• Legend of Zelda
  • Adventure of Link
  • A Link to the Past
  • Link's Awakening
  • Ocarina of Time
  • Majora's Mask
  • Oracle of Seasons
  • Oracle of Ages
  • The Wind Waker
  • The Minish Cap
  • Four Swords Adventures
  • Twilight Princess
  • Phantom Hourglass
  • Spirit Tracks
  • Skyward Sword
  • A Link Between Worlds
  • Tri Force Heroes
  • Breath of the Wild
  • Tears of the Kingdom
  • jeux The Legend of Zelda

La haine du banni

Ecrit par Princess-Midna en septembre 2013

Crepusculum, capitale du royaume éponyme du Crépuscule, s'étendait devant les yeux blancs d'un homme furieux : il contemplait les toits sombres, les tours en spirale, tarabiscotées ou encore d'une extrême simplicité, produits de l'imagination plus ou moins débordante des architectes. Des ponts plats, ou en arche, enjambaient le fleuve Adrilan, baptisé au nom du premier souverain. Des échoppes s'entassaient à côté des habitations, et, tout autour de l'endroit où il se tenait, l'imposant et sobre palais du Crépuscule aux formes géométriques, qui détonait avec l'esprit de la ville, se trouvaient les maisons des nobles, entourées de jardins aux fleurs qui perdaient de leur beauté sous cette triste et éternelle lumière crépusculaire. Il voyait les habitants s'affairer, les devinait indifférents aux problèmes de leurs contemporains, du haut du balcon noir à la rambarde invisible ornée de runes turquoise. De la magie crépusculienne, sombre, et presque trop sobre. Presque sans âme. Il détestait ce balcon, il détestait cette ville, il détestait ce monde. Ce monde terne et sans vie. Ses mains étaient crispées sur le garde-fou, à tel point que ses articulations en étaient blanches. Sa respiration était saccadée, et ses yeux contemplaient le paysage urbain sans le voir. Une douce brise faisait voleter ses vêtements noirs qui faisaient ressortir le bleu de sa peau, et dont les manches étaient ornées de franges. Sa chevelure était recouverte d'une capuche moulante noire. N'importe qui aurait pu rire de lui, tant il paraissait ridicule... S'il n'avait pas vu ses yeux qui brillaient de haine et de colère. Un énième carré noir vint le frôler ; cela le dégoûta. Depuis sa naissance, il était condamné à vivre ici, dans ce monde sans lumière, où régnait un crépuscule permanent, ce monde qui s'écroulait de lui-même... Et où flottaient inlassablement de petits carrés noirs. Lui, ce qu'il voulait, c'était voir ce monde de Lumière dont sa mère, dont la famille royale lui avait tant parlé. Ce monde magnifique, baigné par les rayons du soleil, ce monde plein de couleurs. Un monde qui leur appartenait, à lui et à son peuple. Un monde qui méritait de subir les affres de sa vengeance, qui méritait de subir au centuple le malheur des bannis. Car c'était ainsi qu'ils étaient considérés par les Déesses créatrices, comme des renégats. Cela faisait des générations que leurs ancêtres avaient tenté d'envahir la terre d'Hyrule, et eux, leurs descendants, devaient payer pour des fautes qu'ils n'avaient pas commises ! Xanto, car tel était son nom, n'en pouvait plus de cette injustice, il n'en pouvait plus d'écouter les faibles paroles de la famille royale, dont la dernière représentante était la princesse Midona. Une femme aux courbes voluptueuses, avec un regard à se damner, mais qui était tout aussi incapable et méprisable que les autres. Une femme qui l'avait humilié par son refus de se marier avec lui... il avait croisé son regard dégoûté, et entendu les paroles destructrices prononcées par cette bouche sensuelle, une des nombreuses responsables de l'affolement de ses sens :

"Tes espoirs sont ceux d'un fou, Xanto, et un royaume ne peut être gouverné par un homme déraisonnable. Souhaites-tu l'anéantissement de ce royaume ? demanda-t-elle, plantant ses yeux rouges, si semblables à ceux des Sheikahs, dans les siens, entièrement blancs.
- Non, Midona, je souhaite lui rendre la puissance qui lui revient de droit !" assena-t-il, tout en s'avançant vers elle avec l'assurance de celui qui pense avoir raison.

Cependant, cette assurance était teintée d'une appréhension quasi-imperceptible. Il craignait que l'impulsive princesse ne finisse pas par ouvrir les yeux.

"Regarde-toi, avait-elle dit d'un ton méprisant, tu ne m'inspires que de la pitié. Tu prétends défier les Déesses elles-mêmes, celles qui ont enfermé nos ancêtres dans ce monde et dont on n'a jamais pu sortir ? Ne me fais pas rire.
- Pourquoi ces paroles, Midona ? Pourquoi refuses-tu d'entendre la vérité ?"

