que tu es... la princesse Ze..."
"Ze quoi ?" demanda la mère de Link qui venait de s'éveiller.
"Zeri, c'est un jeu qu'on faisait ensemble" expliqua rapidement Zelda, voulant à tout prix cacher sa véritable identité.
"Si tu le dis. Tu vas mieux ? Le bandage qu'avait fait Link à ton bras n'était pas assez épais pour la griffure que tu avais reçue. Arielle, elle avait une blessure légère mais beaucoup de sang s'en écoulait" dit la mère de Link.
"Et Link va bien ?" s'empressa de demander Tétra.
"Il a une blessure à la tête et une entaille au genou, mais l'entaille est moins récente. Il ne s'est pas encore réveillé."
Mais avant que la mère ait pu rajouter un mot Arielle avait déjà attrapé Tétra par le poignet et la tirait hors du lit pour l'amener à Link.
"Mais... elle n'est peut être pas encore rétablie !"
"Ne t'inquiète pas maman !"
Arielle partait déjà en courant vers la chambre de son frère, Tétra la suivait comme elle pouvait. Quand tout à coup, Arielle entra en trombe dans une chambre, Tétra à sa suite. Dans cette pièce, on apercevait un tapis, une armoire, une fenêtre, et à côté de la fenêtre un lit. Dans le lit, Link dormait profondément avec autour d'une partie sa tête un bandage. Tétra observait la chevelure blonde du garçon. Il avait des airs d'ange vu comme ça.
"Dis Tétra, c'est vrai alors ?" redemanda Arielle.
"Oui, désolée de t'avoir caché ça mais je préfère que personne ne sache que je suis là."
"Il ne s'est pas réveillé ?" demanda la mère des enfants en entrant dans la chambre.
"Non, je vais me coucher, je suis fatiguée" expliqua Arielle en sortant.
"Je préfère rester à son chevet. Reposez-vous en attendant" dit Tétra.
La mère sortit de la chambre, laissant Tétra seule avec Link. Elle reposa son regard sur celui-ci. La respiration régulière, il semblait s'être seulement endormi. Un dessin étrange sur la main du garçon attira le regard de la princesse. Le symbole de la Triforce y était inscrit, comme une brûlure qui aurait pris forme. Elle lui prit doucement la main pour mieux observer le dessin. Etait-il possible que ce soit lui le...
Link se réveilla en sursaut. Tétra était assise sur le bord de son lit et lui tenait la main. Elle le regarda avec affection :
"Tu vas bien ?" lui demanda-t-elle.
"Euh, oui. Et vous, euh, toi ?"
"Je vais bien. Toi et ta soeur êtes très courageux. Je pouvais à peine bouger devant ce monstre."
"Il serait mieux de retourner nous coucher, demain, il faudra aller au château."
Tétra savait que Link avait raison mais elle n'avait aucune envie de retourner chez elle. Ici, les journées se déroulaient dans la joie et le bonheur, au château, tout était sobre et ennuyeux. Mais elle n'avait pas le choix.
"Bonne nuit Link."
"Bonne nuit."
Tétra ferma la porte de la chambre derrière elle et se dirigea vers son lit pour dormir.
***
Le lendemain, une odeur de pain grillé et de blé planait dans la chambre de la petite princesse. Tétra bailla longuement, s'étira puis se leva pour se diriger vers la cuisine. A table, la mère des enfants et Arielle profitaient d'un bon petit déjeuner.
"Où est Link ?" demanda Tétra.
"Il est parti dans le jardin il y a 10 minutes et il doit y être encore" répondit Arielle.
Tétra s'assit à table et prit du blé dans du lait, un petit déjeuner très bizarre mais délicieux. Après ce repas peu habituel, elle sortit dans le jardin pour retrouver Link. Elle n'eut pas à s'éloigner beaucoup pour l'apercevoir en haut d'une colline en train de rêvasser. Elle se mit en route pour le rejoindre.
Link regardait le ciel, il était bleu, d'une clarté pure, un peu comme les yeux de sa soeur et de la princesse Zelda. Mais pourquoi il pensait à ça, cela restait un mystère à ses yeux. Une ombre passa derrière lui, il fit une roulade sur le côté et sauta en se retournant pour faire face à l'intrus. Devant lui, la princesse d'Hyrule le regardait l'air pensif.
"Vous désirez princesse."
"Je pense que tu avais raison hier, ce serait mieux si on retournait au château aujourd'hui."
Link ne put cacher une pointe de déception. Cette aventure allait lui manquer. Zelda sourit :
"Mais on refera ça un jour ou l'autre."
"Oui..."
Ils repartirent tous les deux vers la maison où Arielle les attendait avec impatience.
"Devinez quoi ! Maman va organiser une fête ce soir !" dit Arielle excitée d'avance.
"Je dois ramener Tétra chez elle" lui répondit Link.
"Chez elle ?"
"Au château d'Hyrule."
"Tu ne restes pas Tétra, même pas pour ce soir ?"
"Non, je dois rentrer."
***
Link entra dans la maison pour préparer ses affaires, le voyage de Mercantile au château d'Hyrule n'est pas un des moins dangereux, surtout avec la princesse, on pourrait le prendre pour un voleur. Il avait besoin d'une dague, de l'argent, d'une potion rouge (on ne sait jamais) et d'une cape de voyage. Il trouva la dague dans son armoire ainsi que toutes ses économies, piqua la potion rouge dans la cuisine et fouilla ses affaires en quête d'une cape. Il en trouva une verte foncée qui convenait parfaitement au voyage. Il partit en direction du potager à l'arrière de la maison pour prévenir sa mère du départ en faisant attention de cacher la dague et la potion.
"Maman, je vais ramener Tétra chez elle, elle n'ose pas y aller seule."
"Tu n'as pas vraiment le choix, dis-lui au revoir de ma part et reviens vite."
"Promis maman !"
Link repartit vers le jardin où Arielle et Zelda discutaient joyeusement.
"Allons-y maintenant !" lança Link.
"Au revoir Arielle" dit Tétra avec un pincement au coeur.
"Tu reviendras, hein ?"
"Promis."
