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La légende des elfes

Livre 3 : Ganondorf


Ecrit par Xaelia en 2003

La pluie empêchait toute visibilité mais le temps pressait. Elle l'entendait, il était tout près, beaucoup trop près. Elle courait à en perdre haleine, ses poumons la brûlaient et ses pieds la faisaient souffrir. Tout son corps lui hurlait de cesser cette course folle mais elle devait continuer. Son visage était couvert des mèches folles qui s'étaient échappées de sa natte et sa robe en lambeaux, trempée par la pluie, lui collait le corps, handicapant ses mouvements. Ses jambes sanguinolentes étaient couvertes des griffures faites par les ronces rencontrées sur le chemin.
Il jouait avec elle comme un chat avec une souris. Soudain le galop du cheval se fit plus rapide : il s'était suffisamment amusé, il allait maintenant s'emparer d'elle.
Elle ne fit qu'accélérer de plus belle, avançant avec l'énergie du désespoir. Une racine. Elle s'affala dans une flaque de boue mais se releva aussitôt, sa peur étant plus forte que sa fatigue. Elle regarda son poursuivant, il gagnait du terrain.
Le chemin s'arrêtait là. Au bord d'une falaise, elle était acculée entre le vide et l'ennemi. Sa gorge se noua et des larmes roulèrent sur ses joues. Tout cela avait été vain...
Il arrêta son cheval et mit pied à terre. La massive silhouette en armure s'approchait de sa victime avec une lenteur calculée. La jeune fille recula encore mais son talon se retrouva dans le vide.
- Pitié...
- Regarde l'état dans lequel tu te trouves. Tu aurais dû te laisser faire tout de suite, cela nous aurait évité beaucoup de problèmes à tous les deux.
Son heaume laissait entrevoir deux yeux rougeoyants et railleurs. Soudain, son sourire se figea. Dans un cri de surprise, elle avait disparu de son champ de vision, entraînée par un glissement de terrain. Il s'approcha prudemment du bord pour voir son pauvre corps, plusieurs mètres plus bas, dans une flaque de sang.
- Pauvre folle ! Si tu ne t'étais pas enfuie, peut-être serais-tu encore vivante en ce moment.
Il remonta sur sa monture des abysses.
- Maître ! Elle n'est plus, elle a chuté. Pardonnez-moi Maître, mais je ne peux récupérer son corps aujourd'hui car je ne connais pas cet endroit et je ne vois pas de chemin pour descendre. Je vous assure que je m'y rendrai demain à la première heure, lorsque le temps sera plus clément. Bien Maître, je viens.
Il talonna sa monture et disparut dans un vortex d'énergie noire.

Il avait tout vu. Il s'était réfugié dans cette caverne cachée par d'épais buissons et connue de lui seul pour échapper à l'averse. Du bruit avait attiré son attention. Il avait d'abord vu une femme fuyant quelque chose puis ensuite le cavalier noir, l'un des sbires de Ganondorf, il le savait. Puis la jeune fille avait glissé et l'armure, son forfait accompli, s'en était allée.
Il sortit de son refuge, poussé par la curiosité. Contrairement à l'homme en noir, il connaissait parfaitement les lieux et se dirigea vers un petit chemin pas très large et très en pente qui le conduisit sur les rives du lac.
Il s'approcha respectueusement du corps inerte. C'était une jeune fille mais il eut un sursaut en l'observant plus en détail. Il s'agissait d'une Elfe. C'était la première fois qu'il en rencontrait un, excepté lui-même. Dans cette île, il y avait beaucoup d'Hyliens, quelques Zoras, un peu de Gorons, mais pas d'Elfes, il était le seul représentant de sa catégorie, jusqu'à maintenant...
Le corps saignait abondamment, teignant de rouge les cheveux défaits et couverts de boue. Il observa ensuite la falaise. Une longue trace invisible d'en haut prouvait qu'elle avait glissé jusqu'ici. Elle n'avait donc pas chuté. Une question folle pénétra l'esprit du jeune homme. Serait-il possible qu'elle ne soit pas morte ? Il approcha délicatement son oreille de la bouche de l'inconnue et y perçut un souffle léger et irrégulier. Elle était donc bien vivante, faible et blessée mais en vie.
Il la souleva délicatement et aussi facilement que si elle n'était faite que de plumes. Il commença à remonter la pente doucement, un pied après l'autre pour ne pas déraper, bien que cela lui coûtait énormément d'efforts.
Il parcourut ainsi le chemin qui menait à son campement, sous la pluie, un colis précieux dans les bras. Il arriva enfin au coeur d'une forêt où quelques abris de fortune formaient un petit village.
- A l'aide ! Venez m'aider ! Saria ! Malon !
Alertées par le bruit, quelques têtes apparurent au seuil des portes.
- Que se passe-t-il ? Qu'est-ce que tu nous ramènes là ? Tu es devenu fou ou quoi ? Et si c'était un piège de Ganondorf pour nous capturer ? demanda celui qui devait être le chef.
- Dans ce cas il est trop tard alors autant la soigner. Je t'en prie Mido, c'est la première fois que je rencontre un autre Elfe, c'est très important pour moi.
- Bon, très bien mais j'espère que nous ne serons pas tous morts à cause de toi demain matin !
Une fillette qui devait avoir une douzaine d'années, aux cheveux verts et aux yeux bleus, le héla.
- Amène-la ici !
Il entra dans le cabanon et déposa la jeune fille sur le lit.
- Bien, maintenant tu sors.
- Mais Saria...
- Il n'y a pas de mais ! Et va me chercher Malon.
- Oh ! Très bien.
Un peu plus tard, dans un autre abri, le jeune homme faisait les cent pas sous l'oeil inquisiteur de Mido.
- Si tu continues comme ça, tu vas faire un trou dans le plancher. Pourquoi t'inquiètes-tu ainsi pour une pure inconnue ?
La question fit ciller l'Elfe. Pourquoi en effet ? Mais il n'eut pas le temps de pousser plus loin sa réflexion car la porte venait de s'ouvrir et une belle jeune fille brune aux yeux bleus venait d'entrer.
- Alors Malon ?
- Elle va s'en remettre. C'est incroyable, elle n'a presque rien. Sa tête a sans doute heurté une pierre et, comme le cuir chevelu saigne abondamment, elle a perdu beaucoup de sang, voilà pourquoi elle était si faible. Mais il n'y a rien de grave.
- Je peux aller la voir ?
- Non, elle se repose. Elle l'a bien mérité je crois, tu n'es pas d'accord ?
- Si bien sûr. Bon la pluie s'est calmée, je vais chasser le dîner, ça me fera passer le temps.

Elle s'éveilla doucement et regarda autour d'elle. Elle était dans une petite pièce sobrement meublée d'une table, d'une chaise et du lit sur lequel elle se trouvait. Sur la table était posée une bassine remplie d'eau, un bout de savon, une éponge et un peigne.
Elle se leva et remarqua qu'on l'avait revêtue d'une longue chemise blanche, ses blessures avaient été nettoyées et ne tarderaient pas à disparaître d'ici quelques jours. Sa tête lui tourna et ses muscles crièrent d'indignation mais elle s'avança tout de même vers la table. D'un coup d'oeil circulaire, elle s'assura que sa pudeur était préservée puis elle se dévêtit et procéda à ses ablutions. Si son corps avait été en grande partie nettoyé, ses cheveux n'étaient que boue et sang séchés. Lorsqu'elle eut fini, l'eau était noire. Elle s'essuya et enfila ses vêtements qui étaient propres et recousus.
Soudain, une peur horrible lui noua le ventre : il lui manquait ses biens les plus précieux ! Elle sentit ses yeux s'embuer de larmes mais elle tenta de se calmer. Peut-être n'étaient-ils pas perdus mais seulement entreposés ailleurs. Elle respira un bon coup et sortit.
Elle se retrouva dans un camp où plusieurs hommes et femmes discutaient joyeusement autour d'un feu où rôtissait du gros gibier. En les observant de plus près, elle remarqua leurs vêtements maintes fois rapiécés. Il s'agissait sans doute là de malheureuses victimes du règne de Ganon qui avaient trouvé refuge dans le fait de vivre ensemble.
- Excusez-moi ?
Toutes les têtes se retournèrent vers elle à l'unisson et tous ceux pour qui "belle à en couper le souffle" n'était qu'une expression comprirent leur erreur. De longs cheveux d'or souples et ondulés cascadaient sur son dos encadrant un visage magnifique où trônaient deux saphirs. Sa robe paysanne laissait entrevoir un décolleté plongeant et lui enserrait la taille avant de s'évaser et de finir à mi-mollet. Elle avait un port altier et imposait le respect par sa seule présence.
- Mon nom est... euh... Alliana. Merci de vous être occupés de moi. Mais à qui dois-je mon salut ?
Un homme aux cheveux roux se leva et lui fit un sourire charmeur dévoilant toutes ses dents.
- Bienvenue parmi nous Alliana. Je suis Mido, le chef de cette joyeuse compagnie. Voici celui qui t'a trouvée et ramenée ici, il s'appelle Link.
Il désigna un Elfe aux yeux d'un bleu intense et aux cheveux aussi blonds que les siens. Il avait une carrure imposante et son corps était bien musclé mais pas à l'excès. Il l'observait attentivement ne semblant pas remarquer qu'elle aussi le détaillait.
- Je vous remercie de votre pitié, chevalier.
Il ne semblait pas l'avoir entendue. Mido éclata de rire avant de reprendre.
- Crois-moi, il n'a rien d'un chevalier. Ce n'est qu'un bon à rien qui se contente de séduire des jeunes filles et c'est bien la première fois qu'il vient en aide à une jouvencelle en détresse. Contrairement à moi qui en ai sauvées des tas.
- Oh, je t'en prie Mido ! Arrête ! le gronda une jeune fille qui se tenait beaucoup trop près de Link pour n'être qu'une simple amie.
- Je te présente Malon, c'est elle avec Saria, la fillette qui se trouve là, qui t'ont soignée.
- Soyez-en remerciées... Je ne voudrais pas vous paraître ingrate mais j'avais sur moi quelques objets qui me sont très chers et je voudrais savoir s'ils sont en votre possession.
- C'est exact ma petite dame, on a un ocarina et un pendentif en or.
- Oh merci grandes déesses !
- Qui as-tu invoqué ?
- Din, Farore et Nayru.
- Moi le seul dieu que je connaisse c'est Ganondorf et je n'oserais jamais invoquer son nom, j'aurais trop peur qu'il apparaisse.
- C'est bien malheureux pour vous... Et pour ce qu'il en est de mes affaires ?
- Vous voyez demoiselle, nous ne sommes pas très riches et tous les dons sont les bienvenus...
Ils ne comptaient pas les lui rendre mais elle ne pouvait se résoudre à employer la force car ces gens l'avaient tout de même sauvée et parmi eux se trouvait celui qu'elle cherchait si ardemment depuis tout ce temps. Mais ses objets étaient beaucoup trop importants pour les laisser entre leurs mains, surtout qu'ils leur apporteraient plus d'ennuis qu'ils ne le pensaient. Des larmes commencèrent à rouler sur ses joues.
- Rendez-moi au moins l'ocarina, je vous en prie ! Ce n'est qu'un instrument de musique... Est-ce qu'au moins l'un d'entre vous sait en jouer ?
- Pas un, mais cet instrument est superbe, on pourra en retirer un bon prix.
Sombre idiot, tu n'en retireras que la mort et tu ne t'en doutes même pas. C'est à ce moment que Link parvint à sortir de sa rêverie. Il avait suivi toute la conversation mais ne reprenait conscience que maintenant.
- Vous ne lui avez tout de même pas pris ses affaires ! Si... mais ce n'est pas possible ! Je ramène un blessé et tout ce que vous trouvez de mieux à faire, c'est de la dépouiller de toutes ses affaires ! Honte sur vous !
- Mais enfin Link, le pendentif est en or pur et l'ocarina semble tout aussi précieux. Te rends-tu compte de tout ce que l'on pourrait se payer avec ça ?
- Sûrement pas autant que le fait de perdre son honneur.
- Mais de quel honneur parles-tu ? On est pauvre et on survit en volant !
- Nos lois sont claires ! Je dispose d'une part du butin pour mon bonheur personnel et je ne dois en distribuer qu'une partie à la communauté. J'exige donc qu'on lui rende ses biens et je paierai de ma poche la part que je vous dois.
- A ta guise mais ne viens pas te plaindre plus tard !
On lui apporta un pendentif étrange représentant trois triangles dont deux formaient la base d'un triangle plus grand encore et le troisième son sommet, ainsi qu'un ocarina bleu. Il les tendit ensuite à Alliana.
- Séchez vos larmes, voici votre dû.
- Merci pour tout Link, vous êtes un vrai ange gardien pour moi ! Je vous dois vie, honneur et bien plus encore. Mais puis-je solliciter une dernière fois votre aide ? demanda-t-elle en soulevant ses cheveux et en relevant un cou gracieux, tout en tendant le collier à l'Elfe.
- Bien sûr, répondit-il en accrochant la chaîne.
La jeune fille serra bijou et instrument de toutes ses forces et en fermant les yeux afin de se rendre compte de leur réelle présence.
- Ils ont l'air d'avoir une grande valeur pour vous.
- Bien plus que vous ne pourrez jamais l'imaginer. Le pendentif prouve l'alliance de la famille royale avec les miens, il a une énorme valeur sentimentale car on se le transmet de génération en génération. L'instrument lui a une valeur si grande qu'elle n'est pas évaluable en argent.
- Vous allez commencer à me faire regretter mon geste si ce que vous dites est vrai.
- Sérieusement ?
- Non rassurez-vous. Dites-moi, que représente votre pendentif ?
- C'est le symbole de la sainte Triforce mais ce nom doit vous être inconnu. Pourquoi cette question ?
- Voyez-vous, je possède sur ma main un pareil emblème.
- Intéressant, très intéressant... Si vous voulez un conseil, cachez-le sous votre gantelet et n'en parlez plus à personne. Mais changeons de sujet. Devez-vous beaucoup à votre communauté ?
- Je m'acquitterai de ça tant bien que mal.
- Je vous rembourserai.
- Je ne le vous demande pas.
- Et moi je ne vous demande pas votre consentement.
- Très bien... Mais que diriez-vous de partager notre repas ?
- Avec plaisir !
Ils s'installèrent autour du feu et se repurent. Alliana fit ainsi connaissance avec Malon qui se révélait être la fiancée de Link. Puis elle porta son attention vers Saria.
- Il n'est pas courant de voir une Kokiri hors des Bois Perdus.
- Vous avez donc reconnu ma race ?!
- Je viens d'Hyrule, cela fait des millénaires que votre race et la mienne se côtoient dans ce territoire.
- C'est vrai. J'ai quitté les Bois Perdus il y a une petite trentaine d'années de cela. J'étais la dame de compagnie d'une Elfe qui venait de donner naissance à un petit garçon. Aussi lorsqu'elle a quitté la forêt, je l'ai suivie. Nous avons voyagé longtemps puis nous sommes arrivés ici à Atlania. Je ne sais pas pourquoi, mais les sbires de Ganon nous poursuivaient sans cesse. La jeune mère s'est... sacrifiée pour me permettre de fuir avec l'enfant. Je l'ai ensuite élevé avec l'aide de ces gens, puis il a grandi comme tous les enfants. Lorsqu'il a atteint douze ans, je suis passée de mère à petite amie pour lui. Mais il continuait de grandir et moi je restais une enfant. De petite amie je suis passée à petite soeur. Il me protège désormais de tout, mais depuis ses 18 ans son visage n'a quasiment pas bougé bien qu'il en ait maintenant 32.
- Et il en sera ainsi pendant de nombreuses années encore. Mais une autre question me chiffonne. Rassurez-moi, connaissez-vous les trois divinités ?
- Oui, j'ai eu le temps d'étudier tout cela lorsque j'étais encore en Hyrule mais il semblerait que seuls les Elfes et les Kokiris les connaissent. C'est pour cela que je ne lui ai rien appris à ce sujet car les Hyliens trouvaient mes idées trop farfelues.
- Vous avez eu raison.
- Pardonnez-moi cette question, mais qui êtes-vous réellement ?
- Un être au destin fabuleux, tout comme vous... et lui. N'ayez aucune crainte envers moi.
- Ne pouvez-vous pas être plus précise ?
- Je suis chargée pour le moment de vous préparer tous les deux.
- Nous préparer, mais à quoi ?
- C'est là que je ne peux en dire plus.
Mido, qui avait des vues sur la belle inconnue, tenta la conversation. Il en résulta qu'il n'avait décidément aucune chance avec elle, mais elle resterait pendant quelques temps, on lui assigna donc un cabanon.

Le lendemain, Alliana s'éclipsa pour se rendre à un village proche de la forêt. Elle commença par se rendre à l'auberge qui l'avait abritée avant qu'elle ne la fuie précipitamment. Malgré les rouspétances de l'aubergiste, qui ne voulait rien avoir à faire avec des ennemis du roi sombre, elle récupéra sa malle qui contenait entre autre une bourse bien remplie.
Elle se dirigea ensuite chez le libraire afin d'y acheter papier, plumes et encre. Elle acquit également un livre contant toutes les légendes d'Hyrule, qui sortait tout droit de la bibliothèque privée du commerçant. Elle paya le prix fort mais il était normal de payer cher l'un des rares ouvrages relatant ce qu'était Hyrule avant la venue de Ganon, car ils avaient tous ou presque fini sur un bûcher il y a bien longtemps de cela.
Elle se dirigea ensuite vers une armurerie où elle acheta une épée, un bouclier hylien et, par un heureux hasard, un arc des fées dont le vendeur fut bien content de se débarrasser car personne ne parvenait à le bander.
La journée touchait à sa fin et il lui fallait penser à rentrer. Elle alla tout de même vers un ranch tout proche où elle s'offrit une carriole.
- Mais ma p'tite dame, vous faut un ch'val pour tirer tout ça.
- Je m'en rends bien compte mon ami et je compte bien vous en acheter un.
- L'enclos est là-bas. Z'avez qu'à choisir.
Elle observa longuement les chevaux mais un seul d'entre eux lui semblait digne d'intérêt.
- Je voudrais celui-là.
- Oh, j'vous l'conseille pô. Y'est pas dressé et y'est complètement dingue.
- Que m'importe.
Elle entra dans l'enclos et joua une petite mélodie sur son ocarina. Aussitôt, sous l'oeil ébahi du fermier, la jument rétive s'approcha, se laissa caresser et se fit mener comme un agneau.
- Ben ça alors !
Elle régla la facture, retourna au village prendre ses achats et repartit pour le camp.

