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Zeldabot : La Quête du Vaisseau Perdant

Ecrit par LinkLeQuébécois en 2010

titreNote de l'auteur : Pour certains éléments, je me suis inspirée du dernier film de "Star Trek", alors si vous y voyez des allusions, c'est normal ;-)

Introduction : La Culpabilité d'un Homme

Journal de bord du Capitaine - Année stellaire 2357
La planète Hyrule s'effondre devant mes yeux. Absorbée par l'intérieur, elle se morcelle, s'anéantit, s'autodétruit en mille fragments de poussières, de roches, de montagnes, d'océans et de forêts. Je la vois se désintégrer puis se replier sur elle-même. Le temps me semble si ralenti, si inexistant, alors que je suis là, appuyé contre la vitre de mon vaisseau, sans pouvoir y faire quoi que ce soit. La planète finit par ne devenir qu'un béant trou noir par lequel elle s'est engouffrée. Un trou noir comme mon esprit. Comme mon regard.

***

- Tout était contre vous, Capitaine. Ne vous en voulez pas pour ce qui est arrivé.
J'ai refermé mon journal de bord pour le glisser sous mon siège. Derrière mon épaule, je sentais la présence de mon premier officier dont j'avais reconnu la voix rassurante.
- Hyrule est détruite, marmonnai-je en m'adossant. À quoi bon, maintenant ? À quoi bon essayer de défendre une terre qui vient de... s'effondrer... ?
J'hésitais à terminer mes phrases dès que je parlais de ma planète. Des milliards d'Hyliens venaient de périr sous mes yeux impuissants... La main de mon premier officier se posa sur mon épaule. Soupir.
- Je devine vos pensées, dit-il après un silence. Vous ne pouviez pas éviter que Ganondorf s'attaque à votre monde ainsi. Le Seigneur de la planète rouge a toujours été d'un... caractère violent et agressif. Mais vous n'êtes pas celui l'ayant provoqué. Même si vous êtes son rival attesté par les déesses, ce n'est pas votre faute directement.
Agacé, je me suis levé de mon siège pour lui faire face. Il était là, immobile et droit, les mains croisées derrière son dos. Il m'observait de son regard si caractéristique, sans émotion apparente, un regard qui ne juge pas, mais qui analyse, comprend, devine. Même s'il ne venait pas de la même planète que moi, je le traitais comme tel. Un voisin, un frère, un grand ami d'enfance. Je n'ai pu trouver les mots pour répondre à ses paroles.
- Que souhaitez-vous faire, maintenant ? m'a-t-il demandé en voyant que je n'osais plus soutenir son regard.
Malgré moi, mes yeux se sont tournés à nouveau vers la grande fenêtre du vaisseau, revoyant le béant trou noir occupé à dévorer les quelques morceaux de poussière restants d'Hyrule. J'ai frissonné.
- Retournons sur Termina, dis-je finalement. Mettez le "USS Epona" sur le pilote automatique. Rendez-vous dans la salle de conférence dans cinq minutes.
- Oui, Capitaine.
Je l'ai regardé se diriger vers le poste de pilotage sans dire un mot de plus. Puis, un lourd poids dans mon âme, je suis sorti de la pièce. Le couloir m'a semblé interminable. Poursuivi par le bruit incessant de mes pas, c'est juste au moment où je croyais me mettre à courir que la porte de la salle de conférence s'est ouverte devant moi. Le reste de mon équipage m'y attendait déjà. Heart Lactée, le médecin de bord, mi-femme mi-vache provenant de la planète Lon Lon ; Navi Orbe, l'experte des communications et du radar, étoile bleue ailée ayant pris forme humaine ; le mercenaire du vaisseau, surnommé Lion Rouge ; et Sheik Black, pilote du vaisseau, de la planète Sheikah. Je me suis assis lentement à la table, tous les yeux ne tardant pas à se braquer sur moi. Mon premier officier ne tarda pas à nous rejoindre, et préféra rester debout au fond de la salle, adossé contre le mur. Son regard de garde du corps balayait chacun d'entre nous comme pour nous analyser, sans un seul soupir ou haussement de sourcil. Le silence dans l'assemblée s'écoulant depuis une bonne minute, je me rendis compte que j'allais devoir commencer le briefing. Je devais rassembler tout mon courage pour oser prononcer le nom de ma planète à nouveau.
- Hyrule est anéantie, finis-je par dire. Nous n'avons plus à monter la garde dans ce coin de la galaxie. Ganondorf était à bord d'un vaisseau moblin nommé "La Forteresse", la dernière fois que nous l'avons vu.
- Capitaine Quest, m'appela le docteur Lactée avec inquiétude. Êtes-vous convaincu que Ganondorf est celui ayant détruit Hyrule ?
- Oui, grommelai-je sans hésiter.
Le regard immobile de mon premier officier fit vite de faire tanguer ma certitude.
- Tout me porte à croire qu'il est à l'origine de cette attaque contre Hyrule, repris-je alors. Il est passé en mode hyperespace tout de suite après avoir... laissé sa trace ici. Impossible de savoir vers où ni à quelle distance il est allé. Mais s'il a osé se débarrasser de notre planète, c'est parce qu'il a réussi à dévaliser la Triforce. Il n'aurait jamais osé détruire l'artefact qu'il convoite autrement.
Les membres de mon équipage acquiescèrent tous d'un signe de tête simultané.

- Nous allons donc retourner sur Termina, poursuivis-je, là où je pourrai demander quelques informations à Majora. Il est le dernier ayant parlé à Ganondorf. Je veux également que nous allions sur la lune Ocarina qui...
Mon premier officier fit un pas vers l'avant, ce qui m'incita aussitôt à m'interrompre.
- Durant la destruction d'Hyrule, commença-t-il, ses deux lunes Ocarina et Kokiri ont été projetées bien loin hors de son champ gravitationnel. Il faudrait retracer leur trace énergétique pour savoir dans quel coin de la galaxie elles ont été jetées.
Je fus surpris d'entendre cette dernière phrase.
- Dans quel coin de la... galaxie ? marmonnai-je, incertain. Vous croyez vraiment que les lunes auraient pu être projetées à une telle distance ?
Il acquiesça d'un signe de tête sévère. Je ne pouvais le croire. Sur la lune Ocarina se trouvait, depuis des temps immémoriaux, un instrument de musique permettant de voyager de planète en planète instantanément. Aujourd'hui, il me semblait que je devais mettre la main sur cet objet. Dès que j'aurai parlé à Majora, je saurai certainement où se trouve Ganondorf. Les légendes interstellaires racontaient que la planète rouge était entourée de deux trous noirs extrêmement voraces et que son coeur était constitué d'une nébuleuse très instable. Si j'espérais pouvoir m'y rendre, j'allais devoir m'y téléporter, donc utiliser l'instrument de musique.
- Bon, finis-je par dire. Rendons-nous d'abord à Termina. Nous aviserons ensuite.
Sur mon signe de tête, tout le monde se leva de sa chaise et sortit de la salle, chacun se rendant à son poste. Dès que la porte coulissante se referma sur eux, je ne pus m'empêcher de soupirer.
- Link.
Ce simple appel me fit lever les yeux vers mon premier officier qui, à côté de moi, me tendait la main.
- Vous êtes un noble capitaine, me dit-il. Dès la première fois où nous avons dû travailler ensemble, nous avons tous deux été très réticents à se lier d'amitié. Disons... que vous me haïssiez et que je vous haïssais.
Ces mots me firent sourire en coin. Il disait vrai.
- Mais aujourd'hui, reprit-il, vous êtes cet homme en qui j'ai confiance et dont j'ai le plus grand des honneurs d'être dans son équipage. Vous êtes Link Quest, l'Hylien qui s'est le plus démarqué pour son courage, sa bonté et son sens de l'éthique. Je sais que vous savez ce que vous faites, et je sais que vous trouverez le réconfort dont vous avez besoin en vous.
Un silence sur les lèvres, je finis par serrer cette main qu'il me tendait, sans toutefois oser le regarder.
- J'aimerais vous croire, Spock, dis-je dans un murmure.

