Double Je
Chapitre 2 : Le meurtre d'Oni-Link
Chapitre 3 : La vérité sur le masque
Chapitre 4 : L'exil
Chapitre 5 : Un certain Urooban
Chapitre 6 : Scindé
Chapitre 7 : L'affrontement final : le combat des doubles
Chapitre 8 : Retour en Hyrule
Le Masque de Majora avait été vaincu. La paix était revenue sur Termina. Le vendeur de masques avait récupéré son précieux bien. La Lune avait disparu du ciel de Termina. Les habitants vivaient tranquilles. En bref, c'était l'âge d'or qui se préparait sur Termina.
Link, fatigué de ses incessantes batailles, galopait sur sa fidèle Epona vers sa maison de la Forêt Kokiri. Aucun souvenir n'aurait pu lui remémorer cette aventure, car tous ses masques avaient mystérieusement disparu. Oui, tous... Pourtant, un seul lui était resté. Le Masque de Puissance des Fées. Ce fameux masque à tête de guerrier, qui transformait son porteur en un demi-dieu aux pouvoirs fantastiques. Lors du combat contre Majora, Link avait été très impressionné par les capacités incroyablement puissantes du masque. Mais il se demandait s'il était vraiment sage de le garder. Après tout, qui savait s'il ne serait pas submergé par la puissance quasi-divine de ce masque ? De plus, lorsqu'il était devenu Oni-Link, il n'agissait plus avec raison. Il était devenu un farouche guerrier avec une soif de destruction envers Majora incroyablement élevée. Il se demandait si son côté obscur ne risquerait pas de prendre le dessus. Les conséquences en seraient terribles !
En repensant à tout cela, Link ne s'était pas rendu compte du temps qui venait de passer, et il était arrivé chez lui, devant la Forêt Kokiri. Il descendit de cheval, entra dans la forêt, et se dirigea vers sa maison. Il grimpa à l'échelle, et franchit le seuil. Link sortit le Masque de Puissance des Fées de son baluchon, et le posa sur son étagère. La nuit était déjà très avancée. Pourtant, Link n'avait pas sommeil. Il repensait à tout ce qu'il s'était dit durant sa chevauchée. Finalement, son désir s'avéra plus fort que sa raison. Il s'avança vers le Masque, le prit, et le posa sur son visage.
*****
Oni-Link ouvrit les yeux, comme s'il se réveillait d'un profond sommeil. Il regarda autour de lui, et vit l'intérieur d'une maison avec un lit, une commode, des rideaux. Il n'avait aucune idée de ce qui lui arrivait. Il se demandait ce qu'il faisait ici. Il sortit de la maison, et arriva dans une grande forêt. Après être sorti de la forêt, il arriva dans une immense plaine. En regardant au loin, il vit un château avec des lumières.
- Ce doit être le château de Majora ! Je dois... détruire Majora ! Je dois... éliminer tous ses sbires !
Oni-Link courut vers le château, et entra par le pont-levis. Il arriva dans une grande place.
Hyrule, la Place du Marché. Il fait nuit. Tout est calme. Quelques passants profitent des rares commerces encore ouverts. Ils chinent dans les boutiques, en espérant trouver un objet intéressant et à faible coût. C'est l'affaire que vient de faire cette petite fille avec son papa.
- Merci papa pour ce petit train électrique !
- De rien ma chérie, tu sais bien que j'aime te faire plaisir ! Et 20 rubis, tu sais... Ce n'est pas cher payé pour un si beau jouet !
- OUAIS ! Merci papa !
Sur ce, la fillette posa un baiser tout doux sur la joue de son père.
- Tu veux qu'on se promène encore un peu ?
- Oh oui, papa !
La fillette et son père continuèrent à se balader durant environ une demi-heure. Quand soudain, au détour d'une ruelle... quelqu'un tomba du ciel juste devant eux ! Les deux promeneurs étaient étonnés.
- Papa ! Qui c'est le monsieur ?
- Je ne sais pas... Qui êtes-vous ?