Toute la communauté observa le convoi d'un oeil perplexe.
- Alliana, vous savez tout l'intérêt que je vous porte mais voler un tel chargement... On va avoir de gros problèmes.
- Il n'a pas été volé mais acheté. Et voici pour régler la dette de Link et mon séjour.
Elle lança à Mido une petite poche où quelques rubis tintèrent joyeusement. On commença à jaser sur la nouvelle venue mais ça ne resta qu'à l'état de parole car le chef l'avait prise sous sa coupe.
Le soir tomba et le village s'endormit. Cependant, dans la nuit d'un noir d'encre, la porte du cabanon d'Alliana s'ouvrit et la jeune fille en sortit.
- Quelles sont les nouvelles ?
- Excellentes, Ganondorf vous croit morte car le lac près duquel vous êtes tombée est monté en crue et il eut été impossible d'y retrouver votre corps à supposer qu'il s'y trouve.
- Bien.
- Quand pensez-vous rentrer ?
- Bientôt, je commence l'entraînement dès demain. Mais cela pourra se révéler un peu plus long que prévu car il n'a absolument aucune base.
- Très bien. A plus tard.
- Attendez !
- Oui ?
- Ne revenez plus ; c'est trop dangereux.
- Il en sera fait selon vos désirs.

- Link ! Je vous cherchais justement.
- Bonjour Alliana.
- J'ai trouvé un moyen de m'acquitter de la dette que j'ai envers vous. Je peux vous instruire, enfin si vous me le permettez.
- Pourquoi pas.
En prononçant ces deux petits mots, il ne se serait jamais imaginé ce qui l'attendait. Elle commença par lui apprendre, ainsi qu'à Saria, à écrire l'hylien, à le lire et à compter. Elle fit de même avec l'elfique. Puis elle passa au Zora, au Goron, au Gerudo, et même au Sheikah qui étaient pourtant des langues mortes et oubliées depuis longtemps. Ses deux élèves se montraient particulièrement doués, comme s'ils avaient toujours su mais qu'ils avaient juste oublié, contrairement à Mido, qui avait insisté pour participer au cours mais qui ne s'en sortait même pas avec l'hylien.
Lorsque tout ceci fut acquis, elle passa à un registre totalement différent mais pas non moins difficile : apprendre à se tenir en haute société. Bien que les cours de danse ne lui déplaisaient pas, Link ne comprenait pas à quoi pouvait lui servir de connaître l'art de la table. Mais il ne voulait pas décevoir la jeune fille qui se donnait tant de peine pour lui, alors il s'accrochait et subissait.
Enfin elle passa au cours qu'elle ne servirait qu'à lui-même, c'est-à-dire le combat.
- Voici une épée, ne lui confiez pas votre vie, elle est solide mais pas très meurtrière et encore moins incassable. Un bouclier hylien, il résistera à n'importe quel coup et au feu mais pas aux attaques magiques. Et enfin un arc des fées. C'est un objet elfique, il ne cassera jamais et précisera vos tirs, prenez-en grand soin.
- Vous voulez dire que tout cela est pour moi ?
- Oui.
Elle ne connaissait pas grand-chose au maniement de l'épée mais Link était parfaitement autodidacte dans cette matière. Pour ce qui était du tir à l'arc, c'était autre chose, jamais elle ne manquait une cible. Link ne se débrouillait pas trop mal mais il avait encore bien des choses à apprendre.
Ils étaient à quelques mètres d'une cible et l'Elfe se préparait à tirer lorsque brusquement Alliana lui déposa un baiser sur la joue. Il tira et manqua la cible en beauté.
- C'est n'importe quoi ! Quoi qu'il advienne, jamais il ne faut vous déconcentrer ! Ce que je vous ai fait était doux et vous avez manqué lamentablement votre cible. Qu'adviendra-t-il si vous êtes en proie à la douleur ? Je vais vous le dire, vous mourrez !
- Mais Alliana...
- Il n'y a pas de mais ! Entraînez-vous. Si la prochaine fois que je vous déconcentre vous ratez la cible, croyez-moi, il vous en cuira.
Il ne refit pas la même erreur deux fois.
Le temps passa ainsi et le jeune homme appréciait de plus en plus le fait d'apprendre de nouvelles choses surtout qu'il se révélait très doué dans toutes les matières abordées.
Cependant la discipline suivante différait un peu trop des autres.
- Il est temps pour vous d'apprendre à monter.
- Sur cet animal sauvage ? Hors de question !
- N'ayez crainte. J'avoue que parfois il m'arrive de vous surestimer mais jamais au péril de votre vie. Il y a un truc pour apprivoiser les "animaux sauvages" comme il vous plaît à les appeler. Voici un ocarina.
- Je ne sais pas comment en jouer.
- C'est très facile vous verrez.
Effectivement, il en joua rapidement et apprit la mélodie lui permettant de monter la jument qui se révélait avoir de grandes capacités, aussi bien à la course qu'au saut d'obstacle.

- Link, à genoux.
Intrigué, celui-ci posa un genou dans l'herbe tendre et baissa la tête.
- Par les pouvoirs qui me sont conférés par ma position, je t'adoube et te fais chevalier de la forêt. Tu auras désormais pour mission de protéger la veuve et l'orphelin et tu devras servir fidèlement la famille royale qui a été déchue injustement de son trône.
Le jeune homme parvenait à peine à en croire ses oreilles. Lui, chevalier ? Il ne l'aurait jamais crû si on le lui avait dit.
- Je reçois ce titre avec honneur et m'acquitterai de ma tâche.
- Relève-toi.
Elle lui fit une bise sur chaque joue pour officialiser la cérémonie.
- Mais qui êtes-vous Alliana ?
- Quelqu'un à qui on a dérobé ce qu'il avait de plus cher et qui va prendre une revanche cinglante.
- Suis-je vraiment chevalier ou n'est-ce que l'un de vos jeux ?
- Ne vous en faites pas, mon rang me le permet, bien que mon pouvoir ait été destitué... Mais plus pour longtemps.

Tout était calme dans la nuit paisible. Alliana, assise sur son lit, se brossait distraitement les cheveux avant d'aller se coucher. Elle avait terminé sa mission et partirait le surlendemain au plus tard. Link et Saria devraient l'accompagner de gré ou de force mais ils ne devraient normalement pas opposer de résistance car après tout c'était leur destin.
Elle était tout de même chiffonnée par le fait que seule Saria semblait se rendre compte de ce qui se passait. En effet, la Kokiri était vive et comprenait qu'Alliana n'avait pas dévoilé tout son jeu. Mais Link, lui, ne montrait aucun signe de son côté. Serait-il possible qu'il ne soit pas celui qu'elle cherche ? Non, il était le porteur de la Triforce du courage, la marque sur sa main le prouvait. Mais s'il persistait dans cette voie, alors... il ne se ferait pas déloger de sa petite vie sans difficulté et les problèmes commenceraient. Mais demain est un autre jour, il était pour le moment temps d'aller au lit.
Elle s'enroula dans les couvertures et commençait à s'endormir lorsque l'on frappa énergiquement à la porte. Les yeux ensommeillés, elle alluma une lampe à huile et enfila un peignoir alors que les coups se faisaient de plus en plus insistants.
- Malon ?! Mais que se passe-t-il ?
Trop effarée pour répondre, elle articula quelques mots mais sans qu'aucun son ne sorte de sa bouche. Puis l'Elfe en perçut quelques-uns.
- Link... il... il... suivez-moi.
Sans broncher, elle suivit la brune jeune fille qui fila dans le village jusqu'à la cabane qu'elle occupait avec Link. Celui-ci était sur le lit dans un sommeil très agité, la couverture au pied du lit, il transpirait à grosses gouttes et palabrait dans le langage des Elfes.
- Il est comme ça depuis quelques minutes, impossible de le réveiller. Il parle une drôle de langue c'est pour cela que je suis venue vous chercher.
- Vous avez bien fait.
Elle s'approcha et prit place à côté du dément. Elle cala la tête entre ses mains et aussitôt, deux yeux enfiévrés s'ouvrirent. Elle y plongea son regard et pénétra dans son esprit. Elle fut très surprise de voir à quel point les images étaient cohérentes, claires et nettes. Cependant la scène était très courte et se répétait, ce qui n'était pas beaucoup plus enviable que ses propres visions, plus longues mais toutes en symboles. Les images étaient dures : elle se voyait dans les bras de Ganondorf qui lui tenait une lame sous la gorge s'apprêtant à la tuer, mais Link arrivait à ce moment et défiait le roi sombre. Le rêve prenait fin là et recommençait, toujours aussi terrible. Bouleversée, elle se retira. Caressant le visage troublé, elle lui murmura à l'oreille.
- Que ton esprit s'apaise, que les sombres songes s'envolent laissant tes pensées au repos mérité.
Le visage se détendit et les mouvements cessèrent. Link dormait à présent comme un bienheureux. Alliana ramassa la couverture et en couvrit le jeune homme puis elle sortit en faisant signe à Malon de la suivre.
- Comment avez-vous fait pour le calmer ?
- Par une simple formule magique.
Le visage de l'Hylienne blêmit.
- La magie est interdite, si Ganondorf apprend que vous vous en êtes servi, il va tous nous tuer !
- Son règne va prendre fin. Croyez-moi, il va avoir beaucoup d'autres préoccupations que de punir une bande de voleurs de grands chemins.
- Que voulez-vous dire ?
- Pour répondre à votre question, je devrais aborder tellement de sujets interdits que vous ne le supporteriez pas.
- C'en est trop, vous usez de magie, vous blasphémez et ce n'est pas tout ! L'entraînement que vous lui faites subir, vous le prenez pour un esclave et lui ne le voit même pas, il vous obéit aveuglément comme si c'était la chose la plus naturelle de monde ! Pourquoi tout cela ?
- Il doit être prêt pour la suite des événements.
- Mais quelle suite ! Il n'est qu'un voleur, un malheureux voleur, que voulez-vous que savoir lire et écrire lui fasse ?
- ...
- Il va partir, c'est ça...
Malon sentit des larmes lui monter aux yeux, elle était en colère contre cette femme mais elle se sentait également désarmée.
- Il ne vous était pas destiné Malon.
- Et à qui alors ? A vous peut-être !
- Pas plus à moi qu'à une autre, il est destiné à Hyrule. Mais vous l'aimez et vous ne supportez pas le fait qu'on vous l'arrache, ce qui est parfaitement compréhensible. Quel âge avez-vous Malon ?
- 18 ans.
- Et lui en a 32 mais pourtant il ne semble qu'à peine plus âgé que vous. Vivre avec un Elfe n'est pas chose facile. Il restera jeune et beau alors que votre jeunesse s'envolera, ridant votre visage, voûtant vos épaules et blanchissant vos cheveux. Y avez-vous déjà pensé ? Non bien sûr, vous êtes encore trop jeune. Les mariages entre races ne sont pas interdits mais ils sont fortement déconseillés car ils apportent toujours le malheur.
Malon pleurait maintenant à chaudes larmes dans les bras d'Alliana qui tentait de la réconforter.
- Est-ce vrai ?
- Oui, mais qui sait, peut-être lorsque sa destinée sera accomplie viendra-t-il vous chercher sur son cheval et vous amènera-t-il chez lui.
- Vous savez aussi bien que moi qu'il ne le fera pas. Je ne l'intéresse plus comme avant et cela s'est aggravé depuis votre arrivée. Mais je ne peux m'empêcher de penser que tout peut encore s'arranger.
- Laissez-le partir Malon. Je vous en prie, la séparation sera beaucoup plus facile si rien ne l'attache à cette île. Je ne peux trop vous en dire mais sachez que vous ne perdrez pas au change.

Link se réveilla au matin dans les bras de Malon qui l'avait caressé et embrassé toute la nuit avant de finalement succomber au sommeil. Des bribes de souvenirs montèrent à son esprit et il se leva précipitamment. Enfilant ce qui lui tombait sous la main, il sortit et se dirigea vers la cabane de celle qu'il avait appelée Alliana.
La jeune fille était en train de charger le chariot malgré les supplications de Mido.
- Vous partez ?
- Bonjour Link, avez-vous bien dormi ?
- Vous le savez aussi bien que moi... Zelda.
- Vous vous souvenez de votre rêve, tant mieux. Mais voudriez-vous ne pas utiliser ce nom tant que nous ne serons pas en Hyrule.
- Nous, qui ça nous ?
- Moi, Saria et vous... si vous le voulez bien.
- Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
- Je rentre chez moi et Saria profite du voyage pour faire de même. Et vous ?
- Bien c'est que... Vous me prenez au dépourvu...
- Le choix n'est pas très large, vous restez ici, condamné à une vie misérable, ou vous retournez dans la forêt de vos ancêtres où vous serez traité en prince.
- S'il ne veut pas partir, je veux bien y aller à sa place, belle dame.
Elle lui lança un regard noir et Mido déglutit puis reprit sur un ton qui se voulait badin.
- Si c'est pour votre ocarina, j'allais vous le rendre, j'ai le sens de l'humour vous savez...
- La proposition concerne Link et uniquement lui, Mido !
- Il vaudrait mieux que tu partes Link...
Malon venait d'arriver, des larmes coulaient sur ses joues mais elle restait calme.
- Voudrais-tu m'accompagner ?
- C'est ta vie, Elfe, pas la mienne. Cela me coûte beaucoup car je suis très amoureuse de toi mais mieux vaut nous dire adieu maintenant dans de bons termes que plus tard dans de mauvaises conditions.
- Mais que racontes-tu ma chérie ?
- Ne fais pas l'innocent, tu ne m'aimes plus autant qu'avant. Je me le suis toujours caché mais plus j'y pense, plus je me rends compte que ce moment était inévitable. Je t'ai lassé et c'est bien dommage mais je n'y peux rien.
- Malon...
- Bonne chance.
Elle lui déposa un baiser sur les lèvres et s'en fut en courant, les mains sur son visage retenant ses larmes.
Le jeune homme effaré resta immobile et se laissa conduire par Saria jusqu'au chariot qu'Alliana mit en marche. Dans de grands signes d'adieux, le convoi disparut aux yeux de la communauté alors que Mido s'en allait se consoler auprès de Malon.

Vers midi, Link commença à se réveiller. Tout s'était passé si vite, il n'avait rien compris. Il y a quelques heures à peine, il était parmi sa famille d'adoption en croyant qu'il finirait par épouser une de leur fille, Malon ou une autre, et qu'il mourrait ainsi. Mais voilà qu'il était en route pour Hyrule l'originelle avec une étrange jeune femme qui avait fait de lui un guerrier.
- Ça va Link ?
- Je crois que oui. Mais qui êtes-vous en réalité ?
- J'aimerais que vous lisiez ce livre avant tout.
Elle lui tendit l'histoire d'Hyrule. A tour de rôle, Saria et lui lisaient une partie de l'ouvrage qui, malgré son épaisseur fut rapidement dévoré car très intéressant. Il ne prirent même pas la peine de s'arrêter pour manger et se contentèrent de vider distraitement le panier à provision tout en se faisant chahuter par la route mauvaise.
- Link était un héros très courageux, je suis fier de porter son nom. Mais c'est étrange que le nom de Saria et celui que vous m'avez demandé de ne pas vous donner y soient aussi mentionnés.
- Les limites entre hasard et volonté sont parfois si minces qu'elles se confondent...
- Que voulez-vous dire ?
- Je vais vous raconter la suite de cette histoire et vous comprendrez mieux. Où s'arrête le livre ?
- Au couronnement de Link et Zelda.
- Peu de temps après cette union naquit un magnifique petit garçon. Vingt années après sa naissance, il monta sur le trône d'Hyrule tandis que ses parents retournèrent à Elfara afin que Zelda devienne la vénérable. Ils vécurent ainsi six siècles pendant lesquels Hyrule s'agrandit, administrant de nombreux territoires, dont cette île. Par un matin gris et pluvieux, les deux amants se retrouvèrent dans le Temple du Temps. Le Héros du Temps alla près du piédestal et observa longtemps la lame purificatrice. Une myriade d'expressions que je ne saurais exprimer passèrent sur son visage et il enfonça l'épée dans la pierre, scellant les portes du temps. Désormais, seul un guerrier au coeur pur pourrait l'en déloger. Ils firent de tristes adieux à leur royale descendance sachant pertinemment que c'était la dernière fois qu'ils se verraient. Le temps passa, l'été fit place à l'automne puis à l'hiver. La neige venait de tomber, son blanc manteau recouvrant la forêt et ce matin-là, Link n'ouvrit pas les yeux. L'esprit du Héros du Temps avait abandonné son enveloppe charnelle et sa femme pour aller rejoindre Farore sa mère. Zelda mourut de chagrin quelques temps plus tard laissant Elfara aux mains de l'Elfe Alliana, qui n'avait alors que dix ans mais qui montrait déjà les signes d'une sagesse hors du commun. Deux siècles s'écoulèrent ainsi jusqu'au moment où un terrible fracas fit trembler Hyrule. Ganondorf l'exilé était parvenu à briser le sceau des sages... Il prit le contrôle du palais en tuant la famille royale après un rude combat. Seule la plus jeune princesse, encore bébé, parvint à s'échapper grâce aux Sheikahs qui l'élevèrent. Ganon supprima tout ce qui pouvait avoir trait à la magie, aux déesses ou à sa défaite. Il interdit toute forme d'enseignement et se fit proclamer dieu. La terreur et la chute du pays libre commencèrent. Le bébé rescapé grandit et épousa un Sheikah, ils eurent un fils qui retourna à Elfara et qui à son tour épousa une Elfe. Il en fut ainsi pendant trois générations. Le dernier enfant en date fut une fille que l'on nomma Zelda car elle était en réalité l'incarnation de la Princesse de la Destinée. La légende reprend mes amis, croyez-le ou non mais la fin de Ganon est proche.
- Vous seriez cette enfant ?
- Oui, l'ocarina que je possède est l'ocarina du temps et cette marque que je maquille par magie fait de moi le porteur de la Triforce de la sagesse.
Elle présenta sa main où durant un cours moment une Triforce dorée apparut.
- Ainsi, je serais le sage de la forêt et Link le Héros du Temps ?
- C'est exact.
- Pardonnez-moi mais j'ai du mal à vous croire.
- C'est pourtant la vérité, Link. Mais vous comprendrez mieux lorsque l'Epée de Légende sera vôtre. Pour le moment il est important de nous faire discrets. Je vais maquiller la Triforce de Link qui s'appellera alors Amos et se fera passer pour mon époux et je teindrai les cheveux de Saria en blond. Elle se nommera Sarah et sera notre fille. Avec votre accord, bien entendu. Mais toutes ces précautions s'annuleront en Hyrule l'originelle car elles seront inutiles.
La jeune femme effectua ce qu'elle avait annoncé et le voyage se termina dans le silence, troublé une seule fois lorsque Link entonna une vielle mélodie mélancolique pour les oreilles agréablement étonnées de ses deux compagnes.