Et les deux enfants repartirent en direction du bout du village vers la plaine d'Hyrule. Aux portes de Mercantile, Tétra ralentit, elle laissait dans ce village son surnom et bon nombre d'amis. Son coeur semblait être déchiré en deux en passant la porte. La revoilà dans la plaine d'Hyrule en compagnie de son ami avec pour seul but un lieu qu'elle rejetait à présent au plus profond d'elle-même. Link avait déjà commencé à avancer, une fois la porte dépassée de 100 mètres environ, il se retourna, la princesse semblait hésiter d'aller dans la plaine. Link revint sur ses pas.
"Zelda ?"
"Allons-y..."
Ils partirent tous deux dans la plaine. Un arrêt dans une petite ville nommée Cocorico leur permit de voir le coucher du soleil. Le voyage était beaucoup plus long qu'à l'aller parce qu'il fallait prendre un chemin différent aux risques de se faire repérer. Ils restèrent donc à Cocorico pour la nuit ce qui leur permit aussi de voir la plaine d'Hyrule lors du coucher du soleil. Link et Zelda avaient emprunté une chambre pour une nuit à l'auberge et Link été parti de quoi chercher un repas digne de ce nom. Zelda, quant à elle, regardait le soleil à travers la fenêtre de sa chambre. La vue sur la plaine d'Hyrule était magnifique. Link avait raison, c'était la plus belle heure pour cette plaine. Les brins d'herbes dorés avaient des teintes rosées au couchant. Les oiseaux se préparaient pour une bonne nuit et déjà le feuillage des arbres devenait noir. C'était un bien plus beau spectacle que le jardin du château d'Hyrule dans toute sa splendeur. Déjà Link revenait avec des chouk's. Zelda n'avait jamais vu ça : c'était du pain roulé avec à l'intérieur de la salade, de la viande et des tomates. Elle ne connaissait pas mais ça donnait envie de goûter. Ils mangèrent dans leur chambre puis se couchèrent, une longue journée de marche les attendait.
Le lendemain, Link paya la note de l'auberge et ils partirent en direction du château. Le détour était long mais moins dangereux que si ils avaient pris le chemin direct, mais ce qu'ils ne savaient pas, c'était que depuis la disparition de la princesse, on avait posté des gardes un peu partout pour la retrouver. C'est un postier qui prévint les deux enfants. Ils rampèrent dans les fourrés, marchaient dans les hautes herbes et ne passaient plus par les villages afin d'éviter tous les gardes. Jusqu'à ce que le château soit en vue. Link se relâcha de toute la pression qui l'avait anéanti depuis la rencontre du postier et la nouvelle que les gardes rodaient. Malheureusement, il relâcha sa prudence, certain qu'il avait réussi sa mission, il n'aurait pas dû...
Ils approchaient du bourg d'Hyrule et le village ne semblait pas calme. Pour plus de sécurité, Link donna sa cape à Zelda pour éviter qu'on la reconnaisse. Ainsi, silencieusement, ils entrèrent dans le bourg d'Hyrule, ils n'avaient pas le droit à l'erreur. Ils traversèrent la ville jusqu'à la fontaine où il y a 2 jours, Zelda s'était crue perdue. Ils avancèrent jusqu'à la muraille. Link vit tous les gardes devant la porte, comment faire ? Il ne pouvait pas lâcher ici la princesse et lui dire de s'expliquer avec les gardes. Il fallait la ramener dans le château, dans sa chambre plus précisément. Il décida de contourner le château par d'autres ruelles. Ils partirent tous deux vers une ruelle plus étroite et plus sombre. Ils avançaient quand un bruit venant des toits éveilla les soupçons des deux enfants. Link se retourna pour voir d'où venait le bruit quand quelqu'un atterrit juste à côté d'eux. Zelda hurla de terreur mais déjà l'homme l'avait bâillonnée et un deuxième s'avançait derrière Link. Zelda voulut le prévenir mais il était déjà trop tard, le corps de Link s'affala sur le sol. L'homme qui venait de l'assommer le ramassa. Le deuxième banda les yeux de la princesse.
***
Link se réveilla avec une terrible migraine. Deux coups sur la tête en deux jours, ça faisait un peu beaucoup... Il se souvint des derniers événements, il se leva rapidement puis vit qu'il n'était plus dans la rue mais dans une prison sombre et poussiéreuse. Il grogna, son mal de crâne l'empêchait de réfléchir, il n'arrivait pas à comprendre comment il était arrivé là. Où était Zelda ? Est-ce qu'elle allait bien ? Qui étaient les deux hommes ? Et où était-il ? Tant de questions tournaient dans sa tête, il en avait le vertige. Une toute petite fenêtre donnait sur le paysage extérieur. Link s'approcha, il poussa un tonneau afin de pouvoir monter dessus et observer les alentours. D'ici, on pouvait voir le château et ses environs. Vu le lieu, il devait être dans la prison royale. Zelda n'y était sûrement pas, on l'aurait reconnue. Si ça se trouve, elle était dans une des chambres du château, tranquillement dans un lit avec un livre ayant oublié toute leur aventure. Pendant un instant, Link la détesta, mais au plus profond de lui-même, il se disait que ça ne pouvait être possible. Zelda ne peut pas l'avoir oublié, pas elle !
Link resta une bonne heure allongé sur le lit de fortune de sa geôle. Une fois remis du choc, il put observer où il se trouvait. Des murs humides l'entouraient, lui, un tonneau (sûrement à la place d'une table), un lit, une petite fenêtre et une grille comme porte d'entrée. Charmant ce nouvel appartement. Décidément, ce n'était pas son jour de chance. Il fallait qu'il sorte d'ici au plus vite, quand soudain, une drôle d'impression le saisit, l'impression qu'on lui plantait des couteaux dans le dos, la même qu'il y a deux jours. Il s'effondra par terre, cette douleur devait venir de quelque chose, mais quoi, Zelda elle-même avait dit qu'aucune blessure n'était restée sur son dos, alors que voulait dire ce sentiment d'être poignardé. Tout se brouilla autour de lui, il ne sentait que la douleur dans son dos, une douleur insoutenable. Il sombra.
