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La Rose du Désert

Ecrit par Juliette K en décembre 2011

Des cris. Que de cris perçaient les murs de la petite pièce. Seuls ces hurlements agonisants se frayaient un chemin dans le brouhaha des jeunes femmes, qui se relayaient entre linges humides d'eau glacée, serviettes et bassine d'eau. Le travail avait déjà commencé quelques heures auparavant et maintenant, depuis plus de deux heures, l'accouchement avait commencé. Des chuchotements d'encouragement parvenaient à la future mère, malgré toute la cacophonie qui sortait de sa bouche, tandis qu'on changeait parfois la serviette fraîche devenue trop tiède, avant de la remplacer par une nouvelle. Soudain, une infirmière poussa un cri de surprise :

- La tête sort, la tête sort !

Ce fut pire pour la mère à ce moment-là. Les contractions se faisaient plus mordantes, acérées, douloureuses, tandis qu'elle s'agrippait aux draps pour tenter de se calmer. En vain. Ses cris déjà perçants redoublèrent d'intensité, à en déchirer les tympans des sages-femmes, agglutinées autour d'elle, l'encourageant le plus qu'elles pouvaient. Durant quelques heures, ce fut ainsi : douleur, larmes, agitation.

Lorsque le soleil commença son lent retour dans le ciel du désert, remplaçant la lune brillante aux éclats d'argent et de mélancolie, tout fut fini. Les infirmières, soupirant de soulagement, s'essuyèrent le front et la mère put prendre, d'une main hésitante et affaiblie, le nouveau-né dans ses bras. Elles regardaient l'enfant, dans un silence enfin retrouvé, les regards mélangés de stupeur et de joie.
Il avait la peau aussi blafarde que l'astre lunaire, malgré ses petites prunelles aux éclats solaires qui rayonnaient, pétillaient déjà, gémissant et poussant parfois quelques glapissements heureux, les oreilles pointues réagissant au moindre bruit. Pas une peau sombre ou halée, pas d'oreilles rondes.
La mère, fatiguée, sourit chaleureusement devant ses congénères stupéfaites, tandis qu'elle caressait une joue bouffie et douce de son enfant.

- Mais... Est-ce une Gerudo ? s'enquit l'une des sages-femmes. On dirait plus... Une Hylienne.
- Son père est hylien, s'exclama la mère d'un ton doux, remplie de joie. Mais elle est un nouveau membre de notre peuple, une nouvelle once de fierté !

Elle regarda ensuite sa fille, qui commençait déjà à gazouiller tranquillement dans ses bras à la chaleur maternelle. Son sourire s'étira davantage.

- Bienvenue parmi nous, ma petite Eléonore !

***

Le soleil rayonnait de plein fouet sur le désert. Flamboyant, dur, brûlant, comme le peuple qui habitait cette étendue de sable qu'on voyait jusqu'à la ligne de l'horizon. Un peuple exclusivement composé de femmes guerrières avec à leur tête un homme qui naissait tous les siècles, destiné à être le chef des voleuses : Ganondorf.

La vie dans la forteresse était dure, stricte, ponctuée de combats et de fêtes. Le long fleuve impétueux et tumultueux de la vie s'écoulait inlassablement dans le désert aride et hostile des Gerudos. Il fallait dire qu'à l'extérieur de la forteresse, seules les guerrières confirmées pouvaient sortir: peuplé de vers des sables et autres infâmes créatures venant des profondeurs, leur désert n'était pas un lieu où on pouvait s'amuser.

Ne jamais sortir de la forteresse sans autorisation au préalable, telle était l'une des règles du peuple des voleuses.

Eléonore les avait bien assimilées et les respectait à la lettre. Pour une enfant de douze ans, elle en étonnait plus d'une dans la forteresse: elle faisait l'orgueil et la fierté de sa mère, et peu de personnes en la présence maternelle ne se moquaient de sa fille, de peur d'engager un combat avec les deux Gerudos.
Le désert était son quotidien, les tempêtes de sable ses imprévus, le sable le sang palpitant, grossier et tumultueux de sa terre natale.

Un matin, alors qu'elle s'entraînait avec ses petites camarades, les adultes se firent de plus en plus agitées. La petite rousse, tirant un peu sur le pantalon bouffant de sa mère, demanda :

- Qu'est-ce qui se passe ?
- Notre maître est revenu des négociations avec le Roi d'Hyrule. Il arrive bientôt !

La gamine sursauta et ce fut dans cette atmosphère remuante que le Roi du Désert fit son entrée dans la forteresse.
Les guerrières s'agglutinèrent en rang bien ordonné, si bien que les petites filles, suivant leur entraînement quotidien, ne pouvaient pas voir. Des applaudissements, des clameurs fusèrent de la masse qui l'entourait. C'était en triomphe qu'il revenait dans sa forteresse.

