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The Legend of Zelda : La malédiction des héros

Ecrit par Elincya
Chapitres 1 à 10   •   Chapitres 11 à 21   •   Chapitres 22 à 31   •   Chapitre 32 à 40
Chapitre 11 : L'arène des flammes

Patiemment malgré l'appréhension, Link fixe le chef en sentant une question lui brûler les lèvres :
- Le héros légendaire... ? Ne me dites pas que... je suis votre...
- Oui ! Notre héros était un Goron tout à fait prodigieux ! Regarde cette statue au loin ! Le voici : Link ! présente fièrement le chef en désignant l'oeuvre à l'aide de sa canne.
L'intéressé se retourne avant de poser ses yeux sur une sculpture de roche. Un Goron, aux bras musclés et à longue barbe, est représenté. Son air jovial montre la fierté et le côté chaleureux du peuple.
- Il lui ressemble, n'est-ce pas ? demande Dounia en croisant ses poings.
- Tout à fait, ma fille ! Jadis, le Grand Yunobo, le descendant de Daruk le prodige, a nommé son fils dans l'espoir qu'il devienne à son tour une... légende ! conte le chef avec émerveillement.
Dubitatif, Link n'ose pas les interrompre et se gratte l'arrière de la tête.
- Il y a forcément une erreur... Ils doivent me confondre avec ce héros..., pense-t-il en lâchant un sourire gêné.

Mais la gorge sèche, il grimace subitement. La chaleur insoutenable lui monte à la tête et commence à brûler sa peau.
- S'il vous plaît, est-ce que je pourrais... avoir à boire ? demande le nouveau venu, la voix exténuée.
- Bien sûr ! répond Dounia avec amabilité avant de s'empresser de chercher de l'eau.
Link lâche un souffle, de plus en plus étourdi par le climat.
- Dis-moi, jeune étranger, quelle est la raison de ta venue ? interroge le chef en laissant la curiosité l'envahir.
- Je... je dois voir l'esprit de ces lieux... D'après ce qu'on m'a dit, il a des ennuis, n'est-ce pas... ? interroge Link en se forçant à élever sa voix.
- Oui... L'esprit d'Ordinn, faisant preuve de bonté jadis, a toujours veillé sur notre peuple. Mais depuis un certain moment, la folie semble le torturer. Après qu'il ait tué le sage dans une colère noire, nous l'avons enfermé dans le volcan grâce à de nombreux rochers que nous avons bombardés... Sa folie l'empêche d'utiliser sa véritable force pour le moment. Mais je crains que cela ne soit pas suffisant... Dans quelques jours, le volcan ne tiendra plus... Nous n'aurons pas d'autres choix que d'abandonner notre village et d'essayer de vivre dans une autre contrée à notre plus grand désarroi... Même si nous voulons l'arrêter, nous ne pouvons rien faire contre lui... Oui, nous pouvons dire que nous sommes lâches. Mais lorsqu'il a tué le sage sous nos yeux, aucun de nous n'a souhaité se rebeller. Nous avons tellement souffert par la perte de l'un des nôtres, qu'il serait insupportable que cela se reproduise une nouvelle fois.

Inquiet par son récit, Link lève la tête et regarde longuement le volcan. Mais qu'est-ce qui a bien pu rendre fou l'esprit ? Et comment pourrait-il réussir à le calmer ? Mais surtout, comment ferait-il pour survivre à la température à l'intérieur de la montagne ?
Précipitamment, Dounia les rejoint en tenant un verre de pierre.
- Tiens ! Bois-en ! C'est l'eau de la source ! informe-t-elle avec un sourire bienveillant.
Reconnaissant, Link boit rapidement une gorgée. Soudainement, ses yeux s'écarquillent et il ne peut s'empêcher de lâcher un cri étouffé en étreignant son cou à deux mains.
- Waaaah ! Ça brûle ! Vite ! De la glace ! s'affole-t-il, n'arrivant pas à rester sur place avant de chercher désespérément quelque chose de froid autour de lui.
En l'observant, Dounia et le chef gardent le sourire.
- Je pense qu'il s'agit bien du descendant du véritable Link, constate le chef en hochant la tête. Dounia, remets-lui les équipements nécessaires. Ce petit désire nous sauver de la fureur de l'esprit d'Ordinn !
- Bien père ! répond Dounia avec optimisme.

* * *

Plusieurs minutes plus tard, le regard désemparé, Link est conduit à la maison de Dounia. Bien que sa gorge lui brûle toujours, il s'efforce de reprendre son calme. L'intérieur de la demeure est rempli de cailloux pour ne pas changer.
- Ne fais pas attention à ma chambre ! Je n'ai pas eu le temps de la ranger ! s'excuse la propriétaire.
- La ranger..., murmure Link en souriant nerveusement.
- Ah, la voilà ! s'exclame Dounia avec joie.
Sous le regard curieux de l'Hylien, la Goron déplie une tunique rouge ainsi qu'une cuirasse en acier.
- Bon, ça sent la poussière ! Mais au moins, grâce à cette tenue et à la cotte de mailles en fer, tu pourras supporter la chaleur ! C'est la grande Fée qui les a rendus résistants contre le feu. En revanche, elles ne pourront pas te protéger contre la lave...

Peu sceptique, Link penche la tête vers la gauche avec interrogation. Puis, il enlève sa tunique verte avant d'enfiler la nouvelle tenue. Admirative de voir son torse légèrement musclé sous la chemise blanche, Dounia fait les gros yeux en sentant son coeur s'affoler. Gêné, Link se retourne en la déboutonnant avant d'enfiler la cotte de mailles. Désormais équipé de son armure, Link écarquille les yeux en sentant une étrange sensation parcourir son corps.
- Incroyable ! Je... je ne ressens plus la chaleur ! s'étonne-t-il avec un regard ahuri.
- Ne jamais sous-estimer les apparences ! réplique Dounia avec un large sourire. Et voici de l'eau ! Normalement, grâce à cette tenue, tu pourras boire de l'eau bouillante.
- Merci Dounia ! remercie Link, reconnaissant envers cette dernière.
- Allez viens ! Je te conduis au volcan !

* * *

Au pied d'une grande falaise, en face du volcan entouré par des laves bouillonnantes, Link se tient debout sur une grande planche en fer. Son poids maintient la première moitié au sol. Le regard interrogatif, il lève la tête après avoir distingué l'ombre de Dounia en haut.
- Tu es prêt ? Une fois que tu seras en l'air, déploie la cape noire que tu possèdes pour t'envoler jusqu'à l'entrée du volcan ! Vu que le pont a été détruit par Ordinn, nous n'avons pas d'autres choix pour accéder à l'endroit. Donc je te demande une dernière fois : tu es prêt ?
L'anxiété dans les yeux, Link lâche un soupir avant de sourire nerveusement.
- Oui... tu peux...
Soudainement, ce dernier écarquille les yeux.
- Mais maintenant que j'y pense : comment vais-je faire pour revenir... ? se demande Link avec un air dépité.

Le signal lancé, Dounia se jette dans le vide en se mettant en boule comme un rocher. En atterrissant sur la deuxième moitié du plancher, grâce à son poids colossal, Link se fait propulser en hauteur en poussant un cri surpris. Il déploie aussitôt la cape noire et s'en sert comme paravoile en planant jusqu'à l'entrée du volcan. Une fois atterri au sol, il se retourne en arrière. Dounia lui fait signe de la main pour l'encourager. Afin de la rassurer, l'épéiste hoche la tête avant de pénétrer à l'intérieur du volcan sans tarder. Soudainement, à l'entrée, un cri monstrueux résonne. Devinant qu'il s'agit de l'esprit de ces lieux, tourmenté par sa douleur, Link ne recule pas et regarde autour de lui. La lave et les parois rocheuses semblent être les seules occupantes de cet endroit : aucune autre âme ne semble y vivre.

Ainsi, Link traverse un pont en roche. La lave bouillonne toujours en bas au sol. Au milieu du trajet, il est surpris par une chauve-souris en feu. Précipitamment, il sort son arc et tire une flèche, la pointe enflammée à cause de la chaleur, en direction de sa petite adversaire ailée. Le coup mortel et critique l'achève. Hélas, le jeune homme remarque avec étonnement que son arme prend aussitôt feu. En l'agrippant à sa tunique inflammable, l'arc en bois ne s'enflamme plus. C'en est de même pour son bouclier.
- Hum... je ne devrais les utiliser qu'en cas d'urgence..., pense Link avec prudence.

Résolu, il continue alors de parcourir le lieu. En remarquant les jets de lave, il n'ose pas imaginer l'effroyable température si par malheur il enlève sa tunique. Rien que d'y penser le terrifie. Au loin, une double porte en fer semble l'attendre. Surpris par sa présence, Link avance et décide de l'ouvrir de toutes ses forces. En laissant échapper un cri d'effroi, il constate que la salle est peuplée de statues d'Hylia, identiques à celles du temple de Firone. Jamais il n'aurait pu croire qu'un tel temple de prière se trouvait au coeur du volcan.

Malgré l'horrible chaleur et le poids du temps, les murs et le sol en pierre sont restés intacts. Sans perdre une seconde, il traverse la salle. Plus il avance, plus il sent le stress monter en lui. Encore une fois, l'esprit d'Ordinn hurle de douleur. À maintes reprises, les murs tremblent. C'est comme s'il se frappe pour se libérer de la souffrance. En montant les marches, Link finit par entrer dans une nouvelle salle, ressemblant cette fois à une arène de combat. Le sol est rempli de sable, tandis que quatre torches, accrochées à chaque coin de la pièce, l'éclairent. Avec insouciance, son pied droit appuie sur une dalle, activant instantanément un mécanisme. Une chaîne en fer sort de la stèle au milieu de la salle, en plein centre d'un symbole arrondi, et entoure la cheville droite de l'épéiste. Avec un cri d'effroi, Link s'empresse de se libérer. Rien à faire, la menotte ne s'ouvre pas. Elle sert très fort son pied. En face, la porte s'ouvre.

Lentement, un soldat, dangereusement armé, équipé d'un casque et d'une armure, entre dans la mystérieuse arène. Il tient un gros boulet en métal dans ses deux mains. Tout comme Link, son pied gauche est également tenu par une chaîne. Seulement, l'épéiste ne parvient pas à deviner sa véritable apparence : un homme ou bien un monstre ? Les bruits de pas lourds, faisant résonner à plusieurs reprises la menace, l'adversaire charge le boulet en direction de l'épéiste. N'ayant pas eu le temps d'esquiver, Link reçoit un violent coup au ventre avant d'être propulsé brutalement au mur. En crachant des gouttes de sang, sous le coup de l'horrible douleur qui élance son corps, il respire avec difficulté. À peine remis de ses émotions, il est brutalement tiré à l'avant par la chaîne fixée à son pied droit.

Au centre de la salle, le symbole au sol s'illumine alors et s'ouvre avec un grincement mécanique, révélant en contrebas un lac de lave. De la fumée s'échappe abondamment du piège mortel, vers lequel Link est attiré petit à petit. Avec horreur, Link comprend qu'à chaque coup qu'il recule ou qu'il se fait propulser en arrière, la chaîne le tire vers le précipice pour le conduire à une mort certaine. Même l'armure inflammable ne pourra pas le protéger de ce destin néfaste. Épouvanté, Link se lève maladroitement, la main droite posée sur son ventre avant de sortir son épée. Le regard à la fois froid et anxieux, il serre ses dents en prenant une position défensive face à son adversaire.

Comme une furie, l'imposant soldat accourt et lance violemment le boulet. Avec beaucoup de mal, Link esquive en exécutant une roulade vers la droite. L'arme frappe avec fracas le mur, laissant à présent un énorme trou. Désespérément, il s'empare de son arc. Bien que les flammes dansantes s'emparent de l'arme en bois, il tire aussitôt une flèche sur son opposant. Hélas, l'armure, aussi résistante soit-elle, repousse sans aucun mal la pointe. En tiquant, Link regarde les alentours pendant que le soldat tire la chaîne de son boulet en le faisant traîner au sol. Subitement, il constate que ce dernier, malgré sa force monstrueuse, est plutôt très lent. La main toujours posée sur son ventre et le sang coulant de ses lèvres, l'épéiste agite son épée avec une idée en tête.

Une fois le boulet à la main, l'adversaire le jette une fois de plus. Précipitamment, Link esquive et exécute une charge. Désemparé, le soldat lance la boule métallique en hauteur. Trop tard, l'Hylien enchaîne les coups afin de le faire reculer au moment où le boulet tombe au sol, proche de lui.
Brutalement, grâce à sa force, le soldat empoigne l'épée du combattant et la jette au fond de la salle. Au sol, Link sent la chaîne tirer instantanément son pied droit. Plus que deux mètres et il tombera dans le trou. Le corps engourdi, il se lève. L'affolement le gagne et sa respiration s'accélère. Le chevalier du volcan enchaîne plusieurs coups de boulet. Au dernier moment, Link sort son bouclier, en feu, pour les parer désespérément. Soudainement, il sent une odeur désagréable : une odeur d'un matériau brûlé.
En effet, à force d'atterrir au sol, le sable a fini par coller au boulet, notamment sur la chaîne. Le feu du bouclier brûle le sable sans aucune hésitation. Une idée surgit dans la tête de l'élu.

En perdant patience du combat qui commence à s'éterniser, le bourreau enchaîne à nouveau ses attaques, aussi prévisibles les unes que les autres. Link continue de les esquiver, tout en faisant attention à ne pas reculer. Une fois le milieu de la chaîne de l'arme dans le sable, l'épéiste se jette précipitamment et pose le bouclier en feu par-dessus. L'odeur, de plus en plus insoutenable, se dégage dans la pièce. Même si le feu parvient à brûler légèrement la main droite de Link, il s'efforce de supporter la douleur afin de réussir à faire brûler le milieu de la chaîne. Une fois que cette dernière se brise, sous l'effroi du soldat, Link lève la tête avec détermination malgré la souffrance.

De toutes ses forces, il s'empare de l'autre partie, le boulet au bout de la chaîne, avant de la soulever et la diriger en direction de son menaçant adversaire. L'armure lui donne également la force d'en servir. N'ayant plus aucun moyen de se défendre, le soldat recule inconsciemment. Cependant, la cruelle chaîne du destin le fait avancer sans cesse vers le trou. Malgré la douleur, Link ne renonce pas et continue de répéter les coups de toutes ses forces. Finalement, au bord du vide, le mystérieux soldat commence à perdre l'équilibre. Une dernière fois, l'Hylien lui donne un coup critique de boulet en poussant un cri de révolte. Alors qu'il s'apprête à tomber, le soldat tire la chaîne de Link dans l'espoir de l'entraîner dans sa chute, tout en essayant de sauver sa peau. Tiré vers le vide, l'épéiste pousse un hurlement d'horreur, le regard posé sur la mort qui l'attend en bas. Seule la moitié de son corps se trouve dans le trou.

En s'agrippant désespérément au rebord grâce à son épée plantée au sol, la main droite sur le pommeau, Link constate avec affolement que le soldat s'accroche au bout de sa chaîne pour ne pas tomber. Sa cheville droite, tirée de plus en plus fort, commence à le faire grimacer. Il a l'impression de sentir sa jambe se déchirer.
Désespérément, bien que le risque soit trop grand, il ferme les yeux en tirant hâtivement le boulet vers lui grâce à sa main gauche avant de l'élancer à l'arrière. À toute vitesse, l'arme imposante tombe dans le trou et percute le soldat avec violence, qui lâche prise et tombe dans le lac. La mort brûle à présent son corps. Très affaibli, Link n'arrive plus vraiment à tenir. En pensant à sa vie comme motivation pour survivre, notamment à sa famille, Pawel et Emilia, il lève la tête au plafond, la respiration haletante.
- Je ne peux... pas mou...rir... On m'attend..., se dit-il pour se donner du courage.

Alors qu'il s'extirpe du trou en puisant dans ses dernières forces, la plateforme se referme, révélant à nouveau le symbole au sol. La menotte entourant la cheville droite de Link se brise une bonne fois pour toutes. Au même moment, la grille de l'autre côté s'ouvre. Écroulé au sol, il rampe loin du trou, de peur qu'il ne s'ouvre encore une fois sous ses pieds. Le corps tremblant après avoir frôlé la mort de si près, Link chasse le sang de ses lèvres. Son ventre bleui par le coup violent le fait atrocement souffrir. Sérieusement blessé, il ne peut s'empêcher de gémir de douleur, le regard délirant. Hélas, à proximité, il remarque que le bouclier que lui a offert Romani, le jour de son départ, est à présent en cendres.

À la fois triste et soulagé, il ferme les yeux avant de murmurer :
- Merci Romani... C'est toi qui m'as sauvé la vie... Quand tout sera terminé, je rentrerai et je continuerai à te lire des contes pour te voir sourire, tout comme Malon et Talon...

Faiblement, il se lève. En ignorant ouvertement la stèle qui indique "Le combattant le plus faible et lâche sera brûlé pour l'éternité...", le vainqueur quitte l'arène.

Chapitre 12 : La proposition   up

Peu remis du choc, Link monte une grande pente rocheuse. Cette fois-ci, il ne se trouve plus dans le temple mais bel et bien au coeur du volcan. Malgré le combat éprouvant qui a failli lui coûter la vie, le courage continue de hurler en lui comme une bête avide de puissance. Même si la peur résonne en lui, l'élu ne veut pas renoncer.

Arrivé dans une grande salle, il distingue une grande paroi rocheuse au centre, accessible uniquement grâce à un pont en pierre. Le lac de lave entoure cette deuxième arène tandis que le plafond, peu visible à cause de l'obscurité, est recouvert par d'imposants rochers. Sur ses gardes, Link traverse le pont en retenant son souffle. Une fois arrivé au centre de la plate-forme, il scrute les alentours du regard. Cependant, aucune trace de l'esprit d'Ordinn.

Mais, après avoir senti une secousse sous ses pieds, il dégaine son épée en position de médiane. Au moment où il se retourne, un dragon au corps ardent, les flammes dansantes sur sa crinière rouge comme le feu, fait son apparition en poussant un hurlement épouvantable. Ses yeux, emparés par une folie meurtrière, sont blancs et ses crocs ressortent, prêts à déchiqueter avec violence ses proies. En colère de voir un "visiteur" pénétrer dans sa demeure, l'énorme bête se dirige comme une furie dans sa direction.

Link esquive en effectuant une roulade sur le côté et remarque rapidement un étrange oeil sur le dos de l'esprit. La pupille rouge, entourée par une paupière visqueuse qui s'agrippe comme un parasite malicieux sur ses écailles rougeâtres, jette un regard meurtrier sur l'Hylien. En le percevant comme une menace, Link accourt et se cramponne à la queue du dragon avant de remonter dans son dos. Ce dernier agite aussitôt son corps dans tous les sens en poussant des hurlements de douleur. Avec beaucoup de mal, l'épéiste continue d'escalader malgré la chaleur qui le fait grimacer. Sa main gauche brille à nouveau, comme si elle veut le protéger des flammes qui se dressent sur son chemin.

Arrivé juste en face de l'oeil, il élance son épée en hauteur pour le trancher. Hélas, la paupière se déforme pour le repousser au dernier moment. L'équilibre perdu, Link s'apprête à tomber sur la plate-forme. Au dernier moment, en écoutant son instinct, il s'empare de son arc et vise avec précision l'oeil grâce à la pointe. La flèche, décochée malgré les flammes, atterrit en plein milieu de la pupille. Stupéfait d'avoir réussi du premier coup, une fois atterri au sol, Link regarde l'arc avant d'assister avec impuissance à la souffrance de l'esprit. En s'agitant dans tous les sens, le dragon d'Ordinn pousse un nouveau cri rauque vers le plafond avant de se laisser tomber sur le sol de l'arène, essoufflé. Paniqué, l'oeil se détache enfin de son corps et rebondit comme une balle pour s'enfuir. N'éprouvant aucune pitié, Link le tranche en deux. Misérablement, les deux parties tombent avant de brûler, consumées finalement par l'insoutenable chaleur. La respiration haletante, Link s'essuie le menton et se retourne avec méfiance. À sa grande surprise, le dragon, les yeux dorénavant dorés, a repris conscience. Bien qu'il soit encore faible, il lève la tête et pose son regard sur son sauveur.

- Alors comme ça... Nous nous retrouvons à nouveau. Tu n'as pas énormément changé, constate-t-il en lâchant un léger rire de bienveillance. Tu me sembles même être plus calme.
- Vous... Vous avez retrouvé vos esprits..., constate Link avec soulagement.
- En même temps, j'en suis un ! Haha ! Mais, je dois t'avouer que je ne me rappelle pratiquement de rien depuis que j'ai senti une effroyable douleur sur mon dos... Je pensais même en perdre les écailles. Allons ! Sais-tu où se trouve Goni, le sage de ces lieux ?
Tristement, Link baisse les yeux avant de répondre :
- Mais vous l'avez...
Hésitant, ne voulant pas que l'esprit se sente coupable pour quelque chose qu'il n'a pas commis volontairement, il s'abstient en fermant les yeux.
- Il est mort en essayant de vous sauver..., ment-il d'un ton froid.
Les yeux écarquillés, le dragon rugit tristement en baissant la tête.
- Non... dire qu'il protégeait ce temple et qu'il condamnait les vils êtres démoniaques à la mort... C'est... c'était comme un fils pour moi...
Devinant avec facilité que l'esprit évoque l'arène, Link ne peut s'empêcher de sentir une profonde amertume en repensant au combat de la mort qu'il avait mené. C'était peut-être égoïste d'avoir pensé à sa vie à un tel point. Mais il voulait surtout continuer de vivre pour revoir ses proches.
- C'est pour cela qu'il y avait cette maudite arène avec cette créature..., constate-t-il.
- Oui... pardonne-moi. Tu étais passé par l'entrée des condamnées, chose dont peu de Gorons sont au courant.
Soudainement, Link tique : la douleur au ventre continue de l'affaiblir et ses jambes ont du mal à tenir debout.
- Allez... il est temps de te ramener au village. Tu es faible comme un asticot, constate Ordinn en désirant se reprendre malgré la tristesse dans sa voix. En tout cas, je te remercie de m'avoir sauvé encore une fois, Link.

Surpris que l'esprit connaisse son prénom, l'intéressé le fixe longuement avec un regard poignant.
Ainsi, il monte sur le dos du dragon. Avide de puissance, Ordinn hurle et vole à toute hâte en direction du plafond avant de le briser. Subitement, le symbole sur sa main s'illumine et éclaire une petite partie du ciel.

Dans le village des Gorons, une grande foule s'est rassemblée sur la place centrale et regardent avec inquiétude la montagne d'où leur parviennent des grondements menaçants. À leur grande surprise, le sommet de la montagne explose et ils distinguent une forme ailée s'envoler vers le ciel.

- C'est... c'est Link ! reconnaît Dounia avec soulagement. Mais... il chevauche le dragon Ordinn !
Alors que la nouvelle se répand et impressionne tous les habitants, le dragon du volcan dépose Link à l'entrée. Levant la tête vers le ciel qui s'est apaisé, redonnant à la montagne et aux environs une allure nettement moins sinistre, il déclare avec un sourire :
- Voir ce ciel, émané par une lumière représentant de l'espoir, me rappelle tant la tienne et celle de Zelda.
- Zelda... ? répète Link, aussitôt curieux. Vous l'avez connue ?
- Oui... déjà à l'époque, vous étiez si proches après tant de disputes et d'incompréhension... Dire que tu l'as protégée et chérie jusqu'à la mort contre Ganon...
Les yeux écarquillés, Link le dévisage longuement dans l'espoir d'en apprendre plus malgré la confusion.
- Je suis si heureux que tu sois revenu pour sauver Hyrule encore une fois... Mais s'il te plaît, quoi qu'il arrive, si tu rencontres la princesse Zelda, ne laisse pas les larmes te ralentir et l'assurance t'envahir comme il y a un siècle... Laisse brûler ton courage encore une fois. L'espoir reste présent, peu importe la douleur.

Alors que l'esprit est sur le point de disparaître pour reprendre ses forces en tant que source du volcan, Link accourt dans sa direction.
- Une seconde ! Vous parlez bien de Link, le héros des Gorons, n'est-ce pas ?
- Non : je parle bien de Link, le véritable héros d'Hyrule. Je prierai pour toi avec Firone et Lanelle lorsque tu l'auras délivrée de son sommeil.

Ainsi, le dragon disparaît et de nombreuses perles de lumière rouges retournent au volcan. Bouleversé, Link ne comprend qu'à moitié la situation. Tremblant malgré le soulagement d'avoir réussi à survivre, il tombe faiblement sur ses genoux avant de s'écrouler de fatigue.

* * *

Dans son rêve, en voyageant à nouveau sur une terre fertile, le ciel rouge est soudainement recouvert par de grands nuages noirs évoquant la mort. De nouveau, il est confronté à l'horrible entité qui se dresse devant lui. Cette fois-ci, malgré la peur qui se trouve dans son regard, Link dégaine son épée avec détermination. Mais alors qu'il s'apprête à l'attaquer, un hurlement retentit. La voix qui a résonné ressemble étrangement à celle d'Emilia.
- Emilia ? s'inquiète-t-il en se retournant.
Brutalement, il sent une épée transpercer sa poitrine. Le regard horrifié, Link voit son sang couler avant que son corps se penche à l'arrière, à présent inerte.

* * *

Se relevant avec frayeur dans un lit, Link ouvre des yeux terrifiés, le coeur battant d'anxiété.
- Oh là là ! Ça va ? s'inquiète Dounia au chevet de ce dernier.
Désormais assis sur un rocher qui lui a servi de lit, l'épéiste récupère sa lucidité. Bien que ça ne soit qu'un horrible cauchemar, la douleur à sa poitrine était bien réelle. Il l'a réellement ressentie.
- Dou... Dounia... Oui, je vais bien..., rassure-t-il d'une voix nerveuse.
- Lorsque je me suis rendu au pied de la falaise, je t'ai retrouvé inconscient au sol. Mais dire que tu as réussi à calmer la fureur du dragon d'Ordinn... Je n'en crois pas mes yeux !
Désormais réveillé, il se remémore les dernières heures qu'il a passées.
- Quand tu iras mieux, mon père voudrait que tu le rejoignes devant la statue du héros ! informe Dounia en se frottant les mains. En attendant, je te laisse te reposer.

Ainsi, la Goron quitte sa chambre, laissant Link seul. En repensant au hurlement d'Emilia, il se sent soudainement inquiet pour elle. Après tout, il n'y a aucune raison pour que ça aille mal. Elle est au village des Korogus, bien entourée. Peu à peu, en repensant aux aventures qu'ils ont tous les deux vécues, Link esquisse un léger sourire. Pendant un instant, il parvient à oublier les récents événements auxquels il a dû faire face tout seul. Cependant, les dernières paroles de l'esprit d'Ordinn ne cessent d'augmenter son inquiétude...

* * *

Quelques heures plus tard, après s'être bien reposé, Link rejoint comme convenu le chef devant la statue du village.
- Oh ! Te voilà mon petit. Eh bien, on peut dire que ça a dû être fatiguant pour toi, déclare le vieux Goron avec fierté. Mais nous te devons une fière chandelle, Link. C'est pourquoi je te laisse l'honneur de réaliser le voeu de ma fille.
Dounia s'approche et se gratte l'arrière de la tête avec un sourire gêné.
- Le voeu ? répète Link avec un sourire intrigué.
- Celui de l'épouser !
Pendant plusieurs secondes, un silence règne. Alors que Dounia sent ses joues rougir, Link reste figé. Peu à peu, son regard devient ahuri et sa bouche grande ouverte.
- L'é.... l'épou... l'épou...
- Elle n'a pas de poux ! Je te rassure ! Même si je lui ai toujours dit de ne jamais épouser un Hylien vu que j'ai toujours souhaité qu'elle se marie à un Goron en tant que future chef du village. Mais exceptionnellement, je lui accorde ce droit ! Surtout que tu n'es pas aussi prétentieux que le héros venu nous sauver il y a cent ans. Je suis sûr que vous ferez de beaux mariés demain soir et que vous aurez beaucoup d'enfants.

