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La légende de Zelda : La quête parallèle

Ecrit par Antoine en 2010
Chapitres 1 à 16   •   Chapitres 17 à 36
Chapitre 17 : Temple de la forêt
Chapitre 18 : Pérégrinations du pont
Chapitre 19 : Un cheval nommé Epona
Chapitre 20 : Ocraille
Chapitre 21 : Le voleur ailé
Chapitre 22 : Bourg Ysar est attaqué !
Chapitre 23 : Préparatifs pour sauver la princesse
Chapitre 24 : Sur l'île aux pirates
Chapitre 25 : L'île Oraz
Chapitre 26 : Un léger contretemps
Chapitre 27 : Monstrueux récifs
Chapitre 28 : Pas ailés pour un héros pressé
Chapitre 29 : Que la lumière soit !
Chapitre 30 : La force de conviction
Chapitre 31 : Apparitions maléfiques
Chapitre 32 : Aux ruines d'Ysar
Chapitre 33 : De la lumière aux ténèbres
Chapitre 34 : La Tour des Ténèbres
Chapitre 35 : La confrontation finale
Chapitre 36 : Les adieux
Chapitre 17 : Temple de la forêt   up

La première sensation qui envahit Link fut celle du sol spongieux qui laissait des marques verdâtres sur ses bottes. Le jeune homme s'étonnait aussi du mouvement ondulant du sol et s'interrogeait sur la nature de l'endroit dans lequel il venait de pénétrer.
"N'aie pas peur, Link, dit Déa en voyant le visage inquiet du jeune homme. Nous sommes à l'intérieur d'une tortue.
- Comment cela une tortue ?
- Je croyais que tu le savais ! s'étonna la fée. L'île des Rikikos est en fait une énorme tortue sur laquelle les êtres du lac ont trouvé asile.
- Cela explique le fait que personne n'arrive jamais à repérer leur île.
- En effet, la tortue se déplace tout le temps !
- Mais alors, la chose spongieuse qui colle à mes bottes, c'est de la chair de tortue !" grimaça Link en regardant ses pieds recouverts de gelée verdâtre.
Après avoir contenu sa nausée passagère, le jeune aventurier poursuivit son chemin à l'intérieur de l'île-tortue. Déa marchait à ses côtés et éclairait le passage par son aura bleutée. Nos deux aventuriers étaient sortis du tunnel spongieux et évoluaient maintenant sur un long sentier blanc qu'ils identifièrent comme étant la colonne vertébrale de l'animal. Ils arrivèrent bientôt en vue d'un énorme ballon bleuté dont les parois n'avaient cesse de se contracter. En approchant ses mains de l'organe, Link sentit une soudaine fraîcheur.
"Il nous faut entrer, Link", déclara Déa en tournant sa charmante tête bleue en direction de son compagnon.
Le jeune homme pratiqua une fente dans la fine membrane du ballon. Ceci eut pour effet de créer un appel d'air qui happa nos deux aventuriers à l'intérieur de l'organe. Tandis que Link errait çà et là dans le ballon au gré des courants, Déa avait déployé ses ailes translucides et luttait contre le vent.
"Cramponne-toi à moi ! dit la fée en saisissant Link par le bras. Nous sommes sans doute dans les poumons de la tortue. Nous devons sortir d'ici ! Le vent est trop fort ! Je ne tiendrai pas longtemps !"
Déa avisa un conduit situé à une extrémité du ballon d'air et s'y précipita à toute volée. Le corridor les conduisit jusqu'à un sas qui les stoppa net dans leur course. Link se massa douloureusement le dos et aida sa partenaire à se relever.
"Nous sommes en sécurité ici, déclara la fée. Mais j'ai bien peur que nous soyons dans une impasse !
- Pas sûr !" répondit Link en désignant un curieux tubercule situé au plafond.
Le jeune homme utilisa son boomerang qui alla frapper l'interrupteur, libérant l'accès au sas et permettant ainsi aux deux aventuriers de pénétrer dans une nouvelle partie du corps de la tortue. La pièce dans laquelle ils venaient d'entrer n'avait cesse elle aussi de remuer. Le sol se soulevait vivement pour reprendre son emplacement initial avec la même vitesse. Dans cet endroit tumultueux, des créatures semblables à des araignées sautillaient en direction des deux explorateurs.
"Ce sont des Araknons ! informa Déa. Quelques coups d'épées devraient suffire pour t'en débarrasser."
Link sortit sa lame sheikhane et fendit en deux ses ennemis. Débarrassé des gêneurs, le jeune homme observa la salle dans laquelle il se trouvait. L'espace était hermétiquement clos, la seule sortie était l'accès par lequel ils venaient d'entrer. Link avisa alors un étrange mécanisme situé au centre de la salle. Ce denier avait la forme d'un remontoir de réveille-matin. Face à l'objet, deux entailles avaient été pratiquées dans le sol. Link en conclut alors qu'en déplaçant le curseur du remontoir, un mécanisme secret devrait s'activer. Le jeune homme se plaqua contre l'interrupteur et, avec l'aide de Déa, fit tourner l'objet. Celui-ci pivota jusqu'à la première encoche. Aussitôt la porte de la salle s'ouvrit. Un vent soudain se leva et emporta nos deux aventuriers en direction de la sortie. Déa et Link se laissèrent entraîner par le courant qui s'engouffrait dans un mince conduit. Ce dernier les déposa face à un autre sas. Link trouva l'interrupteur commandant l'ouverture de la porte et pénétra dans une vaste salle au milieu de laquelle se trouvait un coffre. Le jeune homme dut lutter contre des méduses électriques avant de parvenir à la malle de bois contenant la carte du donjon. Link et Déa apprirent qu'ils se situaient au premier étage, dans ce que la fée supposait être la tête de la tortue. En analysant bien la carte, elle informa son compagnon qu'ils étaient arrivés ici en empruntant une longue artère sortant du ventricule droit du coeur, là où ils avaient tourné le remontoir au rez-de-chaussée. Après l'examen de la carte, le jeune homme la plia soigneusement et la plaça dans sa poche avant de prendre une porte située à l'opposée de celle par laquelle ils venaient d'entrer. En ouvrant le sas, un nouveau courant d'air emporta les explorateurs jusqu'au rez-de-chaussée face à une porte close. Link trouva l'interrupteur et entra. La salle dans laquelle les aventuriers venaient de pénétrer était identique à celle où ils avaient trouvé un remontoir. Déa déclara qu'ils devaient se trouver dans le ventricule gauche du coeur. L'aventurier se débarrassa d'une paire d'Araknons rouges ainsi que d'un Octorock qui n'avait cesse de jouer à cache-cache en apparaissant et disparaissant subitement. En triomphant de ses ennemis, un coffre apparut. Le jeune homme en extirpa une boussole qui lui révéla la présence d'un trésor à l'étage inférieur. Le héros fourra la boussole dans sa poche et alla aider Déa à pousser le mécanisme qui s'immobilisa sur l'unique encoche du sol. Le sas s'ouvrit et nos deux aventuriers furent happés par un vent violent qui les conduisit dans un énorme ballon bleuté où Link dut s'accrocher de toutes ses forces à sa partenaire pour ne pas être emporté par les vents. La petite fée alerta son compagnon de la présence de Mites qui volaient à proximité et tentaient de la déstabiliser. L'aventurier utilisa son boomerang pour trancher les ailes de ses adversaires qui allèrent s'écraser au sol. Déa, quant à elle, poursuivit sa route en direction d'un petit conduit situé à l'autre extrémité du ballon. Ce dernier les mena jusqu'à la partie droite du rez-de-chaussée, dans la première salle au remontoir. Là, les deux aventuriers déplacèrent le curseur de l'interrupteur jusqu'à la seconde encoche. Une mélodie retentit signalant qu'un mécanisme venait de s'enclencher. Une rafale de vent cueillit nos deux amis et les guida dans un mince conduit jusqu'à un lac verdâtre à l'odeur nauséabonde. Link eut un haut-le-coeur, l'air ambiant était insupportable.
"Attention, Link ! alerta Déa en désignant l'étendue fétide. Nous sommes dans l'estomac de la tortue. L'eau de ce lac est en fait des sucs gastriques ! Pose seulement le pied dessus et tu verras fondre tes bottes !"
Le héros se pencha prudemment sur la berge et jeta l'un de ses cheveux pour vérifier les dires de sa compagne. À peine le mince fil blond effleura le lac qu'il se consuma aussitôt. Fort de ce constat, le jeune homme se mit en quête d'un moyen de traverser la rivière acide pour gagner la rive opposée qu'il pouvait apercevoir au loin.
"Au secours ! Link !"
L'aventurier se tourna en direction de l'endroit où se trouvait la fée et vit celle-ci en proie avec une énorme main blanche qui lui enserrait la taille. En entrant dans l'estomac, elle ne s'était pas aperçue de la présence de cette curieuse créature agrippée à la paroi. Link trancha l'hideuse bestiole et rattrapa Déa avant que celle-ci ne chute dans l'eau corrosive.
"Merci, dit la fée en rougissant d'un air gêné, émue par le contact des mains de Link sur son corps.
- Comment pouvons-nous traverser ce lac ? demanda Link, indifférent à la situation.
- Je... je ne sais pas, peut-être... répondit Déa quelque peu déconcertée par la question de son partenaire.
- C'est bon ! J'ai trouvé !" coupa-t-il en désignant du doigt un monticule translucide qui flottait au milieu du lac.
Le héros venait d'apercevoir un énorme bocal de verre qui dérivait dans les sucs gastriques sans paraître être éprouvé par l'action digestive de ces derniers. Link présenta son plan à Déa : il leur fallait atteindre cet objet puis de là rejoindre la berge opposée. La fée souleva le jeune homme dans les airs et entreprit de traverser l'étendue acide. Pendant la traversée, Link tenta de repousser au moyen de son boomerang les attaques incessantes d'une nuée de Mites qui volait au-dessus de Déa. Les créatures furent tuées mais certaines d'entre elles, avant de chuter dans les sucs gastriques, eurent le temps de blesser l'être ailé. La fée informa son camarade qu'une de ses ailes était particulièrement abîmée. Rassemblant ses dernières forces, elle réussit à se poser sur le bouchon de liège de la bouteille. Là, elle déclara avoir besoin de se reposer quelques temps afin que ses ailes se cicatrisent. Link décida alors de tuer le temps en observant les alentours depuis sa vigie de verre. Au bout d'un moment, il remarqua que leur embarcation se déplaçait de plus en plus vite. Il tourna son regard dans la direction que semblait prendre la bouteille et réalisa avec horreur qu'ils se dirigeaient en plein sur un tourbillon. La compagne de Link s'aperçut à son tour de la situation. Le jeune homme tentait vainement de dévier la bouteille de l'attraction du siphon au moyen de bombes. Déa proposa de s'envoler mais son partenaire lui rappela qu'elle était encore trop faible. Nos deux aventuriers se laissèrent prendre par le tourbillon et coulèrent avec la bouteille. Link se croyait perdu lorsqu'il réalisa que le maelström était juste un trou qui l'avait mené au deuxième sous-sol où il eut à combattre une hideuse créature. En effet, trônant sur un piédestal, un énorme Pudding ondulant se penchait en direction des nouveaux venus afin de les aspirer. Link plaça Déa derrière lui et sortit son boomerang. L'arme courbe siffla dans l'air et alla frapper le Like-Like pour rebondir aussitôt. L'aventurier réalisa alors que son arme était inefficace contre le monstre. Le Pudding tendait son corps mou en direction de ses assaillants et eut réussi à aspirer Link si celui-ci n'avait pas sauté de côté. Ayant raté son attaque, la créature se redressa en ondulant de rage, cela éveilla l'attention de Link qui observa que le monstre ne quittait pas son piédestal alors que la pièce dans laquelle ils se trouvaient était grande.
"Il doit garder quelque chose en dessous de lui", pensa-t-il.
Link jeta des noix mojo sur le Like-Like mais elles ne produisirent pas l'effet escompté. Le héros ne voyait pas comment il pouvait triompher de la masse gluante. Déa vint à son secours :
"Sa peau est une véritable carapace ! Son seul point sensible est l'intérieur de son corps !"
Le conseil de son acolyte fit imaginer un nouveau plan dans le cerveau de Link. Puisque le Pudding ne bougeait pas de son socle, il fallait uniquement se garder de sa terrible bouche.
"Une bombe pourrait être efficace... pensa Link à voix haute. Mais, je suis trop loin pour pouvoir lui lancer une bombe...
- Je peux t'aider !" répondit Déa.
Link considéra sans mot dire la fée du regard et esquissa une moue désapprobatrice.
"Nous formons une équipe, non ? insista-t-elle en voyant que le jeune homme ne semblait pas approuver ce choix.
- Tu as raison", acquiesça Link.
Il expliqua à sa partenaire qu'il avait besoin d'elle pour jeter une bombe dans la bouche du Pudding. La fée approuva le plan et prit son envol. Link lui envoya une bombe allumée que la femme ailée s'empressa de laisser tomber sur le Like-Like. Celui, trop content de pouvoir se mettre quelque chose sous les dents, avala tout rond l'objet. Il ne fallut pas plus d'une minute pour qu'une violente explosion lui déchire le ventre et lui cause d'horribles brûlures. L'animal hurla de douleur et tenta de gober Déa en représailles. Celle-ci répliqua en jetant une nouvelle bombe dans la gueule de la bête. La déflagration lui brûla les lèvres. Nos deux aventuriers renouvelèrent leur attaque jusqu'à ce que la créature gluante succombe de l'incendie provoqué dans son estomac. La masse graisseuse du Pudding disparut en un nuage de fumée et dévoila un coffre doré et turquoise dans lequel Link trouva une petite clé sertie d'un rubis écarlate. Après l'obtention de cet élément, l'aventurier remarqua que le piédestal sur lequel trônait son adversaire était en fait une plate-forme commandée par un interrupteur translucide.
"Ce bouton que j'aperçois là devrait nous permettre de remonter à la surface !" déclara la fée.
Link et Déa, ayant besoin d'une embarcation pour traverser l'estomac, disposèrent la bouteille sur la plate-forme et allèrent se jucher sur le haut de celle-ci. Au moyen de son boomerang, le jeune homme activa le prisme translucide qui s'illumina. Aussitôt un tremblement envahit toute la pièce et la plate-forme se mit à s'élever jusqu'au premier sous-sol. Là, la bouteille se retrouva entourée des eaux fétides du lac et poursuivit sa longue dérive vers la berge que les explorateurs avaient précédemment aperçue la première fois qu'ils étaient venus dans cette caverne. Arrivé sur le sol ferme, l'aventurier se dirigea vers un sas auprès duquel il ne trouva pas d'interrupteur.
"Nous sommes bloqués cette fois-ci, déclara le jeune homme.
- Non ! informa Déa qui venait de s'élever dans les airs. Il y a une corniche au-dessus de nous et j'aperçois une porte."
Link se laissa porter par la fée qui le déposa devant une double porte de bronze. Il sortit la clé dorée qu'il avait arrachée au monstre du sous-sol et l'engagea dans le cadenas qui fit tomber les lourdes chaînes qui obstruaient la porte. Déa et Link, après s'être regardés mutuellement, avancèrent d'un même pas à l'intérieur de ce qu'ils savaient être l'antre du boss du donjon.

Une obscurité étouffante enveloppait nos deux aventuriers. Guidé par Déa, Link trouva deux flambeaux qui apportèrent un peu plus de lumière dans la vaste salle sombre dans laquelle ils venaient de pénétrer. Les murs et le sol étaient noirâtres et une odeur particulièrement agressive emplissait les narines des deux explorateurs. Alors qu'ils étaient en train de découvrir les lieux, le sol se mit à trembler. Un mouvement sous cutané apparut puis un long corps verdâtre et visqueux surgit. Il s'agissait d'un énorme ver parasite muni de deux larges mandibules et dont l'énorme oeil vindicatif était rivé sur ceux qui venaient de troubler son repos. Link s'aperçut que l'animal portait autour de son cou un mince filin doré que Déa identifia comme étant la corde des Rikikos. Le ver géant retourna dans le sol tandis que le héros sortit son épée et demanda à sa partenaire de rester prudemment derrière lui. Le sol remuait devant Link, permettant au jeune homme de repérer l'endroit où se trouvait son ennemi. Il réalisa aussi que la créature suivait chacun de ses pas. Aussi il intima l'ordre à Déa de ne pas bouger de l'endroit où elle était tandis qu'il se déplacerait afin d'attirer le ver en sa direction. L'hideuse créature fit surface à quelques centimètres du héros, ses mandibules claquèrent dans l'air, Link ayant eu le temps d'esquiver son attaque. Le jeune homme réussit à abattre son épée dans l'oeil de la créature. Celle-ci hurla de douleur et s'enfouit dans la chair de la tortue pour réapparaître plus loin, plus déterminée que jamais à croquer son agresseur. Le héros se munit de son boomerang et étourdit l'animal avec, ce qui lui permit de redoubler les coups d'épée dans l'oeil sanguinolent du ver. Le parasite géant, devenu borgne, rampa comme un aliéné et percuta à plusieurs reprises les parois intestinales de la tortue, manquant à deux reprises de percuter Déa qui réussit à s'envoler à temps à chaque fois. Link acheva la créature par une bombe qui vint se loger sous l'abdomen de l'animal et qui lui déchira le ventre. Le ver se tortilla dans tous les sens puis s'immobilisa, mort. Le héros récupéra un coeur d'énergie et la corde des Rikikos qui reposait sur le sol non loin du cadavre de son ennemi. Un cristal transparent apparut. Link et Déa allèrent se positionner dessus. Un halo bleuté les enveloppa et les ramena à la surface où les Rikikos les attendaient.
"Merci de nous avoir débarrassé du parasite, félicita le chef des lutins ailés en se tournant uniquement vers Déa qu'il prenait pour une divinité. Notre île est sauvée ! Tu as bien mérité la corde de la forêt ! Que ta route soit sûre, adieu Divine fée !" ajouta-t-il en s'inclinant respectueusement devant Déa.
Link ronchonna devant les honneurs que Rikimido faisait à sa partenaire et s'isola. Il emprunta un sentier qui le conduisit à une falaise abrupte depuis laquelle, en se penchant un petit peu, il eut l'heureuse surprise d'apercevoir le haut de la tête de la tortue qui servait d'île aux Rikikos.
"Merci, Jeune Héros ! dit l'animal. Tu m'as guérie du mal qui me frappait. Laisse-moi te ramener sur la terre ferme."
Alors que la tortue nageait en direction de la Forêt Rikiko, Déa vint rejoindre Link en lui demandant pourquoi ce dernier avait subitement disparu. Le jeune homme ne répondit pas mais le regard mauvais qu'il lança à Déa lui suffit à comprendre. L'île des Rikikos était arrivée en vue de la rive du lac. Déa porta Link jusque sur la berge, aussitôt le jeune homme sentit des picotements dans les jambes. Le paysage changea tout autour de lui, les objets devenaient de plus en plus petits. En un instant, Link venait de retrouver sa taille normale et regardait alternativement le halo bleuté qu'était Déa et l'île-tortue des Rikikos.
"Tu es vraiment plein de ressources, jeune aventurier, rit le reptile. Je te remercie encore pour m'avoir soigné, aussi reçois ce modeste cadeau de ma part."
La tortue se mit à cracher quelque chose que Link identifia comme étant la fameuse bouteille qui l'avait tant aidé à l'intérieur de l'animal.
"Merci encore Link et bonne chance pour la suite de ta quête", dit la tortue en disparaissant dans la brume.

Chapitre 18 : Pérégrinations du pont   up

Link venait de retrouver sa taille normale et se téléporta au Ranch Arami. Déa voletait joyeusement autour du héros :
"Bravo Link mais notre quête n'est pas terminée, il nous faut trouver les autres cordes.
- Une corde ? coupa une voix que Link reconnut comme étant celle de Boonoru l'épouvantail. Une corde vous dites, je crois qu'il y en a une au Canyon de pierre.
- Comment sais-tu cela ? interrogea Pierre étonné.
- C'est notre cousin d'Ocraille qui nous l'a dit ! répondit l'épouvantail. D'ailleurs je me demande ce qu'il devient... Dites, jeune aventurier, si vous passez dans la région du Canyon pouvez-vous aller voir notre ami l'épouvantail ? Dites-lui qu'on aimerait avoir de ses nouvelles."
Link acquiesça de la tête et sortit du potager de la ferme pour se diriger dans la plaine.
"Tu as entendu l'épouvantail Link ? dit Déa. Il faut que nous allions au Canyon de pierre. Le problème est que pour s'y rendre il faut traverser le fleuve."
Link pesta contre lui-même pour ne pas avoir essayé plus tôt de trouver quelqu'un pour rebâtir le pont et entreprit le voyage pour Bourg Ysar.