- Eléonore, suis-moi, ordonna la mère calmement.

Toutes les deux purent se frayer un chemin entre les méandres de cette foule fascinée et admirative de leur Roi ; la plupart se poussèrent pour leur faire un passage, la mère marchant d'un pas majestueux, remettant ses bijoux de grande prêtresse en bonne position, sa fille marchant rapidement juste derrière elle.
Soudain, elle vit deux vieilles femmes survoler la foule à cheval sur leur balai, poussant quelques rires stridents : les Koutake. Toujours là, comme de vrais chiens de garde, à suivre leur Seigneur coûte que coûte.

- Seigneur Ganondorf ! s'enquit l'une. Nous sommes honorées de vous revoir !

La mère d'Eléonore se plaça à leur côté, celui des grandes prêtresses, en s'inclinant comme les autres devant lui, et elle invita sa fille à en faire de même.
Relevant doucement la tête, Eléonore déglutit, observant le chef de son peuple qui discutait avec les deux sorcières, marchant vers la salle du trône, accompagné par les prêtresses. Elle ne l'avait jamais vu auparavant.

Rien que sa voix rauque, caverneuse, glaciale la faisait frissonner de frayeur. Son regard de braise cynique et moqueur faisait bondir son coeur d'effroi. Pour se rassurer, elle prit doucement la main de sa mère avant de la serrer le plus fortement possible. La jeune femme lui jeta un regard compatissant, finissant par ébouriffer ses cheveux roux dans quelques caresses maternelles.

Il ne faut pas avoir peur.

La petite hocha la tête vaguement, prêtant l'oreille à ce qu'il disait. Un traité de paix... Un coup d'État... Une victoire... Elle ne put en entendre plus, lorsqu'il mit fin à cette brève conversation avec les Koutake, arrivant devant son trône. La carrure massive et noire s'arrêta net, tout comme la petite Cour qui le suivait. Il se retourna, sa cape l'accompagnant d'un mouvement ample, pour faire face aux prêtresses, elles-mêmes accompagnées pour certaines de leurs filles.

- Je compte sur vous pour motiver les troupes pour la bataille, dit-il tandis qu'un rictus sombre se dessinait sur son visage.

Soudain, il posa son regard sur la gamine. Des oreilles fines et pointues, une peau à peine affectée par les rayons mordants du soleil se faisaient bien, voire trop, remarquer parmi les Gerudos.
Par simple réflexe qu'on lui avait inculqué, elle s'inclina légèrement. Non pas seulement par profond respect, mais par peur. Elle ne voulait pas croiser ce regard flamboyant, qui semblait jubiler, se moquer ouvertement et continuellement des personnes qu'il jugeait faibles et inutiles.

- Qui est-ce ? demanda-t-il d'un ton anormalement calme.
- Ma fille, Monseigneur, répondit la mère en s'inclinant à son tour.

La jeune femme grinça des dents ; elle n'aimait pas se justifier du pourquoi et du comment sa fille avait plus des aspects d'hylienne que de Gerudo. Elle déglutit mais soudainement elle perçut la voix cristalline, enfantine de sa fille répondre à sa place.

- Mon père est un forgeron non-gerudo ! J'ai hérité de quelques uns de ses caractères.
- Eléonore ! gronda la mère, d'un ton colérique avec une once de panique.
- On ne prend pas la parole que si on ne te l'autorise pas, petite insolente ! s'exclama Koume de sa voix criarde et agaçante.

Ce fut un rire glacial et calme qui ébranla la salle, faisant sursauter sur place la plupart des prêtresses.

- Voyez-vous ça, dit-il enfin, haussant les sourcils par moquerie.

Soudain, elle sentit une main se poser sur sa petite tête, qui se mit à ébouriffer ses cheveux. C'était une main rude, rugueuse, sans affection apparente.

- Tes origines ne te gênent pas devant tes petites camarades, gamine ? demanda-t-il d'un ton narquois.

Eléonore fronça les sourcils ; elle n'aimait pas qu'on la rabaisse, surtout pour cette raison.

- Je suis plus forte qu'elles, grinça-t-elle soudainement.
- Vraiment ? ria-t-il.
- Elles sont faibles, se justifia-t-elle. Maladroites pour être plus précise si vous voulez savoir, Monseigneur. Elles frappent dans tous les sens, sans calculer le moindre de leurs mouvements. Les battre est donc très simple.
- Intéressant, finit-il par dire avant de se relever, pour aller s'asseoir sur son trône.

