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La légende des elfes

Livre 2 : Les sages


Ecrit par Xaelia en 2003

Au sud-ouest d'Hyrule, près de la muraille rocailleuse qui sépare la plaine des Bois Perdus, se trouve le Bois Doré. Dans ce lieu, aussi petit que magnifique, quelle que soit la saison, les arbres sont constamment couverts de feuilles jaunes d'or. Il y règne toujours un silence serein et paisible, qu'aucun chant d'oiseau ne vient perturber et même le moindre son semble y être étouffé...
C'était le matin, le soleil commençait à se lever dans un ciel embrasé et une brume parcourait l'arborescence, ce qui donnait à la scène une atmosphère onirique. En son centre, une jument à la robe de feu et aux crins blancs tentait avec beaucoup de difficulté d'éveiller son jeune maître.
- Oui, oui Epona... arrête... je me lève, bougonna une forme verte enfouie sous une épaisse couverture et répondant au nom de Link.
Dans un effort surhumain, le jeune homme parvint à se relever et se présenta au jour nouveau. Malgré le fait que ses yeux soient encore bouffis de sommeil, n'importe qui aurait pu remarquer que c'était un très bel homme. Il se lava rapidement, ajusta sa tunique verte et passa un bonnet de la même couleur sur ses cheveux blonds.
- Tu exagères Epona, la gronda-t-il, le soleil n'est même pas encore levé ! Non mais dis ! Tu m'écoutes ? Apparemment non...
Il soupira bruyamment et se mit en selle. Laissant aller sa monture là où il lui plaisait, il se renferma dans le mutisme qu'il avait développé depuis quelques temps. A quoi bon se lever de toute façon ? Cela faisait sept ans... sept longues années que Ganondorf s'était emparé de la sainte Triforce et avait pris le pouvoir. Sept années à errer dans Hyrule à la recherche d'une vengeance qui ne viendrait probablement pas. Il est vrai que l'on ne pouvait pas dire que ce temps avait été passé à ne rien faire : Link avait aidé des familles à construire de nouvelles habitations ou à chasser des monstres trop effrontés... mais cela ne l'empêchait pas de se sentir coupable et très inutile. C'était de sa faute si le roi sombre était parvenu à s'emparer du royaume. Bien que Zelda lui ait dit qu'il n'était en rien coupable, il n'arrivait pas à se sortir cette idée de la tête. L'elfe se mit à rougir furieusement au souvenir brûlant du baiser que lui avait donné la princesse avant de fuir avec sa nourrice. Où était-elle à présent ? Les rumeurs sur sa mort allaient bon train, mais elle comptait toujours parmi les vivants, il le sentait tout au fond de lui. Il observa un instant la plaine et regarda en direction du lac Hylia, en vain, que croyait-il ? Qu'elle allait accourir vers lui en criant "surprise !" ? C'était idiot. Il replongea dans ses mornes pensées. Le pays avait changé, certes, cependant il devait avouer une chose, c'est que la descente aux enfers d'Hyrule avait été bien plus longue et beaucoup moins spectaculaire qu'il ne l'aurait cru. D'accord, quelques endroits d'Hyrule étaient devenus inhabitables et les monstres avaient pris une assurance qui défiait l'entendement, mais rien de bien important lorsque l'on savait que le seigneur du malin possédait l'artefact le plus puissant qui n'ait jamais existé. Qu'est-ce qui empêchait donc Ganondorf d'étendre son pouvoir ? Et durant ces années d'errance, jamais il n'avait porté un regard au château ni n'avait osé retourner dans la forêt des elfes. Le moment était peut-être venu ?

Zelda regardait le désert par la fenêtre de sa chambre sans trop le voir. Le soleil ne tarderait pas à se lever et il ferait très vite une chaleur étouffante, mais avec ses vêtements gerudos, elle ne la craignait pas. Elle sourit au souvenir de la première fois où elle les avait enfilés, seule dans sa chambre, elle s'était observée sous toutes les coutures, elle se trouvait très attirante dans cette tenue qui offrait une vue imprenable sur son ventre, mais dès qu'elle avait passé la porte de sa chambre, tout son courage la quitta, très vite remplacé par de la gêne. Elle s'y était tout de même habituée. Pourquoi s'était-elle éveillée si tôt ? Qu'importe, l'aube était superbe. Au coeur de la Vallée Gerudo, il y a sept ans, elle s'était résolue à une existence troglodyte au coeur d'une falaise en compagnie du peuple Sheikah. Ganondorf ne se serait jamais douté que son ennemie se trouvait dans son propre territoire, c'est pour cela que c'était le refuge idéal. Les années avaient pourtant passé très vite, la princesse n'avait de cesse de peaufiner sa magie et d'apprendre les rudiments du combat. Les Sheikahs et notamment Impa, sa chère nourrice, s'étaient révélés d'excellents tuteurs : elle contrôlait désormais parfaitement son pouvoir et elle était devenue d'une adresse et d'une agilité à toute épreuve. Que devait-elle faire déjà ? Ah oui, elle s'en souvenait. Elle s'arracha à sa contemplation, alla près de sa commode et y posa une soucoupe de cristal. Elle regarda d'un oeil critique la cruche d'eau qu'elle s'apprêtait à saisir. Autrefois elle avait à sa disposition un tonneau plein d'eau d'Elfara et elle s'en était servie, au début, chaque jour pour observer Hyrule et son père le roi Arkinian, mais la réserve s'était peu à peu tarie et il ne lui restait plus que cette cruche, réservée pour les cas d'urgence, et qui, décidément lui paraissait de plus en plus petite. Elle soupira et versa un peu de la précieuse eau dans la soucoupe. Puis, elle traça un pentagramme où elle inscrivit quelques runes elfiques autour d'un miroir en pied. Elle trempa le bout de ses doigts dans le fond d'eau et fit gicler quelques gouttes sur le miroir.
- Nayru, Déesse de la sagesse, recherche le fruit de mes désirs.
Aussitôt, le pentagramme s'illumina et le miroir se rida en prenant une couleur bleutée. Elle s'humecta les doigts et arrosa de nouveau le miroir.
- Farore, Déesse du courage, mène-moi au fruit de mes désirs.
Des vaguelettes verdâtres apparurent sur le miroir. Enfin elle l'aspergea pour la dernière fois.
- Din, Déesse de la force, montre-moi le fruit de mes désirs.
La glace devint rouge.
- Oh, grandes Déesses, montrez-moi le Héros du Temps !
Le miroir parcourut une forêt qui devait être les bois perdus et s'arrêta sur un jeune homme juché sur un cheval alezan.
- Bien te voilà, murmura-t-elle, je sais désormais où tu vas.
Elle l'observa un moment et eut un mouvement de recul lorsque celui-ci se retourna et la regarda droit dans les yeux. Elle lança précipitamment l'eau qui lui restait sur le miroir qui reflétait désormais une princesse perplexe. Mais comment... il n'avait pas pu la sentir, c'était impossible et pourtant... De toute manière, ses visions étaient claires, il était temps pour elle de prendre contact avec lui.

Link traversait les bois perdus et, pour la première fois de sa vie, il ne s'y sentait pas en sécurité. Il y avait d'abord eu cette sensation étrange comme si quelqu'un l'observait mais lorsqu'il s'était retourné, il n'y avait personne et la sensation avait brusquement disparu. Ensuite, il s'était fait attaquer par des Mojos qui étaient pourtant un peuple en voie d'intégration avec les autres peuples hyliens ainsi que par des Skull Kids, mais dans ces cas-là, il préférait éviter le combat. D'abord en mémoire des Hyliens égarés dans la forêt qu'était autrefois cette race, ensuite, pour les elfes qui avaient péri, consumés par leur propre pouvoir, lorsqu'ils avaient lancé ce sort de grande envergure, qui transformait en Skull Kids les fous qui osaient pénétrer la forêt interdite, pour leur éviter la mort. Cependant, c'était avec un plaisir morbide qu'il massacrait tout monstre n'appartenant pas à ces deux catégories. Malgré tout, il arriva à la muraille magique qui entourait la cité merveilleuse. Il inspira profondément mais son courage le quitta avant qu'il ne franchisse le mur fatidique. Epona broncha.
- Ne râle pas, c'est juste que... euh... que... que je ne peux pas me présenter devant le roi dans cette tenue, expliqua-t-il en mettant pied à terre.
Il ôta sa tunique et son bonnet pour les remplacer par la tunique goron que Darunia lui avait autrefois offerte.
- C'est mieux comme ça, non ? demanda-t-il en se remettant en selle.
Il observa le mur et espéra de tout son coeur se trouver à des centaines de lieues d'ici, mais il était bel et bien là et il lui fallait le traverser... un jour ou l'autre. Exaspérée, Epona prit elle-même la décision de continuer et entra dans Elfara, malgré les mouvements désordonnés de son maître qui tentait en vain de l'arrêter.
- Tu sais à quel point je peux t'adorer par moment, lui lança-t-il d'un ton acide.
Cependant la beauté qui s'offrait à ses yeux lui fit oublier sa rancune. Le héros se dirigea alors vers l'arbre millénaire qui abritait le vénérable ancien, chef incontesté de tous les elfes. Après avoir gravi les innombrables marches, il se fit chaleureusement accueillir par le vénérable Amos.
- Sois le bienvenu mon fils, sache que ton absence a été cruellement ressentie par tes frères.
- Pardon vénérable père, mais je n'osais me présenter devant vous.
- Mais pourquoi cela ?
- Car je n'ai pas réussi à protéger Hyrule. Si vous voulez à jamais me bannir de ce lieu j'accepterai mon sort, mais, permettez-moi au moins de faire mes adieux à Saria, dit-il très vite pour soulager sa conscience.
- Allons, allons que me racontes-tu là ? N'écoutes-tu donc point ce que je te dis ? Tu seras toujours le bienvenu ici et accueilli en héros. Ta quête n'est pas terminée mais il est désormais temps pour toi de la reprendre là où tu l'as laissée, les signes sont clairs.
Link jeta un regard de gratitude au vieil elfe et remarqua à quel point celui-ci avait l'air à bout de force. En effet, étant déjà très vieux, ces sept années de soucis n'avaient fait qu'empirer son état et c'était à peine s'il parvenait à se tenir debout seul.
- Ça va, vénérable ?
- Cela fait longtemps que le glas a sonné pour moi, trop longtemps... Je suis vieux et fatigué, mais je ne peux pour l'instant m'en aller rejoindre les déesses car mon successeur ne peut pas encore venir prendre la relève, mais le moment arrive, bientôt...
Le remplacement d'un chef chez les Elfes, ne se fait pas par les liens du sang mais par la capacité d'un individu à prendre le commandement, aussi, un vénérable ne laisse le pouvoir qu'à un Elfe au moins aussi sage que lui et sachant gouverner.
- Oh... père...
- Allons, c'est un repos bien mérité, crois-moi, et je l'attends avec impatience.
Link préféra changer de sujet.
- Que se passe-t-il dans la forêt ?
- Ganondorf pensait que Zelda était parmi nous et il n'a cessé d'envoyer son influence maléfique vers nous.
- Elle le savait c'est pourquoi elle ne s'est pas réfugiée ici. Ganondorf a alors dû arrêter, non ?
- Non car il veut s'emparer de la forêt. Le problème est que l'arbre Mojo commençait à se faire vieux mais il devait malgré tout renforcer son influence. Ajoute cela au fait qu'il lui fallait préparer la graine qui, en poussant, deviendrait sa nouvelle enveloppe... Cela l'a épuisé. Aussi lorsqu'il a péri, la graine a bien été plantée mais depuis... rien, pas la moindre petite pousse. Sans leur gardien, les bois perdus sont devenus le théâtre de bien des événements... Tous les Elfes s'acharnent à maintenir la paix, mais cela ne sera jamais aussi efficace que la protection magique de l'arbre Mojo.
- Je comprends...
La figure du vieil Elfe s'assombrit et le chevalier ne trouvait aucun mot pour exprimer ce qu'il ressentait, la mort de l'arbre Mojo, le trépas imminent de cet Elfe si bon...
- Va dans ma demeure, mon fils, quelqu'un t'y attend.

Link pénétra dans la pièce et tomba nez à nez avec le roi. Bien qu'Arkinian soit encore un homme bien bâti dans la force de l'âge, quelques signes de vieillesse commençaient à poindre : des fils d'argent striaient sa chevelure noire de jais et de légères rides pointaient autour de ses yeux. L'Elfe s'agenouilla.
- Relève-toi : un roi incapable de conserver son royaume ne mérite pas les honneurs.
- Majesté, ce n'est pas à son royaume que l'on reconnaît un vrai roi mais à ses actes. Et il me semble que vous étiez un excellent roi avant qu'Aghanim ne s'empare de votre esprit.
Le roi était absent, emprisonné dans un royaume de rage froide et de désespoir infini. Le héros se releva et attendit patiemment un signe du souverain.
- Merci pour tout Link, finit par dire celui-ci, tu as sauvé ma fille et tu t'es débarrassé du traître, je t'en serai à jamais reconnaissant, même si tout cela a été vain.
Le roi semblait en proie à un rude combat contre lui-même. Marchant de long en large à travers la pièce, perdu dans ses pensées. Son regard finit par s'illuminer d'une étincelle de folie et dans un geste brusque, il empoigna un malheureux vase posé sur la table et l'envoya se fracasser contre le mur. Sous l'impact, la poterie se brisa en mille morceaux.
- De ma faute, tout est de ma faute...
Le roi se prit la tête entre les mains et s'affala sur un siège. Arkinian se sentait coupable, tout comme Link. Cependant, l'Elfe ne voyait pas de quoi. Il se rappela alors son propre cas. Tout le monde lui disait qu'il n'était pas fautif, et pourtant lui était convaincu du contraire. Il savait maintenant, il avait compris. Ce n'était pas lui, c'était le destin et il lui avait fallu sept ans pour le comprendre...et surtout pour l'accepter. Ayant fait la paix avec lui-même, il se décida à aider le roi du mieux qu'il le pourrait.
- En effet votre majesté, vous êtes coupable.
Choqué de ne pas entendre le refrain "mais non, ce n'est pas votre faute", il releva la tête.
- Oui, reprit Link, coupable d'être de sang royal, coupable d'avoir donné naissance à une jeune fille qui s'offre au royaume, mais surtout coupable de ne pas être immunisé contre la magie noire.
Une myriade d'expressions passa sur le visage du roi. L'Elfe crut qu'il aurait une nouvelle crise de folie, dirigée contre lui cette fois-ci, mais il n'en fut rien. Arkinian se calma et le plus sérieusement du monde s'adressa à Link :
- Merci, tu m'as ouvert l'esprit. Je n'ai rien fait parce que je ne pouvais rien faire, voilà tout. Comment n'ai-je pas compris une chose aussi simple avant ?
- Je connais une autre personne pour qui ça a été le cas...

Après avoir encore discuté un peu avec le roi, le héros prit congé et se dirigea vers le village Kokiri. Il s'orienta, non sans appréhension, vers la cabane de Saria.
- Link ?!
Saria était si surprise de voir son ami qu'elle en oublia de respirer pendant quelques instants.
- Bonjour, parvint-il à baragouiner.
Il alla s'asseoir près d'elle.
- Je t'avais promis que je reviendrais, reprit-il plus intelligiblement.
- Au bout de sept ans... Je n'y croyais plus !
- Désolé.
- L'important c'est que tu sois venu. Je suis si contente de te revoir, tu ne peux t'imaginer... et... et... avec tout ce qui se passe ici...
Elle éclata en sanglots. Il la prit dans ses bras et la consola. Elle se nicha contre lui et parvint à se calmer au bout d'un moment.
- Chut, ça va aller maintenant, je suis revenu, je vais t'aider...
- L'arbre Mojo... il est... et... et les monstres ils...
- Je sais.
- Oh, Link ! Qu'est-ce qu'on va devenir ?
- Je n'en sais rien Saria. Tout ce que je peux te dire, c'est que je ferai tout mon possible pour rétablir la paix.
- Vraiment ? Elle leva vers lui de grands yeux pleins d'espoir.
- Je te le promets.
Ces mots se gravèrent dans l'esprit de la fillette. Elle regardait son ami et ressentait un mélange de soulagement et de bonheur. Il était revenu. Et cela pour elle, rien que pour elle. Il ne fallait pas évoquer le malheur car, qui sait, cela lui rappellerait peut-être des obligations qui l'éloigneraient d'elle. Aussi elle reprit sur le ton de la plaisanterie mais tout en conservant son sérieux :
- Et moi je me méfie de tes promesses. D'accord tu les tiens ... mais au bout de combien de temps !
- Bon et si je rajoute "le plus rapidement possible" ?
- Ça marche !
Ils éclatèrent de rire.
- Pour le moment tu devrais juste t'en tenir à ta première promesse et me raconter ce que tu as fait depuis que tu as quitté les bois perdus.
Link s'exécuta et raconta avec conviction toutes les aventures qu'il avait vécues à l'étranger : les nouveaux amis, les ennemis terribles, la magie, les différents peuples, les lieux emplis de mystères ou d'une beauté incomparable... Ensuite, il entama sa quête des trois pierres ancestrales, le combat contre Aghanim, la traîtrise de Ganondorf, la fuite de Zelda et enfin son errance. Saria l'écoutait, pendue à ses lèvres, ne voyant pas le temps passer. Toujours est-il que lorsqu'il eut fini, la nuit était tombée depuis longtemps et la Kokiri dodelinait de la tête. Il la prit dans ses bras et l'allongea dans le lit. La fillette s'y endormit, des rêves de terres étranges et de conquêtes plein les yeux. Il sortit sans bruit et, ne voulant pas rejoindre Elfara, il alla à la cabane qui lui était assignée au village Kokiri. Il grimpa l'échelle et pénétra dans son antre. Rien n'avait changé. Il ouvrit un coffre et fut submergé d'émotion lorsqu'il y redécouvrit tous ses jouets et ses premières armes. Il saisit son bouclier mojo, son tout premier bouclier... il n'aurait pas fait long feu s'il l'avait amené avec lui, mais dans la forêt, il lui avait été utile lorsqu'il s'amusait à tirer sur les corneilles avec son lance-pierres car, loin d'aimer ça, les volatiles ne se gênaient pas pour lui picorer la tête. Son épée de bois... son boomerang... enfant, il avait été un sacré polisson, mais personne, jamais, ne lui en voulait car ils étaient bien incapables de résister à son petit air angélique. Un sourire aux lèvres, il referma le coffre à souvenirs et se dirigea vers son lit. Il était bien trop petit mais qu'importait ? Link était heureux, il en oubliait même que dehors, le pire se préparait.

