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La Croisade du Héros déchu

Ecrit par Kratos en 2009
Prologue

Cette histoire commence une vingtaine d'années après que le Héros du Temps ait vaincu Ganon. Link est devenu un beau et fier jeune adulte... mais il s'est également forgé une assez belle réputation d'ivrogne et de coureur de jupons. A l'heure où ces lignes sont tracées, Ganon vient de refaire surface. Il va à nouveau tenter de conquérir Hyrule. Rauru a appelé Link dans le Temple du Temps pour qu'il retire à nouveau l'Epée de Légende de son socle de granit.

Chapitre 1 : Renié par les déesses   up

Nous venons de le dire, Link avait été convoqué par Rauru dans le Temple du Temps. Pendant que Link se hâtait d'y parvenir, une discussion avait lieu entre les trois déesses : Din, Farore et Nayru.
- Vous êtes toutes les deux des incapables ! Je vous avais dit qu'il n'avait pas la carrure d'un héros, mais vous ne m'avez pas écoutée, comme toujours ! Vous avez préféré délibérer entre vous ! Eh bien voilà le résultat ! Hyrule est menacée, et pour la sauver, on a sur les bras un Héros alcoolique et volage !
- Calme-toi Din, ça ne sert à rien de s'énerver. D'accord, on a pu faire une erreur. Mais il a quand même sauvé Hyrule, il y a vingt ans !
- Exactement comme je l'avais dit ! Souvenez-vous de mes paroles : "C'est un enfant, il a encore le coeur innocent, mais quand il grandira, il ne sera pas du tout le même." Je vous l'avais répété je ne sais plus combien de fois, mais je suis passée à l'as, comme toujours !
- Calme-toi, soeurette, je te le répète. Que peut-on faire pour apaiser ta fureur ?
- Déjà, vous excuser. Ensuite, faire en sorte que Link ne soit plus le Héros du Temps.
- Mais... mais c'est de la folie ! Ganon est de retour, et... et qui va sauver Hyrule, s'il n'est plus là ?
- Ce n'est plus mon problème. Faites ce que je vous ai dit. Et faites en sorte qu'il ne puisse plus retirer l'Epée de Légende du rocher.
- Mais...
- Je ne discute plus. Obéissez.
Din se retourna et partit. Ses deux soeurs étaient abasourdies.

Pendant que dans les sphères célestes, les déesses délibéraient, Link continuait sa course jusqu'au Temple du Temps. Il arriva essoufflé.
- Si ce vieillard m'a fait venir jusqu'ici pour des prunes, il aura des problèmes...
Le Héros entra dans le Temple. Rauru l'attendait.
- Tu es venu, Link... Ganon vient de s'échapper de sa prison. Il va à nouveau répandre chaos et désolation sur notre contrée. Tu dois l'arrêter. Va, Link ! Cours chercher ton épée ! Retire-la du socle, et va affronter Ganon !
- J'y cours.

Link se rendit dans la salle où trônait l'épée. Il gravit les marches qui conduisaient au socle. Avec toute la majesté que requiert un tel évènement, il posa ses deux mains sur le pommeau. Il remarqua que, étrangement, le signe de la Triforce sur sa main ne brillait pas. Mais, ne se souciant pas de ce détail, il tenta de retirer l'épée. Celle-ci ne bougea pas d'un pouce. Link, étonné, réitéra sa tentative. Toujours aucun mouvement de la lame. Le chevalier appela Rauru.
- Rauru ! Rauru !
- Que se passe-t-il ?
- Je ne sais pas... Je n'arrive pas à retirer l'Epée de Légende !
- QUOI ? Réessaie ! Tu n'as pas dû tirer assez fort !
Link tira de toutes ses forces, mais rien n'y fit. L'épée restait coincée.
- Ça ne vient pas...
- Cela ne peut vouloir dire qu'une seule chose...
- Mais quoi, Rauru ?
- Cela veut dire... que les dieux ne te reconnaissent plus comme étant le Héros du Temps ! Ils t'ont renié !
- Comment ?
Link n'en croyait pas ses oreilles. Il n'était plus le Héros du Temps. Les dieux le reniaient. C'était une vie entière qui s'effondrait.
- La situation est absolument catastrophique ! S'il n'y a plus de Héros du Temps, personne ne pourra arrêter Ganon ! Hyrule est perdue !
Link n'écoutait plus. Il était perdu dans ses pensées. Le brouillard se faisait dans son esprit. Il commença à divaguer.
- Ha... je ne suis pas le Héros du Temps... du Temps... Mais quelle heure est-il ?
- Link ?
- Je... Ha... Ha...
Link s'évanouit de douleur. Rauru le conduisit en urgence au château, où il expliqua la situation à la princesse Zelda. Tous les deux étaient catastrophés.
- Mais que va-t-on faire ?
- Il nous reste un dernier espoir. Prions...