La colère montait en elle telle la lave d'un volcan en éruption dès qu'on riait de sa personne, à cause de ses oreilles ou de sa peau. Elle avait les marques de ceux que les Gerudos haïssaient le plus, ceux qui les avaient bannies dans ce désert il y a des siècles de cela, ceux qui avaient éveillé en eux un désir. Un désir de revanche. De haine. De vengeance.

Tous le monde savait que la guerre était proche.
Tous le monde savait les objectifs de leur Roi.
Elle le savait et ne pouvait pas s'empêcher de refuser.
Refuser de se plier à ses envies purement personnelles, camouflées.

***

La guerre ne pardonne pas.

Se frayant un chemin parmi la foule qui soignait les guerrières revenues d'une bataille, son coeur battait comme s'il était au bord de l'arrêt total, la respiration haletante, courant entre les mortes et les blessées. Le sang tâchait le sable du désert, le liquide grenat s'insinuait partout, coulant doucement pour former des flaques, des mares, et enveloppait d'un océan les cris de douleur, les gémissements de souffrance.
Tout était devenu rouge.
Tout était souillé de rouge, partout dans Hyrule.
Tout ce qu'elle voyait était devenu le pourpre de la Mort.
Et les rideaux écarlates de la Faucheuse aux bras de cadavres s'ouvrirent, montrant la fille face à sa mère mourante.
Dans le brouhaha persistant, on n'entendait pas les larmes de l'enfant tomber pour se mélanger au sang maternel. L'enfant pleurait, à genoux dans le sang de celle qu'elle chérissait, les mains jointes en prière, déjà souillées par le sang. Elle tremblait, secouée par de violents spasmes, hoquetant pour reprendre sa respiration noyée dans les pleurs.
Il était trop tard.
Une main caressa faiblement le visage de la fillette, déposant sans le vouloir quelques traces de sang.
Un dernier sourire, crispé par la douleur, se dessina sur le visage de la mère. Doux, réconfortant, comme elle l'avait toujours été.

S-Sois forte, Eléonore... Tu as déjà surmonté tant de choses... Je... Je suis fière de toi... Sache que... tu ne seras jamais seule... Jamais...

Les larmes redoublèrent dans un cri de désespoir, d'une enfant à présent seule face à sa mère partie, parmi la continuelle cacophonie persistante.
Personne. Personne n'entendit les cris de la fillette.

Le Tumulte avait pris place.
Hyrule tombait dans le feu et le sang.
Le trône du Royaume accueillit le Roi du Désert.

***

Quatre ans s'étaient écoulés depuis que Ganondorf avait pris le pouvoir.

Le soleil du désert était au zénith, en cette heure de la journée.
Eléonore avait à présent seize ans, mais elle n'était plus la même: plus de fillette joviale malgré les brimades, plus la gamine optimiste qui faisait l'orgueil de sa mère.
Le vide dans son coeur avait grandi.

Seule, petite semi-gerudo parmi son peuple qui vouait une haine profonde contre la race baignée de la lumière des Déesses, elle dut subir les punitions, les humiliations publiques de ses camarades, encouragées par les plus grandes.
Mais, depuis qu'elle s'était battue à mort avec une des grandes prêtresses, on lui vouait un profond respect.

À présent, elle avait le droit de sortir de la forteresse, mettre le pied dehors, voir le monde extérieur. Mais la peine, la douleur, la rancune rongeaient son être, depuis ces quatre années.
Partir. Partir avant qu'elle ne prête allégeance au Roi.
Elle ne voulait pas s'abaisser à un simple pion sur l'échiquier du Seigneur du Mal.
Elle avait déjà tout préparé : monture, vivres pour quelques jours, lanterne, couverture... Une de ses proches lui donna le plus important : une carte sur laquelle on pouvait voir la région d'Hyrule et de Termina. D'un air craintif, l'autre Gerudo lui demanda dans un chuchotement.

- Mais où veux-tu aller... ?

Eléonore passa une main dans sa chevelure de feu et poussa un soupir énervé. Elle n'aimait pas qu'on se mêle de ses affaires, surtout quand elles étaient plus que personnelles. Montant sur sa monture, son sabre disparut lorsqu'elle claqua des doigts : elle manipulait les armes à sa guise, comme disaient les autres guerrières, alliant force physique et magie.

- L'homme qu'a connu ma mère est le chef d'un petit village, près des Bois Perdus.

Sans que la seconde Gerudo puisse répondre, la première élança son cheval brutalement au galop, et sortit pour la première fois de la forteresse. Elle regarda les alentours, le sable du désert à perte de vue et galopa, sans relâche. Quelques vers des sables voulurent l'attaquer, sortant soudainement de terre et, à chaque fois, le feu de Din qui fusait dans ses mains les carbonisait sur place. Elle détacha ses cheveux, les laissant danser au gré du vent, et enleva le foulard qui masquait une partie de son visage: elle n'avait plus besoin de cela, elle était déjà loin de la forteresse.