Chapitre 1 : Termina   up

L'"USS Epona" est un superbe vaisseau qui fut construit au même moment que l'"USS Enterprise". Le premier, résultat du génie Hylien, était en concurrence avec celui des humains. Un seul des deux vaisseaux allait avoir la chance de voler dans la galaxie, puisqu'il fallait absolument la crème des crèmes pour cette mission contre Ganondorf, le seigneur de la planète rouge. En plus des deux équipes de construction, deux capitaines étaient en rivalité pour savoir qui allait commander le USS gagnant ; un certain Terrien nommé James Kirk, et moi. Nous avons été testés sur de nombreux exercices, mais personne n'a réussi à trancher. Nous étions aussi doués l'un que l'autre. Toutefois, il ne pouvait avoir y qu'un capitaine. La construction des vaisseaux se termina au bout de plusieurs mois, et les tests pour savoir lequel était le meilleur furent conclus en une semaine. L'"USS Enterprise" remporta ce tour de force, au grand désarroi des Hyliens. Alors qu'on retournait le vaisseau perdant dans le hangar, j'ai discuté avec le responsable en chef du projet, nommé Spock, que j'avais pris pour un Hylien à cause de la similitude de ses oreilles avec les nôtres. Il m'a toutefois expliqué qu'il venait de Vulcain, très semblable à la planète rouge à cause de sa surface désertique. Je lui ai dit que je ne pouvais laisser le "USS Epona" retourner aux oubliettes comme ça, et que l'"Enterprise" n'était pas assez développé pour faire face à Ganondorf. Spock m'a jeté ce regard analytique, sans émotion, qui m'est si familier aujourd'hui. Il était surpris de m'entendre parler ainsi, je le sentais bien. J'ai alors expliqué que Ganondorf était né à Hyrule et qu'il avait longtemps cherché à mettre la main sur la Triforce, un artefact miraculeux trouvé dans les profondeurs d'une nébuleuse gigantesque. La reine d'Hyrule, ZeldaBot, avait fini par le bannir en apprenant ses sombres desseins. Il s'était ainsi retrouvé sur la planète rouge, téléporté par l'instrument de la lune Ocarina. J'ai ensuite ajouté que j'avais été choisi par les déesses de notre galaxie, trois étoiles nommées Din, Farore et Nayru, et que j'étais le seul à pouvoir freiner Ganondorf. L'"USS Epona" avait été construit en suivant des plans fournis par les déesses, mais il avait dû perdre le concours à cause de la manière particulière qu'il faut pour le piloter. Évidemment, au début, Spock ne m'avait pas cru. Même s'il ne montrait aucun sentiment, je savais qu'il était profondément troublé. Mais, tout ce que je lui ai dit n'était que la vérité. Puisque les dirigeants de la Fédération Interplanétaire ne voudraient jamais me laisser aux commandes de l'"Enterprise" malgré mon discours, j'ai donc dû monter un plan pour voler l'"USS Epona" durant une nuit. J'ai tiré toutes les alarmes et monté un terrible mensonge pour éloigner tout intérêt et regard indiscret des hangars. Alors que mon équipage s'apprêtait à faire démarrer le vaisseau, Spock est entré. J'étais sûr qu'il allait me dire qu'il serait obligé de me dénoncer à la Fédération Interplanétaire, mais j'étais prêt à lui faire voir ma façon de penser. Toutefois, à ma grande surprise, il m'a dit souhaiter faire partie de mon équipage, parce qu'il espérait un jour comprendre ce que je cherchais. D'un côté de la galaxie voyagea donc l'"USS Enterprise" dirigé par le Capitaine Kirk, en mission contre Ganondorf, et de l'autre l'"USS Epona" dirigé par moi, en mission contre le même homme. La seule différence était qu'il travaillait dans la légalité et moi non.