Le mystérieux personnage, qui jusqu'à présent était accroupi, se releva. C'était un guerrier de grande taille et de forte stature, couvert d'une armure en acier. Il portait une énorme épée torsadée avec ses deux mains. Ses pupilles étaient blanches, comme s'il était aveugle. Pourtant, il voyait mieux que quiconque.
- Je m'appelle Oni-Link. Je suis un guerrier. Rendez-vous, sbires de Majora ! Vous ne pouvez pas m'échapper !
- Mais... mais nous ne connaissons pas ce Majora dont vous parlez !
- Arrêtez de me mentir, vous aggravez votre cas...
Oni-Link s'avança vers la fillette et son père. Ceux-ci se mirent à reculer.
- Papa... Il me fait peur, le monsieur...
- Ne t'inquiète pas ! Je te protégerai, même si cela doit me coûter la vie !
- Pauvres fous... Lutter ne sert à rien... Vous ne pourrez pas me résister longtemps...
Oni-Link brandit son épée en l'air avant de donner un coup violent au père de la petite fille. Celui-ci s'effondra au sol.
- AAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHH ! PAPA ! Qu'est-ce que vous avez fait à mon papa ?
Sans répondre, Oni-Link s'avança vers la fillette. Celle-ci se mit à reculer, puis elle fondit en larmes.
- S'il vous plaît monsieur... Ne me faites pas de mal... Je n'ai rien fait !
Ses lamentations auraient attendri même un coeur de pierre, mais il faut croire qu'Oni-Link n'avait pas de coeur. Il leva son épée, et l'abattit sur la fillette. Celle-ci poussa un hurlement déchirant, avant de chuter, inanimée. Alertée par les cris, la population se mit à descendre dans la rue. Très rapidement se forma un grand groupe de villageois. Tout à coup, ils aperçurent, juste devant eux... Oni-Link !
- C'est lui l'assassin ! Attrapons-le !
La foule se mit à poursuivre Oni-Link. Celui-ci courut très rapidement afin d'échapper à la foule en furie. Personne ne semblait pouvoir le rattraper, mais à un moment, il commit l'erreur fatale de se retourner. Ne voyant pas ce qui arrivait devant lui, il se heurta à un mur. Le choc fut si violent que le meurtrier en perdit son masque, puis s'évanouit. Lorsque les villageois le rattrapèrent, quelle ne fut pas leur surprise de voir que le tueur n'était autre que Link, Héros du Temps ! Ils récupérèrent le masque, et décidèrent d'enchaîner Link sur la Place du Marché en attendant qu'il reprenne ses esprits.
Link reprit ses esprits. Il ne se souvenait pas bien de ce qu'il s'était passé. Il se rappelait juste avoir posé le Masque de Puissance des Fées sur son visage. Puis... le flou se faisait dans son esprit. Un père et sa fille. La fillette qui hurlait. Une foule ivre de colère à sa poursuite. C'était tout ce qu'il avait comme souvenirs de la nuit passée. Soudain, il se rendit compte qu'il était enchaîné sur la Place du Marché. Il demanda :
- Où suis-je ?
Un villageois l'entendit. Il se mit à crier :
- Il s'est réveillé ! Monsieur Rudit, venez vite ! Il s'est réveillé !
Un homme de petite taille et assez gros parut devant Link. D'un âge avancé, il avait une barbe blanche. Il se présenta.
- Je m'appelle Rudit. Aimé Rudit. J'ai consacré ma vie entière à l'étude des masques. Après avoir analysé celui-ci, il m'est apparu qu'il s'agissait du Masque de Puissance des Fées. Un masque légendaire qui transforme celui qui le porte en un farouche guerrier invulnérable et incontrôlable. Quiconque le met se voit investi de grands pouvoirs, mais... il perd toute sa raison et n'a plus aucune notion du bien ou du mal. Il agit selon sa propre volonté, sans se soucier de l'impact que cela peut avoir sur le monde qui l'entoure. Mettre ce masque a été la chose la plus irresponsable que tu aies jamais faite, Héros du Temps ! T'en rends-tu bien compte ? N'as-tu donc pas suffisamment de jugeote pour comprendre que ce masque est trop dangereux ?