C'était heure de grande affluence dans la ville, les rues étaient noires de monde. Link se fraya un chemin jusqu'aux doubles portes gardant l'entrée de l'enceinte du château, bien décidé d'aller rendre visite à la princesse Zelda avant de trouver une personne capable de construire le pont. La sentinelle ne le retint pas et le laissa entrer à l'intérieur. Une longue allée pavée conduisait au palais royal. Link se présenta à la porte du château en demandant à voir la princesse Zelda et fut aussitôt reçu par un homme légèrement bossu, le visage soucieux.
"Je me présente, Monsieur Grimour, l'Intendant du palais d'Ysar, déclara l'homme. Vous avez demandé à voir la princesse ? Celle-ci vous attend dans la salle du trône auprès de son père le roi."
Link suivit l'homme aux cheveux bleu nuit jusqu'à une grande salle située au premier étage du palais après avoir gravi le long escalier du hall d'entrée. Les doubles portes s'ouvrirent à leur passage. Un long tapis carmin guidait les visiteurs jusqu'à un piédestal sur lequel se tenait assis dans leurs trônes de pierre les souverains d'Ysar. Le roi s'était levé à l'approche de Link tandis que Zelda restait en retrait assise sur son siège.
"Bienvenue en notre monde, Link ! dit le roi de sa voix grave et puissante. Ma fille m'a conté ta venue en notre dimension et on m'a déjà informé de tes prouesses. Tu as déjà quatre cordes à ce que je vois. Tu progresses, mais ta quête est encore longue ! Pour t'aider dans tes aventures accepte ceci..."
Link reçut une lettre des mains du roi qu'il remercia en s'inclinant respectueusement.
"Cette lettre te procurera une monture. Rends-toi au Ranch Fergus et donne-la à son propriétaire. Continue ta quête, Link. Mais sois prudent, le pouvoir de Ganon devient chaque jour de plus en plus fort ! avertit le seigneur d'Ysar. Il te faut rassembler les cordes de l'Oiseau-lyre, le sort d'Ysar en dépend."
Le roi retourna s'asseoir et Link fut invité à se retirer. Alors qu'il sortait de la salle du trône, il fut rattrapé par la princesse Zelda.
"Attends Link, j'ai à te parler."
Elle demanda à Monsieur Grimour de les laisser et mena Link dans les jardins du palais où ils s'assirent tous deux sur un banc.
"Tu as déjà parcouru la moitié d'Ysar et tu as sans doute fait la rencontre de personnes qui ont cru reconnaître en toi le Link de cette dimension. Moi la première... déclara la princesse en affichant une mine affectée. Link était un jeune aventurier plein d'astuce et de courage. C'était aussi mon ami. Sa disparition nous a tous bouleversés et ton visage me rappelle la douleur que j'éprouve."
Les yeux de Zelda étaient emprunts d'une profonde tristesse et d'un autre sentiment que Link ne comprit pas.
"Je sais que tu n'y peux rien, reprit-elle, mais le destin est parfois trop cruel..."
Zelda s'interrompit, elle venait d'apercevoir un petit être vêtu d'un chapeau rigolo qui s'avançait en sa direction. Link reconnut le page de la princesse, Bibi.
"Ah ! Princesse Zelda ! Vous voilà je vous cherchais, dit le Mojo en sautillant nerveusement. Salut Link ! Alors cette quête ?
- Ça avance, répondit simplement le jeune homme.
- Ravi de l'apprendre, sourit Bibi. Désolé de vous importuner Princesse, reprit le Mojo, mais on vous demande au palais. Vous savez que votre père n'aime pas que vous restiez dehors. La dernière fois vous aviez disparu..."
La princesse haussa les yeux au ciel en signe de lassitude puis suivit le petit être à l'intérieur du palais non sans avoir tourné une dernière fois son regard azuré en direction de Link. Le jeune héros se retrouva seul au beau milieu du parc royal et entreprit de retourner au bourg en contrebas. Il emprunta un petit sentier bordé de fleurs qui le mena dans un potager. Link réalisa alors qu'il s'était trompé de route, il allait rebrousser chemin lorsque son regard s'arrêta sur un drôle de garde. Au beau milieu du potager, se dressait un soldat à l'armure usée et poussiéreuse. Le plus curieux étaient les brins de paille qui dépassaient de dessous son heaume.
"Halte-là, on ne bouge plus ! s'exclama le garde. Déclinez votre identité jeune homme.
- Link, aventurier.
- Aventurier ? Vous avez une épée, un bouclier et sans doute de bonnes jambes mais est-ce que ça fait de vous un aventurier ? J'en doute fort ! dit le soldat d'un ton sec. Veuillez vous approcher que je vous considère un peu mieux."
En s'approchant du drôle d'inconnu en armure, Link se rendit compte qu'il s'agissait encore d'un de ces épouvantails farfelus. Il ne put s'empêcher de rire ce qui eut pour effet de vexer le faux soldat.
"Comment ? Vous vous moquez de moi ? Osez seulement sortir votre épée de votre fourreau et venez vous battre !" rugit l'épouvantail dont la grosse moustache se frisait de colère.
Link fit ce qu'il lui demandait et pointa son épée en direction de l'imposteur. Celui-ci eut un recul de surprise.
"Euh... je... je ne voulais pas dire cela... Rangez votre épée, je n'ai pas d'arme", balbutia l'épouvantail apeuré.
Link sourit en remettant son glaive dans son étui puis regarda d'un air moqueur le provocateur poltron.
"Désolé de m'être emporté, c'est la chaleur du soleil", s'excusa l'être de paille. "Je meurs de chaud dans cette maudite armure rouillée ! Peut-être qu'une chanson me ferait oublier mes soucis ?"
Sans se faire prier, Link sortit sa lyre et composa le Chant des moissons à la grande satisfaction de l'épouvantail qui gesticulait tant bien que mal sur son piquet dans sa cotte de maille grinçante.
"Ça c'est une bonne musique. Elle me met en joie et détend mon corps tout courbaturé. N'hésitez pas à rejouer cette chanson si vous voulez revenir ici !"
Link s'éloigna et prit cette fois-ci le bon chemin pour regagner le bourg. Il descendit la longue avenue jusqu'aux quais et prit à gauche. Il passa devant le bureau de poste depuis lequel s'échappaient des croassements furieux. Un peu plus loin, après quelques entrepôts, Link avisa une enseigne : "Hache, Charpentier". Il entra. L'intérieur était sombre, les fenêtres étaient couvertes de sciure. Une lumière unique soulignait un établi auprès duquel se tenait un homme habillé d'un large tablier. Celui-ci était penché sur un gouvernail d'une embarcation qu'il était en train de raboter. Link se mit à toussoter afin de signaler sa présence. L'homme se retourna et ajusta les lunettes qu'il avait sur son nez afin de mieux considérer le nouveau venu.
"Que puis-je pour vous ? demanda l'homme au visage accusant la cinquantaine passée.
- Le pont du Marais Interdit est détruit. Peut-être pourriez-vous m'aider à le reconstruire ?
- Bien entendu, répondit l'homme en s'essuyant les mains sur son tablier. Avez-vous le matériel nécessaire ? J'ai bien quelques planches dans mon atelier mais j'ai peur que cela ne puisse suffire.
- Non, avoua Link contrarié.
- Il vous faut donc trouver quelqu'un qui puisse vous fournir des planches. Je connais justement deux bûcherons dans le marais qui pourraient vous apporter le bois nécessaire pour le pont."
Link se souvint des deux castors du barrage qui lui avaient fait la promesse de l'aider. Le jeune homme demanda au charpentier de se rendre au Marais Interdit et de l'y attendre, Link se charge de trouver le bois nécessaire et de l'emmener jusqu'au pont. Le vieil homme acquiesça de la tête, prit ses outils et s'en alla. Link joua le Chant des moissons et se transporta au Marais Interdit. Là, il alla trouver les frères castors pour leur rappeler leur promesse.
"Évidemment ! dit le grand castor. Nous allons te donner tout le bois qu'il te faut pour reconstruire le pont. Pas vrai frérot ?"
Le petit castor opina de la tête et se dirigea vers un gros arbre en vue de le dépecer. Les deux castors mirent du coeur à l'ouvrage. En peu de temps, Link vit s'empiler devant lui tout le bois qu'il lui fallait pour rebâtir le pont. Restait un problème que le jeune homme n'avait pas envisagé jusqu'alors : comment acheminer tout le bois d'ici au pont ? Il remarqua au sol quelque chose qui lui redonna le sourire. Un petit carré de terre retournée indiquait que l'on pouvait planter un haricot magique. Le jeune homme fouilla dans sa poche et prit la dernière graine qui lui restait. Il l'enfouit sous terre et attendit. Le légume ne tarda pas à pousser et bientôt un formidable plant de haricot occupait la surface du carré. Link se disait que s'il avait pu prendre une taille minuscule, peut-être que le tas de bois le pouvait aussi. Il joua donc la Mélodie de la petitesse. La pile de bois rétrécit à vue d'oeil à la grande stupeur des castors. Lorsque le tas de bois acquit la dimension d'un fagot, le musicien cessa de jouer. Il transporta alors le bois sur le haricot magique et prit à son tour la taille d'un mini-Link pour pouvoir le guider au-dessus de la rivière. Le jeune homme fit s'élever le plant et fila en direction du nord, remontant le cours d'eau. Le végétal ne tarda pas à arriver en vue du pont détruit. Link joua la Mélodie de la petitesse à l'envers afin de redonner taille normale à la cargaison et à lui-même. Le charpentier n'en crut pas ses yeux. Il demeura un moment ébahi, ne sachant que dire :
"C'est, c'est incroyable ! finit-il par s'écrier. Je n'ai jamais vu cela ! C'est magique ! Vous êtes sacrément doué, jeune homme... Enfin, grâce à vous je vais pouvoir reconstruire le pont, merci pour le bois."
Link laissa le charpentier oeuvrer et sortit du marais. Là, il trouva Tingle et le marchand ambulant qui discutaient :
"Ce que vous me dites est très inquiétant Monsieur Tingle ! Et moi qui voulais me rendre à Ocraille ! se lamentait le marchand.
- Que se passe-t-il de l'autre côté de la plaine ? interrogea Link en faisant se retourner les deux hommes.
- Oh là là ! Monsieur fée ! s'exclama Tingle. Les Moblins ont attaqué les Pintuluros à Ocraille.
- Êtes-vous sûr de ce que vous dites ? insista le jeune homme avec une certaine appréhension dans la voix.
- Certain, Monsieur fée ! répondit Tingle en levant ses deux bras en l'air comme pour s'envoler. Je les ai vus de mes propres yeux. Je voulais faire des cartes du canyon mais c'est devenu trop dangereux pour moi là-bas !
- Je dois aller là-bas, dit Link d'un ton déterminé.
- Il vous faudra courir vite Monsieur fée ! Car la plaine est envahie de Moblins !
- Je crois que j'ai trouvé un moyen pour cela..." répondit Link d'un air mystérieux en serrant dans ses mains un morceau de papier qu'il venait de retrouver dans sa poche.
Le jeune aventurier s'éloigna dans la plaine laissant ses deux interlocuteurs perplexes.

Chapitre 19 : Un cheval nommé Epona   up

Link remontait la plaine en direction du nord en suivant le cours inverse du fleuve. Bientôt il arriva en vue d'une grande étendue d'eau. "Lac Lihya" informait un panneau non loin de là. Link aperçut au centre du bassin une petite habitation sur pilotis rendue inaccessible par le faible niveau de l'eau. En effet, le lac avait perdu étrangement une bonne part de sa capacité, laissant juste assez d'eau au fleuve pour continuer à s'écouler en direction du Marais Interdit. En suivant la berge, l'aventurier ne tarda pas à trouver plusieurs habitations ceintes par un enclos de bois. Le jeune héros alla au portail du corral et lut sur le fronton de celui-ci : "Ranch Fergus". Link s'avançait dans l'allée principale de la métairie lorsqu'une douce voix attira son attention. À sa gauche, à l'intérieur d'un enclos, chantait une jeune fille au milieu des vaches. Le jeune homme alla à la rencontre de l'inconnue. En l'apercevant, la fermière cessa de chanter et son visage s'illumina brusquement.
"Oh ! Link ! Comme je suis heureuse de te voir ! dit-elle en se jetant littéralement dans les bras de l'aventurier. J'étais si triste ! J'avais entendu dire que tu étais mort !"
Link fut surpris par ce soudain élan d'affection.
"Encore quelqu'un que le Link d'Ysar a connu. Il était très aimé à ce que je vois !" pensa-t-il.
"Comme tu le vois ce n'est pas le cas, mentit Link ne voulant pas faire de peine à la belle fermière.
- Oh comme c'est joli, s'exclama la jeune fille en montrant Déa du doigt. C'est une fée, c'est ça ? Où l'as-tu trouvée ?
- On me l'a confiée, répondit le jeune homme. Elle m'aide dans ma quête.
- Tu accomplis une quête ! s'enthousiasma la fermière.
- Oui, confirma Link en bombant fièrement le torse voyant l'admiration qu'on lui portait. Je suis chargé par la princesse Zelda de retrouver les cordes de l'Oiseau-lyre !
- La princesse Zelda ? répéta la jeune fille dont le sourire avait disparu pour faire place à un visage contrarié. Je n'aime pas trop que tu traînes avec elle. Tu le sais ?"
Link fut étonné de la réaction de la fermière et encore plus intimidé par le regard sombre qu'elle lui avait lancé.
"Euh, oui, balbutia Link. Je le sais bien, je...
- Tiens mais c'est Link !" coupa une voix.
Le jeune homme se retourna et vit un homme habillé d'une salopette bleue, une fourche sur l'épaule, marcher mollement vers les deux jeunes gens.
"Alors Juna, tu vois bien qu'il n'est pas mort !" lâcha l'homme en se tournant vers la fermière.
- Oui et j'en suis ravie ! répondit la jeune fille. Figure-toi qu'il est chargé par la princesse Zelda de trouver des cordes !
- Des cordes ? s'étonna le fermier. J'en ai un paquet dans la grange, je peux t'en donner si tu veux Link.
- Euh, non merci, ce n'est pas ce genre de cordes que je recherche. Ce sont des cordes magiques pour l'Oiseau-lyre, dit le jeune homme en sortant l'instrument.
- Oh ! Comme c'est beau, c'est dont ça l'Oiseau-lyre ? s'extasia l'homme.
- Oui.
- C'est une sacrée quête qu'on t'a confiée là ! Peut-être auras-tu besoin de mes services ?
- C'est justement la raison de ma venue ici ! répondit Link.
- Comment ça ? C'est justement LA raison ! s'offusqua Juna, je croyais que tu étais venu me voir !
- Oui aussi, dit l'aventurier gêné.
- Comment j'peux t'aider ? demanda le paysan en posant sa fourche contre une barrière de l'enclos.
- Il me faudrait un cheval", répondit le jeune homme en sortant la lettre du roi d'Ysar de sa poche.
Le fermier lut la lettre avec beaucoup d'attention, regarda longuement l'élégante écriture du souverain puis leva les yeux vers Link.
"Le roi me demande de te donner mon meilleur cheval. Je ne sais pas si c'est le meilleur mais je pense qu'il te conviendra. Viens avec moi, Link !"
Le paysan le conduisit à l'intérieur des écuries et le mena à un box où un cheval bai mangeait paisiblement du fourrage. L'animal dressa la tête et ses yeux foncés regardèrent curieusement les visiteurs.
"Voici Epona, c'est une jument très docile. Elle est aussi très rapide et endurante. Je pense qu'elle te conviendra."
Link regarda le cheval un long moment et approcha timidement sa main vers son encolure. L'animal eut un recul puis se ravisa et tendit son cou vers le jeune homme pour que celui-ci le caresse. Link sentit alors qu'Epona acceptait de le prendre comme cavalier. Le paysan sortit la jument de l'écurie et, après l'avoir sellée, la conduisit dans un petit enclos. Juna avait suivi la scène de loin et lorsqu'elle a vit son père sortir Epona, elle se précipita jusqu'à l'enclos.
"Papa, que fais-tu ? Tu lui donnes Epona ? dit Juna d'un air étonné.
- Oui, pourquoi ?
- Parce qu'elle est trop jeune encore et parce qu'elle n'aime pas les étrangers, elle ne connaît pas Link !
- Tu crois ? s'étonna le fermier. Pourtant elle s'est laissée approcher par lui ! Foi de Fergus Je m'y connais en chevaux ! Je suis persuadé qu'elle a adopté Link ! Reste cependant à savoir s'il est un bon cavalier... "
Le jeune homme était un peu hésitant devant le cheval et l'animal le sentait. Il mit le pied à l'étrier et se hissa sur le dos de la bête. Puis il serra fortement les rennes dans ses mains tremblantes.
"N'aie pas peur ! rassura le paysan. Bien ! continua-t-il en voyant que Link commençait à se détendre. Je te propose de te familiariser avec ta monture. Tu as devant toi un petit parcours d'obstacle, dirige Epona au moyen de la bride et laisse-lui faire le reste. Allez c'est parti !"
Link titilla du talon les flancs du cheval qui se mit au galop. Le jeune homme tirait plus ou moins à droite et à gauche en fonction des obstacles qui se présentaient. Epona sauta sans difficulté de petites barrières et réussit à en sauter une plus haute après que son cavalier lui ait fait prendre de l'élan. Au bord de l'enclos Juna et son père regardaient le jeune homme exécuter son parcours et semblaient approuver ce qu'ils voyaient.
"C'est parfait ! dit Fergus d'un ton enthousiaste. Tu as réussi ton parcours sans problème ! Vous vous entendez à merveille Epona et toi ! Tu vois que je ne me suis pas trompé, Juna, ajouta-t-il à l'adresse de sa fille.
- Tu avais raison Papa, répondit la jeune fille. Bravo Link !"
Le jeune homme descendit de sa monture et lui flatta l'encolure.
"Epona t'apprécie, c'est bien, dit Juna avec une pointe de jalousie. Mais si tu te trouves séparé d'elle, sache qu'il te faut connaître sa chanson pour qu'elle vienne à toi.
- Peux-tu me l'apprendre, Juna, demanda Link en sortant sa lyre.
- Oui, écoute", ordonna Juna en prenant sa plus belle voix pour chanter une douce mélodie.
Link reproduisit la chanson que la jument accueillit d'un long hennissement joyeux. Le jeune homme noua l'Oiseau-lyre à sa ceinture puis s'enquit de savoir comment il allait se rendre au Canyon de pierre, le pont du Marais étant seulement en train de se construire.
"Il y a un autre pont plus au nord d'ici, informa le paysan. Il se situe à mi-chemin entre le ranch et les Ruines de l'ancien Bourg Ysar.
- Merci, répondit Link en montant sur sa monture.
- Le seul problème, poursuivit le fermier, est que le pont est barricadé par les Moblins et ils sont nombreux !
- Les Moblins ? Peuh ! Ce n'est qu'un détail", rétorqua Link sûr de lui.
Il remercia Fergus par une poignée de main et se laissa embrasser par sa fille avant d'élancer sa monture en direction du nord.

Chapitre 20 : Ocraille   up

Link sortit du ranch et continua à suivre le cours d'eau. Alors que les montagnes de la Mort se faisaient plus nettement visibles, il arriva en vue du pont et, comme on le lui avait dit, il était défendu par des Moblins prudemment réfugiés derrière une forteresse de bois. La venue de Link fut signalée par un cor d'alarme. Deux cavaliers juchés sur des porcs monstrueux sortirent du fortin et foncèrent vivement sur le jeune homme. Ce dernier alla à la rencontre de ses ennemis et propulsa son boomerang devant lui. L'arme alla percuter de plein fouet la tête d'un des cavaliers qui tomba à terre, évanoui. Le second ennemi fendit l'air de sa lance au-dessus de la tête de Link, qui eut juste le temps d'esquiver. Le Bulbin pesta de rage en manquant son attaque et fit faire demi-tour à sa hideuse monture. L'animal grognait furieusement et ouvrait grande la gueule dévoilant ses crocs jaunis. Ceci donna une idée à Link. Il força Epona à foncer sur l'ennemi puis, au dernier moment, alors que le Bulbin levait sa lance pour frapper à nouveau, il dévia la course de sa monture et jeta une bombe dans la gueule du porc sauvage. Celui-ci avala tout rond l'objet puis explosa quelques secondes plus tard. La déflagration envoya voltiger le cavalier qui retomba sur le sol en se brisant le cou. Débarrassé de son ennemi, le jeune homme regagna les abords du fortin. Il trancha la tête du premier Bulbin qui venait de se relever, la lance au poing, et acheva sa monture qui était restée à ses côtés. Une pluie de flèches accueillit le héros alors qu'il tentait de s'approcher du pont. Link se mit hors de portée puis observa les lignes ennemies.
"Le seul moyen de traverser la rivière est de franchir ce pont, pensa-t-il. Le problème est qu'il est barré par cette forteresse et que les Moblins la défendent chèrement."
Le jeune homme nota toutefois que le mur de bois qui coupait le pont n'était pas haut. Il serra fortement les brides d'Epona et lui donna un violent coup de talon dans le flanc. La jument hennit et se mit à galoper en direction du fortin. L'animal parcourut vivement la distance qui le séparait des Moblins. Ses sabots heurtaient lourdement le sol tout en accélérant la cadence sous les coups de talon de son cavalier devenu fou. Link avait levé son épée en dessus de sa tête et poussait un cri de dément. La curieuse attitude du jeune homme avait fait cesser le tir des archers, ces derniers regardaient avec stupeur la fulgurante chevauchée du jeune héros sans comprendre ce qu'il comptait faire. Arrivé à quelques mètres de la palissade, Epona prit appui sur ses pattes arrière et s'élança dans les airs, réalisant un formidable saut au-dessus du mur de bois, à la grande surprise des défenseurs. La jument atterrit bruyamment sur le sol de l'autre côté de la plaine dans le camp ennemi. Link agita son épée dans tous les sens, cueillant de la lame de nombreuses têtes de Moblins. Epona continua sa folle course, le regard habité à la fois par la peur et par la folie. Grâce à la vitesse de sa monture, le cavalier eut tôt fait de quitter le fortin et de traverser l'autre partie de la plaine non sans avoir à combattre contre plusieurs Bulbins montés sur leurs hideuses bêtes.