Chapitre 2 : Un douloureux réveil   up

- Tu as bien dormi ?
Link venait de sortir de son évanouissement. Il était étendu sur un lit moelleux. Le chevalier reconnut la douce voix qui l'appelait.
- Zelda ?
- Oui, je suis là. Tu viens de sortir d'une jolie perte de conscience. Rauru nous a même dit que tu avais failli mourir. Si on ne t'avait pas réchauffé le corps ici, l'atmosphère froide et humide du Temple du Temps t'aurait achevée.
- Tu veux dire que... Rauru est venu ici ?
Zelda comprit parfaitement les craintes de Link.
- Oui, Rauru est venu ici. Il m'a tout raconté, et mon père, le Roi d'Hyrule, est également au courant. Il a délibéré avec son conseil.
- Et... quelle décision ont-ils prise ?
- Tu peux rester un mois au château. Si, passé cette limite, tu es encore là, tu seras mis à mort, pour désobéissance au Roi, et également faute grave envers les déesses.
- Pardon ?
- Ne joue pas l'innocent. Tu sais parfaitement que les déesses t'ont renié. Et tu sais également pourquoi elles t'ont renié.
Zelda appuya le "pourquoi" pour meurtrir encore plus Link. Il est vrai que Zelda aimait Link, nous ne le nierons pas. Mais Zelda était parfaitement consciente que les dieux passaient avant les humains. C'est pour cela que, même envers les personnes qui lui étaient chères, elle se montrait froide et impitoyable si celles-ci avaient offensé les dieux.
- Je n'ai rien fait ! En tout cas, rien qui ait pu offenser les déesses.
- Oui. A part la dizaine de fois où tu as blessé des innocents parce que tu étais saoul, les six fois où tu as couché avec Saria et Malon, et les trois fois où tu as violé des fillettes qui avaient à peine douze ans.
Zelda avait prononcé ces phrases avec un incroyable cynisme. Link était étonné. Jamais la princesse n'avait parlé ainsi.
- Un Héros ne commettrait jamais de tels péchés. J'approuve entièrement la décision des déesses.
- Alors toi aussi, Zelda ? Tu vas te détourner de moi ? Tu vas me laisser seul, uniquement parce que j'ai commis quelques fautes ?
La mauvaise foi de Link agaçait déjà Zelda. Mais cette fois-ci, elle explosa.
- QUELQUES FAUTES ? Tu oses appeler cela quelques fautes ? Tu as commis l'adultère, tu es un ivrogne, un obsédé, un violeur, tu as été renié par les dieux, et tu oses appeler cela quelques fautes ? Tu es vraiment d'une mauvaise foi sans bornes !
Zelda se dirigea vers la porte. Link regretta ses paroles.
- Zelda ! Attends !
Celle-ci se contenta de répondre :
- Je vais voir mon père. Peut-être pourra-t-il te faire mettre à mort immédiatement.
Cette fois-ci, Link prit vraiment peur. Il se leva d'un bond, et courut à la rencontre de Zelda.
- Ce n'est même pas la peine d'essayer de te faire pardonner. Ma décision est prise. Je n'ai plus rien à faire avec un volage tel que toi. Héros du Temps, mon oeil ! Héros des Adultères, plutôt !
- Mais écoute... Je ne voulais pas te mettre en colère !
- Eh bien, c'est raté. Tu m'as mise en colère. A bientôt.
La princesse accéléra le pas. Link s'efforçait de la suivre.
- Attends ! Je veux te dire quelque chose !
- Et moi, je veux te dire d'aller voir ailleurs si j'y suis !
- Mais écoute-moi, enfin !
Zelda était à bout. Elle s'arrêta, se retourna, et envoya une claque à Link telle qu'il n'en avait jamais reçu de sa vie.
- Si tu t'avises de dire quoi que ce soit encore une fois, je t'enverrai promener à coups de poing dans le visage.
Link renonça à suivre cette furie. Il retourna dans sa chambre, et s'étendit sur son lit.
- Eh bien, me voilà dans une drôle de situation ! Je ne sais pas si j'en réchapperai...
Bien qu'il essayait de dire ces paroles sur un ton enjoué pour se rassurer, il était mort de peur. Au bout de quelques minutes, Zelda revint dans la chambre de Link. Elle avait un sourire cruel.
- Bonne nouvelle ! Tu seras finalement mis à mort dans deux semaines ! Je te conseille d'écrire ton testament, si ce n'est pas encore fait !
La princesse sortit de la chambre en coup de vent et se rendit dans ses appartements. Une fois seule, elle se mit à pleurer.
- Même si c'est une vraie ordure... je l'aime, et je ne veux pas qu'il... qu'il...
Elle ne parvint pas à terminer sa phrase. Zelda se jeta sur son lit tout en éclatant en sanglots.

Chapitre 3 : Plan d'évasion   up

Link n'avait pas dormi de la nuit. Le soleil commençait à poindre par la fenêtre, et notre ex-chevalier se rongeait les ongles jusqu'au sang. Pendant quelques heures, il avait tenté de se résigner, en se disant que de toute façon, tous les humains devaient y passer. Alors, que ce soit maintenant ou dans quelques décennies, la fin serait la même... Mais son instinct guerrier et son sang fougueux avait repris le dessus.
- Non. Je ne vais pas me laisser exécuter comme cela. Je me battrai jusqu'au bout. Même si je dois y laisser ma peau, je vais me battre pour ma survie. Le plan est clair. Je vais sortir dans la plaine chaque jour et m'entraîner sur des monstres. Ainsi, le jour de l'exécution, je tuerai tous les gardes, puis je m'échapperai du château, avant de me réfugier au Bosquet Sacré. Là-bas, personne ne me retrouvera. Je resterai caché jusqu'à la mort du roi. Vu son grand âge, cela ne devrait tarder. Quand le roi sera mort, je reviendrai et je tuerai Zelda. Ils vont tous payer pour leur infamie. Je les ai protégés, j'ai risqué ma vie cent fois pour les sauver, j'ai bravé les pires dangers, j'ai affronté les pires créatures ; et ces traîtres veulent m'exécuter.
Pendant que Link était plongé dans ses réflexions, le jour s'était levé. Une servante entra dans la chambre avec un plateau sur lequel il y avait du pain frais, du fromage, du saucisson, et une cruche remplie d'eau.
- Qui êtes-vous ?
- Mon nom est Amélie. Je suis la servante qui va vous suivre pendant les deux semaines qui précèdent votre exécution.
- Ah. Qui vous a désignée ?
- La princesse Zelda. Elle a dit que pour le meilleur chevalier, il fallait la meilleure servante. Et je trouve qu'elle est très douée pour reconnaître les beaux chevaliers...
- Qu'est-ce que vous dites ?
- Non, rien. Je pensais à autre chose.
Link s'aperçut que la servante rougissait. Sans rien soupçonner, il prit le plateau, et commença à dévorer les victuailles qu'Amélie lui avait amenées. La servante fut effrayée de la voracité de Link. Quand celui-ci eut terminé, il rendit le plateau à Amélie.
- Merci. Vous pouvez vous retirer.
- Bien, monseigneur.
La servante se retira. Quand elle fut partie, Link se leva. Il enfila sa tunique qui était posée sur une chaise, puis il sortit dans le couloir. Il croisa Zelda.
- Ta suivante te plaît ?
- Oui. Très gentille, calme, posée, et assez jolie. Totalement l'inverse de toi, en fait.
- Quand môssieur le chevalier aura fini de faire de l'esprit, ce qui ne fait d'ailleurs rire que lui, il pourra peut-être m'expliquer où il va.
- Je vais m'oxygéner dans la plaine. C'est un crime ?
- Non. Mais sois de retour avant le coucher du soleil.
- Compris.

Link sortit du château, son épée à la main, et se dirigea vers la plaine. Pendant ce temps, au château, Zelda s'interrogeait.
- Hum... Il prépare un sale coup. Je le sens... Amélie !
- Oui, madame ?
- Tu vas suivre ce chevalier pendant quelques heures et me dire ce qu'il fait.
- Bien, madame.
La timide servante se retira, et se mit en marche elle aussi en direction de la plaine. Link y était déjà depuis quelques minutes quand Amélie sortit du château.
- Hum... L'endroit me paraît parfait.
Un Bulblin s'approcha du chevalier. Puis un autre. Puis encore un autre. Ils arrivaient par douzaines. Mais Link, sans se décourager, les frappait tous de sa lame. Aucun ne survivait aux coups meurtriers du Héros. Amélie, cachée derrière un arbre, l'observait. Plusieurs heures s'écoulèrent. Mais pour Amélie, elles semblèrent des secondes, tant elle observait avec passion Link.
- Mais qu'il est fort... Et si séduisant... Oh, il se fait tard. Je ferais mieux de rentrer au château prévenir la princesse.
En effet, le jour commençait à décliner.

