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The Legend of Zelda: le maître du temps

Ecrit par El Wap

Chapitres 1 à 26   •   Chapitres 27 à 53
Chapitre 27 : Les mystères de la tombe
Chapitre 28 : Aromir
Chapitre 29 : Plan de bataille
Chapitre 30 : J'ai encore rêvé d'elle...
Chapitre 31 : Le sanctuaire de tous les dangers
Chapitre 32 : Laruto
Chapitre 33 : Le dernier sage
Chapitre 34 : Une étrange lettre
Chapitre 35 : Une terrible vision
Chapitre 36 : Sacrifices
Chapitre 37 : La mort de Sir Marsias
Chapitre 38 : L'ange gardien
Chapitre 39 : Le martyre de Zelda
Chapitre 40 : La trahison de Rick
Chapitre 41 : Le père de Leïa
Chapitre 42 : Les Gerudos maudits
Chapitre 43 : Sur l'échafaud
Chapitre 44 : Le dédoublement
Chapitre 45 : Le grand combat, du côté de Rick et Zelda
Chapitre 46 : Le grand combat, du côté de Link et Raphaëlle
Chapitre 47 : Le grand combat, du côté de Leïa
Chapitre 48 : Tous ces efforts...
Chapitre 49 : Recherches
Chapitre 50 : La décision du roi
Chapitre 51 : Les secrets des premiers-nés
Chapitre 52 : Choix difficile
Chapitre 53 : La fin d'Hyrule
Chapitre 27 : Les mystères de la tombe   up

L'elfe reprit son apparence normale après avoir enlevé les bracelets argentés et raconta ses aventures dans le donjon. Lorsqu'il parla de son duel avec l'aberration de Pâques, ses amis le regardèrent avec des yeux ronds. Quand le garçon eut fini son aventure, il s'approcha de Rick pour examiner l'état de ses blessures. La potion faisait de l'effet, le blessé ne sentait presque plus rien. Il put se relever et les trois compères partirent pour la demeure de l'apprenti-médecin.

Leur hôte, qui s'appelait Thalès, leur servit un agréable repas du soir et les présenta à son mentor, le sage Pitagore (un vieil elfe aux longs cheveux blancs qui tenait vraiment du savant fou). Ce dernier tenait à leur faire tester toutes sortes de potions et sortilèges qu'il avait récemment mis au point. Les deux garçons servirent donc de cobayes humains durant quelques heures. Heureusement pour eux, la plupart des potions n'eurent aucun effet nocif. Link se trouva tout de même transformé en une sorte de zombie et Rick fut brusquement vidé de toutes ses forces, rien de vraiment grave car le savant fou avait préparé des antidotes à tous ses produits.

Vers sept heures du soir, les deux aventuriers réussirent à se séparer de leurs hôtes et rejoignirent l'arbre Mojo. Celui-ci avait l'air soucieux.
- Mauvaise nouvelle, les garçons. Zelda, qui est entrée dans la tombe ce matin, n'est toujours pas revenue. Je crains qu'elle ait eu des ennuis. Vous devez immédiatement partir à sa recherche.
Sur ces mots, l'esprit des bois ouvrit une bouche béante, donnant ainsi accès au fameux passage secret.
- Cependant, je préfère te prévenir, Link. Je ne t'ai jamais laissé t'y rendre car il y a quelque chose de très particulier à l'intérieur, quelque chose qui risque de te perturber. Mais maintenant, je pense qu'il est temps que tu saches. En allant chercher la princesse et les prisonniers, je te conseille de chercher le corps du héros des bois.
Nos deux héros acceptèrent et entrèrent dans le tunnel.

La galerie, d'abord creusée dans la terre et soutenue par des racines géantes, devint vite un couloir étroit construit dans la pierre. Ils furent bientôt plongés dans l'obscurité la plus totale. Link décida de ressortir la vielle luciole que lui avait donnée Ranos. Après une longue marche, ils atteignirent enfin une pièce plus vaste. La tombe du héros des bois n'avait rien d'une tombe. Il y avait tellement de pièces, et une si grande recherche esthétique dans l'architecture du bâtiment qu'ils avaient l'impression de se trouver dans un palais. Après une longue exploration, ils atteignirent un petit couloir étroit dans lequel ils avaient l'impression d'entendre du bruit. Cela ressemblait à des murmures. Puis, ils entendirent un bruit de pas qui se rapproche.
- Que faites-vous là ?
- Et vous, princesse... Nous vous retournons la question.
- Des gens fidèles à ma famille sont prisonniers ici. Ils doivent être tout près. On les entend parler. Malheureusement, cela fait plusieurs heures que je tourne sans trouver le moyen de les atteindre.
- Nous étions là pour la même chose, dit Rick.
- Sauf que l'arbre Mojo m'a conseillé d'aller chercher quelque chose près du corps de l'illustre héros.
A ces mots, la princesse blêmit.
- Quelque chose ? Mais il n'y a rien à prendre.
- Il m'a dit qu'il y a quelque chose que je dois savoir et que pour ça, je dois trouver la dépouille de Robin des bois.
La princesse semblait devenir très nerveuse.
- Oui... Il y a "ÇA". Mais je ne sais pas si c'est une bonne idée. Je ne sais pas si tu comprendras. Je vais vous le montrer, dans ce cas. Il est préférable que je vous explique.
Sans dire un mot de plus, elle leur fit signe de la suivre dans un escalier raide. Ils débarquèrent dans une vaste crypte aux murs couverts de fresques et d'écritures. Dans le fond de la salle se trouvait un grand autel, et sur cet autel gisaient deux corps enlacés et parfaitement conservés : un couple d'elfes. La femme était brune, sans âge. L'homme, lui, était le sosie de Link.

- Ce n'est pas possible, c'est moi !
- Visiblement non, puisque tu es debout en train de le regarder.
La princesse s'approcha doucement d'eux.
- Link, cet homme qu'on nomme le héros des bois, beaucoup de simples d'esprits diront que c'est toi, mais ce n'est pas le cas. Regarde-le plus attentivement, ainsi que sa main droite.
Link examina le cadavre. L'elfe mort semblait être son reflet, mais avec 10 ans de plus. Sa main droite portait une large cicatrice ressemblant à la Triforce.
- Ce symbole ne te rappelle rien ?
- C'est le symbole de la Triforce, mais quel rapport avec moi ?
- Regarde ta main, idiot.
Link jeta un coup d'oeil sur le membre désigné. A sa grande surprise, la même marque s'y trouvait.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Je vais t'expliquer. Ça signifie que vous avez tous les deux été les possesseurs de la Triforce du courage. Vous avez été désignés par le destin pour être des réincarnations du héros éternel.
- Tu veux dire que... j'ai été l'homme qui se trouve devant moi ?
- Non, c'est l'erreur que tout le monde commet. Vous n'avez en commun que la Triforce, le courage et la volonté de protéger la vie. Ne laisse jamais personne te dire le contraire. Tu n'es pas Robin, et Robin n'était pas le héros du temps...
Ses derniers mots étaient chargés de tristesse. Parler de cet homme la bouleversait.
- Le héros du temps ? C'est qui, celui-là ?
- Une de tes précédentes réincarnations, une des plus célèbres.
- Pourtant, ça ne me dit rien.
- Et alors ? le coupa Rick, quand on te parle de ton fils, ça ne te dit rien non plus ! Ne te fies pas à ta mémoire. Tu sais bien qu'elle ne t'est d'aucun secours.
Les trois jeunes adultes continuèrent de discuter longuement. Link se demandait qui pouvait être la femme elfe. Zelda expliqua, en se basant sur les textes gravés sur les murs, qu'il devait s'agir de sa femme, la princesse Diana-Zelda.
- C'est donc une de tes ancêtres ?
- On ne parle pas beaucoup d'elle. Beaucoup de gens, dont ma famille, estime qu'elle est à l'origine d'une grave période de crise en ayant aimé l'héritier de Ganondorf.
- Elle a changé d'avis, finalement, puisqu'elle repose à présent auprès d'un elfe héroïque.
La princesse décida de changer de conversation. Elle demanda à ses compagnons de l'aider à trouver la fameuse prison. Ils retournèrent donc dans le couloir aux murmures. Les deux elfes étaient convaincus qu'un passage secret y était dissimulé. Ils collèrent leurs longues oreilles aux murs, guettant la moindre brèche pouvant les renseigner. C'était peine perdue. Rick commençait à s'énerver et à donner des coups de pied aux murs. Quelle ne fut pas sa surprise quand il vit son pied disparaître dans une pierre.
- J'ai compris, s'écria la princesse. Cette roche n'est qu'une illusion. Elle dissimule le chemin.
Les trois amis s'accroupirent autour du mystérieux passage. Le conduit se révélait très étroit. Il fallait être une fille pour s'y engager. Zelda refusait catégoriquement cette tâche (une princesse ne rampe pas dans des conduits d'aération...). Link se dévoua donc. Il sortit sa flûte et se transforma. Lorsqu'elle vit le résultat, la princesse se jeta sur Link, prête à l'étrangler.
- LA JEUNE FILLE... C'ETAIT TOI... SALE TRAITRE... TU VAS PAYER...
- Hé !!! Qu'est-ce que je t'ai fait ? Lâche-moi !!!
- COMMENT... AS-TU OSE... ME FAIRE ÇA ???
- Taisez-vous, votre altesse... Les ennemis qui se trouvent à l'autre bout du tunnel risquent de nous entendre.
L'hystérique lâcha sa victime.
- Mais enfin, Zelda, pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tiens-tu à me tuer ?
- Tu t'es servi de moi, sale travesti. Tu m'as trompée.
- Je ne me souviens de rien... Comment veux-tu que j'assume ?

Chapitre 28 : Aromir   up

L'enragée se calma lentement. Afin d'éviter de rester dans le voisinage de cette dernière, Link se dépêcha d'entrer dans le petit passage. Il rampa ainsi plusieurs minutes. Les murmures devenaient de plus en plus audibles. Il atteint le bout d'un cul-de-sac mais en conclut qu'il devait également s'agir d'une illusion. En effet, son doigt passa à travers. Il se rendit également compte que les voix qu'ils entendaient tout à l'heure se trouvaient derrière cette pierre. Il attendit un moment pour savoir ce qui l'attendait dehors.
- ... Mes forces me quittent, je n'en ai plus pour très longtemps.
- Ne dites pas ça, vénérable maître. Il vous faut tenir, garder l'espoir.
- L'espoir... Je crains de ne pas pouvoir voir ce rêve se réaliser. C'est dommage... C'était un beau rêve. Un océan noir, plein d'énormes vagues, de tourbillons... Ce terrible orage... Enfin, une étrange lumière verte venant des profondeurs... Elle remonte... Un magnifique ange aux ailes vertes et dorées qui sort de l'eau. Lorsqu'il lève son épée, les vagues se calment, le vent se tait, les nuages se dissipent... Le niveau de la mer se met à baisser... Des îles émergent, la vie renaît...Oui, c'est un beau rêve... Le héros éternel nous révèle sa vraie nature et ramène la paix, en revenant du plus profond des ténèbres. Moi, le dernier des Sheikahs, j'aurais aimé rencontrer ce héros, le voir sous sa forme ultime...
Link se rassura. Les gens qui se trouvaient dans la pièce étaient effectivement des partisans de la famille royale.
- Hélas... nous sommes confinés dans cette oubliette, les os brisés et sans nourriture. La réalisation de ce rêve n'est pas pour nous.
Une oubliette ??? Link ne risquait donc pas de tomber sur des ennemis. Il appela les prisonniers à voix basse.
- Je suis là pour vous aider... je suis dans un passage secret. Dites-moi si vous êtes surveillés.
Les prisonniers n'arrivaient pas à croire que l'on vienne enfin à leur secours.
- Enfin... ce conduit dans lequel aucun de nous ne peut se faufiler nous rend enfin service. Nous savons que des gardes sont postés en haut de la trappe. Je ne pense pas que l'on puisse sortir par-là...
Link sortit péniblement de sa cachette.
- Qui a dit que nous allions utiliser une voie normale ? Je vais nous téléporter au sanctuaire des bois. Pour la suite, on verra.
L'elfe sortit sa flûte.
- Mais, c'est la flûte de l'elfe de grands chemins.
- Mais c'est moi...
- Ne dis pas de bêtises, l'elfe de grands chemins est un garçon.
- Et bien, je me suis transformé en fille pour passer par le tuyau d'aération.
- Je n'arrive pas à le croire, une partie du rêve de notre vénérable maître se réalise sous nos yeux... le héros éternel ressort des abîmes...
L'homme se tut et leva les yeux... un homme les observait en silence du haut du puits. Il était grand avec des longs cheveux sombres. Il était vêtu de longs vêtements bruns. Il tenait une arbalète à la main, et une sorte de bombe dans l'autre. Les prisonniers, terrifiés, attendaient leur sort.
- Le héros éternel qui ressort des abîmes... Il est à ma merci, dans une enveloppe féminine. Je n'ai qu'à le plumer à coup de flèches... Et je prouve ainsi ma valeur au seigneur des ténèbres...
- Alors qu'attends-tu ?
- Que tu me dises pour quelle raison je ne devrais pas le faire.
- A quoi tu joues ? Est-ce que ça va changer quelque chose ?
- Peut-être... si tu arrives à me convaincre. L'avenir que m'offre le grand maître ne me plaît pas vraiment.
Link avala sa salive... Il était certain que l'avenir d'Hyrule était en train de se jouer dans ce sinistre tombeau.
- Pourquoi voudrais-je que tu me laisses les emmener ? Parce qu'ils servent d'otages. Tant qu'ils sont prisonniers, la dame blanche ne peut pas s'opposer à Ganondorf. Par contre, dès qu'elle sera libre de ses mouvements, tout sera différent. Je l'aiderai à débarrasser le monde de ce fléau. Ensuite, nous ferons revenir le soleil. Le royaume redeviendra vert et fertile...
- Penses-tu vraiment réussir cette folle entreprise ? Il faudra bien qu'un jour, j'annonce la disparition des derniers Sheikahs. A ce moment-là, il comprendra ce qui se passe et il ira demander à la "dame" de te tuer. Sais-tu qu'au moindre signe suspect, il règle tout en une phrase ?
- En faisant vite, on peut agir en moins d'une semaine. Il suffit qu'il ne sache rien. Retiens-toi le plus longtemps possible et dis-lui que les prisonniers ont fini par trouver un sortilège pour s'enfuir par le couloir d'aération. Il faut juste qu'il pense qu'il n'existe pas de forme de résistance organisée... Et si tu es en disgrâce, je pense connaître des gens qui t'aideront à te cacher.
Le gardien de la prison observa son interlocuteur silencieusement. Les habitants de l'oubliette le regardaient avec angoisse. Link lui demanda encore :
- Tu n'es pas mauvais... Pour quel avenir veux-tu te battre ? Réfléchis bien car en ce moment, il ne dépend que de toi.
- L'avenir... Le rêve du vénérable me plaisait bien... J'aimerais que cela se passe ainsi. Mais je ne pense pas que je puisse jouer la comédie très longtemps. Comment vais-je m'en tirer ? Il est probable que j'aie à fuir. Que ferai-je à ce moment-là ?
En guise de réponse, Link agita sa bourse. Il lui expliqua qu'il allait confier ses rubis à des habitants de Saut-de-Roc et que le gardien n'aurait qu'à venir les réclamer lorsqu'il serait en cavale.
- Tu iras voir les frères Forestiers de la part du garçon de la rivière.
Le garde réfléchissait encore. Au bout de cinq longues minutes angoissantes, il annonça :
- Je décide de croire au rêve du vénérable. Partez vite !
- Merci, envers qui avons-nous une dette éternelle ?
- Mon nom est Aromir.

Chapitre 29 : Plan de bataille   up

Link joua le menuet des bois sur sa flûte de pan et téléporta tout son monde au sanctuaire des bois. Il fut étonné d'y trouver Rick et Zelda.
- On se doutait bien que tu allais utiliser l'air que t'a appris l'arbre Mojo. Alors on est rentrés.
Les prisonniers n'arrivaient pas à réaliser qu'ils avaient quitté le donjon. Ils ne croyaient pas à ce qu'ils voyaient.
- Votre majesté... vous êtes vivante !
- Vénérable Telavi... Vous êtes vivant. Je pensais que le sorcier n'aurait eu aucune pitié pour vous.

Rick alla chercher les deux apprentis sorciers pour pouvoir soigner les évadés pendant que Link partait à la recherche de leurs amis. Ceux-ci montaient la garde, cachés dans des buissons. L'elfe fut accueilli avec joie par deux de ses anciens brigands. Il leur fit signe de revenir silencieusement au sanctuaire.

A son retour, il comprit que quelque chose avait changé. Rick, Zelda, Thalès et les autres avaient perdu leur joie de vivre. Ils semblaient angoissés.
- Que se passe-t-il ici ? Il suffit que je m'absente dix minutes pour que tout dégénère.
- La situation se complique effectivement, répondit un petit Kokiri caché derrière Rick.
Le Kokiri s'avança, pour s'assurer que tous les nouveaux arrivants le voient.
- Je suis Fado, le gardien du sanctuaire des bois. Mes pouvoirs me permettent de voir des brides de l'avenir. Je suis au regret de vous annoncer que l'évasion des guerriers Sheikas ne sera pas longtemps ignorée. Les conséquences seront dramatiques pour la forêt. Le sorcier mettra la forêt à feu et à sang afin de les retrouver.
- Oh non...
- Je ne peux prédire quand cela se produira, et si cela se produira vraiment. Ce que je vois est un futur possible que l'on peut anticiper et modifier. Quoiqu'il en soit, Vous n'avez plus beaucoup de temps. Si on veut éviter le massacre, il faut agir le plus vite possible.
Link prit alors la parole :
- Pour la stratégie, c'est simple. Je dois encore me rendre aux sanctuaires de corail et de pierre pour libérer les sages. Je veux m'y rendre seul, n'impliquer personne. Ceux qui veulent agir, qu'ils essaient de repérer les dernières prisons, et éventuellement de libérer les prisonniers.
Rick lui annonça qu'il tenait à le suivre.
- Je veux vous aider, mais si des anciens collègues me voient, nous sommes foutus. Ils comprendront vite que j'ai rejoint un groupe de résistants. Je ne pourrais plus entrer dans la citadelle et notre unique moyen de rejoindre la dame blanche s'envolera. C'est pourquoi je veux t'accompagner Link.
Personne dans l'assemblée ne contesta ses paroles, même pas la bande des voleurs de grands chemins. Ils étaient même étonnement silencieux. Le fait de connaître le danger qui pesait sur leur tête leur faisait perdre toute motivation. La princesse Zelda finit par rompre le silence.
- Bien... Je pense qu'il nous faut un véritable plan de bataille. En premier lieu, il nous faut savoir comment tromper l'ennemi. Tout le monde ici sait que notre seul espoir est que Link atteigne et libère la dame blanche, alias cette demi-Gerudo qu'est Leïa. Donc, Ganondorf ne doit rien savoir à son sujet. Link est mort. Nous avons trouvé son cadavre et l'avons installé dans la tombe du héros des bois.
- Pardon ?
- Heu... On ne t'en avait pas encore parlé, mais Rick et moi avons préparé une petite mise en scène dans la crypte. Rick t'expliquera plus tard. Pour la suite... ce n'est pas Link qui vous a délivrés, c'est soit Sir Marsias, chevalier de l'ordre de l'aigle et premier conseiller du roi, ou moi. Oubliez Link ! Vous ne l'avez jamais vu ! Sir Marsias et moi-même sommes les meneurs de la rébellion.
- Mais alors, que devient notre grand chef ? demanda un des voleurs de grand chemin.
- Il est mort, on te dit ! C'est la version que tu donneras si tu as le malheur d'être interrogé. En fait, nous n'aurons plus aucun contact avec lui, afin qu'il reste le plus possible dans l'ombre. En résumé, nous servons de leurre et devons être prêts à donner nos vies pour que la ruse réussisse.
- Et le traître : Rick, que devient-il ?
- Lui, il n'est pas nécessaire de l'oublier. Il a été contraint de nous suivre lorsque nous sommes allés au sanctuaire de lave et s'est démené pour gagner notre confiance.
Les gens de l'assemblée l'écoutaient, complètement fascinés. La princesse Zelda avait vraiment un talent de meneuse. En lui-même, le pauvre elfe devenu l'unique espoir d'Hyrule se disait qu'elle aurait été une excellente reine. Il priait pour que ce soit le cas un jour, si sa petite soeur acceptait de lui rendre le titre de princesse héritière.
- Les gens qui ne se sentent pas de taille à se battre peuvent se diriger le plus rapidement et discrètement possible au sanctuaire de pierre, où ils se cacheront. Les autres viennent avec Sir Marsias (il n'a jamais dit qu'il était d'accord de venir, mais je l'y forcerai) et moi à la recherche des derniers cachots. A présent, je veux que l'on constitue les groupes.
Les guerriers Sheikas, à l'exception du vieux vénérable Telavi, étaient prêts à suivre leur princesse jusque dans la mort. Suite au regard menaçant de sa fiancée, le chevalier de l'ordre de l'aigle n'eut guère le choix et rejoignit l'équipe. L'ancienne bande de Link se joignit au groupe sans hésiter. Thalès, n'ayant aucun talent pour le combat, préféra rester en arrière et mettre son vieux maître et les Kokiris en sécurité. Boru était indécis... Il aurait souhaité accompagner Link. Il pensait qu'il lui serait d'un grand secours. De plus, il avait fait courir le bruit de sa mort. Si on le voyait vivant, l'ennemi se douterait de bien des choses. Sir Marsias jugea bon de lui rappeler qu'il avait changé de visage et qu'il était pratiquement impossible de le reconnaître. Boru lui répondit du tac au tac en disant qu'un bon magicien comme ceux qui sont au service de l'ennemi découvrirait très vite la nature cachée du bédouin du désert. Il fut donc convenu que Rick, Link et Boru feraient partie de l'équipe secrète et qu'ils partiraient immédiatement.
Les divers groupes se mirent à faire leurs préparatifs. Zelda profita du désordre pour parler discrètement à Link.
- Ecoute, j'ai bien peur que ce soit la dernière fois que l'on se voie, alors il y a plusieurs choses que je dois te dire. La première est que Rick et moi avons mis au point un plan d'infiltration de la base ennemie au cas où il arriverait malheur à un sage. Il t'expliquera en route. Je n'en ai pas parlé aux autres car il est risqué et va nous coûter cher. Deuxième chose, "elle" est passée durant ton absence. Elle nous a dit que si tu tiens à lui parler, il faut jouer son air préféré sur ta flûte.
Les dernières phrases qu'elle avait dites surprirent beaucoup l'elfe. La haine qu'éprouvait la princesse d'Hyrule pour la descendante de Ganondorf semblait avoir fortement diminué. La preuve était qu'elle leur facilitait le contact. La jeune fille sortit un bel ocarina de sa poche et joua un air lent et doux. Le coeur de Link fit un bond. Ranos le Zora le lui avait déjà joué, il en était certain. Il apprit facilement l'air. Zelda semblait très émue.
- La dernière chose : si tu la vois, je veux que tu lui dises que je suis désolée pour tout ce que j'ai dit sur sa famille. En fait, j'ai de l'estime pour eux. Ils ont fait de grandes choses pour le monde, mais on ne se rappelle que du fait qu'ils sont les enfants et petits-enfants du Sorcier maléfique. Ils ne méritent pas qu'on les associe à cet homme.
Sur ces mots, elle partit en direction de l'arbre Mojo. Le jeune garçon la regardait s'éloigner, perplexe. Pourquoi la princesse était-elle si émue ?

