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Le Moulin maudit du Village Cocorico

Ecrit par Awnesk

Chapitre 1 : Enfance de rêve

Je m'appelle Kohga. Je suis un enfant vivant au village Cocorico avec ma famille, ou du moins ce qu'il en reste. Ma grand-mère et mon grand frère sont tout ce qu'il me reste, et ils me disent souvent que j'ai tué ma propre mère lors de son accouchement, car elle n'y a pas survécu. Notre père, soldat, n'est plus jamais revenu une fois que je fus né. On ignore s'il est mort, ou s'il a préféré nous abandonner car il a perdu sa femme à cause de moi. Parait-il que je suis fautif de tout cela. Ils m'accusent de tous les malheurs que nous avons connus et qui continuent d'arriver. Je finis parfois par me demander si c'est légitime que je vive encore, si, parfois, cela ne serait pas mieux que je meurs. Au final, je serais une bouche en moins à nourrir, comme dirait grand-mère.

- Tout le village te hait, moi la première. Cela serait bien trop suspect si tu mourrais par accident, ou si tu disparaissais !

Je me souviens encore de son visage et de l'intonation de sa réponse le jour où j'avais osé lui faire part de ce que j'avais sur le coeur. Ce fut la seule et unique fois d'ailleurs. Allongé sur ma paillasse servant de lit dans le grenier mansardé, j'observais le ciel à travers l'unique fenêtre. Le ciel s'éclaircissait doucement. J'adorais les levers de soleil. De sa lumière il balaye toute l'obscurité de ce bas monde et apporte un peu de joie par sa seule présence. Une seule personne sait me faire cet effet, m'apporter un peu de légèreté et d'attention, à défaut d'amour.

Le coq du village se mit à chanter. C'était le moment de partir travailler ! Je n'allais pas à l'école, je n'avais pas ce privilège. Seul mon grand frère sera instruit. Car il fallait bien que je serve à quelque chose, et comme dit Grand mère, "à ramener de quoi manger". Je descendis les escaliers et croisa les membres de ma famille, comme il est normalement coutume de les appeler. Chacun attablé, pas un des deux ne m'adressa un mot, ou un regard. Pas un ne sourcilla, j'ignorais si je les laissais indifférents par ma présence, ou s'ils ne m'avaient même pas remarqué. Comme balayé de leur existence, déjà.

Grand-mère tourna soudainement son regard noir vers moi. Le seul regard que je lui connaissais. Les lèvres pincées et les sourcils froncés, elle n'était pas belle à voir. Je pris un pain dans la cuisine et sortis rapidement de la maison, avant d'avoir pu entendre la moindre de ses remarques. Même si tout cela pouvait paraître me passer par dessus, chaque petit geste était toujours une pique, une pointe de douleur que l'on m'enfonçait, tout doucement, toujours de plus en plus loin. Me tenaillant. Mais jamais il ne fallait montrer sa faiblesse dans ce monde hostile empli de haine et de mépris. Mon coeur, qui, je suppose devait être pur à la base comme chaque être, noircissait et s'emplissait de désirs malsains et vicieux jour après jour.

Je passai devant chez les voisins en sortant de la maison. Leur fille, un peu plus âgée que moi, était à la fenêtre du rez-de-chaussée. Elle tenait le rideau blanc aux fines dentelles d'une main et avait son regard dans le vide, l'air rêveur. M'avoir dans son champ de vision la fit revenir à la réalité. Elle resta immobile une demi-seconde avant de faire demi-tour et ainsi laisser le rideau retomber. Et dire que tout petit, nous jouions ensemble par moments. C'était la seule avec qui j'ai pu échanger un peu de moment d'amusement et de complicité. Mais dès son entrée à l'école, elle avait commencé à fréquenter mon frère chaque jour, des journées entières, et je suis persuadé que c'est lui qui m'avait éloigné d'elle.

Enfin arrivé au cimetière, Igor, le maître des lieux, me fit signe au loin. Je le rejoignis en courant depuis l'entrée. Il sortait tout juste de sa demeure, une bicoque douillette à sa manière au fond du cimetière, près du puits. Igor était bien la seule personne dans tout ce village qui acceptait - et je pense appréciait aussi - ma présence. Vieux et usé par le métier de fossoyeur, je n'étais pas certain que tous ces os étaient encore à la bonne place. Mais son coeur d'or lui, n'avait pas bougé. Il veillait en ces lieux lugubres depuis bien longtemps et, comme il le disait si bien lui même :

- P'tit gars, comment veux-tu que cela me dérange que tu viennes travailler avec moi ? J'ai pour seule compagnie les morts, c'n'est pas un gosse qui m'fera peur.