***

Termina se trouvait à deux cents années-lumière d'Hyrule, distance que l'"Epona" fit vite de couvrir. J'en descendis en premier, suivi par mon officier Spock, ainsi que les autres membres de mon équipage. La capitale de cette planète était sombre et inquiétante, composée de hautes tours pointues dont la couleur noire laissait un goût âcre dans la bouche simplement en la regardant. Deux êtres encapuchonnés dans de grandes pèlerines sombres flottèrent jusqu'à nous et s'inclinèrent bien bas en me reconnaissant.
- Bienvenue, capitaine Link Quest, dit l'un d'eux d'une voix inhumaine. Que nous vaut l'honneur de revoir l'USS Epona sur notre planète ?
- J'ai besoin de m'adresser à Majora le plus tôt possible, expliquai-je. Cela concerne... Ganondorf.
- Le seigneur de la planète rouge ? s'étonna le deuxième. Est-ce que... vos recherches pour le retrouver et anéantir son pouvoir avancent ?
D'un simple regard, je demandai à Spock de répondre à ma place, puisque je ne pourrais cacher les regrets et le malaise dans ma voix.
- Plutôt mal, admit donc mon premier officier sur son habituel ton neutre. Ganondorf a détruit Hyrule.
Même si leurs visages étaient camouflés, je savais que les deux Terminiens étaient extrêmement surpris.
- La planète en entier ? s'épouvanta l'un d'eux. Comment Ganondorf a-t-il pu détruire une planète aussi grande qu'Hyrule ? Et comment aurait-il pu quitter la planète rouge sans se faire avaler par les trous noirs qui l'entourent ?
- C'est ce que je veux découvrir, grondai-je en commençant à marcher. Laissez-moi aller voir Majora, que je règle quelques petites choses avec lui.
Dès que nous fûmes arrivés devant le palais de Termina, je signifiai à mon équipage de rester ici pour surveiller les environs et à Spock de m'accompagner. Tous deux, nous montâmes les nombreuses marches creuses pour atteindre la porte d'entrée. Les guerriers nous regardaient passer avec un regard inquiétant, sans toutefois agir. Ils me reconnaissaient.
- Ô, Majora ! m'écriai-je après avoir traversé le hall.
Nous restâmes dans l'entrée de cette immense salle où se trouvait le roi de Termina. Assis dans son trône d'obsidienne aux longues griffes menaçantes, surplombant un plancher en échiquier noir et blanc, Majora arborait son masque coloré habituel. Il nous fit signe d'avancer parmi tous ces valets et soldats qui se hâtaient à leur tâche d'un côté et de l'autre.
- Je ne croyais pas te revoir de si tôt, Quest... marmonna-t-il de sa voix sifflante. La dernière fois que tu es venu ne remonte qu'à un mois, à bord de ton petit vaisseau Excalibur, lorsque tu es venu me confier ton impatience en attendant de voir quel USS allait remporter la palme...
Un silence perdura durant lequel je croisai mes bras sur mon torse, réfléchissant à mes éventuels mots. Le regard irréel de Majora tomba sur mon premier officier qui, à côté de moi, gardait ses mains dans son dos, le regard éternellement calme.
- Et qui est ce curieux être t'accompagnant, Quest ? marmonna le Terminien en levant ses doigts maigres vers lui. Je sens une violente dualité en lui... mi-Vulcain, mi-humain... hmm... Ce doit être bien difficile de contrôler des émotions si fortes...
Spock échangea un regard avec moi. Je commençai donc mon discours.
- Majora, voici mon premier officier, M. Spock. Nous sommes venus avec l'"USS Epona" afin de...
- L'"USS" ? m'interrompit aussitôt l'extraterrestre. Tu as donc été choisi pour diriger le vaisseau gagnant ? Et bien, mes félicitations... Tes attentes ne se sont donc pas révélées vaines.
Une dangereuse hésitation me prit à la gorge. J'étais tenté de répondre positivement à ses mots, mais je me devais d'être honnête, si j'espérais qu'il le soit avec moi.
- Pas exactement, admis-je donc. Je... oui, je suis aux commandes d'un USS, mais... c'est l'"Enterprise" qui est officiellement au front dans le combat contre Ganondorf, et non l'"Epona". Je...
Ne sachant comment compléter ma réponse, je cherchai un support dans le regard de Spock qui me fit un doux signe de tête.
- La Fédération Interplanétaire ne sait pas que je suis parti avec l'"Epona", complétai-je.
- Tu as volé le vaisseau perdant, si je comprends bien ? résuma Majora. Et bien, et bien ! Notre petit Hylien courageux et juste aurait donc sa propre dose de vices ?
- C'était une nécessité, répliquai-je avec colère. Le capitaine Kirk et son équipage sont Terriens. Ils ne savent rien de Ganondorf. Ils le prennent pour un rival ordinaire, un homme un peu fou, mais ils sont si loin de la vérité. Je me devais d'agir... et puisque les dirigeants de la Fédération Interplanétaire ne voulaient pas me laisser faire, j'ai dû agir seul.
- Mais, reprit Majora, ton petit officier ici est le responsable en chef du projet... Comment se fait-il qu'il soit avec toi, alors qu'il aurait dû suivre les directives de la Fédération Interplanétaire ?
Je détestais cet alien, principalement parce qu'il pouvait tout trouver en lisant les pensées des autres. Spock restait silencieux, ce qui me permit de rectifier le tir.
- Spock a cru en mes paroles. Je ne lui ai dit que la juste vérité et il m'a fait confiance. Je suis le seul pouvant espérer vaincre Ganondorf, et c'est pourquoi je suis venu te voir aujourd'hui. Tu as rencontré Ganondorf dernièrement ; t'aurait-il parlé de ses desseins ?
Depuis que j'avais sauvé la vie de Majora en le débarrassant de son ennemi, un guerrier vêtu de blanc à l'immense épée torsadée se prenant pour un dieu vengeur, il m'en devait une. C'est pourquoi il ne posait jamais de questions sur les informations que je lui demandais, et répondait sans hésiter.
- Ganondorf est effectivement venu me voir, il y a une semaine... Il a dit que ma planète se trouvait sur un point stratégique. Je ne savais pas trop de quoi il parlait. Nous avons pris le thé. Il m'a alors expliqué que dans sept jours environ, il allait écraser Hyrule dans la paume de sa main. Je lui ai demandé, par simple curiosité, comment il comptait faire cela. Il m'a affirmé avoir réussi à mettre la main sur ce qu'on appelle la matière noire, une substance qui, une fois jetée au centre d'une planète, l'absorbe en son entièreté, en plus de l'espace qui l'entoure. Il en résulte une faille spatio-temporelle, une déchirure dans la galaxie, une sorte de trou ouvert entre deux espaces. Ce que laisse la matière noire derrière elle est bien plus qu'un simple trou noir ; c'est une ouverture sur l'impossible.
J'ai senti la sueur perler sur mon front. Simplement le fait de penser à ces milliards de vies qui avaient été déchirées entre deux espaces me faisait trembler d'effroi et de fureur. La main rassurante de Spock se posa sur mon épaule.
- Ganondorf m'a dit qu'il pouvait seulement utiliser la matière noire deux fois. Il devait donc choisir attentivement ses cibles. Hyrule n'allait être que sa première. Je lui ai demandé s'il avait une idée pour la deuxième et...
- Et ? m'impatientai-je.
Je sentais bien que Majora hésitait à terminer sa phrase. C'était comme s'il ne voulait pas que j'entende la suite.
- Ganondorf garde sa dernière dose de matière noire pour l'USS Epona, m'avoua-t-il alors. Pour toi.
Même si je m'étais attendu à ce genre de réponse, un lourd poids s'écrasa au fond de mon estomac. Je ne pouvais imaginer mon bon équipage souffrir par la main de Ganondorf. Je ne pouvais imaginer Spock souffrir à cause de moi.
- T'a-t-il dit autre chose ? finis-je par risquer en faisant une croix sur mes sombres réflexions.
- Pas vraiment, assura Majora. Quoique... je lui ai demandé comment il avait fait pour réussir à quitter la planète rouge sans se faire avaler par les trous noirs. Il m'a dit avoir réussi à créer une sorte de gigantesque lance-pierre alimenté par l'énergie de la nébuleuse au centre de la planète. Propulsés par une force cinq fois supérieure à celle des trous noirs, les vaisseaux peuvent ainsi échapper à leur attraction. Ce fut ma dernière question. Nous avons fait une partie d'échecs, puis il est reparti.
Un soupir s'échappa de mes lèvres. En regardant fixement le Terminien, je sentis au fond de ses pupilles qu'il n'avait rien d'autre à dire.
- Il ne t'aurait pas dit l'endroit où se trouve la planète rouge ? demandai-je comme dernière question.
- Même si je le lui avais demandé, il ne me l'aurait pas dit, grommela Majora en haussant des épaules. Tout ce que je sais, c'est que la planète rouge est un vieux fragment détaché d'une planète encore plus immense et gigantesque qu'Hyrule. Attiré par l'attraction de deux trous noirs situés l'un en face de l'autre, le fragment s'est retrouvé, par une précision presque miraculeuse, au seul endroit où les deux forces d'attraction le tirent de puissance égale de chaque côté. Il ne suffirait que de faire dévier d'un millième de degré la planète rouge pour qu'elle se fasse aspirer par l'un ou l'autre des deux trous noirs.
Cette révélation fit vite de me mettre quelques idées en tête, mais sans plus. Après trois ou quatre autres questions sans trop d'importance, je finis par conclure cette rencontre en m'inclinant devant Majora. Spock en fit autant, et nous quittâmes la salle.
- Avant que vous ne repartiez, lança la voix du Terminien derrière nous.
Mes pas s'immobilisèrent au même moment que ceux de mon premier officier. Sans me retourner, j'écoutai ce que Majora avait à me dire.
- Et si l'USS Enterprise en venait à trouver la planète rouge avant vous ? Et que, par inadvertance, il s'en approcherait, et que l'un ou l'autre des trous noirs l'avalerait ? Comment te sentirais-tu, Link ? Si le capitaine Kirk, honnêtement désigné par la Fédération Interplanétaire, en venait à disparaître par ta faute ? Car, je ne crois pas me tromper en affirmant qu'on t'a demandé de révéler tout ce que tu savais à propos de Ganondorf pour conférer le plus d'informations à Kirk... Ce que tu as fait semblant de faire.
C'en était trop. Je ne pouvais le laisser avancer de telles remarques. Brusquement, je fis volte-face, le regard furieux.
- Je ne pouvais révéler à Kirk et son équipage que je suis le héros choisi par les déesses, le seul pouvant vaincre Ganon ! Ils m'auraient pris pour un fou !
- Ah oui ? s'intrigua Majora. Et pourtant, M. Spock ici présent, jeune Vulcain fort intelligent et posé, dont le sens critique est impressionnant, a cru en vos paroles. Pourquoi est-ce que Kirk, ou encore les chefs de la Fédération Interplanétaire n'en auraient pas fait autant ?
- J'ai fait confiance à Link Quest parce qu'il a eu confiance en moi, répondit mon premier officier avant que j'eus le temps de dire quelque chose. J'ai senti en lui et moi de... curieuses ressemblances. Même s'il a toujours eu un problème avec l'autorité et que, dans les débuts de notre côtoiement, nous étions davantage rivaux qu'autre chose, j'ai fini par comprendre ce qu'il cherchait à atteindre. Aujourd'hui, j'ai bien plus confiance en lui qu'en la Fédération Interplanétaire.
Majora, comprenant que ses petits plans pour essayer de me déstabiliser venaient d'échouer, se cala au fond de son trône, le regard irréel de son masque braqué sur nous. Après un long moment de silence, Spock et moi reprîmes le chemin de la sortie.

Chapitre 2 : La Lune Ocarina   up

Je ne savais plus trop où donner de la tête. Majora n'avait pu me dire la situation de la planète rouge, ce qui ne m'avançait pas du tout. De nouveau à bord de l'"Epona", je pris place dans mon siège, le regard vide.
- Qu'avez-vous appris, capitaine ? s'intrigua mon pilote Sheik.
- Pas grand-chose, admis-je avec désarroi.
- Capitaine, commença alors Spock, permettez-moi de vous proposer que nous recherchions immédiatement la lune Ocarina. Puisque nous aurons éventuellement besoin de son instrument téléporteur pour atteindre la planète rouge, mieux vaut s'en équiper le plus tôt possible.
- Vous avez raison, répondis-je à ces paroles. J'accepte cette proposition. M. Black, conduisez l'"USS Epona" vers Hyrule... enfin, vers la zone où elle se trouvait autrefois. De là, nous commencerons les recherches. M. Spock, est-ce que vous et Mlle Orbe pouvez retracer la lune Ocarina ?
- C'est possible, répondit Navi de son siège. En tapant la formule de sa trace énergétique planétaire dans l'ordinateur, nous pourrons certainement la transférer en une base de données que nous pourrons mettre dans le détecteur radar de l'"Epona". Nous pourrons ainsi suivre son indication et retrouver la lune.
- Parfait, me ravis-je. Mettez-vous tout de suite au travail. Lorsque nous serons sur Ocarina, je me chargerai personnellement de prendre possession de l'instrument de musique. Il y a été laissé par la reine ZeldaBot : je suis donc le seul pouvant espérer l'obtenir sans histoire.