Le vert de la plaine céda la place à l'ocre des rochers, Link venait de gagner les abords du Canyon. Il remonta un long chemin sinueux dans un goulet rocheux sous les nombreuses attaques des Moblins qui pullulaient dans ces lieux. Au bout du défilé, la route se scinda en deux. Un épais panache de fumée attira l'attention de Link et le fit prendre à gauche. L'aventurier se retrouva au beau milieu d'un petit village construit dans la roche. L'entrée du hameau portait les traces de récentes explosions et les nombreux cris qu'il put entendre signalaient que le village était attaqué. En effet, ça et là, les Moblins finissaient de pourchasser les derniers habitants qu'ils n'avaient pas encore capturés. Link se porta à leur secours en tuant leurs tourmenteurs. Les habitants remercièrent le jeune homme et lui apprirent que le reste du village était retenu captif dans plusieurs maisons défendues par les sbires de Ganon. Le héros s'enfonça un peu plus dans le village en allant vers le haut de celui-ci où se trouvaient les principaux édifices du hameau. Link y croisa une horde de Moblins qu'il anéantit à grand renfort de bombes et de noix mojo le tout agrémenté de la lame de son épée et de la virtuosité d'Epona. Une fois les derniers ennemis occis, le jeune homme se rendit dans ce qui ressemblait à un palais. Il laissa sa monture à l'extérieur et entra. Là, il dut combattre un adversaire d'une toute autre nature et d'une toute autre force. Ce dernier portait une solide armure dorée et fendait l'air d'une pesante hache à double tranchant.
"C'est un Hache-viande ! avertit Déa. C'est un redoutable guerrier ! Prends garde à son arme !"
Link conserva ses distances avec le chevalier qui approchait lentement mais sûrement dans sa direction. En s'approchant suffisamment, le Hache-viande faillit étêter le jeune homme si celui-ci n'avait pas roulé de côté pour éviter l'attaque. La hache du chevalier fit éclater le dallage de la salle et resta enfoncée dans le sol. Profitant du fait que son adversaire essayait de débloquer son arme, Link se plaça derrière lui et lui porta un coup de lame sheikhane dans le dos. Le Hache-viande eut un cri de douleur puis tourna vivement sur lui-même et asséna un coup de poing en pleine figure de son assaillant. Link fut littéralement projeté contre le mur. Le jeune homme se releva en se frottant douloureusement la mâchoire puis se mit en garde. Le Hache-viande continuait à avancer vers Link, le bruit de son armure ponctuait chacun de ses pas. Le chevalier tenta une nouvelle fois de briser le crâne du héros mais celui-ci aveugla son ennemi au moyen d'une noix mojo et frappa son armure avec son épée. Celle-ci trembla sous le fer de la lame et une partie de la cuirasse se détacha. Étant moins pesamment vêtu, le chevalier marchait beaucoup plus vite, si bien que ce fut un véritable enchaînement de pirouettes et de roulades que Link dut exécuter afin d'échapper à la lame redoutable de son ennemi. Le jeune homme profita à nouveau que la hache de son adversaire soit encastrée dans le sol pour aller lui entailler le dos. Le chevalier poussa un cri puis fit volte-face en fendant comme un damné l'air de son arme. Le métal froid de la lame frôla le torse de Link. Ce dernier éclata une nouvelle noix mojo et plongea son épée dans le ventre de son opposant. Le Hache-viande eut un râle de surprise puis s'effondra sur le sol lorsque Link retira son épée de son abdomen. Vainqueur de son adversaire, le jeune héros contempla un instant la dépouille de ce dernier puis leva brusquement la tête au-dessus de lui, il lui semblait qu'une voix appelait :
"Aide-moi à descendre de là !" dit un homme à la peau rouge enfermé dans une grande cage d'acier.
Link sortit son boomerang et rompit les cordes retenant la geôle. Celle-ci se fracassa contre le sol, libérant le captif.
"Merci de ton aide, étranger. Merci d'avoir libéré tous les Pintuluros des griffes de ces saletés de Moblins, loua l'homme. Je m'appelle Carmin et je suis le chef du peuple du Canyon, ajouta-t-il. Grâce à toi Ocraille, le village des Pintuluros, est sauf, nous t'en sommes reconnaissants..."
Le chef cessa de parler, un étrange nuage de fumée venait d'apparaître. Les volutes grises bougeaient lentement pour dessiner le visage d'un vieil homme. Le nuage s'anima et une voix se fit entendre :
"Carmin ! Le temple est attaqué par les sbires de Ganon ! Viens nous aider je t'en prie, nous ne tiendrons plus longtemps..." supplia l'apparition.
Le nuage se dissipa. Carmin afficha un visage grave et se tourna vers Link :
"Ils sont venus chercher la corde au Djebel Din ! L'attaque des Moblins n'était qu'une diversion ! Il faut aller porter secours à Sahasrahla ! Viens avec moi étranger."
Le chef des Pintuluros conduisit Link au fond de la salle et ouvrit une porte qui donnait sur un plateau rocheux devant lequel s'étalait l'immensité du Canyon. Saisi par cette vision, Link s'arrêta un moment de courir pour contempler le paysage lunaire. Un énorme gouffre s'étirait vers le nord jusqu'aux pieds du massif occidental des montagnes de la Mort. Loin, à l'horizon, il crut distinguer une bâtisse posée sur un pilier isolé au centre du canyon. L'épaisse fumée noire qui s'y échappait, laissait augurer que l'on devait se battre là bas.
"Par Din ! s'exclama le chef des Pintuluros qui avait gagné un petit promontoire sur lequel s'amoncelaient de curieux ensembles de bois et de tissu. Les Moblins ont détruit tous les aéroplanes ! Nous n'avons plus de moyen de transport pour atteindre le Djebel Din ! La corde est perdue !
- Il n'y a pas d'autres moyens pour se rendre au temple de Din ? s'enquit le jeune héros.
- Hélas non ! C'est le seul moyen ! se lamenta Carmin. Il y a bien encore ce deltaplane-là, dit-il en désignant du doigt un curieux assemblage de bois qui semblait avoir été épargné par les actes de vandalismes des Moblins. Mais il n'a plus de toile, elle a été déchirée comme toutes les autres ! Si seulement nous avions une "toile de rechange".
- J'ai peut-être une solution", répondit Link en se souvenant d'un petit homme qu'il avait croisé dans les montagnes en train de raccommoder un grand drap.
Il retourna dans le village et chercha Epona. Celle-ci avait trouvé un coin d'ombre à l'écart d'Ocraille, non loin d'un personnage que Link identifia comme étant un épouvantail. Celui-ci était tout bariolé de couleurs et semblait mécontent.
"Hé ! Il est à toi ce cheval ? interpella l'individu. Tu ferais bien de le chasser de là ! Il a failli me manger tout crû ! Je ne suis pas une salade !"
Link écarta la jument de l'épouvantail et s'excusa auprès de ce dernier.
"Je n'accepte les excuses que si elles sont mélodieuses !"
Link comprit l'allusion de l'homme de paille et joua le Chant des moissons.
"Ah ! Comme cela est agréable d'entendre cette douce mélopée ! dit l'épouvantail en dandinant sur son piquet. Ça me rappelle le Ranch Arami et mes amis Pierre et Bonooru. Ça fait longtemps que je ne suis pas aller les voir ! Dis-moi, aventurier au teint blanc si tu passes dans les parages du Ranch Arami donne bien le bonjour à mes deux amis et dis-leur que je viendrai bientôt les voir."
Link prit congé de l'épouvantail en jouant à nouveau le Chant des moissons pour se téléporter au Cratère du Péril. Là, il prit le chemin conduisant à la Vallée Dodongo, non sans avoir appelé Epona. La jument permit à Link de progresser plus rapidement sur le sol rugueux des montagnes et arriva en vue du fameux petit homme au drap. Ce dernier leva les yeux vers l'aventurier et son regard s'arrêta sur le cheval de ce dernier.
"Oh ! Un cheval ! C'est justement ce qu'il me fallait ! s'écria l'homme. Oh ! Jeune homme pourrais-tu m'aider à déplacer mon ballon d'ici ?"
Link regardait l'homme d'un air étonné, il ne voyait aucun ballon à côté de lui mais plutôt une grosse corbeille en osier et un long morceau de toile recousu.
"Ha ! Ha ! Ha ! rit l'homme. Ne sois pas si surpris ! Non je ne suis pas fou. Ce que tu vois là est bel et bien un ballon ! Ça s'appelle même une montgolfière !"
Link considéra un moment l'objet puis s'imagina que celui-ci pouvait voler, ça dépassait son imagination.
"Je te ferai voir comment ça marche, si tu veux bien m'aider à tirer la nacelle jusqu'à ma tour d'observation que tu vois là-haut."
Le jeune homme dirigea son regard dans la direction qu'on lui indiquait. Sur l'escarpement rocheux se dressait fièrement une étroite et haute bâtisse de pierre, Link évalua du regard la distance qui le séparait d'elle ainsi que l'inclinaison de la montagne.
"C'est haut et la montée est raide, commenta Link. Ça sera dur mais je pense qu'Epona est capable de le faire.
- C'est vrai ? s'exclama l'aérostier tout sourire. Tu m'ôtes une sacrée épine du pied tu sais. Allons, voici des cordages ! Attache-les à ton cheval."
Link noua les liens autour des épaules de la jument qui renacla un moment puis se laissa faire. Le brave animal tira de toutes ses forces pour déplacer la nasse d'osier. Aidée des deux hommes, Epona réussit à hisser tant bien que mal la nacelle jusqu'au pied de la tour.
"Félicitation ! Ton cheval est extraordinaire ! s'écria l'homme en frappant dans ses mains. Je vous suis redevable pour tout ce que vous avez fait. Est-ce que je peux être utile ?
- Il se pourrait, répondit Link dont le regard se porta sur la grande toile du ballon. J'aurais besoin de ceci."
L'aéronaute fit une grimace regrettant visiblement de s'être proposé sans condition. Après avoir réfléchi un long moment, d'un air contraint il dit :
"C'est entendu, je veux bien vous prêter la toile de ma montgolfière mais prends-en bien soin, tu me le promets ?
- Comptez sur moi, je vous rendrai votre toile dans le même état que vous me l'avez confiée, assura Link, ce qui eut pour effet d'apaiser quelque peu les craintes du navigateur des airs.
- Merci jeune homme. Reviens vite me voir pour que je te fasse découvrir le voyage en ballon."
Link joua le Chant des moissons et retourna à Ocraille. Il retrouva Carmin et lui remit la toile. Celui-ci s'empressa de la fixer au deltaplane et confia à Link la mission d'aller aider les moines de Djebel Din. Le jeune homme se cramponna à la barre transversale de l'engin qui lui permettait de le diriger dans les airs puis il prit son élan et se jeta dans le vide. Un violent courant ascendant le porta au-dessus du canyon. L'aventurier réussit à stabiliser son planeur et conserva le cap vers le panache de fumée qui couvrait le sommet du Djebel Din en proie aux combats.

Chapitre 21 : Le voleur ailé   up

Un courant puissant et rapide poussait le petit deltaplane de Link en direction du rocher isolé au milieu du canyon que constituait le Djebel Din. Arrivé à hauteur du temple, le jeune héros commençait à amorcer doucement sa descente lorsque deux planeurs surgirent de derrière un nuage. Deux Bulbins vinrent l'attaquer. L'un d'eux tentait de trouer la toile du deltaplane de Link. Celui-ci fit pencher son planeur de côté afin d'esquiver les traits qu'on lui lançait puis, au gré d'un vent ascendant, s'éleva rapidement dans les airs et se plaça derrière l'un des planeurs ennemis. L'aventurier alluma et lança une bombe qui pulvérisa le deltaplane et son occupant. Le dernier Bulbin fonçait sur Link. Ce dernier saisit son boomerang et trancha les cordages reliant l'armature de bois à la toile, l'ennemi alla s'écraser en contrebas. La voie des cieux étant redevenue libre, le jeune homme put descendre sur le Djebel Din. Il se posa un peu maladroitement sur le plateau et se dirigea rapidement à l'intérieur du temple. Un groupe de Moblins se battait contre les moines dans la grande salle d'honneur. Link aida les prêtres à se débarrasser des envahisseurs puis gravit quatre à quatre les marches conduisant au sanctuaire de Din où se trouvait le sage Sahasrahla. En entrant, il vit le vieil homme devant l'autel cherchant à échapper à deux sbires de Ganon.
"Merci jeune aventurier, dit le vieux prêtre après que Link eut tué les deux gêneurs. Grâce à toi les Moblins ont été défaits et le trésor des Pintuluros n'est pas tombé entre leurs mains."
Link remarqua que Sahasrahla tenait fermement dans ses vieilles mains ridées une longue ficelle qu'il identifia comme étant une autre corde magique.
"Je sais que tu recherches les cordes de l'Oiseau-lyre afin de triompher de Ganon, poursuivit le vieillard, aussi reçois la corde de Din."
Le vieil homme était sur le point de donner la corde lorsque la voûte du sanctuaire s'effondra sous le poids des serres d'un oiseau géant qui saisit le prêtre et l'emporta dans les airs.
"Ha ! Ha ! Ha ! Trop tard étranger ! ricana un homme assis sur le dos du volatile. Tu es arrivé trop tard, la corde est à moi : le grand voleur Khirone !"
Link lança désespérément son boomerang sur les serres de l'oiseau mais celui-ci rebondit dessus sans que l'animal ne manifeste la moindre douleur.
"Ha ! Ha ! Ha ! Tu es ridicule étranger ! Mon Rokh est insensible à tes armes ! Tu ne peux le battre et tu ne pourras jamais nous rattraper ! ajouta l'homme en faisant prendre de l'altitude à sa monture et en s'éloignant dans les airs.
- Aide-moi ! cria le vieil homme d'une voix désespérée avant qu'il ne disparaisse avec ses ravisseurs dans l'ouate des nuages.
- Quel malheur ! se lamenta l'un des moines médusé qui avait assisté à la scène du rapt. Le sage Sahasrahla nous a été enlevé par un monstre volant ! Il faut se mettre à sa poursuite !"
Link opina de la tête et se mit à courir en direction de la sortie lorsqu'une voix douce mais autoritaire résonna dans le sanctuaire :
"Attends, Link !"
Le jeune homme se retourna et ce qu'il vit le fit reculer de surprise. Devant l'autel venait d'apparaître dans un tourbillon de fumée la divine déesse Din. Celle-ci avait le visage empourpré visiblement fâchée de ce qu'il se passait et des ravages causés à son temple.
"La peau du Rokh est trop épaisse pour les armes que tu possèdes, seul l'arc de puissance est capable de percer la cuirasse de l'animal."
La déesse tendit ses deux bras et fit apparaître un magnifique arc en bois précieux.
"Prends cet objet, Link, et ramène mon fidèle serviteur sain et sauf ainsi que la corde dans mon temple."
La déesse disparut dans une tornade de feu. L'aventurier regagna l'extérieur du temple et s'harnacha à son planeur avant de prendre la route des cieux. L'ouate des nuages couvrait l'horizon rendant la visibilité délicate. Link cherchait désespérément du regard une trace du voleur ailé. Il tournoya longtemps dans les airs lorsqu'une soudaine bourrasque de vent déporta le planeur et faillit faire chuter son occupant dans le vide. Celui-ci retrouva une certaine stabilité et leva les yeux vers ce qui était à l'origine du vent violent : l'oiseau géant.
"Raté ! pesta Khirone. Je t'avais dit que tu ne pouvais rien contre moi. Pourquoi t'entêter ?"
Avant même que le jeune homme ne puisse lui répondre, la monture ailée du voleur fonça sur lui. Le bec en fourreau de l'oiseau frôla la mince toile du planeur.
"Encore raté ! rageait le voleur. Tu es coriace mais tu mourras de toute manière !"
L'oiseau prit de l'altitude puis exécuta un piqué sur le deltaplane. Link sortit sa nouvelle arme et perça d'une flèche l'aile droite du Rokh. Celui-ci piailla de surprise et reprit de la hauteur.
"Qu'est-ce que tu as fait ? dit le voleur en regardant la plaie qu'avait pratiquée le trait de Link. C'est impossible ! Aucune arme ne peut percer la cuirasse de mon formidable oiseau !"
Le jeune homme tira une seconde flèche dans l'aile blessée pour faire démentir le voleur.
"Arrête ça ! hurla Khirone. Ou je fais tomber le vieil homme !"
Le regard se porta sur les pattes du Rokh qui tenaient fermement Sahasrahla et le bras du jeune homme abaissa l'arc.
"Voilà qui est mieux, dit le voleur. Je savais que tu étais quelqu'un d'intelligent !
- Ne t'arrête pas ! coupa le vieillard. Ne t'occupe pas de moi, tue le Rokh !"
Link hésita un moment puis céda aux exhortations du sage Pintuluro. Il tira une rafale de flèches sur l'oiseau qui le perça de part en part. L'animal hurla de douleur et lâcha le vieil homme dans le vide. L'oiseau agita péniblement ses ailes ensanglantées puis ses membres se raidirent et l'animal chuta précipitamment vers le sol. Khirone était agrippé aux plumes de son oiseau en maudissant Link tandis que le jeune homme avait précipité son planeur en direction de Sahasrahla. Il réussit à lui attraper le bras à quelques dizaines de mètres du sol et le hissa sur la barre transversale du planeur.
"Merci Link. Sans toi j'étais mort", souffla le vieil homme.
Alors que le jeune héros venait de récupérer le sage Pintuluro, le Rokh vint s'écraser avec son passager sur la roche en un tourbillon de poussière ocre. L'aventurier se posa non loin de la dépouille du volatile et alla voir s'il était mort. Le regard noir et inanimé du Rokh ôta tout doute dans l'esprit du jeune homme. Le Rokh s'était écrasé à terre avec Khirone dont on voyait le bras dépasser de dessous l'animal. La main du voleur serrait désespérément la corde qu'il venait de ravir au temple. Link s'en empara et la sertit à sa lyre. Sahasrahla félicita l'aventurier et lui donna un coeur d'énergie. Après avoir récupéré la toile de son planeur, Link se positionna dans le cristal de téléportation dans lequel attendait le sage Pintuluro. Un flash lumineux enveloppa les deux hommes puis ils réapparurent au sein du Djebel Din dans le sanctuaire du temple où les attendait la déesse :
"Merci Link pour avoir récupéré le trésor du temple. Tu as su triompher du Rokh en utilisant l'arc de puissance, tu es digne d'en être le propriétaire.
- Les Pintuluros te sont reconnaissants pour tout ce que tu as fait, poursuivit Sahasrahla.
- Te voici en possession de cinq cordes, Link, dit la déesse. Il ne t'en reste plus que trois pour pouvoir ouvrir les portes du Miroir dimensionnel et bannir Ganon de ce monde. Je te conseille d'aller rendre visite aux deux autres déesses d'Ysar, elles t'aideront dans ta quête en te dispensant un peu de leur magie."
La déesse se mua en une étoile rouge puis disparut. Link laissa les moines du temple et joua le Chant des moissons pour retourner au village des Pintuluros.

