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La légende des elfes

Livre 1 : Le héros du temps


Ecrit par Xaelia en 2003

Une tempête d'une rare violence s'était déclarée sur le beau pays d'Hyrule, de temps à autre un éclair zébrait le ciel éclairant brièvement les plaines. Cependant cela n'empêchait pas une inquiétante silhouette encapuchonnée par une longue cape brune qui ne laissait apercevoir aucune partie de sa physionomie, de galoper à vive allure sous une pluie battante à travers la nuit noire.

Quelques années auparavant :

- Maman !!!
La petite princesse s'arracha des bras de sa nourrice pour se jeter au cou de sa mère, puis sans toucher le sol elle passa dans les bras de son père. La bonne Impa se retira afin de laisser jouir la famille royale de ce bien trop rare moment d'intimité.
- J'ai eu si peur, ne me laissez plus toute seule...
Comme la petite fille avait eu peur...
Peur pour la vie de ces parents...
Depuis que cette étrange épidémie s'était déclarée sur Hyrule, si brusquement, tuant les gens de manière si brève, l'état de siège avait été déclaré. Cependant le couple royal sortait de l'enceinte protectrice du château pour soutenir le peuple, pour lui montrer que, quoi qu'il advienne, ils soutenaient leurs sujets.
- Zelda, répondit la reine, il faut que tu comprennes qu'un roi et une reine ont des obligations mais ne t'en fais pas nous prenons beaucoup de précautions, je te l'ai déjà dit. Tu comprends ?
En guise de réponse, la fillette hocha doucement la tête.
- Mais il est tard, reprit le roi, il est l'heure pour les petites princesses d'aller au lit.
Joignant le geste à la parole, il allongea sa fille dans le grand lit à baldaquin, puis il l'embrassa sur le front. Puis la reine fit de même en lui murmurant :
- Ma puce, c'est le sang des elfes qui coule dans tes veines et un elfe ça ne se retrouve jamais seul car ils font tous partie d'une seule et même grande famille...
- Mais papa, lui n'est pas un elfe, ça veut dire que lui il peut se retrouver tout seul ?
La reine émit un rire cristallin.
- Mais non, on est là, nous, ne l'oublie pas... bonne nuit mon coeur.
Rassurée Zelda qui ne parvenait déjà plus à garder les yeux ouverts lui bailla un "bonne nuit" avant de sombrer dans un sommeil profond...

Cavalier et monture étaient arrivés à l'orée des bois perdus. Bien droit sur sa monture, il observait cette forêt dont la beauté n'avait d'égal... du moins en temps normal car sous la colère de dame nature elle prenait un aspect cauchemardesque qui faisait ressortir dans l'esprit des Hyliens toutes les rumeurs et les légendes qui lui étaient attachées. En effet, ce lieu abritait toutes sortes de créatures, certaines pacifiques comme les elfes ou cet étrange peuple qui n'est composé que d'enfants qui ne vieillissent jamais, les Kokiris, et d'autres plus agressives comme les Mojos, les Skull Kids et autres monstres en tout genre... Personne n'était parvenu à topographier cette étendue verte qui semblait infinie (les plus pessimistes annonçaient qu'elle était de la taille d'Hyrule) pour la simple et bonne raison qu'aucun Hylien assez fou pour s'y être aventuré trop profondément n'avait réussi à en sortir... Les rumeurs les plus folles racontaient qu'ils étaient transformés en monstres. Semblant ignorer tous ces contes, le cavalier talonna sa monture et pénétra au pas dans la forêt...

- Aghanim le mage !
La voix du héraut raisonna dans la salle du trône. Un homme fin et sec vêtu d'une longue robe sur laquelle reposait une barbe blanche s'approcha d'un pas lent mais ferme appuyé sur un long bâton orné d'une pierre, vers le trône. La salle de marbre blanc était traversée d'un tapis rouge qui menait à une estrade entourée de tentures rouges également. Sur l'estrade étaient disposés deux trônes en or pur minutieusement sculptés sur lesquels régnaient le roi et la reine, puis, à côté, sur un fauteuil siégeait la princesse Zelda.
- Vos majestés, salua l'homme en s'inclinant profondément.
La petite princesse effrayée par l'allure rigide de l'homme s'accrocha au bras de sa mère qui lui sourit pour la réconforter.
- Bien Aghanim, commença le roi, que désirez-vous ?
- Sire, je parcours le monde depuis de longues années durant lesquelles j'ai acquis une grande expérience, mais depuis quelques temps l'envie m'est venue de m'installer... c'est alors que j'ai entendu parler des malheurs que subissait Hyrule. Sire, je ne veux pas paraître audacieux ni irrespectueux mais je pense être en mesure de vous débarrasser de cette épidémie... en échange d'une place au palais.
- En effet, reprit le roi, vous faites preuve d'une grande audace.
- Vous êtes en train de nous dire que vous pourriez réussir seul là où le peuple elfe a échoué, intervint la reine.
- Majesté, sans vouloir offenser votre peuple, la puissance elfique s'est bien émoussée au fil du temps... et comme je vous l'ai dit, mes voyages m'ont apporté une grande connaissance...
- Votre requête est retenue... retirez-vous, il nous faut maintenant en discuter, annonça le roi.
L'homme s'inclina jusqu'à terre et se retira.
- Je n'aime pas du tout cet homme, déclara la reine.
- C'est vrai, il a une tête de méchant, clama la petite fille du haut de ses cinq ans.
- Les deux femmes de ma vie sont contre moi apparemment, suis-je donc le seul à penser au bien du peuple hylien... cet homme ne me plaît pas plus qu'à vous mais s'il peut réellement soigner Hyrule alors je crois qu'il faut lui faire confiance.
- Alors qu'il en soit ainsi, dit sobrement la reine, mais je te répète qu'il ne m'inspire que de la méfiance.

La silhouette s'était enfouie dans les bois depuis près de deux heures maintenant. Elle avançait d'un pas rapide vers une destination connue d'elle seule, sans se préoccuper des paires d'yeux qui silencieusement la scrutaient. Un craquement déchirant le silence effraya le cheval qui se cabra mais l'étranger le calma avant qu'il ne se sauve au galop puis il se retourna... La cape fut parcourue par un frisson : un arbre frappé par la foudre se tenait en plein milieu du sentier là où ils étaient quelques secondes plus tôt. Cependant, rassuré par l'origine du bruit il reprit sa marche silencieuse...

Aghanim se tenait sur les remparts, les bras écartés, son bâton levé vers le haut. Depuis quelques minutes déjà il incantait dans une langue inconnue ce qui avait pour effet d'illuminer la pierre du bâton dont l'intensité allait crescendo. La famille royale, le capitaine Krine ainsi qu'Impa, observaient le magicien qui incantait de plus en plus fort d'une voix déformée aux intonations graves et caverneuses lorsque soudain un éclair sortit de la pierre et s'en fut en direction d'Hyrule. Le magicien, en nage, tremblant, s'écroula sur la rambarde puis peu à peu il reprit son calme et lorsqu'il put parler de nouveau, il se retourna vers le roi.
- J'ai réussi votre majesté.
- Nous verrons bien, répondit la reine.

Le cavalier changeait souvent de sentier comme quelqu'un qui sait exactement où il va ou au contraire qui est totalement perdu. Il se trouvait désormais devant un cours d'eau. Il incita son cheval à traverser mais celui-ci refusa délibérément de s'aventurer dans ce torrent glacé dont la nuit semblait avoir dévoré l'autre rive. Il mit donc pied à terre et guida son cheval par la bride. Le cours d'eau n'était pas très profond et donc il fut facilement traversé. De l'autre côté, il se remit en selle et continua son interminable périple...

La petite princesse en larmes dans les bras de sa nourrice se tenait devant la porte de la chambre royale. Impa non plus ne retenait pas ses pleurs, tout cela était arrivé si vite, la reine, en plein bal, fut prise d'un malaise alors qu'elle dansait avec le roi... Cette reine qui avait toujours été si bonne, si clairvoyante, traitant tout le monde comme son égal... non pas elle, pourquoi... Etant une Sheikah elle se devait de protéger la famille royale comme les elfes se doivent de protéger Hyrule mais là elle n'avait rien pu faire et s'en voulait terriblement... Et cette petite fille qu'elle tenait au creux de ses bras, cette petite princesse qu'elle aimait comme sa propre fille, cette petite enfant avait encore besoin de sa maman... Impa se jura que tout au long de sa vie et quoiqu'il advienne, il faudrait d'abord lui passer sur le corps avant de pouvoir toucher un seul de ses cheveux...
Le roi, le visage baigné de larmes, sortit en compagnie du médecin. Le sang de Zelda ne fit qu'un tour et bousculant son père elle se précipita dans la chambre. Les rideaux étaient tirés et seules quelques bougies éclairaient la scène. La reine, le visage serein semblait dormir.
- Maman... demanda-t-elle d'une voix à peine audible.
- Maman ? répéta-t-elle plus fort.
Sa mère ne lui répondant pas, elle s'approcha...
Une peur horrible lui tiraillait le ventre et lui nouait la gorge, une peur qui l'avait prise lorsqu'elle avait vu la tête désolée du médecin.
Non ce n'était pas possible... les elfes sont immortels... mais alors pourquoi ne bouge-t-elle plus ?
- MAMAN ! La vue brouillée par les larmes, la princesse sentit la colère monter en elle... tu n'as pas le droit ! Maman ! Maman ! Réponds-moi ! Tu n'as pas le droit ! Maman ne m'abandonne pas ! N'oublie pas ce que tu m'avais dit : papa a besoin de nous deux.
Sa petite voix innocente emplissant la chambre aurait arraché une larme à n'importe qui possédant un coeur. Abattue, elle se laissa glisser au pied du lit, le corps secoué de sanglots.
- J'ai besoin de toi...
Le roi s'approcha d'elle, la prit dans ses bras et sortit de la chambre.
L'épidémie venait de faire son ultime victime.

Le sentier s'arrêtait là. Après avoir pris un dernier embranchement le cavalier et son cheval avaient inlassablement continué tout droit... du moins jusqu'à ce qu'ils arrivent devant une falaise couverte de lierre et autres plantes, qui était irrémédiablement infranchissable. Néanmoins, la silhouette demanda à sa monture d'avancer. Surprise mais docile, celle-ci obéit et, à son grand étonnement, traversa la falaise comme si elle n'avait été faite que d'un mince filet d'eau...