Le désert fit place à des touffes d'herbe, puis à une immense étendue de verdure, à perte de vue. Des arbres grands, majestueux se dressaient un peu partout dans les alentours, des hautes herbes se balançaient doucement dans les courants d'air, chatouillant les pattes de sa monture.

Un sentiment de légèreté avait empli son être à la vue de l'immense plaine d'Hyrule. Tout était nouveau pour elle, et, pour la première fois depuis ces dernières quatre années, elle était quelque peu euphorique. Esquissant un sourire, elle reprit aussitôt son sérieux habituel et son regard se mit à scruter l'ensemble de la plaine, jetant parfois un coup d'oeil à sa carte, assise en amazone pour mieux la contempler.

Quel drôle de sentiment qu'était celui d'être libre.
Quelle étrange sensation de liberté intense elle ressentait à présent au plus profond de son être.
La liberté. Elle la désirait depuis tant d'années. La forteresse avait forgé son âme. Elle l'avait marqué au fer rouge à vie : vols, pillages, combats d'honneur, massacres... Tout ce que les filles du Désert lui avaient appris, elle le respectait. Mais être encadrée, éduquée, enfermée dans cette prison du Désert, elle ne voulait plus de cette vie. Il était temps de partir de ses propres ailes, seule, indépendamment de la volonté de quiconque. Ganondorf ? Il se fichait bien des déserteurs, toujours froid, impassible, et impitoyable. Il ne montrait d'ailleurs aucune affection particulière envers son peuple, le commandant d'une main de fer redoutable.

Elle ne voulait pas entrer dans ce rouage, être une simple semi-Gerudo obéissant aveuglement aux ordres de son Roi.

Elle huma un moment l'air frais et doux qui balayait l'espace environnant ; tout était différent par rapport au désert, tout. Un sourire d'une discrétion infinie apparut sur son visage blafard, tandis qu'elle jetait un coup d'oeil rapide sur la carte, munie d'une boussole. A l'est... Plein Est...
Son cheval partit doucement au trot progressivement, puis dans un galop cadencé, vif, rapide vers la direction voulue.

Quelques heures après, elle se tenait devant un portail de bois, observant les alentours, les yeux remplis d'une paisible contemplation. Les feuillus cachés la voûte céleste de leur camouflage verdâtre grandissant. Telle une arche naturel façonnée par le temps, on entendait au loin des bruits qui pouvaient s'apparenter à des gloussements d'animaux. Mais cette légère cacophonie lointaine était dominée par les voix des villageois, abrités et cachés derrière leur barrière de feuillus et de conifères, et leur portail de bois. Soudain, un cri de frayeur résonna près d'elle. Eléonore leva la tête, quelque peu fatiguée et vit qu'un jeune homme tremblotant l'observait avec effroi depuis un mirador.

- Une Guerrière Gerudo ? Ici ? couina-t-il. Mais je croyais que ce peuple avait été ba...

Il se retint d'en dire plus, détournant le regard face aux prunelles rageuses qui le fusillaient.

- Je viens voir votre chef, annonça-t-elle d'une voix monocorde.
- En quel honneur de la part d'une voleuse du peuple maudit ? grinça le jeune homme, en essayant de la toiser alors qu'il tremblait de toute part.
- Dites-lui que sa fille l'a enfin trouvé.

Quelques minutes plus tard, le portail s'ébranla doucement, agitant les ronces, les lianes grimpantes qui avaient poussé sur les lourdes portes, laissant sa monture entrer au pas dans le village. Eléonore retint son souffle lorsqu'elle vit ses habitants l'accueillir solennellement.

- Tu es Eléonore, n'est-ce pas ? fit une jeune femme.

La rousse sursauta à peine et la fixa, sans voix, d'un regard légèrement étonné et sombre, sur la défensive.

- Ton père, notre chef, t'attend avec impatience !
- Il attend ce moment depuis des années, renchérit une autre, un grand sourire sur les lèvres.

Le coeur de la semi-Gerudo ne pouvait plus s'arrêter de frapper violemment l'intérieur de sa poitrine avec douleur et force. Elle se sentait mal à l'aise, ce sentiment si nouveau, si doux, lui donnait des nausées désagréables, alors que la petite foule qui l'entourait la guidait vers une maison de bois légèrement plus spacieuse que les autres, installée à côté d'un atelier de forgeron, juste abrité par un toit de planches bien épaisses. Ils passaient de ponton en ponton, car le village se trouvait sur une sorte de lac intérieur. Les prunelles pétillantes d'une fascination inconnue, les oreilles pointues à l'écoute de la moindre parole la concernant, elle ne savait quoi penser.

