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La légende de Zelda : La quête parallèle

Ecrit par Antoine en 2010
Chapitres 1 à 16   •   Chapitres 17 à 36
Chapitre 1 : Révélations
Chapitre 2 : La quête des cordes
Chapitre 3 : Rencontre spectrale
Chapitre 4 : Temple Hou-Hou
Chapitre 5 : Entraînement à l'épée
Chapitre 6 : Des grenouilles et des singes
Chapitre 7 : Prisonnier des Mojo baba
Chapitre 8 : Le temple du marais
Chapitre 9 : L'Union fait la corde !
Chapitre 10 : Un peu de musique !
Chapitre 11 : Le baptême du feu
Chapitre 12 : Au coeur de la montagne
Chapitre 13 : Temple de la montagne
Chapitre 14 : Péripéties sylvestres
Chapitre 15 : À la recherche des haricots magiques
Chapitre 16 : L'île perdue des Rikikos

Il y a très longtemps...

Avant le début de la vie, avant la création du monde, trois déesses descendirent sur le monde chaotique d'Hyrule. L'une s'appelait Din, la déesse de la force; l'autre Nayru, la déesse de la sagesse; et la dernière Farore, la déesse du courage. Din, de ses puissants bras de flammes, cultiva le sol pour créer la terre. Nayru parsema sa sagesse sur la terre pour donner au monde l'esprit de la loi. L'âme de Farore, pleine de richesses, créa toutes les formes de vie pour le respect de la loi. Ces trois grandes déesses regagnèrent les cieux, laissant derrière elles la Triforce sacrée en or. Dès lors, la Triforce fut à l'origine de la providence d'Hyrule. Le lieu où se trouvait la Triforce devint une terre sacrée. Au fil des âges et du temps, le monde d'Hyrule grandit dans la paix et l'harmonie. Mais un jour, un être vil menaça ce fragile équilibre en voulant se rendre maître d'Hyrule. C'est alors que survint un héros des temps anciens, appelé par l'Esprit des forêts : l'Arbre Mojo, afin qu'il libère Hyrule des puissances du mal...

Chapitre 1 : Révélations   up

Un jeune homme, répondant au nom de Link, venait de se réveiller suite à un rêve étrange dans lequel il se voyait marcher dans une épaisse forêt, guidé par un astre bleu, jusqu'à ce qu'apparaisse un visage à la fois grave et apaisant qui l'appelait par son nom et qui lui demandait de le rejoindre. Link se leva de son lit et descendit un escalier avant de pénétrer dans la cuisine où se trouvait sa mère. Celle-ci mijotait comme à son habitude de bons petits plats dont elle avait le secret. Le jeune homme remarqua qu'elle avait le visage empreint d'une profonde tristesse. Lorsqu'elle aperçut Link sur le seuil de la porte, elle se tourna vers lui :
"Tu as encore fait ce rêve ? Tu as entendu cette voix qui te demandait de la retrouver par-delà les mers ? interrogea-t-elle. J'ai également entendu son appel et elle m'a appris que tu étais appelé à accomplir de grandes choses pour le bien de ce monde".
Link demeurait interdit et écoutait sagement sa mère.
"J'ai toujours su que tu serais appelé un jour par le destin, confessa la femme. Link, il y a une légende que nos ancêtres m'ont transmise... Il s'agit de l'histoire d'un héros qui terrassa le mal qui rongeait un monde lointain, le monde d'Hyrule. Ce héros était notre aïeul. La légende raconte également qu'un jour son descendant serait appelé par le destin lorsque la menace d'autrefois reviendrait en ce monde".
Le jeune homme restait muet, il semblait ne pas comprendre.
"Tu dois partir, Link, déclara sa mère d'une voix émue. Tu dois te rendre par-delà l'océan retrouver cette voix qui sollicite ton aide".
Tandis qu'elle parlait, la mère de Link s'était lentement dirigée vers une vieille dalle de la cuisine qui s'ouvrit brusquement, dévoilant un vieux coffre. La femme l'ouvrit et en sortit un paquetage qu'elle tendit à son fils :
"Avant de quitter cette demeure, reçois ceci. Il s'agit des affaires de ton ancêtre".
Link déballa le paquetage et y trouva un bouclier, une épée, une paire de bottes et une tunique verte.
"Prends-en soin, dit la mère du jeune homme. J'espère qu'elles te seront aussi utiles qu'elles le furent pour ton ancêtre".
Link et sa mère restèrent un long moment, immobiles, à s'observer, puis Link alla étreindre sa mère avant de sortir précipitamment dehors, ne voulant pas pleurer devant elle.