Abasourdi, Link tremble en se forçant à sourire nerveusement. Une grande peur le gagne. Rien que d'imaginer le mariage, à la fois insensé et ridicule, il se sent très pâle.
- Épouser... un Goron ? Des enfants mi-Hyliens et mi-Gorons ?
- Link ! Je serais si heureuse si tu deviens mon époux ! Je ferai tout pour te rendre heureux ! Tu sais, dès que je t'ai vu pour la première fois, j'ai su immédiatement que tu étais le rocher de ma vie ! Et puis, tu n'as pas un coeur en pierre aussi ! déclare Dounia avec un sourire timide.
Se sentant gêné devant une telle situation, Link se gratte l'arrière de la tête, loin d'être enjoué.
- Alors ? Quelle est ta réponse ? insiste à nouveau le chef.
- Je... je..., gémit Link en cherchant les bons mots. Ecoutez, sachez que votre proposition me touche dans un... certain sens mais... Dounia, cela est impossible entre nous deux.
Tristement, la concernée baisse la tête, ne cachant pas sa déception.
- Oh... Dans un certain sens, je m'en doutais. Ton coeur doit être déjà pris alors... Car pendant ton sommeil, tu n'as cessé de prononcer le prénom "Emilia".

Surpris, Link ne répond pas. Il est vrai que lui aussi, s'est rapidement attaché à Emilia et ressent l'envie de la protéger en restant à ses côtés. Bien qu'il en sache très peu sur elle, il n'aspire qu'à une chose : revenir à la forêt Korogu pour la revoir.
- Mais bon ! Si c'est le cas, je vous souhaite un magnifique bonheur ! s'exclame Dounia, la tristesse aussitôt envolée. Père, c'est décidé : je veux me marier avec un Goron ! Comme le grand Link sur cette statue !
- Dounia... Tu sais que ton bonheur compte plus que tout au monde, ma chère fille. En prenant cette décision plus que... naturelle, tu fais preuve d'une grande sagesse. Surtout après avoir aidé Link et en priant de tout ton être à la statuette d'Hylia pour son salut. Je suis si fier de toi, déclare le chef avec un sourire attendrissant.
- Père, je ferai tout pour être la meilleure cheffe des Gorons ! Quant à toi Link, ne tarde pas à la retrouver !

Malgré la proposition du mariage qui l'a terrifié sur le coup, l'Hylien ne peut s'empêcher d'admirer Dounia pour son optimisme, peu importe les situations. Un exemple qu'il aimerait bien emprunter des fois. En regardant à nouveau la statue, il commence à se poser de plus en plus de questions sur le héros qui lui ressemble tant. Bien que ses exploits aient été marquants, son aïeul a l'air d'être bien différent.

* * *

Ainsi, après avoir fait ses adieux au peuple Goron, Link quitte le village, l'esprit plus serein. Même s'il doit passer encore par Cocorico, il préfère ne pas penser au pire. Discrètement, il grimpe une falaise en plantant son épée à plusieurs reprises pour y parvenir. Arrivé à nouveau dans le jardin des cocottes d'Anju, il remet sa cape noire avant de marcher hâtivement. Cependant, le jeune homme remarque des chahuts au centre du village, juste en face de la chapelle. Pratiquement tous les villageois se sont regroupés. Intrigué, Link s'empare d'un bâton en bois et baisse la tête en marchant comme une vieille dame au dos courbé. Bien qu'il reste discret, il veut connaître la raison des tourments des personnes qui s'exclament avec tant de colère. Une fois proche, il se faufile en levant légèrement la tête. En face de la porte de la chapelle, le capitaine de l'armée se trouve devant une toile.

- Comme vous le savez, la Princesse de notre Royaume a disparu depuis peu ! Est-ce que l'un ou l'une de vous a vu une jeune fille de dix-sept ans, les longs cheveux dorés et les yeux bleus ? demande-t-il, la tête couverte par le heaume.
- Cette maudite princesse ! Je suis sûre qu'elle s'est enfuie pour ne pas épouser le Comte Vadel ! À cause de ses caprices, Hyrule court un grand danger pendant qu'elle se balade dans la nature ! râle une villageoise en exprimant sans aucune gêne son mépris.
- Peut-être que le Comte Vadel est si laid que ça pour qu'elle l'épouse. Elle a sûrement préféré se trouver un autre homme bien plus beau... plaisante Ingo, à moitié ivre. Beau que moi...
- En tant que princesse du royaume, son devoir est de s'occuper des affaires du peuple en premier ! Ses sentiments ne sont pas aussi importants !
Bien que Link comprenne leur inquiétude, il ne peut s'empêcher de trouver leurs propos blessants, voire égoïstes. Il se sent peiné pour la princesse qui l'intrigue tant. La réaction des habitants lui semble totalement exagérée, surtout que les raisons de son départ peuvent être tout autre...
- Voyons, du calme ! ordonne le capitaine en tapant la pointe de sa lance au sol pour attirer l'attention de la foule. Je ne réclame pas vos avis mais votre aide ! Si la description ne vous aide pas, alors peut-être que son portrait peut vous aider !

Tout à coup, il retire le drap avant de dévoiler l'oeuvre, venant tout droit du château. La toile représente une jeune fille assise sur un fauteuil rouge. Ses longs cheveux dorés tombent en cascade sur ses épaules, tandis que ses yeux bleus montrent une tristesse accaparante malgré le léger sourire qu'elle s'est forcée à esquisser pour le peintre. Elle porte une longue robe bleu foncé et majestueuse à épaules nues ainsi que de grands gants blancs, les mains croisées sur ses jambes.

- Mais ma parole, on dirait qu'elle est triste sur cette peinture..., remarque une villageoise. Elle est même sur le point de pleurer.

Surpris par la beauté de leur princesse malgré sa mélancolie, les habitants restent figés en gardant leur calme. C'est la première fois qu'ils parviennent à mettre le prénom de "Zelda" sur le visage de cette dernière. Cependant, la réaction a été plus choquante pour Link. Horrifié, il retient sa respiration du mieux qu'il peut pour tenter de garder son calme malgré son coeur qui s'affole. Ce n'est pas la princesse qu'il voit sur la toile, mais bel et bien Emilia.

* * *


Partie parodique

Dans la source d'eau chaude, Link est assis en savourant son bain.
Link : Enfin un peu de repos... Cela fait du bien *-* ... Hum... N'empêche, je n'ai pas eu de chance jusqu'ici... Après avoir failli me faire griller comme un steak il y a peu de temps, franchement, ce n'était pas glorieux... En même pas une semaine, ma vie a bien été chamboulée... Mais bon, c'est grâce à l'espoir que je vis encore *-* Je crois qu'au fur et à mesure que l'histoire avance, je deviendrai courageux ! *-* Si on me voit encore torse nu, ce n'est pas pour être uniquement une décoration après tout ! C'est bien pour enflammer le coeur des fans ! Oh oh *-* (J'espère qu'Emilia ne le saura jamais ! :) )
.... : Je confirme mon Linounet !
Link : o__o * se retourne à sa droite *
Dounia à côté de lui dans la même source : Quand je te regarde, mon coeur s'enflamme *///* Dommage cependant que tu n'aies pas des cailloux tout en bas. Mais ne t'en fais pas : je t'aime pour ce que tu es *-* Viens me faire un gros câlinou !
Link : o____o....
Dounia : Hihi... :D
Link : NOOOOOOOOOOOOOOOOON !!! * avant de plonger pour s'enfuir *
Dounia : Oh il est si romantique ! Ma proposition l'a fait noyer tellement qu'il en est ému !
* Au même moment, à la forêt des Korogus *
Emilia : Je me demande ce que Link peut bien faire... Oh Link... Il me manque tellement snif...
Falgus : Ne t'en fais pas, je suis sûr qu'il est en train de sauver le dragon d'Ordinn. Je le vois mal draguer une fille :D

Chapitre 13 : La vérité   up

En face du grand arbre Mojo sans âme, Emilia examine attentivement la racine. Depuis le départ de Link, elle aide les Korogus à surmonter leur chagrin. Elle s'occupe également d'Epona du mieux qu'elle peut. En touchant délicatement la tige de la nouvelle pousse, un sourire bienveillant se dessine sur le visage d'Emilia.

- Emilia ! Link ! Il... il arrive ! s'exclame Falgus au loin.
Surprise, Emilia sent son coeur s'affoler, heureuse de le savoir sain et sauf. De leur côté, les Korogus accueillent vivement Link. Heureux de revoir son ami en entier, Falgus se jette dans ses bras. Malgré le malaise, l'Hylien se force à sourire, touché par son accueil. Mais une fois en face d'Emilia, son regard s'assombrit instantanément.
- Link ! Dieu merci, tu vas bien ! déclare-t-elle en s'approchant de ce dernier.
Mais, contre toute attente, l'épéiste vêtu de vert s'agenouille et appuie son bras gauche contre sa poitrine. Éberluée par ce geste évoquant le respect envers une royauté, la jeune fille s'arrête avec un air dubitatif.
- Lin... Link ? murmure-t-elle, intriguée par son attitude si soudaine.
- Je suis de retour... Votre majesté..., déclare Link d'une voix monotone avec un regard attristé.

Pendant de longues secondes, Emilia le fixe. Le sourire nerveux et les yeux écarquillés, elle ne bouge pas. Sans dire un mot, Falgus et les autres Korogus assistent à la scène. Puis finalement, elle éclate de rire dans l'espoir de faire dissiper le malaise.
- Voyons, Link ! Tu as dû boire un coup avant de venir ici ! Moi ? Une princesse ?
- Je n'ai jamais dit princesse, votre Majesté... répond sèchement Link en levant la tête, désormais persuadé. Alors donc c'est vrai... Vous êtes la Princesse Zelda : celle qui s'est enfuie du château, il y a peu.

Trahie par sa maladresse, les mains d'Emilia se rejoignent et se croisent tremblantes. Elle se retourne pour fuir le regard insistant de son ami.
- Mais pourquoi m'avoir caché la vérité ? Si vous me l'aviez révélé pour m'ordonner d'agir selon vos désirs, alors je me serais...
- Je ne te vois pas comme un larbin de service, Link, coupe aussitôt la princesse en se retournant vers lui. Si je ne t'ai rien dit, c'est pour une... raison. Ce n'est pas par manque de confiance en toi mais... je ne voyais pas l'intérêt de dire la vérité... Princesse ou simple roturière, à part l'argent, quelle différence ?
- Justement ! Il y en a bien une ! réplique Link en se levant. Le peuple vous réclame et exprime son mécontentement ! Tout le monde remue ciel et terre pour vous retrouver et pour vous voir mariée... Il faut que vous rentriez au royaume avant que les choses n'empirent et que...
Apeurée, l'intéressée recule en secouant la tête d'un geste négatif.
- Non pitié, Link ! Ne m'emmène pas là-bas ! Je ne veux pas revenir dans ce château pour le moment ! supplie-t-elle d'une voix fragile. Si jamais tu oses le faire...

Joignant le geste à la parole, elle sort son poignard et l'approche, lentement mais avec résignation, de son propre cou. Choqués par le chantage, les Korogus poussent un cri d'effroi, tandis que Link essaye de garder son sang-froid malgré la peur dans ses yeux, hésitant à s'approcher. Finalement, elle baisse le poignard en esquissant un sourire attristé.

- Si tu le fais, voilà ce qui m'arrivera exactement... Et il est hors de question que je perde la vie avant de m'assurer que l'avenir paisible d'Hyrule ait lieu sans encombre... C'est justement pour protéger mon peuple que j'ai quitté le royaume et non pour le condamner à une mort certaine lorsque la réincarnation de Ganon complétera sa puissance en éraflant à nouveau les cicatrices de cette terre par la pire des façons qui soit... Libre à toi de me croire ou non... Mais sache une dernière chose : si je t'ai caché mon identité, c'était justement pour que tu me voies comme une simple jeune fille et non comme une princesse...

Les larmes aux yeux, elle tourne les talons avant de quitter les lieux précipitamment. Mélancolique, Link baisse les yeux, n'osant pas la rattraper. Falgus s'approche de son ami pour le soutenir.
- Monsieur Vert, Madame Bleue est... Hum... La Princesse Zelda est vraiment une personne adorable... Tu dois continuer de croire en elle... Tu sais, pendant ton absence, elle n'a jamais cessé de prier pour toi en espérant que tu reviennes vivant... Elle était souvent triste et d'ailleurs... Ça se voit qu'elle tient beaucoup à toi : comme maman tenait à papa...

Réconforté par ces paroles qui apaisent peu à peu son coeur, Link s'agenouille et caresse affectueusement la tête du Korogu.
- Merci Falgus... remercie-t-il d'une voix modulée.
Falgus lui adresse un sourire timide.
- Oh ! Regardez ! s'écrie un autre Korogu, les yeux rivés aux pieds de l'arbre Mojo.

Rapidement, tous, Link y compris, se retournent dans cette direction. En effet, illuminé par la lueur chaude du rayon du soleil, la racine s'agite tous les sens. Intrigué, Link s'approche, suivi par quelques Korogus. Soudainement, la grande feuille s'immobilise. Alors que l'Hylien s'apprête à la toucher, un être surgit tout à coup du sol en criant :
- Bonzouuuur mes amis !

Pris par surprise, Link fait un mouvement de recul, tandis que les Korogus sont abasourdis. Devant eux, un gros bourgeon, esquissant un sourire très jovial, voire enfantin, bouge tout doucement ses toutes petites branches.
- Mais qu'est-ce que... ? s'étonne Link, ébahi par cette découverte.
- Ze suis le nouveau arbre mozo ! Zaque fois que mon âme meurt, ze me réincarne ! zozote le bourgeon Mojo, encore trop jeune pour parler bien comme il faut.
- Vénérable Arbre Mojo ! s'exclame Falgus en courant vers lui avec les autres amis.
- Nous avons cru vous avoir perdu à tout jamais ! s'exclame Mina, les larmes aux yeux.
- Z'est zurtout grâze à la prinzezze Salade que ze suis de retour ! Elle a pris zoin de moi ! Zi vous la voy... vochez, dîtes lui merzi de ma part !
- Vénérable Arbre Mojo ! C'est Zelda, pas salade ! ricane Falgus par l'âme enfantine de l'esprit de la terre, lui qui a été toujours sage et droit.

En retrait, Link sourit avec soulagement. Mais cependant, sa préoccupation concernant la princesse le tourmente sans cesse. Alors qu'il regarde les alentours, son regard se pose aussitôt sur une magnifique fleur. Les pétales, bleues et blanches, sont contemplatives au loin et semblent avoir le don de chasser la tristesse.

* * *

Une bonne demi-heure plus tard, le ciel se couvre par des nuages qui pleurent. Assise contre un arbre à l'extérieur de la forêt des Korogus, la jeune fille regarde le dos de sa main droite : notamment le deuxième fragment. Maussade, elle baisse la tête avant de sentir quelque chose frôler sa joue droite. Doucement, elle lève les yeux avant de distinguer une jolie fleur, tendue par Link. Surprise, la princesse le regarde avec tristesse avant de détourner son regard. Calmement, Link s'assoit à ses côtés, les yeux rivés sur la fleur.

- Je suis désolé de... vous avoir mise mal à l'aise tout à l'heure. Ce n'était pas mon intention. Tout ce que je voulais, c'était vous savoir en sécurité, surtout que votre fiancé doit s'inquiéter pour vous..., déclare-t-il avec beaucoup de tristesse.
En pensant au mariage prévu, il sent son coeur saigner. Il veut même éviter d'y penser.
- Il ne s'inquiètera pas pour moi..., répond calmement la princesse, décidée à entamer la discussion.
Avec discernement, Link se retourne afin d'être à son écoute.

Tristement, Zelda lève la tête au ciel, les deux grandes mèches flottant dans la brise. Ainsi, elle enchaîne :
- C'en est de même pour mon père... Depuis la mort de ma mère, la défunte Reine Emilia, il a préféré s'impliquer que dans les affaires du royaume. Il ne me regarde plus. Les seuls instants où il m'adresse la parole, c'est pour me mettre la pression afin d'être une princesse exemplaire qui doit toujours méditer, prier et parler avec sagesse. Tout comme mes ancêtres qui ont réussi à contrôler leur pouvoir, à protéger leur peuple et surtout à protéger l'élu du courage. Mais la noblesse m'a toujours écoeurée. Ma mère était à l'origine une roturière adoptée par des nobles. Lorsqu'elle a rencontré mon père, tout a changé pour elle. Mais ils s'aimaient et ils étaient heureux. Je n'oublierai jamais leurs souvenirs. Mais depuis qu'elle nous a quittés, la noblesse a envahi le coeur de mon père... Mais pas le mien...

Calmement, tel un confident, Link l'écoute, sans l'interrompre.
- Et il y a quelques jours, un certain Comte Vadel est entré au château et a demandé ma main. Bien qu'il soit beau, gracieux et qu'il ait sept ans de plus que moi, à l'instant où mes yeux ont croisé les siens, qui sont forts rouges comme le sang, une profonde inquiétude m'a saisie... Quand je l'ai regardé, la peur m'a gagnée aussitôt... explique Zelda d'une voix sombre. Et quand j'ai pressenti le malheur qui s'est abattu sur la forêt, personne ne voulait m'aider, ni même me croire... Donc, au milieu de la nuit, j'ai préparé mes affaires, assommé violemment un garde et je me suis enfuie... Ce qui était un crime impardonnable de ma part... Quand une personne de la lignée royale prend la fuite, elle est considérée comme un être pathétique, lâche et qui ne mérite pas de gouverner... C'est pourquoi, je veux profiter du peu de temps qu'...

Sans finir sa phrase, elle baisse les yeux en croisant ses mains avec mélancolie.
- Je veux alléger la souffrance des cicatrices causées par Ganon depuis plusieurs siècles... Je ne veux pas qu'il revienne comme dans mon cauchemar...
- Votre cauchemar ? réagit aussitôt Link, abasourdi. Mais alors vous aussi, vous rêvez de ce monstre !
- Oui... Et dans ce cauchemar, il t'a... tué sous mes yeux et j'ai poussé un hurlement... C'est depuis ma rencontre avec le Comte Vadel que chaque nuit, ce monstre au néfaste destin hante mes nuits...

Link la regarde fixement. Ce cauchemar qui les lie... Qu'est-ce que c'est exactement ? Une prémonition ? Il pose la main sur son front, l'inquiétude dans son regard.
- Dans tous les cas, cela n'arrivera pas, déclare-t-il avec sûreté en essayant de se convaincre.
Intriguée, Zelda se retourne doucement vers lui.
- Comment peux-tu être aussi... sûr ? demande-t-elle d'une voix chevrotante.
- Parce que... nous allons soigner Hyrule de ses plaies. L'esprit d'Ordinn a été apaisé. Il ne reste plus que le dragon de Lanelle et tout sera terminé... informe Link avec un sourire assuré.

Même si l'avenir est incertain pour lui, il veut croire en sa force. Les lèvres pincées et le regard maussade, Zelda sent son coeur battre d'espoir grâce aux paroles rassurantes de Link.
- Tu veux... rester à mes côtés alors... ? demande-t-elle avec hésitation.
- Oui, votre Majesté... Tout comme ça a été le cas pour le premier temple. Si vous êtes d'accord, bien sûr.
Touchée, Zelda baisse la tête en sentant ses joues rougir.
- Bien sûr. Cependant, je t'ordonne de respecter une condition cruciale ! ajoute-t-elle d'une voix résolue.
- Tout ce que vous voudrez, répond Link avec politesse.
Avec un regard plus émerveillé, elle lui sourit avant de déclarer :
- Cesse de me considérer comme une princesse jusqu'au prochain ordre que je te donnerai.
Surpris, les sourcils relevés et la bouche ouverte, Link finit par lui rendre un sourire.
- À tes ordres... Zelda, accepte le jeune homme, ravi par l'ordre.

Ainsi, il lui tend la fleur avec bienveillance. Heureuse, la jeune fille accepte enfin le présent et sent l'odeur sucrée qui lui parvient avec délice. Longuement, Link la regarde, loin d'être indifférent par son amie. Subitement, ses yeux s'écarquillent en remarquant le sang qui coule du nez de Zelda. Maladroitement, elle baisse la tête en éloignant la fleur afin d'éviter de la salir.
- Je... je suis désolée ! Cela m'arrive de temps en temps, rassure-t-elle en se forçant à sourire avant de sortir un mouchoir blanc.
En revanche, Link constate tristement qu'il a été déjà utilisé : des traces de sang sont présentes à l'arrière.
- Zelda... Dis-moi, est-ce que c'est à cause du poison que tu as mal ? interroge ce dernier avec inquiétude.
Hésitante au premier abord, Zelda a les yeux baissés au sol avant de répondre :
- Non. Je suis malade depuis que je suis tout petite. Mais, rassure-toi : je suis solide !

Ne sachant pas quoi lui répondre, Link garde son calme. Soudainement, il pose ses yeux vers sa gauche après avoir senti une présence. Sur ses gardes, il se lève en dégainant son épée.
- Link ? s'étonne Zelda en se levant à son tour. Que se passe-t-il ?

Puis, elle entend des bruits de pas s'approcher d'eux. D'un coup sec, un grand katana tranche le buisson qui le cachait de leur vue. Les yeux rouges et les cheveux argentés dont une longue natte allonge la partie droite de son visage jusqu'au milieu de son torse musclé, une femme à la peau mate avance. Les longs bras nus, elle porte une tunique ainsi qu'un pantalon serré bleu et noir. Sur sa joue droite, juste en dessous de son oeil, un symbole rouge a été peint : une larme. En reconnaissant Zelda, l'inconnue se montre stupéfaite avant de continuer à s'approcher.

- Vous ? Vous êtes...
Cependant, en remarquant ses yeux rouges, Link accourt comme une furie.
- Link ! s'exclame Zelda en tendant sa main.

Rapidement, la femme pare le coup de l'épéiste qui la défie. Subitement, elle disparaît du champ de vision de son adversaire. Surpris, Link entend des bruits de pas se précipiter dans sa direction. Ainsi, il se retourne avant de contrer l'attaque surprise de l'inconnue avant de reculer.
- Arrêtez ! Je vous en prie ! supplie Zelda en couvrant Link. Link ! Impa !
- Impa... ? Tu la connais ? s'étonne Link avec confusion en s'arrêtant.

La mystérieuse Impa lâche un soupir exaspéré et range le katana dans le fourreau accroché à sa hanche très fine.
- Hum... On peut dire que j'ai fait une entrée fracassante sans le vouloir, déclare-t-elle d'une voix assez grave. Veuillez me pardonner, votre Altesse... s'excuse-t-elle en s'inclinant avec courtoisie. Au moins, vous êtes saine et sauve et c'est tout ce qui compte.

Contente de retrouver une vieille connaissance, Zelda esquisse un sourire bienveillant, tandis que Link fixe longuement le symbole bien différent de celui des Yigas : le symbole des Sheikahs.


Version parodique :

Après avoir su la vérité...
Link * agenouillé avec grâce * : Princesse... Vos désirs sont des ordres. Je suis votre arme. Au péril de ma vie, j'obéirai à vos ordres !
Zelda * coeur battant fort * : Oh Link... Oui, il y a bien un ordre que tu dois exécuter pour moi.
Link : Tout ce que voudrez, ma chère Princesse (J'espère qu'elle ne va pas me demander d'aller chercher un steak pur boeuf à Cocorico. J'ai eu ma dose de ce village... à moins que ça soit... :o)
Zelda : Bien, je... Hum... (Voyons, que vais-je bien pouvoir lui demander *-* ? En tant que princesse, je dois en profiter, même s'il ne faut pas abuser ! Un baiser ? Non quand même pas ! Quoi que... Oh je commence à sentir mes joues chauffer, ça ne va pas ! Hihi ! Mais c'est vrai que l'idée me plaît bien... Oh oh ... Link et moi qui partageant un baiser sous la lune ! Oh, ça sera tellement romantique) * en train de poser ses mains sur son visage *
Link : o__o Euh... Votre Altesse, vous voulez peut-être que je vous cherche un doliprane 1000... ? Vous êtes toute rouge.
Zelda : Mais si je vais en prendre un, le goût sera infect et à cause de cela, tu ne pourras pas accomplir l'ordre de m'em... de m'em...
Link : o___o Continuez ! L'ordre de vous em... (pas l'ordre de vous emmerder quand même j'espère !)
Zelda : De... de m'emmener à Cocorico pour chercher un steak haché pur boeuf en promotion !
Link :....
Zelda : ... :D (Sauvée... Ce n'est pas pour tout de suite !)
Link : .... Hum... J'accomplirai mon devoir, votre Altesse. (Grrr, mais quel imbécile ! J'aurai dû me la fermer -_-' )

Chapitre 14 : L'accord   up

Après que Zelda lui ait raconté ses mésaventures en compagnie de Link, Impa croise les bras, le dos plaqué contre un arbre.
- Je vois. C'est pour cela que j'ai pu traverser cette forêt avec autant de facilité alors que cet endroit était réputé pour sa dangerosité..., constate la Sheikah d'un ton calme. Alors, vous avez réussi à sauver l'esprit de Firone de son trépas...
- Oui, affirme Zelda, les yeux rivés sur la fleur offerte par son ami. Voilà la raison qui m'avait poussée à quitter le château. Depuis que tu as été chassée par mon père, l'ambiance était devenue inquiétante...
Silencieusement, Impa baisse ses yeux remplis de regrets.
- Toutes mes excuses, Dame Zelda... J'étais incapable de convaincre le souverain de me croire... Depuis l'infiltration du Yiga au sein du château, tous se sont retournés contre moi... Sauf vous. Sachez que je n'ai pas voulu vous laisser seule pour cet ignoble mariage arrangé...

Conscient à présent du lien entre Zelda et Impa, Link reste en retrait, ne souhaitant pas interrompre leur conversation.
- Impa. Je suis si heureuse de te revoir ! déclare Zelda d'une voix enthousiaste.
- Moi aussi. En revanche, Dame Zelda, vous devez impérativement rentrer au château. Si vous restez plus longtemps dans la nature sauvage de notre contrée, votre santé empirera ! s'exclame la guerrière Sheikah.
Abasourdi, Link regarde fixement la princesse avec inquiétude.
- Je le sais... mais je ne peux pas rentrer tant que l'esprit de Lanelle sera en danger... Je te promets que je ferai attention ! réplique Zelda avec détermination
- Je ne peux pas vous laisser encourir de tels risques. S'il vous plaît, Dame Zelda : laissez-moi m'en charger pour l'esprit de Lanelle ! se propose Impa en s'inclinant avec respect.
Malgré la demande sincère, Zelda baisse la tête en serrant ses poings.
- Je suis désolée mais je veux que tu respectes mon ordre : tant que Lanelle ne sera pas éveillé, je ne rentrerai pas, réaffirme la princesse avec sérieux.
- Mais, Dame Zelda... murmure Impa avant de poser le regard sur Link comme dernier recours. Toi, là-bas ! Est-ce que tu pourrais m'aider à la convaincre ?
Devant le ton désagréable de sa nourrice, Zelda tique.
- Impa ! Ne parle pas ainsi à Link ! Depuis le début, il m'a protégée !
- Mais si vous voyagez avec lui, vous allez courir de grands risques ! Savez-vous qu'il est recherché pour meurtre, même s'il est accusé à tort ? Le peuple ne connaît pas la vérité ! Seule une personne pourrait témoigner en sa faveur...

Subitement intrigué, Link avance.
- Une seule personne ? Tu veux parler du Capitaine Pawel ? s'exclame-t-il, désirant en savoir plus.
- Capitaine Pawel ? s'étonne Zelda avec surprise.
Malgré sa méfiance envers l'épéiste, Impa hoche la tête avant de lui répondre.
- Oui... je l'ai trouvé grièvement blessé dans les alentours d'Ordiala, le village des Piafs. Il voulait mettre fin au règne des Yigas par n'importe quel moyen.
- Blessé ? Non ! s'exclame aussitôt Link. Mais alors pourquoi une telle folie ?
- Sa vie n'est plus en danger, rassure-toi. Mais pour répondre à ta question, son épouse était une Yiga qui a quitté son clan par amour pour lui... Depuis, elle est traquée comme une traîtresse qui ne mérite plus de respirer une minute de plus. C'est pourquoi, dès que le Capitaine Pawel a repéré ce Yiga dans les alentours, juste après l'incident à Cocorico, il n'a pas hésité une seule seconde à le poursuivre jusqu'à son nouveau repaire pour y mettre fin et surtout, pour assurer la vie de son épouse...
- La vie de son épouse... ? Leyna ?
La Sheikah regarde finalement l'Hylien droit dans les yeux.
- Tu ne le sais peut-être pas mais cette "Leyna" était une Yiga.