C'était l'une des phrases les plus gentilles que j'avais pu entendre. Je me souviens encore de la joie procurée quand il avait accepté que je l'aide à sa tâche. Cela me faisait du travail et me permettait de fuir de chez Grand-mère. Cela lui brisait la solitude aussi, et je pense qu'il en avait plus besoin que d'une main d'oeuvre. Igor avait ses propres expressions, mots, et témoignages d'affection. Il faisait un peu peur à tout le village, du coup, car il était un peu incompris. Mais moi, je l'appréciais. C'est le seul qui bénéficiait de la moindre affection que j'arrivais à ressentir.

Il fit demi-tour dans sa cahute et ressortit avec une deuxième pelle, la mienne. Il laissa la porte d'entrée ouverte le temps de la chercher. Je pus voir sur le bureau juste devant l'entrée une maquette de sa cabane. C'était son passe-temps favori lorsqu'il ne travaillait pas. Derrière son air tordu et son visage bancal, il était minutieux et passionné de maquette... De vraies mains en or.

- On creuse la tombe d'ton voisin aujourd'hui p'tit gars. L'mort est ramené pour midi, l'trou doit être fait.

Je pris la pelle et lui tendis la moitié du pain que je n'avais pas mangé pour le lui donner. Il le prit et me remercia, silencieusement. Nous marchâmes jusqu'à l'emplacement établi. Sur le trajet j'observais plus en détail l'outil. Je me souvins du jour où il me l'avait donné. Après m'avoir enseigné quelques noeuds élémentaires avec une corde, Igor m'avait montré comment l'enrouler le long du manche et sur la poigne afin "d'avoir plus de prise pour moins d'effort". Je n'avais pas été convaincu à l'époque, et je ne l'étais toujours pas d'ailleurs, mais il avait alors rajouté "Une corde, quand tu vis auprès des morts, ça peut toujours servir". Encore à l'heure actuelle, même si j'ignorais si cette blague était une allusion, l'humour noir d'Igor me faisait sourire. Mon rictus n'échappa à sa vigilance et à sa vue diminuée, et il sourit en retour. Ma présence devait lui alléger l'esprit.

Alors que nous avions bientôt fini de creuser le trou, je m'arrêtai et le regardai. Tout le long de mon travail je m'étais remémoré plusieurs de ces souvenirs doux que j'avais vécus en sa présence. Cela me faisait du bien. Constatant mon arrêt, il s'arrêta aussi, planta sa pelle dans le sol et prit appui dessus. Il me fit un signe de tête, demandant la raison. Je pris une grande inspiration ainsi que mon courage à deux mains :

- Je t'apprécie Igor. Vraiment. Sache que tu peux compter sur moi.

Je le vis tomber des nues. Ce fut peut-être la première fois depuis longtemps qu'il n'avait pas entendu une telle déclaration, et ce fut bien la première fois que je témoignais mon attachement à quelqu'un. Je le vis entrouvrir la bouche, légèrement bouger les lèvres, comme s'il cherchait quoi répondre. Mais aucun mot ne lui vint. Il devait à la fois être ému et perturbé.

- Igor, reprenai-je, sache que je suis le genre d'ami fidèle qui viendra t'aider dans le besoin. Sache que je suis le genre d'ami qui sait creuser une tombe. Mais attention, pas de sale coup ! Car n'oublie pas, que je sais aussi creuser une tombe ! terminai-je l'air faussement menaçant en le pointant du doigt.

Il explosa de rire. Je savais qu'il trouverait cette blague drôle. Car il savait très bien qu'effectivement, personne ne sait mieux enterrer un corps que nous deux, mais qu'aucun de nous deux ne trahirait l'autre. Au final, nous sommes l'un pour l'autre tout ce qu'il nous reste et compte vraiment. Le soleil à son zénith, quasiment tout le village était venu pour la mise en terre du défunt. Du fond du cimetière, j'observais la scène. Igor était auprès d'eux, pour les symboliques premiers jets de terre de la cérémonie. Et lorsque le monde quitterait le cimetière, je le rejoindrais. Quelques regards indiscrets se tournaient vers moi, accompagnés de messes-basses et autre remarques abjectes à mon égard. Car, comme si la haine de tous mes pairs ne suffisait pas, certain villageois me pensaient maudit, et devaient alors craindre que ma présence en ces lieux troublerait le sommeil de leur regretté disparu. Bande d'idiots.

Assis sur le bord du puits, j'avais vue sur tout le cimetière du village. Cocorico, coeur du vestige du peuple Sheikah, est empli de rumeurs et autre légendes urbaines, des plus sottes au plus lugubres Et derrière moi, au-delà du cimetière, siégeait un immense et vieux moulin. Personne ne l'avait vu fonctionner récemment, et tous s'en réjouissaient. Car bien qu'il était abandonné, il s'activait par moments lors des nuits noires sans lune ni étoiles, et une violente tempête avait toujours lieu. Ces orages et vents puissants causaient parfois de lourds dégâts dans la contrée, brûlant des arbres et arrachant des toitures. Et lors de chacune de ces nuits, au moins une personne disparaissait, sans laisser aucune trace. Aucune d'entre elles n'a encore été retrouvée.

