Le buffle a écrit :Si j'ai bien compris,Ganondorf reste un mortel meme avec la triforce mais Ganon est bien trop puissant pour mourir avec son fragment?
Ce n'est pas une question de puissance, et la Triforce n'a en fait rien à voir là-dedans.
Pour vous expliquer ce que j'en pense, je vais passer par des notions telles que la métempsychose et l'incarnation, toutes deux liées au bouddhisme et au shinto, et donc d'une importance non niable au Japon. Commençons par la métempsychose, ou réincarnation:
Notre identité est le fait de notre âme qui est immortelle à la différence de notre corps (Platon n'a rien inventé: il a piqué sa dualité âme/corps à l'hindouisme). Pour faire simple, notre âme est porteuse d'une double identité: son essence d'âme et l'identité empirique que nous formons au cours de notre vie terrestre. L'essence de l'âme étant dans notre cas le fait d'une incarnation mais j'y reviendrai. Aussi, nous sommes tous porteurs d'une identité antérieure (par exemple, le prince Siddhartha Gautama qui allait devenir le Bouddha - oui, on dit "le Bouddha" - est porteur de l'identité de ses précédentes incarnations dont la plus connue est celle du prince Vessantara) et d'une identité actuelle. Pour donner une application à Zelda, tous les Link sont différents mais chacun porte en lui l'identité spirituelle des précédents. Il en va de même avec Zelda. Aussi, Ganondorf est le nom qu'on peut apposer à l'identité factuelle de l'homme, une identité qui évolue avec les vicissitudes de son existence. C'est en quelque sort le Moi psychanalytique, notre part consciente et donc décisionnaire. On a vu que Ganon était la part inconsciente de l'âme de l'individu, il est donc une identité à part au sein d'un même esprit, à l'égal de celle du Héros.
J'en viens donc à l'incarnation et à sa mise en relation avec la réincarnation. Une incarnation, c'est littéralement une entrée dans la chair; l'âme préexistante est donc d'un statut métaphysique. Là encore, je vais abréger: il existe dans l'univers de Zelda une série de figure destinée à traverser les époques de part leur statut presque divinisé. Il y en a 3: deux issues d'Hylia et une du Néant. J'ai bien écrit "du Néant", car j'entends bien que "l'Avatar du Néant" n'est autre que l'incarnation première de ce principe divin; le Néant, comme l'Être (Hylia), c'est un dieu. Bref, ces figures sont toutes liées par la malédiction du Néant. Car pour que le cycle des réincarnations de la figure cesse, le conflit préalable doit également cesser. Or, fondamentalement, il est inhérent à un univers que le conflit qui est à la base des luttes métaphysique jamais ne cesse.
Afin d'illustrer, je vais donner 2 exemples:
- Avatar, le dernier maître de l'air: là, on peut difficilement faire plus clair. Aang est à la fois "Aang", le gamin amoureux de Katara, et l'Avatar et donc une figure déjà présente dans ses prédécesseurs (Roku, Kyoshi, Kuruk, etc.)
- Saint Seiya: plus subtil mais assez évident. Les dieux et leurs serviteurs (chevaliers, spectres, marinas) sont des figures qui existent depuis l'époque mythologique (comprendre: depuis l'âge où tout n'était que métaphysique et rien n'était physique) tandis que les incarnations de ces figures sont parfaitement mortelles. Sasha et Saori sont toutes les deux Athéna mais sont différentes de caractère. Idem avec Tenma et Seiya. Pour preuve: leurs pouvoirs sont rigoureusement les mêmes. Mon exemple préféré est celui d'Asmita et de Shaka, Chevaliers d'Or de la Vierge: si le premier est aveugle de naissance et l'autre parfaitement voyant, ils ont tous les deux les mêmes techniques.
Pour revenir à Zelda, ou plutôt à Ganondorf, on se rend compte que Ganon n'est "que" l'incarnation de la haine du Néant à l'égard d'Hylia. Ganondorf ne meurt pas, ou est ressuscité par un de ses larbins, ce qui empêche la réincarnation. Une seule exception: le refus d'être un pantin de son alter-ego dans TWW poussera Ganondorf à prendre le dessus sur Ganon. Ganon qui se réincarnera vraisemblablement dans Mallard un siècle plus tard.
Ce qu'il faut se dire, c'est que tuer une âme c'est dur parce que ça revient à tuer ce qui est immortel. Aussi, le conflit initial qui reliait Hylia à Demise, ou en moins nominal l'Être au Néant, ne peut être réglé par la volonté seule des individus terrestres. C'est aux dieux seuls de s'accorder. Évidemment, cela est impossible car cela procèderait de la fusion des antagonismes. Et ça, ça s'appelle le Jugement Dernier, mais en plus problématique: à la différence de Jéhovah et Satan, Hylia et Demise sont parfaitement égaux.
____________________________________________________
Quant à l'acceptation de la mort par Link et Zelda, je doute que la Triforce rende immortel. Elle doit certainement se limiter à donner une plus grande vigueur ou une plus longue espérance de vie à celui qui en détient une partie. Les Link et les Zelda qui ont possédé ces fragments ont du vivre longtemps, c'est d'ailleurs le cas du Roi d'Hyrule de TWW. Mais une fois venu le temps où les affres du corps viennent prendre le pas sur la résistance de l'esprit, ils ont du laisser leur âme retourner au repos qui leur était du. Enfin, telle est ma vision des choses.
Génis a écrit :Après tout de nombreux personnages à travers les opus font références à des "dieux" et non aux "déesses". Je sais pas s'il s'agit d'un simple détail ou d'une erreur de traduction ou que sait-je, mais ça m'a toujours dérangé de voir écrit "dieux"
Le japonais n'a pas de genre pour la divinité: "kami" recouvre autant les hommes que les femmes. Le caillou est américain (la traduction européenne se base sur la version américaine) puisque dans ALTTP, TWW, etc. l'absence de détermination explicite a poussé les traducteurs à utiliser le mot "Gods" plutôt que "Goddesses". Pour OOT, c'était impossible: elles apparaissent explicitement dans le jeu. Par contre, le manuel d'ALTTP montre très clairement des femmes en guise de "dieux" et TWW fait très clairement référence à OOT et aux déesses démiurges.
Il faut savoir aussi que c'est très occidental de masculiniser la divinité. Ce qui n'est pas le cas au Japon.
Edit: La preuve que les occidentaux ont un mépris profond pour la version originale, tu la trouveras dans Ôkami: tantôt on utilise le masculin, tantôt le féminin pour parler d'Amaterasu. Dans la même veine, Deidara dans Naruto s'est fait prendre pour une nana et Shion dans Saint Seiya est devenu une femme dans les 4 premiers épisodes de la version française.