Chapitre 4 : La trahison   up

Amélie se mit à courir vers le château. Malheureusement pour elle, elle ne fut pas assez discrète, et Link s'aperçut de sa présence.
- Mais... que fait-elle ici ?
Pendant ce temps, la servante continuait à courir, quand une voix claire et tonitruante parvint à ses oreilles.
- Amélie ! Venez par ici !
- Monsieur le chevalier, que ?
- Approchez, c'est un ordre.
Encore toute tremblante, la pauvre servante s'approcha de Link.
- Vous m'espionniez, n'est-ce pas ? Vous étiez en train de me surveiller pour raconter à Zelda ce que je faisais, n'est-ce pas ?
- Eh bien, euh, oui, enfin, comment dire, je...
- Très bien. Alors je vais vous dire pourquoi je suis ici. Je suis venu m'entraîner afin de pouvoir m'évader en tuant ceux qui tenteront de m'arrêter. Vous êtes maintenant au courant. Mais si vous vous avisez de le dire à quiconque...
Link posa la lame froide et trempée de sang sur la gorge frêle d'Amélie.
- Je vous décapiterai sans aucun remords. Avez-vous compris ?
- Ou... Oui...
Amélie était blême. La vue du sang séché donnait à la suivante des nausées.
- Partez. Et rappelez-vous...
La voix de Link était ferme, dure. Jamais quelqu'un n'avait parlé à la servante de cette façon. Amélie se mit à courir vers le château. Quelques minutes après, Link se mit en route. Le chevalier se replongea dans ses pensées. Il sortirait tous les jours, afin de s'entraîner. Ce soir, il offrirait une tisane empoisonnée à Amélie. Cette fille était trop dangereuse et compromettait ses chances de survie. Link s'attendait, à son arrivée, à un accueil froid de la princesse. Ce fut les gardes royaux qui l'accueillirent. Ceux-ci, deux hommes de forte musculature, le saisirent et le traînèrent jusqu'à la salle du trône. Sur le trône siégeait le roi, et sa fille, Zelda était assise à côté de lui.
- Bien. Link, sais-tu pourquoi tu es ici, aux mains de mes hommes ?
- Je ne le sais pas, et c'est d'ailleurs pour cela que je trouve cet accueil injustifié.
- Silence, imbécile !
- Du calme, ma fille. Ahem... Tu sais que tu étais déjà condamné à mort. Mais, dans sa grande bonté, ma fille a demandé l'annulation de la peine, et j'ai accepté.
Zelda se mit à rougir. Link s'en aperçut et eut un petit sourire coquin.
- Cependant, une certaine personne que je ne nommerai pas m'a rapporté que tu étais en train de préparer un plan d'évasion et de meurtre contre la famille royale. Tu vas donc être jugé pour tes méfaits.
Link aperçut Amélie dans un recoin sombre. Il lui décocha un regard semblable à celui d'une vipère lorsque celle-ci tente d'attaquer.
- La ... (vous apprendrez ce mot plus tard, les enfants !). Elle a parlé.
- Bien. Ton attitude ne laisse planer aucun doute. Tu as donc eu une conversation lourde de sens avec Amélie, la servante. Approche, mon enfant.
Vêtue d'un tablier blanc et d'une robe rouge, la pauvre femme s'avança. Elle tremblait de tous ses membres, mais dans son regard brillait une flamme de détermination.
- C'est fini, pensa Link. A moins que...
Le regard du chevalier brillait malicieusement.

Chapitre 5 : Le procès   up

Le roi l'interrompit dans ses pensées en claironnant :
- Ahem... Nous allons donc te juger. Et nous rendrons un verdict juste, conforme à la gravité des évènements. Je serai le juge. Ma fille, ici présente, sera le jury et l'avocate de l'accusation. Amélie sera quant à elle, témoin. Quant à ton avocat, je te laisse le choisir.
- Je choisis d'assurer ma propre défense.
- Accordé. Bon, il me semble que tout le monde est prêt. Je déclare le procès de Link ouvert ! La parole est à l'avocat de l'accusation.
- Link, ici présent, est reconnu coupable d'avoir menacé le témoin de mort. Cela le condamne déjà à un an de prison. Mais si l'on ajoute à cette peine les antécédents de cet homme, qui sont, je vous le rappelle, trois viols, six relations hors mariage, et onze rixes ayant provoqué la mort d'innocents, on arrive rapidement à la conclusion que la peine de Link se monte à cent douze ans de prison. Cependant, le tableau de ce sinistre personnage n'est pas totalement brossé. Le témoin nous a en effet révélé qu'il complotait contre la famille royale.
Zelda laissa planer un silence de quelques secondes, afin d'accroître l'intensité de son récit.
- Quelle peine réclamez-vous donc ? demanda le roi, dont l'impatience augmentait à chaque seconde.
- Je réclame la peine de l'opposant au régime : la peine capitale.

A ce moment précis, ce fut comme si Link avait reçu un énorme coup de poing dans l'estomac. Ces trois mots firent naître en lui une peur viscérale, le genre de peur bestiale qui ne se présente que lors des plus catastrophiques situations et qui paralyse littéralement tous les membres. Zelda, qui était très physionomiste, s'était rendue compte que les veines du front de Link s'étaient dilatées, ce qui trahissait chez lui une peur immense.
- Ahem, très bien. Voulez-vous appeler un témoin ?
- Mais certainement. Je souhaite appeler Amélie, servante au château d'Hyrule !
La pauvre fille s'avança en tremblant. Link savait que cette fille pouvait être son dernier atout. S'il réussissait à la manipuler, la victoire serait sienne.
- Amélie, est-il vrai que Link ici présent, vous a menacée de mort si vous révéliez les confidences qu'il vous a faites ?
- Oui, tout à fait.
Link était étonné. Cette fille fragile, qu'il avait impressionnée sans difficulté il y a quelques heures, s'exprimait maintenant sans une once de peur, avec une détermination à toute épreuve ! Les derniers espoirs du chevalier venaient de s'envoler.
- Que vous a-t-il confié ?
- Il m'a révélé qu'il s'entraînait dans la plaine afin de tuer les gardes ainsi que les membres de la famille royale le jour de son exécution.
- Vous êtes donc prête à l'accuser de complot ?
- Absolument.

C'était fini. Link le savait bien. La mort se rapprochait inexorablement, tel un objet attiré vers le sol. Zelda prit la parole.
- Je pense que ce procès peut s'achever sur cette déposition du témoin. Qu'en pensez-vous, père ?
- J'en pense que c'est tout à fait juste. Je demande donc au jury...
- Un instant !
- Que... quoi ?
- Il me semble que vous ne m'avez pas interrogé. Pourtant, tout accusé a le droit d'assurer sa défense.
- Imbécile, ne te rends-tu pas compte que c'est la fin pour toi ?
- Silence, ma fille. Il a raison, il a le droit de plaider sa cause.
- Très bien. Pour commencer, je tiens à dire que si je suis ici, c'est par les mauvaises grâces des déesses, qui m'ont renié. De ce rejet a découlé une multitude d'évènements, qui m'ont placé en danger de mort. Et comme vous le savez, tout homme aspire à rester en vie le plus longtemps possible. J'ai donc élaboré un plan pour m'échapper, ce que vous auriez fait à ma place. Je ne suis donc, pour le moment, pas blâmable, mon attitude étant une attitude nécessaire à la survie.