Un éclair de tristesse passa dans les yeux de la jeune femme, qui n'échappa pas à Xanto. Cela le déstabilisa presque : jamais les yeux d'or et de rubis de sa souveraine n'avaient exprimé cette émotion. Il avait vu la satisfaction, l'ennui, le cynisme, et même la colère. Mais jamais la tristesse n'avait pris d'assaut la forteresse qu'était ce jeune coeur. Midona devenait plus humaine, plus, plus... vulnérable. Oui, c'était le mot qui convenait. Il ne put cependant s'empêcher de la contempler : un visage aux traits réguliers et délicats, sur lequel deux pierres précieuses reposaient, comme dans un écrin. Des lèvres rouges et pulpeuses, et des cheveux d'un roux flamboyant. Un diadème de rubis ornait son petit front, ajoutant une touche de majesté à ce visage déjà altier. Il s'attarda sur les courbes voluptueuses de la princesse, couvertes par une robe de soie noire qui cachait uniquement ses longues jambes fuselées et sa poitrine, pour laisser son ventre plat et ses bras nus. Ses pieds étaient chaussés de cothurnes assortis. Le tout faisait ressortir le teint bleuté de sa peau, si particulier, et pourtant plus pâle que celui du conseiller.

"C'est toi qui refuses de la voir... As-tu un instant pensé au peuple ou à la volonté des autres princes et princesses du Crépuscule ? Bien sûr que non. Regarde autour de toi, Xanto... et vois : les gens sont heureux et se sont habitués à cette vie. Je ne les enverrai pas dans un combat suicide.
- Pitoyable que tu es, Midona !
- Baisse d'un ton, Xanto, n'oublie pas à qui tu t'adresses, l'avertit-elle d'un ton glacial."

Cette fois, ses yeux n'étaient plus que deux fers de lance, prêts à déchiqueter la chair... de quoi donner des frissons. Mais Xanto ne craignait pas cette enfant. Elle n'était qu'une gamine capricieuse, qui faisait joujou avec la couronne et le sceptre. Une aliénée, héritière de cette ligne corrompue par la consanguinité et la faiblesse, et pourtant si belle. Si fougueuse. Elle était si paradoxale.

La princesse s'en alla sur ces mots, laissant le Crépusculien couvert de honte et fulminant de colère. Elle allait payer, cette petite insolente... Pour qui se prenait cette arrogante, qui était pourrie gâtée depuis sa naissance ? Elle prétendait tout savoir du peuple, mais il n'en était rien : l'homme savait que certains cercles la critiquaient, et nourrissaient de la rancoeur envers le peuple du Royaume de Lumière, ces privilégiés ! Ces hommes et ces femmes qui ne méritaient pas un centième de ce monde merveilleux, qui regorgeait de richesses. Il les enviait. Il les haïssait. Tous ces faibles. Tous ces faibles qui tentaient de l'oppresser, lui, Xanto, lui, qui savait la vérité ! Lui qui saurait mener son peuple vers cette gloire qui lui revenait de droit ! Il ne souhaitait pas attendre le pardon divin, comme le préconisait la famille royale, qui n'appréciait pourtant pas plus que lui les Déesses. Un autre stratagème pour brider le peuple, brider ce peuple dont la colère gronde au fond de son coeur. Colère qu'il était en droit de réveiller.

C'est alors qu'une intense lumière l'aveugla et il se retrouva enveloppé d'un nuage rouge. Un visage doré se dessina : celui d'un homme, à la mâchoire carrée et aux cheveux coiffés en dreadlocks courtes. Une topaze ornait son large front, et dans ses yeux, il pouvait lire cruauté et intelligence, ainsi qu'un désir inextinguible de vengeance. Mais le plus troublant chez cette apparition, c'était l'incroyable sensation de puissance qui émanait d'elle. Alors, Xanto comprit : cet homme était un dieu et il pourrait peut-être l'aider.

"Xanto... commença l'apparition avec une voix caverneuse.
- Oui...
- Pourquoi tant de colère ?"

Alors le Crépusculien sentit une force qui l'incitait à répondre, une force délicieuse, aussi goûteuse qu'un bonbon, aussi chaude que le feu d'une cheminée. Rien ne l'incitait à résister. Il devait se confier, car l'apparition semblait être à l'écoute des affres qui affectaient son âme meurtrie depuis sa naissance. Il lui dirait sa colère. Il lui dirait sa frustration. Il lui parlerait de ses désirs les plus chers et les plus fous, ceux pour lesquels on donnerait sa vie, même s'il craignait la mort plus que toute chose.

"Xanto... Je crois que nous poursuivons les mêmes objectifs. Je vais me lier à toi et te prêter mes pouvoirs, et, à nous deux, nous mettrons Hyrule à genoux."