Le roi observait sa fille. Voilà quinze ans maintenant que sa chère épouse s'en était allée vers un monde meilleur et la vie avait continué... Zelda était devenue une jeune femme splendide dont la beauté ne laissait aucun homme indifférent. Beaucoup de prétendants lui avaient fait la cour mais elle les avait à chaque fois repoussés. La ressemblance avec sa mère était troublante mis à part le fait que la reine avait les cheveux bruns et les yeux verts et non les cheveux blonds et les yeux bleus, c'était son portrait craché. Le roi se souvenait de sa rencontre avec l'elfe, il avait tout de suite éprouvé un amour sans borne pour la jeune femme, sentiment qui semblait être réciproque. Aussi lorsqu'il lui avait demandé sa main elle avait immédiatement accepté mais l'avait prévenu de certains détails "Les elfes sont immortels, sauf s'ils meurent de blessure, ou plus rarement de maladie, ou tout simplement s'ils sont lassés de la vie. Tu seras le seul à vieillir mais je te serai toujours fidèle... Autre chose, un elfe donne toujours naissance à un elfe ; par conséquent tu ne donneras que des caractères mineurs à notre enfant comme la couleur de la peau, des cheveux ou des yeux... Tu sais tout désormais, veux-tu toujours m'épouser ?". La gorge nouée, il essaya de penser à autre chose mais en vain. Elle n'aurait jamais dû partir avant lui...
- Votre majesté ! Je vous trouve enfin ! Venez, nous avons beaucoup de choses à régler...
La voix d'Aghanim avait fait sursauter le roi. Il suivit l'homme qui était devenu son intendant selon la promesse qu'il lui avait faite.
Zelda, malgré toutes ces années, n'avait toujours aucune confiance en ce vieillard. Discrètement elle les suivit mais se ravisa avant de pénétrer dans le couloir et préféra se glisser derrière une tenture qui cachait un passage secret menant derrière le trône. En effet, maintes fois elle avait tenté de confondre Aghanim en entrant précipitamment dans la salle du trône mais cela s'était toujours soldé par un échec. Elle avait donc décidé de changer de tactique.
Le roi et son intendant étaient en grande conversation, du moins Arkinian se contentait-il d'écouter attentivement la voix mielleuse du vieillard.
- Majesté la princesse n'est plus une petite fille, elle est désormais en âge de se marier...
La jeune femme n'en crut pas ses oreilles.
- Peut-être pas chez les Hyliens mais chez les Elfes c'est encore une jeune enfant, je ne pense pas que cela soit une bonne idée. De plus, ma fille choisira elle-même son époux. Je refuse de la confier à un rustre qui pourrait lui faire du mal ! se fâcha le roi.
- Majesté, reprit l'intendant d'une voix étrange, regardez-moi dans les yeux... c'est bien... répétez après moi... Aghanim s'occupe de tout... il ne faut pas m'inquiéter...
- Agha... nim... s'occupe... de tout...
Zelda était bouleversée... C'était ainsi que ce monstre avait fait main basse sur Hyrule... Aghanim le mage, Aghanim le sorcier oui ! Puis elle se souvint d'un fait étrange... cette sensation désagréable dans sa tête... Il avait essayé de la contrôler mais sa nature elfique l'en avait empêché... Elle avait envie de sortir de sa cachette, de bondir et de le tuer de ses propres mains... mais elle se reprit au dernier moment... la véritable nature d'Aghanim, ce rêve qu'elle faisait depuis plusieurs nuits... tout cela la dépassait, elle avait besoin d'aide.

La silhouette venait de pénétrer à Elfara la cité des elfes. Hiver comme été la cité merveilleuse offrait toujours le même paysage serein et magnifique. D'ici, personne ne se serait jamais imaginé qu'il pouvait y avoir une telle tempête à l'extérieur. Bien qu'il faisait nuit, Elfara était éclairé par des myriades de lucioles qui faisaient ressembler les feuillages à un ciel étoilé. La ville était entièrement végétale, un arbre plus que millénaire trônait au centre, son tronc massif abritant la demeure du vénérable ancien, le chef des elfes. De multiples passerelles reliaient les arbres entre eux et, pour y accéder, il fallait courageusement emprunter un escalier majestueux qui comptait plusieurs centaines de marches.
- Tant de beauté..., s'émerveilla la silhouette d'une belle voix douce.
Deux Kokiris s'approchèrent du nouveau venu. Voyant cela, il abaissa sa capuche laissant cascader de longs cheveux blonds sur ses épaules.
- Bienvenue à toi Zelda ! dirent les enfants joyeux.
- Vous ne devriez pas être au lit à une heure pareille ? demanda Zelda, les mains sur les hanches, feignant le reproche.
Les deux créatures rirent puis, retrouvant leur sérieux, ils expliquèrent à la princesse qu'il s'agissait d'une nouvelle lubie de Mido, leur chef, qui voulait que chaque nuit deux "volontaires" surveillent Elfara.
- On va s'occuper de votre cheval.
- Merci.
Ce problème réglé, elle commença l'ascension de l'escalier afin de se rendre dans la cabane du chef elfe.
- Vénérable père ? hasarda-t-elle timidement.
- Oui ? répondit une voix ensommeillée mais tout de même chaleureuse.
L'ancien alluma une petite lampe et se leva. Cet homme était si vieux qu'il n'avait plus d'âge même pour un elfe. Son visage totalement fripé laissait tout de même apparaître deux yeux qui reflétaient une douceur infinie. Lorsqu'il fut suffisamment réveillé, il regarda celle qui l'avait dérangé.
- Zelda ! cela fait longtemps que je ne t'ai vu.
- C'est que...
- Tu n'as pas à te justifier. Je sais que tu as des devoirs à rendre à Hyrule. De plus, la raison de ta venue doit être importante pour que tu sois partie en pleine nuit du château et par un temps pareil.
- L'heure est grave en effet... cela a commencé il y a quelques années lors de la grande épidémie.
- Oui, tu devais être trop petite pour t'en rendre compte mais c'était un phénomène démoniaque. C'est pour cela que notre magie était inutile car il fallait éliminer celui qui en était la cause.
- Est-il possible qu'il en soit responsable ?
- Que dis-tu mon enfant ?
- Rien père, je réfléchissais tout haut.
- Bien, continue ton récit.
- Un homme, Aghanim, s'est présenté au palais en affirmant qu'il pouvait sauver Hyrule en échange d'une place au palais. Maman et moi ne l'apprécions guère mais on lui a tout de même laissé sa chance. La suite vous la connaissez : il sauve Hyrule, devient intendant, et maman... meurt quelques temps plus tard laissant mon père affaibli et aux mains de cet homme perfide.
- Que veux-tu dire ?
- Je veux dire que cet homme est un sorcier et qu'il a réussi à contrôler papa, qu'il a fait main basse sur le trône et que je n'ai aucune idée de l'étendue de son pouvoir, s'emporta Zelda.
Des larmes de rage coulaient le long de son beau visage. Amos l'ancien la prit dans ses bras et tenta de la calmer.
- Allons... inutile de t'énerver, tu n'as que des amis ici...
- Ce n'est pas tout, reprit-elle en se dégageant, il y a ce rêve étrange que je fais depuis quelques nuits.
- Montre-moi.
La princesse s'approcha de la table et versa une eau cristalline, qui se trouvait dans une cruche, dans une bassine de marbre gris. Cette eau provenait de la fontaine sacrée qui coulait au centre d'Elfara. Elle était si pure que les Hyliens lui attribuaient toutes sortes de pouvoirs comme la guérison ou la fertilité, mais une chose était sûre, c'est qu'elle n'avait pas son pareil pour faire usage de la bonne magie. Lorsque la surface s'aplanit totalement, les deux elfes se penchèrent au-dessus et Zelda, les yeux fermés, souffla délicatement dessus, ridant la surface. Lorsqu'elle fut de nouveau aplanie, ce n'était plus le visage des elfes qu'elle reflétait mais un noir absolu. Puis se dessina le château d'Hyrule, ensuite un visage gigantesque se plaça au-dessus, un visage machiavélique, le visage d'Aghanim... dans sa main, accroché par des fils, le roi, pauvre marionnette agissant selon la volonté du sorcier. Puis le château laissa la place aux bois perdus, tout à coup une vive lumière verte en jaillit, frappant Aghanim de plein fouet. Le monstre s'écroula et la lumière laissa la place à un guerrier elfe tout de vert vêtu. Puis la surface se rida de nouveau et le visage des elfes s'y refléta.
- Je vois, murmura Amos puis, changeant de sujet, c'est extraordinaire de voir à quel point tes pouvoirs sont puissants malgré ton jeune âge... je n'aurais pas fait mieux... mais revenons-en à notre problème... Comment l'interprètes-tu ?
- La première partie reflète bien la situation actuelle : le maître d'Hyrule n'est pas mon père mais Aghanim. C'est la seconde partie la plus intéressante, père, ce guerrier... c'est lui que je suis venue chercher. Il doit sauver Hyrule, c'est le héros de légende ! Permets-lui de m'accompagner.
- J'aimerais accéder à ta requête mais je ne connais pas cet elfe...
Cette nouvelle fit ciller Zelda.
- Est-ce possible ?
- Mais oui, il est vrai que je connais tous les elfes mais s'il a quitté les bois perdus enfant et qu'il n'y est encore jamais revenu...
- Vous ne pouvez pas savoir à quoi il ressemble.
- Exactement. Mais ne t'en fais pas car il ne pourra résister à l'appel de son destin. Son moment n'est pas encore venu voilà tout. Tu devrais t'en réjouir car c'est lorsqu'il sera présent que les choses commenceront.
- Vous avez raison vénérable père.
- Mais un autre problème plus important se pose. Ton absence va être remarquée et si Aghanim tient vraiment le palais.... Tu vas avoir de gros problèmes.
- Je saurai endormir ses soupçons.