Abasourdi, Link a un mouvement de recul. Désormais, il comprend mieux les caractéristiques étranges et les rumeurs sombres qui ont tourné autour de Leyna : la main cachée par son gant noir, les cheveux argentés... Tout s'explique.
Néanmoins, malgré cette révélation plus que surprenante, il garde toujours la même estime pour cette dernière qui a toujours su se montrer bienveillante à son égard, et surtout à celui de Pawel.
- Mais sache qu'il était très inquiet pour toi... Lorsqu'il s'en remettra, il suppliera le peuple de te libérer de ta sentence qu'est la condamnation à mort pour un acte que tu n'as pas commis... Pour le moment, je ne peux pas t'en dire plus. Le seul message qu'il voulait te faire parvenir est de rassurer son épouse si tu la croises.
Soulagé de savoir son maître d'armes en lieu sûr, Link se retourne, préférant fixer le ciel. Même s'il a encore beaucoup de choses à penser et que sa préoccupation est d'aider avant tout Zelda, il se sent plus qu'apaisé. Rassuré de savoir Pawel en sécurité, il ne peut s'empêcher de se sentir encore plus optimiste. Après tant d'interrogations, il connaît enfin les dernières pièces du puzzle qui lui manquaient.
- Je l'aiderai à prouver ton innocence mais à une seule condition : que tu m'aides à convaincre Dame Zelda, propose Impa en souhaitant saisir sa chance.
- Impa ! réprimande Zelda, désemparée par l'insistance de sa nourrice.
- Tu peux me croire sur ce point ! Si je t'avais menti pour te manipuler, jamais je ne t'aurais avoué que le Capitaine Pawel était vivant ! ajoute la guerrière.

Loin d'être dupe, Link se retourne en comprenant qu'Impa a tenté de l'amadouer. Bien que l'intention de la Sheikah soit plus que louable, il répond :
- Je protégerai la princesse jusqu'à ce que je perde mon souffle, déclare-t-il d'un ton résolu et ferme.
Surprise, Impa écarquille les yeux et serre les dents en baissant la tête avant d'enchaîner :
- Mais cette fois-ci, les choses seront plus difficiles pour vous deux... Je ne peux pas accepter... Tu ne me laisses pas le choix.
Sans scrupules, Impa sort son katana avant de le tournoyer. Aussitôt, Link comprend le regard déterminé de la grande guerrière Sheikah.
- Impa... Tu vas... nous arrêter ? demande Zelda à la fois confuse et sur ses gardes.
- Je veux seulement tester la valeur de cet épéiste qui veut vous protéger. Nous allons bien voir si ses paroles et ses convictions sont réellement sincères et à la hauteur de sa force. Je veux voir de mes propres yeux le prodige, porteur du courage et protecteur de votre coeur et votre sagesse ! déclare froidement Impa à Zelda avant de se retourner vers son adversaire. En garde, Link !

Devant ce défi plus qu'inattendu, Link dégaine l'épée de son fourreau et l'agite en retenant son souffle. En retrait, Zelda ne peut qu'être arbitre des deux combattants qui se battent pour son salut. Même si elle déteste se sentir comme une enfant au milieu de deux parents qui se disputent pour son avenir, elle ne proteste pas. Sur ses gardes, le pied droit en arrière et les hanches abaissées, Impa accourt afin d'effectuer une charge. Confiant de son agilité et de sa force, Link pare le katana au dernier moment. Hâtivement, Impa exécute un saut en arrière avant de rebondir vers la droite pour créer une sorte de rafale de feuilles dansantes. Déstabilisé, Link ferme les paupières. Aussitôt, il les ouvre après avoir senti la présence d'Impa derrière lui, prête à l'assommer. Au dernier moment, la main sur la pointe, il joue du pommeau de son arme pour la prendre par surprise. En recevant un coup au ventre, Impa lâche un gémissement de douleur avant de l'attaquer en retour. Pendant plusieurs secondes, les deux combattants croisent le fer sans renoncer.

Malgré la rapidité plus qu'incroyable da la guerrière porteuse du symbole Sheikah, Link arrive à suivre ses coups sans trop de difficultés. Puis, sa main gauche s'illumine au moment où il élève son épée vers le ciel, frôlant ainsi le katana d'Impa qui se retrouve propulsée dans les airs. En distinguant sans aucune difficulté le symbole triangulaire illuminée, Impa est dubitative. Cette fois-ci, il n'y a plus aucun doute pour elle. Link pointe son épée dans sa direction pour lui montrer sa victoire avant de la ranger dans son fourreau. Perdante, la femme aux cheveux argentés baisse la tête.

- Même face à la réincarnation du héros, mes forces ne suffisent point.
Elle se retourne vers Zelda avec un regard poignant.
- Bien... dans ce cas, jusqu'à l'éveil de l'esprit de Lanelle, j'accorde le titre de garde du corps à Link, déclare-t-elle avec un léger sourire avant de se retourner vers l'Hylien.
Zelda reste silencieuse, impressionnée par le nouveau titre de son ami.
- Dame Zelda... En échange de votre promesse de faire attention à ne pas courir de risques inutiles, avez-vous une faveur à me demander en retour ? demande Impa en se dirigeant vers la princesse.
Calmement, la jeune femme se plonge dans une réflexion. Décidée, elle lui sourit tristement avant de répondre :
- Je souhaiterais que tu protèges la forêt des Korogus jusqu'à mon retour.
Compréhensive, Impa s'incline.
- À vos ordres, Dame Zelda. Au nom des Sheikah, je protégerai le peuple des Korogus ! Et... sachez que même si je n'approuve pas pleinement votre décision, je reste avant tout fière de votre sagesse, déclare-t-elle avec bienveillance.
Le coeur réchauffé en entendant de telles paroles encourageantes, Zelda lui sourit avant de se jeter dans ses bras tel une enfant. Impa lui caresse les cheveux malgré la tristesse dans ses yeux.
- Je prierai pour que tout se passe bien pour vous...
Rassuré de constater que la Sheikah accepte finalement d'accorder sa confiance, Link lève la tête au ciel. Les rayons du soleil éclairent toujours autant la forêt et parviennent à réchauffer l'espoir de chacun.

* * *

Plus tard, alors que Mina et quelques Korogus apprennent au bourgeon Mojo à mieux parler, Zelda, suivie par Link et Impa, s'approche.
- Oh bonzour prinzezze Salade ! Merzi d'avoir pris zoin de moi ! remercie-t-il.
- Princesse Zelda, vénérable bougeon Mojo ! corrige Mina d'une voix plus détendue.
- Oh zut ! Z'ai encore beaucoup de zozes à apprendre avant de grondir pour devenir beau !
- Grandir ! corrige vivement Falgus.
Zelda lui sourit chaleureusement et s'agenouille.
- Je savais depuis le début que vous vous réincarniez, déclare-t-elle. Après tout, que serait le village des Korogus sans l'esprit de la terre ?
- Hihi ! Z'est zur ! Mais faut que je grondis pour être zaze !
Zelda lâche un rire devant le petit bourgeon qui se conduit comme un bambin. En retrait, Link et Impa la regardent. Hésitante, la guerrière baisse la tête avant de déclarer :
- Link. Tu m'as prouvé que tu es déterminé et que tu peux devenir encore plus fort. Mais quoi qu'il arrive, protège la princesse Zelda et surtout, ne laisse pas tes larmes couler si ce jour arrivera sous tes yeux...

Stupéfait, Link essaye de comprendre le réel message dans les yeux rouges d'Impa, oscillants entre la tristesse et la confiance.
- Si ce jour arrivera ? Que voulez-vous dire ? demande-t-il, l'inquiétude dans sa voix.
- Si tu ne veux pas le vivre, ne t'attache pas trop à la princesse jusqu'au réveil de l'esprit de Lanelle. C'est un conseil que je te donne pour t'épargner la tristesse et la colère. Même si tous tes ancêtres s'étaient attachés à la Princesse Zelda dans leur époque respective, ne suis surtout pas le même exemple qu'eux si tu ne veux pas souffrir...
- Ne pas m'attacher à elle... Ce n'est pas possible... Puisque je...
- Tu la protèges non pas parce qu'elle est une princesse mais parce que tu la vois comme une jeune fille avant tout ? Je peux comprendre... Quoi qu'il en soit, concentre-toi sur ta quête et surtout, veille bien sur elle...
Rassuré par le regard confiant d'Impa malgré l'étrange déclaration, Link approuve silencieusement de la tête.
C'est avec détermination que l'épéiste quitte la forêt Korogu, à présent protégée par Impa, en compagnie de la princesse sur le dos d'Epona.

* * *

Sur la plaine d'Hyrule, alors que Zelda se cramponne à Link à l'arrière, les cheveux dans le vent et illuminés par les rayons du soleil, elle distingue au loin le château. Elle porte une cape noire qui couvre ses habits.
Finalement, elle fuit la demeure du regard. Discrètement, Link la surveille d'un oeil attendri, comprenant sa crainte. Souhaitant la rassurer, il lui dit :
- Vous feriez mieux de remettre votre capuche. Si quelqu'un vous voit ainsi et devine votre identité...
- Je suis désolée, mais je suis incapable de cacher mon visage lorsque je peux sentir ce vent d'espoir et de liberté souffler sur mon visage. Et je souhaite également voir le lac Hylia lorsque nous nous en approcherons !
Malgré l'inconscience de Zelda, Link ne proteste pas, peu importe les risques.
- Au fait, Link. Même si ça te semble impossible, je souhaiterais que tu me tutoies, dorénavant.
- Vous... vous en êtes sûre ? répond Link avec hésitation. Je suis devenu votre garde du corps...
- Oui, vraiment !
- D... d'accord, princesse...
Agacée par son ton poli, Zelda lève les yeux au ciel, impuissante. Son regard est alors attiré par un point des environs.
- Oh Link ! Est-ce qu'on peut se rendre dans cette petite forêt à côté de la clairière ? demande la jeune fille avec enthousiasme.
- Dans cet endroit ? Ce n'est pas risqué ? s'inquiète Link, hésitant au premier abord.
- Oh que non ! Pas du tout même !
- Bien.

* * *

Après avoir dévié légèrement leur trajectoire vers le sud-est, Link et Zelda arrivent dans un lieu vraiment mystérieux : une sorte de forêt dégageant une brume bleue euphorique. Au milieu se trouve un champ de Princesses de Sérénité. Les rayons du soleil éclairent cet endroit comme s'ils le bénissent. Les pétales de fleur dansent même entre elles. Avec émerveillement, Zelda accourt et s'agenouille au milieu du champ, en faisant attention de ne pas les abîmer malencontreusement. Link caresse le long museau d'Epona avec attention avant de s'approcher du champ.

- Quel est cet... endroit ? s'interroge-t-il en contemplant la beauté de cette forêt.
- C'est la forêt de la grande Fée. C'est ici que poussent de nombreuses fleurs, notamment les Princesses de Sérénité. Une de mes aïeules aimait beaucoup cette fleur qui lui donnait l'espoir de continuer à se battre, peu importe la tristesse qu'elle avait endurée... Ma mère a souhaité me transmettre cet héritage. Donc peu de temps avant sa mort, elle m'a emmené ici. Depuis ce jour, ce paysage a été marqué à vie au fond de mon coeur. C'est pourquoi je veux protéger Hyrule, mon peuple mais aussi ces fleurs. En les regardant, notamment celle tu m'as offerte, je me sens revivre..., explique Zelda, les yeux rivés sur les fleurs.
Calmement, Link s'approche et s'agenouille à ses côtés se laissant gagner par la sensation enivrante.

- Je peux tout à fait comprendre. Il faut admettre qu'elles sont magnifiques. Peu importe notre passé, le plus important, c'est que nous aussi, nous ayons nos souvenirs et notre place, répond-il avec sûreté.
- Oui... affirme Zelda en souriant. Il faut s'accrocher à cet espoir si jamais, la réincarnation de Ganon met en péril notre terre et les beautés que nous a offertes la nature...
Link la regarde discrètement. Il ne peut s'empêcher de sentir un point au coeur, notamment une tristesse l'envahir. Soudainement, en scrutant les alentours, Zelda se lève et remarque au loin une petite grotte.
- Mais oui ! En passant par cette grotte, nous pourrons accéder directement au domaine de Zora ! se rappelle-t-elle. D'après ma mère, c'est par là que les Zoras passent pour cultiver les fleurs qu'ils utilisent pour les décorations ou autres !
- Dans ce cas, allons-y. Allons rencontrer ce fameux peuple Zora, accepte Link avec un léger sourire.
Ainsi, en tenant les rênes d'Epona, il entre dans la grotte aux côtés de Zelda.

Chapitre 15 : Le domaine Zora   up

Grâce à un feu de torche que Zelda a allumé, les deux amis descendent dans les profondeurs de la mystérieuse grotte. Malgré la présence des rares fleurs bleues présentes dans ces lieux, appelés couramment fleurs silencios, l'obscurité semble être la seule souveraine. Nerveusement, Epona trotte derrière Link. Se sentant à l'étroit, elle ne peut s'empêcher de regarder les alentours avec crainte, la tête baissée en soufflant.

- Tout doux, ma belle. Nous ne sommes plus très loin, rassure Zelda en lui caressant la crinière.
- Tu es sûre que c'est le bon chemin ? s'étonne Link. Peut-être que la sortie est bouchée à cause des tremblements de terre ou autres.
- Espérons que non. Et puis, je trouve que cette grotte a un certain charme, c'est tellement calme... comme si on était coupés de la réalité ! répond vivement la princesse avec un sourire jovial.
- Tu... tu trouves ? s'étonne l'Hylien, les sourcils relevés.
- Tu en as déjà visité une ?
- Oui, avec une amie. Quand nous étions jeunes, nous avons lu des histoires sur des pirates. Donc après cela, nous avons exploré la seule grotte de la forêt de Foracalia dans l'espoir de trouver un coffre rempli de trésors !
- Oh ! Et ensuite ? enchaîne Zelda en s'impatientant. Que s'est-il passé ?
- Nous sommes tombés sur des chauves-souris et nous avons pris la fuite ! répond joyeusement Link en lâchant finalement un rire. Bon, elles avaient failli nous mordre, mais avec le recul, cette histoire me fait bien sourire !
- Tu sais, quand j'étais petite, je rêvais d'explorer des endroits abandonnés avec des amis..., répond Zelda en esquissant un triste sourire.

Link la regarde longuement. Devinant que l'enfance de la princesse a été peu joyeuse, notamment à cause des éducations très strictes et son devoir envers le royaume, il s'arrête avant de lui proposer :
- Alors dans ce cas, avant que tu ne rentres au château, je te conduirai à Foracalia si tu le souhaites ! Tu verras : c'est un charmant village ! Il y a de nombreux coins à découvrir pour se détendre et pour s'amuser !
- Pour s'amuser... ? Même en étant adulte, on peut... quand même s'amuser ? s'étonne Zelda, abasourdie.
- Bien sûr. L'enfant est toujours en nous, peu importe l'âge qui avance ! Même si nous grandissons, il faut continuer de chérir la vie et s'amuser. C'est ce que Pawel m'a toujours dit. Et il avait parfaitement raison car après une journée de travail, je me suis toujours détendu en me rendant à la forêt. Mais j'imagine qu'au château, c'est tout le contraire, n'est-ce pas ?
Zelda acquiesce de la tête avant d'ajouter :
- Oui. Au château, il faut toujours bien se tenir, respecter les horaires pour le repas, le bain et étudier le mythe d'Hylia. Si je reviens là-bas, j'espère quand même que ce mariage arrangé sera annulé, même si c'est peu probable que cela se fasse... Ce Comte Vadel ne m'inspire vraiment pas confiance, mais quand je serai reine, je protégerai mon peuple... Je le jure sur mon âme...
- Mais pour le moment, tu es ici : avec moi et Epona. Ne pense pas à l'avenir, conseille Link avec un triste sourire. Et pour Foracalia, je n'oublierai pas ma promesse.
Touchée par l'attention de son ami qui lui met du baume au coeur, Zelda approuve avec timidité.
- Allez, nous ferions mieux de continuer, conseille Link d'une voix plus enthousiaste. C'est plutôt humide par ici...

Mais hélas, à présent hors de son champ de vision, le regard de la princesse s'assombrit aussitôt. Tout au fond de son âme, elle désire lui ouvrir son coeur pour libérer ses peurs les plus secrètes. Mais en écoutant la sagesse, elle prend la décision de ne pas être capricieuse et d'être surtout moins égoïste. Au bout de plusieurs secondes de marche, les deux amis arrivent devant une sorte d'interrupteur tout au fond de la grotte.

- Tiens ? Tu sais à quoi ça sert ? interroge Link à Zelda.
- Hum... J'imagine que nous pouvons appuyer, propose la jeune femme en joignant le geste à la parole.

Puis, alors que le son d'un mécanisme retentit, le mur se sépare en deux, provoquant une légère secousse dans la grotte. Rapidement, Zelda recule tandis que Link reste sur ses gardes, prêt à dégainer son épée si jamais des ennemis sortaient de l'ombre. Peu à peu, des escaliers se dévoilent devant les deux Hyliens aux regards stupéfaits. Finalement, bien que la prudence sonne au fond d'eux, ils se regardent avant de descendre d'un commun accord.

Dans les profondeurs de cette mystérieuse allée, cachée aux yeux des vivants, ils arrivent devant une grande cascade, s'écoulant librement grâce aux dons généreux de Mère Nature. Sans éprouver de craintes, Zelda la traverse en premier. Les cheveux à présent trempés et le corps grelottant de froid, elle se montre surprise en croisant ses mains. Link la rejoint avant de laisser ses yeux parcourir l'endroit à son tour. Les murs en pierre en relief et les grands coquillages roses sur le sol sablé, l'ambiance est avant tout maritime et très paisible. De nombreuses cascades descendent le long des murs. Le bruit d'écoulement est loin d'être désagréable à l'écoute, bien au contraire : il est apaisant et amplifie l'atmosphère euphorique des lieux. Assoiffée, Epona boit de l'eau, bien potable comme il faut.

- Quel est cet endroit ? s'interroge Link aux yeux ébahis.
- Le domaine Zora ! Nous y sommes ! signale vivement Zelda.
- Halte là ! s'exclame aussitôt une voix ferme au loin, coupant l'enthousiasme de la princesse.

Trois grands gardes se dirigent vers eux en pointant leur lance en acier. La coiffure s'allongeant comme une queue de poisson, les yeux vitreux et l'écaille blanche et bleu clair, il n'y a aucun doute sur le nom de l'espèce, la plus loyale du royaume d'Hyrule : les Zoras.

- Qui êtes-vous ? Et que faites-vous ici ? interroge le premier soldat d'un ton autoritaire. Vous avez intérêt à nous répondre convenablement si vous ne voulez pas recevoir la pointe de notre lance plantée dans votre coeur !
- Je suis la Princesse Zelda. Et voici mon chevalier, Link ! se présente Zelda, affichant une mine sérieuse. Je souhaiterais entretenir une audience avec le roi Azul !
Abasourdis, les Zoras les fixent longuement.

* * *

Malgré leur perplexité, les gardes conduisent les deux nouveaux venus à la salle du trône, située au centre du domaine. Sur les murs, des cascades d'eau se déversent à l'entrée de la pièce royale. Stupéfaits par la beauté des lieux, Link et Zelda montent les escaliers avant d'entrer à l'intérieur. Debout, à côté d'un fauteuil rouge et majestueux, un Zora à l'écaille bleue et blanche a les yeux rivés sur la montagne de Lanelle. Une ceinture ornée en argent entoure son torse légèrement musclé.

- Votre Majesté ! Veuillez nous excuser pour le dérangement ! La Princesse Zelda souhaite vous rencontrer ! informe un garde en posant le bras droit contre son thorax par respect.
- La princesse Zelda ? répète le roi en se retournant, dévoilant ainsi ses yeux jaunes dorés ainsi que sa beauté et sa pureté.
Zelda le regarde fixement en lui adressant un sourire bienveillant. Puis, elle s'incline par respect.
- Bonjour, votre Majesté. Je suis si heureuse de vous revoir ! déclare-t-elle d'une voix modulée.
Par politesse, Link imite son amie.
- Voyons, Zelda ! Vous n'êtes pas obligée de vous incliner ainsi devant moi ! Après tout, nous nous connaissons depuis notre enfance. Vous avez si bien grandi... La beauté de votre défunte mère vous a suivie, déclare Azul avec sincérité. Vous êtes radieuse.
- Merci, Sire Azul. Oui, cela fait des années que nous ne vous avions pas vu au château. Je suis sincèrement désolée si mon père a décidé de fermer son coeur aux autres peuples pour les festivités.
- Et je comprends tout à fait, rassure le roi Zora avant de remarquer la présence de Link. Le sourire envolé, il prend un air dubitatif avant de demander : Hum... Qui est-ce ?
- Je me nomme Link, chevalier de Princesse Zelda, Sire Azul, se présente l'intéressé avec politesse en s'inclinant à nouveau.
Cependant, Azul ne partage pas le même sentiment que son nouvel interlocuteur. Son regard montre même une grande méfiance, voire du mépris.
- Link... ? répète-t-il d'un ton froid. Comme ce fameux héros qui a sauvé Hyrule il y a cent ans après avoir lâchement trahi ma mère pour son intérêt personnel ?
Soudainement interloqué par les insinuations plus que désagréables du roi Zora, Link reste figé telle une statue, le visage décomposé.
- Aucun doute... Ces yeux, ce manque d'assurance qui se lit sur ton visage insouciant et ta manière de parler... Tu peux peut-être arriver à duper les autres peuples en passant discrètement, mais pas moi ainsi que les rares Zoras qui vivent depuis plus de cent ans.
- Je n'ai rien à voir avec lui, réplique Link, agacé d'être sans cesse comparé à ce dernier. Je ne vois pas de quoi vous voulez parler !
- Sire Azul... Ne soyez pas dur avec Link, s'il vous plaît. C'est grâce à lui que je suis arrivée jusqu'à vous, défend Zelda en s'agenouillant. Ne laissez pas éclater votre courroux à son égard pour cet acte odieux qu'il n'a jamais commis...

Devant les supplices de Zelda, Azul lâche un soupir en détournant le regard.
- Si c'est ce que vous désirez, Princesse Zelda, je n'ai pas d'autres choix que d'accepter votre volonté, aussi sincère soit-elle. Bien, quel est exactement le motif de votre visite... Ou plutôt la raison de votre fuite du château ?
Avec sérieux, Zelda se lève avant de lui expliquer :
- Je sais bien que ma conduite a été odieuse et irrespectueuse envers mon royaume. Mais personne ne me croyait. Donc, je suis partie de mon plein gré afin de soulager le tourment des trois dragons d'Hyrule. Firone et Ordinn ont récupéré leur esprit. Mais Lanelle est toujours prisonnier du mal qui le ronge...
- C'est bien cela..., affirme sinistrement Azul. Depuis qu'une odieuse créature s'est infiltrée dans le temple de l'eau, située dans les profondeurs de notre doux lac Hylia, notre esprit bien aimé a été congelé. Mais, nous les Zoras, nous ne pouvons pas nous exposer à l'intérieur à cause de la barrière électrique qui entoure le temple. Notre écaille est beaucoup trop fragile pour supporter l'électrocution. Ainsi, l'histoire qui s'est déroulée il y a cent ans se répète... C'est pourquoi, nous ne pouvons pas prendre le moindre risque. Chaque jour, je passe de longues heures sans fin pour trouver un moyen de sauver mon peuple sans faire le moindre sacrifice. Contrairement au héros d'Hyrule, je ne sacrifie pas mes sujets comme des agneaux en les trahissant.
De plus en plus agacé par le mépris du Roi, Link conserve avec beaucoup de mal son calme.
- Est-ce qu'il existe un mécanisme capable d'arrêter l'électricité à l'intérieur ? interroge Zelda en faisant abstraction du malaise entre le Zora et son ami.
- Oui. Dans la première salle, le mécanisme d'auto-défense que le sage utilise pour contrer toute attaque malveillante. La semaine dernière, lorsque le dragon a été congelé, de monstrueuses créatures se sont infiltrées dans le temple. Au dernier moment, le sag... Hum, ma soeur, Miphalia, m'avait poussé à la sortie avant d'actionner pour la dernière fois le mécanisme... Depuis ce jour, le bouclier est resté intact... Ce qui signifie qu'elle a été malheureusement tuée sauvagement par ces monstres... explique tristement Azul. Plus personne ne peut briser la barrière de l'intérieur...

Attristée par le récit du Roi Zora, Zelda baisse la tête, la main contre son thorax. Plongée dans une longue réflexion, elle avance avec détermination.
- Alors dans ce cas, laissez-moi me rendre dans ce temple !
- Vo... vous ? s'étonne Azul avec des yeux écarquillés.
- Votre Altesse ! s'exclame Link, abasourdi. C'est du suicide ! Si vous touchez cette barrière électrique, vous...
- Je suis tout à fait capable de briser cette barrière, rassure Zelda en ignorant ouvertement la protestation de Link.
Hésitant, malgré le regard assombri, Azul baisse la tête en croisant les bras.
- Oui, vous pouvez le faire... Mais en faisant cela, vous courez de grands risques...
- Je sais mais j'arrive à supporter le poids de mon pouvoir, rassure Zelda, ne souhaitant pas lâcher l'affaire. Donc, laissez-moi essayer ! Je veux sauver l'esprit de Lanelle et aussi retrouver votre soeur... Il n'est peut-être pas encore trop tard.

Link essaye de protester mais devant la présence d'Azul, sa voix n'arrive pas à sortir. Conscient du risque, le fait d'imaginer qu'un malheur puisse arriver à Zelda l'effraie. Cependant, Azul sourit tristement avant de constater :
- Diantre, Princesse, vous êtes têtue... Mais très bien, j'accepte.
À ces mots, Link se lève, n'arrivant plus à faire taire son inquiétude.
- Votre majesté ! Vous êtes le premier à me faire la leçon que quoi qu'il arrive, vous ne voulez sacrifier personne pour parvenir à vos fins ! Alors pourquoi acceptez-vous l'inconscience de la princesse Zelda ? En s'approchant de cette maudite barrière, elle risque de mourir !
- Tu oses douter des pouvoir de ta princesse ? Il y a des choses que tu ignores d'elle, alors ne prétends pas tout savoir. Il y a un siècle j'ai essayé de comprendre les raisons de ta trahison, mais rien ne peut expliquer tes actes odieux. Cette douleur que je ressentais s'est ravivée depuis que tu es entré dans cette pièce, alors... fais bien attention à ce que tu dis. Si la princesse a le pouvoir de mettre fin à cette situation, en tant que roi, je ne peux qu'accepter sa requête. Tout comme ma défunte mère, je dois protéger mon peuple : ma fiancée, mes proches et ma soeur si elle revient.

Link tique, peu convaincu par la décision d'Azul malgré ses intentions louables. Il lui répond :
- Peu importe : je m'oppose à cette idée. Le réveil du dragon de Lanelle ne justifie pas que la princesse prenne autant de risques. Dans ce cas, c'est à moi d'encourir le risque en me rendant à l'intérieur.
Abasourdi, Azul le regarde fixement, n'osant croire à ses paroles dictées avec le coeur.
- Link ! Ça suffit ! réprimande sévèrement Zelda en se dirigeant vers lui.
- Votre Altesse ! Laissez-moi m'en occuper. Vous n'avez pas le droit de prendre un tel risque. Vous devez continuer de vivre. Si les choses tournent mal et que vous allez...
- Link, interrompt la princesse avec sérieux. Je regrette mais tu ne me laisses pas le choix : je t'ordonne de m'obéir sans discuter ou sans mettre en péril cette mission...
Devant la voix ferme de Zelda, Link la fixe avec un regard poignant. Avec contrainte, elle n'hésite pas à utiliser son autorité royale pour l'obliger à obéir.
La gorge nouée, le jeune homme est impuissant et serre discrètement ses poings avec violence.
- Bien. Si vous voulez bien me suivre, Princesse, je vous expliquerai le déroulement pour ce soir. Venez avec moi, annonce Azul en se dirigeant vers la sortie de la salle du trône.

Décidée, Zelda le suit en laissant Link derrière elle. Frustré de ne pas avoir été écouté, l'épéiste pose la main contre son front.
"Bon sang... Je ne peux pas accepter ça... Qu'est-ce que je peux faire... ? pense Link, de plus en plus inquiet, le coeur s'affolant.

* * *

Debout, les bras croisés sur le balcon, Link fixe longuement la grande montagne de Lanelle, le sommet atteignant presque le ciel du crépuscule. Ne sachant plus quoi faire, il reste pensif.
- Ah vous voilà ! Ça fait une bonne heure que je vous cherche ! s'exclame soudainement une voix féminine assez enthousiaste derrière lui.
Intrigué, Link se retourne avant de remarquer une Zora à l'écaille rouge et blanche. Les yeux bleus, son regard montre de la bienveillance. Elle porte de longues boucles d'oreilles en forme de coquillage rose ainsi qu'une robe bleu ciel à épaules nues. Sa beauté est à la fois resplendissante et mystérieuse.
- Je... je peux faire quelque chose pour vous ? interroge Link, étonné qu'une Zora lui adresse la parole.
- Je voulais vous accueillir comme il se doit. Je suis la future reine Kairi, et c'est mon devoir de vous souhaiter la bienvenue car j'imagine qu'Azul ne vous a pas très bien accueilli...
A nouveau, Link se retourne vers le paysage avant de lui répondre :
- Hum... vous pouvez le dire. Apparemment, le héros a commis une faute assez grave... Mais ça n'a pas d'importance. Ce qui compte, c'est de sauver l'esprit de Lanelle et de libérer le sage.