Le jeune homme se dirigea vers la côte. Il descendit la colline, sur laquelle avait été bâtie la maison familiale, avant que ses pieds ne foulassent le sable de la petite plage sur laquelle était échouée une barque. Link poussa l'embarcation vers la mer puis monta à bord. Il hissa la voile et se dirigea vers l'horizon en ayant un dernier regard en direction de sa maison dans laquelle sa mère attendrait son retour. Il vogua une nuit et un jour sur les flots avant de gagner la côte d'une terre inconnue recouverte par une épaisse forêt. En arrivant à terre, Link aperçut une étrange lueur bleutée qui flottait calmement dans les airs. Le jeune homme se mit à suivre l'astre bleu dans la forêt. Le halo de lumière mena Link à travers les bois avant de s'arrêter dans une clairière dans laquelle trônait un vieux chêne majestueux. Ce dernier avait un semblant de visage que Link crut reconnaître.
"Te voici Link, dit l'arbre. Tu as enfin répondu à mon appel. Je suis le vénérable Arbre Mojo, l'esprit de la forêt. Link, écoute mes sages paroles : Il y a longtemps de cela, Ganon, le Prince des Ténèbres, a tenté de détruire Hyrule mais sa diabolique entreprise fut déjouée par la venue d'un héros. Un héros dont tu es le descendant, Link ! Grâce à ce héros, Ganon fut banni par-delà les dimensions et Hyrule put grandir dans la paix. Mais voilà qu'aujourd'hui le monde d'Hyrule est de nouveau la proie des ténèbres. Ganon sévit, par-delà cette dimension, dans un monde parallèle semblable à celui-ci. En semant la haine et la destruction dans le monde parallèle, il affecte ce monde-ci. Il faut que les agissements maléfiques de Ganon cessent ! C'est pour cette raison que je t'ai appelé, toi, le descendant du héros du temps ! C'est à toi que je m'en remets pour délivrer Hyrule des puissances du mal... N'aie crainte ! Tu ne seras pas seul dans ta quête. Une partie de moi t'accompagnera à travers ton périple".
La lueur bleue qui était demeurée à côté de l'Arbre Mojo se mit à vaciller et s'éteignit totalement pour dévoiler une petite fée.
"Voici Déa, présenta le vieux chêne. Elle sera à tes côtés tout au long de tes aventures. Elle t'aidera dans ta quête en te dispensant des conseils avisés. Link, le temps presse ! Il faut que tu te rendes dans le monde parallèle dans lequel Ganon étend son emprise. Je vais t'ouvrir le portail qui te mènera dans ce monde".
Une mare d'eau qui se situait non loin de l'arbre se mit à luire fortement et un tourbillon de lumière apparut en son centre. Link avança au bord de l'eau puis sauta à l'intérieur du tourbillon. Avant de sombrer dans l'eau, Link put entendre ces derniers mots :
"J'ai foi en toi héros du temps ! Sauve Hyrule des forces du mal !"

Link avait l'impression de flotter dans les airs en traversant un long tunnel de lumière. La sensation de flottement commençait à s'estomper en même temps que la lumière devint plus ténue. Link se retrouva brusquement propulsé sur le sol non loin d'une mare d'eau qui frémissait encore des derniers remous que laissait un tourbillon mourant. Le jeune homme se leva et regarda autour de lui. Il put réaliser qu'il se trouvait dans une clairière identique à celle qu'il avait quittée. Toutefois, il ne retrouva pas le vieux chêne centenaire devant lui mais un arbre d'une autre nature. En effet, au milieu de la clairière, un grand saule pleureur étendait ses longues branches, offrant un abri du vent qui faisait flotter les fines feuilles de l'arbre.
"Bienvenue dans notre dimension, Link, dit le saule. Je suis le vénérable Arbre Nojo. Ne sois pas si surpris ! Je peux comprendre que tu sois troublé, rassura l'arbre en plongeant son regard émeraude dans ceux de Link. Toi qui vivais paisiblement sur une terre lointaine, te voici plongé dans une autre dimension au coeur d'une forêt enchantée à parler avec un arbre. Si j'étais à ta place je croirai rêver ! plaisanta le saule. Mais c'est la réalité ! Tu as été envoyé ici par l'Arbre Mojo pour que tu viennes sauver Hyrule... ou plutôt Hyrule et Ysar. Car tu es dans une dimension presque identique à celle que tu as quittée. Ici, Ysar n'a jamais connu la menace du Prince des ténèbres jusqu'à aujourd'hui. Ganon ayant été banni de ta dimension a réussi à pénétrer dans celle-ci. Il projette de s'emparer du Miroir dimensionnel afin d'ouvrir un passage vers d'autres mondes pour y envoyer ses troupes et devenir le maître incontesté de toutes les dimensions. Link, tu dois l'en empêcher ! Tu es le seul à travers toutes les dimensions qui puisse être capable de triompher du malin. Ta quête sera longue et périlleuse mais sache que je serai là pour t'aider, déclara l'arbre centenaire. Tu dois te diriger au sud d'ici jusqu'à ce que tu sois parvenu aux portes du Bourg d'Ysar où tu rencontreras la princesse Zelda. Elle est la gardienne du secret dimensionnel. Elle a besoin de ton aide pour protéger la sainte relique des griffes de Ganon, informa l'Arbre Nojo. Pars maintenant ! Va au Bourg d'Ysar ! Si un jour, tu es perdu et que tu as besoin de mes conseils, n'hésite pas à venir ici... ajouta-t-elle. Bonne route, Link ! Et que le destin te soit propice !"