***

Je ne pensais pas que la lune d'Hyrule aurait pu avoir été projetée aussi loin de sa position originale. Trois mille cinquante années-lumière. Épuisé, je n'ai pu me tenir éveillé très longtemps sur mon siège. Sheik Black avait depuis un bon moment mis l'"USS Epona" sur le pilotage automatique. Il n'y avait plus personne dans la salle, sauf moi. Dans mon sommeil à moitié profond, j'arrivais à entendre les murmures de mes propres angoisses, de ma culpabilité. Je revoyais Hyrule se démolir sur elle-même dans mes pensées, son explosion, sa totale destruction. J'entendais les milliards d'Hyliens condamnés à hurler à l'aide, poursuivis par l'effondrement des montagnes et la disparition du ciel. C'est quand quelque chose s'est posé sur mon épaule que je me suis violemment réveillé.
- Spock ? marmonnai-je en reconnaissant le visage du bienveillant Vulcain.
- Nous arrivons à Ocarina, me dit-il.
Je me suis redressé sur mon siège, remarquant que les autres membres de mon équipage revenaient s'installer à leurs postes. Devant nous se dressait la magnifique lune Ocarina à la surface presque mystique, dont les milliers de motifs complexes et spiralés, creusés par l'érosion, brillaient à la lueur du lointain Soleil.
- Faites atterrir le vaisseau dans la partie sud-ouest, demandai-je en me levant pour aller m'adresser à Sheik. Selon ce que la reine ZeldaBot m'a déjà révélé, le temple qui protège l'instrument de musique téléporteur se trouve dans cette zone.
Repenser à ZeldaBot me fit vite mal. Avait-elle été enlevée par Ganondorf peu avant la destruction d'Hyrule ? Ou alors... avait-elle succombé comme ces milliards d'Hyliens au trou noir ? Un terrible frisson rongea mon échine.
- Spock et Navi m'accompagnent, déclarai-je pour m'éviter de continuer à penser. Les autres, montez la garde près de l'"Epona". Si nous ne sommes pas revenus dans une heure, partez à notre recherche.
Nous préparâmes donc notre équipement ; masques à oxygène, oreillettes et radio pour communiquer, fusils lasers, ordinateurs de poche, lunettes à vision aux rayons X, dagues et couteaux au cas où. Il faisait nuit, mais peut-être que ce n'était pas le cas sur l'autre hémisphère. Suivi par Spock et Navi, je fis les premiers pas loin du vaisseau. Entre les dunes de sable bleuté et les cratères aux sillons spiralés, je me rendis compte qu'un chemin dont les dalles étaient toutes en forme de croissant serpentait jusqu'à une curieuse oasis. J'adressai un signe de tête à mes deux camarades, et nous poursuivîmes notre route. Au bout d'une dizaine de minutes, nous arrivâmes à la hauteur de l'endroit mystique, immobilisés par la stupéfaction. Les arbres, grands et minces, s'apparentaient à des palmiers bleus et violets, possédant de longues feuilles en spirale. L'herbe dansante nous parvenait à la hauteur des genoux, et au centre de l'oasis se trouvait une gigantesque fontaine en ivoire. Spock fut le premier à s'avancer, probablement émerveillé par la sublime sculpture représentant une espèce de licorne bicéphale. De ses deux gueules émergeait un jet d'eau cristallin qui, à cause de la faible gravité, s'immobilisait quelques secondes dans les airs avant de retomber lentement dans le bassin.
- Uuuush ere' thek' taha, murmura tout à coup une voix sifflante.
Je me retournai, pointant mon fusil laser vers un bosquet de fleurs turquoise qui s'agitait. Devant mon air méfiant, il en sortit une créature extraterrestre que je n'avais jamais vue auparavant. Très mince, elle ressemblait à un phasme dressé, d'apparence aussi fragile qu'une brindille. Sa robe d'argent flottait tout autour d'elle, et son unique oeil rouge vif sans pupille brillait comme le soleil.
- Deux Hyliens et un Vulcain, reprit l'être lunaire dans notre langue.
- Nous recherchons l'instrument de musique téléporteur, me décidai-je à dire.
Le silence qui suivit mes mots fut si long que je finis par croire que la créature ne savait pas de quoi je parlais. Toutefois, elle s'avança sur ses grandes pattes frêles pour venir me répondre.
- L'ocarina interplanétaire... voilà ce que vous cherchez.
Spock et Navi hésitaient à baisser leurs armes, mais je leur en fis discrètement signe. Si cette extraterrestre savait où se trouvait l'instrument, je devais le savoir.
- Je suis la seule habitante de cette lune, reprit-elle. Nukturna. La reine ZeldaBot est celle m'ayant nommée.
- Je suis Link Quest, me présentai-je alors. J'ai été choisi par les trois déesses stellaires pour défendre Hyrule. Enfin... telle était ma mission autrefois.
Nukturna posa ses mains sur mes épaules, ce qui fit brièvement lever les armes de mes deux alliés. Elle n'eut qu'à passer verticalement son index sur mon uniforme pour déchirer avec facilité le tissu, ce qui me donna un frisson désagréable. Elle admira longuement sur mon bras gauche le tatouage doré de la Triforce.
- La marque de l'Hylien au courage éternel, murmura-t-elle aussitôt. L'élu des trois étoiles... le héros choisi par les déesses. Un tel tatouage ne peut être imité, ne peut donc tromper. Vos mots sont vrais.
Sur ces mots, elle se retourna pour s'approcher d'un arbre, puis passa ses doigts maigrelets sur le tronc qui fondit comme du beurre. Elle prit ainsi une poignée de cette gélatine couleur écorce et vint me l'écraser dans la main. Surpris, je ne protestai toutefois pas.
- Vous devez avoir les mains propres pour entrer dans le temple, siffla-t-elle. Frottez-les.
Devant me plier à ce curieux rituel, je m'exécutai donc, frottant mes paumes ensemble. La pâte d'écorce semblait se solidifier sur la peau, devenant comme des gants de caoutchouc épais.
- Link Quest me suit, déclara Nukturna. Les autres restent.
Navi voulut protester, mais je le lui interdis du regard.
- Restez toutefois près si jamais quelque chose se passe, murmurai-je à son attention.
Je suivis donc Nukturna qui descendait dans un immense tunnel camouflé par les hautes herbes. Nous nous retrouvâmes dans ce qui fit vite de décevoir mes rêves de temple suprême : une petite salle aux murs de calcaire, là où il n'y avait, par terre, qu'une boîte sphérique déposée dans un panier de soie bleue. Sur celle-ci, je reconnus le symbole du château d'Hyrule brodé en or.
- ZeldaBot est celle vous ayant confié l'ocarina, devinai-je en m'agenouillant devant l'objet.
- Oui. En attendant que vous veniez le chercher.
Sur un geste de Nukturna, je pris la boîte sphérique et l'ouvrit délicatement. À l'intérieur se trouvait un ocarina d'un noir de jais luisant, sculpté avec beauté. De petites ornementations en rubis décoraient son bec et le pourtour de ses trous.
- Cet instrument était destiné à l'utilisation de deux personnes, reprit l'extraterrestre. Deux Hyliens se nommant ZeldaBot et Link. Maintenant qu'Hyrule n'est plus.... je suis fière de mettre l'ocarina interplanétaire entre vos mains. Que les trois étoiles divines vous protègent, Link.
Je la remerciai en m'inclinant respectueusement. En contact avec l'ocarina, la pâte d'écorce caoutchouteuse sur mes mains se liquéfia d'elle-même pour ensuite en tomber, ne laissant aucune trace.
- Merci, dis-je, ne sachant quoi dire d'autre.
Je me sentais à la fois ému et confiant. Cet instrument dégageait une forte énergie qui m'aidait à trouver le peu de confiance restant au fond de moi. J'étais prêt, maintenant. Hyrule avait été détruite, mais pas son histoire. Ganondorf devait certainement avoir mis la main sur la Triforce avant de se débarrasser de la planète : il y avait donc aussi un espoir que la reine ZeldaBot soit toujours en vie.