- Dis-moi Saria, c'est toi qui t'es occupée de ma cabane ? lui demanda-t-il en prenant un solide petit déjeuner.
- Tu as tout de même remarqué que l'endroit était propre et prêt à te recevoir ! Tant mieux, je n'aurais pas fait ça pour rien.
- Merci, tu es une vraie mère pour moi.
- Bon, passons aux choses sérieuses, tu dois finir ton histoire.
- Hier ne t'a pas suffi !? Je t'ai pourtant tout raconté.
- Non, car je sens que tu n'as pas tout dit, et je n'ai pas compris ce qu'est le Héros du Temps.
- Le héros du temps est une entité qui a toujours existé et qui s'incarne lorsque le mal s'étend sur Hyrule, car si Hyrule tombe, c'est le monde qui tombe.
- Et tu es cette entité, c'est ça ?
- Oui, je me souviens de toutes mes vies passées, mais cela ne m'empêche pas d'être Link... Comment dire ? Dans chacune de mes enveloppes, il y avait deux consciences qui n'en formaient qu'une : le Héros du Temps et celui que j'étais avant de saisir l'Epée de Légende. Puis, lors de ma mort, l'autre conscience était assimilée par celle du Héros du Temps.
- Et il se passe la même chose pour la princesse Zelda ?
- Oui, sauf qu'elle, c'est à la conscience de Princesse de la Destinée qu'elle s'éveille, et que je n'ai absolument aucune idée de ce qui peut provoquer cet éveil.
- N'y a-t-il que vous deux qui soyez réellement immortels ?
- A ma connaissance, oui.
- Tu as beau être vieux comme le monde, il me semble que tu ne connais pas grand-chose.
- Je ne conserve que le souvenir des batailles, des trouble-fête et de la princesse de la destinée.
Un éclair de jalousie, aussitôt réprimé, passa dans le regard de la Kokiri.
- Et c'est quoi, cette trace que tu as sur la main gauche ?
Elle désigna une mini Triforce qui luisait de façon surnaturelle et dont le triangle en bas à gauche était beaucoup plus lumineux que les autres.
- Ça ? Je n'y pensais plus. Je ne sais pas ce que c'est, je crois que c'est un sortilège que Zelda m'a lancé, peut-être pour me protéger. Mais c'est bizarre qu'elle brille, elle n'avait jamais fait ça avant. Ça doit vouloir dire quelque chose, mais... quoi ? Tu crois que c'est une façon de m'appeler ?
- Sûrement, répondit-elle à contrecoeur, pas déjà... tu viens juste d'arriver... Je trouve que cette princesse exagère...
Puis elle se résigna.
- Link, sois prudent.
L'elfe hocha gravement la tête et sortit : Saria avait bien compris qu'il s'agissait là du signal de départ, la fin du calme avant la tempête.

Epona galopait à une vitesse vertigineuse, ce qui n'empêchait pas son maître de la stimuler à chaque foulée. Depuis qu'il avait quitté les bois perdus, la marque luisait de plus en plus fort lui brûlant la main et l'appel, plainte lancinante qui résonnait jusqu'au plus profond de son âme depuis que le roi sombre avait pris possession de la Triforce, s'était fait de plus en plus fort, allant jusqu'à lui hurler dans la tête de se rendre là où il s'était passé tant d'événements terribles : le Temple du Temps. Grimaçant, il talonna encore Epona. La jument, blanche de sueur et d'écume, faisait rouler ses puissants muscles sous sa peau, donnant tout ce qu'elle pouvait. Jamais encore le chemin entre les bois perdus et le château d'Hyrule s'était fait de façon aussi rapide. A bout de force, elle stoppa devant la muraille, parvenant à peine à respirer, tremblante, elle tenait difficilement sur ses jambes. Pris de remords, Link lui donna un flacon plein de potion rouge et lui ordonna de se rendre au ranch LonLon avant de faire face au château. Un nuage noir, tel un mauvais présage, flottait au-dessus en permanence, plongeant l'ex-bourg dans une nuit perpétuelle. L'Elfe ne put réprimer un frisson en passant le pont-levis, lamentablement défoncé dans les douves. Mais ce ne fut rien en comparaison de ce qu'il ressentit en arrivant à la place du marché. Plus aucune bâtisse n'était entière et un silence de mort régnait. La seule "vie" présente était figurée par cinq zombies. Le guerrier s'en débarrassa avec dégoût mais en prenant garde de ne pas écouter leurs cris qui glaçaient le sang et leur laissaient ainsi le champ libre pour étouffer sournoisement leurs victimes. Ainsi délivrées, les cinq âmes s'en allèrent vers un monde meilleur.
Le héros du temps entra dans le temple et aussitôt le cri et la brûlure qui s'étaient calmés à son arrivée, se turent. Malgré le fait qu'il l'avait espéré très fort, Zelda n'était pas là. Dépité, il s'avança machinalement vers le piédestal où avait reposé sa fidèle épée et fut aussitôt téléporté au saint royaume légendaire. Il observa le lieu dans lequel il venait d'arriver. Les murs étaient bleus et, de partout, des petites fontaines versaient leur eau dans le bassin où il se trouvait. Link, au centre, était au sec, sur un socle de grande taille gravé du symbole elfique représentant "celui qui ouvre le chemin". La plate-forme était elle-même entourée de six autres socles de taille plus réduite, gravés respectivement du symbole de l'eau, du feu, de l'ombre, de l'esprit, de la lumière et de la forêt. Sur celui de la lumière, un petit homme grassouillet à la barbe blanche et à la calvitie naissante, vêtu d'une longue robe brune l'observait.
- Sois le bienvenu, Héros du Temps, mon nom est Rauru, je suis le sage de la lumière. Tu te trouves actuellement au coeur du Saint Royaume, dans le Sanctuaire des Sages.
- C'est vous qui m'appeliez depuis tout ce temps ?
- Oui, je me suis éveillé à la conscience de sage lorsque le seigneur du malin est entré dans le
Saint Royaume.
- Vous voulez dire que vous êtes également un immortel ?
- C'est exact, te croyais-tu seul ?
- Pas exactement ... mais presque.
- J'ai réussi à préserver ce temple de l'influence maléfique du roi sombre et t'y ai patiemment attendu. Il est en effet de mon devoir de te guider dans ta quête. Il y a en tout sept sages : le sage de la forêt, du feu, de l'eau, de l'ombre, de l'esprit, de la lumière, moi-même, et enfin le septième sage, qui a pour rôle de nous guider vers la lumière. Seuls le septième sage et moi-même sommes éveillés. Il t'incombe la tâche d'éveiller les cinq autres.
- Mais comment ?
- J'y viens. Ta venue ici, a provoqué le réveil des temples. Seuls les sages entendront cet appel. Mais les temples sont en proie à l'influence néfaste de Ganondorf, les futurs éveillés sont donc en danger. Tue l'incarnation de ce mal et les sages s'éveilleront. Il est temps pour moi de te confier ceci.
L'Elfe reçut un médaillon gravé du symbole de la lumière.
- C'est mon pouvoir. Garde-le en permanence sur toi.
Une lueur bleue entoura Link et le ramena au temple du temps avant même qu'il n'ait eu le temps de poser la question qui lui brûlait les lèvres. Dépité, il fit quelques pas lorsqu'il le sentit... Empoignant épée et bouclier dans un geste souple, il se retourna brusquement. Un homme entièrement recouvert d'une combinaison bleue, uniquement décorée avec un emblème Sheikah brodé au fil rouge, se tenait devant lui. Son visage était à demi masqué par une sorte de châle qui lui montait au niveau du nez et par d'épais cheveux blonds qui lui cachaient l'oeil gauche. L'Elfe remarqua tout de même que son oeil visible était rouge.
- N'aie crainte, je ne suis pas ton ennemi, et j'espère même un jour compter parmi tes amis.
Ce personnage intriguait Link au plus haut point. Il ne semblait pas nourrir de mauvaises intentions envers lui et semblait même sympathique mais il était beaucoup trop mystérieux. Le jeune homme baissa sa garde mais ne rengaina pas ses armes pour autant.
- Un ami se présenterait, non ?
- Tu ne m'as pas laissé le temps de le faire, mon nom est Sheik du peuple Sheikah. Je suis envoyé par la princesse Zelda pour t'aider dans ta quête.
A l'entente de ce nom, un tas de questions lui vinrent à l'esprit.
- Elle est donc bien vivante... Comment va-t-elle ? Où est-elle ?
- Sortons, nous ne pouvons continuer cette conversation ici.
Ils se dirigèrent vers la plaine.
- Vois-tu guerrier, Zelda et toi êtes les pires ennemis de Ganondorf car vous êtes les seuls qui puissiez le vaincre, et il le sait très bien. Cependant il a commis une erreur qui lui sera fatale. En effet, il a trop d'amour propre et l'idée même qu'un homme puisse le battre dans un combat singulier lui est inconcevable; par conséquent il est persuadé que seule la magie peut le vaincre. Il t'a donc totalement délaissé pour ne rechercher activement que Zelda. Il en est parvenu à pouvoir écouter n'importe quelle conversation où le nom de Zelda pourrait être prononcé. Voilà donc pourquoi je ne peux te dire où elle se terre.
- Je vois.
Link appela Epona qui était désormais fraîche et dispose, suite aux bons soins de Malon, la fille du ranch, et Sheik appela son cheval grâce à une petite harpe. C'était un cheval Sheikah de couleur grise.
- Il ressemble beaucoup au cheval sur lequel Zelda s'est enfuie.
- Tu as bonne mémoire, en effet c'est lui.
- Tu connais donc, si j'ai bien compris, l'emplacement de tous les temples ? questionna l'elfe alors qu'ils chevauchaient.
- Dans une forêt, sous les flots, dans un volcan, dans la maison des morts et dans un désert.
- Je connais déjà le temple de la forêt et aussi celui du feu, je suis passé devant lorsque j'ai récupéré la pierre ancestrale du feu.
- Le sage de la forêt est aussi une jeune fille que tu connais.
Cette phrase fit le tour de la tête de Link. Saria ? Cela ne faisait aucun doute, ce ne pouvait être qu'elle.
- Alors qu'attendons-nous ! lança-t-il avant de partir au galop.

Arrivés à Elfara, ils furent surpris du calme inhabituel qui y régnait. Aucune jeune fille ne discutait près de la fontaine, aucun guerrier n'affûtait ses armes, aucun enfant n'essayait de grimper aux arbres. La cité était totalement vide.
- Holà ! Il y a quelqu'un ? tenta Link, les mains en porte-voix.
Amos sortit et se pencha à la rambarde.
- Mon fils, c'est terrible, les monstres ont attaqué, tout le monde est parti pour les repousser mais personne ne s'est rendu au village Kokiri, peux-tu y aller ?
- Oui, père, je m'y rendais justement.
Il se dirigea vers le village en question mais dut se retourner. En effet, Sheik observait attentivement la silhouette du roi qui avait émergé derrière le vénérable ancien.
- Sheik ?
Le Sheikah sursauta à l'entente de la voix de son ami.
- On y va ?
- Oui, je viens.
Le village kokiri était envahi de pestes Mojo. Les compères s'en débarrassèrent rapidement en les assommant avec leurs propres projectiles qu'il faisait rebondir sur son bouclier pour Link et les cognant avec une dague pour Sheik. Une énorme plante carnivore se plaça sur leur chemin.
- Je croyais que les Babas Mojo étaient de taille plus réduite, hasarda le Sheikah.
- Elles le sont, c'est la première fois que j'en vois une plus grande que moi.
L'Elfe la trancha d'un coup net.
- Heureusement, elles sont aussi faciles à détruire que les petites.
Les bruits de combat avaient attiré l'attention des petits Kokiris, et, de partout on entendait leur voix.
- Les Elfes, ils sont venus nous aider !
- Il ressemble à Link tu ne trouves pas ?
- Mais c'est Link.
- Ben et l'autre à côté c'est qui ?
- J'sais pas.
Amusé mais pressé, l'Elfe prit la parole.
- Restez enfermés chez vous jusqu'à nouvel ordre et surtout n'ouvrez à personne sauf si c'est un Elfe que vous connaissez !
- Pas de problème !
Les compagnons continuèrent leur route à travers les bois perdus et se retrouvèrent nez à nez avec Mido qui gardait l'entrée du bosquet sacré.
- Halte, là ! On ne passe pas.
- Mido, Saria a des problèmes, de très gros problèmes, si tu ne me laisses pas passer, elle peut en mourir...
Le rouquin déglutit et réfléchit rapidement. Il ne voulait pas que du mal arrive à Saria mais il lui avait promis de ne laisser passer personne. Après avoir pesé le pour et le contre, il se décida.
- Bon, très bien, tu peux passer mais l'autre reste ici.
- Mido, grogna Link.
- Ce n'est rien, Héros du Temps, je n'avais de toute manière pas l'intention de t'accompagner.
- Quoi ! répondirent les deux autres en coeur.
Cette réponse cassait totalement l'image de la condescendance accordée face à l'immense pouvoir dont il était maître, que Mido avait voulu donner. Link quant à lui ne comprenait pas. Il devait l'aider oui ou non ?
- Je suis désolé héros, mais j'ai promis à une femme de ne pas prendre de risques.
- Ah, les femmes et leur surprotection... marmonna Link.
- Que veux-tu ! Mais je vais tout de même t'aider en t'offrant ce grappin. Il te sera très utile pour atteindre des lieux inaccessibles ou attraper des objets éloignés. A l'occasion, il constitue aussi une arme très efficace.
- Merci.

Se retrouvant à nouveau seul, il pénétra dans le Bosquet Sacré. Il devait d'abord traverser un petit labyrinthe avant de se retrouver face au temple. Il s'y engagea d'un pas sûr et dut se plaquer contre un mur pour éviter un guerrier de pierre qui tentait de l'embrocher toute lance dehors. L'Elfe connaissait parfaitement les lieux pour y avoir passé toute son enfance et, d'aussi loin que ses souvenirs remontaient, il n'y avait jamais eu de monstre ici. Il sortit le grappin.
- Une arme efficace, hein ? On va voir ça tout de suite.
Il visa le géant qui était arrivé en bout de course et déclencha le ressort. Percuté de plein fouet, le monstre s'écroula sur le sol, vaincu.
- D'accord, vraiment efficace.
Il continua sa route, beaucoup plus prudemment cette fois-ci, et à raison, car il dut encore se débarrasser de quatre ennemis. Il arriva malgré tout à bon port, sain et sauf. La première chose sur laquelle se posa son regard fut "la souche de la star" comme Saria et lui aimaient à l'appeler. En effet, l'un d'eux s'y installait et amusait l'autre qui lui servait de public. Il avait raconté bien des histoires sur ce banc improvisé. Il était maintenant cruellement vide, l'Elfe crut entendre une des mélodies que la Kokiri lui jouait souvent mais ce n'était que le fruit de son imagination. Enfin, il prit la peine d'observer le temple en lui-même... ou ce qui en restait : l'escalier qui y menait n'existait plus et de l'entrée autrefois si joliment sculptée, il ne restait que deux colonnes tronquées. Il prit son grappin et visa un vieil arbre mort proche de l'entrée. Il se fit tracter à sa cime et d'un bond se retrouva dans le temple de la forêt. Comment seulement sept années avaient-elles pu faire autant de dégâts ? Tout ce qui restait de la première salle étaient quatre pans de mur couverts de lierre.
Deux longs hurlements se firent entendre.
- Tiens ! le comité d'accueil, c'est trop gentil, il ne fallait pas...
Il se para de son bouclier afin d'éviter les coups de griffes acérées de deux loups qui sortirent de l'ombre.
- Ganondorf est donc aussi capable de contrôler les animaux.
D'une pirouette astucieuse, il parvint à se retrouver derrière ses adversaires et se précipita sur la porte qu'il referma vigoureusement après être passé. De l'autre côté, les loups, furieux que leur dîner ait pris la poudre d'escampette, s'acharnaient sur elle mais elle était solide, elle tiendrait. Le couloir était mieux conservé que la première salle, en cela, qu'il possédait un toit ce qui n'empêchait pas certaines plantes envahissantes d'avoir investi les lieux.
Une énorme araignée descendit du plafond mais l'Elfe l'élimina d'un coup de grappin.
- Décidément, le roi sombre a vraiment la folie des grandeurs.
Il se retrouva dans la salle principale. Aussitôt, quatre spectres apparurent et éteignirent les quatre flambeaux qui entouraient l'ascenseur menant au sous-sol. Privé de la magie qui le faisait fonctionner, celui-ci tomba lourdement, bloquant l'issue.
- Laissez-moi deviner, je dois retrouver les quatre fantômes pour réactiver l'ascenseur car l'incarnation du mal se trouve en bas. Alors, j'ai gagné ? demanda Link, persuadé qu'il était attentivement observé.
Seul le silence lui répondit, bien qu'il crut entendre un rire démoniaque, au loin, porté par le vent. Ce temple était le fait des habitants de la forêt, par conséquent la nature y était toujours très présente. En effet, en plus des nombreuses salles, de magnifiques jardins s'y trouvaient. Se demandant dans quel état il allait les retrouver, il se dirigea vers le premier. Il ouvrit une porte mais recula précipitamment car une plante avait essayé de le goûter. Il dégaina son épée et prenant de l'élan, il sauta et la trancha de haut en bas. Un premier esprit se trouvait là. Mais comment tuer quelque chose de déjà mort ? Ce n'était pas comme avec les zombies, car eux, au moins avaient une consistance matérielle. Le grappin étant inutile, il sortit son bon vieil arc. Voyant cela l'esprit se rendit invisible, c'était bon signe car cela signifiait qu'il en avait peur. Patiemment l'Elfe attendit qu'il réapparaisse et décocha une flèche. Le spectre prit une mimique étonnée et grimaçante mais ne s'avoua pas vaincu et disparut encore. Le héros répéta l'opération. Voilà huit fois qu'il l'avait touché et il venait de décocher une neuvième flèche. Il commençait à douter de sa manoeuvre, encore une dernière flèche et il changerait de tactique. Il n'en eut pas besoin, car à la dixième flèche, l'esprit lâcha la lanterne qui contenait son essence et lorsqu'elle se brisa, l'âme, ainsi libérée prit soin d'allumer le premier flambeau d'une flamme jaune avant de partir.
- Et de un.
Il rentra de nouveau et s'en alla vers le second jardin. Bien qu'il s'y soit préparé, il ne s'y trouvait aucune Baba Mojo. Il sentit le sang affluer à ses oreilles lorsqu'il réalisa qu'il avait surgi comme un diable sortant de sa boîte, épée au poing et en émettant un cri de guerre pour terrasser un ennemi inexistant. Le seul témoin de cette scène gênante fut le second esprit qui fut très vite éliminé. A présent un autre flambeau brûlait d'une flamme bleue.