Le soir était tombé lorsqu'ils arrivèrent au port d'Atlania. Ils trouvèrent une petite auberge de pêcheurs miteuse mais ils s'en contenteraient. Ils ne devaient sous aucun prétexte se faire remarquer. Leur chambre était composée d'un lit double et d'un simple, ainsi que d'une chaise. Ils dînèrent et Link descendit pour essayer de trouver un bateau qui les amènerait chez eux. Il trouva un homme seul, plus ivre que sobre et alla s'installer près de lui.
- Bonsoir, puis-je m'asseoir ?
- Ben vas-y mon gars.
- Ça vous dirait un petit verre sur mon compte.
- J'refuse jamais ce genre de proposition.
- Aubergiste un verre pour mon ami et moi !
- Mais qu'est-ce que tu fais par ici toi ? J't'ai jamais vu ici.
- Normal j'habite près des montagnes mais la vieille de ma femme a crevé et on doit aller chercher l'héritage là-bas à Hyrule.
- Tu sembles pas très triste.
- Au contraire je suis bien content, cette vieille sorcière me faisait vivre un enfer mais le mieux c'est qu'on ne peut pas vraiment dire qu'elle soit pauvre.
- Tu m'en diras tant ! A ton avis, pourquoi crois-tu que je sois devenu marin ? Dans le calme de l'océan, je n'ai ni vieille bique, ni femme qui m'engueule et encore moins d'enfants qui piaillent.
- Je ne peux pas vraiment dire que ma femme m'ennuie, au contraire c'est le genre de fille qui donne envie à un homme de rentrer chez lui tous les soirs...
Ils éclatèrent de rire. L'homme flanqua un grand coup dans le dos de l'Elfe qui en recracha ce qu'il avait dans la bouche, ce qui rendit l'homme encore plus hilare.
- J'aimerais bien voir ta femme mon gars !
- Qui sait ? Pour le moment je cherche un bateau qui pourrait nous emmener...
- Pourquoi pas sur le mien ?
- Vous avez votre propre bateau ?!
- Ouais mon gars, le "goéland fringuant".
- Je savais que vous deviez être capitaine, les gars comme vous ont une certaine classe...
L'homme rota brutalement.
- Excuse-moi mon gars. Rendez-vous demain à l'aube, on part à la marée de sept heures.
L'Elfe remonta dans sa chambre. Saria dormait profondément sur le lit double où Zelda irait la rejoindre plus tard. Pour le moment, elle observait Link d'un oeil suspect qui fit se sentir coupable l'intéressé.
- Alors comme ça ma mère est morte.
- Ben, c'est que...
- On ne rigole pas avec ses choses-là ! Voyez-vous cela est réellement arrivé. Elle m'a sauvée mais a péri.
- Je suis désolé, je l'ignorai...
- Ce n'est rien mais je vous conjure de prendre garde à vos paroles.
- Je vous le promets.
Elle l'observa et sourit.
- Alors comme ça vous auriez envie de me rejoindre tous les soirs...
Il devint rouge écarlate.
- Après tout, nous sommes censés être mariés, répliqua-t-il.
- Je me refuse à faire l'amour en public même si le public en question dort paisiblement.
- Etes-vous en train d'insinuer que j'aurais des chances...
- A vous d'essayer. Mais vous avez raison sur un point : si nous sommes censés être mariés, il va falloir commencer à nous tutoyer. Bonne nuit mon petit poussin !

Le port était plein de gens qui s'affairaient malgré l'heure matinale. Les pêcheurs préparaient leurs filets et les marins affrétaient leur bateau. Trois silhouettes encapuchonnées, deux grandes et une petite, s'avançaient lentement à travers cette foule bruyante qui ne semblait pas être dérangée par l'odeur putride qui régnait en ces lieux. Derrière eux, une petite charrette les suivait, tirée par une jument brune aux crins blancs. Ils finirent par trouver le "goéland fringuant". L'homme de la taverne était sur le pont et donnait des ordres à une armée de marins qui s'affairaient de plus en plus vite, l'heure de la marée approchant à grand pas. Le jeune homme abaissa sa capuche, révélant ses cheveux blonds et son beau visage.
- Holà capitaine ! Vous me reconnaissez ?
L'homme regarda l'individu qui l'interpellait et, au bout de quelques minutes, il parvint à mettre un nom ou plutôt un lieu sur le visage.
- Mais oui, tu es le petit gars de la taverne !
- Votre proposition tient-elle toujours ?
- Bien sûr mon gars ! Allez montez !
Il accueillit son généreux passager et ceux qui l'accompagnaient.
- Capitaine, hier soir je n'ai pas eu l'occasion de me présenter, mon nom est Amos. Voici ma femme Alliana et ma fille Sarah.
- Ici tout le monde m'appelle Capt'ain. Madame je suis très honoré de votre présence mais j'avoue que j'aimerais contempler votre visage sur lequel on ne m'a pas tari d'éloges.
Tous furent étonnés d'entendre de pareils mots sortir de la bouche de ce rude bonhomme.
- J'apprécie votre compliment Capitaine. Mais voyez-vous, je trouve qu'il fait encore un peu frisquet. Mais je vous promets que j'ôterai ma capuche lorsque le soleil sera levé.
- Très bien, je patienterai. Vous pouvez occuper la cabine tout de suite à droite en descendant l'escalier. Vous avez de la chance il nous reste juste assez de place pour votre cheval et la carriole. Encore une caisse et il vous aurait fallu les abandonner.
- Merci Capitaine. Votre hospitalité sera généreusement récompensée.
- Allons ! Pas de ça entre nous.
- Viens Sarah, rejoignons notre cabine, il ne faudrait pas que tu tombes malade.
- Bien maman.
Les deux hommes regardèrent les silhouettes s'éloigner.
- Ta femme sait se faire attendre mon gars.
Moins d'une heure plus tard, le bateau profita de la marée pour rejoindre la haute mer et fit cap vers Hyrule l'originelle.
Link restait près du capitaine et regardait la côte s'éloigner de plus en plus jusqu'à ce qu'elle disparaisse de sa vue. Une mélancolie s'empara de lui et il soupira. C'était la première fois qu'il quittait cette terre qui avait été si généreuse avec lui malgré les temps difficiles, et il n'était pas sûr qu'il la reverrait un jour. Bien qu'il soit heureux que Saria l'accompagne, sa communauté lui manquerait, même Mido.
Le temps passa et ils étaient maintenant perdus dans l'immensité bleue qui s'étendait à perte de vue. Le vent soufflait bien dans la grande voile et ils allaient bon train. C'est ce moment que choisit Zelda pour apparaître, ses longs cheveux d'or volant derrière elle. Les hommes présents la regardèrent ne se préoccupant plus de ce qu'ils faisaient. L'apparition se dirigea vers celui qui se faisait passer pour son époux.
- Madame, malgré tout ce que l'on m'a dit, jamais je ne me serais imaginé tant de beauté. Vous êtes une vraie sirène. Quittez votre mari et venez avec moi, je ferai de vous la femme la plus heureuse du monde.
- Eh ! Je ne suis pas vraiment d'accord pour que vous donniez de mauvaises pensées à ma femme.
La jeune fille rit puis elle cessa brusquement, son visage prenant une expression troublée qui n'échappa pas à Link.
- Que se passe-t-il Alliana ?
Le vent cessa soudain, plus aucune vague ne ridait la surface de l'eau et l'atmosphère se fit oppressante. Le capitaine brisa le silence de mort en hélant son second.
- Quelle est la situation ?
- Il y a beaucoup de fond mais pas un seul souffle de vent, ni aucun courant.
- Mais qu'est-ce qui se passe bon sang !
Quelques minutes s'écoulèrent, semblant des heures. Plus personne ne bougeait, chacun craignant que le moindre mouvement ne provoque une catastrophe. Une brume épaisse était apparue entourant le bateau et empêchant toute visibilité à plus d'un mètre.
- Là ! Quelque chose ! s'écria la vigie.
Mais tous avaient vu la forme noire et gigantesque apparaître quelques instants, beaucoup trop près du bateau. Puis un marin hurla, devant lui venait d'apparaître un serpent de mer aux dents aiguisées. Le monstre baissa la tête et goba le pauvre homme puis porta son attention vers le trio qui se tenait près de la barre. Rapide comme l'éclair, il fonça vers eux.
- Nayru protège-nous de ton amour.
Un cristal bleu entoura le navire et le serpent s'y cogna avant d'avoir pu avaler un autre homme.
- Je ne tiendrai pas longtemps, dépêchez-vous ! supplia Zelda.
Link bondit et se précipita dans la cabine. Il ordonna à Saria de rester là et empoigna son arc avant de retourner sur le pont. Le serpent n'était plus là. L'elfe banda son arc et attendit patiemment une occasion de tirer. Soudain, le monstre resurgit. Le chevalier décocha la flèche qui alla crever l'oeil de la bête. Celle-ci émit un rugissement puissant et s'attaqua avec rage au cristal. Zelda résistait à chaque attaque mais elle faiblissait, la surface à protéger étant très importante. Link décocha une seconde flèche qui creva le second oeil. La bête terrassée disparut dans les profondeurs de l'océan. L'elfe se précipita vers sa compagne et la rattrapa avant qu'elle ne s'écroule. La brume se dissipa peu à peu, l'eau se rida de vaguelettes et un vent puissant s'engouffra dans la toile, emportant le navire dans sa course.
- On appelle cet océan la mer des monstres mais c'est la première fois que j'en rencontre un. Heureusement que vous étiez là et je ne veux pas savoir comment vous nous avez protégés madame, bien que je vous conseille de ne plus faire usage de cette chose surtout lorsque vous serez arrivés à destination.
- Je suis une Elfe capitaine, renier la magie serait me renier moi-même.
- A votre guise mais je vous aurai prévenue.
L'homme s'éloigna laissant le couple seul.
- Ça va Alliana ?
- Oui, je me sens faible c'est tout. Ça ira mieux dans quelques minutes.
- Comment as-tu fait ça ?
- Je t'apprendrai à faire de même à Hyrule.
Ce fut le seul ennui du voyage qui se termina dans le calme mais aussi dans la gêne, chacun se demandant qui étaient en réalité ces trois mystérieux passagers. Cet homme courageux qui avait abattu le monstre à lui seul, cette femme splendide qui faisait fi de toutes les lois imposées par leur dieu-roi mais aussi la fillette, qui ne sortait pas de la cabine pour une obscure raison. Aussi, c'est avec soulagement qu'ils virent arriver la côte et ils s'empressèrent de décharger toutes leurs affaires afin de les laisser partir.
Le trio monta dans la carriole et, après avoir fait le plein de provisions dans le port, ils prirent le chemin de la montagne.
- Nous y voici mes amis ! Reprenons nos identités respectives, je vais annuler les sorts que je vous ai lancés et demain dans la journée nous serons sur les bords du lac Hylia.
Le paysage abandonna peu à peu ses verts pâturages pour devenir de plus en plus désertique au fur et à mesure qu'ils s'élevaient. Le soleil finit par se coucher bien vite et ils campèrent. Rien ne vint les perturber pas même un chant d'oiseau. Cela inquiéta Link mais Zelda semblait sereine donc il se détendit. Ils repartirent tôt le lendemain matin et c'est avec soulagement que la végétation fit de nouveau son apparition, mais ce fut un élément trompeur car ils n'arrivèrent à destination qu'en fin d'après-midi. Zelda arrêta la carriole sur les rives du lac afin de faire boire la jument et descendit. Elle fit quelques pas et observa un point sur l'horizon qu'elle seule voyait. Un sourire carnassier se peignit sur son visage.
- Je suis de retour Ganon et bien accompagnée. Profite bien des maigres moments de répit qu'il te reste car ta fin est proche.

Au loin, dans le château d'Hyrule, le roi sombre était nonchalamment avachi sur son trône. Il regardait d'un oeil absent un pauvre ménestrel qui tentait en vain de le distraire. Le malheureux tout tremblant faisait peine à voir. Agacé, Ganondorf tendit un bras vers lui et un rayon d'énergie noire frappa le pauvre hère de plein fouet, le tuant sur le coup.
- Que l'on me débarrasse de ça !
Aussitôt, deux stalfos se précipitèrent sur le corps et allèrent le donner en pâture aux lizalfos. Les squelettes regardèrent les lézards dévorer le corps avec dégoût et reprirent leur place près de leur maître. A ce moment, un vent violent fit s'ouvrir une fenêtre avec vacarme et entoura le Gerudo. Celui-ci parut quelque peu déconcerté puis partit d'un rire sardonique et dément. Les squelettes en tremblèrent et reculèrent prudemment.
- Tout fonctionne selon mes plans. Ma petite, tu crois pouvoir t'opposer à moi, tu ne manques vraiment pas d'espoir ! Dark ! Va chercher la princesse qui vient gentiment nous rendre visite et cette fois, tâche de ne pas me décevoir car tu sais ce qui t'attend...
- Oui, maître. Je reviendrai avec elle ou je ne reviendrai pas vivant.
Le roi éclata de nouveau de son rire hystérique alors que son larbin allait cueillir son ennemie. La journée avait mal débuté mais elle finissait en beauté.

Ils restèrent dormir au bord du lac afin d'avoir la journée du lendemain pour se rendre aux Bois Perdus. Saria et Zelda étaient très excitées à l'idée de se retrouver de nouveau chez elles. Link, quant à lui, se sentait un peu étranger à cette terre nouvelle bien qu'il s'y sentait bien. Il regardait sa jument dont les crins reflétaient la lueur du feu de camp. Elle était puissante et belle. Il se sentait attaché à cet animal qui les avait courageusement amenés à bon port sans jamais broncher.
- Il faudrait lui trouver un nom.
Les deux filles sursautèrent à l'entente de la voix de leur silencieux compagnon.
- Pourquoi pas Epona ?
- Pourquoi pas en effet ? Si je suis réellement le Héros du Temps, il serait normal qu'elle porte ce nom. Alors qu'en penses-tu Epona ?
La jument hennit joyeusement et vint se faire caresser.
- Apparemment cela te plaît, alors va pour Epona.
Ils s'endormirent sous le ciel étoilé et se firent réveiller quelques heures plus tard lorsque le soleil vint caresser leur visage de ses doux rayons. Ils se remirent en route. Tout au long du chemin, ils observèrent l'infinité verte qu'étaient les plaines d'Hyrule.
Link posa beaucoup de questions et apprit qu'auparavant il y avait un ranch mais qu'il avait été entièrement rasé, il en était de même pour un petit bois que l'on appelait Bois Dorés.
Cependant ils se firent attaquer par plusieurs monstres, mais quelques coups d'épée suffirent à les éliminer car ils n'étaient pas habitués à ce qu'on leur oppose de la résistance et avaient donc peu à peu perdu le sens du combat.
Mais ces attaques ne furent rien par rapport à ce qui les attendait à la lisière des Bois Perdus. Des centaines de stalfos et de lizalfos, armés jusqu'aux dents attendaient leur arrivée et poussaient des cris de guerre. Tout semblait perdu, ils étaient à un contre cent et Saria ne pouvait leur être d'aucune utilité alors qu'il fallait penser à la protéger.
- Qu'allons-nous faire Zelda ?
- Attendre et espérer.
- Mais on va se faire massacrer, ne pourriez-vous pas user de magie ?
- On ne peut répondre à tout par la magie. Tu es un Elfe, aie confiance en tes frères.
Les ennemis chargèrent. Link se retrouva aux prises avec trois ennemis alors que Zelda envoyait des boules d'énergies qui éliminaient tous ceux qui s'approchaient trop près d'elle ou de Saria, mais ils étaient submergés.
Tandis que tout semblait perdu, des bruits suspects se firent entendre, flèches fendant le vent, entrechoquements d'épées, énergie magique. C'est alors qu'ils virent le peuple Elfe venir à leur rescousse. Ils étaient à dix contre un mais cela serait suffisant. Les ennemis furent rapidement décimés et ils filèrent aussitôt vers Elfara, emportant les blessés avec eux. Ils avaient perdu trois guerriers mais les héros de la légende étaient saufs et c'est tout ce qui importait.
Aussi les trois compères, après avoir chaleureusement remercié leurs sauveurs, se dirigèrent vers l'antre de la vénérable Alliana. En réalité, seuls Zelda et Link s'y rendirent car Saria préféra retourner au village kokiri qui lui avait tant manqué.
- Soyez les bienvenus mes enfants.
- Merci vénérable Alliana. Je vous présente Link, le Héros de la Lumière qui a quitté Elfara dans son jeune âge mais qui est désormais de retour parmi les siens.
- Bonjour mon fils.
L'Elfe regardait cette étrange femme. Elle était belle certes, mais tout Elfe l'était. Elle avait un visage commun et tout en elle reflétait la norme, mais ses yeux qui regardaient le monde avec tant d'amour prouvaient qu'elle était bien différente des autres. Il avait réellement l'impression de se retrouver devant sa mère, bien qu'aucun lien ne les unisse, et comprit alors l'importance de cet être au sein de son peuple. Elle était leur mère à tous et représentait donc autorité, sagesse et amour.
- Merci, mère.
La femme sourit.
- Zelda te montrera la demeure de tes parents qui est désormais tienne. Que ta destinée soit glorieuse et qu'elle nous sauve du mal. Vous pouvez disposer mes enfants.
Ils s'inclinèrent et sortirent. Empruntant l'une des nombreuses passerelles, Zelda lui montra sa propre demeure avant de le conduire chez lui en lui donnant rendez-vous plus tard, puis le laissa seul.
Bien que l'endroit était propre et bien rangé, cela se voyait qu'il n'avait pas été occupé depuis longtemps. Link n'avait jamais connu ses parents mais il était pourtant fier d'eux et les aimait. Son père était glorieusement mort au combat peu avant sa naissance et sa mère s'était sacrifiée pour lui. Il aurait aimé connaître cette femme qui tenait plus à lui qu'à sa propre vie, mais le destin ne lui avait pas laissé cette chance, aussi cherchait-il désespérément des objets pouvant lui en apprendre plus sur ces deux personnes exceptionnelles.
Il ouvrit une armoire et y aperçut de nombreuses robes faites d'un tissu très doux. Malgré tout ce temps, une odeur douce et aimante s'en dégageait et il sentit la solitude et la tristesse monter en lui. Des larmes silencieuses coulèrent sur ses joues. Il y découvrit aussi de nombreux bijoux ainsi qu'un nécessaire à coiffure. A côté des vêtements féminins, se trouvaient les habits de son père. Il y avait de nombreuses tuniques, des collants, des pantalons et des bottes. Il essaya une tunique verte qui lui allait sur mesure, il enfila également des collants blancs et des bottes en cuir. Mais il lui manquait quelque chose. C'est alors qu'il remarqua que sur la porte, de nombreux bonnets pendaient. Il en prit un de la couleur de sa tunique et l'enfila.
Continuant son exploration, il remarqua un coffre où son nom était gravé. En l'ouvrant, il y découvrit des vêtements de bébé mais aussi de nombreuses armes. Un grappin, un magnifique bouclier rouge ainsi qu'une tunique rouge et une bleue. Il referma le coffre se promettant de demander à Zelda ce à quoi ils servaient. Zelda ! Il avait oublié le rendez-vous ! Il sortit précipitamment de chez lui et dévala les marches, évitant plusieurs fois une chute de justesse. Il s'enfonça dans les bois et haletant, il parvint finalement à la clairière où elle l'attendait.
- Eh bien ce n'est pas trop tôt, je t'ai pourtant appris qu'il est très impoli de faire attendre une dame.
- Désolé, mais je n'ai pas vu le temps passer.
- Je sais, je ne t'en veux pas. Tu as retrouvé des affaires qui te sont chères, hein ? Ces vêtements te vont très bien.
- Merci.
- Si j'étais toi, je ne me remercierais pas trop vite. Aujourd'hui, cours de sorcellerie.
- Mais on vient juste d'arriver et on a combattu contre une armée !
- C'est pour cela que nous commencerons par quelque chose de facile, se déplacer par magie, on appelle encore ça se téléporter. Ce n'est pas très dur, plus les distances sont courtes, plus c'est aisé. Mais tu n'es pas un magicien, le mieux que tu puisses faire, c'est te déplacer de quelques mètres et seul. Mais c'est toujours utile. Il faut fermer les yeux et te concentrer sur un endroit, y voir les moindres détails et t'y visualiser. Pour mettre le processus en route, il faut en appeler aux pouvoirs de Farore avec la formule "Farore souffle-moi de ton vent".
Essaye de te déplacer jusqu'à ce rocher là-bas.
- Farore souffle-moi de ton vent.
- Ce n'est pas encore ça, mais c'est pas mal pour un début. Lorsque je t'ai dit de visualiser chaque détail, j'aurais dû te préciser qu'il fallait tout de même garder une vue d'ensemble.
- Et comment je descends de là moi maintenant ? demanda l'Elfe perché sur une des plus hautes branches d'un arbre.
- Tu as deux solutions, je casse la branche et tu tombes comme un fruit mûr ou tu uses de la magie.
- Farore souffle-moi de ton vent.
Un souffle puissant entoura Link et le déposa cette fois-ci au lieu voulu.
- Bien. Félicitations.
- Je suis vidé.
- Utiliser sa propre magie pompe ce que l'on appelle du magna. C'est le potentiel magique de chaque individu et il est plus ou moins important selon la personne. Il se recharge tout comme l'énergie physique en se reposant, mais il existe des potions très utiles aussi. C'est pour cela que parfois on enchante des objets comme les ocarinas. On use ainsi leur énergie et pas la nôtre. Je pense que tu peux lancer ce sort encore une ou deux fois avant d'être totalement à sec. Entraîne-toi, moi je rentre à la cité, j'ai des choses importantes à régler. On se retrouve au dîner.