- Mais, pourtant... Je l'ai enfilé lors d'un combat contre un masque très puissant, le Masque de Majora, et...
- Le Masque de Majora ? Tu as affronté... le Masque de Majora ?!
- Mais oui, pourquoi ?
- Je croyais que cette relique avait été scellée pour empêcher que son pouvoir néfaste ne se répande !
- Oui, mais un petit lutin du nom de Skull Kid l'a mis, et il a bien failli détruire la contrée de Termina ! Je l'en ai empêché avec le Masque de Puissance des Fées, et j'ai réussi à contrôler ma puissance ! Difficilement, mais j'y suis parvenu !
- Effectivement, l'on peut contrôler le Masque de Puissance des Fées si l'on est suffisamment résistant. Mais mes recherches font clairement apparaître que ceci ne peut arriver qu'une seule fois. En effet, ce masque est doué d'une volonté propre. S'il voit qu'on lui tient tête, il multiplie sa puissance par vingt afin de posséder à coup sûr celui qui le porte. Du moins, c'est ce que disent les anciens écrits concernant ce masque...
- Je... je suis désolé. Je ne sais pas ce qui m'a pris.
- Il est un peu tard pour s'excuser, Link. Cette nuit, Oni-Link - puisque l'on rajoute le préfixe "Oni" devant le nom du porteur du masque - a commis un double meurtre. Une fillette et son père. Il les a assassinés sauvagement, avec une bestialité inouïe. Tu connais nos lois, Link. Oeil pour oeil, dent pour dent. Tu vas être tué, à ton tour.
- Attendez !
Quelqu'un venait de crier parmi la foule rassemblée. Cette personne se fraya un chemin jusqu'au premier rang. Il s'agissait de la princesse Zelda.
- P... princesse ? Que faites-vous ici ?
- Relâchez-le. Il va venir avec moi au château. C'est moi qui déciderai du jugement à appliquer.
Les villageois s'exécutèrent. On retira ses chaînes à Link. Zelda lui dit d'une voix ferme et ne souffrant aucune contestation :
- Suis-moi.
Link se rendit au château, en compagnie de Zelda. Celle-ci ne prononçait pas une seule parole. Visiblement, elle était très en colère. Elle accélérait le pas à chaque minute, si bien que Link ne pouvait plus suivre.
- Zelda, attends-moi !
- Si tu es trop lent, je te laisse aux mains des villageois ! Et crois-moi, ils te réservent un sort peu enviable !
Link était abasourdi. Jamais Zelda ne lui avait parlé ainsi. Il la suivit sans dire un mot, et tous deux arrivèrent finalement au château. Ils entrèrent en coup de vent dans la salle du trône. Zelda prit la parole. Elle parlait d'une voix grave et sévère.
- Ce que tu as fait est extrêmement grave. Même si tu ne l'as pas fait consciemment, c'est absolument impardonnable. Tu aurais dû savoir que ce masque était très dangereux.
- Je le sais, mais je...
- Ne cherche pas à te justifier. Lorsqu'on fait des erreurs, on doit les reconnaître. Ne pas les reconnaître est une réaction de lâche. Tu n'as plus aucune excuse. Maintenant, ton destin est entre mes mains. Je peux te livrer aux habitants du bourg. Ils ne t'épargneront pas. Sais-tu ce qu'on fait aux meurtriers par ici ? On les enchaîne sur la place, et on pose près d'eux une corbeille de fruits et un verre d'eau. Ils tentent de s'en emparer, mais ils sont hors de leur portée. Ils deviennent fous et meurent d'épuisement. Puis on les laisse pourrir sur la place en attendant que les oiseaux viennent manger leur chair.
Link frémit. Ce que venait de raconter Zelda lui avait donné la nausée. Il pensa à l'état de son corps si on lui faisait subir ce châtiment. Le Héros du Temps blêmit.