Link fut déposé par la tornade auprès de l'épouvantail d'Ocraille qui manifesta sa joie de revoir le jeune homme :
"Eh ! Jeune pâlot ! Bravo pour le Rokh ! Tout le monde chante tes louanges au village !
- Merci, dit Link."
Le jeune homme alla retrouver le chef des Pintuluros, Carmin, qui le félicita à son tour :
"Loué sois-tu ! Tu as sauvé notre bien-aimé et sage Sahasrahla ! Notre déesse t'a fait un grand honneur en te donnant son précieux arc ! dit Carmin en regardant avec admiration et non sans envie l'arme que Link portait accrochée à l'épaule.
- Il te sera encore utile Link, ajouta le chef des Pintuluros en prenant un air affecté. Hélas ! Je suis porteur de mauvaises nouvelles ! Lorsque les Moblins ont envahi le village, j'ai entendu l'un d'eux dire que les Pirates des mers s'étaient alliés avec Ganon et devaient attaquer Bourg Ysar !
- Comment ? s'écria Link dont le visage devint blême.
- Oui, les Pirates sont en route pour le Bourg. Tu dois aller prévenir mon ami le roi d'Ysar."
Link ne se le fit pas dire deux fois, il joua le Chant des moissons et se téléporta dans les jardins royaux. Là, il se rendit compte qu'il était trop tard, les pirates avaient investi la ville.

Chapitre 22 : Bourg Ysar est attaqué !   up

Des volutes de fumées s'échappaient du premier étage du palais. On se battait au château. Link courut jusqu'au perron où il eut à découdre avec deux pirates. Ces derniers étaient des squelettes habillés d'un pantalon noir au bord effrangé et d'un maillot rayé blanc et bleu ainsi que d'un bandeau pour tout couvre-chef. Les pirates ricanaient en montrant leurs affreuses dents déchaussées tout en brandissant leur sabre émoussé en direction du jeune homme. Ce dernier n'eut pas grande peine à les occire et passa par-dessus leurs corps afin de gravir l'escalier principal menant au premier étage. Là, le héros fit sauter la porte de la salle du trône au moyen d'une bombe et entra dans la pièce. Il y trouva le roi d'Ysar en compagnie de deux de ses gardes en mauvaise posture, six pirates les entouraient. Link fondit sur le groupe en blessant deux pirates et acheva les quatre autres aidés du roi et de ses hommes. Le seigneur d'Ysar demanda à son jeune sauveur de l'aider à atteindre le second étage du palais afin d'aller à la tour sud où se trouvait la princesse Zelda. L'équipée voulut utiliser le grand escalier mais une statue avait été délogée de son socle pour bloquer l'accès du deuxième palier. Ils empruntèrent alors un escalier secondaire que le Roi leur indiqua et réussirent à gagner le second étage, non sans s'être frayé un chemin dans la masse des pirates jusqu'aux portes des appartements de la princesse. En pénétrant dans la chambre royale, ils virent que celle-ci portait la marque d'une lutte récente et trouvèrent Bibi évanoui au milieu des débris de meuble.
"La princesse Zelda a été enlevée, gémit le petit être en reprenant ses esprits. Les pirates sont venus et se sont enfuis en direction du port. Il faut les empêcher de fuir à bord de leur bateau !"
Link redescendit au bourg avec l'ordre de contacter le chef de la garde, Viscen, qui s'était retranché dans le bastion de la cité. Ce dernier devait couler le navire pirate au moyen des canons du fortin. La grande avenue était le théâtre de nombreux pillages et affrontements. Les Ysariens avaient dressé des barricades derrière lesquelles ils tentaient de repousser les pirates. Link vint porter secours aux citadins. Un homme de grande taille et au ventre proéminent commandait le groupe de résistants. Le héros y retrouva aussi le banquier qui jetait désespérément des cailloux sur leurs assaillants. Un éclat bleuté brilla dans le ciel puis une bombe vint exploser parmi les pirates, c'était Tingle qui, accroché à son ballon, les bombardait. Une femme de forte corpulence, appelée Diva Laroma, chantait de sa puissante voix de cantatrice repoussant les pirates qui portaient leurs mains sur leurs oreilles meurtries par le bruit. Un homme d'une trentaine d'années lançait, aidé d'une tribu de jeunes garçons, des cocktails explosifs qu'il avait fabriqués.
"Prends ça garçon", dit le gros homme en donnant une bombe à Link.
Le jeune homme lança l'objet qui pulvérisa un pirate.
"Bien joué ! Tu sais viser mon gars ! félicita l'homme.
- Merci, répondit Link, mais je préfère me servir de ceci !"
Le jeune homme sortit son épée et sauta au-dessus de la barricade à la consternation générale pour aller croiser le fer avec les pirates. Les flibustiers ricanèrent de voir le téméraire aventurier oser affronter une douzaine de solides gaillards comme eux. Ils déchantèrent vite lorsqu'une soudaine onde de choc les projeta contre le mur des habitations en les disloquant.
"Bravo ! s'écria le banquier en tapant dans ses mains.
- Comme t'as fait ça ? demanda le chef de la bande des garçons, admiratif.
- La voie est libre !" s'exclama Déa en tintant.
Link prit congé des citadins sous leurs regards ébahis et tourna au coin de la rue. Il déboucha sur la grande place au milieu de laquelle les pirates amassaient le fruit de leur pillage. L'un des boucaniers avisa Link et donna l'alerte. Aussitôt une nuée de pirates l'encercla. Le jeune homme ne se laissa pas intimider et renouvela l'attaque cyclone qui dispersa l'ennemi. Ayant libéré le passage, l'aventurier s'engagea dans un petit corridor qui perçait les arcades en s'ouvrant sur un escalier conduisant au fortin. Après avoir fait passer de vie à trépas deux autres pirates, il entra dans le bastion où il trouva un détachement de soldats en proie avec les squelettes des mers. L'un des hommes se distinguait des autres de par sa haute stature et son casque argenté surmonté d'un panache violet.
"Commandant Viscen ?" cria Link en tentant de couvrir le bruit des épées qui s'entrechoquaient.
L'homme en question tourna son regard vers Link :
"Qui êtes-vous ?
- Je suis envoyé par le Roi. La princesse a été enlevée ! Il faut absolument couler le navire pirate avant qu'il ne prenne la mer !
- Comment ? s'exclama le commandant alarmé par la nouvelle. Suivez-moi !"
Viscen s'échappa dans un couloir laissant ses hommes en finir avec les pirates. Link se fraya un chemin dans la masse et courut à la suite du commandant.
"Il faut absolument gagner les remparts où sont nos canons !" dit le militaire.
Link et Viscen sortirent sur le chemin de ronde non loin de l'endroit où se trouvaient les bombardes. Ils avançaient en direction de celles-ci lorsqu'un pirate de forte carrure et muni d'une longue lance leur barra la route.
"On ne passe pas !" dit l'individu en fendant l'air de son arme.
Les deux hommes esquivèrent le coup et se mirent en garde.
"Je m'en occupe ! dit le commandant. Va allumer les mèches des canons !"
Le militaire se rua sur son ennemi afin de permettre à Link de le dépasser et d'aller accomplir ce qu'il lui avait demandé de faire. Le jeune homme voulut user de sa lanterne pour enflammer la mèche des batteries lorsque d'autres pirates vinrent l'attaquer. Il se démena comme un enragé, portant un coup à droite et à gauche mais il arrivait encore toujours plus d'ennemis. Link et Viscen se battaient tous deux avec rage mais ils sentirent qu'ils perdaient du terrain. Les pirates pointaient leurs redoutables sabres en leur direction en formant un cercle.
"Rendez-vous ou mourrez ! ordonna le corsaire à la lance qui semblait être le supérieur des boucaniers.
- Jamais ! défia Viscen en se redressant fièrement, tout en portant son épée le long de sa poitrine en un salut d'honneur.
- Jamais !" répéta Link en se munissant de son arc et, au moyen de sa lanterne, enflamma une flèche qui lui permit d'allumer d'un seul coup les canons. Ceux-ci fumèrent et crachèrent du plomb fondu en direction de la baie. Les boulets allèrent frapper le galion pirate.
"Non ! hurla le chef de la bande des pirates. Tu vas le payer misérable !"
Il se rua en avant avec son sabre mais Link et Viscen stoppèrent son élan en plongeant leur épée dans son corps. Le lieutenant corsaire se retira, considéra son corps blessé puis s'écroula à terre à la grande stupeur de ses hommes. Ceux-ci hésitèrent à attaquer les deux hommes maintenant que leur supérieur était mort. Puis, ils choisirent de se retirer en voyant le navire pirate lever l'ancre. Tous les corsaires regagnèrent précipitamment le port pour réintégrer leur bâtiment. Les soldats du roi se mirent à leur poursuite pour tenter de les empêcher de fuir mais trop tard, le navire avait réussi à quitter la baie malgré l'averse de boulets des canons qu'il avait reçus.
"Quels sont les dégâts ? interrogea le commandant Viscen en s'entretenant avec son lieutenant qui revenait des quais.
- La plupart des pirates ont fui, mon commandant. Il reste encore quelques flibustiers dans la cité mais nous aurons vite fait de les capturer.
- Et la princesse ? demanda Link soucieux.
- Elle... elle est toujours prisonnière des pirates."

Chapitre 23 : Préparatifs pour sauver la princesse   up

Link aida les gardes d'Ysar à déloger les derniers pirates qui s'étaient barricadés dans des habitations non loin du port. Le jeune homme prêta main-forte à l'aubergiste qui chassait, munie de son balai, deux squelettes qui s'étaient réfugiés dans l'une des chambres au premier étage de son établissement. En redescendant, Link passa à côté du comptoir de l'hôtel et prit une porte conduisant au bar. Les lieux portaient la trace de la venue des pirates. Des tables et des chaises fracassées jonchaient le sol et le barman se lamentait devant la réserve à alcool qui avait été dévalisée. Link avisa un homme habillé d'un maillot sans manche, dévoilant ses biceps tatoués, et qui se tenait accoudé d'un air attristé au bar. Le jeune homme s'approcha de l'individu. Celui-ci leva ses yeux bleu gris et le considéra d'un oeil morne :
"Que m'veux-tu garçon ? dit l'homme d'un ton bourru.
- Je me demandais, répondit Link en observant l'ancre de marine qui était dessinée sur le bras musculeux de l'homme, si vous n'étiez pas un marin...
- Un marin ! Par toutes les tempêtes ! Pour sûr garçon ! s'exclama l'homme en bombant fièrement le torse. Pourquoi cette question ?
- J'aurais besoin d'un bateau pour me rendre sur l'île aux pirates.
- Un bateau ? Un bateau ! Ça oui que j'ai un bateau ! Et même le plus beau de tous ! C'est le Lion rouge ! Regarde comme il est beau !" s'enthousiasma le marin en montrant par la fenêtre les quais. Link se pencha derrière la vitre et vit une embarcation de taille modeste et un peu miteuse ancrée non loin du bar.
"Il est beau ? Non ? insista l'homme.
- Très beau ! dit Link pour être aimable.
- Et tu voudrais aller sur l'île aux pirates ? C'est ça ?
- Oui, je dois aller délivrer la princesse Zelda.
- Ha ! Ha ! Ha ! s'esclaffa le marinier. Et tu penses réussir à manoeuvrer un bateau tout seul sur l'océan jusqu'à l'île des pirates ? Sais-tu au moins où elle se trouve l'île aux pirates ?
- Euh... non, avoua Link d'un air penaud.
- Ha ! Ha ! Ha ! Je m'en doutais. Tu es un aventurier, garçon ! Pas un marin ! Je voudrais t'aider garçon, tu m'as fait bien rire. Mais hélas, j'ai déchiré ma voile lors d'une maudite tempête et avec l'attaque des pirates je n'ai pas eu le temps de la réparer.
- C'est pas un problème ! s'exclama Link en affichant un sourire radieux. J'ai ce qu'il vous faut ! Voici !"
Link déplia le long drap qui lui avait servi dans le canyon et le porta aux yeux du marin.
"Ha ! Ha ! Ha ! rit le marin. Tu m'impressionnes garçon ! Voilà une drôle de voile ! Mais elle devrait faire l'affaire pour mon Lion rouge !
- C'est entendu alors ? demanda Link. Vous m'emmenez sur l'île aux pirates ?
- Laisse-moi une heure pour préparer le navire et on embarque garçon !"
Link promit au marin d'être sur le port dans une heure et profita du temps qui lui restait pour parcourir la ville. Dans la rue, les citadins s'activaient à effacer les traces des combats. La grande place du bourg avait retrouvé son animation habituelle. Les foules circulaient sur l'esplanade ovoïde en colportant les derniers ragots.
"Il parait que la princesse Zelda a été enlevée ! dit une femme blonde maigrelette.
- Non ? répondit un homme barbu en écarquillant ses grands yeux.
- Si ! Et même que le roi a chargé un courageux aventurier d'aller la délivrer", poursuivit-elle.
Link passa à côté de la femme, qui ne prêta pas attention à lui, et, ayant envie de s'exercer au tir, entra dans une maison affichant : "Stand de tir".
Un homme au ventre rebondi l'accueillit :
"Bienvenue jeune homme ! Tenteras-tu ta chance au tir à l'arc ? Il y a un fabuleux prix à gagner ! C'est dix rubis la partie."
Link paya et se dirigea vers une estrade depuis laquelle on lui demandait de tirer sur des cibles mouvantes. Une nuée de corbeaux sauvages passa au fond du décor figurant un ciel bleuté, Link les dégomma tous. Puis ce fut le tour de pieuvres jaillissant d'un bassin. À chaque flèche tirée le jeune homme faisait mouche, si bien qu'il obtint le meilleur score.
"Bravo ! s'exclama le forain. Tu as bien mérité ce prix.
Link reçut le grand carquois. Désormais il pouvait transporter jusqu'à cinquante flèches au lieu de trente. Content de sa récompense, Link joua une seconde fois rien que pour le plaisir puis il sortit de l'établissement. Ses yeux se portèrent sur le cadran du beffroi de la grande place qui ponctuait le temps de ses aiguilles d'airain. Le jeune homme avait encore une trentaine de minutes devant lui, il se décida d'aller retrouver le commandant Viscen dans la forteresse située non loin de là.
"Que fais-tu ? demanda le militaire en le voyant arriver.
- J'attends que l'on affrète un bateau pour me rendre sur l'île aux pirates, répondit-il.
- Tu as bien fait de venir me trouver, Link, dit Viscen. Je peux t'enseigner une nouvelle attaque à l'épée qui te sera utile lors de tes prochains combats."
Link accepta en versant les quinze rubis demandés pour bénéficier de l'enseignement.
"Voici une attaque qui te demandera beaucoup de précision et de vitesse. On l'appelle l'attaque multiple. Elle te permet d'attaquer plusieurs adversaires à la fois !"
Viscen plaça une série de mannequins autour de lui et sortit son épée. Le soldat ferma les yeux et demeura un instant immobile puis, avec une grande virtuosité, le commandant exécuta un enchaînement rapide d'attaques qui réduisit en miettes les cibles de bois.
"As-tu compris ? demanda Viscen. Tu dois visualiser tes ennemis mentalement et appréhender leurs gestes pour que tous les coups que tu porteras trouvent une cible. Un conseil, attaque d'un côté puis de l'autre afin de toujours conserver un espace de vide entre tes ennemis et toi. A ton tour maintenant."
Le commandant disposa d'autres mannequins dans la pièce et regarda faire Link. Celui-ci fit preuve d'une grande adresse mais, au goût de Viscen, il n'était pas assez rapide.
"C'était bien mais entraîne-toi encore. Les pirates sont coriaces, tu sais ? Surtout leur chef : le Capitaine Osselaid. Sois prudent et ramène la princesse Zelda saine et sauve. Le roi et tous ses sujets comptent sur toi."
Link remercia le commandant pour sa technique à l'épée et ses encouragements puis retourna sur les quais où l'attendait le marin.
"C'est prêt ! Alors qu'attends-tu pour monter, moussaillon ? Tu n'as tout de même pas le mal de mer ?"
La voile fut hissée et le Lion rouge s'éloigna vers le large.

Chapitre 24 : Sur l'île aux pirates   up

Le bateau vogua sur les flots un long moment avant d'atteindre l'île aux pirates. Le marin jeta l'ancre à bonne distance de la plage ne souhaitant pas s'approcher trop près, de peur de se faire remarquer par les flibustiers. Link se jeta à l'eau et parcourut les quelques mètres qui le séparaient de la plage. Le jeune homme se dépêcha de regagner l'ombre par crainte de se faire voir. Il longea les récifs avant d'atteindre la paroi d'une haute falaise au sommet de laquelle avait été bâtie la forteresse des boucaniers. Le navire de ceux-ci était ancré dans une baie isolée, à l'abri derrière la falaise, protégé du vent. Link gagna le galion et monta à son bord. Sur le navire, il n'y avait que quelques sentinelles, le reste des Pirates était monté dans la forteresse. Le jeune homme fouilla vainement le galion à la recherche de la princesse. Il ne trouva que quelques rubis et un quart de coeur. Il en conclut que Zelda devait être retenue prisonnière dans la forteresse. Le problème qui se posait à Link était que la citadelle ennemie était imprenable. En effet, il n'y avait aucun chemin, que ce soit par mer ou par terre, permettant d'accéder à la bâtisse. Toutefois, après avoir longuement observé le navire pirate, et notamment la hauteur des mâts de ce dernier, Link entrevit un moyen de pénétrer dans la forteresse. Il monta en haut du grand mât et tua les deux pirates qu'il rencontra sur l'échelle de corde pour parvenir au nid de pie. De là, il avisa que la vigie était à hauteur d'une excavation s'enfonçant sous la forteresse depuis laquelle avait été tendue une corde la reliant au mât. Le jeune homme traversa le pont de singe et entra. Un escalier humide montait au sein de la forteresse au bout duquel une lourde porte grillagée lui ferma l'accès. Voyant que la porte était cadenassée, Link entreprit de la faire sauter. Le souffle de l'explosion résonna dans la pièce et fit venir une poignée de pirates armés jusqu'aux dents. Ces derniers levèrent leurs sabres et fendirent l'air de leurs armes. L'aventurier esquiva les coups et mit en application l'attaque multiple que lui avait enseignée Viscen. Il n'eut aucun mal à se débarrasser de ses ennemis et, une fois le chemin libéré, s'enfonça plus en avant dans les méandres de la forteresse. Après avoir déjoué de multiples pièges de sécurité et affronté plusieurs ennemis dont l'un lui permit d'obtenir un grappin, il arriva à l'édifice central du complexe pirate. Là, Link tomba nez à nez avec le Capitaine Osselaid. Ce dernier, l'oeil vindicatif, l'attendait de pied ferme, sabre au clair. La princesse Zelda était attachée solidement sur une chaise dans le fond de la pièce et regardait avec effroi le combat auquel se livraient les deux hommes. Le pirate fondit sur le jeune homme et le frappa durement. Link s'aperçut alors que son ennemi était très rapide aussi il opta pour une stratégie toute nouvelle. Ayant repéré des poutrelles en bois au plafond, il se mit à tenir son épée de la main droite et son grappin de la gauche de façon à pouvoir se hisser, en pointant avec le fer de son grappin une des poutres, au-dessus du pirate et de lui asséner un coup d'épée au passage sur la tête, son point sensible. Le jeune aventurier renouvela plusieurs fois l'opération et eut raison de son adversaire. Le corsaire se disloqua et devint poussière. Dans le tas de cendres qu'était devenu l'ennemi, un coeur d'énergie en émergea. Link le ramassa et alla débarrasser la princesse Zelda de ses entraves. Celle-ci remercia son sauveur et lui remit la corde ysarienne qu'il reçut avec ravissement.
"Il ne te reste plus qu'à retrouver deux cordes, commenta Zelda après s'être remise de ses émotions, et tu pourras aller au sanctuaire du Miroir dimensionnel. Je serai à tes côtés lorsque ce moment arrivera. En attendant, ne restons pas ici, retournons à Bourg Ysar. Mon père doit se faire beaucoup de soucis."
Link sortit sa lyre et entonna le Chant des moissons.