Ces paroles provoquèrent un grand silence. Link était content de lui. Il avait réussi à renverser la situation en trompant le jury. Tout le boniment dont il avait fait usage avait embrouillé tous ses opposants. Du moins, c'est ce qu'il pensait. C'était sans compter sur l'intervention de Zelda :
- Je proteste ! Ne soyez pas crédule, père ! Vous ne voyez pas qu'il cherche à excuser une attitude meurtrière, en tentant de vous émouvoir avec son petit numéro sur "l'attitude de survie" ?
- Ma fille, je ne vous ai pas donné l'autorisation de parler ! Taisez-vous ! Ahem... Je pense que tu as raison, Link. Tu voulais juste te protéger, et l'on ne peut pas te punir pour cela. Mais, en raison de tes antécédents, je te condamne à quatre mois de prison !
Link eut un sourire diabolique.
- Quel imbécile, ce roi... pensa-t-il. Il est trop naïf. Il m'a suffi de quelques bobards, et il a sauté à pieds joints dans mon piège.
- Bien. Je condamne donc Link à quatre mois...
Soudain, un hurlement de rage effrayant retentit dans la salle.
- JE PROTESTE !

Chapitre 6 : Amélie dans ses grandes oeuvres   up

Tous se tournèrent vers celle qui avait hurlé ces mots, Amélie.
- IL SUFFIT ! Assez de temps perdu en vaines paroles ! Cet homme a commis de terribles péchés : c'est un violeur, un comploteur, un ivrogne ! Vous le savez tous ! Il aurait mérité la condamnation à mort mille fois ! Et aujourd'hui, alors que l'occasion se présente de lui faire payer ses fautes, le roi et sa fille sont prêts à le relâcher ! Je vais vous dire une bonne chose, à tous les deux : vous n'êtes que des dégonflés ! Tes sentiments t'aveuglent, princesse capricieuse ! Tu n'as jamais osé le condamner, car tu es trop folle de lui pour le faire ! Et comme ton père te passe tous tes caprices, il n'y a aucune chance pour que Link soit condamné un jour ! Vous faites tous les deux passer vos intérêts et vos sentiments personnels avant la sécurité du royaume !
- Tais-toi, servante ! Aurais-tu oublié à qui tu parles ? C'est toi qui mériterais la condamnation pour un outrage pareil !
- Je sais très bien à qui je parle ! A deux mollusques ! Inconscients du danger, prêts à prendre n'importe quel risque pour leur petit bonheur personnel !
- Tu n'es qu'une fille de paysan ! Tu n'as aucun droit de jugement sur les personnes supérieures à toi ! Tu n'es qu'un infâme ver de terre !
Amélie n'avait déjà plus conscience du risque énorme qu'elle prenait en se rebellant. Mais cette insulte la rendit encore plus folle de rage. Dans un élan insensé, elle se jeta sur Zelda et lui décocha une baffe si violente que Link lui-même fut surpris.
- Que... qu'as-tu fait, misérable ? GAAAAAAARDES !
Deux gardes accoururent, et se jetèrent sur la servante. Mais celle-ci esquiva miraculeusement, et sous l'effet de sa colère, donna un coup de pied incroyablement violent qui brisa la nuque de l'un, et fit s'évanouir l'autre. Zelda et le roi se mirent alors à tenter d'immobiliser Amélie, ce qui ne marcha pas. Au contraire, la servante semblait s'amuser, et se libéra de l'étreinte avec une agilité comparable à celle d'un serpent. Finalement, Link dégaina son épée.
- C'est terminé. Rends-toi, ou bien je t'embroche comme un poulet.
- Essaye déjà de me toucher, on verra après pour le reste.
Amélie ne se rendait pas compte qu'elle ne pouvait rien faire face à la lame. Sa fureur l'aveuglait. Elle mit toutes ses forces dans un coup de poing contre Link, mais celui-ci ne ressentit rien.
- Pfff. Tu me chatouilles à peine. A mon tour.
D'un unique coup d'épée, rapide comme l'éclair, il perfora le ventre d'Amélie. Celle-ci chuta. Link pensait que c'était fini, mais il se trompait. Une chose incroyable se produisit. Amélie retira l'épée de son ventre, et, encore ruisselante de sang, elle se jeta sur Zelda et lui emporta l'oreille en hurlant :
- Vous n'êtes pas dignes de rester maîtres d'Hyrule !
Finalement, Amélie tomba face contre terre, terrassée.

Il fallut quelques minutes à tout le monde pour reprendre leurs esprits. Le roi appela deux gardes, et leur ordonna d'aller incinérer le corps. Le procès continua comme si rien ne s'était jamais passé.
- Ahem... Nous allons conclure ce procès. Jury, veuillez délibérer.
- Le jury est unanime. Nous réclamons la peine de mort.
- Bien. Je condamne donc Link à la peine de mort ! Le condamné sera mis à mort dans trois jours. La séance est levée !
Un garde se présenta et fit signe à Link de le suivre. Lorsque le chevalier sortit de la salle du trône, il lui sembla voir une larme poindre au coin de l'oeil de Zelda. Le garde conduisit Link jusqu'à une cellule humide, froide et sombre. Link entra, s'assit dans un coin, et se mit à pleurer.
- Trois jours...

Chapitre 7 : Deux coeurs, un chagrin   up

Link se lamentait depuis un bon moment. Mais il ne savait pas depuis combien de temps. Etait-ce une heure, trois heures, un jour ? Il ne le savait pas. La perspective d'une mort prochaine lui avait ôté toute puissance, mais également toute raison, et il faisait les cent pas dans sa prison, tel un lion dans sa cage. On l'entendait de temps à autre blasphémer contre les déesses, la famille royale, Amélie, et surtout... Zelda.
- Comment a-t-elle osé ? Moi qui lui ai sauvé la vie, l'ai délivrée de l'emprise de Ganondorf, comment a-t-elle pu me condamner ainsi ? Le plus grave, c'est qu'elle m'aime ! Sinon, pourquoi aurait-elle insisté pour enlever ma condamnation ? Et pourquoi aurait-elle pleuré en me voyant partir vers ma cellule ? Mais ce qui m'intrigue le plus, c'est... pourquoi n'a-t-elle rien dit quand je suis parti ? Pourquoi n'a-t-elle pas tenté d'annuler cette condamnation ? Décidément, cette fille est un profond mystère...