Kairi lève les yeux au ciel, avant de s'approcher de lui. Ainsi, elle ajoute :
- Je suis désolée, Link... N'en veuillez pas trop à Azul. Il a eu une vie assez difficile. Je ne vous demande pas de le plaindre ou d'éprouver de la pitié à son égard bien sûr. Mais lorsque son père a rendu son âme il y a quelques mois, il est monté sur le trône avec contrainte. En tant que jeune Roi, il éprouve des difficultés à gagner la confiance de son peuple. Notamment depuis l'incident au temple de l'eau...
- Jeune Roi... ? s'interroge Link en laissant la curiosité l'envahir.
- Cent dix-ans... Mais ce n'est pas un âge mûr pour un Zora. C'est pour cela que nous ne pouvons pas nous marier. Il doit prouver qu'il peut être un bon Roi à son peuple. C'est pourquoi, dès qu'il y a un obstacle, il brave les dangers pour le prouver et surtout pour recevoir la bénédiction royale aux yeux de notre peuple. C'est ce qu'il a fait lorsqu'il a su que l'esprit de Lanelle a commencé à souffrir... Miphalia aurait dû être la Reine du domaine. Mais à cause du devoir du sage, la responsabilité est revenue à Azul...
- Mais alors, pourquoi il éprouve autant de mépris à mon égard ? Suis-je un obstacle aussi ?
Kairi croise ses mains et lâche :
- Le héros, porteur du courage, a causé la mort de notre reine il y a un siècle.

Horrifié par cette révélation, Link n'ose pas se retourner vers la Zora.
- La défunte reine était une Zora exemplaire. Elle était attentionnée et partageait le pouvoir de la royauté avec le Roi. Je l'admirais tant ! Mais lorsque le héros est entré dans le temple de l'eau pour détruire la créature qui faisait souffrir le peuple Zora en emprisonnant l'esprit de Lanelle, la Reine s'est sacrifiée en maintenant la barrière afin qu'il puisse rentrer à l'intérieur... Quand il a réussi à défaire l'hideuse créature et qu'il est revenu au domaine sans la Reine en annonçant la triste nouvelle, Azul hurlait de douleur en promettant au héros que quoi qu'il arrive, il le détesterait. Il ne le vénéra jamais comme les autres Zoras, qui étaient au courant de l'intention de la Reine. Notamment le Roi et Miphalia qui avaient réussi à supporter le deuil avec beaucoup de chagrin...
- Ce héros a fait ça... ? Mais... vous n'êtes pas en colère contre celui qui vous a pris celle que vous avez tant admirée... ? demande Link, la gorge serrée, mal à l'aise.
- Non car ce jour-là, lorsque le héros a écouté la colère d'Azul, j'ai remarqué de la tristesse et un profond regret dans ses yeux. Il semblait souffrir terriblement... Un peu comme vous en ce moment. Vous êtes inquiet pour Dame Zelda mais vous ne pouvez pas l'empêcher... Tout comme Azul qui n'avait pas réussi à empêcher sa mère de commettre cet acte qui lui a coûté la vie...

Les mains tremblantes de Link empoignent la rambarde.
- Mais alors pourquoi il accepte finalement que Zel... Hum... Que Dame Zelda le fasse... ?
- Parce qu'elle n'est pas une Zora. Elle a un pouvoir qui lui permet de désactiver une barrière à tout moment. Oui, les risques sont là, mais même si Azul est inquiet pour elle, il veut tenter la chance car il arrive à croire en elle, répond Kairi avec un doux sourire.
- Croire en quelqu'un qui veut jouer avec sa vie ? Ça sera difficile pour moi de le faire... C'est peut-être très égoïste de ma part d'avoir autant peur pour elle...
- Non. Ce n'est pas égoïste d'avoir peur pour une personne à qui vous tenez. Rassurez-vous tout de suite. Moi aussi j'ai eu terriblement peur pour Azul au point que je l'ai empêché de traverser la barrière électrique... J'ai surtout peur pour Miphalia pour laquelle je prie chaque jour pour son salut... Ce n'est pas parce que je vais devenir Reine et que vous êtes la réincarnation du héros, que nous devons penser sans cesse à nos devoirs en oubliant nos sentiments. Mais s'il y a bien une chose que je souhaiterais vous demander : sauvez Miphalia de sa souffrance... Je vous en conjure...
Ainsi Kairi s'incline par respect. Bien que les paroles soient très réconfortantes, Link baisse les yeux avec un sourire attristé. Est-ce que ses précédentes incarnations ont eu également la même pensée ? Sûrement puisque le symbole du courage ne peut être détenu que par un être.

* * *

A l'heure du crépuscule, Zelda est assise devant le lac dans le petit jardin à l'arrière du domaine Zora. De nombreuses colonnes entourent le lieu. Dans un coin, se trouve une statue majestueuse d'Hylia. Après qu'Azul lui ait expliqué le plan, elle se prépare mentalement. Il est vrai que la peur est présente. Malgré cela, elle ne veut pas flancher. Afin d'oublier son angoisse, la flûte dans les mains, elle joue la mélodie qui berce harmonieusement son coeur. Finalement, malgré l'hésitation, Link la rejoint. Peu à l'aise, il s'incline avant que Zelda ne remarque finalement sa présence, interrompant la petite composition.

- Votre Altesse... Puis-je vous parler... ? demande calmement Link.
- A condition que tu arrêtes de me vouvoyer Link..., répond Zelda avec un sourire nerveux. Même devant le Roi Azul, tu pouvais le faire...
- Je ne me permettrais pas. Je ne veux pas que votre... Hum... Que ta royauté soit souillée...
Tristement, Zelda détourne le regard, les yeux rivés sur son reflet dans l'eau.
- A propos de ce qui s'est passé il y a quelques heures, Link, je tenais à m'excuser pour ma sévérité à ton égard... Je peux comprendre que tu t'inquiètes mais ça ira... Je m'en sortirai et...
- Alors pourquoi tu ne me le dis pas droit dans les yeux si c'est vraiment le cas... ? demande calmement Link.
Silencieuse, elle ne lui répond pas.
- Je sais que je me suis montré égoïste tout à l'heure. Moi aussi, je m'inquiète pour le sort des terres de Lanelle... Mais il ne faut plus que tu prennes tout sur ton dos..., ajoute Link en espérant lui faire entendre raison.
- Mais pourtant, c'est ce que tu as fait pour le dragon d'Ordinn. Tu n'as pas hésité une seule seconde à y aller.
- Et je n'ai pas regretté. Oui, ça a été difficile sur le coup, répond Link en repensant à l'arène du volcan. Mais j'ai réussi à survivre... Tout comme toi et moi avons réussi à ressortir vivants du temple de la forêt. Mais cette fois-ci, c'est beaucoup trop dangereux. Je ne peux pas te laisser encourir de tels risques. Pour t'avouer la vérité, si je m'étais douté qu'une situation de ce genre arriverait, j'aurais accepté la proposition d'Impa.
- Pour que je retourne au château enfermée comme un oiseau dans une cage en épousant un homme qui m'effraie plutôt que d'essayer de sauver mon peuple... ? demande Zelda d'une voix fragile.
- Au moins, même si cette décision aurait été triste à prendre, je me serais réconforté en me disant que tu serais en sécurité pendant que je m'occuperais de l'esprit de Lanelle... Après tout, j'ai compris depuis peu que, peu importe ma vie d'antan, je ne peux pas m'écarter de mon rôle, étant donné que le destin me l'impose de force...
Zelda se mord les lèvres avant de se retourner vers son ami pour répliquer :
- Alors autant que tu me laisses essayer pour l'esprit de Lanelle. De toute façon, tu dois respecter l'ordre que je t'ai donné !

Link tique, ne supportant plus l'autorité plus que facile de Zelda.
- C'est vrai. Je me dois de t'obéir et de satisfaire tes caprices de princesse gâtée, peu importe les risques ou mes paroles qui ne possèdent pas les mêmes valeurs que les tiennes. Mais moi aussi, je peux être têtu..., répond Link d'un ton froid, le regard poignant. Et si je veux protester, c'est parce que je ne veux pas que tu meures...
Stupéfaite par ces paroles, Zelda écarquille les yeux et le fixe longuement. En se rendant compte à quel point Link s'est attaché à elle au point de prononcer de telles phrases, elle sent une chaleur réchauffer son coeur. Tristement, elle esquisse un sourire en levant la tête au ciel.
- C'est en me disant ça que... cela me donne plus de courage pour réussir à briser la barrière.
Conscient que Zelda gardera sa détermination, Link serre ses poings, n'arrivant plus à garder son sang-froid.
- Parfait ! Si tu veux jouer avec ta vie à ce point-là, je ne t'empêcherai plus ! Je ne vais pas passer la nuit à te convaincre ! Comme un imbécile de soldat, j'obéis aveuglément à ton testament et on n'en parle plus ! rétorque froidement ce dernier après avoir laissé éclater sa colère.

Sur ces paroles, Link tourne les talons et quitte précipitamment le jardin. Regrettant soudainement ses paroles après avoir laissé la peur parler à sa place, son regard s'assombrit. Il veut tant faire demi-tour et lui demander pardon. Mais mal à l'aise, il n'ose pas. De son côté, Zelda pose la main contre son coeur, attristée par le malentendu qui s'est déroulé avec Link. Dans l'ombre, derrière une colonne en pierre, Azul a assisté à la scène, loin d'être indifférent.

Chapitre 16 : Le temple de l'eau   up

À la tombée de la nuit, alors que les reflets de la lune touchent la surface, Link, Zelda et Azul se tiennent au bord du lac Hylia, entouré par d'imposants cèdres qui amplifient l'atmosphère forestière. De l'extérieur, il paraît si paisible. Anxieuse mais calme, la jeune femme garde sa résolution. Malgré le danger dans les profondeurs du lac, les lucioles dansent dans le ciel.

- Grâce à ces lucioles qui volent sans cesse dans la nuit au-dessus du temple, il vous sera facile de vous repérer. Lorsque vous verrez les lumières vous éblouir, vous devez impérativement vous arrêter et briser la barrière... Une fois ceci fait, Link et moi entrerons à l'intérieur du temple. Quant à vous, vous remonterez à la surface... récapitule Azul en regardant la princesse de dos. Je préfère vous demander encore une fois : est-ce que vous êtes prête à prendre ce risque ?

En s'efforçant de taire la pénible envie de protester encore une fois, Link serre ses poings, les yeux baissés. Bien qu'il ait accepté cette idée contre son gré, l'inquiétude le tourmente sans cesse. Le simple fait d'imaginer la mort de son amie le terrifie. Zelda ignore ouvertement la réaction de son allié, les yeux posés sur le lac.
- Oui. Je le suis. Après tout, j'y arriverai, répond-elle avec optimisme au roi Zora.

Impressionné par le courage de la princesse, Azul lui adresse un sourire mélancolique. Il prend délicatement son poignet avant de lui attacher un bracelet à la peau d'écaille de dragon. Malgré le froid qui fait grimacer légèrement Zelda, une sensation douce envahit ses poumons.
- Grâce à ce bracelet, vous ne manquerez pas d'oxygène...
- Merci, remercie la jeune princesse.

Puis, elle se tourne vers Link. Rien que de penser à ses dernières paroles, elle sent une douleur cogner dans son coeur envahi par la tristesse. Malgré cela, elle s'efforce de lui sourire avec tristesse.
- Tout ira bien... Je suis solide !
Surpris que la princesse ne lui montre aucune rancoeur, Link la fixe avec un air poignant. Il détourne son regard avant de lui répondre :
- Alors si c'est le cas... Je compte sur vo... sur toi pour que tu reviennes ici dès que ce sera terminé.

Confiante, Zelda approuve de la tête. Ainsi, elle tourne les talons avant d'avancer droit devant elle. En inspirant un bon coup, les yeux rivés sur les lucioles dansantes, elle s'élance et plonge dans le lac, laissant Link et Azul dans l'inquiétude. Par réflexe, l'Hylien s'approche aussitôt du bord et tente désespérément de la repérer, tandis que le Roi Zora parvient à conserver son calme. Dans les profondeurs, bien que l'obscurité ne la rassure pas, Zelda parvient à repérer le temple, illuminé par la lueur des lucioles qui volent inconsciemment au-dessus du lac. En se référant à elles, la princesse s'approche tout doucement. Mais alors qu'elle franchit la ligne limite, de nombreuses étincelles commencent à se manifester.

Aussitôt, elle recule en constatant de ses propres yeux le danger en face d'elle. La main tremblante posée sur son cou pour se calmer, elle ferme ses paupières. Oui, la peur de mourir coule dans ses veines et paralyse même certains membres de son corps. Mais en pensant à son devoir de protéger le monde, peu importe le risque, la princesse d'Hyrule lève la tête et tend finalement la main vers la barrière. Le fragment brille au moment où les étincelles touchent sa main. Ainsi, une lumière dorée jaillit du lac. Fou d'inquiétude, Link lâche un cri d'effroi, le bracelet déjà attaché à son poignet gauche.

- Nous pouvons y aller ! L'heure a sonné ! s'exclame le Roi Azul avant de plonger.
Au même moment, Zelda se tient immobile. En maintenant la barrière dans sa main droite, elle grimace de douleur. Alors que Link s'approche de cette dernière, Azul le retient par le bras.
- Link ! Rentre vite dans ce temple ! Une fois à l'intérieur, désactive la barrière ! Le levier se trouve à l'entrée ! Ne tarde pas ! De mon côté, je vais veiller sur la Princesse et je te rejoindrai ! ordonne Azul avec assurance malgré l'anxiété qui se lit dans ses yeux.

En posant son regard sur Zelda, Link acquiesce sans aucune protestation. Sans tarder, il traverse le long couloir du temple. La barrière disparue, il ne rencontre aucune difficulté à pénétrer à l'intérieur de ce lieu sacré. Avec facilité, il arrive à l'entrée en remontant à la surface. Hélas, il constate avec effroi un grand bloc de glace : tiré dans la direction gauche, le levier du mécanisme se trouve à l'intérieur. De longs câbles rouges descendent le long du mur et semblent être en conflit. Mais soudainement, les étincelles se manifestent à l'entrée. En reculant hâtivement, Link constate avec anxiété que la barrière émerge brutalement des alentours du temple dans l'eau. Au même moment, n'ayant plus aucune force, Zelda s'évanouit dans les bras d'Azul.

- Link ! s'exclame le Zora, les yeux rivés sur le temple.
- La barrière ! répond Link, la voix audible grâce à l'écho. Elle....
- Ne t'en fais pas ! Zelda s'est seulement évanouie... Elle est vivante ! Et pour le levier ?
- Il n'y a rien à faire ! Il est bloqué par un bloc de glace ! Je n'ai rien pour le faire fondre ! réplique Link ne parvenant pas à calmer sa frustration.
Azul tique en prenant le temps de réfléchir. Finalement, il lui dit :
- Si tu parviens à accéder au fond du temple, tu trouveras la flamme bleue ! Elle a le pouvoir de décongeler tout et n'importe quoi !
- D'accord.

Bien que la situation ne plaise guère à Link, il n'a pas d'autres choix que d'avancer. L'architecture, aussi vaste soit-elle, est sinistre. Les murs sont en pierres. Seule l'eau semble apporter de la pureté grâce à sa clarté. En entrant dans le hall, il remarque une fois de plus les statues d'Hylia. Seulement, elles sont toutes congelées. Grelottant de froid, Link s'efforce de rester en mouvement. Il ne doit surtout pas se laisser succomber à l'hypothermie.

Ainsi, il avance jusqu'à ce qu'il remarque, au milieu de la seconde salle, un nouveau bloc de glace. Il constate avec épouvante la présence d'une Zora, prisonnière à l'intérieur. Le haut de son corps penché à l'arrière et les yeux fermés, elle a l'allure d'une statue à la fois sinistre et majestueuse. En effet, sa beauté est à couper le souffle. L'écaille rouge et blanche et le corps efféminé, ses mains sont croisées sur son torse. Link s'approche d'elle et la regarde avec horreur.
"La... soeur d'Azul... La pauvre...", pense-t-il, attristé par son sort.

Soudainement, il entend des bruits surgir derrière lui. Deux statues de glace aux yeux rouges clairvoyants, à l'allure d'un diable, avancent en direction de Link avant de lâcher leur souffle surpuissant. Le jeune homme a évité l'attaque à temps et un pot au sol s'est congelé sous ses yeux. Comprenant avec impuissance ce qui est arrivé à Miphalia, il s'empare de son grappin avant de tracter la chaîne en direction de l'oeil, qui semble être le membre le plus fragile de la statue sans coeur, sûrement possédée par un esprit néfaste.

L'oeil frappé avec brutalité, le premier ennemi se brise en plusieurs éclats. Alors que deuxième est sur le point de lâcher un souffle surpuissant, Link se retourne sans tarder et effectue la même attaque. Mais au moment où la chaîne touche l'oeil rouge, tuant instantanément la statue, son souffle de prédilection s'est échappé à temps. Désormais, la chaîne est prisonnière dans un long bloc de glace, laissant Link interloqué.
- Malédiction ! Ce n'est pas vrai ! râle-t-il en le tenant dans ses mains malgré le froid qui le fait claquer des dents.

Il ne peut ni la tracter, ni la ranger. L'angoisse le saisit à l'estomac. Son équipement le plus pratique, qu'il pouvait même utiliser avec facilité sous l'eau, est à présent inutilisable. Il attache la pointe, hors du bloc, autour de sa ceinture, refusant de le jeter. À présent plus vulnérable, l'Hylien laisse à contrecoeur Miphalia à son triste sort avant de partir à la recherche de la mystérieuse flamme bleue, brûlant d'espoir. Une fois de plus, à sa droite, il replonge dans l'eau afin de continuer son exploration. Puis, en levant la tête au plafond, il remarque que le niveau de l'eau est plus bas que d'habitude.

Avec méfiance, Link remonte en respirant à nouveau l'air. Peu habitué à respirer avec le pouvoir du bracelet, il a désormais tendance à lâcher des bulles d'oxygène à cause des effets. Trempé jusqu'aux os, il remarque au loin une nouvelle salle, hors de l'eau. En prenant le temps de souffler pendant quelques secondes, il monte la paroi avant de s'y engouffrer. Une fois de plus, trois statues de glace semblent l'attendre. Agressives, elles s'approchent, prêtes à souffler sur le nouveau venu. Désormais, le jeune homme s'empare de son arc et tire à toute hâte en visant leurs yeux. Mais lorsqu'il s'apprête à décocher la flèche pour le dernier, la corde de son arme se brise.
- Roh ! Mais bon sang ! s'exclame-t-il avec un air dépité.

Sans aucun scrupule, la statue s'approche de lui pour le congeler. N'ayant pas d'autres choix que de l'attaquer au corps à corps, Link s'empare de son épée en serrant les dents. Agressivement, le combattant accourt. Au moment où la statue lâche son souffle surpuissant, il esquive en effectuant une roulade. Le bout de sa coiffe verte congelée, il grimace, exaspéré par cette malchance qui continue de le frapper malicieusement au mauvais moment. Ses yeux bleus montrent de l'anxiété. Mais en repensant à tout ce qu'il a bravé comme danger, depuis qu'il est entré dans ce temple, il reprend son souffle confiant.

Grâce à sa rapidité, alors que la statue lâche encore une fois de plus son attaque le condamnant à un douloureux et long trépas, Link se jette et se glisse en dessous. Une fois près de la statue, il soulève son épée en l'air en transperçant l'oeil. En lâchant un soupir de soulagement, l'épéiste prend quelques secondes de répit. La pointe de sa coiffe verte congelée, il enlève finalement son couvre-chef.
"D'abord le grappin, l'arc et ensuite le bonnet... J'en collectionne..." pense-t-il, dépité par la malchance.

Mais les yeux rivés sur l'arc, il repense à Zelda en espérant qu'elle va bien. Calmement, il monte les escaliers avec méfiance. Une fois au premier étage, il distingue au loin une fontaine en pierre : la flamme bleue danse vivement malgré les blocs de glace dans la salle. Aussitôt, Link s'approche. Désirant vérifier le pouvoir de la fontaine, il approche la chaîne de son grappin. Instantanément, le bloc fond à son grand soulagement. Avec un regard illuminé par l'espoir, il fait de même pour le bout de sa coiffe avant de la remettre sur ses cheveux trempés. Sans tarder, il sort le flacon avant de l'ouvrir. Avec prudence, il l'agite pour récolter une partie de la flamme éternelle. Aussitôt, il fait marche arrière.

* * *

Arrivé dans le hall, il se dirige vers le bloc de glace qui emprisonne Miphalia. En retenant son souffle, il ouvre le couvercle et libère la flamme bleue qui consume la glace avec facilité. Alors que la lueur brille et que la glace fond, Link recule en espérant que cela suffira. Le corps désormais délivré, la Zora tombe aussitôt au sol. L'Hylien accourt dans sa direction et l'aide à se relever.

- Princesse Miphalia ! Vous allez bien ? s'inquiète-t-il.
En entendant la voix de Link, Miphalia ouvre ses yeux dorés. Affaiblie, elle le regarde fixement.
- Vous... vous êtes... ? demande-t-elle d'une voix douce.
- Link, répond calmement son interlocuteur.
- Link... comme le héros qui a sauvé notre peuple il y a un siècle... Quelle étrange coïncidence... Même si mon corps a été endormi, ma conscience est restée éveillée... Je ne pouvais pas parler ni même pleurer... Merci... Merci du fond du coeur de m'avoir sauvée, déclare Miphalia en lui adressant un sourire reconnaissant.
Étonné que la Zora ne l'accuse pas comme Azul, Link ne sait pas quoi dire.
- A... Azul... Est-ce qu'il va bien ? demande-t-elle en croisant ses mains, encore engourdies par le froid.
- Oui. Votre frère et Kairi vous attendent... Ils s'inquiètent énormément pour vous, répond Link.

Miphalia essaye de marcher en posant la main sur son front.
- Il faut à tout prix... que j'aille voir l'esprit de Lanelle... Il a besoin de mon pouvoir de guérison...
- Non, vous devez sortir ! Je m'occuperai de lui et...
- Sans moi, vous ne pourrez pas briser le sceau que j'ai placé devant son antre. Et s'il vous plaît : n'actionnez pas le levier. Sinon Azul et Kairi rentreront ici... Je ne veux pas qu'il leur arrive un malheur... Accompagnez-moi seulement jusqu'à son antre.

En ayant l'impression de revivre la même scène qu'avec Zelda, contraint d'obéir et de respecter, Link jure allégeance.
- Qu'il en soit ainsi, princesse Miphalia...
Reconnaissante, la Zora lui sourit. Même si elle se sent encore dans les vapes, elle se dirige vers sa droite. Avec résolution, elle pose la main sur le mur, révélant un sceau. Dans un bruit strident, le mur s'écarte avant de libérer un passage secret.
- Nous pouvons passer par-là, annonce calmement la Princesse Zora.
Le jeune homme approuve de la tête avant de la rejoindre, prêt à apaiser la souffrance du dragon de Lanelle.

Chapitre 17 : L'esprit du passé   up

Dans les profondeurs du temple de l'eau, Link et Miphalia continuent de descendre. Mais au fur et à mesure, ils sentent une certaine force les repousser avec hargne.
- Ce courant... c'est le dragon de Lanelle... Il ne veut pas que nous nous approchions, informe Miphalia en s'arrêtant, la tristesse immergée dans ses yeux.
Ne pouvant lâcher que des bulles, incapable de prononcer un traître mot, Link la regarde fixement. Néanmoins, il décide d'avancer avant de se retourner vers la Zora avec résolution. Il lui approuve de la tête pour confirmer une nouvelle fois sa détermination. Hésitante, Miphalia ferme les yeux en sentant sa gorge se nouer par une peur incessante. Décidée, elle le rejoint. Ne pouvant plus reculer, l'Hylien et la Zora continuent de descendre le long couloir en pierre.

Ainsi, ils arrivent dans une grande salle ressemblant à une arène. Au centre, un dragon à l'écaille bleue et blanche, a son corps fin emprisonné dans un bloc de glace. Seule sa tête se trouve à l'extérieur. L'une des deux cornes est brisée, tandis que ses yeux bleus montrent une souffrance épouvantable. Sensible devant le calvaire de l'esprit, Miphalia s'approche avant de lui caresser sa tête.
- Lanelle... Pardonne-moi..., murmure-t-elle en laissant couler une larme. Pardonne-moi d'avoir mis autant de temps... Nous allons... abréger tes souffrances...

Horrifié, Link a un mouvement de recul, ne s'attendant pas à une telle déclaration prononcée avec déchirure. Le regard incompréhensif, il s'approche de la Zora à la recherche des réponses à ses questions les plus affolantes. Les yeux humidifiés par ses larmes, Miphalia lui adresse un triste sourire.
- Link... Nous ne pouvons rien faire de plus. S'il te plaît, donne-moi la flamme bleue pour que je libère son corps... Il faut tuer le parasite collé sur sa poitrine : mettre fin à sa vie... Même si le dragon meurt, les terres de Lanelle ne vont pas mourir... Donc, je te demanderai de m'aider et de croire à mes paroles...

Ne voyant pas d'autres solutions alternatives, bien que l'état du dragon de Lanelle lui soit insupportable à regarder, Link approuve finalement de la tête avec un regard poignant. Les yeux baissés, il lui remet ainsi le flacon. En regardant fixement la flamme bleue dansante à l'intérieur, Miphalia s'approche du bloc de glace avant de le brûler. Le corps du dragon à présent délivré, l'esprit de Lanelle hurle soudainement de douleur. En effet, un parasite violet, l'oeil rouge en plein coeur, s'éveille. De grands tentacules de pieuvre assez épais sortent de ses écailles. Epouvantée, Miphalia recule en croisant ses mains.

Malgré la tristesse, elle les tend dans sa direction pour tenter de l'affaiblir, envahie par une lumière blanche. Alors que l'esprit de Lanelle, devenu incontrôlable, s'apprête à la tuer, Link s'interpose en éraflant le large museau du dragon. Le sang coulant, l'esprit déchu recule en secouant la tête. En sortant le grappin, l'Hylien sent la panique serrer son coeur. Il est loin d'être insensible devant la souffrance de Lanelle qui gémit toujours de douleur. Tout à coup, les tentacules se dirigent dans sa direction. Aussitôt, Link lance sa chaîne qui entoure le premier tentacule levé en haut.

Alors que Miphalia continue de prier, de plus en plus éblouie par la lumière de son pouvoir sacré, l'élu brandit l'épée et tranche les tentacules avec violence, causant encore plus de souffrances à l'esprit. Brutalement, l'un d'entre eux plaque violemment Link contre le mur en pierre. Sonné par ce coup violent à la tête, il a du mal à se ressaisir dans l'immédiat. Hâtivement, le dragon s'approche et s'apprête à le tuer grâce à ses grands crocs. Ne pouvant rien faire, Link ne bouge toujours pas et se sent vulnérable en pensant que sa vie touche à sa fin. Subitement, au dernier moment, l'esprit s'arrête, figé désormais comme une statue. En ouvrant doucement les paupières, Link pose désespérément ses yeux sur le dragon déchu. Devant lui, Lanelle se tient immobile et essaye de garder le contrôle de sa conscience envahie par sa folie meurtrière. Les yeux montrant de l'humanité, elle couine de douleur. Soudainement, un canon de lumière se dirige vers le dragon et immobilise son corps.

- Maintenant, Link ! Il faut que tu le fasses ! hurle Miphalia, les mains tendues à l'avant.

Avec tristesse, Link descend légèrement et s'approche de l'oeil au coeur du parasite. En sortant une nouvelle fois son épée, il plonge une dernière fois son regard dans celui de Lanelle. Désemparé à l'idée de devoir le tuer, il ferme les yeux avant de donner le coup final. La lame transperce l'oeil avant de toucher le coeur, tuant instantanément l'esprit qui laisse couler une larme avant de lâcher un dernier hurlement de douleur. Soudainement, Miphalia éclate en sanglots, très affectée par la mort de Lanelle, tandis que Link détourne son regard et descend jusqu'au sol. En sentant ses mains souillées, il tremble. Ainsi, le dragon s'écroule et se dissout une bonne fois pour toutes. Seul le parasite s'échappe lâchement en agonisant, devenu à présent un pantin. La mort dans l'âme, l'épéiste range son arme et s'approche de la Zora qui pleure à genoux.