Link s'éloigna de l'arbre et se dirigea en direction de l'ouest en empruntant un petit sentier. Une fois sorti du bois qui portait le nom de Forêt Rikiko, Link embrassa de son regard l'immensité de la plaine nommée Hyrulon. Celle-ci s'étendait sur près du quart du monde d'Ysar. Elle était traversée par un fleuve qui prenait sa source depuis les montagnes avant de se jeter dans la mer. Link fut tiré de sa contemplation par un bruit saugrenu venant au-dessus de lui. Le jeune homme leva les yeux et aperçut un être vêtu de vert qui était assis sur la branche d'un arbre.
"Bonjour jeune étranger, dit l'individu. Comme vous êtes drôle avec votre fée !"
Link le regardait sans comprendre.
"Je ne voulais pas vous vexer Monsieur fée ! poursuit l'homme en agitant ses mains au-dessus de sa tête. Tingle est mon nom, je suis cartographe et aventurier. Peut-être avez-vous besoin de mes services ?
- Oui, je voudrais connaître la direction de Bourg Ysar.
- La direction de Bourg Ysar ? s'étonna Tingle. Mais d'où venez-vous Monsieur fée ? Tout le monde connaît Bourg Ysar ! Enfin, je veux bien vous l'indiquer mais ceci vaut bien un petit quelque chose..." ajouta l'homme en faisant rouler ses doigts.
Agacé par l'individu, Link décida de s'en aller.
"Non, attendez Monsieur fée ! s'écria Tingle, vous m'êtes sympathique. Je vais vous indiquer la direction du bourg. C'est au sud d'ici, mais peut-être voulez-vous une carte pour vous y rendre ? C'est cinq rubis !"
Link fit mine de ne rien avoir.
"Ah ! dit Tingle l'air contrarié. Tant pis alors pour ma belle carte ! Au revoir Monsieur fée". Tingle se leva et disparut brusquement dans les feuillages. Link se dirigea alors en direction du sud.