Chapitre 30 : J'ai encore rêvé d'elle...   up

Les trois garçons partirent vingt minutes plus tard, après avoir salué leurs amis. Pour une raison qu'il ignorait, Link éprouvait une terrible appréhension à l'idée de les quitter. Même dire "au revoir" à Sir Marsias lui donnait un noeud dans la gorge. Ils partirent vite, sans se retourner. Ils passèrent au campement des voleurs chercher leurs chevaux et galopèrent la moitié de la nuit en direction du sanctuaire de pierre. Ils arrivèrent à destination vers 3h du matin. Les habitants les accueillirent comme des rois, leur servant un excellent repas et leur donnant une vaste chambre très confortable. Ils eurent également le plaisir de revoir Darnia, le gardien de l'ancien sanctuaire de lave qui était arrivé le jour précédent. Lorsque Link leur demanda où se trouvait le fameux monstre responsable de la malédiction pesant sur le gardien, leurs hôtes devinrent plus sombres. Ils leur indiquèrent une fresque dans un coin de la pièce principale.
- La bête est cachée dans cette partie du bâtiment. Personne jusqu'à présent n'a su comment franchir la porte. La faire sauter n'est pas une bonne idée, car on provoquerait l'effondrement de toute la pièce.
Rick intervint.
- Ce n'est pas grave. Link a retrouvé ses bracelets de force (les gros bracelets de cuivre). Il va pousser la pierre comme on pousse un chariot.
- C'est maintenant que tu me dis à quoi ils servent ???
- Hélas, la force ne vous suffira pas. La fresque qui barre le passage est enchantée. Touchez-la et elle vous infligera de violentes douleurs.
- Je vais quand même essayer.
Link mit ses bracelets et s'approcha de la pierre. Au premier contact avec la roche, il reçut une violente décharge qui le projeta trois mètres en arrière.
- Je vous avais prévenu. Le seul passage vers la suite du temple, c'est ce minuscule trou de souris.
- Boru, tu n'as pas une idée de mélodie qui pourrait me donner une taille de cinq centimètres ?
- Non, mais Laruto, la gardienne du sanctuaire de corail, en a certainement. C'est la spécialiste des airs sacrés. Nous devrions retourner au lac Hylia demain matin.
La suggestion de Boru fut approuvée à l'unanimité. Les trois garçons furent conduits à leur chambre où ils s'endormirent en quelques secondes.

Nouveau cauchemar pour Link. Le revoici sur la traditionnelle terrasse de la citadelle des nuages. Il mène depuis des heures un combat acharné contre Ganondorf. Il est tout aussi épuisé que son adversaire. Il sent qu'il ne tiendra plus longtemps. Soudain, une minuscule fée apparaît de nulle part.
- Courage Link, lui crie-t-elle. Il n'en peut plus. Tu ne dois pas abandonner maintenant.
En voyant la fée, Ganondorf s'écrie :
- Encore toi ??? Tu ne cesseras donc jamais de te mettre au travers de mon chemin ?
- Tu sais très bien que tant que tu feras du mal à ceux que j'aime, je me dresserai toujours sur ta route.
- De qui parles-tu, cette fois ? Tu es là pour le père ou pour la fille ?
- Je viens récupérer Leïa, et nous veillerons à ce que tu ne puisses plus jamais lui faire de mal.
- Vous ne la récupérerez jamais ! Son coeur et son âme sont à moi ! Elle vivra dans les ténèbres que nous créerons ensemble et me succédera comme impératrice du mal.
- Dans tes rêves ! s'écria Link. Son corps, son coeur et son âme, c'est à moi qu'elle les a donnés ! Tu ne les auras jamais.
Les deux adversaires, mus par la colère, ont récupéré leurs forces et recommencent leur combat de plus belle. Malheureusement pour l'elfe, la fureur donne bien plus de puissance à son ennemi. L'étrange petite fée volette près de Link, s'efforçant de le faire bénéficier de ses pouvoirs curatifs. Le sorcier s'aperçoit du manège et envoie une boule d'énergie sur cette dernière. La petite créature tombe dans les mains de l'elfe.
- Plus personne ne t'aidera, maintenant.
Le combat reprend de plus belle, mais Ganondorf a bien plus de force que Link. Il lève son sabre et propulse son adversaire dans le vide.

Link se réveilla en sursaut. Ce n'était pas ni son énième défaite ni l'apparition de cette étrange fée qui le perturbait, mais ce qu'il venait de dire à propos de son amie. Pourquoi a-t-il dit des choses pareilles ? "Son corps, son coeur et son âme...", il en rougissait. Il fouilla dans sa faible mémoire. Par un incroyable miracle, il avait l'impression qu'un voile s'était levé et de nombreuses images lui venaient à l'esprit. Il vit Leïa qui souriait, Leïa qui pleurait, Leïa qui jouait de la musique, Leïa qui se blottissait dans ses bras, Leïa qui le soignait avec la plus grande attention. L'elfe se souvint... Il se souvint de son beau sourire, de ses grands yeux si fascinants, de son doux parfum, de sa peau si douce, de son corps si parfait, du bonheur qu'il éprouvait rien qu'à entendre sa voix... Son regard parcourut la pièce. Il se souvenait de cette salle, aussi. Lorsqu'il conduisait la jeune fille vers la citadelle des nuages, ils avaient dû y passer la nuit, nuit qui fut la plus belle de sa vie. La mémoire lui revenait donc. Il pouvait à présent se rappeler qu'il était amoureux fou de Leïa.

Heureux, l'elfe se rendormit, tout en s'imaginant que l'amour de sa vie était tendrement blottie contre lui.

Chapitre 31 : Le sanctuaire de tous les dangers   up

Le lendemain matin (en fait vers deux heures de l'après-midi, mais il faut excuser les garçons qui ont eu une épuisante journée), Link ne parla pas de sa mémoire retrouvée à ses amis. C'était un bonheur bien trop intime. De plus, il y avait une question qui le déroutait... Pourquoi Leïa ne lui avait-elle pas dit qu'elle était sa petite amie, et était-elle la mère du garçon prisonnier du sorcier ? Depuis qu'il était revenu d'entre les morts, son comportement était étrange. Sa main rencontra sa flûte. Il se dit qu'il jouerait l'air enseigné par Zelda le soir même. De plus, il allait revoir Ranos qui pourrait certainement l'éclairer.

Il poussa ses deux amis à partir le plus tôt possible. Après un bref arrêt à Saut-de-Roc, où Link prit ses dispositions pour la fuite d'Aromir, ils partirent pour le lac Hylia. Ils galopèrent avec zèle jusqu'à leur prochaine destination. Ils arrivèrent au crépuscule et constatèrent que rien n'avait vraiment changé. Les eaux du lac avaient toujours l'air aussi noir. Cette fois-ci, l'endroit était désert.
- Où sont passés les Zoras et Ranos ?
- Ils sont peut-être retournés vivre dans les profondeurs de l'eau.
- Dans une eau pareille ? Non. Ils ont dû partir. Prions pour que Ranos ne les ait pas suivis. Nous allons perdre beaucoup trop de temps à le chercher.
Les garçons se décidèrent à faire le tour du lac à la recherche d'indices. L'elfe, doté de sa vue perçante, ne mit pas longtemps à constater qu'une légère fumée s'élevait du pierrier. Des gens campaient près de l'ancienne galerie.

Prudemment, car ils ne savaient pas sur quoi ils allaient tomber, ils s'approchèrent de la source de fumée. Ils découvrirent que les Zoras s'étaient confortablement installés et avaient commencé à construire un village terrestre. Les hommes-poissons les accueillirent cordialement et les conduisirent à leur chef.
- Alors, Ranos, nous constatons que tout va beaucoup mieux...
- Je crois que les miens commencent à comprendre qu'ils ne sont plus faits pour les eaux... La taille du lac a bien diminué avec le temps. Si les Zoras continuent de vivre comme des êtres aquatiques, ils sont condamnés. Je suis heureux qu'ils aient accepté la vérité avec tant de facilité.
Les quatre amis discutèrent encore un long moment. Link annonça avec satisfaction qu'ils avaient trouvé le moyen d'entrer dans le sanctuaire de corail. Le visage du chef des hommes-poissons s'illumina. Il leur promit de leur enseigner la symphonie des Zoras dès le lendemain matin. Toutes ces bonnes nouvelles firent oublier à Link de poser ses questions concernant l'étrange comportement de la dame blanche.

Les trois aventuriers furent logés dans un coin de la caverne. Ils dormirent sur des pseudo matelas constitués de plumes, d'algues séchées et de toiles en laine grossièrement tissées. Tout le monde dormit paisiblement, même Link qui rêvait qu'il passait un agréable moment au bord d'un bassin naturel près d'une chute d'eau avec la dame de ses pensées.

Le lendemain, le chef des Zora conduisit ses amis au bord du lac. Après leur avoir indiqué dans quelle zone se trouvait l'entrée du temple, il sortit sa lyre et joua un air mélancolique que Boru et Link s'efforcèrent de reproduire. Les deux garçons devinrent instantanément des créatures sveltes et élégantes, à la peau scintillante et aux longues et gracieuses nageoires.
- Toutes mes félicitations, les gars. Vous voilà devenus des magnifiques représentants de notre espèce. Je vous conseille de vite signaler à Laruto que vous n'en êtes pas des vrais, ou vous lui donnerez de faux espoirs.
Les deux apprentis Zoras le remercièrent, saluèrent Rick qui restait sur la berge et plongèrent dans le lac.

Vue du dessous, l'eau n'était pas si noire. Au contraire, ils évoluaient dans un univers parfaitement clair et pur. Les rayons du faible soleil qui traversaient la surface du lac donnaient au paysage un aspect irréel. Les deux demi-poissons nagèrent dans ce décor fabuleux aux tons gris, verts, ocres et constatèrent qu'ils étaient visiblement les seuls êtres vivants. Il n'y avait aucun poisson, aucun crustacé, ni aucun des monstres décrits par le peuple en exil. Ils traversèrent l'ancien village qui était à présent désert.

Bientôt, ils virent apparaître un incroyable édifice multicolore, illuminant les alentours par ses couleurs vives. Ils mirent beaucoup de temps à comprendre que cet amoncellement de plantes et de divers coraux rouges, verts, jaunes, bleus était le fameux sanctuaire qui portait parfaitement son nom. Ils repérèrent l'énorme rocher qui obstruait l'entrée. Link vérifia que les bracelets de force étaient toujours là et s'approcha de l'imposante masse. Il la souleva sans grande difficulté et la jeta un peu plus loin. Les deux amis pénétrèrent ensuite dans l'édifice. Ils furent surpris de découvrir que le sanctuaire était dépourvu d'eau. C'était une cloche d'air. Les deux garçons reprirent leur apparence humaine et explorèrent les lieux. Ils furent presque immédiatement accueillis par des méduses volantes que Link décima à coups de flèches. Plus loin, ils arrivèrent à un bassin sur lequel flottaient des énormes araignées d'eau. Les bestioles foncèrent sur les deux arrivants et ces derniers eurent pas mal de difficulté à les exterminer. Le bassin était malheureusement impossible à traverser. Un énorme tourbillon s'était activé au moment où Link donnait le coup de grâce à la dernière des créatures. Les aventuriers se concertèrent. Ils ne savaient pas comment atteindre la salle suivante et étaient dès lors bloqués. Par contre, le tourbillon semblait ouvrir un passage vers une autre pièce, plus bas. Nos deux héros se re-transformèrent en Zoras et se jetèrent à l'eau (dans les deux sens du terme).

Ils furent aspirés puis propulsés dans une cave inondée. Ils constatèrent que plusieurs conduits en forme de tuyau partaient de la salle. Ils décidèrent de se séparer et d'en emprunter chacun un. Ils devaient se retrouver juste avant l'épreuve finale. Le conduit que Link emprunta était assez étroit et faisait penser à un égout. Notre héros arriva dans une salle pleine d'immondices. Il eut à y éliminer des serpents couverts de boue et de choses répugnantes. Une fois les monstres vaincus, il vit une petite clef tomber du plafond et se perdre dans les détritus. Le pauvre elfe regarda aux alentours. Une seule porte se trouvait dans la pièce et elle était fermée à clef. Il dut se résoudre à la chercher. Lorsqu'il la ramassa, vingt minutes plus tard, il était aussi sale et répugnant que les serpents qu'il venait de tuer. Il se dépêcha d'ouvrir la porte.

La salle suivante était également curieuse. Un large mur de glace fermait la porte. Qu'à cela ne tienne, Link sortit son fléau. Hélas, la glace n'était pas naturelle. L'elfe avait beau frapper, il ne pouvait pas infliger la moindre égratignure. Il devait se rendre à l'évidence. Il lui faudrait réussir une épreuve pour passer. En regardant la pièce, il constata la présence d'un escalier où il s'engagea. Il eut à éliminer de nouvelles méduses volantes. Il arriva dans ce qui ressemblait à une salle de concert. Il y avait des gradins disposés comme dans un amphithéâtre et une scène au milieu d'un bassin. Il y avait une statue d'une charmante Zora féminine. Un étrange objet traînait à ses pieds. Le jeune aventurier n'eut pas le temps d'aller vérifier ce que c'était car il sentit une présence hostile dans la pièce. Un étrange homme vêtu d'un large manteau bariolé et avec un masque d'oiseau venait d'apparaître dans un bruit d'étranges incantations.
- Jeune homme téméraire... Mon maître, le seigneur Ganondorf, m'a chargé de surveiller ce sanctuaire et de tuer tous les imprudents qui s'y aventurent. Tu vas donc découvrir les pouvoirs du mage Reïcros !
Et le sorcier disparut en prononçant des mots étranges. Il réapparut trois secondes plus tard dans les mêmes bruits à dix mètres de Link, pour lui lancer des boules de feu. Link bondit sur le côté et fit une pénible chute pour éviter les projectiles. Le sorcier disparut à nouveau dans un grand éclat de rire. Link se releva péniblement et dû se re-plaquer au sol pour éviter de nouvelles boules de feu. Il devait se débarrasser de ce dingue, mais comment ? Le temps que Link rejoigne son adversaire, il lui lançait de nouvelles boules de feu et disparaissait après son forfait. L'elfe devait l'atteindre avec des flèches, mais il devait être rapide. Il guetta le bruit des incantations de son adversaire et dirigea son tir sur le bruit. Au moment où le sorcier se matérialisa, Link tira. Sa flèche alla se figer entre les deux yeux du magicien de seconde zone. Il poussa un long cri d'agonie et roula en bas des gradins. Reïcros était mort.

Link, quoique mal en point, se dépêcha de rejoindre la statue et l'étrange objet. Il s'agissait d'une paire de gants. Ces derniers étaient confectionnés dans une étrange matière bleu marine. Link ne pouvait dire s'il s'agissait de métal ou d'écailles de serpent. Il voulut les mettre, mais constata qu'ils étaient trop fins pour ses mains de garçon vigoureux. L'elfe se résolut donc à reprendre son apparence féminine. Cette fois-ci, ils lui allaient parfaitement. Le travesti sentit une étrange énergie circuler dans ses doigts. Les gants devenaient lumineux. L'elfe comprit qu'ils étaient magiques. Pour tester leurs pouvoirs, il s'approcha du corps du mage au masque d'oiseau et pensa aux projectiles de feu dont il avait été la victime. Une vague de chaleur envahit ses mains et une lueur rouge se matérialisa au creux de celles-ci. Il les lança sur le cadavre qui s'enflamma aussitôt.
- Parfait, se dit Link. J'ai résolu le problème de la porte de glace.
Il redescendit à l'étage inférieur et répéta l'opération sur le mur. La glace fondit en un instant. A cet instant, un violent cri de douleur parvint à ses oreilles. Il franchit la porte et vit Boru aux prises avec deux colosses qui semblaient constitués d'eau. Ces deux derniers tentaient d'étouffer leur victime. Le sang de Link ne fit qu'un tour. Il tira son épée et se jeta sur les deux monstres. Hélas, comme leurs corps étaient liquides, il était impossible à Link de les blesser. Si seulement il pouvait les rendre sensible au toucher. Les deux créatures lâchèrent le gardien du sanctuaire des sables et s'avancèrent vers le nouvel arrivant. Notre bel elfe réfléchissait à toute vitesse. Son regard fut vite attiré par ses gants lumineux. En y pensant, il avait lancé des boules de feu, pourrait-il faire de même avec des boules de glace ? Il se concentra et dirigea ses mains vers ses assaillants qui n'étaient plus qu'à deux mètres de lui. Une vive lueur blanche jaillit de ses mains et enveloppa les deux monstres. Quand elle se dissipa, les deux colosses étaient de magnifiques statues de verre. La fausse jeune fille saisit alors son fléau et les réduisit en miettes. Une autre lumière apparut dans la pièce. Elle fit place à un coffre orné de pierres précieuses. Link l'ouvrit et en sortit une belle clé en vermeil et ouvragée en forme de Zora. C'est ce moment que choisit Boru pour se relever.
- C'est gentil de m'avoir sauvé des aquanams, mais vous auriez au moins pu vérifier si j'allais bien avant de s'occuper du butin.
- Je ne te savais pas aussi douillet, Boru !
Le bédouin dévisagea la jeune fille à qui il parlait.
- Euh... on se connaît ?
- Mais enfin, Boru, c'est moi Link !
- Link ?!?!? Euh... pas possible, c'est un garçon !
- Abruti ! Je me suis transformé en fille pour pouvoir me servir d'une nouvelle arme. L'arbre Mojo m'a appris un air qui me permet de le faire.
Le jeune homme avait du mal à réaliser à qui il parlait. Son ami(e) l'aida à se relever. Boru fit un bilan de son expédition. Il avait trouvé une carte du bâtiment, plus une boussole. Il était parti à la recherche de son ami lorsqu'il fut surpris par les deux créatures. Les deux amis consultèrent la carte. Ils découvrirent un chemin (plutôt un toboggan) qui leur permit de revenir dans la salle au tourbillon. Le typhon avait cessé et les araignées étaient de retour. Au lieu de les tuer, Link décida de simplement geler l'eau. Les bestioles, prisonnières des glaces, regardèrent leurs ennemis traverser tranquillement la pièce avec fureur.

La pièce suivante était un long et large couloir rempli d'eau. La piscine était parcourue par de puissants courants qui entraient tous vers des murs garnis de pieux. Cette fois-ci, Link ne put pas geler l'eau. Les deux jeunes gens durent se transformer en Zoras et affronter les courants. Heureusement pour eux, leurs formes aquatiques étaient d'excellents nageurs et ils atteignirent la fin du parcours sans trop de mal. Une fois sorti du bassin, Link grogna.
- Cette Laruto... Comment peut-on construire un parcours aussi compliqué ? Comment veut-elle qu'on la libère ?
Les deux aventuriers regardèrent autour d'eux. Ils étaient arrivés devant une imposante porte argentée, décorée de pierres précieuses et fermée par un gros cadenas. L'épreuve finale se trouvait derrière. C'est à ce moment que Link réalisa que les gants magiques lui convenaient également lorsqu'il était sous forme de Zora. C'était bon à savoir. Il aurait plus de facilités si le combat se révélait être aquatique. Nos deux héros franchirent la porte.

Ils arrivèrent devant un très large bassin rempli d'eau. La salle était vide. Les deux amis savaient qu'ils devaient malgré tout se tenir sur leurs gardes. L'arène du géant de pierre leur avait également semblé vide. Effectivement, au bout de quelques secondes, de gigantesques tentacules jaillirent de l'eau. Un poulpe géant se trouvait à l'intérieur. Le monstre tenta d'attraper les demi-poissons, mais ceux-ci s'étaient mis à courir. Link lança une boule de glace dans le bassin. Leur agresseur se trouva paralysé. Boru en profita pour s'en approcher et tenter de l'achever à l'épée, mais la créature avait plus d'un tour dans son sac. Lorsque le faux Zora fut à quelques mètres d'elle, la bête cracha un épais liquide noir et propulsa Boru à l'autre bout de la salle. Link examina le liquide. L'odeur et la consistance de la substance lui donnèrent une idée. Il cria à Boru de s'éloigner le plus loin possible du liquide. Ensuite, l'elfe lança une boule de feu sur le liquide noir. Celui-ci s'enflamma violemment. Les flammes remontèrent jusqu'au poulpe qui finit grillé. La bête fut réduite en cendres et la glace fondit. Au fond de l'eau apparut un coeur de cristal. Link plongea le chercher. Lorsqu'il revint à la surface, un grand halo bleuté était apparu près de la porte. Boru expliqua qu'il s'agissait certainement d'un téléporteur activé par la gardienne du sanctuaire ou par Ranos. Ils s'y engagèrent et apparurent dans l'amphithéâtre où Link avait combattu Reïcros. Laruto les y attendait.

Chapitre 32 : Laruto   up

- Bonjour, beaux héros...
Link, se souvenant des sarcasmes de son frère, reprit immédiatement son apparence normale. Laruto n'en parut pas moins enchantée.
- Je suis heureuse de voir que nos soins t'ont parfaitement remis sur pied.
- Vos soins ??? Quand est-ce que je suis passé par ici ?
- C'est vrai que tu étais inconscient. Tu ne peux pas t'en souvenir.
- Bon, arrêtez de faire des mystères. Dites-nous quand Link a été soigné ici.
- Après l'accident, je me suis rendue à la rivière qui passe en dessous de la citadelle des nuages. J'ai vu d'autres sages qui cherchaient également ta trace. Ils avaient trouvé tes armes dans les rochers, mais pas ton corps. J'ai donc suivi le cours de la rivière et j'ai aperçu une étrange bulle violette coincée entre des rochers. Ça ressemblait à un oeuf de poisson géant... enfin, tu étais enfermé à l'intérieur.
- Comment j'ai fait pour me trouver dedans ?
- J'ai ma petite idée. Pour continuer, c'est cette sorte d'oeuf qui t'avait permis de survivre à ta chute. Elle t'a servi de cocon protecteur, t'a alimenté en air et en substances nutritives pendant un bon moment. C'est à ce moment que la malédiction de "vous-savez-de-qui-je-parle" a frappé. Mon corps a été pétrifié, mais pas mon esprit. Par télépathie, j'ai communiqué mes instructions à mon frère qui nous a transportés tous les deux dans cette pièce. Je lui ai demandé de te libérer de l'oeuf. Pendant son ouvrage, une étrange fée est sortie de l'objet visqueux et nous a défendu de continuer. Elle nous a expliqué les vertus de l'oeuf et nous a demandé de t'y laisser encore un moment. Elle a juste réclamé les gants que tu portais pour son usage personnel.
- Quels gants ?
- Heu... ce sont ceux que tu portes, je crois.
- Bizarre, car je les ai trouvés ici, justement.
- Elle les aurait ramenés ?
- Ça aussi, c'est peu probable, car l'entrée du sanctuaire était fermée par une énorme pierre.
- La pierre... il est temps que je continue mon histoire. A ce moment-là, nous avons tous les trois senti une présence maléfique entrer dans le sanctuaire. Ranos et la fée t'ont alors transporté à l'extérieur et scellé l'entrée pour emprisonner la créature.
- Laisse-moi deviner la suite. Lorsqu'il a réussi à entrer en contact avec Leïa (car je suis certain qu'ils se sont parlé), il m'a laissé sur le bord de la rivière et est parti se cacher. Il était la seule personne vivante avec cette fée (dont je ne me souviens pas) à savoir que j'étais encore en vie et il ne fallait pas que cela se sache.
- Je pense... je crois que c'est plus ou moins ça. Il m'a en tout cas signalé qu'il avait réussi à établir un contact télépathique avec l'héritière de la Triforce. Je suppose qu'ils ont combiné l'affaire ensemble. Je n'ai pas tout suivi et sais peu de choses à ce sujet. La communication télépathique fatigue énormément.
- Je suppose que j'ai donc besoin d'une bonne discussion avec Ranos. Il y a beaucoup trop de choses qu'il me cache.
La belle Zora conduisit ses amis vers la sortie. Elle leur expliqua qu'elle estimait qu'il valait mieux qu'elle se cache dans le sanctuaire et qu'elle referme le bâtiment. Avant de partir, Link lui demanda conseil pour pouvoir entrer dans les pièces condamnées du sanctuaire de pierre. Laruto leur trouva une mélodie parfaitement appropriée : la ballade des souris. Elle sortit sa propre lyre et enseigna l'air aux aventuriers. Après maintes recommandations, les deux garçons prirent congé de la grande sage des Zoras et retournèrent au village terrestre. Rick et Ranos les attendaient avec un repas à base de poissons. Les deux aventuriers purent donc se restaurer tout en faisant un rapport de leur expédition. Ensuite, alors que Boru et Rick faisaient une petite sieste, Link emmena le chef des Zoras à l'écart.
- Ranos, maintenant, je veux savoir la vérité.
- Vérité ? Sur quoi ?
- Sur Leïa, par exemple. Je sais que vous vous êtes longuement parlé. Je sais à présent que je l'aime. Pourquoi ne m'avez-vous rien dit ? Est-elle la mère de mon fils ?
Le chef des Zoras regarda longuement son interlocuteur.
- Leïa est... bien la mère de ton fils. Elle me l'a annoncé à notre premier entretien.
- Tu le savais depuis le début...Pourquoi tu n'as rien dit ?
- Elle me l'avait défendu. Elle ne voulait pas que le bruit se répande. Elle ne voulait pas prendre le risque qu' "IL" soit au courant. Elle ne pouvait pas supporter l'idée que son arrière-arrière-grand-père mette la main dessus. Pendant les six mois de sa captivité, elle a vécu dans l'angoisse qu'il ne le découvre.
- Hélas, il a fini par en entendre parler.
- Que veux-tu ? On ne cache pas un ventre rond indéfiniment.
- PARDON ???
- Huit mois et demi de grossesse, ça devient très dur à dissimuler. Les robes extra-larges et les nombreux repas ne suffisent pas à ce stade-là.
- Attends... tu es en train de me dire qu'elle est enceinte en ce moment ?
- Oui, et la grossesse va bientôt arriver à terme. Ganondorf la surveille de très près à présent. Il va lui prendre l'enfant dès qu'elle l'aura mis au monde. Comme c'est en quelque sorte son descendant, il va l'éduquer pour en faire son héritier. Personnellement, je trouve ce projet absolument immonde.
Link n'arrivait pas à en croire ses oreilles. Une telle chose ne pouvait pas arriver. De plus, quelque chose clochait dans son récit. Pourquoi Leïa lui avait-elle dit qu'elle avait vu l'enfant et dissimulé les liens qu'il avait avec elle ? Link en fit part au confident de sa femme.
- Te souviens-tu de ce que je t'ai dit il y a quatre jours à propos de ton amnésie ? Je pense qu'elle a les mêmes opinions que moi et qu'elle ne veut pas te forcer la main. Ta femme doit avoir peur de tes réactions.
L'elfe resta pensif. Il pensait à la femme de sa vie, à cette pauvre jeune fille que l'amour faisait tant souffrir. Il éprouvait tant de chagrin pour elle. Si seulement il pouvait se trouver à côté d'elle, la prendre dans ses bras, la consoler, lui jurer de l'aimer éternellement... Puis, il revint à la réalité. Il comprit que l'unique moyen de défendre sa famille, c'était d'affronter le monstrueux sorcier. Il devait délivrer le dernier sage et entrer dans la citadelle. Ensuite, il irait libérer son épouse et anéantir son tortionnaire.