Tout était nouveau.

Le palpitant battant, elle entra dans la demeure d'un pas anormalement mal assuré, les membres frémissant parfois, le dos frissonnant. Un feu bien protégé crépitait silencieusement, sa chaleur douce et réconfortante enveloppait l'ensemble de l'intérieur de la maison.

Un homme était assis devant le feu, de dos, sur un large fauteuil de la même matière robuste et majestueuse qui formait la maison. Son coeur bondit. C'était lui.
Elle avança d'un pas tremblant, il leva la tête, attiré par le bruit discret du grincement des planches de bois sous la force des pas. Un petit rire, heureux, plein de joie, résonna dans la pièce. L'homme se leva de toute sa masse et se retourna vers elle. Une moustache et une barbe entourait son visage carré, des cheveux longs tressés tombaient sur une de ses épaules. Il portait une simple tunique d'un pourpre pale, les mains rugueuses, blessées par son travail de forgeron, par le temps qui défilait à une vitesse affolante. Il se gratta la tête, balayant un moment sa chevelure grisâtre, un peu gêné.

- Cela faisait longtemps que je voulais te revoir, Eléo'.

Elle sourit à son tour.

- Moi aussi, Papa.

***

Trois ans s'étaient écoulés depuis les retrouvailles.
Trois ans de félicité.
Trois ans où tous vécurent dans une utopie luxuriante et permanente.

Eléonore avait retrouvé et découvert une forme de vie, opposée à tout ce qu'elle avait vécu dans la forteresse. La plupart du temps, elle parlait des heures avec son père, l'aidait lorsqu'il forgeait un quelconque outil dans son atelier, protégeait avec d'autres parfois les convois qui allaient à Cocorico... À la pêche au niveau des cascades, dans la forêt pour le bois, elle aidait un peu partout. Elle avait gagné la confiance de bon nombre de personnes.

Mais, depuis peu, son père était mort d'une maladie grave aux poumons. Sans compter qu'une rumeur disait que le Héros du Temps était de retour, comme le disait la légende des Grandes Déesses. Le coeur serré, Eléonore restait à l'atelier, à battre le fer à l'aide d'un marteau adapté à sa taille, comme lui avait appris son père. Parfois, elle jetait un coup d'oeil vers l'armurerie : entre les autres marteaux qui jonchaient le sol en bois et l'armure massive de son père, se trouvaient deux sabres. Deux sabres forgés par son père, pour son anniversaire.

Ce que tu recherches, tu ne pourras le trouver sans te salir les mains.

Elle soupira longuement. Soudain, un enfant vint vers elle, en courant, paniqué.

- Eléonore ! Eléonore ! C'est terrible !
- Qu'est-ce qu'il y a ? s'enquit la jeune femme en arrêtant de frapper le fer contre l'enclume.
- Un de nos convois a été arrêté ! Par... par des Gerudos ! Ils... ils sont... ils ont tous péri dans l'attaque...

La rousse fronça les sourcils et grinça des dents, lâchant le marteau pour le poser contre l'enclume. Elle enleva ses gantelets de cuir et suivit le garçon, après l'avoir consolé du mieux qu'elle pouvait.

- Des Gzrudos... attendent devant le portail... couina-t-il lorsqu'ils arrivèrent devant les portes de bois.

Le surveillant, en haut du mirador tremblait de peur, comme à son habitude. Des ricanements féminins à son égard sortaient de la gorge des guerrières qui s'impatientaient.
La semi-Gerudo sortit du village par une petite porte et fit face aux voleuses de son peuple, à cheval.

- Tiens ? Mais ne serait-ce pas la petite fillette au teint de cadavre qui se réfugiait dans les jupes de sa mère ? fit une des Gerudos qui semblait être à la tête du groupe.
- Je n'ai que faire de vos remarques intempestives, grinça Eléonore avec force et prestance. J'ai entendu dire que vous aviez détruit un de nos convois qui se rendait à Cocorico pour ravitailler les villageois. Pourquoi ?
- Il semble que vous ne soyez pas au courant : le Seigneur Ganondorf, Roi d'Hyrule, a mis en place une nouvelle règle : vous n'avez désormais plus le droit de faire ce genre d'action " humanitaire ".
- Et donc ? Pourquoi venir ici, à part pour me dire cela ? N'êtes-vous point déjà ravies, après avoir encore une fois massacré de pauvres innocents ?
- Juste pour te dire, petite fillette au sang souillé, que ton village va bientôt recevoir plus de visites de notre part : vous produisez beaucoup d'armes et de bois, nous en avons besoin. Si vous ne coopérez pas avec nous, sachez que vous en subirez les conséquences.