Voilà trois semaines qu'ils étaient arrivés à Hyrule, mais Link était malheureux de constater que Saria préférait la compagnie de ses anciens amis plutôt que la sienne. Mais il ne lui en voulait pas car il comprenait désormais les sacrifices qu'elle avait faits en s'occupant de lui au lieu de chercher un moyen de retourner chez elle. Aussi pour oublier, il se concentrait sur l'étude de la magie. Il savait désormais se téléporter, appeler un feu destructeur, enchanter des flèches avec du feu, de la glace et de la lumière, réduire la taille d'un objet afin qu'il entre dans ses poches, mais il ne maîtrisait toujours pas le sort de protection qu'il étudiait avec acharnement, bien que cela lui coûtait beaucoup.
- On recommence, prépare-toi.
- Nayru, protège-moi de ton amour.
Un cristal bleu apparut autour de lui alors que Zelda accumulait de la magie et lançait de nombreuses attaques contre lui. Le sort céda et il fut terrassé par l'un des éclairs. Il tomba sur le sol recroquevillé sur lui-même alors qu'une douleur fulgurante l'empêchait de respirer.
Elle s'approcha de lui, plaça ses mains au-dessus de son corps et le soigna. La douleur s'envola et l'énergie lui revint.
- Tu tiens le bon bout, tu as résisté plus longtemps que d'habitude. Je ne pense pas que tu puisses faire mieux. Il faut donc que tu agisses avant cette limite, tu comprends ?
- Oui.
- Te sens-tu le courage de réessayer une nouvelle fois ?
Il hocha la tête et se redressa.
Zelda était impressionnée par son courage, elle l'attaquait avec la puissance d'un ennemi sans pour autant le tuer. Bien que cela le faisait énormément souffrir, il continuait encore et toujours. Elle en avait mal pour lui mais il souhaitait continuer. Elle ne se retiendrait donc pas car cela pourrait se révéler fatal.
Une nouvelle fois, il lança le sort et subit les attaques mais cette fois-ci il parvint à s'approcher d'elle avant que le cristal ne cède. Il se jeta sur elle, la renversant sur le sol. Il maintint ses mains au-dessus de sa tête tout en la bloquant sous son poids afin qu'elle ne puisse plus bouger et donc l'attaquer.
- Bravo, tu m'as vaincue, je suis à ta merci.
Il ne semblait pas vouloir la libérer et approcha son visage du sien. Elle se tendit et reprit son sérieux, une lueur dans son regard montrait quelque chose qu'elle connaissait mais dont elle n'avait jamais fait l'expérience.
- Tu es ma prisonnière et je n'ai pas envie de te relâcher, j'ai eu beaucoup trop de mal à t'avoir, lui murmura-t-il d'une voix quasi inaudible.
- Je pourrais facilement me libérer.
- Mais tu ne le feras pas.
- Et pourquoi cela ?
Il ne répondit pas et happa ses lèvres dans un long baiser, puis il relâcha les mains de la jeune fille afin de pouvoir explorer son corps. Elle l'attrapa tandis qu'ils se dévoraient mutuellement de baisers.
- Et bien ! On dirait que j'arrive à temps, lança une sentinelle avant de s'éloigner, on vous attend à la cité, le dîner va être servi.
Jamais Link n'avait haï autant quelqu'un mais il se redressa et Zelda, ainsi libérée, fila sans oser le regarder.
Il la chercha vainement pendant le repas et lorsque tout le monde retourna chez lui, il décida de faire de même mais, au moment où il allait rentrer dans la demeure de ses parents, il fit demi-tour et s'en alla vers une autre demeure qui lui était bien familière.

Link se réveilla le lendemain matin, sa maîtresse dormant sur son torse nu. Un rayon de soleil venait éclairer son doux visage et il la trouva très belle. La marque sur les draps immaculés prouvait que pour la première fois elle s'était offerte à quelqu'un sans aucune réticence, lui offrant son intimité. Il se sentit soudain coupable, elle était leur princesse, sa princesse, un être si proche et tellement lointain, avait-il le droit de faire ça ? Il était trop tard maintenant. Pourvu qu'elle ne le regrette pas. Il n'avait jamais ressenti ça pour personne et se sentait heureux mais troublé, il ne se le pardonnerait jamais si elle lui en voulait.
Il était tombé amoureux.
Elle ouvrit ses grands yeux bleus et lui sourit. En échange, elle reçut un tendre baiser.
- Je t'ai volé ton innocence.
- Et moi ton coeur.
- Je t'aime Zelda.
- J'ai remarqué. Je t'aime aussi Link. Mais la romance est désormais finie. Tu as fait de moi une femme et moi j'ai fait de toi un guerrier. Il est désormais temps de te mettre à l'épreuve.
Elle se leva emportant le drap avec elle et passa derrière le rideau qui donnait sur la salle d'eau.
- Eh !
Pour toute réponse, il reçut le tissu en plein visage et se dépêcha de s'en couvrir. Il entendit le bruit familier de l'eau, le froissement des vêtements et le claquement des talons sur le sol, le tout agrémenté par une douce mélodie.
Elle ressortit quelques temps plus tard, vêtue d'un pantalon blanc moulant, d'une tunique mauve et de longues bottes d'équitation qui montaient jusqu'aux cuisses.
- Que dois-je comprendre ?
- Que les choses sérieuses vont commencer et qu'il est temps pour toi de t'habiller.
- C'est bien ce que je craignais...

Dans la cabane de Link, Zelda lui montra toutes les armes contenues dans le coffre et leurs fonctions. Il découvrit ainsi que l'écu était un bouclier-miroir qui, en plus des fonctions usuelles de cette arme, permettait de parer des attaques magiques. Les deux tuniques étaient magiques, elles aussi. La rouge protégeait du feu et des chaleurs intenses, tandis que la bleue permettait de respirer sous l'eau. Enfin il y avait le monocle de vérité qui était un objet de facture Sheikah qui permettait de discerner illusion et réalité.
Il embarqua tous ces instruments ainsi que le grappin, puis ils allèrent chez Alliana. Elle avait conservé depuis le règne de Zelda un petit coffre où reposaient les trois pierres ancestrales qui étaient les clés du Saint Royaume.
- Comment nous rendrons-nous au bourg d'Hyrule qui doit grouiller de soldats du roi sombre ?
- Accroche-toi à moi et sers-moi fort.
- Oh Zelda..., ronronna-t-il sur un ton équivoque.
- Link ! Ça suffit tes bêtises ?!
Elle joua le prélude de la lumière qui les téléporta au Temple du Temps. Le lieu saint n'avait pas vraiment souffert de l'arrivée de Ganon car il était indestructible, mais cela faisait bien longtemps que personne n'était entré en son sein.
- La vitesse est de rigueur, nous sommes en plein territoire ennemi.
Elle joua le chant du temps et ouvrit les portes du temps grâce aux trois clés minérales.
L'Epée de Légende, fièrement plantée sur son socle se présenta à eux. Link se sentit ému à la vue de son alliée la plus fidèle. Ils s'en approchèrent et le chevalier la libéra de son piédestal alors qu'un rayon d'énergie bleue les emmenait au Saint Royaume légendaire. Ils avaient réussi.
Encore un peu décontenancé par les centaines de vies qu'il avait revécues en quelques minutes, Link eut l'agréable surprise de se retrouver face au sage de la lumière.
- Rauru ! Quelle bonne surprise ! Cela faisait si longtemps.
Puis une ombre passa sur son visage.
- Bienvenu à toi Héros du Temps et à toi aussi septième sage.
- Comment cela se fait-il que je me souvienne absolument de tout ? Je ne reconnais personne d'habitude, pas même ma chère Zelda.
- Ta quête n'est pas nouvelle, elle n'est que la continuation de ce que tu as entrepris il y a des siècles de cela. Elle ne prendra réellement fin qu'avec la mort définitive du seigneur du malin.
- Link, continua Zelda, seuls Rauru et moi sommes éveillés, Saria n'attend qu'un signe de toi ainsi qu'Impa mais quant aux autres...
- Est-ce important de les éveiller ? Je veux dire... la dernière fois vous n'avez pu qu'enfermer Ganon dans un sceau qui a fini par se briser.
- Héros du Temps, reprit Rauru, même s'ils se révèlent inutiles durant l'ultime combat, ils ont la capacité de renier le mal de leur domaine.
- Je n'avais pas pensé à ça. Dois-je de nouveau aller dans les temples ?
- Link, mis à part le Temple du Temps et celui de la forêt, ils ont tous été détruits...
- Ce que cherche à te dire la Princesse de la Destinée c'est que pour éveiller les sages, il faudra les convaincre et leur rendre leur pouvoir. Voici les médaillons que nous t'avons autrefois confiés, les sages s'éveilleront s'ils acceptent leur destinée. Ma tâche est maintenant accomplie, je vais vous renvoyer dans les Bois Perdus.
- A plus tard Rauru.
Ils se retrouvèrent devant l'arbre Mojo qui n'avait absolument plus rien à voir avec un bourgeon.
- Bienvenue à vous.
- Merci vénérable arbre Mojo. Je crains de devoir vous arracher Saria une nouvelle fois.
- Ce n'est rien, je suis très fier d'elle et de sa destinée.
Ils s'en retournèrent au Village Kokiri et se dirigèrent vers une petite cabane, alors que les Kokiris s'approchaient d'eux pour inspecter sous toutes les coutures cet Elfe qui leur était inconnu et qui suivait la princesse où qu'elle aille.
Légèrement apeuré par cette bande de gamins qui tiraient sur sa tunique, il se réfugia derrière sa reine, qui bien que restant silencieuse, n'en pensait pas moins.
Ils parvinrent finalement à rejoindre Saria qui, heureuse de retrouver ses parents improvisés, se jeta joyeusement à leur cou. Puis son attention se porta sur Link et son expression se figea. Bien qu'il était toujours le même, quelque chose en lui était différent : il paraissait plus vieux et plus aguerri.
- Le moment est venu n'est-ce pas ?
- Saria, sage de la forêt, acceptes-tu ta destinée qui est de protéger les Bois Perdus, de suivre le septième sage et de bannir à jamais Ganondorf de cette terre ?
- Mais, c'est que jusqu'à maintenant, je pensais que tout ceci était improbable, je ne pense pas être capable de m'acquitter de telles responsabilités.
- Tu as peur, mais penses-tu réellement en être incapable ?
Elle s'avoua vaincue, oui elle le pouvait. Elle sentait son pouvoir, depuis si longtemps endormi en elle, se réveiller à l'approche du médaillon vert que Link tenait entre les mains.
- Je suis le sage de la forêt et j'accepte ma destinée.
- Alors à genoux, jeune fille, ordonna Zelda.
La Kokiri s'exécuta et Link plaça le médaillon de la forêt autour de son cou. Aussitôt un halo bleu entoura la fillette qui disparut.
- La forêt a retrouvé son sage.

En arrivant à Elfara, Link fut accueilli tout en héros qu'il était.
Il y a moins d'un mois, il n'était qu'un bandit de grands chemins et voilà qu'il se retrouvait amant de la princesse et Héros du Temps. Qui aurait pu imaginer ça ? Sûrement pas lui. Celle qui lui avait servi de mère était désormais au coeur du Saint Royaume, dans le sanctuaire des sages, attendant patiemment un signe de lui. Le lendemain, ils iraient retrouver la noble Impa afin de faire d'elle le sage de l'ombre.
Mais pour le moment son esprit était occupé à autre chose et il tomba de fatigue quelques heures plus tard. Il se réveilla seul. Lorsqu'il sortit, la cité était étrangement déserte. Mais ce n'était qu'une impression car en observant bien, il apercevait de nombreux Elfes occupés dans un silence absolu. Son amante était près de la fontaine et semblait absorbée par son reflet dans l'eau. Il alla la rejoindre à pas de loup et lui colla un baiser dans le cou mais elle ne réagit pas. Elle était absente. Enfin elle redressa la tête et sursauta en le voyant.
- C'est tout l'effet que je te fais ? Je vais commencer à m'inquiéter.
- Mais je ne savais pas que tu étais là, tu m'as fait peur. Impa t'attend.
- J'ai faim.
- Plus tard.
- Tu es sans pitié.
- Continue comme ça et tu dormiras seul ce soir.
- Ma bouche reste close.
Elle sourit mais reprit rapidement son sérieux.
- Il va falloir te mettre rapidement en route si tu veux être rentré avant l'aube.
- Tu vas rire mais j'ai crû comprendre que tu n'allais pas faire partie du voyage. C'est ridicule non ? Pas si ridicule que ça en fait... Mais pourquoi tu ne viens pas, ce sont tes assistants, pas les miens !
- Cesse de faire l'enfant, Link.
- Et pourquoi Impa ne nous rejoindrait pas ? D'après ce que tu as dit, elle connaît sa destinée.
- Link, on a trop souvent tendance à dire que les Sheikahs sont un peuple qui se meurt. Mais c'est faux, ils sont suffisamment nombreux pour renouveler les générations. Mais ils se cachent car leur rôle est très important. Non seulement ils se doivent de protéger la famille royale, mais en plus ils sont les gardiens des légendes d'Hyrule. Sans ses légendes, Hyrule n'est rien et tu le sais. Ganondorf aussi le sait. C'est pour cette raison que les Sheikahs se sont cachés depuis tout ce temps. Il serait trop dangereux pour Impa de venir ici, c'est pour cela que c'est toi qui vas aller là-bas.
- Tu as gagné... Que dois-je faire ?
- Il te faut te rendre là où je m'étais cachée lors de notre précédente aventure. Mais fais attention, les Sheikahs sont les maîtres de l'illusion. Plus tu t'approcheras de leur cache, plus le chemin sera dangereux. Mais ils t'attendent, ils savent que tu pourras éviter tous leurs pièges.
- Ça promet d'être intéressant... Mais pourquoi ne viens-tu pas ?
- J'ai autre chose à faire.
- Je m'en doute. Mais quelle est cette chose ?
- Réfléchir pour trouver comment Ganon a pu se libérer du sceau des sages.
- Quel programme ! Je crois que je préfère encore les Sheikahs...