Chapitre 3 : L'attaque de l'Hydrome   up

Dès que nous fûmes tous à son bord, l'"USS Epona" ne tarda pas une seconde avant de décoller, quittant la lune Ocarina et son unique habitante. Nous retirâmes nos masques et notre équipement, laissant le soin à Lion Rouge de les ranger.
- Et maintenant, capitaine ? s'intrigua Sheik Black au poste de pilotage.
Assis sur mon siège, j'admirai longuement l'ocarina interplanétaire, frôlant du bout des doigts sa surface luisante. Dans le noir de sa peinture, il me semblait voir des reflets de galaxie, de planètes, d'anneaux lumineux et d'étoiles. Simplement en le regardant, j'avais l'impression de tout savoir des quatre recoins de l'univers, de connaître toutes les destinations et tous les lieux. Tout me devenait brusquement clair.
- Je n'ai qu'à demander, murmurai-je finalement.
Je sentis des regards perplexes se poser sur moi dès que j'eus prononcé ces mots vagues. Debout près de moi, les mains derrière son dos, Spock ne disait rien.
- L'ocarina permet de voyager de n'importe quelle planète vers n'importe quelle autre planète, rappelai-je à mon équipage. Ça fonctionne aussi pour les astéroïdes, les étoiles et la moindre parcelle dans l'univers dont le nom nous est connu.
- Vous croyez vraiment qu'en disant " amène-moi à la planète rouge " vous allez vous y rendre ? s'exclama Navi avec un rire sarcastique.
- Si le capitaine croit que cet instrument peut le mener aussi facilement à la demeure de Ganondorf, déclara Spock, et bien ce peut être vrai.
Personne ne trouva réplique aux paroles de mon premier officier. J'eus un sourire en coin.
- Écoutez-moi attentivement, repris-je alors. Il y a des millénaires de cela, mon ancêtre vivait à Hyrule qui n'était le nom que d'un petit royaume sur une planète. Il possédait un ocarina. L'ocarina du temps. Il n'avait qu'à souffler une mélodie évoquant le lieu où il voulait se rendre, et l'instrument l'y emmenait.
- Une mélodie ? lança Sheik. Et comment savoir quelle mélodie vous emmènera sur la planète rouge ?
Je restai longuement songeur. Sheik disait vrai. Y avait-il seulement un moyen de connaître la mélodie exacte ? M'étais-je emporté trop vite ? Peut-être. J'ai poursuivi mes réflexions, sous le regard insistant de mes compagnons, jusqu'à ce qu'un éclair de génie me frappe.
- La sonde ! m'exclamai-je en bondissant hors de mon siège. Il y a deux semaines, nous... nous avons envoyé une sonde en orbite autour d'Hyrule pour qu'elle enregistre toute anomalie sonore, et nous avons capturé une faible mélodie, une sorte d'air de quatre notes... Souvenez-vous-en ! Dans les jours qui ont suivis, un vaisseau moblin est passé à proximité d'Hyrule, et nous avons observé la sonde passer tout près pour y capter le même signal sonore !
- ... Et ? s'entêta Sheik.
- Et !? répétai-je dans un cri de surprise. Mais la réponse est là ! Tous les vaisseaux moblins viennent de la planète rouge ! Ils sont créés par Ganondorf, tout le monde n'affirme que ça depuis des années !
Spock me tapa vivement l'épaule, ce qui signifiait un grand ravissement camouflé derrière son air impassible. Je me dirigeai vers le tableau de bord au mur et, aidé par Navi, je réussis au bout de quelques minutes à retrouver les bandes sonores enregistrées par la sonde. Je passai le début en accéléré, jusqu'à percevoir les faibles notes de la mélodie qui avaient été captées la première fois. Devant les airs ébahis des membres de mon équipage, je fis rejouer et rejouer la bande sonore plusieurs fois, jusqu'à retrouver les notes appropriées sur l'ocarina. Je gribouillai le tout sur un bout de papier, histoire d'être certain de ne pas l'oublier.
- Vous croyez vraiment qu'il s'agit de la bonne mélodie ? risqua Navi.
- Je n'en sais rien, admis-je en observant fixement la portée que j'avais écrite sur le papier. Mais je suis prêt à tout tenter.
Spock s'apprêta à dire quelque chose lorsque, tout à coup, un terrible grincement se fit entendre. Sheik se rua à son poste de pilotage, ses doigts parcourant toutes les touches de son clavier. Un autre bruit épouvantable résonna sur le côté droit de l'USS Epona, ce qui commença à m'inquiéter.
- Tout le monde à son poste ! lançai-je. Dites-moi ce qui...
Le vaisseau fit brusquement une embardée, comme si quelque chose venait de le bousculer par en dessous. Sheik fut le premier à apercevoir une immense forme sombre voler autour de l'"Epona", ce qui l'incita à agripper les contrôles de pilotage. Des crissements d'une violence inouïe résonnèrent sur la coque du vaisseau, nous forçant tous à plaquer nos mains sur nos oreilles. Dès que je vis la forme sombre s'élever devant la vitre, je compris le cauchemar qui était en train de se produire.
- Non... ne trouvai-je qu'à marmonner. Un hydrome... C'est un hydrome ! Sortez-nous de là, Sheik !
Mon pilote ne se fit pas prier : immédiatement, il mit le vaisseau à oméga quatre et fonça pour échapper aux gigantesques griffes qui l'entouraient. Je sentis mon coeur faire un brusque bond dans ma poitrine. Les hydromes étaient des créatures voraces, pouvant faire la taille d'une planète et se camoufler ainsi parmi elles. Ils portaient le surnom de "Trous noirs organiques", puisqu'ils se déplaçaient et dévoraient tout sur leur passage : étoiles, astéroïdes, planètes... et vaisseaux.
- Il est à bâbord ! lança Navi qui suivait les mouvements du monstre sur son écran radar.
Mes mains étaient crispées sur les bras de mon siège, mes yeux suivant fixement les moindres mouvements suspects à l'extérieur du vaisseau. Sheik finit par perdre le contrôle de l'"Epona" qui se fit tirer vers l'arrière avec violence. L'hydrome poussa un hurlement tonitruant qui résonna dans l'espace, faisant frissonner d'effroi tout le monde, ses milliards de crocs abominables s'agrippant dans la carrosserie de l'USS.
- La saloperie nous tient ! hurla Sheik en essayant de dégager le vaisseau par tous les moyens. Je peux rien faire !
Nous fûmes projetés en tous sens, l'hydrome secouant l'"Epona" comme une vulgaire poupée de chiffon. Ses immenses crocs commençaient à se refermer sur son entièreté, menaçant de faire éclater le verre de la vitre principale. Je ne pus m'empêcher de hurler de panique, me ruant au tableau de bord pour aider Sheik à trouver une manoeuvre miracle dans l'ordinateur.
- Merde, merde, MERDE ! Il faut nous sortir de là !
La main de Spock se posa brusquement sur mon épaule, ce geste étant devenu habituel pour attirer mon attention.
- J'y vais.
Sur ce, j'eus à peine le temps de tourner la tête pour le voir quitter la salle au pas de course, s'engouffrant dans le corridor. Les néons étaient secoués d'arrêts momentanés, l'électricité menaçant de lâcher dans quelques minutes à peine. Je voyais la sueur perler sur le front de Sheik qui tentait tout pour dégager l'"USS Epona". Soudain, l'effroyable bruit d'une explosion retentit sur notre droite, et de la fumée commença à couvrir notre vue sur l'espace. Ça y est : l'hydrome venait de faire éclater un réacteur.
- S'il en bousille un autre, le moteur est foutu ! s'exclama mon pilote.
L'alarme rouge résonna aussitôt dans tout le vaisseau, superposée par l'alarme d'incendie et la voix de l'interphone qui décrivait les problèmes. L'hydrome ne tarda pas à recommencer son manège, faisant crisser ses crocs sur le métal en secouant l'"Epona". Je m'accrochai au tableau de bord, priant de toute mon âme que l'idée de Spock fonctionne, même si je ne savais pas de quoi il s'agissait. Alors que la vitre recommençait à craquer dangereusement, un bruit de canon se fit entendre, et le vaisseau se mit à trembler avec fureur. L'hydrome poussa un cri de colère, ou peut-être de peur, avant de dégager un peu l'"USS Epona".
- Spock vient certainement de lui tirer dessus ! m'exclamai-je avec un relent d'espoir. Il y a un canon à l'arrière qui devait donner directement sur l'hydrome ! Black, à oméga cinq ! Je veux qu'on sorte de là !
Sheik s'exécuta, et l'"Epona" à demi fonctionnel, l'entière carcasse tremblante et la fumée l'entourant, finit par se dégager de la créature qui gardait toutefois une partie de ses crocs agrippée dans son côté gauche. Un nouveau bruit de canon se fit entendre, et l'hydrome nous relâcha enfin, son sang verdâtre se répandant en apesanteur dans l'espace. Le vaisseau, même à oméga cinq, ne pouvait aller très rapidement, mais nous finîmes par être assez éloignés du monstre pour ne plus le craindre. Soulagé, j'allai m'effondrer dans mon siège. Par contre, mon bonheur ne fut que de courte durée. Une alarme résonna sur l'ordinateur de bord que Navi fit vite d'analyser.
- Capitaine... marmonna-t-elle, la voix éteinte.
J'ai tout de suite craint une mauvaise nouvelle. Encore plus mauvaise que l'attaque de l'hydrome ou le réacteur brisé.
- La salle de tir a été gravement endommagée, poursuivit-elle avec hésitation. La... pièce où se trouve le canon arrière a été détruite.