Eléonore soupira, lorsque les guerrières partirent du village, mais elle ne pouvait rester les bras croisés. Elle convoqua les habitants, sur la place centrale du village, soutenue par des piliers imposants au dessus de l'eau. La réunion commença, mais la tendance était claire : personne ne voulait servir Ganondorf, cependant, personne ne pouvait s'opposer à lui et toute son armée. Refuser est synonyme de mort avec cet homme.

- ... Je ne peux m'empêcher de penser ouvertement que je ne veux pas le servir, déclara-t-elle d'une voix sonore et solennelle. Mais je ne veux pas vous mettre en danger : si on ne négocie pas avec lui... j'imagine que les guerrières reviendront pour détruire le village.

Un frisson terrifié s'empara de l'assemblée. Elle serra les poings.

- C'est pourquoi je dois vous quitter.

Les villageois s'insurgèrent aussitôt, clamant le fait qu'elle devait rester ; elle baissa la tête, coupable, mais la releva : ils durent faire face à un regard sérieux, calme comme le Lac Hylia, prêt à bouillir d'impétuosité, dormante mais sur le qui-vive.

- Mes chers amis, commença-t-elle, je sais que vous n'approuvez pas ma décision, mais elle est irrévocable. Je ne veux vous voir en danger. J'ai décidé de me retirer avant que ma colère me rattrape à son tour. Je ne suis plus le chef de ce village, c'est à vous de décider qui est digne de supporter cette tâche. Je comprends... que vous soyez en colère, mais il ne peut en être autrement. Je ne changerai pas mon choix, est-ce clair ?

La plupart déglutirent et firent un vague hochement de tête d'approbation : quand elle parlait de cette façon, avec prestance et élégance, personne ne pouvait vraiment s'opposer à elle. Elle poussa un nouveau soupir et leur lança un sourire plein de compassion, avant de dire :

Il y a toujours de l'espoir.

Ils sourirent à leur tour. Le Héros était en route, il fallait à tout prix l'aider par tous les moyens. Porteur d'espoir, héros de la renaissance prochaine du Royaume, il avait un bien lourd destin à affronter, pensait Eléonore.
Elle s'accorda plusieurs jours pour préparer son départ, qui fut bref, des plus discrets possibles : les Gerudos étaient déjà là, à vouloir prendre les commandes du village, réclamant de leurs voix brutes et capricieuses des vivres et des matières premières rapidement.
C'est en refoulant son envie d'abattre les guerrières que la semi-Gerudo partit, à cheval, avec un paquetage et des vivres pour plusieurs jours, de son village, petit coin luxuriant de beauté, où l'eau et la forêt ne faisaient qu'un, où l'arche feuillue cachait les rayons parfois dévorants pour protéger les longs ruisseaux.

***

Les mois passèrent.
Les taxes pleuvaient à flots.
La misère gagnait du terrain.
Tout semblait perdu pour Hyrule.

Mais l'espoir restait là, des révoltes fusaient de plus en plus dans les quatre coins du Royaume; même les petits habitants reculés des Terres de Firone ne pouvaient plus supporter cette tyrannie.
Dans tous ces résistants, se trouvait la semi-Gerudo, parlant tel un orateur de guerre dans les tavernes, encourageant les hommes vigoureux, les femmes fortes, tous ceux qui pouvaient combattre, à se révolter pacifiquement contre le Seigneur. Pacifiquement, oui. Elle ne voulait pas voir une guerre civile éclater dans la haine et le sang. Pas une nouvelle fois.

Les négociations dans les bars fusaient. La Rose du Désert, comme on l'appelait ainsi, vagabondait entre terres hostiles et tavernes, discutant avec ceux qui ne voulaient plus de ce terrible despote sanglant. La pipe à la main, expulsant lentement des bouffées de fumée aux senteurs de cannelle, elle fréquentait les chevaliers déchus, les réfugiés, les assassins, d'autres bandits, les mercenaires ou tueurs à gages.

Les représailles frappaient les villages. Les Gorons descendaient de leur montagne. Les Zoras prenaient les armes. Les rumeurs couraient sournoisement. Une nouvelle guerre était proche.

Dans les fureurs noires, se dressait l'épée de Légende.
Tout le monde accourait dans la Citadelle détruite, terrassait les monstres restants.

Dans le chaos persistant, dans les clameurs cacophoniques annonçant la victoire, Eléonore réussit à se frayer un chemin vers le château d'Hyrule, à ce moment-là château de Ganondorf. Le jeune Héros vêtu de vert était là, les membres tremblants, crasseux, couvert de blessures et entailles multiples, Excalibur à la main. À côté de lui se trouvait la princesse Zelda, le réconfortant doucement. Autour d'eux planaient des boules lumineuses ; on pouvait même distinguer des formes humaines: une Kokiri, un Goron, une Zora, une Sheikah, une Gerudo et un Hylien.