Il se réveilla beaucoup plus tard dans la journée, il voulait rester là où il était mais s'obligea à ouvrir les yeux. Il revit sa geôle baignée de la lumière du soleil couchant. Il se leva, la douleur avait disparu, il devait bien y avoir une raison à cela. Il décida de trouver d'abord le moyen de sortir. Les barreaux de la fenêtre étaient trop petits pour passer à travers, il était jeune mais pas à ce point-là tout de même. Il regarda le tonneau, aucune utilité, quant au lit, on pouvait observer des pots pour contenir de l'eau en dessous. Link ramassa un pot et vit qu'il cachait un passage étroit mais accessible en rampant. Il prit la "chose" qui lui servait de couverture, mit le pot sur son lit, la couverture par-dessus et le tour était joué. Si les gardes passaient par-là, ils croiraient qu'il dort. Link se mit à genoux et commença à ramper à travers le passage. C'était poussiéreux et bourré d'araignées, mais notre jeune héros ne se découragea pas pour autant. Le tunnel déboucha dans... les égouts.
Comme Link était entré la tête la première dans le trou, il tomba la tête la première dans la boue. Pour tout dire, il tomba sur le dos. Les égouts ressemblaient à une sorte de rivière avec des bords boueux mais en beaucoup plus sales. Link fit la grimace, il observa le sens du courant. Pour un égout comme ça, il faut une grande ville : le bourg d'Hyrule. Comme l'eau était sale, on pouvait en déduire qu'elle partait du bourg d'Hyrule. Il suffirait de suivre le courant dans le sens inverse. Il se mit donc en route, remontant les égouts. Trente minutes plus tard, il arriva à la sortie du tunnel. Il était dans la partie ouest du bourg d'Hyrule, la partie la moins bien fréquentée. Ce n'était vraiment pas son jour de chance. Comment allait-il faire maintenant pour retrouver Zelda. Si on le retrouvait dans le château, on lui tranchait la gorge, et qui sait si elle était réellement dans le château. Link eut alors une idée : il pourrait se faire passer pour un nouveau venu et demander pourquoi la présence des gardes à chaque coin de rue. Chaque coin de rue ? Ça allait être difficile de ne pas se faire repérer. Enfin bon, en élaborant sa technique, peut-être qu'on lui dirait comme quoi on avait retrouvé la princesse dans une rue, elle était au château et patati et patata. Direction le centre ville.
***
Décidément, Malon commençait à croire que cette journée ne faisait pas partie des plus calmes au bourg d'Hyrule. En arrivant ce matin, on lui apprend que le roi est en voyage et que la princesse héritière du trône à été enlevée, puis, plus tard, vers l'heure du déjeuner, elle voit des soldats habillés en noir sur les toits qui courent vers le château. Une heure plus tard, elle apprend que la princesse a été retrouvée et son enleveur a été mis en prison. A ce qu'il parait, il n'a pas plus de 12 ans. Et c'est cette après-midi, alors qu'elle rangeait toute sa marchandise qu'elle vit un jeune garçon de 12 ans, sale et qui sentait les égouts qui lui demande si on a retrouvé la princesse. Malon lui raconta tout avant de partir rapidement vers la sortie de la ville, ce n'était pas une des journées les plus calmes. Elle n'était pas prête d'oublier sa sortie au bourg d'Hyrule.
***
Link continuait son chemin vers le château. Il était à présent sûr que Zelda y était, une jeune fille rousse de son âge qui rangeait sa marchandise l'avait informé qu'on avait retrouvé la princesse et que celui qui l'avait enlevée avait été mis en prison. Et s'en est échappé, pensa Link fier de ce dernier détail, mais il n'eut pas le temps de se réjouir, un garde passait dans une rue et risquait de le voir. La ville restait gardée malgré les retrouvailles avec la princesse au cas où... Link devait donc jouer au chat et à la souris avec tous les gardes qui patrouillaient dans le village. Il traversa un pont, il sentait presque sous ses pieds vibrer la rivière, elle traversait le bourg d'un bout à l'autre. Link aperçut soudain un garde à l'autre bout du pont, le garde l'avait repéré, on devait avoir donné sa description à tous les gardes de la ville. Un groupe de marchands passa lentement avec toute leur caravane sur le pont, entre le jeune garçon et son assaillant. Il ne fallut pas plus de deux secondes à Link pour agir.
Le garde venait de voir la silhouette d'un garçon qui ressemblait au voleur qui avait emmené la princesse. Il devait sûrement faire l'éclaireur pour sa bande, il n'aurait pas pu prendre la princesse seul. Mais une troupe de marchands lui barra le passage, et une fois les marchands passés, le garçon avait disparu. Le garde s'approcha de l'endroit où était le garçon il y avait à peine 10 secondes, il grogna avant de s'éloigner, le garçon a dû s'enfuir quelque part.
Link sortit sa tête de l'eau pour respirer un grand coup, elle était glacée. Sa chute volontaire du pont l'avait fait atterrir au milieu de la rivière (et l'avait débarrassé des mauvaises odeurs). Pour éviter de se faire remarquer, il avait retenu sa respiration et avait nagé sous l'eau jusqu'à être sous le pont, là où personne ne pouvait le voir. Il se dirigea vers le bord de l'eau en faisant attention de rester sous le pont, et, les pieds dans l'eau, il se mit à écouter tous les bruits. Il commençait à faire nuit et les derniers passants s'empressaient de rentrer chez eux. Link retourna donc en marchant vers la berge où il se sécha rapidement les habits en tordant les bouts de ses vêtements. Il se remit en route, en faisant attention aux gardes qui patrouillaient toujours dans les rues sombres avec des torches. Link décida de passer par des petites rues peu fréquentées. Il marchait lentement au risque de se faire repérer et se rapprochait de plus en plus du château. C'est en marchant qu'il s'aperçut que les gardiens de prison ne lui avaient pas enlevé sa dague. Elle était toujours dans sa botte, Link s'en empara pour plus de sécurité, quand un bruit se fit entendre dans son dos. On lui avait déjà fait le coup deux fois, celui-là était le troisième, pas question de se faire avoir. Il se baissa pour éviter un coup sur la tête, malgré ça, le bâton dont s'était armé son ennemi était trop long pour espérer l'éviter de cette façon, Link se prit un violent coup sur la tête mais il commençait à avoir l'habitude. Malgré qu'il fût troublé par ce coup, il ne perdait pas ses moyens. Tout en restant accroupi, il tendit sa jambe et se retourna pour faire un croche-patte à son ennemi, qui tomba à la renverse. Link tendit sa dague, mais n'ayant pas le coeur de tuer son ennemi, il l'assomma du poignet de son arme. Son ennemi ainsi évanoui, Link le traina sur le côté derrière une caisse pour éviter que les gardes le voient. Ne prenant pas le loisir de regarder qui était son ennemi (de toute façon, il n'aurait pas vu grand-chose), il continua son chemin. Arrivé près du château, il se cacha derrière une caisse pour élaborer un plan. C'était simple, il n'avait qu'à pousser la caisse en évitant de se faire remarquer (au cas où des gardes passaient) devant le passage qui menait au jardin du château pour passer sans se faire remarquer. Une fois dans le passage, il rampa jusqu'au jardin. Là, il s'arrêta pour écouter les bruits environnants. Rien à part les fontaines des déesses. Il sortit du passage et courut de buissons en buissons le plus silencieusement possible vers la fenêtre de la cuisine. Arrivé là, il regarda par la vitre, personne. Il se glissa à l'intérieur. Jusque là, ça n'a pas été très difficile, mais la suite allait être beaucoup plus dure...