- C'est horrible, n'est-ce pas ? Mais il y a une autre possibilité. Sache que tu ne pourras plus jamais résider en Hyrule, à moins que tu accomplisses un exploit. La seule possibilité restante est donc l'exil.
Link se mit à pleurer.
- Ecoute, Zelda... Je me fiche éperdument de partir ou bien de rester... Ce que je veux, c'est être débarrassé d'Oni-Link ! Car je sens qu'il m'habite, au plus profond de moi !
Ses supplications attendrirent quelque peu Zelda. Sa voix se radoucit.
- Hmm... je vois. Oni-Link a fini par prendre le dessus sur le vrai Link. Il s'est échappé de son masque, et vit maintenant dans ton corps. C'est très dangereux. Si on ne l'élimine pas rapidement, il va finir par prendre possession de ton corps... pour toujours ! Je ne vois qu'un moyen de le vaincre. Tu vas devoir t'exiler dans le Monde Parallèle. C'est un monde partageant le même temps et le même espace que le nôtre, mais il est situé dans une autre dimension. Là-bas, tu devras rencontrer la vieille Twinrova. C'est une spécialiste des personnalités multiples. Elle pourra t'aider. Je vais te conduire au passage vers le Monde Parallèle.
Zelda partit vers la salle des miroirs. C'était une espèce de Galerie des Glaces où la princesse venait jouer lorsqu'elle était petite.
- L'un de ces miroirs conduit au Monde Parallèle. Le problème, c'est que je ne rappelle plus lequel... Nous allons chanter la Complainte du Miroir, et le bon miroir nous apparaîtra clairement !
Zelda se mit à chanter :
Lorsqu'un miroir se brise
En dix mille morceaux
Sept longues années de hantise
S'abattent sur ton dos...
Soudain, le miroir devant eux se mit à rayonner. L'éclat était si fort que Link et Zelda durent tous deux se couvrir les yeux.
- Link ! C'est le moment ! Saute dans le miroir !
Link s'exécuta. Il bondit dans le miroir, qui l'aspira.
- Bonne chance, Link. Puisses-tu te délivrer d'Oni-Link...
Le portail dimensionnel était comme une espèce de trou noir infini où Link flottait. Il était entraîné par une espèce de fort courant. Soudain, il vit un rayon de lumière devant lui. Le courant l'entraîna dans ce jet de lumière. Il tomba du ciel, et atterrit dans un désert.
Le portail dimensionnel avait conduit notre héros jusque dans un vaste désert.
- Aïe ! Ça fait mal, de tomber de trois mètres de haut ! Ces portails devraient songer à soigner leur atterrissage ! Tiens ? Je suis tombé dans un désert. Je me demande s'il est habité. Oh ! Des maisons, là-bas ! Visiblement, il y a des occupants.
Link se mit à courir vers la ville du désert. Quelques minutes après, il y arriva. A sa grande surprise, il n'y avait que des hommes dans les rues. Il se mit à réfléchir.
- Une seconde... Dans mon monde, le désert est peuplé par les Gerudos. Ce sont toutes des femmes, à l'exception d'un homme qui naît tous les cent ans pour régner. Se pourrait-il que... ce soit exactement le contraire ici ?
Link, encore interloqué, s'approcha d'un homme, et l'aborda.
- Pardon, monsieur... Suis-je bien chez les Gerudos ?
- Les Gerudos ? Connais pas. Ici, mon gars, tu es chez les Sodureg !
- ... C'est drôle, je l'aurais presque deviné. Où pourrais-je trouver votre roi ?
- Notre roi ? T'es pas du coin, toi ! Tout le monde sait qu'on a une reine ! La vieille Twinrova !
- Hein ? C'est elle qui gouverne ?
- Ouais, mon pote ! Tu voudrais la rencontrer ?
- Euh, oui. Ça m'intéresse.
- Je vais te conduire au palais royal. Au fait, je m'appelle Urooban !
- (Pourquoi ce nom me rappelle-t-il quelque chose ?) Enchanté ! Moi, c'est Link !