Il marcha un moment dans les herbes avant de rejoindre un chemin de pierre et un panneau indicateur sur lequel figurait la direction de la forêt et celle du bourg. Link chemina alors sur la route et ne tarda pas à arriver en vue des premières tours de Bourg Ysar. Leurs formes longues et effilées défiaient le ciel d'azur. Une large muraille enserrait le bourg. Situé à l'extrémité est de la ville et juché sur une colline, se dressait le château d'Ysar. Les fortifications du château faisaient corps avec celle du bourg. Une large porte munie d'un pont-levis et d'une herse était gardée par deux minces tours flanquées de chaque côté du portail. Link alla se présenter à la sentinelle qui dormait appuyée sur sa lance.
"Ron, ron...? Hein ? Halte-là ! Qui va-là ?" s'exclama le garde après s'être brusquement remis en faction lorsque Link vint lui tapoter sur l'épaule.
"Tu veux entrer dans la ville ? dit le soldat en considérant le jeune homme d'un oeil endormi. Eh bien entre ! Les portes sont ouvertes, non ?"
Link franchit le portail de la ville et arriva dans l'artère principale de celle-ci. L'avenue conduisait directement jusqu'au port d'où provenait une légère senteur marine. À la gauche de Link, une enfilade de maisons modestes courrait le long de l'avenue avant de s'arrêter brusquement à mi-parcours, coupée par une autre avenue conduisant à la grande place de la ville. À la droite de Link s'élevait l'enceinte du château. Une large porte, dans le prolongement de la rue provenant de la place, perçait la muraille. Une petite guérite accolée au mur offrait un abri au garde du palais. Link se dirigea vers ce dernier.
"Holà jeune homme ! Où allez-vous comme cela ? s'exclama le soldat en dirigeant son arme vers Link d'un air méfiant.
- Je dois voir la princesse Zelda, répondit l'aventurier.
- La princesse Zelda ? s'étonna le militaire. Mais on ne peut plus entrer dans le château ! D'habitude les portes sont ouvertes au bon peuple d'Ysar, confessa le garde. Mais depuis peu le roi d'Ysar a donné des consignes : Personne n'entre ou ne sort de l'enceinte du château !"
Le garde intima l'ordre au jeune homme de passer son chemin. Link descendit alors l'avenue et arriva sur la grève. Là, son regard fut attiré par l'enseigne d'un bar-hôtel. Il entra dans l'établissement.
À l'intérieur, l'atmosphère était festive. Deux danseuses se produisaient sur une scène et exécutaient leur prestation au son d'un harmonium qu'un musicien hilare faisait fonctionner. Au centre de la pièce était disposée une multitude de chaises et de tables, la plupart étaient accaparées par les clients habituels du bar. Un immense zinc occupait tout le mur opposé à la scène, derrière lequel un jeune barman s'affairait. Link, après quelques hésitations, alla à la rencontre d'un homme qui était accoudé au bar.
"Excusez-moi monsieur..."
Link s'interrompit brusquement lorsque l'homme se tourna mollement vers lui, une odeur forte d'alcool s'exhalait de l'individu.
"Qu'est-ce que tu bois... Hic... P'tit ?"
Link commençait à se détourner de l'homme mais celui-ci poursuivit :
"Qu'est-ce qu'y aaa ? Hic... T'aimes pas boire ?"
Link répondit oui pour lui faire plaisir et pour qu'il le laisse tranquille.
"Aaaah ! Voilà un p't... Hic qui m'plaît ! Puisque tu es mon copain, j'veux bien t'raconter une drôle d'histoire qui concerne la princesse !"
Link fut intrigué par les propos de l'homme et écouta attentivement.
"Y a que la princesse, elle traverse les murs ! s'écria l'homme après avoir lampé son verre. Oui ! Elle a traversé les murs ! insista l'homme aviné. Comment je le sais ? Eh ben, je l'ai vue, pas plus tard qu'y a deux jours, dans la ruelle derrière l'hôtel. Oui parfaitement monsieur ! Dans la ruelle ! répéta l'ivrogne en voyant que son interlocuteur avait du mal à prendre au sérieux cette histoire de princesse passe muraille. J'le sais car j'y vais souvent pour pis... euh, un verre garçon !"
L'alcoolique se désintéressa de Link lorsqu'il s'aperçut que son verre était vide. Le jeune homme en profita alors pour échapper au soiffard et, surtout, à son haleine pestilentielle afin d'aller vérifier les dires de l'homme. Aussi, Link sortit du bar et alla dans la petite ruelle derrière l'hôtel. Alors qu'il se tenait sous le pont que formait l'hôtel en enjambant la ruelle, Link aperçut une petite créature sauter du haut de la muraille du château et atterrir derrière des caisses adossées à celle-ci. Quelques secondes plus tard, l'étrange être sautillait vivement au milieu de la ruelle puis se figea brusquement lorsqu'il vit Link. Il recula d'un saut puis tendit le cou en direction de Link et sautilla de plus belle en disant :
"Link ? Link, c'est toi ?"
Celui-ci demeurait interdit et surpris. Il ne connaissait pas le petit être, comment celui-ci pouvait le connaître ?
"Que fais-tu ici ? Où est la princesse ?"
Link comprenait de moins en moins les paroles du petit bonhomme et son silence irritait visiblement son interlocuteur.
"Où est la princesse Zelda ? insista le petit homme avec une pointe de colère dans la voix. Elle n'est pas avec toi ? Que lui est-il arrivé ? Tout le monde vous cherche au château et on craint pour votre vie ! Avez-vous réussi à protéger le trésor de la famille royale ? Pourquoi ne dis-tu rien ? Réponds !"
Le petit être s'avançait vivement vers Link et se révéla être un Mojo. Link fut surpris et eut un recul que l'autre ne comprit pas.
"Ce n'est que moi, Link. Ton ami Bibi ! Tu ne me reconnais pas ?"
L'être végétal était maintenant si proche que Link pouvait voir ses deux petits yeux marron interrogateurs.
"Que t'est-il arrivé Link ? interrogea le Mojo visiblement troublé par le mutisme de son ami. Tu sembles perdu. Tu ne te souviens pas de moi ? Tu ne te souviens de rien ?"
Bibi fit un bond puis reprit :
"Tu as dû être victime d'un puissant sortilège pour oublier jusqu'à tes amis ! Tu dois retourner au Village Hou-Hou afin que l'on te guérisse ! Suis-moi, le temps presse !"
Bibi fit demi-tour et remonta la ruelle en se trémoussant jusqu'à une vieille maison branlante située au pied de l'enceinte de la ville. Link le suivit à l'intérieur. Le petit Mojo alla jusqu'à la cheminée de la pièce principale et ouvrit un passage secret. Bibi et Link prirent alors l'escalier dérobé et pénétrèrent dans les profondeurs du sol. Les marches les conduisirent dans un long tunnel éclairé par des flambeaux. Les deux êtres suivirent le tunnel et gravirent un second escalier en direction de la surface. Après avoir poussé un petit rocher, les deux êtres se retrouvèrent au pied d'un vieil arbre tordu qui enlaçait ses branches autour des ruines d'un temple antique. Link put se rendre compte que son guide l'avait conduit à l'ouest de Bourg Ysar, dans la plaine d'Hyrulon. Il contempla un moment le temple à demi enterré, dont les portes étaient obstruées par d'énormes rochers, puis se tourna vers Bibi. Celui-ci fixa ses yeux malicieux sur le jeune homme et dit :
"Le Village Hou-Hou est dans cette direction, vers les montagnes, informa l'être végétal. La route est longue pour mes petites pattes, je ne pourrai te suivre. Aussi prends cette lettre".
Le Mojo sortit une enveloppe de sa poche et la remit à Link.
"Quand tu verras la princesse, poursuivit le petit être, tu la lui donneras. J'attends son retour au château. Bonne chance, Link !"
Le petit Mojo retourna dans le passage souterrain en laissant Link traverser seul la grande plaine d'Hyrulon.