Chapitre 4 : La Planète Rouge   up

Lion Rouge se hâta d'utiliser l'extincteur dans la salle de tir, évitant que le feu ne se propage. Je traversai la pièce et me rendis jusqu'au canon principal arrière qui n'était plus que ruine, repérant Spock, étendu par terre, inconscient. Je fus soulagé de voir qu'il n'avait qu'une blessure au bras et au flanc droit, même si elles étaient plutôt graves.
- Docteur Lactée, lançai-je aussitôt. Il faut l'emmener immédiatement au centre de santé.
Aidée par Lion Rouge et Sheik, elle souleva mon premier officier et ils le prirent avec eux jusqu'au lieu convoité, sans perdre une seconde. Je sentais mes mains trembler d'elles-mêmes. Mon soulagement n'allait être complet que quand je serais convaincu que Spock serait hors de danger.

***

Je ne comptais plus les heures. Pourquoi était-ce si long avant que l'on vienne me donner des nouvelles ? Comment allait-il ? Alors que je croyais devenir fou d'inquiétude, j'entendis la porte coulissante s'ouvrir derrière moi. Mes jambes firent d'elles-mêmes pivoter mon siège.
- Et ? demandai-je sans réfléchir.
Le docteur Lactée gardait les mains derrière son dos, l'air timide.
- Il a besoin de repos, me dit-elle. Vous pouvez venir le voir.
Je me levai et la suivis docilement, malgré la tension extrême en moi qui m'aurait fait bondir et courir de panique. Nous traversâmes le couloir jusqu'au centre de santé, là où je trouvai Spock, étendu sur le matelas immaculé, les bandages recouvrant sa peau contusionnée. Dès qu'ils me virent entrer, Sheik et Lion Rouge me saluèrent en s'inclinant et quittèrent les lieux. Le docteur Lactée se rangea sur le côté, puis dès que je croisai son regard, elle s'en alla à la suite des deux autres. J'écoutai silencieusement le bruit de la porte se refermer sur eux, me laissant seul avec mon premier officier.
- L'hydrome nous a lâchés, murmurai-je avec un sourire en coin.
J'allai m'agenouiller près de lui, les mains jointes dans un réflexe. Impossible de dire s'il était inconscient ou s'il dormait. Son visage avait ce même air serein qu'à l'habitude, sans émotion, comme si rien ne pouvait l'atteindre et le troubler. Par moment, j'aurais aimé être aussi fort d'esprit que lui, pouvoir effacer mes émotions, ou du moins arriver à les contrôler.
- Je peux me rendre sur la planète rouge, finis-je par ajouter en posant ma main sur son bras entouré de bandages. Je sais que la mélodie est exacte... je le sens.
Ses paupières remuèrent. Il était sûrement éveillé.
- Mon seul souhait maintenant est de venger Hyrule, marmonnai-je sur un ton grave. Je vais reprendre la Triforce et envoyer Ganondorf dans les ténèbres d'un trou noir.
Spock ouvrit les yeux, puis tourna la tête vers moi. Je fus soulagé de voir son regard. Je n'avais jamais pensé à lui demander son âge. Vingt-quatre, vingt-cinq ans, peut-être ? Quoique, de mon côté, j'ai toujours refusé de dire le mien... Un capitaine de dix-sept ans ne se ferait pas prendre au sérieux, il me semble.
- Nous irons tous ensemble, m'a-t-il murmuré. Nous téléporterons l'"Epona". Hors de question que je vous laisse... vous rendre sur la planète rouge sans moi.
Je souris un peu, de manière mélancolique peut-être.
- La part Vulcaine de mon organisme fera vite de soigner mes blessures, ajouta-t-il alors.
- Prenez votre temps.