Link suivit Urooban. Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent au palais royal. Mais deux gardes les stoppèrent.
- Halte-là ! On ne passe pas !
- Relax, les mecs, c'est moi, Urooban.
- Ah ! Ce bon vieil Urooban ! C'est qui le type avec toi ?
- Un gars qui s'appelle Link et qui veut voir Twinrova.
- Oui, c'est extrêmement important. Laissez-nous passer, je vous en supplie !
- Hum... Normalement, on devrait pas, mais puisque t'es ami avec Urooban, on va faire une exception !
- C'est comme si t'étais un P.I.V !
Link et son compère passèrent donc facilement et s'avancèrent vers la salle du trône.
- Excusez-moi, monsieur... Vous avez l'air de bien connaître les gens du palais.
- C'est normal, vieux. Je suis l'arrière-petit-neveu de Twinrova.
Link se mit à paniquer. Si Urooban avait un langage aussi explosif, que devait-il en être de l'arrière-grand-tante ?
- Heu, finalement, j'ai pas tellement envie de rencontrer Twinrova.
- Te dégonfle pas !!!! De toute façon, c'est trop tard. Voilà la salle du trône.
Devant eux se tenait une grande porte peinte en bleu avec des ciselures dorées. Soudain, la porte s'ouvrit. Link et Urooban s'avancèrent dans la salle du trône. C'était une grande salle, avec des tableaux accrochés aux murs. Des rideaux de lin violet pendaient le long des fenêtres. Au fond de la pièce, près d'une lampe à huile, se tenait, assise sur un pouf, une vieille femme presque chauve, aux cheveux blancs clairsemés. Des rides sillonnaient son visage. Sa bouche était presque édentée. Ses petits yeux plissés semblaient épier dans toutes les directions à la fois.
- Twinrova...
- Urooban ! J'ai dit que je ne voulais voir personne !
- Excuse-moi, Twinrova, mais ce jeune homme voulait te voir pour une affaire très urgente.
Link sourit. Visiblement, le tempérament de Twinrova calmait quelque peu les ardeurs d'Urooban.
- Je ne veux pas savoir qui il est, ni pourquoi il est ici ! Disparaissez !
- Attendez ! Je suis un ami de la Famille Royale d'Hyrule !
Les yeux de la vieille s'illuminèrent.
- La Famille Royale... d'Hyrule ? Tu veux parler du Monde Parallèle ?
- Euh, non, c'est votre monde le Monde Parallèle.
- Tout dépend du monde dans lequel on se trouve.
- Vous avez raison.
- Mais, j'y pense... As-tu une preuve du fait que tu connaisses la Famille Royale d'Hyrule ?
- Euh... Eh bien...
- Si tu n'en as pas, disparais !
- Attendez ! J'ai ceci.
Link sortit de son fourreau l'Epée de Légende.
- C'est... la Lame Purificatrice ! Tu es donc le Héros du Temps ! Et tu connais la Famille Royale !
- Effectivement.
- Pardon pour cet accueil déplorable, ô noble Héros ! Assieds-toi donc, mets-toi à l'aise.
Link obéit aux ordres de Twinrova en s'asseyant sur un pouf qui lui paraissait confortable.
- Alors, dis-moi. Qu'est-ce qui t'amène dans notre monde ?
- Une affaire très importante. Je possède le Masque de Puissance des Fées. Je l'ai enfilé, et sans m'en rendre compte, j'ai commis un double meurtre. J'ai été banni d'Hyrule, mais la princesse Zelda m'a dit que si je venais vous voir, je pourrais être débarrassé de l'emprise d'Oni-Link.
- Emprise ? Tu veux dire que... tu sens qu'Oni-Link t'habite en ton for intérieur ?
- Oui.
- Hum... C'est un véritable miracle qu'il ne se soit pas manifesté jusqu'à présent. Mais il ne va plus tarder. Et une fois que tu redeviendras Oni-Link, la transformation sera irréversible.
- Je le sais. Aidez-moi à me débarrasser de ce monstre. Je vous en prie.