Zelda était assise devant un bureau, et elle écrivait sur une feuille de papier. Au bout d'un moment, elle s'arrêta et se mit à lire ce qu'elle avait mis par écrit :
- Cher journal, je ne sais plus trop quoi faire. J'ai l'impression que mon esprit se divise en deux : une moitié me commande de condamner Link et d'être fidèle aux dieux, et une autre moitié m'impose de garder Link en vie, car je l'aime. Chose étrange qu'est l'amour ! Ce sentiment guide mes actes et m'empêche de porter un raisonnement critique sur la situation. Je fais tout pour préserver Link, bien que je sache que cela est indéfendable. Pourquoi ? Pourquoi la vie est si injuste ? Pourquoi nous place-t-elle constamment devant des dilemmes qui meurtrissent, quelle que soit la décision prise ? J'aime Link. Je dois être fidèle aux déesses. Que dois-je faire ? Et surtout, que puis-je faire ? Je ne m'imagine pas vivre sans savoir qu'il va bien. Si jamais il vient à mourir, je pense que... je me donnerai la mort.

Link continuait à réfléchir dans sa prison.
- Dire que j'ai tout perdu à cause d'une servante... Si elle n'avait pas été là, je ne serais pas condamné, puisque Zelda avait annulé ma première condamnation. Toutes mes conclusions m'amènent à penser que tout est de la faute de la princesse. C'est elle qui a envoyé Amélie m'espionner. Et si Amélie n'avait pas été là, j'aurais gardé mon secret et j'aurais réussi à m'évader. Maintenant, tout est fini. Dans trois jours, une lame froide et dure s'abattra sur ma tête et me retirera tout lien avec ce monde. Pourquoi ? Pourquoi dois-je mourir ? Pourquoi les gens sont-ils si traîtres ? Pourquoi ?
Link en était là de ses réflexions quand un croassement sonore se fit entendre. C'était un corbeau qui voletait dans l'obscurité de la nuit. Un son de cloche se fit entendre. Il était minuit. L'heure du crime, pensa Link...

La princesse avait accroché sur le mur de sa chambre un croquis de Link qu'elle avait réalisé lorsqu'elle était plus petite. Elle se souvenait de ce jeune garçon blond, au sourire radieux et aux allures attendrissantes... Ah, qu'avait fait le temps ? Qu'est-ce que la vie ? Une brume qui nous glisse entre les doigts ; et lorsqu'on se rend compte du temps passé et des erreurs commises, il ne nous reste plus que les yeux pour pleurer.
La princesse se saisit d'un couteau. Elle l'appuya contre sa nuque. Zelda resta dans cette position durant quelques secondes qui lui parurent une éternité. Finalement, elle reposa le couteau.
- Je ne suis pas prête. Pas encore...

Chapitre 8 : Les yeux sont les fenêtres de l'âme   up

Link continuait à se désoler dans sa cellule humide. Huit heures passèrent. Il fut surpris lorsque la porte de son cachot s'ouvrit au petit matin, laissant apparaître la princesse Zelda. Mais elle n'était plus la même. Ce n'était plus la belle jeune femme au visage rieur et aux yeux beaux comme le ciel. C'était une femme au visage tendu, fermé ; son corps entier était crispé, elle semblait mal à l'aise. Mais étrangement, un sourire dédaigneux arquait sa bouche en une courbe irrégulière. C'était l'alliance de la terreur et de la rage à la fois ; un étonnant contraste qui la rendait indéfinissable.
Quant à Link, il avait les yeux caves ; ses sourcils froncés et son regard glacial faisaient montre d'une extraordinaire animosité. Sa coiffure blonde, d'ordinaire si nette, était débraillée et hirsute ; une barbe naissante émergeait de son menton.

Il y eut un silence. Lourd. Pesant. Les deux personnages restaient immobiles, à s'observer l'un l'autre. On eût dit qu'ils tentaient de percevoir les pensées de leur interlocuteur respectif, chacun paraissant dans un état d'extrême concentration. Finalement, ce fut Link qui prit la parole.
- Que viens-tu faire ici ? Qu'as-tu à me regarder fixement ?
- J'observais... tes yeux. Sais-tu que les yeux sont les fenêtres de l'âme ?
- Crois-tu le moment approprié pour tes envolées lyriques ?
- En observant les yeux de quelqu'un, on peut tout savoir de ce qu'il pense. Par exemple, à ce moment précis, tu es furieux, et pourtant ton être entier tremble de peur. J'aimerais étudier ton cas de manière plus approfondie...
- Que... ? Comment as-tu deviné ?
- Ce n'est pas difficile. Un peu de concentration suffit. Tiens, tu n'as qu'à essayer de percer ce que je ressens à présent.
- Eh bien... Déjà, je vois que tu es méprisante envers moi.
- Tu es doué.
- Et ensuite... Tu as peur.
- Peur ? De quoi, je te prie ?
- Je ne peux pas te le dire. Je ne vois pas plus loin. Cependant, je sais que tu as peur. A l'instant même où j'ai dit cela, tu as frémi.
- Le cachot ne te réussit pas, Link. Tu divagues.
- Pense ce que tu veux. Mais je suppose que tu n'es pas venue ici pour parler de mes yeux, n'est-ce pas ?
- Tout juste. Je voulais savoir de quelle manière tu voudrais mourir.
- En somme, la dernière volonté du condamné.
- On peut interpréter les choses de cette manière. Alors ? Je n'ai pas toute la journée.
- Je suppose que si je demande de mourir de vieillesse hors de ce cachot, cela ne sera pas exaucé.
- Crois-tu réellement que le moment soit bien choisi pour faire de l'humour ?
- Je ne sais pas. Je crois que je commence à perdre la raison.
- La façon dont tu souhaites mourir, vite !
- J'aimerai être empalé. Au niveau du coeur, si possible.
- Bien. Après tout, je ne peux refuser ce service à un ancien ami...
- L'amitié n'a plus rien à voir dans cette histoire. Nous devons chacun assumer les erreurs dont nous sommes coupables... ou, du moins, celles dont nous sommes présumés coupables...
- Tes persiflages douteux ne te mèneront à rien. Je te laisse. La discussion risquerait de prendre une tournure agressive.
- Adieu.
Zelda sortit de la cellule et verrouilla la porte. Ce son de clé qui tourne ne signifiait qu'une chose pour Link : Zelda était la dernière personne qu'il aurait vue.
- C'est fini. Aujourd'hui, je tire ma révérence.
- Peut-être pas.
Link reconnaissait cette voix. Elle lui glaça le sang. Lentement, il se retourna. Devant lui se tenait...