La conversation privée était terminée. Link et Ranos retournèrent au village. L'elfe réveilla ses amis et exigea qu'ils soient prêts à partir le plus vite possible. Vingt minutes plus tard, les garçons disaient "au revoir" aux hommes-poissons et galopaient vers le sanctuaire de pierre. Lorsqu'ils furent loin du village, Link interrogea Rick.
- Bon... je pense qu'il est temps que tu nous parles de ta stratégie pour s'introduire dans la citadelle.

Chapitre 33 : Le dernier sage   up

Les garçons arrivèrent à destination à la tombée de la nuit. Les habitants du sanctuaire souterrain les accueillirent aussi dignement que la fois précédente : festin, chambre confortable... Cependant, Link n'avait pas envie de se reposer. Il s'était juré de ne connaître aucun répit avant d'avoir achevé la première phase de sa mission. Il se dirigea immédiatement vers la stèle enchantée. Il joua la ballade des souris et devint quelques secondes plus tard un vrai lilliputien de cinq centimètres de haut. Il s'engagea sans hésiter dans le trou de souris. Ce qui l'attendait de l'autre côté calma vite ses ardeurs. En effet, il faisait noir comme dans un four et Link ne voyait absolument rien, mis à part ses gants. Il fut surpris de constater que ceux-ci s'étaient élargis et convenaient à présent à ses mains masculines. De plus, il remarqua que ces gants dégageaient une faible lumière bleue. L'elfe se rappela les pouvoirs de ces gants magiques. Il se concentra et matérialisa une boule de lumière. Son environnement s'illumina. Il entendit du bruit derrière lui. Boru et maître Darnia avaient utilisé la même mélodie.
- Tu pensais vraiment qu'on allait te laisser y aller seul ? Je suis certain que notre aide ne te sera pas inutile.
Comme ils étaient arrivés dans une vaste salle, ils reprirent leur taille normale et continuèrent leur chemin. Les sombres couloirs qu'ils parcouraient étaient vides et silencieux. On voyait bien que personne ne s'y était aventuré depuis des siècles. Après avoir traversé une dizaine de pièces et couloirs, ils atteignirent leur premier sérieux obstacle. Devant eux se trouvait une fosse dont le fond était rempli d'une eau suspecte. En face d'eux se tenait une gigantesque balance. Deux larges assiettes en bronze, reliées à un mécanisme au plafond par de larges chaînes pendaient au-dessus du vide. Les trois explorateurs examinèrent les murs. Sur la gauche du précipice, à la hauteur des balances, s'ouvrait un passage. En levant les yeux, les aventuriers remarquèrent une autre plate-forme. Link demanda à Boru de sauter sur l'assiette de droite pendant qu'il s'engagerait sur celle de gauche. Comme leur poids était plus ou moins le même, la balance resta en équilibre. Ensuite, toujours en parfaite coordination, Link sauta dans le passage pendant que Boru retournait rejoindre maître Darnia. L'elfe continua seul. Au bout de dix minutes, il arriva dans une salle éclairée par des torches où rôdaient une douzaine de moblins. Link s'efforça de les abattre le plus rapidement possible à coup de flèches, d'épée et de boulet. Après cet ouvrage, l'elfe explora la pièce et mit la main sur un magnifique coffre contenant une belle clef dorée. Ensuite, le garçon retourna sur ses pas, appela Boru pour lui servir de contrepoids et remonta sur la balance.
- A présent, il nous faut trouver le moyen d'atteindre l'autre plate-forme.
- Pour arriver à sa hauteur, il suffit que maître Darnia vienne alourdir le poids d'un des deux côtés.
- Et comment ferais-je pour remonter ? demanda maître Darnia. Je vous signale qu'il y a de l'eau, là-dessous. Ça me tuerait.
- Tu n'auras qu'à te transformer en Zora et nager jusqu'à l'échelle.
La question étant réglée, les trois compagnons mirent leur plan à exécution. Rien que le poids de Maître Darnia faisait monter l'assiette de Link de huit mètres. Il y avait juste un petit problème... L'assiette était encore trop loin du bord. Link joua donc le refrain Gerudo, mit ses bracelets ailés et vola jusqu'au mur (qu'il se prit dans la figure ^^). Remis du choc, il examina l'endroit où il était tombé. Il se trouvait face à une belle porte dorée scellée par un gigantesque cadenas. A côté de la porte se trouvait une bonne série de jarres contenant des coeurs, des flèches, des rubis et une fée que Link s'empressa d'enfermer dans son flacon. Nul doute que le démon se trouvait dans la pièce suivante. Il revint sur ses pas pour faire part à ses amis de sa découverte. Ensuite, il franchit la porte.

La salle suivante était également sombre. Link grogna. Son adversaire voulait l'affronter dans le noir. Son oreille se dressa. Il entendit des battements d'ailes. Il y avait une chauve-souris dans la pièce, et vu l'ampleur du son, elle n'était pas petite. Il l'entendait tourner autour de lui, le frôler, l'énerver. Pour mieux voir son adversaire, il matérialisa une boule de lumière qui illumina la salle. Un cri strident retentit dans la pièce. Le mammifère volant était furieux que l'intrus ait trouvé une parade. L'elfe regarda le monstre avec horreur. L'animal était aussi grand qu'un être humain, recouvert de longs poils noirs et sales. Il avait quatre yeux rouges et deux énormes crocs couverts de sang et de bave. Link faillit vomir à la vue de la créature. Il n'avait jamais rien vu d'aussi repoussant. Il banda son arc et tira une flèche vers la tête de l'erreur de la nature. La chauve-souris émit un nouveau cri insupportable et se posa sur le sol. Elle s'enveloppa de ses ailes, se redressa pour laisser voir une silhouette humaine. La créature réouvrit ses ailes. Ce n'était plus un animal, mais un homme repoussant avec une longue barbe et des yeux vitreux. Il sourit.
- Tu n'as pas l'air idiote, ma mignonne. Ce combat sera amusant.
- Lorsque que je t'aurai transpercé avec mon épée, tu ne le trouveras plus drôle.
- Tu vas me faire faire un bon exercice... Déchaîne-toi, mais je crains que tu n'arrives pas à me transpercer comme tu le souhaites.
Là-dessus, la lumière se mit à baisser, et le vampire devint presque translucide, et probablement impalpable. Il devint un fantôme de chauve-souris blanc. Link tenta de l'atteindre avec ses flèches ou son épée, mais ses armes traversaient le corps sans rien toucher. Enfin, si Link ne pouvait pas toucher son adversaire, le vampire ne le blesserait pas non plus. La bestiole volante chargea... Au dernier instant, le mammifère volant se matérialisa. Link fit un bond de côté, mais fut quand même envoyé à terre. Le monstre émit une série de petits cris qui ressemblaient à un méchant rire. La fausse jeune fille se releva. Son adversaire tentait une nouvelle attaque. Cette fois-ci, elle l'attendait de pied ferme. Lorsque le mammifère redevint solide, elle lui lança une puissance boule de feu. La bête hurla de douleur, mais ne s'avoua pas vaincue.

La lumière baissa encore. Le fantôme de la chauve-souris prit une couleur de flamme. Link tenta une nouvelle boule de feu, mais ce fut en pure perte. Lorsque son ennemi se matérialisa, il avait un corps enflammé. L'elfe dut plonger sur le côté, mais sentit une violente brûlure sur la joue. La fausse jeune fille attendit la nouvelle attaque du vampire pour lui lancer une vague de glace. C'était insuffisant. Le monstre la faisait fondre. "Tant pis, se dit Link, je dois essayer quelque chose de plus fort qu'un sortilège glacé, je vais lui envoyer de l'eau". Il se concentra et fit apparaître une grosse bulle d'eau. Le mammifère chargeait à nouveau. "SURPRISE" ! cria l'elfe en lui lançant son petit cadeau. Le vampire hurla de colère et la lumière baissa encore. Le fantôme prit une teinte gris foncé. Quel serait son point faible, cette fois ?

Le travesti n'eut pas le temps de réfléchir. La chauve-souris chargeait déjà. Histoire d'éblouir et de surprendre le monstre, Link lui lança une boule de lumière. Le cri de douleur que poussa la bestiole faillit rendre notre Héros sourd. La lumière revint. Le vampire, qui avait repris forme humaine, essayait de reprendre ses esprits. Link tira son épée. L'elfe déclara : "Finalement, ce combat a été très amusant", avant d'enfoncer l'épée dans le coeur du démon. Ce dernier se désintégra en un tas de cendre et laissa sur le tas un beau coeur de cristal. Link libéra sa fée pour guérir ses morsures et brûlures, et retourna sur ses pas.

Quand ils le virent, Boru et maître Darnia le félicitèrent, mais ces expressions de joie n'étaient rien à côté de l'accueil triomphal qui les attendait à la sortie du passage secret. Link fut porté en triomphe, remercié personnellement par le roi et fut servi comme un prince tout le reste de la soirée. En allant se coucher, vers une heure du matin, notre elfe fut interpellé par le gardien du sanctuaire de pierre, le frère Vèltore.
- Link, je pense que je dois te remettre quelque chose.
- Il est inutile de me remercier. Sauver le royaume est une tâche qui me tient à coeur.
- Non, ce n'est pas ça... C'est juste que... Avant que tu ne partes pour la citadelle des nuages, tu m'avais donné une lettre. Tu voulais que je la conserve, sans la lire et que je devais tout faire pour te la rendre si les choses tournaient mal. Comme c'est le cas, je tiens à accomplir ma tâche.
Link prit la lettre et l'examina d'un air perplexe. Quel genre de texte aurait-il bien pu écrire dans ces circonstances ?

Chapitre 34 : Une étrange lettre   up

"Link,

Si tu es en train de lire cette lettre, c'est que ce que je prédisais s'est accompli. Je suppose que tu n'as pas su vaincre Ganondorf et que tu as échappé à la mort par miracle. J'imagine aussi que tu as été frappé d'amnésie. Tu te demandes certainement comment se fait-il que je puisse prédire avec tant de certitude ce qui ne m'est pas encore arrivé. C'est, hélas, très long à expliquer et le temps me manque. Pour retrouver ton passé et des explications, je te conseille de retrouver Rick, Boru et Leïa, surtout elle. Je lui ai tout dit... Elle t'expliquera tout. Le seul conseil que moi seul puisse te dire, c'est de t'accrocher et de suivre ton coeur. Tu dois comprendre que tu es prisonnier d'un cycle infernal. Ce cycle va te faire souffrir. Je ne sais pas comment vont évoluer les choses pour toi, mais tu vas beaucoup perdre. Le seul moyen de sauver ce à quoi tu tiens, c'est de retourner aux origines... Accepte ton sort, ta nature de héros éternel, d'esclave du temps, et retourne aux origines. C'est le seul moyen de faire revenir le soleil et de sauver les gens que tu aimes.

Toi-même,
Link."

Le garçon lisait la lettre qu'il s'était écrite six mois auparavant. Elle le laissait perplexe. Il ne comprenait pas... Comment avait-il prédit qu'il allait perdre, qu'il allait se retrouver amnésique ? Il avait tout dit à Leïa... était-ce pour ça que la jeune fille avait gardé foi en lui, qu'elle avait continué de résister, de le chercher et de préparer son retour ? Il avait écrit qu'il allait souffrir... Comment ? En perdant ses amis, comme la lettre l'insinuait ? La partie la plus énigmatique de la lettre faisait allusion à un retour aux origines... mais enfin, quel genre d'origines ? En somme, la lettre était bien loin de l'aider. Le seul point clair était que Leïa savait tout. Il suffisait de l'interroger. Il sortit sa flûte et joua l'air enseigné par la princesse Zelda. La douce mélodie lui remémora d'anciens moments où il jouait avec l'instrument. Il revoyait sa communauté de voleurs l'écouter d'un air admiratif. La dame de ses pensées se trouvait assise parmi eux et écoutait la musique avec un plaisir marqué. L'elfe ferma les yeux pour figer l'image.
- Qui c'est ? Link ? Tu me contactes enfin ?
- Enfin... J'ai eu pas mal de difficulté à comprendre tout ce qui se passait. Sans aide, ce n'est pas évident. Maintenant, j'ai besoin que tu m'aides à clarifier les choses.
- Ecoute, je serai enchantée de tout t'expliquer, mais IL a renforcé sa surveillance. IL peut me découvrir en transe à tout moment. Je ne peux pas tout gâcher maintenant.
- Dis-moi juste pourquoi tu ne m'as pas dit la vérité !
- Quelle vérité ?
- A propos de nous, de notre amour, de notre fils !
- Comment... comment l'as-tu découvert ? La mémoire t'est donc revenue ?
- Je me souviens de toi, que de toi, rien que de ton visage, de tes yeux, de ton parfum, et du bonheur que nous avons vécu ensemble. Ma vie ne se résume qu'à toi.
- Oh Link !
- Pourquoi ne m'as-tu rien dit, pas même un petit indice ?
- Tu m'aurais crue ?
- ... Je ne sais pas. J'ai toujours cru tout ce que tu me disais. Je ne pense pas que cela aurait été différent.
- Moi, je pense que si.
- Ecoute... demain, ou après-demain, je serai près de toi et je te montrerai à quel point je suis sincère.
- Demain ?
- Oui, on a délivré tous les gardiens, et le couple royal s'occupe de trouver les derniers prisonniers.
- Les derniers ? Tu parles des enfants ?
- Quels enfants ?
- La pouffiasse ne t'a pas dit ? Ganondorf m'a montré ses prisonniers, tour à tour. Je sais que vous avez délivré tes anciens amis, les Sheikahs, mais pas les enfants. Il m'a dit qu'ils étaient enfermés non loin de la forteresse, pour qu'ils soient les premiers à souffrir de mes bêtises.
- Aïe ! Donc, ils doivent être assez bien surveillés.
- Oui, les deux paons auront des difficultés. Ça va être très dangereux. De plus, ils ne pourront pas bénéficier de ton aide.
- Pourquoi ?
- Mais voyons... si on t'y voit, tout est perdu.
- Bon.
- Ecoute, Link, je ne peux vraiment pas rester plus longtemps, je sens de l'activité près de la porte. Je sens qu'IL va entrer. Je dois te laisser. Je t'aime !
- Moi aussi, je t'aime...
Le lien psychique était rompu, et les deux amoureux, séparés. Avec tout ça, l'elfe n'avait pas pu lui parler de la lettre.

Chapitre 35 : Une terrible vision   up

La salle du trône de la citadelle des nuages est plus sombre et sinistre que jamais. Cette fois-ci, la salle est presque vide, est désagréablement silencieuse, et l'ambiance est des plus orageuses. Celui qui se fait appeler le seigneur du malin est assis sur son trône, ses fidèles mercenaires sont près de lui. Ils font cercle autour d'un misérable soldat. Celui-ci est terriblement angoissé par les regards que lui jettent les divers guerriers d'élite, mais encore plus par la colère dans laquelle il a mis le maître.

- Alors, ce chien galeux a fait évader les Sheikahs, et vous ne l'avez même pas arrêté ?
- Hélas, mon seigneur, il s'est échappé lui aussi.
- PAUVRE CREATURE INCOMPETENTE !
- Pitié, pitié... Il n'est pas allé loin... Nous l'avons abattu à coup de flèches.
- PAUVRE DEMEURE ! C'était la dernière chose à faire ! Il fallait le suivre. Il aurait rejoint les prisonniers et ses éventuels complices. Il ne parlera plus à personne à présent.
- Pitié, il avait utilisé la force pour s'échapper. Nous avons paniqué !
- Tu mérites que je t'envoie dans le monde où j'ai été enfermé durant ces longs siècles, mais tu peux encore y échapper. Comment s'est-il comporté ces derniers jours ? Avait-il des contacts avec l'extérieur ? Quand avez-vous pris conscience de sa trahison ?
- Ce midi... Il tenait toujours à aller nourrir les prisonniers, mais il a été brusquement retenu par un accident à l'extérieur. Alors, un de mes collègues a décidé de s'y rendre à sa place. En regardant à travers la trappe, il a réalisé que l'oubliette était vide. Il s'est empressé d'aller prévenir Aromir qui n'a pas voulu le croire. On l'a mis devant le fait accompli. Il en avait conclu que les Sheikahs avaient réussi à trouver un sortilège pour s'échapper, et qu'il irait vous faire un rapport détaillé des événements. C'est alors que j'ai fait allusion à une curiosité que j'avais notée il y a deux jours. Il a brusquement changé de comportement, disant qu'il devait partir au plus vite.
- QUELLE CURIOSITE, PAUVRE IMBECILE ?
- C'est juste que... il s'entretenait une fois de plus seul avec les prisonniers. Nous étions loin et ne comprenions rien. J'avais juste eu l'impression d'entendre une voix de femme, ce qui était impossible puisque tous les prisonniers étaient des hommes. Un peu plus tard, nous avons entendu une mélodie jouée avec une flûte, puis plus rien. Nous n'avons plus jamais entendu les prisonniers parler.
- Et bien voilà ! C'est à ce moment-là qu'ils se sont échappés.
- Un de mes collègues a tenté de retenir Aromir, de le questionner... Mais le traître a sorti son épée, l'a tué et est parti précipitamment. Il ne nous a pas fallu longtemps pour comprendre qu'il avait des choses à cacher. Il s'est enfui à cheval, mais nos archers l'ont abattu.
- Vous avez réagi d'une façon des plus pitoyables, et tu m'as fait perdre un temps précieux en ne me parlant pas immédiatement de la voix de femme.
Le grand sorcier se lève et fait apparaître une énorme boule d'énergie rouge. Le malheureux soldat est terrifié. "Pitié, mon seigneur, non..." Le seigneur du mal n'en a aucune. Il lance son sort et réduit l'infortuné en cendres.
- Qu'on me balaye ces déchets.
- Maître... Devons-nous nous lancer à la poursuite de ces fugitifs en plus de chercher la princesse Soraya ?
- Inutile de se fatiguer à chercher la petite. Les Sheikahs l'ont certainement rejointe. Partez plutôt au sanctuaire de glace me ramener l'aînée.
- Sauf votre respect, que voulez-vous faire d'un glaçon ?
- Détrompez-vous, le petit glaçon a fondu. Partez sur-le-champ et ne revenez pas sans la princesse Zelda ! Une dernière chose, tâchez de me la ramener vivante et en un seul morceau.

Loin de là, dans sa chambre du sanctuaire de pierre, Link se réveille en sueur.

Aromir est mort, l'évasion est découverte. Ganondorf va se venger et est déjà à la recherche de Zelda... Elle est en danger de mort.

Chapitre 36 : Sacrifices   up

L'elfe se leva sur-le-champ, s'habilla et réveilla ses amis. Il leur fit part de ses visions. Les deux garçons, bien qu'encore à moitié endormis, furent bouleversés par la nouvelle. Rick annonça :
- C'est très mauvais, ça. Il va falloir accélérer les choses si on veut sauver nos amis.
Boru n'avait pas l'air enchanté par cette solution.
- On est vraiment obligé de suivre cette méthode ? Ne risque-t-on pas de les mettre encore plus en danger ?
- Si on va vite, non. Mais si Ganondorf capture Zelda, nous n'aurons plus le choix, il faudra suivre mon plan.
Boru n'était toujours pas convaincu. Link n'écoutait même pas le débat des deux garçons. Il s'équipait.
- Où vas-tu Link ?
- Bête question... Je vais essayer de retrouver Zelda et la prévenir du danger qui la menace...
- Tu es fou ??? Si on vous trouve ensemble, c'est la fin !
- Je dois faire quelque chose. C'est de ma faute si elle est dans cette situation. Le sorcier nous a confondus... On m'a entendu lorsque j'avais mon apparence féminine et on m'a entendu jouer avec ma flûte. Ganondorf a immédiatement pensé à Zelda et à son ocarina.

Boru et Rick eurent beau essayer le retenir, rien ne pouvait faire changer l'elfe d'avis. Ce dernier ramassa ses armes et alla préparer son cheval. Ses deux amis se dépêchèrent de le suivre. A défaut de le retenir, ils pourraient le dissimuler. Ils sortirent précipitamment du sanctuaire et s'arrêtèrent pour regarder le ciel. Il devait être neuf heures du matin, mais le ciel était noir et orageux.
- Notre ennemi se réveille... Nous n'avons pas de temps à perdre. Je t'en supplie, Link. Partons pour la citadelle des nuages. La prison des gamins sera certainement sur notre chemin.
La dernière phrase fit réfléchir l'elfe téméraire. Si la prison était sur leur passage, ils auraient des chances d'y voir Zelda. Link accepta la proposition de Rick. Il était temps pour eux d'aller détruire Ganondorf. Rick partit chercher un sac mystérieux et ils se remirent en route.
- Dis, qu'est-ce qu'il y a dans le sac ?
- Notre passeport pour la prison de la dame blanche.

Les garçons galopèrent vers le fond de la vallée, tout en remontant la rivière. Lorsqu'ils atteignirent la zone d'un ancien éboulement, Rick fit signe à ses amis de mettre pied à terre et d'avancer prudemment. Il savait que l'ancien camp de base du sorcier était dans les parages. Il fallait se montrer prudent, car ses sbires n'avaient certainement pas déserté les lieux. Ils continuèrent donc dans le plus grand silence, en se cachant derrière les gigantesques rochers. Ils aperçurent bientôt des filets de fumée, et entendirent des cris. Rick fit signe à ses amis de se préparer pour leur mise en scène. Ils approchèrent du camp, et donc de la phase d'infiltration. Mais à ce moment-là, les événements se précipitèrent. Le petit groupe entendit des bruits de pas précipités. Des gens couraient, fuyaient même. Link se risqua à regarder. Il reconnut quelques-uns des fugitifs. Il y avait trois membres de son ancienne bande de brigands, deux Sheikahs aussi.
L'elfe sortit de sa cachette. Les autres s'arrêtèrent, surpris.
- Que se passe-t-il ? Que faites-vous ?
- On se tire. Regarde, on a libéré les derniers prisonniers, des enfants.
- Vous avez réussi, bravo ! dit Link dans un soupir de soulagement.
L'elfe regarda autour de lui... Il ne voyait ni Zelda ni Sir Marsias ni le reste de sa bande de voleurs. Inquiet, il interrogea les Sheikahs :
- Et les autres ? Zelda, Marsias...
- On a été repérés, c'est pour ça qu'on se dépêche. Les autres sont toujours là-bas, et je pense qu'ils se battent.
Link crut que son coeur allait lâcher... Ses amis étaient perdus... Il fallait qu'il aille sur les lieux pour les sauver. Il donna son cheval aux fugitifs, et fit signe à ses deux compagnons d'en faire autant.
- Merci, allez princesse, montez.
- Princesse ?
Le Sheikah avait pris une fillette de dix ans entre des bras et la hissait sur la monture. Link l'examina. Elle avait les cheveux noirs et emmêlés, était habillée comme une pauvre paysanne, mais les traits de son visage ressemblaient à ceux de Zelda et elle avait le même regard fier. Elle le regarda et lui répondit :
- Ben oui, je suis Soraya-Zelda d'Hyrule, héritière du trône. Sur le conseil de mon tuteur, je me suis déguisée en servante pour échapper à la vengeance de l'ennemi. J'ai été capturée à la citadelle des nuages, mais le seigneur du mal n'a jamais découvert mon secret.
Link regarda la princesse héritière. Il se disait qu'à présent, il y avait de fortes chances que sa soeur ne lui réclame jamais ses anciens droits, et que l'avenir du royaume n'allait dépendre plus que d'elle. Il ne voulait pas s'y résigner. Il devait sauver Zelda. Il recommanda aux fuyards de partir le plus vite possible le plus loin possible, puis, sans que personne n'ait le temps de le retenir, il se précipita vers le lieu des combats.