***

Je convoquai le reste de mon équipage pour une réunion dans la salle de commandement. Dès que le dernier fut entré, je croisai mes bras derrière mon dos, debout au centre de mes alliés.
- Notre prochaine destination est la planète rouge, grommelai-je sur un ton autoritaire. L'ocarina interplanétaire peut nous y emmener. Je comptais m'y rendre seul, mais... un Vulcain à la logique implacable m'a affirmé que vous deviez m'accompagner.
Un bref sourire parcourut le visage des rassemblés. Je poursuivis ensuite.
- Nous allons donc téléporter l'"USS Epona" sur la planète rouge. Oui, peut-être que Ganondorf n'y sera même pas. Oui, peut-être que ZeldaBot n'y sera pas non plus. Mais je sais que nous retrouverons la Triforce, et en se trouvant sur la planète du seigneur malin, nous pourrons lui tendre un piège si jamais il est ailleurs.
Je pris en main l'ocarina interplanétaire, admirant durant quelques secondes sa surface étincelante à la lueur des néons. Puis, instinctivement, je m'accroupis par terre et posai ma main sur le plancher. Je savais, ou plutôt sentais, que le contact avec ma main allait lier le vaisseau à moi lors de la téléportation. Tout le monde m'imita, posant leurs doigts par terre. Sur mon signe de tête, le docteur Lactée se rendit au centre de santé pour inciter Spock à faire la même chose que nous.
- Tout le monde est prêt ? demandai-je à mes confrères présents ainsi qu'à Lactée par l'intercom.
De mon autre main, je portai l'ocarina à mes lèvres. Je laissai s'écouler un temps de silence, rassemblant tout mon courage à l'intérieur de moi. Je vis, entre les bords déchirés de mon uniforme, la Triforce reluire sur mon bras. Je soufflai les quatre notes.
Je ne sais même pas ce qui s'est produit à ce moment. Un tourbillon de couleurs et de lumières s'est mis à festoyer autour de l'"Epona", me forçant à fermer les yeux. Tout s'est mis à vriller à une vitesse hallucinante, puis brusquement, est revenu à la normale. Je rouvris avec hésitation les yeux pour retrouver la même scène que j'avais quittée. Nous nous relevâmes tous pour remarquer par la vitre principale les dunes sablonneuses et le ciel ardent de la planète rouge. Le vaisseau avait été téléporté en entier. Je soupirai de soulagement.
- Il n'y a pas une seconde à perdre ! lançai-je alors. Sheik et Lion Rouge, veillez sur le vaisseau, pendant que Navi vient avec moi. Dr. Lactée...
Je fus longuement fixé par le regard brillant du médecin, laissant s'écouler un silence.
- Prenez soin de Spock, terminai-je presque imperceptiblement.
Alors que tout le monde s'activait, je me dirigeai le premier vers le sas, Lion Rouge m'apportant mon équipement. Navi vint à mes côtés, et tous deux quittâmes l'"Epona" armés jusqu'aux dents. Il n'y avait aucun risque à prendre en sachant que la reine ZeldaBot ou la Triforce était entre les mains de l'homme le plus maléfique d'Hyrule.
- Si Ganondorf habite ici, commença Navi, où croyez-vous que se trouve sa demeure ?
Je balayai les alentours du regard. Il n'y avait rien, hormis d'immenses pics de roche rougeâtre dispersés un peu partout, des dunes de sable doré, quelques arbres croches secoués par le vent chaud et des flammes dansantes dans le ciel rubis.
- La couleur verte de l'"Epona" est sûrement facile à reconnaître même à des kilomètres de distance, dis-je. Explorons les environs tout en gardant un oeil sur notre point de départ.
- Ou demandez à votre pilote favori de vous indiquer la direction, lança tout à coup la voix de Sheik dans ma montre.
J'esquissai un sourire en appuyant sur le bouton pour lui répondre.
- Vous avez quelque chose ? demandai-je.
- Le radar du vaisseau détecte une construction hylienne à deux kilomètres au nord-est. À moitié en ruine. J'ai pas mal l'impression que notre gaillard habite là-bas.
- Merci, M. Black. Gardez un oeil sur nous avec le radar. Terminé.
Navi et moi dûmes marcher au moins une heure avant d'atteindre ladite construction, le vent et les bourrasques de sable ralentissant considérablement nos pas. Il s'agissait d'une grande tour carrée aux briques noires sales, quelques créatures ailées maigrichonnes poussant des cris stridents du haut des créneaux. Je sentis la main de Navi se poser sur mon épaule, simple geste qui me rappela Spock. Mon plexus solaire se serra.
- Entrons à l'intérieur, suggérai-je finalement.
Avant d'approcher la porte d'entrée, nous détournâmes le regard vers l'ouest, pour apercevoir au loin la silhouette du gigantesque lance-pierre construit par Ganondorf. Je fus émerveillé durant un court instant, devant m'avouer que cette construction était l'une des plus intelligentes que j'avais vues. Défier la force d'attraction d'un trou noir était un tour de force remarquable.
De plusieurs bons coups de pieds, Navi et moi parvînmes à renverser la grande porte en bois défait. Armes levées, nous entrâmes à l'intérieur de la tour obscure, sentant nos semelles glisser sur l'épaisse couche de poussière. Une faible lueur brillait tout au fond du hall, probablement une chandelle. Près de moi, la lumière du globe qui formait la tête de ma compagne émettait une lumière bleutée rassurante.
- Si Ganondorf habite ici, murmura Navi, il doit être parti depuis longtemps...
En effet, tout portait à croire que cet endroit avait été abandonné il y a des années. Pourtant, les vaisseaux moblins venaient bien d'ici... à moins que Ganon se soit trouvé refuge ailleurs sur la planète.
- Sheik, appelai-je dans ma montre. Est-ce que votre radar détecte d'autres présences ?
- Le champ de détection du vaisseau fait la moitié de la planète tellement celle-ci est petite, expliqua la voix de mon pilote. Toutefois, à part cet endroit où vous êtes et un autre à l'ouest, il n'y a rien.
- C'est le slingshot qui est à l'ouest, assurai-je. Nous l'avons vu.
- Avez-vous vu des vaisseaux dans ses environs ?
- Négatif. Mais, nous sommes trop loin de toute manière pour le vérifier.
- Hmm. Bon, en tout cas, il n'y a rien dans cet hémisphère de la planète. Je peux peut-être reprogrammer le radar avec les gadgets que Spock a ramenés de Vulcain. Peut-être que ça améliorera le champ de détection de l'Epona. Je vous redonne des nouvelles. Terminé.
Au moment où je fermais la communication, Navi frappa vivement sur mon bras en pointant le fond de la salle. Dans l'obscurité, je finis par me rendre compte que cette curieuse lueur ne provenait pas d'une chandelle, mais bien d'une porte entrouverte.
- Allons-y, dis-je aussitôt.
Saisi par une soudaine angoisse, je me rendis compte que j'étais bien plus inquiet de tomber sur Ganondorf que je le croyais. Il ne fallait pas le sous-estimer. Peut-être même qu'il arrivait à cacher des choses à n'importe quel radar... en attendant d'attaquer avec l'avantage de la surprise.
Navi fut celle qui ouvrit en grand la porte, son arme levée près de son visage lumineux. Mes yeux prirent brusquement une expression de profonde surprise et désarroi en voyant la chose tout au fond de la salle. La Triforce. Le Triangle d'or parfait, lové dans son nid de soie pourpre, montrée à qui le veut dans un coffre ouvert richement décoré de lapis-lazuli. Tremblant, je fis quelques pas vers elle, n'arrivant pas à croire qu'elle avait simplement été abandonnée ici.
- Ce doit être un piège, m'avertit Navi lorsque nous arrivâmes à la hauteur de l'artefact sacré.
Je tendais déjà la main vers la Triforce lorsqu'elle me dit ces mots. Le coffre se referma brusquement, puis disparut dans un crissement radio.
- Un hologramme, marmonnai-je entre mes dents.
Quelqu'un se matérialisa dans une bourrasque de vent derrière nous, mais nous hésitâmes à nous retourner tout de suite. Je sentai ma peur suer à grosses gouttes.
- Tu n'as pas perdu de temps, Link.
Cette voix grave et rauque me rappela mes pires cauchemars. Je finis par me tourner lentement, mes doigts serrés au maximum sur mon fusil laser. La silhouette costaude de mon ennemi était là, dissimulée dans l'obscurité, sa cape virevoltant dans la brise de la porte ouverte. Elle tenait quelque chose dans ses bras qu'elle laissa brutalement tomber devant elle.
- Trouveras-tu la Triforce avant que je n'utilise ma dernière dose de matière noire sur ton vaisseau, Link ? Je ne crois pas.... mais j'ai envie de te laisser une chance.
Mes muscles étaient tellement tendus que je pensais être figé sur place.
- Tu ne t'en tireras pas comme ça, dis-je.
- Nous allons voir.
Sur ce, il disparut aussi vite qu'il était arrivé, nous laissant à nouveau seuls. Je baissai les yeux vers ce qu'il avait laissé sur le plancher. Mon coeur se frappa brutalement contre ma cage thoracique.
- Par Farore... ne trouvai-je qu'à dire en tremblant.
Navi et moi nous approchâmes de la silhouette étendue par terre, sûrement inconsciente. À la lueur bleutée de ma compagne, je reconnus le doux visage de ma reine ZeldaBot. Son oeil bionique, éternellement ouvert, ne faisait toutefois que regarder dans le vide. Sa robe rosée était déchirée à plusieurs endroits, laissant voir sa poitrine recouverte de plaques de métal sombre et de fils électriques. À genoux près d'elle, je passai timidement mes doigts contre sa joue humaine, sentant sa peau froide sur la mienne.
- Il faudrait l'emmener immédiatement au vaisseau, murmurai-je en ne cessant de la fixer du regard.
- C'est beaucoup trop loin, rappela Navi. Ganondorf vous a menacé de détruire l'"Epona" dans les temps à venir ! Il faut le retrouver ! Et la Triforce !
Je passai mes mains dans mes cheveux, agressé par le stress et l'angoisse. Qu'est-ce que je pouvais bien faire, à présent ? Courir après Ganondorf, sans savoir où il est allé ? Retourner au vaisseau, même s'il risque d'être désintégré à mon arrivée ? Laisser ZeldaBot dans l'inconscient, ici ? Retrouver la Triforce ? Trop de possibilités, toutes impossibles. Je ne savais plus quoi faire.
- Je vais rester auprès d'elle, dit avec douceur Navi. Le docteur Lactée m'a déjà montré quelques techniques de médecine. Je vais m'occuper de la reine.
J'acquiesçai d'un lent signe de tête. Ma confiance était complète en ma compagne, mais pour une inexplicable raison, je me sentais sot de laisser ZeldaBot.
- Tout ira bien.
Ces trois mots faillirent me tirer les larmes. Je fixai si longtemps Navi que je finis par être forcé de détourner la tête, momentanément aveuglé par la lumière vive qu'elle était. Puis, reprenant mon sang-froid, je me relevai, arme dans la main.
- Prends l'ocarina, dis-je en déposant l'instrument près d'elle. Protège-le comme si tu m'avais protégé.
Navi inclina la tête pour signifier son accord. Je quittai la salle.

