Un Couronnement Hors Norme
Ecrit par Escafleiko le 25.05.2006
Pour la première fois dans le monde, le jeu vidéo a été reconnu comme de l'art. En effet trois créateurs, Shigeru Miyamoto, Michel Ancel et Frederick Raynal, ont été couronnés par le Ministre de la Culture "Chevaliers des Arts et des Lettres" le 13 mars 2006.
Pour cette occasion, nous allons essayer de comprendre pourquoi la France a reconnu Shigeru Miyamoto comme "génie" du monde vidéoludique.
Shigeru Miyamoto
Lors de la conférence, le Ministre a qualifié Miyamoto de "Spielberg du jeu vidéo" mais aussi de "bon génie de la création numérique nipponne".
Pourquoi de tels éloges ? La raison en est simple pour tous ceux qui connaissent le jeu vidéo. Monsieur Miyamoto a révolutionné le monde numérique avec des jeux comme "The Legend of Zelda" et "Super Mario Bross" mais également notre manière de jouer avec la création des différentes manettes Nintendo.
En 1977 il entre chez Nintendo par la "grande porte". En effet c'est le Président de la firme, Monsieur YAMAUCHI Hiroshi, qui l'intronise.
Son premier succès n'est pas Mario mais "Donkey Kong" sur Game And Watch (ce sont des consoles portables à double écran avec un seul jeu). Jump Man (ancien nom de Mario) doit sauver une belle princesse des griffes de l'infâme Donkey Kong (le jeu a sûrement été inspiré par le premier film de King Kong).
Cependant Jump Man eut un grand succès et Miyamoto décida de lui consacrer un jeu, c'est ainsi qu'est né "Super Mario Bross". Jump Man change de nom pour s'appeler Mario, le plombier italien moustachu que nous connaissons tous. Il devra encore sauver, avec l'aide de son frère Luigi, sa princesse bien aimée des griffes de l'ignoble Bowser.
Pour l'anecdote, le prénom et la nationalité de Mario n'ont pas été pris au hasard. Il s'agit en fait du prénom du propriétaire qui faisait louer les locaux de Nintendo of America.
Le premier "The Legend of Zelda" raconte la légende d'un jeune héros nommé Link devant sauver la Princesse Zelda des mains du terrible Ganondorf. Il sauvera par la même occasion Hyrule des ténèbres. (Miyamoto doit adorer les contes de fées).
D'autres titres sont sortis de l'imagination de Miyamoto comme "Pikmin" ou "Nintendogs".
1) Super Mario Bros
Même si le scénario de départ et l'univers peuvent être considérés comme enfantins, Miyamoto n'a pas oublié la maniabilité. Les jeux sont très précis dans les sauts et ne tolèrent aucune erreur. L'idée des différents items permettant aux deux frères d'acquérir des "pouvoirs" afin d'avancer plus facilement dans l'univers ou de découvrir des lieux que l'on n'aurait jamais pu atteindre sous une autre apparence. De plus, dans chaque épisode, les objets changent, offrant aux joueurs une nouvelle façon d'arpenter l'univers.
Au départ il n'y avait que cinq personnages principaux (Mario, Luigi, Peach, Toad et Bowser), puis la famille s'est agrandie avec l'arrivée de Daisy, Yoshi, Wario, Warluigi...
A l'époque des 16 bits, il y avait déjà eu des tentatives de 3D puis la Playstation et la Saturn ont continué dans la voie ouverte par la SuperNes et le Mega CD. Toutefois quand la Nintendo 64 sort, un an après ses concurrentes, une grosse surprise attend le joueur. "Super Mario 64" est entièrement en 3D, la caméra suit le joueur avec une quasi perfection. Même après dix ans d'expérience, de nombreux développeurs n'arrivent pas à gérer aussi bien la caméra.
Après le lancement de ce titre, les jeux en 3D libre (full 3D) apparurent sur les autres machines. Certains vont jusqu'à copier le principe de base de Mario 64 comme "Jack And Dexter" qui transforme les étoiles en pile.
A la sortie de la GameCube, pour la première fois dans l'histoire de Nintendo, ce fut Luigi qui ouvrit le bal avec "Luigi's Mansion". Il fallait attraper des fantômes avec un aspirateur et utiliser la lampe torche pour les aveugler. Ce concept original était un test pour le futur Mario qui apparut quelques années plus tard sous le nom de "Mario Sunshine".
La mascotte de Nintendo ne s'arrête pas qu'au domaine du jeu de plate-forme mais s'est attaquée au domaine sportif avec un premier essai réussi et jamais égalé à l'heure actuelle : "Mario Kart". Rouler dans des karts est fastidieux et peut ne pas être amusant car si l'on affronte un très bon conducteur, on peut ne pas le rattraper... alors qu'utiliser des objets permet de renverser une situation critique, surtout que ceux-ci sont une clef majeure dans l'univers de Mario. Comme pour les jeux de plate-forme le gameplay a toujours évolué dans le temps. Le rajout d'items ou le fait de rouler à deux sur un kart, les différents dérapages sans oublier le mode Wi-Fi qui permet de jouer sur Internet.
Mario et compagnie se sont ensuite lancés dans le golf, le tennis, le base-ball, le basket, le foot en gardant les règles principales des différents sports mais en les adaptant à la sauce Mario.