- Etes-vous devenue folle ? Votre père et moi-même étions fous d'inquiétude. Quitter le palais sans avertir personne...
- Cela suffit Aghanim ! Je vous rappelle que vous vous adressez à votre princesse, je n'ai aucun compte à vous rendre. Par contre j'en ai à rendre à mon père, c'est donc l'unique raison pour laquelle je vais m'expliquer.
Elle s'assit sur le trône près de son père, lui prit la main en le regardant de ses grands yeux si expressifs, puis d'une voix douce et calme :
- Père... Papa je n'ai pas voulu te faire de frayeur mais il fallait absolument que j'y aille, tu comprends ? Je savais que tu m'en aurais empêchée.
- Mais où donc es-tu allée ?
- A Elfara.
- Princesse, intervint le sorcier, s'il vous plaît, ayez l'obligeance de me... de nous dire qu'est-ce qui a pu vous amener à Elfara qui n'aurait pu attendre le lendemain et une escorte ?
Elle lança un regard noir à l'intendant puis reprit :
- J'ai fait un rêve, un rêve prémonitoire... le vénérable ancien était au plus mal... il était trop vieux... il se mourrait... j'ai eu si peur que je n'ai pas réfléchi... lorsque je me suis rendue compte de ce que je faisais, j'étais en vue des bois perdus. Père, la prochaine fois j'essaierai de te prévenir à condition que tu me laisses partir, tu veux bien ?
- Très bien je suis d'accord, mais que cela ne devienne pas une habitude.
- Je t'aime papa.
Elle sortit, apparemment ils ne se doutaient de rien ni l'un ni l'autre, mais elle devait tout de même se faire discrète pendant un moment. Elle se dirigea vers ses appartements : il fallait prévenir Impa.

Les mois passèrent ainsi sans aucune trace du héros de légende au grand désespoir de Zelda qui avait commencé une guerre contre Aghanim pour récupérer du pouvoir mais surtout pour sauver son père. Un après-midi alors qu'elle se baladait dans le jardin des elfes, elle entendit une mélodie mélancolique qu'elle n'avait jamais entendue auparavant. Le jardin des elfes était le cadeau de mariage du roi pour sa femme. C'était en réalité un parc qui s'étendait sur plusieurs hectares entièrement constitué d'arbres des bois perdus et seul un membre de la famille royale pouvait y pénétrer. Aussi la princesse se demanda qui pouvait bien être ce musicien, mais une chose était sûre, c'est que vu la façon dont il jouait, il ne pouvait pas être mauvais. Elle se dirigea au son et arriva finalement au coeur du parc. Sur une souche, un elfe jouait de l'ocarina. Il portait une tunique verte et des collants blancs. Des mèches de cheveux blonds qui s'échappaient d'un bonnet vert encadraient son visage. Les yeux fermés, il jouait de son ocarina et ne semblait pas s'être aperçu de la présence de la princesse. Celle-ci était saisie, c'était lui... comme il était beau, elle n'avait encore jamais ressenti ça, elle se sentait timide et son coeur qui battait si fort dans sa poitrine... la musique cessa, le guerrier leva les yeux vers son public, deux yeux d'un bleu intense dans lesquels se lisait le courage certain d'un homme qui a déjà vécu. Devant lui se tenait la plus belle femme qu'il n'ait jamais vue, elle lui disait quelque chose, comme s'il l'avait toujours connue, cette femme il l'avait rêvée.
- Bonjour chevalier. Sois le bienvenu. Mon nom est Zelda, princesse d'Hyrule.
- Votre majesté, dit-il en s'inclinant.
- Non ! Relève-toi, tu n'as pas à faire ça. Dis-moi plutôt qui tu es.
- Mon nom est Link, le vénérable ancien m'a envoyé vous voir dès mon arrivée à Elfara. Il m'a brièvement expliqué la situation ; c'est pour cela que je suis entré dans le palais en évitant tous les gardes...
- Tu es parvenu à entrer dans le palais sans te faire remarquer ?!
- Oui, je peux être très discret quand je le veux... J'allais entrer dans une des tours lorsque j'ai vu ce parc, je me suis dit qu'étant une elfe vous deviez y passer pas mal de temps...
- Et tu avais raison. Tu dois te demander pourquoi ta présence ici était requise... Voilà, comme tu dois le savoir, je ne contrôle plus le palais et quelque chose de terrible va arriver bien que je ne sache pas quoi exactement. Cependant je possède le don de double vue et mes visions me laissaient entrevoir qu'un elfe sauverait Hyrule et cet elfe c'était...
- Moi ?
- Exactement. Aussi je suis allée à Elfara pour référer de tout ça au vénérable Amos et pour te trouver mais tu n'y étais pas.
- Plus jeune, j'étais parti découvrir le monde mais il y a quelques temps un rêve étrange troublait mes nuits : j'y voyais une femme... enfin vous princesse... se faire attaquer par un homme...
- Alors, il n'y a plus de doutes, tu es bien celui que je cherche. Viens, suis-moi !
Elle se dirigea vers une tour du château, suivie de Link. Discrètement ils regardèrent par la fenêtre : un vieil homme se trouvait en compagnie du roi.
- Link, voici Aghanim le sorcier.
- Il n'a pas l'air si dangereux...
- Ne te fie pas à son apparence, cet être est profondément démoniaque et il représente une grande menace.
- Si vous le dites... mais princesse il y a un problème.
- Lequel ?
- Ce n'est pas l'homme de mon rêve.
- QUOI ! Eberluée, Zelda avait sans le vouloir un peu trop monté le son, aussi ils filèrent sous le couvert des arbres avant de se faire remarquer.
- Je suis désolée Link... mais ce que tu viens de dire implique beaucoup de choses... mais quoi ? Pourtant mes visions sont claires : tu dois empêcher Aghanim de nuire, cet homme sert le démon, il est donc invulnérable à la plupart des armes... Il te faudra acquérir l'Epée de légende. Avant toute chose, es-tu prêt à m'aider ?
- Altesse, je jure de vous servir fidèlement, j'accepterai toutes les missions que vous m'imposerez quelles qu'elles soient, pour vous et pour Hyrule car telle est ma destinée et seule ma mort m'en empêchera.
- Voilà une réponse bien formelle, chevalier, un simple oui m'aurait amplement suffi, dit-elle en esquissant un sourire. Mais tu me sembles... comment dire... blasé, oui c'est le mot. Tu me sembles blasé, comme si tout cela ne te touchait pas, que c'est pour toi une routine qui te fait tellement horreur que tu t'y es depuis longtemps résigné... pourquoi ?
Link soupira et s'assit sur une souche.
- Depuis que j'ai quitté Hyrule, il y a des années de cela, j'ai vu beaucoup de pays : Cocolint, Termina, Labrynna, Holodrum pour ne citer que les principaux. Quasiment à chaque fois il m'a fallu venir en aide à la population. Bien sûr au début je prenais ces missions très à coeur, puis au fur et à mesure je me suis lassé... et pour moi ce n'est désormais plus qu'une obligation. A croire que j'apportais moi-même le malheur partout où mes pas me guidaient. J'ai l'impression que cela ne finira jamais, que seule la mort me délivrera de ce terrible fardeau... et voilà maintenant que ce malheur, je l'apporte sur ma chère Hyrule...
Zelda vint s'asseoir à côté de lui, lui prit les mains, plongea ses yeux qui reflétaient une grande tristesse dans les siens et lui répondit d'une voix tendre :
- Link... ne crois surtout jamais de telles absurdités... tu apportes le bonheur et non le malheur, crois-moi, tu es une véritable bénédiction pour les peuples que tu as délivrés. Tu fais partie des rares êtres qui connaissent leur destinée et qui la maîtrisent, tu n'es pas obligé de les aider mais tu t'y appliques toujours avec beaucoup d'ardeur. Tu es quelqu'un de bien Link, ta destinée est sans pareille. Bien sûr, elle présente des points négatifs et la mort ne t'en délivrera pas, sache qu'elle ne fera que retarder l'inévitable, car le héros de légende protège la veuve et l'orphelin depuis la nuit des temps et les protégera jusqu'à leur fin. Mais pense à tous les points positifs, tu as rencontré beaucoup de gens qui te seront à jamais reconnaissants, tu as été élevé au rang des immortels et tu es détenteur d'un pouvoir exceptionnel. Comprends-tu ce que je veux dire ?
Le héros appréciait l'attitude de Zelda à son égard même si cela le gênait. Il réfléchit quelques instants aux paroles de la princesse. Il devait l'admettre : elle avait raison. Il était certain que sa vie n'était pas rose tous les jours, les combats épuisants, les blessures douloureuses, la mort d'amis... mais à bien y réfléchir il n'aurait pas voulu en changer. Il n'était pas un intellectuel, il avait besoin d'action... Ce qu'il n'arrivait plus à supporter ce n'était pas les épreuves qu'on lui imposait mais c'était que des gens puissent souffrir, il le comprenait bien maintenant. Il se sentait honteux d'avoir eu de telles pensées, d'avoir voulu que tout s'arrête. Aussi si Hyrule était en danger... il la sauverait ou il mourrait.
- Merci princesse, vos paroles ont été très bénéfiques... je comprends mieux maintenant ce qui m'arrive et j'ai enfin la réponse à la question : "pourquoi moi ?"
La jeune femme sourit et au grand désespoir de Link, elle se leva.
- Je suis heureuse de te l'entendre dire. Donc comme je te le disais, il te faudra l'Epée de Légende. Mais avant tout il faut que je te raconte une histoire. Au début, ce qui allait par la suite devenir Hyrule n'était que chaos, puis trois déesses descendirent des cieux afin de créer une terre. Din, déesse de la force, sculpta la terre rouge. Nayru, déesse de la sagesse, apporta l'ordre et la loi sur ce monde. Enfin Farore, déesse du courage, donna la vie aux êtres issus de l'ordre et de la loi. Tout ce qui resta de leur passage fut trois triangles d'or, la sainte Triforce.
- Il s'agit là de notre mythe de la création, je ne vois pas où est le rapport avec l'épée.
- Laisse-moi finir. La Triforce fut conservée dans le saint royaume légendaire relié à Hyrule.
Le seul passage par lequel un mortel puisse se rendre dans le saint royaume se trouve dans le temple du temps et devant ce passage se trouve l'épée légendaire.
- Mais comment se fait-il que je n'ai jamais vu l'épée dans le temple du temps ?
- J'y viens. Il faut auparavant ouvrir les portes du temps et c'est là que les choses se compliquent. Il va te falloir acquérir les trois clés qui sont les pierres ancestrales. La première, la pierre ancestrale de la forêt, est détenue par les Kokiris qui se trouvent dans les bois perdus. La seconde, la pierre ancestrale du feu, est détenue par les Gorons qui se trouvent sur le mont du péril. Enfin la dernière, la pierre ancestrale de l'eau, est détenue par les Zoras qui se trouvent à la source de l'Hylia.
- J'imagine qu'il ne me suffira pas de leur demander poliment...
- En effet, il te faudra leur prouver que tu es digne de les recevoir en battant les gardiens. Puis pour déclencher le mécanisme il me faudra jouer un chant mystique avec le trésor de la famille royale : l'ocarina du temps. Je ne peux désormais plus faire grand chose pour t'aider, à part t'enseigner une mélodie... Mais, as-tu déjà ensorcelé ton ocarina ?
- Oui.
- Bien alors écoute, je vais te chanter le chant de la famille royale, il te servira à prouver ton alliance avec la famille d'Hyrule mais aussi à te téléporter ici lorsque tu auras trouvé toutes les pierres.
Zelda entonna alors une douce mélodie d'une voix mélodieuse qui ravit les oreilles de Link. Puis celui-ci la rejoua sur son instrument jusqu'à la connaître par coeur.
- Ma mère me la chantait comme berceuse pour m'aider à m'endormir, dit distraitement la princesse d'une voix mélancolique. Link, pourrais-tu faire une dernière chose pour moi ?
- Bien sûr ! de quoi s'agit-il ?
- Tutoie-moi, minauda-t-elle en clignant de l'oeil.