Chapitre 25 : L'île Oraz   up

De retour à Ysar, et après que le roi ait retrouvé Zelda, Link apprit par l'auguste seigneur qu'il devait se rendre sur l'île Oraz sur laquelle vivait le peuple des Zoras, les amis de la famille royale d'Ysar. Zelda écrivit même une lettre à l'attention de la souveraine des Zoras, son amie de longue date.
"Présente ce message à la Reine Aruto, dit-elle. Celle-ci t'aidera dans ta quête de la corde de l'océan."
Link prit le pli et entreprit de gagner l'île des Zoras. Aussi, il alla trouver le marinier, qui l'avait si bien aidé pour se rendre chez les pirates, à l'auberge du port.
"Je suis désolé, déclara le marin. Mais il est impossible de se rendre sur l'île Oraz par bateau. La mer est curieusement agitée en cet endroit et certains racontent même qu'un monstre habiterait cette partie de l'océan. Vois plutôt ces trois pauvres marins zoras qui ont essuyé une violente tempête avant d'échouer ici !"
Link alla voir les trois créatures marines que l'homme avait indiquées du doigt. Celles-ci étaient assises tristement autour d'une table et regardaient fixement leur verre d'alcool à moitié vide.
"Vous avez failli perdre la vie en mer à ce qu'on m'a dit", affirma Link en s'approchant de la tablée des Zoras.
L'une des trois créatures leva ses yeux bleu nuit en direction du jeune homme et le considéra longuement de sa face blanchâtre.
"Nous avons perdu notre navire dans une maudite tempête provoquée par ce sale monstre marin ! répondit la créature mi-homme mi-poisson.
- On nous avait prévenus ! dit un deuxième Zora dont les vêtements n'étaient plus que lambeaux et dont le corps arborait de multiples cicatrices, témoins de la violence de l'ouragan. Il ne fallait pas prendre la mer. Mais nous n'avons pas écouté...
- Et nous avons tout perdu ! conclut le troisième Zora qui était le plus petit des trois.
- Vous dites qu'il y a un monstre dans l'océan ? questionna Link.
- En effet, rétorqua le premier Zora, il y a un monstre. Il ressemble à s'y méprendre à une longue chaîne de récifs barrant ainsi la route entre Oraz et Ysar.
- Cela ne m'arrange guère, confia le jeune homme. Je dois me rendre sur votre île, je suis à la recherche de la corde zora et...
- Un être répugnant est venu sur notre île et a cherché à obtenir la corde, notre reine a refusé de lui la donner, coupa le deuxième homme-poisson. Depuis son refus, ce monstre est apparu.
- Curieux n'est-ce pas ? compléta le troisième Zora en regardant avec méfiance Link.
- Je n'ai rien avoir avec Ganon, se défendit l'aventurier en voulant dissiper tout malentendu. Je suis chargé de réunir les cordes de l'Oiseau-lyre afin de chasser ce monstre. C'est la raison pour laquelle il me faut aller sur l'île Oraz pour rencontrer la reine Aruto.
- Comme tu le sais sans doute, il est impossible d'aller sur Oraz par bateau, répondit le premier Zora.
- Cependant, il y a un moyen de contourner le monstre... déclara la deuxième créature.
- En descendant le cours du fleuve, acheva de dire le petit Zora.
- C'est la seule solution", conclut le premier des trois.
Link remercia les trois hommes-poissons puis alla de nouveau voir le marinier et lui demanda s'il ne pouvait lui prêter son navire.
"Comment ! s'écria le marin. Te prêter le Lion rouge ! Il n'y a qu'un seul propriétaire à ce bateau et tu l'as devant toi ! Si tu veux aller sur l'océan avec mon navire c'est avec moi à la barre !
- Ça me va, dit Link en faisant mine de vouloir partir tout de suite.
- Eh ! Attends moussaillon ! répliqua le marin en retenant le bras du jeune homme. Je refuse de te conduire à l'Ile Oraz, n'as-tu pas compris que cela était impossible du fait du monstre ?
- Pas si nous le contournons ! rétorqua Link d'un ton triomphal. Nous allons descendre le fleuve en passant par le Marais Interdit !
- C'est pas bête, avoua le marin. Mais comment vas-tu faire pour acheminer le Lion rouge jusqu'au fleuve ? Ne crois pas que je vais le porter sur mon dos jusqu'au marais !
- Je m'en occupe, n'ayez crainte.
- D'accord, je te fais confiance. Mais encore un détail, dit le marinier, je ne loue pas mes services gratuitement. Cela te fera cent rubis pour la ballade.
- Cent rubis ! Mais c'est du...
- C'est ça ou t'y vas à la nage, p'tit gars ! coupa le marin en se tournant pour boire la chope de bière que venait de lui servir le barman.
- C'est entendu, dit Link après avoir longuement réfléchi.
- Alors tope-là !"
Link versa la somme demandée au marin puis lui demanda de bien vouloir le suivre jusqu'au port. Là, ils montèrent tous les deux à bord du Lion rouge et le jeune homme composa le Chant des moissons sur sa lyre. Une tornade enveloppa le navire et l'emporta dans les airs jusqu'au Marais Interdit. Le marinier était devenu vert de peur et se mettait à jurer à tout va.
"Voyons, soyez poli tout de même", dit une voix.
Le marin considéra l'être de paille qui venait de lui parler. Ce dernier le regardait d'un air scandalisé par ce que venait de dire l'homme. Le marinier baissa honteusement la tête et s'excusa. Link finit par rappeler au marin qu'il devait descendre le fleuve, aussi ils se mirent à pousser le Lion rouge quelques mètres sur le sol avant que ce dernier ne soit à flots. Les deux hommes montèrent à son bord et se munirent de rames afin de diriger le navire dans le courant. L'embarcation descendit lentement le cours du fleuve jusqu'à son embranchement où, après que Link ait ordonné au marinier de prendre le bras de droite, un obstacle se présenta sur son chemin. Jeté en travers de la rivière, un arbre mort formait barrage. Il s'agissait du pont de fortune que Link avait utilisé pour rejoindre la rive des Singes. Le jeune héros se précipita à l'avant du bateau et, avant que le mât de ce dernier ne soit détruit par le tronc d'arbre, exécuta une attaque rayon qui scia l'obstacle en deux et permit le passage du Lion rouge. Le navire continua tranquillement sa course et finit par se jeter doucement dans l'océan. Link hissa la voile et le marin orienta le gouvernail du navire en direction du sud-ouest. Il fallut quelques milles nautiques avant qu'ils n'arrivent en vue d'une île. En approchant de la côte, un être mi-homme, mi-poisson jaillit de l'eau et attaqua le navire. Le marinier hurla de peur et vira de bord. La manoeuvre eut pour effet de faire chuter la créature marine ainsi que Link qui manqua de se noyer. Le jeune aventurier héla désespérément le marinier mais celui-ci avait trop peur et l'abandonna. Le héros entreprit alors de gagner rapidement la côte mais une main le saisit par les pieds et il se retrouva rapidement maîtrisé et entravé par plusieurs êtres aquatiques. Link fut jeté sur la plage comme un vulgaire ballot de tissu aux pieds d'un être marin vêtu d'une tenue de guerre et qui exhibait fièrement un panache rouge sur sa tête.
"Que viens-tu faire chez les Zoras, suppôt de Ganon ? interrogea la créature à l'air coléreux. Qu'on l'emmène devant la reine !" poursuivit-il sans que Link n'ait eu le temps de répondre.
Le jeune homme fut traîné à terre jusqu'à l'entrée du palais zora. Là, les portes de corail de l'édifice s'ouvrirent lentement et laissèrent entrer les êtres azuréens. Par un dédale d'escaliers et de tunnels à moitié envahis par les eaux, Link fut finalement jeté à genoux devant une superbe femelle zora assise sur un trône d'émeraude. Celle-ci se leva et considéra d'un air impérieux le jeune homme :
"Qui es-tu, espion de Ganon ?
- Je suis Link d'Hyrule et je suis venu ici trouver la corde marine.
- Tu es donc venu voler le trésor des Zoras, vil créature ! rugit le Zora à la cocarde rouge.
- Je dois récupérer cette corde, c'est ma quête. C'est le voeu de l'Arbre Nojo et de la princesse Zelda.
- La princesse Zelda ? répéta la reine des Zoras. Qu'est-ce qui prouve que tu viens de sa part ?
- Fouillez dans ma poche et vous verrez."
Sur un geste de la reine, deux Zoras fouillèrent le jeune homme et en sortirent une lettre dont la souveraine prit connaissance.
"Si j'en crois cette lettre de mon amie la princesse d'Ysar, tu n'es pas venu ici en ennemi mais en ami. Gardes ! Libérez ce noble aventurier !"
Link fut enfin débarrassé de ses entraves et jouit de la liberté.
"Excuse la rudesse de mon accueil, jeune homme mais mes hommes ont reçu l'ordre d'appréhender toutes personnes étrangères à l'île. Ganon a étendu son influence maléfique sur l'océan, c'est la raison pour laquelle nous sommes vigilants, expliqua la femelle zora. Je suis la reine Aruto et voici le général Dorzat", ajouta-elle en dirigeant sa gracieuse main vers le Zora à cocarde rouge.
Ce dernier salua sèchement Link de la tête.
"Pardonnez-moi majesté, dit une petite voix fluette que Link reconnut comme étant celle de Déa. Mais le temps nous est compté. Comme vous avez pu en prendre connaissance dans la lettre de la princesse Zelda, Link a besoin que vous lui donniez la corde des Zoras afin qu'il puisse poursuivre sa quête et chasser Ganon de notre dimension.
- Je suis bien consciente de la situation, répondit la reine. Mais je ne peux vous donner la corde de la mer comme cela. Comprenez-moi, je suis souveraine du peuple Zora et je ne serai tranquille que lorsque le monstre de l'océan aura disparu. Le général Dorzat a élaboré un plan pour détruire ce monstre mais sans ton aide nous avons peu de chance de réussir ! Accepte de nous aider et je te donnerai la corde lorsque cette créature de Ganon aura été anéantie."
Link soupira, décidément il ne lui était jamais facile d'obtenir une corde magique.
"Acceptes-tu d'aider mon peuple, Link, héros d'Ysar ?" insista la belle Zora en regardant le jeune homme de ses grands yeux turquoise.
N'ayant pas le choix, et étant quelque peu tombé sous le charme d'Aruto, Link acquiesça.
"Grâce te soit rendue, Link ! déclara la reine des hommes-poissons. Ne tarde pas ! Je te laisse au bon soin du général Dorzat qui t'expliquera le plan que nous avons élaboré."
Ceci dit, la reine se retira dans ses appartements avec une élégance toute royale. Le général zora affichait une mine peu heureuse et regardait Link avec une pointe de jalousie et de colère, frustré que la reine ne lui ait pas témoigné son entière confiance en lui adjoignant ce petit homme en tunique verte.
"Veuillez me suivre", dit-il à l'humain d'un ton glacial.
Le Zora alla dans une salle voisine à celle du trône dans laquelle figurait un ensemble de cartes marines et terrestres sur une grande table de corail poli.
"Comme me l'a ordonné sa majesté, je me dois de vous communiquer notre plan d'attaque, déclara le général en posant sa main écailleuse sur une carte des environs. Voici l'île Oraz et voici l'emplacement approximatif du monstre, ajouta-t-il en désignant du doigt une longue crête de récifs située à l'est de l'île. Pour chasser le monstre, il suffit de le détruire au moyen de bombes qu'il nous sera nécessaire de lancer à distance.
- Au moyen d'un canon ? proposa Link.
- Nous y avions pensé au départ mais en apercevant ton arc, je crois que j'ai trouvé un meilleur moyen : les flèches explosives.
- Des flèches explosives ? répéta le jeune homme.
- Oui, il s'agit de bombes fixées sur des flèches et qui te permettront de toucher une cible de loin, expliqua le général Dorzat. Mais le problème est que le chargement de bombes que nous attendions n'est toujours pas arrivé.
- Je vois, peut-être que ces bombes suffiront alors ? répondit Link en sortant les explosifs que contenaient son sac.
- Hum... non, ces bombes ne seront pas efficaces, commenta le Zora après les avoir examinées. Ces explosifs ne sont pas utilisables, leurs mèches s'éteindraient à la moindre éclaboussure d'eau. De plus, ces bombes seront trop lourdes pour pouvoir les utiliser avec ton arc. Non, il nous faut des bombes spéciales pour tes flèches, conclut le général zora.
- Où peut-on trouver de telles bombes ? s'enquit le héros.
- Chez le seul expert en explosif de tout Ysar : l'artificier du village Montrouge, informa la créature marine.
- Je me charge d'aller au village et de vous apporter ces bombes, proposa le jeune homme.
- Bien ! répondit le général. Voici une lettre de commande. Donne-la à l'artificier de ma part. Il te procurera les bombes nécessaires."
Link prit l'enveloppe et la mit dans sa poche. Puis il prit congé du militaire zora et sortit du palais de corail. Le jeune homme arpenta la plage de sable fin sur laquelle il était venu, en espérant repérer le Lion rouge et son propriétaire mais il n'aperçut aucune voile à l'horizon. Cependant, un reflet bleuté attira son attention. Plus loin sur la plage, posé au milieu d'un amas de rochers, un foulard bleu flottant au vent ceignait un poteau en bois de même couleur. Au fur et à mesure que Link s'approchait de l'objet, il réalisa qu'il s'agissait en fait d'un de ces épouvantails farfelus. Celui-ci était vêtu d'une longue robe turquoise et arborait une ombrelle en plus d'un chapeau de paille. L'individu tourna son regard vers le héros et s'exclama :
"Quelle heureuse surprise ! Comme il est plaisant de voir du monde sur cette plage ! Quel bon vent vous amène ici, jeune homme ?
- Je suis à la recherche d'un navire appelé Lion rouge. L'avez-vous vu ? demanda Link.
- Ma foi non, je n'ai pas vu de bateau ces temps-ci, confessa l'être de paille. Il faut dire que depuis qu'un monstre rôde dans les parages, il n'y a plus beaucoup de monde par ici. Mais si vous souhaitez vous rendre sur le continent, il vous est toujours possible de jouer le Chant des moissons, jeune ami", ajouta l'épouvantail.
Link se plaqua la main au front. Comment avait-il pu oublier le chant des épouvantails ? C'était la meilleure solution pour faire le voyage Montrouge-Oraz en un temps très bref. Le jeune homme remercia l'épouvantail qui tressaillit de joie lorsqu'il joua le fameux air des épouvantails et, en une fraction de seconde, Link s'envola pour le Cratère du Péril.

Chapitre 26 : Un léger contretemps   up

La chaleur étouffante du volcan assaillit les poumons de Link. Le jeune homme mit sa tunique rouge et gravit les quelques mètres qui le séparaient de l'entrée du village.
L'arrivée du héros suscita la même curiosité des habitants que lors de sa première venue. Il remonta la rue principale sous leurs regards insistants. Une enseigne figurant un baril de poudre attira l'attention du jeune homme. Link entra dans la boutique. À l'intérieur, il trouva un homme au teint pâle et dont le derme était couvert de tatouage. L'homme considéra l'aventurier de ses yeux sombres :
"Que puis-je faire pour votre service ? demanda-t-il en s'accoudant nonchalamment sur son comptoir.
- Je souhaiterais des bombes pour des flèches explosives, répondit Link en désignant l'article sur l'une des étagères branlantes de l'échoppe.
- Je suis désolé mais je suis en rupture de stock, rétorqua l'homme d'une voix morne.
- Il m'en faut pourtant ! insista Link en montrant la lettre de commande du général Dorzat.
- Hélas ! se lamenta l'artificier après avoir considéré la missive. Même pour mon ami le général Dorzat, je ne peux rien pour vous tant que je n'ai pas la poudre suffisante pour confectionner mes bombes ! Mais puisque je vois que vous voulez absolument ces bombes, pourquoi ne pas m'aider ?"
Link s'empressa de répondre oui.
"Le soufre nécessaire à la confection des explosifs se trouve dans la mine du cratère. Il m'en faut une bouteille pleine."
Link sortit de la poudrerie et fonça en direction du camp des mineurs où il trouva Mutoh et ses hommes.
"Ouaaaah ! cria l'homme en gesticulant la tête. Tu veux du soufre ? Tu m'as bien aidé en sauvant mes hommes des griffes du dragon. Voilà de quoi faire sauter les Montagnes de la Mort !" ajouta-t-il en remplissant l'une des bouteilles de Link.
Le jeune homme remercia le chef des mineurs et retourna voir l'artificier qui s'empressa de prendre la poudre et de disparaître dans son atelier après avoir demandé à Link de revenir le voir demain. Le jeune homme sortit et joua le Chant du soleil que les frères musiciens lui avaient enseigné afin que le temps s'écoule plus vite. Une fois le charme musical accomplit, Link alla trouver l'artificier qui exigea la somme de cinq rubis par bombe.
"Comment ! Mais c'est scandaleux ! s'insurgea le jeune aventurier. Je vous ai aidé à obtenir de la poudre et vous me faites payer les bombes !
- Je vous remercie pour la poudre mais les affaires sont les affaires, déclara l'homme pâle. Mais pour vous récompenser, et par amitié pour le général Dorzat, je veux bien vous offrir cinq bombes spéciales."
Link prit les explosifs en ronchonnant et en acquit une vingtaine d'autres, épuisant aussi le contenu de sa bourse. Le jeune homme quitta l'échoppe du marchand sans un merci et s'envola pour l'île Oraz où le général Dorzat réprimanda le héros d'avoir été aussi long.
"Maintenant que nous avons les mines, dit le Zora. Il est temps d'aller chasser ce monstre. Je sais que les hommes ne savent pas nager dans l'océan, c'est pourquoi je t'ai trouvé un navire".
Link alla sur la plage et eut un recul de surprise en voyant le Lion rouge échoué sur le sable. À ses côtés, le capitaine du bateau, encadré par deux gardes zoras.
"Oh ! Je suis désolé ! s'exclama le marin en apercevant Link. Je ne voulais pas t'abandonner, tu sais moussaillon. Mais ces hommes-poissons, ils m'ont fait une de ces peurs !"
Link passa à côté de l'homme sans un mot et monta sur le Lion rouge que les Zoras aidèrent à regagner la mer tandis que le marinier fut contraint de monter à bord afin d'assurer la navigation. Depuis la terre, le général Dorzat indiqua au barreur la direction de l'est et donna un dernier conseil à Link :
"Attends que le monstre fasse surface pour lui tirer tes flèches explosives ! Et méfie-toi des typhons qu'il a créés !"
Le Lion rouge disparut de l'horizon et ne tarda pas à arriver en vue d'une longue crête de récifs infranchissables. Un brouillard soudain enveloppa l'esquif et un grondement sourd se fit entendre. Link avait disposé sa lanterne devant lui, éclairant ainsi les abords et conservait une main dans son carquois rempli de flèches explosives, prêt à décocher l'une d'elles sur toute partie de monstre qu'il verrait.
"Nous sommes perdus ! s'écriait le marin plus pâle que la voile de son bateau. Le monstre va nous dévorer ! Il va casser mon joli Lion rouge !"
La voix du marin se perdit dans l'air puis un cri déchirant semblable au tonnerre répondit aux angoisses de l'homme. L'embarcation arriva en vue d'une ligne de rochers en dessous de laquelle deux yeux sanguinaires s'allumèrent dans les profondeurs de l'océan.

Chapitre 27 : Monstrueux récifs   up

La mer se mit à frissonner. Des vagues de plus en plus grandes roulèrent contre la coque du Lion rouge qui absorba tant bien que mal les coups. Link était aux aguets, il suivait du regard le mouvement sinusoïdal des récifs qui étaient en fait d'épaisses écailles osseuses du monstre aquatique qui hantait les lieux. Sur les recommandations du général Dorzat, il attendait que la créature fasse surface. Ainsi il demanda au marin de maintenir leur position et de se préparer au combat. Alors que le jeune homme venait de transmettre ses ordres, une masse sombre et écailleuse fit surface. Le monstre, qui ressemblait à un énorme serpent, tourna sa gueule en direction du frêle esquif et considéra leurs occupants de ses yeux globuleux. Link réagit aussitôt. Il tira une des flèches spéciales sur le museau du monstre. Celui-ci ne sembla pas sentir l'explosion que provoqua la bombe et ouvrit grand sa gueule pour laisser s'échapper une tornade aqueuse. Celle-ci vrombit sur le bateau qui aurait été détruit si le marinier n'avait pas viré in extremis de bord. Link ne comprenait toujours pas comment toucher le monstre. Déa vint à son secours en rassemblant tout son courage pour aller voler tout près du monstre afin d'identifier ses points faibles. La petite fée informa l'aventurier des faiblesses du derme du serpent marin situées juste en dessous des grandes écailles de celui-ci. Sachant où frapper désormais, le tireur attendit que le monstre refasse surface et, avant qu'il ne puisse provoquer de nouveaux typhons, lui décocha une flèche explosive en dessous d'une de ses écailles. L'explosion de la bombe fit rugir de douleur l'ophidien en plus de faire sauter l'une de ses épaisses écailles. Celui-ci répliqua en crachant une double tornade d'eau et une série de vagues que le marinier réussit à éviter à chaque fois. Le jeune homme recommença ses exercices de tirs sur les zones sensibles du monstre. Alors que la plupart de ses points faibles avaient été atteints, l'animal opta pour une nouvelle stratégie. Il provoqua des remous importants à l'arrière du navire de Link afin de rapprocher celui-ci de ses flancs écailleux. Le héros décocha une nouvelle série de flèches mais le serpent ne sembla pas les sentir. Il continuait inlassablement sa tentative de rapprochement, si bien que le Lion rouge fut tout près de l'énorme reptile et que Link pouvait presque tendre la main et toucher les écailles râpeuses de la créature. Le marinier cria qu'ils étaient perdus, que le navire allait se fracasser contre la bête et qu'ils allaient être broyés par le choc. Dans un dernier élan, le jeune homme décocha une dernière flèche qui alla se loger dans l'oeil du monstre marin. L'explosion provoqua une vive douleur à la créature qui plongea sous l'eau pour éteindre le feu qui attaquait son oculus. Le marin en profita pour éloigner son navire des dangereuses écailles du serpent avant que ce dernier ne refit surface. Borgne qu'elle était, la bête agitait sa tête en tout sens, hurlant de douleur et de rage. La créature voulut créer un nouveau typhon mais la tornade mourut dans sa bouche et le monstre s'écroula provoquant d'énormes vagues qui enveloppèrent le Lion rouge en manquant de le faire chavirer. Douché par cette trombe d'eau, Link eut juste le temps d'apercevoir ce qu'il restait des grandes écailles du monstre disparaître sous l'eau, il venait de triompher de la bête. Le marin soupira de soulagement tandis que le jeune homme demanda à ce dernier de s'approcher de l'endroit où se tenait l'animal afin de repêcher le coeur d'énergie qui flottait sur l'eau. Revigoré, Link fit faire demi-tour au Lion rouge et regagna les côtes de l'île Oraz. La reine Aruto remercia le jeune héros pour avoir vaincu le serpent de mer et lui signifia toute sa gratitude en lui donnant la corde marine. Celui-ci la reçut en rougissant quelque peu, intimidé par le regard plein de tendresse que lui portait l'auguste reine des Zoras. Après avoir salué les hommes-poissons, il décida de traverser la mer nouvellement libre sur le Lion rouge afin d'entrer en triomphateur dans le port de Bourg Ysar.