Mido observait cet étranger depuis un bon moment déjà. C'était la première fois qu'il rencontrait un individu qui n'appartenait pas aux peuples de la forêt. Il était intrigué mais aussi irrité par cet individu qui lui tournait impunément le dos, à lui, le Grand Mido, depuis que Link était parti.
- Tu n'as rien à craindre de moi, même si tu te sens coupable de ne m'avoir pas laissé passer.
- Je... je n'ai pas peur ! Et en plus, je ne me sens pas coupable du tout. Et puis, c'est vous qui avez peur, vu que vous n'êtes pas passé. "Je ne peux pas car j'ai promis". Peuh ! Quelle excuse bidon !
Sheik se leva et se plaça de toute sa hauteur devant le Kokiri.
- Oserais-tu insinuer que je suis un lâche ?
Oups ! Mido blêmit et déglutit lentement.
- Oh non, Monseigneur, vous semblez au contraire être très courageux.
- Car si j'avais vraiment voulu passer, je l'aurais fait.
- Ou... oui, bien sûr... euh... dites, vous n'oseriez tout de même pas vous en prendre à un plus petit que vous ?... euh... vraiment beaucoup plus petit.
- Je t'ai dit que tu n'avais rien à craindre de moi, bien que je pense qu'une bonne fessée ne te ferait pas de mal. Et si j'avais voulu passer, cela aurait été de cette façon.
D'un bon prodigieux, il s'envola dans les airs et atterrit délicatement derrière l'enfant.
- Oui, je vois.
Le Sheikah émit un grognement satisfait.
- On ne peut pas vraiment dire que tu portes Link dans ton coeur.
Mido allait sortir une des méchancetés dont il avait le secret mais il se retint. Ne voyant vraiment pas comment une fessée pouvait ne pas faire mal, il préféra dire la vérité.
- Ce n'est pas que je n'aime pas Link, c'est plutôt que je n'aime pas que Saria soit amoureuse de Link.
- Il est grand désormais, il ne représente plus une menace pour toi, et il semble être attaché à une autre jeune fille.
- Oui, mais bon, on ne fait pas disparaître les vieilles habitudes en soufflant dessus.
- Il s'apprête tout de même à sauver la vie de celle que tu aimes, non ? Tu pourrais peut-être faire quelque chose pour lui.
- Ça dépend, que veux-tu que je fasse ?
- On est dans une forêt... Tu pourrais, je ne sais pas moi, lui trouver des fruits par exemple, il risque d'avoir faim en sortant de là.

Ayant fait tous les jardins, il n'avait plus trouvé aucune trace des esprits. Il en restait pourtant deux encore. Il avait ainsi parcouru les nombreuses salles que renfermait le temple pour arriver à cette dernière pièce qui menait, il le savait, à la salle principale. Il y avait bien un fantôme, mais pas vraiment ce qu'il espérait. Il se tenait devant un tableau géant sur lequel la figure peinte d'un spectre lui lançait un sourire narquois. Il n'aimait pas du tout ce sourire, qui plus est, cette peinture n'avait rien à faire dans le temple de la forêt. Et ce sourire, il semblait encore s'être élargi. Ce tableau se moquait de lui. De rage, il lui lança une flèche et la toile se consuma. Etrange, il n'avait pourtant pas enflammé le projectile. Il faillit être écrasé par cinq cubes qui tombèrent du plafond. Sur chaque bloc, était peinte une partie du tableau. L'Elfe résolut rapidement ce puzzle qui disparut alors, laissant la place à un vrai esprit "en chair et en os".
- Eh eh ! Tu as résolu mon énigme mais... tu ne m'as pas encore vaincu.
- Maintenant oui, répondit le héros quelques flèches plus tard.
Le troisième flambeau s'alluma d'une flamme verte.
Link sortit pour se retrouver dans la salle principale. Le dernier fantôme était là et semblait l'attendre.
- Tu en as mis du temps. Tu as peut-être vaincu mes frères mais ça ne sera pas aussi simple avec moi.
- C'est ce que l'on va voir.
Le spectre vola près de Link mais... que s'était-il passé ? Il y avait désormais quatre esprits parfaitement identiques.
- Fais le bon choix, où sinon tu vas le regretter.
Que faire ? Il ne pouvait se fier à aucun de ses sens : ils étaient tous strictement semblables, se déplaçaient sans aucun bruit, étaient immatériels donc impalpables et Link n'allait tout de même pas se résoudre à les goûter. Il décida donc de se fier à son instinct, il ferma les yeux et se concentra. Les fantômes tournaient autour de lui... Tout à coup il le sentit et décocha une flèche. Le spectre émit un cri. Au bout de quelques temps une flamme mauve éclairait le dernier flambeau et l'ascenseur se remit en marche. Il s'y installa et se laissa descendre au sous-sol.
- Allons bon !
Il était dans une pièce ne présentant aucune issue. Il s'adossa sur un pilier pour mieux réfléchir et, au comble de sa surprise, celui-ci bougea, lui faisant perdre l'équilibre. Il se redressa et constata que deux entrées étaient débloquées, mais aucune d'entre elles n'aboutissait quelque part. Il re-déplaça donc les piliers jusqu'à ce qu'il parvienne à un escalier. Il y grimpa et se retrouva dans une pièce circulaire décorée de plusieurs tableaux représentant tous la même maison hantée dans un jardin désolé. Il fit quelques pas pour observer l'une des toiles de plus près. Apparemment il n'avait pas choisi la bonne issue. Il fit demi-tour mais des pics sortant de nul part l'en empêchèrent. Il se retourna brusquement à cause d'un bruit et n'en crut pas ses yeux. Devant lui, se tenait l'homme de son cauchemar, celui qui durant sept ans avait tyrannisé Hyrule : Ganondorf, le seigneur du malin. Bien droit sur une monture sortie tout droit des abysses, celui-ci éclata d'un rire sardonique et approchant la main de son cou, il ôta son visage qui n'était qu'un masque, laissant apparaître une étrange figure composée de fumée et de métal. L'ennemi talonna sa monture et entra au galop dans l'une des peintures et disparut lorsqu'il arriva au bout du chemin. Un bruit se fit entendre dans le dos de Link. Se retournant, il eut juste le temps de décocher une flèche avant que le fantôme ne sorte du tableau pour l'attaquer. Dans un grognement de rage, celui-ci fit demi-tour. L'Elfe scrutait attentivement chaque toile pour ne plus se laisser surprendre. Il parvint à le toucher encore trois fois avant que le spectre ne décide d'abandonner cheval et tableaux qui disparurent. Il se munit d'un bâton et envoya une boule d'énergie noire droit sur le héros. Celui-ci, se souvenant que lors du combat contre Aghanim son bouclier lui avait été inutile, dégaina son épée pour faire ricocher la boule vers son envoyeur. L'esprit la lui renvoya, mais surpris, Link réagit trop tard et reçut la sphère. Une chance pour lui, elle avait perdu beaucoup de sa puissance mais il se retrouva tout de même à terre, en proie à une douleur terrible. Il dut tout de même se jeter sur le côté pour éviter une seconde attaque. Encore quelque peu chancelant, il se redressa et fit face à son adversaire. L'autre lui lança une nouvelle boule, ils se l'échangèrent durant quelques passes mais elle finit tout de même par toucher l'incarnation du mal qui rongeait la forêt. Link lui envoya une flèche, ce qui eut pour effet de lui faire toucher le sol. Il se rua alors dessus et le taillada à coups d'épée. Bien que la lame passe au travers de ce corps sans matière, l'Elfe savait pertinemment que l'aura de l'Epée de Légende s'attaquait directement à l'essence même de l'ennemi, ce qui était beaucoup plus nocif. Sa création battue, la voix de Ganondorf, pour de vrai cette fois, retentit dans la salle.
- Minable créature, je te renvoie en enfer. Quant à toi Link, tu ne perds rien pour attendre ! Tu n'as vaincu que mon misérable spectre et quand l'heure de la bataille finale sonnera, tu me supplieras de te tuer pour abréger tes souffrances.
- Des promesses, toujours des promesses...
Un téléporteur apparut et il s'y plaça. Il se retrouva dans le Sanctuaire des Sages, face à son amie d'enfance qui occupait le socle représentant la forêt.
- Je suis Saria, sage de la forêt.
- Saria, je suis désolé, j'aurais dû...
- Non ! Tu n'as pas à te justifier devant moi. En tant que sage, mon devoir est de rester ici. Link, je te confie mon pouvoir.
L'Elfe reçut le symbole de la forêt.
- Cette situation n'est pas si mal tu sais, je peux ainsi t'aider dans ta quête. Pour une fois je ne me contenterai pas d'écouter ton histoire, j'en ferai partie. Link, à très bientôt. Mais sache que quoi qu'il advienne, je serai toujours ton amie.
Le Héros du Temps se retrouva dans la clairière face au tronc mort de l'arbre Mojo. Une étrange pousse sortait de terre. Il s'en approcha et donna un petit coup de pied dessus, à ce moment, une forme sortit de terre envoyant Link valdinguer en arrière.
- Bonzour tout le monde ! ze suis le bourzon de l'arbre Mozo. Le saze de la forêt a ramené la paix et a chassé l'influence néfaste du roi sombre. Ze vais pouvoir m'épanouir et grandir !
- Tu vas peut-être manquer de place ici, non ?
- Non, mon ancienne forme va pourrir et me laisser toute la place dont z'ai besoin, ne t'inquiète pas.
- Bien, alors à plus tard vénérable bourgeon de l'arbre Mojo.
Sheik attendait Link dans le village kokiri.
- Félicitations Héros, tu es venu à bout du mal et tu as ainsi pu restaurer l'harmonie qui règne dans cette forêt. Les Kokiris ne craignent plus rien et les Elfes vont pouvoir regagner Elfara.
- Merci, ton grappin m'a vraiment été très utile.
- C'est pour cela que je te l'ai cédé.
Il passèrent la nuit à la cité merveilleuse où un grand banquet fut organisé en l'honneur de Link. Mais celui-ci ne veilla pas longtemps car il avait rendez-vous avec un volcan le lendemain.

Le Mont du Péril était entouré d'un anneau rouge, signe que le volcan s'était mis en colère, ce qui avait rendu le parcours difficile aux deux amis car ils devaient sans cesse éviter des pierres incandescentes et des éboulis. Le Village Goron était étrangement vide. Ils descendirent donc quelques marches et durent éviter une boule qui roulait tout au long du chemin. Link plaça une bombe sur son itinéraire et il y eut une formidable explosion lorsque la boule entra en collision avec le paquet explosif. C'était en réalité un jeune Goron qui, se cachant la tête entre les mains et tout en tremblant, parvint à articuler.
- Partez loin d'ici... euh, avant que je ne me fâche et... et tremblez car mon nom est : Link !
- Hé ! C'est aussi mon nom.
- Quoi ? Le Goron leva la tête et fut aussitôt rassuré. C'est toi Link ? Darunia, mon Pôpa, m'a donné ce nom en l'honneur de son frère de sang.
- Que s'est-il passé ici ? Où sont les autres Gorons ?
- C'est horrible ! Ganondorf a fait enlever tous les Gorons pour les sacrifier à Volvgagia et ainsi faire peur aux autres races.
Il se mit à pleurer, l'Elfe lui posa maladroitement une main sur l'épaule pour essayer de le consoler. Sheik crut bon d'intervenir.
- Dis-moi petit, qui est Volvgagia ?
- C'est un dragon légendaire. Il vivait ici autrefois avant que nous nous y installions, le Héros des Gorons, mon ancêtre, l'avait alors vaincu avec la masse des titans et les Gorons ont pu prendre possession du volcan. Mais le roi sombre l'a ramené à la vie et il va maintenant manger tous les Gorons. Mon pôpa est parti délivrer les siens dans le temple du feu, mais il n'a pas la masse légendaire. Je t'en prie Link, va aider mon pôpa.
- Je ferai tout mon possible.
- Merci.
Il s'éloignèrent, laissant l'enfant seul et entrèrent dans l'antre du chef des Gorons.
- Le temple du feu se trouve derrière cette statue. Tu vas m'attendre ici j'imagine.
- En réalité, j'ai promis de ne pas me frotter à l'incarnation du mal... Ma promesse ne fait donc nullement référence à la libération d'un peuple prisonnier.
- Une porte de sortie...
- Exactement.
- Le problème est qu'il fait une chaleur étouffante dans le volcan, on ne peut y tenir très longtemps sans tenue spéciale.
- Ne t'inquiète pas pour ça, ma tenue Sheikah me protège de tout.
- Quant à moi, je vais troquer ma tunique Kokiri contre ma tunique Goron.
Alors que l'Elfe se changeait, il remarqua que Sheik avait pudiquement détourné le regard mais cela ne l'inquiéta pas outre mesure. Il poussèrent la statue et débouchèrent dans le cratère du volcan. Puis ils passèrent un pont et se retrouvèrent dans le temple du feu. Ils descendirent ensuite une échelle et pénétrèrent dans une salle donnant sur deux portes.
- Je prends à droite, tu prends à gauche ? proposa le Sheikah.
- D'accord, à plus tard.
Link passa la porte et se retrouva dans une salle emplie de lave. Tout au fond, il y distingua la silhouette massive de Darunia.
- Mon frère, c'est toi ?
- Oui Darunia, un petit coup de main ?
- Ça ne serait pas de refus. Vois-tu derrière cette porte se trouve Volvgagia. Pour l'instant il est enfermé dans le volcan mais s'il parvient à s'échapper, Hyrule deviendra un vrai feu de joie ! Quelqu'un doit l'y maintenir, je vais m'en occuper, mais sans la masse des titans, on ne pourra pas le vaincre. Cette masse était celle du Héros des Gorons, elle a été forgée dans le coeur même du volcan et bénie par les dieux, elle est conservée depuis dans le temple, quelque part. Retrouve-la et viens me rejoindre.
- D'accord, fais attention à toi !
- Toi aussi car pour arranger le tout, la lave a envahi le temple.

- Je peux partir, c'est vrai ?
- Si je te le dis. Retourne vite au village.
- Merci encore !
Le Goron s'éloigna au pas de course. Depuis qu'il avait pénétré dans le temple, Sheik avait délivré une grande partie des Gorons dont les cellules étaient dissimulées un peu partout. Il en restait peu et le temps pressait. Il continua sa route. Une nouvelle geôle, mais malheureusement, pas encore la dernière.
- Eh toi ! La cage est ouverte.
- Ne me mangez pas, pitié ne me mangez pas.
- Je n'ai jamais mangé de Goron et crois-moi, jamais je n'essaierai.
- Alors que veux-tu ?
Décidément plus il y pensait, plus il trouvait que les Gorons n'étaient pas très rapides à la comprenette, mais heureusement pour lui, il avait les nerfs solides et ne perdait pas patience.
- Je suis venu te libérer.
- C'est vrai ?
- Oui.
- Alors je peux partir ?
- Oui !
- Oh, merci !

