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Le Temps d'un Crépuscule

Partie 1 : Ocarina of Time

Ecrit par Cristal en 2012
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 1

Ganondorf avait été vaincu. Cette nouvelle traversa Hyrule comme une traînée de poudre. Seulement quelques jours après que Link ait mis un point final au règne maléfique du Seigneur des Ténèbres, on entendait des chants et des cris de joie dans toutes les contrées du Royaume.

Le château d'Hyrule, lui-même, était en effervescence. En effet, un événement d'une telle ampleur méritait d'être fêté comme il se doit. Le grand vainqueur devait être honoré. Ce soir aurait lieu la première Fête du Triomphe.

Pourtant, ce matin-là, il n'y avait personne dans les rues. Tout le monde était réuni dans la grande salle du palais pour une cérémonie très officielle. Link, le Héros du Crépuscule comme on l'appelait déjà, devait recevoir des mains de la princesse Zelda un cadeau de remerciements pour l'aide qu'il avait apportée.

La salle du trône portait encore les traces du combat qui avait eu lieu entre ses murs. Les employés du château avaient fait de leur mieux pour apporter un peu de gaieté dans cette pièce qui devait accueillir leur sauveur. Un grand tapis rouge avait été posé à partir de la porte d'entrée jusqu'à l'estrade où se tenait la princesse royale les jours d'audience. Des drapeaux éclatants frappés aux armes d'Hyrule avaient été placés sur tous les murs.

Les habitants du royaume étaient venus en grand nombre pour assister au moment de gloire de celui qui avait ramené la paix. Certains étaient juste venus pour le voir. Beaucoup de rumeurs, plus ou moins vraies, couraient sur son compte. Et de nombreuses jeunes filles voulaient savoir s'il était vraiment aussi beau qu'on le disait.

Par la porte d'entrée grande ouverte, on vit arriver une troupe de soldats qui entrèrent en rang serré et prirent place de chaque côté du tapis rouge afin de laisser entrevoir une haie d'honneur allant de la porte vers le trône royal. Le héraut sonna de sa trompette et annonça l'entrée de la princesse Zelda.

Celle-ci s'avança. Elle portait une longue robe de cérémonie blanche incrustée de pierres précieuses. Ses cheveux châtains étaient retenus à l'arrière par des rubans du même bleu que ses yeux. Elle se plaça face à la porte pour attendre l'arrivée du héros.

Le héraut sonna une seconde fois dans sa trompette pour annoncer l'entrée du "Sauveur d'Hyrule". Tous les regards se tournèrent vers la porte. Un jeune homme s'avança. Il avait les cheveux clairs et les yeux d'un bleu très profond. Il était vêtu d'une chemise blanche surmontée d'une cotte de mailles et d'une tunique verte ainsi que d'un pantalon beige clair et d'une paire de bottes en cuir. Il arborait sur sa tête un bonnet du même vert que sa tunique et une boucle bleue à chacune de ses oreilles pointues. Il portait sur son dos l'Épée Légendaire, Excalibur, qui lui avait permis de vaincre les forces du mal ainsi qu'un bouclier avec le blason hylien.

Il s'avança lentement, semblant embarrassé par tous ces regards fixés sur lui. Il avait redouté ce moment, qui était une épreuve pour lui. Il avait tenté d'éviter cette cérémonie, mais la princesse Zelda avait insisté, lui expliquant que le peuple avait le droit de connaître le visage de celui qui l'avait sauvé. Il n'avait pu refuser. Et maintenant, il était là, sentant tous les regards peser sur ses épaules de jeune homme à peine majeur.

Depuis la fin de ce terrible combat qu'il avait mené contre le Seigneur des Ténèbres, il n'avait pas eu un moment à lui. Il avait fallu commencer la grande reconstruction du pays alors qu'il n'aspirait qu'à retourner dans son village et à reprendre son ancienne vie de gardien de chèvres. Mais il savait qu'il avait encore un devoir à accomplir tant qu'Hyrule ne se serait pas entièrement remise de ses blessures.

Intimidé devant toute cette foule qui l'acclamait, il avançait en direction de la princesse avec qui il avait partagé les derniers moments de sa lutte. Elle était là quand il avait mené le dernier combat et, sans elle, peut-être n'aurait-il pas triomphé. Quand leurs regards se croisèrent, ils échangèrent un sourire complice. Toutes ces épreuves, qu'ils avaient traversées ensemble, les avaient rapprochés.

Il regarda autour de lui, cherchant un visage familier au milieu de la foule. Il le repéra assez facilement. Elle était là, Iria, son amie d'enfance. Elle portait une tunique claire brodée au-dessus d'un pantalon brun. Elle avait des cheveux blond coupé court et de grands yeux verts. Elle lui souriait avec douceur. Il sentit monter en lui le courage nécessaire pour marcher la tête haute.

Il s'avança vers la princesse. Quand il fut arrivé en bas des marches menant vers le trône, il mit un genou à terre et salua. Elle descendit l'escalier, tendit sa main à Link pour qu'il se relève et l'invita à la suivre.

"Mesdames et Messieurs, laissez-moi vous présenter celui sans qui nous vivrions toujours sous le règne de l'infâme Ganondorf. Il a risqué sa vie pour ramener la paix dans le royaume. Il a vécu des épreuves que nous aurions du mal à imaginer. Ce jeune homme a mérité le droit d'être appelé héros et se voit décerner la Médaille du Courage."

Elle se tourna vers un page qui tenait un petit coussin rouge sur lequel trônait une décoration en or fin, sur laquelle était gravé son nom. Elle la prit délicatement et l'attacha avec soin sur la tunique du jeune homme. La teinte rosée que prirent ses joues à ce moment-là n'échappa pas à Iria, placée au premier rang. Ce garçon avait toujours été modeste et le moindre compliment le faisait rougir. Toutes ces épreuves ne l'avaient pas changé finalement...

Ce que la jeune fille ignorait, c'était que Link s'était quelque peu habitué à recevoir des éloges. Si celles-ci ne le faisaient plus autant rougir, c'est parce qu'il avait appris à cacher ses émotions. Sa modestie n'était pas la seule responsable de son émoi.

Cette cérémonie avait été répétée à plusieurs reprises. Link n'avait pas droit à l'erreur et il avait dû recommencer jusqu'à connaître parfaitement son rôle et son texte. La seule différence résidait dans le fait que, lors des répétitions, ils s'étaient contentés de mimer la remise de la médaille. Aujourd'hui, il avait senti les mains fines de la princesse déplacer le tissu de sa tunique pour y accrocher le symbole de son courage et de sa victoire.

"Seigneur Link, le royaume d'Hyrule est fier de vous compter parmi ses héros. Veuillez accepter cette épée en récompense des services rendus à la nation."

Elle prit cette dernière des mains d'un autre page et la tendit à Link en posant un genou à terre. Celui-ci prit le présent des mains de sa princesse. Il se tourna alors vers le peuple afin de le leur montrer. Puis il sortit l'arme de son fourreau et la brandit. Sur la lame étincelante qui reflétait la lumière du soleil, étaient gravés ces mots : "A Link, le Héros du Crépuscule, pour services rendus".

Le Premier Ministre s'avança alors vers le jeune homme qui avait remis l'épée dans son étui :

"Héros, la princesse Zelda et moi-même souhaiterions vous voir intégrer la Garde Rapprochée Royale."

Des cris de surprise fusèrent dans toute la salle. Cette unité d'élite ne contenait que les plus fines lames du royaume. C'était un honneur que d'être appelé à y servir. Une main sur le coeur, Link salua la princesse et son ministre et répondit à la question en ces termes :
Je vous remercie de l'honneur que vous m'accordez en m'intégrant dans votre Garde Rapprochée. J'accepte humblement votre offre. Et je prête serment devant le peuple d'Hyrule de servir et de protéger le pays et la famille royale au péril de ma vie.

Bien sûr, Link avait déjà accepté cet emploi. Il était même déjà entré dans ses fonctions, mais il était nécessaire d'officialiser la chose. Sa première mission avait été de poursuivre et d'emprisonner les derniers complices de Ganondorf.

Le héraut sonna une dernière fois de sa trompette et invita les habitants à la grande fête qui aurait lieu le soir même. Les invités commencèrent à quitter la salle. Seule, Iria n'avait pas bougé. Elle attendit que la princesse s'éloigne avec son ministre pour s'approcher de Link.

"Tu vois, ce n'était pas si terrible. Et tu t'en sors sans une égratignure, lui dit-elle avec un sourire espiègle. On aurait pu penser en te voyant avant la cérémonie que tu t'apprêtais à vivre le plus terrible combat de ta vie.
- C'est un peu ça", dit-il en lui rendant son sourire.

Lorsqu'elle eut terminé la discussion qu'elle avait eue avec l'homme d'État, Zelda se dirigea vers les deux jeunes gens. Elle s'arrêta un instant pour les observer. Link était en train de rire, car Iria lui racontait les derniers exploits de Fahd, avec qui il travaillait lorsqu'il était encore berger et qui avait bien du mal à se faire obéir par les chèvres. Elle se rendit compte qu'il ne lui arrivait pas très souvent de sourire. Sans doute à cause des grandes responsabilités que le statut de Héros avait mises sur ses épaules...

Elle s'en voulait de l'empêcher de retourner vivre dans son village où il retrouverait une vie normale loin de toute cette agitation. Cependant, le royaume avait encore besoin de lui. Il n'avait que 18 ans, mais il était devenu un symbole vivant pour tout un peuple.

Il avait obtenu une journée de repos et il l'avait bien méritée. Depuis qu'Hyrule avait été sauvée, il n'avait cessé d'accomplir des missions pour elle. Pourtant, elle devait encore lui demander de partir pour une tâche importante, qu'elle ne pouvait reporter. Elle prit son temps pour les rejoindre afin de lui laisser encore ces quelques instants de bonheur insouciant.

Le rire de Link se tarit lorsqu'il la vit venir vers lui avec cet air grave qui annonçait une demande officielle :

"Mon ministre vient de me rappeler à l'ordre. Tu dois maintenant aller remettre l'Épée de Légende à sa place.
- Ça ne peut pas attendre, demanda-t-il, tout en connaissant déjà la réponse.
- Malheureusement, non. En temps de paix, cette épée ne doit être utilisée. Elle doit reposer dans son Sanctuaire jusqu'à ce que l'on ait encore besoin d'elle. Nous avons déjà fait une exception, car il était important que le peuple te voie avec.
- Dans ce cas, je vais partir immédiatement.
- As-tu besoin d'une escorte ?
- Ce ne sera pas nécessaire. La paix est revenue dans le pays. Je ne pense pas prendre de risque en y allant seul.
- Très bien, ne traîne pas...
- Peut-être pourrais-je l'accompagner", murmura timidement Iria, rougissante à l'idée d'avoir interrompu une personne royale.

Zelda la regarda en souriant.

"Pourquoi pas ? Vous pourrez l'accompagner, mais il devra être le seul à pénétrer dans le Sanctuaire. C'est un lieu sacré. Et surtout, ne traînez pas en route. Le héros se doit d'être présent pour le bal organisé en son honneur."

Les deux jeunes gens acquiescèrent et regardèrent s'éloigner la princesse. Quand il avait su qu'il aurait encore une mission à accomplir ce jour, Link avait ressenti une impression d'injustice. Même lorsqu'on lui accordait une journée de repos, il ne pouvait faire ce qu'il voulait. Mais finalement, faire le trajet avec Iria jusqu'à l'Ancien Temple du Temps juste pour y déposer l'Épée lui paraissait une bonne idée. Surtout que la journée promettait d'être belle.

C'est donc avec plaisir qu'ils sortirent de la salle et se rendirent directement à l'écurie où Link prépara Epona pour le voyage. De son côté, Iria apprêta la jument avec laquelle elle était arrivée la veille. Dès qu'ils furent prêts, ils s'éloignèrent de la citadelle. Ils profitèrent du trajet pour discuter, ils se remémorèrent les moments heureux qu'ils avaient vécus ensemble à Toal. Cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de se retrouver seuls.

Link lui demanda pourquoi il n'avait vu aucun autre habitant du village à la cérémonie. Iria le rassura en lui disant qu'ils n'avaient pu se libérer, mais qu'ils seraient tous présents à la fête. À la perspective de revoir tous ses amis, il en éprouva un grand bonheur.

Ils ne mirent que quelques heures pour atteindre leur destination. Dans le passé, il existait un passage qui permettait d'accéder au Temple du Temps depuis la citadelle, mais celui-ci avait été détruit. La seule possibilité pour s'y rendre maintenant était de traverser la forêt de Firone. Depuis, la construction avait été laissée à l'abandon et s'était abîmée avec le temps.

Ils laissèrent les chevaux à l'orée de la forêt et se dirigèrent vers la clairière où siégeait le piédestal de l'épée. C'était autrefois une salle magnifique, mais, aujourd'hui, il ne restait que des ruines.
"Attends-moi ici", demanda Link juste avant de pénétrer dans l'Ancien Sanctuaire.

Iria était restée à l'entrée de la clairière. De là, elle observa le jeune homme qui s'approcha lentement du piédestal. Elle savait ce que ce moment représentait pour lui : la fin d'un long cauchemar qui avait débuté par l'enlèvement de sa meilleure amie et du petit Colin. Elle fit un pas en avant pour ne pas le perdre de vue.

Le Héros du Crépuscule s'avança, sortit l'arme du fourreau qu'il portait sur son dos et contempla une dernière fois la lame qui lui avait permis de sauver ses amis. Il prit le manche à deux mains et leva l'Épée de Légende pour la positionner au-dessus du piédestal...

Chapitre 2   up

Link abaissa son épée pour la planter dans le piédestal. Au moment même où la lame entra en contact avec celui-ci, il sentit tomber sur lui une obscurité intense. Il avait l'impression que le sol et les murs avaient commencé à tourner tout autour de lui. Une vive douleur le transperça comme un courant électrique et le paralysa des pieds à la tête l'empêchant de lâcher son arme.

Au bout de plusieurs minutes, il sentit l'obscurité faiblir et la sensation de mouvement s'estompa. En examinant ce qui l'entourait, il crut apercevoir des murs qu'ils n'avaient connus qu'en ruines. Lorsque la douleur commença à s'atténuer, il put enfin lâcher l'Épée et s'écroula sur le sol. Il eut à peine le temps de voir qu'il se trouvait dans une salle dont les murs étaient faits de grosses pierres grises avant de sombrer dans l'inconscience.

Quand il se réveilla, il se trouvait dans une pièce sombre. Au début, il ne distinguait rien. Il était couché sur un sol dur et froid. Il voulut se lever, mais s'aperçut que ses mains étaient enchaînées dans son dos. En s'aidant de ses coudes, il parvint néanmoins à s'asseoir puis à se mettre debout. Ses yeux s'étant habitués à l'obscurité, il voulut explorer sa prison, mais en fut empêché par la longue chaîne qui le retenait au mur.

Comment était-il arrivé ici ? Pourquoi et par qui avait-il été enchaîné ? Y avait-il encore des complices de Ganondorf désireux de se venger ? Il pensa aux différentes expéditions qu'il avait menées pour débusquer les quelques hommes qui auraient pu menacer la paix. Était-il possible que certains aient échappé à la traque ?

Il eut un frisson, il ne faisait pas très chaud. Surtout qu'il était en chemise. Sa tunique, son bonnet, sa cotte de mailles et ses armes lui avaient apparemment été retirés. Il essaya de rassembler ses souvenirs, mais la dernière chose dont il se rappelait, c'était d'avoir quitté le château d'Hyrule pour se rendre au Sanctuaire de la Forêt dans le but de replanter l'Épée Légendaire. Il s'était passé quelque chose là-bas, mais il ignorait quoi. Il se souvenait juste d'avoir eu un malaise en replantant son arme dans le piédestal et s'être retrouvé dans une salle aux murs de pierres avant de s'évanouir.

L'image d'une jeune fille blonde du même âge que lui envahit son esprit : Iria. Elle était avec lui au Sanctuaire. Il chercha autour de lui, mais ne trouva aucune trace de son amie. Avait-elle été emprisonnée, elle aussi ? Où avait-elle réussi à échapper à ceux qui le retenaient ?

Il tenta de se rapprocher de la porte aussi loin que le lui permettait la chaîne et essaya d'entendre les sons de l'extérieur. Il perçut alors, deux voix en dehors de sa cellule, visiblement féminines. Il s'agissait peut-être de ses gardiens. Il essaya de se concentrer afin de comprendre ce qu'elles se disaient. Il pensa qu'il en apprendrait peut-être un peu plus sur sa situation et sur Iria...

"Pourquoi doit-on le surveiller ? Après tout, il est enchaîné au mur, je ne vois pas par quel prodige il pourrait tenter une évasion.
- Je l'ignore, mais si notre roi prend autant de précautions, c'est qu'il doit y avoir une raison.
- Il parait qu'elles l'ont trouvé inconscient dans le Temple du Temps. Je me demande ce qu'il faisait là-bas.
- Deux femmes de notre compétence pour surveiller un môme endormi et immobilisé dans une cellule. C'est vraiment du gâchis !
- C'est peut-être un môme, comme tu dis, mais tu as vu ce qu'il avait sur lui quand elles l'ont amené. Une épée et un arc, c'est normal pour un combattant, mais tu as vu le reste ? Même ses vêtements ont été enlevés. Et cette tunique en fer qu'il portait ? Jamais je n'avais vu une chose pareille...
- Moi, ce n'est pas ça que j'ai regardé ! Tu as vu son visage. Il est plutôt joli garçon. Dommage qu'il soit évanoui, j'aurais bien voulu voir ses yeux..."

Soudain, les voix se turent, car un bruit de pas dans le couloir s'était fait entendre. Link entendit les gardes se lever et se préparer à recevoir de la visite. Il retourna rapidement d'où il venait en essayant de faire le moins de bruit possible. Il ne voulait pas qu'on sache qu'il avait émergé. Il se remit dans sa position de départ. Il entendit alors une troisième voix de femme :
"Ouvre la porte, je dois amener le prisonnier dans la tente du maître."

Il perçut les pas précipités d'une des gardes et le bruit d'une serrure qu'on déverrouillait. Il ferma les yeux pour simuler un état d'inconscience. La porte s'ouvrit, la femme resta dans l'encadrement et observa Link, allongé sur le sol. Elle avait de longs cheveux roux attachés en une queue de cheval. Elle portait un large pantalon blanc ainsi qu'un petit bustier brodé de la même couleur. Sur son front brillait un rubis. Elle portait également une ceinture où était accroché un sabre.

"Alors, c'est lui ? Le fameux "Héros" qui aurait défait Ganondorf ? Comment aurait-il pu ? Ce n'est qu'un enfant !
- Un enfant bien armé, capitaine Nabooru, répondit une des femmes.
- S'est-il réveillé ?
- Nous avons entendu quelques bruits provenant de sa cellule.
- Et vous n'avez pas vérifié ? Première erreur. Il ne faut jamais sous-estimer son ennemi. Même si c'est un enfant.
- Je m'en souviendrai.
- Tu ferais bien. Il pourrait faire semblant de dormir et vouloir tenter une évasion. Venez avec moi et tenez-vous sur vos gardes !"

Link n'avait pas perdu un mot de la conversation, mais il garda néanmoins les yeux fermés. Nabooru s'approcha de lui et lui envoya un violent coup de pied dans les côtes pour lui signaler sa présence. Il encaissa le coup sans un cri et ouvrit les yeux.
"Lève-toi, tu es attendu !"