Les légendes sont vastes et variées, mais toutes s'accordent sur le fait qu'il y aurait au sein du moulin le sanctuaire maudit d'un démon. Qu'il sortirait alors des profondeurs du moulin pour ensuite emmener ses victimes dans les entrailles et abîmes de la terre, qui représenteraient la noirceur de son coeur, ainsi que celle du monde entier. Car un démon ne représente que ce qu'ont les êtres au plus profond d'eux ; leur âme même. Bien que le moulin ne soit entretenu, il semblait traverser les âges sans peine. Ce bâtiment me fascinait. Lorsque j'en parlais avec Igor, il restait assez silencieux sur ce sujet, Bien que je pense qu'il y croyait, car il m'interdisait de l'approcher. Cela n'attisait que ma curiosité. Un jour, j'irais dans ce moulin. Et peu importait si cela activerait ses pâles. Je voudrais vivre et ressentir quelque chose d'autre que ce dégoût et ce rejet permanent qu'offre ce monde. Et si un démon devait me dévorer, et bien qu'il le fasse. Que pourrait-il m'arriver de pire ? J'aimerais me sentir vivre au moins une fois.

- P'tit gars !
Je relevai la tête. Perdu dans mes pensées, je ne m'aperçus pas que le cimetière était vidé de ces visiteurs. S'apercevant du sujet de mes rêvasseries, Igor reprit :
- Arrête d'croire ce moulin fascinant. T'sais, Cocorico, c'est un vieux village Sheikah. Et ce qui vit la d'dans, c'est un démon. Un démon créé par les Yigas pour que jamais n'reviennent les Sheikahs ! Et il s'en prend à tout le monde ! Alors restes-en loin p'tit gars.

Il finit sa phrase l'index levé au ciel, l'air moralisateur. Les Yigas composaient un dangereux clan d'assassins. Ils vivaient ensemble, unis telle une vraie famille pour accomplir leur dessein. Paraîtrait qu'ils soient vêtus en rouge et noir et portent un masque blanc au logo Sheikah rouge sang retourné, symbolisant leur trahison originelle au clan. Et ils seraient tous coiffés d'une queue de cheval haute. Voilà la description qui courait à leur égard, mais personne ne les avait jamais vraiment vus. Peut-être que même leur existence ne serait au final qu'une légende, car sans témoins et preuves, tout peut exister après tout. Qu'importe tout ce que pourrait dire Igor de toute façon, j'étais mystérieusement attiré par ce moulin et du démon qu'il abritait.

Chapitre 2 : Rêve d'adulte

Je m'appelle Kohga, et je suis un adolescent. Travailler toute mon enfance m'a forgé, pour mon âge, un corps déjà bien bâti et musclé, mais je n'ai toujours aucune érudition, ne sachant ni lire, écrire ou bien compter longtemps.

Les murs autour de moi étaient froids, ternes, et la pièce sans issue. Me voilà au bagne depuis maintenant plusieurs jours. Ces derniers temps, j'y retournais souvent, pour incivilité et violence entre autres, comme m'en accusaient les gardes qui m'enfermaient ici. Alors qu'en vérité, c'était juste mon frère qui les corrompait pour imposer sa justice. Je ne suis peut-être pas instruit, mais je ne suis pas dupe. Il me poussait à bout en permanence. Nerveux et instable comme je suis, il m'était impossible de me contenir indéfiniment. Ce n'était qu'une claque, une droite, ou parfois une simple bousculade. Et ce frère appelait alors ses chiens en armure clinquante. Je crois que tout cela n'était qu'une mise en scène arrangeant le village entier. Je n'étais plus là. Car même si je travaillais avec eux, je percevais bien leur nombreux regards haineux qui me jugeaient et me rejetaient. Ça les arrangeraient peut-être aussi tous si je n'étais définitivement plus là. Quelle triste vie.

La paillasse sur laquelle j'étais couché était des plus inconfortables, mais elle m'évitait au moins d'être à même le sol. J'observais le ciel à travers la seule fenêtre de la pièce. Il faisait déjà nuit. Les jours raccourcissaient de plus en plus. Bientôt ce sera la nouvelle lune du solstice d'hiver. Le jour de mon anniversaire. J'espérais au moins que je pourrais sortir d'ici. Même s'il n'y avait rien à fêter, j'aimerais au moins voir Igor ce jour-là, et entendre son "bonne fête à toi, p'tit gars". Être libre au moins ce jour-là.