- Ce n'est pas dans mes habitudes d'aider les meurtriers. Mais étant donné que tu es le Héros du Temps... C'est d'accord. Je vais t'aider.
- Merci infiniment.
- L'heure n'est pas aux politesses. Nous devons faire vite. Ferme les yeux, et pense de tout ton coeur à Oni-Link, pendant que je récite la formule de division.
Link obtempéra. Après quelques secondes de silence, la vieille reine ferma les yeux et se mit à réciter d'une voix énergique :
Division, division
Séparation du coeur et de l'esprit
Division, division
Devant toi tu verras ton ennemi
Soudain, avec une vivacité inouïe, Twinrova s'empara de l'Epée de Légende, et l'abattit sur la tête de Link. Une lumière violente éclata. Puis un écran de fumée. Quand celle-ci se fut dissipée, Link vit devant lui... son double maléfique, Oni-Link.
- Grr... J'allais enfin y arriver. J'allais prendre possession du corps de ce crétin et laisser libre cours à ma colère... Mais cette vieille folle a tout gâché. Je pourrais vous éliminer tous les deux en même temps, mais ce n'est pas l'endroit idéal. Je pars, mais... on se reverra bientôt.
Oni-Link se mit à détaler vers la sortie.
- Link ! Vite ! Attrape-le, sinon il va nous échapper.
Link ne se le fit pas dire deux fois. Il courut à la suite d'Oni-Link, mais il était déjà trop tard. La porte du palais était ouverte, et tous les gardes gisaient au sol, comme foudroyés par un éclair. Oni-Link avait tué tant de gardes, que le dallage du palais était devenu rouge sang.
- C'est impossible... Il est parti si vite. Comment aurait-il eu le temps de faire un tel massacre ?
C'est à ce moment que Link aperçut un petit billet laissé sur le sol. Il y était inscrit :
Viens ce soir à 21 heures 15 sur le cratère du volcan qu'on appelle le Natoubo. C'est ici que nous livrerons ton dernier combat... et ma première victoire.
- Twinrova ! Regarde ce qu'a laissé Oni-Link !
- Le Natoubo ? C'est un volcan dont le cratère est bouché par des roches. En effet, cela constituerait un parfait champ de bataille.
- Parfait ! Oni-Link, prépare-toi à rendre l'âme !
- Tu es fou ! Tu ne comptes pas l'affronter ?
- A ton avis ? Si on ne fait rien, il va détruire ce monde ! Je dois y aller.
- D'accord ! Mais laisse-moi te dire quelque chose. Ton épée n'est pas assez puissante pour le terrasser. Je peux la transformer en Epée de Justice pour que tu aies une chance de le vaincre. Idem pour tes flèches. Laisse-moi les transformer en Flèches de Justice !
- Très bien. Je te laisse faire.
Twinrova repartit vers la salle du trône avec l'Epée de Légende et les flèches de Link. Quelques minutes plus tard, elle revint.
- Voilà. Ton Epée est maintenant beaucoup plus puissante si tu l'utilises sur quelqu'un d'injuste. Et tes Flèches se dirigent vers ceux qui font preuve d'injustice et de méchanceté. Maintenant, tu peux vaincre Oni-Link.
- Merci, Twinrova. Je ne l'oublierai pas de sitôt.
- Il n'y a pas de quoi. Maintenant, va vaincre le plus terrible adversaire que tu aies jamais affronté.
- J'y vais.
- Link !
- Oui, Twinrova ?
- Laisse-moi te donner un conseil : même si Oni-Link tente de te distraire, et même s'il t'intimide, quand il le faut, agis ! Ne te pose aucune question ! Utilise tes flèches, crois en ton épée, et la victoire sera tienne.
- Compris, ô reine.
Link prit les Flèches de Justice, l'Epée de Justice, et sortit du palais. Il se mit en marche vers le Natoubo.
Il est 21h15. Oni-Link se tient sur le sommet du Natoubo. Il commence à perdre patience.
- Tss... Ce couard n'est pas venu. Il a eu trop peur de moi.