Chapitre 9 : L'alliance renégate   up

- Non... non... Ce n'est pas possible... Pas toi... Je t'avais pourtant...
- Eh bien, Link ? Que t'arrive-t-il ? N'es-tu pas content de me voir ?
- Ganondorf... Comment as-tu pénétré dans ma cellule ?
- Il est de notoriété publique que les Gerudos pratiquent la magie, et entre autres la téléportation.
Link était paralysé. Il croyait que jamais il ne reverrait ce visage, et pourtant Ganondorf se tenait là, devant ses yeux !
- Qu'es-tu venu faire ici ? Tu as l'intention de me tuer pour tout ce que je t'ai fait, n'est-ce pas ?
- Non. Je suis venu te proposer un marché.
- Un... marché ?
- Oui. Tu as un énorme potentiel de combat. Si tu venais à mourir, Hyrule perdrait l'un de ses meilleurs guerriers. Mais, à moins d'un miracle, tu ne survivras pas aux prochaines soixante-douze heures.
- Où veux-tu en venir ?
- Le miracle, c'est moi. Je te propose de me rejoindre et de m'aider dans mon dessein ! Ensemble, nous mettrons Hyrule à genoux ! La contrée entière frémira en entendant notre nom !
- Qu'ai-je à y gagner ?
- Tu ne réalises donc pas ? La vie, et... la possibilité de te venger de ceux qui t'ont fait descendre dans une telle condition.
- La possibilité... de me venger...
- Alors, qu'en dis-tu ?
Un sourire glacé se dessina sur les lèvres de Link.
- J'accepte. La princesse va payer pour ce qu'elle m'a fait subir !
- Bien ! J'aime cet état d'esprit ! Partons et mettons sur pied notre stratégie de guerre !
Ganondorf posa sa main sur l'épaule de Link et récita une formule incompréhensible pour Link. Quelques instants après, tous deux étaient dans la plaine.

Pendant ce temps, au château, un garde venait de découvrir que Link s'était échappé. Il courut avertir la princesse Zelda.
- Princesse ! Princesse ! Link vient de s'évader !
- Que dites-vous ?
- C'est la vérité !
- Conduisez-moi à sa cellule, vite !
La princesse suivit le garde royal jusqu'à la prison de Link.
- Mais comment ? Les barreaux ne sont pas sciés, la serrure n'a pas été crochetée, le mur n'a pas été démoli...
- Cela ne peut signifier qu'une chose.
- Qu'est-ce, princesse ?
- Je sens deux puissances maléfiques immensément grandes. L'une d'elles est celle de... Ganondorf !
- Mais c'est impossible ! Link l'a vaincu il y a vingt ans déjà !
- Maintenant que nous sommes perdus, je peux bien vous le dire : Ganondorf s'est échappé de sa prison il y a quelques semaines maintenant. Il semble qu'il se soit enfin manifesté...
- Mais alors... la situation est véritablement catastrophique !
- Bien pire encore. La deuxième puissance est celle de Link. Cela signifie que Link s'est allié avec Ganondorf. Nous sommes perdus. Rien ne pourra résister à ce duo infernal.
Le garde était abasourdi. Il ne savait trop que faire.
- Retournez à votre poste. Je monte dans ma chambre.

Dans la plaine d'Hyrule, Link et Ganondorf étudiaient la carte de la plaine.
- Nous allons d'abord frapper le village Goron. Link, tu t'infiltreras dans le village, et tu commenceras à tuer les mâles, ce qui anéantira la défense du village. A ce moment-là, je m'introduirai dans la tente du chef, et le transpercerai dans son dos. Nous éliminerons les femmes et les enfants pour conclure.
- Ce plan me convient. A quelle heure l'opération aura-t-elle lieu ?
- Nous devons jouer sur l'effet de surprise. Nous attaquerons à cinq heures du matin. Personne ne sera debout à cette heure-là.
- Si tout se passe bien, je pense que nous aurons fini en deux heures.
- Très bien. Il est tard, reposons-nous pour reprendre des forces.
- Bonne idée. A demain, Ganon.
- A demain, Link. Nous nous réveillerons à trois heures du matin.

Chapitre 10 : Un revers douloureux   up

Il était trois heures du matin. La lune brillait de sa lumière d'argent et éclairait les étendues de verdure d'Hyrule. Link fut tiré de son sommeil par un violent coup de pied dans les omoplates.
- Debout, feignasse ! C'est l'heure !
- Eh, Ganon ! Réfrène tes ardeurs et garde ta virulence pour les Gorons ! Je suis ton allié, ne l'oublie pas !
- Oui, c'est vrai... Dépêchons-nous, nous devons effectuer l'ascension du Mont du Péril ! Nous n'avons que deux heures !

Le seigneur des Ténèbres et son apprenti se dirigèrent d'un pas rapide vers le Mont du Péril. Pour l'atteindre, il fallait emprunter le Village Cocorico. Ils se glissèrent entre les bâtisses avec une extrême prudence pour ne pas être repérés de quiconque. Une fois qu'ils eurent passé la herse séparant le village de la montagne, leur pas s'accéléra. Ils grimpaient à toute vitesse, malgré la faible quantité d'oxygène disponible due à l'altitude. Les monstres ne s'approchaient pas d'eux, car ils ressentaient la terrible puissance de Ganondorf et le reconnaissaient comme leur maître à tous. Finalement, l'entrée du village Goron se dévoila à leurs yeux. Ils rentrèrent prudemment.
- N'oublie pas ! Tu tues les mâles, et je m'occupe de Link, le fils de Darunia !
- C'est vrai que son père est devenu un Sage... Son fils a donc repris la tête du clan.
- C'est parti !

Link se précipita dans une des maisons, taillée à même la roche. Telle une ombre, il glissait sans bruit. Pourtant, la maison était vide. Il sortit, perplexe. Il n'avait vu aucun Goron en arrivant. Où donc celui-ci était-il à l'heure qu'il était ? Même les Gorons, réputés pour être travailleurs, ne se levaient pas aussi tôt. Il se faufila dans une autre bâtisse. Il n'y avait personne. Mais que cela signifiait-il ? Où pouvaient bien être les Gorons ? Il sortit, puis entra dans une autre maison. Ici non plus, pas âme qui vive. Il entra dans trois autres habitations. Il ne vit personne. Il descendit à l'étage inférieur. Plus il tentait de trouver quelqu'un, plus son angoisse grandissait. Le village semblait désert.
- Ce n'est absolument pas normal. Je ne comprends pas pourquoi le village est désert. Le plus étonnant, c'est que tous les meubles semblent parfaitement à leur place. De plus...
Soudain, une voix résonna dans sa tête. Il connaissait cette voix teinte de mépris, rocailleuse et grave, caractéristique des Gerudos.
- Ganondorf ? Comment peux-tu...
- Descends dans la tente du chef. Immédiatement.
- Mais pourquoi ?
- Ne pose pas de questions ! Descends !
- Je... j'arrive.