Chapitre 2 : La quête des cordes   up

Arrivé en vue des premières montagnes, Link se fit attaquer par deux Moblins, des sbires de Ganon. Ceux-ci faisaient tourner leurs épées en l'air avant de les abattre sur Link qui esquiva. Le héros dégaina son glaive et transperça ses assaillants qui s'évaporèrent en un nuage sombre après avoir chuté à terre. En ayant vaincu ses premiers ennemis, Link fut saisi d'une soudaine inquiétude et accéléra sa course lorsqu'il vit se profiler au loin des volutes de fumées. Il gravit la rude pente qui le menait au Village Hou-Hou et, parvenu en haut de celle-ci, il réalisa que ses craintes s'avéraient justes. Devant lui, la grille défoncée du portique d'entrée du village laissait augurer une récente attaque de Ganon et de ses sbires. Link entra dans le village pour mesurer l'ampleur du désastre. Le toit d'une chaumière était partiellement carbonisé, des caisses éventrées jonchaient le sol. Tout le village portait les traces d'un violent combat. L'attention de Link se porta sur un attroupement de personnes qui se tenait devant une hutte circulaire au centre du village et alla à leur rencontre afin d'obtenir des informations sur ce qu'il s'était produit ici. À son approche, l'un des villageois tourna la tête en sa direction puis se mit à hurler :
"Un fantôme !"
Les autres personnes firent de même lorsqu'ils virent Link puis s'en allèrent précipitamment dans leurs maisons. Les cris des villageois avaient alerté une femme qui sortit de la hutte devant laquelle ils se tenaient auparavant. Celle-ci tourna son regard d'acier en direction de Link, eut un recul de surprise : "Link ? Est-ce toi ? Tu es... vivant ?"
La femme s'approchait lentement du jeune homme afin de mieux observer son visage.
"C'est impossible Link ! Tu as été tué par Ganon lors de l'attaque du village ! Ton corps repose dans notre cimetière ! s'exclama-t-elle. Qui es-tu ? Un sbire de Ganon ?"
La femme recula d'un pas et dégaina son épée. La fée Déa, qui était demeurée cachée dans la poche de Link, sortit vivement de son abri pour s'interposer entre la femme et Link. Celle-ci baissa aussitôt son épée et considéra la fée.
"Tu as une fée ? Tu es donc envoyé par l'Arbre Nojo ! Comment cela se peut-il ?"
Elle prêta l'oreille à ce que lui dit la fée puis elle reprit la parole :
"Je comprends, dit la femme en hochant de la tête. Tu n'es pas notre Link mais celui d'un autre monde et c'est grâce au Vénérable Arbre Nojo que tu es là. Sois le bienvenu en Ysar... Link, déclara la femme d'une voix triste. Je m'appelle Impa et je suis le chef des Sheikahs, les habitants de ce village. J'aurais voulu pouvoir t'accueillir en d'autres circonstances mais, comme tu peux t'en rendre compte, le village a été attaqué. Les sbires de Ganon sont venus hier soir dans notre village et se sont mis à tout détruire. Ils étaient à la recherche du trésor de la famille royale. Les Sheikahs ont lutté contre le Prince des ténèbres et ses hommes, surtout Link qui fit le sacrifice de sa vie afin de permettre au sage Kaepora Gaboera et à la princesse Zelda de fuir en emportant le trésor".
Un long silence s'installa entre Link et Impa puis celle-ci poursuivit :
"Tu dois te demander où est passée la princesse ?"
Link fit oui de la tête.
"Elle est partie avec Kaepora Gaboera dans le refuge du Marais Interdit. Tu dois aller les retrouver pour leur dire que tout danger est écarté... pour le moment", ajouta Impa dont le front s'obscurcissait à la pensée d'un avenir sombre.
Link retourna vers la plaine en laissant Impa devant sa maison qui le regardait partir.