Estimant sans doute qu'il n'obtempérait pas assez vite, elle l'attrapa par le col de sa chemise pour le mettre debout. Elle fit ce geste sans aucune difficulté. Ce qui démontra chez elle une certaine force physique. Link leva la tête et la regarda droit dans les yeux.
Tu as du cran d'oser me fixer alors que tu ignores ce dont je suis capable.

Elle le lâcha et il retomba durement sur le sol. Puis s'adressant aux deux gardes qui venaient d'entrer :

"Préparez-le ! Je dois l'emmener !"

Les deux femmes se précipitèrent pour obéir aux ordres. Elles portaient le même genre de vêtements que le capitaine, seule la couleur était différente. Les deux gardes l'attrapèrent chacune par un bras pour le mettre debout. L'une des deux pointa son sabre sur sa gorge tandis que l'autre s'affairait à lui attacher les mains avec une corde avant de lui retirer les chaînes.
Un conseil, laisse-toi faire. Ou ton geste de rébellion sera le dernier de ton existence, lui dit la première.

Link savait que résister était inutile. À trois contre un et sans arme, ses chances étaient minces. De plus, il ignorait où il se trouvait. Ne sachant de quel côté fuir, il aurait vite été repris. Le mieux était d'attendre pour en savoir davantage. D'autant plus que s'ils avaient voulu le tuer, il serait probablement déjà mort. Il préféra attendre de savoir à qui il avait affaire et ce que le "maître" attendait de lui.

Dès qu'il fut prêt, les gardes l'emmenèrent hors de la cellule. Ils traversèrent de nombreux couloirs et prirent maints escaliers, éclairés par de rares torches, pour déboucher dans une grande cour de sable. La lumière et la chaleur du soleil surprirent Link lorsqu'ils sortirent. Ses yeux mirent quelques secondes à s'habituer au changement de luminosité.

Le jeune homme se rendit alors compte qu'il était dans une forteresse apparemment située au milieu d'un désert. Était-ce le désert Gerudo ? Pourtant, il était inhabité. La hauteur du soleil lui indiquait que la journée était bien avancée et que la nuit ne tarderait pas à tomber. Combien de temps était-il resté inconscient ?

Il regarda autour de lui. Il voulait savoir à quel type d'ennemis, il avait affaire, mais il ne vit que des femmes, toutes armées jusqu'aux dents. Qui étaient-elles ? Il ne connaissait pas de peuple de ce genre. Il se rappela d'une tribu, qu'on appelait les Gerudos, exclusivement féminine, mais il savait que cette race s'était éteinte.

Il fut tiré de ses pensées par ses gardes qui le pressaient. Elles le conduisirent vers une grande tente plantée un peu plus loin. Ils entrèrent. La pièce qu'il découvrit était richement décorée et présentait un certain confort. Des commodes en bois de chêne étaient placées devant les murs de toile et de nombreux coussins brodés étaient posés sur des fauteuils sculptés. Sur une table, Link aperçut les objets qui lui avaient été enlevés.

Le capitaine lui donna un coup à l'arrière des jambes afin qu'il tombe à genoux. Les deux gardes le forcèrent alors à baisser la tête. Elles s'inclinèrent également. Il se sentait humilié par cette position et tenta de redresser la tête. Voyant cela, les gardes l'attrapèrent alors par les cheveux afin de le maintenir dans cette position.

"Maître, nous vous avons amené le prisonnier."

Link tenta de voir à qui elle s'adressait, mais sa situation ne lui permit de voir que les pieds de l'homme. Finalement, il n'y avait pas que des femmes dans ce camp...

"Merci Nabooru, alors c'est lui, le Héros du Crépuscule dont on m'a conté les exploits ?
- Nous l'avons trouvé à l'endroit que vous nous aviez indiqué. Juste à côté de l'Épée. De plus, il correspond parfaitement à la description. Il n'y a pas d'erreur possible.
- Bien. Laissez-nous à présent. Je vous appellerai quand j'aurais de nouveau besoin de vous."

Les femmes desserrèrent leur étreinte et quittèrent les lieux rapidement. Link put relever la tête et observer son adversaire. Celui-ci lui tournait le dos. Il se trouvait près de la table où reposaient les objets du prisonnier, observant l'épée. De grande taille et présentant une musculature bien développée, l'homme était vêtu d'une armure sombre et d'une grande cape bleue. Ses cheveux roux étaient tirés en arrière.

Cette silhouette semblait familière à Link. Une crainte s'insinua dans son coeur dont les battements se mirent à s'accélérer. Il ne connaissait qu'un homme avec une telle carrure, mais il ne pouvait pas être devant lui. Il l'avait vu s'effondrer sous ses coups et il ne s'était pas relevé. Se pouvait-il qu'il ait survécu ?

Comme s'il avait senti le regard du jeune homme sur lui, le géant se retourna et le fixa. Link n'en croyait pas ses yeux. Plus aucun doute n'était permis. Ganondorf en personne se tenait devant lui. Toutes les épreuves par lesquelles il était passé, tous les combats qu'il avait menés n'avaient-ils servi à rien ? Le cauchemar n'était pas terminé...

Chapitre 3   up

Ganondorf regardait son prisonnier à genoux devant lui, un sourire cruel sur le visage. Ce dernier n'avait même pas pensé à se relever tant il était surpris.

"Je comprends ton étonnement, mais je ne suis pas celui que tu crois. Enfin pas vraiment. D'après mes informations, on t'appelle "Héros du Crépuscule", mais ton vrai nom est Link, n'est-ce pas ?"

Le jeune homme ne répondit pas, se contentant de fixer Ganondorf. Il ne comprenait plus rien. Ce matin, il avait reçu une médaille pour avoir vaincu celui qui se trouvait à présent juste devant lui. Pourtant, il affirmait ne pas être celui qu'il croyait. De plus, celui-ci n'avait pas l'air de le reconnaître. Se jouait-il de lui ? N'aurait-il réussi qu'à lui faire perdre la mémoire, croyant l'avoir éliminé ?

Comment allait-il expliquer à la princesse d'Hyrule et au peuple que celui qu'ils avaient cru mort était de retour ? Comment pourrait-il leur dire que lui, le Héros qu'ils avaient reconnu en tant que tel, avait finalement failli à sa mission ? Ne risquait-il pas de le prendre pour un imposteur ou de croire qu'il s'était amusé à leurs dépens ?

D'ailleurs serait-il encore là pour le leur dire ? Il ne pensait pas que Ganondorf l'avait fait emprisonner et amener juste pour faire la conversation. Il devait attendre quelque chose de lui sinon, il serait déjà en train de se faire exécuter.

La voix de son ennemi le sortit de ses pensées. Ce dernier n'avait pas l'habitude qu'on se permette de l'ignorer. Ce freluquet ne devait surtout pas se croire autorisé à le défier.

"Tu refuses de répondre ! À ta guise. Ton nom est écrit sur ta lame."

Ganondorf s'avança vers la table et prit l'épée qu'il sortit de son fourreau.

"Belle arme ! Elle semble neuve. "À Link, le Héros du Crépuscule, pour services rendus". Apparemment, c'est un cadeau. Une récompense pour m'avoir vaincu ?"

Link ne répondait toujours pas. Ganondorf s'approcha alors de lui et plaça la lame sur sa gorge, ses yeux lançaient des éclairs. Il donna une pression juste assez forte pour provoquer une légère entaille d'où s'échappa une petite goutte de sang.

"Réponds ! Ce serait dommage que la première victime de cette lame magnifique soit son malheureux propriétaire !
- Oui. Cette épée est une récompense pour avoir débarrassé le monde d'un monstre de ton espèce. Que me veux-tu ? Pourquoi suis-je ici ? Et surtout où sommes-nous ?
- Tu as retrouvé l'usage de la parole, dirait-on, lâcha Ganondorf en éloignant la lame de son cou. Tu es ici chez moi, dans le désert Gerudo, au milieu de mon peuple, des guerrières."

Il se rapprocha de la table et utilisa la tunique de Link pour essuyer la lame.

" Le désert Gerudo est inhabité et tu le sais aussi bien que moi.
- Il n'a pas toujours été inhabité. Tu devrais revoir ton Histoire d'Hyrule, tu as des lacunes. En ce qui concerne la raison de ta présence ici, tu le sauras bien assez tôt. Estime-toi heureux d'être encore en vie. Tu es en mon pouvoir et dans l'incapacité de te défendre."

Comme pour lui prouver le contraire, Link se leva d'un bond et fonça sur son ennemi. Sans sourciller, comme s'il s'y attendait, Ganondorf arrêta sa course en le frappant avec la garde de l'épée en plein milieu du front. La violence du coup déséquilibra le jeune homme qui se retrouva projeté contre la table. Il était tombé sur le dos et éprouvait quelques difficultés à se remettre debout.

"Tu es prévisible, dit-il en le regardant avec dédain. Tu ne peux rien contre moi, je te l'ai dit. De plus, je n'ai qu'un mot à dire et tu te retrouverais encerclé de guerrières."

Ganondorf s'approcha, attrapa Link par le col de sa chemise et le souleva avec une déconcertante facilité. Il l'assit dans un des fauteuils et prit place dans un autre.

"Maintenant, ne bouge plus et écoute ! Tu es ici par la volonté de l'homme que tu as battu.
- Je me doute que c'est toi qui es derrière tout ça.
- Je te l'ai dit : c'est moi et ce n'est pas moi.
- Aurais-tu perdu la raison ? Il y a quelques jours à peine tu as tout tenté pour me tuer, sans succès, et maintenant, tu insultes mon intelligence."

Il avait appuyé sur les mots "sans succès", comme pour réaffirmer sa volonté à ne pas plier devant son ennemi. Ganondorf le regardait avec un sourire cruel.

"D'après les informations qu'on m'a fournies sur toi et tes agissements, il est fort probable que j'ai essayé de t'éliminer. Pourtant, je n'ai pas tenté de te tuer, du moins pas encore.
- Que veux-tu dire ?
- Que faisais-tu avant de te réveiller au fond d'un cachot de ma forteresse ? N'étais-tu pas en train de reposer l'Épée de Légende à sa place ?
- C'est facile à deviner. La paix étant revenue sur le royaume, elle ne m'était plus d'aucune utilité. En plus, c'est là-bas que tes sbires m'ont trouvé. Ça ne prouve rien !
- Au moment où l'Épée a touché la pierre, il ne s'est rien passé d'étrange ?"

Surpris par la question, Link ne trouva rien à répondre. Comment pouvait-il savoir ça ? Mais il se reprit rapidement.

"Ça ne prouve toujours rien, tu as dû me faire suivre par tes espions.
- Quelle est la dernière image que tu as eue juste avant de t'évanouir ?"

Link réfléchit. Puis il se rappela avoir vu des murs là où il n'aurait dû n'y avoir que des ruines.

"C'est vrai, j'ai eu l'étrange impression de ne pas être au même endroit. Pourtant, l'Épée était toujours là et elle est unique, murmura-t-il pour lui-même.
- Tu as voyagé, mais tu es resté au même endroit.
- C'est absurde ce que tu dis. Tu ne peux pas te déplacer en restant au même endroit. Essaierais-tu de me faire croire que j'ai voyagé dans le temps ? Je ne suis pas si stupide !"

Ganondorf s'amusait beaucoup de voir le héros essayer de comprendre ce que lui avait intégré depuis maintenant un certain temps.

"Et que fais-tu de toutes les incohérences que tu as mentionnées : le désert censé être inhabité, les murs qui se reforment... Tu te trouves dans mon présent, mais dans le passé."

Link avait du mal à comprendre. Il s'aperçut du regard moqueur de son interlocuteur.

"Dans ce cas, comment se fait-il que tu connaisses autant de choses sur moi ? Mon titre de Héros par exemple, ou le fait que je t'ai réglé ton compte ?
- Je te l'ai dit. J'ai reçu des informations !
- De qui ? De toi-même", ricana Link.

Ganondorf lui lança un regard noir, mais se contint et continua son explication.

"Il y a maintenant sept ans, j'ai reçu un étrange visiteur, ici même à la forteresse. À l'époque, je pensais à envahir Hyrule. Il connaissait le mot de passe qui menait à ma tente. Il s'appelait Xanto !
- Xanto ?
- Il s'est présenté comme mon associé dans le futur... J'ai eu du mal à le croire.
- Tu t'es servi de lui pour arriver à tes fins."

Le roi des Gerudos sourit en pensant à tous ceux qu'il avait manipulés...

"Ce n'est qu'un détail ! Pour me convaincre, il a exposé, en long et en large, le plan auquel j'avais pensé pour m'emparer du pouvoir. Il ne pouvait pas le savoir. Je n'en avais parlé à personne. Même Nabooru, mon bras droit, ignorait mes projets. Ensuite, il m'a dit que je parviendrais à soumettre Hyrule. Selon lui, un seul homme était capable de mettre fin à mon règne. Le "Héros du Temps". Il devait arriver sept ans plus tard et remporterait la victoire. Évidemment, je n'ai pas cru les histoires qu'il m'avait racontées, mais tout ce qu'il avait dit s'est produit.
- Il est juste venu te prédire l'avenir ?
- Non, il m'a raconté ma défaite, c'est vrai, mais pas seulement. Toujours selon ses dires, j'avais un problème similaire à son époque. Avec un certain "Héros du Crépuscule", ça te dit quelque chose ?"

Link ne répondit pas.

"Après ma défaite, j'aurais été condamné à être envoyé dans un monde d'obscurité d'où je me serais échappé grâce à lui. J'aurais amené le crépuscule dans le royaume d'Hyrule, prenant ainsi le pouvoir. Il m'a dit que tu avais ramené la lumière sur les terres et que tu t'étais emparé de l'Épée de Légende, seule arme capable d'anéantir le mal. Apparemment, il te croyait capable d'arriver à le vaincre. Alors, il m'a parlé du piège qui te serait tendu, au cas où finalement, tu parviendrais à tes fins.
- Un piège ?
- Et tu es tombé dedans la tête la première, mon garçon. Il savait que tu replanterais la Lame Sacrée, une fois la paix revenue. Ils ont apporté des modifications au socle pour qu'il relie ton époque à la mienne. L'Épée en étant le déclencheur. Et malheureusement pour toi, tu es le seul à pouvoir la manipuler."

Link essaya de faire le point sur sa situation. Puis il posa son regard clair dans celui de son ennemi.

"Pourquoi me racontes-tu ça ? Qu'est-ce que je viens faire dans cette histoire ?
- J'y viens. Si je te trouvais dans le Sanctuaire le jour dit, cela signifiait, certes, une nouvelle défaite pour moi dans le futur, mais aussi une chance supplémentaire maintenant. En m'alliant avec un héros, je devrais être capable d'en vaincre un autre..."

Link ne put s'empêcher de rire ce qui déplut fortement à Ganondorf.

"Tu penses réellement que je vais t'aider ? Je suis hylien et garde de la Famille Royale. Ce n'est pas parce que j'ai voyagé dans le temps que je vais renoncer à mon serment de protéger mon royaume.
- Xanto m'avait prévenu que je risquais d'avoir des difficultés à te convaincre. Tu m'aideras, de gré ou de force."

Ces derniers mots, il les avait presque hurlés. L'entêtement de ce jeune freluquet à vouloir le défier l'énervait au plus haut point. Pourtant, il lui reconnaissait un certain courage qui forçait l'admiration.

"Tu ne peux pas m'obliger à faire quelque chose contre ma volonté.
- Il existe bien des façons pour contraindre un homme, dit-il en savourant par avance, les différentes méthodes qu'il pourrait utiliser avec lui.
- Peut-être, mais aucune ne fonctionnera sur moi. Je suis prêt à mourir pour défendre mon pays.
- Mon but n'est pas de te tuer, car j'ai besoin de toi en vie, mais je peux te faire regretter d'être né."

Link fixa son regard dans les yeux sombres de son ennemi.

"Tu ne me fais pas peur, Ganondorf !
- Tu as du courage. Ceux qui osent me défier ne sont pas nombreux. Je vais t'accorder une dernière chance. Réfléchis. Tu es en mon pouvoir et tu ne me résisteras pas longtemps. Épargne-toi des souffrances inutiles. De toute façon, tu feras ce que je veux !"

Il s'approcha d'une cordelette sur laquelle il tira, un carillon se fit entendre. Aussitôt, les trois femmes réapparurent. Il leur dit :
"Ramenez-le dans sa cellule. Il a besoin de réfléchir pour prendre la bonne décision. Veillez à ce qu'il comprenne qu'il ne peut pas s'échapper !"

Les gardes s'approchèrent de Link et le relevèrent. Puis elles le ramenèrent dans sa cellule par le même chemin qu'à l'aller. Avec brutalité, elles le plaquèrent sur le sol afin de lui retirer les cordes. Allongé sur le ventre, sentant la pression des deux gardes qui le maintenaient dans cette position, il attendit que Nabooru ait terminé de lui remettre ses chaînes.

Enfin, quand elles eurent terminé leur besogne et qu'elles sortirent enfin, il se retrouva seul dans le noir. Il se positionna de façon plus confortable, se demandant comment faire pour se sortir de cette situation. Il se retrouvait à une époque qui n'était pas la sienne. Le combat du Héros du Temps ne le concernait en rien et surtout, d'après ce qu'il en savait, celui-ci n'avait pas besoin d'aide. Il devait trouver un moyen pour rentrer dans son monde.

Chapitre 4   up

Une fois que les gardes eurent emmené Link, Ganondorf réfléchit. Il repensa à ce jour où, sept ans auparavant, un homme dissimulant son visage sous un masque était venu le trouver. Il se nommait Xanto et disait être porteur d'un message. Il prétendait connaître des informations capitales concernant les projets de conquête du roi des Gerudos.

À cette époque, il ne faisait que penser à une éventuelle prise de pouvoir et n'en avait parlé à personne. Il accepta donc d'écouter son étrange visiteur. Celui-ci se présenta comme son acolyte dans l'avenir. Il lui raconta alors ce qui l'attendait dans un futur plus ou moins proche.

Pour commencer, il arriverait à prendre le contrôle d'Hyrule qu'il garderait pendant sept longues années. Il parviendrait également à entrer dans le Temple du Temps qui renferme la Triforce. Selon la légende, cet artéfact exaucerait le voeu le plus cher de son possesseur. Mais il ne pourrait l'obtenir.

C'est un enfant d'une dizaine d'années qui lui permettrait d'entrer dans le lieu sacré. Grâce à l'Ocarina du Temps que lui laisserait la princesse et des trois pierres sacrées d'Hyrule, celui-ci actionnerait l'ouverture du Sanctuaire, ouvrant ainsi la voie, avant de disparaître mystérieusement.

Mais l'artefact se briserait en trois morceaux lorsqu'il essaierait de s'en emparer : la force, la sagesse et le courage. Il n'en obtiendrait qu'un, le premier. Pour pouvoir réaliser son voeu qui était de gouverner le monde entier, il devrait retrouver les morceaux manquants. Chacun d'eux ayant été confié à un Elu : la princesse Zelda pour la sagesse et le Héros du Temps pour le courage, il se devait de retrouver les deux porteurs, et de les vaincre.

Une fois, un morceau de la Triforce en sa possession, il prendrait le contrôle d'Hyrule. Mais, au bout de sept ans, viendrait le seul être capable de l'anéantir. Le petit garçon, disparu de façon soudaine après l'ouverture du Sanctuaire, le Héros du Temps. Selon les dires de Xanto, celui-ci parviendrait au bout du compte à l'arrêter dans sa conquête et à permettre aux Sages, les gardiens de l'artéfact, de l'envoyer dans un monde parallèle où il ne pourrait plus nuire au royaume.