Link ouvrit le coffre avec appréhension. Il avait sillonné tout le temple et avait découvert beaucoup de coffres, plus ou moins bien cachés, mais avait à chaque fois été déçu par ce qu'ils contenaient. Celui-là, il y mettait tous ses espoirs, en effet il avait été plus difficile à avoir que les autres car il lui avait fallu actionner un interrupteur pour stopper les flammes qui entouraient le coffre et courir rapidement sur un chemin très étroit pour l'atteindre avant que les flammes ne réapparaissent. Et pour arranger le tout, feue une chauve-souris avait failli le faire basculer dans le vide. Maintenant il était face à un coffre ouvert mais il n'osait regarder dedans. Prenant son courage à deux mains, il y découvrit... la masse des titans. Au comble du bonheur, il poussa un petit cri de joie. Il repassa le chemin et se teint sur une corniche beaucoup plus large et sécurisante. C'était donc ça la masse légendaire ? Elle ne payait pas de mine. Elle semblait vraiment trop légère pour faire beaucoup de dégât, peut-être qu'elle ne devenait une arme redoutable qu'entre les mains d'un Goron ? Il ne put cependant pas réprimer l'envie de faire un essai, juste comme ça, pour voir. Il prit le marteau à deux mains et frappa le sol de toutes ses forces, la masse émit un bruit sourd. Elle augmentait vraiment la force de frappe d'un individu car, sous l'impact, le sol se déroba sous les pieds du héros et le fit passer à l'étage inférieur... par la voix directe.
- Houa.
Une porte s'ouvrit et Sheik, alerté par le bruit apparut.
- Tiens Link, alors ?
- J'ai vu Darunia et il m'a demandé de retrouver la masse légendaire et... la voici. Tu ne me croiras jamais, il y a quelques secondes à peine j'étais encore en haut, dit-il en désignant un trou dans le plafond. J'ai voulu essayer la masse et boom je me suis retrouvé ici !
- Quant à moi j'ai libéré tous les Gorons. J'ai eu le temps de bien étudier la structure du temple et, si ce que tu dis est vrai, en se plaçant sur cette dalle, on se retrouvera au rez-de-chaussée dans la première salle où tu es entré.
- C'est parfait alors, car Volvgagia se trouve de l'autre côté de cette salle.
Ils se placèrent sur la dalle en question et Link frappa, en prenant garde de n'écraser aucun pied. Effectivement, ils arrivèrent au bon endroit. Ils se séparèrent ici, chacun tenant leur promesse respective. L'Elfe sauta et arriva à la porte où avait disparu son frère de sang. Il se retrouva dans une mer de lave où seule une petite plate-forme circulaire, percée de toute part était accessible. Il s'y précipita, ne voulant pas vérifier si oui ou non sa tunique résistait à la lave. Le dragon sortit de l'un des trous. Il ressemblait à un long serpent muni de courtes pattes et arborant deux longues antennes. Son corps entier était fait de flammes. Il cracha une gerbe de feu sur Link mais celui-ci esquiva facilement le souffle brûlant. Le dragon se frotta au plafond de manière à faire pleuvoir des pierres sur le héros mais celui-ci était rapide et parvint à esquiver et à se protéger en plaçant son bouclier au-dessus de sa tête. Le dragon tenta une nouvelle fois de le rôtir mais sans succès. Il replongea alors dans un trou.
Le chevalier était conscient que son unique chance de le toucher était de l'intercepter au moment où il émergerait mais par où allait-il ressortir ? Tout à coup, la lave bouillonna dans l'un des trous et il s'y précipita juste à temps pour voir la tête du dragon sortir. Un coup de masse suffit à assommer le dragon puis l'Elfe s'acharna sur lui à coups d'épée. Le monstre hurla et sortit totalement du trou, il tourna sur lui-même et se mit à vieillir à vue d'oeil. De Volvgagia, il ne restait désormais plus qu'un squelette.
Link prit le téléporteur qui le mena au sanctuaire des sages.
- Je suis Darunia, sage du feu. Tu peux le croire ça, mon frère ?
- C'est pourtant le cas.
- En tout cas, merci pour ton aide. Volvgagia avait réussi à me capturer et s'apprêtait à me dévorer lorsque tu es arrivé.
- A ton service mon frère.
- Oh ! J'allais oublier ceci, voici mon pouvoir.
Link reçut le médaillon du feu.
- Mon devoir est de rester ici. Je vais pouvoir me venger de Ganondorf... Eh ! Eh ! Pourras-tu prendre soin des Gorons pendant mon absence s'il leur arrivait quelque chose ?
- Bien sûr ! A condition que toi, tu t'occupes bien du sage de la forêt. Je tiens beaucoup à elle.
- Je te le promets mon frère. Bonne chance pour la suite !
Il se retrouva au village goron, Sheik alla à sa rencontre.
- Toutes mes félicitations mais je t'en prie, partons de ce village, je ne veux plus que l'on me parle de Goron pendant un très, très long moment.
- A ce point-là ?
- Tu ne t'imagines pas.

Sheik se révélait être un excellent cuisinier de fortune. Dans les plaines, autour d'un bon feu où rôtissait un poulet acheté en passant au village Cocorico, l'Elfe dégustait une purée de fruits pas très regardable mais succulente.
- C'est délicieux, mais où as-tu trouvé ces fruits, je ne t'ai pourtant pas vu les acheter.
- C'est Mido qui régale.
- Mido ?!
- C'est fou ce que tu peux obtenir des gens en le leur demandant gentiment et... avec un brin d'autorité.
- Je veux bien te croire. Ça a l'air cuit, non ?
Le Sheikah sortit une dague et en planta la pointe dans leur repas. Jugeant la chair suffisamment grillée, il découpa la volaille en morceaux et en tendit un bout au héros avant de se servir lui-même.
- Sheik ?
- Oui.
- Depuis que je te connais, il y a une chose que je me suis toujours demandé.
- Laquelle ?
- Qui est cette femme à qui tu as promis de ne pas prendre de risque ?
- ...
- Allons sois sympa. Est-ce qu'elle est jolie ? Oui, bien sûr sinon tu ne te serais pas engagé. Alors coquin, qui ?
- La noble Impa.
- Impa ?! Ce n'est pas vraiment mon type de femme mais on peut dire qu'elle est jolie dans son genre... et puis si tu les aimes comme ça, c'est ton choix, je n'ai pas à juger.
- Décidément tu ne comprends vraiment rien à rien ! Je n'aurais jamais dû répondre à ta question. Il ne s'agit pas d'amour, enfin si, mais pas celui auquel tu penses, disons que c'est plus filial. Excuse-moi, je vais m'occuper des chevaux.
Link alla s'asseoir sur une pierre se demandant si son ami lui en voulait.
Le ciel était parsemé d'étoiles comme lors de cette nuit terrible où il avait défié Aghanim. Une brise fraîche venant lui caresser le visage le fit grelotter. Il se recroquevilla sur lui-même et sentit l'ocarina du temps posé contre sa poitrine, il le sortit et l'observa attentivement. Pourquoi Zelda le lui avait-elle confié ? Sans doute au cas où elle se ferait capturer afin que Ganondorf ne mette pas la main dessus. Il ne l'avait vue que deux fois dans cette vie et pourtant il ressentait un amour sans bornes pour elle, il avait envie de goûter à nouveau à ses baisers si doux, à ses suaves caresses... Il soupira.
- A coeur qui soupire, coeur aimant.
- Je suis désolé si je t'ai vexé tout à l'heure.
- Ce n'est rien. A qui penses-tu ?
- A Z... A une jeune Elfe.
- Je vois de qui tu veux parler, ne t'inquiète pas. L'aimes-tu vraiment ?
- Plus que tout au monde.
- Alors dès que tu la verras n'hésite pas à le lui dire. Bonne nuit, mon ami, je te laisse à tes pensées.
Le héros embrassa le bec de l'instrument et se mit à jouer un air triste et mélancolique. Peut-être était-ce parce que la mélodie reflétait des sentiments profonds ou peut-être parce que l'ocarina était magique, mais la lune stoppa sa progression dans le ciel et le temps sembla s'arrêter pour écouter. Il finit par regagner sa litière en face de celle de Sheik qui dormait déjà, tard dans la nuit. Ce soir-là, il rêva de sa princesse et d'une journée au bord d'un lac.

- Nous y voilà, dit Sheik avec soulagement devant la cascade. Link, il faut que je t'avoue quelque chose, Ganondorf a aussi maltraité les Zoras car ils refusaient de rejoindre son armée. Aussi, de colère, il a plongé le domaine Zora dans un hiver perpétuel. La température est subitement devenue très basse et l'eau a gelé. Certains ont réussi à fuir mais la plupart se sont fait cryogéniser. Je suis tout de même parvenu à sauver la princesse Ruto avant que tout cela ne se produise et l'ai conduite au temple de l'eau.
- Elle est le sage de l'eau, c'est cela ?
- Oui. Quant au roi Zora, son poids a été une vraie calamité pour lui car il n'a pas pu fuir, mais cela l'a aussi sauvé car, trop gros pour être congelé, le roi sombre l'a juste emprisonné par un sort. Personne ne pourra donc nous ouvrir la chute d'eau du moins si nous nous servons d'un instrument traditionnel...
- Je possède l'ocarina du temps.
- Essayons.
Link joua le chant de la famille royale et, effectivement, la cascade s'ouvrit sous son ordre. Ils purent ainsi entrer dans le Domaine Zora. L'Elfe s'était attendu à tout sauf à ce qu'il avait sous les yeux. L'eau avait totalement gelé, des stalactites et des stalagmites apparaissaient par endroit et il neigeait. Il frissonna, c'est vrai que la température était très basse. Mais la chose la plus poignante qu'il remarqua fut l'absence totale de vie : ils étaient les seuls éléments qui se mouvaient.
Parvenant à la salle du trône, ils découvrirent le roi Zora, immobile, emprisonné dans une sorte de gelée rouge. Le héros tenta de l'en extraire avec son épée, rien à faire. Certes la lame s'y enfonçait mais la coupure ainsi créée se refermait aussitôt.
- Arrête, cela ne sert à rien.
- Mais on ne peut pas le laisser ainsi ! Link sentait la colère monter en lui.
- C'est vrai, je suis d'accord, mais la force ici ne sert à rien, il faut vaincre la magie par la magie. Il existe dans la fontaine Zora, une grotte dans laquelle on trouve une flamme bleue, elle seule peut faire fondre cette gelée.
- Eh bien qu'attendons-nous pour aller en chercher ?
- Que tu ôtes ton épée de là.
- Tu te trouves drôle ?
- Non, mais parfois tu as des questions vraiment stupides...
Tout en continuant à se chamailler gentiment, ils passèrent derrière le roi et parvinrent à la Fontaine Zora. Ici, l'eau était beaucoup trop profonde pour être totalement gelée en plus du fait qu'elle subissait la chaleur du soleil. Cependant, il y avait de gros blocs de glace qui flottaient à la surface et étrangement, l'un d'eux avait la forme du grand JabuJabu. Ils s'en servirent pour atteindre la grotte en question. Ils arrivèrent dans une vaste excavation.
- Le gisement de flammes bleues se trouve de l'autre côté de ces stalagmites.
- Alors on a qu'à s'en débarrasser ! proposa l'Elfe en dégainant son épée pour sectionner la glace gênante.
- Non, attends !
Trop tard... Les stalactites, mal ancrées au plafond tombèrent dérangées par les ondes provoquées par les coups. Sheik eut juste le temps de se jeter sur Link, lui évitant ainsi d'être empalé. Glissant sur le sol gelé, ils furent projetés sur la paroi opposée, loin du drame qui avait failli se produire.
- Merci.
- Il n'y a vraiment pas de quoi, mort, tu ne sers pas à grand-chose.
- Cela doit être ta façon de me dire que tu m'aimes bien malgré mes questions stupides...
- On peut voir ça comme ça.
- Et puis au moins comme ça, la route est dégagée.
Sheik s'empara d'un peu de flamme bleue qu'il transporta, au grand étonnement de Link, dans une bouteille de verre, puis ils s'en retournèrent au près du roi zora. Le Sheikah libéra alors la flamme qui, en se multipliant, fit fondre la gelée, délivrant ainsi le Zora.
- Ah ! Enfin libre. Nous te remercions.
- De rien roi Zora, je ne faisais que mon devoir, répondit le Sheikah.
- Nous aimerions savoir ce qu'il est advenu des autres Zoras et de notre précieuse Ruto.
- Les autres Zoras sont prisonniers des glaces, quant à votre fille, elle est au temple de l'eau.
- Bien. Il nous semble que tu ne peux respirer sous l'eau comme les nobles Zoras. Nous t'offrons cette tunique en guise de remerciement.
- C'est un honneur de recevoir ce cadeau de vous, Majesté, mais si vous le permettez, il serait préférable de la donner à mon ami ici présent car c'est à lui qu'incombera la périlleuse tâche de porter secours à votre fille.
- Si tel est ton désir.
Ils se retirèrent et appelèrent leur monture afin de se rendre au lac Hylia.

Contrairement à ce que son nom pourrait laisser supposer, le lac Hylia n'est pas alimenté par l'Hylia, mais par la rivière Gerudo. Les rives de ce lac sont très fertiles mais il n'y a pourtant aucun village qui s'est développé sur son bord à cause de la proximité du territoire des voleuses. Cependant, il est tout de même exploité par un vieux savant à l'allure repoussante et aux habitudes alimentaires répugnantes mais qui ne ferait pourtant jamais de mal à personne, du moins, pas sans son consentement. On y trouve aussi un homme qui avait aspiré à devenir marin mais qui, à cause du mal de mer, avait dû se reconvertir dans la pêche.
Par les temps qui courent, le lac était fermé au public pour des raisons de sécurité mais cela n'empêcha pas les deux amis de franchir les grilles qui en bloquaient l'accès grâce aux puissants bonds de leurs chevaux. Bien que l'Elfe s'y soit rendu quelques temps auparavant et qu'il savait pertinemment ce qui était arrivé, il ne put rester insensible au spectacle désolant qui s'offrait à ses yeux. L'eau était à son niveau le plus bas submergeant à peine le temple de l'eau qui se trouvait sous l'île centrale. Partout ailleurs, ce n'était que gadoue où s'enlisaient des centaines de poissons morts qui répandaient dans l'air une odeur putride. Ils parvinrent assez facilement à l'îlot central grâce à un pont qui heureusement, tenait encore debout. Link mit sa tunique et se retrouva dans l'eau après avoir effectué un magnifique plongeon.
- Sheik, répète-moi encore que cette tunique me permet de respirer sous l'eau.
- Ne t'inquiète pas, tout ira bien.
- Tu en as de bonnes toi, tu vas tranquillement rester ici alors que moi je vais aller risquer ma vie pour une petite peste. Et ce qui me rassure encore moins c'est que les Zoras sont vraiment nuls en magie.
- Premièrement, il faut que tu comprennes que Ruto n'a pas toujours eu une vie facile. Etant le seul enfant de sa génération, elle a dû grandir seule. Son père lui a donc passé tous ses caprices ce qui, je te l'accorde, n'a pas arrangé son caractère. Et n'oublie pas qu'il est difficile de grandir sans mère. Crois-moi, une fois qu'on la connaît mieux, elle mérite vraiment l'amitié.
- Désolé, je ne savais pas.
- Deuxièmement, aie confiance en ta tunique, je peux même te dire qu'elle fait déjà effet.
- Je ne suis pas en train de me transformer en Zora, hein ? s'écria Link soudain affolé.
- Prends garde, tu recommences avec les questions stupides. Voilà maintenant cinq minutes que tu te trouves dans l'eau et tu n'as toujours pas remarqué que tu n'étais pas mouillé.
- Oh, c'est vrai, tu as raison...
- Maintenant tu plonges !
Vaincu mais toujours pas convaincu, il s'enfouit sous les flots et passa le seuil du temple de l'eau. Il nagea le long d'un couloir et se précipita vers le haut lorsqu'il vit de la lumière. Inspirant goulûment car il n'avait toujours pas voulu essayer sa tunique, il se hissa sur le bord et observa le temple. L'élément liquide conduisait vraiment mal la magie, aussi le temple n'avait-il que peu souffert de l'influence néfaste de Ganondorf, du moins à ce qu'il pouvait en juger. La structure de ce bâtiment était à la fois simple et complexe, une colonne creuse qui partait du sol et venait se coller au plafond était entourée de deux passerelles correspondant au niveau des étages incrustés dans la paroi. L'eau et Link se trouvaient au premier étage, en levant la tête, il aperçut un passage différent des autres et se dit que c'était certainement par-là qu'il devait se rendre. Mais avant tout il fallait trouver Ruto ou au moins une manière de faire monter l'eau afin de rendre le second étage accessible. Il retourna dans l'eau et plongea vers le rez-de-chaussée. Au bout d'un peu plus d'une minute, il se retrouva sur le sol sablonneux et entra dans un couloir.
Il lui fallait rapidement en voir le bout car l'air commençait à lui manquer mais plus il s'y enfonçait, plus le boyau se prolongeait. Ses poumons le brûlaient, de petits points blancs dansaient devant ses yeux et le sang battait dans ses tempes. Il savait ce qui allait lui arriver : le manque d'air provoquerait le réflexe de l'inspiration mais ce n'est pas l'oxygène qui envahirait ses poumons mais bel et bien de l'eau, ce qui le tuerait. Il était beaucoup trop tard pour faire demi-tour. Là ! De la lumière ! Malheureusement ce n'était qu'un reflet. Découragé, il fit ses adieux au monde et inspira... de l'air ? C'est à ce moment précis qu'il comprit deux choses fondamentales. La première est que l'heure de sa mort était différée. La deuxième est qu'en réalité, les tuniques Zora entouraient leur porteur d'une mince pellicule d'air sans cesse renouvelé. Il se trouvait à présent ridicule de ne pas avoir fait confiance au peuple de l'eau et d'en avoir subi un inconfort certain.
Après avoir attendu quelques instants que sa tête arrête de bourdonner et que son coeur se calme, il reprit sa route et arriva au bout du couloir pour tomber nez à nez avec Ruto.
- Je te connais toi, c'est toi qui es venu chercher le Saphir Zora. Quel est ton nom déjà ?
- Link.
- Ah oui, je m'en souviens maintenant. Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Je suis venu vous sauver.
- Me sauver ? C'est vraiment trop chou de ta part, mais je n'ai vraiment pas besoin d'être sauvée. Néanmoins, puisque tu es là, autant que tu serves à quelque chose. Vois-tu mon peuple est prisonnier des glaces et mon père...
- Je sais déjà tout cela et ne vous inquiétez pas pour votre père, il va très bien, Sheik l'a délivré de sa prison.
- Vraiment ?
- Oui, c'est le roi lui-même qui m'a offert cette tunique.
- Sheik est un vrai ange gardien pour ma famille... Link, pour sauver mon peuple, il faut tuer la bête qui a absorbé toute l'eau du lac. Peux-tu t'en occuper pendant que moi j'assainirai toutes les salles du temple ?
- Très bien.
- Le temple a été en partie construit par des Hyliens, tu trouveras donc des endroits où modifier le niveau de l'eau. Et maintenant, dépêchons-nous.
Le héros observa la silhouette gracieuse de la princesse zora s'élever par une ouverture au plafond et la rejoignit mais, quand il se retrouva à l'air libre, elle avait disparu. Il passa la porte et se tint devant la tour. Il s'en approcha, en fit le tour jusqu'à se retrouver devant une porte et s'y rendit.
Il se trouvait dans une salle où il n'y avait qu'un interrupteur et un petit jet d'eau. Il actionna le cristal et le jaillissement devint un geyser qui monta par un trou au plafond. Au bout de quelques secondes, tout revint à l'état normal. Il barbota sur l'eau et sortit son arc. Il visa le cristal mais, au moment où il allait tirer, il sentit une douleur fulgurante lui déchirer le dos avant que le sol ne vienne à la rencontre de sa tête, à moins que ce ne soit le contraire. Sonné, il ne savait plus très bien. Il avait été en réalité mordu et poussé par un Araknon qui se préparait à ré-attaquer. La créature qui se tenait à mi-chemin entre l'araignée et le crabe sauta. Link profita de cet instant pour la pourfendre.
Vérifiant sa tunique qui heureusement n'avait rien, il remonta sur le geyser, décocha une flèche sur l'interrupteur et se fit propulser au second étage. Il passa une nouvelle porte et se retrouva dans un couloir ouvert et ne menant nulle part. De là, il apercevait l'ensemble du temple et il remarqua qu'il se trouvait juste sur la gauche du mystérieux passage. Enfin il vit que sur le mur était gravé le symbole de la Triforce. Il joua la berceuse de Zelda et, en réponse à son chant, le niveau de l'eau monta, atteignant le second étage.
Il retourna sur la colonne et se fit tracter vers le passage grâce à une statue et à son grappin. Il la contourna et franchit une nouvelle porte pour se retrouver dans un couloir très en pente traversé par trois lames. Il attendit que la première soit passée et commença son ascension. Le problème était que le sol était aussi glissant qu'une piste de bowling et il dérapa. Il effectua un salto arrière afin d'éviter la lame et se retrouva à son point de départ. Il fallait se déplacer rapidement afin de ne pas glisser. Calculant son timing, il passa les deux premières lames et sauta par-dessus la troisième, s'affalant lamentablement sur le sol mais au moins il était encore entier.
Il franchit une ultime porte. Il se trouvait à présent sur les bords d'une piscine dans laquelle dépassaient quatre piliers. Continuant son inspection, il frissonna en remarquant que les murs étaient hérissés de pointes. Ne voyant rien d'anormal, il s'aventura sur l'un des piliers.

