Zeld'Anecdote : Linebeck, le capitaine (vraiment ?) sans peur et sans reproche !
Ecrit par Mastroyal le 02.03.2025
Parmi les trois consoles les plus vendues de tous les temps, deux sont des produits de Nintendo : La Gameboy... et la Nintendo DS. Lancée au beau milieu des années 2000, soit un an avant l'arrivée de la Wii, la Nintendo DS a marqué toute une génération avec des jeux comme "Solatorobo", "Dragon Quest IX", "Mario Kart" et, bien sûr, Phantom Hourglass. Aujourd'hui, nous nous intéressons à ce dernier avec un personnage bien précis : Linebeck.
Phantom Hourglass, premier des deux opus Zelda sur Nintendo DS et suite directe de The Wind Waker sur GameCube, a apporté une innovation majeure pour la console portable de Nintendo. En effet, il s'agissait du premier jeu presque entièrement tactile. Que ce soit pour diriger Link, se battre à l'épée ou utiliser son inventaire, tout se faisait à la pointe du stylet (ou, à défaut, de notre doigt ou d'un porte-mine quand on venait à égarer celui-ci). De plus, c'était également le premier jeu Zelda, depuis Majora's Mask, à nous assigner une fée comme personnage-guide, en la personne de Ciela. Mais pour ce qui est de la navigation en mer, un autre personnage-guide nous accompagne, à savoir Linebeck.
Populaire, mais pas téméraire
Sur l'île Melka, principal lieu où se déroule l'aventure dans Phantom Hourglass, Linebeck est connu et respecté comme un capitaine fort et courageux. Pourtant, les habitants de l'île sont bien loin du compte. Linebeck est certes capitaine, mais il est loin d'être courageux. En effet, lors de sa première rencontre avec Link dans le Temple du Roi des mers, il n'hésite pas à le rabaisser (le traitant de demi-portion) et à s'enfuir une fois que le piège dans lequel il est tombé a été désamorcé.
De plus, il passe le plus clair de son temps à rester près de son bateau, le Linebeck 1 (original ? vraiment ?) au lieu d'accompagner Link qui part explorer les îles pour sauver Tetra. Il a toujours une excuse dans la manche pour se justifier (tantôt une entorse, tantôt un coup de froid) ou minimiser ses accès de couardise. Vantard comme pas deux, il est toujours prêt à chanter ses louanges (infondées, mais faut-il vraiment le préciser ?) et à insulter Ciela, qu'il ne supporte pas autant qu'elle le déteste en retour.
On n'oubliera pas de souligner qu'il est extrêmement cupide, ne venant en aide à Link que pour mettre la main sur le fantastique trésor qui se trouverait à bord du navire fantôme (en réalité une rumeur servant à attirer des proies), puis plus tard en échange d'un voeu accordé par Siwan, le Roi des mers.
Enfin, il faut également évoquer le passé trouble du capitaine. On sait notamment qu'il a navigué en compagnie de Jolène, une femme-pirate qu'il a jadis "sauvée" de l'attaque d'un monstre (en fait, il cherchait à fuir mais a perdu le contrôle de son navire et a percuté le monstre par accident) et qui l'a aimé... avant qu'il ne s'enfuie en lui volant un trésor au passage. Depuis, elle le poursuit pour se venger et Link doit fréquemment l'affronter pour protéger Linebeck qui, pendant ce temps, reste caché dans une caisse.
Autant dire que ces multiples défauts, de prime abord, n'en ferait pas le personnage le plus apprécié de la saga Zelda. Malgré tout, on peut lui reconnaître un côté assez comique, notamment par ses répliques qui frisent souvent le ridicule ou son tempérament assez lâche qui peut également prêter à sourire.
Une façade possible ?