Chapitre 28 : Pas ailés pour un héros pressé   up

En pénétrant dans la rade d'Ysar, le Lion rouge baissa sa voile et alla amarrer à son emplacement habituel. Le marinier pria Link de ne plus lui demander son aide et lui rendit la toile qui lui avait permis de naviguer. Le jeune homme, sur les conseils de Déa, alla trouver les trois marins zoras dans le bar. Ceux-ci le remercièrent d'avoir tué le monstre aquatique et lui donnèrent en gage de remerciement un quart de coeur. Fort de ses exploits et pressé de trouver la dernière corde de l'Oiseau-lyre pour pouvoir enfin en découdre avec Ganon, Link alla chercher conseil auprès de la famille royale d'Ysar. Le monarque le reçut chaleureusement et lui apprit que la dernière corde se trouvait dans le désert de Gerusie aux mains de son ami le roi Kréon.
"Prends ces bottes, dit la princesse Zelda qui descendait les escaliers depuis le deuxième étage alors que Link venait de sortir de la salle du trône. Ce sont des bottes ailées. Le désert de sable de Gerusie est traître. Tu t'y enfoncerais en un rien de temps. Ces bottes magiques te permettront de marcher sur le sable s'en t'enfoncer et elles accroîtront ta vitesse à pied."
Link prit le présent de la princesse et voulut s'en aller mais Zelda le retint encore un moment.
"Link, il ne te reste plus qu'une seule corde à trouver. Lorsque tu seras en possession de la dernière viens vite me retrouver aux Ruines de l'ancien Bourg Ysar situées au nord du lac Lihya, informa-t-elle. Nous ouvrirons alors les portes du temple du Miroir dimensionnel et nous bannirons le Mal de ce monde. Avant que tu ne t'en ailles, ajouta la princesse, tu devrais aller voir la déesse protectrice d'Ysar dans son temple situé au-dessus du souterrain que Bibi et toi avez emprunté la première fois."
Link remercia la princesse et regagna la maison abandonnée située au fond de l'impasse derrière l'hôtel du bourg. Là, il emprunta le passage secret qui le mena dans la plaine d'Hyrulon au pied du temple. Le jeune homme considéra un moment le bâtiment branlant et il s'aperçut que la porte du sanctuaire était à moitié ensevelie. Link s'interdit de la faire sauter au moyen d'une bombe de crainte que le temple en ruines ne s'effondre totalement. Aussi le jeune homme devait trouver une autre solution pour pénétrer dans le sanctuaire. Il leva la tête et aperçut une ouverture au-dessus du fronton de l'édifice. Au moyen de son grappin, il réussit à se hisser et entra dans le temple délabré. L'intérieur était sombre et humide. Une végétation sauvage avait envahi par endroits les murs. Link descendit prudemment le long d'une liane et atterrit sur le dallage de la salle principale. Le jeune homme remarqua la présence d'un autel brisé sur lequel pendait un reste d'étoffe peint du blason de la famille royale d'Ysar. Il regarda aussi autour de lui et ne put que constater l'état de délabrement du temple. De hautes fenêtres aux vitres brisées par les racines des plantes laissaient filtrer une lueur blafarde. Le jeune aventurier mit le feu aux torchères humides qui bordaient les murs de l'édifice. Celles-ci fumèrent un long moment avant de s'embraser et la lumière qu'elles apportèrent, jeta un éclairage nouveau sur les murs. Link put alors admirer de splendides fresques narrant une histoire ancienne. Les peintures semblaient compter la légende du Miroir dimensionnel. En observant attentivement les dessins, l'aventurier remarqua une curieuse série de lettres. Link approcha sa lanterne de la paroi et se rendit compte que ces lettres étaient en fait des notes de musiques. Le jeune homme se munit de sa lyre et composa les premières notes sur son instrument, le reste étant illisible. Le son de la lyre résonna un temps dans le sanctuaire puis mourut sous le poids du silence de l'abandon qui emplissait les lieux. Soudain un petit rire se fit entendre. L'aventurier se retourna vivement et aperçut une jeune femme vêtue de bleu assise gracieusement sur l'autel.
"Ce n'est pas mal, dit l'étrangère en fixant le jeune homme de ses yeux turquoise. Mais il te manque encore quelques notes pour achever la mélodie, Link."
Le héros fut surpris que l'inconnue connaisse son nom.
"N'aie pas peur, reprit la femme d'une voie douce. Je suis la divine Nayru, protectrice de la famille royale et déesse de la sagesse. Tu as accompli de grandes choses pour notre dimension mais ta quête est loin d'être terminée ! Tu dois triompher de Ganon et de ses hommes. Accepte mon aide en recevant le bouclier-miroir."
La divinité écarta les bras et fit apparaître un bouclier argenté dont le centre reflétait le doux visage de Nayru. Le jeune homme prit le bouclier et s'inclina respectueusement devant la déesse.
"Que mon présent te soit secourable, Link, pria la jeune femme. Il te protégera contre les maléfices de Ganon."
La divinité disparut en un rai de lumière bleutée. L'aventurier sortit du temple, tout fier du bouclier qu'il avait reçu, puis il entonna le Chant des moissons pour se rendre dans le Marais Interdit. En arrivant à l'orée de la plaine, Link s'aperçut que la rivière était enjambée par une toute nouvelle structure de bois.
"Hé ! Merci !" dit une voix.
Link aperçut deux hommes près du pont : le charpentier et le marchand ambulant qui venait de l'interpeller.
"Merci d'avoir permis la reconstruction du pont, déclara le chaland. Voici un petit quelque chose pour te remercier."
Link reçut une bourse pouvant contenir jusqu'à deux cents rubis.
"J'espère te revoir comme client ! ajouta l'itinérant en affichant un large sourire avant de partir avec sa carriole à bras. Ah ! Attends ! héla-t-il en s'arrêtant brusquement. Je n'ai pu m'empêcher de voir que tu avais une lampe. Elle doit consommer beaucoup d'huile. J'ai entendu dire qu'il existait un "feu sacré" qui ne s'éteignait jamais, peut-être que cela te serait utile ?"
Le marchand passa de l'autre côté de la rive et s'éloigna dans la plaine. Link alla féliciter le charpentier pour son travail. Ce dernier lui remit le quart de coeur qu'il avait trouvé dans les restes de l'ancien pont et retourna au bourg. Le jeune héros emprunta le même chemin que le chaland et, après avoir appelé sa fidèle monture Epona, prit la direction de l'ouest en traversant la plaine d'Hyrulon. Il galopa jusqu'aux abords de la cité d'Ocraille puis, au lieu de se diriger vers la ville, continua tout droit. Au bout de quelques mètres, il se trouva face à un amas de rochers qui lui bloquait la route. Link fit sauter cet obstacle au moyen de ses toutes nouvelles flèches explosives. Un nuage de fumée âcre emplit les narines du jeune héros. Lorsque le brouillard de soufre et de poussière se fut dissipé, il aperçut le désert de Gerusie. Pour se rendre dans ce monde de sable, Link devait traverser un large gouffre empli d'eau de mer. Le désert était en fait une grande île que l'océan ceinturait, seul un pont massif de pierre noire permettait de se rendre dans le désert. L'aventurier décida d'emprunter ce passage mais à sa grande surprise, le pont était obstrué par de larges palissades de bois. Des Moblins farouches jetaient des regards menaçants derrière la muraille. Lorsqu'ils aperçurent le jeune homme, ils sonnèrent l'alerte et deux cavaliers bulbins sortirent. Link eut vite raison d'eux en décochant plusieurs flèches explosives qui vinrent se ficher dans leurs monstrueuses montures et les tuèrent. Le jeune homme précipita Epona sur le pont, le cheval sauta par dessus la palissade à la grande stupeur des Moblins qui n'eurent pas le temps de riposter, ayant rencontré la lame de l'épée de Link qui les tua. Les sabots de la jument foulaient le sable fin et chaud de Gerusie, le jeune homme avait revêtu ses bottes ailées que lui avait offertes la princesse Zelda. Sur les conseils du roi d'Ysar, il conserva la direction de l'ouest pour se rendre à la forteresse du roi Kréon. Arrivé aux abords de ce qui ressemblait à un énorme bloc de rocher pourvu de hautes et massives tours carrées, le héros stoppa net la course de sa monture. Aux pieds de la forteresse des Gerusiens, une nuée de Moblins encerclait l'édifice.
"L'armée de Ganon fait le siège du château ! s'exclama la petite fée Déa. Il faut que tu trouves le moyen d'entrer."
Link considéra du regard les troupes ennemies puis la muraille du château qui portait les marques des projectiles lancées par la ligne des catapultes des assiégeants. Le jeune homme ne vit qu'une seule solution pour entrer dans la forteresse, foncer. Mais avant d'entreprendre cette périlleuse traversée, il voulut créer une diversion en allant détruire les catapultes ennemies. Il se dissimula derrière un rocher et lança une série de traits qui rencontra ses cibles. L'explosion des machines de siège donna l'alerte au sein des troupes ennemies. Les Moblins dirigeaient leur regard vers l'amas de cendres et d'éclats de bois, Link en profita pour sauter sur son cheval et lui ordonna de foncer en direction des portes de la forteresse. La jument traversa les troupes de Ganon avec une grande célérité. Son cavalier cueillit une douzaine de têtes ennemies au passage de son épée et cria aux sentinelles gerusiennes de lui ouvrir les portes. Celles-ci considèrent un moment l'audacieux jeune homme puis, sur les ordres d'un chevalier en armure qui venait d'apparaître sur les remparts, ils ouvrirent les portes au cavalier. Link s'engouffra vivement dans la forteresse juste avant que les lourdes portes ne claquent derrière lui.

Chapitre 29 : Que la lumière soit !   up

Ayant pénétré dans la cour principale de la forteresse gerusienne, le cheval de Link fut arrêté par deux gardes et l'un deux demanda au jeune homme l'objet de sa venue.
"Je suis envoyé par le roi d'Ysar pour trouver le roi Kréon et lui demander la corde gerusienne, dit-il en montrant l'Oiseau-lyre afin d'ôter tout doute dans l'esprit des soldats du désert.
- Je vous crois, aventurier, répondit le militaire gerusien. Laissez votre cheval ici, je m'en occupe. Allez aux remparts, le roi Kréon s'y trouve."
Le soldat indiqua un escalier à Link et s'en alla avec Epona dans les écuries de la forteresse. Le héros se dirigeait vers les marches de pierre lorsqu'il aperçut, adossé contre le mur, ce qui lui semblait être un épouvantail tout mité.
"Aaaah ! gémissait l'être de paille dont le dos reposait contre le mur. Aaaah ! Regarde ce que les sbires de Ganon m'ont fait !"
L'épouvantail indiqua au jeune homme le bâton brisé qui lui servait de pied.
"Ils m'ont assassiné, les monstres ! Aaaah ! râla-t-il. Oh ! Est-ce qu'il y a quelque chose en ce monde capable de soulager ma douleur ?"
Link, compatissant aux souffrances du malheureux, sortit sa lyre et entonna le Chant des moissons, espérant que le son mélodieux de son instrument l'apaiserait.
"Aaaah ! Oh ? Merci ! s'exclama l'épouvantail dont le visage gagna en sérénité. Comme il est réconfortant d'entendre ce chant ! Tiens, voici pour toi."
L'homme de paille tendit un quart de coeur à Link en guise de remerciement.
"Dis-moi, jeune aventurier, poursuivit l'homme factice, que viens-tu faire ici dans cette forteresse assiégée par les monstres de Ganon ?
- Je dois trouver le roi Kréon sur les remparts, répondit Link.
- Ça ne te sera pas facile, les remparts sont difficiles d'accès, dit le pantin de chaume. En fait, toute la forteresse est difficile d'accès car les nombreux couloirs et escaliers qu'elle comporte sont systématiquement fermés par de lourds et complexes mécanismes. Un conseil, sur le chemin qui te mènera aux remparts, la lumière sera ton alliée."
Les yeux de l'épouvantail se fermèrent et l'être de paille s'endormit brusquement, exténué par la fatigue et la douleur. Link s'éloigna du dormeur et gravit un petit escalier qui le conduisit dans les bâtiments fortifiés.

L'intérieur était étroit et oppressant. La forteresse se composait d'un ensemble complexe de galeries éclairées par des torchères murales qui jetaient une lumière orangée sur le mur gris du bâtiment. Link parcourait au hasard les longs couloirs de la forteresse, il ouvrait toutes les portes qui se présentaient à lui. Il trouva ainsi la salle d'armes, les cuisines, une grande salle d'apparat ou encore des cabinets mais à chaque fois, il ne rencontra personne et ne trouva aucun escalier ou chemin conduisant en haut, là où se trouvaient les remparts. Link pensait être définitivement perdu dans le labyrinthe gerusien lorsque, dans l'un des multiples couloirs de l'étage, il aperçut une large fente sur un mur. Un mince filet de lumière filtrait derrière la roche. Le jeune homme fit sauter la paroi au moyen d'une bombe et laissa le jour pénétrer dans le couloir. La lumière vint luire contre la paroi opposée et, à la grande surprise de Link, celle-ci s'effrita au contact des rayons du jour, dévoilant un escalier dérobé qui conduisait à l'étage supérieur. Le jeune aventurier l'emprunta et, dans ce nouvel étage, se mit en quête à nouveau du prochain escalier vers les remparts. Link pénétra dans une grande salle dans laquelle était alignée en vis-à-vis une double rangée de miroirs. Il vit que la salle comportait des fenêtres mais que celles-ci étaient obstruées par d'épais rideaux. L'aventurier enflamma une série de flèches qui allèrent consumer les voilages et permirent aux rayons de l'astre diurne d'aller se mirer dans les glaces de la pièce. Les miroirs réfléchirent la lumière et agitèrent comme un catalyseur créant un épais rayon lumineux. Link se dirigea vers le seul miroir de la pièce à ne pas compter de miroir en face de lui. C'était vers cette même glace que les rais de lumière formaient le puissant rayon. Le jeune homme observa le mur qui faisait face au miroir et avisa un étrange cercle de métal figurant un soleil endormi. Link fit pivoter le miroir sur lui-même et le dirigea en direction du soleil. Le rayon de lumière était maintenant positionné en dessous du cercle de métal. Le jeune aventurier réfléchissait au moyen de faire en sorte que la lumière aille sur ce curieux dessin. Après quelque instant, il se frappa le front :
"Le bouclier-miroir que la déesse Nayru m'a donné, bien sûr !" se dit-il.
Le jeune homme se munit de ce précieux objet, se positionna dans le passage de la lumière et fit en sorte que le bouclier dévia les rayons en direction de l'astre endormi. Lorsque la lumière vint effleurer le cercle de métal, celui-ci se mit à luire et un mécanisme retentit. Le soleil ouvrit alors les yeux et afficha un large sourire. Au même moment, un pan du mur du fond de la salle recula et laissa la place à un grand escalier qui se déroula lentement du plafond jusqu'au sol. Le jeune aventurier entreprit de le gravir et se retrouva à l'air libre. Le héros était enfin parvenu aux remparts et, face à lui, un homme habillé d'une lourde armure le considérait du regard.

Chapitre 30 : La force de conviction   up

Link n'osait faire un pas de plus. Il était intimidé par l'épaisse cuirasse orangée de l'homme. Ce dernier ne l'avait pas lâché du regard. Après de longues secondes qui semblèrent une éternité pour le jeune héros, ce dernier osa prononcer quelques mots :
"Je... je suis Link et je suis envoyé par le roi d'Ysar pour..." balbutia le jeune homme.
L'homme n'avait pas bougé et continuait à le considérer de son regard impérieux.
"Je... j'aurais voulu... poursuivait Link d'une voix nouée et avec beaucoup d'effort. J'espérais voir le roi Kréon, je..."
Le chevalier interrompit brusquement le jeune homme :
"Je suis Kréon, roi des Gerusiens, dit l'homme d'une voix puissante et abrupte. Que me veux-tu, messager d'Ysar ?"
Link avala péniblement sa salive et d'une voix timide répondit :
"J'aurais voulu que vous me donniez la corde gerusienne.
- Hors de question ! rétorqua le roi Kréon d'un ton sans appel. Je ne donne pas un objet si précieux au premier venu ! Si le roi d'Ysar veut cette corde, qu'il vienne en personne la chercher !
- C'est que... poursuivit Link en rassemblant tout son courage, je suis le héros d'Ysar chargé de rassembler les cordes de l'Oiseau-lyre afin de chasser Ganon de cette dimension.
- Toi ? Un héros ? répliqua le roi dont le regard devint plus incisif. Je dois t'avouer que ta chevauchée à travers les lignes ennemies pour venir jusque dans ma forteresse m'a beaucoup impressionné. C'était très héroïque de ta part ! Mais je me demande finalement, en te voyant, si ce n'était pas de l'inconscience ou de la folie plutôt que de la bravoure !"
Les mots du roi Kréon agirent comme un couperet dans le corps et l'esprit de Link. Le jeune homme était partagé entre la peur, hypnotisé par le regard inquisiteur du roi, et la colère, piqué au vif par les propos de Kréon. Finalement, après cette longue lutte interne, il répondit :
"Sire, il est normal que vous puissiez douter de moi, ne me connaissant pas. Mais vous êtes un ami du roi d'Ysar n'est-ce pas ?"
Il marqua un temps afin de voir l'effet de ces propos sur Kréon. Le regard de ce dernier semblait être moins impérieux.
"Vous avez donc confiance en lui et vous connaissez sa sagesse, poursuivit-il. Vous comprenez alors que si le roi d'Ysar m'a fait confiance, vous pouvez à votre tour avoir confiance en moi en me confiant la corde gerusienne."
Le roi Kréon ne répondit pas aussitôt. Link vit que ses propos avaient produit l'effet escompté. Le monarque considéra encore un moment le jeune homme en tunique verte qui se tenait devant lui puis il prit la parole :
"Ta franchise est une marque de courage et de droiture. Tu as l'étoffe du chevalier même si tu n'en as pas suffisamment la carrure. Cependant, si mon ami le roi d'Ysar a assez confiance en toi pour te charger du salut de notre monde alors je suis prêt à t'accorder toute ma confiance à toi aussi, jeune Link."
Le roi Kréon porta sa main autour de son cou et en détacha une mince corde qu'il tendit au jeune homme. Alors que le jeune aventurier avançait la main pour prendre la dernière corde de l'Oiseau-lyre, un épais nuage de fumée apparut sur les remparts puis deux sombres silhouettes émergèrent du brouillard.