L'elfe sortit de l'enceinte du palais sans se faire remarquer et se retrouva dans le bourg d'Hyrule. La place du marché était pleine de gens qui s'affairaient dans un brouhaha incessant, les uns marchandant la moindre petite somme, les autres discutant avec des connaissances, d'autres encore sortaient en titubant de la taverne. Link observait les marchands vantant à tue-tête les qualités plus ou moins réelles de leurs produits, les femmes emplissant de larges paniers d'ingrédients qui deviendraient rapidement de bons petits plats, enfin les enfants s'amusant à attraper les poules qui étaient parvenues à s'échapper de leur cage. Tout ce petit monde allait et venait insouciant du danger qui planait au-dessus de leur tête. Cette pensée ramena rapidement le héros à la réalité. Il laissa le bourg pour entrer dans les plaines.
Sur sa gauche se trouvaient les montagnes de la mort et le mont du péril qui se dressait fièrement entouré de son anneau de fumée blanche, signe que le dieu volcan se portait bien. Sur sa droite il apercevait les murailles naturelles entourant le ranch LonLon qui était si réputé pour son délicieux lait. Puis, devant lui, les plaines s'étendaient à perte de vue. Il sortit son ocarina et siffla six longues notes. Aussitôt un imposant cheval à la robe de feu et aux crins blancs accourut.
- Bonjour ma belle, dit Link en lui flattant l'encolure avant de se mettre en selle. Epona, en route pour Elfara !
La jument hennit joyeusement et galopa ventre à terre vers le nord.

A peine arrivé à destination, le héros de légende s'était immédiatement dirigé vers le couloir naturel qui reliait la cité elfique au village kokiri. Aussitôt, plusieurs enfants accoururent pour le saluer. Il leur répondit distraitement et se dirigea vers une fillette aux cheveux verts et aux grands yeux bleus.
- Bonjour Saria.
- Link ! Comme je suis heureuse de te revoir ! Tu sais, j'ai été très déçue que tu ne sois pas venu me voir lorsque tu es arrivé à Elfara.
- J'aurais bien aimé tu sais... Mais des affaires très graves m'en ont empêché...
Link était très ému de revoir sa meilleure amie et il était honteux que "l'affaire très grave" la lui ait fait oublier. Après tout n'étaient-ils pas amoureux l'un de l'autre lorsqu'ils étaient enfants ? Bien sûr ce n'étaient que des sentiments d'enfant mais on n'oublie jamais son premier amour. Surtout lorsque son premier amour était une jeune fille si différente des autres. En effet Saria n'était pas de nature passive et insouciante comme les autres Kokiris, elle s'intéressait à tout et surtout à ce monde extérieur qui effrayait tant les enfants de la forêt. Dotée d'une grande intelligence elle tenait plus de l'elfe que d'autre chose. Mais elle n'était pas une elfe, elle était une Kokiri et n'avait par conséquent pas changé alors que Link, lui, avait grandi et était devenu adulte.
- Tu as bien changé, je t'avais bien dit que tu deviendrais un grand guerrier.
- Oui... Saria, je suis bien embêté... Mais les affaires dont je t'ai parlé tout à l'heure ne sont pas terminées et il me faut absolument voir le vénérable arbre Mojo...
- C'est donc pour cela que tu es revenu, lui reprocha-t-elle.
- Saria je t'en prie, comprends-moi j'aurais préféré rester ici avec toi plutôt que de faire... ce que je dois faire... Bon, je vais passer un marché avec toi, si je te raconte toute l'histoire, est-ce que tu arrêteras de me faire la tête ?
Link la regarda en faisant la moue et lui colla un baiser sur la joue.
- Link, soupira Saria, je n'ai jamais su rester en colère contre toi très longtemps... D'accord j'accepte ton marché à condition que lorsque tout sera fini, tu restes me raconter ce qui t'est arrivé jusqu'à ce que je le sache par coeur.
- D'accord.
Le chevalier lui raconta en détail le rêve qui avait précipité son retour en Hyrule, sa convocation par le vénérable Amos et ce qu'il y avait appris, sa rencontre avec la charmante Zelda et enfin la quête des trois pierres.
- Je te pardonne pour ne pas être venu me voir plus tôt : tu as une très bonne excuse. Suis-moi, je vais te conduire au vénérable arbre Mojo.
Ils allèrent au fond du village et tombèrent nez à nez avec Mido. Le Kokiri avait été élu chef car il était le plus vieux de tous. Bien que les autres lui obéissaient autant pour avoir la paix que par habitude, cela ne l'empêchait pas de régner de manière tyrannique sur ses frères et soeurs. Sur tous ? Non, Saria échappait à la règle car Mido était très épris d'elle ce qui avait d'ailleurs conduit à une certaine animosité entre lui et Link. Comme à son habitude, il gardait l'entrée de la clairière du vénérable arbre Mojo. Il toisa le nouveau venu ne l'ayant pas reconnu.
- Bonjour Saria... elfe.
- Je viens voir le vénérable arbre Mojo, commença Link amusé.
- Très bien, tu as une épée et un bouclier tu peux donc te présenter devant le vénérable arbre Mojo, sache que c'est un grand honneur que je te fais, moi, le grand Mido.
- Bien à plus tard... et bonne chance, salua Saria avant de s'en aller.
- C'est étrange comme vous ressemblez à l'autre, lança Mido à Link avant que celui-ci ne pénètre dans la clairière.
- Parce que c'est moi, répondit l'intéressé.
Mido fut tellement surpris qu'il resta planté là, une mimique idiote collée sur le visage tandis que le héros s'avançait dans le pré.
L'arbre Mojo était le gardien spirituel des bois mais aussi le père et le protecteur de tous les Kokiris. Il occupait quasiment tout l'espace que lui offrait l'étendue verte, ses racines pénétrant profondément dans le sol. Link s'approcha et prit la parole :
- Vénérable arbre Mojo, mon nom est Link, j'ai été chargé par la princesse Zelda de récupérer les pierres ancestrales.
- Je me souviens de toi, enfant tu passais ton temps avec Saria... Et je sais aussi que les temps sont graves mais je ne peux te remettre ainsi l'émeraude kokiri...
- Je suis au courant et je voudrais affronter le gardien.
- Bien, alors entre...
L'arbre ouvrit ce qui lui servait de bouche et le héros pénétra à l'intérieur. Il n'avait jamais imaginé que l'arbre Mojo pouvait être creux et encore moins que l'intérieur ressemblait à ça. A vrai dire, il ne se serait jamais imaginé entrer dans l'arbre Mojo. Il se trouvait dans une vaste pièce circulaire qui était percée en son centre par un trou bouché par une toile d'araignée. Il s'y aventura prudemment mais la toile ne fit que bouger un peu. Il regarda au travers et aperçut un cours d'eau et deux monticules de terre. Il n'existait aucun autre passage et c'est donc par ce trou que le chemin de Link continuait. Mais comment percer cette toile qui ne craquait même pas sous son propre poids ? Il eut alors une idée. Il sortit son arc et une flèche.
- Enflamme-toi.
Aussitôt la pointe de la flèche commença à brûler et Link tira sur la toile qui se consuma rapidement. La route ainsi dégagée, il descendit le mur en s'aidant des plantes grimpantes. Le ruisseau n'était pas profond et en face des monticules de terre se trouvait un rebord sur lequel il se hissa. Encore une fois, le chemin était obstrué par une toile qui ne fit pas long feu.
Il sauta et se retrouva dans une mare glacée, il regagna la rive en nageant et attendit quelques minutes afin de se réchauffer. Au fond de la pièce, il y avait une porte, il s'y dirigea, l'ouvrit et pénétra dans une nouvelle pièce mais aussitôt des grilles bloquèrent l'entrée empêchant tout retour en arrière : il était arrivé à destination. Une chose était sûre, c'est qu'il n'était plus dans l'arbre Mojo. Il se trouvait dans une grotte, une brume épaisse flottait sur le sol, lui arrivant jusqu'aux genoux. S'il apercevait la paroi en face de lui, les parois transversales lui étaient invisibles. De larges piliers soutenaient une voûte sur laquelle un énorme oeil rouge l'observait.
Link hoqueta d'étonnement. Se sentant découverte la créature se laissa tomber sur le sol. Le héros découvrit ainsi l'araignée qui avait tissé les immenses toiles. C'était un cyclope doté de huit pattes armées de pinces, le tout relié à un abdomen paradoxalement petit. Elle le chargea, pris au dépourvu Link sortit son arc et tira en visant l'oeil. La flèche ricocha mais le monstre était assommé. Le chevalier en profita pour le taillader à coups d'épée. Hurlant de douleur, l'araignée battit en retraite et regrimpa sur la voûte. Elle émit un drôle de bruit rauque, puis trois formes rondes atterrirent sur le sol. Link s'approcha et constata avec horreur qu'il s'agissait d'oeufs. Quelques secondes après avoir touché le sol, ceux-ci éclorent, laissant échapper des araignées "miniatures" de la taille d'un chien, qui se ruèrent sur l'elfe. Il s'en débarrassa rapidement et décocha une nouvelle flèche dans l'oeil de la bête avant qu'elle n'ait le temps de pondre d'autres oeufs, celle-ci s'écrasa durement à terre. Ne perdant pas une seconde, le chevalier s'acharna sur l'oeil avec une telle force, tant et si bien que l'oeil éclata dans un flot de liquide visqueux. Dans un ultime râle, la créature se cabra et mourut avant d'avoir de nouveau touché le sol. Elle se consuma rapidement, le corps recouvert de flammèches vertes. Link avait vaincu, en sueur, épuisé, il lança un cri à l'infini exprimant l'horreur du combat. Il s'agenouilla alors sur le sol pour reprendre ses esprits puis il se demanda comment sortir. Comme en réponse à sa question, un téléporteur apparut sur le sol, il s'y plaça et se retrouva devant l'arbre Mojo.
- Félicitations mon garçon ! tu as vaincu le gardien, voici la pierre ancestrale de la forêt.
Une magnifique émeraude encerclée par une spirale d'or se matérialisa dans les mains de Link.
- Merci vénérable arbre Mojo.
L'après-midi était déjà bien avancé, il était trop tard pour s'attaquer à la recherche de la seconde pierre, de toute manière l'elfe était exténué. Aussi, préféra-t-il se rendre au mont du péril tout de suite pour pouvoir le gravir dès la première heure le lendemain matin.