Mais Oni-Link avait parlé trop vite. Devant lui se dressa soudain une silhouette identique à la sienne, mais beaucoup plus petite.
- Non... Tu es venu... Qu'est-ce qui t'a poussé à venir me défier ? Ton courage ? Ta témérité ? Non... Je lis dans ton coeur que tu es venu pour une cause pitoyable... la justice. Et tu possèdes des Armes de Justice. Tu crois que c'est avec ces jouets que tu vas arrêter l'indomptable guerrier que je suis ? Tu crois vraiment que ces babioles peuvent m'infliger un quelconque dégât ? Hahahahaha ! Je ris ! Abandonne ! Je ne suis pas d'humeur à te tuer.
- Non. Je reste. Je me battrai, même si je dois y laisser la vie. Mais au moins, je t'arrêterai. Tu ne répandras le chaos nulle part. Je te vaincrai. Peu importe la douleur, peu importe les souffrances, seule compte ta défaite.
- Humpf. Je suppose que ta décision est irrévocable. Mais tu ne me laisses pas le choix. Je t'ai prévenu. Tu pouvais sauver ta vie, mais tu as refusé. A présent, creuse ta tombe. Tu vas bientôt y entrer. Que le combat... commence.
Et c'est ainsi que le plus terrifiant des combats à l'épée que l'on n'ait jamais vu débuta. Oni-Link se rua sur notre héros avec une vivacité folle. Mais Link l'esquiva de justesse. Il sortit son arc, et tira une Flèche de Justice. Mais celle-ci ricocha sur l'armure d'Oni-Link.
- Pauvre fou... Tes flèches minables ne me font rien.
Mais Link n'abandonnait pas. Il se rua sur le guerrier et lui asséna des coups d'épée si puissants et si rapides qu'Oni-Link lui-même se fit surprendre. A un moment, Link réussit à percer un trou dans l'armure d'Oni-Link, au niveau de son coeur. Mais notre héros ne s'en était pas aperçu. C'est lors d'un autre duel à l'épée qu'il remarqua cette brèche.
- C'est peut-être là mon salut... Allons-y ! Je n'ai droit qu'à une chance ! Si je rate, il s'apercevra que son armure a un trou et il se protègera ! On y va !
Link sortit son arc, visa, et décocha. La flèche partit à une vitesse folle et atteignit le coeur d'Oni-Link. Celui-ci s'effondra littéralement au sol et lâcha son épée.
- Gaaaahhhh... Arrrrgghh... Raahhh... Comment... Comment as-tu pu me vaincre ? J'étais pourtant invincible...
- Nul n'est plus vulnérable que celui qui se croit invulnérable. A présent, il est temps que je te dise adieu.
Link prit son Epée de Justice et s'avança lentement vers Oni-Link. Il leva l'épée.
- Attends ! Tu ne peux pas faire ça ! Je fais partie de toi. Je suis TOI. Si tu me tues, ce sera comme si tu te tuais toi-même ! Et tu risques bien de disparaître à ton tour !
Link était sous le choc. Il n'avait absolument pas songé à cette éventualité. Tuer Oni-Link revenait presque à se tuer soi-même. Il resta quelques secondes immobile, perdu dans ses pensées. Mais il se rappela soudain le conseil de Twinrova.
- Quand il le faut, agis ! Ne te pose aucune question !
AUCUNE question... Link prit la décision.
- Je vais peut-être mourir. Mais il est de mon devoir d'agir. Et je ne me poserai aucune question.
Link porta le coup fatal à Oni-Link. La lame fendit sa tête.
- AAAAAHHHHH ! Mon stratagème n'a pas fonctionné... Tu ne t'es pas laissé duper... NOOOOOOOOOOOOOOOON !
Une lumière enveloppa Oni-Link. Puis une violente explosion se produisit. Quand la fumée se fut dissipée, il ne restait plus rien d'Oni-Link.
Après sa victoire contre Oni-Link, notre héros retourna au palais. Twinrova n'en revenait toujours pas.