Sur le chemin le conduisant au Marais Interdit (au sud-ouest d'Ysar), Link rencontra un ou deux Moblins qu'il tailla en pièces et retrouva le malicieux Tingle à l'entrée du marais. Celui-ci flottait dans les airs au moyen d'un énorme ballon rouge qu'il avait attaché dans son dos. L'étrange bonhomme n'aperçut pas Link, trop absorbé par son travail de reproduction fidèle du paysage. Link entra donc dans le marais en s'engageant sur un large chemin couvert de l'ombre des hauts arbres qui le bordaient.
L'aventurier ne tarda pas à arriver à un carrefour et alla consulter le panneau indicateur qu'il venait d'apercevoir. À droite, le jeune homme aurait pu se rendre dans le canyon si le pont qui enjambait la rivière n'avait pas été détruit. Tout droit, il pouvait s'enfoncer plus en avant dans l'épaisseur du marais s'il n'y avait eu la barrière de ronces qui lui barrait le passage. Il ne lui restait donc plus qu'un petit sentier à sa gauche que le panneau omettait de signaler. Sur le chemin, le héros dut affronter une plante pourvue d'une énorme bouche dentue. Déa lui apprit qu'il s'agissait d'une Mojo baba et qu'il n'avait qu'à trancher la tige de la plante pour que celle-ci meure. Ce qu'il fit. La plante s'écroula sur le sol en faisant tomber des petites graines. Il s'agissait de noix mojo. Déa recommanda à Link de les prendre, le puissant flash qu'elles produisent pourrait s'avérer utile dans sa quête. Au bout du sentier, Link ne tarda pas à voir se profiler le toit d'une petite chaumière au milieu d'une clairière. De la fumée s'échappait de la cheminée, Link en conclut alors qu'il devait y avoir quelqu'un à l'intérieur. Le jeune homme alla frapper à la porte de la masure. Une voix tremblante lui demanda de décliner son identité. Il glissa la lettre de Bibi sous la porte et attendit. Au bout de quelques minutes la porte s'ouvrit et Link entra. À l'intérieur de la masure, il y avait deux personnes. L'une était un homme d'un certain âge qui s'appuyait sur un long bâton recourbé tandis que l'autre était une belle et charmante jeune fille au regard inquiet. La jeune personne regarda longuement Link de ses deux yeux turquoise puis prit la parole :
"Tu as pu t'échapper Link ? Quelles sont les nouvelles du village ? Comment... ?" La princesse Zelda (car c'est elle) s'était tue, Déa se mit à expliquer la situation. Au fur et à mesure des développements, la princesse ne put s'empêcher de réprimer un cri d'effroi (l'annonce de la mort de Link l'a profondément émue). À la fin de l'exposé, le vieil homme (Kaepora Gaboera) déclara :
"Ainsi Link a sacrifié sa vie pour nous sauver. Et toi, jeune homme venu d'un autre monde dont le visage et le nom nous trouble tous, tu es celui que l'esprit de la forêt a choisi pour nous aider".
L'homme considéra le jeune homme puis reprit :
"Link, l'ombre de Ganon a envahi le monde d'Ysar mais elle englobera celle des autres dimensions s'il venait à s'emparer du Miroir dimensionnel".
Kaepora Gaboera marqua un temps puis poursuivit :
"Link, laisse-moi te conter la légende du Miroir dimensionnel, l'objet de la convoitise du vil Ganon... Il y a longtemps de cela, le Miroir fut forgé par de puissants mages afin que les mondes puissent cohabiter ensemble dans la paix. Mais l'ivresse des hommes pour le pouvoir prouva aux mages que le Miroir se devait d'être protégé. Aussi ils prièrent le bon roi d'Ysar, le plus sage de tous les hommes, de dissimuler le Miroir dimensionnel aux yeux de tous. Le roi scella l'objet dans un lieu tenu secret et en protégea l'accès par un puissant artefact..."
Le regard profond et empli de sagesse de Kaepora Gaboera se tourna vers Zelda qui présenta à Link un objet mystérieux. Il s'agissait d'une lyre figurant un oiseau.
"Voici l'Oiseau-lyre, le trésor de la famille royale d'Ysar, dit Zelda d'une voix cérémonieuse. Cet instrument est la clé qui ouvre le passage vers le Miroir dimensionnel. L'Oiseau-lyre était gardé par les Sheikahs et c'est pour cette raison que Ganon a attaqué leur village..."
La princesse contint les larmes qui lui venaient en pensant au sacrifice de Link puis continua :
"Comme tu le vois, il manque des cordes à l'Oiseau-lyre".
Link observa en effet que la lyre ne portait que trois cordes.
"Les huit cordes manquantes ont été dispersées sur l'ordre du roi d'Ysar dans les mains des différents peuples du royaume. Tu dois les rassembler afin que tu puisses faire résonner toutes les notes de la lyre et ouvrir le passage vers le Miroir dimensionnel. Là, il te sera possible de bannir Ganon hors du temps et des dimensions... Link, j'ai foi en toi ! Si tu as besoin de conseils viens me retrouver au château d'Ysar".
La princesse remit l'Oiseau-lyre dans les mains de Link et sortit. Le héros se retrouva seul avec le vieillard qui lui dit :
"Te voici désigné par le destin pour accomplir de grandes choses ! Tu dois triompher du Malin en rassemblant les cordes de l'Oiseau-lyre. Tu trouveras la première de ces cordes au Village Hou-Hou. Retournes-y, je t'y attendrai."
Le vieillard disparut subitement dans un éclair de lumière. Le héros nouvellement primé regagna alors les abords verdoyants de la plaine d'Hyrulon et prit la direction du nord.
Au Village Hou-Hou, il retrouva Kaepora Gaboera aux côtés d'Impa. Celle-ci le félicita pour avoir retrouvé Zelda et l'encouragea pour la lourde tâche qui lui incombait désormais.
"Ton courage va être mis à l'épreuve, Link, dit-elle. Tu dois aller chercher la corde sheikhane qui demeure dans le tombeau du fondateur du Village Hou-Hou. Les portes de la crypte sont fermées, seul un véritable Sheikah peut pénétrer dans le sanctuaire. En attendant prends ces noix mojo, elles te seront utiles".
- Link, tu devrais aller te recueillir sur la tombe du Sheikah qui porte ton nom..." ajouta le sage Kaepora Gaboera.
Après ces paroles empruntes de mystère, Link prit un petit chemin situé à l'est du village menant au Cimetière Hou-Hou.