La nuit était tombée depuis une heure lorsqu'il arriva au village Cocorico. Ce petit village situé au pied du mont du péril était en pleine expansion. En effet les Sheikahs, notamment Impa, voulaient en faire un bourg aussi grand que celui d'Hyrule. Link se dirigea directement à l'auberge et prit une chambre. Il avait payé bien cher pour ce que c'était mais il n'était guère en état de marchander. Il manquait parfois quelques pans de tapisserie sur les murs et le plancher était percé par endroits mais le héros avait vu pire et il était au moins satisfait d'avoir un toit au-dessus de sa tête. Tandis qu'il se décrassait, la gérante lui apporta un repas frugal composé d'un potage, de pain et de fromage mais il se jeta avidement dessus. Puis il s'allongea et s'endormit aussitôt du sommeil du juste sans prendre le temps de se glisser sous les couvertures. Le coq chanta à six heures du matin. Link se leva péniblement, s'habilla à la hâte et déjeuna rapidement. L'aurore pointait, teintant le ciel de rose et nimbant les nuages d'une aura dorée. Observant la beauté du spectacle, l'elfe commença à gravir le chemin du Péril. Bien que très en pente, le chemin pierreux était dégagé et facilement praticable. Il parvint finalement, au bout de deux heures, au village goron. Les Gorons était un peuple primitif mi-minéral mi-humain ressemblant à des bonhommes de neige de couleur brune aux jambes courtes et au bras longs, qui ne possédaient qu'une barbichette et une petite mèche beige sur le haut du crâne comme unique surface pilleuse. Ces créatures dotées d'une force exceptionnelle étaient pourtant très pacifiques et accueillantes, cependant le voyageur de passage avait intérêt à apporter avec lui des vivres à moins qu'il ne mange des pierres comme ses hôtes. Ils vivaient dans des grottes décorées avec des peintures rupestres représentant des scènes de fêtes. Le chevalier se renseigna auprès de l'un d'eux et se dirigea vers l'étage le plus bas. Il entra dans une excavation qui était l'antre de Darunia le chef des Gorons. Il fut surpris par son aspect général. En effet, il était plus haut que tous ses sujets pourtant déjà très grands, de plus, il arborait une épaisse crinière blanche et une longue barbe. Des veines saillaient de ses bras puissamment musclés, en fait, tout en lui reflétait une force exceptionnelle. Le héros n'aurait pas fait long feu à un combat au corps à corps avec lui.
- Darunia ? Mon nom est Link, je suis un envoyé de la famille royale.
- Enfin mon frère, le roi Arkinian me fait envoyer des nouvelles.
Darunia était mécontent de son silence.
- Il ne faut pas en vouloir au roi, il n'est plus maître de ses actes.
- Que veux-tu dire ?
- Le roi est manipulé par son intendant et il n'y peut rien car Aghanim fait usage de la magie. C'est pour cela que je suis ici. La princesse Zelda m'a chargé de récupérer les pierres ancestrales afin d'obtenir l'épée de légende pour me débarrasser du traître.
- Ainsi tout s'explique. Suis-moi, je vais te conduire au gardien.
Il descendirent le chemin du Péril jusqu'à la caverne Dodongo.
- Nos routes se séparent ici, dit Darunia, je n'ai normalement pas le droit de t'aider... mais prends ceci, ça te sera utile.
Link saisit le sac que le Goron lui tendait.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Ce sont des bombes, fait attention, une fois amorcées tu as dix secondes avant qu'elles n'explosent.
- Merci.
Et sans se retourner, il pénétra dans le garde-manger des Gorons.
Il se retrouva dans une pièce entourée de nombreux puits de laves, sur sa droite et sur sa gauche une corniche offrait un lieu praticable ainsi que la plate-forme en face de lui. Au-dessus de cette plate-forme, une tête reptilienne de Dodongo ornait le mur. Link n'apercevait aucun chemin ni aucune porte et encore moins de gardien. Que faire ? C'est alors que son regard se posa sur une anfractuosité plus en hauteur, de laquelle partait un pont suspendu surplombant le crâne. Il sauta sur la corniche de droite et commença à grimper la paroi. Son ascension ne fut interrompue que lorsque son pied glissa mais il parvint facilement à se redresser. Enfin arrivé au sommet, il se dirigea vers le pont. Une inscription était gravée sur une plaque. Il se maudit d'avoir fait l'école buissonnière un peu trop souvent et mit un certain temps avant de pouvoir déchiffrer l'inscription en ancien goron. Cela donnait à peu près "si le crâne voit rouge, le chemin s'ouvrira". Si le crâne voit rouge ? Il eut alors une idée brillante, il avança sur le pont et lorsqu'il fut au niveau de la statue, il sauta et atterrit dessus. Avançant prudemment afin de ne pas glisser, il posa une bombe dans l'orbite vide et se mit à l'abri. La bombe explosa et l'oeil s'éclaira d'une lueur rouge. Content de lui, il fit de même avec le second orbite. A ce moment-là, un mécanisme se déclencha et la gueule de pierre verdâtre du Dodongo s'ouvrit, laissant apparaître un chemin sur la plate-forme centrale. Il sauta et se rattrapa sans mal avec une roulade puis il s'aventura non sans réprimer un frisson dans la gueule du monstre. Il se retrouva dans une pièce jaunâtre parfaitement vide. Dépité, Link s'accroupit sur le sol, il était de nouveau bloqué. C'est alors qu'il remarqua une fissure sur le sol. Il y posa une bombe et recula. L'explosion fit apparaître un passage et sans réfléchir, il y sauta. Il atterrit sur un chemin pas très large entourant une mare de lave. Ne remarquant rien d'anormal, il ne se retourna précipitamment que lorsqu'un bruit de pas suspect retentit dans son dos. Devant lui se tenait le plus grand Dodongo qu'il n'ait jamais vu. Le dinosaure se déplaçait lourdement approchant dangereusement de lui. Link tenta de lui envoyer des flèches mais celles-ci ricochaient sur sa peau épaisse. Cependant le reptile, agacé de recevoir ces petits bouts de bois aspira un grand bol d'air et cracha du feu. Surpris, le chevalier ne put esquiver et se fit brûler le côté gauche, il n'eut qu'à peine le temps de se mettre sur le bord, s'approchant dangereusement de la lave, avant que le monstre ne se mette en boule et ne roule à une vitesse prodigieuse sur le chemin pour tenter d'écraser l'intrus. Il ne s'arrêta que lorsqu'il se cogna sur la paroi. Oubliant l'horrible douleur et les petits points blancs qui dansaient devant ses yeux, l'elfe s'approcha de lui et prépara une bombe dans l'intention de la mettre sur son chemin. Mais la bête en avait décidé autrement et ouvrit de nouveau la gueule pour cracher une nouvelle gerbe de feu. Pris au dépourvu, le héros lui lança la bombe dans la gueule. Le monstre l'avala et elle explosa causant des dommages irréparables. Couché sur le sol, le gardien agonisait. Pris de pitié, Link s'approcha du monstre pour l'achever à coups d'épée mais le métal ne parvenait pas à entamer l'épaisse cuirasse. Le dinosaure voulant échapper à celui qui l'avait terrassé se mit en boule en suffoquant et dans un mouvement désordonné, il plongea dans la mare de lave et mourut sur le coup. Victorieux mais souffrant, le jeune homme inspecta ses blessures. Ce n'était pas beau à voir, sa tunique en grande partie calcinée laissait apparaître la peau de son bras rouge, fondue par endroits et couverte de cloques. Sa jambe avait moins souffert mais il boitait tout de même. Se servant de son épée comme d'une canne, il alla au téléporteur et se retrouva à l'entrée de la caverne en compagnie de Darunia.
- Tu n'as pas l'air en grande forme, mais tu as réussi, voilà la pierre ancestrale du feu.
Il tendit un trident serti d'un rubis au chevalier.
- Cela fait de toi mon frère de sang, reprit le Goron.
- J'en suis honoré, réussit-il à articuler avant de s'évanouir.
Lorsqu'il s'éveilla, il était étendu sur la couche de Darunia, ce dernier à son chevet.
- Eh bien on peut dire que tu m'as flanqué une sacrée frousse mon frère. Tiens bois ça, ça va te remettre d'aplomb.
Gémissant, le héros parvint à boire la potion rouge malgré son goût âcre.
Aussitôt sa fatigue et la douleur s'envolèrent mais cela n'avait eu aucun effet sur sa blessure.
- Suis-moi, je vais te conduire chez quelqu'un qui pourra facilement soigner ça.
Darunia poussa la statue qui ornait son antre, laissant apparaître un passage menant à l'intérieur du volcan.
- La température est très élevée ici, pour nous les Gorons ce n'est pas grave mais pour toi... on a intérêt à se dépêcher. Ne t'inquiète pas, je vais te soutenir.
Un chemin menait par la droite à l'entrée d'un bâtiment et par la gauche à une grotte vers laquelle ils se dirigèrent. L'intérieur de la caverne était enchanteur, en son centre, un bassin de marbre blanc était encadré par deux flambeaux où brûlait constamment une flamme verte, sur les murs bleus ruisselait une eau scintillante : une fontaine des fées. Ils s'approchèrent du bassin et une femme en sortit. Sa nudité était à peine voilée par des feuilles qui lui couvraient le corps. Flottant au-dessus du sol, elle s'adressa à Link.
- Je t'attendais héros de la lumière, sois le bienvenu. Je vais apaiser tes souffrances.
Link se sentit flotter tandis qu'un vent d'une douce chaleur l'entourait, il se sentait bien, aucun souci ne le perturbait, il se serait même endormi si ses pieds n'avaient de nouveau touché le sol.
- Voilà héros, si un jour les batailles t'épuisent n'hésite pas à venir nous voir, moi ou l'une de mes soeurs.
Elle disparut dans l'eau cristalline. Le chevalier s'inspecta, rien ne laissait paraître qu'il avait été gravement blessé au combat, son bras fonctionnait normalement et il ne boitait plus. Les deux "frères" retournèrent au village goron.
- Mon frère, laisse-moi t'offrir ceci.
Il tendit à Link une tunique d'un beau rouge dont le col scintillait lorsqu'il était exposé à la lumière. Le héros fut très impressionné par ce présent car seuls les plus grands nobles d'Hyrule pouvaient se permettre de s'offrir les onéreuses tuniques goron.
- Merci Darunia, cette tunique est magnifique.
- Elle n'est pas seulement belle, mon frère, elle est aussi résistante au feu et te protégera des chaleurs intenses, par exemple si un jour il te prend l'envie de visiter notre volcan.
- En parlant du volcan, quel est donc ce bâtiment que l'on apercevait tout à l'heure ?
- C'est le temple du feu, il faut bien que les Gorons rendent grâce aux trois déesses.
- Bien sûr.
Link enfila le vêtement et se mira dans un morceau de métal grossièrement poli. Malgré la mauvaise qualité de son reflet, il avait l'air princier dans cette tunique qui lui allait comme un gant. Zelda serait sûrement très impressionnée lorsqu'elle le verrait. Etonné d'avoir songé à la princesse, il se demanda pourquoi il avait eu cette pensée bien que l'image de la jeune elfe ne l'ait pas quitté un seul instant.
- La nuit ne va pas tarder à tomber mon frère, resteras-tu ici ?
- J'apprécie ton invitation mais je préfère parcourir un bout de chemin dès aujourd'hui.
- Alors je ne te retiendrai pas plus longtemps mon frère, bonne chance à toi. Link était redescendu au village Cocorico et s'était dirigé vers le sud-est en longeant l'Hylia. Cette rivière était vitale pour Hyrule car c'était elle qui alimentait en eau l'est et le sud. Elle prenait sa source dans les montagnes, à la fontaine Zora. A la nuit tombée, Link campa sur sa rive, il dîna d'un lapin qu'il avait chassé et s'endormit à la belle étoile.