Après avoir chevauché jusqu'à une heure avancée de l'après-midi, Link était finalement parvenu à la Vallée Gerudo. Il laissa Epona dans les vertes plaines et commença sa marche dans le paysage aride. Au bout de quelques minutes, il se cacha derrière un énorme rocher juste à temps pour éviter d'être vu par une des voleuses guerrières.
- Je t'avais bien dit qu'il n'y avait rien ! dit une seconde femme qui venait d'arriver.
- Pourtant j'étais sûre d'avoir entendu du bruit... Enfin...
- Retournons vite à notre poste, on ne sait jamais, il se pourrait qu'actuellement la forteresse se fasse attaquer alors que nous, on court après du vent.
L'autre fit la grimace puis elles s'éloignèrent par le chemin de gauche.
L'Elfe sortit de l'ombre et emprunta la voie de droite. Après tout, même si les Sheikahs ont parfois des idées étranges, ils ne sont pas assez fous pour s'abriter près de la forteresse, donc le choix ne se réduisait plus qu'à une seule possibilité. Il avança ainsi pendant une heure mais il trouvait étrange que la route soit semblable tous les cinq cent mètres. Il y avait à chaque fois une patte d'oie et quel que soit le chemin qu'il empruntait, il s'y retrouvait toujours.
Le soleil cognait dur et il était bien content d'avoir enfilé sa tunique rouge, mais à force de continuer ainsi, il sentait la fatigue l'envahir. Cette route n'était pas normale, le peuple de l'ombre était là-dessous, il en aurait mis sa main à couper.
Il abandonna son bonnet au centre du chemin central et continua à marcher. Au bout de quelques instants, il se retrouva de nouveau devant la patte d'oie sur laquelle le chapeau l'avait fidèlement attendu.
- Je le savais...
Il renfila son couvre-chef et se décida à utiliser le monocle de vérité. La première chose qu'il vit était que chaque voie formait un large cercle. Ce n'est qu'après qu'il aperçut le spectre qui flottait face à lui, un rictus collé sur le visage.
- Eh bien, il t'en a fallu du temps pour comprendre !
- Garde tes réflexions pour toi. Sache que dans ma besace, un arc et des flèches attendent patiemment d'être utilisés...
- Si tu me tues, tu peux me dire comment tu retrouveras ton chemin, gros malin ?
- Contente-toi de me montrer le chemin, tu veux.
- Mais bien sûr monsieur le gros malin.
Link retint son envie folle d'aller récupérer son arc, pour suivre le spectre qui se dirigeait vers l'entrée d'une caverne camouflée par magie. Il zigzagua ainsi à travers les routes sinueuses qui perçaient la roche, suivant chacun des mouvements du fantôme qu'il soupçonnait de faire du zèle.
Enfin, au bout de deux heures, il aperçut de la lumière. L'esprit disparut dans un rictus. Il ôta l'objet magique qui lui avait pompé pratiquement tout son magna. Il lui faudrait désormais en faire une utilisation très raisonnable.
Il se trouvait au centre d'un canyon cheminant en ligne droite vers une falaise qui semblait percée de différents trous. Il s'avança lentement, rien ne pressait et la prudence était de mise. A peine avait-il fait quelques pas que des bruits de grattements se firent entendre et que des créatures verdâtres, ressemblant vaguement à des méduses, émergèrent du sable et se précipitèrent sur lui à toute vitesse. Se protégeant tant bien que mal avec son épée, il fut rapidement submergé par le nombre. En dernier ressort, il lança un sortilège de feu qui crama tous les monstres mais qui le laissa quasiment sans magna.
Il continua ainsi, pas à pas, un pied après l'autre avec une lenteur excessive. Soudain, le sol se déroba sous lui ou plutôt, il posa le pied sur un sol inexistant. C'est à peine s'il eut le temps de se rattraper au bord. Il se hissa et usa de ses dernières énergies magiques pour voir qu'il avait failli tomber dans un trou où plusieurs pics l'auraient accueilli de leurs pointes acérées. L'autre bord était trop loin pour qu'il puisse sauter au-dessus, mais il y remarqua une cible de bois qu'il visa avec son grappin afin de se faire tracter de l'autre côté de l'obstacle qui avait failli lui coûter la vie.
Il était désormais tout proche de la falaise et il y distinguait de nombreuses fenêtres percées dans la paroi. Il était enfin arrivé à destination. Brusquement, au moment où il pensait être parvenu au bout de son périple, il eut un choc et la nuit passa devant ses yeux.
Lorsqu'il s'éveilla, il était allongé sur un lit dans une petite chambre aux murs de pierre. Il se leva et regarda par la fenêtre. Il se trouvait dans la forteresse Sheikah, de là où il était, il apercevait le désert, vaste étendue jaune qui s'étendait à perte de vue. Le soleil était haut, il devait être midi, ce qui voulait dire qu'il avait passé la nuit ici, si ce n'est plus. Il sortit et aussitôt, un homme ombrageux et silencieux vint à sa rencontre.
- La noble Impa t'attend, Héros du Temps.
Il suivit l'homme dans le labyrinthe de couloirs et de pièces pour enfin parvenir à une chambre, semblable à celle dans laquelle il s'était éveillé. Près de la fenêtre se tenait Impa.
Elle avait de longs cheveux blancs bien que son visage soit sans rides, mais il était cependant tatoué par des vaguelettes sous les yeux. Elle avait un corps mince et athlétique qui était recouvert par une armure courte.
Le Sheikah s'inclina et les laissa seuls.
- Enfin tu es revenu à toi.
- Combien de temps ai-je dormi ?
- Entre le moment où nous t'avons trouvé et maintenant, une nuit et une matinée sont passées.
- Pourquoi ai-je perdu connaissance ?
- Tu n'as pas vu notre dernier piège. C'est l'entrée d'un tunnel mais comme tu n'avais pas mis le monocle de vérité, tu t'es cogné.
- Vous avez mis trop de pièges, à la fin je n'avais même plus de magna et j'avançais à l'aveuglette.
- Désolée héros, nous pensions que tu t'en sortirais mais tu n'es pas mort, c'est l'essentiel.
- Venons-en aux choses sérieuses, Impa connaissez-vous votre destin ?
- Oui et je l'assume, moi Impa, futur sage de l'ombre.
Link passa le médaillon de l'ombre autour du cou de la Sheikah qui, comme Saria, fut entourée d'un halo bleu puis disparut.
Les Sheikahs escortèrent le héros jusqu'à la plaine et lui souhaitèrent bonne chance avant de disparaître dans un flash lumineux comme à leur habitude.
Il siffla Epona qui accourut rapidement, monta en selle et galopa vers les Bois Perdus.
La nuit était tombée depuis plusieurs heures lorsqu'il atteignit la forêt puis Elfara. Zelda n'était pas dans la cabane qui était devenue la leur, aussi il la chercha dans toute la cité elfique mais personne ne l'avait vue depuis qu'il était parti. De dépit et inquiet, il se dirigea alors vers la demeure de la vénérable Alliana, qui le rassura sur la santé de la princesse et qui, après avoir partagé son repas avec lui, le renvoya chez lui.

L'aube ne tarderait pas à se lever. Voilà deux nuits qu'elle n'avait pas fermé l'oeil et la situation, bien qu'elle soit plus claire à son esprit, restait toujours sans réponse. Elle avait longuement étudié avec Saria et Rauru les nombreux ouvrages qui étaient conservés dans le sanctuaire des sages, mais, même avec l'arrivée d'Impa quelques temps plus tard, cela ne donna rien.
Zelda soupira puis s'en alla chez elle. Link était profondément endormi, l'oreiller de sa maîtresse appuyé contre son coeur. Elle eut un sourire attendri puis se dirigea sans aucun bruit dans la salle de bain. Elle avait les traits tirés et de longues cernes pochaient ses yeux. Elle eut une grimace en observant son visage dans le miroir mais elle se rassura en se disant qu'un peu de repos effacerait tout ça.
Elle se coula un bon bain chaud et faillit s'y endormir mais, s'en apercevant, elle en sortit avant que Morphée ne l'emmène aux pays des rêves. Elle enfila une longue chemise de nuit et passa un châle sur ses épaules.
Elle allait s'étendre lorsqu'un soudain excès de romantisme la poussa à aller sur la terrasse. L'aube pénétrait la cité elfique et teintait d'or les feuilles des arbres ainsi que les gouttelettes de rosée qui devenaient des larmes du précieux métal. La légende racontait que les Bois Dorés, qui occupaient auparavant un morceau de la plaine d'Hyrule, étaient quelques arbres pris aux Bois Perdus lors du premier matin du monde qui avaient été piégés dans un éternel moment. En y réfléchissant bien, Zelda devait admettre que c'était fort possible.
La vie commençait peu à peu à s'éveiller et la musique des bois recommença son éternelle prestation. Chants d'oiseaux, gargouillements des petits torrents, bruissements des feuilles s'harmonisaient en un concert de toute beauté qui emplissait de charme la moindre oreille attentive. Ce monde était si beau, comment quelqu'un, aussi malveillant soit-il, pouvait vouloir sa destruction ? C'est ce que Zelda ne parvenait pas à comprendre. C'était aussi la dissemblance majeure qui différenciait le bien du mal.
A ce moment, Link, qui en s'éveillant avait vu les affaires de sa princesse et avait décidé de partir à sa recherche, alla s'asseoir près d'elle. Il passa un bras autour de ses épaules et elle se blottit contre lui.
- A quoi penses-tu ? lui souffla-t-il au creux de l'oreille.
- Notre monde est terriblement beau, il faut à tout prix le protéger... quoi qu'il en coûte.
- C'est certain, ne l'avais-tu pas remarqué auparavant ?
- Avant je pensais agir par vengeance mais j'ai compris mon erreur. Aussi forte la vengeance soit-elle, jamais elle ne devrait passer avant ça...
Link comprenait. Ils restèrent ainsi un long moment, dans un silence profond et respectueux, alors que l'or laissait la place à l'émeraude, les bois reprenant peu à peu leur couleur habituelle.
- Zelda ?
Elle ne répondit pas, blottie au creux des bras de son amant, elle avait succombé au sommeil. N'ayant pas le coeur de la réveiller, il l'installa sur le lit et la borda avant de partir pour une nouvelle aventure.
Quelques heures plus tard, elle ouvrit ses grands yeux couleur azur. Son sommeil avait été court mais extrêmement réparateur. Elle était seule dans la chambre et près de son visage reposait une petite lettre griffée de l'écriture encore hésitante de Link.
« Mon tendre amour,
Tu dormais si bien que je n'ai pu te réveiller pour te dire à plus tard mais je pense que tu ne m'en voudras pas.
J'ai appris par Alliana que les Gorons étaient réduits en esclavage au mont du péril. J'espère y trouver Darunia afin de te rendre le sage du feu.
A ce soir, du moins je l'espère.
Link qui t'aime. »
Elle pressa son visage contre l'oreiller du jeune homme, il portait encore son odeur...
- Je l'espère aussi...

Le Village Cocorico n'avait jamais été aussi vivant que le Bourg d'Hyrule mais, malgré ça, le poids de la terreur se faisait durement ressentir. Les quelques bâtisses qui tenaient encore debout par miracle étaient barricadées.
Quelques courageux curieux passèrent le nez derrière leurs rideaux afin d'observer cet homme étrange qui arborait des oreilles bien longues. Dans l'esprit des plus vieux, un mot, souvenir récurrent des histoires que leurs grands-parents leur racontaient, surgit : un Elfe...
Le village avait bien changé depuis la dernière fois, et pas en bien. Le terrain était en grande partie à découvert malgré les ruines, et il dut se faire très discret pour ne pas éveiller l'attention des monstres qui étaient affairés à l'autre bout. Il grimpa les escaliers qui menaient au Chemin du Péril. Le portail était gardé par deux lizalfos qui scrutèrent le nouveau venu d'un oeil affamé.
Link dégaina son épée alors que les deux lézards le chargeaient en poussant des hurlements stridents. Le premier tenta de l'embrocher mais le héros parait et ripostait sans manquer sa cible. Le monstre recula sous ses assauts et le second prit la relève... mais subit le même sort. Le premier assaillant revint alors dans la bagarre et se fit rapidement éliminer, ainsi que son frère.
Débarrassé de ces gênants adversaires, il se dirigea sur le chemin du Péril mais il eut un choc en y arrivant. Les éboulis et les éruptions successives avaient rendu le chemin totalement impraticable. Même avec la meilleure volonté du monde, il était impossible de se rendre au sommet. Il soupira, fit demi-tour et se dirigea discrètement vers l'attroupement de monstres qu'il avait observé tout à l'heure.
Se cachant derrière un arbre mort, il fit le bilan de ce qu'il voyait. Un monte-charge actionné par huit mobelins descendait les pierres extraites par les Gorons. La rocaille était ensuite entreposée dans des chariots en attendant d'être transportée dans Hyrule. Le tout était gardé par trois lizalfos et trois stalfos.
Sortant tranquillement son arc et ses flèches, il tua le premier lézard d'un projectile dans la gorge et le second, qui se retournait pour voir ce qui arrivait à son frère, d'une flèche entre les yeux. Il eut encore le temps d'éliminer le dernier reptile avant que le premier squelette soit sur lui.
Battant en retraite, il se fit tracter sur le toit d'une maison grâce à son grappin. Les mobelins étaient des créatures sans cervelle mais elles savaient obéir. Sous les ordres des stalfos, ils s'amassèrent autour des murs afin de pouvoir former une échelle vivante. Link repoussa le premier squelette d'un coup de pied. Le corps osseux perdit l'équilibre et se brisa en mille morceaux en touchant terre. Cependant les deux autres avaient réussi à passer et luttaient avec acharnement contre le chevalier. Une chance pour le héros, le pied de l'un des monstres se déroba sous une tuile glissante et il put lui trancher la tête qui s'en alla rouler un peu plus loin avant de disparaître. Seul contre le second attaquant, il s'en débarrassa rapidement.
Mais les mobelins n'avaient pas dit leur dernier mot. Frappant les murs de toute leur force, ils tentaient de faire s'écrouler la maison. Link sauta et se réceptionna d'une pirouette avant que la bâtisse ne s'écroule tuant l'un de ses ennemis. Il restait encore sept tas de muscles sans cervelle qui s'approchaient de lui, armes au poing.
Il évita en se baissant une énorme poigne qui s'écrasa sur la figure canine d'un autre assaillant. Aussitôt, les deux créatures se battèrent entre elles. Son bouclier subissant de rudes attaques, il parvint tout de même à tuer un autre monstre. Cependant seul contre quatre, ses chances de victoire étaient maigres, aussi il se décida à faire usage de la magie.
- Din, prête-moi ton puissant feu.
Les quatre mobelins se firent calciner. Reprenant son souffle, il porta son attention sur les deux survivants qui se battaient toujours. Il sortit son arc et tira deux flèches en même temps. Les deux créatures s'écroulèrent, une flèche dans la tête. Des applaudissements retentirent mais se turent bien vite, les Hyliens ne sachant pas si d'autres larbins de Ganondorf étaient dans le coin.
L'Elfe se dirigea vers le monte-charge et s'installa sur la planche de bois. Plus aucun mobelin n'était là pour l'actionner, aussi il se décida à trancher la corde qui maintenait le contrepoids. L'ascenseur s'éleva à une vitesse prodigieuse faisant perdre l'équilibre au héros qui parvint tout de même à rester sur la plate-forme.
En haut, il fut accueilli par un Goron qui paraissait très impressionné par ses exploits.
- Houa ! Tu as vraiment fait ça tout seul ? J'ai du mal à en croire mes yeux. Quel est ton nom ?
- Link... Mais y a-t-il d'autres monstres ici ?
- Deux stalfos gardent l'entrée de la caverne et de nombreux lizalfos sont à l'intérieur pour surveiller les Gorons.
L'Elfe s'approcha doucement. Il tua le premier squelette d'une flèche dans le crâne et acheva le second à coups d'épée.
- Tu es vraiment très fort !
- Euh... merci.
- Mais au fait, pourquoi es-tu ici ?
- Je suis venu vous délivrer.
- Vraiment ?
- Parfaitement. Ne trouves-tu pas que les Gorons ont été suffisamment brimés ? Travaillant dur dans des conditions épouvantables, se nourrissant des quelques gravillons qu'ils parvenaient à grappiller parmi tout ce qu'ils extrayaient. Mais tout a une fin, il est temps pour les Gorons de dire stop. C'est l'heure de la révolution des Gorons !
Link avait choisi des mots forts et des intonations sèches, sachant pertinemment à quel point le peuple minéral était influençable. En effet, cela ne rata pas car l'autre s'exprima :
- Mais tu as raison ! Vive la révolution des Gorons !
Il courut dans la carrière poussant son cri de guerre à qui voulait l'entendre, aussitôt suivi d'autres Gorons. Les malheureux lézards qui tentèrent d'intervenir se firent écraser par des boules en furie. Le dernier lizalfos éliminé, ils se calmèrent et lancèrent des vivats envers Link qui se fit promulguer Héros des Gorons. A ce moment, un Goron plus grand que les autres et possédant une épaisse crinière fit son apparition.
- Darunia...
- Tu connais mon nom étranger ? Bizarre... mais qu'importe. Tu as de belles paroles mais peux-tu me dire à quoi elles vont servir lorsque Ganondorf viendra se venger de la perte de tous ses soldats ?
Un long murmure parcourut l'assemblée de Gorons qui se mit à trembler.
- Je savais ce que je faisais et crois-moi, il n'arrivera rien à ton peuple.
- Ah oui ! Et peux-tu me dire qui va les protéger ? Toi peut-être ?
- Non pas moi mais quelqu'un qui en a le pouvoir.
- Et qui est cet être ?
- Il se tient devant moi.
- Moi ! Mais tu te fiches de moi ! Sache que l'on ne se moque pas impunément du grand Darunia. Tu vas me le payer.
- Garde ta colère pour le roi sombre. Je t'assure que je peux faire de toi un être si puissant qu'il pourra non seulement aisément protéger les Gorons mais aussi toutes les Montagnes de la Mort.
- Et peux-tu me dire comment tu vas t'y prendre ?
- Avant tout, acceptes-tu cette tâche ?
La question surprit Darunia, peut-être que cette chose verte n'essayait pas de gagner du temps et disait la vérité... Dans ce cas, cela impliquait beaucoup de choses. Un espoir fou naquit en lui, tellement improbable et irréel qu'il ne pouvait qu'être vrai.
- Si ce que tu dis est vrai et que tu peux me permettre d'éliminer ce roi qui se prend pour un dieu. Alors oui, j'accepte tout ce que tu veux, quel qu'en soit le prix.
Link passa le médaillon du feu autour du cou de son ancien frère de sang et celui-ci fut aussitôt téléporté au Saint Royaume.

De retour à Elfara, il eut la surprise de découvrir que Zelda était l'attraction principale. Elle entonnait une balade d'une voix mélodieuse et envoûtante, aussitôt reprise par une dizaine d'autres Elfes. Certains accompagnaient la douce mélodie avec leur instrument, le tout donnant un hymne parfait aux intonations mystiques et profondes. Le temps semblait s'arrêter et la forêt était à l'écoute. La mélodie monta en puissance ne laissant plus aucun silence puis elle diminua peu à peu. Enfin les dernières notes franchirent le seuil des lèvres de la princesse et s'en allèrent mourir au fond des coeurs charmés. A ce moment, elle vit que le chevalier était de retour et se précipita vers lui dans un frôlement de tissu. Il la serra et l'embrassa.
- Félicitations, tu deviens de plus en plus autonome.
- Il le faut bien, vu que tu m'abandonnes lâchement...
- Oh ! Arrête, veux-tu.
- Qu'étais-tu en train de faire ?
- J'ai commencé à chanter pour les enfants et cela a donné envie aux autres qui se sont joints à moi. Cela arrive souvent tu sais. Les Elfes aiment la musique.
- C'était merveilleux. Non, en réalité c'est toi qui es merveilleuse.
Elle émit un petit ronronnement touché et se blottit encore plus près de lui. Cependant il grimaça.
- Qu'y a-t-il ?
- Tu as appuyé sur une coupure et ce n'est pas agréable. Il y avait beaucoup d'ennemis là-bas...
- Zelda, on veut une autre chanson ! lança un guerrier.
- Oh oui ! entonnèrent les autres en coeur.
- Plus tard, il faut que j'aille soigner mon homme...
Link la suivit, une expression étrange sur le visage alors que la foule amusée le huait.