L'ancien chevalier descendit précipitamment la pente qui menait à la résidence du souverain Goron. Il poussa le rideau qui cachait l'intérieur de la hutte. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il vit Ganondorf, enchaîné, entouré de tous les Gorons !
- Tu es surpris, n'est-ce pas, Link ?
Le renégat tourna la tête. Celui qui lui posait cette question était un Goron de haute taille qui le regardait avec des yeux dont l'expression semblait à la fois triste et moqueuse.
- Qui êtes-vous ?
- Allons, tu ne me reconnais pas ? Il y a vingt ans... Une tunique rouge...
- Toi ! Tu es le fils de Darunia, tu es Link le Goron !
- Tout juste. A vrai dire, cela fait vingt ans que l'on ne s'est pas revus. J'eus préféré que nos retrouvailles se fassent dans de meilleures circonstances.
- Le destin a ses caprices, et personne ne peut les contester.
- Je ne pensais pas que tu tomberais si bas... Tu étais le héros de tout un peuple.
- Tu es mal placé pour me juger. Tu ne m'as vu que quelques minutes durant toute ta vie.
- Tu étais un modèle pour moi. Je voulais te ressembler. Je voulais devenir comme toi, un héros. Tu m'as profondément déçu.
- Vous me chantez tous le même couplet. "Tu n'aurais pas dû", "Tu m'as déçu", "Je croyais en toi"... Mais que savez-vous vraiment de moi ? Les récits populaires m'ont élevé au rang de légende vivante, mais que suis-je réellement ? Je ne suis qu'un être humain, avec ses faiblesses, ses peurs, ses défauts. Je ne suis pas ce dieu au sourire étincelant et à la lame affûtée que vous imaginez tous.
- Le temps t'a changé, Link. Tu étais un jeune homme pur et innocent. Ces vingt ans t'ont perverti.
- Passons. Que fait Ganon enchaîné ? Pourquoi êtes-vous tous ici ? On dirait presque que vous saviez que nous allions attaquer...
- Précisément. La princesse Zelda s'est concentrée toute la nuit pour sentir votre aura. Elle a ressenti que vous vous dirigiez vers le Mont du Péril. Zelda a immédiatement compris. On ne fait pas de la randonnée sur la montagne à cinq heures du matin. Elle m'a prévenu par télépathie. Et nous voici dans cette situation.
- Qu'allez-vous faire de moi ?
- Ceci.
Le Goron claqua des doigts. Immédiatement, deux Gorons imposants se ruèrent sur Link et le ceinturèrent. Celui-ci tenta de résister, mais ses oppressants étaient bien trop puissants. En quelques secondes, il se retrouva enchaîné, incapable de faire le moindre mouvement.
- C'est... impossible ! Vous n'avez pas pu capturer Ganon ! Sa magie est bien trop puissante !
- Il a passé vingt ans enfermé dans l'abîme. Ses pouvoirs ont nettement diminué. Il a certes opposé quelque résistance au début, mais il ne s'est pas débattu longtemps.
- Je te repose la question : qu'allez-vous faire ?
- Vous livrer à Zelda. Vous allez être condamnés à mort.
- Les yeux de Link s'écarquillèrent. Une goutte de sueur glacée lui glissait lentement dans le cou.

Chapitre 11 : Ganondorf ne mourra jamais   up

- C'est fini. Tu aurais dû rester dans le droit chemin. Bien que cela me fasse énormément de peine, je dois te conduire jusqu'au château, avec Ganon.
- Tu... tu ne peux pas faire cela ! Je... j'étais l'ami de ton père !
- Connais-tu la première règle des Gorons ?
- Non...
- Un traître doit mourir. En tant que Sage du Feu, je ne pense pas que mon père apprécie tes actes. N'oublie pas qu'il t'observe depuis le Sanctuaire des Sages. Pour lui, tu es devenu un traître.
- Link... Je t'en prie ! Sauve-moi !
- Je ne peux pas. Ce serait une violation du premier commandement Goron. Adieu, Link. Si tu dois mourir, emporte ce vil démon avec toi.
Il désignait Ganondorf. Link comprit. Tout était perdu. Ganondorf allait mourir, lui aussi. Il se résigna à accepta son sort.
- Eh bien, adieu. Me permettras-tu de te serrer la main une dernière fois ?
Le Goron hésita longtemps. Finalement, il déclara, avec un pincement au coeur :
- Non. Je n'ai plus rien à voir avec toi.
Tournant le dos à l'Hylien, il commença à s'éloigner, lorsqu'un ricanement sardonique se fit entendre.
- Hé hé hé hé... Ha ha ha ha... WOUHAHAHAHAHAHAHA !
- Ga... Ganondorf ?
- Que croyez-vous ? Je suis le seigneur du Mal ! Je ne vais pas mourir ainsi ! Je m'en vais, idiots ! Mais je reviendrai bientôt, pour raser votre misérable contrée ! Je la mettrai à feu et à sang ! Je deviendrai le maître absolu ! Ganondorf ne mourra jamais ! HAHAHAHAHA !
- Ganon ! Aide-moi ! Je règnerai avec toi ! Tout le monde pliera le genou devant notre terrible puissance !
- Tu rêves ! Je n'ai pas besoin d'un incapable qui se fait capturer au premier guet-apens !
- Mais... quand tu m'as contacté par télépathie...
- C'était un piège, imbécile ! J'avais tout préparé dès l'instant où ils m'ont capturé !
- Tu... tu as... abusé de moi...
- Tu n'es qu'un pauvre niais ! Tu aurais dû savoir que tu ne pouvais pas avoir confiance en moi ! Après tout, je suis le mal personnifié !
- Un instant, Ganon ! Où crois-tu aller ?
- Stupide Goron ! Ce n'est pas parce que vous êtes nombreux que vous m'arrêterez !
- Tu ne peux pas partir !
- Que tu crois ! Téléportation !
- Qu'est-ce que... ?
Ganondorf fut entouré d'une lumière blanche aveuglante. Quand le rayonnement disparut, il avait fait de même.
- Ce... ce n'est pas possible !
- Vite ! Envoyez un Goron chez Zelda ! Vous devez lui dire que Ganondorf nous a échappé ! Que quelqu'un y aille, vite !
- Que faisons-nous du prisonnier, chef ?
- Je le conduirai personnellement à la princesse. Dépêchez-vous, le temps presse ! Ganondorf est libre, et personne ne sait où il a pu se cacher !
- Je m'en occupe !
Un Goron svelte et assez petit s'extirpa de la masse des Gorons et sortit de la tente du chef. Dès qu'il fut dans le village, il se mit à courir vers le Mont du Péril.
- La situation est critique. Nous devons agir. Je vais conduire ce renégat au château.
Link fit signe à son prisonnier de le suivre. Celui-ci refusa tout d'abord d'obtempérer; mais quand le chef Goron montra son poing serré à Link, celui-ci prit peur et suivit docilement le fils de Darunia. Ils sortirent du village, le renégat portant toujours ses chaînes. Descendant le Mont du Péril, un monstre les attaqua, mais le Goron le repoussa d'un simple coup de poing.
- Sa force a énormément augmenté en vingt ans, pensa Link.
- Nous arrivons au Village Cocorico. Attends-moi là.
Le chef des Gorons se rendit au Village Cocorico, dont il revint une dizaine de minutes après.
- J'ai appelé les villageois. Ils t'ont préparé une surprise.
Mais quelle fut la désillusion de Link lorsqu'il arriva dans le village ! Les sifflets, les crachats et les injures fusaient de toutes parts, et les habitants jetaient au visage de Link tout ce qui leur tombait sous la main : poulets, oeufs, planches... Quand il arriva dans la plaine, le visage du prisonnier était ensanglanté. Il était à bout de forces et psychologiquement très affaibli. Mais son escorte ne lui laissait pas un instant de répit.
- Dépêche-toi, ou bien je t'abandonne. Et tu connais l'appétit des bêtes sauvages qui rôdent ici.
- Pitié, dis-moi que nous sommes bientôt arrivés.
- Tout dépend de ta vitesse de ta croisière.
Link se remit en route, avançant péniblement. Ses jambes lui semblaient deux blocs de béton. Sa courte nuit, son humiliation du Village Cocorico et sa peur le rendaient apathique, presque inconscient. Finalement, après trente minutes qui parurent interminables au renégat, tous deux arrivèrent à la Place du Marché. Link reçut un accueil similaire à celui qu'il avait reçu au pied du Mont du Péril. A la différence que cette fois-ci, il serait mort si le Goron qui l'escortait n'avait pas retenu les villageois qui le pressaient de toutes parts. Il se dégagea difficilement de la foule en furie. Devant lui se dressait le château d'Hyrule.
- Halte-là ! On ne passe pas ! s'écrièrent les gardes, comme à leur habitude.
- J'ai là un colis qui pourrait vous intéresser.
Les gardes dévisagèrent Link. Passé un instant de stupeur bien compréhensible, dans le mesure où ils voyaient cet ancien héros légendaire dans un tel état d'abattement, ils l'empoignèrent et le traînèrent jusqu'à la salle du trône.
- Adieu, mon ami...
Le Goron essuya une perle brillante au coin de son oeil. Il se retourna et s'éloigna, le visage fermé.

