Linko a écrit :C'est un peu ça la différence des musiques de jeux vidéo avec des musiques tirées d'albums par exemple : elles ne s'écoutent pas seulement, elles se vivent (je sais, c'est une belle phrase bien tournée, mais je voyais pas comment formuler ce que je pense autrement ^^').
En fait, toutes les musiques se vivent. Une musique ne s'écoute pas avec les oreilles, elle te pénètre, te transporte, te prends au tripes. Et, quelquefois, te donne une sincère envie de vomir.
Et d'ailleurs, une musique ne s'est jamais autant vécue que lorsque l'on se trouve près d'elle au moment où elle se je joue.
Chopin, c'est déjà classe en format MP3, mais alors joué devant vous, vous mourrez tellement c'est puissant. C'est d'ailleurs pour ça que les concerts ne désemplissent pas ; vous êtes avec la musique, vous êtes happé par elle et elle s'abîme en vous.
Néanmoins, Linkorange, je saisis - comme tout le monde - ce que tu veux dire. Laisse-moi donc tenter de reformuler pour toi. Dans un jeu, nous gardons notre attitude passive à l'égard de la bande son (sauf exceptions rarissimes). Cependant, le rapport vis-à-vis de la musique n'est pas le même, parce que nous ne lui sommes pas exclusifs en ce sens qu'elle est une composante de l'expérience de jeu et non une expérience seule. Initialement, comme aux débuts du cinéma, d'ailleurs, la musique a un rôle d'accompagnement, d'ambiance. De toute façon, avec la puissance d'une NES ou d'une Master-System, on ne peut guère en demander plus. Cette dimension ambiante de la musique est primordiale dans un jeu dans le sens où le joueur est à la première personne dans le jeu : c'est lui qui joue, personne d'autre. C'est lui qui est plongé dans le monde, qui réagit selon la situation ; la seule exception à cette remarque, ce sont les jeux de stratégie/les jeux de gestions où la musique sert d'accompagnement (et encore, des jeux comme les Total War se situent à la limite). Et si la musique est fondamentale en tant que condition d'ambiance, elle l'est
a fortiori dans le jeu qui utilise l'immersion comme principe fondateur : le RPG.
C'est également pour ça qu'il y a remix et remix de musique de jeu. Tenez, on va faire ça avec mon exemple préféré, et de Zelda (et de mon Zelda préféré) : le Temple de la Forteresse de Pierre
-> version originale :
http://www.youtube.com/watch?v=fNDLoncWz30" onclick="window.open(this.href);return false;
-> remix 1, version folk (à écouter, ça vaut vraiment le détour) :
http://www.youtube.com/watch?v=Bte_xQVg7-Y" onclick="window.open(this.href);return false;
-> remix 2, version rock (idem) :
http://www.youtube.com/watch?v=6eZuEI3Mo5g" onclick="window.open(this.href);return false;
-> remix 3, version orchestrale (celle-ci est clairement épique) :
http://www.youtube.com/watch?v=FonBNegSzvw" onclick="window.open(this.href);return false;
-> remix 4, version instrumentale (que j'adore également) :
http://www.youtube.com/watch?v=B0ZTyCxbdok" onclick="window.open(this.href);return false;
-> remix 5, version ZREO (vous êtes censés mourir) :
http://www.youtube.com/watch?v=nJSER3LuNzE" onclick="window.open(this.href);return false;
Je vous ai volontairement épargné la version metal, que je n'aime pas, et la version dubstep, qui s'apparente à de la diarrhée de synthétiseur plus qu'à autre chose. (je déteste le dubstep)
La différence entre ces versions, c'est que les trois premières, voire la quatrième, ne sont pas réalisées dans le but d'être des musiques d'ambiance pour le temple de la Forteresse de Pierre. Vous les écoutez pour ce qu'elles sont : de la musique. Et ça vaut surtout pour la première, la folk.
La dernière, celle de ZREO (comme tous leur remixes, en fait), est pensée pour être fidèle au support original. Et donc porte en elle la volonté assumée de n'avoir jamais la primauté absolue dans l'expérience du joueur.