Au matin, tout était calme et la cité était endormie. Dans l'une des cabanes, un couple sommeillait, tendrement enlacé l'un contre l'autre. Un vent violent s'engouffra dans la pièce, réveillant en sursaut les deux amoureux. Le chevalier saisit son épée qui reposait près de son lit mais la reposa aussitôt, il ne sentait pas de présence maléfique. C'était du vent, juste du vent. Peut-être pas après tout. En se retournant, il aperçut le visage de sa compagne, absorbée dans un autre lieu. Puis tout cessa et la forêt redevint paisible.
- Que s'est-il passé ?
- C'était Saria qui nous envoyait un message. Ils ont localisé Ruto.
- Le pauvre Link ne peut même pas prendre un repos bien mérité auprès de sa femme, il faut encore qu'il parte en vadrouille... dit-il avec le ton de celui qui porte le poids du malheur du monde sur ses frêles épaules.
La princesse rit et se coula autour de son cou en l'embrassant.
- Ruto attendra...

Plus tard dans la matinée, Zelda et Link étaient près d'Epona qui portait des vivres pour plusieurs jours. Le chevalier se mit en selle et se baissa pour embrasser une dernière fois sa bien-aimée. Il soupira.
- Dois-je vraiment partir ? Ça fait une trotte, je ne serai pas rentré avant une semaine dans le meilleur des cas.
- Allons, tu exagères, en une semaine tu auras largement le temps de tout faire.
- Trois jours de voyage à l'aller et trois au retour, cela ne me laisse qu'un jour pour trouver et convaincre Ruto.
- Compte deux jours de voyage. N'oublie pas que la dernière fois on était trois avec une carriole pour un cheval et que l'on ne s'est vraiment pas pressé.
- Oui mais bon...
- Et je te rappelle que c'est toi qui as insisté pour que je ne vienne pas.
- Je pense que je vais oublier toutes mes bonnes résolutions et revenir sur ma décision.
- Il est trop tard pour ça, mon coeur. Mais pense que je serai très impatiente de te retrouver...
- Tu commences à me faire des propositions indécentes... intéressant. Il faut absolument que je me dépêche de rentrer et pour cela il faut que je me dépêche de partir. En avant Epona !
Il s'en alla dans un galop fracassant.
Zelda resta là un long moment, pensive, se demandant si elle avait hérité d'un homme ou d'un enfant. Un sourire aux lèvres, elle regagna la cité merveilleuse.

Les Zoras qui venaient de s'intégrer à Hyrule peu avant le règne de Ganondorf étaient malheureusement retombés dans la barbarie et surveillaient mers et fleuves pour le roi sombre. Cependant, des rumeurs couraient comme quoi certains d'entre eux refusaient de revenir à l'état sauvage et nuisaient de toutes les façons possibles à Ganon. Link pensait que si Ruto était quelque part, c'était en compagnie de ces résistants.
Le port d'Hyrule était enfin en vue. Après avoir parcouru le chemin plat qui mène au lac Hylia, cavalier et monture avaient pris la route de la montagne. Après y avoir campé, ils avaient continué leur route sortant de la chaîne montagneuse pour arriver encore dans une plaine puis en bout de journée, ils avaient atteint leur but.
Epona était épuisée, aussi la première chose que Link fit, fut de trouver une auberge. Il bichonna longtemps sa jument, la bouchonnant bien afin de la débarrasser de la sueur qui couvrait sa robe. Puis il sortit et commença à inspecter le port afin d'y apprendre quelques petites choses intéressantes, mais les gens, méfiants, l'évitaient. La nuit tomba et il rentra à l'auberge n'ayant rien découvert d'important.
A son réveil, une douleur lui déchira le dos, due aux deux jours de chevauchée intensive mais surtout à cause du mauvais matelas sur lequel il avait passé la nuit. Se rappelant la chose innommable dont il avait dû se nourrir le soir dernier à l'auberge, il préféra se rabattre sur ses propres vivres. Enfin, lorsqu'il fut prêt, il enfila un long manteau qui cachait ses armes et sortit.
Il conduisit Epona dans un enclos de taille réduite mais où elle pourrait se dégourdir les jambes puis il repartit pour son exploration de la ville. Comme la veille, les gens l'évitaient prudemment, certains allant même jusqu'à changer de trottoir. Il se demanda pourquoi cette attitude méfiante, après tout il n'était sûrement pas le seul étranger de ce village, qui accueillait de nombreux navires. Puis il comprit, il était le seul Elfe. Ces gens pensaient peut-être qu'il faisait partie des nombreuses créations démoniaques du seigneur du malin ou peut-être se doutaient-ils qu'il comptait parmi les ennemis de leur dieu-roi. Dans les deux cas leur comportement était compréhensible. Il aurait bien aimé que Zelda use de sa magie pour camoufler ses deux grandes oreilles mais il la savait en sûreté à Elfara et il valait mieux qu'il en soit ainsi. Tout ce qu'il put faire fut de rabattre son bonnet sur son visage, ça le gênait en plus de lui donner un air ridicule mais il fallait faire avec.
Continuant à se traîner dans les nombreuses rues à la recherche d'il ne savait trop quoi, il parvint à la place centrale. Dans une cage pendue à un arbre, étaient prisonniers un groupe de Zoras. Cela devait faire un bon moment qu'ils étaient piégés ici car leurs belles couleurs avaient viré au gris, leur peau était durcie et une trace opaque voilait leurs yeux. Quelques instants, Link crut qu'ils étaient tous morts, surtout qu'il avait cru reconnaître Ruto parmi eux, mais un mouvement imperceptible le rassura. Il vit un homme, un Hylien, qui portait les armoiries du roi sombre et semblait surveiller les captifs de loin. Il alla à sa rencontre.
- Bonjour.
- Dégage de là étranger et ôte ce chapeau ridicule de ta tête, ça te donne un air idiot !
- Vous savez, porter ainsi le chapeau est très à la mode à Atlania.
- T'es pas à Atlania ici, t'es à Hyrule et il me semble t'avoir dit de dégager.
- OK, je m'en vais, te fâche pas mec ! Mais j'aimerais savoir pourquoi ces Zoras sont dans la cage, si tu me le dis, je te promets que je pars.
L'homme jeta un regard noir à ce jeune impudent exaspérant et se résigna.
- Ils ont trahi le grand Ganondorf et ils sont en train de le payer. L'un d'eux est déjà mort et ça pue horriblement alors j'm'en approche pas trop.
- Merci.
Il s'avança d'un pas nonchalant vers les prisonniers et lorsqu'il fut suffisamment près, il sortit rapidement son arc et décocha une flèche qui trancha la corde retenant la cage. Celle-ci s'écrasa au sol. Il fut vite près de la geôle et, à l'aide de son épée, fit sauter le cadenas. Les Zoras, trop faibles pour bouger, ne purent qu'observer cet homme étrange qui se portait à leur secours.
Le garde, remis de sa surprise, se rua en vociférant sur Link. Après un rapide combat, l'homme s'affala sur le sol. L'Elfe était écoeuré d'avoir dû sacrifier la vie d'un Hylien mais qu'est la vie de quelques-uns uns lorsque c'est le sort du monde qui est en jeu ?
Quatre autres gardes accoururent pour venger leur camarade. Le chevalier dégagea son bonnet d'un geste vif et présenta sa réelle physionomie au public. Cela suspendit la course des gardes mais ils se reprirent rapidement. Quatre contre un. Le héros ne pouvait se laisser capturer mais il ne voulait pas non plus trop faire souffrir ces hommes que seule la terreur faisait obéir. Il se concentra alors sur la lame de l'Epée de Légende qui s'enflamma d'une énergie magique que Link libéra. Les quatre soldats, éventrés, s'effondrèrent, morts.
La vue de cette étrange créature humanoïde qui faisait de la magie réfréna les ardeurs de la foule en colère.
L'océan n'était qu'à cent mètres en aval, au bout de la rue qui descendait en pente. Prenant son courage à deux mains, l'Elfe porta tout son poids sur la cage qui bougea, tout doucement, dans un raclement métallique.
Il avait ainsi parcouru la moitié du chemin, au prix d'un effort surhumain lorsqu'une masse se plaça derrière lui et l'attrapa au collet. C'était en réalité un homme qui, éméché par le vin, avait fait le pari fou de stopper l'être étrange. Il faisait bien deux fois la taille de Link en hauteur et trois fois en largeur. Il souleva encore un peu plus son adversaire de manière à placer son visage à hauteur du sien.
- Mon nom, c'est Mastard.
- Enchanté, moi c'est Link, parvint difficilement à prononcer celui-ci. Maintenant sois gentil et repose-moi par terre, j'ai des choses importantes à faire.
- Hors de question !
L'homme voulut attraper la gorge du héros mais se faisant, il relâcha quelque peu son étreinte. L'Elfe profita de ce moment pour caler ses pieds sur l'énorme ventre et d'une impulsion, se propulsa en arrière alors que le géant perdait l'équilibre et se retrouvait à terre.
- Je te l'avais pourtant demandé gentiment mais apparemment plus on est gros, plus on est sourd.
- Tu vas me le payer !
L'homme, ivre de colère, chargea le jeune homme tel un taureau. Le chevalier recula au dernier moment et Mastard, ne pouvant retenir sa course, alla percuter la cage qui sous le choc avança de dix bons mètres.
- Tu vois que tu peux être un amour ! Mais on est encore trop loin de l'océan.
Le géant, rouge de colère et de honte, lança un rugissement bestial et repartit à l'attaque. Link, dégaina son épée et, au moment du choc, il tourna sur lui-même faisant glisser sa lame sur le flanc du marin. Celui-ci, déchiré par la douleur, posa ses mains sur la plaie sanguinolente et lança un regard incrédule à l'Elfe.
- Je t'ai laissé une dernière chance, la prochaine sera mortelle.
Il avait prononcé ces mots avec un calme froid qui différait du ton ironique qu'il avait emprunté jusque-là. La foule, qui n'avait cessé d'acclamer son champion et qui s'était tue lors de la parade sanglante, fut secouée par un frisson. Mastard, gémissant, s'y enfonça la queue entre les jambes.
- Un autre amateur ?
La foule se dispersa et le héros put rejoindre la mer sans autres problèmes. Arrivé sur le quai, il était trempé de sueur et épuisé mais il avait touché au but. La cage flotta quelques secondes et coula.
Link, ayant enfilé sa tunique Zora, la rejoignit. Il resta là un long moment en attendant que les amphibies recouvrent leur force, puis enfin l'une d'eux parvint à bouger et s'approcha de lui.
- Merci étranger, qui ou quoi que tu sois. Sans toi nous étions tous perdus. Malheureusement un de mes frères n'a pas survécu.
- J'en suis désolé.
- Mon nom est Ruto. Je suis le chef de la résistance Zora.
- Moi, c'est Link du peuple Elfe.
- Enchantée de faire ta connaissance. Mais comment se fait-il que tu puisses respirer sous l'eau ?
- C'est grâce à ma tunique. Elle est magique... et de facture Zora.
La sirène eut un mouvement de recul.
- Ne te moque pas de moi.
- Je t'assure que c'est la vérité. Mon peuple pratique la magie et il a réussi lui aussi à s'immuniser contre Ganondorf. Nous sommes les gardiens de tout le savoir d'Hyrule désormais. Avant, ton peuple était allié à tous les autres et tout le monde vivait en harmonie.
- Ce que tu dis est complètement fou mais je te crois.
- Je suis à la recherche d'âmes vaillantes qui pourront venir renforcer nos troupes afin de libérer Hyrule du fléau qui la ronge depuis trop de temps maintenant.
- Alors je suis ton poisson ! Je veux t'aider, on veut tous t'aider, n'est-ce pas les gars ?
Murmure d'approbation parmi les rescapés.
- Accepterais-tu de devenir le guide de tous les Zoras afin de les ramener vers la lumière ?
- Oui, mais peux-tu faire ça de moi ?
- Baisse la tête.
Ruto s'exécuta et Link lui passa le médaillon de l'eau autour du cou. La Zora disparut dans un éclair bleu.
Son devoir accompli, le héros retourna rapidement à l'auberge pour y récupérer Epona et reprit hâtivement la route afin d'éviter la foule en colère.

Zelda observait la forêt, il ne devrait pas tarder à rentrer et elle voulait être là pour l'accueillir. Ruto lui avait raconté les actes héroïques de son amant et elle n'avait qu'une seule envie, se jeter dans ses bras et lui dire combien il était courageux. Voilà six jours qu'il était parti et elle sentait un vide profond tout au fond de son coeur. Le soleil se couchait et la lumière baissait peu à peu. Il ne viendra plus aujourd'hui, elle fit demi-tour pour retourner à la cité merveilleuse lorsqu'elle entendit du bruit. Le spectacle qui s'offrit à ses yeux lui réchauffa le coeur. Il était là, droit et fier sur sa monture, le regard dur et le visage sérieux. Elle accourut à lui et il la saisit, l'installant sur sa monture.
- Comme tu m'as manqué ! Ruto m'a tout raconté, bravo, je suis si fière de toi ! Je t'aime Link, dorénavant, je t'interdis de partir sans moi.
Il ne répondit rien et se contenta de l'embrasser.

Link sortit de la salle de bain.
- Tu n'aurais pas vu ma tunique verte ? demanda-t-il en s'essuyant le visage avec une serviette.
Il leva les yeux vers la princesse et fut stoppé dans son mouvement. Elle avait revêtu la tunique en question qui lui collait au corps, ainsi que les collants opaques et les bottes de cuir du jeune homme. Un sourire aux lèvres, elle se contenta de fixer sur lui un regard ironique.
- Et si je te donne un sac, seras-tu capable de faire ça ?
- Faire quoi ?
- Etre belle...
Elle éclata de rire.
- Je n'en sais rien, mais ne t'avise surtout pas d'essayer.
- Pourquoi m'as-tu pris mes affaires ?
- Je m'ennuyais.
- Zelda, je t'offre toutes les robes de ma mère, de toute façon, ce n'est pas moi qui vais les mettre. Mais je te demande simplement de me rendre ma tunique, je ne vais tout de même pas passer la journée vêtu d'une simple serviette nouée autour de la taille.
- Link, les vêtements de ta mère sont des vêtements de grossesse, tu n'as pas remarqué qu'ils étaient serrés sous la poitrine et non à la taille ?
- Des vêtements de grossesse ?
- Oui. Elle a accouché de toi et elle est partie aussitôt. Tu penses bien qu'elle a emporté toutes ses robes normales avec elle. Alors si tu veux que j'enfile un jour ses vêtements, il va falloir que tu fasses un petit effort !
- Bon, ça suffit maintenant ! Rends-moi ma tunique et le reste.
- Viens les chercher !
- Tu l'auras voulu.
Il s'avança vers elle mais elle l'arrêta en le menaçant avec la pointe de l'Epée de Légende. Link ressentit quelque chose d'inhabituel à ce moment-là, un étrange mélange de jalousie et de colère. Il n'aimait pas que l'on prenne la lame purificatrice et c'était la première fois qu'on le menaçait avec. Bien sûr, ce n'était qu'un jeu, mais un jeu dangereux.
- Pose ça, ce n'est pas un jouet.
- Je suis Link, Héros du Temps et tu es mon prisonnier, répondit-elle en avançant, ce qui eut pour effet de faire reculer le chevalier qui se retrouva acculé contre un mur.
- Ne me tue pas, je suis Sheik du peuple des Sheikahs et je viens t'aider. C'est la princesse Zelda qui m'envoie.
Elle rit.
- Bien trouvé !
- Si tu veux jouer à ce jeu-là, on est deux.
- La princesse Zelda ? Joli petit lot. Je nourris quelques intentions à son égard..., reprit-elle.
- Eh ! Je n'ai jamais dit ça !
- Tu le pensais si fort que même un sourd t'aurait entendu.
Elle recula doucement, libérant son amant mais laissant sa garde. Elle disparut derrière le rideau de la salle de bain et lança ses affaires à Link. Quelques minutes plus tard, elle ressortit vêtue de ses affaires d'équitation.
- Oh non Zelda ! Tu as dit que tu me laissais quelques jours de vacances.
- Voilà deux semaines que tu te prélasses à Elfara, au boulot héros ! Le dernier sage nous attend.