- Link... Merci..., remercie Miphalia, la voix tremblante. Merci de l'avoir libéré... Maintenant, ma mère va enfin pouvoir se reposer en paix dans l'au-delà...

Abasourdi par ces paroles, Link ouvre grand la bouche et ses yeux s'horrifient. Tremblant en constatant qu'il a tué de ses propres mains la mère d'Azul et Miphalia, lui qui a été accusé d'avoir provoqué sa mort dans sa précédente vie, il sent une horrible douleur lui saisir au coeur. La tête levée, le visage sué par ses larmes, Miphalia lui sourit tristement, devinant avec facilité les tourments de l'Hylien.

- Oui : les sages ne servent pas qu'à protéger l'esprit. Ils sont avant tout destinés à en devenir un si ce dernier meurt. Tout comme ça a été le cas pour ma mère... Elle n'a pas été tuée à cause de cette barrière électrique.
Bouleversé par cette soudaine révélation, Link l'écoute avec stupeur.
- Il y a un siècle, un Hylien l'a accompagnée... Tout comme toi qui m'as accompagnée jusqu'ici... L'esprit de Lanelle a été accidentellement tué lors de la confrontation, poussé par une folie meurtrière... Et, pour protéger les terres et le peuple Zora de la haine de Ganon, ma mère s'est sacrifiée et est devenue l'esprit de Lanelle après avoir chanté le chant des sages. Cependant, sa conscience et ses souvenirs sont restés intacts. En tant que sage, je le savais et j'arrivais à communiquer avec elle. Azul, dont son sang du sage n'a pas été éveillé, ne pouvait pas comprendre. Mon père et moi lui avions caché la vérité pour qu'il ne prenne aucun risque en se rendant dans ce temple, qui est sans cesse attaqué par les créatures qui veulent atteindre la source... Exactement comme les deux autres temples. Et on a continué à lui mentir...

Miphalia se lève et s'approche du milieu de la salle avant de poursuivre :
- Oui. C'était un acte odieux de notre part. Mais on l'a fait pour protéger Azul et surtout, pour lui épargner de la tristesse si ce même sort m'arrive un jour... Et finalement, c'est arrivé bien plus tôt que prévu... Lorsque je deviendrai la nouvelle dragonne de Lanelle, grâce au pouvoir de mon père dont j'ai hérité et au sang de ma mère, je maintiendrai à vie la barrière pour que l'histoire ne se répète plus jamais. Et pour que la progéniture d'Azul et Kairi, si le sang du sage s'éveille en elle, ne connaisse pas cette triste vie, incombée par la lourde responsabilité en tant que sage. Donc, je t'en conjure Link, lorsque tu sortiras du temple, tu pourras dire à Azul que je suis morte et que l'esprit de Lanelle est à présent hors de danger ?

Le regard poignant, Link fait signe que non de la tête. Il s'approche d'elle pour protester, frustré de ne pas pouvoir sortir sa voix déchirée par la forte émotion qui s'accapare de lui. Peu à peu, il commence à mieux comprendre le cruel sort des sages. Le dragon au premier temple n'était nul autre qu'un Korogu qui a donné sa vie pour en devenir un. Le sage au volcan d'Ordinn s'était sacrifié, en tentant de sauver le dragon au péril de sa vie. L'esprit d'Ordinn était sûrement un proche pour lui. Un fils comme avait évoqué l'esprit. Le schéma se répète à nouveau pour le temple de l'eau.

- Ne t'inquiète pas. Tout se passera bien. Même si j'ai un peu peur, au moins, le fait de t'avoir vu me rappelle mon premier amour... Rien que cela me donne du courage. Le héros était loin d'être prétentieux et pitoyable... Avec moi, il... il était gentil et courageux mais il souffrait énormément... Je ne l'ai jamais oublié après toutes ces années... Jamais.

Surpris, Link la regarde fixement. Les larmes aux yeux, Miphalia pose la main contre sa poitrine pour calmer ses sentiments les plus forts.
- Allez, tu ferais mieux de partir. Dès que tu désactiveras la barrière pour sortir, je l'activerai de nouveau et je resterai ici à tout jamais. Sois prudent... Et surtout, merci d'avoir sauvé ma mère... Sache que tu ne l'as pas tuée... Tu l'as sauvée.

Avec beaucoup de tristesse, l'Hylien ne sait plus quoi faire. Mais conscient qu'il n'y a pas d'autres solutions et qu'un être ne peut être dévié de son destin, il finit par quitter la salle avec déchirement. Même s'il sent son coeur se saigner, il ne se retourne pas. Seule dans la salle, Miphalia lève la tête au plafond en sortant une lame, appuyée contre la poitrine.
- Azul... Kairi... Soyez heureux... murmure-t-elle d'une voix fragile.
Pendant que Link quitte hâtivement le temple avec remords, un chant sacré résonne.

* * *

Au bout de plusieurs minutes, la barrière électrique se dissipe une bonne fois pour toutes une fois que Link a actionné le levier. Ainsi, il sort de l'eau en lâchant une bulle d'eau par réflexe. En sentant un rayon du lever du soleil se poser sur son visage, il ouvre les yeux en regardant autour de lui.
- Link ! s'exclame Zelda au bord.

Aussitôt, il se retourne avant de la remarquer aux côtés d'Azul. Debout sur ses jambes, la jeune femme le regarde avec inquiétude. Soulagé de la revoir, Link s'approche hâtivement à la nage. Silencieusement, Azul le regarde sans voix, étonné par l'accomplissement de la réincarnation du héros qu'il avait tant méprisé.
- Link ! Est-ce que tout va bien ? demande Zelda en l'aidant à remonter.
Il approuve de la tête et enlève le bracelet d'écaille qui commence sérieusement à serrer son poignet rougi. Calmement, il lève la tête en posant son regard sur Azul, ne supportant pas de faire taire plus davantage l'annonce.
- Votre Majesté... Votre soeur Miphalia est... est morte... Je suis... désolé, déclare finalement Link d'une voix mélancolique en baissant la tête. Je... je n'ai pas réussi à la sauver...

Figé, Azul essaye d'encaisser le choc le plus silencieusement possible. Il finit par se retourner, comme s'il veut cacher la soudaine tristesse dans ses yeux. Silencieusement, Zelda reste auprès de Link. Ne sachant pas quoi dire, elle fixe son ami, à la fois soulagée de le retrouver mais attristée par la nouvelle.
- Si... si vous éclatez votre colère envers moi, alors faites-le... Je le mérite... Après tout, mon ancêtre a bien condamné votre mère à une terrible souffrance contre son gré... Aujourd'hui, l'histoire s'est répétée pour moi et votre soeur...

Azul ne se retourne pas et croise ses bras, les épaules tremblantes. Il lève la tête au ciel et reste figé. Link baisse les yeux, ne sachant plus quoi dire ou faire. Soudainement, il pousse un cri d'effroi en sentant une chose visqueuse s'agripper à son pied droit, venant tout droit des profondeurs. Le regard horrifié, il perd l'équilibre et se fait emporter sous les yeux écarquillés de Zelda. Azul se retourne instantanément. Au dernier moment, la princesse retient l'épéiste en empoignant ses mains, agenouillée.
- Link ! s'exclame-t-elle avec affolement, bien qu'elle ait du mal à le retenir.

Cependant, Link grimace de douleur. En sentant quelque chose le tirer de force vers les profondeurs, le corps à moitié dans l'eau, il essaye de résister. Soudainement, Zelda remarque qu'un tentacule entoure le pied de ce dernier et tente de le noyer. En gémissant de douleur, Link ressent à nouveau la peur qu'il avait connue avec violence à l'arène de feu lorsqu'il avait failli tomber dans le lac de lave. Le coeur cognant contre sa poitrine, il lâche les mains de la princesse avant de se faire entraîner dans les profondeurs.
- Link ! Non ! hurle Zelda en lui tendant la main.

Désespérément, alors que Link tend la sienne vers la surface, il coule à toute vitesse à cause du tentacule du parasite qui continue de le tirer jusqu'aux abîmes. Il sort son épée pour essayer de s'en défaire. Hélas, ne portant plus le bracelet de Zora après avoir commis la belle erreur de l'avoir enlevé trop vite, il cède à la panique en tentant de remonter à la surface. En vain... Epuisé, ses yeux se rivent peu à peu dans le vide de la mort avant que ses paupières se ferment pour de bon, le corps engourdi dans l'eau et la tête penchée en arrière. Sa main s'ouvre avant de lâcher pour de bon sa fidèle épée qui tombe dans l'obscurité. Mais aussitôt, Azul nage dans sa direction.

En sortant une lame, accrochée à sa ceinture, il coupe avec violence le tentacule. Le parasite hurle et remonte pour l'attaquer. Sur ses gardes, en tenant Link contre lui, le roi Zora pointe son arme en serrant ses dents. Alors que le parasite à l'oeil crevé s'apprête à l'attaquer grâce à son flair, il se fait aussitôt croquer par une créature encore plus imposante que lui. Sous le choc, Azul distingue un dragon à l'écaille rouge et blanc : l'esprit de Lanelle. Cependant, en croisant son regard, le Zora se sent étrangement familier avec l'entité protectrice. Ses yeux vert émeraude lui font directement penser à ceux de Miphalia. Calmement, le sage le regarde ainsi que Link pour la dernière fois. En poussant un hurlement à la fois enchanteur et impressionnant, l'esprit de Lanelle s'éloigne en nageant d'une façon élégante, laissant Azul stupéfait. Au même moment, à genoux, Zelda tente désespérément de les repérer. Enfin, le Roi Zora remonte la surface en portant l'élu sur son dos.

- Votre Majesté ! Link ! s'inquiète-t-elle.
Après être remonté, le Zora fait allonger Link au sol. Le corps inanimé, l'Hylien ne bouge plus et sa tête se penche vers la droite. Zelda accourt et s'agenouille à ses côtés.
- Link ! Tu m'entends ? Link ! Répond-moi ! panique Zelda en le secouant doucement pour le réveiller.

Hélas, aucune réponse. Puis, elle pose sa tête contre la poitrine de son ami. Avec horreur, elle constate que son coeur ne bat presque plus. Sans tarder, elle pose ses deux mains au centre du torse de son ami avant de procéder à un massage cardiaque. Impuissant, les yeux d'Azul se baissent.

- Link ! Allez, réveille-toi ! Ouvre les yeux ! Ne me laisse pas ! supplie désespérément Zelda, les yeux remplis de larmes.
Après avoir senti son coeur cogner avec violence contre sa poitrine, Link lâche un gémissement, suivi d'une quinte de toux. Avec beaucoup de mal, il ouvre finalement les yeux et remarque le visage affolé de la princesse.
- Zel... Zelda..., murmure faiblement Link.
Soulagée, Zelda reste figée, prise par une incroyable émotion. Instantanément, elle se jette dans ses bras. Etonné par un tel geste affectueux qui lui fait battre le coeur bien plus que le massage cardiaque, Link la serre doucement contre lui malgré le choc.
- Je suis désolé de t'avoir fait peur... s'excuse-t-il avec un sourire attristé.

Témoin de la scène, Azul lâche un sourire plus apaisé. En regardant une dernière fois le lac Hylia, il repense au dragon de Lanelle, apparu dans les profondeurs du lac, tel un miracle de la nature.
- Merci... Miphalia, murmure-t-il avec certitude.
Au même moment, la barrière du temple s'active à tout jamais, gardé par un esprit au coeur d'or qui a sacrifié son existence pour l'amour de son peuple.


Chapitre 2 de la légende :

La divine reine Zora sacrifiée, l'arrogance de l'élu s'effaça pour toujours, bien que les remords le torturèrent jusqu'à la fin de ses jours. La prêtresse commença à reconnaître le véritable héros, désormais capable de guider les fédéraux. Hélas, la lune de sang, l'héritage de l'entité sacrificielle, apparut afin de consumer l'immensité du ciel.

Chapitre 18 : La proie du doute   up

Dans la chambre d'ami au Domaine Zora, après s'être remis de sa mésaventure dans le lac Hylia, Link se tient debout à la rambarde. La mélancolie encore présente en lui, il essaye de la faire taire. Conscient qu'il n'avait pas d'autres choix que d'accepter la volonté de Miphalia, dévouée à son triste destin, il repense aux parcours du héros qu'il l'avait précédé. Un parcours si similaire... Soudainement, il entend quelqu'un frapper à la porte, interrompant ses pensées les plus tourmentées.

- Oui ? répond Link en se retournant.
Calmement, Azul entre. Étonné de constater que le Roi lui rend visite en personne, lui qui s'est montré hostile à son égard, l'Hylien garde son calme. En face de ce dernier, Azul le regarde fixement avant de s'incliner avec respect contre toute attente.
- Link... Pardonnez-moi. Je m'étais montré odieux envers vous.
De plus en plus stupéfait, Link le fixe, la gorge serrée.
- Je peux comprendre votre souffrance... Garder cette tristesse et cette rancune pendant de nombreuses années a dû être très difficile pour vous... s'exprime ce dernier, compréhensif.
Azul se lève et se dirige vers le balcon, le regard posé sur les montagnes enneigées de Lanelle.
- Oui, c'est sûrement très hypocrite de ma part de m'excuser... Mais lorsque mes yeux ont plongé dans ceux de cet étrange dragon, j'ai enfin compris le dénouement de cette histoire...
- Alors, pour Miphalia, vous êtes au courant ? s'étonne Link, ses mains empoignant la rambarde.
- Oui... Après tout, je parviens à lire l'esprit de ma soeur dans ses yeux, comme si c'était un livre ouvert. Le héros n'a jamais voulu sacrifier ma mère... C'était elle qui a choisi cette voie. Mais, à l'époque, je n'étais qu'un enfant capricieux et égoïste. Donc, j'ai prononcé les paroles les plus douloureuses pour le blesser par n'importe quel moyen, sans éprouver le moindre remord... Je lui ai souhaité de la souffrance et surtout la mort... Aujourd'hui, je regrette tant... Quand on commet un mal, on ne peut pas le réparer comme on soigne une plaie. Il faut accepter de vivre avec... Les regrets font partie de la vie, explique Azul en ouvrant son coeur. C'est pourquoi, je désire te léguer ma place de roi pour me faire pardonner.
Surpris par une soudaine proposition, Link se retourne, n'osant pas croire ce qu'il vient d'entendre.
- Votre place ? Mais je n'ai pas le profil pour et...
- C'est toi qui as sauvé mon peuple.
- Je le sais bien. Mais votre Majesté, c'est à vous de rester sur le trône. Peut-être que oui, vous éprouvez des remords. Mais je suis sûr que votre bienveillance et votre autorité protégeront le peuple que vous aimez tant. Tôt ou tard, vous arriverez à devenir un roi respectable et honorable à leurs yeux. Vous allez marquer l'histoire, tout comme vos parents et Miphalia qui ont cru en vous. Votre soeur avait la conviction que vous y arriverez, explique Link en ne souhaitant pas lâcher l'affaire.
Les paroles réconfortantes font esquisser un triste sourire sur le visage d'Azul. En repensant à ses parents ainsi qu'à sa soeur, il fixe le ciel avec un coeur plus léger.
- Finalement, tu n'es pas aussi niais que tu en avais l'air, constate-t-il d'une voix modulée. Tu n'as peut-être pas le côté râleur de ton prédécesseur, mais tu as un coeur bien plus grand. Si j'avais réussi à le connaître davantage, j'aurais su qui était vraiment le véritable héros.
Rassuré d'avoir réussi à s'entendre avec lui, Link regarde les montagnes de Lanelle, les cheveux dans le vent. Bien que l'histoire du défunt héros l'intrigue, il préfère penser avant tout à sa vie, croyant avoir réussi à sauver le monde d'Hyrule.

* * *

Une bonne heure plus tard, le peuple des Zoras s'est réuni autour du Roi. Link, Zelda et Kairi se trouvent parmi eux. Calmement, malgré le coeur qui s'affole en sentant le regard intrigué des Zoras se poser sur lui avec insistance, Azul inspire en bon coup. Même s'il sent l'hésitation le saisir, il reprend son assurance avant de déclarer :
- Si j'ai décidé de vous réunir cette fois-ci, ce n'est point pour me lamenter ou même vous supplier. Je suis conscient qu'en tant que jeune roi, j'ai beaucoup de choses à apprendre. Mon mépris envers le héros qui a sauvé notre domaine il y a un siècle était incompréhensible à une certaine époque... Mais en prenant enfin conscience de ses actes, même si je ne suis pas un roi aussi compétent que mon père, aussi généreux que ma mère et aussi doux que ma soeur, je veux tout de même continuer à vous protéger et devenir un roi exemplaire. Mon coeur est à présent ouvert et prêt à affronter n'importe quel courroux du mal.

Emue par cette déclaration, Kairi croise ses mains, tandis que les autres Zoras sont étonnés devant l'attitude à la fois calme et sincère de leur Roi. Azul retire l'épée royale de son fourreau et la lève au ciel.
- C'est pourquoi, au nom de mes proches et de mon peuple, je jure de reprendre le flambeau royal sans me larmoyer et sans éprouver la moindre peur ou haine envers les démons de mon passé !
Peu à peu, un rayon du soleil traverse le plafond pour toucher l'épée royale du Roi.
- La bénédiction royale... Celle qui désigne officiellement un roi... Elle est enfin là ! s'étonne Kairi avec un sourire émerveillé.

Conscient de ce que cela signifie, chaque Zora s'incline avec respect devant le Roi, notamment Link et Zelda. Surpris de recevoir la bénédiction royale après tant d'années de croyance, Azul lève la tête au ciel en sentant la chaleur envahir son coeur. En entendant les voix l'acclamer, il se retourne vers Kairi et lui sourit avec tendresse. La Zora se sent si fière de l'élu de son coeur et surtout si heureuse de le voir accepter une bonne fois pour toutes son destin. Partageant la joie du peuple, Link ne peut s'empêcher d'admirer longuement le Roi. Mais alors qu'il se retourne, il remarque l'absence de Zelda. Inquiet, il la cherche du regard avant de quitter la foule.

* * *

Dans le jardin du domaine, près de la fontaine, Zelda se tient debout, les yeux rivés sur l'eau. Mélancolique, elle croise ses bras avec tracas.
- Zelda ? Tout va bien ? demande Link après l'avoir rejointe.
Doucement, elle hoche la tête en levant les yeux au ciel, sans se retourner.
- Oui... ne t'inquiète pas. C'est juste que j'ai besoin de prendre un peu l'air. Il fait tellement beau.
En se doutant que quelque chose perturbe grandement la princesse, le regard de Link s'attriste. Il est conscient de ce que cela implique pour la princesse : son retour au château.
- Les cicatrices ont été recousues... Nous avons réussi... déclare-t-il d'une voix attristée.
- Oui... c'est terminé. La réincarnation de Ganon ne s'éveillera finalement pas... Quant à moi, je retournerai comme convenu au château : là où est ma véritable place en tant que future reine et épouse... explique Zelda en serrant ses poings tremblants. Ma mission... Non... notre mission est terminée pour de bon... Mais le plus important, c'est que tu es toujours auprès de moi...
Silencieusement, Link l'écoute avec avidité.
- Tout à l'heure, j'ai eu tellement peur pour toi... Quand tes yeux étaient fermés, je pensais que tu étais parti à tout jamais... Ton réveil a été... un miracle, Link. Et sache que, le fait de savoir que tu pourras regagner Foracalia en toute sécurité me rassure grandement...

Link décide de s'approcher. Mais au dernier moment, il s'arrête, désirant à contrecoeur garder une distance avec la princesse. Mais pourtant, il veut lui dire ce qu'il a sur le coeur. Même si cette aventure n'a pas été facile, il sait qu'il n'oubliera pas les instants qu'il a passés avec la jeune femme. Malgré tout, il ne veut plus continuer de faire taire les paroles que lui dicte son coeur.
- Zelda... Avant que je ne te ramène au château, n'oublie pas que j'ai une promesse à respecter : celle de t'emmener à Foracalia et te faire découvrir ces lieux. On a encore du temps à passer ensemble.

Stupéfaite d'entendre ces paroles qui lui font battre instantanément le coeur, elle se retourne légèrement vers son ami avec mélancolie. Longuement, elle fixe l'Hylien avant de baisser la tête, les larmes aux yeux. Cependant, en luttant contre un mal qui la ronge, elle pose la main sur son thorax.

- Merci Link, merci... Moi aussi, je le veux tant... mais...
Soudainement, du sang coule de ses lèvres. Inquiet, Link s'approche et sort un mouchoir avant de nettoyer le visage de son amie avec bienveillance. Malgré le tracas, il s'efforce de conserver son calme plutôt que de céder à l'affolement.
- Il n'y a pas de mais... N'oublie pas que je suis aussi têtu que toi.
Les joues rougies par la remarque, Zelda n'ose pas le regarder droit dans les yeux.
- Que se passe-t-il ? s'inquiète l'Hylien, ne comprenant pas son sourire timide.
- Ri... rien, bafouille-t-elle en faisant le signe d'un non. Mais avant de par... partir, je désire que tu me conduises dans les alentours du lac Hylia. Je veux prier pour le salut à la statue de la Reine de Zora pour la dernière fois : pour elle et Miphalia.
- Bien sûr, approuve Link avec compréhension.

* * *

Pendant que le domaine célèbre la bénédiction du nouveau roi, le chevalier accompagne comme convenu la princesse jusqu'au lac Hylia. En face d'une statue en pierre, représentant une grande Zora gracieuse aux yeux vides et armée d'une lance, Zelda s'agenouille et croise ses mains en priant de tout son coeur avec respect et admiration. Au loin, Link contemple silencieusement la statue. Il ne peut s'empêcher de ressentir de la peine, que ce soit pour la Reine ou pour la douce Miphalia. Toutes les deux, ainsi que les autres sages, ont accepté leur malheureux destin. Mais malgré cela, leur coeur a réellement souhaité la prospérité. Peu à peu, la vue de Link se trouble. En posant la main sur son front, il recule en tombant sur ses jambes tremblantes, comme s'il est pris par une sorte de vision. Les battements s'accélèrent avec violence !

- Link ? s'exclame Zelda en se retournant après avoir entendu du bruit.
Rapidement, elle accourt en s'agenouillant à ses côtés.
- Link ! Que t'arrive-t-il ? s'inquiète-t-elle en posant la main sur l'épaule de son ami.
Subitement, elle constate avec épouvante que les yeux de Link deviennent rouges clairvoyants pendant quelques secondes. Le jeune homme revoit à nouveau cette étrange créature qui le poignarde avec violence, dissipant à tout jamais le souffle de sa vie. Aussitôt, la main de Zelda s'agrippe à la sienne. En posant ses yeux sur le fragment gauche de la Triforce, Link se calme enfin après avoir lâché un gémissement de douleur, bien que son regard soit envahi par l'épouvante, le souffle court.

- Est-ce que tout va bien ? demande calmement la princesse.
- O... oui... En fixant la statue, j'ai... j'ai revu la créature avec ses deux...
- Mais pour cette créature... C'est impossible... Nous avons recousu les cicatrices...
- Je l'ignore... Quoi qu'il en soit, il ne parviendra pas à ses fins... Nous avons bien réussi à éveiller les esprits..., répond Link en se levant, bien que Zelda le soutienne pour éviter qu'il chute. Ce n'est pas ce cauchemar qui va me faire sombrer dans le désespoir... Ce destin ridicule va bien finir par disparaître ! Quoi qu'il arrive, nous... nous vivrons pour nous...

Malgré les paroles de l'épéiste, Zelda baisse la tête avec préoccupation. Confus, ils fixent longuement la statue, illuminée par le soleil.

* * *

Peu de temps après, à la sortie du domaine de Zora, Link caresse le museau d'Epona. La jument souffle, attendrie par la bienveillance de l'Hylien qui l'affectionne tant.
- Vous êtes sûrs que vous ne voulez pas rester encore une nuit ? demande Kairi aux côtés d'Azul, un flacon entre ses mains. Un liquide rouge est présent à l'intérieur.
- Oui. Nous devons partir. Je dois... retrouver mon royaume, annonce Zelda en se forçant à sourire nerveusement avec contrainte.
Calmement, Link la regarde de dos, compréhensif devant son malaise.
- Je suis sûr que le Roi sera heureux de vous revoir, s'imagine Azul avec un léger sourire.
- Oui. Et moi je suis persuadée que vous serez un roi exemplaire. Je vous souhaite beaucoup de bonheur, votre Majesté, Kairi.
Touchée, la Zora lui sourit et s'approche de la princesse.
- Tenez, votre Altesse. Je sais que c'est un modeste présent, mais si ça peut vous faire du bien ou soulager n'importe quelle douleur, ne serait-ce que pour quelques temps... déclare-t-elle en lui tendant le fameux flacon. Je suis désolée si c'est très peu... Après tout, "cette fleur" est si rare...
Reconnaissante, Zelda fixe le liquide avec un regard sinistre.
- Je te remercie, Kairi... Du fond du coeur, merci, déclare-t-elle d'une voix douce.

Malgré l'inquiétude dans ses yeux, Kairi lui sourit, tandis qu'Azul ne cache pas son tracas. Bien que Link soit intrigué par ce fameux contenu, il se retourne vers le Roi qui s'approche dans sa direction. Calmement, le grand Zora pose au sol une épée au pommeau doré, un bouclier royal en argent avec un symbole de la Triforce gravé ainsi qu'un arc de chevalier.
- Prends soin de toi, Link, héros d'Hyrule, annonce Azul avec un sourire sincère, agenouillé. En tant que roi, je protégerai mon peuple et je prierai pour ta gloire. C'est pourquoi, je te remets mes armes, les mêmes qu'avait utilisées ton aïeul avant de les avoir laissées à mon père pour se racheter. Ainsi, qu'elles puissent te protéger pendant tes prochains voyages.

En esquissant un sourire, à la fois ému et étonné, Link s'empare de l'épée et la regarde avec une certaine nostalgie. Oui, il a perdu la sienne dans les profondeurs. En revanche, le fait de recevoir cette arme, ainsi que le bouclier et l'arc, lui réchauffe le coeur. Reconnaissant, il s'incline devant le Roi. Avec émerveillement, Zelda et Kairi assistent à l'alliance créée entre la réincarnation du héros et l'héritier du peuple Zora.

* * *

Ainsi, Link et Zelda, sur le dos d'Epona, quittent les terres de Lanelle avec un coeur plus léger. Malgré les inquiétantes visions, ils ne laissent pas la crainte les envahir. En ressentant le vent de la prospérité caresser leur visage, sous un ciel orangé béni par le crépuscule, les deux amis regardent droit devant eux. Même si leur quête personnelle est loin d'être terminée, ils veulent savourer ce moment de liberté.
Peu à peu, Zelda reconnaît le château au loin. Même si elle sent son coeur saigner, cette fois-ci, elle ne fuit pas la demeure du regard. En se retournant légèrement, Link remarque le regard de la princesse, déterminé et conscient. Cette fois-ci, c'est lui qui détourne son regard, désirant profiter des derniers moments avec Zelda. Il est à la fois heureux et inquiet de revenir à Foracalia en espérant qu'il ne sera pas recherché. Mais s'il peut revoir sa famille et surtout rassurer Leyna sur le sort de Pawel, tout en faisant découvrir de magnifiques lieux à Zelda, alors il sent un soudain bonheur l'envahir. Même si le destin du héros reste gravé en lui, il espère notamment que ses cauchemars cesseront une bonne fois pour toutes. Oui, il veut oublier ce rôle.

Plusieurs minutes plus tard, alors que la nuit commence à tomber, Epona continue de galoper, libre comme l'air. Mais soudainement, Link tire les rênes en remarquant avec horreur une personne à terre : une jeune Hylienne aux cheveux bruns, vêtue d'une cape noire, est allongée au sol. À moitié endormie sur le dos de son ami, Zelda ouvre les yeux avant de distinguer l'inconnue avec inquiétude. Doucement, Link descend de sa jument avant d'accourir.

- Eh ! Vous allez bien ? demande-t-il en secouant délicatement l'inconnue, agenouillé.
Peu à peu, la jeune femme gémit de douleur avant de se lever. En revanche, seule sa tête reste baissée.
- Merci... Vous êtes si bon... J'ai eu tellement peur..., déclare-t-elle d'une voix si étrange.

D'une manière sensuelle, comme si elle veut le charmer, elle pose la main sur le bras gauche de Link. Méfiante, Zelda conserve son calme. Cependant, l'Hylien, indifférent face à ce geste séducteur, remarque instantanément le symbole rouge avec l'oeil, la larme au-dessus, sur la face dorsale de sa main droite : exactement le même sur le Yiga auquel il s'était confronté à Cocorico. Avec violence, il repousse la femme avant de se lever, sur ses gardes. Sans hésitation, il dégaine l'épée du fourreau et pointe le bout de la lame dans sa direction.