Récemment (depuis que les consoles le permettent, en fait), les musiques d'ambiance tendent à se rapprocher d'une véritable composition musicale, et il suffit d'écouter ceci pour s'en rendre compte (attention, version originale en HD) :
http://www.youtube.com/watch?v=B2erY9UyBlU" onclick="window.open(this.href);return false;
Et historiquement, les jeux Zelda sont pionniers en la matière (ce qui n'est sans doute pas étranger à leur réputation acquise à juste titre d'excellents jeux), à commencer par ALTTP, puis l'explosion musicale dans LA-OOT-M'sM-TWW. Dans TP, ça a tendance à se perdre un peu, certainement une victime collatérale de son côté "produit sur commande" (et aussi le fait qu'en 2006, l'idée était pleinement acquise et frôlait l'évidence).
Cependant, la musique du jeu vidéo restera toujours, par définition, un objet second, une composante d'un ensemble plus vaste qui est l''expérience de jeu.
C'est une question assez intéressante d'ailleurs, puisqu'elle est d'une actualité brûlante. Le jeu semble errer à la recherche de sa propre identité. Il la cherche en louvoyant à côté du cinéma (j'avais mis, plus haut dans ce topic, le lien du trailer de The Witcher 3 : on est en plein dedans), de la musique, des arts picturaux (cf. Okami), il la cherche aussi en regardant en arrière. Le succès du rétro-gaming en est un symptôme manifeste (faudrait que j'en touche deux mots à Axelosse, d'ailleurs).
Pourtant, et c'est le paradoxe, lorsque l'on s'arrête pour contempler un paysage pensé d'après des techniques de peintures (Okami, ou encore le dernier Tomb Raider), lorsque l'on s'arrête pour écouter une musique (typiquement celle-ci :
http://www.youtube.com/watch?v=t6Hf1-lQElE" onclick="window.open(this.href);return false; ), on ne joue plus. On entre dans une phase de non-jeu, de pure contemplation, visuelle ou auditive. Ces phases, pourtant parties intégrantes du jeu (allez ! on vire Farewell Hyrule King de TWW !), ne sont pas du jeu. Et c'est un paradoxe auquel, je crois, personne n'a encore trouvé de solution.
Petit HS, car chose amusante : nos désaccords violents avec Linkorange se heurtent à notre relatif accord sur la question de la musique. Comme quoi, la musique adoucit les mœurs.
EDIT Vivaldi : Tu dévies, Salem, tu dévies... Linko, tu répondras sur ça par MP s'il te plait (si tu veux y répondre), à moins de rebondir sur le sujet
Edit : J''ai, tu t'en doutes, un avis quelque peu différent sur la question. Si, dans l'essentiel, ce message n'est pas le développement d'une argumentation et qu'il est donc, théoriquement, une déviation, permets-moi de penser qu'il peut avoir sa place ici. De même que toute réponse qui y serait faite. En effet, comme l'a fort bien fait signalé Twil_Aura :
Twil a écrit :Prenons un exemple : Je préfère celle de LOZ, toi tu préfères celle de AOL.
Pourquoi ? Bah je la trouve + jolie et elle me rappelle des souvenirs. Et toi ? Pareil, d'accord.
Bon ben d'accord, on a des avis différents, au revoir monsieur, merci beaucoup.
Et ya rien d'autre à dire
Et tout le problème est là. Sans nul doute, ceci est calculé afin de produire des affrontements courts. Mais pauvres. Or, dans la mesure où pour 15 jours le sujet central de nos discussions, pour ne pas dire le seul, sera la musique emblématique des différents opus, des musiques d'ambiance de surcroît, je crois que cela a son intérêt que de dévier, à l'image de ce que nous avons fait précédemment. Et j'insiste sur la troisième personne du pluriel. La déviation a sa richesse, Vivaldi, et il me semble qu'ici cette richesse soit à puiser plutôt qu'à ignorer. Cela fera(it) de ce topic/de ce tournoi quelque chose de réellement enrichissant et non un simple et médiocre divertissement qui se réduirait à une stérile stichomythie* de souvenirs.
*la stichomythie est, pour ceux qui ici ne connaîtraient pas le vocabulaire théâtral (c'est votre droit le plus sacré, d'autant qu'il s'agit, là - et c'est assez rare chez moi de faire cela - d'un vocable technique), le nom donné à un enchaînement de répliques extrêmement courtes, l'exemple qui me vient tout de suite en tête et que je vais citer (car il est connu comme le loup blanc), c'est le premier échange entre Cyrano et Christian dans la pièce de Rostand (acte II scène 9).