Il escalada plusieurs rochers, guidé par des bruits d'épée. Il arriva bientôt au-dessus d'une cour dans laquelle se battaient plusieurs personnes, dont le couple princier. Il mit la main à son épée et était prêt à sauter lorsqu'une main le saisit à la cheville et le fit basculer en arrière. Il fut bientôt plaqué au sol par Rick.
- Je t'en prie, n'interviens pas. Ton intervention ne changera rien.
- Je ne peux pas... les laisser mourir.
- Ils sont prêts à donner leur vie pour que tu réussisses. Ne gâche pas leurs efforts.
Link se résigna à regarder le combat de sa cachette. Ses amis devaient affronter les six mercenaires de Ganondorf. L'elfe les reconnaissait, les ayant vus dans ses rêves. Dans le camp de ses amis, il n'y avait malheureusement plus que trois combattants, un Sheikah, Sir Marsias et Zelda. Leurs ennemis les encerclaient. Ils étaient perdus. Le Sheikah tenta d'utiliser une formule pour permettre à ses amis de s'échapper : "Farore, souffle-nous de...". Il ne put finir. Un des mercenaires lui avait lancé une boule d'énergie rouge, et l'avait tué sur le coup. Le couple se rapprocha. La jeune fille prit la main de son fiancé. Leurs assaillants éclatèrent de rire.
- Allez mes mignons... Lâchez vos armes et vous pourrez encore profiter de la vie.
- Dans tes rêves !
Zelda lança à son tour une série de boules d'énergie. Deux d'entre elles atteignirent le sorcier qui avait tué son compagnon. Ce dernier s'effondra en silence. Les sbires de Ganondorf ne rirent plus. Ils dégainèrent leurs armes et s'avancèrent. Leurs victimes se battirent vaillamment. Zelda trancha la gorge d'un de ses assaillants et Marsias en transperça un autre. Link observait ce dernier avec intérêt. Complètement désespéré, il se battait bien. Cependant, Link notait des failles dans sa technique de combat. Le chevalier était trop offensif, n'était pas sur ses gardes. L'elfe se remémora leur combat au sanctuaire. A l'époque, le chevalier avait une armure magique qui le protégeait. Lorsqu'elle avait perdu ses pouvoirs, l'homme n'avait plus aucune chance de gagner. En fait, le guerrier avait apparemment toujours compté sur cette défense magique, et n'avait jamais appris les règles de la défense, ce qui allait lui être fatal.

Un des mercenaires saisit Zelda et la frappa violemment dans le cou. La jeune fille tomba évanouie. Son adversaire la souleva par la taille et l'entraîna loin des combats. Le fiancé, désespéré, tenta de la rejoindre mais un autre sombre guerrier profita de son manque d'attention pour lui planter son épée dans le dos.

Link voulut hurler de rage, mais il sentit une main passer devant sa bouche et étouffer le son.
- Je suis désolé, Link.
L'elfe reçut un violent coup dans la nuque et sombra dans l'inconscience.

Chapitre 37 : La mort de Sir Marsias   up

L'elfe se réveilla. Il était allongé sur le sol de la cour et au milieu d'une flaque d'eau. Il pleuvait à verse. Il regarda autour de lui. Dans une petite grotte sur le côté, il voyait Rick s'affairer à côté d'un corps. Link se redressa d'un bond et courut vers eux. Il découvrit ainsi le chevalier, le visage pâle comme la neige, torse nu, avec une large blessure au milieu du ventre. Il souffrait terriblement. Lorsqu'il aperçut le héros, il s'efforça pourtant de reprendre un visage digne. Rick ne disait rien, et essayait tant bien que mal de soigner la blessure.
- Laisse tomber... Personne ne pourra me soigner d'une pareille blessure.
- Je le sais, mais la lame qui a frappé était empoisonnée. Si je n'élimine pas le poison, tu deviendras un de ces nombreux et sinistres morts-vivants à la solde du grand sorcier.
Un éclat de terreur passa dans les yeux du mourant, mais il fit des efforts pour réprimer sa peur. Link s'approcha du blessé. Il ne voulait pas se résigner à l'inévitable. Il jeta un coup d'oeil à Rick, concentré sur la préparation d'une potion. Il parla alors à son vieux rival.
- Comment tu te sens ?
- J'ai l'impression qu'une bête est en train de me dévorer de l'intérieur, mais sinon, ça va.
- Est-ce qu'il y a un moyen de te soulager ?
- Trouver l'antipoison ou me tuer.
- Mais si tu meurs sans l'antipoison, tu sais ce que tu deviendras...
Rick choisit ce moment pour intervenir.
- Il y a un moyen pour lui d'échapper à la malédiction, sans devoir attendre la longue préparation de mon remède. Enfin... je ne me sens pas capable d'avoir recours à cette méthode, donc je continue mon travail.
- Et quelle est... cette so... solution ?
- Il faut arracher ton coeur avant qu'il ne soit atteint par le poison. C'est-à-dire, avant quinze minutes.
Link et le chevalier se turent, et se regardèrent.
- Je suppose que tu préfères attendre l'antipoison ? A ta place, j'attendrais.
- En fait... je ne pense pas être aussi endurant que le héros éternel. Je ne crois pas que je tiendrais le temps que l'autre fasse son remède. Si je meurs avant, et le coeur atteint, je ne trouverai jamais le repos. Je préférerais subir cette opération.
- Mais qui va la faire, cette opération ? Tu n'as pas la force et Rick est absolument contre cette pratique.
Le blessé regarda Link d'un air plein de reproche. Celui-ci commença à comprendre où l'homme voulait en venir. Non... Jamais... Il ne pourrait pas le faire.
- Désolé, Marias. Je ne peux pas faire ça.
- Pourquoi ?
- Je ne peux pas te tuer ! Et certainement pas de cette manière. C'est quelque chose d'inhumain.
- Ce qui est inhumain, c'est d'attendre dans la douleur de devenir une de ces goules qui dévorent l'âme des vivants.
- Je ne peux pas faire ça.
Rick avait arrêté d'écraser ses plantes et regardait l'elfe. Le chevalier, qui souffrait de plus en plus, reprit la parole :
- Tu n'en as pas le courage ?
- Qu'est-ce que tu insinues ?
- L'ancien détenteur de la Triforce du courage, le vainqueur d'innombrables démons et monstres en tous genres, celui qui a affronté Ganondorf n'a pas le courage d'abréger les souffrances d'un chevalier ?
Link se redressa d'un bond.
- Pas le courage ? Mais c'est pas une question de courage ! C'est de morale, d'amitié qu'il s'agit.
- Si c'est au nom de l'amitié qu'il s'agit, alors dis-toi que c'est un... ami qui te demande de le faire.
Link détourna son regard. Il ne voulait pas voir le regard implorant de celui qui l'avait baptisé le "ver luisant". Il ne voulait pas tuer de sang froid un mourant. Il entendit Rick retourner à son travail. Il comprit que le garçon signifiait par là qu'il ne voulait pas contraindre l'elfe à commettre cet acte. Link resta silencieux.
- Ecoute... j'aurais aimé mourir d'une autre manière. J'aurais aimé mourir à 80 ans, après avoir vu mes enfants avoir leurs propres enfants... Et j'aurais aimé partir avant Zelda. Je sais que je n'aurai jamais le bonheur d'avoir des enfants. Laisse-moi au moins partir avant elle...
Link était toujours silencieux, mais sa main s'était posée inconsciemment sur son épée.
- Tu sais, Link. Je crois que tu sais ce que tu as à faire, mais tu n'en as pas le courage.
- Ne me traite pas de dégonflé !
- Mais je comprends... Leïa t'a pris le fragment de courage. Cette grande et noble qualité qui se trouvait en toi a fortement diminué à cet instant.
- Raconte pas de bêtises. Je suis toujours courageux et je peux le prouver n'importe quand.
Le chevalier le regarda avec un faible air moqueur. Link mit quelques temps à comprendre qu'il s'était fait avoir.
- Salaud... N'essaye pas de m'avoir par la ruse.
- Essaye de comprendre. Personne ne te reprochera de pratiquer cette opération. Au contraire... Ce sera certainement l'acte le plus noble que tu feras jamais.
Link ne répondit pas, mais il avait serré son étreinte sur le manche de son épée. Il devait le faire, mais c'était au-dessus de ses forces. Il ne pouvait pas planter son épée dans le corps du blessé, il ne pouvait pas y plonger sa main, y saisir le coeur et l'arracher. Sir Marsias semblait lire dans les pensées du jeune homme.
- En fait, c'est le rituel de l'opération qui te dégoûte ! Lutin, tu es vraiment pitoyable ! Moi qui t'attribuais des sentiments nobles...
- Ce qui me dégoûte, c'est de le faire à un homme qui ne mérite pas de mourir.
- Je dois te faire une confidence... Depuis que je te connais, depuis que je t'ai vu au château d'Hyrule, j'ai toujours rêvé de te ressembler, d'avoir ta vaillance et ta force... Ne me déçois pas !
- C'est bon, c'est bon... Tu as gagné !
L'elfe entendit Rick arrêter brusquement sa préparation. Le garçon les regardait silencieusement et d'un regard inquiet.
- Merci, Link. Tu es un frère.
- Marsias... As-tu une dernière volonté ?
- Si vous arrivez à revoir Zelda vivante, dites-lui que je l'aimerai pour l'éternité et que je prierai pour elle et pour l'avenir du royaume. Sinon, je veux que tu terrasses Ganondorf, que tu fasses ce pourquoi tu es né, que tu délivres Hyrule. Tu t'en sens capable ?
Rick sourit au mourant et sortit de la caverne. Link sortit l'épée de son fourreau. Il ne voulait pas regarder le visage de celui qui l'avait tant supplié. Il ne fixait que le haut du torse de son "patient". Dans sa tête, il se disait que Ganondorf allait le payer. Il lui ferait subir le même supplice.

Un bref et puissant coup d'épée, un faible gémissement... Sa main plongea, il saisit l'organe chaud... Il le tira d'un coup sec et le déposa plus loin. Il attendit dix secondes pour regarder le visage du chevalier. Sa peau était devenue blanche. Il avait fermé les yeux. L'elfe nota que le mort avait le sourire aux lèvres.

Chapitre 38 : L'ange gardien   up

Link poussa un violent cri de rage et fondit en larmes. Il l'avait fait... Il avait tué un ami.

Le désespoir l'envahissait... Il devait venger le mort, il devait aussi venger Aromir. Ces deux personnes et peut-être Zelda avaient donné leur vie pour voir l'elfe triompher de Ganondorf, mais pouvait-il y arriver ? Les mercenaires qu'il avait vus à l'oeuvre semblaient tellement forts... Et ce n'était certainement rien par rapport au sorcier. Link se sentait tout d'un coup si faible... impuissant... lâche... Il aurait aimé disparaître de la surface de la terre, ne plus être concerné par toutes ces crises. Il se sentait perdu.

Quelque chose lui pinça violemment le nez.
- Relève-toi, idiot ! Debout ! Tu as des amis à sauver ! Ce n'est pas le moment de flancher...
Link ouvrit les yeux et loucha pour voir qui lui parlait de cette façon. Devant lui se tenait une minuscule petite fée pas plus grande que son pouce. Ses jolies ailes blanches battaient presque aussi vite que celles d'un colibri. La petite fée avait des longs cheveux blancs et une courte tenue de la même couleur. Elle était adorable, mais avait un visage grave qui imposait le respect.
- Qui... qui es-tu ?
- Tu ne me reconnais pas ?
- Non, désolé, tout ce qui s'est passé il y a plus d'une semaine est banni de ma mémoire.
- Je suis Raphaëlle, la mère adoptive de Leïa et un peu ton ange gardien. Tu m'as promis que tu allais la délivrer. J'attends toujours...
- Oh ! Ça va ! Je ne peux pas aller sonner à la porte de la citadelle des nuages et provoquer Ganondorf en duel. Ça ne m'a pas réussi la dernière fois. J'ai passé une semaine épuisante à aller détruire des monstres, délivrer des prisonniers et je viens d'achever un ami. Je ne vois pas ce que j'aurais pu faire de plus. Et si tu es mon ange gardien, je voudrais savoir pourquoi tu n'apparais que maintenant.
- Monsieur la-soi-disant-réincarnation-du-héros-éternel, j'ai passé cinq mois à mener une enquête aux quatre coins du monde afin de comprendre comment Ganon a pu revenir une fois de plus dans le monde des vivants. J'ai affronté des déserts, des montagnes, des océans et des jungles pour le découvrir.
- Alors, comment a-t-il fait ?
- Et bien... En fait, c'était une monumentale erreur de ma part et des parents de Leïa. Nous avions la Triforce réunifiée entre nos mains et l'homme était vaincu, à nos pieds. Seulement, nous avions pitié de lui. Nous avions décidé de l'envoyer en enfer jusqu'à ce qu'il oublie ses désirs de conquête et de violence. Il a mis un millénaire à s'y résoudre, et une fois toutes ces sombres pensées oubliées, il est revenu sur terre. Malheureusement, il avait toujours des partisans qui le vénéraient comme un dieu. Ceux-ci se sont fait une profonde joie de lui remettre les souvenirs en place.
L'elfe regarda la fée avec colère. Ainsi donc, tous leurs malheurs étaient dus à la pitié d'une fée et de Gerudos maudits.
- Pourquoi ? Pourquoi de la pitié ? Vous avez vu ce qu'il a fait du royaume ?
- Le Ganondorf de notre époque était loin de ressembler à l'actuel. Il était humain... il arrivait à maîtriser l'esprit de Ganon. A présent, l'esprit de Ganondorf est faible, son côté diabolique a repris le dessus.
Link était toujours aussi scandalisé, mais il avait d'autres soucis en tête.
- Alors, penses-tu pouvoir le vaincre, cette fois ?
- Il y a une solution. Tant qu'il partagera son corps avec Ganon, il est aussi immortel que le héros éternel et moi-même. Donc, lorsque tu auras délivré Leïa, il faudra qu'elle fasse en sorte que les deux êtres soient séparés.
- Vous pensez que ça va marcher ? Que Ganondorf ne reviendra plus jamais ?
- Si vous le tuez une fois qu'il est libéré de l'influence du démon, il ne reviendra plus.
Link dévisagea la créature qui se faisait appeler Raphaëlle. Il ne comprenait pas comment elle pouvait éprouver de la pitié pour le monstre... Mais quoi qu'il en soit, maintenant il savait comment vaincre son ennemi.

Chapitre 39 : Le martyre de Zelda   up

La princesse d'Hyrule ne subit aucun interrogatoire, mais bien la colère et la vengeance de l'ennemi éternel de la famille royale. La violence dont elle est victime est donc gratuite. Ses ravisseurs lui infligent maintes blessures à divers endroits sensibles du corps, et y répandent des substances qui lui dévorent la chair. A chaque hurlement qu'elle pousse, ses tortionnaires répondent par des rires sadiques et des nouveaux coups de couteau. Une fois que la douleur devient insupportable, qu'elle s'évanouit ou qu'elle approche de la mort, l'un des trois sadiques utilise des incantations pour la guérir de ses blessures et ils recommencent leurs petites opérations.

Malgré l'enfer que les trois mercenaires lui font subir, Zelda tient à garder la tête haute et ne pas les supplier une seule fois. Elle n'a pas l'intention de pleurer, d'implorer leur pitié. Elle est prête à souffrir et à finir en martyr. Puisqu'elle allait mourir, autant que ce soit avec honneur.

Mais voilà que les bourreaux se sont calmés. Ils la dévisagent à présent d'une autre manière. Zelda tremble... Personne ne l'avait encore regardée de cette manière, mais la jeune fille sait ce que cela veut dire. Un des trois hommes s'approche de son corps meurtri avec une dague, qu'il place au niveau de sa gorge. D'un geste brusque, il déchire la tenue de la jeune fille de haut en bas. Il dévore du regard le beau corps nu de la princesse. Les autres les regardent, d'un air angoissé.
- Suturb... A ta place, je ne le ferai pas... Le patron est contre ce genre de choses.
- La ferme ! Il n'est pas là pour nous l'interdire... Et ce serait idiot de ne pas profiter d'une pareille beauté.
- Tu te souviens de ce qui est arrivé à Eresim...
- Lui, c'est différent. C'est à la Gerudo des îles qu'il a voulu goûter... C'est normal que le patron défende sa descendante. Je ne vois pas pourquoi il défendrait celle-ci.
Le pervers s'approche de sa prisonnière, horrifiée par ce qu'elle vient d'entendre. Il pose sa main sur la cuisse. Elle veut se débattre, mais elle est enchaînée. L'homme fait remonter sa main. L'autre est occupée à défaire son pantalon. La jeune fille serre ses jambes le plus possible et ferme les yeux. Elle hurle. Son tortionnaire ne se décourage pas le moins du monde. Il s'acharne à écarter les cuisses de sa victime.

Alors que le vil Suturb a presque atteint son but, une terrible voix et une puissante explosion se font entendre.
- J'AI DIT... PAS DE ÇA ! JE PENSAIS M'ETRE FAIT COMPRENDRE IL Y A TRES LONGTEMPS.
Le silence s'abat dans la pièce. Une odeur de brûlé parvient aux narines de Zelda. Hésitante, elle ouvre les yeux. La première chose qu'elle voit, c'est le corps calciné de son agresseur. Très lentement, elle relève les yeux. Elle aperçoit la silhouette du personnage le plus haï d'Hyrule. Elle sait qu'il la fixe, mais ne veut pas croiser son regard.
- Couvrez-la et mettez-la dans une cellule décente.
Zelda n'en croit pas ses oreilles. L'ennemi mortel de la famille royale, celui qui a persécuté ses ancêtres abrège ses souffrances et lui épargne la pire des tortures en éliminant un de ses serviteurs. Ses tortionnaires lui ôtent ses chaînes et guérissent ses dernières blessures dans le plus grand silence. Toujours de la même façon, ils lui passent une longue robe de lin gris. Ensuite, le plus grand la soulève et l'emmène. La princesse ne cherche pas à connaître sa principale destination. Elle ferme les yeux et veut sombrer dans l'inconscience. Elle est bientôt déposée sur un matelas confortable et laissée seule. Elle s'endort, essayant d'oublier tout ce qu'elle a vécu ces dernières heures.
Combien de temps dort-elle ? Elle ne saurait le dire. Lorsqu'elle se réveille et se sent mieux, elle est immédiatement accueillie par la dernière personne avec laquelle elle aurait voulu se trouver seule... Ganondorf.
- Alors, ma jolie petite princesse, bien dormi ?
Zelda ne répond pas. Elle sait que son ennemi veut se moquer d'elle. Elle ne veut pas lui donner la satisfaction de voir sa provocation réussir.
- Et bien, pour une héritière du trône, tu n'as aucune éducation... La moindre des choses est de répondre à son hôte.
Zelda se tait toujours. Elle ne doit pas riposter.
- Alors... mes hommes t'auraient-ils arraché la langue et oublié de la faire repousser ?
La captive ne regarde pas son interlocuteur. Puisqu'il veut jouer avec ses nerfs, elle jouera avec les siens. Le seigneur des ténèbres reprend :
- Tu te demandes peut-être pourquoi votre opération de sauvetage ne s'est pas déroulée comme prévu. Je n'attendrai pas que tu rompes ton silence pour te répondre. Il se trouve que j'ai mis la main sur un de tes amis. Tu as réussi à convaincre un de mes serviteurs de changer de camp, mais il n'en a pas profité. Il est mort et son corps pend au-dessus du vide et sera peu à peu dévoré par des charognards. Enfin, je suis certain que ce n'est pas le seul traître. Je sais que ton équipe s'est rendue à la montagne solitaire et y a libéré les vieux compagnons de ce cher Link. Nous en avons récupéré quelques-uns uns, et ils m'ont avoué que le brave Rick a décidé de racheter ses erreurs et qu'il est toujours en vie. Alors, je n'irai pas par quatre chemins... Ce sera la vie de tous les prisonniers que nous avons faits lors de votre attaque contre celle de ce pauvre idiot.
Zelda eut un frisson... Si la tête de Rick était mise à prix et qu'il le réclamait mort ou vif, il y aurait beaucoup de chances pour que la dernière chance d'Hyrule parte en fumée.
- Oh oh... ce petit tremblement me confirme que de grands liens vous unissent. Encore un amant de plus ? Quel rôle lui destinais-tu ? Espérais-tu qu'il remplace son ancien chef, ou qu'il travaille à recruter des autres traîtres parmi mes hommes ?
La jeune fille ne dit toujours rien. Elle ne doit pas parler... De son silence dépend l'avenir du royaume. Son interlocuteur commence à perdre patience.
- Ma patience a des limites. Si je n'ai pas les informations que je demande demain matin, quatre nouveaux corps iront rejoindre celui d'Aromir, dont le tien.
- A supposer que je parle, qu'est-ce que j'y gagne ?
- Tu te réveilles enfin ! Tes amis gagneront la vie... Et tu auras peut-être encore droit à un avenir décent.
Zelda se tait à nouveau... Quel avenir l'attend à présent ? Rick n'entrera pas vivant à la citadelle, Link encore moins... Tout est perdu. Elle n'a pas la force de répondre à son geôlier. Elle enfouit sa tête dans ses genoux et sent les larmes lui monter.
- Demain matin, à huit heures, rendez-vous devant le gibet. Tu y choisiras ton avenir.
Ganondorf se lève et se dirige vers la porte. Un soldat l'interpelle.
- Maître, il y a quelqu'un qui est arrivé à la citadelle, il y a cinq minutes. Il demande à vous parler en particulier.
- On vient me formuler des requêtes ? Qui est donc le fou si téméraire qui vient braver la mort ?
- Un revenant, Maître...