- Hahaha ! ricane la femme en s'essuyant le menton, les yeux cachés derrière ses grandes franges. Et moi qui voulais créer une histoire tragique en te poignardant dans le dos après t'avoir séduit, que c'est regrettable... Oh que oui ! C'est dommage que tu ne sois pas sensible aux charmes des femmes... De toute façon, celui qui contrecarre les plans de mon Maître et qui a tué mon fidèle ami lors de cette nuit-là, mérite de mourir !

Sur ces paroles, la femme lève la tête avec un sourire hystérique, les yeux forts rouges. En se levant, une fumée l'entoure, révélant ainsi sa véritable apparence. Vêtue d'une tenue d'épéiste rouge, la silhouette assez généreuse, et le visage caché derrière un masque blanc avec le symbole des Yigas, l'ennemie fait un mouvement de recul. Seuls ses longs cheveux noirs ressortent. Zelda retient Epona en la faisant reculer. Puis, la Yiga s'empare de sa grande serpe, prête à trancher la peau de son adversaire.
- Je ferai couler ton sang jusqu'à ce que ton coeur ne soit plus capable d'en pomper ! hurle-t-elle d'une voix stridente. Le tien et celui de la princesse !

En position de défense, les dents serrées et les sourcils froncés, Link fixe la nouvelle menace. Bien que le rythme de son coeur s'accélère, l'épéiste conserve sa concentration. Il inspire un bon coup au moment où la Yiga fonce dans sa direction. En poussant un hurlement hystérique, elle agite sa serpe. Sans grande difficulté, Link pare tous ses coups. Cependant, il se sent pris au dépourvu à cause de la rapidité incroyable de cette dernière. En se faisant propulser de force en arrière, la Yiga se téléporte, laissant Link ébahi.
- Link ! Derrière-toi ! s'exclame Zelda après avoir aperçu une étrange lueur orangée se glisser derrière le dos du combattant.

Au dernier moment, il se retourne en parant le coup mortel de la serpe qui a failli lui trancher la gorge. Instantanément, il effectue un saut en arrière avant d'échanger de nombreux coups d'épée avec son ennemie. La Yiga rit d'une voix effrayante. Alors qu'elle recule, elle pose une sorte de carte sur le torse de Link : une carte explosive. Cela provoque une légère explosion, propulsant violemment Link en arrière après avoir poussé un gémissement de douleur. Bien que la tunique l'ait protégé, il a la sensation que sa peau brûle. Alors que la Yiga s'apprête à l'achever, Zelda accourt pour le couvrir.
L'ennemie s'arrête et rit avant de déclarer :
- Voyez-vous ça ? Un parasite qui protège un autre ! On aura tout vu !

Avec froideur, Zelda tend sa main gauche, faisant surgir un bouclier doré qui rejette avec violence l'assaillante. Effrayée par cette lumière, la Yiga recule avant de s'enfuir en se téléportant comme une lâche. Encore sonné, Link se lève. Finalement, il regarde Zelda, toujours éblouie par la lueur dorée qui la rend enchanteresse. Alors qu'il se met debout, il range son épée et s'approche d'elle.
- Zelda... ? interpelle-t-il en la voyant toujours briller.

Alors que Zelda se retourne dans sa direction, le regard attristé et faible, le jeune homme constate avec horreur que les yeux de son amie, les pupilles rouges, sont remplis de larmes de sang. Subitement, il lâche un gémissement d'effroi, effrayé. Lorsque la lumière se dissipe, Zelda baisse la tête, ayant du mal à tenir sur ses jambes. Elle sent une horrible douleur lui serrer le coeur. Aussitôt, l'Hylien court dans sa direction et la rattrape dans ses bras. Sous le choc, il s'agenouille en la tenant toujours contre lui.
- Zelda ! Tu m'entends ? Zelda ! Réponds-moi, je t'en prie ! supplie Link en la secouant doucement.
Malheureusement, la princesse est inerte. Seul le sang continue de couler de ses yeux malgré les paupières fermées.

Chapitre 19 : La triste vérité   up

Au milieu de la nuit, dans une grotte à proximité du Mont Satori, Zelda est allongée au sol, couverte par sa cape. Sa peau est très pâle tandis que ses lèvres sont violettes. Lentement, une larme de sang coule de son oeil droit. Sans tarder, Link nettoie avec soin le visage souffrant de son amie, le mouchoir tout rouge. Avec émoi, il la regarde longuement, ne sachant pas quoi faire pour apaiser ses souffrances. En le sentant tracassé, Epona s'approche et souffle dans l'oreille de Link. Doucement, il lui caresse la crinière pour la rassurer. Cependant, en voyant Zelda gémir de douleur, la tête penchée vers la droite, il la regarde avec impuissance. Puis, une nouvelle larme de sang coule. Une fois de plus, il nettoie la joue de cette dernière : encore et encore.

* * *

Quelques heures plus tard, alors que le soleil n'arrive toujours pas à chasser le ciel nocturne, Link finit par ouvrir péniblement ses paupières après s'être assoupi au chevet de Zelda. Il n'a pas réussi à lutter contre la fatigue. Allongé à terre, couvert par la même cape noire, il boit une gorgée d'eau après avoir senti sa gorge sèche. Mais en scrutant rapidement les alentours, il constate tout à coup l'absence de la princesse. Subitement inquiet, il se lève en remettant mieux sa coiffe avant de sortir de la grotte malgré ses jambes engourdies. Alors que les pétales des cerisiers en fleur continuent de danser dans le ciel, il part à sa recherche. Assise sur un rocher auprès du plus grand arbre en fleur en haut de la colline toute verte, les yeux rivés sur le magnifique paysage d'Hyrule, les cheveux de Zelda flottent dans le vent. Elle regarde fixement le château au centre ainsi que la montagne de la mort au nord-est. La vue est somptueuse, notamment grâce aux lucioles qui éclairent le paysage et les pétales dansants.

- Zelda... est-ce que ça va mieux ? demande Link en s'approchant de la princesse, brisant ainsi le silence paisible.
- Tu ferais mieux de ne pas t'approcher de moi, Link... met en garde Zelda sans se retourner.
Interloqué, Link s'arrête au dernier moment.
- Mais... mais pourquoi... ? s'étonne-t-il par l'étrange avertissement.
- Si je n'arrive pas à retenir mes larmes, tu auras sûrement peur de me regarder... Comme tout à l'heure... Surtout que je dois être... affreuse à voir...
Le regard poignant, Link serre ses poings avant de déclarer :
- Ce n'est pas monstrueux... Donc, n'aie pas peur de me regarder.
Rassurée par la voix calme de l'élu, elle se lève avant de se retourner. Hélas, Link constate avec effroi que la pupille de l'oeil droit de son amie est rouge comme le sang. Elle a chassé la couleur mystérieuse et pacifique, tandis que l'autre oeil est resté intact.
- Zel... Zelda..., murmure Link, sous le choc.
Avec beaucoup de mal, la princesse le regarde droit dans les yeux.
- Pour le moment, la couleur du sang ne veut pas partir... Mais ça ne va pas tarder... J'en ai la conviction... Même si cette fois-ci, cela dure plus longtemps que prévu... déclare-t-elle d'une voix nerveuse en détournant son regard.

En sentant de nombreuses questions lui brûler atrocement la langue, Link s'approche sans éprouver la moindre peur. Il ne la regarde pas comme un monstre. Seule la souffrance qu'elle endure le terrifie.
- Zelda... Que t'arrive-t-il exactement ? De quoi souffres-tu ? Et depuis quand ?
- Ça n'a aucune importance. Tu n'as pas à te soucier d'un simple détail, répond vivement Zelda en se forçant à sourire.
- Bien sûr que si ! rétorque Link, incapable de garder son sang-froid. Tu crois que le fait de te voir souffrir ainsi me laisse indifférent ? Tu te trompes complètement ! Aucun pouvoir ne soulagera ma peine de savoir que tu souffres ! Je ne suis pas en train de m'adresser à une princesse en tant qu'élu d'une légende lointaine ou chevalier de je ne sais quoi. Mais en tant qu'être vivant, je m'adresse à une personne qui est importante à mes yeux pour ce qu'elle est !

Stupéfaite, Zelda trouve le courage de le regarder droit dans les yeux, à la fois touchée et attristée par ces paroles. Finalement, Link se calme avant de poursuivre :

- Donc, que t'arrive-t-il exactement... ? Réponds-moi sincèrement s'il te plaît... Je veux le savoir.
Hésitante au premier abord, sous l'insistance pesante de son ami, Zelda baisse la tête avant de commencer à raconter :
- Pour t'avouer la vérité, personne ne sait ce que j'ai exactement... Que ça soit mon père, les plus grands docteurs du royaume ou même Kairi... Mon corps s'affaiblit de plus en plus, mais en contrepartie, je suis immunisée contre toute sorte de poisons et dangers... D'après ce qu'on m'a dit, c'est une maladie unique en son genre et qui ne peut pas être guérie... Il n'existe aucun traitement à part les remèdes qui soulagent temporairement la douleur comme celui que Kairi m'a remis avant notre départ... Quand le Yiga a failli me tuer à l'entrée de la forêt après ma fuite, mon pouvoir s'est éveillé tout seul et ce fragment triangulaire, le pouvoir de la Triforce, est à présent gravé sur ma main droite. Mais à chaque fois que je l'utilise face à un danger, je sens une douleur atroce en moi... Et cela empire de plus en plus. Les larmes de sang, les toux, le coeur qui me fait mal... Apparemment, je ne suis pas la seule à souffrir d'une telle maladie dans ma "famille". Jadis, mon arrière-grand-mère a connu les mêmes symptômes que moi et d'après ce qu'on raconte, elle est morte dans d'affreuses souffrances. Son état était si inquiétant à voir que chaque membre a eu peur pour la santé de son enfant... En constatant que j'ai hérité la même maladie et surtout du même prénom que mon aïeule, mon père a tout fait pour se détacher de moi pour ne pas souffrir en sachant que j'étais condamnée à mourir. Voilà pourquoi il a organisé ce mariage arrangé : pour que je mette au monde un héritier avant ma mort... Il privilégie mon statut royal...

Sous le choc, aucun son ne sort de la bouche de Link. Avec beaucoup de mal, il continue de l'écouter en buvant péniblement chaque parole de Zelda, prononcée avec tristesse. Son coeur cogne maladivement contre sa poitrine. C'est comme si une aiguille le transperce petit à petit. Nerveusement, la princesse se force à sourire au ciel en retenant avec beaucoup de mal ses larmes. La beauté du paysage enchanteur ne parvient cependant pas à faire disparaître sa mélancolie à la hauteur de son émerveillement. Ainsi, elle poursuit :

- Quand j'ai senti les cicatrices d'Hyrule s'ouvrir ainsi que la souffrance des esprits gardiens de chaque terre, je n'ai pas hésité une seule seconde. Plutôt que de me marier à un homme qui ne m'inspire pas confiance et de vivre une vie riche et tranquille, j'ai préféré m'enfuir. Je me moquais pas mal de ma descendance ou de mon sang. Tout ce que je voulais, c'était de pouvoir essayer de sauver chaque esprit, consciente des pouvoirs que je possède. Lorsque mon pouvoir s'est éveillé et que je sentais une incroyable puissance en moi, j'étais devenue sûre de moi et optimiste. Surtout depuis que tu m'as rejointe. Même si en contrepartie, ma santé se dégradait en m'exposant aux dangers : comme cette nuit lorsque j'ai désactivé la barrière ou quand je t'ai protégé. Mais ça m'est égal... Tout ce que je veux, c'est de servir ma vie, le temps qu'il me reste pour sauver mon peuple ou même... te sauver. Je veux voir Hyrule se régénérer et non succomber à une nouvelle tristesse... Et même si c'est égoïste d'avoir ignoré mon devoir royal, je ne regrette rien. Je ne regrette pas d'avoir ignoré la voie de la sagesse même si ça a été... un acte cruel de la part d'une princesse telle que moi...

Zelda reprend son souffle, délivrée du fardeau qui lui pèse tant malgré les larmes aux yeux.
- C'est pourquoi je préfère que tu rompes ta promesse. Tu n'es plus obligé de te coltiner une princesse ratée et faible. Je te conseille surtout de rentrer chez toi et de reprendre ta vie, là où tu l'as laissée. Tu en as assez fait. Il est temps pour moi de revenir au château : là où ma véritable place m'attend.
- Non..., proteste aussitôt Link, bouleversé par tout ce qu'il vient d'entendre. Je... je veux t'emmener là-bas, te montrer ce que c'est réellement la vie pour que tu oublies la nature de ton sang et de ces pouvoirs qui te font si mal... Je... je suis sûr qu'il existe un moyen de te guérir... Il y a forcément une solution... On vit dans un monde où on peut guérir tout et n'importe quoi... Mais Zelda... tu vas...

Avec beaucoup de mal, il reprend son souffle avant de lui poser une question qui le terrifie.
- Est-ce que cela veut dire que tu vas... mourir... ?
Avec un sourire mélancolique, Zelda approuve de la tête. Le regard horrifié, Link baisse la tête. Peu à peu, en repensant aux souvenirs qu'il a partagés avec son amie, il sent les larmes humidifier ses yeux. Honteux, il n'arrive plus les retenir. Inquiète pour lui, Zelda s'approche de ce dernier. Sans dire un mot, Link l'enlace tendrement dans ses bras, désirant la sentir contre lui. Touchée par ce geste affectueux, les joues rougies, Zelda hésite à poser la tête sur l'épaule du jeune homme. Cependant, elle sent des larmes tomber sur son épaule : des larmes de tristesse et non de pitié. Avec mélancolie, elle le serre contre lui, se sentant protégée. Pendant de longues secondes, ils restent ainsi devant le paysage.
- Je suis désolé... s'excuse-t-il à demi voix.
Bien que leur aventure soit terminée, une autre s'ensuit : celle de la vie.

* * *

Alors que le jour se lève, Link et Zelda reprennent la route comme si rien ne s'était passé. Sans aller trop vite, Epona galope sur la plaine dont la brise continue de souffler sur les terres de la nature. Les yeux un peu rouges, Link s'efforce de regarder droit devant, tandis que Zelda contemple le paysage avec mélancolie. Malheureusement, son oeil droit est toujours aussi rouge. Attristé, l'Hylien la regarde, ne sachant pas quoi dire ou proposer pour la faire sourire. Bien que cela fait depuis peu qu'il l'a rencontrée, il se sent abattu. C'est vrai qu'en l'espace de quelques jours, il s'est tellement attaché à elle. C'est à partir de ce moment qu'il comprend enfin l'avertissement d'Impa. Elle voulait lui épargner cette souffrance. Frustré de penser au pire, ses mains empoignent très fort les rênes. Soudainement, il distingue au loin l'entrée de la forêt de Firone. Partagé entre la tristesse et le soulagement de revoir le lieu de son enfance, il arrête doucement Epona.

- Nous... nous sommes arrivés... annonce-t-il d'une voix modulée.
Zelda pose ses yeux sur le lieu, à la fois intriguée et surprise.
- C'est là-dedans que tu habites ? demande-t-elle, retrouvant sa curiosité habituelle.
- Oui... le village se trouve un peu plus loin. En tout cas, tu verras : Foracalia est magnifique. Je suis sûr que cela va te plaire, s'imagine Link avec le coeur plus léger.

Ainsi, il tique pour qu'Epona avance. En fixant la forêt au loin, Zelda sent son coeur palpiter. Elle remet la capuche sur sa tête. En entrant à l'intérieur, Link sent la nostalgie l'envahir. Silencieusement, il scrute les alentours. La forêt lui a terriblement manqué. Soudainement, il reconnaît la vieille maison de la mystérieuse Luna. Il ne peut s'empêcher de sourire avec soulagement. Au bout de plusieurs minutes de galop après avoir parcouru la forêt majestueuse, l'épéiste distingue enfin l'entrée de Foracalia grâce à un grand pont en bois. Discrètement, Zelda parcourt l'endroit du regard. Comme une enfant, elle découvre un nouveau monde oscillant entre la nature sauvage et la royauté.

Alors que les habitants continuent de faire vivre le village, certains d'entre eux fixent avec curiosité les deux arrivants, notamment les ferrailleurs et les vendeurs. Ils ne parviennent pas à reconnaître le visage de Link. Il faut avouer que depuis son départ, le jeune homme a bien mûri et a plus l'allure d'un voyageur plutôt que celle d'un simple livreur de lait. Il constate avec soulagement qu'aucune affiche de recherche n'est accrochée. Les soldats du village Cocorico sont-ils venus jusqu'ici ? Aucune idée...
Peut-être que c'est imprudent de revenir dans son village mais malgré tout, il veut prendre le risque. Il ne peut pas s'enfuir sans arrêt. Il le sait très bien.

Inquiète que les villageois puissent remarquer son oeil droit rouge, Zelda s'efforce de le cacher grâce à sa capuche. Puis, Link tire les rênes : devant le ranch Lon Lon, il prend le temps de regarder fixement sa maison ainsi que l'étable à l'arrière. Cette époque lui a paru si lointaine. Ainsi, il se lève en aidant Zelda à descendre.

- Alors c'est ici... que tu vis ? s'interroge la princesse en admirant la façade chaleureuse de la demeure.
- Oui... c'est drôle... J'ai l'impression que cela fait une éternité que je ne suis pas revenu ici, répond allégrement Link avant de siffler le chant d'Epona.
Au bout de plusieurs secondes, la porte s'ouvre comme un coup de vent. Malon, se tenant à l'entrée, se tourne vers Link avec méfiance. Il lui faut plusieurs secondes pour le reconnaître. En sentant l'émotion surgir en lui, l'Hylien s'approche de son amie, le sourire nerveux. Il enlève sa coiffe. Les larmes aux yeux, réalisant que c'est bel et bien son ami, la fermière pose la main sur son torse. Aussitôt, Romani sort à son tour, les yeux écarquillés.

- Li... Link ! C'est toi ! hurle la petite fille en courant vers son ami.
Alors que Link s'agenouille au sol, Romani se jette dans ses bras.
- Romani... Que c'est bon de te revoir ! s'exclame-t-il, heureux.
La petite fille n'arrive pas à retenir ses larmes, à la fois heureuse de le revoir mais encore marquée par son absence.
- Link ! Tu m'avais promis de revenir plus tôt ! Cela fait des jours que tu es parti ! Pourquoi tu n'es pas revenu avant aujourd'hui ?
- Je suis désolé, Romani... s'excuse Link avec un triste sourire en lui caressant les cheveux. Je suis là...
Loin d'être rancunière, elle le serre très fort, n'arrivant plus à arrêter ses larmes. Malon s'approche et fixe Link, n'en revenant pas. Elle trouve sa nouvelle tenue toute verte assez impressionnante. Doucement, le jeune homme se lève et lui sourit avec tristesse.

- Je suis désolé pour mon absence, Malon... Cela m'a pris plus de temps que prévu... s'excuse-t-il d'un ton mélancolique.
Avec soulagement, Malon se blottit contre son ami sans dire un mot. Link la serre contre lui, heureux de revoir sa meilleure amie.
- J'ai eu tellement peur qu'un malheur se soit produit... Mais tu es revenu... s'exprime-t-elle, la voix tremblante. Dieu merci...
- Le héros du lait est de retour, répond Link d'une voix apaisante pour la réconforter. C'est fini... Je suis là.

Silencieusement, Zelda assiste aux retrouvailles. Elle se souvient d'avoir vécu la même scène en retrouvant sa mère un jour. Mais, elle sent une certaine tristesse l'envahir. Soudainement, Malon et Romani remarquent la nouvelle venue. Doucement, Zelda recule en remettant mieux la capuche pour cacher son oeil rouge qui la complexe sans cesse. Aussitôt, Link se retourne et s'approche de la princesse en lui tendant la main.

- N'aie pas peur... Viens, l'encourage ce dernier avec un léger sourire.
Craintive comme une louve, Zelda fixe les deux soeurs. Compréhensive, Malon fait le premier pas et lui adresse un sourire bienveillant.
- Allons ! Nous ne sommes pas des fantômes ! Tu n'as pas à avoir peur de nous, dit-elle avec ironie.
- Oui ! Eh dis ! Est-ce que tu aimes le lait ? demande Romani avec un large sourire.
- O... oui..., bafouille timidement la princesse, surprise par une telle question.
- Alors ça veut dire que tu es une personne gentille ! Malon dit que si une personne adore le lait, c'est qu'elle est gentille ! explique jovialement la petite fille.

Zelda ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire attendrissant à Romani ainsi qu'à Malon. Reconnaissante, elle incline la tête par respect. Alors que Link retrouve enfin sa famille, le vent continue de souffler sur les arbres de Foracalia.

Chapitre 20 : Le choix   up

Dans le salon, devant une bonne tasse de thé au lait, Link raconte tous les événements qui se sont déroulés à Cocorico à Malon et à Romani. Abasourdie, la jeune fermière boit toutes ses paroles avant de récapituler :
- Mais si je comprends bien, le Capitaine Pawel est...
- Oui. Il est bien vivant : en ce moment, il se trouve au village d'Ordiala, confirme Link, les doigts crispés sur sa tasse.
- En tout cas, je te rassure : même si les soldats sont venus ici, ils n'ont pas parlé de toi. Apparemment, ils recherchent la princesse du royaume qui s'est enfuie du château... Mais ces imbéciles ne nous ont même pas dit à quoi elle ressemble.

Mal à l'aise, pleinement concernée par cette annonce, Zelda baisse la tête, toujours cachée sous la capuche, tandis que Link s'efforce de rester impassible.
- Mais pour Leyna, quand je l'ai vue hier, elle ne semblait pas être au courant du sort du Capitaine Pawel. Elle se portait bien. Mais dire que celui que tu as tué était un autre individu qui en avait après ta vie....
- Oui, affirme calmement Link. Ce n'était qu'un coup monté... Mais grâce à Emilia, j'ai pu apprendre la vérité.
En fixant la concernée, Malon lui sourit avec reconnaissance avant de lui déclarer :
- Merci à toi d'avoir pris soin de lui. Je t'en suis extrêmement reconnaissante. Si nous avions perdu Link, je... Nous ne l'aurions pas supporté...
- C'est normal... répond Zelda avec un sourire bienveillant.
- Emilia ! On peut voir ton visage ? questionne Romani avec curiosité.
- Romani ! Sois correcte avec notre invitée ! réprimande sévèrement Malon. Si elle ne veut pas se montrer, c'est son choix ! Sois plus respectueuse quand tu t'adresses à un adulte !
L'air boudeur, la petite fille baisse la tête.
- Non. Il n'y a aucun problème... Après tout, je ne peux pas rester cachée éternellement, rassure Zelda en baissant la tête, décidant de leur faire confiance.

Lentement, sous les yeux de Malon et de Romani, la princesse retire sa capuche, ses cheveux dorés tombant instantanément en cascade sur ses épaules minces. Malgré son oeil droit rouge, elle prend le courage de regarder ses hôtes. Silencieusement, Link sourit tristement, admiratif devant le courage de son amie.

- Oh ! Tu es aussi jolie que ma maman ! complimente sincèrement Romani avec un sourire chaleureux, loin d'être effrayée. Tu vois que tu n'avais pas à te cacher !
- Merci, sourit l'intéressée en caressant la tête de la petite fille.
Cependant, Malon se sent mal à l'aise devant le regard à la fois calme et mélancolique de Zelda. C'est comme si elle parvient à lire la tristesse chez sa nouvelle interlocutrice : notamment son oeil rouge...
- D'ailleurs, où est Talon ? se demande Link avec curiosité.
- En ce moment, il dort... Mais je ne sais pas, depuis ton absence, il commence à devenir peu à peu responsable, explique Malon avec un léger sourire.
- C'est-à-dire ? s'étonne l'Hylien avec avidité.
- Depuis ton départ, il a commencé à effectuer les livraisons de lait. Bon, il commet souvent des maladresses, surtout qu'il a déjà livré une bouteille à une personne allergique. Mais au moins, il essaye de faire des efforts. Surtout que moi et Romani l'encourageons sans cesse !
- Et papa a essayé de me raconter une histoire. Bon c'est toujours sur les cocottes mais ça reste amusant ! explique Romani avec un air jovial. Mais je préfère ta façon de raconter les histoires, Link !

En constatant qu'il y a eu du changement, Link esquisse un sourire.
- Tant mieux ! J'ai hâte qu'il se réveille en tout cas ! déclare-t-il vivement.
- Mais Link : il est où le bouclier que je t'ai offert ? s'étonne finalement Romani en regardant ses équipements.
Avec un sourire mélancolique en se rappelant du combat à l'arène du volcan d'Ordinn, il lui déclare :
- C'est grâce à lui que je suis encore en vie...
Surprise, Romani le regarde fixement en esquissant un sourire timide, sans bouder ou râler.
- En attendant, c'est à nous de picoler avec le thé ! Qui en veut encore ? demande Malon avec un sourire enjoué.
- Moi ! J'en veux encore ! répond vivement Romani.
- Et moi donc ! ajoute Link en tendant sa tasse.
En voyant son ami à l'aise avec sa famille dans son monde, Zelda sourit tristement.

* * *

Un peu plus tard, alors que Malon et Romani préparent leur tournée pour la livraison quotidienne, Zelda se trouve dans le jardin et prend le temps de découvrir les alentours. Cette fois-ci, elle ne porte plus sa cape noire. L'odeur des arbres de fruits et des buissons se mélangent harmonieusement avec l'air de la campagne et envoûtent les narines de la jeune Hylienne. Elle se sent apaisée et plus détendue. Calmement, Link finit par la rejoindre après avoir donné un coup de main à ses amies pour le chariot.

- Je vois que tu as déjà un coup de coeur pour ce jardin, constate-t-il d'une voix modulée.
L'intéressée se retourne vers lui avec bienveillance.
- Oui ! Il fait bon et c'est si agréable ! Je comprends mieux pourquoi tu as voulu m'emmener ici. Ce village est calme, paisible... Ça change beaucoup de la citadelle. Ici, tu peux vivre comme bon te semble, s'exprime Zelda en croisant ses mains, encore moites par la fatigue.
Link lui rend un sourire avant de regarder le ciel bleu clair. Décidé, il lui annonce :
- Et encore, tu n'as pas tout vu : il y a un endroit que je souhaite te montrer.
Intriguée, la princesse penche doucement la tête vers la droite.

* * *

Avant de quitter le village, Link profite de se rendre à la maison de Leyna. Hélas, cette dernière semble être absente. Décidant de revenir un peu plus tard, il conduit finalement Zelda dans son coin préféré après quelques minutes de marche. Arrivé, il s'arrête en contemplant ce fameux paysage. Emerveillée, la jeune princesse accourt jusqu'au bord de la falaise et contemple l'horizon, illuminé par les doux rayons du soleil.

- C'est... c'est magnifique ! Même si le château n'est pas visible, Hyrule me paraît plus beau sous cet angle ! Je ne m'étais jamais rendue compte ! s'exclame-t-elle, toujours aussi enchantée. Même sur le balcon, je n'ai jamais eu une vue aussi somptueuse.
- Oui... Depuis tout petit, je viens jusqu'ici. C'était la mère de Malon qui m'emmenait souvent dans cet endroit. Même après sa mort, je continue de venir ici, explique Link en s'approchant de son amie.
- Sa mort... ? répète tristement Zelda.
- Oui : après avoir mis au monde Romani, elle est partie à tout jamais... Je me souviens quand j'étais à son chevet, j'ai essayé de la réveiller mais... elle n'a plus jamais ouvert les yeux. Même si je n'étais pas son fils, elle était comme une mère pour moi... Quand j'ai vu sa tombe la première fois, j'ai beaucoup pleuré. Je crois même que j'ai autant pleuré que Malon... C'était grâce à Pawel, mon Maître d'armes, que j'ai réussi à aller de l'avant. Il m'a redonné confiance en moi grâce aux armes et peu à peu, il est devenu comme un véritable père, surtout depuis que Talon a noyé sa tristesse dans l'alcool... C'est un peu gênant d'en parler car je n'aime pas parler de mes faiblesses mais c'est ce qui s'est produit, révèle le jeune homme avec franchise, bien qu'il n'apprécie très peu sa partie sensible.
- Ça n'a rien de honteux, Link. Quand ma mère a fini par mourir, j'ai pleuré jours et nuits... Même encore aujourd'hui, il m'arrive de penser à elle avec les yeux remplis de larmes. Mais c'est justement en pensant à elle que j'arrive à surmonter ma maladie... Si elle était là, elle m'aurait dit de continuer de profiter la vie. Chose que je suis en train de faire... à tes côtés. Ça me rend si heureuse.