Lors de mon premier anniversaire après avoir fait la connaissance d'Igor, ce dernier m'avait surpris. Derrière sa tête mal faite et son corps tordu, il avait des mains d'or et adorait fabriquer des maquettes. Dans sa jeunesse il disait en avoir créées des tas. Et il avait accepté d'en refaire une, des années après avoir arrêté. Une dernière, celle de sa bicoque, juste pour me faire plaisir. Lorsque j'étais enfant aussi, je jouais de temps en temps avec la voisine. Et si je me souviens bien, elle m'aurait déjà souhaité un bon anniversaire une fois. On était très jeunes, mes souvenirs peuvent être inexacts. Mais vu du bien ressenti en y songeant, cela ne peut être que vrai. Mes idées étaient parfois confuses, et mon esprit trouble, ce n'était pas toujours évident. En tout cas, mon frère, lui, allant à l'école, avait dû par je ne sais quel procédé vicieux l'éloigner de moi. Alors à l'heure actuelle, elle m'ignorait, comme absolument tout le monde. J'étais sûr que c'était de sa faute, à la voir tous les jours sur les bancs de l'école, il lui avait certainement raconté inepties et autres mensonges à mon égard.

Elle était la première personne qui m'avait témoigné de l'affection. Et mon frère l'en a empêché. Comme s'il cherchait à pourrir mon existence de toutes les manières possibles. Je le haïssais.
Pour être franc et honnête, je m'étais déjà imaginé maintes fois et manières différentes de lui faire du mal. Parfois même jusqu'à la mort. Et j'en ressentais un plaisir coupable. Et pour aussi faire souffrir cette vieille peau de Grand-mère, elle le regarderait, impuissante, en train d'agoniser. Et je jubilais à ces pensées. J'ignorais si je devrais, car, après tout, ils prenaient tous plaisir à me détruire... Est-ce juste de ressentir cette envie de vengeance ?

C'est à ce moment que j'entendis les gardes arriver. Je me levai et fit face à la porte. Elle s'ouvrit et mon frère se trouva de l'autre côté, entouré et protégé. Il me regardait, l'air malicieux. Quel coup foireux me préparait-il encore ? J'avançais vers lui quand il tendit le bras, la paume vers moi. Je m'arrêtai.

- Tu veux sortir ?
Question piège. Alors autant ne pas répondre.
- Est-ce que tu sais au moins ce que tu veux ?

Fracasser ta face détestable. Ça oui. J'avançai à nouveau vers lui, décidé à sortir. Je ne resterais pas ici plus longtemps. Il ne bougea pas et l'on se retrouva face à face, nez collé. J'étais à peine plus petit que lui, mais bien plus musclé et développé. Cette crevette ne m'effrayait pas, et il le savait. Mais il était très malin et surtout, calculateur. Il savait bien qu'ici, moi au bagne et lui dehors entouré de gardes, il ne craignait rien. Il dit à voix basse, de manière à ce que seul moi l'entende :

- Et bien vas-y, pousse-moi, tu pourras passer comme ça...
Si seulement, si seulement j'avais pu. Mais il me fallait me contrôler pour ne pas rester quelques jours de plus. Je n'avais aucune envie de passer mon anniversaire ici.
- De toute façon tu ne manqueras à personne. Même pas à Igor.
Tais-toi. Et ne prononce plus jamais son nom. Si tu avais été un véritable grand frère, cet homme ne représenterait rien pour moi. Incapable. Tu m'as privé de tout. Tout.
- Je te préférerais mort.
Je lui mis un coup de tête. En plein nez. Le coup partit tout seul. Mais en voyant son visage en sang, je ne pus ressentir que satisfaction. Les gardes me poussèrent au fond de la cellule.
- Ferme-la maintenant. FERME-LA !

Je lui hurlai dessus. Quel grand bien cela faisait. La porte claqua et ils partirent. J'ignorais combien de jours j'avais pu prendre. Mais bon dieu, quel bienfait je ressentais. En me laissant en cage ainsi avec mes machinations, qu'espéraient-ils tirer de moi ? Une lune plus tard les gardes revinrent, seuls cette fois-ci, et me laissèrent partir. J'ignorais combien les payait mon frère, mais cela ne serait forcément jamais assez. Avant de partir je les regardai dans les yeux. Je les haïssais, eux aussi. Comme tout le monde. Sauf Igor.