Chapitre 40 : La trahison de Rick   up

Divers monstres et humains pervertis par les ténèbres se serrent à l'entrée de la salle d'audience pour voir arriver l'étranger. La rumeur a circulé qu'un fou voulait mettre le grand seigneur à l'épreuve et tous veulent le voir s'avancer. Le mystérieux voyageur traverse la cour. Les créatures font une vraie haie d'honneur. L'homme porte un long manteau sombre comme la nuit et dissimule son visage sous un large capuchon. On remarque qu'il cache quelque chose sous les tissus... probablement un sac ou une arme. La deuxième solution est invraisemblable. Les portiers ont veillé à le désarmer à l'entrée du chemin, en bas de la montagne. Ensuite, les créatures observent la porte. Les deux derniers mercenaires se tiennent devant, droits et fiers, et pourtant si inquiets. Il faut dire qu'ils sont les derniers d'un groupe de 12 guerriers, pourtant réputés indestructibles. L'étranger atteint les marches menant à l'entrée. Les deux mercenaires le regardent passer de façon indifférente, lui ouvrent la porte, le font entrer, le suivent et ferment la porte.
Le seigneur des ténèbres, assis sur son trône, regarde le fou s'avancer.
- Je vous salue, ô grand maître. Me permettez-vous une question stupide ? Pourquoi ma tête est-elle subitement mise à prix ?
Ganondorf se redresse au son de la voix. Non... le jeune rebelle n'aurait pas fait une pareille idiotie ? Il ne se serait pas jeté aussi stupidement dans la gueule du loup ? Le mystérieux garçon retire son capuchon. Il a les cheveux bruns foncés, mi-longs et en bataille. Le sorcier n'en croit pas ses yeux. Le traître est là... Il est revenu.
- Pour une surprise, c'est une surprise. Que me vaut le plaisir de ton retour ?
- Il était juste temps que je revienne. Je n'avais plus rien à faire de l'autre côté. J'en savais assez.
- Mais que faisait donc un de mes commandants dans les équipes rebelles ?
- J'ai été emmené de force ! Ces idiots avaient besoin de moi, ils m'ont gardé en vie. Je me suis débrouillé pour gagner leur confiance et obtenir le plus d'informations possibles.
- Tu me prétends avoir joué les espions dans les lignes ennemies ? Et que veux-tu que j'en fasse ? La résistance a été écrasée hier dans la journée.
- Vous avez su vous débarrasser des deux principaux meneurs, mais le roi et la vraie princesse héritière d'Hyrule sont toujours vivants. C'est derrière eux que les rebelles vont se ranger.
- Le roi d'Hyrule... toujours vivant ?
- Oui, toujours vivant ! Je l'ai vu de mes propres yeux.
- Intéressant... Continue.
- Tous les grands sages ont été libérés de la malédiction que vous aviez lancée... Ils ont fini par comprendre qu'il leur suffisait de détruire les démons qui hantent les sanctuaires pour les sauver. A présent qu'ils sont réunis, ils préparent une attaque en force de la citadelle. Ils ont recherché des pouvoirs capables de s'opposer à la Triforce...
- Tu te moques de moi. Rien en ce monde n'est plus puissant que la Triforce !
- Isolées, les diverses formes de magie ne peuvent rien. Mais si elles s'unissent, elles dépassent largement les quatre fragments réunifiés de la Triforce.
- En résumé, les prêtres des déesses vont faire appel à leurs ennemis naturels pour s'attaquer à la sainte relique qu'elles ont créée. Où en est la préparation ?
- Hier, ils avaient tout ce qu'il leur fallait, mais ils préféraient attendre le retour de leur guide. Maintenant, les choses seront plus compliquées, puisque vous les avez privés d'un sage et je les ai privés du porteur de cette combinaison de pouvoirs.
- Tiens donc... C'était donc le rôle que Zelda voulait te faire jouer ?
- Pas du tout ! Je n'ai pas la capacité de supporter de telles puissances. Seul un "premier-né" comme le disaient les gardiens, peut les contenir.
- Sauf qu'il n'y a plus aucun "premier-né", mis à part moi. Ce que tu dis n'a aucun sens.
- Détrompez-vous, mon seigneur... Il y en a une qui est toujours en vie, c'est elle qui guide les rebelles.
- Comment ça ?
- Une sorte d'ange... Cheveux et ailes blanches comme la neige. Elle se fait appeler Raphaëlle.
Le visage de Ganondorf change subitement d'expression. Il semble perdu dans un souvenir.
- Raphaëlle, mon bel ange... Cesseras-tu un jour de me hanter ? Tu es encore plus tenace que le héros éternel...
- Heu... le héros éternel a bien failli revenir, lui aussi.
Le puissant sorcier revient à la réalité.
- Pardon ?
- Les Zoras ont trouvé le corps plus ou moins intact de Link dans la rivière. Ils l'ont remis aux rebelles. La "première-née" était justement partie récupérer une relique pouvant le ressusciter. Par la même occasion, elle pensait trouver au même endroit le moyen de vous anéantir une bonne fois pour toutes.
- Link ? Non ! Pas lui !
- Calmez-vous, maître. Je peux vous garantir qu'il ne pourra plus vous nuire.
- Et comment cela ?
- Parce que pour le ressusciter, il faut avoir le corps dans son intégralité. A présent, c'est parfaitement impossible.
Sur ces mots, le traître sort le sac qu'il cache sous son manteau. Il l'ouvre et présente son contenu à son seigneur et maître. Ganondorf a un bref mouvement de recul. Il n'en croit pas ses yeux...

Le sorcier maléfique s'approche lentement, tend la main pour saisir l'objet. Il le contemple pendant plusieurs longues minutes. Puis, il part dans un gigantesque et puissant éclat de rire.
- HA HA HA HA HA HA !!! Qui l'aurait cru ! Pauvre petit elfe... Quand je pense que c'est ton ex-meilleur ami qui m'apporte ce magnifique trophée ! Excellent travail ! Jeune homme, tu viens de réintégrer tes fonctions, et même de prendre du galon... Mais j'y pense, je connais une jeune femme qui serait également enchantée de voir ce trophée... Viens avec moi, Rick ! Nous avons quelque chose à montrer à une dame.
Il remet l'objet dans le sac et pousse son dévoué serviteur vers la sortie, sous les yeux ébahis des deux derniers mercenaires, plus que jamais inquiets sur leur avenir.

Le seigneur des ténèbres guide Rick à travers de grands couloirs et de sombres escaliers. Ils montent en haut de la plus haute tour de la citadelle. Au sommet se trouve une étrange bâtisse dont les fenêtres sont couvertes de voiles bleu nuit. Le sorcier entre et pousse le jeune garçon devant lui. Rick est surpris par ce qu'il y voit. L'unique fois qu'il y était entré, c'était une petite pièce grossière qui faisait office de chambre à une prisonnière. A présent, il est dans un véritable palais avec des murs et des hauts plafonds magnifiquement décorés. Une belle lumière d'après-midi éclaire les murs blancs et un doux parfum de fleur imprègne les lieux. Depuis quelques temps, Leïa a décidé d'exprimer son hostilité à son ancêtre en faisant vivre à son île un éternel printemps ensoleillé. Ganondorf ne supporte pas cette saison. Il a bien essayé de détruire les plantes ou d'invoquer des nuages noirs, mais dans cette dimension, c'était sa descendante qui commandait. Les fleurs résistent à tous ses sortilèges, et plus le sorcier s'acharne à faire venir les ténèbres, plus la jeune fille rit et plus le soleil brille. L'homme a renoncé et n'y a plus jamais posé les pieds. Aujourd'hui, pourtant, il sait qu'il va apprécier l'île. Ils traversent quelques magnifiques pièces et arrivent sur une terrasse envahie par les plantes. La gardienne de la Triforce et son chaperon, la redoutable télépathe Djingreï, jouent aux échecs. Les deux femmes interrompent leur partie à l'arrivée des deux hommes. Le visage de Leïa s'assombrit. Celui de Djingreï s'illumine lorsqu'elle voit Rick.
- Tu nous déranges, grand-père ! Djingreï a un honneur à rattraper et tu la déconcentres, dit Leïa d'un ton glacial.
- Moi aussi, je suis heureux de te voir en cette magnifique journée, ma petite.
La demoiselle regarde son geôlier d'un air sombre. A cet instant les oiseaux installés dans les arbres entament une vraie symphonie. Le bruit est presque insupportable pour le seigneur des ténèbres. La rebelle sourit, mais son arrière-arrière-grand-père aussi.
- Toujours aussi indomptable... ce fragment de la révolte... le plus puissant et plus mystérieux des morceaux de la Triforce. Tu te sens éternellement poussée à provoquer les autres et à faire le contraire de ce qu'on te demande... Tu es si déconcertante.
- Que de compliments aujourd'hui ! Tu t'attends à ce que je fasse de même ?
Les adversaires sont si occupés par leur discussion qu'ils ne remarquent pas le geste que fait Rick vers un pot de fleur. La télépathe, elle, le remarque. Le garçon la dévisage d'un air inquiet. La jeune femme le regarde, lui sourit et lui fait un clin d'oeil. Puis, ils retournent tous les deux écouter la joute verbale menée par les deux parents. Ganondorf finit par perdre sa patience.
- Au fait, mon second est venu pour te faire un joli cadeau.
Il fait un signe au jeune garçon.
- Montre-lui donc ce que tu es allé chercher chez les rebelles.
Rick s'exécute. D'un geste gêné, il sort le trophée du sac et le dépose sur la table. Il s'agit d'une tête, la tête d'un jeune homme blond, aux oreilles pointues. L'horreur envahit le visage de la jeune fille. Le ciel s'assombrit. D'immenses nuages noirs annoncent l'arrivée imminente d'un orage.
- Link... Link... Non... C'est pa... pa...
Les larmes s'emparent des yeux de la jeune fille. Sa gorge se noue. Leïa se lève, bouscule tout le monde sur son passage et se précipite à l'intérieur de son manoir. Le visage de Ganondorf est triomphant.
- Oh... j'ai comme l'impression que ton petit cadeau ne lui a pas vraiment fait plaisir. Tant pis, je vais le reprendre alors. Djingreï, le choc risque de précipiter un certain événement. Ne quitte pas ma progéniture des yeux.
- Je ne relâche pas ma surveillance, Maître.
- Bien. Mon fidèle second, nous avons encore pas mal de choses à faire ce soir. Et demain... des condamnations à mort.

Chapitre 41 : Le père de Leïa   up

Dès qu'elle fut certaine que son maître était loin, Djingreï retourna sur la terrasse fouiller le fameux pot de fleurs.
- Tu peux sortir, ils sont partis.
Deux étranges créatures de cinq centimètres de haut sortirent alors du bouquet : une petite fée et un étrange lutin. Ce dernier joua une adorable musique et prit forme humaine.
- Je suppose que tu es le fameux Link, celui qui a réussi à prendre possession du coeur de Leïa.
- Et toi, que tu es la télépathe qui est chargée de la surveillance de cette jeune fille. Pourquoi donc as-tu choisi de nous aider ?
- Parce que je suis chaque jour un peu plus dégoûtée de la vie que je mène et de l'homme que je sers. Vous aider est la seule issue que je vois à cette vie. De plus, ce que je désire le plus au monde, le grand sorcier me le refuse...
- C'est indiscret de te demander quoi ?
- Heu... En fait... Rick est si mignon... J'aurais beaucoup aimé avoir une aventure durable avec lui... mais Ganondorf ne supporte pas de voir des gens vivre ce qu'il a toujours désiré et jamais obtenu. Il nous aurait tués tous les deux.
- RICK TE PLAIT ??? Trop mignon... Et bien fait pour Ganondorf ! Aucune femme ne l'aimera jamais !
Mais tandis qu'il prononçait ces mots, l'elfe se rappela la raison initiale de sa présence dans la dimension. Il se rappela que la femme qu'il aimait était en larmes quelque part dans le château. Il demanda à sa nouvelle amie où la malheureuse pouvait se trouver.

Djingreï le conduisit vers la chambre de la jeune fille. Leïa était effondrée sur son lit et pleurait toutes les larmes de son corps. Link demanda à la télépathe de l'attendre dans le salon avec Raphaëlle. Il estimait qu'il devait régler le problème tout seul. Il s'approcha doucement de l'amour de sa vie.
- Leïa... Je suis là, ne pleure plus.
La demoiselle pleurait trop fort pour l'entendre. Alors le garçon lui caressa doucement le dos. Elle se redressa pour observer le miracle. Elle le regardait droit dans les yeux, sans rien dire, ne sachant pas ce qu'elle devait croire.
- C'est fini, Leïa. Je suis de retour. Je suis là. Tu ne souffriras plus.
La jeune fille avança timidement la main vers le visage de son sauveur. Elle caressa la peau douce du garçon.
- Je rêve, tu es mort... Tu es parti.
- J'ai l'air d'un fantôme ? lui demanda Link. Je suis vivant, près de toi et je vais te tirer de là.
La jeune fille se remit à pleurer, mais de joie. Elle se jeta dans les bras du garçon.
- Tu es revenu... Je n'y croyais plus... Oh Papa... papa...
Link avait-il bien entendu ? Leïa le prenait pour son père ?
- Heu... je ne peux pas être ton père. Regarde-moi, j'ai quasi le même âge que toi. Leïa, moi, c'est Link !
La demoiselle faillit s'étrangler et regarda son amant avec horreur.
- Toi ? Mais alors... Mais alors papa... A qui appartient la tête que mon aïeul m'a montrée ?
- Lui, c'est le héros des bois. Un homme qui a vécu il y a cinq cents ans. On le nomme Robin des bois. Je pensais que Zelda et Rick t'avaient mise au courant.
Contre toute attente, son amie refondit en larmes.
- Charmant... je fais des efforts monstres pour te rejoindre, je prends des risques inimaginables et c'est tout l'accueil que tu me fais ?
- Non, Link... Tu ne comprends pas... Où as-tu trouvé cet elfe ? Comment ?
- Son corps repose depuis cinq siècles dans une tombe en pleine forêt. Rick et Zelda ont pensé que notre ressemblance pourrait piéger Ganondorf. Il est mort depuis longtemps... Pourquoi fais-tu tant de manières ?
- Tu ne comprendrais pas... Ecoute... La dernière fois que j'ai vu l'homme à qui appartient ce visage, j'avais dix ans. Il était sur le point de prendre la mer et m'avait promis d'être de retour avant une semaine. Je l'attends depuis dix ans. J'aurais espéré qu'il soit toujours en vie... Mais vous venez de me prouver qu'il est mort ! Et ça veut dire que tu es lui.
- Je ne comprends rien à ce que tu dis. Ré-explique lentement et sèche tes larmes.
- Link... Ce Robin, c'était mon père.
Le silence tomba dans la pièce. Link n'arrivait pas à comprendre ce que la dame de ses pensées venait de lui dire. Son père... mort il y a cinq siècles ? Cela n'allait pas. Elle ne pouvait pas avoir attendu pendant dix ans un homme disparu il y a cinq siècles. Il fit part de cette réflexion à Leïa. Une autre voix lui répondit.
- C'est très simple, pourtant. Et pour cela, il faut t'expliquer l'histoire des Gerudos maudits.
L'elfe se retourna. Raphaëlle venait d'entrer dans la pièce. Elle avait pris une taille humaine, ses cheveux étaient devenus vert turquoise et ses belles ailes avaient disparu, mais c'était toujours elle. Les larmes de Leïa disparurent instantanément (ainsi que la tempête dehors).
- Raphi... Toi... Ici ! Je te croyais morte, toi aussi.
- Quand comprendras-tu que les premiers-nés sont immortels ? Ni Ganon ni le héros éternel ni moi ne pouvons disparaître aussi facilement.
- Heu... c'est touchant, les rencontres, mais j'aimerais que vous m'expliquiez ce que je n'arrive pas à comprendre.
La femme sourit et commença son histoire.

Chapitre 42 : Les Gerudos maudits   up

"La lignée des Gerudos maudits a commencé il y a près de 1200 ans, lorsque Ganondorf vivait au sein de la tribu Gerudo. Etant le chef de la communauté, il estima pouvoir prendre pour épouse la demoiselle de son choix, et il choisit le futur sage du temple de l'esprit, Nabooru. Le problème était que les sentiments n'étaient absolument pas réciproques et notre homme a dû avoir recours à des envoûtements pour en faire une épouse soumise. Lors d'une période de lucidité, elle réalisa qu'elle était sur le point d'accoucher. Elle profita du fait que personne ne la surveillait pour aller enfanter et cacher son enfant loin du regard malveillant de son sinistre époux.

Une dizaine d'années plus tard, le sorcier se mit à chercher la Triforce et entreprit d'envahir Hyrule. Ses plans furent anéantis par la princesse Zelda d'Hyrule et le héros du temps, un jeune homme nommé Link (je sais, c'est fou comme ce nom est populaire pour les héros) qui se révélait être une réincarnation du héros éternel. Au moment où ses adversaires le précipitaient dans le vide infernal, le sorcier maudit Link et lui fit le serment qu'il reviendrait se venger sur les descendants de l'elfe lorsqu'il ne pourrait plus les protéger. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que le héros du temps tomberait amoureux d'une fille qui vivait dans la forêt, qu'elle se nommait Tamara et qu'elle était la fille cachée de Ganondorf. Notre monstre était donc contraint de déverser sa vengeance sur ses propres descendants. De là est née la lignée des Gerudos maudits.

Link et Tamara eurent une fille, Tanis. Ganondorf tenta de s'en emparer, mais ses parents se battirent jusqu'à la mort pour qu'elle lui échappe. Notre ancêtre ne s'avoua pas vaincu et, cent ans plus tard, il retrouva Tanis et tenta de s'en emparer. Elle dut s'enfuir momentanément. Lorsqu'elle revint affronter son grand-père, ce dernier tua l'homme qu'elle avait choisi d'aimer, et cela devant nos yeux impuissants. Oui, j'étais déjà là... J'étais une créature errante, qui un jour arriva à Hyrule. Lorsque j'ai vu la tournure que prenaient les événements, j'ai tenté d'aider les deux héros de service. Tanis vengea la mort de son amant et mit au monde un fils. Son intention de départ était de l'élever avec amour, mais elle avait en elle le fragment de la révolte, et celui-ci la rongeait de l'intérieur. Elle dut partir seule à la recherche d'un remède. Nous nous sommes retrouvés dans une région située à des milliers de kilomètres d'ici. Alors qu'elle était gravement malade, elle me demanda de retrouver Robin et de le lui ramener. Ganondorf était hélas de retour et nous dûmes une fois de plus l'affronter. Au final, les combats avaient permis à Robin de rencontrer Diana-Zelda, et moi, de faire revenir mon île engloutie depuis des millénaires.

Enfin, le pays avait subi des ravages considérables et nous en étions tenus pour responsables. Nous avons quitté ce pays ingrat et sommes partis nous installer sur mon île, bénie par les dieux. Cette sainte terre, née de la main des dieux, est située hors du temps... Un an passé là-bas équivaut à cinquante années ici. Diana mit vite au monde une petite fille, Leïa. Nous pensions pouvoir vivre un bonheur éternel.

Malheureusement, les dieux en avaient décidé autrement. Robin avait été choisi pour être le héros éternel et le protecteur d'Hyrule. Lui et le royaume étaient donc intimement liés. A chaque fois qu'un malheur s'abattait sur le pays, Robin le sentait au plus profond de son âme. Il a donc été appelé plusieurs fois à retourner sur la terre qui l'a vu naître pour y rétablir l'ordre. Généralement, il ne s'absentait qu'une semaine ou deux de notre temps. Mais lorsque Leïa eut dix ans, un nouvel appel se fit ressentir, et cette fois, Diana tint à accompagner son époux. Cela devait être il y a environ cinq cents ans Hyliens et dix ans sur l'île. Moi et leur petite fille avons regardé le bateau s'éloigner... Et on ne les a jamais revus."

Link regarda l'ange, puis sa bien-aimée. C'était donc la triste histoire des descendants de Ganondorf, victimes de la réputation de leur ancêtre. C'était injuste. Apparemment, le héros éternel s'était incarné deux fois au moins dans la famille, ils s'étaient battus pour sauver Hyrule et on osait mettre tous les maux du royaume sur leur tête.

- Link, s'il te plaît, ne me touche plus de cette façon.
L'elfe fut tiré de ses pensées par les paroles de Leïa. Il réalisa que pendant que la première-née racontait son histoire, il avait inconsciemment serré la jeune fille dans ses bras et la tenait contre lui.
- Si tu veux, mais pourquoi ?
- Arrête ça, veux-tu ? Tu n'as toujours pas compris ? Toi et Papa ne faites qu'un. Notre relation, c'est de l'inceste.
- Mais c'est pas vrai ! Je ne suis pas ton père. C'est ridicule...
- Tu l'as été, cela suffit.
- Mais enfin... qui t'a mis une idée aussi stupide en tête ?
Raphaëlle interrompit la conversation.
- Celui qui le lui a dit, ce n'est pas difficile à deviner...
- Taisez-vous ! Oui, c'est lui. Pendant des mois, son unique obsession, c'était de briser ma résistance psychique, et sa meilleure méthode était de me faire enfoncer cette histoire en tête. Face à lui, mon fragment de la révolte me permettait de tenir, mais maintenant... Comprends-moi, Link. A chaque fois que tu voudras me câliner, je me demanderai si c'est correct, si je ne dois pas t'aimer comme une fille plutôt que comme une épouse. Je ne peux plus t'aimer comme je le faisais jadis. Plus que jamais, c'est mon père que je vois à travers toi.
Raphaëlle tenta de ramener sa fille adoptive à la raison.
- Ecoute, Link et Robin n'ont quasi rien en commun. Leur seul point commun, c'est qu'ils ont été choisis par le héros éternel pour lui servir d'enveloppe corporelle. Notre premier-né a bien sûr créé pas mal de similitudes. Tous ses hôtes obtiennent la même apparence, ont plus ou moins le même caractère, et sont prédestinés à détenir la Triforce du courage et à combattre le mal. Mais les similitudes ne vont pas plus loin. Mis à part ces ressemblances, Link et Robin n'ont rien en commun. A présent, redresse-toi !
Link réfléchissait également. Il pouvait comprendre le doute qui envahissait son amante, mais il n'était pas question que cette belle histoire d'amour finisse de cette façon.
- Si tu n'arrives pas à nous dissocier, dis-toi que tu es pour moi ce que ta mère était pour ton père, et inversement que je suis pour toi ce que ton père était pour ta mère. Nous avons les même rôles, mais on change le scénario (Ça va ? Tout le monde a compris l'explication ?). Comme eux, nous sommes confrontés à une terrible menace qui empêche notre bonheur, comme eux, nous allons l'affronter, mais cette fois-ci, on va s'en débarrasser pour de bon. Viens Leïa, nous allons nous débarrasser de Ganondorf, sauver le monde et vivre un bonheur sans fin.
- Je ne peux pas...
- Il faut qu'on se batte, mon amour. De plus, des amis à nous sont prisonniers ici. Leur vie est en danger. Nous devons les sauver.
- Je ne peux pas, je te dis. Je ne peux pas parce que... je sens que je perds les eaux... Je sens qu'il arrive.
Le garçon avait compris, son enfant était sur le point de naître. Avant qu'il ne puisse faire un seul geste, Raphaëlle l'avait empoigné et jeté hors de la chambre.
- Dans ce genre de situation, les maris sont interdits dans les chambres. Va me chercher Djingreï et attends-nous dehors !

Chapitre 43 : Sur l'échafaud   up

Il est huit heures du matin, mais aucune lueur ne traverse les nuages. Une foule de monstres s'est rassemblée sur la grande terrasse de la citadelle. Ils contemplent tous l'échafaud qui a été érigé avec de grandes difficultés. Un corps en piteux état y pend déjà. On chuchote qu'il s'agissait d'un traître, et que son apparence actuelle est due à la colère du maître. Les créatures frémissent... vu ce qui est arrivé à cet homme, mieux vaut ne jamais contrarier le seigneur du mal.

Un autre murmure parcourt l'assemblée... Le maître arrive avec son nouveau bras droit et les deux derniers mercenaires. Dans quelques instants, on aura droit à de nouvelles exécutions. Les monstres font une haie d'honneur à leur seigneur. Il se rend sans hésiter jusqu'au lieu de supplice de ses futures victimes. Il regarde ses créatures et annonce d'une voix bien forte :
- Dans quelques instants, vous verrez ce qui arrive à ceux qui osent se dresser contre nous. Faites-les venir !
Un autre bruit se fait entendre de l'autre côté de la terrasse. Une porte s'ouvre et des énormes moblins en armure apparaissent, traînant derrière eux quatre prisonniers couverts de blessures et de sang. Leur vue excite la foule. Les monstres tirent leurs victimes jusqu'au lieu de leur supplice. Ganondorf les regarde arriver avec un grand sourire. Lorsque la princesse est jetée à ses pieds, il parle enfin.
- Alors, Zelda, la nuit a-t-elle porté conseil ?
La jeune fille ne répond pas. Elle sait bien que plus rien ne la sauvera à présent. Autant mourir avec honneur.
- Toujours pas décidée à dire où se trouve Rick ? Mais peut-être que tu ne sais pas où il est finalement. Comment te le reprocher ? Ce n'est pas ta faute, finalement. Ce qui est dommage, c'est que dans ce cas, je n'ai plus besoin de toi, ni de tes amis.
Rajick tente de trouver une solution.
- On ne sait pas où il est, mais on peut le faire venir à un endroit précis. Si vous nous gardez vivants, on peut toujours l'attirer...
- Parce que tu t'imagines que je vais me bouger le cul pour vous ?
Les prisonniers sursautent à cette voix. Ils regardent autour d'eux, incrédules. Cette voix... Il ne peut quand même pas se trouver là.