Quelque chose avait changé, elle le sentait. Là, à la surface, il y avait quelque chose qui n'était pas là avant, elle en était sûre. C'était de dominante bleue, ça lui tournait le dos et cela bougeait. Ça ne lui plaisait pas du tout car, jusqu'à présent, il n'y avait qu'elle qui pouvait se mouvoir. Que lui avait dit son créateur et maître déjà ? C'était important, mais elle ne s'en souvenait plus. Elle allait se débarrasser de l'intrus et y réfléchirait plus tard. Sortant de l'eau, elle le domina de toute sa hauteur.

Le héros sauta rapidement sur le bord, cette chose était sortie brusquement de l'eau et l'avait surpris. Elle ressemblait à une amibe géante. L'un des tentacules s'approcha de lui mais il le trancha et découvrit ainsi que la créature n'avait pas seulement la couleur de l'eau, elle en avait la consistance. Une chose ronde et rouge différait du reste, c'était peut-être son coeur ou son cerveau, voire même les deux. Sortant son arc, il décocha une flèche mais le projectile ricocha sur la chair bleue.
Aussi, tandis qu'il visait, il ne remarqua pas le tentacule sournois qui le saisit et le secoua comme un hochet avant de le lancer contre un mur. L'Elfe eut juste le temps de placer son bouclier devant lui avant que l'impact n'ait lieu et qu'il ne sombre dans l'inconscience. Il reprit connaissance quelques instants plus tard et saisit son boulier qui possédait désormais la marque indélébile des pointes.

Il avait bougé, quelle audace ! Lorsqu'elle réglait son compte à quelqu'un c'était la moindre des choses de la part de sa victime de ne plus bouger. Il allait lui payer cet affront. De plus elle se souvenait des paroles du roi sombre, il avait dit : "Tue-le". Elle repartit à l'assaut.

Le héros se sauva loin des dangereux tentacules. Ses flèches étant inutiles, il tenta le tout pour le tout et sortit son grappin en espérant que celui-ci ouvre un passage lui permettant d'utiliser ses projectiles. Le résultat fut au-delà de ses espérances, non seulement, le grappin traversa la chair mais il lui rapporta en plus le précieux noyau. L'Elfe prit alors un malin plaisir à en faire de la charpie. Terrassé, le monstre rendit toute l'eau volée. Le chevalier n'eut alors plus qu'à se rendre au sanctuaire des sages.
- Je suis Ruto, sage de l'eau. Merci Link, tu t'es débarrassé de la bête et tu as délivré le lac Hylia de son influence. Quant à moi, je vais pouvoir libérer le Domaine Zora et mon peuple va pouvoir revenir.
- Je suis content pour vous.
- Héros du Temps, je t'offre mon pouvoir ainsi que toute mon estime.
Il reçut le médaillon de l'eau.
- Merci.
- Mon seul regret sera de ne pouvoir remercier Sheik de m'avoir sauvée. Pourras-tu le faire à ma place ?
- Bien sûr.

Le Sheikah sur les bords de son îlot observait le lac qui avait retrouvé beauté et sérénité d'antan. La pluie avait cessé et le soleil brillait à nouveau.
- Bravo Héros, tu es parvenu à libérer ce paisible lac.
A ce moment, l'Elfe de retour du sanctuaire, apparut dans son dos.
- Sheik ! J'ai un message de la princesse Ruto pour toi. Elle voulait te remercier de l'avoir sauvée des glaces.
- Je vois. C'est aussi pour elle que nous faisons tout ça. Link, nous touchons au but. Désormais quoi qu'il advienne, jamais il ne faudra abandonner.
- Bien sûr, de toute manière, il n'a jamais été question d'abandonner.
Une brise se leva. Link aurait juré qu'il y percevait un murmure et Sheik, vu son expression, l'entendait aussi. Enfin le vent chuta aussi vite qu'il était apparu.
- Link, on se retrouve à Cocorico.
- Mais pour...
Il n'eut pas le temps d'achever sa phrase car un éclair l'aveugla quelques instants et, lorsqu'il recouvrit la vue, il était seul.
- Décidément, à chaque fois que je pense avoir cerné le personnage, il me réserve une nouvelle surprise qui vient tout chambouler.
Il sortit du lac et laissa Epona trottiner gentiment dans les plaines, après tout, pourquoi se presser, sa journée était finie. Du moins, c'est ce qu'il croyait. En arrivant en haut d'une colline, il put avoir vue sur les Montagnes de la Mort. De longues volutes de fumées grises s'élevaient du Mont du Péril et cela ne lui plut pas du tout. Ces fumées avaient un rapport certain avec le départ précipité de Sheik, il en était sûr, mais il lui semblait pourtant que ce territoire était sous l'influence de Darunia. Qu'avait-il bien pu se passer ? Il lança Epona au galop et accéléra encore lorsqu'il s'aperçut que la fumée ne venait pas du Mont du Péril mais du village Cocorico. Il y parvint moins d'une heure avant le coucher du soleil. Abandonnant sa monture, il grimpa rapidement les marches mais fut stoppé dans son élan par le spectacle infernal qui s'offrait à ses yeux. De longues flammes léchaient lentement les bâtisses et de partout des gens criaient, couraient en tout sens, les enfants pleuraient, les femmes s'affolaient et, comme insensible à cette foule gémissante, Sheik, absorbé par un autre monde, observait fixement un puits depuis longtemps à sec. L'Elfe accourut vers lui mais, au moment où il s'apprêtait à gravir les quelques marches qui le séparaient de son ami, celui-ci prit la parole sans se donner la peine de se retourner.
- Arrière, Link.
Le héros obéit et s'arrêta. Puis, tout se passa très vite. Un bruit d'explosion retentit et une créature invisible, mais pourtant parfaitement réelle, sortit du puits en détruisant la poulie, saisit le Sheikah, le balança en tout sens, telle une vulgaire poupée de chiffon et le jeta. L'homme percuta rudement le sol d'une manière qui faillit lui briser la nuque. La chose, quelle qu'elle soit, s'en fut, mais pas pour longtemps car elle fit demi-tour. En se concentrant, Link était capable de la percevoir comme une sorte de variation dans l'air, il se plaça devant son ami sortant bouclier et épée. Il y eut une collision puis le noir total. Lorsqu'il revint à lui, il vit le visage du Sheikah, penché au-dessus du sien.
- Bien tu reviens à toi.
Il se redressa péniblement et attendit que les choses redeviennent claires à son esprit. Il faisait encore jour donc il n'avait perdu connaissance que quelques minutes. Autour de lui, les habitants s'étaient organisés et tentaient de maîtriser le feu en faisant une chaîne de seaux d'eau. Son bouclier, qui était déjà assez mal en point après son dernier combat, était devenu totalement inutilisable. Puis enfin il s'intéressa à son ami.
- Mais que s'est-il passé ?
- Une chose affreuse. Il y a bien longtemps, le monstre de l'ombre, BongoBongo, terrorisait la population. Cette créature se repaissait de la peur des gens et était, par conséquent, d'une puissance telle qu'il était impossible de l'éliminer. Néanmoins son règne de terreur devait cesser. Le peuple Sheikah, après un rude combat, était parvenu à l'enfermer dans ce puits où la créature perdit peu à peu son énergie. Cependant mon peuple n'a pas voulu prendre le risque de le libérer afin de l'éliminer pour de bon. Toujours est-il que depuis sept ans, la créature rassemble les ondes maléfiques de Ganondorf et qu'aujourd'hui, elle est parvenue à s'échapper. Ce n'est pas tout Link, Impa est allée au temple de l'ombre et avec BongoBongo dans les parages, elle est en grand danger.
- Sheik, te rends-tu compte de ce que tu me demandes ? Aujourd'hui on a escaladé les montagnes pour aller au domaine zora, j'ai failli me faire empaler, on s'est ensuite rendu au lac Hylia qui est à l'extrême opposé de là, j'ai combattu une amibe géante, ensuite il m'a fallu retraverser Hyrule et enfin je me suis fait assommer par un monstre que je n'ai même pas vu !
- Je le sais bien mon ami, mais ce monstre est différent de tout ce que tu as rencontré jusqu'à présent. Cette créature existait bien avant que le roi sombre ne vienne au monde et elle a donc une vie et une volonté propre. Link, elle est emplie de vengeance... Impa doit au moins être mise au courant. Demain, il sera trop tard, elle aura retrouvé toute sa puissance et Impa ne sera plus.
L'Elfe lut une détresse si profonde dans l'oeil de son ami, qui d'habitude était si stoïque, qu'il en fut déconcerté.
- Très bien, mais peux-tu me dire comment me débarrasser d'une chose que je ne suis même pas capable de voir ?
- Merci, merci énormément... Il faut que je te prévienne de certains détails, les Sheikahs ont mis en place de nombreux pièges afin de se débarrasser d'éventuels curieux. Des pièges mortels... Tu n'es pas Sheikah, tu ne pourras les voir, à moins de te servir de ceci, c'est le monocle de vérité, il te montrera toujours la réalité, n'hésite pas à t'en servir.
- Tu ne me rassures pas vraiment... Où se trouve le temple ?
- Va au cimetière. Lorsque tu arriveras devant la tombe royale, lève la tête. Pendant ce temps, je vais m'occuper du village.
Link se dirigea vers la maison des morts et ne se retourna qu'une seule fois pour voir son ami tirer six notes rapides de sa harpe. Aussitôt, de gros nuages gris tourbillonnèrent au-dessus du village et une pluie drue se mit à tomber, éteignant les flammes.

Zigzaguant entre les sépultures, Link parvint au tombeau royal sur lequel était gravée une Triforce et, suivant le conseil de son ami, il leva la tête. Sur la falaise au-dessus de lui se trouvait une barrière qu'il atteignit grâce à son grappin puis il pénétra dans le temple de l'ombre.
C'était la première fois qu'il mettait les pieds dans un lieu Sheikah et il observa donc les lieux avec curiosité. Il était dans une pièce circulaire aux murs noirs, au centre de laquelle un socle était entouré de dizaines de flambeaux. Il se dit que s'il parvenait à les allumer, il y verrait peut-être mieux. Se plaçant sur le socle, il prépara un sortilège.
- Din, prête-moi ton feu puissant.
Aussitôt, un dôme de feu apparut au-dessus de Link et lorsqu'il écarta les bras, la flambée se propulsa dans toute la pièce, allumant toutes les torches. Les murs demeurèrent dans l'obscurité, mais il put distinguer une porte vers laquelle il se dirigea.
Il se trouvait dans une pièce coupée par un ravin. Au-dessus de ce précipice, une statue représentant la tête d'un oiseau, qui devait être un héron, avec le bec ouvert, offrait un passage praticable. Il sauta et se rattrapa de justesse au bord sur lequel il se hissa en tirant sur ses bras. Il parvint ainsi dans un couloir. A ce moment, les voix, ces centaines de voix désincarnées qui au début n'étaient qu'un murmure inaudible, se firent de plus en plus fortes et il put enfin distinguer le sens de leur refrain.
"Le temple de l'ombre,
Là où reposent toutes les légendes d'Hyrule.
Là où elles prennent vie.
Les Sheikahs, le peuple de l'ombre servant la lumière,
Ils sont la partie obscure de chaque être.
Toi qui oses pénétrer ces lieux,
Sauras-tu distinguer la vérité du mensonge ?"
Il avançait lorsque soudain, il heurta quelque chose avant d'être projeté en arrière. Il n'y avait pourtant rien devant lui. Il eut alors l'idée d'essayer son monocle. Une araignée géante lui apparut. S'en débarrassant, il continua son périple en prenant garde de vérifier la voie après chaque embranchement. Il arriva ainsi devant une patte d'oie et opta pour le chemin de droite. Dans ce nouveau chemin, de nombreuses guillotines étaient en action, fendant l'air dans un raclement macabre. Il calcula son timing et parvint à passer, il ne sut trop comment, en un seul morceau.
L'atmosphère qui régnait dans le temple l'oppressait au plus haut point, et les voix mêlées à sa fatigue lui faisaient perdre en efficacité. Il parvint dans une nouvelle salle totalement vide, mis à part quelques poutres effondrées sur le sol qui témoignaient du passage de BongoBongo, signe qu'il était sur le bon chemin.
Il allait continuer mais se retint : décidément cette salle lui paraissait trop vide. Il prit son monocle de vérité et eut un haut-le-coeur. Au centre de la pièce, une statue représentant la mort faisait tourner deux longues faux tout autour d'elle. S'il avait fait un pas de plus, il aurait été littéralement coupé en deux. Attendant que la première lame soit passée, il se précipita et se mit à l'abri dans un renfoncement. Il allait repartir lorsqu'il remarqua derrière lui une dalle différente des autres. S'en approchant, il mit le pied sur un sol qui n'était qu'une illusion et fit une chute de plusieurs mètres.
Il se releva en massant ses muscles endoloris et observa les lieux. Il se tenait sur les berges d'un canal. Face à lui, un bateau dont la proue représentait la tête d'un héron, flottait sur une espèce de brume liquide qui n'avait absolument rien à voir avec de l'eau. Il grimpa sur l'embarcation mais rien ne se produisit, c'est alors qu'il vit le symbole de la Triforce gravé sur le pont. Il joua la berceuse de Zelda qui, jusque là, lui avait toujours porté chance et fut secoué lorsque le navire se mit en marche. La sensation désagréable qu'on l'observait vint le déranger mais il n'eut pas l'occasion d'y prendre garde davantage car, au moment où il pensait avoir un peu de répit, il se fit attaquer par deux squelettes armés. Il était épuisé et ne parvenait pas à se concentrer. Ses ennemis quant à eux étaient en pleine forme et il se fit toucher de nombreuses fois avant d'en venir à bout.
Le bateau accosta mais, alors qu'il voulait souffler un moment, l'embarcation commença à sombrer et c'est à peine s'il eut le temps de passer sur le quai. Il était si las qu'il ne sentait pas ses blessures. Ce n'était pas normal, que lui arrivait-il ? Il était sur une plate-forme encadrée par la brume d'un côté et par du vide de l'autre. Il était coincé car le monstre de l'ombre avait pris soin de détruire le pont qui menait de l'autre côté. S'en fut trop pour lui. Il tomba à genoux sur le sol. Ce vide... il était si sombre et semblait mener droit aux enfers, il en avait une peur panique. Il se prit la tête entre les mains et hurla :
- Taisez-vous ! Ça suffit ! Taisez-vous ! par pitié...
Mais les voix, plus tonitruantes que jamais, étaient si puissantes qu'il ne les comprenait plus. Il voulait se taper la tête contre un mur mais n'en eut pas la force, il était épuisé, son énergie le quittait, remplacée par un froid cruel et mordant qui pénétrait jusqu'au plus profond de ses entrailles. Le vide l'appelait, les voix, le froid, la fatigue... la vie était en train de s'échapper de son corps. Alors qu'il s'abandonnait peu à peu au baiser de la mort, il entendit distinctement la voix de Sheik.
Sheik : Lève-toi ! Ouvre-les yeux et tout cessera.
- Je ne peux pas, c'est trop dur.
Saria : Link, tu m'as promis Link, je t'en prie n'abandonne pas.
- Pardon, pardon Saria...
Darunia : Debout mon frère, sois digne de ton rang.
- Je ne peux pas ! Je ne peux pas...
Ruto : Allons debout, cesse de lambiner et prends un peu sur toi !
- C'est trop tard, je meurs.
Rauru : Allons héros, ta quête touche à sa fin, n'abandonne pas.
- Pardon, pardon à tous...
Zelda : Link, tout ceci n'est qu'une illusion, le temple rejette ta présence, mais tu peux être plus fort que lui, tu en as le courage...
- Zelda ? Tout n'est qu'illusion ?
Sheik : Ouvre-les yeux et tout cessera...
Dans un ultime effort de volonté, il ouvrit les yeux. Aussitôt, les voix se turent, le froid s'envola et sa peur du vide le quitta. Il régnait à présent dans le temple un silence bienfaisant. Une nouvelle force s'empara de lui, il allait continuer et ne plus abandonner.
Au loin, Sheik tomba à genoux en haletant.
Sur l'autre bord, Link remarqua une colonne où était sculpté le héron. A son pied, quelques choux-pêteurs avaient poussé. Calculant approximativement la taille de la colonne et celle du précipice, il se dit qu'elle pourrait très bien lui servir de pont. Il décocha une flèche sur l'une des plantes explosives, provoquant une réaction en chaîne. Brisée à sa base, la statue bascula vers l'avant et vint s'enfoncer au pied de Link en enjambant le vide. Le héros n'eut plus qu'à traverser et à franchir une porte.
Il se retrouva dans une pièce bleue, percée en son centre par un trou béant. Soupirant car il n'y apercevait rien, le chevalier s'aventura dans le trou. Il fit une chute vertigineuse et crut sa dernière heure venue car il avait beau être un Elfe, tomber d'une telle hauteur lui serait fatal. Du moins s'il était entré en collision avec un sol dur et non mou comme celui sur lequel il venait de rebondir.
Il avait atterri sur un tambour aussi large qu'une arène. Face à lui, deux mains géantes battaient le tempo. Les vibrations le faisaient rebondir et il fut très difficile de toucher la première main avec une flèche pour l'immobiliser.
En réponse à cela, la seconde paluche tenta de l'écrabouiller mais il y échappa grâce à un second projectile. Quelque chose fonçait sur lui mais il ne le voyait pas, utilisant son monocle il constata avec horreur qu'un oeil rouge le chargeait. Il tira une flèche et la chose ne s'immobilisa qu'à un mètre de lui. La frappant avec son épée, il ne parvint qu'à la rendre plus en colère encore. BongoBongo recommença à frapper le tambour.
Link était épuisé car l'utilisation du monocle lui pompait beaucoup d'énergie et il ne lui restait plus que quatre malheureuses flèches. Il tira la première mais les rebonds lui firent manquer sa cible, la seconde fut la bonne. Comme il l'avait fait précédemment, le monstre de l'ombre tenta d'écraser le chevalier mais la troisième flèche l'en empêcha. Il se mit alors à charger mais la dernière flèche l'assomma. Il ne servait à rien de frapper l'oeil avec l'épée, l'Elfe tenta alors un autre moyen de le percer. Prenant son arme à deux mains, il enfonça sa lame dans l'orbite de toutes ses forces avant de la retirer d'un geste vif.
La créature hurla et se mit à taper la peau du tambour de manière frénétique puis le tempo ralentit peu à peu et s'arrêta. Le monstre devint un nuage de particules noires et fondit. BongoBongo, le monstre de l'ombre n'était plus.
Boitillant, le héros, mal en point, s'avança sur le téléporteur.
- Je suis Impa, je m'éveille à la conscience de sage de l'ombre. Merci Héros du Temps, tu m'as sauvée et je te confie mon pouvoir.
Il reçut le médaillon gravé du symbole de l'ombre.
- Merci Impa.
- Je dois rester ici à présent, je ne peux donc plus protéger la princesse comme il se doit. Je te la confie Link.
- C'est un grand honneur mais comment pourrais-je prendre soin d'une personne alors que je ne connais pas l'endroit où elle se trouve.
- Elle viendra bientôt à toi, ce n'est plus qu'une question d'heures maintenant. Je peux néanmoins te dire que durant ces sept années elle était en compagnie des Sheikahs dans la Vallée Gerudo.
- Dans la Vallée Gerudo ?! Jamais je n'aurais pensé la trouver là-bas.
- Pas plus que Ganondorf mais il ne sert à rien de t'y précipiter, car elle n'y est plus.
- Je vois, encore une fois je serai le dernier à être au courant. Le pire c'est que votre fils, lui, doit parfaitement être au courant de l'endroit où elle est.
- Mon fils ?! Mais je n'ai pas d'enfant.
- Sheik n'est pas votre fils ?!
- Bien sûr que non. Que t'a-t-il dit exactement ?
- Qu'il avait une sorte de lien filial avec vous.
- Alors je comprends. Je suis son mentor et chez les Sheikahs, un lien très fort uni Maître et élève. C'est ce qu'il a voulu te faire comprendre.
- Je vois.