C'est de là que venait l'étrange visiteur. Il lui parla de son retour dans le monde d'Hyrule par son intermédiaire et de sa tentative pour reprendre le pouvoir. Mais là aussi, quelqu'un était là pour lui mettre des bâtons dans les roues. Un jeune homme de la même trempe que le Héros du Temps, peut-être un de ses descendants. En effet, les deux garçons porteraient la même marque sur la main gauche, symbole de la Triforce du Courage. Il lui avait présenté la situation en ces termes :

"En ce moment, il est déjà parvenu à saborder quelques-uns de nos projets et nous craignons qu'il ne continue. C'est pourquoi mon maître m'a envoyé ici. Si ce morveux devait parvenir à vaincre le Seigneur des Ténèbres, il faudrait le faire payer. C'est là que vous intervenez."

Il lui expliqua le plan qui visait à envoyer le jeune homme dans le passé. Ganondorf serait alors en possession d'un inestimable allié, pour peu qu'il arrive à le contrôler. Bien sûr, ce ne serait pas facile. Le précieux cadeau lui serait livré dans le Sanctuaire à une date précise. Après, il était libre d'en faire ce qu'il voulait.

Après avoir délivré son message, le visiteur était parti et il ne l'avait jamais revu. Bien sûr, il était difficile de croire toutes ces histoires un peu folles. Pourtant, les évènements prédits commencèrent à s'enchaîner. Le roi des Gerudos se surprit plusieurs fois à réfléchir au sort qu'il pourrait réserver à ce héros, s'il débarquait un jour.

Et maintenant, il était là. Bien vivant, enfermé et enchaîné, dans l'incapacité totale de se défendre. Xanto lui avait parlé de son courage et de sa détermination. Il ne serait pas facile de le convaincre. Mais il y avait un détail dans l'arrivée du jeune homme qui n'avait pas été prévu. Un élément qui pourrait, si les suppositions de Ganondorf s'avéraient exactes, contraindre le Héros à accepter les conditions de son ennemi.

Il avait chargé un de ses hommes, Sheik, de vérifier la véracité de ses convictions. Tant qu'il n'aurait pas de certitude, il utiliserait les bonnes vieilles méthodes de persuasion. Il savait que le garçon serait toujours aussi buté le lendemain matin. Cette nuit de réflexion avait pour but de déstabiliser le prisonnier. Celui-ci devait s'imaginer les différentes tortures que pourrait lui infliger son ennemi afin de le faire plier à sa volonté.

Ganondorf savait que lorsque l'on veut contraindre quelqu'un par la force, il fallait l'affaiblir autant psychologiquement que physiquement. Et il se ferait un réel plaisir de lui infliger ça. Après tout ce qu'il avait fait, il l'avait amplement mérité.

Après la petite conversation qu'ils avaient eue ensemble ce jour, les impressions de Ganondorf concernant le jeune homme avaient été confirmées. Celui-ci présentait bien toutes les caractéristiques du héros. Il lui avait exposé son plan concernant l'aide que celui-ci pourrait lui apporter. Mais son plan ne s'arrêtait pas là.

Quelques années auparavant, il avait eu l'idée d'utiliser le héros d'une autre façon. Depuis qu'il avait entendu parler de son futur, il se sentait attiré par ce monde, à peine sorti d'une période de guerre. Le royaume en pleine reconstruction ne serait pas en mesure de se protéger correctement en cas de nouvelle attaque. De plus, si le voyage dans le temps était possible dans un sens, il devait également l'être dans l'autre. Les deux époques ayant été reliées.

Une fois en possession de la Triforce, il pourrait contrôler le monde. Si, en plus il parvenait à maîtriser le temps, plus personne ne serait en mesure de l'arrêter...

Chapitre 5   up

Le lendemain à l'aube, Link fut réveillé par la faim qui lui tenaillait l'estomac. La dernière fois qu'il avait mangé remontait à la veille au matin. De plus, la nervosité qu'il avait éprouvée avant la cérémonie, l'avait rendu incapable d'avaler autre chose qu'un léger morceau de pain. Il devait prendre un repas plus consistant avec Iria après avoir replanté l'Épée, mais ses projets avaient été contrariés.

Link repensa alors à son entrevue avec Ganondorf. À aucun moment, il n'avait fait mention de la présence d'une autre personne dans le Sanctuaire. De plus, la jeune fille n'était pas dans la clairière lorsqu'il avait planté la lame. Cela le rassurait. Cela voulait dire qu'il était le seul à avoir fait le voyage et qu'elle était probablement encore à leur époque. Mais il comprit également qu'il ne pouvait espérer aucun secours de l'extérieur. Sa disparition resterait inexpliquée pour ses amis.

Pourtant, à aucun moment, il n'envisagea de trahir son serment. Il resterait fidèle jusqu'au bout. Il était conscient de ce que cette décision signifiait pour lui. Ganondorf n'était pas homme à accepter facilement un refus. Et les jours qui allaient suivre risquaient d'être très difficiles pour lui.

Il ignorait jusqu'où son ennemi était capable d'aller pour le contraindre et ce qu'il serait capable d'endurer. Mais, il savait que dehors, le Héros du Temps se préparait à frapper et que le temps de Ganondorf était compté. Il devrait résister aussi longtemps que possible.

Lorsque Nabooru entra dans la pièce, toujours suivie des deux geôlières, Link se tenait assis, le dos contre le mur du fond.

"J'espère que tu as fait le bon choix. Le Seigneur Ganondorf aimerait connaître ta décision. Il t'attend.
- Je crains qu'il ne soit déçu..., répondit-il avec une pointe d'ironie dans la voix.
- Tu ne sembles pas avoir compris dans quelle situation tu te trouves. Tu n'as pas vraiment le choix. Tu ne fais que retarder l'inévitable."

Elle fit signe aux deux femmes. Comme la veille, celles-ci lui lièrent les mains avec une corde avant d'enlever les chaînes. Ensuite, elles le conduisirent à l'extérieur par les mêmes couloirs. Devant l'entrée de la tente, Nabooru congédia ses gardes et fit entrer Link. Ganondorf était confortablement installé dans un fauteuil.

"Alors, quelle est ta réponse ?
- À quel propos ?"

Un éclair de colère traversa ses yeux. La perspective de se voir contraindre par la force n'impressionnait pas le jeune homme autant qu'il l'aurait voulu.

"Ne joue pas au plus malin avec moi ! Veux-tu être traité en allié ou en ennemi ? C'est ta dernière chance de prendre la bonne décision."

Link fit mine de réfléchir un instant.

"Ma réponse est : va te faire voir ! Jamais je n'aiderai un être aussi abject que toi. Tu me fais vomir !"

Nabooru dégaina son sabre et se servit du manche pour frapper le jeune homme au visage. Celui-ci accusa le coup sans un cri. Ensuite, d'un mouvement habile de la jambe, elle le déséquilibra. Il s'effondra sur le sol. Elle en profita pour lui asséner de nombreux coups de pied dans l'estomac.

"On ne parle pas de cette façon au roi des Gerudos. Je vais t'apprendre le respect."

Ganondorf leva la main. Les coups cessèrent. Link se remit péniblement debout, ses liens l'empêchant de se mouvoir avec habileté. Quand il y parvint, il releva courageusement la tête et planta ses yeux bleus dans ceux de son ennemi. Celui-ci n'aimait pas voir cette fierté sur le visage du jeune homme alors qu'il aurait voulu y lire de la peur.

"Crois-moi ! Cette petite séance est dérisoire, comparée à ce que tu vas subir si tu t'obstines à ne pas comprendre. Tu es seul ici. Personne ne viendra t'aider. Penses-tu pouvoir me résister longtemps ?
- Le temps qu'il faudra, affirma-t-il avant d'ajouter, un sourire sur les lèvres, mais tu te trompes sur un point. Quelqu'un est en route pour m'aider, sans le savoir : le Héros. Tes jours sont comptés..."

Ganondorf se leva d'un bond et s'approcha du jeune homme. Ses yeux étaient injectés de rage quand il le menaça les dents serrées.

"N'en sois pas si sûr. Ce morveux ne te sauvera pas. Si je dois être vaincu, tu le paieras de ta vie.
- Dans ce cas, tue-moi tout de suite ! Jamais je ne t'aiderais ! Tu peux me faire subir ce que tu voudras. Tu ne tireras rien de moi. Je refuse d'être la cause du malheur d'Hyrule.
- Donc, tu choisis la souffrance ! Tant pis pour toi. Nabooru, donne-lui une bonne leçon."

Elle attrapa Link par les cheveux pour l'emmener à l'extérieur et le jeta par terre. Il ne put amortir sa chute, ses mains étant attachées dans son dos. Avant qu'il n'ait eu le temps de se relever, elle se mit à le bombarder de coups. Elle fut rejointe par plusieurs Gerudos. Après plusieurs minutes qui lui parurent interminables, il reçut un choc sur la tempe qui provoqua son évanouissement.

Quand il reprit ses esprits, il était attaché à un poteau en plein soleil un peu à l'écart de la forteresse. Sa tête bourdonnait. Sur ses vêtements, il remarqua des traînées de sang séché. Il ne devait pas être beau à voir. La soif le tenaillait et ses lèvres étaient sèches, mais il se refusait à demander quoi que ce soit à ses bourreaux. Il savait pertinemment qu'il ne devait rien attendre d'eux.

Il tenta de faire un point sur sa situation. Il était actuellement dans le passé, entre les mains de Ganondorf. Apparemment, celui-ci prenait toutes les précautions possibles et imaginables pour l'empêcher de faire la moindre tentative de fuite. Il n'entrevoyait aucune solution pour s'en sortir. Il sentait monter en lui un sentiment d'abandon et de peur. Combien de temps pourrait-il supporter ça ?

Ses forces étaient en train de le quitter. Cela faisait des heures qu'il était là sans pouvoir bouger. Tous ses muscles étaient douloureux et le manque de nourriture se faisait sentir. De plus, il avait été secoué par son voyage dans le temps et les différents coups qu'il avait pris ne l'aidaient pas.

Quand le soleil disparut à l'horizon, il sentit ses genoux fléchir, car ses jambes endolories commençaient à ne plus pouvoir supporter son poids. Ganondorf sortit de sa tente et s'approcha de sa proie. Sur un signe de celui-ci, une Gerudo s'approcha et versa sur la tête du jeune homme un seau d'eau glacée. Son corps réagit violemment à ce contact.

"Comment te sens-tu à présent ? As-tu toujours envie de me défier ou as-tu compris qu'il était dans ton intérêt de faire ce que je te demande ?"

Link secoua la tête.

"Jamais je ne t'aiderai, articula-t-il difficilement.
- Tu changeras d'avis. Ramenez-le dans sa cellule."

Deux gardes s'approchèrent pour le détacher du poteau. Lorsqu'elles coupèrent les cordes qui le retenaient, ses jambes lâchèrent et il s'écroula sur le sol, incapable de se relever. Les Gerudos ne prirent même pas la peine de lui lier les mains. Elles l'attrapèrent chacune par un bras et le trainèrent jusqu'à sa prison.

Après lui avoir remis ses chaînes, elles repartirent en verrouillant la porte. Link resta étendu sur le sol et s'endormit. Il fut réveillé une heure plus tard par des bruits de pas dans sa cellule. Quelqu'un était entré. Il avait les cheveux blonds et était vêtu d'un ensemble bleu et noir qui laissait apercevoir les courbes de son corps. Ses mains et son torse étaient recouverts de bandages et son visage était dissimulé par un épais tissu lui couvrant le nez, la bouche et les cheveux.

"Je m'appelle Sheik, je suis un Sheikah. Ne bouge pas. Je vais t'aider."

Il s'approcha de Link qui n'avait pas fait le moindre mouvement.

"Je vais te détacher pour pouvoir te soigner correctement, mais il est inutile que tu tentes quoi que ce soit. D'abord, je ne pense pas que tu en aies la force. Ensuite, je n'ai pas la clé de la porte. Me maîtriser ne te permettra pas de sortir. Me prendre en otage ne sera pas efficace non plus. Ganondorf n'hésitera pas à risquer ma vie et les conséquences pour toi risquent d'être fâcheuses. Puis-je compter sur toi pour te tenir tranquille ?"

Link répondit par l'affirmative et Sheik lui enleva les chaînes.

"Je t'ai apporté de quoi faire un brin de toilette. Tu trouveras ce dont tu as besoin dans le fond de la cellule. Ensuite, nous nous occuperons de tes blessures."

Link se leva et se dirigea vers le seau déposé plus loin. Il retira sa chemise et utilisa l'eau pour nettoyer les nombreuses traces de sang qu'il avait sur lui. Comme il tournait le dos à Sheik, il ne vit pas la vive émotion que suscitait chez celui-ci la vision du jeune homme dans cette activité intime.

Lorsqu'il eut terminé, il rejoignit son visiteur. Celui-ci examina ses blessures. La plupart étaient superficielles et aucune ne nécessitait de soins très poussés. Ensuite, il alla chercher le plateau qu'il avait laissé près de la porte. Celui-ci contenait le maigre repas qui avait été accordé au prisonnier : deux morceaux de pain et une cruche d'eau.

"Avale ça, tu vas avoir besoin de forces pour les épreuves qui t'attendent. Malheureusement pour toi, tu n'es pas au bout de tes peines.
- Merci pour ta gentillesse."

Il mangea le pain et vida la cruche. Quand il eut terminé, Sheik s'approcha de lui.

"Je vais devoir te remettre les chaînes. Je n'ai pas le droit de te laisser comme ça. J'ai déjà pris des risques en doublant ta ration de nourriture. Alors, facilite-moi la tâche."

Le jeune homme se laissa attacher de nouveau. Puis il se coucha et s'endormit avant que Sheik n'ait frappé à la porte pour que les gardes le fassent sortir.

Il eut droit au même traitement le lendemain et le surlendemain. Seulement, la longue attente en plein soleil était entrecoupée de périodes plus douloureuses. En effet, Ganondorf avait permis à ces guerrières de venir s'entraîner sur lui. Il recevait ainsi la visite de Gerudos qui venaient tester sur lui leurs techniques de combat. Dans l'incapacité de se défendre, il devait encaisser les coups qui l'affaiblissaient toujours davantage.

Chaque soir, Ganondorf lui reposait la même question et recevait la même réponse. Chaque nuit, le jeune homme recevait la visite de Sheik.

Les soins que ce dernier lui apportait lui permettaient de mieux supporter les épreuves qu'il subissait. Sans l'aide de Sheik, il n'aurait peut-être pas tenu jusque-là. Pourtant, Link se posait pas mal de questions vis-à-vis de lui. Il n'arrivait pas à savoir s'il pouvait lui faire confiance. D'un côté, il l'avait aidé à supporter ces souffrances. De l'autre, il n'était pas dans les intérêts de Ganondorf qu'il meure.

Le troisième soir, Link semblait plus mal en point que les jours précédents. Il était épuisé. Il avait de la peine à garder les yeux ouverts. Sheik lui apporta son repas afin qu'il puisse reprendre des forces. Ensuite, il s'occupa des blessures du jeune homme. Ce dernier s'endormit avant qu'il n'ait terminé.

Chapitre 6   up

Le matin suivant, quand il s'éveilla, il s'aperçut que ses mains n'étaient pas entravées. Sheik avait-il omis de lui remettre les chaînes ? Ou peut-être l'avait-il fait exprès ? Malgré son épuisement, Link décida de tenter le tout pour le tout. Une telle chance ne se présenterait pas deux fois. De toute façon, il n'avait plus rien à perdre.

Lorsqu'il entendit des pas dans le couloir, il se coucha sur le sol en prenant soin de faire croire qu'il était attaché. Nabooru entra et s'approcha de lui. Lorsqu'elle fut assez près, il bondit sur elle et attrapa le sabre qu'elle portait à la ceinture. Il utilisa le manche pour lui donner un coup, qui ne réussit qu'à l'étourdir.

Il profita des quelques secondes que lui donna ce choc pour s'élancer vers la porte. Son habileté à l'épée lui permit de désarmer rapidement les deux gardes qui s'étaient interposées entre lui et la sortie. Il courut dans les couloirs et dans les escaliers heureusement déserts pour rejoindre l'entrée de la forteresse, essayant de faire abstraction des douleurs qu'il ressentait dans presque tous ses muscles.

Lorsqu'il parvint à sortir du bâtiment, il se trouva face à une quarantaine de Gerudos. N'écoutant que son courage, il tenta vainement de se frayer un passage, mais les efforts qu'ils venaient de fournir et les épreuves qu'il subissait depuis trois jours l'avaient vidé de ses forces. Les guerrières réussirent à le désarmer. Comprenant que sa tentative de fuite avait échoué, il cessa le combat. Il laissa les gardes lui entraver les mains et le conduire auprès de Ganondorf qui avait assisté à la scène devant sa tente.

Nabooru qui les avait rejoints força Link à s'agenouiller et le maintint dans cette position. Ganondorf l'observa en souriant :

"Bravo ! Je suis impressionné. J'avais entendu parler de ton adresse à l'épée, mais te voir en action est beaucoup plus spectaculaire."

Link garda le silence, les yeux baissés. Il venait de comprendre qu'il s'était laissé manipuler. Il se reprochait d'être tombé dans ce piège.

"Tu as réagi exactement comme je le voulais. Ce que tu peux être prévisible ! Sheik était chargé de s'assurer de ta survie. C'est sur mon ordre qu'il t'a nourri et soigné ces trois derniers jours. C'est également moi qui lui ai demandé de te détacher. Ne crois surtout pas avoir un allié ici ! Cette mise en scène était nécessaire pour te faire comprendre que ta résistance est inutile."

Le jeune homme leva les yeux vers son ennemi.

"Tu as gagné cette bataille, Ganondorf, mais la guerre n'est pas finie. Jamais je ne t'aiderai.
- Tu es obstiné ! Je pourrais continuer à te faire souffrir, mais je préfère utiliser une méthode plus efficace. Comme tu me l'as fait remarquer, le Héros du Temps est en route. Je vais te faire un aveu. Lors de notre entretien, je t'ai caché certaines informations. Comme la présence d'une deuxième personne dans le Sanctuaire à ton arrivée. Une jeune fille blonde pour être précis."

En entendant ces mots, Link pâlit. Ganondorf n'avait pas manqué ce changement sur le visage de son prisonnier.

"Tu commences à comprendre ! Mes gardes l'ont ramenée en même temps que toi. Mais j'ignorais le genre de relations que vous pouviez avoir. C'est Sheik qui s'est occupée d'elle. Dès le début, elle lui a parlé d'un ami qui était avec elle au Sanctuaire. Elle était très inquiète pour lui, mais nous n'étions pas sûrs qu'il s'agisse de toi. Alors, il a gagné sa confiance et elle nous a dit tout ce que nous avions besoin de savoir et que Xanto ignorait. Elle est très bavarde lorsqu'il s'agit de toi, ton amie d'enfance."

Link ferma les yeux. La situation venait d'atteindre un point de non-retour. Il sentit le sol se dérober sous ses pieds. Comment avait-elle pu être attirée avec lui dans le passé ?

"Contrairement à ce que tu aurais pu croire, la porte du temps n'est pas l'Épée, mais le Sanctuaire lui-même. Il suffit d'être entre ses murs pour faire partie du voyage. Ta copine m'aura grandement facilité la tâche. D'ailleurs la voilà."