Chapitre 31 : Apparitions maléfiques   up

L'épais nuage noir qui venait d'apparaître sur les remparts eut tôt fait de se dissiper et laissa place à deux vieilles femmes habillées d'amples robes sombres couvertes de signes énigmatiques.
"Hi ! Hi ! Hi ! ricana l'une des vieilles femmes en fixant ses deux yeux noirs sur le roi gerusien. Tu ne tiendras pas longtemps derrière les murs de ta forteresse, Kréon. Ta résistance est vaine !
- Ho ! Ho ! Ho ! rit l'autre femme. Oui, rends-toi où tu subiras le courroux du puissant Prince du Mal, Ganon !
- Qui êtes-vous ? hurla Link en s'adressant aux deux vieilles.
- Quoi ? dit la première en tournant son regard haineux en direction du petit homme en tunique verte. Tu ne sais pas qui nous sommes, moucheron ?
- Nous sommes les puissantes sorcières Koume et Kotake, ajouta la deuxième d'un air important.
- Et toi moucheron ? poursuivit la première sorcière appelée Kotake.
- Je suis Link, héros d'Ysar et je compte chasser Ganon de cette dimension ainsi que toutes les créatures maléfiques qui sont avec lui ! répondit-il d'un ton déterminé.
- Comment ? Ai-je bien entendu, Koume ? dit la sorcière. Mes oreilles ne m'ont pas joué un tour, le moucheron s'appelle Link ?
- Tu as bien entendu Kotake, répondit la seconde sorcière. C'est bien ce sale petit fouineur qui a jusqu'à présent déjoué les plans du maître Ganon.
- Il doit donc payer pour ce qu'il a fait, soeurette, répliqua Koume en dirigeant son regard vipérin sur Link.
- Oh ! Oui ! Il doit payer ! répéta Kotake. Le maître sera content de nous lorsque nous aurons tué ce misérable moucheron et que nous lui présenterons l'Oiseau-lyre avec ses cordes au complet !
- Il saura nous remercier, Kotake. Quant à toi, Kréon, ajouta la sorcière. Tu dois mourir aussi pour t'être opposé au seigneur Ganon et pour avoir reçu dans ton enceinte cette misérable vermine de héros d'Ysar !"
Les deux sorcières s'élevèrent dans les cieux au moyen de balais qu'elles firent apparaître. Elles tournèrent un moment au-dessus des deux hommes puis Koume s'immobilisa dans le ciel tandis que Kotake se mit en retrait derrière sa soeur jumelle. Un éclair vif et rouge grandit dans les mains de la sorcière :
"Prenez ça misérables créatures", cria la vieille en dirigeant le rayon ardent sur Link et Kréon.
La sphère de feu rasa de près les deux hommes et alla pulvériser l'un des créneaux des remparts. Comme s'il eut s'agit d'un signal, des sons de cor retentirent, l'armée de Ganon postée au pied de la forteresse entreprit l'assaut de la bâtisse. Les soldats gerusiens se tinrent tous près derrière les remparts. L'huile bouillante fumait dans les grands chaudrons de fonte qui avaient été disposés tout le long du chemin de ronde face à des ouvertures pratiquées au sol par lesquelles l'huile devait se répandre sur l'ennemi. Les archers étaient massés en groupe en haut des tours et des toits tandis que les lanciers et hallebardiers guettaient derrière les remparts la venue des assaillants. Tandis que l'assaut de la forteresse se préparait, le roi Kréon et Link étaient toujours aux prises avec les deux soeurs démoniaques Koume et Kotake. Après que la première eut lancé sa boule de feu, ce fut au tour de la deuxième d'attaquer. Celle-ci forma un nuage de glace qui vint s'abattre contre le bouclier de Link, le jeune homme s'étant porté en avant afin de protéger le roi. À la surprise générale, la sphère de glace, en entrant en contact avec le bouclier-miroir du jeune homme, fut absorbée par l'écu puis renvoyée par celui-ci sur Kotake. La sorcière reçut le coup sans manifester le moindre mal.
"Ho ! Ho ! Ho ! ricana-t-elle. Ton bouclier magique ne peut rien contre mes attaques. Tu peux toujours me les renvoyer, elles ne me font rien !"
La sorcière tournoya autour des deux hommes et recula afin de laisser place à une nouvelle attaque de sa soeur Koume. Une nouvelle boule de feu fusa. Link plaça son bouclier devant lui et la sphère ardente fut renvoyée à l'expéditrice. Celle-ci rit à son tour, le feu ne lui causa aucun dommage.
"Elles sont invisibles où quoi ? s'exclama Link.
- Elles sont très fortes mais elles sont mortelles ! Si seulement je pouvais leur enfoncer cette épée dans le ventre ! rageait le souverain de Gerusie.
- Link ! Link ! s'écria une voix que le jeune homme reconnut étant celle de Déa. Link, je peux t'aider à identifier le point faible de ces sorcières."
La jeune fée vola en direction des deux vieilles. Celles-ci piaillèrent à l'approche de l'être ailé.
"Hein? Mais qu'est-ce que c'est que cette lumière aveuglante, Kotake, dit la première sorcière.
- Je ne sais pas Koume mais c'est fort déplaisant, répondit l'autre.
- Ôte-toi de mon visage, insecte hideux ! glapit la sorcière incendiaire.
- Elle m'attaque ! Koume, aide-moi !" s'écria l'autre soeur en agitant ses mains devant elle, voulant chasser la courageuse Déa.
La fée vola autour des sorcières afin de déceler une faille chez elles puis descendit en direction de Link et lui dit :
"Je ne trouve aucun point faible chez elles ! Cependant, le fait que l'une utilise le feu et l'autre la glace me suggère qu'elles n'apprécieraient pas que tu retournes l'attaque de l'une contre l'autre.
- Tu as peut-être raison, Déa, répondit le jeune aventurier. Je vais essayer. Sire Kréon, ajouta-t-il, j'aurai besoin de votre appui. Lorsque les sorcières seront frappées par mes attaques déviées, il est possible qu'elles soient étourdies. Aussi, je vous demanderai d'être prêt pour les estourbir avec votre épée.
- Compte sur moi et sur ma claymore !" répondit le souverain de Gerusie le poing sur le coeur.
Après avoir été dérangées par la présence de Déa, les deux sorcières procédèrent à nouveau à leurs attaques. Koume lâcha une boule de feu qui fut réceptionnée par Link au moyen de son bouclier puis renvoyé sur Kotake qui hurla de douleur lorsqu'elle reçut l'attaque de sa soeur.
"Ça marche ! s'exclama Link. Bravo Déa !"
La sorcière ayant reçu l'attaque enflammée chancelait sur son balai puis tomba au sol permettant au roi Kréon de taillader l'affreuse sorcière. Celle-ci se redressa, chassa d'une rafale de vent le roi puis s'éleva à nouveau dans les airs et, écumant de rage, tira une boule de glace sur les deux hommes. Link eut juste le temps de couvrir le roi Kréon de l'attaque au moyen du bouclier et réussit à pointer le nuage glacé sur Koume qui tomba à son tour à terre, souffrant de ce gel soudain. Le monarque de Gerusie en profita alors pour attaquer. Il lacéra l'hideuse sorcière qui s'envola à son tour et alla se plaindre auprès de sa soeur du mal qu'elle subissait :
"Nous n'arriverons pas à les battre ainsi, Kotake.
- Je le pense aussi Koume.
- Nous devons faire comme eux !
- Oui, nous devons joindre nos forces !"
Les deux sorcières se tinrent la main et exécutèrent une forme de ronde, tournant de plus en plus vite dans les cieux en récitant une obscure incantation.
"Que l'une et l'autre ne soient plus qu'une. Nous, Koume et Kotake, devenons Twinrova".
À la fin de leur danse, un épais brouillard noir apparut et enveloppa les deux sorcières puis une explosion se produisit et, une nouvelle sorcière apparut. Celle-ci était nettement plus jeune et sexy que les deux autres vieilles. Link ne réalisa pas ce qui venait de se produire, ce fut Kréon qui lui expliqua :
"Elles ont fusionné pour n'être plus qu'une !
- Ouah ! lâcha Link en lorgnant sur la plastique de la sorcière. Elle est... elle va être plus dure à battre celle-ci."
La nouvelle sorcière lévitait dans les airs et tenait deux baguettes dans sa main, l'une de glace et l'autre de feu. Elle agita la première et un vent glacé fondit sur nos deux combattants. Link s'interposa avec son bouclier-miroir. L'attaque rebondit sur la sorcière. Celle-ci absorba le coup et renouvela son attaque mais en utilisant sa seconde baguette. Le bouclier de Link renvoya le nuage de feu qui fut lui aussi absorbé par la sorcière sans que celle-ci éprouve une quelconque douleur.
"Ha ! Ha ! Ha ! Je suis invincible ! rit Twinrova. Vous ne pouvez rien contre moi et maintenant vous allez mourir !"
La sorcière agita ses deux baguettes en même temps formant un nuage de feu et de glace mêlé qui manqua sa cible de peu.
"Je ne sais pas comment vaincre cette maudite sorcière ! se lamentait Link. Déa aide-moi !
- Je ne peux rien faire ! J'ignore comme toi qu'elle est son point faible, répondit la petite fée bien ennuyée d'être si inutile.
- Cette fois, je crois que nous sommes vaincus, déclara le roi Kréon. Nous devons nous rendre à l'évidence, Link, cette sorcière est plus forte que nous !"

Pendant que Link et les autres semblaient vaincus devant la puissante Twinrova, les troupes de Ganon étaient au pied de la forteresse et de nombreuses échelles avaient été placées contre la muraille afin de donner l'assaut. Du haut des remparts, les défenseurs s'activaient à couper les grappins et repousser les échelles dans le vide ou à déverser le contenu des chaudrons dans les larges ouvertures du sol répandant ainsi une pluie d'huile bouillante sur les assaillants. Alors que le plus gros des troupes ennemies accaparaient l'attention des défenseurs gerusiens, un groupe de Moblins achemina sous couvert des autres un grand madrier avec lequel ils tentèrent de faire céder les portes de la citadelle.

Link enrageait derrière son bouclier. Il encaissait les coups que la sorcière lui envoyait tout en réfléchissant au moyen de la vaincre.
"Elle a forcément un point faible", pensait Link. "Tous mes ennemis en avaient un, elle ne peut pas échapper à la règle. Voyons, j'ai toujours battu les plus redoutables de mes ennemis avec le dernier objet que je trouve. C'est forcément au moyen de ce bouclier que je pourrais vaincre Twinrova. Oui mais comment ?'
Les attaques de la sorcière redoublaient, Link commençait à s'épuiser et sentit qu'il ne tiendrait plus longtemps.
"Réfléchis, Link, se disait-il à lui-même. Koume était vulnérable à la glace, Kotake au feu. Twinrova est invulnérable au deux, il faut donc trouver un moyen de..."
"Je crois que j'ai trouvé un moyen de battre cette maudite sorcière ! s'exclama Link en s'adressant au Roi Kréon. Prenez mon bouclier, sire, ajouta-t-il en tendant son écu au monarque qui le sertit à son bras.
- Que comptes-tu faire, Link ? interrogea le roi de Gerusie.
- Je vais tuer cette sorcière !" répondit-il énigmatiquement.
Le roi Kréon voulut interroger plus longuement Link mais Twinrova lâcha une boule de glace que le roi dut parer au moyen du bouclier-miroir. L'attaque lancée par la sorcière était celle que le jeune aventurier attendait. S'étant prudemment réfugié derrière Kréon lors de l'attaque, il sortit son arc et enflamma l'une de ses flèches avant de la décocher en direction de Twinrova. Le trait igné se mêla au nuage de glace que Kréon venait de renvoyer à l'aide du bouclier et l'ensemble allait être absorbé par la sorcière. Twinrova affichait un large sourire triomphateur, sa dernière attaque lui démontrait que ses adversaires étaient perdus et qu'ils ne tarderaient pas à tomber. La sorcière ne prêta pas attention à la flèche que Link avait envoyée en même temps que le nuage de glace, ce fut lorsque le dard se planta dans sa poitrine qu'elle se rendit compte qu'elle avait été vaincue. Twinrova hurla de douleur et porta ses mains tremblantes contre son coeur à l'emplacement même où la flèche s'était figée. La sorcière considéra le sang qui se répandait de sa plaie puis elle s'écroula au sol. Son corps inerte fut enveloppé d'un épais nuage noir et se mua en un tas de cendres duquel émergea un coeur d'énergie que Link alla chercher.
"C'est incroyable ! s'écria le roi Kréon. Comment as-tu fait, Link ?
- Twinrova était invulnérable aux éléments feu et glace mais elle demeurait mortelle ! Ne pouvant pas l'approcher je ne voyais qu'une seule solution, l'atteindre au moyen d'une flèche.
- Je comprends mieux pourquoi tu voulais que je porte ton bouclier, maintenant ! s'exclama le roi de Gerusie. Tu as pu utiliser ton arc et tu as enflammé la flèche afin qu'elle ne soit pas prise dans le vent glacial que la sorcière venait de nous lancer. Et c'est de cette façon que tu as pu frapper en plein coeur cette sorcière démoniaque. Bravo Link ! Je me suis trompé sur ton compte, tu as vraiment l'étoffe d'un héros."
Le roi Kréon s'avança vers le jeune aventurier et alla lui serrer la main.
"Je crois que tu mérites amplement de recevoir la corde gerusienne"
Le jeune homme reçut le précieux objet avec une joie incommensurable. Il avait enfin réuni toutes les cordes de l'Oiseau-lyre.
"En triomphant de la sorcière, tu as aussi vaincu l'armée de Ganon, déclara le souverain du désert en désignant la plaine. Regarde, Link !"
Le jeune homme vit que les assiégeants s'empressaient de fuir. La mort de la sorcière leur avait fait perdre tout courage pour poursuivre l'assaut de la forteresse. Les soldats gerusiens exultaient de joie derrière les remparts tandis que des cavaliers étaient sortis de la forteresse pour prendre en chasse les fuyards et massacrer les traînards. Link laissa le roi Kréon rejoindre ses hommes et s'envola en entonnant le Chant des moissons pour Bourg Ysar.

Chapitre 32 : Aux ruines d'Ysar   up

Le roi d'Ysar accueillit le jeune héros les bras ouverts et le félicita :
"Bravo, Link, héros d'Ysar. Tu as réussi à rassembler les huit cordes de l'Oiseau-lyre. Désormais les portes du Miroir dimensionnel doivent être ouvertes pour que Ganon soit chassé à jamais des dimensions."
La princesse Zelda s'avança et prit la parole :
"Link, il est temps pour nous de nous rendre aux Ruines de l'ancien Bourg Ysar. Là, nous ouvrirons les portes du temple renfermant le Miroir dimensionnel et nous bannirons Ganon de ce monde. Mais avant d'entreprendre cette ultime quête, tu dois avoir la pleine possession de tes moyens. J'ai entendu dire que la déesse Farore conservait un précieux artefact. Va la retrouver et rejoins-moi aux Ruines d'Ysar au plus vite !"
Link s'inclina respectueusement devant les augustes majestés et s'en alla pour le Village Hou-Hou.

Arrivé chez les Sheikahs, il se rendit dans le cimetière et alla droit au temple de la nécropole. Il remarqua que les portes de l'édifice étaient closes. Après avoir cherché une éventuelle serrure ou interrupteur sur la paroi lisse du bâtiment, le jeune homme se résigna à faire exploser la paroi au moyen d'une bombe. Il plaça l'explosif contre la double porte puis s'écarta. Le souffle de la dynamite fit craquer le mur et y pratiqua une lézarde suffisamment grande pour laisser passer Link. À l'intérieur du temple, il trouva un autel similaire à celui qu'il avait vu au Djebel Din. Le laraire était parcouru de symboles évoquant la lumière extérieure, aussi l'aventurier sortit sa lyre et joua le Chant du soleil qui emplit la pièce de l'éclat du jour. Ceci eut pour effet de faire apparaître en un jet d'étincelles émeraude une charmante jeune femme. Ses deux yeux verts se posèrent sur le jeune homme et lui sourirent.
"Tu es venu, Link, dit-elle. Je suis la divine Farore, déesse du courage et protectrice des Sheikahs. Tu accomplis une lourde tâche pour Ysar et ma magie peut t'aider."
La déesse ouvrit grand les bras et fit apparaître un collier doré serti d'émeraudes.
"Voici l'amulette du courage ! commenta Farore. Elle te permettra de renforcer ton énergie vitale. Désormais tous les coups qui te seront infligés seront réduits de moitié."
Link accepta le présent de la déesse qui s'en alla en une gerbe verte étincelante. Le jeune homme mit le collier autour de son cou et sentit sa force augmenter. Le jeune homme sortit du temple ancien et traversa le cimetière puis le Village Hou-Hou pour redescendre dans la plaine où il appela Epona qui le conduisit jusqu'aux Ruines de l'ancien Bourg Ysar. Celles-ci se trouvaient au nord du Ranch Fergus, non loin de l'immense cascade qui alimentait le fleuve de la plaine d'Hyrulon. Les vestiges de l'ancienne cité d'Ysar étaient couverts de mousse et quelques arbres solitaires avaient réussi à percer le sol rocailleux des ruines pour croître au milieu des pierres. C'est à l'ombre d'un orme que le héros trouva la princesse Zelda.
"Te voici dans les ruines de l'ancien Bourg Ysar, dit la princesse en guise d'introduction. C'était une grande et belle cité avant qu'elle ne soit recouverte par les cendres du Mont du Péril. C'est en cette même cité que le premier des rois d'Ysar cacha le Miroir dimensionnel dans un temple scellé. Seul l'Hymne de la Lumière permet de dévoiler l'emplacement du temple".
La princesse se tut puis se mit à entonner une douce et mystérieuse mélodie. Link se mit à reproduire fidèlement le chant sur son instrument. Chaque corde de la lyre fut sollicitée pour composer la mélodie mystique qui fit vibrer les cordes d'une étrange et nouvelle manière alors que la dernière note se perdait dans les airs. Après un long et pesant silence, un grondement souterrain se fit entendre puis le sol se mit à trembler et une colonne de lumière apparut au milieu de ruines. Link et la princesse se dirigèrent vers ces rayons et virent le sol s'ouvrir devant eux. Un escalier s'enfonçant dans les profondeurs de la terre fut dévoilé par le puits lumineux. La princesse et le jeune héros l'empruntèrent et, de la lumière, ils retournèrent aux ténèbres.

Chapitre 33 : De la lumière aux ténèbres   up

Une double porte bleutée accueillit les deux aventuriers en bas de l'escalier de pierre. Celle-ci était couverte d'inscriptions et de symboles mystiques. La princesse demanda à Link de se placer sur une dalle poussiéreuse figurant le blason de la famille royale et d'entonner l'Hymne de la Lumière que Zelda venait de lui enseigner. La mélodie retentit dans le noir et le bruit d'un mécanisme se fit entendre. Les lourdes portes coulissèrent sur elles-mêmes en laissant percer une vive lumière provenant de l'intérieur de la pièce qu'elles protégeaient. La princesse et son compagnon entrèrent dans une vaste salle au plafond démesuré. Au centre de la pièce se dressait une estrade rectangulaire de pierre blanche sur laquelle était posée une immense glace dorée d'où irradiait toute la lumière qui emplissait la salle.
"Voici le fameux Miroir dimensionnel, déclara la princesse Zelda d'un ton cérémonial. Voici la création des puissants mages d'Ysar qui confièrent la protection de cet artefact à mon ancêtre, le sage roi d'Ysar."
Les deux aventuriers contemplèrent silencieusement le chef d'oeuvre. Le teint laiteux du miroir fascinait le jeune homme. En se concentrant, il lui semblait entendre des chuchotements puis des voix provenir de derrière la glace.
"Est-ce les voix des autres créatures peuplant les dimensions ? s'interrogeait intérieurement Link. Si c'est le cas, peut-être que je réussirai à entendre la voix de ma chère maman que j'ai laissée dans l'autre monde ?"
"Link, dit Zelda, sortant le jeune aventurier de sa rêverie. Je vais prononcer les mots magiques nécessaires pour bannir le Prince du Mal de cette dimension et des autres. Prends ta lyre et accompagne-moi en jouant l'Hymne de la Lumière."
Les deux aventuriers se mirent face au Miroir dimensionnel et s'apprêtaient à commencer le rituel lorsqu'un soudain nuage de soufre envahit la pièce et qu'une ombre apparut au milieu de celui-ci. Link et Zelda eurent un recul d'effroi lorsqu'ils virent apparaître devant eux une repoussante et sombre créature. La bête avait la face d'un porc et tenait en sa main droite un énorme sceptre fourchu. Les yeux de l'étranger regardaient avec envie le Miroir dimensionnel puis se tournèrent en direction des deux petits êtres qui lui faisaient face. L'animal rugit puis se mit à parler :
"Enfin, le voici ! Vous m'avez bien aidé, idiots ! Vous vouliez me bannir des dimensions ? Moi ! Ganon ! Le Prince des Ténèbres ! Mais il est trop tard pour sauver votre pitoyable monde d'Ysar ! Ha ! Ha ! Ha !"
Link dégaina son épée et entreprit de la plonger dans l'estomac de la créature. Ganon, d'un simple geste de la main, éjecta le jeune homme à plusieurs mètres de lui et ricana de plus bel :
"Ha ! Ha ! Ha ! Tu ne croyais tout de même pas réussir à me battre avec ta vulgaire épée ? Tu n'es qu'un moucheron, Link ! Et d'ailleurs, il me semble que j'ai déjà eu raison de ton alter ego. Accepte ta défaite et toi aussi princesse Zelda ! ajouta-t-il en tournant sa terrible hure en direction de la jeune fille.
- Je ne te laisserai jamais t'emparer du Miroir dimensionnel ! défia-t-elle courageusement.
- Tu ne pourras rien, princesse", dit Ganon en affichant un affreux sourire.
Le monstre leva son sceptre et le pointa en direction du sol. Un tourbillon de fumée apparut et enveloppa le Miroir dimensionnel ainsi que Zelda. En quelques instants, tous deux disparurent dans le vortex et Ganon fit de même. Link, après s'être massé douloureusement le dos, se releva de sa chute et courut en direction du tourbillon de fumée. Le maelström faiblit puis disparut en un panache vaporeux avant qu'il n'ait eu le temps de s'y engouffrer.
"Ha ! Ha ! Ha ! résonnait la voix de Ganon. Si tu n'es pas assez lâche, ose venir me rejoindre dans mon antre au Désert Hanté ! Ha ! Ha ! Ha !"
Link maudit le Prince des Ténèbres et s'envola pour le royaume de Gerusie. Là, il appela Epona et traversa le désert en tuant les nombreux Moblins et esprits maléfiques qu'il rencontra sur sa route. En suivant une piste au nord du Désert Hanté, le jeune homme arriva en vue d'une imposante tour cendrée. L'allure sinistre de l'édifice et les nombreux Moblins qui stationnaient devant l'entrée permit au héros de conclure qu'il venait de trouver l'antre de Ganon. Après s'être débarrassé des sentinelles ennemies, il fit exploser la porte au moyen d'une bombe et entra sabre au clair.