De sa chambre, sur son balcon joliment fleuri, Zelda observait la lune. Cela faisait maintenant deux jours qu'il était parti et qu'elle n'avait plus eu de nouvelles. Lui était-il arrivé malheur ? Elle se récria aussitôt, il allait bien et il sortirait victorieux de cette épreuve. Il le fallait, il en allait du bien d'Hyrule et elle ne se le pardonnerait jamais si...
- Zelda, tu m'inquiètes, voilà deux jours que tu ne manges plus et que tu as perdu le sommeil, tu vas te faire du mal.
- Je suis très inquiète Impa, Hyrule, tu le sais, est dans une mauvaise passe.
- Est-ce l'unique raison de ton tourment ?
- Non, je m'inquiète aussi pour lui.
- Ressentirais-tu quelque chose pour lui ? demanda-t-elle d'un air entendu.
- Il est le seul qui ait réussi à toucher mon coeur et il n'a pourtant rien fait pour, avoua-t-elle en rougissant. J'aimerais savoir ce que cela fait de me retrouver au creux de ses bras, de goûter à ses baisers brûlants et de m'abandonner à ses caresses.
- Vu ainsi j'en connais beaucoup à qui cela plairait... soupira-t-elle.
Elle esquissa un sourire et reprit :
- Mais si lui ne ressentait rien pour moi ?
- Ce sont des choses qui arrivent.
- Comment savoir ?
- Embrasse-le, s'il répond à ce baiser de tout son coeur c'est qu'il t'aime. Sinon... c'est qu'il n'était pas fait pour toi.
- Et toi Impa, es-tu déjà tombée amoureuse ?
- J'ai connu beaucoup d'hommes dans ma vie mais je ne suis pourtant jamais tombée amoureuse de l'un d'eux.
Elles restèrent pensives pendant quelques instants, chacune perdue dans ses pensées. Puis Zelda voyant qu'elle avait abordé un sujet sensible, préféra informer sa nourrice de son autre préoccupation.
- Il nous faut prendre des mesures, Impa.
La voix de sa protégée avait résonné dans le silence des appartements royaux ôtant brutalement la Sheikah de ses pensées.
- Comment ça ?
- Il se peut qu'il revienne à n'importe quel moment et je devrai alors le suivre.
- Je vous accompagnerai.
- Non Impa j'ai d'autres projets pour toi.
- Je suis désolée Zelda mais je viendrai pour te protéger.
- Impa, je connais très bien la promesse que tu t'étais faite à mon sujet... Mais ce que tu dois faire est beaucoup plus important.
- Je comprends très bien Zelda, mais je ne suis pas convaincue. Si je ne suis pas là, qui s'occupera de te garder saine et sauve ?
- Tu ne penses pas que le héros de légende en sera capable ?
- Si bien sûr... mais tout de même.
Elle regarda la princesse quelques temps et voyant son air déterminé, elle capitula.
- Bien... D'accord, tu as gagné... Quel sera mon rôle ?
- Lorsqu'il arrivera, je te préviendrai par télépathie, tu devras alors faire emmener mon père en sécurité à Elfara et faire sonner la cloche d'alerte en donnant ceci au garde.
La princesse lui tendit une lettre cachetée.
- Est-ce bien nécessaire ? Pour ton père c'est tout à fait compréhensible mais pour le reste... Tu me demandes tout de même de faire entièrement évacuer le bourg d'Hyrule.
- Nécessaire ou pas, il faut prendre des précautions et envisager que le bien ne sorte pas victorieux de cette bataille. Si cette mesure s'avère être salvatrice, il n'y aura rien à redire et si au contraire, elle était exagérée alors un banquet, de plates excuses et des indemnités pour les vols éventuels feront l'affaire... Impa, mieux vaut être prudent.
- N'y a-t-il pas d'autres solutions ?
- Si, celle qui consiste à tuer mon père pour que je monte sur le trône et que je puisse neutraliser Aghanim, mais tu comprendras bien qu'elle soit inconcevable.

Link s'éveilla à l'aube et se mit rapidement en route. Il laissa Epona à l'entrée de l'embouchure de la rivière et commença son ascension toujours en longeant l'Hylia. Contrairement au chemin du Péril qui était désertique et vierge de toute végétation, les rives de l'Hylia étaient verdoyantes. Sa route était simplement un peu plus compliquée car il devait enjamber des fissures et souvent passer d'une rive à l'autre. Il arriva cependant à la cascade sans plus de difficultés, mais aucun Zora n'était en vue. Les Zoras étaient un peuple de l'eau, mi-homme mi-poisson. C'étaient des créatures esthétiquement belles avec leur couleur bleue tirant sur le violet et leurs nageoires translucides mais Link s'imaginait mal faire sa vie avec l'un d'eux. Ce peuple était autrefois des ennemis d'Hyrule au même titre que les autres monstres, n'hésitant pas à s'attaquer au voyageur esseulé qui s'approcherait d'un cours d'eau. Puis le commerce les avait fait s'assagir, bien qu'ils soient des escrocs hors pair. Enfin, avec le temps, ils étaient devenus des Hyliens comme les autres, sans toutefois se mélanger aux autres races à moins d'y être obligés. Devant sa chute d'eau Link était perplexe, il sortit son ocarina et sifflota de petites mélodies comme il en avait l'habitude lorsqu'il ne savait pas quoi faire. Son esprit vagabondant, il pensa à Zelda et joua involontairement le chant de la famille royale. C'est alors que la cascade s'ouvrit tel un rideau, laissant apparaître une entrée. L'elfe y pénétra et se retrouva au coeur du domaine zora qui se trouvait être une profonde et large excavation dans la pierre. L'elfe était sur une corniche surplombant un bassin où plusieurs Zoras barbotaient joyeusement. Il se dirigea tout droit vers un escalier sans prêter attention au chemin sur sa droite qui menait au bassin. En haut des escaliers se trouvait la salle du trône où régnait le roi zora. Celui-ci ressemblait à une énorme carpe possédant des jambes minuscules et vêtu d'une cape rouge. Son "trône" était en réalité une marche creusée dans un ruisseau, les Zoras devant être souvent hydratés et le roi étant trop gros pour se déplacer. Le chevalier se mit sur le parloir.
- Votre majesté, mon nom est Link, je suis un émissaire de la famille royale.
- Nous le savons grâce à la mélodie sinon nous n'aurions pas ouvert la cascade.
- Je suis à la recherche des pierres ancestrales.
- Cela peut attendre, tu dois d'abord te présenter au grand Jabu-Jabu.
- Roi Zora, c'est urgent.
- Nous ne transigerons pas, tu dois te présenter au dieu poisson.
Voyant qu'il n'arriverait à rien, Link accepta de rencontrer le poisson. Le roi zora fit alors l'énorme effort de déplacer sa masse sur le côté pour que l'elfe puisse passer derrière lui et se rendre à la fontaine zora. Le chevalier pataugea quelques instants dans un couloir et se retrouva à l'air libre. La fontaine zora était un profond lac de montagne, réservoir de la chute d'eau qui alimentait Hyrule. Entouré de montagnes, il possédait tout de même quelques plages minuscules clairsemées par-ci, par-là. Sur son bord reposait une estrade de pierre en ruine de laquelle les Zoras communiquaient avec leur dieu-poisson. Jabu-Jabu était en réalité un poisson géant dont la couleur était un camaïeu de jaune et aux yeux énormes, qui vivait dans la fontaine Zora bien avant que les Zoras y élisent domicile. Il alla à la rencontre d'une Zora qui se tenait sur l'estrade et semblait en grande discussion avec Jabu-Jabu.
- Bonjour, mon nom est Link, je suis envoyé par la famille royale, dit-il, autant pour le poisson que pour la Zora.
- Je suis Ruto, princesse des Zoras.
- Votre altesse, puis-je solliciter votre aide ?
- Cela dépend, que veux-tu ?
- Que vous m'aidiez à parler avec votre père, c'est très important.
- Il est certain que mon père peut parfois être... bouché. Mais dites-moi tout, je pourrais peut-être m'en occuper.
- Le roi d'Hyrule a des problèmes et Zelda m'a envoyé à la recherche des pierres ancestrales. J'ai déjà récupéré celle de la forêt et celle du feu. Il ne me manque plus que celle de l'eau.
- En effet, tu n'es pas là pour des pacotilles. Ne bouge pas de là, c'est un ordre.
Elle plongea et ressortit de l'eau un petit poisson à la main qu'elle lança aux pieds de Link. Alléché Jabu-Jabu ouvrit grand la bouche et aspira. Le poisson s'envola et disparut dans le gosier géant, suivi de très près par Link qui subit le même sort. Pestant contre Ruto, l'elfe reprit peu à peu ses esprits avant d'observer les lieux. Derrière lui une rangée de dents géantes bloquaient l'entrée, et face à lui, sur le plafond la glotte du poisson pendait. Il avança sur la langue et passa au travers d'un opercule qui délimitait la bouche du reste du corps. Le sol était tout mou, les murs suintaient et il flottait dans l'air une odeur désagréable de renfermé. Le chemin sur lequel il se trouvait bordait un profond trou empli d'eau. Ayant le choix il opta pour se diriger vers la gauche et passa de nouveau par un opercule. Dans cette nouvelle "salle", le sol était recouvert d'un liquide jaunâtre, l'air, qui dans la gueule était à peu près respirable, était devenu totalement fétide et lui piquait les poumons. Il se débarrassa rapidement d'une dizaine de méduses volantes qui se trouvaient là grâce à son arc et se dirigea vers un nouvel opercule essayant de ne pas penser sur quoi il marchait. Dès qu'il pénétra dans la nouvelle pièce, il sut qu'il était arrivé en bout de course : une anémone géante dont le corps était couvert d'épines se tenait devant lui. Deux rayons sortirent de ce qui lui servait d'yeux et électrocutèrent le héros. Celui-ci s'écroula sur le sol, le corps agité de soubresauts. Lorsqu'il put à nouveau bouger normalement il dut se plaquer contre la paroi pour éviter les écailles qui tournaient autour du gardien. Apparemment celui-ci était capable de détacher sa carapace à volonté. Lorsque les disques s'immobilisèrent, Link les élimina avec des flèches et visa la bête par la suite. Assommée, elle cessa un instant de bouger et il en profita pour la frapper avec son épée. Au grand désespoir de l'elfe, elle n'apprécia pas du tout et se souleva un peu plus du sol laissant apparaître une nouvelle rangée d'écailles. Le héros reproduisit le même schéma mais au lieu de se soulever comme elle l'avait fait précédemment, elle s'enfouit dans le sol cachant sa partie sensible et ne laissant apparaître que sa tête, puis elle lança des éclairs à toute volée. L'un d'eux parvint tout de même à toucher Link, qui encore chancelant, dut se redresser afin d'éviter la créature qui fonçait droit sur lui. Voyant qu'elle l'avait raté, celle-ci retourna dans le sol et visa encore le jeune homme mais il parvint à esquiver tous les rayons. Il tenta bien de s'attaquer à la tête mais elle semblait invulnérable et répondait aussitôt par une nouvelle attaque électrique. L'elfe eut alors une idée, il visa de nouveau la tête et fit semblant d'avoir été touché par un éclair tout en préparant son arc. L'anémone croyant l'avoir immobilisé le chargea, le chevalier attendit le dernier moment et décocha une flèche, assommant la bête, puis il s'acharna sur elle à l'épée comme il l'avait fait pour le premier gardien. Hurlant de douleur, la peau du monstre se couvrit de boursouflures et pendant d'interminables secondes, elle resta immobile puis elle explosa dans un flot de liquide vert et gluant qui recouvrit le pauvre Link. Ecoeuré, il se dirigea rapidement vers le téléporteur afin de quitter cet endroit flasque et nauséabond.
- Tu en as mis du temps, crois-tu que je n'ai que ça à faire ?
- Pardon d'avoir abusé de ton temps si précieux, dit-il ironique.
- Je t'excuse. Voilà la pierre ancestrale de l'eau.
Elle tendit une pierre constituée de trois saphirs incrustés encore une fois dans un socle d'or, ce qui donnait à la pierre la forme d'un trèfle.
- N'oublie pas de faire un brin de toilette, tu es dégoûtant, dit-elle en partant sans voir la grimace que le héros avait faite dans son dos.
Link plongea avec délice dans le lac afin de se débarrasser de la gelée verte et de se détendre après ce rude combat, puis il s'allongea sur l'estrade et laissa le soleil le sécher.