Link se tourna dans la direction que lui montrait son ennemi. À la vue de son amie maintenue par deux gardes, il devint livide. Il sentit tomber sur lui le poids de la culpabilité. Il avait de nouveau été incapable de la protéger, lui, que tout le monde prenait pour un héros.

Il la regarda essayer de se défaire des deux femmes qui la retenaient pour essayer de le rejoindre, en l'appelant de toutes ses forces. Sur un signe de Ganondorf, les femmes la lâchèrent et elle se précipita vers lui. Elle s'agenouilla devant lui et le prit dans ses bras en pleurant. Quand elle remarqua les nombreuses traces des mauvais traitements qu'il avait subis, ses larmes redoublèrent.

Link aurait voulu lui rendre son étreinte, mais ses liens l'en empêchaient et il ne supportait pas de lire cette inquiétude dans ses yeux.

"Ne t'en fais pas pour moi ! Ce n'est pas aussi grave que ça en a l'air."

Il n'eut pas le temps d'en dire plus, car les deux gardes attrapèrent la jeune fille par les bras et l'emmenèrent de nouveau loin de lui. Il la regarda partir. Il sentait que le désespoir et la peur prenaient le pas sur son courage.

"Aurais-je découvert ton point faible, le Héros", lui demanda Ganondorf qui avait observé la scène en souriant.

Link se retourna vers son ennemi. Celui-ci savait qu'il avait gagné et que le jeune homme ne pourrait plus lui résister. Il se mit à rire à gorge déployée, ravi de l'effet qu'avait provoqué sa petite surprise sur son prisonnier.
"Ramenez-le dans sa cellule afin qu'il réfléchisse aux conséquences que pourrait provoquer son entêtement à vouloir me résister."

Link fut de nouveau enchaîné au fond de sa cellule. Il était anéanti. Une fois de plus, Iria était en danger, et ce, à cause de lui. Jusqu'à maintenant, il avait essayé de retarder l'échéance pour permettre au Héros du Temps d'avancer dans sa mission, quitte à en payer le prix. Mais, à présent, ce n'était plus lui qui prenait des risques et il ne pouvait supporter l'idée de la voir souffrir à sa place. Il ne lui restait plus qu'à obéir.

En début d'après-midi, il reçut la visite de Sheik. Celui-ci venait voir dans quel état était le prisonnier. Lorsqu'il le vit entrer, Link lui lança un regard noir. L'autre ne réagit pas. Il s'approcha et commença à soigner les nouvelles blessures qu'avait causées sa tentative de fuite. Link se laissa faire sans bouger.

"Tu ne t'en es pas trop mal tiré au vu du nombre d'adversaires que tu avais en face de toi. Certaines Gerudos sont bien plus touchées que toi. Tu as un certain talent avec une épée."

Link resta silencieux. Il ne voulait pas donner à son ennemi l'occasion de le duper à nouveau.

"Je comprends ta réaction. Je n'aimerais pas non plus avoir été manipulé de la sorte."

Devant l'absence totale de réponse de la part de Link, il continua.

"Ne parle pas, si tu n'en as pas envie, mais écoute au moins. Ton habileté à l'épée ne sera pas suffisante pour te sortir de là. Ganondorf veut te faire suivre un entrainement pour te préparer à ta mission. Profites-en pour apprendre tout ce que tu pourras."

Il avait dit tout cela à voix basse. Quand les soins furent terminés, il se releva et se dirigea vers la porte.

"Tu sembles apte à réaliser ta mission. Je vais avertir le roi des Gerudos que tu seras prêt à commencer ta préparation dès demain. Au fait, ta petite amie va bien. Je me suis occupé d'elle. Fais ce qu'on te dit et tout se passera bien."

Link resta seul un bon moment. Il en profita pour analyser la situation. Iria étant devenue un otage, il ne lui restait plus qu'à accepter la mission que voulait lui confier Ganondorf. C'est tout ce qu'il pouvait faire pour le moment, en espérant avoir une idée pour sauver Iria ou en attendant l'arrivée du Héros du Temps. Même s'il était mince, il restait encore de l'espoir.

Au bout de plusieurs heures, la porte s'ouvrit de nouveau devant Nabooru et ses deux gardes. Elles le détachèrent et l'emmenèrent sans prendre la peine de lui entraver les mains.

"Voyons voir si tu as compris ! Nous t'emmenons voir le maître. Reste calme et suis-nous gentiment si tu veux revoir ton amie."

Elles le conduisirent dans la tente de Ganondorf où celui-ci l'attendait, installé dans un fauteuil. Elles le forcèrent à s'agenouiller et à baisser la tête. Link en profita pour fixer le sol. Ainsi, il ne voyait pas la mine réjouie de son ennemi.

"Mes arguments ont-ils réussi à te convaincre ou dois-je encore me montrer plus persuasif ? Vas-tu enfin faire ce que je te demande ?
- Je ferai ce que tu veux, mais ne t'avise pas de la toucher, dit-il en se libérant de l'étreinte de ses gardes pour planter son regard dans les yeux de son ennemi.
- Tu n'es pas en position pour me donner des ordres. Tant que tu feras ce que je te demande, elle ne craint rien, mais n'essaye pas de me tromper ! Cela pourrait lui coûter cher."

Nabooru l'attrapa alors par les cheveux pour le forcer de nouveau à baisser la tête.

"Sheik m'a informé de ton état de santé. Mais il m'a aussi dit que tu n'étais pas tout à fait prêt à te lancer dans une mission périlleuse. D'après lui un peu d'entraînement ne te ferait pas de mal. À partir de demain matin, tu suivras une formation à la méthode gerudo. J'ai besoin que tu sois au maximum de ta force pour cette mission."

Link ne quittait pas le sol des yeux, ne réagissant pas. Ganondorf continua ses explications.

"Ta mission est très simple : trouver le Héros du Temps et le ramener ici. La façon dont tu parviendras à tes fins m'importe peu. Je n'ai qu'une exigence. Je le veux vivant. Je n'ai jamais envisagé de te demander de le tuer. Je ne pense pas que tu en sois capable. De plus, je me réserve ce plaisir. Sache simplement que s'il lui arrivait un accident, cela pourrait te coûter cher ainsi qu'à ton amie."

Sur ces mots, il fit signe à Nabooru qui releva Link et le ramena dans sa cellule. Celui-ci remarqua un changement dans la façon dont il était traité. En effet, ses mains furent attachées devant lui.

"Tes gardes t'apporteront ton repas d'ici peu. Je te conseille de prendre des forces. Tu en auras besoin. Ne tente pas de te détacher. C'est impossible. D'autres ont essayé avant toi et personne n'y est parvenu."

Elle sortit, le laissant seul. Quelques minutes plus tard, on lui apporta de quoi se restaurer. Il mangea sans appétit.

Chapitre 7   up

Le lendemain matin, Nabooru vint le chercher pour l'emmener au gymnase de la forteresse. Elle le fit descendre dans une cour de combat où l'attendait un groupe de Gerudos armées de sabres et lui remit une lame.
Ici, les règles sont simples : défends-toi ! Ne retiens pas tes coups, car tes adversaires ne te feront aucun cadeau. Et ne fais pas exprès de te faire tuer ici, car ta petite amie pourrait en subir les conséquences.

Elle s'éloigna. Le Héros ne dut pas attendre longtemps. Les Gerudos se mirent à attaquer de tous les côtés en même temps. Il fit de son mieux pour se défendre, mais elles étaient trop nombreuses. Il fut blessé à plusieurs reprises, mais à chaque fois, il se relevait et reprenait le combat. Au bout de plusieurs heures de ce régime, Link était à bout de souffle. Il ne réussit pas à éviter le sabre d'une Gerudo qui lui fit une profonde entaille dans l'épaule gauche. Le choc lui fit lâcher l'épée qu'il tenait du même côté.

Nabooru mit fin à l'exercice et s'approcha de lui. Elle ramassa l'arme et lui donna une compresse pour qu'il puisse arrêter le saignement.

"Repose-toi un instant ! Je vais chercher des gardes pour te ramener."

Elle sortit. Le jeune homme en profita pour s'asseoir une minute. Il se releva en voyant entrer ses deux geôlières. Elles lui firent signe de les rejoindre. Il s'avança. Lorsqu'il arriva à leur niveau, elles se placèrent de part et d'autre de lui et le conduisirent à sa cellule.

Ce soir là aussi, il reçut la visite de Sheik. Il entra alors que Link était occupé à soigner son épaule. À ce moment-là, celui-ci tournait le dos à la porte, c'est pourquoi il ne vit pas la réaction du nouvel arrivant. Ce dernier semblait souffrir en voyant la blessure du prisonnier. Mais il s'était ressaisi avant que Link ne se retourne.

Sheik s'approcha, lui prit la compresse des mains et entreprit de terminer le travail.

"Comment te sens-tu après cette première journée ? Pas trop en morceaux ? Je vois que tu as pris pas mal de coups.
- Ne t'inquiète pas pour moi, j'ai donné pas mal de fil à retordre à tes amies.
- Bien ! Il va falloir que je te fasse quelques points pour aider à la cicatrisation. Ça risque de faire mal. Ça ira ?
- Va raconter ça à ton maître. Je suis sûr que ça lui fera plaisir..."

Link ne savait pas vraiment comment réagir face à cet homme. La seule chose qu'il savait c'est qu'il se méfiait de lui. Il y avait quelque chose de bizarre dans son comportement.

Le lendemain, il eut à subir le même entraînement qui dura plus longtemps que le précédent. La blessure à l'épaule l'empêchant de se servir correctement de son bras, il devait tenir son épée du côté droit. Ce qui constituait un handicap pour un gaucher, mais il parvenait déjà à mieux contrer les coups de ses adversaires. Il parvint même à blesser plusieurs Gerudos. Par contre, il réussit à faire sauter la suture de sa plaie.

Le matin du jour suivant, Link était en plein exercice quand Nabooru rappela ses troupes.

"Ça suffit pour aujourd'hui. Ganondorf veut voir le Héros."

Elle s'approcha du jeune homme et le désarma. Depuis qu'il avait commencé à suivre l'entraînement Gerudo, ses gardes s'abstenaient de l'attacher pour l'emmener de sa cellule au gymnase et inversement. Pourtant, Nabooru sortit une corde et lui attacha les mains derrière le dos. Il se laissa faire sans protester. Elle le conduisit dans la tente de Ganondorf et le fit asseoir avant de sortir. Elle ne lui avait pas adressé la parole.

"Mes espions ont retrouvé le Héros du Temps. Il est plus avancé dans sa quête que je ne le pensais. Le temps presse. Tu pars demain. Sheik t'accompagnera. N'oublie pas que le sort de ton amie dépend du succès de ta mission. Profite du reste de la journée pour te reposer ! Tu auras besoin de toute ton énergie."

Ganondorf rappela Nabooru qui ramena Link dans sa cellule. Sheik l'y attendait.

"Tu es prêt à partir ?
- Je n'ai pas grand-chose à préparer. Vous m'avez pris tout ce que j'avais.
- Tout te sera rendu demain. D'après mes dernières informations, le Héros du Temps doit réveiller les cinq sages protégeant les cinq temples d'Hyrule. Il en a déjà libéré trois. Il est actuellement en route pour s'occuper du quatrième. Il se trouve dans le cimetière de Cocorico. C'est là que nous irons demain. Si nous nous débrouillons bien, nous pourrions l'y retrouver. Je t'en dirais plus en chemin. Es-tu d'accord ?
- Ai-je le choix ?
- Pas vraiment. Je n'ai pas le temps de m'occuper de tes blessures aujourd'hui. Je vais amener ton amie. Elle devrait pouvoir le faire. Si tu as des choses à lui dire, fais-le maintenant. Elle quitte le désert en fin d'après-midi. Peu de personnes savent où elle ira. Demain, tu récupères tes armes. Si tu tentes la moindre chose contre moi ou contre Ganondorf, elle mourra... et toi aussi !"

Sheik posa sa main sur l'épaule de Link et lui murmura à mi-voix pour que les gardes ne l'entendent pas.

"Garde courage. Tout n'est pas perdu..."

Puis il quitta la cellule.

En début d'après-midi, la porte de sa cellule s'ouvrit pour laisser entrer Sheik et Iria. La jeune fille sourit à la vue de son ami. Celui-ci lui rendit son sourire et se leva, mais il fit une grimace car il venait de se lever en se servant de son bras blessé.

Remarquant que Link était visiblement mal en point, elle s'approcha de lui. Elle avait avec elle tout le matériel nécessaire aux soins. Elle commença par enlever le bandage qui protégeait son épaule. Elle fit de son mieux pour éviter de lui faire mal, estimant qu'il avait déjà suffisamment souffert. Quand elle eut nettoyé la blessure, elle appliqua une pommade cicatrisante et recouvrit le tout.

Elle n'avait pas ouvert la bouche depuis qu'elle était arrivée, trop bouleversée par l'état dans lequel ses adversaires avaient mis le jeune homme. Lui, non plus, n'avait rien dit. Il regardait la jeune fille, se sentant responsable de sa captivité.

Quand elle eut terminé, elle vint se blottir contre lui. Ils s'installèrent dans les bras l'un de l'autre. C'est ce moment qu'elle choisit pour briser le silence qui s'était installé entre eux.

"Link, peut-on parler de notre situation ? Je me pose pas mal de questions sur ce qu'il se passe.
- D'accord ! Pose-les, j'y répondrais du mieux que je pourrais.
- Où sommes-nous ?
- Nous sommes dans le désert Gerudo.
- Mais n'est-il pas censé être inhabité ?
- Tu dois savoir quelque chose ! Tu vas avoir du mal à le croire, mais c'est la vérité. Tu sais que je suis incapable de te mentir. Lorsque j'ai replacé l'Épée de Légende sur son piédestal, j'ai déclenché un mécanisme qui a ouvert une porte temporelle. Nous avons été envoyés dans le passé. A l'époque où Ganondorf a été vaincu par le Héros du Temps."

Le jeune homme raconta alors à son amie le terrible piège qui lui avait été tendu et ce qui lui était arrivé depuis qu'il s'était réveillé dans cette prison, il y avait maintenant plusieurs jours. Il ne lui cacha rien, car il la savait de taille à supporter la vérité.

"Et maintenant, si je ne fais pas ce qu'ils veulent, ils s'en prendront à toi.
- J'avais compris qu'ils se servaient de moi pour te contraindre à leur obéir. Link, je suis désolée. Je t'observais à la clairière. J'ai dû trop m'approcher ..."

Elle était sur le point de se mettre à pleurer. Il retira une larme qui s'était échappée de ses yeux avec son doigt et lui sourit tristement.

"Ne pleure pas, j'aurais dû être sur mes gardes en replantant l'épée. J'avais relâché ma vigilance. Tout est de ma faute. C'est à moi de me faire pardonner."

Elle se serra contre lui, comme pour lui faire comprendre qu'elle ne lui en voulait pas. Il la serra à son tour.

"À toi maintenant, raconte-moi comment ça s'est passé depuis ton réveil.
- Il n'y a pas grand-chose à dire. J'étais enfermée dans une cellule comme toi. C'est Sheik qui s'occupait de moi. Il était gentil. Je lui ai parlé de nous. Je ne pensais pas qu'il se servirait de ses informations contre toi. Quand je t'ai vu ce matin-là, j'ai compris..."

Elle se redressa et le regarda dans les yeux.

"J'ai compris qu'ils allaient se servir de moi contre toi. Je l'ai lu dans tes yeux. Je n'ai ni ton courage ni ta force physique, mais j'ai confiance en toi. Je sais que tu me sauveras."

Quand Sheik vint chercher Iria pour son prochain départ, en début de soirée, elle se leva et s'en alla. Ils s'étaient préparés à cette séparation et s'étaient déjà dit au revoir. Il en avait profité pour amener le repas du prisonnier. Avant de quitter la pièce, il lui apprit qu'ils partiraient le lendemain à la première heure.

"Tu ferais mieux de manger et de te reposer, maintenant. Nous avons une longue route à faire demain."

Il fit ce que Sheik lui avait conseillé. Très vite, il commença à se sentir somnolent. Comme le phénomène s'accentuait, il comprit qu'il avait été drogué. Il fit de son mieux pour résister, mais il sombra très vite dans l'inconscience.

Chapitre 8   up

Quand Link se réveilla le lendemain, la matinée était déjà bien avancée et il n'y avait aucun bruit dans la forteresse. Il remarqua que la porte de sa cellule était ouverte et que ses chaînes lui avaient été ôtées. Il se leva, regarda autour de lui et découvrit tout son matériel posé dans un coin de sa cellule, y compris la magnifique épée, cadeau de la princesse Zelda. Il remit sa cotte de mailles, sa tunique ainsi que son couvre-chef et prit ses armes.

Il sortit en empruntant les couloirs, mais il ne rencontra personne. Il sortit du bâtiment et son pressentiment se confirma. Les Gerudos avaient quitté la forteresse avec Ganondorf. Il restait juste Sheik qui était en train de préparer leur prochain départ.

Quand il apparut, celui-ci ne put s'empêcher de le fixer.

"Que se passe-t-il ?
- C'est fou, ce que tu lui ressembles !
- A qui ?
- Au Héros du Temps. Avec cette tenue, on pourrait facilement vous confondre.
- Pourtant, ton maître ne semble pas avoir remarqué cette similitude.
- Il ne l'a connu qu'enfant. Tu as récupéré toutes tes affaires ?
- Oui, j'ai tout. Je suis prêt.
- Comment va ton épaule ? Pourras-tu voyager ?
- Si tu crains que cette blessure m'empêche de chevaucher, il aurait peut-être fallu y penser avant de m'envoyer me battre contre toute une armée.
- Je vois que tu n'as pas perdu ton sens de la répartie. Bien ! Alors, allons-y."

Link le retint par le bras.

"Attends ! Juste une question : pourquoi m'avoir drogué hier soir ?
- Pour plusieurs raisons. La première : tu avais besoin de repos. La seconde : Ganondorf est parti avec Iria et toute son armée. Il ne voulait pas que tu sois au courant avant ce matin. Si tu ne réalises pas ta mission et que tu tentes de retrouver ton amie, il la tuera.
- Il met tout en oeuvre pour bien me faire comprendre qu'il a toutes les cartes en main et que je ne suis pas en mesure de m'opposer à lui. Les séances d'entraînement m'ont montré que je n'ai pas la force suffisante pour battre son armée.
- Le but premier était effectivement de te démontrer la supériorité de ses troupes mais il voulait aussi t'affaiblir.
- M'affaiblir ? Avant de m'envoyer chercher le Héros du Temps ?
- Il ne s'attend pas à ce que tu l'attaques. Tu es incapable de blesser ton ancêtre ! Il le sait et toi aussi !"

Link baissa les yeux. Sheik avait raison. Ce dernier lui tendit les brides d'un des deux chevaux et monta sur l'autre. Deux minutes plus tard, ils galopaient en direction de la plaine d'Hyrule. Au bout d'une heure, le jeune homme commençait déjà à ressentir des douleurs dans son épaule provoquées par les mouvements du cheval sous lui.

Ils mirent plusieurs heures pour atteindre la limite du désert. Devant eux, s'étendait une forêt. Ils décidèrent de s'y arrêter pour laisser les chevaux se reposer.