Link chevauchait sur les plaines en compagnie de Zelda qui était sur un magnifique étalon blanc.
- Ainsi Nabooru est prisonnière.
- Oui. Ganondorf ne connaît pas l'identité des sages à part Nabooru et moi-même.
- Pourquoi ne l'a-t-il pas tout simplement éliminée ?
- Je ne sais pas. Peut-être a-t-il simplement voulu conserver l'appui des Gerudos. N'oublie pas qu'il a beau être leur roi, il est avant tout un homme et tu sais ce que l'on dit à propos des hommes et des voleuses... Toujours est-il que selon les Sheikahs, elle serait enfermée dans une haute tour et qu'elle n'a aucune idée de ce qu'est la vie réelle.
- Comment ça ?
- Nabooru est un sage, par conséquent, sa nature lui donne un sens aiguisé pour différencier le bien du mal. Aussi, même si elle a été conditionnée toute sa vie durant, elle se serait rendu compte de ce qui se passe à l'extérieur si Ganon l'avait laissée sortir.
- Tu veux dire par-là que pour la convaincre de nous aider, il suffira de lui faire faire un petit tour ?
- Tu as tout compris.
- Bof, ça ne devrait pas nous prendre trop de temps.
- Ce que tu crois ! Il faudra d'abord passer à travers les mailles du filet Gerudo. Les temps ont bien changé depuis la dernière fois, elles sont toutes devenues les princesses d'Hyrule et Nabooru est leur reine. Elles se permettent certaines excentricités qui ne leur seraient jamais venues à l'esprit auparavant. Elles me feront prisonnière et elles tireront à vue sur toi.
- Où est passé le temps où un simple petit combat pouvait arranger bien des choses...
- Il est depuis longtemps révolu. Une fois passés les gardes, il faudra trouver un moyen d'approcher Nabooru. Je pense qu'un peu de magie devrait faire l'affaire. Mais le plus difficile reste à venir : il faudra la convaincre de nous accompagner.
- Un jeu d'enfant !
- Mouais...
Le reste du voyage se fit dans le silence étant donné la proximité du territoire des terribles voleuses. Ils laissèrent les chevaux et entreprirent de finir le chemin à pied. Longeant prudemment la paroi de la falaise, ils furent en vue de la forteresse mais aussi des deux gardes qui la veillaient. Link sortit son arc.
- Tu ne vas pas les tuer tout de même ! On est en territoire ennemi d'accord, mais il y a des limites...
- Doucement, ne me mords pas ! Je vais juste les assommer, rien de plus. Mais j'aurai besoin de ton aide. C'est un travail précis et je risque de faire des mortes si je tire deux flèches à la fois.
- J'ai compris, je prends celle de gauche, répondit-elle en sortant également un arc.
Les projectiles fusèrent, fendant le vent d'un glissement aigu, mais le temps que les guerrières repèrent le bruit, elles gisaient sur le sol, totalement sonnées.
Le couple continua son périple dans le silence le plus absolu. Au passage, la princesse ne put s'empêcher de se rassurer sur l'état de santé des deux victimes.
La forteresse, du moins ses parties les plus élevées, s'étendait au-dessus d'eux. C'était un ensemble de bâtiments creusés à même la falaise. Seule une tour blanche ne possédant qu'une fenêtre différait du reste.
- Comment l'atteindre ?
- Accroche-toi à moi et ne me lâche sous aucun prétexte. Farore, souffle-nous de ton vent.
Un vent violent les entoura, battant l'air de manière si furieuse qu'ils furent soulevés du sol. Lorsque la tempête cessa, ils étaient dans un équilibre instable sur le mince rebord de la fenêtre. Le chevalier donna un coup de rein vers l'avant afin de les faire basculer du bon côté, c'est-à-dire dans la chambre de Nabooru, avant qu'une catastrophe ne se produise.
La Gerudo, à la vue de ces deux intrus pénétrant, elle ne savait comment, dans ses appartements, perdit la voix. Mais très vite elle se reprit.
- Qui êtes-vous ? Partez immédiatement ou j'appelle la garde !
- Ne faites surtout pas cela Nabooru, elle nous tuerait et vous le savez bien, s'empressa de répondre Zelda en se relevant.
- Ne vous en faites pas jeune demoiselle, elles vous reconduiront simplement hors de nos terres et loin de moi.
- Eh bien, avant que cela n'arrive, laissez-nous le temps de nous expliquer. Libre à vous ensuite de nous livrer. Je ne vous demande que quelques minutes de votre temps.
La rouquine réfléchit quelques instants, il était vrai qu'elle ne recevait pas souvent de la visite et qu'un peu de compagnie lui ferait du bien. Qui plus est, ils ne semblaient pas vraiment dangereux. La femme paraissait très douce et que craindre d'un homme ?
- Bien, je vous écoute. Mais avant tout, comment connaissez-vous mon nom ?
- Tout le monde connaît le nom de la reine du seigneur Ganondorf.
- Soit, mais vous, qui êtes-vous ?
- Je suis Zelda du peuple Elfe et voici Link.
- Zelda et Link !!! Vous êtes les mécréants que mon époux cherche si activement ! Comment osez-vous vous présenter devant moi ?
- Tu es mariée à Ganon ?! Link ne put retenir cette remarque tant la nouvelle l'avait secoué.
Où était donc passée la fière rebelle qu'il avait autrefois connue ?
- Nabooru, je vous en prie, calmez-vous. Quoi que votre époux ait pu vous raconter à notre sujet, ne voudriez-vous pas vous faire votre propre idée ?
- Au premier geste suspect, j'appelle la garde.
- Grand merci à vous, fière guerrière.
- Pourquoi l'homme paraît-il étonné du fait que mon roi m'ait choisie pour épouse ?
- Il... Nous pensions que vous étiez prisonnière ici, rien de plus. Il ne connaît pas grand-chose, excusez-le, n'oubliez pas qu'il ne s'agit que d'un homme... Dans nos coutumes, un mari ne laisse pas sa femme captive.
- Mais je ne suis pas prisonnière, lorsque je veux sortir mes guerrières m'escortent et nous allons dans le désert. Si mon époux me laisse ici, c'est qu'il craint que d'autres mâles ne posent les yeux sur moi.
- Voilà qui se comprend, mais n'êtes-vous jamais allée hors du territoire Gerudo ?
- Non...
- Que diriez-vous de nous y accompagner ? Nous pourrions vous montrer les résultats du règne du roi.
- Mais il ne le voudra pas !
- Nous ne lui en dirons rien, nous sortirons comme nous sommes entrés et même vos gardes ne se rendront pas compte que vous êtes sortie.
- Je ne sais pas. Il est vrai que je meurs d'envie de sortir mais...
- Craignez-vous à ce point un homme ?
- Non ! Les Gerudos ne craignent aucun homme, entendez-le bien ! J'accepte de me joindre à vous... mais pas d'entourloupe, je vous préviens.
- Vous ne regretterez pas cet acte. Accrochez-vous tous les deux à moi. Farore, souffle-nous de ton vent.
Ils furent déposés à l'entrée des plaines. Zelda céda sa monture à la Gerudo et elle monta derrière Link.
- Mon époux est-il un bon roi ?
- Le pire de tous Nabooru. Il a fait de son règne une tyrannie et le chaos a remplacé l'harmonie.
- Fadaise que ceci ! Je n'en supporterai pas davantage !
Elle allait retourner vers sa précieuse forteresse mais Zelda donna un ordre aux chevaux et aussitôt les deux montures partirent dans un galop fulgurant. Le sol était martelé par les puissants sabots qui s'affairaient à partir toujours plus vite et plus loin vers le nord. Enfin lorsque le bourg d'Hyrule fut en vue, la course ralentit et les chevaux, épuisés, s'arrêtèrent.
- Vous m'aviez juré que vous ne me feriez pas d'entourloupe !
- Et vous, vous nous aviez dit que vous nous suivriez. Maintenant, je vous prie d'observer et de comprendre que Ganondorf est un homme perfide et cruel qu'il faut stopper.
- Ganondorf est un dieu et c'est à moi qu'il a fait l'honneur de s'unir, à moi et à personne d'autre. Je ne le trahirai pas, vous entendez ! Jamais !
- Je ne vous demande pas cela, je veux juste vous ouvrir les yeux.
Nabooru était ivre de rage mais un cri empêcha sa colère d'éclater.
Poussés par la curiosité, ils se dirigèrent vers la source sonore. Deux stalfos étaient en train de dévorer une mère sous les yeux de son enfant qui, contre toute attente, les encourageait.
Le sang de l'Elfe ne fit qu'un tour et, sautant à bas d'Epona, il liquida les deux créatures.
- Qu'avez-vous fait ! Espèce d'imbécile ! Ils étaient en train de la punir, elle avait mal fait. Et c'était une grosse faute pour que le grand Ganondorf décide de la châtier. Mais vous êtes venu tout gâcher. Que la colère de notre dieu tout puissant s'abatte sur vous !
- Qu'avait-elle donc fait de si terrible ? demanda Zelda.
- Je n'en sais rien et je ne veux pas le savoir !
- Allons gamin, intervint Link, viens avec nous, les routes ne sont pas sûres.
- Jamais ! Le grand Ganondorf me protège et il va vous punir pour avoir osé essayer de me détourner de lui.
- Arrête tes bêtises, dès qu'ils en auraient eu fini avec ta mère, ils t'auraient dévoré !
- Link, nous ne pouvons agir contre son gré, jamais il ne t'écoutera, il est trop tard pour lui.
- Mais Zelda...
- C'est affreux mais nous n'y pouvons rien.
Le garçonnet profita de cet instant pour détaler en criant des hymnes au roi sombre mais un lizalfos surgit de derrière un rocher et le coupa littéralement en deux avant de se repaître de sa tendre chair. Une flèche suffit à éliminer le lézard.
Ils étaient tous remués par la scène à laquelle ils venaient d'assister et en particulier Nabooru pour qui le monde n'avait toujours été que bonheur.
- Mais comment ai-je pu être si naïve...
- Vous ne pouviez pas savoir Nabooru.
- J'aurais dû !
Elle mit pied à terre et s'écroula à genoux sur le sol, les yeux pleins de larmes et des sanglots dans la voix.
- Vous ne comprenez pas Zelda, il m'a séduite avec ses belles paroles. Depuis que je suis née, j'ai été élevée pour un jour devenir la femme de ce monstre ! Il m'a touchée, sa peau au contact de la mienne, je... je me sens sale, je voudrais mourir. Quelle horreur ! Je me fais honte...
- Nabooru... Calmez-vous, tout cela est fini. Il est vrai qu'apprendre cela retournerait n'importe qui, mais vous n'avez rien à vous reprocher.
- Je veux vous aider Zelda ! Je veux éliminer cette chose immonde de la surface de la terre.
- Est-ce vraiment ce que vous désirez ? Nous pouvons vous en donner la possibilité mais l'assumerez-vous ?
- Oui, il le faut, je ne peux continuer à vivre ainsi.
- Link.
Celui-ci acquiesça d'un signe de tête. Il s'approcha doucement de la voleuse et lui passa délicatement le médaillon de l'esprit autour du cou. Une lueur bleue enveloppa la jeune fille éplorée et l'emmena au Saint Royaume.
- Six sages et le septième pour les guider vers la lumière, le Héros du Temps et un mal sans nom. Deux armées prêtes à s'affronter. L'heure de la bataille finale est proche.

Une semaine passa, puis deux. Bien que la lumière était prête à entrer en conflit avec l'ombre, ni Zelda ni Ganondorf ne se donnaient la peine de sonner le gong.
A Elfara, dans la tiédeur de cette douce soirée d'été, la jeune fille était attablée face à un livre rédigé avec d'étranges hiéroglyphes. Le chevalier avança doucement vers elle et commença à lui embrasser le cou en déboutonnant sa robe. Passive et légèrement exaspérée, elle ne réagit pas et tenta de s'attaquer à une nouvelle page de son livre.
- Zelda ?
- Hum...
- A quoi penses-tu ?
- A Ganondorf.
- Arrête un peu et viens par-là.
- Ça suffit Link, j'ai des choses importantes à faire ! Ne te rends-tu pas compte de l'état des choses ? L'heure de l'affrontement arrive et je n'ai toujours aucun plan de bataille, et toi, tout ce qui t'intéresse c'est de t'amuser.
- Et toi, crois-tu qu'il me soit agréable que lorsque tu es dans mes bras, tu penses à un autre.
- Eh bien ! Ne me prends pas dans tes bras.
- C'est vraiment ce que tu veux ?
- Oui !
- Très bien !
- Parfait !
Rouge de fureur, il sortit. Il voulut claquer la porte mais elle était conçue pour ne faire aucun bruit. Impatienté, il s'y reprit une seconde fois mais toujours sans succès.
- Eh merde !
Elle entendit quelques bruits de pas et curieusement Link s'excusa devant une tierce personne. Celle-ci se révélait être Alliana qui franchit le seuil de la porte.
- Ah les hommes ! rugit la princesse.
- On ne peut vivre avec eux, on ne peut vivre sans eux, sermonna la vénérable Elfe.
- Oh Alliana, que s'est-il passé ? C'est notre première dispute et je regrette déjà les mots que je lui ai dits.
- Vous êtes tous deux énervés en ce moment, c'est très compréhensible. C'est même étrange que vous ne vous disputiez que maintenant.
- Pardonnez-moi mère mais je crois que j'ai besoin de prendre l'air.
Elle sortit et s'enfonça dans la forêt pour s'arrêter sur une petite clairière. Elle aurait dû être plus compréhensive, depuis ces deux dernières semaines, elle avait été absente et s'était éloignée de lui. Mais il exagérait aussi, elle n'avait toujours aucune idée de la façon dont le seigneur du malin était parvenu à briser le sceau et s'échinait jours et nuits à le découvrir. Qu'importe, ils avaient tort tous les deux. Elle se sentait ridicule à présent, elle irait le voir et s'excuserait en espérant qu'il lui pardonne. Apparemment elle n'était pas seule à avoir eu cette idée. Derrière un arbre venait d'émerger la silhouette si familière et tant aimée.
- Zelda je suis désolé de ce que j'ai dit, je vais me tenir tranquille je te le promets, mais je t'en prie, pardonne-moi et reviens.
- Bien sûr que je te pardonne, mon amour, si tu veux bien me pardonner à ton tour.
- Cela va de soit, mais pourquoi nous sommes-nous déchirés pour si peu ?
- Je me préoccupe trop de la situation et toi pas assez. Le déséquilibre était trop grand.
- Je n'aime pas les disputes. On en retire vraiment rien de bon.
- Je ne dirais pas ça, elles permettent d'évacuer la pression... Mais le mieux dans les disputes, c'est la réconciliation...
- Ah oui, montre-moi...
Elle fit quelques pas dans sa direction mais à ce moment une ombre passa entre eux. Puis tout se précisa aux yeux de Link. Devant lui se tenait l'armure noire qui poursuivait Zelda lors de leur première rencontre et dans ses bras, le corps inanimé de la princesse pendait.
- Relâche-la tout de suite !
- Tu rêves mon vieux ! Tu ne t'imagines pas tout ce que m'a fait subir Ganon pour l'avoir laissé échapper une fois, je ne répéterai pas la même erreur deux fois.
L'Elfe se précipita sur l'ennemi en poussant un cri de guerre mais l'autre ne fit que tendre un bras et un flot d'énergie noire repoussa le héros.
- Idiot ! Penses-tu que pour être arrivé jusqu'ici je sois totalement démuni de pouvoir ?
L'armure enfourcha sa monture des abysses et galopa hors des bois. Le chevalier n'écoutant que sa rage se précipita à la recherche de ses armes, bousculant quiconque se trouvait sur son passage, et sauta sur Epona pour tenter de rattraper le ravisseur et lui faire payer son acte.