Le Sanctuaire des Sages était un lieu atemporel où le temps semblait s'arrêter. Pendant son entretien avec Impa, Link avait donc oublié coups et blessures mais maintenant qu'il se retrouvait au cimetière et qu'une pluie fine et pénétrante le frigorifiait, ils le rappelaient à l'ordre.
Sheik soutint son ami et le conduisit à l'auberge. Bien qu'il soit tard dans la nuit, la porte était restée ouverte spécialement pour eux. Ils montèrent dans une chambre avec lits séparés. L'Elfe s'étendit sur l'un tandis que le Sheikah s'affairait à le soigner. Ses paupières lui semblaient très lourdes et il s'endormit.
Lorsqu'il s'éveilla, le matin perçait à la fenêtre mais pour la deuxième fois depuis qu'il avait fermé les yeux. Il avait dormi une journée entière. Il était seul dans la chambre. Il se leva et passa dans la salle de bain. Il ne savait pas exactement ce que le Sheikah lui avait fait mais il ne portait plus aucune marque de coups et n'avait mal nulle part.
Il entra avec délice dans le bain chaud qu'il venait de se faire couler et y resta environ une heure. Enfilant sa tunique verte, il allait sortir à la recherche de son ami, quand l'intéressé entra.
- Bien, tu es réveillé... et propre. Comment ça va ?
- Très bien, tu as fait du bon boulot... Sheik ? Merci...
- Merci, mais de quoi ?
- Tu sais bien, dans le temple...
- Oh ! ça...
- Tu savais ce qui allait m'arriver, n'est-ce pas ? Je veux dire, juste avant tu m'avais fait promettre de ne pas abandonner.
- Non je ne savais pas, mais j'étais parfaitement au courant que des esprits faibles y étaient devenus fous et s'étaient laisser mourir, mais cela ne devait pas t'arriver. Les liens de l'amitié sont très forts, beaucoup plus forts que n'importe quelle magie...mais ne parlons plus de ça. Tu dois avoir faim, non ?
Un gargouillement provenant du plus profond de l'estomac de l'Elfe se fit entendre en guise de réponse. Ils descendirent dans la salle à manger et le héros avala une telle quantité de nourriture qu'il faillit en être malade. Enfin, ils quittèrent Cocorico et se dirigèrent vers la Vallée Gerudo car Link se sentait capable d'aller éveiller le sage de l'esprit.
Ils parvinrent au canyon désertique dans le début de l'après-midi mais s'arrêtèrent avant de pénétrer dans la forteresse des voleuses.
- Link, je suis capable de passer inaperçu, mais toi...
- Hé ! Qu'est-ce que tu veux insinuer par-là ?
- Je dis juste qu'il te sera impossible de rejoindre le désert sans te faire remarquer.
- T...
- Non, laisse-moi finir, tu me diras tout le bien que tu penses de moi une autre fois. Les Gerudos sont de vraies amazones et elles n'acceptent pas les hommes... à moins que l'homme en question ne leur prouve sa valeur. Il aura alors la permission de circuler librement et pourra s'il le souhaite devenir le père de nouvelles petites voleuses. Tu devrais être capable de passer leur épreuve mais je te conseille de ne pas perdre de temps à faire mumuse avec ces filles et de t'attaquer au désert.
- Je me bats et je n'ai pas de récompense, tu es dur.
- Fais ce que tu veux mais si une certaine jeune Elfe de ma connaissance me le demande, je lui avouerai tout.
- Argument très convaincant. Bon, j'arrive au désert et là, qu'est-ce que je fais ?
- Il te faudra passer des sables mouvants, mais tu as le grappin, cela ne devrait pas te poser de problème. Ensuite, il faudra que tu suives une piste qui te mènera à une maison en ruines. Mais fais attention, en cette période de l'année, les tempêtes sont très fréquentes et ta visibilité sera par conséquent très réduite. Arrivé à la maison, suis le spectre, il te mènera au colosse du désert. C'est là que je t'attendrai... Link, à plus tard.
Il y eut un éclair et Link se retrouva seul. Il remonta sur Epona et s'aventura dans la forteresse, il fut aussitôt stoppé par plusieurs gardes. Les voleuses Gerudos étaient de très belles femmes aux cheveux roux et aux vêtements seyants.
- Oh doucement avec ces lances ! Je viens juste vous demander l'autorisation de passer dans le désert, je ferai ce qu'il faut pour ça.
L'une d'elles s'avança.
- Nabooru l'exaltée, notre chef, n'est pas là, elle s'est rendue au temple de l'esprit. Pendant son absence, c'est moi qui la remplace. Etranger, si tu veux passer, il faudra me battre en duel. Si tu gagnes, tu seras toujours le bienvenu ici mais si tu perds... Tu croupiras dans nos geôles pour avoir eu l'audace de défier les Gerudos dans leur propre territoire.
- J'accepte.
Les filles firent un large cercle autour des combattants. Link n'avait plus de bouclier et il devait esquiver rapidement s'il ne voulait pas se faire toucher. Cela lui coûtait beaucoup de mouvements et peu d'occasions de toucher son adversaire, mais par contre lui offrait beaucoup d'ouvertures. La Gerudo était munie de deux sabres à lame courbe et se battait avec une agilité remarquable, ses lames lui permettaient aussi bien d'attaquer que de se défendre lorsqu'elle les croisait. Le combat commençait à durer jusqu'au moment où Link feinta et parvint à envoyer l'un des sabres loin de la bataille. Ils étaient à présent à armes égales.
- Tu te défends pas mal pour un homme, tu m'impressionnes.
- Je te retourne le compliment.
- Tu fais le malin. Je vais te faire ravaler ton sourire !
Elle fonça sabre au poing mais Link recula légèrement au dernier moment et lui fit un croche-pied. La femme se vautra sur le sol et l'Elfe la menaça de son épée.
- Tu m'as fait un coup en traître.
- J'avoue, mais je suis pressé et on n'avait rien précisé au sujet des coups bas.
Elle rit.
- C'est bien ce que je disais, tu es un petit malin, mais tu as de la chance, je t'aime bien. Tu es désormais libre de te déplacer où bon te semble ... et de tomber amoureux de nos guerrières. Mais j'aimerais recommencer ce combat à l'occasion et sans coups bas cette fois.
- Avec plaisir.
Elle le conduisit elle-même aux portes du désert.

Link s'aventura dans le sable et se retrouva bien vite face aux sables mouvants. Il remarqua qu'une caisse de bois était posée de l'autre côté et il s'y fit tracter grâce à son grappin comme le lui avait conseillé Sheik. Le problème est que de ce côté de la mer de sable, une tempête s'était levée et il ne parvenait pas à voir plus loin que le bout de son nez. Il suivait très difficilement les nombreux poteaux qui lui montraient le chemin et mit environ une heure pour trouver la maison qui n'était pourtant qu'à cinq cent mètres de son point de départ. Il avait horriblement chaud et soif, sa bouche et ses yeux étaient emplis de sable.
Il entra dans la maison pour se mettre à l'abri. Il mit sa tunique rouge et se sentit tout de suite beaucoup mieux, il but sa gourde entièrement et l'abandonna mais prit auparavant soin d'humidifier un linge pour se débarrasser de tout ce sable. De nouveau frais et dispos, il ressortit de son refuge et tomba nez à nez avec un esprit.
- On m'a dit que tu pourrais me conduire au colosse du désert.
- C'est exact. Je t'y amènerai... si tu parviens à me suivre.
Et sans s'attarder, il commença sa route. La tempête s'était calmée, le ciel était bleu et ensoleillé. Sa tunique le préservait de la chaleur, il n'eut donc aucune difficulté à poursuivre le fantôme. Ils arrivèrent rapidement au Colosse du Désert. Le spectre émit un ricanement et disparut. Le Colosse du Désert était une immense statue qui renfermait le temple de l'esprit.
Il s'approcha de l'entrée et passa sous un dolmen avant de commencer à grimper les marches. A ce moment, Sheik descendit de son perchoir.
- Sheik !
- Tu y es tout de même parvenu. Link, voici le temple de l'esprit. Mais avant toute chose, je vais t'apprendre une mélodie qui te permettra de retourner au temple du temps. Voici le prélude de la lumière.
Il sortit sa harpe et en tira quelques notes. Link répéta la mélodie sur l'ocarina et l'apprit par coeur. Content de lui, il leva les yeux sur son ami et y lut une drôle d'expression.
- Quelque chose ne va pas ?
- Tout va bien mon ami. Je voulais juste que tu saches que même si j'ai parfois été un peu rude avec toi, ça a été un honneur de t'aider et j'apprécie vraiment ton courage et ton héroïsme à sa juste valeur.
Link eut un rire nerveux, cette tirade ressemblait beaucoup trop à des adieux à son goût.
- On fait ce qu'on peut. Pourquoi me dis-tu cela maintenant ? On aura tout le temps de le faire, plus tard, lorsque tout sera fini, dans une taverne.
- Ne fais pas semblant de ne pas comprendre. Tu es loin d'être idiot et je le sais très bien. Nous nous verrons encore une dernière fois puis il faudra nous dire adieu.
- Mais enfin pourquoi !
- La vie est ainsi faite. Maintenant va Héros... et bonne chance.
L'Elfe fit quelques pas vers le temple mais fit aussitôt demi-tour et enlaça le Sheikah.
- Link, tu ferais un mauvais Sheikah, tu es beaucoup trop sentimental.
Il se dégagea.
- Mais je ne suis pas Sheikah, je suis un Elfe et je n'ai pas peur de te dire que je t'aime bien et que tu vas me manquer.
- Ma destinée était de t'accompagner un bout de chemin et je trouve m'en être acquitté plutôt bien. Ma tâche est désormais accomplie et on a plus besoin de moi. Mais ne t'inquiète pas tu ne perdras pas au change.
Link allait répondre qu'une fois de plus, il ne comprenait rien au sens de ses paroles mais un vent de sable passa entre eux et lorsqu'il se coucha, Sheik avait disparu.
Ainsi, c'est le coeur gros que le héros du temps, à nouveau seul, pénétra dans le temple de l'esprit.