Le château semblait silencieux. Après plusieurs minutes d'écoute près de la porte, Link l'ouvrit le plus doucement possible et la referma derrière lui. Le couloir sombre lui rappela le jour où il avait ramené la princesse vers la cuisine afin de l'emmener hors du château, ça ferait bientôt 3 jours. Mais Link n'avait pas le temps de se rappeler de chaque détail de cette scène, un garde pouvait arriver à tout moment. Il se dirigea donc d'un pas doux et rapide à la fois vers la chambre de la princesse, là où il espérait retrouver Zelda.
Dix minutes plus tard, il était devant la porte de la chambre de la princesse d'Hyrule. Aucun bruit, aucune brise de vent, aucune source de lumière, tout semblait vide. Mais Link ne se découragea pas pour autant, il attrapa l'anneau d'or et entra. La pièce était sombre, éclairée par la lueur du soir. Bizarrement, la cheminée n'était pas allumée. Une silhouette se dessinait près de cette fenêtre, elle rappelait vaguement quelqu'un à Link, mais entourée de ses draperies et tissus, on voyait à peine les contours de cette silhouette. Link s'approcha prudemment de la forme. Celle-ci bougea, attrapa quelque chose, et une lumière s'alluma. C'était une faible lueur qui éclairait la pièce et ses occupants. Link eut le plaisir de reconnaître son amie Zelda. Il sourit. Zelda le regarda un instant, comme si elle ne le reconnaissait pas, mais après cette interlude, elle murmura :
"Link..."
Elle sauta dans les bras de son ami, qui tomba à la renverse. Tous les deux, assis sur le sol semblaient emplis de joie.
"Comment as-tu fait pour sortir de prison ?" demanda tout d'un coup Zelda.
"Je veux bien te le dire, si d'abord tu me contais ton arrivée ici."
"Après que les hommes t'aient assommé, ils me bandèrent les yeux. L'un m'emmena au château pendant que le deuxième t'emmenait en prison. J'ai essayé de résister et de leur expliquer qui tu étais, mais en étant bâillonnée, ils n'auraient pas compris grand-chose. Une fois arrivés dans le château, on m'enleva mon bandage, je me retrouvai dans le salon du château avec autour de moi le conseiller du roi, mon père, trois gardes dont celui qui m'avait ramenée et ma nounou, Impa. Elle m'emmena dans ma chambre pour que je me repose, mais comme tu peux le voir je n'ai pas fermé l'oeil de la journée. Avant qu'elle parte, je lui ai expliqué que tu étais mon ami, elle ne m'a pas crue. Et toi ?"
"J'avais trouvé un passage sous ce qui était censé être mon lit. Je l'ai donc emprunté et il m'a emmené dans les égouts de la ville. Une fois sorti, je demandais à une petite fille si on t'avait retrouvée. Voyant que la réponse était oui, je me suis dirigé vers le château."
Ils n'eurent tous deux pas le temps d'ajouter un mot à leur conversation que deux gardes entrèrent en trombe dans la chambre. Chacun attrapa Link par un bras pour l'emmener hors de la pièce. Zelda protesta, Link lutta, mais que pouvaient deux enfants de douze ans chacun contre deux gardes d'une trentaine d'années ? Tout d'un coup Zelda eut une idée. Imitant son ami lors du combat dans la forêt, elle fonça dans le ventre de l'un des gardes qui eut le souffle coupé. Link profita de cette diversion pour se dégager de l'emprise du deuxième garde, il rejoignit Zelda, quand ils entendirent une troupe de gardes qui arrivaient pour aider leurs camarades. Link était prêt à combattre, mais Zelda avait une bien meilleure idée. Elle attrapa la main droite de Link et la leva en l'air pour la montrer aux soldats.
"Mais qu'est-ce que tu fais !" s'exclama Link.
"Messieurs les gardes, Link n'est pas un voleur mais un futur protecteur de la Triforce !" dit Zelda.
"Un protecteur de quoi !?" demanda Link, c'est à ce moment qu'il remarqua que les gardes s'étaient tous arrêtés et semblaient hésiter devant sa main. Link remarqua aussi que la princesse avait le même symbole sur sa main droite, mais en beaucoup plus net. Le conseiller du roi arriva à ce moment-là. Voyant le symbole sur la main de Link, il regarda la princesse pour plus d'explications.
"Vous n'allez tout de même pas mettre en prison un futur protecteur du royaume sacré !" dit-elle.
"Mais qui prouve que c'est vraiment lui, et s'il s'est fait cette brulure pour qu'elle ressemble à la Triforce ?" répliqua le conseiller.
"Parce que j'ai eu cette brulure en touchant pour la première fois la main de la princesse !" expliqua Link.
Tout le monde le regarda, l'air surpris et tétanisé à la fois. Link rentra la tête dans les épaules, cette réaction n'était pas normale.