- Je ne peux pas croire que tu l'aies vaincu. Bon travail. Maintenant, tu dois retourner dans ton monde. Suis-moi.
Twinrova emmena Link dans une salle remplie de miroirs.
- Saute dans ce miroir. Tu te retrouveras dans la salle du trône. Dis à la princesse que tu as accompli ton devoir, et que tu peux retourner en Hyrule.
- Bien. Merci pour tout, Twinrova. Au revoir.
- Ne me remercie pas. Au revoir, Link.
Link sauta dans le miroir, et après la traversée du portail dimensionnel, il atterrit dans la salle du trône. Devant lui se tenait Zelda.
- Link ! Je t'avais dit de ne jamais revenir en Hyrule !
- Oui, sauf si j'accomplissais un exploit. C'est chose faite. Oni-Link n'est plus. Il ne nous reste plus qu'à nous débarrasser du masque, et tout danger sera écarté.
- Bien joué, Link. J'ai conservé le Masque de Puissance des Fées. Viens avec moi. Nous allons le jeter dans les égouts du château.
Link et Zelda sortirent près des douves, et jetèrent le masque dans l'eau. Celui-ci s'éloigna lentement, avant de disparaître dans les égouts.
- Et voilà. C'est fini.
- Viens, Link. Allons annoncer la bonne nouvelle aux villageois.
Link et Zelda se rendirent sur la Place du Marché.
- Oyez, oyez, braves gens ! Oni-Link, le meurtrier, n'est plus. Le Héros du Temps a bravé mille dangers, pour finalement l'éliminer. Et aujourd'hui, il est de retour parmi nous ! Je vous propose d'organiser une immense fête pour célébrer ce grand évènement !
Tous les villageois poussèrent un "hip hip hip, hourra !" pour Link, avant de se retirer dans leurs maisons pour préparer la fête. Celle-ci fut très réussie. Tous les villageois étaient invités. Il y eut un immense buffet, des chants, des rires, des jeux... Le clou du spectacle se produisit lorsque Link et Zelda dansèrent ensemble. La célébration se poursuivit toute la nuit. Vers l'aube, tout le monde se retira pour dormir. Link et Zelda rentrèrent ensemble au palais, et y dormirent tous les deux. C'était un grand moment. Le Masque de Puissance des Fées n'était plus. Ou, du moins, il était très loin.
Quelques mois plus tard, sur un rivage très éloigné d'Hyrule, un jeune enfant trouve un mystérieux masque représentant un guerrier. Il le prend, fasciné par sa beauté, et le pose sur sa tête...
FIN
Blablas et remerciements
C'est la deuxième fic que je termine, et la lassitude commence à se faire sentir. J'ai donc décidé d'arrêter d'écrire.
...
Hahahaha ! Vous n'y avez pas cru, j'espère ! Mais non, c'est une blague, il y aura encore des fics ! On se calme ! Don't stress ! Alors, maintenant, les remerciements... (Pourquoi faut toujours remercier quelqu'un ?)
- Dieu, pour la même chose qu'à la fic précédente
- Mon ordi et Microsoft Office Word, qui sont deux alliés précieux de rédaction
- Ce crétin d'Oni-Link qui se croyait invulnérable...
- Super Smash Bros. Brawl : plus qu'un jeu, une oeuvre d'art ! Allez l'acheter si ce n'est pas déjà fait ! (Mais non, c'est pas de la pub !)
- Ariane, et son magnifique site qui fête maintenant son dixième anniversaire, pour me publier. Félicitations pour ton site, chère webmastrice !
- Ocarina of Time : plus qu'un jeu, une oeuvre d'art ! (Comment ça, je l'ai déjà dit ?)
- David (il se reconnaîtra) : un très bon ami qui aime Zelda autant que moi, si ce n'est plus !
Non, cette fic n'aura aucune suite ! Si des gens veulent en créer une, libre à eux ! Je ne leur demande aucun copyright ! :-)
C'est à peu près tout. A bientôt dans une autre fic !
Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Kratos". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.