Chapitre 3 : Rencontre spectrale   up

Le cimetière était une petite carrière encaissée dans la montagne. Un mince enclos de pierre en barrait l'accès. La porte de ce dernier, construite au moyen de rondins espacés, était ouverte. Non loin de celle-ci, appuyé sur sa pelle, les yeux mi-clos, se trouvait le fossoyeur Igor. Link s'approcha du vieil homme pour connaître l'emplacement de... sa tombe, voulant s'épargner la peine de la chercher lui-même. Le fossoyeur en apercevant Link devint encore plus pâle qu'à son habitude et courut s'enfermer chez lui en beuglant qu'il avait vu un fantôme. Link n'avait donc plus le choix : il devait trouver la tombe de Link tout seul ! Le jeune homme laissa à sa gauche la maison du fossoyeur et se dirigea en direction d'un large édifice. En passant devant, il s'aperçut qu'il s'agissait d'un temple dédié à Farore, la déesse du courage, protectrice des Sheikahs. Les portes du temple étaient bien évidemment closes. Link poursuivit alors son chemin en allant au fond du cimetière. Là, il s'arrêta près d'un carré d'herbe où se trouvait une tombe dont la terre était fraîchement retournée. Le jeune homme s'approcha de la stèle pour y lire l'épitaphe : "Ici repose Link, valeureux Sheikah qui a offert sa vie pour la famille d'Ysar. Servir ou mourir telle est notre devise" (Purée que c'est beau !). En achevant la lecture des inscriptions, Link recula de surprise car un soudain écran de fumée émergea de la tombe. Un spectre apparut. Il ressemblait à s'y méprendre à Link. Une voix immatérielle s'échappait de l'esprit :
"Toi qui appartiens au monde des vivants, vois ma tristesse ! Mes forces m'ont abandonné et je suis tombé, se lamenta le fantôme. Servir ou mourir telle est notre devise. J'étais destiné à sauver Ysar des puissances du Mal mais Ganon m'a tué et maintenant je tremble pour le futur d'Ysar... La princesse t'a donné l'Oiseau-lyre ? s'exclama le défunt. Elle a su trouver en toi le héros digne d'accomplir ma dure mission. Le sort d'Ysar et l'honneur des Sheikahs sont entre tes mains, Link ! Voici en signe de ma confiance mon épée, elle fera de toi un vrai Sheikah !"
Le fantôme fit apparaître dans les mains de Link une arme à l'éclat argenté. Le jeune homme venait de recevoir de son sosie spectral la lame sheikahne. Le bord tranchant de l'épée faisait refléter le visage grave de Link, conscient plus que jamais de la tâche qui lui restait à accomplir.
"Délivre Ysar des forces du mal et venge-moi... mon frère..."
Le spectre disparut en un nuage de fumée grise. Link demeura un instant interdit devant sa tombe, tenant dans ses mains sa toute nouvelle épée dont le contact froid de la lame le fit frissonner. Il considéra l'arme un long moment puis la glissa derrière son dos au creux de son bouclier laissant juste le pommeau dépasser afin de s'en saisir lors d'un prochain combat. Le héros se remit en marche et alla tout au fond du cimetière pour atteindre le caveau des chefs sheikahs. L'édifice était impressionnant tant par la taille que par les nombreux motifs sculptés qu'il arborait. Le bleu gris de la pierre conférait une certaine solennité et ajoutait un semblant de mystérieux au bâtiment. Après avoir considéré un moment le tombeau, Link entreprit d'entrer dans la crypte. Il remarqua alors que celle-ci était fermée par deux lourdes portes de bronze. Aucune aspérité n'était visible sur les portes de sorte qu'il était impossible de les ouvrir au moyen d'une clé. Link s'approcha des portes et tenta de les pousser. Celles-ci refusèrent de bouger. Le jeune homme tambourina sur le métal orangé en espérant que quelqu'un ou quelque chose ouvrirait de l'intérieur, mais là encore rien ne se produisit. Link ragea alors devant les portes obstinément closes, tapa du pied par terre de colère et rencontra brusquement une certaine résistance. Le jeune homme gratta légèrement le sol du bout de ses chaussures. Un petit nuage de poussière se souleva et découvrit une dalle grise ornée de signes compliqués. Au milieu de cette dalle figurait une fente si mince que seule la lame d'une épée pouvait y entrer.
"La lame d'une épée !" s'exclama intérieurement Link.
Le jeune homme sortit sa petite épée hors de son fourreau puis tenta d'y insérer la lame sans succès. Link se munit alors de sa toute nouvelle épée et répéta la même opération. Le fer de l'épée s'inséra parfaitement dans la dalle. Un grondement sourd se fit entendre sous ses pieds puis un bruit métallique attira l'attention du jeune homme. Les deux portes de bronze tournèrent péniblement sur leurs gonds mais laissèrent suffisamment de place au jeune aventurier pour pouvoir entrer dans la crypte. Link voulut retirer son épée mais s'aperçut que celle-ci demeurait coincée. Il décida à contrecoeur de laisser son arme derrière lui et entra dans le caveau nauséabond.