Le matin se levait doucement dans la plaine d'Hyrule. Dans le château, deux gardes escortaient la princesse du royaume vers une chambre. Une fois arrivé devant la porte, les gardes se retirèrent laissant la princesse seule. Elle n'hésita pas une seconde, elle ouvrit la porte. Dans la salle noire, aucun rideau n'avait été levé. Un jeune garçon dormait profondément. Si seulement il savait ce qui l'attendait... Zelda regarda Link avant de le réveiller doucement. Le garçon protesta un peu mais il mit peu de temps à se lever. Après cette bonne nuit de sommeil, il était en pleine forme pour aller au conseil, là où les ministres du roi décideraient de son sort. Ils n'arrivaient pas à croire qu'il était (d'après la princesse) un protecteur de la Triforce, mais Link voyait bien qu'on lui cachait quelque chose. Cependant, Zelda était sortie de la chambre et l'attendait dans le couloir. Link enfila sa tunique et une paire de bottes avant de la rejoindre. Zelda semblait inquiète, mais dès qu'elle le vit, elle lui sourit :
"Allons-y maintenant" lui dit-elle.
"Je n'ai toujours pas compris ce qu'on va me faire faire..."
"Oh, pas grand-chose, du moins je l'espère."
Cette phrase ne rassura qu'à moitié le jeune garçon. Il savait que le conseil était capable de tout, et après avoir été pris avec la princesse dans sa chambre, la punition risquait de ne pas être des plus légères.
La salle du conseil était une pièce spacieuse avec des sièges placés en rond et plus ou moins en hauteur autour d'un siège qui était au centre de la salle. Zelda fit signe à Link de s'asseoir dessus pendant qu'elle prenait place à la droite du conseiller du roi. Autour de Link, tous les ministres prenaient place sur les sièges et le regardaient d'un oeil grave qui lui donnait des frissons dans le dos. Le conseiller prit la parole :
"Silence, aujourd'hui, nous allons décider de l'avenir de ce jeune homme ici présent, enleveur de la princesse et qui s'est infiltré par deux reprises dans le château sans y avoir été autorisé."
Un brouhaha monta dans la salle. Link ne fit pas la remarque qu'il était allé plusieurs fois dans le château par son passage secret, sachant que ça n'aurait que aggravé son cas. Le conseiller reprit la parole :
"Messieurs, pas plus tard qu'hier, la princesse nous a montré une marque étrange gravée sur la main droite de ce jeune garçon : la Triforce."
Les murmures qui s'élevèrent dans la salle ne rassurèrent pas notre jeune héros qui sentait venir la condamnation d'une ou de plusieurs années de prison. Un ministre prit la parole :
"Pourquoi ne pas lui faire passer l'épreuve ?"
Link aperçut Zelda, elle semblait tout d'un coup beaucoup plus inquiète que tout à l'heure. Le ministre reprit la parole :
"Si il passe les épreuves, il restera au château comme gardien provisoire de la Triforce."
"Il est vrai que les gardiens de la Triforce du courage et de la force n'ont pas encore été repérés."
Le conseiller coupa net les conversations :
"Soit, à treize heures, nous emmènerons ce jeune garçon à la salle des épreuves."
Sur ces mots, le conseil se sépara : des ministres sortirent, d'autres parlaient l'air excité, quant à la princesse, elle discutait avec le conseiller. Link s'approcha pour entendre leur conversation :
"Mais c'est de la folie, il n'est pas plus grand que moi !" criait Zelda.
"Le conseil en a décidé ainsi..." répondit calmement le conseiller du roi.
"Ah oui ?! Deux mots, trois paroles, et la vie d'un garçon de douze ans est menacée, c'est ça le conseil ?!"
Zelda aperçut Link, et courut le rejoindre "Viens Link, sortons d'ici."
Zelda semblait très énervée, elle marchait à grand pas vers la bibliothèque du château. Link avait presque du mal à la suivre. Arrivée dans la bibliothèque, Zelda s'éloigna dans les rayons pendant que Link méditait sur ce que pouvaient être "les épreuves". Il allait demander à Zelda quand elle le coupa net en ouvrant un vieux livre appelé "Contes et légendes de la Triforce".
"C'est quoi ?" demanda Link.
"Un livre qui va dire beaucoup sur ton avenir" répondit Zelda.
Link avala avec difficulté sa salive. Il n'était pas sûr de bien comprendre cette phrase.
"Ah, voila !" s'exclama Zelda, puis elle lut à voix haute : "Les épreuves sont des séries de combat que l'on utilise comme des tests pour prouver le courage de jeunes garçons, le plus souvent pour garder une relique ou un objet précieux."
"Quels genres de combats ?"
Link n'était pas rassuré par ces histoires de tests et de reliques, il avait rien demandé après tout...
"J'en sais pas plus que toi, mais ma mère m'avait dit qu'elle avait vu pas mal de jeunes hommes passer ces combats, allons lui demander."
Link approuva, avant de suivre Zelda vers l'entrée du château. Zelda prit la direction de sa chambre et au dernier moment, tourna à gauche avant d'arriver devant une grande porte d'or et d'argent, la chambre de la Reine. Zelda frappa à la porte puis entra sans hésitation, Link lui eut plus de mal à se décider d'entrer. La chambre de la Reine était couverte de tapisseries en tous genres, et, comme dans la chambre de Zelda, une immense cheminée se trouvait sur la gauche en entrant. Un grand feu crépitait à l'intérieur, et devant, sur un fauteuil, la Reine d'Hyrule lisait un livre. Elle se retourna vers les deux enfants :
"Ah, Zelda, j'étais inquiète pendant ton absence, mais Impa m'a assurée que tu devais dormir, alors j'ai décidé de te laisser te reposer aujourd'hui."
"Merci maman."
La mère de Zelda aperçut Link derrière la princesse :
"Tu es sûrement le garçon dont m'a parlé Impa, elle m'a dit que pendant son séjour à l'extérieur du château, Zelda aurait rencontré un jeune garçon, mais on le prend pour son enleveur, et il a été aujourd'hui devant les ministres qui ont décidé de le faire passer les épreuves."
"Euh, c'est bien moi" répondit timidement Link.
"Link n'est pas mon enleveur ! C'est moi qui lui ai demandé s'il pouvait venir me voir chaque nuit et c'est moi qui lui ai demandé s'il pouvait m'emmener voir son village" dit tout d'un coup Zelda pour défendre la cause de son ami.