"Nous ne repartirons que demain matin. Il y a une source juste à côté. Profites-en pour faire un brin de toilette. Après les épreuves que tu as subies ces derniers jours, ça ne pourra que te faire du bien. Prends cette chemise ! La tienne est couverte de sang. Ça ferait mauvais effet ..."

Link se leva et se dirigea vers l'endroit indiqué. Il s'y baigna un long moment. Les sources du royaume d'Hyrule avaient des effets curatifs sur certaines blessures. Lorsqu'il retourna auprès de Sheik, il se sentait déjà mieux.
"Ton épaule ? J'ai vu qu'elle ne t'a guère laissé en repos pendant le trajet. L'eau t'a-t-elle fait du bien ? Montre-moi !"

Il s'approcha de lui et observa la blessure.

"La cicatrisation a commencé. Tu as été frappé par une lame Gerudo. Elles sont connues pour faire de gros dégâts dans la chair. Ta blessure risque de mettre du temps à guérir."

La nuit tombant, ils allumèrent un feu et s'installèrent. Link s'était mis à réfléchir. Quand il leva la tête, il s'aperçut que son compagnon de route l'observait avec insistance.

"Pourquoi me regardes-tu comme ça ?
- Je cherche les réponses à mes questions au fond de tes yeux.
- Pourquoi ne pas me les poser directement ?
- Parce que les yeux sont incapables de mentir. Puis-je te faire confiance ? Je pense que oui.
- Me faire confiance ? Tu as peur de quoi ? Que je te tue dans ton sommeil ? Si j'avais eu cette idée, ne penses-tu pas que j'aurais mis fin à ta vie dans le désert. Je risquais quand même moins d'être vu là-bas qu'ici.
- Détrompe-toi, tout le long de notre trajet, nous étions suivis. Nous sommes surveillés depuis que nous avons quitté la forteresse. Mais ils sont loin. Ils ne peuvent pas nous entendre. Ganondorf ne me fait pas confiance et il a raison. En fait, je suis du côté du Héros du Temps ... et du tien."

Link semblait sceptique devant les paroles de celui qui se prétendait son allié.

"Tu étais de mon côté, quand tu m'as manipulé ? Ou quand tu as donné à Ganondorf la méthode pour me contraindre, en lui révélant ma relation avec Iria ? Que dire du moment où tu l'as convaincu de me faire affronter son armée complète.
- Je n'ai fait qu'obéir à mon supérieur. Je t'ai soigné. Il s'agissait d'un ordre également, mais j'ai fait un peu plus que simplement te garder en vie. En risquant ma couverture. Quant à mes actions, tu aurais sans doute préféré continuer à te prendre des coups sans pouvoir te défendre. Je t'ai offert la possibilité d'apprendre certaines attaques des Gerudos. Pourquoi crois-tu que ta dernière séance d'entraînement a été écourtée ?"

Link ne répondit pas.

"Nabooru a remarqué que tu commençais à reproduire les attaques de tes adversaires. Ce que tu as appris te sauvera peut-être la vie !
- Désolé. Je n'avais pas vu les choses sous cet angle."

Sheik se tut un instant. Il comprenait la réaction du Héros. Il lui avait donné des raisons de se méfier.
"Ne le sois pas. J'aurais probablement réagi de la même façon. Sache que tu ne la sauveras pas en obéissant aux ordres. Et que tu as peu de chances d'en sortir vivant.
- Je sais que ce tyran ne me laissera pas en vie et qu'il nous tuera tous les deux quand il n'aura plus besoin de moi. J'essaie juste de gagner un peu de temps... sans grand espoir.
- Tu représentes un risque trop important pour lui. Après tout, tu l'as déjà battu. Tu n'es plus seul maintenant. Une fois qu'on aura retrouvé le Héros du Temps, il nous aidera."

Après un instant de silence, Link reprit la parole.
"Quel est ton plan ?
- En ce moment, il est à Cocorico, dans le Temple de l'Ombre. Sa prochaine destination se trouve au milieu du désert. Nous lui servirons de guide.
- Comment va-t-on s'y prendre ?
- Il me connait. Je l'ai déjà aidé à plusieurs reprises. Je lui dirais que je te conduis dans le désert pour des recherches et je lui proposerais de nous accompagner. Je ne pense pas qu'il refusera."

Le jeune homme réfléchit un instant, puis reprit de plus belle.

"Et où le mènerons-nous ?
- Dans une embuscade. L'armée gerudo doit nous retrouver à un endroit précis du désert. Nous serons capturés et emmenés dans la forteresse. Une fois là-bas, je ferais mon possible pour mettre Iria à l'abri et nous aiderons le Héros à se débarrasser du tyran.
- Ton plan a l'air pas mal, mais quand lui parlerons-nous?
- Je lui expliquerai tout à la forteresse.
- Pourquoi pas avant ? S'il le surveille autant que moi, ça risque d'être difficile.
- N'oublie pas que je suis libre de mes mouvements là-bas. Ils ne me surveillent pas, je fais partie de leur bande."

Soudain, Link se rappela la conversation qu'il avait eue avec Ganondorf le premier jour.

"Attends, as-tu rencontré Xanto, le mystérieux visiteur ?
- Non, j'ai appris son existence par Ganondorf. Il m'a parlé de toi, de la raison de ta présence et de ton rôle dans son plan. Pourquoi me demandes-tu ça ?
- Il lui a donné des informations sur son futur. Or, tu me dis que tu es du côté du Héros du Temps depuis le début. Il a pu lui dire que tu allais le trahir.
- Ça reste une possibilité. Mais, je ne pense pas qu'il le lui ait dit. Sinon, il ne m'aurait pas envoyé pour cette mission.
- Justement, il ne te fait pas confiance. Il doit avoir un doute. C'est sûrement une épreuve. Il cherche à te prendre en flagrant délit de trahison.
- C'est un risque qu'il va falloir courir."

Sheik et Link repartirent à l'aube le lendemain matin. Ils voulaient arriver à Cocorico avant le départ du Héros du Temps. Ils y arrivèrent quelques heures plus tard. Ils ne mirent pas longtemps à le trouver. Celui-ci se trouvait près de l'auberge locale, il préparait sa monture pour un long voyage.

Âgé d'environ 17 ans, le jeune homme avait les cheveux blonds et les yeux bleus. Il portait une tunique verte au-dessus d'une chemise blanche ainsi que des guêtres claires. Il portait également un bonnet vert et des boucles d'oreilles bleues pendaient à ses oreilles pointues. Sheik remarqua l'étonnement sur le visage de son compagnon.

"Je te l'avais dit, on pourrait vous confondre. Il va falloir que tu dissimules tes vêtements et ton visage. Prends ce manteau !"

Link l'enfila après avoir retiré son bonnet. Le col du vêtement dissimulait le bas de son visage.
"Comment allons-nous l'aborder ?
- J'ai une idée. Regarde, il se trouve à côté d'un marchand. Il a dû s'équiper pour le voyage. Va acheter ce dont nous avons besoin. Je m'occupe du reste.
- D'accord.
- Au fait, Link, si j'utilise ton vrai prénom, il pourrait se poser des questions. Comment puis-je t'appeler ?"

Celui-ci réfléchit un court instant et repensa à son maître d'armes au village de Toal.

"Appelle-moi, Moï !
- Entendu, vas-y."

Link se dirigea vers le Héros du Temps, toujours occupé à charger son matériel sur son cheval. Il passa près de lui sans le regarder et s'arrêta auprès du marchand pour lui acheter les denrées nécessaires à leur voyage. Soudain, une voix appela :

"Moï !"

Les deux jeunes hommes se retournèrent en même temps.

"Sheik ? Que fais-tu là, demanda le Héros du Temps.
- Je t'ai dit que je servais parfois de guide. Moï fait des recherches sur les anciennes civilisations. Il veut explorer le désert. Je l'accompagne.
- C'est justement là que je me rends aussi. Peut-être pourrions-nous faire un bout de chemin ensemble."

Ce qui fut dit fut fait. Le temps pour Sheik et Link de faire leurs propres préparatifs de départ et une heure plus tard, ils étaient en route.

Chapitre 9   up

La traversée de la plaine d'Hyrule ne leur prit que quelques heures durant lesquelles le Héros du Temps interrogea celui qu'il appelait Moï sur ses recherches. Pour rendre son personnage réel, Link lui parla des Célestiens, un peuple vivant dans le ciel. Heureusement pour lui, il avait beaucoup de choses à dire sur leur compte car il avait eu l'occasion de les rencontrer.

En début d'après-midi, ils arrivèrent à la lisière de la forêt dans laquelle, les deux compagnons avaient fait halte la nuit précédente, afin de laisser les chevaux se reposer. Sheik leur expliqua qu'il leur faudrait environ une journée de voyage pour atteindre le Temple de l'Esprit, destination du Héros du Temps et de " Moï " qui souhaitait y faire des recherches sur les Gerudos.

Ils voulaient faire un maximum de chemin ce jour-là, ils se remirent donc en route après un bref repas. Ils passèrent le reste de l'après-midi à traverser le désert. Durant cette partie du trajet, ils ne parlèrent pas beaucoup.

Lorsque le soleil commença à décliner, ils cherchèrent un endroit où passer la nuit. Sheik leur apprit l'existence d'une petite grotte non loin de là qui leur permettrait d'être à l'abri d'une éventuelle tempête de sable durant la nuit. Les deux autres accueillirent la proposition avec enthousiasme. Les nuits dans le désert étaient réputées pour être très froides, l'idée de dormir dans un endroit où ils seraient protégés du vent leur plaisait.

Ils s'y rendirent et allumèrent un feu à l'entrée puis s'installèrent pour la nuit. Après le repas, ils se couchèrent rapidement car la journée du lendemain risquait d'être longue. Le Héros du Temps et Sheik s'endormirent rapidement, mais Link avait du mal à trouver le sommeil.

Il se leva et s'approcha du feu qui commençait à s'éteindre. Il rajouta du combustible et s'assit. L'image d'Iria lui revenait sans cesse à l'esprit. Il espérait que Ganondorf s'abstiendrait de lui faire du mal comme il le lui avait dit. Perdu dans ses pensées, il ne se rendit pas compte que son manteau s'était ouvert et que son visage n'était plus dissimulé. Il ne remarqua pas non plus qu'un de ses compagnons s'était réveillé.

Soudain, il se sentit violemment tiré en arrière, ce qui lui fit brutalement reprendre ses esprits. Il n'eut pas le temps de comprendre ce qu'il se passait que son assaillant lui plaquait sa lame contre la gorge. Il reconnut l'Epée de Légende, celle qui lui avait permis de vaincre son ennemi et qui était restée plantée dans le Sanctuaire lors de son voyage dans le temps. Puis il comprit que le Héros du Temps devait posséder exactement la même, puisqu'il s'agissait de la Lame Purificatrice, la seule capable d'anéantir le mal.
Je croyais t'avoir réglé ton compte, lui dit celui-ci.

Link entendit ces mots sans en comprendre la signification. Il regarda celui qui venait de parler. Quand il vu la détermination et la rage dans le regard de son agresseur, il crut sa dernière heure arrivée. Pourtant, contre toute attente, le visage de celui-ci se détendit un peu lorsqu'il lut la peur dans les yeux de celui qu'il tenait à la gorge.

"Moï, c'est toi ?"

Sans prendre la peine de déplacer sa lame, le Héros du Temps attrapa le manteau de Link et le lui retira complètement. Ce qu'il vit le cloua sur place. Celui avec qui il venait de voyager portait la même tunique que lui. Son regard se reporta alors sur le visage du jeune homme qui était très similaire au sien.

Il abaissa son arme et recula sans pourvoir dire quoi que ce soit. Quand il s'était réveillé un instant plus tôt, il avait cru voir un ennemi qu'il avait dû combattre récemment. Ce dernier avait pris l'apparence de son adversaire et avait utilisé les techniques de combat de celui-ci pour tenter de le vaincre. Sur le moment, il avait cru qu'il était revenu.

Mais maintenant, il ne comprenait pas. Il avait devant lui un Hylien qui lui ressemblait d'une manière très frappante. Il se demandait comment il avait pu voyager une journée à ses côtés sans remarquer cette particularité.

Sheik, que le bruit de la lutte avait éveillé, s'approcha du Héros du Temps et lui mit une main sur l'épaule pour l'apaiser.

"Il faut qu'on parle", lui dit-il.

Il le fit asseoir près du feu pendant que Link se relevait et remettait de l'ordre dans sa tenue.

"Je pense qu'il est maintenant temps de te dire la vérité. Ce jeune homme ne s'appelle pas Moï et il ne fait pas de recherches sur les anciennes civilisations. S'il est ici, c'est pour sauver son amie, prisonnière de Ganondorf.
- Pourquoi ne pas avoir dit la vérité directement ?
- A cause de cette ressemblance qui t'a frappé. On ne pouvait prévoir ta réaction.
- Je m'appelle Link, intervint celui-ci. Oui, le même prénom que toi. Ma révélation va peut-être te surprendre, mais je viens du futur. Comme toi, j'ai dû mener des combats pour sauver mon royaume. Un tyran du nom de Ganondorf a tenté de prendre le pouvoir par la force.
- Ganondorf ?
- Oui, le même. Celui que tu es censé battre. D'après la légende qu'on m'a racontée durant mon enfance, le Héros du Temps a vaincu le Seigneur du Mal et l'a envoyé dans un autre monde avec l'aide des Sages. Mais il a pu s'en échapper. Il a alors attaqué le royaume. Lorsque j'ai réussi à le vaincre, je croyais que le cauchemar était terminé, mais je me trompais. Le tyran avait d'autres projets pour moi. Sachant que je devrais remettre l'Epée de Légende qui m'avait servi à le vaincre dans le Sanctuaire, il y a créé un passage entre mon époque et la tienne."

Link s'interrompit un instant, observant le visage de celui à qui il venait de faire ces révélations. Celui-ci l'écoutait avec attention.

"Continue ! lui dit-il doucement pour l'encourager.
- Lorsque je suis allé replanter l'épée, je n'étais pas seul. Une amie m'accompagnait. Nous avons tous deux été envoyés ici. Elle est maintenant entre les mains de Ganondorf et je ferais tout pour la libérer.
- Je comprends. Si tu veux te joindre à moi, je t'aiderai à sauver ton amie."

Link avait choisi de ne mentionner ni sa capture ni la mission confiée car il avait craint que le Héros du Temps ne soit pas d'accord avec le plan qu'il avait mis au point avec Sheik. De plus, ce dernier lui avait fait comprendre par un signe de tête qu'il en avait assez dit.

Après une longue conversation portant sur la suite qu'il fallait donner aux évènements, ils décidèrent de continuer leur route vers le Temple de l'Esprit. Puis ils regagnèrent leur couche pour profiter des quelques heures qu'il leur restait avant le lever du jour pour se reposer.

Juste avant qu'il ne se couche, Sheik s'approcha de Link et lui murmura :

"Demain, lorsque les Gerudos attaqueront, tu devras assommer le Héros !"

Le jeune homme s'étendit en se demandant s'il serait capable de trahir celui qui lui avait proposé son aide de façon si spontanée.

Chapitre 10   up

Le lendemain matin, ils étaient debout à l'aube et rassemblèrent leurs affaires pour partir rapidement. Ils avaient pratiquement terminé leurs préparatifs de départ quand ils entendirent des bruits de galops. Ils virent alors une troupe de guerrières foncer sur eux.

"Les Gerudos", cria le Héros du Temps en dégainant son arme.

Devant lui se tenait Link qui avait également sorti son épée. Il s'en servit pour assommer son nouvel ami. Celui-ci n'eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait avant de s'effondrer. Choqué par le geste qu'il venait d'accomplir, le jeune homme se tourna vers Sheik dans l'espoir de recevoir une confirmation de la nécessité de cette "déloyauté". Au moment même où il aperçut ce dernier, il reçut un coup de poing sur la tempe gauche de la part de celui en qui il avait placé sa confiance. Il s'écroula, inconscient.

Quand il reprit connaissance, il était de nouveau couché sur le sol de sa prison avec les mains attachées devant lui. Il eut une désagréable impression de déjà-vu. Il avait évidemment été délesté de ses armes, mais il avait conservé sa tunique et sa cotte de mailles. Sa tête bourdonnait, sans doute était-ce dû au coup qu'il avait reçu.

Il s'assit et grimaça à cause de la douleur qu'il ressentait au niveau de son épaule. Il regarda autour de lui. Il y avait quelqu'un d'autre dans la cellule, comme lui enchaîné au mur : le Héros du Temps. Celui-ci présentait une marque à l'endroit où le jeune homme l'avait frappé et lui lançait des regards noirs. Link comprenait la raison de ces reproches. Il éprouvait exactement le même sentiment vis-à-vis de Sheik. Il se sentait trahi.

"Tu as toutes les raisons de m'en vouloir. Ce que je t'ai fait est impardonnable, mais je n'avais pas le choix. Je t'ai dit que j'étais prêt à tout pour sauver mon amie."

Son compagnon de cellule ne répondit pas, se contentant de le fixer.

"Je ne t'ai pas tout dit, hier soir. Après avoir replanté l'épée, je me suis réveillé ici. J'ai découvert que j'avais voyagé dans le temps et que j'étais à la merci de mon pire ennemi. Il voulait me convaincre de l'aider à te capturer. Ignorant que mon amie était aussi entre ses mains, j'ai refusé. Il me l'a durement fait payer. Pendant trois jours, il a tout tenté pour me briser.
- Visiblement, il a réussi.
Tu te trompes. Tant que j'étais le seul à devoir subir le courroux de Ganondorf, j'étais prêt à résister. Quand il a menacé Iria..."

Link ne put aller plus loin, la peur et la culpabilité commencèrent à reprendre le dessus sur son courage.

"Qu'est-ce qui me prouve que tu n'es pas en train de me mentir ?
- Ta méfiance est légitime, mais je suis dans la même situation que toi. Pourquoi crois-tu que je suis ici, enfermé et enchaîné ?
- Que comptes-tu faire maintenant ? Comment espères-tu sauver celle que tu aimes ? Ne sois pas étonné ! Ça se lit dans tes yeux.
- Je ne sais pas. Sheik devait m'aider, mais...
- Il t'a frappé et ensuite il nous a livré tous les deux, pieds et poings liés.
- Oui ! Et maintenant que j'ai fait ce que Ganondorf attendait de moi...
- Il pourrait vouloir se débarrasser de toi et de ton amie."

Link acquiesça, incapable de répondre. Le Héros du Temps le regarda dans les yeux. Les sentiments de culpabilité et de peur qu'il lisait dans ceux-ci n'étaient pas feints. À ce moment précis, ils entendirent des bruits de pas dans le couloir, ils se turent. Nabooru entra, suivie de deux gardes Gerudos.

"Toi, tu viens avec moi, dit-elle en regardant Link. Le Seigneur Ganondorf veut te voir. Il a encore une mission pour toi. Je vais te retirer tes chaînes, ne t'avise pas de tenter quoi que ce soit, tu sais ce qui arriverait à ta dulcinée."

Link eut un pincement au coeur, il regarda dans la direction du Héros du Temps, celui-ci le regardait maintenant avec sympathie. Il se laissa faire pendant l'opération. Quand ses mains furent de nouveau attachées dans son dos par une corde, les gardes l'emmenèrent vers la sortie.

Il venait à peine de quitter la forteresse quand il aperçut Sheik qui s'avançait dans sa direction. Il se dégagea de ses gardes pour foncer droit sur lui. Celui-ci ne fit aucun geste pour se protéger. Ils s'écroulèrent tous les deux sur le sol. Link se retrouva allongé sur celui qui l'avait frappé, incapable de faire quoi que ce soit de plus. Il l'entendit murmurer.