Dehors, le soleil se couchait et une fine bruine se levait, laissant place à une nuit sans astre. J'allai directement vers le cimetière. Où d'autre aurais-je pu aller de toute façon ? M'envoyer au bagne n'était peut-être qu'une solution trouvée par mon frère pour me faire partir de la maison sans éveiller de soupçon dans le village. Car dormir dehors faisait jaser les voisins, et lui et Grand-mère faisaient très attention aux regards des autres. Le regard des gens prend tellement de place dans leur coeur qu'il n'y en a jamais eu pour moi. Ah, l'opinion des autres. Être rejeté de tous m'avait au moins épargné cette futilité.

Je traversai tout le village pour me rendre au cimetière, et bien qu'il faisait nuit, plusieurs personnes étaient dehors. La nuit se levait tôt. Aujourd'hui était sûrement le jour de mon anniversaire. Igor me le confirmera. Je passai la grille d'entrée et vis son logis au loin. Il n'était pas éclairé. Étrange, à moins qu'Igor ne soit sorti, ce qui était encore plus étrange. Je l'avais rarement vu sortir du cimetière, et surtout pas de nuit. J'accélérai ma démarche, puis finis par trottiner. Plus j'approchais de la bicoque, plus mon coeur battait fort. Quel était ce drôle de ressentiment que j'éprouvais en moi ? Pourquoi me sentais-je mal ?

Devant la porte je ne pensai même pas à toquer et actionnai la poignée d'emblée. Le verrou n'était pas enclenché. Je restai quelques secondes la main sur la poignée actionnée, la porte fermée. Jamais Igor ne serait parti en laissant son foyer ouvert. Et jamais Igor ne dormirait si tôt. Je pris une grande inspiration et ouvris la porte. L'obscurité m'empêchait de voir convenablement, tout ce que j'arrivais à apercevoir était le bureau à l'entrée. Dessus, je vis la maquette de sa maison. Il l'avait toujours après toutes ces années. Je souris brièvement.

Juste à côté j'aperçus une autre maquette, toute récente. Depuis combien de temps n'en avait-il pas fait une nouvelle ? Elle représentait le moulin, et dessus y était inscrit à l'encre mon nom, le seul mot que je savais lire. Je pris la maquette à pleines mains et l'observai de plus près. Elle était encore fraîche. Je la reposai délicatement sur le bureau, et j'aperçus une lettre. Sur l'entête mon nom. Je fus ému. Igor m'avait même écrit une lettre !? Je la pris entre les mains. J'avais hâte qu'il me la lise.
Mes yeux s'habituant à l'obscurité ambiante, je pus mieux distinguer la pièce. À ma droite je vis le canapé, et ce qui semblait être un corps allongé dessus, le bras pendant. Je me figeai. Ne me dites pas que...

- Igor...
Je tentai de l'appeler. Il ne bougea pas. Je fis un pas, puis deux en sa direction.
- Igor !

Je l'appelai, plus fort. Il ne répondait toujours pas. Allez, s'il te plaît, réponds-moi... Je m'approchais encore plus. Il faisait fort sombre et j'avais du mal à clairement voir autour de moi. Mais je priais intérieurement si fort pour qu'il dorme. Ou me fasse une blague du plus mauvais goût possible. A ses côtés, je m'agenouillai et approchai ma main de lui. Mon geste était hésitant, et je tremblais si fort. J'avais si peur que ma frayeur soit fondée. Sa main était froide, tellement. Et si raide... Des larmes roulèrent sur mes joues. Jamais je n'ai eu si mal de ma vie. Mon seul ami, l'unique compagnie de ce monde. Cet homme au coeur si bon venait de nous quitter. Seul, ici, abandonné de tous. Je n'ai même pas pu être là pour lui, pour ces derniers instants. Alors que jusqu'à la fin, il avait pensé à moi. Il ne devait attendre qu'une seul chose, mon retour. Mais je suis arrivé trop tard. Il ne pourra même pas avoir ce plaisir d'offrir ce qu'il avait pris plaisir à fabriquer. Ni me lire cette lettre qu'il avait dû écrire avec tout son être. Quels gestes d'amour. Quel élan d'attention. Cela me toucha pleinement.

Je me relevai et fis demi-tour. Rester une seconde de plus serait tortueux. Dehors, la bruine était devenue fine pluie. Je vis, posées à côté de la porte d'entrée, deux pelles. Nos pelles. Un coup au coeur, de nouveau. Plus jamais, au grand jamais je ne pourrais m'en servir. Je ne serais même pas capable d'enterrer la personne qui m'était la plus proche. Comment pourrais-je ? C'était nous ou rien. Il avait refusé de m'écouter quand je lui avais dit cela, mais je savais déjà à ce moment-là, au fond de moi, que je ne saurais jamais assumer cette tâche seul sans lui. Même pour lui. Je m'approchai des pelles et pris la mienne. Puis je marchai vers la sortie du cimetière, me laissant guider par mon errance.