Zelda ouvrit les yeux. Elle se trouvait dans une pièce inconnue aux murs blancs. Que faisait-elle là ? Tout ce dont elle se souvenait c'était qu'elle voulait serrer Link dans ses bras et puis... plus rien, le noir total. Elle se leva, un mal récurrent lui martelait le crâne, mais sa curiosité prit le dessus. Passant devant un miroir, elle remarqua qu'on l'avait revêtue d'une robe blanche sur laquelle un feuillage était brodé au fil d'or. Sur son front reposait le bijou frontal qui servait de couronne à la Princesse de la Destinée. Elle était heureuse de le retrouver car ce joyau avait été perdu mais cela ne faisait que l'inquiéter d'autant plus, car une seule personne pouvait se vanter de le détenir. Elle avança vers la fenêtre et ce qu'elle y vit confirma ses craintes, elle se trouvait dans le château d'Hyrule. Depuis quand était-elle là ? Sûrement depuis un bon moment, car le soleil était déjà levé.
- Belle vue, n'est-ce pas ?
Elle se retourna, réprimant un cri de terreur, cette voix pleine de haine mais qui se voulait pourtant mielleuse n'était autre que la voix de Ganondorf, le seigneur du malin.
- Ganon !
- Eh oui Ganon, cela fait un moment que l'on devait se retrouver.
- Relâche-moi !
- Toujours la même rengaine... Je t'habille des soies les plus fines et je te rends ton précieux diadème et voilà comment tu me remercies. Pour une princesse, tu manques vraiment d'éducation.
- Il semble que le temps passé au Saint Royaume t'ait ramolli la cervelle... Tu n'es pas le seul sorcier ici, et tu ne m'as pas brimé mes pouvoirs ! Farore, souffle-moi de ton vent.
Rien ne se produisit, ce qui arracha un rire au roi sombre.
- Il semble que ce soit toi qui oublies que tu n'es pas la seule sorcière ici...
- Mais comment ? Le seul moyen que tu as d'annuler mon sort est de lancer une magie qui soit l'exact contraire de la mienne. Nous possédons tous deux un morceau de la Triforce, ce sont deux artefacts semblables, je ne comprends pas...
- Il y a tellement de choses que tu ignores petite fille...
- Que comptes-tu faire de moi ?
- Mais te tuer...
- Tu ne le peux pas !
- Ah oui ? Et pour quelle raison ?
- Car si je meurs, mon morceau de Triforce s'en ira avec moi et tu le sais.
- Pas possible ! Je dois devenir fou... Mais ce n'est pas grave, j'ai trop attendu ce moment pour me préoccuper d'un détail aussi insignifiant. Ne me regarde pas comme ça princesse... Oh ! peut-être te demandes-tu pourquoi t'avoir ainsi parée alors que je pouvais très bien t'éliminer lorsque tu étais inconsciente. Et bien je vais être indulgent et je vais répondre à ta question. Huit siècles... huit siècles passés à préparer ma vengeance... Je voulais que tout soit parfait ! Je ne suis qu'un fou sentimental...
Il éclata d'un rire démoniaque alors que Zelda commençait peu à peu à céder à la panique. Elle recula doucement vers la porte avec l'espoir fou de pouvoir s'enfuir mais, d'un bond, Ganondorf fut sur elle et l'en empêcha.
- Que crois-tu pauvre idiote ! Nos pouvoirs s'annulent... Mais j'ai beaucoup plus de force que toi, c'est ce qui fait toute la différence. Qu'est-ce qu'une pucelle face au grand Ganondorf ! Mais que vois-je, tu baisses les yeux et tu rougis... La dame aurait-elle cédé aux ardeurs de son chevalier servant ?
Il éclata de nouveau de rire alors que la princesse commençait à pleurer.
- Eh bien, j'espère que tu en as bien profité car ton heure a sonné.
L'épée noire du seigneur du malin s'éleva dans les airs, un éclair luisant sur la lame. L'Elfe ferma les yeux, attendant que la lame morde sa chair et lui ôte la vie.
A ce moment un bruit de bois fracassé et l'entrechoquement de deux lames, retentirent. Link venait d'arriver et avait sauvé la vie de la femme qu'il aimait en défiant Ganondorf. Le roi démoniaque repoussa violemment la princesse dont la tête cognant la paroi la fit sombrer dans l'inconscience.
Un combat titanesque débuta. Les lames s'entrechoquaient dans un grand fracas métallique, arrachant des étincelles. Chaque combattant paraît l'attaque acharnée de l'autre et répliquait aussitôt en hurlant. Sous ces assauts gigantesques, tous les êtres doués de conscience sur Hyrule tremblèrent. Ce combat d'une violence inhumaine mettait en jeu des forces et des puissances jamais imaginées jusque-là. Le combat commençait à s'éterniser alors que les ennemis jurés ne montraient toujours aucun signe de la fatigue qui les perdrait.
Zelda reprit conscience et fut horrifiée par la bataille qui se déroulait sous ses yeux. Pourtant... pourtant quelque chose clochait... Elle l'avait sur le bout de la langue, mais elle ne parvenait pas à mettre des mots dessus. Puis, c'est alors qu'un détail la frappa. Lorsqu'elle était à la merci de Ganondorf, un détail lui avait sauté aux yeux mais elle était trop affolée pour s'en être rendue compte tout de suite. La marque de la Triforce sur la main de Ganon n'était pas dorée comme elle aurait normalement dû l'être, elle était noire. Et ce combat, aussi puissant et violent soit-il, sonnait faux. Le seigneur du malin semblait ne pas vouloir toucher Link, même lorsque l'Elfe faisait une erreur, il n'en profitait pas. Ce combat manquait cruellement de sournoiserie. Jamais elle n'avait entendu dire que Ganon s'était battu avec honneur. Alors pourquoi s'y mettait-il aujourd'hui alors que l'enjeu était si important et pire encore, pourquoi avait-il voulu la tuer laissant ainsi fuir toutes les chances d'obtenir la Triforce ? Alors elle comprit tout.
Lors du dernier combat, le roi sombre avait souhaité devenir le démon, or c'était impossible. La Triforce lui avait donc permis non pas de se transformer mais bel et bien de posséder le corps du diable. Alors qu'il était enfermé dans le sceau des sages, il avait peu à peu perverti le pouvoir du triangle de la force, faisant de lui un artefact démoniaque. Voilà comment il avait réussi à s'échapper et voilà pourquoi leurs pouvoirs s'annulaient. Pour obtenir la Triforce d'une autre personne, il lui fallait avant tout la tuer. Mais alors pourquoi Link était toujours là à se battre sans la moindre égratignure ?
- Non attends !
Trop tard... La lame purificatrice avait touché Ganondorf en pleine poitrine et ressortait dans son dos. Le monstre eut un rire sardonique tout en s'affalant à terre. Un filet de sang lui coula au coin des lèvres et ses yeux fixèrent le vide.
Le chevalier ne comprenant pas l'attitude de sa belle lui lança un regard soulagé mais inquiet. C'est alors qu'il le sentit... Une sensation froide et sournoise s'emparait peu à peu de lui remplaçant ce qu'il avait toujours été. Il eut quelques convulsions et lâcha l'Epée de Légende qui lui brûlait horriblement la main. Il s'approcha du cadavre du seigneur du malin et saisit l'épée noire. Enfin il leva les yeux vers la princesse.
C'était toujours Link mais il était différent. Ses yeux qui autrefois regardaient la jeune femme avec toute la tendresse du monde, la fixaient désormais avec une profonde répulsion.
- Link...
- Il n'est plus. Les ténèbres l'ont tenté et il a accepté. Et maintenant, je vais m'occuper de ton cas.
L'esprit de Ganondorf s'était emparé de l'Elfe par le biais de la Triforce de la force. Si elle voulait fuir, c'était le moment où jamais car ce nouvel individu ne pouvait pas déjà savoir contrôler parfaitement ses pouvoirs.
- Farore, souffle-moi...
Mais elle stoppa là. Fuir ne servirait à rien. S'il fallait agir c'était maintenant ou plus jamais. Elle tomba à genoux sur le sol et présenta son cou à son ennemi.
- Si tu le veux, prends-le, je te l'offre.
Elle s'offrait librement, quel dommage, un peu plus de divertissement l'aurait diverti mais qu'importe, la Triforce serait sienne et il deviendrait le maître du monde. Il leva sa lame, prêt à frapper, exultant déjà à l'odeur du sang qui coulerait lorsque cette jolie gorge serait tranchée. Mais ce cou, il l'avait aussi aimé, caressé et embrassé, il ne pouvait lui faire de mal, ça lui était impossible. Une force courageuse stoppa l'élan et un court instant, les yeux du héros redevinrent ce qu'ils étaient.
- Zelda, sauve-toi mon amour...
- Six sages, vite.
Un pentagramme lumineux se dessina sous le jeune homme et à chaque branche, un sage usait de son pouvoir pour l'y maintenir. A ce moment, la princesse se dirigea vers l'Epée de Légende, la saisit, puis elle leva les bras et tous furent amenés au Saint Royaume.
- Que se passe-t-il ? demanda Rauru.
- Ganondorf s'est emparé du corps de Link.
- Mais comment est-ce possible et surtout pourquoi ? se renseigna Impa.
- Grâce à son voeu lors de la précédente quête du Héros de la Lumière, il est parvenu à pouvoir posséder le corps de n'importe qui. C'est ce qui lui a permis de posséder le corps du malin. Tu penses bien que cela ne lui a pas plu du tout et le démon veut désormais se venger. En possédant Link, il s'est préservé du danger de mourir car à la minute même de sa mort, le diable prendra son âme et la torturera pour l'éternité.
- Mais il faut faire quelque chose Zelda ! s'écria le sage de la forêt.
- Ne t'inquiète pas Saria, je l'aime autant que toi si ce n'est plus. Jamais je ne le laisserai tomber.
- Alors que faire ? questionna Ruto.
- Hélas nous avons fait tout notre possible à notre niveau.
- Tu veux dire...
- Oui Darunia, je vais convoquer les trois déesses fondatrices d'Hyrule.
Un long silence s'étendit sur tous les sages. Communiquer avec les divinités impliquait tellement de choses... La situation devait vraiment être critique pour que Zelda, qui était la sagesse personnifiée, décide de les convoquer.
Elle s'approcha de l'un des murs du sanctuaire où une énorme Triforce était gravée. Plaçant sa main au centre du saint triangle, elle récita une prière dans une langue ancienne et oubliée.
- Moi le septième sage encore appelé Princesse de la Destinée demande aux trois fondatrices d'Hyrule dans leur bonté infinie de lui accorder une audience. O grandes déesses, entendez l'appel de votre enfant...
La Triforce du mur brilla de façon si intense que tous durent fermer les yeux, puis les triangles s'effacèrent révélant une entrée.
- Elles ont répondu, dit-elle avec soulagement, amenez le Héros du Temps.
Ils pénétrèrent dans une pièce aux murs éclatant d'une douce lueur. Au centre, trois foyers brûlaient d'une flamme bleue, d'une verte et d'une rouge. Puis un vent puissant éteint les feux qui furent remplacés par trois silhouettes féminines lumineuses et d'une beauté parfaite, bien qu'il soit impossible de définir leurs traits. Leur arrivée était accompagnée d'une musique céleste qui emplissait les coeurs de joie.
- Grandes Déesses, moi Zelda, Princesse de la Destinée, vient remettre le dernier vestige de votre pouvoir à vos pieds. Reprenez la sainte Triforce afin de libérer Hyrule du mal qui la ronge et qui menace le reste du monde. Pardonnez-moi, j'ai en partie échoué car le triangle de la force a été perverti.
- Ne t'en veux pas, Enfant de la Destinée, dit la silhouette bleue de Nayru d'une voix emplie de sagesse, tu as accompli ta mission, un pouvoir perverti peut être de nouveau béni. Porteurs de la Triforce, nous les Déesses fondatrices d'Hyrule vous demandons de nous rendre vos parties respectives.
Une douce chaleur, très différente de la magie noire de Ganon lorsqu'il s'était emparé de la Triforce de la sagesse, emplit la princesse d'Hyrule. Le possédé, lui, hurlait de rage mais le résultat fut tout de même identique. Devant eux, toute d'or et de lumière se tenait la sainte Triforce. Elle tourna sur elle-même quelques instants afin que tous la voient puis elle disparut dans une gerbe d'étincelles.
- Zelda ! Pauvre folle ! Tu viens de détruire le dernier moyen de sauver l'Elfe.
- Non Ganon, je ne me suis pas encore occupée de toi, répondit-elle d'une voix calme mais qui trahissait une certaine déception.
- Tu ne peux désormais plus me faire sortir de ce corps.
- Si. Il y a un dernier recours.
La figure du possédé était inquiète, signe que le seigneur du malin était pris dans l'indécision la plus totale. Elle n'allait tout de même pas aller jusque-là, et pourtant... Pris au dépourvu, il laissa quelques instants la place au Héros de la Lumière. Ses yeux s'emplirent d'humanité et sa voix reprit son timbre grave et masculin.
- Zelda... Je sais ce que tu t'apprêtes à faire, c'est la seule solution, n'hésite pas... Je t'aime mon amour...
A ces quelques mots, les yeux de la princesse Zelda s'emplirent de larmes et elle sentit son courage la quitter, elle ne pouvait pas faire ça, mais il le fallait...
- Non, reprit la voix démoniaque, il ne voulait pas dire ça !
Alors la vérité éclata dans l'esprit des sages, ils passaient de l'incompréhension à une réalité plus terrible encore. Alors eux aussi pleurèrent.
- N'y a-t-il pas d'autres moyens... demanda la femme emprisonnée dans le corps d'une enfant.
- Hélas non... Le septième sage ne put en dire plus, sa voix trop secouée par les sanglots.
Elle s'approcha du corps de son amant, leva la lame purificatrice... et frappa. Le coup fut mortel, la gorge tranchée, il suffoqua quelques instants et ses yeux fixèrent la mort en face.
Alors l'envoûtement cessa et le corps sans vie s'écroula à terre.
Une forme noire qui prit par la suite les traits de Ganondorf en sortit. Dans ses yeux, la haine avait déserté aussitôt remplacée par une peur sans nom. Un vortex noir s'ouvrit et l'homme y fut aspiré en poussant le cri inhumain de la bête à l'agonie.
- Il est désormais emprisonné dans l'endroit-d'où-l'on-ne-revient-jamais où il sera torturé pour l'éternité, annonça la silhouette rougeâtre de Din.
Mais on ne lui prêta qu'une oreille distraite : une forme blanche émanait du corps du héros. Link regarda quelques instants son corps. La mort était vraiment une chose étrange, il ne ressentait plus rien sauf cet amour passionné qu'il vouait à la jeune fille en pleurs, à genoux près de son enveloppe charnelle, seul lien qui le retenait encore parmi les vivants.
- Link...
- Viens avec moi mon coeur.
- Je ne le peux...
- Pourquoi, ma vie ?
- Je viens de priver l'enfant que je porte de son père, je ne peux lui refuser la vie...
- Oh Zelda ! s'exclama Impa que la nouvelle venait d'ébranler.
Le spectre sourit à sa maîtresse et tout doucement porta ses lèvres aux siennes. Jamais la jeune fille ne reçut quelque chose d'aussi doux, Link n'étant plus qu'amour pour elle. Au moment le plus passionné, le chevalier disparut dans un miroitement. La princesse enfouit sa tête sur le corps du défunt et y pleura amèrement.
De longues minutes s'écoulèrent ainsi au fil des larmes de la jeune Elfe et de celles des autres sages. Puis, peu à peu, les gouttes d'eau salées s'asséchèrent. Zelda se redressa mais elle chancela, heureusement Impa eut la présence d'esprit de la retenir.
- Impa c'est trop dur, je ne peux continuer mon chemin seule...
- Il le faut pourtant.
- Adieu mon amour... Ne m'oublie pas...
- Retournons à Elfara, on pourra ainsi lui offrir des funérailles dignes de son courage.
Les Hyliens entourèrent le Héros de la Lumière et se préparèrent à se téléporter mais les déesses les retinrent.
- Attends Enfant de la Destinée, dit Nayru, tu as fait preuve de sagesse en comprenant les pouvoirs de Ganon et en amenant la Triforce ici.
- Tu as fait preuve de courage en tentant de te sacrifier pour réveiller la volonté du Héros du Temps, continua la silhouette verdâtre de Farore.
- Tu as fait preuve de force en éliminant celui qui t'était si cher, poursuivit Din.
- Tu mérites amplement la confiance que nous te faisons et en usant des trois qualités force, sagesse et courage, tu te montres digne d'être le porteur de la Triforce. Nous n'allons pas te confier l'artefact, mais nous t'accordons tout de même un souhait. Nous pensons même déjà savoir ce que tu vas demander, conclut Nayru.
Zelda ne parvenait pas à en croire ses oreilles alors qu'un espoir fou emplissait son coeur, elle pleura de nouveau mais de joie cette fois-ci.
- Grandes Déesses, je vous prie de me rendre le père de mon enfant afin qu'il bénéficie du repos mérité lorsque la bataille a pris fin et que la victoire est sienne. Rendez la vie à l'Enfant de la Lumière, tel est mon souhait.
- Exaucé, se contenta de répondre Farore.
Nayru s'approcha du corps inerte et rétablit l'ordre et la loi, aussitôt la plaie qui parcourait la gorge cessa de saigner, se referma doucement ne laissant apparaître qu'une mince ligne rosée qui finit par disparaître totalement. Puis Farore caressa le visage de son fils et y insuffla de nouveau la vie. Alors Din leva ses bras enflammés et tous les Hyliens furent transportés dans l'enceinte du jardin du palais.
Link, allongé sur la pelouse, ouvrit les yeux et inspira d'une façon telle que l'on aurait pu penser qu'il avait été immergé et qu'il avait enfin retrouvé la surface. Zelda se jeta à son cou et le serra de toutes ses forces.
- Doucement princesse, ne le tue pas une seconde fois, prévint Darunia.
Réellement effrayée, la jeune fille se recula précipitamment en poussant un petit cri, ce qui eut pour effet de créer l'hilarité générale. Alors elle aussi rit de joie et d'insouciance. Puis elle s'étendit auprès du jeune homme qui ne parvenait toujours pas à bouger ni à parler. Les sages, comprenant que ce moment ne pouvait leur appartenir, s'éclipsèrent les uns après les autres en saluant doucement la future reine.
- Comment te sens-tu... papa ?
- Comme si un Goron m'avait roulé dessus !
- Tu vas vite t'en remettre.
- Je l'espère... Depuis quand le sais-tu et plus important pourquoi ne pas m'en avoir parlé ?
- Je ne suis au courant que depuis peu, j'allais t'en parler après notre dispute mais... Tu connais la suite. Que s'est-il passé à ce moment-là, je ne me souviens plus de rien.
- Tu te souviens de l'armure noire qui te pourchassait ?
- Dark ? Oui bien sûr.
- Eh bien, c'est lui qui t'a assommée et il s'est sauvé. Je me suis tout de suite lancé à sa poursuite. J'ai affronté quelques gardes mais c'était étrange, j'avançais uniquement par la colère et ne voyais que les ennemis, à cette allure, ils n'ont pas fait long feu. Puis, je me suis retrouvé face à Dark, je l'ai fait parler pour savoir où tu étais, puis je l'ai supprimé. Enfin, je suis arrivé à temps pour te sauver des griffes de Ganondorf.
- Tu es mon héros.

Ganondorf ayant trouvé le château suffisamment grand et luxueux à son goût, celui-ci n'avait subi que des modifications mineures mais non moins symboliques : Tout ce qui avait trait à la dynastie d'Hyrule avait été détruit et remplacé par des représentations du roi sombre.
Ce fut le contraire qui se produisit à ce moment-là. Les anciens souverains du royaume reprirent la place qui leur était due grâce aux archives détenues par les Elfes et les Sheikahs. Seule une statue fut gardée et entreposée dans la salle du sanctuaire des sages où la légende était conservée.
Zelda fut couronnée reine quelques temps plus tard. Les Hyliens avaient beaucoup de mal à se faire à l'idée que leur dieu avait été déchu et que le royaume retrouverait cette liberté qu'ils ne croyaient exister uniquement dans les histoires les plus abracadabrantes.
Quelques mois plus tard, un cri indigné emplit le château, aussitôt suivi... d'un deuxième ?! Fou de joie, Link parcourut tout le palais en criant à qui voulait l'entendre qu'il était le père de deux magnifiques petites filles. Les princesses furent nommées Elana et Alénore. Elles étaient le portrait craché du chevalier aussi leur mère espérait-elle qu'elles feraient preuve de sagesse, sinon le royaume souffrirait à coup sûr du fait d'être gouverné par une reine n'en faisant qu'à sa tête.
Il fallut ensuite penser à débarrasser le pays de tous les monstres qui y grouillaient. Une armée principalement composée d'Elfes et de Sheikahs fut levée mais elle fut aussitôt rejointe par les Gorons de Darunia. La plus petite once de terre fut ainsi inspectée afin de débusquer le moindre monstre et de l'éliminer. Peu à peu, les Hyliens s'y engagèrent et tous les territoires furent ainsi assainis.
Alors, et seulement alors, Link épousa la reine et se fit couronner roi. Prévoyante, la jeune Elfe distillait peu à peu les libertés qu'elle rendait à ses sujets afin d'éviter toute débandade. Ce système se révéla être très efficace et aucun mouvement de foule ne fut à signaler. Elle accorda sa grâce aux Mojos et aux Zoras à condition qu'ils se civilisent rapidement. Ruto fut ainsi nommée souveraine de tous les amphibies, puis elle et son peuple retournèrent au domaine Zora où leurs ancêtres avaient toujours vécu. Les êtres humains qui composaient l'armée de Ganondorf eurent le choix entre prêter allégeance au nouveau couple royal ou l'exil. Quant aux membres de la communauté de Mido, un village fut spécialement construit pour eux et ils reçurent le titre d'amis de la famille royale.
Tout respirait désormais la joie et l'allégresse, Hyrule put ainsi se relever tout doucement retrouvant beauté et grandeur perdues. Cependant cela prit de nombreuses décennies mais rien ne pressait, Ganon anéanti à tout jamais, la terre aux légendes éternelles connaîtrait plusieurs siècles de paix dans l'ignorance des dangers que le lendemain pouvait apporter.
Le culte des déesses fut rétabli et nombreux furent soulagés d'apprendre que leurs réels dieux n'étaient faits que d'amour et non de haine. Les temples furent reconstruits plus beaux et plus majestueux qu'ils ne l'avaient jamais été. A nouveau les noms de Din, Farore et Nayru furent prononcés avec tout le respect qui leur était dû.
Ainsi se termine la légende de Ganondorf, le seigneur du malin qui désormais enfermé aux enfers, ne pourra plus en réchapper. Condamné à la torture éternelle pour avoir osé jouer avec les puissances primaires, sa punition est l'une des plus lourdes qui fut jamais prononcée. Hyrule pourra désormais reposer en paix car plus jamais il ne foulera la terre aux légendes éternelles. Mais cela ne veux pas dire que le mal ne tentera pas une nouvelle fois de s'en emparer, mais le Héros du Temps veille. Il s'élèvera encore et toujours contre les ténèbres afin de faire triompher la lumière, mais ça, c'est une autre histoire...

Fin   

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Xaelia". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 26.03.24