***

Ganondorf faisait exprès pour se jouer de moi. Il m'attendait devant l'entrée de la tour, sa longue cape rouge déchirée balayée avec violence par la tempête de sable qui se levait. Sa chevelure rousse se fondait à la couleur ardente de la planète.
- Je suppose que Majora t'a parlé de la matière noire, déclara-t-il en me voyant dans l'embrasure de la porte défoncée.
- Oui, grondai-je sans émotion. Ta dernière dose. Tu l'as réservée pour moi. Quelle douce attention.
Le sarcasme le fit sourire malhonnêtement. Nous devions presque crier pour couvrir le vacarme des bourrasques.
- Cet ocarina que tu as, reprit Ganondorf. Tu en as de la chance. Pouvoir voyager de planète en planète instantanément....
Je ne pris même pas la peine de me demander comment il le savait, concentrant toute ma force sur ses yeux de braise.
- Où est la Triforce ? tonnai-je en pointant mon arme sur lui.
Ce geste fit rire Ganon. Il se foutait complètement de ma gueule.
- Comme si j'allais te le dire comme ça ! s'exclama-t-il. Tu ne la trouveras jamais, gamin. Et ton si précieux équipage sera pulvérisé dans une faille spatiotemporelle avec son vaisseau.
Il leva le bras devant ses yeux, ouvrit l'ordinateur intégré à son bracelet, puis fit jouer ses doigts sur quelques touches.
- La matière noire est prête, marmonna-t-il sans lever le regard vers moi. Il me suffit d'appuyer sur ce bouton et... Adieu l'"USS Epona".
J'étais sur le point de craquer sous le poids de ma colère. Je ne pouvais le laisser agir ! Il fallait que je tente n'importe quoi, quitte à sembler désespéré. Je tirai un rayon laser en direction de son ordinateur, mais il l'esquiva sans problème, se mettant à rire de plus belle.
- Tu crois pouvoir vaincre le plus grand seigneur de guerre de cette galaxie avec ce gadget Vulcain ? Mon pauvre Link, tu es... aussi misérable que ton ancêtre.
- Mon ancêtre A VAINCU le mal rongeant son royaume ! hurlai-je en me jetant sur lui.
D'un violent coup de poing, je désarçonnai Ganondorf qui ne tarda toutefois pas à me le rendre. Dans les rafales de vent sablonneux, j'avais peine à bien viser, et il était davantage entraîné que moi. Je finis par être projeté contre le mur noir de la tour, ses mains plaquées contre mes épaules. Haletant, je sentis son regard sonder mes pensées comme adorait le faire Majora.
- Tu es bien fascinant pour l'un de ces petits élus des déesses, grommela-t-il avec un sourire. Moitié Hylien, moitié Terrien... c'est pour ça que le jeune Spock s'est intéressé à toi, tu le sais ? Il a vu en toi son reflet, un homme de dualité et de paradoxes, un homme qui ne saurait jamais à quel monde il appartient !
Je me dégageai de lui en assénant un violent coup de pied à ses jambes, puis esquiva ses poings pour le frapper sur la nuque.
- Je sais à quel monde j'appartiens, râlai-je en reculant. J'appartiens à Hyrule !
- Hyrule est détruite et tu ne pourras jamais la ramener ! me répliqua Ganondorf avec fierté.
J'attrapai mon fusil laser qui était tombé dans la bagarre, mais je n'eus pas le temps de m'en servir : un poing fulgurant me frappa au visage, me propulsant dans le sable, ma tête se heurtant à un petit muret ruiné. Sonné, je fis une roulade pour éviter de justesse un nouvel assaut. Je tirai à l'aveuglette des rayons laser autour de moi, sans atteindre la cible convoitée. Ganondorf profita que je sois à terre pour m'asséner de violents coups de pieds dans les flancs. Toutefois, je parvins à saisir sa cheville et, par l'adrénaline qui courait dans mes veines, le fit valser en arrière en me relevant. Il s'écrasa sur le dos, et je menaçai sa tête de mon arme.
- Peut-être pas, répondis-je en tâtant ma taille endolorie. Mais au moins, je sauverai ZeldaBot.
- Je lui ai fait boire de la matière noire ! s'écria Ganon avec victoire. Tu devras être très rapide pour espérer la sauver ! Il ne lui reste pas beaucoup de temps avant de l'avoir digérée et que son intérieur se déchire en une béante faille spatiale!
Ces simples mots me frappèrent de plein fouet, avec une violence encore plus inouïe que le pire des coups de poing.
- Quoi ? m'exclamai-je sans comprendre. Tu... n'avais que deux doses !
- J'ai menti, dit simplement mon rival avec un sourire diabolique. Je ne voulais pas que tu le saches tout de suite, mon cher... parce que je sentais bien que Majora finirait par ouvrir la bouche.
Débordant de fureur, je lançai comme un boomerang mon arme vers Ganondorf qui la reçut brutalement sur la mâchoire, puis je me jetai sur lui pour le frapper à nouveau. Il réussit à m'envoyer un direct dans l'estomac, mais je repris rapidement mon souffle pour lui assommer le dos. Nous continuâmes à nous battre ainsi durant ce qui sembla être d'interminables minutes, quand tout à coup, je vis l'"USS Epona" s'envoler dans l'atmosphère de la planète. Puisque j'étais distrait, Ganon en profita pour me renvoyer par terre à coups de pieds. Il était fort... très fort. Je croyais que mes coups étaient surprenants et bien calculés, mais il me les renvoyait à chaque fois. Pourquoi le vaisseau s'en allait-il ? Comment Sheik pouvait me faire ça ? Un nouveau coup de pied me frappa aux jambes. Je gardai mon visage contre le sable, ma confiance venant de me quitter.
- On abandonne déjà ? s'amusa à me dire Ganondorf. Je le savais bien que tu serais loin d'équivaloir à ton ancêtre...
Il ne termina pas sa phrase. La surface de la planète s'était soudainement mise à trembler, les rafales de vent se faisant encore plus dangereuses qu'elles ne l'étaient. Avec lenteur, je réussis à me relever sur les genoux, désorienté par le sol chancelant. Du coin de l'oeil, je vis Ganon qui scrutait les alentours et le ciel, ne comprenant pas ce qui se passait.
- Non... NON ! hurla-t-il en s'agrippant la tête à deux mains.
Je sentis les bras chaleureux de Navi et Spock entourer ma taille et m'aider à me relever. La planète donnait l'impression de tanguer en tous sens, de gigantesques failles faisant éclater le désert dans une explosion de poussière. Une curieuse lumière nous entoura tous les deux, et je n'eus le temps que de voir le visage effaré de Ganondorf se tourner vers moi avant de disparaître dans un tourbillon de couleurs. Je perdis connaissance.

Conclusion   up

Journal de bord du premier officier - Année stellaire 2357
Par chance j'avais écouté mon intuition. En ayant démarré la sonde accrochée à l'USS Epona après notre visite chez Majora, j'ai pu capter l'étrange mélodie signalée par la planète Termina et la noter sur un bout de papier.
Nous sentions tous bien que le capitaine Quest n'était pas de taille contre Ganondorf. Sheik nous a alors fait part de son plan qui mettrait à terme la source du mal et son seigneur, mais nous ne voulions pas qu'il l'applique. Le temps nous pressait, par contre. Les yeux confiants du pilote ont longuement fixé les miens impassibles, risquant de me donner une réaction émotionnelle. Nous avons fini par accepter son plan, et sommes descendus sur la planète.
Après que Sheik ait positionné le vaisseau au bord de la planète rouge, comme il l'avait prévu, il a déployé les courroies à pinces qui se sont agrippées dans la surface rocailleuse. Malgré le réacteur endommagé, notre pilote a réussi à donner une poussée ultime en dépassant le plus haut des omégas, réussissant à déplacer la planète d'un millionième de degré. Ainsi bousculée, elle quittait sa précaire zone de stabilité, se dirigeant vers l'un des deux trous noirs. Aidés par Navi, nous avons retrouvé ZeldaBot agonisante et le capitaine Quest gisant par terre, puis je me suis emparé de l'ocarina et j'y ai soufflé les notes de la mélodie que j'avais notée. Nous fûmes transportés vers Termina au même moment où la planète rouge se faisait absorber par l'incroyable trou noir, se morcelant en milliards de particules avant de sombrer dans le néant.
C'était le seul moyen que nous avions eu pour espérer sauver Link et ZeldaBot en même temps. Le docteur Lactée, aidé par ma connaissance de la médecine vulcaine, parvint à concocter un remède qui fit vite de dissoudre la matière noire avant qu'elle ne soit digérée par la reine d'Hyrule. Le Capitaine, quant à lui, reprit conscience quelques heures plus tard, ses blessures soignées. Je suis le premier visage qu'il vit. Il sourit. J'ai toutefois été forcé d'éteindre son bonheur en lui apprenant le sacrifice de Sheik. Il est resté longuement silencieux, puis m'a dit ces mots exacts : "Le pilote est resté avec son vaisseau... jusqu'à la fin."
La menace que représentait Ganondorf a enfin été réduite à néant. Je suis retourné sur Terre, là où les représentants de la Fédération Planétaire m'attendaient depuis des semaines. Quelques heures plus tôt à peine, l'USS Enterprise leur avait appris que le repaire de Ganondorf et son locataire avaient été détruits avant qu'il n'ait pu faire quoi que ce soit. Intérieurement, je souriais. Lorsqu'on m'a demandé si j'étais au courant de quoi que ce soit, j'ai répondu que l'honneur revenait à un homme juste et noble qui avait mis son courage au service des peuples gardant espoir. C'est ensuite, quand on m'a demandé si cet "homme si juste" avait retrouvé la Triforce que j'ai bien failli laisser paraître ma surprise.
La Triforce ? Où était-elle, maintenant ? Je ne sais pas. Peut-être dans l'espace, quelque part. ZeldaBot m'a contacté pour me dire que la Triforce était désormais retournée à l'endroit d'où elle venait. Pour elle, il s'agissait de la meilleure chose. Même si les Terriens avaient conservé précieusement la Triforce pour la protéger, ZeldaBot aurait pris cela pour le même type de possession que Ganondorf a toujours souhaité.
Peut-être qu'un beau jour, la Triforce retombera sur une nouvelle planète, apportant longue vie et prospérité à ses habitants.

FIN

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "LinkLeQuébécois". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 14.04.24