"Quand tu affronteras Nabooru, la chef des Gerudos, vise la pierre sur son front. Elle a été hypnotisée."

Il n'eut pas le temps d'en dire plus. Déjà, les gardes les relevaient sans ménagement. C'est à ce moment-là que Link s'aperçut que Sheik avait également les mains attachées dans le dos. Il en fut troublé.

Il y pensait encore, lorsque Nabooru le força à se mettre à genoux devant Ganondorf.

"Alors, on se rebelle ? Sheik t'a fait un coup tordu ? Ah oui, je crois savoir qu'il t'a bien abîmé."

Il s'approcha de Link et examina la marque qu'avait laissée le coup qu'il avait reçu. Il posa sa main sur la tempe du jeune homme penchant légèrement sa tête et appuya fortement son pouce sur la contusion, ce qui fit grimacer celui-ci, mais aucun son ne sortit de sa gorge.

"Effectivement, ce n'est pas joli. Ne t'inquiète pas pour ta belle gueule, ta blessure aura le temps de guérir avant que tu ne revoies ton amie... enfin, si tu la revois."

Le jeune homme voulut se relever pour protester, mais les deux gardes l'en empêchèrent.

"À ta place, je la ramènerais moins. Il pourrait lui arriver des bricoles, à ta petite copine."

Link ferma les yeux en cherchant à maîtriser sa colère. Quand il les rouvrit, il avait retrouvé son calme et ses gardes lâchèrent quelque peu la pression.

"Voilà qui est mieux, nous allons enfin pouvoir parler sérieusement de ta prochaine mission.
- Que dois-je faire ?
- C'est simple : me ramener la princesse Zelda. Elle a disparu sans laisser de trace, il y a sept ans.
- Par où dois-je commencer les recherches ?
- Ça, ce n'est pas mon problème. C'est le tien. C'est Nabooru qui t'accompagnera, cette fois. Il s'avère que je ne peux plus avoir confiance en Sheik.
- Comme si tu avais déjà eu confiance en quelqu'un !
- Tu n'es pas aussi bête que tu en as l'air. Tu as deux jours pour te préparer. Mon capitaine d'armée t'apprendra ce que tu dois savoir."

Il fit signe aux Gerudos qui le ramenèrent dans sa cellule où il retrouva ses deux compagnons.

"Link, je suis désolé. Je devais te frapper pour conserver ma couverture. J'aurais pu t'en parler avant, mais le coup devait paraître vrai. J'ai expliqué la situation au Héros du Temps. Je n'ai pas pu libérer Iria. Tu avais raison ! Ganondorf était au courant pour ma trahison. J'étais allé la chercher, mais j'étais surveillé. Quand je suis entré dans la pièce où elle était retenue, les gardes me sont tombées dessus.
- Où est-elle ? Comment va-t-elle ?
- Elle va bien, ne t'inquiète pas. Ils ne lui ont rien fait. Ils se sont contentés de l'enfermer dans une autre partie de la forteresse."

Le jeune homme était soulagé de savoir qu'Iria n'avait subi aucun mauvais traitement. Une autre mission venait de lui être confiée. Il savait qu'il venait de gagner un peu de temps.

Ils ne purent en dire plus, car la porte s'ouvrit. Deux Gerudos détachèrent Link et l'emmenèrent. Elles le conduisirent au gymnase où leur chef l'attendait. Elles le laissèrent au milieu de l'aire d'entrainement et allèrent s'asseoir pour observer l'exercice. Celle-ci lança une épée qui tomba aux pieds du jeune homme puis attaqua. Il eut juste le temps de ramasser son arme pour parer le coup, mais la violence du choc le fit chuter.

Nabooru revint à la charge. Link aurait pu recevoir l'épée entre les côtes s'il n'avait effectué une roulade lui permettant de se relever. Il ressentit rapidement une douleur lancinante au niveau de son épaule gauche, ce qui l'obligea à utiliser sa main droite. Il y perdit en force et en dextérité. Les coups s'enchaînèrent. De très bon niveau, tous deux, ils arrivaient à contrer toutes leurs attaques respectives. Le combat dura plusieurs heures.

Sentant la fatigue le gagner, Link décida de tenter le tout pour le tout afin de porter un coup décisif à son adversaire. Il parvint à la faire chuter par un croche-pied bien placé et profita de ce moment pour frapper la pierre sur le front de sa rivale avec la garde de son épée. Sous le choc, celle-ci se fêla, le coup n'étant pas assez fort pour la briser totalement. Personne ne sembla remarquer la petite fumée noire qui s'en échappa. Seul Link l'aperçut.

Nabooru resta à terre quelques secondes. Quand elle se releva, elle était hors d'elle. Elle désarma le jeune homme. Elle l'attrapa par les cheveux et le força à s'allonger sur le ventre. Surpris par sa réaction et ne souhaitant pas attiser sa colère qui pouvait retomber sur Iria, il se laissa faire. Elle lui lia les mains et le releva avec brutalité. Elle s'approcha de son oreille et lui murmura :

"Tu n'aurais pas dû faire ça ! Je vais aller rendre une visite à ta petite amie.
- Laisse-la tranquille, elle ne t'a rien fait. C'est après moi que tu en as !
- La prochaine fois, tu réfléchiras à deux fois avant de faire quelque chose de stupide. Allez, avance."

Elle le ramena dans sa cellule et le précipita contre le mur qu'il percuta de plein fouet. Il se retrouva sur le sol un peu sonné par le choc. Il eut néanmoins le courage de relever la tête vers elle.

"Ne lui fais pas de mal, implora-t-il. Elle n'est pas responsable. Je suis prêt à accepter la punition que tu voudras m'imposer, mais, s'il te plait, ne la touche pas.
- Jusqu'où serais-tu prêt à aller pour que je la laisse tranquille ?
- Jusqu'au bout.
- Tu dois beaucoup tenir à elle. Merci pour l'information."

Elle s'approcha et le releva. Puis, elle le plaqua contre le mur en le tenant à la gorge.

"Je serais ravie de t'infliger la correction que tu mérites, mais les coups que tu reçois n'ont pas les effets voulus. Ton insistance me donne une idée. Je ne vais pas aller lui rendre visite ce soir. Nous le ferons ensemble très bientôt. Nous verrons si tu as toujours envie de te rebeller quand tu auras vu ton amie subir les conséquences de tes actes."

Link se tut. En voulant protéger Iria, il n'avait fait qu'aggraver la situation de la jeune fille et la sienne. Nabooru appela les gardes.

"Remettez-lui ses chaînes ! Demain, à la première heure, vous l'amènerez dans la cellule de son amie. Je vous y attendrai. N'hésitez pas à utiliser la force, même s'il est coopératif."

Elle sortit. La discrète fêlure de son rubis n'échappa ni au Héros du Temps, ni à Sheik. Quand ils furent seuls, ce dernier observa Link qui était en proie à une inquiétude qu'il avait du mal à dissimuler. Il voulut l'apaiser par une parole réconfortante, mais il fut interrompu.

"Link, je ...
- Tais-toi ! Si je ne t'avais pas écouté, Iria n'aurait pas à subir la colère de Nabooru. Depuis le début, tu te moques de moi, mais c'est terminé ! Je ne croirais plus tes mensonges.
- Calme-toi, lui dit le Héros du Temps. T'en prendre à Sheik n'arrangera pas la situation. Elle cherche à te déstabiliser en utilisant ton point faible. Si tu te laisses envahir par des sentiments de culpabilité, elle aura gagné. Ce que tu as fait était nécessaire et portera ses fruits si tu sais être patient. Tu dois garder la tête froide si tu veux sauver ton amie."

Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit de nouveau. Une garde entra apportant le maigre repas des prisonniers. Ils reçurent chacun un morceau de pain et un peu d'eau. Link ne mangea rien, il était incapable d'avaler quoi que ce soit. Il s'installa face au mur, tournant le dos à ses compagnons.

Chapitre 11   up

Link ne dormit pas de la nuit. L'inquiétude et la culpabilité le rongeaient. Il s'était renfermé sur lui-même, ne voulant pas écouter ses deux compagnons. Ceux-ci avaient respecté son silence et l'avaient laissé tranquille.

Le lendemain matin, les gardes entrèrent dans la cellule. Elles s'avancèrent vers le jeune homme qui était assis le dos contre le mur. Celui-ci les regarda avancer dans sa direction. Le moment était venu.

"Lève-toi ! Notre chef t'attend !"

Il se mit debout et leur tendit ses mains pour qu'elles lui retirent ses chaînes. L'une d'elles les enleva pendant que l'autre lui maintenait les bras pour éviter toute tentative de rébellion. Elle les ramena dans son dos, sans tenir compte des douleurs qu'elle lui provoquait au niveau de son épaule blessée. Ensuite, elle lui attacha les poignets. En quittant la cellule, il échangea un regard avec le Héros du Temps qui lui adressa un sourire encourageant.

Elles l'emmenèrent dans une autre partie de la forteresse et le firent entrer dans une pièce gardée par d'autres Gerudos. Celle-ci ressemblait à la cellule dans laquelle il avait été enfermé, sauf qu'elle était meublée d'une couchette avec matelas et couverture. Iria y était assise, lui tournant le dos. Elle regardait Nabooru debout devant elle.

Cette dernière congédia les gardes et fit signe à Link de s'approcher. Il s'avança. Quand la jeune fille se retourna et vit son ami, elle se leva d'un bond et le prit dans ses bras. Lorsqu'il aperçut son visage, il eut un choc. Il semblait tuméfié. Son sang ne fit qu'un tour, il était prêt à foncer droit sur Nabooru pour lui expliquer ce qu'il pensait de ses méthodes.

Iria, qui avait prévu la réaction de son ami, le retint.

"Non, calme-toi ! Ces marques sont fausses. Elles sont censées faire croire que j'ai été battue. Je n'ai rien."

Il se figea et la regarda, surpris. Elle lui détacha les poignets. Il posa une main sur le visage de son amie et sentit une substance grasse entrer en contact avec ses doigts. Il ne comprenait pas et regardait les traces qu'avait laissées son geste sur sa peau. Ensuite, la jeune fille l'emmena s'asseoir sur la banquette. Elle déplaça une mèche de ses cheveux pour examiner la blessure sur sa tempe.

"Par contre, les tiennes sont réelles, ajouta-t-elle avec de l'inquiétude dans la voix.
- Ne t'inquiète pas, lui répondit-il en lui prenant la main. Je vais bien !
- Je n'en suis pas aussi sûre que toi !"

Il lui sourit pour la rassurer, puis il se tourna vers Nabooru.

"Pourquoi fais-tu ça ?
- Pour te remercier.
- Me remercier de quoi ?
- Le coup que tu m'as donné a pu briser le sortilège qui me liait à Ganondorf, mais il n'était pas assez fort pour un effet immédiat. J'ai repris mes esprits dans la nuit. Quand je t'ai menacé, j'étais toujours sous l'emprise de mon ennemi. Je ne suis pas comme lui. Sa soif de pouvoir finira par détruire mon peuple. Sachant que j'étais contre ses projets de conquête et que j'avais une grande influence sur les autres Gerudos, il m'a fait hypnotiser pour me contrôler.
- Que comptes-tu faire maintenant ?
- Quitter la forteresse et faire comprendre à mon peuple qu'elles ne doivent pas le suivre. Je peux emmener Iria et la protéger. Je lui ai expliqué la situation, mais elle refuse de partir sans toi ! Si tu veux qu'elle soit en sécurité, tu dois la convaincre.
- Qu'est-ce qui me prouve qu'il ne s'agit pas d'un piège ?
- Rien ! Tu vas devoir me faire confiance ! Sans mon aide, tes chances sont minces. Même le Héros du Temps ne peut plus faire grand-chose."

Après un instant de réflexion, il comprit qu'il devait prendre le risque. Il se tourna vers son amie et lui prit les mains.

"Pars avec elle ! Je serai plus en mesure de me défendre si je sais que tu es saine et sauve. Ganondorf obtient de moi ce qu'il veut parce qu'il te menace. Si tu es libre, il ne pourra plus rien m'imposer.
- Il recommencera à te torturer.
- C'est probable, mais je peux le supporter. Avec l'aide du Héros du Temps et de Sheik, je parviendrai à vaincre Ganondorf. Nous pourrons nous échapper et nous vous rejoindrons. Ensuite, nous rentrerons chez nous.
- Tu me le promets ?
- Je te le promets."

Nabooru tendit un petit poignard à Link.

"Prends cette arme et cache-la. Tu risques d'en avoir besoin. Quand Ganondorf va apprendre ma fuite et celle de ton amie, il risque de te le faire payer, ainsi qu'à tes amis. Choisis bien ton moment pour agir. Ce sera probablement ta dernière chance."

Il prit l'objet qu'elle lui tendait et examina la lame. Elle était petite, mais maniable. Il la cacha dans sa botte.

"Nous devons y aller maintenant. Si nous restons trop longtemps, cela semblera suspect et notre plan risque d'échouer. Je t'en dirais plus pendant l'entraînement. À partir du moment, où l'on sortira d'ici, je redeviendrai celle qui t'a menacé. Personne ne doit savoir que le charme est rompu avant qu'Iria et moi ne soyons loin. Je te laisse deux minutes pour lui dire au revoir. Ensuite, je devrai t'attacher de nouveau."

Nabooru s'éloigna des jeunes gens pour leur laisser un peu d'intimité. Quand Link fut prêt, il s'approcha de la Gerudo. Elle lui entrava les mains et le fit sortir de la cellule. Ensuite, elle l'emmena au gymnase. Plusieurs guerrières les y attendaient. Elles voulaient assister à la préparation du Héros.

Comme la veille, Nabooru lança une épée dans la direction du jeune homme, mais celle-ci atterrit plusieurs mètres derrière lui. Il dut faire un bond pour éviter de se faire embrocher par celle de sa rivale. Celle-ci attaquait de plus belle. Au bout d'un moment, elle parvint à le serrer contre un mur et leva son épée qu'il parvint à bloquer en interposant la sienne.

"Désolée, je suis obligée d'y aller fort si je veux que les autres ne se doutent de rien. Jusqu'à maintenant, tu te débrouilles bien ! Continue ! Je sais que tu es inquiet pour ton amie, mais tu as pris la bonne décision. Tu dois aider le Héros du Temps. Ne t'inquiète pas, je suis de taille à la protéger."

En entendant ses paroles réconfortantes, Link baissa un peu sa garde. Ce qui permit à Nabooru de le désarmer avec sa lame. Elle plaça celle-ci sur la gorge du jeune homme.

"Tu devrais être plus attentif et ne pas laisser tes émotions te déconcentrer pendant un combat. Cela pourrait te coûter la victoire... voire la vie. Je vais te montrer différentes techniques, observe-les. N'essaye surtout pas de les reproduire sinon, je serai obligée de mettre fin à l'entrainement. La connaissance de ces méthodes te sera utile. Fais attention à ce que tu dis dans ta cellule ! Les gardes vous surveillent.
- Ils le font depuis que je suis arrivé ici. Sheik le savait et me parlait à voix basse pour me donner des informations.
- C'est encore pire maintenant, les gardes rapportent toutes vos conversations à Ganondorf. Il sait que tu prépares quelque chose, mais il ignore quoi. Sois prudent !"

Elle recula pour lui permettre de ramasser son arme. Dès qu'il l'eut reprise, elle attaqua de nouveau. Ils continuèrent l'entraînement pendant plusieurs heures. Nabooru esquissait des mouvements que Link parvenait à parer avec habileté. Il n'essaya pas de les imiter, mais il les étudia avec attention pour les mémoriser.

Quand Nabooru mit fin à la séance, elle appela deux des gardes présentes pour qu'elles le ramènent dans sa cellule.

"Ce n'est pas la peine de l'attacher, il va nous suivre gentiment. Il a enfin compris où était son intérêt."

Les gardes se placèrent de chaque côté du jeune homme et le conduisirent vers la forteresse. Nabooru les précéda. Ils entrèrent dans la cellule et la chef des Gerudos se chargea de lui remettre ses chaînes. Elle en profita pour lui parler à voix basse.

"Rappelle-toi, tous vos propos seront rapportés. Nous irons nous cacher au Temple de l'Esprit."

Inquiets, le Héros du Temps et Sheik observèrent le jeune homme. Constatant qu'il avait retrouvé son calme, ils l'interrogèrent dès qu'ils furent seuls. Il leur fit comprendre qu'il ne pouvait rien leur dire, mais que la situation avait évolué en leur faveur. Link savait que la tentative de fuite de Nabooru risquait de faire beaucoup de bruit, qu'elle soit un succès ou un échec.

Au milieu de la nuit, quelqu'un entra dans la cellule avec fracas. C'était Ganondorf. Celui-ci semblait pris d'une fureur destructrice. Des flammes brûlaient dans ses yeux. Il s'approcha de Link et le souleva par le col de sa tunique.

"Qu'as-tu fait ? Comment as-tu réussi à rompre l'enchantement sans que je m'en aperçoive ? À cause de toi, j'ai perdu mon meilleur soldat et mon otage."

Avec une facilité déconcertante, il le précipita contre le mur du fond. Link tenta de se rattraper, mais il retomba sur son épaule blessée qui se remit à saigner.

"Nabooru est partie en emmenant ta précieuse petite amie, mais ne va pas croire que tu as gagné. J'ai envoyé mes meilleurs soldats à leur poursuite. Et ils les retrouveront.
- Tu ne peux plus me forcer à faire quoi que ce soit, maintenant, répondit Link qui s'était relevé. Ne compte plus sur moi pour faire le sale boulot à ta place.
- Ne te réjouis pas trop vite. Je la retrouverai bien assez tôt. Et vous me le payerez tous les deux. J'ai du temps devant moi à présent que le Héros du Temps n'est plus une menace", dit-il en lançant un regard dédaigneux à l'intéressé.

Celui-ci se leva d'un bond et fonça sur son ennemi, prouvant ainsi qu'il n'avait pas dit son dernier mot. Sa tentative se solda par un échec quand Ganondorf lui envoya son pied en plein milieu de l'estomac. Il s'écrasa sur le sol sans un cri.

" Tu es aussi pitoyable et prévisible que peut l'être ton descendant. Tu m'aideras à retrouver la princesse, ajouta-t-il en se tournant de nouveau vers Link. Cette fois, tu ne le feras pas pour la sauver, mais pour abréger ses souffrances."

Ganondorf pivota alors vers Sheik.

"Je sais que c'est toi qui lui as révélé le secret qui entourait Nabooru même si j'ignorais que tu fus au courant. Tu connais le sort réservé aux traitres, ici. Ta mort servira d'exemple aux deux autres, mais avant, tu auras le temps de regretter d'avoir tenté de me tromper. Quant à toi, Héros du Temps, je ne peux mettre fin à ta vie avant d'avoir retrouvé la princesse, mais tu vas subir la même épreuve que les deux autres pour avoir osé me défier."

Sur ces mots, il sortit de la cellule et s'adressa aux gardes.

"Commencez les préparatifs. Je veux les voir souffrir."

La porte fut refermée et les prisonniers restèrent seuls. Link se sentit soulagé de savoir Iria sous la protection de Nabooru, mais serait-elle de taille à la défendre ?