"Et c'est donc aussi à cause de moi qu'il va passer les épreuves" rajouta-elle dans un souffle avant d'éclater en sanglots. Par bonnes intentions, Link la prit dans ses bras pour la consoler. La Reine le laissa faire :
"Tu es donc bien son ami, malheureusement, je ne peux pas remettre en cause ce qu'a dit le conseil. Tu vas devoir passer les épreuves, mais je suis sûre que tu en es capable, tu as bien réussi à t'infiltrer dans le château une bonne dizaine de fois, à amener et à ramener Zelda à travers la plaine d'Hyrule malgré les gardes qui patrouillaient près de la ville et à t'échapper de prison, c'est déjà beaucoup."
Link sourit :
"Oui, mais dans tout ce que vous venez de citer, vous vous apercevrez qu'il n'est nulle part question d'un combat à l'épée ou de toute autre arme" dit-il.
"Mais le combat, ce n'est pas seulement l'attaque, c'est aussi l'esquive. La même esquive que tu as dû utiliser pour éviter les gardes du château."
Link voyait bien que la Reine le surestimait, mais il ne dit rien, il regarda plutôt Zelda pour voir si elle allait mieux. La petite princesse était en train de sécher ses larmes, elle sourit à Link. Link rougit avant de la lâcher. Elle sourit à nouveau, puis regarda sa mère et lui demanda d'un air qui avait repris tout son sérieux :
"Maman, je suis venue te voir avec Link pour savoir quelles sont les épreuves qui l'attendent."
La Reine soupira, plongea son regard dans les flammes avant d'ajouter :
"Nombreuses sont les personnes qui m'ont posé ces questions, sachant que j'assistais aux épreuves avec les ministres et le roi, ton père. Mais la règle est stricte, la partie la plus dure des épreuves est de ne pas savoir ce que l'on va affronter. Zelda, tu vas devoir y assister aussi, tu as douze ans maintenant."
Link regarda Zelda d'un regard interrogateur.
"Oui, c'est à douze ans que les membres de la famille royale assistent aux épreuves, celle-ci sera donc ma première" dit Zelda.
"Et rappelle-toi de la règle Zelda, personne allant subir les épreuves ne doit savoir ce qui l'attend" continua la Reine.
Link, lui, avait l'impression d'avoir un noeud dans la gorge. La princesse Zelda allait aussi assister à sa mise à mort, du moins, une mise à mort plus ou moins garantie. Qu'en pensera-t-elle après ça ?
Zelda soupira. Elle était dans le jardin du château avec Link et ils étaient tous deux épuisés et démoralisés. Ils avaient fouillé dans toute la bibliothèque, avec une brève pause pour manger le déjeuner afin d'en savoir plus sur les épreuves, mais il semblerait que les livres de la bibliothèque ne voulaient pas en dire plus sur les épreuves que la Reine. Zelda observa Link, avant de s'apercevoir qu'il s'était endormi sur l'herbe. Zelda ne le réveilla pas, en pensant qu'il devait être au meilleur de sa forme pour les épreuves. A propos, il était quelle heure ? Le conseiller avait dit que les épreuves auraient lieu à treize heures, il devait être midi et demie. Plus que trente minutes avant l'événement qui allait sûrement bouleverser le coeur de ce garçon, qu'il gagne ou qu'il perde. Zelda s'allongea à son tour dans l'herbe tiède chauffée par les doux rayons du soleil, c'était une journée à faire la sieste dans l'herbe, mais la petite princesse ne se laissa pas ce loisir. Si Link avait été jugé innocent par le conseil malgré les épreuves à passer pour le prouver, certains ministres n'étaient pas d'accord. Zelda se sentait donc en charge de surveiller son ami. Tant qu'elle était à ses côtés, personne ne lui ferait de mal.
L'heure tournait et la princesse se voyait déjà en train de réveiller Link pour lui annoncer que son cauchemar était réalité. A côté d'elle, le jeune garçon dormait paisiblement, sa respiration calme et régulière faisait croire qu'il était en train de rêver à un monde merveilleux. Ce dernier détail fit sourire Zelda, la dernière fois qu'elle avait vu Link dormir, elle l'avait presque confondu avec un ange, et c'était encore le cas aujourd'hui. Elle regarda la pendule de l'Eglise du bourg d'Hyrule qu'on voyait d'ici, elle indiquait treize heures moins cinq. Il était l'heure de se diriger vers la salle des épreuves. Zelda se retourna vers Link, agrippa son épaule et la secoua lentement. Link ouvrit les yeux :
"Je suis où ?" demanda-t-il encore à moitié endormi.
Zelda rigola avant de lui répondre :
"Tu es au château d'Hyrule, et il est l'heure de passer tes épreuves."
Link se leva d'un bond, tout lui revenait : le conseil, la Reine, leurs recherches infructueuses à la bibliothèque, les épreuves.
"Viens" lui dit Zelda.
Ils avancèrent tous les deux vers le château, et une fois à l'intérieur, ils se dirigèrent vers une pièce de petite taille qui était à l'arrière du château. Là, le conseiller du roi les attendait. Il donna à Link une épée courte et un petit bouclier de bois et de fer.
"Link, je vais t'emmener vers l'arène, quant à vous princesse, prenez place dans les gradins, Mésulor vous conduira."
Mésulor arriva, Link reconnut un des ministres du conseil. Mésulor les salua et fit signe à Zelda de le suivre. La princesse sentit son coeur se déchirer, elle se tourna vers Link et l'embrasa sur la joue.
"Pour la chance" lui dit-elle.
Elle s'éloigna, laissant Link avec le conseiller. Link rougissait, mais le conseiller était trop occupé à chercher un trousseau de clés dans sa poche pour s'en apercevoir. Une fois qu'il l'eut trouvé, il dit :
"Viens petit, je vais te mener à l'arène."
Link, armé de son bouclier et de son épée le suivit. Ils entrèrent dans un couloir qui menait à une grande porte en bois. Le conseiller l'ouvrit avec sa clé et poussa Link à l'intérieur avant de refermer à clé derrière lui.