Les Sept Sages et le Héros du Temps venaient de venir à bout du Seigneur du Malin.

La semi-Gerudo, observant la scène avec d'autres au loin, se risqua d'avancer d'un pas. Le Roi de son peuple gisait sur le sol, reprenant une forme humaine, alors qu'avant, il avait l'aspect d'une bête démoniaque porcine. Il ne bougeait plus.

- Soyez assurée Princesse que nous allons nous en occuper.

Eléonore frémit tandis que les villageois se mirent à accourir vers la Princesse et le jeune homme. Seul un endroit semblait propice aux exécutions de ce genre : La Tour du Jugement. Regardant avec horreur son Roi déchu, elle ne savait que penser.

Il allait subir un jugement arbitraire, sans procès, se résumant directement à une mise à mort ?
De la part des Hyliens, c'était impensable ! Mais la réalité était là. Les Sages avaient bel et bien l'intention de mettre fin à son existence sommairement. Ça la révoltait, faisant bouillonner son sang de rage.

Soudain, le décor changea en un éclair.
Retournée dans le passé, sept ans plus tôt, tout le monde semblait être conscient de ce qu'il s'était passé.
Dans son corps d'enfant Gerudo, dans la forteresse du Désert, les Gerudos se préparaient à la guerre.
Pas une guerre pour la prise du pouvoir.
Une guerre de répression.

Tout le monde était conscient que leur maître avait voulu prendre le pouvoir. La haine bouillonnait. Zelda ne put rien faire face à la vague vengeresse qui s'abattit sur le désert Gerudo.
Les guerrières tombèrent. Les soldats clamèrent leur toute-puissance sur elles, sur le peuple des voleuses. Comme tous les enfants trop jeunes, Eléonore était cachée avec les autres dans les catacombes de la forteresse, attendant la fin. Elle ne comprenait rien : la plupart des Gerudos étaient forcées d'obéir au Roi, c'était la tradition ! Alors pourquoi...

La tête coincée dans les genoux, entendant comme les autres fillettes les leurs tomber au fur et à mesure que le temps passait, elle se mit à pleurer. De la fureur mêlée à la déception. Déception d'avoir vu que même la Royauté d'Hyrule n'était pas sans barbarie et sans scrupule. Elle ne pouvait plus lui faire confiance.

***

La Haine comme l'Espoir fait vivre l'homme, Eléonore. Mais... prends garde, ma fille. Car il faudra que tu fasses le bon choix.

Dans le désert, tout se répéta une nouvelle fois : la mort de sa mère, la mort de son père n'était maintenant que fatalité.

Les Gerudos restantes, après cette sombre guerre, reconstruisirent ce qu'elles avaient de plus cher : leur forteresse. Tandis qu'une rumeur sur la chute de la Lune sur Termina courait, les Gerudos de cette région vinrent aider leurs compatriotes meurtris. La solidarité avant tout fut d'une importance primordiale.

Observant au loin la Tour du Jugement, Eléonore, tout comme le reste de son peuple, savait ce qui se passait là-bas, mais personne ne pouvait rien faire.

À part les Grandes Déesses. Elles firent preuve face aux sept sages d'une amère ironie, lorsqu'ils virent que la Triforce du Seigneur l'animait toujours, comme immortel. Sur le point de répéter le terrible événement passé, il fut banni dans le Crépuscule, sans que personne ne l'apprenne.

***

Sept ans passèrent, sans qu'on n'entende la moindre nouvelle sur lui. On oublia, peu à peu, ce qui s'était passé. On oublia même les Gerudos : tout le monde croyait que la guerre avait détruit ce peuple comme tant d'autres. On condamna même l'accès au désert, à présent considéré comme un lieu maudit, hostile, où voguent la mort et les âmes exécutées.

La rousse retrouva son village, y revint quelques temps avant de retourner dans sa forteresse: maintenant, elle ne pouvait plus s'empêcher d'y revenir, pour soutenir les siennes. Les Gerudos de Termina étaient même venues aider les rescapées pour la reconstruction de la Forteresse. Durant ces nouvelles années, elle vagabondait, entre le désert et la forêt, passant parfois par la citadelle, retrouvant des anciens camarades mercenaires, érudits ou chasseurs de trésors autour d'une bière, une fumée de pipe envahissant l'ensemble de la taverne.

La Haine était apaisée.

***

Un jour, une Gerudo arriva essoufflée, entrant au triple galop dans la forteresse. Celle-ci devait être sûrement de garde ce jour-là au niveau de la Tour du Jugement, en compagnie de bokoblins et de leurs cochons puants. Eléonore était revenue pour deux semaines dans l'immense bastion du désert.