Une silhouette sort de l'ombre d'un des poteaux du gibet. Son visage familier glace le sang des quatre martyrs. Leur ami était là et se promenait librement sur la plate-forme de la potence.
- Rick... mais, qu'est-ce que...
- Je fais là ? A ton avis ?
- Tu l'as fait, finalement. On l'avait prédit, on avait averti tout le monde que tu le ferais et tu l'as fait. Tu es revenu lécher les bottes du sorcier.
- Mais voyons, Rajick, mon maître n'a pas besoin qu'on lui lèche les bottes. Il a juste besoin de personnes qui font les bons choix et qui lui apportent ce qu'il demande sur un plateau.
- Sale traître ! C'est toi qui nous as vendus ! Tu as trahi tout le monde ! Tu as même trahi Link !
- Bah... dans l'état où il se trouve, je doute qu'il puisse me considérer comme tel.
- Qu'est-ce que tu en fais, hein ? Tu vas l'amener sur un plateau d'argent, lui aussi ?
- Sur un plateau d'argent, non... D'ailleurs, il est déjà ici...
Il fait signe aux derniers mercenaires, désormais ses subalternes, d'apporter un objet. Les malheureux condamnés découvrent avec horreur la tête du héros empalée à une lance. Les anciens voleurs veulent se jeter sur Rick. Ils le traitent d'ordure, de salaud et de tous les qualificatifs les plus abominables. Ganondorf observe les rixes d'un air amusé. Visiblement, il a spécialement voulu cette confrontation pour s'assurer de la sincérité de son second. Zelda, elle, ne dit rien... Mais l'angoisse envahit son âme. Elle sait parfaitement où Rick veut en venir. Ce scénario, ils l'ont élaboré à deux. Il se déroule selon leurs prévisions, à un détail près... Link et Leïa sont sensés intervenir avant qu'il ne soit trop tard, avant que les exécutions aient lieu. Que font-ils donc ? Où sont-ils ? Et dans l'état où sont les pseudo-voleurs de grands chemins, ils risquent fort de vendre la mèche, de dire la vérité au sujet de Link... qu'il n'a pas passé ces dernières semaines dans la tombe du héros des bois. Zelda doit leur faire comprendre la situation en finesse, et surtout... gagner du temps, permettre à Link de libérer la gardienne de la Triforce et d'ainsi sauver tout le monde.
- Rick, dit-elle, pourquoi as-tu fait ça ? Pourquoi as-tu décidé de trahir Hyrule ?
- Pourquoi ? Ça me semble pourtant assez clair, et ce n'est certainement pas pour sauver une princesse en détresse, c'est pas mon genre. Et ce n'est pas mon genre non plus de servir sous les ordres d'un bouffon comme Sir Marsias... Ah, tiens, au fait, avant de mourir, il m'a demandé de te faire un joli petit message : "Dis-lui que je l'aimerai pour l'éternité et que je prierai pour elle et pour l'avenir du royaume". Alors, c'est pas mignon ?
Zelda a un pincement au coeur... Marsias... Dans toute cette agitation, elle n'a même pas pensé à lui. Elle ne s'est même pas demandé si son fiancé était toujours vivant. Quelle sale égoïste elle fait... Comment n'a-t-elle pas pensé à lui ? Il est mort à présent. Des larmes roulent sur ses joues. Même si elle continue à vivre, ce terrible poids va peser sur sa conscience pour l'éternité... Elle a trop honte d'elle-même. Si seulement la mort pouvait apaiser sa douleur.

Ganondorf choisit ce moment pour mettre un terme à ce divertissement.
- Bien... c'étaient les ultimes paroles des condamnés. A présent, qu'on en finisse.
Il fait signe à des monstres de fixer les cordes aux cous des prisonniers. Il s'approche de la princesse et lui chuchote doucement à l'oreille.
- Pour ton information, le précipice au-dessus duquel ton corps va se balancer, c'est celui où ton bel elfe est tombé. Il a eu de la chance finalement. Ça lui a permis de m'échapper... provisoirement. Mais je veillerai personnellement à ce que toi, tu ne quittes pas ta place. Et maintenant, regarde tes amis...Votre ancien compagnon va les pousser un à un dans le vide, et puis ce sera ton tour. On garde le meilleur pour la fin.
Zelda tremble d'horreur... Rick va donc devoir tuer ses amis. Link et Leïa ne se montrent toujours pas. Ont-ils eu des problèmes ? Ou alors attendent-ils que le sorcier s'éloigne de ses victimes pour éviter de les blesser ? Ces questions lui importent peu, finalement. Tout ce qu'elle veut, c'est rejoindre Marsias et enfin lui avouer toute l'affection qu'elle lui porte. Oui, elle veut en finir.

Ganondorf crie à son second d'agir. Le malheureux Rick s'approche donc du prisonnier le plus proche de lui, Rajick. Ce dernier, dans un ultime mouvement de rancune, lâche à son ancien ami :
- Alors voilà... Maintenant que tu as gagné, tuer tes anciens amis ne te causera aucun problème. Tu te fiches complètement d'être persécuté par des âmes tourmentées.
- Voyons, Rajick, tu sais bien que tu m'as maudit il y a longtemps déjà. Qu'est-ce que ça va changer ? Et si tu veux savoir si vous tuer va me faire souffrir, c'est oui. Je vais abandonner pour de bon les souvenirs d'une agréable vie, mais celle-ci n'est pas mal non plus. Je suppose donc que je vais vite m'en remettre.
Devant le regard cruel de son maître, Rick pousse son ami dans le vide.
Au moment où la corde se tend, un étrange objet la casse. Le garçon tombe dans le vide. Trois secondes plus tard, un ange gigantesque sort des abîmes, en tenant l'infortuné dans ses bras.

Chapitre 44 : Le dédoublement   up

La magnifique créature aux grandes et majestueuses ailes blanches vole vers un toit et y dépose son précieux colis. Ensuite, elle revient planer près de l'échafaud.
- Qu'est-ce que tu attends, mon mignon ? Continue de les pousser dans le vide... Je les sauverai de la même manière.
Ganondorf reprend ses esprits.
- Raphaëlle, quel plaisir de te revoir ! Mon second m'avait annoncé ta venue, mais je ne m'attendais pas à te voir aussi tôt.
- Je ne pense pas être de bonne humeur aujourd'hui, alors garde tes commentaires pour toi. A présent, relâche les prisonniers avant que je me fâche.
- Et tu feras quoi ? Je te signale que tu as trois personnes à sauver en même temps... Tu ne peux pas les sauver à toi seule.
- Mais qu'est-ce qui te fait croire qu'elle est seule ?
Le seigneur du mal se retourne vers la nouvelle voix, voix qui lui est si désagréable à entendre. Link se tient debout sur le toit de l'édifice, bien vivant et entier, dans sa fameuse tenue verte. A côté de lui se trouve Leïa, aussi forte et énergique qu'à leur première rencontre. Il est certain qu'elle n'attend plus d'enfant. Le sorcier n'arrive pas à comprendre ce qui arrive. Comment ses trois plus grands adversaires, qui sont sensés être hors d'état de nuire peuvent-ils se trouver là ? Un sourire plein de colère et de haine se dessine sur le visage de Link. Il prend doucement la main de sa tendre moitié.
- Leïa, je souhaite que Ganon et Ganondorf soient à jamais séparés et dissociés l'un de l'autre.
Leïa regarde son ancêtre d'un air vengeur.
- Souhait accordé !
Elle pointe son doigt vers l'homme qu'elle hait tant, qui l'a tellement fait souffrir. Un trait de lumière presque invisible à l'oeil nu sort de l'index et fonce droit vers le Gerudo. Deux secondes plus tard, l'être maudit se retrouve enfermé dans une bulle violette et lumineuse dont s'échappent de violents éclairs. Les puissants pouvoirs qui y sont concentrés le font hurler de douleur. Les monstres présents sur la terrasse, dépassés par les événements et sentant le règne de leur souverain arriver à son terme, décident de s'échapper pour éviter les foudres de l'héritière du seigneur du malin. Aucun d'entre eux n'a oublié ce dont elle est capable et ne souhaite subir sa colère.

Au bout de quelques minutes, il ne reste plus personne sur la terrasse que Raphaëlle, Ganondorf, les prisonniers, Rick, Link et Leïa. Une violente lumière sort de la bulle qui enferme le sorcier, puis un hurlement de douleur bestial se fait entendre. La bulle se transforme en fumée et se répand sur la terrasse. Elle se transforme en une créature de cauchemar, sorte de Minotaure de six mètres de haut, poilu, avec une longue queue de sept mètres faisant office de fouet, des gigantesques mains griffues, de grandes cornes et deux grands yeux couleur de braise. C'est Ganon. Le monstre hurle de colère, fait battre sa queue et se jette sur ses adversaires.

Leïa dit :
- Je veux m'occuper personnellement de Ganondorf. Vous, les premiers-nés, puisque vous êtes prédestinés à combattre vos semblables maléfiques, détruisez Ganon.

Chapitre 45 : Le grand combat, du côté de Rick et Zelda   up

Dès qu'il comprend que le grand combat va commencer, Rick fonce vers ses amis, et tente d'enlever les cordes.
- Qu'est-ce que tu nous fais ?
- Ça ne se voit pas ? Je te libère pour que tu puisses t'échapper et éviter la colère de Ganondorf.
- Mais dans quel camp tu es, à la fin ?
- Celui de Leïa et de Link, bien sûr. Arrête de bouger, que je puisse couper la corde.
A cet instant, Ganon commence les hostilités. Il fait apparaître de nulle part des gigantesques sabres qu'il essaye d'utiliser comme des tapettes à mouches sur ses deux adversaires.

Rick parvient à enlever la corde. En remerciement, son compagnon lui envoie un puissant coup de poing dans le ventre.
- Désolé, mais j'avais vraiment envie de frapper... Et tu dois avouer que tu l'as mérité. Pourquoi es-tu retourné auprès de Ganondorf ? Pourquoi t'as été aussi cruel ? Tu étais même prêt à nous tuer.
- Il fallait bien. Je devais entrer dans la forteresse et y faire entrer Link. La seule façon d'y arriver en un seul morceau, c'était comme un brave soldat fidèle, et qui lui est encore utile.
- Mais c'était nécessaire de nous tuer, de nous insulter ?
- Idiot... Il se serait douté de quelque chose. A ce que Mademoiselle Leïa m'a dit, ses ancêtres lui faisaient le coup à chaque génération. Depuis le temps, il a appris à se méfier. Il faut être de plus en plus convaincant. Maintenant, essaye de sortir le plus vite possible de la citadelle, et attends-nous à l'entrée.
Le prisonnier hoche de la tête et s'efforce de s'enfuir discrètement en évitant les combattants. Rick se dirige vers le deuxième condamné.
- J'y comprends plus rien, Rick. C'est qui, l'ange ? Et comment ça se fait que Link soit entier et en train d'affronter le monstre, alors que sa tête est fixée sur la lance.
- Idiot, la tête qui sert de trophée, ce n'est pas celle de Link. C'est celle du héros des bois. Zelda et moi avons décidé d'exploiter leur ressemblance pour faire croire au sorcier que le corps de Link reposait au fond de la tombe du héros. On lui a même mis sa tenue préférée... Ganondorf n'y a vu que du feu. Il a cru que je l'avais vraiment tué et ça m'a permis d'entrer sans problème dans la citadelle, avec un Link de cinq centimètres et une petite fée dans la doublure de mon manteau. Je les ai lâchés dans la prison de Leïa et ils se sont arrangés pour se libérer. Bien... tu es libre. Suis le chemin de Dolm et attends la fin des affrontements là-bas. Il ne faut pas qu'on gêne les héros du jour.
Le garçon s'en va à son tour. Rick se dirige à présent vers Zelda. Il doit faire un bon sur le côté pour éviter un éclair perdu lancé par une Leïa enragée. Quelques secondes plus tard, il doit esquiver tant bien que mal la queue de Ganon qui s'agite dans l'air comme un fouet. Il finit par atteindre la jeune fille.
- Ça va ?
- J'ai eu peur, vraiment peur que ce soit la fin
...- Désolé pour les sueurs froides. J'étais tout aussi inquiet que toi de ne pas voir arriver les sauveurs du monde.
- Au fait, c'est qui, l'ange ? Je ne l'ai jamais vue... Vous l'avez croisé où ?
- Je n'ai pas vraiment compris qui c'était. Tout ce que je sais, c'est qu'elle a élevé la descendante de Ganondorf comme sa propre fille et que c'est une première-née.
- Une première-née ? Tu te fiches de moi ? Ce sont des créatures de contes Gerudos. Ça n'existe pas !
- Et bien, dans ce cas... Link, Ganon et elle n'existent pas. Ils en sont tous les trois.
- Bon... on règlera ce débat plus tard. Libère-moi et allons-nous-en.
Rick s'exécute. Il achève de trancher la corde.
- Euh... il n'aurait pas été plus simple de nous ôter la corde du cou ?
- Ça se voit que tu ne connais pas les dispositifs de sécurité de mon ex-patron. Il les a ensorcelées... Lorsqu'on essaye de les ôter d'un coup, les cordes se serrent davantage, et elles finissent par étrangler leur victime. Il faut d'abord trancher la corde si on veut s'en débarrasser.
Alors qu'il vient de libérer la princesse et qu'ils se préparent à partir, la queue de Ganon fonce à nouveau sur eux. Ils n'ont pas le temps de l'éviter. Complètement assommés, ils sont propulsés dans le précipice. Les autres combattants, trop occupés à se défendre, ne remarquent rien.

Chapitre 46 : Le grand combat, du côté de Link et Raphaëlle   up

Les deux premiers-nés se jettent sur leur némésis. L'ange frôle l'elfe et lui lance une grande et puissante épée.
- C'est à toi. Je l'ai trouvée dans les rochers. Elle doit s'y trouver depuis ton dernier passage. Il est primordial que tu t'en serves. C'est une des seules armes ayant un effet sur Ganon.
- Comment tu sais ça ?
- Robin, Leo et Link l'ont tenue entre leurs mains... C'est l'épée de légende qui appartient au héros éternel. Les trois derniers élus en titre l'ont utilisée pour affronter Ganon, mais aucun d'eux n'a su l'utiliser convenablement. Maintenant, tu vas t'en servir exactement comme je te le dis

La discussion est brusquement interrompue par Ganon qui essaye de les écraser avec ses sabres. Les deux guerriers se séparent pour esquiver les coups. L'ange, qui a récupéré ses gants, tourne près de la tête du monstre et lui lance des boules de lumière pour l'aveugler. Link, qui est au sol, essaye de trouver le point faible de leur adversaire. Ce n'est pas facile car Ganon bouge dans tous les sens, et balaye la cour avec sa queue.... Sa queue... L'extrémité est une sorte de sphère translucide garnie de piques. Le fouet serait bien moins dangereux sans elle. Link crie à sa coéquipière qu'il faut trouver un moyen d'immobiliser le fouet pendant un court instant. L'ange lance une boule de lumière dans les yeux du monstre, puis vole (c'est le cas de le dire) au secours de Link. Elle stoppe la queue en l'enfermant dans de puissantes et lourdes chaînes (mais d'où elles sortent, ces chaînes ?). Le fouet étant immobilisé, l'elfe se jette sur la sphère et se défoule. Elle est trop résistante. De rage, il décide de la séparer du monstre. Il se met à taillader la queue. Ganon hurle de colère et frappe la femme ailée. Il l'envoie dans le décor et se libère.

Link, se retrouvant tout seul, se demande s'il a bien trouvé un point faible. Le Minotaure tente de l'écraser avec ses sabres. L'elfe doit slalomer pour éviter les coups. Il s'installe sous les pattes du monstre, seul endroit où il est à l'abri de tous les coups et réfléchit. La créature semblait particulièrement sensible à la queue. S'il arrivait effectivement à trancher celle-ci, le monstre perdrait tout contrôle pendant un moment. Il pourrait alors être dangereux, mais se tiendrait moins sur ses gardes. La créature tourne sur elle-même, à la recherche de son adversaire. Sa queue balaye la terrasse. L'elfe s'inquiète pour les autres. Un coup d'oeil lui indique que Leïa est indemne, mais que Ganondorf a reçu le projectile de plein fouet. Il est allongé sur le sol sans connaissance. La jeune fille semble décidée à l'achever. Elle hurle de colère et lui jette une foule de sorts. Ensuite Link regarde l'échafaud. Il n'y a plus personne. Les prisonniers et Rick ont donc dû réussir à s'échapper sans trop de difficulté.

Il est tiré de ses pensées par un éclair lancé par Leïa. Il ne sait pas si la jeune fille l'a fait exprès, mais cet éclair a frappé une des jambes du monstre et ce dernier s'effondre. L'elfe en profite pour foncer sur le fouet géant, l'immobiliser en le plaquant au sol avec le fléau et continue son opération de déchiquetage. Il ne se tient pas sur ses gardes. Il ne se rend pas compte que le démon s'est redressé. Il est trop tard quand il le réalise. La créature le saisit dans une de ses mains griffues. Elle le compresse, pour broyer ses os. Notre elfe hurle de douleur.

C'est à ce moment que Raphaëlle revient sur le ring. Elle utilise une énorme hache pour tailler une des pattes de Ganon (mais d'où sort-elle toutes ses armes ?). Sous la douleur, ce dernier lâche sa proie et s'effondre à nouveau. Link reprend ses esprits, saisit son épée et le fléau, et retourne achever son travail. La queue remue faiblement. L'elfe termine sans difficulté sa besogne. Dès que l'extrêmité sphérique de la queue est séparée, celle-ci explose. Ganon pousse un long cri d'agonie. Son corps se dessèche et tombe en poussière.

Ganon, le premier-né maléfique, la plus grande menace que le monde ait jamais connue, expire.

A ce même moment, un énorme vortex apparaît. Leïa y pousse le corps inanimé de Ganondorf.

Chapitre 47 : Le grand combat, du côté de Leïa   up

Alors que Link reçoit ses instructions de la part de l'ange gardien, la gardienne de la Triforce rejoint son ancêtre. Ce dernier est encore loin de s'être remis du choc de la séparation. Il a du mal à se remettre debout, et a perdu le sens de la réalité. Leïa hésite un instant. Contrairement à lui, elle n'aime pas s'en prendre aux plus faibles. Elle met peu de temps à comprendre que l'homme a perdu presque tous ses moyens. Il en est tellement pitoyable qu'elle en a pitié.

Mais il finit par se redresser. Il ne sait pas comment il doit regarder son arrière-arrière-petite-fille. Sur son visage à elle, il lit une haine réprimée depuis des mois, et prête à exploser.
- Qu'est-ce que tu attends, ma petite ? Aurais-tu des remords à l'idée de tuer ton cher arrière-arrière-grand-père ?
- Je suis juste en train de réfléchir à la façon dont j'allais te faire payer ces longs mois de séquestration. Tu sais, j'ai passé bien des semaines à attendre cet instant. J'ai imaginé mille et une tortures. Mais à présent, j'ai tellement d'idées que je ne sais plus choisir.
- Voyons... j'ai été si méchant que ça ? Bon, au début, c'est vrai qu'il fallait que je te calme. Et puis, en tant que père de remplacement, j'ai bien le droit d'avoir mon mot à dire sur tes fréquentations. Avoir donné ton corps à mon pire ennemi, c'était très vilain.
- C'est drôle, mais quand tu as appris l'identité du père, tu étais plutôt content.
- Parce que finalement, il y avait un avantage... Cette union a renforcé les liens de la Triforce avec ma famille. Imagine, ton fils est le descendant d'un porteur du fragment de la force, d'une porteuse de la Triforce de la sagesse, deux ou peut-être trois porteuses de la révolte... et finalement quatre porteurs de celle du courage. Il est prédestiné à les posséder tous les quatre. Comme toi, en somme.
- Je ne vois vraiment pas ce qui t'intéresse. C'est lui qui aura les fragments et personne d'autre. Et de toute façon, tant que je vivrai, personne n'aura la Triforce.
- Mais puisqu'on parle de ton gamin, qu'est-ce que tu en as fait ? Tu as avorté ?
- Il est vivant, et hors de ta portée. Il grandira dans un monde sans nuage et avec ses parents, non sous ta tutelle comme tu l'espérais.
- Tu n'as pas l'air très convaincue quand tu parles de votre vie de famille. Tu sais bien que la malédiction de la famille vous empêchera de vivre heureux. Il vous perdra.
- Il y a bien des façons de faire face à une malédiction. J'ai quand même vécu dix ans avec ma famille.
- Ne crois pas t'en tirer à si bon compte... Les preuves du passé ne t'ont rien appris ? Un jour, je reviendrai... et vous ne serez pas là pour protéger votre fils. Soit il se joindra à moi, soit il souffrira. Les aventures de ton père vont se répéter.
Leïa ne le laisse pas continuer. Elle le propulse contre un mur en lui lançant ce qui ressemble à un éclair.
- C'est donc tout ce dont tu es capable à l'article de la mort ? Continuer de nous maudire ? De nous promettre un sombre avenir et une vengeance ? Pourquoi donc t'acharnes-tu sur nous ?
- Parce que vous m'avez tous terriblement déçue, et trahie. Cela a commencé avec Nabooru, qui m'a caché ma fille. Depuis, aucun de vous ne m'a donné la chance de me racheter.
- Tu oublies Papa... C'est toi qui as tout gâché !
- Non, c'est Raphaëlle. Elle n'aurait pas décidé de s'en mêler, les choses seraient tellement différentes aujourd'hui. Tes parents m'auraient succédé, et toi aussi.
- Tu regrettes tant que ça que Raphi soie venue ? Elle m'a pourtant dit tout le contraire... Ne raconte pas de bêtises. Les meilleurs moments de ta misérable vie, c'est avec elle que tu les as passés.
- C'est vrai... un véritable rêve... Mais le réveil a été des plus pénibles... J'ai vraiment l'impression que rien de tout cela ne s'est passé. M'a-t-elle seulement aimé ? Cette question m'a tourmenté chaque heure de mon exil dans le vide infernal. J'ai voulu croire que oui, et qu'elle me donnerait une seconde chance à mon retour sur terre. Lors de notre dernier affrontement, elle me donnait cette impression. Mais quand je suis venu vous rejoindre, elle était déjà convaincue qu'il fallait m'éliminer. Si elle avait voulu de moi... On n'en serait pas là non plus. Si j'avais eu le coeur de Raphaëlle, je n'aurais rien demandé de plus.
L'homme se tait. Sa descendante est stupéfaite par ce discours. Pendant sa longue captivité, il avait tenté de la sensibiliser, mais jamais à ce point. Il ne lui avait jamais dit qu'il aimait tant sa mère adoptive. Est-ce une nouvelle manière de la piéger ? Il sait parfaitement qu'elle est plus forte que lui. S'il veut s'en sortir, il doit employer la ruse... Comme six mois plus tôt.
- Avant que tu ne me tues, ai-je le droit de poser deux dernières questions ? Comment es-tu sortie de ton "monde" et comment Link est-il revenu à la vie ?
- Mais Link n'est jamais mort... Le pouvoir des premiers-nés l'a protégé jusqu'au bout. La tête que Rick t'a montrée, c'est celle de Papa.
- Celle de ???
Il se retourne en direction de son second, occupé à délivrer ses amis, prêt à le foudroyer. Leïa dévie toutes ses attaques avec des éclairs. Certains d'entre eux sont, malgré tout, aussi dangereux que les sorts de Ganondorf.
- Trompé jusqu'au bout. Moi aussi, je suis maudit.
- Là, c'est à toi d'assumer. Durant ton existence, tu as vraiment tout fait pour.
- Pourquoi tellement peu de reconnaissance de ta part ? Pourquoi es-tu si ingrate ? Tu me haïssais sans même me connaître. Ne va pas me dire que c'est aussi à cause de la malédiction !
- Je n'étais pas là au moment des faits. Si tu n'avais pas été mauvais perdant, tu te serais, sans conteste, épargné beaucoup de souffrances. A présent, les révélations à propos de ce brave garçon t'ont-elles éclairé sur la méthode que j'ai utilisée pour m'échapper ?
- Laisse-moi deviner... Rick avait prévu que je te montrerai son trophée... et il en a profité pour introduire Link dans la prison. Ensuite, ton amoureux t'a fait annuler le souhait qui te retenait entre ces murs. A présent, avant que tu ne me tues, une dernière question... As-tu essayé d'annuler le souhait que j'avais fait à propos du sort d'Hyrule ?
Le visage de Leïa pâlit. Elle a complètement oublié ce souhait-là... Non, elle ne l'a pas annulé, et Ganondorf a veillé à demander que ce souhait soit irrévocable. L'homme sourit.
- Je vois... Léger oubli... Tu sais donc ce qui arrivera si tu me tues...
Ses paroles sont interrompues par l'incontrôlable queue de Ganon. La sphère qui termine le fouet est sur le point de fracasser la tête de la jeune fille. En un bon, l'homme la plaque au sol pour lui éviter le pire.