Sans voix, Link se tourne vers Zelda, à son écoute. Timidement, elle baisse la tête avec un sourire. Plus sûre d'elle, elle continue :
- Tu as tenu ta promesse... En m'emmenant dans cet endroit, je me sens revivre. C'est grâce à toi que les esprits ont été guéris et surtout, c'est grâce à toi que je m'accroche à la vie... Si tu n'étais pas là, je n'aurais sûrement pas tenu... J'aurais sûrement laissé ma maladie m'emporter... Merci du fond du coeur. Jusqu'à ma mort, même lorsque je reviendrai au château, je penserai sans cesse à toi.

À la fois heureux mais triste d'entendre de telles paroles, Link la regarde fixement. Seul le vent brise le silence pesant entre les deux amis. En sentant sa gorge se serrer de plus en plus fort, il contemple silencieusement la beauté de Zelda. Envahi par des sentiments très fort, il sent son coeur battre la chamade. Même si son inquiétude pour la santé de cette dernière ne cesse de le préoccuper, il déclare :
- Zelda... Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te guérir... Lorsque je t'accompagnerai au château, je trouverai un remède pour te soigner.
Tristement, Zelda secoue de la tête, comme si elle s'était déjà préparée à une telle décision.
- Non, Link... Ta place est ici. Tu n'as pas à partir en voyage. Tu dois avant tout continuer de vivre de ton côté. Surtout que tu as des personnes qui te sont chères ici. Et puis, je ne suis encore qu'une inconnue et...
- C'est faux, coupe aussitôt Link avec franchise. Tu es devenue précieuse à mes yeux, comme ma famille. C'est pourquoi, il est hors de question de continuer de vivre ma vie en sachant que tu vas mourir... Même si tu vas te marier, devenir une reine et même... m'oublier... Je veux le faire. Dès que je trouverai le remède, je reviendrai au château et je te l'apporterai. Si j'ai respecté la promesse de t'emmener ici alors je pourrais aussi respecter celle-ci. C'est ce qui compte le plus pour moi. Et pas... ce soi-disant passé que nous avons vécu...

Link baisse la tête en cachant la marque sur sa main gauche, comme s'il veut tenter de l'oublier. Bien qu'il croie à la légende, il veut penser égoïstement à sa vie. Touchée par ces paroles, Zelda sent la tristesse s'immerger dans ses yeux. Alors que ses larmes de sang coulent à nouveau, elle baisse la tête par réflexe.
Aussitôt, Link s'approche et l'aide à se nettoyer le visage avec bienveillance. Alors que les deux amis se fixent longuement, droit dans les yeux, ils sentent leur coeur pincer contre leur poitrine. En douceur, Zelda se blottit finalement contre son torse.

- Merci Link... Merci... déclare-t-elle d'une voix modulée.
Malgré son hésitation, il finit cependant par la serrer contre lui sans avoir peur, tout en oubliant son statut royal ne serait-ce que pour quelques secondes. En levant la tête au ciel, il tente de reprendre courage.
- Allez... nous ferons mieux de rentrer... Surtout que je suis sûr que nous aurons un bon festin ! annonce-t-il en s'efforçant de retrouver son sourire habituel.
- Oui, affirme Zelda, désormais plus rassurée.
Ainsi, les deux amis, après avoir regardé une dernière fois le paysage ensemble, quittent cet endroit avec un coeur un peu plus léger.

* * *

La nuit tombée, la pleine lune commence à illuminer le ciel. Dans la salle à manger, Zelda constate avec surprise de nombreux plats sur la table : de la viande rouge, des pommes de terre, de la salade, des tomates, des concombres et du bon pain. Comme d'habitude, Talon boit un coup dans la joie et la bonne humeur.

- Alors comme ça, chère Emilia, vous avez voyagé avec Link alors ? demande-t-il jovialement.
- Oui ! affirme vivement Zelda en adressant un sourire à l'homme à la grande moustache.
Légèrement ivre, Talon se retourne vers Link.
- Link ! Je suis si fier de toi ! Je compte sur toi pour que tu rendes heureuse cette adorable demoiselle pour toute la vie ! félicite-t-il.
Les joues rougies, Link se gratte l'arrière de la tête.
- Hum... o... oui, bafouille-t-il avec un sourire gêné. Hum... Malon, peux-tu me passer l'assiette avec le steak, s'il te plaît ! Cela fait depuis si longtemps que je n'ai pas mangé une bonne viande !
- Tiens ! annonce Malon en s'exécutant.

Alors que le groupe dîne tranquillement avec insouciance, la fenêtre se brise, interrompant l'ambiance apaisante. Aussitôt, Link se lève, retrouvant son sérieux. Zelda se retourne tandis que Romani prend peur en se jetant dans les bras de Malon. Avec tracas, Talon fixe la fenêtre brisée. En effet, un caillou, lancé avec force, a cassé la fenêtre. Sans tarder, Link ouvre la porte comme un coup de vent et se rend dans le jardin. Avec méfiance, il scrute rapidement les alentours. Peu à peu, saisi par un doute affreux, l'Hylien écarquille les yeux. Sûr de lui, il pose la main sur le pommeau de son épée.
"Cette odeur... ?"

- Link ! Que se passe-t-il ? demande Malon avec inquiétude.
- Malon ! Reste à l'intérieur et ne laisse surtout pas Romani sortir ! ordonne Link d'un ton autoritaire.
Les lèvres pincées, il se retourne à sa droite avant de dégainer enfin son épée. Aussitôt, l'arme pare une autre, invisible ! Démasquée, l'ennemie recule : la Yiga de la veille.
- Toi ! fulmine Link avec rage. Alors tu nous as donc suivis jusqu'ici ?
La Yiga rit hystériquement en tournoyant sa serpe.
- Dommage que mon parfum bien sucré m'ait trahi ! Désolée pour la vitre mais vu que je n'avais pas envie d'attendre que tu finisses de manger pour te tuer, je n'ai pas pu résister ! Si c'est pour que tu manges de la viande pour ensuite mourir deux minutes après, ça aurait été du gâchis ! L'animal aurait été mort pour rien !

Devant ces paroles écoeurantes, Link lui sourit froidement malgré l'anxiété qui le saisit. Il lui répond :
- C'est vrai que tu as failli m'avoir hier. Je l'admets tout à fait. Mais ce soir, je ne te laisserai plus t'enfuir !
La Yiga lâche un léger rire prétentieux.
- Dommage que tu es la maudite réincarnation du héros car j'avoue que tu commences à me plaire. Mais désolée : tant que tu resteras en vie, tu contrecarres mes plans pour le Maître !
- La réincarnation de Ganon, n'est-ce pas ? demande Zelda en avançant légèrement.
Intriguée, la Yiga se tourne vers elle.
- Oh... On ne peut rien te cacher, chère princesse Zelda ! Princesse de pacotille. Mais ne t'en fais pas : dès que ton adorable garde du corps mourra sous tes yeux, je m'occuperai de toi pour "qu'il" ne mette pas la main sur toi !

Sous le choc, Malon et Talon fixent la concernée, ne revenant pas à ce qu'ils viennent d'entendre. Emilia est la princesse Zelda ? Ils la fixent avec stupéfaction. Malgré la crainte dans ses yeux, Zelda conserve son sang-froid. Quant à Link, il agite son épée avant de reprendre son combat contre la Yiga. Brutalement, les deux armes se croisent avec fracas. Même si son ennemie est toujours aussi rapide et malicieuse, Link parvient à parer toutes les attaques. Il enchaîne ses coups avec la rage de la vaincre. Le désir de protéger sa famille est encore plus fort. Folle d'inquiétude pour ce dernier, Malon retient Romani qui n'ose pas regarder le combat. Talon tremble de peur à l'idée de voir Link perdre. Seule Zelda, confiante, assiste au combat, prête à intervenir encore. Mais Link semble mener le combat avec détermination. Avec brutalité, il brandit l'épée à l'avant et érafle le ventre de la Yiga, la serpe tombée au sol. L'épée pointée vers la poitrine de la jeune inconnue qui tombe sur ses hanches au sol, Link la regarde froidement, prêt à lui donner le coup de grâce à n'importe quel instant.

- Tu... tu vas vraiment me tuer ? s'exclame-t-elle d'une voix apeurée.
Comme une lâche, elle se crispe, terrifiée par la mort.
- Si je te laisse vivre, tu vas encore nous poursuivre... déclare-t-il d'un ton sombre.
Tremblante, la Yiga baisse la tête.
- Je n'ai pas le choix... Si tu as des raisons de protéger cette princesse, sache que moi aussi j'en ai !
Hésitant, Link la regarde fixement. Alors qu'il s'apprête à la tuer de sang-froid, sa main tremble de plus en plus.
- Link ! Non ! supplie une voix féminine au loin.

Soudainement, Link lève la tête avant se tourner à sa droite. Le souffle court après avoir autant couru, Leyna se tient contre la clôture après s'être introduite à son tour. Tous se retournent en direction de cette dernière. Le regard méfiant envers la Yiga, la jeune femme aux longs cheveux argentés s'approche.

- Leyna... Alors donc c'est vrai... Tu es ici... constate cette dernière d'une voix tremblante.
Subitement, Link fixe Leyna, désormais certain de sa véritable nature de Yiga.
- Oui... Lorsque j'ai senti ta présence, je me suis lancé à ta poursuite... Heureusement que je suis venue à temps, Kurna... explique froidement Leyna.
- Dire que tu étais dans ce village depuis le début... Alors c'est pour cela que ce capitaine s'est infiltré dans un de nos repaires ! constate la Yiga d'une voix nerveuse.
Les yeux de Leyna s'écarquillent soudainement.
- Ce capitaine... ? Tu veux parler de... Pawel ? s'exclame-t-elle.
- Tu as vraiment épousé cet homme alors ? De mieux en mieux ! se moque ouvertement Kurna en ricanant. Tu sais que tu es toujours considérée comme une traîtresse ? Dire que nos parents avaient placé de l'espoir en ton avenir. Tu étais la chouchoute... Mais de là à quitter notre camp pour épouser un homme aussi pathétique qui a subi ma lame, c'est vraiment le comble !
- N... non !

Horrifiée à l'idée de ce qui est arrivé à son époux, Leyna a un mouvement de recul, comme si elle est prise d'un malaise.
- Leyna ! Pawel est vivant ! Ne croyez pas à ses mensonges ! Il est entre de bonnes mains ! révèle Link afin de détruire le plan de manipulation de la Yiga.
Avec épouvante, Leyna baisse la tête malgré le coeur qui s'affole contre sa poitrine. Les larmes aux yeux, elle trouve la force de le regarder avant de tenter de lui avouer la vérité :
- Link... Je... je suis....
- Cela n'a aucune importance... Yiga ou non, vous êtes avec nous ! Et pour Pawel, il est en vie, vous pouvez me croire !
Leyna se sent aussitôt rassurée par ces paroles.
- Mais sache une chose Leyna, poursuit froidement Kurna. Si tu souhaites revenir avec moi, je pense que notre Maître te pardonnera et acceptera que ton cher époux devienne un Yiga.
- Hors de question que Pawel devienne un monstre comme les Yigas... Comme toi... Et comme moi jadis... Nos parents n'ont jamais voulu faire de nous des assassins... Ils voulaient surtout que nous connaissions le bonheur et nous épargner la souffrance qu'ont connu les Sheikahs ! s'exclame Leyna, les larmes aux yeux.
En sentant la tristesse résonner dans son coeur, Kurna serre la serpe.
- Alors toi aussi, tu comptes m'abandonner ? Après nos parents, "lui", maintenant toi... C'est intolérable ! hurle-t-elle d'une voix hystérique. Je préfère que tu sois morte plutôt que tu dises de telles sottises !

Comme une enragée, Kurna se téléporte afin d'attaquer aussitôt Leyna. L'ancienne Yiga sort son poignard de l'arrière de sa robe et la repousse, n'ayant pas complètement oublié ses aptitudes en tant qu'assassin. Les deux soeurs combattent avec leur propre arme. Hélas, n'osant pas tuer sa propre chair, Leyna se défend uniquement. Brutalement, Kurna érafle sans aucun scrupule l'épaule gauche de sa soeur avant de la repousser. En gémissant de douleur, la jeune femme se plaque contre l'arbre en lâchant son poignard. Sans aucune hésitation, Kurna s'approche, la serpe dans la main.
- Au moins, lorsque ton cher époux reviendra, il aura la surprise de te voir enterrée sous une pierre ! hurle-t-elle avant de diriger son arme.

Leyna se crispe, ne pouvant pas se défendre. Mais au dernier moment, Link accourt pour la protéger. Il ne doit pas laisser sa redoutable ennemie s'enfuir : il doit l'abattre contre son gré. Finalement, après quelques échanges de coups, il plaque Kurna contre un arbre. La respiration retenue, l'épéiste la poignarde violemment dans le ventre. En hurlant de douleur, le masque de Kurna finit par tomber au sol avant de briser en fracas, dévoilant ainsi son visage, similaire à celui de Leyna. Seules ses pupilles sont rouges. Les grandes mèches noires tombent et encadrent désormais son visage au teint pâle. Les larmes aux yeux, Leyna s'effondre auprès de Zelda et Malon qui l'aident aussitôt à se relever. Romani pose les mains sur ses yeux remplis de larmes. Silencieusement, Talon la tient contre lui. Le regard froid, Link retire brutalement l'épée du ventre de Kurna. Le sang gicle sur sa joue droite, là où se trouve sa petite cicatrice d'hier. La femme au coeur malveillant recule en posant la main sur sa plaie. Peu à peu, elle sent la mort s'emparer d'elle avant de tomber sur ses jambes, les yeux remplis de larmes. Soudainement, elle rit d'une façon aussi horrible. Sur ses gardes, Link pointe son épée dans sa direction.

- Pauvre fou... C'est au moment de leur mort que les Yigas deviennent plus puissants et qu'ils peuvent condamner une personne à mourir ! déclare Kurna en se tournant vers la famille de Link. Comme cette petite fille lâche qui n'ose pas regarder la scène !
Après avoir hurlé comme folle furieuse, la Yiga se téléporte instantanément avant de réapparaître plus près de la maison pour envoyer sa serpe en direction de Romani sans défense. Apeurée, la petite fille pousse un cri de frayeur. Instantanément, Talon la couvre afin de se prendre l'attaque à sa place. La serpe plantée dans sa poitrine, il gémit de douleur avant de tomber sur ses jambes.
- Non ! Papa ! hurle Malon d'une voix épouvantable.
Sous le choc, Link s'arrête en lâchant un cri d'effroi. Tremblante, Romani lève la tête avant de regarder le dos de son père, ne comprenant pas très bien la situation.
- Pa... Papa ! s'exclame-t-elle en larmes.

Agenouillée au sol, Kurna ne peut s'empêcher d'éclater de rire. Avec une profonde rancoeur, Leyna se retourne vers elle et la fixe comme un monstre. En croisant le regard froid de sa soeur, la Yiga recule avant de disparaître comme un coup de vent. Les paupières fermées, Talon est à présent inerte.
- Papa ! Papa ! Tu m'entends ? Ouvre les yeux ! Je t'en prie ! supplie Malon en sanglots en le soulevant dans ses bras.
Leyna accourt pour les rejoindre avec affolement. Entre la vie et la mort, Talon a les yeux fermés et ne respire presque plus. En pleurs, Malon essaye de le réveiller, tandis que l'ex-Yiga, compétente dans la médecine, essaye de stopper désespérément l'hémorragie. Hélas, en constatant avec horreur que la serpe a réussi à toucher le coeur, Leyna baisse la tête avec impuissance. Horrifié, Link sent la tristesse l'envahir. Il s'agenouille et tient désespérément le bras de Talon.

- Talon ! Tenez-bon ! Je vous en prie ! s'exclame-t-il, la voix déchirée. Vous... vous ne pouvez pas partir vous aussi ! Vous n'en avez pas le droit !
Submergé par la tristesse, il essaye de retenir ses larmes. Son estomac se tord et sa poitrine le fait souffrir.
- Talon... Non... murmure-t-il en posant la main sur ses yeux, pris de remord.
- Papa va bien finir par se réveiller... Il ne peut pas mourir ! Ce n'est pas possible ! s'exclame Malon en éclatant soudainement en sanglots. La déesse Hylia ne peut pas nous le prendre ! Elle nous a déjà pris maman... Elle ne peut pas encore nous prendre papa !

Les yeux accaparés par la tristesse devant cette famille désormais brisée, Zelda sort finalement le flacon que lui a préparé Kairi : le seul remède capable de repousser une mort lente. Sans hésitation, elle s'approche avant de poser la main sur l'épaule de Link.
- Ne t'en fais pas : Talon survivra... Je te le promets, rassure Zelda d'une voix modulée.
Surpris par ces paroles, Link lève la tête, intrigué. Avec horreur, il regarde Zelda de dos, comprenant son intention.
- Zelda ! Cette potion est très rare... Si tu fais ça, tu vas...
- Oui... je sais. Mais Talon en a besoin bien plus que moi. Il doit continuer de vivre avec vous.

Emparé par la tristesse, Link détourne le regard, n'ayant pas le coeur de protester. C'est comme si un choix douloureux pèse sur ses épaules : soit Talon ou soit Zelda. Un terrible choix bien cruel et inimaginable. Pourtant, l'Hylien ne veut perdre aucun des deux. Zelda le regarde longuement avant de s'agenouiller à son tour auprès de Talon. Sous les yeux attentifs de Leyna, elle ouvre le bouchon du flacon, désirant sacrifier son dernier espoir de vivre, ne serait-ce que pour quelques mois en plus. Alors que Malon et Romani fixent la princesse, Zelda fait boire tout le contenu à Talon. Une fois le flacon vide, elle se lève ne pouvant rien faire de plus. Chacun fixe Talon, toujours inconscient. De longues secondes d'interrogation et de patience s'écoulent. Chacun prie au fond de son coeur de voir Talon se réveiller... Peu à peu, la respiration haletante, il finit par ouvrir faiblement les yeux, encore dans les vapes. Sa blessure a disparu comme par miracle. La potion l'a sauvé de la mort. Aussitôt, ses grands yeux bleus se posent sur Romani, le visage en larmes.

- Pa... Papa... ? murmure la petite fille, sous le choc.
- Ro... Romani... Tu vas bien ? Tu n'as pas eu mal ? s'inquiète Talon en posant faiblement la main sur la joue droite de sa fille.
Sans lui répondre, Romani se jette dans ses bras et pleure très fort contre lui, encore effrayée par ce qui s'est produit. Surpris par ce geste auquel il n'est plus habitué, Talon la sert dans ses bras. Les larmes aux yeux, Malon s'approche aussitôt de son père.
- Ne nous fais plus jamais peur comme ça, papa, déclare-t-elle, la voix poussée par ses pleurs. Oh bon dieu...
- Ne pleure plus, Malon... Je reste avec vous... Pendant mon inconscience, j'ai revu Marine... Et après, j'ai entendu la voix de Link qui m'a demandé de tenir bon..., explique Talon en regardant Link. Alors, c'est ce que j'ai fait...
Soulagé, Link esquisse un sourire à la fois rassuré et mélancolique. Il baisse la tête en sentant son coeur se calmer peu à peu malgré la frayeur. Alors que la famille se réunit, Zelda reste en retrait. Malgré le pessimisme qui hante son regard, elle ne regrette pas son geste, loin de là. Même si Leyna souffre d'avoir revu sa soeur, elle est avant tout heureuse de revoir Talon remis sur pied. En pensant à Pawel et à Kurna, elle sent pourtant son coeur se saigner. Elle se retourne et regarde le ciel avec désespoir, consciente que son choix l'a conduite à une telle déchirure.

* * *

Au même moment, Kurna, le ventre en sang, entre dans un vieux temple. Les décors sont gothiques et impressionnants. Le hall, tenu par de grandes colonnes en pierre, fait même penser à une vieille église. Seuls les vitraux brisés ainsi que les meubles rustiques détruits amplifient le côté lugubre. N'arrivant plus à se tenir debout, elle s'écroule sur le carrelage noir avant de ramper désespérément vers le siège du trône. Lentement, ses yeux se lèvent sur un homme au teint légèrement mat. Vêtu d'une grande cape noire qui couvre sa chemise blanche, la seule couleur pure de sa tenue, il la regarde avec froideur. Les cheveux noirs mi-longs et les yeux rouges comme le sang, il ne prend pas la peine de se lever. Malgré la beauté qui se dégage de lui, il semble sévère et impassible. Il porte une alliance argentée sur l'annuaire de sa main gauche.

- Seigneur Vadel... S'il vous plaît, guérissez-moi..., supplie désespérément Kurna en état de choc.
- "Te guérir" ? Alors que tu ne m'as pas ramené la princesse et le héros comme il se doit ? rétorque froidement l'intéressé. Surtout que le temps nous est compté... Tu le sais pourtant.
- Si vous me guérissez, je réussirai ma mission... Mais abrégez mes souffrances... Soignez-moi... insiste la Yiga de plus en plus mal en point. Par pitié, soignez-moi...
- Abréger tes souffrances serait beaucoup trop facile... Je préfère que tu perdes le souffle justement. Si la princesse meurt avant que je n'obtienne mes pouvoirs, hors de question de ressusciter comme promis tes parents, ainsi que ton cher ami qui n'a pas réussi à mettre fin à la vie du porteur de légende lors de cette soirée... Je n'ai aucun compte à te rendre, donc je ne t'accorderai aucune faveur sentimentale.
- Seigneur Vadel... Je vous en supplie ! s'exclame-t-elle en tendant sa main dans sa direction. Si vous me sauvez, je... je vais conclure le pacte avec Argota pour avoir le pouvoir ! Je vous serai entièrement dévouée. Je m'occuperai de mes affaires personnelles... lorsque tout sera fini...
Indifférent devant les supplications de Kurna, le Comte Vadel lève la tête au plafond. Un étrange brouillard noir essaye de s'échapper d'une misérable cage conçue pour le retenir.
- Sylves... appelle-t-il d'un ton calme.

En entrant dans la pièce après avoir entendu clairement l'appel du Comte, un jeune homme, le bas du visage caché par une écharpe blanche et les yeux rouges, avance. Il porte un haut d'épéiste rouge, le symbole Yiga brodé au milieu, ainsi qu'un pantalon noir serré. Un couvre-chef de gavroche couvre ses cheveux blancs comme neige en bataille. Aussitôt, il remarque Kurna au sol. Précipitamment, il s'approche de son alliée et pose la main sur son épaule pour la soigner. Vadel se lève avant de lui ordonner :

- Sylves, pendant mon absence, je compte sur toi pour que tu veilles sur "lui".
- Votre absence ? s'étonne Sylves avec interrogation, les yeux rivés sur le Comte. Mais si vous quittez cette pièce, "il" risquerait de s'énerver. Surtout que vous savez que vous ne pouvez pas vous éloigner trop de lui... Vous risqueriez de mourir... Laissez-moi me charger de cette mission : je vous ramènerai la princesse et l'élu du courage.
- Non, Sylves. Je préfère me charger moi-même de cette affaire. Ce n'est pas dramatique si ma santé empire à cause de cet égoïste..., répond Vadel avec un regard assez humain.
Tout à coup, un horrible hurlement résonne. Vadel sourit froidement, comme s'il est amusé par la colère de l'esprit spirituel. Il lève la tête avec un air sûr de lui.
- En attendant, tu ferais mieux de rester tranquille dans ta niche, Ganon, se moque-t-il malgré la voix assombrie.
Fou de rage, le mystérieux être enchaîné lâche un hurlement épouvantable.

Chapitre 21 : L'ombre du coeur   up

Au milieu de la nuit, n'arrivant pas à trouver le sommeil après cette soirée agitée, Zelda se lève de son lit. La peau pâle et le regard maussade, elle se rend dans le jardin. Malgré les évènements récents, la brise nocturne est paisible et surtout agréable. Elle berce ses longs cheveux dorés, éclairés par la pleine lune, toujours aussi majestueuse. Mais, la main posée contre son cou après avoir senti une petite douleur dans sa poitrine, son visage se décompose.

Pourtant, elle s'efforce de retenir ses larmes et de conserver son calme en ignorant les maux insupportables qui fragilisent toujours autant son corps. Ainsi, elle sort la flûte avant de jouer la mélodie de son coeur. En l'entonnant avec facilité, Zelda ferme tout doucement ses paupières alourdies. Ses doigts se faufilent avec délicatesse sur la façade de l'instrument. Le thème est calme et apaisant à l'oreille : il est même très discret. Même la chouette qui hulotte avec sérénité, comme chaque nuit, parvient à effacer la mélodie. Tout comme la mort qui efface une vie...

- Vous n'arrivez pas à dormir ? demande tout à coup une voix.
Prise par surprise, Zelda s'interrompt et se retourne. Malon, les bras croisés et le regard interrogatif, la fixe avec une grande curiosité. Ses yeux sont encore rougis par les larmes et la peur qu'elle avait laissé éclater il y a peu. Avec un sourire bienveillant, Zelda lui répond :
- Non... Je suis encore un peu sous le choc pour dormir... Est-ce que ton père va mieux ?
La jeune fermière approuve silencieusement de la tête.
- Oui. Il dort profondément. Encore plus que d'habitude, répond cette dernière avec un sourire attristé. Romani a fini par s'endormir à son chevet après avoir veillé sur lui.

Les larmes aux yeux, Malon s'incline soudainement, à la grande surprise de Zelda.
- Votre Altesse, ajoute-t-elle d'une voix modulée, la main posée contre son thorax par respect. Merci... Merci du fond du coeur d'avoir sauvé mon père de la mort... Si nous l'avions perdu... Je ne sais pas si j'aurais tenu le coup de continuer à faire fonctionner le ranch... Après la mort de ma mère, j'avais perdu tout espoir... Jusqu'à aujourd'hui, j'avais tout fait pour m'occuper de ma famille de mon mieux malgré les difficultés... Que ça soit papa, Romani et Link, si je perdais l'un d'eux, je... je ne le supporterais pas...
- Je peux comprendre tout à fait tes sentiments, Malon... Mais sache une chose : c'est que ton père vous aime énormément. Toi, Romani et Link. Cela se voit dans ses yeux.
Malon lève la tête et regarde fixement la princesse, réconfortée par ces paroles chaleureuses.
- C'est surtout Romani qui doit être la plus rassurée... Ça a été très difficile pour elle. Lorsque papa est tombé dans une dépression après la mort de ma mère, c'est moi et Link qui nous nous étions occupés d'elle... Mais à présent, elle a pu voir qui est réellement papa... Non pas parce qu'il a sauvé sa vie, mais parce qu'il l'aime...

Silencieusement, Zelda baisse la tête en repensant à son propre père. Il est vrai que depuis la mort de sa mère, ce dernier est devenu beaucoup trop distant à son égard... Tout comme Talon s'est éloigné inconsciemment de Romani.
- En tout cas, Link a l'air de vous apprécier, relève aussitôt Malon avec un léger sourire.
- M'apprécier... ? répète timidement Zelda, ne sachant pas où la jeune fermière veut en venir exactement.
- Oui. Il a l'air de tenir énormément à vous. Cela se voit. C'est rare que je le vois aussi attentionné envers une personne qu'il a rencontré il y a peu.
Les joues rougies, Zelda baisse timidement la tête. Même si cela lui fait chaud au coeur de le savoir, elle sait très bien qu'elle ne peut pas rester auprès de l'épéiste. Elle évite d'imaginer ou même de croire à un espoir. Cela ne ferait qu'accentuer sa douleur en tant que mourante.
- Votre Altesse... Est-ce que vous pouvez continuer de jouer ce thème ? demande Malon avec un sourire chaleureux. Il est vraiment magnifique.
Surprise par cette demande à la fois enfantine et sincère, Zelda acquiesce avec plaisir avant de fermer les yeux et de rejouer la mélodie avec un coeur plus léger. Malon s'assoit sur le banc en bois, près du petit chêne, et écoute attentivement chaque note qui l'apaise. Même si elle a envie de chanter, elle préfère savourer cet instant en fermant ses paupières.

* * *

Mais au même moment, dans le salon éclairé par une simple bougie, l'ambiance est loin d'être apaisante. Link en a profité pour expliquer à Leyna : sa mésaventure avec le premier Yiga qu'il a rencontré, le réel but de Pawel... Avec beaucoup de tristesse, Leyna se lève en posant la main contre son cou, sentant sa gorge se nouer. Elle a même du mal à bien se tenir debout.