Enfin il décida qu'il était temps de mettre les voiles, il sortit son ocarina et joua la berceuse de Zelda. Il fut entouré pendant quelques instants d'un vent violent et lorsqu'il rouvrit les yeux, il se retrouva dans le jardin des elfes. Il y attendit patiemment la princesse mais elle ne vint pas.
L'après-midi passa et bientôt le soleil se coucha, semblant embraser le ciel. L'elfe avait le vague à l'âme, il s'agissait peut-être de son dernier couché de soleil et il était magnifique... un dégradé de rouge vif allant au jaune pâle et passant par le violet s'étalait sur toute la surface du ciel, teintant d'or les quelques nuages présents. Il pensa avec nostalgie à toutes les personnes qu'il aimait, les autres elfes, Saria qui devait probablement guetter son retour, à tous ces gens connus lors de ses nombreux voyages, il pensa même à cette peste de Mido. Enfin il songea à la jeune fille pour qui il faisait tout ça, pourrait-il lui dire qu'elle ne lui était pas indifférente ? Il ne l'avait vue qu'une seule fois pourtant il lui semblait qu'il la connaissait depuis toujours... Les ombres s'allongèrent et disparurent puis peu à peu, le parc s'obscurcit et la lune monta dans le ciel. Le sort d'Hyrule allait se jouer ce soir et pourtant rien ne laissait présager un tel événement, le ciel était sans nuages et la lune était très lumineuse. Link se sentit tout à coup petit et seul sous les nombreuses étoiles, sensation très dérangeante qu'il n'apprécia guère, il décida alors qu'il était temps pour lui d'aller à la rencontre de son destin.

Sans bruit, invisible, il s'engouffra dans le château et passa un long moment à essayer de trouver la chambre de Zelda tout en évitant les nombreux gardes. Enfin il la trouva. Il entra dans un joli petit salon où se trouvaient entre autre, un canapé, une table basse et un piano, le tout décoré avec beaucoup de goût. Continuant son exploration, il distingua deux portes. Il commença par celle de gauche qui donnait sur une salle de bain où se trouvait une grande baignoire ainsi qu'un large miroir en pied. Il referma doucement la porte et se dirigea vers la seconde entrée. S'y introduisant sans bruit, il s'approcha du lit sur lequel était étendue la princesse. Son beau visage auréolé de ses cheveux était éclairé par un rayon de lune blafard. Il la trouva très belle, elle semblait si paisible, trop paisible... Il fut soudain pris d'une grande frayeur et se rapprocha encore, mais il fut soulagé de voir un souffle léger soulever sa poitrine à intervalles réguliers. De plus en plus près et totalement séduit, il était déchiré entre son envie de lui voler un baiser et son devoir.
- Princesse Zelda ? chuchota-t-il à contre coeur.
Surprise, elle ouvrit les yeux précipitamment et se redressa vivement, tout en voilant sa nuisette bien trop légère avec le drap.
- Link ! Tu m'as fait une sacrée peur !
- Désolé princesse.
- Ce n'est pas grave... as-tu réussi ?
- Oui, tout va bien, j'ai les clés.
- Très bien, j'arrive.
Voyant que son ami restait planté là à l'attendre, elle reprit :
- En d'autres termes, tu sors pour que je puisse m'habiller.
- Oh... désolé, répondit-il rouge comme une pivoine avant de s'éclipser.
Elle sortit peu de temps après vêtue d'une belle robe bleue nuit, toute simple, sans fioritures. Elle avait également attaché ses cheveux en les tressant.
- Je suis prête, on peut y aller. Il y a un passage secret qui part de l'armurerie et qui mène au bourg.
Ils errèrent discrètement dans les luxueux couloirs jusqu'à ce qu'ils arrivent à l'armurerie.
- Cache-toi à l'angle de ce couloir, je vais éloigner les gardes.
Elle prit une grande inspiration et un air affolé puis elle entra précipitamment dans la salle d'arme.
- Gardes !!! j'ai vu quelque chose... là-bas ! Vite allez voir ce que c'est !
Les gardes sortirent et prirent la direction indiquée par leur souveraine. Link la rejoignit aussitôt. Elle abaissa un flambeau ce qui eut pour effet de faire basculer une lourde armoire. S'éclairant avec la flamme vacillante du flambeau, ils s'engouffrèrent dans un sombre tunnel. Près l'un de l'autre, ils avancèrent silencieusement jusqu'à ce que le jeune homme rompe le silence :
- Tu sembles bien connaître ces souterrains.
- Imagine-toi être une petite elfe dans un château que ferais-tu ?
- Je fouinerais partout.
- Exactement.
- Mais... tu ne t'es jamais perdue ?
- Si à maintes reprises... Mais comme tu le vois, je m'en suis toujours sortie. Ils rirent et parvinrent au bout du tunnel.