Si j'avais pu remonter dans le temps, ne serait-ce que d'une journée, j'aurais pu être avec lui. Il aurait pu me lire cette lettre. Et je l'aurais écouté, savourant ce moment, comme lorsqu'un père lit une histoire à son fils. Une telle marque d'attention et d'amour qui emplit le coeur de joie de vivre. Et si j'avais su à ce moment que c'était le dernier de ma vie que l'on passerait ensemble, je l'aurais savouré, éternisé, à lui tenir compagnie jusqu'à ce qu'il tombe de fatigue. Mais au lieu de cela j'ai retrouvé un cadavre parti dans son sommeil.

Je me retrouvai face au moulin. A quoi bon vivre seul dans ce monde d'infortune au final ? Je poussai la porte, qui s'ouvrit sans grande difficulté. Et à mon grand étonnement, à l'intérieur, quelques torches étaient allumées et la pièce semblait entretenue. Le faible éclairage ne permettait de voir que le centre de la pièce, ces quatre coins restant dans l'obscurité ainsi que le plafond, trop haut pour l'apercevoir. Au sol, un étrange et grand cercle grand comme deux fois ma taille environ y était dessiné, avec plein de symboles autour et dedans. J'ignorais si cela était un élément décoratif ou avait une quelconque fonction. L'on pouvait également apercevoir le mur du fond, sur lequel était visible tout le mécanisme du moulin, qui semblait en parfait état. Pourtant, personne ne vivait ici. Personne même n'était censé rentrer ici. Tous dans ce foutu village craignaient ce soi-disant démon qui vivrait ici. Et bien ce soir, je l'appelais.
Qu'il vienne me chercher. Je ne veux pas vivre ici. Je ne veux plus vivre ici. Ou plutôt survivre. Tout le monde ici me déteste. Et comme Igor disait : "Il faut mourir malheureux p'tit gars, si tu ne veux rien regretter."

Et il avait raison. Jamais je pense pouvoir être plus triste qu'aujourd'hui. C'était mon coeur nu, écorché vif qui saignait. Dieu comme je pleure, c'est indécent. Alors viens démon, viens ! Prends-moi ! Que je serve encore à quelque chose dans ce foutu monde... La seule personne qui m'appréciait est partie, et je n'ai pu l'accompagner. Tous ceux qu'il me restait étaient ce soi-disant frère et cette vieille odieuse qui ont tout gâché. Quitte à mourir, peut-être que je devrais les emmener avec moi, au final ? Vu qu'ils ont tout gâché, tout !

Je savais ces pensées malsaines et pernicieuses. Je peux être un bon gars. Et je lutte, je lutte en moi car à quoi bon avoir une morale en ce bas monde ? Pour ne pas décevoir celui qui me l'a inculquée. Mais il n'était plus là. Alors est-ce salir sa mémoire que de ne pas honorer ce qu'il m'avait enseigné ? Ou est-ce m'affirmer si je suivais mes propres désirs ?

Déchiré par deux excès je ne savais sur quoi jeter mon dévolu sans regretter. Alors j'observai cette pelle que j'avais prise en partant. Le seul bien qui m'appartenait vraiment, ainsi que la corde enroulée autour du manche. Mettre fin à mes jours était sûrement l'option la plus envisageable. Pourquoi devrais-je continuer ? Plus rien ne me retenait ici-bas. Pourtant, quelque chose me dérangeait dans cette idée. Même si elle semblait venir du plus profond de moi, j'avais un instinct vengeur qui criait famine. Tout arrêter et se pendre me donnait un sentiment d'abandon et d'inachevé. Et je partirais en laissant mon horrible famille ainsi satisfaite. Mais pourtant je souffrais trop pour continuer à vivre comme avant. Que devais-je faire ?
Des larmes roulèrent sur mes joues. De désespoir, de colère, de désarroi et de rage. De résignation. Je me sentais si perdu à ne savoir à quel instinct me livrer. Mais le destin décida pour moi à ce moment-là.

Alors que la pluie dehors tombait à grosses gouttes, la porte du moulin s'ouvrit en trombe. Je vis la vieille et son petit-fils. Que faisaient-ils là ? Déjà que je luttais, et je luttais à la folie pour ne pas assouvir un bas instinct, et ils se livraient à moi ?

- Tu ne comptes tout de même pas dormir ici ? Que vont croire les voisins si te ne rentres pas ?

C'est tout ce que ce chien trouvait à me dire ? Et il était venu avec la vieille peau en plus? Il croyait quoi, m'impressionner ? Je ne suis plus un enfant tu sais ?
Je m'approchai à grand pas et lui saisis le col. Il paniqua, son regard le trahit. Je le jetai derrière moi à travers la pièce. Il tomba de tout son long. Il n'eut pas le temps de se lever, je l'aidai en l'empoignant. Debout, il me regarda, hagard, se demandant ce que j'osais. Il n'eut pas le temps de comprendre, mon poing lui décrocha la mâchoire. Puis un autre coup, plus fort, dans le nez. Une droite de plus dedans, et encore une à l'arcade. Il tomba à la renverse, son visage ensanglanté. Il avait mal. Oh, pauvre petite bête blessée, va.