Deux statues de serpent encadraient les quelques marches que Link franchit. Arrivé en haut, il découvrit une jolie jeune femme qui semblait préoccupée. Elle avait de longs cheveux roux et de nombreux bijoux ornaient sa peau hâlée.
- Hé ! Toi ! Qu'est-ce que tu fais là ?
- Moi ? pas grand-chose, je me balade.
- Tu te balades ?! Bien vois-tu tandis que Monsieur se balade, y en a qui ont des choses importantes à faire. Alors soit tu te rends utile, soit tu déguerpis ou sinon tu recevras les foudres de Nabooru.
- D'accord je vais t'aider.
- Euh... très bien, quel est ton nom ?
- Link.
- Link ?! Tes parents avaient vraiment le sens de l'humour. Mais avant tout, je voudrais savoir ce que tu penses de Ganondorf.
- Je le hais !
Il avait parlé sans réfléchir et se mordit la langue car il venait de proférer ces mots devant un membre de la race du seigneur du malin.
- Quelle fougue ! Eh bien, nous serons au moins deux à le détester. Vois-tu, les Gerudos sont une race constituée uniquement de femmes, sauf tous les mille ans lorsqu'un garçon nous vient. Nos lois sont claires, ce garçon deviendra notre roi. Ganondorf est donc devenu roi des Gerudos. Tu sais, nous sommes des voleuses honnêtes et nous ne dérobons que les plus riches et cela sans faire de mal à nos victimes. Mais lui et ses acolytes sont sans foi ni loi et vont même jusqu'à commettre des meurtres ! Dans ce temple, sont installés ses deux généraux les plus fidèles, il s'agit d'un couple de sorcièrex. Je voulais m'emparer de la seule arme capable de les vaincre et les renvoyer en enfer mais je ne peux être à la fois dans le temple et ici à monter la garde. C'est pour cela que j'ai besoin de toi. Tu vas rester ici et me prévenir en cas de danger, en échange, je t'offre ces précieux gantelets d'or.
- Très bien, j'accepte mais c'est toi qui restes ici.
- C'est hors de question.
- Tu n'as pas vraiment le choix, si tu ne me laisses pas y aller, je te laisse seule et tu te retrouveras à ton point de départ.
- D'accord, dit-elle d'un ton acide, comme promis voici les gantelets.
Elle offrit une paire de gantelets faits avec du fil d'or et sur le plat, un rubis de la couleur de sa tunique.
- Merci. Que dois-je chercher ?
- Le bouclier miroir.
Il s'engagea dans une première salle dans laquelle il n'y avait rien d'intéressant et passa une nouvelle porte pour arriver dans une pièce immense et très haute. Sur le mur de droite, deux escaliers menaient à des portes près du plafond et sur le mur de gauche une énorme statue représentant une déesse qui devait probablement être Din, assise en tailleur, dans une tenue gerudo et présentant ses mains paumes vers le haut. C'était la réplique exacte du colosse du désert. Il l'observa attentivement tandis qu'il montait les nombreuses marches. Il parvint finalement à la porte qu'il franchit. Et il s'arrêta net devant un gros problème.
Devant lui se tenait un hache-viande. Il ne connaissait que trop bien ces créatures : tant que l'on ne les touchait pas, elles restaient endormies sur leur trône de pierre mais si par malheur, elles s'éveillaient... leur nom était totalement justifié. Un seul coup de hache était mortel. Link passa à pas de loup derrière le siège et se retrouva devant une porte munie de grilles. Plus de doute, s'il voulait passer, il devrait mener le combat. Il recula jusqu'au fond de la pièce pour être le plus loin possible du géant et lui envoya une flèche. La créature se réveilla et émit un grognement, puis elle saisit sa hache à double tranchant et se dirigea vers l'Elfe. Sa puissante armure ne lui permettait pas de se déplacer rapidement et c'était là, la chance du héros. Il s'approcha du monstre et le frappa à l'épée puis se baissa bien vite pour éviter les lames. La plupart du temps, il passait derrière son dos, le cognait et partait avant qu'il ne se retourne. Au bout d'un moment, les morceaux d'armure tombèrent sur le sol, réduisant la défense de l'ennemi mais accroissant sa vitesse. Il s'échappa pour ne l'attaquer qu'à distance grâce à ses flèches. Bientôt vaincue, la créature s'effondra et la porte fut débloquée. Il la passa et se retrouva à l'extérieur, sur l'une des mains géantes.
Un coffre y était posé, il l'ouvrit et y trouva le bouclier miroir. Il avait rarement vu d'arme aussi belle, mis à part son épée de légende bien entendu. Il était épais et semblait pouvoir résister à n'importe quel coup, de larges bords d'un rouge métallique encadraient un miroir sur lequel étaient gravées une lune et des étoiles.
Un cri l'arracha à sa contemplation. Il s'avança sur les doigts de la déesse des sables et se pencha prudemment. Le cri avait été émis par Nabooru qui était en mauvaise posture.
- Non laissez-moi !
Complètement enfouie dans un trou noir, elle luttait de toutes ses forces. Autour d'elle, deux vieilles femmes rabougries, aux yeux globuleux et à cheval sur leur balai, ricanaient.
- Ces sorcières, elles utilisent leur pouvoir maléfique sur moi. Link ! sauve-toi !
Elle ne put en dire plus, sa tête disparue ainsi que la main qu'elle tenait désespérément en l'air.
- Bien, le seigneur Ganondorf va être content.
- Oui, cette jeune fille est pleine de fougue, elle nous sera très utile parmi nos rangs.
Leur forfait accompli, elles retournèrent dans le temple.
Link retourna dans la salle avec la statue. Il avait demandé à Nabooru de rester à l'entrée pour la protéger et voilà qu'elle s'était fait enlever. Il fallait la retrouver et vite.
Il redescendit les escaliers et remarqua que sous eux, face à la statue, il y avait une porte qu'il emprunta. Il pénétra dans un long couloir muni de marches qui ne semblaient jamais vouloir finir mais il parvint finalement à une porte. Il devait probablement se trouver dans la tête du colosse.
Un rayon de soleil passait par une large fenêtre et éclairait un monte-charge. Link s'y installa mais rien ne se produisit, c'est alors qu'il remarqua, sur le mur, un soleil aux yeux fermés. Il passa la porte opposée à celle par laquelle il était entré et se retrouva dans une pièce où un miroir incrusté dans une tête de serpent était éclairé par un rayon de soleil. Il fit tourner le miroir de façon à réfléchir le rayon vers un miroir semblable dans la pièce voisine et ainsi de suite pendant trois salles. Le dernier miroir refléta la lumière à travers une grille et le soleil fut illuminé. A ce moment, il ouvrit les yeux et le monte-charge se mit à descendre tout doucement.
L'Elfe accourut et sauta dessus. Lorsque la passerelle stoppa, il était de nouveau dans la sombre pièce de la statue. Il ne voyait pas grand-chose et fit refléter le soleil sur son bouclier afin d'éclairer certaines parties de la pièce. Lorsqu'il passa sur le visage de la déesse, celui-ci, dérangé par cette lumière agressive, commença à s'effriter et s'écroula, révélant une porte. Link s'y tracta grâce à son grappin et se retrouva dans une salle où les deux sorcières l'attendaient.
- Tu as vu Koume, il est parvenu jusqu'ici.
- Oui, Kotake, nous l'avons sous-estimé.
- Toi, débarrasse-toi de lui.
- Bien maîtresses.
Elles s'étaient adressées à un hache-viande qu'il n'avait pas vu en entrant.
- Adieu.
Elles s'en allèrent en ricanant. Le hache-viande grogna et se prépara à attaquer lorsqu'il remarqua qu'il lui manquait un accessoire fondamental. Il claqua des doigts et une hache lui apparut dans les mains.
Ce spectacle décontenança le héros, ce monstre était étrange mais pas plus difficile à battre que le premier. Aussi, lorsque l'armure s'effondra au sol, Link fut surprit de découvrir qu'elle renfermait Nabooru. Aussitôt les deux sorcières apparurent.
- Koume, il a détruit la malédiction.
- Je vois ça Kotake. Cette jeune fille a une grande influence dans le clan des Gerudos, elle doit servir notre cause.
- Alors relançons le sort une dernière fois.
Nabooru, les yeux emplis de terreur se mit à courir mais elle fut rattrapée par le rayon d'énergie avant d'avoir atteint la porte et disparut.
- Quant à toi, mauviette, tu ne perds rien pour attendre. Nous te laissons une dernière chance. Pars définitivement d'ici ou tu trouveras la mort.
Cette menace prononcée, elles partirent dans la salle suivante. L'Elfe, nullement effarouché, les suivit. Il se retrouva dans une pièce où s'élevait une arène carrée possédant, sur chacun de ses côtés, un pilier arrivant à la même hauteur. Il y grimpa.
- Regarde ça Kotake, il nous a suivies.
- Le pauvre fou. Il va le payer.
Elles ôtèrent dans un même geste le turban qui leur couvrait la tête, révélant une chevelure de feu pour Koume et de glace pour Kotake et commencèrent à tourner autour de lui grâce à leur balai. Link n'était pas un sorcier mais il en connaissait assez sur la magie pour savoir que le feu et la glace sont des éléments contraires. Koume lui lança une langue de feu mais il fit ricocher l'attaque sur Kotake qui faillit en tomber de son balai. Il reçut encore une attaque de glace et une attaque de feu avant que les sorcières ne s'énervent.
- Ça suffit, j'en ai marre, il m'a vraiment mise en colère.
- Koume, on va lui montrer ce qu'on sait faire.
- Koume et Kotake, fusion maléfique !
Les deux sorcières fusionnèrent pour se transformer en une jeune femme aux formes voluptueuses. Elle tenait un sceptre de glace dans la main droite et un de feu dans la main gauche. Elle fit un clin d'oeil malicieux et s'envola.
- Mon p'tit nom c'est Twinova.
Elle lança aussitôt un rayon glacé qu'il esquiva d'une pirouette. Il lui fit face et intercepta le rayon de feu avec son bouclier mais celui-ci, au lieu de le renvoyer, l'emmagasina. Elle jeta une nouvelle langue de feu et le bouclier fit de même. L'écu semblait surchauffer, il ne pourrait emmagasiner une nouvelle attaque. Twinova sembla s'en apercevoir et lança trois rayons de glace consécutivement mais le quatrième fut un souffle de feu et le bouclier lança d'un même coup l'équivalent de trois attaques. La sorcière s'écroula sur l'un des piliers et Link en profita pour la frapper de toutes ses forces. Les sorcières dé-fusionnèrent.
- Alors là, on est vraiment furax.
- Oui, tu vas nous le payer.
- Non je ne crois pas, répondit l'intéressé nonchalamment appuyé sur son épée et désignant du menton une auréole au-dessus de la tête des démons.
Kotake suivit du regard la direction indiquée.
- Euh Koume, qu'est-ce que tu as au-dessus de la tête ?
- Euh... et toi Kotake ?
- Mais je ne peux pas mourir, je n'ai que 400 ans.
- Et moi je ne peux pas mourir, je n'ai que 380 ans.
- Mais tu ne peux pas avoir 380 ans, on est jumelles, tu entends ju-melles.
- Mais qu'est-ce que tu en sais sale menteuse.
- Chipie !
- Idiote !
La dispute continua ainsi quelques instants mais Link n'y comprenait goutte. Puis elles cessèrent d'un coup et furent aspirées dans l'autre monde. Au loin l'Elfe parvint tout de même à entendre :
- Mais moi je suis sexy !
Enfin seul, il alla au téléporteur.
- Je suis Nabooru, sage de l'esprit. Héros du temps, je te confie mon pouvoir.
Il reçut le médaillon de l'esprit.
- Merci Nabooru.
- Link, je suis désolée de t'avoir attaqué, mais je n'étais pas moi-même.
- Cela ne fait rien, je l'avais bien compris.
- Tu es un grand guerrier et tu m'impressionnes, à l'occasion on pourrait se revoir pour des raisons plus... intimes.
- Cela aurait été avec plaisir mais mon coeur appartient à une autre.
- Dommage. Mais enfin, je me console en me disant que je vais pouvoir mettre une sacrée pagaille dans les affaires de Ganondorf.

De retour devant le colosse du désert, Link chercha Sheik du regard mais comme il l'avait prévu, il n'était pas là. Il appréciait beaucoup le Sheikah bien qu'il ne sache pas pourquoi, et il ne comprenait pas pourquoi ils devaient se séparer. Mais la sensation que son ami ne lui avait encore une fois pas tout dit se faisait de plus en plus présente à son esprit. A ce moment-là, la voix d'un sage résonna dans sa tête.
- Héros du Temps, c'est moi, Rauru, tu as éveillé tous les sages, félicitations. Mais rends-toi vite au Temple du Temps, quelqu'un t'y attend.
Sa curiosité piquée au vif, il sortit son ocarina et siffla le prélude de la lumière. Un vent l'entoura et le déposa dans le temple du temps.
- Sheik !
- Je t'avais dit que nous nous reverrions une dernière fois.
- C'est vrai, mais je ne pensais pas que cela serait maintenant. Rauru m'a dit que quelqu'un m'attendait. Est-ce toi ?
- Oui. Tu as éveillé tous les sages et c'est maintenant que les choses vont vraiment commencer. Il va te falloir battre Ganondorf pour l'affaiblir et ainsi, le septième sage pourra, avec l'aide des six autres, l'enfermer dans le Saint Royaume. Mais avant toute chose, la vérité doit t'être révélée.
- Enfin ! Cela fait plus de sept ans que je l'attends.
- La Triforce permet à son détenteur d'exaucer un voeu. Si ce voeu est émis par un être pur, Hyrule connaîtra l'âge d'or. Mais si au contraire, il est prononcé par une âme noire, Hyrule sombrera dans le chaos. Pour éviter cela, les déesses ont mis en place une ultime protection sur les saints triangles. Si effectivement, le souhait vient d'une âme noire, alors la Triforce se brisera en trois morceaux. Et un triangle reviendra à l'être dont la qualité correspondra le plus au caractère du morceau. Le premier triangle, celui de la force, est revenu à Ganondorf. Le second, celui du courage, t'est revenu à toi, Link.
- C'est donc cela la marque sur ma main.
- Exactement, et le troisième morceau, celui de la sagesse, a été reçu par le septième sage c'est-à-dire...
Sheik présenta sa main sur laquelle une Triforce d'or brillait mais dont le côté en bas à droite était beaucoup plus lumineux. La lumière s'intensifia à tel point que Link dut fermer les yeux puis, tout cessa. Devant lui ne se tenait plus le Sheikah mais la princesse d'Hyrule.
- Zelda !
Il l'attrapa et la fit tourner dans ses bras avant de la reposer au sol... et d'essayer de l'embrasser.
- Non, héros. Ce n'est pas le moment.
- Juste un baiser.
- Autant que tu en voudras mon amour, mais pas maintenant, je dois te révéler des choses importantes juste au cas où. Je pense le temple assez sûr pour me révéler à toi, mais on ne sait jamais.
Elle se dégagea.
- J'ai pris l'apparence d'un Sheikah durant tout ce temps pour pouvoir t'aider sans me faire remarquer mais maintenant le temps de l'affrontement final est venu, et pour cela, je vais t'apprendre un sortilège. Ferme les yeux.
Elle lui prit les mains et entra en contact avec son esprit.
- Imagine-toi la lumière contre l'ombre, la liberté contre l'oppression, le bien contre le mal. Voilà, comme ça, plus lumineux encore. Bien, matérialise-la maintenant. Tu n'as plus qu'à la mêler à un sortilège de feu ou de glace.
Link sortit son arc, une flèche...
- Illumine-toi.
Le bout de la flèche brilla et lorsqu'il alla se figer contre un mur, un éclair apparut.
- Bravo, tu as réussi ! C'est le point faible du seigneur du malin.
- Je peux l'avoir mon baiser maintenant ?
- J'imagine que tu ne voudras pas te mettre en route avant de l'avoir reçu...
Il s'approcha d'elle mais, à ce moment, un cristal maléfique emprisonna sa belle et la voix de Ganondorf retentit.
- Te voilà enfin Zelda, petite coquine. Tu m'as fait tourner en rond pendant sept ans mais maintenant je t'ai retrouvée et la Triforce de la sagesse par la même occasion.
Une douleur, aussi vive que passagère arracha un cri à la princesse qui perdit connaissance. Link frappait désespérément le cristal mais rien n'y faisait, son amour y restait captif.
- Décidément, je ne sais pas ce que je ferais sans toi Link, tu m'ouvres les portes du Saint Royaume et tu m'apportes la princesse Zelda sur un plateau d'argent. Rien n'est plus gratifiant que de se faire servir par son ennemi.
Il éclata de rire alors que le cristal s'élevait, glissant entre les mains de l'Elfe.
- Si tu veux revoir ta princesse, viens la chercher au château.
Link émit un cri de rage et planta violemment son épée dans le sol qui ne lui résista pas. Par deux fois Zelda lui avait été enlevée par la faute de cet homme et il allait le lui payer. Il canalisa sa colère pour la transformer en force, puis se redressa, impassible, et sortit du temple.

Link avait fière allure dans sa tunique rouge que venaient rehausser les gantelets d'or, son bouclier miroir dans le dos et l'épée de légende au poing. Ses yeux jetaient des éclairs, ce regard était synonyme de défaite pour n'importe quel ennemi doué de bon sens. Le Héros du Temps avait pris le dessus. Il arriva enfin où se tenait anciennement le château d'Hyrule mais qui n'était désormais plus qu'une mare de lave au-dessus de laquelle flottait une tour noire. Il n'y avait malheureusement aucun passage pour y accéder de ce côté de la mer de lave.
- Link ? C'est Saria ! Peux-tu m'entendre ?
- Oui.
- La magie de Ganondorf nous empêche de pénétrer la tour, mais nous pouvons créer un pont. Lorsque tu seras à l'intérieur, détruis toutes les barrières qui nous en interdisent l'accès.
La voix se tut et un pont transparent dont les rebords prenaient successivement toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, apparut. La beauté de la passerelle se distinguait du reste du décor par un antagonisme profond.
S'assurant de sa solidité, l'Elfe s'y engagea et pénétra dans la tour de Ganon. L'escalier qui permettait d'accéder en haut de la tour était bloqué par un champ énergétique. Tout autour, six portes marquées du symbole de la forêt, du feu, de l'eau, de l'ombre, de l'esprit et de la lumière renfermaient le lien qui empêchait les sages d'intervenir. Le héros les détruisit toutes en leur envoyant une flèche de lumière.
Enfin libres de leurs actions, les sages annihilèrent le champ protecteur. L'Elfe eut de nouveau droit à des escaliers. Il pénétra dans une première salle où il liquida deux lézards cuirassés et réemprunta les escaliers.
Il parvint alors dans une pièce où il eut affaire à deux squelettes qui ne lui prirent pas beaucoup de temps. Rien ne semblait pouvoir l'arrêter mis à part peut-être les deux hache-viande qui lui faisaient face. Il n'avait pas de temps à perdre, il pouvait lancer un sort de protection qui lui permettrait d'être intouchable mais il lui prendrait trop de magie pour être relancé une seconde fois, car il devait avant tout penser aux flèches de lumière. Il lui faudrait donc se débarrasser de ses ennemis en un temps record.
- Nayru, protège-moi de ton amour.
Un cristal bleu et temporaire entoura le héros. Il provoqua les deux armures en même temps et se mit à les larder de coups sans trop faire attention à ce qu'il faisait. Plusieurs fois il se fit toucher et envoyer violemment contre un mur mais il repartait aussitôt à l'assaut. Lorsque le sort perdit son effet, les deux créatures étaient vaincues. Il emprunta un dernier escalier et entendit désormais distinctement le son d'un orgue.

Zelda ouvrit les yeux. Où se trouvait-elle ? Apparemment dans une sorte de labyrinthe. Elle ne pouvait s'accrocher à une pensée plus d'une minute. Il lui fallait se sauver avec une formule. Elle sonda son esprit mais ne se souvint plus à quoi la formule devait lui servir. Ganondorf avait bien fait les choses. Si elle voulait sortir d'ici, cela devait être avec la manière traditionnelle c'est-à-dire trouver la sortie. Le problème est que les murs ne cessaient de changer de place.
A ce moment, le seigneur du malin apparut devant elle. Elle se jeta dessus, toutes griffes dehors mais elle passa au travers.
- Doucement ma jolie, il va te falloir devenir beaucoup plus gentille si tu veux un jour sortir d'ici.
- Libère-moi sur-le-champ.
- Je ne suis pas idiot ! Mais regarde un peu qui va là.
Elle put ouvrir les yeux. Elle se trouvait toujours enfermée dans le cristal et il lui était toujours impossible de se sauver. Son regard fut tout à coup attiré vers le bas.
- Oh, déesses ! Non...