Leïa se redresse un peu sonnée. Elle ne comprend pas ce qui lui est arrivé. Elle voit juste son père de remplacement effondré sur le sol, dans une mare de sang. La redoutable arme du démon l'a atteint au front. Complètement déboussolée, elle se met à lui lancer des sortilèges.
- POOOUUURQUOIII ??? POURQUOI T'AS FAIT ÇA ???
Leïa ne sait vraiment plus quoi penser. A-t-il donné sa vie pour la sauver ou pour faire sombrer le monde ? S'agit-il d'un accident ? A-t-il tenté, dans un stupide espoir, de s'emparer à nouveau de la Triforce ? Non... à la façon dont son corps est étendu... il avait voulu la protéger. Comment Leïa doit-elle le considérer à présent ? Elle est déchirée entre la colère et le remords. Elle s'approche de lui, et se met à guérir ses blessures. Le crâne de l'ancien seigneur du mal a cependant subi de trop lourds dommages. Il est condamné. Dans un ultime sursaut, il saisit le bras de la jeune fille. Il croise son regard rempli de larmes et de peur.
- Même si tu me détestes, tu es ma descendante préférée.
Et Ganondorf ferme les yeux pour la dernière fois.

Même si elle a envie de fondre en larmes, Leïa agit vite et avec sang-froid. Elle l'enferme dans une bulle protectrice qui le maintient en vie artificiellement. Combien de temps cela durera-t-il ? Elle ne le sait pas... Mais la vie ne doit jamais le quitter. En prenant du recul et en se calmant, elle songe à l'avenir du royaume... Que Ganondorf vive ou meurt, il est en danger, mais la menace est différente... Elle doit faire en sorte qu'il ne revienne pas. Elle se lève et ouvre un vortex vers une autre dimension. Elle y fait voler le cercueil improvisé. Elle sait qu'avec beaucoup de temps, son ancêtre retrouvera la vie et ses forces, mais sans pouvoirs, il ne risque pas de revenir.

A ce même moment, une longue et grave plainte annonce les derniers soupirs de Ganon.

Chapitre 48 : Tous ces efforts...   up

Raphaëlle aide Link à marcher. Le passage dans la main du démon a dû lui briser quelques os. Un léger vent se met à souffler sur le flanc de la montagne. Les deux premiers-nés s'approchent de Leïa.
- Qu'est-ce que tu as fait ? Tu avais l'occasion de le supprimer, et tu le renvoies en enfer ?
- Il y a quelque chose dont j'ai oublié de vous parler... Mais il faut que j'explique la situation à la famille Royale d'Hyrule. Ils ont des dispositions à prendre.
- Je ne comprends pas.
A cet instant, un grondement venant du ciel se fait entendre... Il se met à grêler.
- C'est étrange... Ganon et Ganondorf sont hors d'état de nuire... Pourquoi les choses empirent-elles ?
- A cause du problème dont je voulais vous parler. Venez... nous devrions partir d'ici. J'expliquerai tout au roi et à Zelda
La gardienne de la Triforce guérit les blessures de Link, et ils se mirent en route. Ils mirent une quinzaine de minutes à trouver la sortie, et eurent la surprise de n'y trouver que les trois anciens brigands.
- Rick et Zelda ne sont pas là ?
- Non, pas vus...
- Ils seraient encore dans la forteresse ?
- Rick a certainement les meilleures connaissances quant à la citadelle. Il ne peut pas se perdre. J'espère qu'ils n'ont eu aucun problème.
- Relax. Si Rick connaît mieux la citadelle, il connaît certainement une autre sortie. Il doit certainement nous attendre plus bas.
La petite équipe descendit de la montagne, et toujours pas la moindre trace de leurs amis. Au bout d'un moment, Leïa décida de mener des recherches plus sérieuses.
- Prenez ma main. Je vais nous téléporter au sanctuaire de pierre. Je vais y solliciter l'aide de Djingreï. Elle saura repérer leurs esprits.
Chose dite, chose faite. Lorsqu'ils apparurent au milieu de la grande salle octogonale, ils furent accueillis en rois et portés en triomphe. Ils furent sommés de raconter l'histoire en détail.
- Heu, dit Leïa hésitante, en fait, Hyrule est encore loin d'être sauvée...
Le silence tomba dans la salle.
- Je veux dire... Je n'ai pas eu le temps d'en parler, car ça m'était sorti de la tête, mais peu de temps après que Ganondorf se soit emparé de la Triforce, il m'a fait exaucer un certain souhait, qui lie le destin d'Hyrule au sien. C'est pour ça que je ne l'ai pas tué. Si l'homme et le démon étaient détruits, Hyrule aurait subi le même sort. Hélas, à voir le temps qu'il fait dehors, son souhait risque de se réaliser à moitié, puisque le démon n'est plus. Et malheureusement, le monstre a tout fait pour que le souhait soit irrévocable. Son souhait fut le suivant : "Qu'à ma mort, le destin du royaume s'accomplisse. Que la fin de l'un entraîne celle de l'autre et que nous finissions tous deux au fond des océans.". Il a ajouté que ce souhait devait servir de prophétie, et qu'aucun pouvoir en ce monde ne peut l'annuler.
Tous la regardaient d'un air incrédule. La demi-Gerudo était-elle en train de leur annoncer que tous ces efforts, ces combats et cette souffrance n'avaient servi à rien d'autre qu'à les mener à leur perte ? La petite fille du monstre leur annonçait qu'elle n'avait pas d'autre choix que de les tuer. La colère commençait à envahir la salle. Ces Gerudos seraient à jamais la cause de tous les problèmes d'Hyrule.
Le roi, voulant éviter des catastrophes, prit la parole.
- C'est très aimable de nous prévenir, mais que voulez-vous qu'on fasse, à présent ?
- Simplement que vous m'aidiez à trouver une solution pour sauver tout ce qui peut l'être.
- Mais tu viens de nous annoncer que le royaume était condamné.
- L'ennemi n'est pas entièrement mort. Ganondorf est maintenu artificiellement en vie dans une autre dimension. Le peuple a encore droit à un avenir. Il nous faut juste déterminer lequel.
Le mouvement de colère s'était dissipé pour faire place à de l'incertitude. Raphaëlle jugea bon d'intervenir.
- Ecoutez... je sais que cela fait longtemps que je ne suis pas venue à Hyrule et que je ne suis peut-être pas la mieux placée pour en parler, mais je connais cette terre depuis sa naissance et je l'ai vue évoluer. Hyrule a plus de 4000 ans d'existence. Il est rare qu'en ce monde, des pays subsistent si longtemps. Hélas, Majesté, je ne veux pas vous blesser, mais votre pays est vieux et malade. Le mal l'a trop rongé et les dieux, représentés par ma fille adoptive, ne peuvent pas tout arranger. Il y a bien trop de choses qui ne vont plus. L'intervention de Ganondorf n'a fait que l'affaiblir davantage. Croyez-moi, le sort du royaume était scellé bien avant l'intervention de Leïa.
Un silence gêné, ainsi qu'un profond désespoir envahirent la pièce. Le roi n'avait jamais paru aussi vieux et faible.
- Je ne pense pas que nous soyons pressés. Réfléchissez sagement, nous prendrons les décisions plus tard. En attendant, Link et moi avons des choses à faire.
La première-née se tourna vers l'elfe.
- Viens, trouvons Djingreï et allons chercher tes amis.
Leïa voulut les suivre, mais elle fut arrêtée par le roi. Le vieil homme lui demanda de rester près de lui. Il tenait à discuter rien qu'avec elle du problème.

Chapitre 49 : Recherches   up

Link et Raphaëlle partirent donc seuls. Ils trouvèrent la télépathe trois étages plus bas, dans ce qui devait être la garderie. La jeune femme en aidait trois autres à surveiller une douzaine d'enfants, dont Soraya-Zelda. La fillette était très énergique et dirigeait avec plaisir toute la bande dans un jeu qui ressemblait à une chasse au trésor. Link pensa à Zelda. La jeune femme lui avait semblé être un excellent chef, mais sa petite soeur était faite du même moule, en beaucoup plus actif. L'enfant pourrait faire une bonne souveraine, elle aussi.

Link vit dans un coin une femme occupée à bercer un nouveau-né aux oreilles pointues, son fils. L'elfe s'approcha de la femme et lui demanda de lui passer l'enfant. Ce dernier se réveilla et regarda son père d'un air étonné, ne sachant pas comment réagir. Le coeur de Link, lui, était en train de fondre devant ces adorables petits yeux bleus interrogateurs. Il oublia complètement ce pourquoi il était descendu et s'installa sur un fauteuil pour jouer avec l'enfant. Le petit être s'efforçait d'agripper ses doigts. Son air déconcerté faisait sourire son père. Au bout de plusieurs minutes, le bébé fut fatigué et s'endormit comme une masse. La nourrice fut surprise de ce comportement, ayant elle-même mit plus d'une heure à l'endormir.

C'est ce moment que choisirent Raphaëlle et Djingreï pour ramener Link à la réalité. Elles le sommèrent de rendre le nouveau-né à la gardienne et de les suivre. Le jeune homme leur obéit de bonne grâce et se sépara de l'enfant. Ensuite, ils se dirigèrent vers la sortie principale du sanctuaire. Une fois dehors, la première-née étendit la main. L'espace devant le groupe se mit à se tordre. Les couleurs se mélangèrent... Et un vortex apparut. La femme fit signe à ses coéquipiers d'avancer à l'intérieur. A la grande surprise de ces derniers, ils arrivèrent sur le site de leur combat contre Ganon. Djingreï se mit immédiatement à chercher les esprits de Rick et Zelda.
- C'est inquiétant, je ne les sens absolument pas... Aucune activité psychique.
- Ils sont peut-être inconscients.
- Non, si c'était le cas, je les sentirais rêver. Les seules explications possibles, c'est soit qu'ils sont à plus de 700 mètres, soit que leur esprit est parti pour l'autre monde.
- Ne dis pas de pareilles horreurs... Rick a dû trouver un autre chemin, et ils traînent dans la vallée.
- Oui, ça doit être ça. Rick veut montrer à la princesse l'endroit où on a enterré Sir Marsias.
- Bonne déduction, Link. Je vais voler jusque là. En attendant, fouillez la citadelle. Vous pourriez trouver des indices.
Les jeunes gens l'approuvèrent et ils se séparèrent. La première-née déploya ses ailes et s'envola. Restés seuls, Link et Djin continuèrent les recherches.
- C'est étrange... je sens des esprits, mais ce n'est certainement pas nos amis.
- Ce serait quoi, d'après toi ?
- Ces souvenirs... ces pensées... Je les vois contempler une jeune fille enchaînée à une table de torture... Un troisième larron tente de la violer... Ganondorf entre dans la pièce et lance une boule de feu sur l'agresseur... Pas de doute, je suis en train de lire dans les pensées de Knil et de Frodnonag. Ces deux mercenaires sont toujours en vie.
- S'ils sont toujours dans la citadelle, il y a de fortes chances pour que la disparition de nos amis ait trouvé son explication.
- Tu l'as dit. Allons les "interroger". Je vais essayer de les repérer en lisant leurs pensées.
La localisation ne fut pas difficile. Les deux amis se mirent en route. Bien que déserts, les bâtiments gardaient encore l'atmosphère de leur dernière occupation. Les quartiers de maître étaient encore convenables, mais dès que les deux jeunes gens descendirent dans ce qui était devenu les casernes, ils découvrirent un domaine où la saleté, le désordre et la puanteur régnaient en maîtres. Link eut un haut-le-coeur, non pas à cause des horreurs qu'il découvrait, mais parce que des bribes de souvenirs lui revenaient à l'esprit, en lui montrant ce à quoi ressemblait la citadelle quelques mois auparavant. Le contraste avait de quoi saisir. Les beaux couloirs propres ornés de bas-reliefs étaient envahis de détritus, de restes de repas moisis et les murs étaient couverts de graffitis. Link se souvenait d'agréables jardins agrémentés de statues. Ces lieux avaient visiblement servi de fosses d'aisances. Au fur et à mesure de leur progression, la douleur de l'elfe se transforma en colère. Son amie jugea bon de lui changer les idées. Elle lui fit remarquer que sa mémoire devenait plus coopérative et qu'il devait être possible qu'elle revienne entièrement. Il fallait juste qu'il la laisse faire du ménage dans son esprit. Cette nouvelle enchanta et calma le jeune homme, qui promit de se laisser faire dès qu'ils auraient terminé leurs recherches. Les deux équipiers continuèrent leur progression. Au bout d'un moment, ils arrivèrent dans un sinistre couloir menant sur une corniche. Ils entendaient des voix s'en échapper.
- ... Partir.
- Et pour aller où ? Je ne serais pas étonné qu'ils aient lancé des avis de recherche à notre sujet.
- Détrompez-vous, dit Link en sortant de l'ombre. On a des choses bien plus intelligentes à faire que de courir après des types comme vous.
Les deux voyous sursautèrent à son apparition, mais se ressaisirent. Ils regardèrent le nouveau venu avec un sinistre sourire.
- Alors, qu'est-ce que monsieur le lutin de service vient faire dans un endroit aussi mal fréquenté, où il ne pouvait que tomber sur nous deux ?
- Ça va dépendre de vous... J'ai bien envie de vous tuer, pour ce que vous avez fait à mes amis, mais une légère information pourrait me faire changer d'avis.
- C'est que le moucheron a envie de négocier... Ecoute-nous bien, sale petit ***. Donne-nous une seule bonne raison de ne pas te mettre en pièces.
- Une bonne raison ? C'est que vous n'y arrivez pas ! Le "moucheron" a pulvérisé votre patron, et vous allez finir au même endroit si vous ne vous montrez pas coopératifs.
Les deux mercenaires rirent grassement et dégainèrent leur épée. Link eut un bref moment de recul en observant l'épée de Knil. C'était lui qui avait blessé Sir Marsias. Si Link recevait un coup d'épée, le même poison allait se répandre dans ses veines. Il n'eut pas à s'inquiéter bien longtemps. A l'instant où les deux vils personnages se lançaient sur lui, ils furent subitement pris d'horribles maux de tête. Ils rampaient sur le sol en se tenant le crâne entre les mains.
- DJINGREÏ !!! JE SAIS QUE C'EST TOI QUI FAIS ÇA, SALOPE ! Tu t'es donc vendue à l'ennemi ? Quel a été le prix, hein ? Une vie confortable et pleine de richesse, un homme qui puisse t'honorer convenablement au lit ? Je parie que tu t'es déjà envoyé l'elfe vert. AAAARRGH !
Le mauvais guerrier tentait de protéger ses bijoux de famille, bien que rien ne le menace. La télépathe sortit de l'ombre à son tour.
- Tu connais parfaitement les douleurs que je suis capable de t'infliger. Tu vas répondre aux questions de Link ou je te garantis que l'enfer est un paradis comparé à ce que tu vas ressentir dans quelques secondes.
L'homme se calma. Link utilisa son fléau pour enchaîner les deux mercenaires et l'interrogatoire commença.
- Durant votre fuite, vous êtes tombés sur Rick...
- Non, on est pas tombés sur lui, mais lui, il est tombé sur un os.
- Qu'est-ce que vous en avez fait ?
- On n'y a pas touché, ni à lui, ni à sa pétasse de princesse. Il s'est tué tout seul...
- OU SONT-ILS ?
- Regarde plus bas, moucheron... juste en dessous de la terrasse, dans les rochers... Trente-cinq mètres plus bas... Au-dessus de la pierre qui ressemble à un os...
Djingreï agrippa le bras de Link, horrifiée.
- Mon Dieu...
A cet instant, Knil saisit son épée et frappa Djin à la taille. Elle hurla de douleur. Le sang de Link ne fit qu'un tour. D'un coup de poing bien placé, il brisa la nuque du brigand. Il se retourna vers le dernier des mercenaires, d'un air menaçant.
- Je sais que l'épée était empoisonnée. Si tu ne veux pas finir dans les rochers, tu vas me trouver l'antidote immédiatement.
- Inutile, Link. Il ne connaît pas l'antidote. Par contre, Knil en avait toujours un flacon entier dans sa poche, au cas où il aurait un accident.
Link se mit à fouiller les poches et trouva rapidement ledit flacon. Il l'ouvrit et voulut le donner à son amie, mais le dernier des serviteurs de Ganondorf lui fit un croche-pied à cet instant. La bouteille de verre alla se renverser sur le sol. Furieux, Link frappa violemment son prisonnier et l'assomma. Il se pencha ensuite sur le flacon. Il en restait un fond, au moins une gorgée... Mais serait-ce suffisant ? Il n'hésita pas et le donna à boire à son amie.
- Je ne sens pas vraiment de différence, mais ce n'est pas grave. Je viens d'entrer en contact avec Raphaëlle. Elle va revenir et nous transporter auprès de Leïa. Je suis sûre qu'elle saura tout régler...
Mis à part la présence du poison, la blessure n'avait rien de grave. L'épée n'avait pas fait beaucoup de dégâts et Djingreï ne souffrait pas trop. Les deux jeunes gens s'assirent contre un mur et attendirent patiemment. Ils n'arrivaient pas à détacher leur regard de l'endroit que leur avaient désigné leurs ennemis quelques instants auparavant. Ils partageaient le même sentiment d'horreur et de douleur. Djin avait envie de pleurer. Le seul garçon qu'elle ait jamais aimé avait le corps écrasé et éparpillé sur les rochers. Link, lui, méditait. L'étrange lettre qu'il s'était écrite lui revenait en tête. Il avait prédit qu'il allait souffrir en perdant ses amis, et qu'il allait devoir accomplir une étrange quête pour les sauver. Qu'avait-il voulu dire par "retourner aux origines" ? Et allait-il perdre encore d'autres êtres chers ? Il fallait qu'il règle ce problème au plus vite, avant que cela ne devienne un drame. Pour un peu, il se demandait s'il n'était pas indirectement responsable de ce qui arrivait à la télépathe.

Au bout de dix minutes, un étrange oiseau fit son apparition dans leur champ de vision. L'ange était enfin de retour.
- Je n'ai pas vraiment compris ton message. Tu es blessée et il te faut l'aide de Leïa... Mais avez-vous des indices pour nos amis ?
- Des indices ? Mieux que ça ! Regarde là-bas... On les a trouvés, et ils ne risquent pas d'en bouger.
A son tour, la première-née fut frappée d'horreur.
- Comment cela serait-il arrivé ? Pensez-vous que l'accident se soit produit pendant le combat ? Qu'ils aient été projetés dans le vide par Ganon ?
- Je ne sais pas... C'est une énigme. Mais il faudra emporter les corps. Il leur faut des sépultures décentes...
- Et je me demande comment on va annoncer la mort de la princesse à son père... Cette nouvelle risque de l'achever.
- Pauvre homme... Bon, Raphi, il faut emmener Djin au plus vite. Je ne veux pas qu'elle parte à son tour.
La première-née dévisagea l'elfe d'un air interrogateur.
- Qu'y a-t-il ?
- C'est juste que tu viens de me rappeler une de nos conversations lorsque tu es venue dans l'île. Il faudra qu'on en parle seuls, tous les deux.
Link ne broncha pas. Il aida la blessée à se lever et à avancer dans le vortex que Raphaëlle venait d'ouvrir.

Chapitre 50 : La décision du roi   up

Ils apparurent dans le hall d'entrée du sanctuaire, où ils tombèrent sur Boru et le petit Fado. Prenant à peine le temps de les saluer, ils se mirent immédiatement en quête de Leïa. Boru se fit un plaisir de les guider, mais son ami nota un ton assez amer et déçu dans sa voix. Il était visiblement abattu par les événements. Ils arrivèrent finalement à la salle où s'entretenaient le roi et Leïa. Boru leur fit comprendre qu'il était peut-être mal placé d'interrompre la conversation. La jeune fille faisait apparemment de son mieux pour réconforter et redonner de l'énergie au roi. S'ils entraient maintenant, ils risquaient de gâcher tout son travail. A cet instant, la porte s'ouvrit et Leïa en sortit. Elle avait un visage dur et résolu que Link ne lui avait encore jamais vu. Il voulut lui parler, mais une autre voix l'appela du fond de la salle.
- Link, mon brave guerrier, vient donc parler avec un pauvre et misérable vieil homme.
Le roi n'était visiblement pas dans son assiette. Raphaëlle fit signe à Link d'obéir. Elle s'occuperait de Djin et des morts. L'elfe entra donc dans la pièce, qui se révélait être une chambre luxueuse. Le roi d'Hyrule se trouvait près du feu. Ce n'était plus qu'un vieillard faible et plein de doutes, qui faisait pitié.
- Dis-moi, Link. Toi qui es né et qui as grandi dans ce royaume... Toi qui t'es vaillamment battu pour lui, quel avenir lui vois-tu ?
Le jeune homme se mordit la langue. Il aurait aimé parler de beaucoup de choses, mais pas de ça.
- A vrai dire, Majesté, je n'aimerais pas voir cette terre finir comme ça. Je voudrais voir les plaines redevenir vertes, avec des fleurs et du soleil, des troupeaux et des animaux partout. Mais j'ai eu l'occasion de voyager ces derniers temps. J'ai vu des gens épuisés, des terres condamnées... Les Zoras ont définitivement décidé de quitter le lac de leurs ancêtres. Ils sont conscients que les temps passés sont définitivement révolus. Je pense que le pays en a trop vu, trop souffert. Je crois que le grand sommeil serait ce qu'il y a de mieux.
- Bien... j'avais besoin que quelqu'un d'autre qu'une demi-Gerudo ou une première-née me le dise.
- Vous ne leur faites pas confiance ?
- Comment dire ? Ta femme peut être la femme la plus honnête et la plus sage du monde mais le sang anti-hylien des Gerudos coule dans ses veines. Quant à la première-née, tout n'est qu'incertitude à son sujet... Pardon, je suis roi, et je vis dans des vieux préjugés dépassés depuis des siècles. Les habitants du désert ne nous cherchent plus des noises depuis 600 ans et les enfants des dieux, les premiers-nés, sont si rares de nos jours qu'on ignore tout d'eux.
- Ce n'est pas trop grave.
Le vieil homme s'installa péniblement dans un fauteuil.
- Ta femme me suggère de faire ceci : éliminer le mal à tout jamais en faisant moi-même disparaître Hyrule. Elle me dit que la terre sur laquelle je règne héberge le mal, et que si je l'aime, je dois abréger ses souffrances.
- Pouvez-vous ré-expliquer ?
- En résumé, d'ici quelques jours, je dois demander à Leïa d'engloutir ces terres après que suffisamment de gens aient pu gagner les montagnes. Les miraculés reconstruiront un autre royaume. Seulement, je sens que je n'en ai pas le cran. Je voudrais que ma fille le fasse à ma place.
- Zelda ?
- Oui.
- Hélas... je ne sais pas vraiment comment l'annoncer. Je risque de le faire assez mal, mais Zelda ne pourra jamais faire ce souhait.
- Tu sous-estimes ma fille. Elle a suffisamment de volonté pour le faire.
- Elle ne pourra pas le faire... parce que... elle n'est plus de ce monde. Majesté, votre fille aînée est morte. Ganon l'a tuée. Je suis désolé d'avoir échoué à la sauver.
Le vieux roi ne dit rien. Il continua de fixer les flammes. Son regard devenait de plus en plus vide.
- Dans ce cas... Hyrule doit vraiment être maudite. Plus rien ne m'y rattache. Je formulerai le voeu après-demain. En attendant, il faut avertir le plus de monde possible.
- Ce n'est pas bien difficile. La majorité des survivants est déjà installée au sanctuaire ou au village de Saut-de-roc.