- Que se passe-t-il ? s'enquit la semi-Gerudo, l'aidant à descendre alors qu'elle tremblait de toute part, à cause de la fatigue et du choc, ça va ?
- Il... il... à la Tour... Il est de retour ! Notre maître est de retour !

Eléonore écarquilla les yeux comme toutes les autres. Ganondorf ? De retour ? Après ses sept longues années d'absence, il serait de retour ? Un frisson, à la fois d'une certaine joie fière et d'incompréhension, s'empara de l'ensemble des guerrières voleuses.

- Il arrivera bientôt... d'un moment à l'autre !

Aussitôt, tout le monde s'empressa de préparer le retour du Roi.

Eléonore, en tant que prêtresse, put s'emparer d'un cheval avec d'autres et aller à la rencontre du Seigneur.

Dans l'écurie, elle arriva au niveau d'un box. Elle ouvrit la porte d'une main tremblante. Tremblante ? Mais pourquoi ? Était-ce de l'excitation ? Du stress ? Ou de... la joie ? Elle-même ne savait pas vraiment, tandis qu'elle sanglait le cheval sans maître depuis sept ans. Tout en calmant la monture au crin chevalin flamboyant, qui réagissait vivement au comportement hâtif des guerrières empressées, elle mit en place les différentes armures qui lui étaient destinées.
Elle soupira, tentant de trouver une respiration régulière : l'euphorie, oui, c'était de l'euphorie.

***

Le petit groupe galopa le plus vite possible vers la Tour du Jugement : au loin, on entendit les cris stridents et gras de joie, les clameurs des bokoblins, dansant comme des possédés autour du Seigneur. Les prêtresses retinrent leur souffle : oui, c'était bien lui, en chair et en os, plus puissant que jamais.

Elles s'inclinèrent le plus profondément possible et, s'avançant vers lui, la jeune rousse au teint de cadavre lui tendit les rennes de sa monture, protégée par d'innombrables armures. Le cheval poussa un hennissement joyeux, en revoyant son maître.
Un sourire sombre étira son visage et il monta lentement à cheval. À la main sur laquelle la marque des Déesses brillait doucement, il tenait sans cesse une épée lumineuse, aux courbures travaillées, resplendissante.

- Mes chères amies, dit-il enfin d'un ton profond et rauque, souriant d'un air carnassier, nous avons une vengeance à accomplir.

La Haine l'avait sorti de la torpeur.

Il serait plus que naturel que celui qui possède le pouvoir des Grandes Déesses devienne le seigneur de ce monde, vous ne croyez pas?

Les clameurs redoublèrent d'intensité, tandis qu'il s'élança le premier dans un galop furieux.
Eléonore invita les autres à le suivre, alors que les bokoblins poussaient des cris, en talonnant furieusement les sangliers qui leur servaient de montures.

- Personne ne peut s'opposer au Roi de l'ombre et de la lumière, notre Roi ! clama-t-elle de sa voix cristalline. Soyez fières, mes soeurs, car le temps des rejets et des huées est maintenant révolu !

Les guerrières poussèrent des hourras de joie, avant d'élancer leurs chevaux vers Ganondorf. Les laissant passer, un faible sourire aux lèvres, Eléonore poussa un soupir : ce qu'elle avait dit... elle ne le croyait qu'à moitié.

Accompagner le Seigneur du Mal sans rien dire... ?

Régner dans la peur, la répression, dans l'ombre de la revanche... Elle ne le voulait pas ; tout une partie de sa vie, détruite par le Temps, elle l'avait passé à clamer la paix, la fin du règne du Seigneur. Elle déglutit, remettant son foulard en place et rattrapant le groupe de voleuses.

- Quel camp choisir, Papa ?
- Eléonore... c'est à toi de décider. Mais tu ne pourras rester entre les deux éternellement. Il va te falloir faire un choix: celui de ton maître... ou celui de la Liberté ?

La jeune femme baissa la tête devant l'homme forgeron. Il soupira avec gêne et embarras.

- ... Mais je sais que tu ne peux pas choisir : les deux te sont trop précieux, n'est-ce pas ?
- Je ne veux pas perdre ma liberté, mais je ne veux pas perdre mon honneur et ma fierté pour autant.

L'histoire tourna la page pour en débuter une nouvelle.

Toujours vagabonde, entre la forteresse et les terres d'Hyrule, Eléonore allait s'élancer dans une nouvelle histoire. Histoire qui allait débuter à la Tour du Jugement.

Mon sang est le sable du désert.
Mon coeur est celui des roses de pierre.
Tel est mon surnom.
On m'appelle la Rose du Désert.

FIN

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Juliette K". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 14.04.24