Chapitre 34 : La Tour des Ténèbres   up

L'arrivée fracassante de Link fut accueillie par deux gardes moblins qui se ruèrent dessus. Le jeune homme les fendit en deux et ramassa la fiole d'huile que l'un d'eux avait sur lui.
"Voici un endroit bien lugubre !" commenta Déa qui voletait dans le grand hall de la tour, éclairant les murs sombres de la bâtisse.
Link considéra un moment les lieux avec sa partenaire avant de se diriger vers un grand escalier qu'il venait d'apercevoir au fond de la pièce. Ce dernier les conduisit jusqu'au premier étage où le jeune homme dut triompher de deux tourelles pourvues d'un oeil unique qui tiraient des lasers.
"Ce sont des Sentinelles ! déclara la fée. Vise leur oeil pour les aveugler puis lance une bombe pour les détruire !"
En tuant ses adversaires, Link débloqua le mécanisme qui obstruait la porte du premier palier. Il poussa cette dernière et arriva dans un long couloir garni d'une dizaine de portes. Le héros s'attacha à aller voir ce qui se trouvait derrière chacune d'entre elles. Au fur et à mesure de ses investigations, il réalisa que la plupart des portillons étaient en fait factices et l'agressaient lorsqu'il s'en approchait de trop. Une série de bombes eut raison des portes. Quant aux "vraies", Link était entré dans diverses petites salles dans lesquelles il avait eu affaire à des Saigneurs, Moblins et autres ennemis. Sur l'un d'eux, le jeune homme trouva une clé qui lui permit de débarrasser une grande porte grise de ses chaînes. Celle-ci ouvrait sur un escalier qui conduisit l'aventurier au deuxième étage où il eut à affronter deux Armos (des statues animées) qui en défendait l'entrée. Au deuxième palier, Link entra dans une vaste salle en apparence vide. Toutefois, un bruit étrange attira l'attention du héros qui porta son regard au-dessus de lui et eut un recul de frayeur. Au plafond, un énorme oeil le toisait. Celui-ci était entouré d'un écran de bulles. L'oculus émit un cri lorsqu'il aperçut le jeune homme et chuta lourdement au sol afin d'attaquer l'intrus.
"Il s'agit d'Arghus, informa Déa qui survolait prudemment la chimère. Son oeil est son point faible. Cependant, il faut te débarrasser des nombreuses bulles qui le protègent !"
Link fit exploser une bombe qui souffla le halo savonneux de l'oculus qui se retrouva ainsi vulnérable. Le jeune homme décocha une flèche qui vint se planter dans l'iris de la bête. Cette dernière hurla de douleur puis, la paupière baissée, se mit à foncer sur son agresseur qui eut juste le temps de sauter de côté pour ne pas se retrouver écrasé. L'oeil s'ouvrit à nouveau et créa un nouvel écran de bulles. Link réitéra son attaque plusieurs fois pour triompher enfin de son ennemi. En mourant, celui-ci laissa un quart de coeur que Link s'empressa de joindre à ceux qu'il possédait déjà. La voie étant dégagée, l'aventurier put emprunter l'escalier conduisant au troisième niveau de la tour où deux Hache-viande lui posèrent quelques difficultés pour entrer. À cet étage, il se retrouva au milieu d'une grande salle dans laquelle un magicien maléfique appelé Sorce-robe jetait des gerbes de feu. Le héros utilisa son bouclier pour renvoyer l'attaque sur son expéditeur pour ensuite le darder de flèches. Le mage se rebiffa en disparaissant subitement et réapparut derrière le jeune héros pour lui asséner un douloureux coup sur le crâne. Link redoubla de prudence et réussit finalement à vaincre son ennemi. En remuant les restes fumants du Sorce-robe, il trouva une petite clé qu'il ne réussit pas à imbriquer dans l'énorme cadenas qui bloquait l'accès au quatrième étage. Le jeune homme en conclut que la clé devait ouvrir une autre porte. Bloqué au troisième étage et ne trouvant nulle autre porte à cet étage, il descendit aux niveaux inférieurs où il découvrit un passage dissimulé derrière un pan de mur friable qu'une bombe eut vite fait de démolir. Le héros glissa l'objet dans la serrure et tourna la poignée. Une nuée de Boes noires et blanches (petites boules semblables à des flocons) accueillirent la venue du jeune homme qui exécuta une attaque cyclone afin de se défaire de ses ennemis et pénétrer dans la nouvelle salle. Les murs de celle-ci étaient couverts de runes anciennes. Au milieu de la pièce, une énorme statue aux reflets bleutés avait été disposée sur un socle de granit. Link remarqua que la sculpture conservait une clé dorée dans l'une de ses mains. En s'approchant de la statue, celle-ci se mit à bouger et un oeil farouche vint se fixer sur Link. Le héros recula et sortit son épée. L'être de pierre lança un fulgurant laser de son oculus qui désarçonna le jeune homme et le projeta contre l'une des parois de la salle.
"Qui t'a permis de toucher à la clé du Seigneur des Ténèbres ? tonna une voix menaçante. Moi, le Gardien de la Tour des Ténèbres, je vais te punir pour ton audace !"
Le colosse leva ses énormes bras au-dessus de sa tête puis les abattit violemment sur le sol ce qui eut pour effet de produire une onde destructrice qui lacéra le dos de Link. Le malheureux aventurier encaissa le choc et se blottit derrière son bouclier afin d'échapper au rayon ardent que projetait le Gardien.
"Eyegore, le Gardien de la Tour des Ténèbres, est un redoutable adversaire, dit Déa à l'adresse de son infortuné ami. Garde-toi de t'en approcher !
- Je le sais ! pesta Link visiblement agacé par l'avertissement tardif de la fée. Dis-moi plutôt comment je peux m'en débarrasser !
- Je n'ose pas approcher, il est trop dangereux pour moi ! déclara l'être ailé. Je ne peux pas t'aider pour le moment."
Link lança un regard noir à la fée qui, honteuse, alla se terrer dans la poche de son ami. Seul face au monstre de pierre, le héros réfléchissait à une stratégie d'attaque. Cependant, il devait faire vite parce que le Gardien s'avançait dangereusement vers lui. Il esquiva le poing du colosse qui vint s'écraser dans le mur et frappa l'aine du colosse au moyen de son épée. Cette dernière rebondit sur la cuirasse du géant et vibra dans les mains du jeune homme. Link déposa alors vivement une bombe aux pieds du monstre de pierre et se mit hors de portée de la déflagration qui balaya son ennemi sans lui causer aucun mal.
"Mais c'est impossible ! pensa le jeune homme. J'ai pratiquement tout essayé !"
Le rayon brûlant que le Gardien venait de produire rasa le sommet du crâne de Link et vint dessiner une balafre dans le mur. L'aventurier décocha deux flèches en direction du monstre mais ces dernières ne réussirent pas à percer la peau de la créature. Eyegore répliqua en frappant à plusieurs reprises le sol de ses poings brisant le dallage de toute la pièce et causant de sérieuses blessures à Link. Après ce choc, le héros était demeuré au sol. Il arrivait à peine à bouger, tenaillé par la douleur qui se répandait dans tout son corps. Le jeune homme vit lentement une ombre se dessiner sur le mur. Il ne prit pas la peine de se retourner, il savait que le Gardien venait de le rejoindre et que ce dernier s'apprêtait à lui donner le coup de grâce. Alors que l'oeil du colosse de pierre commençait à s'embraser, Link, dans un geste désespéré, éclata une noix mojo sur le sol. L'éclat lumineux de la graine eut un effet inespéré. Eyegore se retrouva aveuglé par la noix mojo et permit au jeune aventurier de plonger son épée dans l'oeil du gardien qui se présentait à lui. L'arme de Link rencontra tout d'abord une résistance puis réussit toutefois à percer la chair de la créature qui hurla de douleur. Le héros eut assez de force pour rouler de côté avant que le Gardien, devenu aveugle, n'abatte ses deux poings sur le sol. L'onde produite blessa Link mais eut aussi pour effet de le projeter assez loin du colosse. Réjoui par la blessure qu'il venait de causer à son ennemi, l'aventurier réussit à se relever et regagna confiance en lui. Sachant que ce dernier avait perdu la vue, Link savait qu'il pouvait se mouvoir plus aisément dans la pièce, ce qui n'était pas sans mal car le héros souffrait toujours des nombreux coups qu'il avait reçus. Ce fut à ce moment aussi que Déa réapparut. Ragaillardie par la tournure que prenaient les évènements, elle osa voler autour de l'adversaire de son partenaire et identifia une faille qu'elle s'empressa de lui communiquer.
"Link ! Il semblerait que la cuirasse du Gardien soit moins épaisse au niveau de son dos. Essaye de le frapper à cet endroit."
Le jeune homme remercia sa compagne et s'empressa de lacérer le dos de son ennemi. Ce dernier poussa des cris de douleur et se retourna vivement pour tenter d'asséner un coup à son agresseur. Mais ce dernier s'était déjà retiré et avait contourné son adversaire afin de se trouver une nouvelle fois derrière lui pour le poignarder. Après plusieurs coups de glaive, un pan de la cuirasse du Gardien tomba au sol, dévoilant l'étrange horlogerie interne qui faisait se mouvoir le colosse de pierre. Link profita de la brèche pour y jeter une bombe et courut se mettre à l'abri dans un angle de la pièce. Une formidable explosion se produisit dans le corps d'Eyegore qui se pulvérisa en une nuée ardente. Le jeune homme souleva les restes de son adversaire vaincu et retrouva l'objet de sa convoitise : la clé dorée. Le héros regagna le troisième étage et libéra l'accès pour le niveau supérieur. Arrivé au seuil du dernier étage de la tour des Ténèbres, Link put entendre les cris de détresse de la princesse Zelda. Le jeune héros s'empressa alors de pénétrer dans une pièce sombre où l'attendait le redoutable Prince des Ténèbres.

Chapitre 35 : La confrontation finale   up

Les bottes de Link heurtèrent la suie qui recouvrait les dalles sombres de l'antre de Ganon. Le propriétaire des lieux se tenait au centre de la pièce, derrière lui brillait le Miroir dimensionnel.
"Ainsi tu es venu, misérable ? dit le Prince des Ténèbres en esquissant un horrible sourire. Tu as réussi à déjouer les nombreux pièges que j'ai mis sur ta route et triomphé de mes hommes ! Tu as eu beaucoup de chance, avorton !
- Link ! Link ! Le Miroir dimensionnel ! s'écria la princesse Zelda qui flottait dans les airs, enfermée dans une prison de cristal. Joue l'hymne que je t'ai appris...
- Tais-toi, petite sotte ! rugit Ganon. Il est temps pour toi et ton idiot de jeune héros de payer pour votre entêtement ! Vous avez ri de ma toute puissance et je vais maintenant vous le faire amèrement regretter !"
Ganon leva son trident et frappa vigoureusement le sol avec. Aussitôt le décor changea. La salle devint plus lumineuse tandis que le sol se troua par endroits révélant un vertigineux abîme sous le dallage. Link pensa à chausser ses bottes ailées, cadeau de la princesse, afin de ne pas chuter dans l'un de ces pièges. Déa prit son envol et après un rapide passage autour de Ganon revint avec de précieuses informations :
"Ganon a un point faible situé à l'extrémité de sa queue."
Link prit note de ce renseignement et para la première attaque que le Princes des Ténèbres lui asséna. Ce dernier avait tenté de planter Link au moyen de sa lance. Voyant que son assaut avait échoué, une boule d'énergie sombre se forma à l'extrémité du trident de Ganon et fut décochée en direction de Link. Le jeune homme renvoya l'attaque au moyen de son bouclier-miroir mais la boule d'énergie fut absorbée par la lance de Ganon.
"Ha ! Ha ! Ha ! Tu te défends bien, misérable ! Mais tu es trop lent !" dit l'hideuse créature avant de disparaître brusquement.
Link chercha des yeux son ennemi. Ce dernier apparut derrière lui et reçut un terrible coup de fourche dans le dos.
"Ha ! Ha ! Ha ! ricana Ganon. Tu n'es pas de taille à te battre contre moi ! Accepte ta défaite et prosterne-toi devant moi !"
Le jeune homme frappa en direction de son assaillant mais celui-ci se volatilisa avant que l'épée de Link ne puisse le toucher. Ganon réapparut un peu plus loin pour lancer une boule d'énergie qui toucha sa cible. Les membres de Link furent parcourus d'un douloureux courant électrique à la grande joie de son tourmenteur. Le jeune homme se ressaisit et décocha une flèche sur son ennemi. Celui-ci se drapa de sa cape qui agit comme un bouclier.
"Ha ! Ha ! Ha ! Tu es vraiment pitoyable, moucheron..."
Ganon s'interrompit brusquement pour se protéger à nouveau de sa cape, le jeune homme venait de tirer une seconde flèche. Fâché d'avoir été coupé dans sa phrase, le Prince des Ténèbres créa une boule d'énergie que le bouclier de Link renvoya sans pour autant réussir à blesser son expéditeur.
"Comment faire pour approcher ce démon ! vociférait Link.
- Sers-toi de ton bouclier ! lui cria la princesse Zelda qui assistait horrifiée depuis le début au combat.
- Ça ne fonctionne pas ! lui répondit-il.
- Vise-moi ! rétorqua la jeune fille.
- Vise-moi ?" répéta Link qui ne comprenait pas ce qu'entendait par là la princesse.
Le jeune homme n'eut même pas le temps de réfléchir qu'une nouvelle sphère électrique vint lui griller les moustaches. Il roula de côté et décocha une flèche.
"Vise-moi ? Vise-moi ?" pensa Link en ressassant la phrase de la princesse.
Ganon disparut subitement. Le héros se tint prêt. Le monstre réapparut dans le dos de son adversaire mais ne réussit pas cette fois à le toucher. La bête pesta et tira une boule d'énergie que Link réceptionna à genoux. La sphère fut projetée dans les airs et vint frapper le cristal dans lequel était enfermé Zelda avant que le rayon foudroyant ne rebondisse et ne vienne frapper Ganon en pleine tête.
"Vise-moi ! jubila Link qui comprenait enfin ce que la princesse lui avait dit. Le verre agit comme un miroir et renvoie l'attaque de Ganon assez rapidement pour que celui-ci ne puisse se préparer à la parer !"
Le jeune homme se précipita à la rencontre de l'hideuse créature qui était tombée à terre, étourdie par le choc. Link lui lacéra l'extrémité de sa queue au moyen de son épée puis s'écarta de sa victime qui se relevait pour riposter.
"Misérable petit ver de terre ! glapit l'immonde porc. Comment as-tu osé frapper le Prince des Ténèbres ! N'espère plus obtenir ma clémence ! Tu dois mourir pour un tel sacrilège !"
Ganon jeta une série de boules d'énergie dont la plupart furent renvoyées grâce à la prison de Zelda. Link put ainsi taillader son adversaire à plusieurs reprises. Après avoir reçu de nombreux coups, la force du Prince des Ténèbres semblait vaciller car la prison qui retenait enfermée la princesse Zelda disparut et celle-ci put rejoindre Link.
"Courage, Link ! déclara la jeune fille. Ganon perd ses forces ! Je vais t'aider à le vaincre, reçois ceci."
La princesse joignit ses mains et un éclat doré illumina celles-ci. Link vit alors apparaître une flèche auréolée de lumière.
"Voici la flèche de lumière, elle permet de dissiper les ombres et de combattre le mal."
Le jeune homme banda son arc et décocha la flèche sur Ganon qui était encore à terre après avoir reçu le dernier coup du héros. En touchant l'immonde porc, la flèche emplit la créature de lumière. Celle-ci se tordait de douleur et se débattait comme si elle venait d'être brûlée à vif.
"Ganon est momentanément prisonnier, déclara Zelda. À toi, Link ! Joue la mélodie que je t'ai apprise ! Joue l'Hymne de Lumière !"
Link sortit sa lyre et fit courir ses doigts sur l'instrument. Alors que les notes de l'Oiseau-lyre emplissaient la salle, Zelda prononça d'une voix solennelle une invocation :
"Ganon ! Âme sombre ! Spectre de haine ! Sois banni à jamais d'Ysar et des autres dimensions !"
Le Miroir dimensionnel se mit à luire fortement et un rai de lumière frappa Ganon qui criait de rage et de douleur.
"Sois maudite, princesse Zelda ! Et toi aussi Link ! hurla le Prince des Ténèbres en disparaissant dans le halo lumineux. Soyez maudit !"
La voix de Ganon mourut lentement tandis que son corps disparaissait dans une boule lumineuse qui finit par s'étioler à son tour.

Chapitre 36 : Les adieux   up

Les mains du roi d'Ysar reçurent celles de Link et les serrèrent longuement en signe de gratitude. Le jeune homme était ému et fier d'avoir triomphé du Prince des Ténèbres et libéré les dimensions de sa menace.
"Nous te serons à jamais reconnaissants pour ce que tu as accompli, Link, déclara le souverain d'Ysar.
- Merci", répondit l'aventurier en rougissant.
Le jeune homme reçut les nombreuses félicitations des personnes qui étaient venues au château pour lui témoigner leur gratitude puis profita d'un instant où l'on ne prêtait plus attention à lui pour sortir de la salle du trône.
"Tu t'en vas déjà ? dit une voix que Link reconnut comme étant celle de la princesse.
- Tu sais les récompenses, les cérémonies, expliqua le jeune homme. Ce n'est pas pour moi et puis j'ai accompli ma quête, alors..."
Link ne disait plus rien et regardait la princesse Zelda dans les yeux. Celle-ci ne disait rien non plus mais le jeune homme put y lire bon nombre de choses et notamment de la peine.
"Tiens, reprit-il en tendant l'Oiseau-lyre. Je n'en ai plus besoin..."
La princesse prit l'instrument, une larme coula sur ses joues.
"Je... je dois rentrer, Zelda", poursuivit le héros dont la voix commençait à trembler.
La princesse ne répondit pas. Elle se contenta d'un regard puis acquiesça doucement de la tête. Link s'éloigna alors sous le regard triste de la jeune fille.

Le jeune aventurier descendit rapidement la colline, courant presque, espérant fuir un sentiment qui le troublait. Il sortit du bourg et se dirigea en direction de la Forêt Rikiko où il alla retrouver l'Arbre Nojo. Ce dernier lui souriait et le félicitait pour ses exploits.
"Tu dois repartir dans ton monde désormais, Link, dit le saule d'un ton doucereux. Sache que personne en ce monde n'oubliera ce que tu as fait et jusqu'à la fin des temps nous conterons ta légende..."
Un tourbillon se dessina dans la petite mare située à quelques pas de l'arbre. Le jeune homme plongea dans l'eau cristalline et fut happé par le vortex. Link avait la tête qui lui tournait, son corps fut ballotté puis rejeté sur le sol moussu d'une clairière qu'il connaissait bien. En levant la tête, il croisa le regard vert d'un vieil arbre centenaire qui lui sourit.
"Te voici revenu dans ta dimension, Link. Les forces du mal ont été vaincues et les peuples des dimensions peuvent désormais vivre en paix."
Le héros remercia l'Arbre Mojo et s'éloignait déjà de la clairière lorsqu'une petite voix l'interpella :
"Eh ! Link ! Tu m'oublies ? Nous avons pourtant partagé pas mal d'aventures ensemble !"
Le jeune homme se retourna et vit un lumignon voleter devant lui.
"Je suis désolé Déa, dit-il. Il est vrai que sans toi je n'aurais pas réussi. Tu m'as été d'une aide précieuse et je t'en suis reconnaissant."
La lumière de la petite fée vira du bleu au rose, visiblement flattée. L'être ailé vint effleurer la joue de Link, comme pour lui donner un baiser, puis s'en alla lentement se perdre dans les feuillages de l'antique forêt d'Hyrule.

En sortant des bois, le jeune homme retrouva la barque qui l'avait conduit jusqu'ici. Il mit l'embarcation à l'eau puis prit la direction de l'ouest en focalisant ses pensées sur une petite maison bâtie sur une falaise dans laquelle l'attendait un être cher.

FIN

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Antoine". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 30.04.25