La vieille se mit entre nous deux, pour tenter de nous séparer. Son poulain, son petit protégé était touché. Que c'était mignon. Elle n'avait jamais rien fait de tel pour moi ! Au contraire, elle me cognait quand j'étais encore gosse et trop faible pour réagir. Espèce de lâche. Avec un coup de pied en plein sternum elle tomba par terre. Femme, enfant ou vieillard, j'étais bien trop haineux pour la moindre pitié. Je me vengerais de tout le monde.

Voyant notre aïeule au sol, une once de courage naquit en mon frère. Il se leva et courut vers moi. Il me porta un coup suivi d'un deuxième, puis réussit à briser ma garde avec un troisième m'ouvrant les lèvres. De cette blessure, le goût du sang se répandit en bouche et la douleur m'enivra. Comme si je sortais d'une torpeur pour me plonger en transe. L'on se faisait face. Il avait ses sourcils froncés, la mâchoire serrée et les lèvres pincées, il semblait plein de détermination. Aujourd'hui il ne pouvait compter que sur lui-même, personne ne viendrait le sauver lui et l'autre lors d'une nuit de nouvelle lune au sein du moulin maudit. Je ris à gorge déployée, et l'observa de mes yeux révulsés de haine.

- Tu vas mourir ce soir grand frère.

Il perdit son expression sévère. Etait-ce de la peur qu'il ressentait ? Étonnant, il avait créé le monstre qui se tenait sous ses yeux, à quoi d'autre que l'horreur qu'il lui arriverait devait-il s'attendre ? Je fondis sur lui d'une fureur menaçante. La tempête dehors fit alors rage à ce moment, et lorsque l'orage éclata et le tonnerre gronda mon coup le toucha de plein fouet. Il s'était mis en garde et para peu de coups. La plupart de mes directs et crochets l'amochaient.

Je suis incapable de dire combien de fois j'ai pu le cogner avant qu'il ne tombe au sol, il était étonnamment résistant. Couché au sol, défiguré, il implorait ma pitié. Des dents en moins, une paupière si gonflée qu'il ne pouvait plus voir de cet oeil et le nez cassé, il ne me faisait même pas peine à voir. Que du contraire. Son t-shirt était écarlate et j'aimais voir ça. La vieille pleurait en nous regardant, hurlait d'impuissance. Je la toisai. Toi aussi je veux te faire souffrir.

- Mamie (Dieu que ce mot est désagréable à prononcer), regarde ton petit-fils bouger pour la dernière fois.

Elle hurla. Ça me donna un regain d'énergie pour fondre sur lui et le massacrer de mes poings devenus arme létale. A califourchon dessus je ne lui laissai aucun répit. Droite. Gauche. Meurs dans la douleur. Sous mes propres coups. Droite. Toi qui m'as fait devenir monstre, mérite ce que tu as semé. Gauche. Droite. Gauche. Sa tête bougeait seulement grâce à l'impulsion de mes coups. Son sang m'éclaboussait et colorait le sol, mais ma frénésie était aveugle et salvatrice. Je finis de l'achever en hurlant, sous les pleurs du témoin dévasté. Sa descendance s'entre-tuait. La tempête faisait tellement rage dehors qu'elle couvrait tous nos cris.

Quand j'eus fini, je me levai. Je n'arrivais même pas à reconnaître l'homme au sol, que j'avais pourtant vu des centaines et milliers de fois, malheureusement. Sa face écrasée dans sa boite crânienne. Je m'en écartai de plusieurs mètres et vis la vieille aller à son chevet et pleurer son corps inanimé. Je l'observai et me décida de l'abandonner dans son désarroi. Elle mourra ainsi seule dans le regret et les remords de m'avoir ainsi considéré. La roue tourne, on ne mérite que ce que l'on fait. Vieille sorcière. Ce soir, je battis à mort mon frère.

Soudain, la foudre éclata au-dessus de nous. Elle sembla frapper le moulin lui-même. Ce fut alors que sur le mur du fond l'on vit le mécanisme s'enclencher. Le moulin tournait. Le démon venait-il nous chercher ? Existait-il donc réellement ? Je dois avouer que je pris légèrement peur, mais sentis à la fois de l'impatience et surtout de l'excitation. Jamais je ne m'étais senti aussi vivant.