En dépit de ce portrait fort peu élogieux (vous en conviendrez), on remarque pourtant à certaines occasions que Linebeck est aussi capable de faire montre d'une certaine bravoure et d'un certain repentir... bien que celles-ci se produisent plutôt vers la toute fin du jeu. En effet, rappelons que Link doit se rendre à de multiples occasions dans le Temple du Roi des mers, principalement pour trouver des indices qui lui permettront de poursuivre sa quête (d'abord pour trouver les esprits, ensuite pour trouver les minerais). Au début de l'aventure, après avoir sauvé l'esprit de la Force, Linebeck n'hésite pas à modérer les ardeurs de Link pour le rappeler à la prudence, et que le Temple est maudit et aspire la force vitale des intrus. On pourrait donc penser qu'il tient à lui... jusqu'au moment où il révèle qu'il préfère que Link explore le temple seul.
Plus tard, dans le jeu, Link recevra une lettre du capitaine, dans laquelle il avoue qu'il apprécie beaucoup sa compagnie et le fait qu'il travaille aussi dur, mais qu'il ne trouve pas les mots pour l'exprimer à l'oral. On a donc la preuve que Linebeck est capable, dans une certaine mesure, de reconnaissance. Il le prouve aussi lorsque Link le protège des attaques de Jolène (en lui offrant de l'argent dont le montant va croissant jusqu'à 200 rubis... bien qu'il ne les verse qu'une seule fois) ou des pirates (en lui offrant tout d'abord une goutte de Courage, puis des trésors variés).
Enfin, vers la toute fin du jeu, avant l'affrontement final contre le spectre Bellum, on peut retrouver Linebeck non loin du Temple du Roi des mers. Il remercie alors Link pour les aventures passées ensemble et déclare qu'il est temps que leurs chemins se séparent (bien qu'il soit toujours possible de naviguer avec lui par après), avant de retourner auprès de son navire.
Avant la troisième et dernière phase du combat contre Bellum (celle qui se déroule dans les débris du navire fantôme), Linebeck finit enfin par se dresser contre l'ennemi en récupérant l'Épée spectrale que Link a laissé tomber et en lui transperçant un tentacule, l'obligeant à relâcher Link et Tetra. Il paiera cependant cet acte en se retrouvant sous l'emprise du spectre qui l'utilisera comme réceptacle pour affronter Link. Une fois libéré de l'emprise de Bellum vaincu, il s'excusera auprès de Link pour l'avoir attaqué et renoncera à sa cupidité, se servant du voeu accordé par le Roi des mers pour renflouer son bateau, provoquant la surprise de Ciela. Il n'hésitera cependant pas à l'insulter une dernière fois et même à l'agresser physiquement... avant de la regarder partir avec une certaine nostalgie.
Un autre monde... ou pas
On se souvient, bien sûr, qu'à la toute fin du jeu, Siwan le Roi des mers révèle à Link et à Tetra qu'en réalité, ils se trouvent dans un autre monde où Bellum avait semé le chaos. Ils sont ensuite renvoyés, via un brouillard, dans leur propre monde où ils retrouvent leur bande de pirates qui leur dit qu'ils sont partis pendant une dizaine de minutes, pas plus, bien que Tetra n'arrive pas à les croire. Mais alors qu'ils se disputent, Link constate qu'il a toujours le Sablier fantôme sur lui et remarque, en se rendant à l'autre bord du navire, le bateau de Linebeck qui s'éloigne, prouvant qu'ils n'avaient pas rêvé. Le capitaine réapparaîtra d'ailleurs dans l'opus suivant, Spirit Tracks, sous les traits de son petit-fils Linebeck III, qui lui ressemble trait pour trait et qui tient une affaire de chasseur de trésors (comme quoi, il n'y a pas que le physique qui se transmet à travers les générations). De plus, lors de la quête de l'anneau royal dans Spirit Tracks, on peut trouver la tombe de Linebeck Ier qui porte cette épitaphe : "Ci-gît Linebeck, le légendaire héros des mers". Certaines habitudes ne se perdent pas non plus.