"Qu'est-ce qu'on fait maintenant, demanda Sheik.
- Pour l'instant, nous ne pouvons rien faire, répondit Link. Préparez-vous, à la première occasion, je vous donnerais le signal."

À l'aube, une dizaine de soldats entrèrent dans la cellule. Ils emmenèrent les prisonniers vers un endroit reculé de la forteresse où trois poteaux avaient été dressés. Les Gerudos les y attachèrent.

Le soleil venait à peine de se lever, mais la journée promettait d'être chaude à l'extrême et les jeunes gens se préparèrent à vivre un des pires moments de leur vie. La soif se fit très vite sentir. Et chacun gardait le silence. Parler n'aurait de toute façon servi à rien. Ils attendaient conscients que Ganondorf ne se contenterait pas de ça.

Au milieu de l'après-midi, des Gerudos arrivèrent avec des seaux d'eau et chaque prisonnier se vit donner à boire. Ensuite, d'autres gardes arrivèrent munies de cravaches. Elles furent suivies par le tyran qui s'installa comme s'il allait assister à un spectacle. À son signal, les hostilités commencèrent. Les coups se mirent à pleuvoir de partout. Link et ses compagnons faisaient de leur mieux pour ne pas offrir à leur ennemi la joie de les entendre hurler. Ce petit jeu dura longtemps, mais il finit par cesser.

Ganondorf se leva et s'approcha tour à tour des trois prisonniers essayant d'examiner leurs résistances physique et morale. Quand il fut à côté de Link, il s'arrêta. Il s'adressa à lui avec de la rage dans la voix.

"Alors, morveux, tu as toujours envie de jouer au plus malin ou tu as enfin compris qui était le plus fort ?"

Link releva la tête et fixa son rival droit dans les yeux. Malgré les douleurs qu'il ressentait dans tout son corps, il trouva la force de lui répondre.

"Si tu étais le plus fort comme tu le dis, tu n'aurais pas eu besoin de menacer une jeune fille pour obtenir ma coopération et surtout elle n'aurait pas réussi à se sauver à ton nez et à ta barbe !"

La réponse ne plut pas à Ganondorf qui l'attrapa par la gorge.

"Je vois que tu as toujours la langue aussi bien pendue. Tu seras donc le premier pour la phase suivante des opérations. Nous verrons si tu as encore la force de rire après ça."

Il fit signe aux deux Gerudos les plus proches qui le détachèrent et l'amenèrent sur un sol de terre battue. Là, il fut entouré d'une dizaine de soldats qui se mirent à le passer à tabac. Après avoir subi une pluie de coups, il s'écroula, incapable de se relever.

Deux gardes l'attrapèrent par les mains et le trainèrent un peu plus loin alors qu'on amenait le Héros du Temps pour qu'il subisse le même châtiment. Quand lui aussi fut incapable de se mettre debout, ils le laissèrent sur le côté pour s'en prendre à Sheik.

Celui-ci avait déjà du mal à tenir sur ses jambes. Quand les deux gardes le lâchèrent, il s'écroula. Ses vêtements étaient déchirés et quand il se releva pour tenir tête à ceux qui allaient le battre, les vêtements qui dissimulaient sa tête glissèrent et tombèrent sur le sol dévoilant son visage. Deux yeux bleus au milieu d'un visage aux traits fins et une immense chevelure blonde apparurent. Le Héros du Temps qui commençait à reprendre ses esprits le vit et se figea.

Il venait de reconnaître celle qu'il cherchait depuis qu'il avait commencé sa mission : Zelda. Ganondorf la reconnut également et éclata de rire.

"Si je m'attendais à ça. Depuis sept longues années, je cherche la princesse alors qu'elle était juste à côté de moi. Félicitations, vous m'avez bien eu, Votre Altesse, mais maintenant, grâce à vous, je vais enfin devenir le maître du monde."

Il s'approcha d'elle. N'écoutant que son courage le Héros du Temps bondit en direction de Ganondorf pour l'empêcher de la toucher, mais les nombreux gardes autour de lui l'immobilisèrent avant qu'il ait pu faire deux pas. Ganondorf attrapa la princesse par le bras et l'emmena dans sa tente. Il ordonna à ses gardes de ramener les deux héros dans leur cellule.

Chapitre 12   up

Plusieurs gardes s'approchèrent des deux héros, dont l'un ne s'était toujours pas relevé. Ils voulurent attraper ce dernier par les bras pour le ramener dans sa cellule, le croyant évanoui. C'est à ce moment-là que Link sortit le poignard que lui avait remis Nabooru. Il l'utilisa pour frapper ses adversaires qui tombèrent, surprises par une attaque à laquelle elles ne s'attendaient pas.

Le jeune homme ramassa une arme sur une des femmes et se précipita pour libérer son compagnon aux prises avec d'autres Gerudos. Une fois libre, le Héros du Temps trouva un sabre sur une des guerrières évanouies et se mit en devoir de se défendre.

L'alerte avait été donnée et un groupe de guerrières arrivait pour porter main forte à leurs collègues. Leur nombre était réduit, car Ganondorf avait envoyé la moitié de ses troupes aux trousses de Nabooru et d'Iria.

Le bruit du combat atteint le chef des Gerudos qui comprit rapidement que son armée n'arriverait pas à arrêter les deux héros. Il jaillit de sa tente avec Zelda et se dirigea vers les écuries. Il en ressortit sur un cheval et prit la fuite, emmenant avec lui la princesse d'Hyrule.

Les guerrières empêchèrent les deux combattants de suivre leur ennemi. Ils durent continuer à se défendre jusqu'à ce que les dernières femmes encore debout prennent la fuite.

Lorsqu'ils purent enfin cesser le combat, ils s'écroulèrent, exténués. Ils restèrent un instant au sol, essayant de reprendre des forces. Quand ils se furent reposés un peu, ils se concertèrent pour déterminer ce qu'ils devaient faire.

Le Héros du Temps voulait partir directement à la poursuite de Ganondorf.

"Je comprends ton empressement à vouloir sauver la princesse, mais nous ne pouvons nous rendre au château tout de suite. Nous ne sommes pas en état de reprendre le combat. Il ne lui fera rien tant que tu ne seras pas là. De plus, tu as encore un sage à éveiller. Sans eux, nous ne pourrons pas atteindre notre destination.
- Tu as raison. Je dois d'abord aller au Temple de l'Esprit.
- Nous ! Je t'accompagne !
- C'est mon combat, Link. Tu n'as rien à voir là-dedans. Tu l'as dit toi-même : selon la légende, je suis capable de venir à bout de ce monstre seul. Pars retrouver ton amie et quittez ce temps. L'épée que tu as plantée doit toujours être dans le socle. La retirer devrait te ramener à ton époque.
- C'était ton combat. Maintenant, je suis impliqué. Tu es épuisé et blessé. Je ne suis pas dans un meilleur état et Zelda est aux mains de l'ennemi. La situation ne serait pas aussi dramatique si je n'avais pas aidé Ganondorf. De plus, il connait tes pouvoirs et tes capacités. Xanto lui a raconté votre dernier combat dans les moindres détails. Il te faudra plus que de la chance. Je t'aiderai jusqu'au bout. Je n'ai qu'une faveur à te demander. Je voudrais qu'on retrouve Iria et qu'elle retourne dans son temps. Elle n'est pas concernée par cette histoire.
- D'accord. Je pense que je te dois bien ça. Nabooru connaît parfaitement le désert. Sais-tu où elles sont allées ?
- Dans le Temple de l'Esprit.
- Allons-y."

Les deux héros se mirent donc en route, après avoir fouillé le camp pour retrouver leurs armes. Quand ils arrivèrent à destination, ils tombèrent sur les restes d'une bataille. Sur le sable, on pouvait voir des traces de sabots, de nombreuses flèches et des traces de sang séché. Ces marques étaient visibles jusqu'à l'entrée du temple.

Pris d'une crainte subite, Link accéléra le pas pour arriver au bâtiment. Il y entra en courant, craignant pour la vie de son amie d'enfance. Si les guerrières avaient réussi à entrer, les fugitives avaient peu de chances de s'en être sorties.

A l'intérieur, il n'y avait aucune trace de combat. Il trouva Iria, couchée sur un lit de fortune. Il se précipita vers elle en proie à la panique et s'agenouilla à ses côtés. Derrière lui, il entendit une voix.

"Elle dort. Elle a subi pas mal d'émotions. Elle s'inquiétait pour toi. Elle voulait te rejoindre pour t'aider, alors je lui ai donné une potion apaisante. Laisse-la se reposer. C'est une fille courageuse et elle tient énormément à toi.
Je le sais. Elle compte aussi beaucoup pour moi. Merci de l'avoir protégée."

Il s'assit sur le lit, fixant son amie qui respirait calmement dans son sommeil. Il était incapable de détacher ses yeux d'elle. Nabooru s'approcha de lui et l'examina. Il n'était pas en état de poursuivre la lutte.

"Je suppose que tes amis sont dans le même état."

Link ne répondit pas. Il n'avait même pas entendu la question, tant il était préoccupé par Iria. Ce fut un des concernés qui répondit à sa place.

"Sheik n'est pas là. Il n'a d'ailleurs jamais existé. Il s'agissait de la princesse Zelda qui se cachait sous les traits d'un homme. Suite aux nombreux coups qu'elle a reçus, elle a été démasquée. Elle est à présent aux mains de Ganondorf.
- Elle s'est cachée dans le camp de son ennemi toutes ses années. C'est une belle preuve de courage. Comment te sens-tu ?
- Nous avons subis pas mal d'épreuves et nous avons dû mener des combats fatigants. Je pense que nous aurions tous les deux besoin de soins avant de repartir.
- Ne bougez pas et laissez-moi m'occuper de ça."

Elle se leva et alla chercher ce qu'il fallait pour les soins. Elle laissa Link à côté d'Iria pendant qu'elle s'occupait de son compagnon. Elle nettoya ses blessures et lui fit boire des potions afin que la douleur disparaisse. Puis elle fit la même chose pour le jeune homme qui avait enfin accepté de s'éloigner de son amie.

Elle leur donna également quelques bouteilles à utiliser en cas de besoin. Ils décidèrent de prendre du repos avant de tenter quoi que ce soit. Les deux héros lui racontèrent la réaction de Ganondorf suite à la fuite d'Iria et leur évasion. Ils passèrent la nuit à l'entrée du Temple, Nabooru montant la garde par précaution.

Le lendemain, Iria se sentait beaucoup mieux. Link la prit à part pour lui parler.

"Iria, je vais te demander de faire quelque chose de très difficile. Tu dois retourner à notre époque. Je vais aider le Héros du Temps dans son combat contre Ganondorf, mais je préfèrerais te savoir à l'abri.
- Je ne veux pas partir sans toi.
- Je ne sais pas si j'en reviendrais et je serais plus efficace si je te sais en sécurité. De plus, j'ai une mission à te confier. Tu dois avertir la princesse de ce qu'il se passe. Tu dois la faire venir au Sanctuaire. Sa présence sera nécessaire pour briser le mécanisme du temps.
- D'accord. Je ferai ce que tu me demandes, mais promets-moi de revenir.
- Je te promets d'essayer.
- Ce n'est pas suffisant, cria-t-elle en s'accrochant à lui. Je ne veux pas te perdre. Fais-moi cette promesse, je ne te quitterais pas tant que tu ne l'auras pas faite.
- D'accord, c'est promis", lui dit-il en lui rendant son étreinte.

Pendant ce temps, le Héros du Temps était parti pour explorer le temple en compagnie de Nabooru. Link et Iria les attendirent à l'extérieur en restant vigilants. Quand le héros ressortit du Temple, il était seul. Il répondit aux interrogations muettes de ses compagnons.

"Nabooru est le cinquième et dernier sage que je devais éveiller. Elle vient de prendre ses fonctions. Je dois me rendre au château de Ganondorf et le vaincre.
- Je t'accompagne.
- Comme promis, nous passerons par le Temple du Temps pour permettre à Iria de rentrer."

Ils reprirent la route juste après. Iria était monté derrière Link et le serrait de toutes ses forces. Elle ne voulait pas le quitter, mais elle était consciente du devoir qu'il avait à accomplir et ne voulait pas devenir un poids pour lui. Il prendrait plus de risques s'il la savait en sécurité, c'est vrai, mais cela lui donnerait des chances supplémentaires de vaincre.

Ils arrivèrent en vue du château en début d'après-midi et décidèrent de se rendre directement au Temple du Temps. Ils craignaient d'y rencontrer des hommes de Ganondorf, venus les y attendre. Pourtant l'endroit semblait désert. Ils pénétrèrent dans le Sanctuaire avec précaution. Tout était silencieux.

Le Héros du Temps resta à l'écart pendant que les deux autres entraient dans le Sanctuaire. Link tenait Iria par la main. Ils s'approchèrent du piédestal. Le jeune homme attrapa l'épée et la retira du socle. Le sol se remit à tourner et le jeune homme ressentit les mêmes impressions et la même douleur. Il faisait des efforts pour rester éveillé. Quand le phénomène cessa, il était couché sur le sol. Il se releva et aida son amie à reprendre conscience. Ils se trouvaient dans la clairière.

Il emmena Iria là où ils avaient laissé leurs chevaux, à la lisière de la forêt.

"Prends Epona, je serais plus rassuré de la savoir avec toi."

Il posa ses lèvres sur le front de la jeune fille puis il l'aida à s'installer sur la selle.

"Va, raconte toute l'histoire à la Princesse Zelda et ramène-la ici. Si tout se passe bien, je serais là à votre retour.
- Que devrais-je faire si elle ne me croit pas ?
- Même si elle ne te croit pas, elle te suivra. Dis-lui que je l'attendrai ici."

Préoccupés par leur prochaine séparation, aucun d'eux n'aperçut l'ombre d'un homme quittant le Sanctuaire et gagnant la forêt de Firone. Link regarda Iria s'éloigner sur Epona avant de regagner la clairière et de replanter à nouveau l'épée dans le socle.

Cette fois, malgré tous les efforts qu'il déploya pour rester conscient, il ne put s'empêcher de s'évanouir en touchant le sol. Lorsqu'il s'éveilla, le Héros du Temps était à ses côtés. Il avait utilisé toutes ses compétences pour le ramener à la réalité.

"Je suis désolé, j'ai fait ce que j'ai pu pour ne pas perdre connaissance mais ce n'était pas suffisant. J'y suis arrivé à l'aller, mais pas au retour. Je suis resté inconscient longtemps ?
Quelques minutes à peine. Ne sois pas si dur avec toi ! Tu as fait deux voyages dans le temps à très peu d'intervalles. C'est déjà un exploit d'avoir réussi à rester éveillé pour l'aller, surtout si on tient compte de tout ce que tu as subi. Repose-toi un peu, nous partirons dès que tu seras prêt."

Chapitre 13   up

Les deux héros se dirigèrent vers le château de Ganondorf avec résolution. Celui-ci remplaçait le palais d'Hyrule. Pour le Héros du Temps qui l'avait contemplé à maintes reprises en temps de paix, le contraste était évident. Là où auparavant, se trouvaient des murs éclatants reflétant la lumière du soleil, on ne pouvait voir que les sombres fortifications qui rendaient les lieux sinistres.

Même la végétation luxuriante avait été remplacée par un désert rocailleux. Comme si la vie même était devenue impossible dans cet univers de désolation. Le bâtiment était entouré par un gouffre tellement profond que Link ne parvenait pas à en voir le sol. L'obscurité qui y régnait rendait l'endroit plus effrayant.

Grâce à l'intervention des sages qui provoquèrent l'apparition d'un pont, ils purent traverser l'immense précipice et atteindre la porte du château. Ils entrèrent. L'atmosphère qui régnait à l'intérieur n'était pas plus accueillante. Ils traversèrent de nombreuses pièces désertes et empruntèrent maints escaliers sombres.

"Ne devrions-nous pas rencontrer quelques gardes, s'étonna Link.
Je m'attendais à en trouver un minimum. Je sais que Ganondorf a quitté la forteresse seul et que les Gerudos ne l'ont pas suivi, mais je pensais que durant son absence, les lieux étaient gardés. Je m'attendais donc à trouver une certaine résistance. C'est peut-être un piège. Soyons sur nos gardes !"

Ils continuèrent à avancer en redoublant de prudence. Bientôt, ils se trouvèrent en face d'une porte plus imposante que les autres. Elle était faite dans un bois lourd et solide. Ils ne purent l'ouvrir qu'au prix de leurs efforts communs.

Ils entrèrent dans une immense salle qui se trouvait au sommet de la tour centrale. Les nombreuses fenêtres de la pièce étaient faites d'une matière sombre qui empêchait la lumière du jour de pénétrer dans les lieux. Au fond se trouvait un trône imposant sur lequel Ganondorf était assis. À ses côtés se trouvait la Princesse, inconsciente.

"Je t'attendais, Héros du Temps. Je savais que tu ne pourrais pas t'empêcher de venir sauver ta précieuse Zelda. Et tu as amené ton nouvel ami. C'est parfait, je vais pouvoir vous régler votre compte à tous les deux."

Ganondorf se leva. Link ne quittait pas son ennemi des yeux alors que son compagnon observait Zelda avec angoisse. Étaient-ils arrivés trop tard ? L'impensable s'était-il produit ?

"Ne t'inquiète pas ! Elle n'est pas morte. Du moins, pas encore ! Je m'occuperai de son cas quand j'aurai réglé le vôtre, mes agneaux. Vous êtes venu pour m'affronter, il me semble ! Je serai ravi de vous écraser comme de vulgaires moustiques."

Ganondorf s'avança vers eux en dégainant sa propre épée. Puis il envoya une boule de feu en direction des deux héros qui durent effectuer une roulade pour ne pas être brûlé. Ce geste les éloigna l'un de l'autre. Ganondorf en profita. Il leva le bras et des flammes surgirent du sol, coupant la pièce en deux et séparant les deux compagnons.

"Ne vous précipitez pas ! Ce sera chacun votre tour. Je vais commencer par toi, Héros du Crépuscule. J'ai un compte à régler avec toi. Tu as déjà subi pas mal de blessures ces temps-ci. J'espère qu'elles te font mal...
Ne t'inquiète pas pour moi, je vais très..."

Il n'eut pas le temps d'achever sa phrase, car Ganondorf venait de lui envoyer une série de boules d'énergie électrique qui explosèrent autour de lui. La dernière fut envoyée droit sur lui, mais il réussit à la dévier grâce à son épée. Voyant qu'il n'avait pas réussi à toucher le jeune homme, le chef des Gerudos prépara une nouvelle attaque.

S'attendant à une nouvelle vague de tirs, Link leva son arme pour pouvoir parer les coups. La violence du premier envoi le surprit et il tenta de l'éviter en faisant un pas de côté. Seulement, le sol avait été abîmé par les récentes explosions électriques. Le pied gauche du jeune homme traversa le bois rendu trop fragile et resta coincé. Il perdit l'équilibre et se retrouva par terre. Il ressentit une fulgurante douleur lorsque sa cheville se tordit. Son ennemi n'avait rien perdu de la scène et se mit à ricaner en s'approchant de lui.

"Quelle maladresse ! Finalement, ce sera plus facile que prévu de se débarrasser de toi !"

Il se prépara à envoyer une nouvelle attaque électrique. Link quant à lui leva son épée qu'il tenait à deux mains pour essayer de renvoyer les boules d'électricité d'où elles venaient. Il parvint à les faire dévier, mais éprouva des difficultés à viser son adversaire. La position inconfortable dans laquelle il se trouvait et son incapacité à se relever ne l'aidaient pas.