- Alors Pawel... a fait tout ça pour moi... ? se demande-t-elle, la voix tremblante.
- Oui..., affirme Link, les yeux rivés dans le vide. C'est sûrement pour cela qu'il a rejoint l'armée royale : pour assurer votre avenir...
En sentant son coeur saigner, Leyna baisse les yeux comme si l'envie de pleurer surgit. Le sort de son époux ne cesse de la tourmenter.
- Pourtant, je l'ai supplié de renoncer à cette folie... Les Yigas, mon ancienne famille, sont impitoyables et sèment la mort sur leur passage. Moi aussi, jadis, j'ai blessé ceux qui ont voulu m'abattre. Mais je n'ai jamais voulu tuer... Mais malgré mes efforts, mes mains ont été souillées... Et j'ai compris ma faute au moment où j'ai failli mourir...
- C'est pour cela que vous aviez été blessée lorsque Pawel vous a trouvée au bord du lac, il y a quelques années..., rappelle calmement Link.
Envahie par la nostalgie qui lui réchauffe tout doucement le coeur, malgré la mélancolie, Leyna sourit tristement avant de lui répondre :
- Oui, cette nuit-là, j'étais en mission... Mais un Sheikah a croisé ma route... Après un rude combat, je suis tombée dans le lac, destinée à une mort certaine... Mais depuis que Pawel m'a trouvée, soignée et qu'il m'a appris la vie et l'humanité malgré mon instinct sauvage, j'ai fini par l'aimer... Grâce à lui, j'ai voulu vivre comme un être vivant et non comme ma grande soeur, devenue une guerrière qui veut sans cesse couvrir faire couler du sang.

En repensant à son pénible combat contre Kurna, Link détourne son regard, mal à l'aise.
- Leyna... Je suis désolé pour votre soeur... Je ne pense pas qu'elle soit encore en vie... J'étais obligé de la tuer...
- Et je ne t'en veux pas, Link..., rassure aussitôt Leyna avec un triste sourire. Et puis, je ne lui pardonnerai jamais d'avoir voulu s'en prendre à Pawel ainsi qu'à Talon et Romani... C'est bien mieux comme cela. La mort l'a libérée de sa cruauté et du Maître...
- Le Maître... ? répète Link en sentant une inquiétude étouffante l'envahir.
Leyna marque un long silence avant de répondre :
- Il y a trois ans, cet homme... Bien qu'il ne soit pas un Yiga, a réussi à manipuler notre tribu en faisant des promesses. Ses pouvoirs, aussi impressionnants qu'effrayants, les ont tous convaincus. Lorsqu'il réussira à obtenir l'ultime pouvoir caché du Saint Royaume, capable de réaliser n'importe quel voeu, il parviendra à faire revenir les morts à la vie. Kurna a cru en lui... Elle a tant voulu faire revenir nos parents dans notre monde. Mais moi, je n'étais pas dupe : obtenir de tels pouvoirs n'est pas une bénédiction mais une sorcellerie interdite...
- Ce Maître... serait-ce la réincarnation de Ganon ? Celle dont tout le monde craint ?
- Je l'ignore... Peu de temps après son arrivée, j'étais déjà sur la route pour ma dernière mission...

Abasourdi par tant de mystères, Link baisse la tête. En posant ses yeux sur le flacon vide, une question lui brûle soudainement les lèvres :
- Et pour la Princesse Zelda... ? Est-ce que vous pourrez réussir à cloner ces quelques gouttes restantes de ce remède ?
- Je suis désolée... Même moi, je ne pourrai pas reproduire ce genre de potion... Je ne connais pas les ingrédients..., répond Leyna avant de baisser les yeux avec une tristesse accablante. Pardonne-moi de ne pas être plus utile...
Dépité à l'idée qu'il ne pourra rien changer à la situation, Link croise ses mains tremblantes sur la table. Il se force à croire à l'espoir, même si cela devient très difficile.
- Je dois... abandonner une bonne fois pour toutes l'espoir de la voir guérir... ? demande-t-il d'une voix empreinte de désespoir.

Leyna se retourne rapidement, impuissante de l'entendre ainsi.
- En attendant, tu ferais mieux d'accompagner la princesse au château pour plus qu'elle ne se force physiquement... Il ne faut surtout pas qu'elle utilise ses pouvoirs qui causeront la dégradation de sa santé..., explique cette dernière en tentant de rester optimiste. De mon côté, je vais préparer des potions qui soulageront ses souffrances si quoi que ce soit lui arrive...
Link lève la tête et regarde la jeune femme.
- C'est ce que je ferai..., déclare-t-il avec un sourire mélancolique. Et si je croise Pawel durant mon nouveau voyage, je le ramènerai ici... Tel que je le connais, il voudra sûrement recommencer à poursuivre les Yigas pour vous protéger malgré les difficultés... Il est aussi têtu que moi, mais j'arriverai à le ramener à temps.
- Merci Link..., remercie Leyna avec reconnaissance. Même si je fais tout pour... ne pas me plaindre et vivre avant tout pour mes proches, il... il me manque terriblement...
- À moi aussi, répond Link, compréhensible. C'est pourquoi, en même temps que je chercherai le remède pour Zelda, je partirai pour Ordiala.
Ainsi, sur ce silence pesant, la soirée s'achève.

* * *

Le lendemain matin, alors que les rayons du soleil traversent la fenêtre, Link est assis sur son lit, toujours vêtu de sa tunique verte. Seule sa coiffe est posée sur la table de chevet, laissant respirer ses cheveux blonds, légèrement illuminés par la douce lueur matinale. N'ayant pas réussi à trouver le sommeil, il ferme les paupières, la main appuyée sur son front. Il profite de cet instant calme pour planifier son voyage. Pour commencer, il a l'intention de revenir au domaine Zora pour interroger Kairi sur les ingrédients nécessaires pour ce fameux remède. Pour le bien de la princesse, il est conscient qu'il doit la ramener au château. Mais revenir à une vie monotone comme si rien ne s'était passé, une fois déclaré innocent et libéré de son fardeau, amplifie davantage son impuissance. Il ressent l'envie de la guérir, peu importe le prix et le temps, frappé par l'inévitable épée de Damoclès. Ainsi, l'heure du départ a sonné.

* * *

Devant le ranch, Zelda, portant sa cape noire afin d'être discrète, caresse la crinière d'Epona, tandis que Link remet bien la selle. Peu de temps avant, Leyna a remis deux potions fabriquées à partir d'ailes de fées.

- Madame Princesse... Tu vas vraiment partir ? demande Romani avec un triste regard.
- Romani... S'il te plaît, sois plus correcte... Il faut dire "votre Altesse" conseille calmement Malon à la petite fille en lui posant la main sur son épaule gauche.
- Non, ça ira, je te rassure. Je trouve ça mignon comme surnom. Ça me rappelle une connaissance, répond Zelda avec un sourire attendrissant.
Link devine rapidement qu'il s'agit de Falgus. Il ne peut s'empêcher de penser à ce petit Korogu avec un air attendri.
- Surtout prenez-soin de vous, votre Altesse... Et merci encore de m'avoir sauvé la vie... Je vous serai éternellement reconnaissant, déclare Talon en s'inclinant.
- Madame Princesse ! J'espère que tu vas revenir très bientôt ! annonce vivement Romani.
- Oui : quand vous reviendrez, je vais vous préparer encore ce gâteau aux oeufs que vous avez aimé. C'est une promesse, enchaîne Malon avec bienveillance.

Reconnaissante, même si elle sait qu'elle ne pourra sûrement plus jamais revenir, Zelda approuve tout de même de la tête en s'efforçant de garder le sourire.
- Prenez soin de vous surtout. Et merci encore pour votre accueil. Vous êtes... vraiment adorables.
Malgré la mélancolie dans ses yeux, la Princesse se retourne, prête à quitter le paisible village forestier.
Link l'aide à grimper sur le dos d'Epona avant de s'exécuter à son tour.
- Link. Fais bien attention à son Altesse ! conseille Malon.
- Oui. Je le ferai.
- Et surtout : reviens plus vite que prévu ! ajoute vivement Romani. On t'attendra !
Talon hoche de la tête avec confiance.
- Oui, affirme Link avec un doux sourire. Prenez soin de vous surtout.

Après avoir prononcé ces paroles, en regardant une dernière fois ses proches, il agite les rênes en tiquant, le regard rivé droit devant. Ainsi, Epona s'exécute et galope le plus loin possible du village. Inconsciemment, Malon a une sensation de déjà-vu. Mais finalement, elle sourit, confiante pour son ami.

- Papa... Pourquoi Madame Princesse ne peut pas rester avec nous ? demande Romani à son père.
- Parce qu'elle ne fait malheureusement pas partie de notre monde... Mais, une chose est sûre, c'est que peu importe ce qui se passe, je ne l'oublierai jamais, répond Talon d'une voix plus apaisante.
- Moi non plus ! La prochaine fois qu'elle viendra, j'espère qu'elle goûtera notre nouvelle recette !
Avec un sourire plus joyeux, le fermier prend sa fille dans ses bras avant de la soulever au niveau de son cou, les yeux rivés vers la sortie du village.
Malon lui sourit avec discernement avant de regarder la statue d'Hylia au loin, comme si elle veut trouver la foi de croire à la déesse à nouveau.

* * *

Alors que les nuages pluvieux cachent le soleil, Link et Zelda se dirigent vers le village des Korogus grâce à un raccourci dans la forêt de Firone. Même si les deux amis ont le coeur lourd, ils ne dévient pas de leur destin qui est la séparation.
- Zelda..., interpelle doucement Link.
- Oui ? répond cette dernière, cramponnée à lui.
- Je regrette que ce séjour à Foracalia ne se soit pas très bien passé... Je suis désolé...
- Tu ne pouvais pas le savoir... Et puis ce moment que nous avons passé dans ce coin que tu aimes tant : je ne l'oublierai jamais....
En esquissant un sourire attristé, il baisse la tête.
- Moi non plus..., répond-il d'une voix modulée. Dans tous les cas, même si... nous ne nous verrons plus, quand Leyna ou Kairi aura réussi à préparer un remède, je te l'apporterai comme convenu en tant que livreur et je continuerai à chercher les ingrédients. En attendant, je pense que les deux potions que t'a remises Leyna soulageront un peu ta souffrance.

Touchée par l'attention de Link, Zelda pose affectueusement la tête contre son dos pendant que ce dernier regarde droit devant. Peu à peu, la pluie commence à tomber. Finalement, elle s'abat sur les deux Hyliens et la végétation.

- Il ne manquait plus que cela : une averse..., soupire Link en levant la tête au ciel gris.
Tout à coup, une grande secousse résonne. Sous le choc, Epona émet un hennissant en reculant.
- Oh ! s'exclame Link afin de calmer sa jument. Doucement !

Epona souffle, de plus en plus paniquée. Des bruits de pas retentissent en même temps que la nouvelle secousse qui a troublé le silence euphorique et habituel de la forêt. Sur leur garde, Link et Zelda se tournent vers leur droite. Avec épouvante, ils distinguent rapidement une étrange tête. Sortie de sa cachette, une créature de deux mètres de haut arrive sur les lieux. La même couleur de peau, elle est bien plus grande que les pathétiques Bokoblins rouges. La grande différence est que sa tête ressemble à celle d'un cochon. Le groin sale, la mâchoire baveuse et le torse graisseux, la créature, vêtue seulement d'un pantalon noir, est armée d'une grande batte en bois, prête à fracasser n'importe quel crâne. Les yeux blancs et la gueule grande ouverte, le Moblin est effrayant à voir.

Apeurée par cet être hideux, Zelda lâche un cri, tandis que Link, sous le coup de l'anxiété, tire les rênes en arrière afin de faire reculer Epona. Brutalement, le Moblin donne un violent coup de batte au sol. Affolée, Epona accourt en direction du deuxième chemin, s'éloignant ainsi du raccourci. Elle se dirige droit vers la sortie de la forêt. Malgré beaucoup d'efforts, Link ne parvient pas à la maîtriser tandis que Zelda fait tout de son possible pour mi eux se tenir à lui. Les secousses continuent de résonner derrière eux. Mais avec horreur, ils tombent encore sur deux autres Moblins, suivis par des Bokoblins.
- Malédiction ! Zelda, agrippe-toi bien à moi ! s'exclame Link en sentant la panique le saisir.

En tirant les rênes vers la droite, Epona les contourne. Mais les créatures, avides de cruauté et de sang, accourent et les poursuivent. Apeuré par la horde, l'Hylien n'ose pas se retourner. Ne comprenant pas l'envahissement soudain des monstres, il serre ses dents en désirant quitter la forêt le plus rapidement possible. Hélas, un Bokoblin archer talentueux, se tenant à une branche d'un grand arbre, décoche une flèche en direction d'Epona. Soudainement, la jument gémit après avoir senti une horrible douleur à son flanc droit. En se mettant debout sur ses deux sabots, les pattes agitant en l'air, elle tombe, entraînant avec elle Link et Zelda dans sa chute. L'épaule droite cognée avec brutalité au sol, l'épéiste se lève faiblement en grimaçant de douleur. Tout est allé si vite... Tremblante, Zelda s'assoit mieux malgré le choc. Elle sent une légère douleur à son coude gauche. Mais alors que Link ouvre mieux les yeux et devient plus lucide en se grattant le front, il distingue avec horreur Epona allongée dans une flaque de sang. La respiration haletante, la jument tremble.
- E... Epona ! Non ! s'exclame-t-il d'une voix déchirée.

Rapidement, il se lève avant d'accourir maladroitement vers cette dernière. Submergé par la panique, il se laisse tomber auprès de son animal.
La jument agonise, de plus en plus faible. Ses yeux sont envahis par les larmes, provoquées par l'insoutenable douleur. Sous le choc de la voir dans un tel état, Link retire la flèche et examine l'éraflure. Hélas, le sang commence à couler d'une façon abondante. La plaie est profonde...
- N... Non... Epona... Eh... Tu ne peux pas nous abandonner..., supplie désespérément Link avec un regard horrifié. Je t'en prie... Tiens-bon... Courage ma belle...

Désespérément, alors qu'il lui caresse la tête, Epona le regarde, de plus en plus faible. Elle semble comprendre les paroles de l'Hylien prononcées avec désespoir. Au bord des larmes, Link baisse la tête, anéanti de la voir souffrir à un tel point. Il est conscient que dans ces conditions, il n'aura pas le choix que d'abréger ses souffrances. Mais rien que de l'imaginer, cela lui est insupportable. Zelda s'agenouille aux côtés de la jument et lui caresse la crinière à son tour, ne retenant pas ses larmes. Elle enlève sa cape noire et la pose sur sa blessure dans l'espoir d'arrêter le saignement. Plusieurs secondes plus tard, les Bokoblins les rattrapent, tous armés d'une arme tranchante. Ils grognent en les agitant. Emporté par la colère, Link se lève en dégainant son épée avant de les attaquer. Sans aucune pitié, il fonce et tue violemment les Bokoblins sous la pluie battante. Même si la douleur à l'épaule droite continue de résonner, il défait ses ennemis en les tranchant pendant que Zelda tente de stopper l'hémorragie d'Epona.

Une fois la dernière créature au sol, l'épéiste effectue le coup de grâce en lançant son épée droit dans son coeur avant de la retirer. Épuisé, il tombe sur ses jambes en se tenant grâce à son arme pour se reprendre. Hélas, les autres Bokoblins, ainsi qu'un Moblin, rejoignent le lieu. Certains archers préparent leur arc et sont prêts à décocher une flèche à tout moment. De plus en plus anxieux, Link n'ose pas bouger et les regarde avec hostilité.
- Il suffit ! s'exclame aussitôt une voix masculine autoritaire.

Link et Zelda se retournent aussitôt à leur gauche. Avec étonnement, ils voient un étrange être sortir de l'ombre. Les cheveux noirs à présent trempés à cause de la pluie battante, ses oreilles pointues d'Hylien sont bien plus visibles. Rapidement, Zelda se montre épouvantée en posant la main contre sa bouche après avoir lâché un cri d'effroi.

- Comte... Vadel... ? Vous ici... ?
- Vadel ? s'étonne Link sous le choc. Alors c'est lui, le Comte Vadel... ?
- Je peux retourner tes propos avec prétention, répond froidement Vadel en fixant longuement l'Hylien. Alors comme ça, c'est toi la réincarnation du héros ? Celui qui a osé refermer les cicatrices de ces trois lieux ?
En fixant longuement les yeux bleus de Link, Vadel se gratte le menton avant de poursuivre :
- Hum... C'est vrai qu'il y a un lien de famille... Mais je m'attendais à quelque chose de bien plus coriace. Tu ne fais pas honneur à tes ancêtres qui ont porté leur coup sur Ganon... Tu es même plus que pathétique. Rien qu'en voulant pleurer pour ton cheval, cela te rend bien ridicule. Tu ne fais pas honneur à ceux qui t'ont précédé. Ils doivent sûrement avoir honte de toi dans le ciel. Ne pouvant plus écouter les histoires des précédents élus, le jeune homme sent une immense colère l'envahir.

- À part cette maudite destinée et ces cauchemars, je n'ai rien avoir avec eux ! C'est à cause de ce sang que... mes proches sont en danger ! Ils n'ont pas été capables de tuer Ganon une bonne fois pour toutes ! Je les maudis de toute mon âme alors cessez de me comparer à eux ! fulmine ce dernier avec froideur.
Surpris par de telles paroles, Vadel sourit malicieusement.
- C'est facile de rejeter la pierre sur ceux qui sont morts. Je ne crois pas que ça leur ferait plaisir de t'entendre. N'oublie pas que c'est grâce à eux qu'Hyrule continue de vivre, que la princesse Zelda a continué de se réincarner par le sang, et toi uniquement par l'âme... Même si ta chère princesse ne va pas faire long feu.
- Vous! fulmine Link avec un regard froid en agitant son épée.
Avec froideur, Zelda l'arrête d'un geste de la main avant d'enchaîner :
- Comte Vadel... Alors donc, vous êtes bien le chef des Yigas, les maux des cicatrices et... de la réincarnation de Ganon...
- C'est à cause de cela que vous avez décliné notre merveilleux mariage ? Mais ne vous en faites pas..., annonce Vadel en s'approchant d'elle.
Sensuellement, il lui caresse le visage.
- Pauvre princesse... Cet oeil rouge gâche votre beauté unique. Avant qu'il ne soit trop tard, votre corps m'appartiendra. Je ne vais pas le salir, bien au contraire, déclare sombrement ce dernier en posant son front contre le sien.

Effrayée par l'insinuation plus qu'obscène, Zelda reste figée, les yeux écarquillés. Aussitôt, Link exécute une charge sur Vadel pour le repousser. Grâce à sa grande lame, le pommeau aussi noir que sa tenue, il pare l'attaque avant de reculer, la cape flottante dans le vent. Déterminé à le combattre, Link s'approche, armé de son épée et son bouclier. En désirant manifester son pouvoir, sa main gauche est à présent illuminée par le fragment de la Triforce. Cependant, il ne sent plus le courage l'envahir mais un sentiment très étrange qu'il n'avait jamais connu auparavant. Il sent son coeur se serrer. C'est comme si une main froide l'empoigne pour l'empêcher de battre. Tout à coup, la lumière éclate et se meurt, à sa plus grande stupéfaction. C'est comme si le courage ne résonne plus en lui tel un écho. Le désespoir semble l'en empêcher. Ne comprenant pas ce qu'il se passe, il fixe la face dorsale de sa main. Il constate avec effroi que la marque de la Triforce a disparu !

- Mais qu'est-ce que... ?
En ressentant une nouvelle douleur au coeur, il lâche un gémissement de douleur en tombant sur ses jambes. Surpris, Vadel assiste silencieusement à la scène. Tremblante, le regard de Zelda s'horrifie. Elle n'ose pas s'approcher de son ami qui continue de souffrir sous ses yeux. Alors que l'orage gronde dans le ciel, Link lève la tête. Lorsque l'éclair claque, ses yeux deviennent rouges clairvoyant, faisant disparaître l'humanité dans son regard. Enveloppé par une soudaine lueur noire, une voix grave et sombre sort de sa bouche, les lèvres devenues violettes. Pâle comme un mort, il tremble avant que l'obscurité le gagne finalement. Devenu à présent aussi noir que son ombre, les yeux rouges menaçants et son fragment disparu, l'être les fixe longuement en se levant avec beaucoup de mal. Il lâche des souffles courts, la voix rauque : il n'est plus qu'un Dark Link.

- Link... ? appelle Zelda avec une soudaine peur de le voir sous une telle apparence.
Doucement, elle s'approche en posant la main sur la joue droite de Dark Link. Lentement, il pose la main contre celle de la princesse, comme s'il est attendri par son geste. Puis, sa main continue d'effleurer le bras de Zelda avec délicatesse. Tremblante par ce soudain geste qui évoque le désir, elle reste figée. Alors que la main froide de Dark Link arrive jusqu'à la joue droite de la jeune femme, il la descend jusqu'à la gorge avant de l'empoigner avec violence, envahi par un malin désir de l'étrangler ! Désespérément, Zelda tente de se débattre.
- Li... Link ! Arrête... ! Je t'en prie ! s'exclame-t-elle, la voix étouffée.

Instantanément, Vadel se précipite et poignarde en plein dans la cicatrice l'épaule droite de Dark Link qui hurle de douleur. Sa main lâche le cou de Zelda. Le Comte tient la Princesse contre lui pour l'empêcher de tomber, comme s'il veut la protéger contre n'importe quel danger.
- Bon sang... Le fragment du courage n'est plus présent... Il a trahi son propre pouvoir en le rejetant ! Misérable élu !

La respiration accélérée, Zelda assiste à la souffrance de Dark Link. Ne supportant plus de voir ça, elle détourne son regard et tend sa main dans sa direction afin de laisser éclater son pouvoir, le fragment illuminé. Ainsi, une lueur dorée transperce le coeur de Link, à présent libéré par l'aura noire qui revient aussitôt en lui telle une ombre. Affaibli à cause du coup brutal et de la puissance de cet étrange être, le jeune homme s'écroule au sol. Son coeur bat à toute vitesse et sa gorge se noue, comme s'il sent quelqu'un l'étrangler. Tremblant, il pose ses yeux sur Zelda qui le regarde avec horreur. De plus en plus choqué, le Comte constate que la Princesse, après avoir utilisé son pouvoir, est devenue plus faible. Sa peau est encore plus pâle et les veines de sa gorge ressortent presque.

Ne désirant pas prendre de risque, il claque des doigts pour que les créatures disparaissent. En rattrapant Zelda, sur le point de s'évanouir, il la soulève dans ses bras et regarde une dernière fois Link. Essoufflé, l'élu déchu n'a plus la force de parler ou même de se lever malgré la supplication dans ses yeux. Il tend sa main vers Zelda comme s'il veut essayer de la sauver. Vadel le fixe calmement. Cependant, ses yeux oscillent entre la froideur et la mélancolie. Finalement, il se retourne, la cape flottant dans le ciel, avant de disparaître telle une fumée. Avec beaucoup de mal, Link rampe en gémissant de douleur. La vue de plus en plus floue, il s'approche d'Epona, mourante, avant de perdre brusquement connaissance sous l'impitoyable pluie battante.

* * *

Ainsi, l'orage continue de gronder dans le ciel. Au château, perdu dans une montagne enneigée, Zelda atterrit dans le hall en compagnie de Vadel. Mal à l'aise en voyant la décoration sombre, la jeune femme pose ses mains contre son coeur. Peu à peu, elle sent une inquiétante présence planer au-dessus-elle. En levant les yeux au plafond, son regard s'horrifie aussitôt : l'étrange être spirituel, toujours caché dans une brume violette, hurle et tente même de sortir de sa cage. Peu à peu, alors qu'elle recule, Vadel tombe sur ses jambes, affaibli. Il crache du sang après avoir été pris par une quinte de toux. Puis, il lève la tête à l'entité.

- Je sais... Je ne suis pas encore monté sur le trône. Mais voilà la porteuse de la sagesse ! Le résultat est le même ! Ganon ! déclare-t-il en se levant, la main tendue vers ce dernier.
Zelda se retourne vers Vadel, horrifiée d'entendre le nom "Ganon", l'être qu'elle a tant redouté jusqu'à présent. Soudainement, une étrange voix monstrueuse résonne dans la grande salle. Elle est inaudible et incompréhensible. Effrayée, Zelda plaque le dos contre le mur, ne quittant pas des yeux l'entité emprisonnée. Visiblement contrarié, Vadel tique et serre ses poings.
- J'en suis conscient... Mais je n'ai pas pu ramener le porteur du fragment du courage. Navré de t'annoncer que son pouvoir est faible et s'est même dissipé pour un moment. Il vaut mieux le laisser le récupérer petit à petit. Il doit regagner le courage. Lorsqu'il viendra dans ce point de repère, tu rassembleras le pouvoir de la Triforce et tu pourras enfin réaliser mon rêve !

Soudainement, la voix s'élève et résonne. Vadel s'agenouille au sol après avoir senti son coeur se serrer.
- Tu veux te rendre au château royal pour te ressourcer ? Maintenant ? Bien... tes désirs sont des ordres...
- Non ! s'exclame Zelda en se dirigeant vers le Comte.
Elle empoigne son bras comme si elle veut l'en empêcher.
- Je vous en supplie ! Épargnez mon père et mes sujets ! Vous m'avez moi, j'accepterai de vous épouser ! Qu'est-ce qu'il faut de plus encore ? Vous aurez le pouvoir !
- Ce n'est pas le pouvoir que je désire, ni votre main pour ce que vous êtes, mais avant tout la vie d'un être qui doit être réanimé ! Peu importe le sort d'Hyrule ! répond froidement Vadel en la repoussant avec brutalité.

Debout, il tend sa main à l'entité comme s'il aspire une lumière. Le premier fragment, le haut de la Triforce, apparaît sur la face dorsale de sa main gauche : le fragment de la force. Celui de Zelda s'illumine et rejoint l'aura. Alors qu'elle tend désespérément la main à son fragment, Sylves la retient par les bras sans être trop brusque, tandis que Vadel regarde fixement la silhouette de Ganon en s'efforçant de rester impassible. Une aura noire enveloppe l'entité. Elle prend la forme d'une créature avec deux grandes cornes et des yeux rouges. Surpris mais à la fois terrifiés, les Yigas assistent à la scène sans dire un seul mot. Après avoir poussé un horrible hurlement, l'aura de Ganon s'échappe rapidement par la fenêtre avant de couvrir le ciel orageux. Instantanément, les nuages deviennent violets et néfastes, chassant n'importe quelle clarté. Désespérément, Zelda pose les mains sur son visage, au bord des larmes.

- N'ayez crainte, chère Princesse... Dès que vous rentrerez chez vous, je soulagerai votre tristesse et votre pénible souffrance avant que la réincarnation du héros me rapporte le fragment du courage restauré, lui déclare Vadel d'un ton froid avant de fixer le ciel.

* * *

Arrivé au château, le voyage de l'aura de Ganon touche enfin à sa fin. Sur le balcon, un homme d'une quarantaine d'années, petite barbe blanche et cheveux assez longs, se tient debout avec pessimisme. Il porte une longue cape rouge ainsi qu'une couronne d'or. Malgré son charisme et sa royauté, il ne possède aucun pouvoir capable de repousser la menace qui se dirige dans sa direction.
- Ganon..., murmure-t-il d'une voix désespérée. Serait-ce... la fin... ? Douce Déesse... Le héros... a échoué...

La silhouette de Ganon, provoquant toujours les nuages noirs de la mort, entoure l'immense château gothique. Tout à coup trois rayons de lumière, venant tout droit de chaque temple de prière, se dirigent dans sa direction pour essayer de le détruire. Hélas, une puissante barrière, entourant à présent le château, les repousse avec brutalité. Alors que les attaques ont été renvoyées, les trois esprits invoquent à leur tour une barrière dorée protégeant leur propre terre : Firone, Ordinn et Lanelle. Aucune créature invoquée par le fléau ou aucune attaque contre Ganon ne pourra alors accéder à ces lieux. Seule la terre du Royaume d'Hyrule, non protégée par un esprit, dépérit et les êtres, humains et animaux, vivant à la citadelle ou dans les alentours, poussent des hurlements de souffrance sous l'aura maléfique. Au ciel, la silhouette de Ganon pousse un horrible cri, invoquant une lune rouge comme le sang, marquant ainsi la fin de l'ère de la prospérité.


Chapitre 3 de la légende :
Le héros, trahi par sa propre ombre, avait finalement obtenu sa propre tombe. Chagrinée d'avoir perdu son chevalier, la prêtresse royale quitta les fédéraux dans l'espoir d'allumer les flammes des chandeliers. Les chandeliers de l'espoir. Ainsi, elle rencontra l'esprit maudit qui parvint à lui offrir une mélodie. En échange de cette poésie, elle lui offrit sa vie.

chapitres suivants...

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Elincya". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 26.03.24