On le retrouve aussi dans un puzzle game à l'image d'un "Tetris" ou d'un "Puyo Puyo" dans "Dr Mario". Sur Super Famicom est sorti un Ersatz de "Paint" nommé "Mario Paint".
Enfin toute la clique s'est réunie dans un jeu de loi numérique nommé "Mario Party". Comme tous les Mario, cette licence est en constante évolution et ne trouve aucune véritable concurrence sauf peut-être le "Hi-Toy" de Sony.
2) The Legend of Zelda
Pourquoi les jeux Zelda sont devenus une référence ? Si on regarde le scénario du premier volet, il était très basique mais l'univers était vaste avec plein d'objets à découvrir.
A chaque nouvelle légende, un nouveau Hyrule est créé. Ce principe permet de ne pas lasser le joueur en l'envoyant dans un univers qu'il connaît mais pour qu'il se croie toujours dans le pays, les régions principales sont présentes : le château d'Hyrule, le lac Hylia, les bois perdus...
Qui dit nouvel univers dit de nouveaux objets à récupérer (les fragments de coeur sont la quête secondaire récurrente dans la saga).
Une autre quête secondaire est apparue dans le troisième volume : c'est la quête des "clins d'oeil". On retrouve soit l'univers de Mario (une peinture de Mario dans "A Link to the Past") ou bien des vieilles légendes de Zelda (vitraux représentant les sages d'Ocarina of Time dans "The Wind Waker").
Au début les seuls habitants d'Hyrule étaient des marchands puis sont apparues des villes dans le second et petit à petit de nouvelles races comme les Zoras, les Gerudos (dont fait partie Ganon), les Gorons et les Kokiris... Si le scénario du premier était basique, les suivants se sont étoffés.
L'univers n'est qu'une clef, il faut aussi penser à la manière d'appréhender cet univers.
Pour faciliter l'action, une vue isométrique a été créée dans le premier épisode. Puis au vu du succès de "Super Mario Bross", Miyamoto a voulu changer le gameplay. Le second opus s'est vu gratifier de la vue isométrique pour les déplacements dans l'univers mais les déplacements dans les villes et donjons se font à la manière d'un Mario. Ce changement ne fut pas apprécié par les fans et le jeu s'est moins bien vendu que le premier, c'est pour cette raison qu' "A Link to the past" revient à une vue isométrique. Ce troisième opus lance la légende dans les plus hautes sphères et est reconnu par les joueurs comme une série mythique.
Il aura fallu attendre l'arrivée d' "Ocarina Of Time" pour voir les bases remises en question. Cet opus nous transporte dans un Hyrule jamais vu auparavant car le jeu est entièrement en 3D. Le jeu se déroule à la troisième personne (vue crée pour "Tomb Raider").
Alors que dans les opus précédents le joueur était comme un Dieu, ce changement de caméra aurait dû poser des problèmes car à l'époque il était difficile de viser ses adversaires. Qu'à cela ne tienne, Miyamoto trouve la solution en inventant le "look-on" qui permet de viser un adversaire et de le garder en vue malgré les déplacements. Après le passage d'"Ocarina of Time", le "look-on" fut démocratisé.
Les développeurs qui ont tenté de copier Zelda n'ont jamais réussi à atteindre le savoir-faire scénaristique ni la profondeur des jeux. Il ne faudrait pas oublier la musique qui joue un rôle déterminant dans l'univers.
3) Pikmin
Encore un titre original de Miyamoto. Ce RTS (Real Time Strategy) console est très jouissif. Normalement tous les RTS qui sont sortis sur console souffraient de l'absence d'une souris. Les seuls jeux de stratégie qui marchaient sur console étaient ceux au tout par tour ("Advance Wars", "Fire Emblem", "Final Fantasy Tactic"...). Miyamoto a trouvé une solution pour remédier à ce problème. En plus de révolutionner le genre, on se sent, à l'instar du héros, un insecte. En effet il est perdu dans une jungle géante.
4) Nintendogs
Dernier succès de Miyamoto, ce jeu marche sur les plates-bandes des "Pokémon" et des "Tamagochi" renommés par Bandai en "Digimon". Il va même à pousser le concept des "Tamagochi" dans ces retranchements. De nombreuses familles résidant en appartement ou étant allergique ne peuvent acquérir un chien. Pour y remédier un toutou virtuel est... la solution. Il faut s'en occuper, le nourrir, l'éduquer, jouer avec lui et lui faire découvrir de nouveaux amis virtuels. Ce jeu permet à nos petites têtes blondes d'apprendre à s'occuper d'un animal de compagnie, sans les inconvénients d'un animal réel. De plus, comme les "Sims" ou "Animal Crossing", ce jeu n'a pas de fin.
Miyamoto contrôle de moins en moins ces licences et laisse de plus en plus d'autonomie à ses équipes qu'il a formées dans le but de le remplacer. A la vue de l'excellent travail de ces dernières, le joueur ne risque pas d'être déçu. En attendant la retraite de la "première tête pensante de Nintendo", profitons encore de ses idées révolutionnaires.
Photos tirées des sites :
jeuxvideo.fluctuat.net/blog/2403-miyamoto-ancel-et-raynal-chevaliers-du-pixel.html et www.jeuxvideo.com/