De l'autre côté, le Héros du Temps assistait à la scène sans pouvoir intervenir. En cherchant autour de lui un moyen de gagner l'autre côté de la salle, il aperçut la princesse qui semblait émerger. Il courut vers elle.

"Que se passe-t-il, demanda-t-elle.
- Link semble en difficulté face à Ganondorf. Je ne peux pas traverser ce mur de flammes pour aller l'aider. Je crains pour sa vie.
Dans ce cas, je vais te donner le pouvoir de vaincre notre ennemi. Voici la seule arme capable de le terrasser : les flèches de lumière."

Elle prit trois flèches dans le carquois du Héros et se concentra. Elle fit appel aux Sages et utilisa toute sa magie pour les transformer. Puis elle en remit deux au jeune homme.

"Elles sont d'une puissance inégalée. Elles traverseront le mur de feu. Dépêche-toi, il ne tiendra plus très longtemps."

En effet, Link était à terre et avait de plus en plus de mal à dévier les boules d'énergies lancées par Ganondorf avec son épée. Une importante tache sombre était apparue au niveau de son épaule. Sa blessure s'était encore ouverte. Il lui était plus difficile de tenir son épée qu'il manipulait avec son bras droit. Ses gestes y perdaient en efficacité et ses forces commençaient à s'épuiser.

Le Héros du Temps plaça une flèche sur son arc et visa Ganondorf. Il devait absolument attirer son attention pour qu'il s'éloigne du jeune homme qui était sur le point de lâcher son arme. Lorsque la flèche toucha sa cible dans le milieu du dos, le mur de feu se désintégra. Le géant poussa un cri de douleur et se tourna vers celui qui avait osé l'attaquer, de la fureur dans les yeux. Il commença à s'avancer vers son adversaire encore debout, estimant que l'autre ne pouvait plus rien contre lui et qu'il pourrait en finir avec lui un peu plus tard. Link, de son côté, en profita pour essayer de dégager sa jambe.

Dès qu'elle le put, la princesse se précipita vers le Héros du Crépuscule pour lui remettre la troisième flèche. Il la prit, prépara son arc et envoya la flèche juste à côté de la première. Ce geste, il l'avait fait de son bras gauche ce qui lui causa une douleur insupportable. Ce second coup arracha à Ganondorf un cri plus terrible que le premier.

S'apercevant que son adversaire était encore capable de se battre, il fit volte-face vers lui, bien décidé à lui faire regretter son geste avant de s'attaquer à son compagnon. Ce dernier s'était aperçu que Link avait utilisé ses dernières forces pour envoyer la flèche et qu'il n'était plus en état de se défendre. Il fallait qu'il agisse rapidement. Sans perdre de temps, il prit la dernière flèche et l'envoya avec précision entre les deux autres.

Le cri qui retentit fit exploser toutes les vitres de la salle. La lumière du jour put enfin pénétrer dans ce monde de ténèbres, remplaçant l'obscurité par une clarté revigorante. Les deux héros et la princesse virent leur ennemi se figer et s'effondrer sur le sol dans un bruit assourdissant.

Chapitre 14   up

Le Héros du Temps se précipita vers Link, dont la cheville était toujours coincée. Avec l'aide de la princesse, il parvint à libérer le jeune homme. Ensuite, il l'aida à se remettre debout.

"Merci, lui dit-il, tu m'as sauvé la vie.
Tu aurais fait pareil si les rôles avaient été inversés."

À ce moment précis, ils entendirent un rire dans leur dos. Ils se retournèrent vers l'endroit où était couché leur ennemi. À la place de Ganondorf se trouvait un spectre. Il avait la forme d'un homme de forte corpulence, mais sa peau était transparente. De longs cheveux noirs entouraient son visage. Il flottait au-dessus du sol et les regardait avec ses yeux sombres pleins de haine, un sourire mauvais sur les lèvres.

"Vous pensiez avoir vaincu le Seigneur des Ténèbres ? Eh bien, vous avez tort. Il est parti. Il a rejoint le futur. Il veut retrouver la jeune fille et lui régler son compte."

La réaction de Link ne se fit pas attendre, il se précipita vers celui qui venait de parler. Il ignora la douleur qu'il ressentait au niveau de son pied. Celle-ci le faisait dangereusement boiter. Il tenta de l'attraper par le cou. Il voulait le faire parler et surtout lui faire ravaler ce sourire qui le rendait fou de rage, mais sa main ne réussit qu'à passer à travers son corps sans substance. Le Héros du Crépuscule, déséquilibré, s'écroula de l'autre côté. Dans sa chute, il retomba sur son épaule et son pied se tordit de plus belle. Il était incapable de se relever.

La princesse se précipita vers lui pour lui venir en aide pendant que le Héros du Temps s'adressait au spectre.

"Que veux-tu dire ?
Depuis le début, mon maître avait dans l'idée d'aller faire un tour dans le monde de ce gamin, une fois qu'il serait en possession de la Triforce. Il voulait contrôler le monde entier et bien plus encore."

Il désigna Link avant de poursuivre.

"Il voulait utiliser ce pantin pour mettre un terme à ta quête, Héros du Temps, mais pas seulement."

En entendant ces paroles offensantes, Link voulut se relever, mais il ne le put. La princesse tenta de l'apaiser. Elle était consciente qu'il était difficile pour lui d'entendre ça, mais ils devaient savoir où était Ganondorf et quelles étaient ses intentions. Le spectre continua son discours, ne quittant pas le Héros du Temps des yeux.

"Il voulait régner sur le passé et sur le futur en même temps. C'est pourquoi, une fois réglé le problème ici, il voulait forcer le passage vers l'autre monde pour recommencer une invasion."

Il s'arrêta un instant guettant leurs réactions. Link écoutait, écoeuré.

"Quand il a reconnu la princesse sous les traits de Sheik, il a baissé sa garde et vous a laissé aux bons soins des Gerudos, mais il a très vite compris qu'il avait commis une erreur. Il avait sous-estimé votre capacité de résistance. Voyant que vous étiez en train de prendre le dessus sur son armée, il a emmené Zelda dans son château. Il savait qu'il ne pouvait pas faire grand-chose face aux deux héros réunis, mais il connaissait le point faible de l'un d'entre eux."

Il se tourna vers Link et lui adressa cette question avec un sourire méprisant :

"Dis-moi, le chevalier au grand coeur, n'aurais-tu pas insisté pour ramener ta petite amie avant de venir ici ?"

Link blêmit. Une fois de plus, il avait agi exactement de la façon dont l'avait prévu son ennemi. Il se reprocha d'avoir été aussi stupide.

"Je vois que tu as l'esprit vif et que tu comprends. Ganondorf t'aura manipulé jusqu'au bout.
- Continue, intervint le Héros du Temps.
Voyant qu'il ne pourrait pas s'emparer de la Triforce ici, il a décidé de quitter cette époque avec un peu d'avance. Avant de partir, il m'a convoqué et m'a donné son apparence pour que je vous accueille. Il savait que vous parviendriez à me battre. Je devais juste me contenter de vous amocher un peu plus. J'y suis arrivé avec au moins l'un d'entre vous."

Il tourna la tête dans la direction du jeune homme blessé et se mit à rire bruyamment, très content de lui. Link avait du mal à supporter ce ricanement qui tambourinait dans sa tête. Le spectre reprit alors son sérieux pour ajouter :

"À l'heure qu'il est, le Seigneur des Ténèbres est dans ton monde. Il ne tardera pas à remettre la main sur ta chérie. Et tu sais ce qu'il lui fera ? Si tu veux la revoir en vie, tu as intérêt à rentrer très vite chez toi. Elle est seule. Tu n'es plus là pour la protéger."

Voyant sur le visage du jeune homme que ses paroles avaient atteint leur but, il disparut dans un nuage de fumée. Link n'en menait pas large. Il repensa à Iria qu'il avait laissée partir seule sur le dos d'Epona. Elle devait traverser la forêt de Firone et la plaine d'Hyrule avant d'atteindre la citadelle où elle ne courrait plus aucun risque.

La princesse tentait de retirer la botte du jeune homme pour examiner sa blessure, mais celui-ci ne voulait pas se laisser faire. Il désirait repartir directement dans son monde, tant il était inquiet pour son amie. Il repoussa les mains secourables et tenta de se lever. Il y parvint aux prix de nombreux efforts douloureux, mais il ne put faire deux pas avant de s'effondrer à nouveau.

Le Héros du Temps s'approcha de lui pour l'empêcher de se remettre debout. Il lui parla doucement pour l'apaiser.

"Calme-toi ! Iria ne risque rien. Ne le laisse pas te manipuler, tu es plus fort que lui. Ganondorf ne connaît pas ton monde comme ton amie. Elle sera en mesure de lui échapper. Pour l'instant, tu as besoin de soins. Tu n'iras pas bien loin comme ça. Laisse la princesse s'occuper de ta cheville. Pendant ce temps, je vais rassembler quelques affaires pour elle et pour moi. Nous t'accompagnons !"

Il savait qu'elle refuserait de les laisser partir sans elle. Quant à Link, il dut se rendre à l'évidence. Il ne pouvait pas partir à la poursuite de Ganondorf avec sa cheville et son épaule dans cet état. Il les remercia tous deux et se laissa faire.

Le Héros du Temps aida Link à se lever puis il le conduisit dans un coin de la pièce encore intact. Il l'aida à s'installer contre le mur, avant de quitter la pièce pour préparer leur prochain départ.

Zelda commença par retirer sa botte pour examiner sa cheville. Elle appliqua ses mains sur celle-ci et se concentra. Une énergie sembla quitter son corps pour pénétrer dans le pied. Épuisé par le combat et la douleur, Link ferma les yeux et sombra dans l'inconscience.

Quand il les rouvrit, il était seul et son pied était recouvert d'un bandage serré. Il ne sentait presque plus la douleur. Il remarqua qu'elle avait profité de son évanouissement pour s'occuper également de son épaule dont la plaie s'était refermée. Il en éprouva une grande reconnaissance. Il se leva et essaya de marcher. Il y parvint en boitillant légèrement.

Il s'approcha de son arme et la sortit de son fourreau, voulant s'assurant que son bras pouvait de nouveau supporter le poids de la lame. Il fut soulagé de voir qu'il pouvait de nouveau la manier sans douleur. La princesse s'était changé et avait repris son apparence masculine.

"Alors, comment te sens-tu ?
- Bien mieux, merci. Ma blessure à l'épaule est complètement guérie. Comment as-tu fait ?
- Je suis de sang royal et possède un don de guérison. J'aurais pu t'éviter des souffrances en te soignant plus tôt, mais je ne pouvais me permettre de prendre le risque d'être découverte. Utiliser mes pouvoirs était un acte trop dangereux. J'en suis désolée.
- Je comprends.
- Ton épaule ne te causera plus de soucis. Par contre, ta cheville reste encore fragile.
Je ferai attention. Grâce à toi, je vais pouvoir rattraper Ganondorf et lui faire payer tout ce qu'il m'a fait."

Le Héros du Temps arriva à son tour.

"NOUS lui ferons payer."

Link regarda son ami. Il acquiesça. Il ne lui serait même pas venu à l'idée de le dissuader de l'accompagner. Il comprenait parfaitement son désir de participer, car il avait le même. Il était également conscient qu'ils ne seraient pas trop de deux pour empêcher Ganondorf de semer le désordre dans le royaume.

"Tu vas pouvoir marcher ? lui demanda le Héros du Temps, observant son pied bandé.
- Je pense que ça ira.
Dans ce cas, n'attendons pas plus longtemps. Il est temps de se mettre en route.

Ils rassemblèrent leurs affaires et partirent en direction du Temple du Temps. Ils y allèrent doucement, Link ne devant pas trop forcer sur son pied. Ils lui proposèrent de lui trouver un cheval mais le jeune homme refusa prétextant que sa cheville devait juste se dérouiller un peu. La douleur avait quelque peu augmenté, mais il le cacha de peur que ses amis l'obligent à différer encore leur départ.

Chapitre 15   up

Quand ils arrivèrent au Sanctuaire, le lieu était toujours aussi silencieux. Le Héros du Temps partit examiner la salle à la recherche du moindre indice permettant de s'assurer que Ganondorf avait bien fait le voyage vers le futur. Il revint avec un objet brillant. En le voyant, Link pâlit. Il avait reconnu la décoration en or fin qu'il avait reçue des mains de la princesse en remerciements des efforts fournis pour ramener la paix en Hyrule. Que faisait-elle là ?

"Où l'as-tu trouvée, lui demanda-t-il.
- Près du mur du fond. Il y a un petit renfoncement où une personne aurait très bien pu se cacher. Sais-tu ce que c'est ?
- Oui, c'est une Médaille du Courage. Je l'ai reçue en cadeau après avoir vaincu Ganondorf. Je n'avais même pas remarqué sa disparition.
Es-tu sûr que c'est la tienne ?"

Le jeune homme la lui prit des mains et lui montra la fine inscription située au dos : Link.

"Oui ! Elle a été personnalisée ! Elle était accrochée sur ma tunique. Lorsque je me suis réveillé dans la forteresse Gerudo, la première fois, je n'avais que ma chemise. Ma tunique et ma cotte de mailles m'avaient été retirées en même temps que mes armes. Lorsque j'ai récupéré mes vêtements, je n'ai pas remarqué son absence.
- C'est compréhensible. Tu avais autre chose en tête.
- Si tu l'as trouvée là-bas, elle n'est pas tombée de ma tunique. Car j'ai perdu conscience de l'autre côté, près du piédestal et de l'Épée.
Ce qui veut dire ?"

Le jeune homme se tut un instant avant de poursuivre :

"... que quelqu'un l'a prise sur mon vêtement et est venu ici avec. Et il n'y a qu'une seule personne qui ait pu faire ça...
- Ça ne m'étonnerait pas qu'il l'ait laissée exprès pour te faire comprendre où il est allé. Il veut que tu le retrouves. Je pense qu'il n'en a pas encore fini avec toi !
- Ça tombe bien ! Moi, non plus, je n'en ai pas fini avec lui !
- On a maintenant la preuve qu'il est bel et bien parti dans ton monde. Que fait-on ?
- Il faut prévenir la Princesse du retour de notre ennemi commun. Il va falloir organiser la défense d'Hyrule sans perdre de temps. Le Royaume se remet à peine de sa dernière tentative d'invasion et il est capable de tout. Je dois également assurer la protection d'Iria. Il n'aura de cesse de la poursuivre.
Dans ce cas, ne perdons pas plus de temps ! Allons-y !"

Link regarda le Héros du Temps et lui sourit. Il était heureux d'avoir trouvé un tel allié.

"Merci, ton aide sera précieuse."

Ils entrèrent dans le Sanctuaire et s'approchèrent de l'Épée. Link tendit les deux mains vers la poignée. De nouveau, les mêmes impressions et la même douleur se firent sentir, quand il attrapa la garde. Il dut utiliser toutes ses ressources pour ne pas sombrer dans l'inconscience.

Quand le sol se stabilisa, il était toujours debout l'Épée à la main. Ses deux compagnons étaient par terre, évanouis. Link les laissa et se précipita à l'endroit où il avait quitté Iria, mais il n'y avait personne. On voyait sur le sol des traces de sabots encore fraîches. Il ne devait s'être écoulé que quelques minutes depuis le départ de la jeune fille.

Il remarqua tout de suite que le second cheval avait disparu. Il ne pouvait s'être enfui, car ils avaient pris soin de l'attacher. Il comprit immédiatement ce qui s'était passé. Ganondorf était parti avec. Son inquiétude augmenta. Il espérait qu'Iria avait pu atteindre le château d'Hyrule avant d'être rattrapée par lui. Une fois qu'elle serait dans les murs de la citadelle, il n'oserait rien tenter.

Il se félicita de lui avoir fait prendre Epona. Il savait qu'il pouvait avoir confiance en sa jument pour protéger son amie en cas de danger. Elle était rapide et n'avait jamais perdu son cavalier. De plus, comme le Héros du Temps l'avait suggéré, Iria connaissait bien mieux la région que Ganondorf et celui-ci avait intérêt à rester discret.

Il retourna dans la clairière pour aider ses compagnons à refaire surface. Le Héros du Temps fut le premier à se réveiller. Sheik resta inconscient quelques minutes de plus.

Link savait qu'il n'était pas dans son intérêt de traverser la forêt de Firone et la plaine d'Hyrule à pied, pour rejoindre la citadelle. Il ignorait le chemin que prendraient la princesse et Iria pour les rejoindre. Le choix le plus judicieux était de les attendre. Ils décidèrent de fouiller les lieux à la recherche de Ganondorf, même s'il était plus que probable qu'il ne soit pas resté plus de deux minutes dans la forêt.

Link s'inquiétait, il savait pertinemment que son ennemi ne mettrait pas longtemps à recruter des partisans. Nombreux étaient ceux qui avaient profité du crépuscule pour s'enrichir et qui avaient tout perdu lorsqu'il avait réussi à ramener la paix sur le pays. Ils n'avaient pas tous été arrêtés. Certains jouissaient encore de tous leurs droits. Ceux-là ne tarderaient pas à apprendre le retour de leur seigneur et n'hésiteraient pas à se rallier à lui. Il fallait agir vite, plus vite que lui.

L'après-midi touchait à sa fin lorsqu'Iria revint enfin avec la princesse Zelda, suivie de la Garde Rapprochée. Un sourire illumina le visage de la jeune fille lorsqu'elle aperçut son ami venir au-devant d'elle, mais il fut de courte durée. En effet, elle remarqua tout de suite qu'il semblait plus fatigué et plus abîmé encore que lorsqu'elle l'avait quitté. Et en plus, il boitait.

La princesse également s'était aperçue qu'il n'était pas au mieux de sa forme. Il avait visiblement été mêlé à des combats si l'on en croyait les nombreuses marques apparentes, mais c'était surtout la pâleur de son visage qui l'inquiétait. Il devait se passer quelque chose de réellement grave. Et elle pensait que leur éventuel retard à la Grande Fête de ce soir ne serait rien à côté de ce qu'elle risquait d'apprendre maintenant.

Les deux jeunes femmes descendirent de cheval et rejoignirent Link.

"Que se passe-t-il ? Iria m'a raconté que tu étais dans le passé et que tu avais aidé le Héros du Temps."

Juste à ce moment, elle l'aperçut en compagnie de Sheik. Zelda reconnut immédiatement la princesse cachée sous les traits masculins. Elle s'approcha d'eux et s'inclina. Ce qui leur causa une vive émotion.

"Je suis heureuse d'avoir l'honneur de vous rencontrer. Soyez les bienvenus dans notre époque ! Même si j'ignore les raisons de votre présence.
- Nous sommes venus vous apporter notre aide afin d'éradiquer le mal venu de notre temps, lui répondit le Héros.
Soyez-en remerciés ! Ne soyez pas étonnée du fait que je vous aie reconnue, princesse, dit-elle en s'adressant à Sheik. Mais soyez rassurée, je respecterai votre anonymat."

Elle se tourna alors vers Link.

"Maintenant que les présentations sont faites, dis-moi ce qui se passe. Ta pâleur, tes blessures et la présence ici de deux personnages de légende n'annoncent rien de bon."

Link se tut un moment, il cherchait ses mots pour annoncer la terrible nouvelle. Puis, il prit une profonde respiration et annonça :

"Ganondorf est de retour !"

Fin de la première partie, à suivre...

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Cristal". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 26.03.24