Les deux gardes arrivèrent dans la salle du trône, alors que le roi et sa fille étaient en pleine séance de doléances. Après une révérence polie, les gardes s'exclamèrent :
- Que Ses Majestés nous excusent de notre impertinence, mais un Goron nous a rapporté ce prisonnier, qui s'était évadé !
- Que nous importe ? s'énerva Zelda.
- Regardez le visage de cet homme, vous comprendrez mieux.
La princesse porta son attention sur le visage de Link. Au début, elle ne le reconnut pas, en raison de son aspect débraillé, mais au bout de quelques secondes, elle se rendit compte de la vérité. Zelda ne put réprimer un cri de surprise.
- AHHHH ! C'est toi, Link !

Chapitre 12 : La condamnation   up

- Je... je suis déjà mort. Tout est perdu.
- Tu ne mérites même pas que je t'adresse la parole. Tu m'as profondément déçu.
- Vous êtes tous les mêmes. Vous ne m'avez jamais compris. Vous ne pensez qu'à vous, qu'à vos sentiments, qu'à votre bonheur. Vous êtes égoïstes et ingrats. J'ai sauvé ce royaume en traversant des épreuves dont vous n'auriez pas supporté le dixième. Je suis moi aussi déçu, déçu de toi, déçu de la vie. Vous allez me tuer, évidemment. Pour protéger votre peuple. Un peuple d'infâmes cloportes qui ne pensent qu'à leur petit bonheur égoïste, et qui ne se préoccupent de personne d'autre qu'eux-mêmes. Vous dites gouverner Hyrule, mais vous ne valez pas mieux qu'eux.
Pour la première fois de sa vie, Link pleurait. Des larmes glacées humidifiaient ses joues. Mais, refusant de montrer qu'il sanglotait, il tourna la tête.
- Je voudrais te sauver, mais...
- Non. Tu ne veux pas me sauver. Tu veux te décharger de ta responsabilité vis-à-vis de cette condamnation.
- C'est faux. Je... je t'aime, Link.

Frappé de plein fouet par cette nouvelle inimaginable, Link regarda Zelda dans ses yeux. Le roi, bien que soucieux, se refusait à tout commentaire.
- Tu... m'aimes ? Toi ? Mais toutes les filles du royaume "m'aiment". Ce n'est pas un véritable amour, c'est une passion sulfureuse que tu oublieras dans quelques mois.
Link feignait l'indifférence, mais ces mots l'avaient profondément marqué.
- Je t'aime, même si tu refuses de le croire. Mais même si je voulais te sauver, je ne pourrais pas. Mon impartialité m'en empêche. Tes crimes sont trop graves. Je te condamne à mort, et ton exécution aura lieu demain. Père, êtes-vous d'accord ?
- Bien sûr. Gardes, conduisez-le à une cellule sous haute surveillance.
- Tout de suite, Votre Majesté.
- Merci, Zelda.
Quand Link quitta la pièce, il lança un dernier regard à Zelda. Il était teint de tristesse, et pourtant, tout au fond de ses yeux brillaient une espèce de bonheur et de béatitude indéfinissables. Un sourire angélique embellissait son visage défiguré par le sang séché et les larmes.
- Je me retire dans ma chambre, père. Je ne me sens pas très bien...
- Vas-y, Zelda.
- Merci.
La princesse sortit de la salle du trône et courut dans ses appartements. Arrivé dans sa chambre, elle ferma la porte à double tour et sortit un bout de corde qu'elle avait caché sous son lit.

Pendant ce temps, Link fut jeté dans sa cellule, après qu'on lui eût ôté ses chaînes. Pour la première fois, il était réellement heureux. La mort ne lui faisait pas peur. Il pensait même qu'elle allait être une délivrance. Mais il se refusait à mourir comme un vulgaire criminel. Il méditait sur sa situation peu commune, quand soudain il eut une idée de génie.
- J'ai réussi. Je sais comment mourir sans être conduit sur l'échafaud et hué sur la place publique.
Le condamné sortit un poignard de sa poche, un cadeau de Zelda lorsqu'il avait sauvé la princesse. Il le portait toujours sur lui, car il exhalait une douce odeur de lavande.
- La vie est si courte... Je pars sans regrets : Ganondorf sera bientôt le maître d'Hyrule.

Epilogue   up

Le lendemain, le condamné à mort fut retrouvé sans vie dans sa cellule. Apparemment, il s'était tranché les veines avec un poignard. Lorsque les gardes allèrent annoncer la nouvelle à Zelda, ils trouvèrent la porte fermée. Malgré leurs appels répétés, personne ne répondait. La chambre semblait vide. Finalement, ils enfoncèrent la porte. Ce qu'ils virent leur glaça le sang. La princesse était pendue à une poutre, les yeux révulsés. Une marque rouge ornait son cou. Quelques temps, Ganondorf conquit Hyrule. Le royaume devint un immense brasier. La fin était proche...

FIN


Blablas et remerciements

Alors effectivement, cette fic a duré longtemps, avec des publications irrégulières... Vous pouvez me jeter des tomates si vous voulez. Plus sérieusement, j'avais peu de temps à cause de mon programme scolaire, et j'avais perdu la flamme de l'écriture.

C'est sûrement ma fic la plus sombre, alors oui, ça change de MegaGeek, mais la vie c'est pas qu'une suite de délires et de fous rires, c'est aussi la tristesse, la trahison, la mort... Ouais OK j'arrête de faire mon emo et je vous souhaite de bonnes vacances à tous.

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Kratos". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 26.03.24