***
Link était dans une salle sombre mais qu'il devinait large et haute. Des torches s'allumèrent, laissant à Link le loisir d'observer les environs. Il était dans une salle circulaire dallée sur les bords avec du sable au milieu. L'arène devait bien faire cinquante mètres de diamètre environ. Il était devant la porte en bois, et à l'autre bout de la salle, il y avait une grille qui n'avait rien de rassurant. Il leva la tête et s'aperçut qu'une moitié de la salle était couverte de deux rangées de gradins en hauteur. Link reconnaissait les ministres, rapidement rejoints par le conseiller du roi qui allait vérifier personnellement à ce que Link meure, du moins, c'était l'impression que Link avait de lui, et ça l'emplissait de rage, le reste des gradins le calma un peu. Au milieu des ministres, il y avait un grand trône vide avec à sa droite la Reine et à sa gauche la princesse Zelda. Elle lui faisait signe, Link lui répondit machinalement en secouant sa main. Puis, il reprit son sérieux et se retourna vers la grille. Toutes les leçons d'escrime qu'il avait prises avec le chef du village lui revenaient en tête. Il devait toutes les utiliser pour espérer sortir de ces épreuves vivant. Il sentit sa main droite le picoter mais il ne fit pas attention à ce dernier détail. Les épreuves pouvaient commencer, il était prêt.
***
La salle commençait à devenir silencieuse. On pouvait entendre encore quelques murmures dans les gradins, mais le reste était silencieux. Link avait les yeux rivés sur la grille qui s'ouvrait lentement dans un grincement sourd. Link écoutait, tout bruit pouvait l'aider à identifier son ennemi. Il entendit un ricanement qui ne pouvait provenir de rien d'autre qu'un gobelin, il en avait déjà combattu un, mais avec un bâton. Celui-là allait être beaucoup plus facile à achever. Link rapprocha son bouclier de sa taille, trois gobelins entraient dans l'arène, et derrière eux, la grille se refermait. Ils approchaient de leur marche grossière vers Link, le garçon fit une manivelle du poignet avec son épée, une habitude qu'il avait adoptée avant chaque combat à l'épée. Il sauta vers le gobelin le plus proche de lui, son premier ennemi tombait à terre. Link se retourna pour donner un coup horizontal au gobelin qui s'approchait de lui par derrière. Le gobelin tomba à la renverse sur le coup, Link en profita pour se retourner vers le troisième gobelin, accompagné du premier qui était seulement assommé. Un des gobelins lui porta un coup avec sa fourche, Link fut projeté à terre, il entendit un cri dans le gradin, une voix douce qui ne pouvait que être celle de la princesse Zelda. Le courage envahit le coeur de Link, il se releva attaqua le gobelin qui l'avait projeté à terre. Une fois ce gobelin mort, il se retourna vers les deux autres. Link brandit son épée, se rapprocha d'eux, et tourna sur lui-même avec son épée, une attaque circulaire comme l'appelait le chef du village. Les gobelins moururent tous deux, avant de disparaitre dans un nuage noir. Link fut surprit : ce n'était pas de vrais gobelins, mais une puissante magie à l'oeuvre. Mais ce dernier détail ne rendait pas les épreuves moins difficiles. Déjà la grille se relevait et les torches autour de lui s'éteignaient, sauf une plusieurs mètres au-dessus de lui au centre de la salle. Le but était simple, il avait réussi à vaincre dans la lumière, mais dans l'ombre ?
Link se concentra, il voyait à peine le terrain, et la torche au-dessus de lui devait être pour les gradins. Link devait écouter, chaque bruit pouvait l'aider à repérer ses ennemis. Il s'agissait encore de trois gobelins. Link ne perdit pas une seconde, il refit une attaque circulaire et put ainsi porter un coup aux trois gobelins et les repérer. Les trois gobelins firent un vol plané sur un ou deux mètres, Link pouvait le deviner. Il releva son épée prête à porter un coup au prochain qui approchait. Les trois gobelins revinrent à l'attaque, Link sauta, virevolta et attaqua afin de porter le plus de coups possibles aux gobelins qui moururent rapidement. Les torches se rallumèrent éclairant à nouveau la salle, les ennemis disparurent dans un nuage de fumée laissant Link seul au milieu de l'arène, c'est à ce moment seulement qu'il s'aperçut qu'avec ses actions et dans le noir, les gobelins avaient tout de même réussi à le déchiqueter à certains endroits de ses bras et de ses jambes. Mais Link n'était pas fatigué pour autant, pas encore. La grille s'ouvrait à nouveau.
Les ennemis suivants s'appelaient des blobs, Link en avait entendu parler. C'étaient des petites créatures qui donnaient un air liquide et gélatineux. Il y en avait quatre en tout, deux rouges et deux verts. Les rouges étaient faciles à battre, trois coups d'épée et Link avait fini avec eux, en revanche, les verts se protégeaient d'une barrière jaune qui ressemblait à une protection magique, qui s'arrêtait de temps en temps d'entourer le blob pendant quelques secondes, avant de réapparaitre. Link comprit vite ce qui lui suffisait de faire, sans leur protection magique, ils étaient aussi vulnérables que des blobs rouges. Il attendit donc que leur protection se baisse pour leur sauter dessus et ainsi les achever. Les torches s'éteignaient à nouveau et la grille se relevait, Link resta sur ses gardes.
Il n'en crut pas ses yeux, devant lui, trois têtes de mort entourées de feu apparurent. Link tomba à la renverse sous la surprise, une tête de mort en profita pour s'approcher de lui et lui infliger une brûlure, mais Link ne lui laissa pas le temps d'en faire une deuxième que déjà il lui donnait un coup d'épée. Le feu qui entourait la tête de mort se dissipa et la tête tomba par terre. Link la ramassa, elle semblait encore vivante, vu que la tête n'avait pas disparu dans un nuage de fumée. Il l'utilisa pour la lancer sur une deuxième tête de mort enflammée qui tomba à son tour. Link frappa les deux crânes d'un coup d'épée pour les faire disparaitre. Il en restait toujours un, qui flottait autour de la pièce. Link courut vers lui et lui fit une attaque circulaire, la fumée se dissipa laissant l'arène vide d'ennemis. Link sentait que la dernière épreuve était arrivée. Les torches se rallumaient, Link se sentait faible, il avait été brûlé trois fois par les crânes, et les blobs ainsi que les gobelins lui avaient laissé des souvenirs un peu partout sur lui, mais il ne fallait pas qu'il voie ses blessures comme des sources de faiblesse, il devait tenir le coup, plus qu'une épreuve et il était tranquille.