La conversation était terminée. Le roi d'Hyrule voulait faire le deuil de sa fille seul. Link sortit donc et se mit à la recherche des trois filles. Il fut vite rattrapé par Boru.
- Link, tu marches un peu avec moi ?
- Heu... d'accord.
Le gardien du sanctuaire de sable entraîna son ami dans la partie abandonnée du sanctuaire, celle où se cachait le vampire.
- Pourquoi tu m'emmènes ici ?
- Je n'ai pas envie d'être dérangé.
- Bon... toi, tu as quelque chose à me dire.
- Oui, pourquoi tu restes avec ces gens-là ? Je veux dire : la première-née et l'ex-servante de Ganondorf ?
- Ben... je sais pas, ce sont des gens sympas qui m'ont rendu de grands services et dont j'avais besoin. Je ne vois pas où est le mal.
- Ce sont des personnes malsaines.
- N'importe quoi. Je te signale que c'est grâce à Djingreï que nous avons réussi à libérer Leïa. Et sans Raphaëlle, on n'aurait jamais vaincu Ganon. Qu'est-ce qui te prend ?
- Il me prend qu'en tant que sage, je peux sentir ce qui ne va pas. Lorsque je m'approche d'elles, l'air est étrange et désagréable.
- Je ne vois pas quel est le danger.
- Sais-tu seulement ce que sont les premiers-nés ? C'est un peuple de sorciers, créé à la naissance du monde. Les trois déesses voulaient en faire leurs représentants sur terre. Ils avaient suffisamment de pouvoirs pour la protéger en cas de besoin. Ces derniers ont préféré agir pour leur propre compte. C'est une race de parias qui se plaisent à voir les mortels souffrir.
- Je te signale que moi aussi, je suis la réincarnation d'un premier-né. Si tu considères les premiers-nés comme des dangers publics, tu me mets dans le même sac.
- Non... je ne t'accuse pas. C'est juste que... tu es mon copain, et je ne veux pas qu'il t'arrive malheur. On en a assez comme ça. Je sens que tu éprouves de plus en plus de malaises.
- Ce n'est pas pour la même chose. J'ai perdu des amis, je te signale. Sir Marsias, Rick et Zelda sont morts, et Djingreï est gravement blessée.
Son ami le regarda gravement.
- Tu ne t'en souviens certainement pas, mais la première fois qu'on s'est rencontrés, tu avais prédit ces événements... Tu m'avais dit que tout irait de mal en pis si tu n'arrivais pas à vaincre Ganondorf du premier coup.
- Attends... j'ai dit ça ?
- Oui, j'ai beaucoup réfléchi à ce que tu m'as dit, et j'essaye d'y trouver des explications. Ça te perturbait tellement.
- Merci pour tes conseils, mais il vaut mieux qu'on en reste là. Ne me répète jamais que mes amis en sont responsables.
- Je ne le dis plus. A l'époque, tu disais que c'était ta faute.
- Merci.
Link quitta la salle en vitesse, sentant son amitié avec le garçon du désert fondre comme de la glace au soleil. Il chercha Leïa et les autres filles. Mine de rien, la conversation qu'il avait eue avec son ami l'avait inquiété. Il n'avait peut-être pas eu tort en s'imaginant qu'il était responsable de la mort de ses amis. Il devait en parler à Leïa. Dans sa lettre, il avait écrit qu'il lui avait tout raconté.

Chapitre 51 : Les secrets des premiers-nés   up

Link dut par la suite affronter les funérailles des deux ultimes victimes de Ganon. Il fut surpris de voir à quel point sa bande de voleurs était affectée par la disparition de Rick. Dans ses souvenirs, ils avaient toujours passé leur temps à lui crier dessus et à le traiter de traître. A présent, ils se tenaient droits, mais avaient les yeux noyés de larmes et de remord. Link observa également la famille de Zelda. Sa petite soeur se tenait fièrement aux côtés de son père, s'efforçant de masquer toute émotion. Le pauvre roi, lui, semblait avoir vieilli de 20 ans en une nuit.

Nos deux jeunes héros ne furent malheureusement pas au bout de leurs peines. Ils apprirent quelques heures plus tard que Djingreï s'était suicidée. Elle s'était ouvert les veines et avait laissé comme message qu'elle avait perdu son unique raison de vivre. Une femme avait découvert son corps baignant dans une mare de sang. Après autopsie, on fut rassuré de constater que le terrible poison dont elle avait été atteinte n'avait plus aucun effet. La jeune femme pouvait donc reposer en paix.

Le jeune couple resta allongé sur un grand lit dans la chambre dans laquelle il avait dormi des mois auparavant. Ni l'un ni l'autre ne parlait. Ils étaient simplement enlacés et se câlinaient dans le but de se consoler.
- Je suis désolé, Leïa... J'aurais tellement aimé que tout se termine différemment. Je m'imaginais que nos retrouvailles seraient plus...
- Je sais... Mais si on ne peut pas passer cet instant de façon romantique, autant le passer de manière pratique. Je sens que tu es perturbé par une foule de questions. Est-ce que je peux t'aider ?
- Euh... enfin... en fait, on m'a donné, il y a quelque temps, une étrange lettre que je me serais écrite moi-même. J'y avais prédit que tout finirait mal et que je perdrais mes amis. J'y écrivais que pour les sauver, je devrais retourner "aux origines", et que je t'avais parlé du problème... Qu'est-ce que j'ai bien pu te raconter ?
- C'est assez long à expliquer. Mais d'abord, qu'es-tu prêt à faire pour sauver Hyrule et tous les êtres qui y vivent ?
- Heu... beaucoup de choses, je crois que je pourrais donner ma vie pour que Rick et Djin puissent vivre heureux... Mais n'est-ce pas trop tard ?
- Bien, à présent, que sais-tu sur les premiers-nés ?
- Heu... rien, à part que Boru les considère comme des renégats.
- Vraiment ? Quel ingrat... lui, un descendant du peuple Gerudo !
- Bon... Tu peux m'expliquer ?
- Il y a tant de choses à dire... Tu te souviens au moins de la légende de la création du monde.
- Oui... Au début des temps, Naryu, Favore et Din sont apparues sur terre et ont créé la vie. Après cela, elles sont parties en laissant la Triforce.
- Je vois, tu ne connais que la version de la famille royale.
- Parce qu'il y en a une autre ?
- Oui, celle que tu as entendue est celle qu'on enseigne aux stupides habitants d'Hyrule qui veulent rêver d'un monde parfait. Cette histoire est loin d'être complète. En vérité, les déesses n'étaient pas trois, mais quatre. Après le passage des trois premières, une autre déesse fit son apparition, Tamara. Elle apporta ce que beaucoup de gens qualifient de désordre, de Chaos. Les personnes sensées qui ont réfléchi un minimum comprennent qu'il s'agissait du libre arbitre. Au début, Farore, Din et Naryu considérèrent que la nouvelle venue venait de gâcher leur monde si parfait. Elles la rejetèrent et transmirent cette idée aux créatures auxquelles elles donnaient la vie. Beaucoup plus tard, elles comprirent à quel point elles avaient eu tort, et que les cadeaux de Tamara étaient indispensables à l'équilibre du monde. Une fois réconciliées, elles autorisèrent Tamara à joindre son fragment à la Triforce, la révolte. Après avoir réorganisé la Sainte relique, elles s'associèrent pour créer la première grande race intelligente, un peuple de génies ayant suffisamment de pouvoirs pour protéger la terre. C'étaient les premiers-nés. Farore leur donna la vie, Naryu leur donna la conscience et Din leurs pouvoirs. Ensuite, Tamara proposa à chacun d'eux d'exaucer un souhait qui les rendrait unique. C'est ainsi que Ganon souhaita obtenir la force et que Raphaëlle reçut une arme se transformant au gré de ses volontés.
- Est-ce que tu es en train de me dire que j'ai aussi un pouvoir unique ? Et qu'il serait à l'origine de tous ces mystères ?
- Et bien, à ce que Raphaëlle et toi m'avez dit, le héros éternel a souhaité obtenir le pouvoir de voyager dans le temps. Il ne pouvait pas le faire à sa guise, mais à chaque fois qu'il tombait entre les mains de la mort, son âme effectuait un voyage dans le temps. Il pouvait revenir quelques minutes, voire quelques heures en arrière, avant l'accident qui pouvait lui être fatal et ainsi effacer l'avenir où il serait absent. Bénéficiant de l'expérience de son LUI futur, il pouvait se tirer d'affaire.
Le coeur de Link fit un bond. Il se remémora son expérience dans le sanctuaire de sable, sa chute et son réveil à l'entrée de la salle... C'était donc ça... Mais quelque chose clochait... La boussole l'avait suivi.
- Les objets ne voyagent pas avec toi. Si tu as trouvé ta boussole près de toi, c'est qu'elle s'y trouvait déjà.
- Impossible ! C'est long à expliquer, mais j'ai dû traverser un pont de bois qui s'est brisé et faire un dangereux parcours pour obtenir la boussole. A mon réveil, le pont était à nouveau entier. J'ai bel et bien remonté le temps.
- Alors, il devait y avoir deux boussoles.
Un nouvel éclair passa dans la tête de l'elfe... un détail idiot... La boussole qu'il avait dans sa poche, c'était celle du sanctuaire de pierre dont il ne s'était pas débarrassé. Quel idiot il faisait !
- Bon, tout va bien, finalement. Alors, pourquoi me parles-tu de mon pouvoir ?
- Si tu peux revenir en arrière, peut-être que tu pourrais... revenir à une époque où personne n'est encore mort... Une époque où tu peux encore tout changer...
- Tu veux dire... que je pourrais empêcher Ganondorf de te capturer, et l'empêcher ainsi de condamner le royaume ?

Chapitre 52 : Choix difficile   up

- Mais ce n'est pas possible. Je ne maîtrise absolument pas ce pouvoir. Comment faire un aussi grand bond dans le temps ? Je ne sais absolument pas pourquoi il s'est manifesté dans le sanctuaire des sables, et pas pendant mon combat contre Ganondorf. Si je suis ramené en arrière dès que je suis envoyé au tapis, il aurait dû se passer quelque chose, non ? Ce futur imparfait n'aurait pas dû se dérouler.
- Hélas... c'est beaucoup plus compliqué. Ton pouvoir ne se manifeste que si tu meurs, que ton âme quitte ton corps. A la citadelle des nuages, un hasard a fait que tu es arrivé vivant dans la rivière et qu'un pouvoir étrange t'a protégé. La vie a donc continué.
- Bien, mais... attends, tu veux dire qu'il faut que je meure pour voyager dans le temps ?
- Heu... avec mes pouvoirs, on devrait pouvoir faire un peu autrement. Je vais légèrement modifier tes pouvoirs pour t'expédier dans le passé, mais ce sera compliqué... et tu ne pourras pas revenir à notre époque. Une fois que tu seras parti, notre monde deviendra un monde totalement différent, une autre dimension sans aucun lien possible avec l'avenir que ton intervention va créer.
- Non ! je ne peux pas partir... je ne peux pas... te quitter, toi et notre fils...
- Oh, Link ! ne t'inquiète pas. Tu vas me retrouver... j'existe dans le passé.
- Mais si... si cela se passait d'une façon différente... Je sais que je ferais ce voyage pour changer le cours des choses, mais je ne risque pas de les faire trop différentes ? Et si, par un acte de pure maladresse, tu ne m'aimais pas... Je ne veux pas vous perdre tous les deux.
- Aie confiance en toi, Link... nous sommes faits l'un pour l'autre.
- Oui, mais toi... tu resteras ici, seule.
- J'aurai notre enfant comme souvenir, et peut-être plus...
En disant ces derniers mots, elle avait pris la main du jeune homme, et le guidait sur son corps. Elle embrassa tendrement son amoureux, et l'entraîna sur le lit. Ne restant pas en reste, l'elfe se ressaisit et passa sa main sous la robe de la jeune fille, entre ses jambes... Durant les heures qui suivirent, on n'entendit plus que le souffle d'un couple qui cherchait à s'unir pour l'éternité.

Lorsque, le lendemain, Link voulut aller voir son fils une dernière fois, il sentit une petite main tirer sur sa tunique. Il se retourna et vit la future reine.
- Dis, monsieur le héros, je peux te demander un service ?
- Heu, oui...
- Tu sais, maintenant que je n'ai plus ma soeur...
Link sentit son coeur se serrer à cette allusion.
- Je commence à me sentir seule, et ça me fait peur.
- Pourquoi donc aurais-tu peur ?
- Car j'ai plus de royaume, je ne suis plus une princesse... Les gens veulent me respecter, me protéger, me donner une éducation de souveraine, mais ils n'auront bientôt plus aucune raison de le faire, non ?
- Heu...
- La question est : lorsqu'il n'y aura plus que des îles, qu'est-ce que je vais devenir ? Je ne veux pas rester cantonnée sur une île où je garderai les souvenirs d'Hyrule. Je ne veux pas finir dans un château à me dire que je ne règne sur rien, et surtout que tout le monde me dise ce que je dois faire. Je voudrais partir à l'aventure, comme toi.
- Je prends ça comme une flatterie, mais pourquoi tu m'en parles ?
- Mais parce que... personne ne veut que je le fasse. Ils disent tous que c'est trop dangereux. Tu es la seule personne qui pourrait me comprendre. Si tu plaides pour moi, que tu m'aides, ça pourrait marcher.
- Je ne peux pas faire ça... Je vais bientôt partir pour un lieu dont on ne revient pas.
Soraya le regarde gravement.
- Tu vas quand même pas te suicider, toi aussi. C'est complètement stupide et lâche.
- Ce n'est pas tout à fait ça... Vois-tu, je suis la réincarnation d'un premier-né qui peut voyager dans le temps à sa mort. Je compte partir donner une autre chance à Hyrule. Mais si je fais un tel voyage dans le temps, je vais créer une nouvelle dimension. Il ne se passera rien ici, mais dans le passé où je vais aller, j'espère sauver ta soeur et beaucoup de monde.
- Mais moi...
- Ecoute... j'ai bien une idée, mais je sens qu'on va me tuer pour la proposition que je vais te faire.
- Pourquoi ?
- Parce que je pense que ton père n'appréciera pas... les gens à qui je vais te confier.
- Hein ?
- Tu te souviens de mes amis qui t'ont libérée ? Et bien, eux , Rick et moi, nous volions les puissants pour protéger les faibles, comme le héros des bois.
- Whaaaa...
Les yeux de la jeune princesse pétillaient de fascination. Le grand héros était un hors-la-loi.
- Je ne sais pas si c'est le genre de vie que tu rêves de mener, et je n'ai pas le droit de te le proposer. Mais mes cinq amis seront toujours là pour toi. Je demanderai à ton père d'en faire tes gardes du corps. Je suis certain qu'au moins, tu ne t'ennuieras pas.
- Vrai ???
Les yeux de la petite fille brillaient d'espoir et de rêve.

Chapitre 53 : La fin d'Hyrule   up

Le roi avait demandé à la gardienne de la Triforce de le retrouver dehors. Pour effectuer le souhait qui devait sceller l'avenir du royaume, il voulait le contempler, et la meilleure vue possible était au sanctuaire des glaces, à l'endroit même où Zelda avait tenté d'emballer Link une semaine auparavant.

L'idée de base du roi était de marcher jusqu'au sanctuaire, afin de rendre un dernier hommage à son ancienne gardienne. En le voyant, Link et Leïa sentirent qu'il n'y arriverait jamais. Il était évident qu'il était trop faible pour grimper et cette montée serait alors sa dernière. Leïa préféra téléporter tout le monde à la fameuse corniche.

Rien n'avait changé, si ce n'est que les nuages noirs entravaient la vue. On ne pouvait pas voir le paysage.
- Tu te rappelles de cet endroit, mon amour ?
- Pourquoi devrais-je m'en souvenir ?
- Je me souviens... Zelda et toi étiez sur le point de vous entre-tuer.
- Et alors ? Elle l'aurait vraiment cherché. Je ne supporte pas qu'on touche à mes affaires, et surtout pas elle.
- "TES AFFAIRES" ? Dis donc !
La jeune fille lui sourit malicieusement, puis reprit son sérieux. Les deux jeunes gens s'approchèrent du roi. Ce dernier regardait silencieusement ce qu'on pouvait voir de la vallée.
- Je ne peux pas faire une chose pareille. C'est mon royaume. Je le trahirais.
- Majesté, nous en avons déjà parlé...
- Silence ! Savez-vous seulement ce que c'est que de régner, de tous les jours se lever pour le protéger, faire tous les sacrifices pour le rendre meilleur... et finalement comprendre qu'il a rendu l'âme depuis longtemps ?
- Majesté, si votre royaume est mort, donnez-lui une sépulture digne d'un aussi grand royaume.
Le roi resta silencieux et continua de contempler le royaume. Au bout de cinq minutes, il ordonna à la jeune fille de les téléporter au palais d'Hyrule. Elle les fit apparaître dans la grande salle. A leur mauvaise surprise, il constatèrent que des dizaines de monstres patrouillaient dans la pièce. A leur vue, tous se jetèrent sur eux. Link tira son épée pour pouvoir défendre les autres, mais il n'eut pas à s'en servir. Leïa fut plus rapide. En un clin d'oeil, toutes les créatures, moblins et autres monstres en armure furent figés, comme s'ils avaient été pétrifiés.
- Je suppose que c'est plus ou moins le même procédé que tu as utilisé pour les gardiens du sanctuaire.
- Plus ou moins... mais dans leur cas, il y avait moyen de briser un sceau pour leur rendre la vie.
- Donc, ils resteront figés toute l'éternité.
- Ils resteront figés jusqu'à ce que la vie me quitte.
- Ah non !
- Ou alors, il faut transférer le pouvoir de mon sort dans un objet magique très puissant. Ne pensez pas à la Triforce... nous prendrions trop de risques.
Link regarda l'épée qu'il était sur le point de remettre au fourreau.
- Cette épée... Raphi m'a dit qu'elle avait le pouvoir de repousser le mal.
- Excalibur... Oui, bonne idée. Comme aucune créature diabolique ne peut la toucher, le sortilège durera éternellement. Il faudrait la replanter dans son socle originel pour que ça fonctionne.
Le roi guida les jeunes gens vers la salle la plus secrète du palais, une sorte de sanctuaire dissimulé sous la statue d'un jeune guerrier ressemblant à Link. Le souverain, semblant lire dans les pensées de l'elfe, lui répondit qu'elle avait été érigée en souvenir du héros des bois, à l'époque où il avait permis au prince héritier de l'époque de récupérer son trône. La crypte, elle, était ornée de magnifiques vitraux. Le maître des lieux annonça que cette pièce-ci datait de l'époque du héros du temps. Au milieu de la crypte se trouvait un socle. Le roi d'Hyrule indiqua que c'était l'endroit où était habituellement installée la fameuse épée lorsqu'elle n'avait pas de propriétaire. Leïa fit signe à son mari d'y planter l'épée. Au moment où la lame toucha la pierre, la jeune fille étendit la main. Une série d'éclairs en sortirent pour aller se loger dans l'arme. Lorsque tout fut fini, la demoiselle prit la parole.
- A présent que le mal est figé, revenons à nos moutons. J'ai, je crois, deux souhaits à exaucer dans les plus brefs délais. J'aimerai commencer par vous, Majesté.
- Soit...
Le vieil homme s'avança, droit, fier et résigné. Il prit la main de la jeune femme.
- Je souhaite qu'à partir de cet instant, mon royaume soit plongé dans le grand sommeil et que les océans soient son tombeau. Je demande aux dieux d'épargner la vie des habitants présents dans les montagnes. Que ceux qui se trouvent à la hauteur du lac Hylia et à des niveaux supérieurs aient la vie sauve.
La représentante des dieux regarda le dernier souverain d'Hyrule.
- C'était un souhait clair et précis... Qu'il en soit ainsi.
Elle ferma les yeux. Durant un instant, elle fut enveloppée d'une lumière bleue, qui monta vers le plafond et le traversa.
- Et voilà... des pluies diluviennes vont s'abattre, les eaux vont se répandre, les océans se déchaîner, les terres s'enfoncer... mais en quelques mois, tout sera recouvert.
- Les terres s'enfoncer ? Je ne comprends pas.
- Ben quoi... vous avez demandé que le royaume soit englouti, vous n'avez rien demandé pour le reste... Alors, pour que ce reste soit préservé, je vais faire descendre le niveau du royaume par rapport à la mer.
- Je vois... comme cela, mes descendants pourront toujours construire un autre royaume ailleurs.
- Oui. Maintenant, à ton tour Link.
L'elfe s'avança, nerveux.
- Tu es sûre qu'on peut le faire ?
- Je suis sûre qu'on peut le faire. Approche-toi.
Anxieux, le jeune homme s'approcha de la femme de sa vie, et la serra dans ses bras.
- Avant de partir, je veux que tu me promettes de bien t'occuper de notre enfant.
- Je te le promets. Au fait... on ne lui a toujours pas donné de nom.
- Est-ce qu'on peut l'appeler Rick... en souvenir ?
- Rick... C'est un joli nom. C'est agréable à prononcer. Je crois qu'on doit bien ça à ton ami. Je te promets que je ferai tout pour que Rick ait la meilleure vie possible.
- Merci... sinon... si tu trouves un garçon qui soit encore mieux que moi, épouse-le ! Ne finis pas ta vie en vieille fille. Essaye d'être heureuse.
- Mais tu sais bien qu'aucun homme ne saura te remplacer. C'était notre destin d'être ensemble. Enfin... je ne passerai pas ma vie à me morfondre. Et puis, si ton âme s'en va, j'aurai toujours un corps à enterrer et auprès duquel je pourrai me recueillir.
- Hé ! Ça veut dire que je vais mourir ?
- Pas vraiment... C'est vrai que ton corps s'arrêtera de vivre une fois que tu seras parti, mais je te garantis que tu ne sentiras rien.
- Heuuu... c'est bien parce que j'ai confiance en toi, alors...
Après cet échange de promesses et d'adieux déchirants, il fut temps pour Link de prononcer son souhait.
- Leïa... je souhaite que tu me permettes de faire un suffisamment long voyage en arrière pour pouvoir sauver tous nos amis et Hyrule.
- Et bien... qu'il en soit ainsi.
En prononçant ces mots, Leïa sentit sa gorge se nouer et les larmes lui monter aux yeux. Elle fit signe à Link de reculer. Elle fit apparaître un immense cercle de lumière blanche autour du jeune homme. L'elfe se sentit léviter... Son corps devenait léger... Il ne sentait presque plus rien. C'est vrai que c'était plutôt agréable de mourir.

Il entendit Leïa lui crier ses dernières instructions. Il allait réapparaître dans son corps quelques heures avant sa rencontre avec la jeune fille : c'est-à-dire, pile un an en arrière.
- Encore une chose... pour le moment, ça ne te sert pas à grand-chose, mais il est bon que tu saches qu'à notre première rencontre, je sais déjà voler.
- Voler ?
Mais Link n'entendit plus rien... la sorte de béatitude et l'éclat de la lumière lui firent perdre toute notion de réalité. Il partait.

Il se sentit flotter dans un grand espace chaud, lumineux et doux, un espace qui lui serait terriblement difficile de quitter, tant il était agréable. Bientôt, un étrange phénomène vint troubler la quiétude du lieu. Plusieurs lumières de différentes couleurs se mirent à tourner autour de lui. Link les examina. Toutes les lumières s'arrêtèrent pour former un cercle et prendre forme humaine. La plupart des étranges êtres avaient des silhouettes élégantes et androgynes. Elles l'observaient d'un air grave. Soudain, l'un d'eux s'approcha.
- Héros éternel, Link... Tu as choisi cette voie... Il y a bien des millénaires, tu nous as demandé de pouvoir être maître du temps. Sache qu'en ce monde, je suis le seul et unique. Ce voyage-ci ne devrait pas avoir lieu... Tu as abusé de tes pouvoirs, mais après tout, il est vrai que tu n'as plus le choix. Nous acceptons cette requête, parce que tu nous y contrains, mais ce n'est pas un premier-né qui arrivera à contrôler les dieux. Alors, nous te prévenons : si tu échoues contre Ganondorf, tout ce que tu voulais sauver en faisant ton voyage disparaîtra comme le destin l'avait prévu. Adieu !
Les lumières disparurent et Link se sentit aspirer dans un espèce d'énorme typhon.

FIN DE LA PREMIERE PARTIE

Voilà... ceci, comme le disent les cinq derniers mots, était la fin de la première partie.

Cette fic-ci se termine sur un air de TWW. C'était mon objectif, je voulais donner ma version du "before tww". Je voulais trouver comment ils en étaient arrivés là.

Mais Link s'en va... Il va remonter le temps et donner une nouvelle chance à Hyrule. Bientôt, vous allez donc pouvoir lire la suite de cette histoire, que je pense appeler "l'esclave du temps".

Je remercie infiniment les gens qui m'ont soutenue et "coachée" pendant tout ce temps : Ariane pour sa grande compréhension, sa gentillesse et l'autorisation de publier ma fic sur ce magnifique et illustre site, Le Sourd pour son grand intérêt, Morticia pour son aide et sa contribution à la rédaction et pour m'avoir accordé de faire de ma fic une suite de la sienne... pour évoquer les membres qui fréquentent ce forum et que vous connaissez bien.

Sinon, j'adresse des remerciements à des amis qui m'ont encouragée sur Zelda-World (pas bien... tu fais de la pub pour la concurrence), Binhord, Glasting, Kristal (qui m'a plus parlé là-bas que sur ce site).

Merci à vous tous de me lire et de me donner ainsi une raison de continuer et à bientôt dans la suite.
 

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "El Wap". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 30.04.25