Le cercle et les symboles dessinés au sol s'illuminèrent. Heureusement je m'étais éloigné, car le cadavre et la vieille étaient en plein dessus. Une lumière bleue profonde en jaillit et le sol trembla doucement. Le mécanisme du moulin accéléra. Je vis la vieille perdue, effrayée, elle me cherchait même du regard. Qu'espérait-elle, que je l'aide ? Si je devais mourir pour qu'elle crève alors j'acceptais avec plaisir.

Un son grave vint du plafond plongé dans l'obscurité, comme le battement régulier d'un tambour, et une légère brume sortit du cercle, couvrant tout le sol jusqu'aux genoux. Le brouillard était opaque et en quelques secondes je ne vis plus mes pieds. La vieille se leva mais resta auprès du cadavre, recouvert de ce voile. Le rythme mélodieux s'intensifia d'un coup, me faisant bondir, et fut accompagné d'un sifflement qui semblait se rapprocher de plus en plus. Et là, d'un coup apparurent au-dessus de nous deux énormes mains, faisant d'envergure au moins deux fois ma taille. Elles étaient noires et fripées. Était-ce les mains du démon du moulin ?

Les deux paumes se firent face de part et d'autre du cercle. Elles s'entrelacèrent les doigts et gardèrent en leur sein la vieille et le mort. Je vis la lumière du cercle s'intensifier, la brume s'élever autour des mains et les recouvrir. Puis la grand-mère hurla. Véritablement. Un cri d'horreur qui me fit tressaillir. Je ne pouvais voir ce qu'il se passait, elle était entre les deux paumes sans que celles-ci ne se touchent. Que lui faisaient-elles ? Jamais je n'avais entendu une humaine hurler de la sorte. J'ignorais que c'était possible d'exprimer ainsi une agonie. Et même si je la haïssais de tout mon être, je ne pus que ressentir de l'effroi face à la scène. Des frissons me parcoururent l'échine. Une véritable terreur m'immobilisait.

D'un coup elle se tut. Plus un bruit. Pendant quelques secondes ce fut le calme plat et la brume se dissipa même légèrement. Je pus apercevoir les mains, elles ne semblaient pas avoir bougé. Puis un grondement de tonnerre terrible me fit tressauter et je vis clairement les paumes des mains se rejoindre. J'entendis avec une telle précision les craquements d'os broyés que j'avais l'impression de sentir les miens. Je fus partagé entre le dégoût et, je dois l'avouer, le contentement de la savoir morte dans d'atroces souffrances. La lumière du cercle s'éteignit enfin. Je tombai à genoux, comme si j'étais épuisé par ce spectacle qui venait de m'être présenté. Quelques faibles claquements de main ressemblant à des applaudissements se firent entendre depuis un coin de pièce plongée dans l'obscurité. Deux personnes en sortirent. Depuis combien de temps étaient-elles là ? Ont-elles vu toute la scène ?

- Alors là, félicitations, c'était magnifique ! dit l'une d'elles en claquant plus fort des mains avant d'arrêter sec. Elles étaient élancés et athlétiques. Vêtues d'une tenue de combat assez près du corps de couleur rouge et noir. Coiffées d'une haute queue de cheval et le visage recouvert d'un masque. D'un masque blanc au symbole Sheikah retourné.
- Et le démon s'est régalé !

Des Yigas. Le moulin appartenait aux Yigas et le démon qui y vivait se tenait juste devant moi. Ou tout du moins ses mains. Et il ne semblait pas me vouloir du mal. Les Yigas s'approchèrent de moi. Comme ils étaient beaux et classes. Leur démarche était gracieuse, légère et gracile. Féline. Je sentis mon pouls battre lorsqu'ils s'arrêtèrent près de moi. Je me relevai doucement. Qu'est-ce que je n'aurais pas donné pour faire partie de leur clan.

- Tu te cherches une famille, pas vrai ?

Les bras croisés, l'autre Yiga me posa la question. Mon coeur sembla s'arrêter un instant. A-t-il bien prononcé le mot famille ? Le poing du démon à cet instant s'approcha doucement de moi. La main s'ouvrit et sur le bout du doigt, très près de moi, était posé un masque blanc au symbole retourné. Le masque Yiga. Je regardai les deux personnes à tour de rôle. Était-il réellement pour moi ?

- Sois honoré que le démon souhaite que tu le serves. Toute ta haine et ta rage l'animent autant que toi. Rares sont ceux que choisit Bongo-Bongo en personne.

Mon regard se tourna vers le masque posé sur la pulpe des doigts de ce démon que je traiterais dorénavant comme mon Dieu. Je pris le masque de mes deux mains, et le posai sur mon visage. Je ne le décevrai pas. Et tous, en ce bas monde, m'appelleront Kohga Le Grand.

FIN

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Awnesk". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 14.04.24