Les yeux de l'homme se remplirent de larmes de gratitude et il lança un regard empli de vénération à son dieu. Il sentit alors une puissance incroyable s'écouler dans ses veines : il ferma les yeux ; c'était si grisant, tellement bon... Il en aurait pleuré de béatitude, si les larmes ne mouillaient pas déjà son visage. Ce don était une promesse de voir tous ses désirs se réaliser, un cadeau exquis et inestimable. Ah, douces images qui se frayaient un chemin dans son esprit... Il voyait le roi, ou la reine d'Hyrule à ses pieds, le peuple plongé dans un Crépuscule éternel, car le dieu l'avait averti : lui, créature de l'Ombre, ne pouvait pas vivre dans ce monde baigné de lumière. Cela avait frustré Xanto, mais il se dit que son dieu saurait trouver un moyen, et que s'il fallait faire souffrir ce monde, c'était bien en le privant de lumière tout d'abord. L'apparition s'éclipsa, comme si elle n'avait jamais existé. Mais, à présent, Xanto savait quoi faire. Il se releva et essuya ses larmes. Il s'apprêtait à rentrer, mais quelque chose, ou plutôt quelqu'un, le fit sursauter.

"Je croyais t'avoir dit de partir, dit une voix cristalline qu'il reconnut."

Il se retourna et aperçut Midona, ses cheveux roux voletant doucement, sa tête ornée d'une étrange coiffe... Une partie du Cristal d'Ombre, la magie de leur peuple. Un manteau recouvrait sa robe qui dénudait son ventre et laissait apercevoir ses cuisses galbées. Le désir monta en lui : Déesses, que cette femme pouvait avoir d'effet sur lui ! Lorsqu'il croisa son regard, il n'y vit qu'indifférence... ainsi qu'une pointe d'agacement. Etait-ce ce qu'il était pour elle ? Un objet d'agacement ? Un clown ? Il voulait voir ces yeux exprimer la souffrance, il voulait les voir l'implorer. Il voulait faire plier l'orgueilleuse princesse, qui se jouait de ses désirs. Il se retourna, et, un instant, il crut lire la peur dans les yeux de la jeune femme. Ce qui le fit sourire de satisfaction.

"Je réitère ma question, princesse : veux-tu m'épouser ?
- Plutôt mourir en enfer que de t'épouser, Xanto, cracha-t-elle.
- Très bien : tu veux l'enfer, douce princesse ? Tu vas le connaître, à tel point que tu imploreras la mort de venir te chercher.
- Je n'ai pas peur de toi !
- Ce ne sont pas ce que disent tes yeux, pourtant, remarqua-t-il avec une voix doucereuse.
- Cela suffit. Gardes !"

Deux gardes accoururent, mais Xanto, d'un geste, les fit s'effondrer sur le sol, comme fétus de paille. Il y avait une nonchalance marquée, qui déplut à la princesse ; qui la révolta : il le sentait. Sa douce souveraine n'aimait pas cela, elle n'aimait pas qu'on la défie, elle n'aimait pas qu'on fasse du mal aux autres. Il ne s'encombrait pas de tels sentiments, même s'il n'éprouvait aucun plaisir lorsqu'il agressait quelqu'un. Enfin presque. Il n'était pas dénué de sentiments. Il fixa la princesse : non, il ne l'aimait pas, mais il la voulait. Il voulait cette femme qui affolait ses esprits par sa seule présence ! Midona, loin de s'avouer vaincue, activa sa magie : ses mains s'illuminèrent d'éclairs crépitants orange et noirs. La magie de la famille royale.

"Cela sera bien loin d'être suffisant, insinua-t-il."

Il invoqua la magie offerte par son dieu, et un éclair rouge et noir vint frapper Midona, qui se retrouva sur le sol, inconsciente. Xanto observa avec un sourire satisfait la petite créature recroquevillée sur le sol : elle ressemblait plus à un diabolique lutin qu'à la femme désirable qu'elle était : des tatouages bleu turquoise recouvraient son corps, et sa belle chevelure rousse se terminait par une main, de même nature. Il rit en voyant l'état pitoyable de la princesse déchue. Misérable. Toute beauté envolée. Toute arrogance anéantie. Il était plus fort qu'elle, et elle viendrait le supplier. Oh, pas tout de suite, elle était trop orgueilleuse : mais elle serait à ses pieds, le suppliant de lui rendre son apparence, son royaume et sa dignité. Le suppliant de redevenir humaine. Il savait déjà quel serait le marché : il lui rendait cela si elle faisait de lui son roi. Il deviendrait l'homme le plus puissant du monde, son dieu lui avait promis. Il deviendrait celui qui possédait la plus belle femme de la création.

"Tu n'es plus rien, maintenant, et rien ne m'empêchera de marcher vers la gloire et la puissance, et d'assouvir ma vengeance. Tout ce que tu n'as jamais été capable de faire, arrogante et insignifiante princesse."

Il lui caressa le visage et l'embrassa sur le front, avant de s'en aller. Il était temps d'accomplir son destin.

"O Royaume d'Hyrule, chanta-t-il à la manière d'une berceuse, je vais contempler ta Lumière... Pour mieux la détruire."

FIN

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Princess-Midna". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

Le Palais de Zelda :: Webmaster: Ariane
Design créé par Sylvain
www.palaiszelda.com :: Copyright © 1999-2024
Note légale : Ce site est protégé par les lois internationales sur le droit d'auteur et la protection de la propriété intellectuelle. Il est strictement interdit de le reproduire, dans sa forme ou son contenu, sans un accord écrit préalable du "Palais de Zelda".
retour au haut de la page
Mis à jour le 01.05.24