La grille se releva lentement, une forme se dessinait, Link n'en crut pas ses yeux. Devant lui, il y avait un immense chevalier avec une armure, un casque et une épée gigantesque. Link fit un saut en arrière pour éviter un coup d'épée. Il commença à courir dans l'arène, évitant coup sur coup pour trouver le point faible de son ennemi. Avec son armure, le chevalier semblait invulnérable, et il faisait toujours face à Link. Mais en faisant une galipette, Link s'aperçut que dans son dos, trois fils tenaient l'armure du géant. Link était sûr à présent de ce qu'il devait faire. Il s'arrêta un instant pour faire face au monstre, et se prit un coup d'épée sur la taille, l'expédiant trois mètres plus loin. Sa blessure lui faisait mal, et il se relevait difficilement, mais le combat n'était pas perdu d'avance, ce n'est pas une fois qu'il avait trouvé le point faible de son ennemi qu'il devait échouer, il devait réussir, pour sa vie, pour Zelda. Il se tint droit pour faire face au chevalier. Il allait procéder de la même manière qu'il avait faite pour voir le dos du géant. Il courut vers son ennemi, et, au dernier moment, il fit une galipette de côté pour passer derrière le monstre et se releva en un bond pour couper les lanières de l'armure. Malheureusement, une lanière lui échappa. Il s'éloigna pour éviter les coups de son ennemi. Il se retourna pour lui foncer dessus. Il refit une galipette sur le côté, et la dernière lanière de l'armure tomba, l'armure à sa suite. Link n'avait plus qu'à lui porter un maximum de coups pour qu'il lâche son épée, puis pour qu'il meure. Une fois à terre, le géant se transforma en une nuée de poussière, la salle redevint joyeuse, les épreuves étaient finies. Zelda avait sauté des gradins malgré les protestations de la Reine et courait déjà vers Link.
"Link, tu as réussi, c'est fantastique !"
Elle le prit dans ses bras, elle avait eu peur pour son ami, et s'en voulait d'être restée lâchement dans les gradins à ne rien faire pendant qu'il combattait toutes sortes d'horreurs. Link devinait le fond de sa pensée, il sourit :
"Tu as fait ton devoir de princesse, j'ai fait celui de protecteur de la Triforce" dit-il doucement "même si je ne sais pas ce que ça veut dire" garda-t-il pour lui-même.
"C'était un beau combat, je t'ai sous-estimé Link" dit Zelda pour féliciter son ami.
"Oui, mais ça m'a beaucoup affaibli" dit Link dans un souffle avant de s'écrouler par terre. Zelda commençait à s'inquiéter quand le conseiller du roi arriva (il était passé par la porte au lieu de sauter des gradins comme Zelda). Il la rassura en lui disant que son ami était juste endormi.
Link se réveilla, tout était blanc autour de lui, était-il au paradis, c'était impossible, il ne pouvait être mort, il avait combattu les épreuves jusqu'à la fin. Il bougea sa main droite pour voir s'il pouvait encore se déplacer. Il aperçut sa main avec toujours le symbole de la Triforce. Il était allongé dans un lit aux draps aussi blancs que la neige, et autour de son bras droit, il avait un long bandage qui partait de l'épaule jusqu'au poignet. Il soupira, il n'était pas mort, mais alors où était-il ? Il s'assit pour mieux observer la pièce. Il était dans la salle où il avait dormi la nuit dernière. C'était une pièce pas loin de la chambre de la princesse. Link avait mal partout, il se laissa tomber au milieu des oreillers et ferma les yeux. Tout était flou dans sa tête, mais il était sûr d'une chose, c'est que maintenant, personne n'en voulait à sa vie. Il entendit un grincement de porte, des pas qui se rapprochaient. Il rouvrit les yeux et vit la petite frimousse de la princesse à trente centimètres de sa tête. Elle lui sourit avant de s'asseoir sur le bord du lit.
"Tu vas mieux apparemment, ça fait une demi-journée que tu dors. Tu m'as fait peur en t'évanouissant au milieu de l'arène après le combat" dit-elle doucement.
"Ah, oui, je m'en rappelle. Mais, dis-moi, qu'est-ce que ça veut dire protecteur de la Triforce ?"
"La Triforce est une relique laissée par les trois déesses de ce monde. Chaque gardien d'un bout de la Triforce la protège, à mon avis, tu as celle du courage. La lueur verte qui t'a entouré pendant le combat est la couleur du courage."
"Et toi, tu as un signe comme moi sur ton poignet, quelle partie de la Triforce protèges-tu ?"
"La sagesse."
Link hésita un instant avant de regarder sa main. Ainsi il devait protéger ce signe.
"Et le dernier bout, celui de la force ?" demanda-t-il.
"On ne l'a pas encore trouvé, mais nous partirons à sa recherche, tous les deux, ça te dit ?"
"Oui, quand partons-nous ?"
"Pas maintenant en tout cas, il faut que tu te reposes, quant à la Triforce de la force, ce sera une autre histoire..."
***
Il y a un mois, une fête s'organise au château : les vingt ans de règne du Roi. Pour cela, toute la contrée est invitée. La nouvelle traverse la plaine de long en large jusqu'à atteindre une petite ville nommée Mercantile. Là, un jeune garçon et sa famille se préparent pour aller au château : chemises ou robes blanches, sandales neuves, tout est arrangé. Une fois au château, le jeune garçon de cette famille aperçoit la princesse Zelda, héritière du trône. Le garçon la contemple sachant que c'est la première et sûrement la dernière fois qu'il la voit. Elle s'approche de lui, lui sourit, et lui dit gentiment qu'elle l'invite ce soir au château mais dans la plus grande discrétion. Le garçon accepte ne se doutant point que c'est ce jour-là qui allait sceller son avenir.
FIN
Si vous trouvez que mon histoire n'a pas assez d'action, ne vous inquiétez pas, je garde l'action pour le tome deux (je n'ai pas encore trouvé le nom)
Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "LN". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.