Link entra dans la pièce. Face à lui, Ganondorf jouait sur un orgue et, au-dessus des tuyaux, flottait le cristal de Zelda. Pour la première fois, les trois porteurs de la Triforce étaient réunis dans la même pièce.
La mélodie émit ses dernières notes et se tut.
- Pauvre fou...Que ne ferais-tu pas par amour. Je possède désormais deux morceaux de Triforce et la tienne va venir les rejoindre.
Dans un geste théâtral, le roi sombre se retourna en faisant voler sa cape. L'Elfe reçut de l'énergie noire et sentit qu'on lui ôtait quelque chose.
- Mienne...elle est enfin mienne. Et maintenant gringalet je vais m'occuper de ton cas. Ça ne va pas être dur, si tu es parvenu jusqu'ici c'est uniquement dû à la Triforce du courage. En garde !
Un éclair jaillit. L'orgue vola en éclats, ainsi que les dalles avoisinantes, celles par-dessus lesquelles Ganondorf flottait. Mais ce qu'il n'avait pas prévu c'est que Link ne s'était jamais servi de son morceau de Triforce pour la simple et bonne raison qu'il en ignorait même jusqu'à son existence. Il sortit son sceptre et envoya une boule d'énergie à l'Elfe.
Celui-ci, commençant à en avoir l'habitude, la renvoya et la boule fusa vers le roi sombre. Après quelques passes, le projectile allait à une allure si rapide que le chevalier perdit le rythme et se fit toucher. Le Gerudo éclata d'un rire satanique tandis que le héros s'effondrait de douleur. Il envoya des rayons bleus et le sol sur lequel était le héros se déroba sous lui. Il eut tout de même le réflexe de s'accrocher au bord et remonta en grimaçant, mais il dut alors esquiver une nouvelle boule qu'un Ganondorf hilare lui avait envoyée.
Se préparant, il recommença sa partie de tennis démoniaque mais cette fois c'est le seigneur du malin qui la reçut. Link profita de son immobilité temporaire pour lui envoyer une flèche de lumière qui fit hurler son ennemi. Puis, il sauta sur la plate-forme sur laquelle le roi sombre était tombé et le frappa à l'épée.
Dans un râle, il reprit de la hauteur et se mit à luire d'une façon si intense que cela détruisit tous les vitraux et les murs. Quand la lueur perdit en puissance, Ganondorf, ne parvenant plus à respirer, se tenait la gorge entre les mains.
- Moi... Battu... Mais comment est-ce possible...
Il tomba à genoux puis s'écroula totalement, sa cape en piteux état le recouvrant. Le cristal toucha terre, libérant son précieux contenu.
- Vil Ganondorf, sans un esprit fort et équilibré, il n'a pu maîtriser cet énorme pouvoir.
- Que m'importe, il est vaincu et rien ne nous séparera plus jamais.
Il l'attira à lui et l'enlaça en lui caressant les cheveux. Mais ils furent interrompus par un tremblement de terre. Zelda gémit de surprise et Link lut de la terreur dans ses yeux.
- Dans un dernier souffle de haine, Ganondorf tente de nous ensevelir dans les décombres de sa tour. Vite ! suis-moi.
Elle lui prit la main et passa sur une passerelle qui entourait la tour. De partout, de nombreux gravats de plus ou moins grosse taille tombaient et ils devaient faire de nombreux détours afin de les éviter. Arrivant devant une grille, elle utilisa son pouvoir et libéra la porte. Ils continuèrent ainsi, passant tantôt dans une salle et tantôt sur la passerelle. La vitesse était de rigueur.
A un moment, Zelda fut bloquée par un rideau de feu et deux squelettes attaquèrent le héros. Il les frappa sans prendre le temps de se défendre et de parer, aussi furent-ils rapidement anéantis mais Link était blessé. A ce moment les flammes s'éteignirent.
- Link ! tu es blessé.
- Ça va aller, vite !
Ils parvinrent à un couloir au bout duquel ils apercevaient de la lumière: la sortie. Ils passèrent un pont qui donnait de l'autre côté de la mer de feu, se mirent à une distance respectable et observèrent la chute de l'oeuvre de Ganondorf. Les tourelles s'écroulaient une à une, et la structure de la tour, s'effondrant sur elle-même, vint boucher la mare de lave. Tout ce qui restait du passage du roi des Gerudos n'était que ruines. Les deux tourtereaux se regardèrent et se sourirent, puis ils se serrèrent l'un contre l'autre mais Link ne put retenir un gémissement de douleur qui fit reculer Zelda.
- Pardon mon coeur, tu es blessé, je l'avais oublié. Mais je peux arranger ça.
Elle plaça ses mains à quelques centimètres de lui et se concentra. Les blessures de Link se refermèrent aussitôt et il se sentit envahi par une énergie nouvelle. Reprenant la femme qu'il aimait au creux de ses bras, il lui murmura :
- Princesse d'Hyrule ou de la destinée, septième sage, qu'importe qui tu es, pour moi tu es Zelda et je t'aime.
- Je t'aime aussi Link.
- Alors je peux l'avoir mon baiser maintenant ?
- Je te l'ai déjà dit, autant que tu m'en demanderas.
- J'en veux des millions.
- Des millions ! Alors il va falloir s'y mettre tout de suite si tu veux avoir ton compte.
- Avec plaisir.
Ils s'embrassèrent tendrement mais malheureusement pour eux, ils furent interrompus par un grand fracas. Machinalement, Link se plaça devant sa compagne en dégainant son épée.
- Link, que se passe-t-il ?
- Ne bouge pas, je vais voir.
Il fit quelques pas en direction des ruines et un rideau de feu apparut derrière lui, le séparant de Zelda.
- Prends garde !
Un éboulis de pierre bougea et Ganondorf apparut. Il haletait toujours mais il était animé par une malveillance hors du commun.
- Je n'ai pas dit mon dernier mot ! Je possède toujours la Triforce et je n'ai pas encore prononcé de voeu. Mais je vais remédier à cela et vous anéantir. Je souhaite devenir le démon lui-même !
Il fut pris de convulsions et se métamorphosa sous les yeux de Link en une créature gigantesque et immonde. Elle avait le corps d'un taureau mais le visage porcin d'un sanglier muni de gigantesques cornes et une longue queue reptilienne. Ganondorf était devenu Ganon. Il sortit deux énormes épées et tenta d'embrocher l'Elfe. Celui-ci répondit avec l'Epée de Légende mais un coup plus violent que les autres la lui fit lâcher et elle alla se planter près de Zelda qui était horrifiée. Ne sachant que faire devant ce monstre, il recula afin de mieux l'observer. Courant autour de lui tout en évitant les lames, il remarqua que le bout de sa queue était différent du reste de son corps. Il y envoya une flèche et la créature hurla. Il y décocha ainsi une dizaine de projectiles. La créature semblait souffrir mais cela s'arrêtait là, elle ne perdait pas ses forces. Cependant, au bout d'un moment, Ganon s'écroula à terre.
- Link ! L'Epée de Légende est ici.
Il accourut vers la jeune femme et saisit l'arme qu'elle lui tendait.
- Ce combat n'est pas terminé, seule l'Epée de Légende pourra venir à bout de ce monstre. Bonne chance, mon amour.
Il retourna vers l'arène mais le rideau de feu apparut de nouveau empêchant le passage de la princesse et projetant Link vers l'avant. Soulagé d'avoir sa tunique goron sur le dos, il refit face à Ganon qui s'était relevé. Le démon, ne voulant plus se laisser surprendre, ne laissa plus à l'Elfe l'occasion de passer dans son dos. Tentant le tout pour le tout, il attendit qu'il donne un coup d'épée et, d'une pirouette, passa sous Ganon et le frappa avec l'épée. Le coup eut plus d'effet qu'avec toutes les flèches réunies mais n'acheva pas le monstre. Il recommença l'opération trois fois, mais au quatrième essai, le démon feinta et fit chuter Link. A la merci de son ennemi, celui-ci attendit le coup fatal, qui ne vint pas. Ouvrant les yeux, il vit qu'un rayon d'énergie bleu provenant de Zelda, retenait le monstre qui s'affala à terre. La princesse quant à elle, épuisée, tomba à genoux.
- Vas-y Link !
Il se redressa et frappa la tête du monstre de gauche à droite, de droite à gauche et lui planta la lame dans le crâne. Il resta ainsi quelques macabres secondes et l'ôta d'un geste souple. Furieux, Ganon se redressa en hurlant et fonça sur l'Elfe.
- Six sages, maintenant !
Loin de là, au coeur du Saint Royaume, les six éveillés entendirent l'appel de leur guide. Chacun concentra alors son pouvoir sur le septième sage qui ouvrit un vortex qui avala Ganon. Redevenu Ganondorf celui-ci proféra des paroles haineuses.
- Zelda ! Petite peste, je me vengerai. Quant à toi Link, sois maudit ! J'ai toujours la Triforce de la force en mon pouvoir, je ne resterai pas prisonnier éternellement ici. Je viendrai tuer tes descendants de mes propres mains.
Ne pouvant en supporter plus, la princesse de la destinée referma le sceau.
Link ne comprit pas très bien ce qui s'était passé mais tout à coup il y eut un silence total et un flash lumineux, enfin, il se retrouva au Saint Royaume avec Zelda.
- Bravo héros, nous avons réussi. Ganondorf est hors d'état de nuire et Hyrule va pouvoir se relever.
- Mais il possède toujours un morceau de la Triforce.
- Je le sais mais nous, nous en possédons deux, nous serons toujours plus forts que lui, quoiqu'il advienne. Link, il faut que tu me rendes l'ocarina du temps.
- Je commençais à m'y attacher, dit-il en lui tendant l'artefact.
- Tu pourras le voir aussi souvent que tu le veux, il te suffira de venir au château...
- Oh je vois ! Tu es certaine qu'il n'y a plus aucun danger ?
- Sûre et certaine.
- Très bien, alors si on reparlait de ces millions de baisers...

Un grand banquet fut organisé au ranch LonLon pour fêter la défaite de Ganon. Tout Hyrule s'y rendit y compris les petits Kokiris qui, pour la première fois, osaient sortir de leur précieux Bois Perdus. Puis une fois la folie de retrouver la liberté passée, il fallut penser à reconstruire le pays.
Ce ne fut pas une mince affaire car les hommes ne pouvant se trouver aux champs et à la construction, la famine menaçait. Mais chacun faisant un effort et se serrant la ceinture, tout se passa très bien dans la joie et dans la bonne humeur sauf pour le chef de chantier qui trouvait que ça n'avançait pas assez vite. Les reconstructions commencèrent par le château, symbole de la puissance hylienne, qui devint plus grand et plus beau qu'il ne l'avait jamais été. Puis ce fut le tour des villes, les bourgs accueillant leurs anciens habitants et les campagnards ayant prit goût au fait de vivre entouré de nombreux voisins.
Ainsi, au bout de deux ans, Hyrule avait retrouvé beauté et majesté d'antan. Les historiens ont tout de même dû avouer que le seul point positif du règne de Ganondorf était que le village Cocorico avait subit l'impulsion tant attendue par les Sheikahs, bien qu'il ne fasse jamais un concurrent très sérieux au bourg d'Hyrule.

Aujourd'hui était un jour très particulier. Une foule compacte s'était assemblée dans le Temple du Temps et attendait avec impatience la suite des événements.
A ce moment, un jeune homme blond aux yeux bleus entra dans le lieu saint. Il avait revêtu un pantalon et une tunique d'un blanc immaculé où quelques diamants ornaient col et manchettes. A sa ceinture, pendait l'Epée de Légende qui n'avait jamais été aussi bien astiquée. Il s'était séparé de son éternel bonnet spécialement pour l'occasion. Il s'avança ainsi, sa cape volant dans son dos, jusqu'à l'autel derrière lequel l'attendait Rauru, encadré à droite par Impa, Nabooru et Ruto, et à sa gauche par Saria et Darunia. Tous avaient revêtu leurs plus beaux vêtements de cérémonie. Il leur sourit, mais trop ému, il ne put dire un mot. A ce moment un silence se fit dans la foule suivi de quelques murmures.
Une jeune fille belle comme le jour venait également de faire son entrée. Elle était vêtue d'une ample robe blanche décolletée qui lui enserrait sa taille délicate, le tissu était également orné de diamants. Sur sa peau, à la naissance des seins, reposait un pendentif en or représentant la Triforce. Elle avait relevé ses cheveux qui étaient parsemés de précieuses gemmes et un anneau d'or incrusté de diams lui cinglait le front. Elle était conduite par le vieux roi qui lui donnait le bras.
- Père, tu pleures ? souffla-t-elle.
- Tu es si jolie ma puce. Quelle bonne idée d'avoir repris la robe de ta mère, elle te va si bien. Cela me rappelle tellement de souvenirs.
Ils arrivèrent finalement auprès de Link. Arkinian prit la main de Zelda et la plaça dans celle du chevalier.
- Fais attention mon garçon, elles sont si fragiles, ne la laisse pas partir car crois-en mon expérience, on ne s'en remet jamais.
- Ne vous en faites pas Majesté, je ne la laisserai pas s'envoler.
- Soyez bénis mes enfants.
Il retourna s'asseoir au premier rang, à côté d'Amos.
- Tu es sublime, mon amour.
- Tu ne manques pas de charme toi non plus.
- Allons mes amis, intervint Rauru, il est de mauvais ton de faire attendre vos invités.
Le jeune homme souffla un bon coup et, encouragé par un sourire de sa future femme, il se tourna vers le sage de la lumière et lui présenta sa main droite tandis que Zelda faisait de même avec la gauche. Rauru les lia alors d'un ruban blanc, symbolisant leur union. Il prononça ensuite quelques formules de circonstance sur l'importance des liens du mariage et arriva finalement au moment fatidique qu'était la prononciation des voeux.
- Moi Link, Héros du Temps, te promets de te chérir, de te protéger et de te rester fidèle jusqu'à ma mort.
- Moi, Zelda, Princesse de la Destinée, te promets de t'aimer, de te suivre et de t'être fidèle jusqu'à ma mort.
- Je vous déclare mari et femme. Dans un an, jour pour jour à partir de maintenant, Zelda sera couronnée reine d'Hyrule et Link, prince consort.
Puis l'Elfe attrapa sa femme par la taille et ils s'échangèrent les vraies promesses, celles qui ne peuvent s'exprimer par des mots, dans un long baiser passionné, acclamé par les vivats de la foule en liesse. A la sortie du temple, ils furent arrosés de riz, des premiers grains de l'année, et de pétales de fleurs, puis on lâcha des papillons et des colombes.
Ensuite, seuls les proches suivirent le couple royal dans la salle de bal qui juxtaposait les jardins par une grande baie vitrée. Le reste se dirigea vers le bourg où de nombreux mets étaient à leur disposition.
Tout d'abord contrariés par ce lien qui leur empêchait tout mouvement, les époux s'en accommodèrent vite et partagèrent un même couvert. Puis, le repas fini, ils ouvrirent le bal d'une valse envoûtante. Chacun regardait cette ronde fluide et souple de tissu blanc et brillant. Link avait appris à danser à la va-vite mais la grâce de Zelda compensait largement les quelques faux-pas. Les autres couples, agaillardis, se joignirent par la suite à la danse. La journée se passa ainsi entre nourriture, rires et danses mais plus elle s'avançait, plus le jeune couple se crispait. Enfin, le soleil se coucha.
- Le soleil est couché.
- J'ai remarqué.
- Es-tu prête ?
- Je crois... Et toi ?
- Depuis que j'ai posé les yeux sur toi.
- Oh Link ! Arrête de dire des bêtises tu vas me faire rougir.
- C'est trop tard.
- Tu peux parler, tu es aussi rouge qu'une pivoine.
- Alors dépêchons-nous avant que tout le monde ne nous remarque...
Aussi c'est un couple rougissant qui s'avança discrètement vers Rauru afin qu'il les libère de leur lien puis qui s'éclipsa, pour la première fois, vers la chambre nuptiale qui avait été spécialement préparée pour l'occasion. Ils ne réapparurent que le lendemain matin sous les sifflements de la foule puis ils furent séparés par leurs compagnons proches respectifs curieux de connaître comment la lune de miel s'était passée.
Les festivités continuèrent ainsi et ne s'arrêtèrent qu'au bout d'une semaine, lorsqu'il n'y eut plus une miette de pain à manger, une goutte d'eau à boire et plus un homme capable de tenir debout.
Le soleil se levait et seuls les plus courageux, c'est-à-dire les sages et le roi, repoussèrent leur rattrapage de sommeil bien mérité pour dire à bientôt aux amants qui s'apprêtaient à partir en voyage de noce dans de lointaines contrées. Ils passèrent ainsi par la place du marché où les tables, il y a quelques temps à peine, étaient pleines de victuailles mais maintenant irrémédiablement vides et où quelques ivrognes ronflaient bruyamment, leur bouteille contre le coeur.
Les amants prirent place dans un joli petit carrosse qui ne pouvait contenir que deux personnes et qui avait été décoré avec des guirlandes de fleurs. Après quelques promesses de bonheur et de retour prochain, Link passa un bras sur les épaules de sa femme qui se pelotonna contre lui, et fouetta Epona qui fit avancer la voiture.
Ce mariage devait être le début de ce qui allait être plusieurs années d'allégresse et d'insouciance. Mais en Hyrule, terre des légendes éternelles, lorsque le Héros de Légende et la Princesse de la Destinée sont incarnés, qui sait ce qui peut arriver...

Fin (de la deuxième partie)   

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Xaelia". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 26.03.24