Ils sortirent près du temple par un passage caché par des broussailles. Il n'y avait personne et ils purent donc entrer dans le temple sans se faire remarquer. L'intérieur du temple était très sobre et solennel. Ses seules décorations étaient quelques vitraux, un tapis rouge bordé d'or qui menait à un autel recouvert d'une plaque de marbre noir, puis au-dessus de cet autel, était gravé sur le mur le symbole de la Triforce. Ils s'en approchèrent doucement.
- Sors les pierres, ordonna la princesse.
Link s'exécuta et Zelda porta l'ocarina du temps à ses lèvres et doucement commença à jouer une mélodie mystique mais pourtant très belle : le chant du temps. Alors les trois pierres s'envolèrent des mains du chevalier et se placèrent sur l'autel en tournant doucement sur elles-mêmes. A ce moment-là, le symbole de la Triforce s'illumina d'une lueur jaune d'or et les portes du temps qui se trouvaient juste en dessous s'ouvrirent... L'épée était là. Plantée dans son socle gravé du symbole des déesses, lui-même au centre d'un cercle légèrement surélevé par rapport au sol. Le héros de la lumière franchit les portes du temps et s'avança doucement dans la pièce circulaire. Le temps pressait et il en était conscient mais il émanait de l'artefact une telle puissance qu'il ne pouvait s'empêcher de se mouvoir avec une lenteur respectueuse.
- Eh bien, eh bien, eh bien, qu'avons-nous là ?
Les deux elfes se retournèrent à l'unisson. Aghanim le sorcier venait à son tour de pénétrer dans le temple du temps, il toisait les deux jeunes gens avec mépris en tapotant nerveusement son bâton.
- A ce que je vois, j'ai été démasqué, mon plan était pourtant parfait... Je supprime le sort que mon maître avait lancé sur Hyrule, je rentre au château par la grande porte, j'élimine la reine en accusant l'épidémie et le roi tombe sous ma coupe. Malheureusement, au bout d'un temps le roi se ferait vieux, alors la princesse épouse un nobliau que je pourrai aisément contrôler et... comme le sort est cruel.... elle sera malheureusement victime d'un accident après le couronnement, dit-il absorbé dans ses pensées puis il leva sur eux son visage haineux : Mais vous... vous êtes venu tout gâcher... Ce que je peux détester les elfes.
Atterrée par ce qu'elle venait d'entendre, Zelda était incapable de bouger et d'aligner la moindre pensée cohérente, le monstre... il l'avait tuée... il avait tué sa mère. Elle ne vit pas tout de suite que le sorcier venait de lancer une attaque contre elle. Lorsqu'elle s'en rendit compte, alertée par la voix de Link, il était trop tard et elle eut à peine le temps de prononcer "Nayru, protège-moi de..." avant de recevoir le rayon maléfique en pleine poitrine et de s'affaler sur le sol.
- Une de moins, ricana le traître.
- NOOOOON...
La scène s'était déroulée devant les yeux de Link au ralenti, l'arrivée d'Aghanim, son monologue, l'expression du visage de Zelda et enfin... sa chute. Il n'avait rien pu faire. Il baissa la tête quelques instant se demandant quoi faire puis il se précipita sur l'épée.
- Que crois-tu ? Seul un être exceptionnel peut s'emparer de l'Epée de Légende et toi, chien, tu penses en être digne ? Laisse-moi rire.
L'elfe prit la poignée de l'épée sacrée et la libéra de son socle de granit, sous l'oeil ébahi de l'intendant, comme si elle n'avait été plantée que dans du beurre. Il fut un instant entouré d'un halo bleu. Tout à coup des bribes de souvenirs des siècles passés lui revinrent à l'esprit, des images de troubles, de combats violents, de victoires écrasantes et d'un amour éternel : Il venait de s'éveiller à la conscience de héros du temps. Puis il se souvint de sa rencontre avec Zelda, ses paroles qui lui paraissaient alors nébuleuses devinrent claires à son esprit. Lorsqu'elle avait dit qu'il avait été élevé au rang des immortels, elle ne parlait pas de son corps qui, en y pensant bien, n'était qu'une enveloppe charnelle mais de son esprit. Il se rendit compte à quel point la vie était éphémère même pour les elfes. Qu'était-ce que de vivre quelques siècles pour une entité existant depuis le début des temps ? Après tout, après la mort, seuls persistent les actes accomplis. Il sut également à quel point la légende était beaucoup plus proche de la vérité qu'il n'avait jamais osé le croire. Le halo lumineux s'estompa et disparut, laissant apparaître le héros du temps tenant son épée légendaire. L'artefact semblait être un prolongement de son corps, la puissance de l'objet précieux se mélangeant à la force du chevalier pour ne former plus qu'un. D'un bond prodigieux il sauta au-dessus de l'autel et courut vers Aghanim. Ce dernier contre-attaqua avec un rayon d'énergie comme il l'avait fait pour la pauvre Zelda mais Link para avec son bouclier qui absorba le choc mais qui devint inutilisable. L'elfe le jeta au sol et se prépara à réattaquer lorsqu'une silhouette entra dans le temple. Cet homme aux yeux noirs de haine et aux cheveux roux était vêtu d'une armure noire sur laquelle était fixée une cape rouge.
- Maître Ganondorf, je n'ai pu préparer votre arrivée au château plus en avant car ce chien m'en a empêché... Mais il va me le payer cher.
- C'est bien, occupe-toi de lui. J'ai des choses plus importantes à faire.
Et sous le regard horrifié de Link qu'Aghanim bloquait, l'homme disparut dans le saint royaume légendaire. Le héros du temps fixa son adversaire et, pour la première fois de sa vie, le sorcier sut ce que c'était que de ressentir de la peur. Il lut dans les yeux de l'elfe une haine et une détermination telles qu'il n'en avait jamais vu. Pris de panique, il lança une nouvelle attaque magique. Le chevalier n'avait plus de bouclier pour se protéger, aussi, tentant le tout pour le tout, il frappa le rayon avec son épée, celui-ci dévia de sa trajectoire et aurait fait un trou dans le mur si le temple n'était pas protégé par la magie. L'elfe ne laissa plus le temps au traître d'attaquer, essayant avec une force hors du commun de le toucher. Sa puissance avait été décuplée, ses sens lui semblaient plus aiguisés, allant même jusqu'à lui faire percevoir des actions peu de temps avant qu'elles n'arrivent. Il ne voyait plus rien sauf cet élément perturbateur qu'il fallait éliminer à tout prix. Aghanim se protégeait tant bien que mal avec son bâton au prix de grands copeaux de bois. Link ne se battait plus pour faire vaincre la justice, il se battait pour tuer. Cet homme avait éliminé tant d'innocents, par sa faute Hyrule était perdue et il avait tué Zelda... Il allait payer. Le sorcier, lui, tentait juste de survivre. Sous un coup d'une violence inouïe, le bâton céda laissant le sorcier sans défense, mais il n'eut pas le temps de s'en rendre compte car dans le retour du mouvement, l'elfe lui trancha la tête qui alla rouler un peu plus loin dans un flot de sang. Pendant quelques morbides secondes, le reste du corps resta debout sur le sol avant de s'écrouler et de disparaître comme avalé par le sol. D'Aghanim le traître, il ne restait plus qu'un mauvais souvenir. Link rengaina l'épée dans son fourreau et s'approcha du corps inerte de son amour secret. Il la souleva doucement et stoïque, il sortit de ce lieu mystique qui reflétait la puissance des déesses il y a quelques instants encore, mais qui n'était plus désormais que douleur. Il avait échoué, l'homme des ténèbres avait violé le saint royaume et allait s'emparer de la Triforce. Hyrule allait sombrer dans le chaos suivi de très près par le reste du monde, rien ne pouvait désormais plus éviter cette catastrophe. La seule femme qu'il aimait avait péri mais peut-être en valait-il mieux ainsi... Il se promit que même si c'était la dernière chose qu'il ferait, il lui offrirait des funérailles dignes de son rang, de son sacrifice, de la sagesse et du courage dont elle avait fait preuve. Perdu dans ses sombres pensées, il n'entendit pas le son d'une cloche résonner au loin, il ne vit pas non plus les retardataires qui quittaient précipitamment le bourg. Ce n'est qu'arrivé sur les plaines qu'il reprit conscience. Il tomba à genoux tenant toujours la princesse contre son torse et une larme roula sur sa joue et vint s'écraser sur le visage de Zelda avant qu'il n'enfouisse sa tête sur la poitrine de son amour perdu pour y pleurer à chaudes larmes. Aussi il ne vit pas que sous l'impact de la goutte d'eau salée, le visage de Zelda avait frémi. Il ne s'en rendit compte que lorsqu'elle gémit en ouvrant péniblement les yeux.
- Zelda ?! Mais comment... J'ai pourtant vu le rayon te frapper...
Elle caressa le visage du héros pour y sécher ses larmes.
- Il m'a bel et bien touchée... J'ai voulu lancer un sort de protection, mais il m'a frappée avant que je ne termine ma formule. Il ne m'a pas protégée mais il a absorbé une grande partie du choc...
- Tu ne t'imagines pas comme je peux en être soulagé.
Une ombre passa sur son visage.
- Mais ce n'est qu'un répit, reprit-il, Aghanim travaillait en réalité pour un homme, Ganondorf, qui est entré dans le saint royaume... Tout est fini, Zelda. La légende s'est tue...

Effrayée de voir sa protégée allongée sur le sol, Impa, qui était arrivée depuis peu se précipita vers le couple.
- Zelda ! Tout va bien ?
- Oui je suis juste un peu sonnée... Link, cet homme est le roi des Gerudos. Mais tu n'as pas encore échoué, loin de là. Nous avons peut-être perdu une bataille mais pas la guerre. La légende continue. Ne me regarde pas ainsi, la réponse à tes questions te viendra en temps et en heures. Impa, est-ce que tout s'est bien passé au château ?
- Oui, ton père est en sécurité à Elfara et l'évacuation du bourg d'Hyrule est un succès. Héros du temps, il est temps que tu me confies la princesse, je dois la mettre en sécurité.
Link serra la princesse un peu plus fort contre lui.
- Elle ne va pas à Elfara ?
- Je ne serai pas en sécurité là-bas.
- Mais si, la cité merveilleuse est une vraie forteresse, elle n'a jamais été percée.
- Ganondorf y enverra des centaines de créatures dont la plupart périront mais au bout d'un moment il la trouvera et tout sera perdu. Il vaut mieux que j'aille dans un endroit où il ne pensera pas à chercher. Tu l'as dit, Elfara est une forteresse, mieux vaut qu'elle le reste.
- Je comprends.
Ils se regardèrent dans les yeux, dans un silence absolu, attendant secrètement quelque chose l'un de l'autre. La princesse caressa doucement le visage de celui qu'elle aimait depuis l'aube des temps en tant que princesse de la destinée et continuant sur sa lancée, elle replaça l'une de ses mèches derrière son oreille. Link approcha son visage du sien si près que leurs souffles se mêlaient.
- Donne-moi un baiser, murmura la jeune femme.
L'elfe ne se fit pas prier et pressa ses lèvres contre celles de Zelda, ils se découvrirent peu à peu, se dévoilant l'un à l'autre, puis le baiser se fit plus fougueux, libérant cette passion inassouvie trop longtemps retenue. Enfin ils se séparèrent. Link sentit que l'on glissait un objet qui se révélait être l'ocarina du temps dans sa tunique et qu'on lui ôtait la princesse.
Il rouvrit les yeux pour voir les deux femmes s'éloigner au galop vers l'ouest. Longtemps après qu'elles ne soient plus en vue, il se décida enfin à appeler Epona. Lorsqu'il se mit en selle, un cri de rage, bestial et inhumain provenant du temple du temps, retentit dans tout Hyrule. Sans demander son reste il fuit ce lieu maudit. L'heure de la bataille finale sonnera et il serait prêt, mais, pour le moment, il fallait s'y préparer... et survivre. Aussi lorsqu'il disparut à l'horizon, seule la promesse qu'il s'était faite et qui était gravée dans son coeur persistait comme un dernier espoir pour les Hyliens : "Il sauverait Hyrule ou il mourrait".

Fin (de la première partie)   

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Xaelia". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 20.04.24