Chapitre 4 : Temple Hou-Hou   up

Une nuit oppressante enserrait Link. Seule la lumière ténue de Déa permit au jeune homme de s'orienter. La petite fée attira l'attention de Link sur un levier rouillé accolé au mur. Le jeune homme le saisit à deux mains et abaissa la manette ce qui eut pour effet de déclencher l'allumage des flambeaux qui couvraient les murs de la vaste salle. La lumière révéla les lieux au jeune aventurier. Link se trouvait dans une vaste caverne comprenant un large escalier en colimaçon menant aussi bien en haut qu'en bas. Le rez-de-chaussée, tout comme les étages, était pourvu de multiples couloirs. Link remarqua que l'une des deux galeries du niveau était condamnée par un épais cordage. Le jeune homme s'avança vers celle-ci et saisit les liens. Sa main en retira une épaisse couche de poussière, personne n'était venu ici depuis longtemps. Cependant il s'aperçut que le cordage se mit à bouger et qu'une ombre se dessinait sur le sol juste au-dessus de lui. Link leva alors les yeux et vit avec horreur qu'une araignée énorme glissait dans sa direction. D'un rapide moulinet du bras, il pulvérisa l'arachnide qui s'écroula sur le sol. Le jeune homme se pencha sur le corps de son agresseur pour mieux l'observer. La créature avait l'abdomen noirâtre ainsi que quatre paires de pattes jaunes striées de noir tandis que sa face figurait une tête de mort pourvue de deux yeux rouges.
"C'est une Skulltula, informa Déa. Elle demeure suspendue au plafond et attend qu'une proie passe pour lui sauter dessus et la dévorer".
Avisé de ce danger, Link prit soin de ne pas approcher des autres couloirs condamnés de la même manière. Il prit donc le seul non entravé par des cordages et gagna une petite salle obscure dans laquelle se trouvait un coffre. Le jeune homme entreprit d'aller soulever le couvercle lorsqu'un cri déchirant retentit. Le sang de Link se glaça et son corps fut parcouru de frissons. Une créature humanoïde venait de sortir de la cachette qu'elle avait pratiquée dans le mur de la salle et s'avançait lentement en direction de Link. Le corps brunâtre et nauséabond de l'être décharné laissait deviner qu'il s'agissait d'un mort-vivant.
"C'est un Effroi, dit Déa. Garde-toi de t'en approcher car il te sautera dessus pour aspirer toute ton énergie vitale".
Link conserva une distance raisonnable et entreprit d'attaquer la créature infernale par un rapide balayage de son épée. Le fer frappa les jambes de l'Effroi qui poussa un cri plaintif mais n'arrêta pas d'avancer pour autant. L'aventurier chercha alors un autre moyen de battre la créature et c'est en fouillant dans ses poches qu'il trouva la solution. Il en sortit une noix mojo qu'il fit éclater sur le sol. Celle-ci émit un formidable éclair de lumière qui eut pour effet d'immobiliser l'Effroi. Link se glissa derrière lui et exécuta une attaque assaut, tranchant en deux son ennemi. Débarrassé de l'humanoïde, le jeune homme alla voir ce qu'il se cachait dans le coffre. Il y trouva un vieux morceau de parchemin poussiéreux. Après avoir regardé de plus près l'objet obtenu, Link constata qu'il s'agissait de la carte du donjon. Celle-ci lui permit d'apprendre qu'il y avait quatre étages dans la crypte en comptant le sous-sol ainsi que six couloirs répartis dans les niveaux. Link était au rez-de-chaussée dans le second couloir. Il retourna dans la salle principale et prit l'escalier en spirale pour gagner le premier étage. Là, il trouva deux nouveaux couloirs dont l'un était obstrué par des cordages. Il prit celui qui était libre et arriva dans une autre salle. Celle-ci comportait toute une série de coursives qui s'enfonçaient dans les profondeurs du tombeau. Link opta pour le premier corridor qui s'avéra être un cul-de-sac au fond duquel l'attendait un autre Effroi. Link s'en débarrassa de la même manière que le premier et rebroussa chemin. Il prit le couloir du milieu qui le mena dans une grande salle à l'allure de grotte. Un froissement d'ailes au-dessus de sa tête attira son attention. En levant les yeux, l'aventurier s'aperçut qu'une nuée d'yeux sanguinaires le regardaient. Celle-ci s'agita puis de sombres ailes vrombirent en sa direction, une volée de chauve-souris l'attaquait.
"Ce sont des Saigneurs ! avertit Déa en s'abritant dans la poche de Link, méfie-toi de leurs dents pointues, elles te suceront toute ton énergie vitale !"
Le jeune héros se dissimula derrière son bouclier pour se protéger de l'essaim de Saigneurs. Les ailes des vampires vinrent s'entrechoquer sur le bois de l'écu mais les chauves-souris ne réussirent pas à enfoncer leurs crocs dans la chair de Link. Aussi ils regagnèrent les hauteurs pour renouveler leur attaque. L'aventurier se releva et pointa son épée droit devant lui, prêt à taillader le premier de ses assaillants de son glaive. La nuée de chauve-souris piqua à nouveau en direction du jeune héros qui arrêta la course de deux Saigneurs en les pourfendant de son épée. Le reste de la horde eut néanmoins le temps de lacérer le dos de Link qui se replia tant bien que mal derrière son bouclier. Grimaçant de douleur, le jeune homme attendit que ses ennemis descendent à nouveau vers le sol pour les anéantir. Lorsque la nuée de griffes et de dents arriva à portée de lui, Link tira de sa poche une noix mojo qui aveugla les vampires. Ceux-ci voletaient maladroitement de gauche à droite, ayant perdu le sens de l'orientation. Link en profita pour les tailler en pièces. Lorsque la dernière chauve-souris eut rendu l'âme, un petit coffre apparut au centre de la grotte. Le jeune aventurier l'ouvrit et y trouva une petite clé qu'il fourra dans sa poche en manquant d'assommer Déa qui eut juste le temps de sortir avant qu'elle ne lui atterrisse sur la tête.
"C'est une petite clé, dit Déa en voletant furieusement autour de Link, elle te sert à ouvrir les portes cadenassées mais pas à écraser ta partenaire !"
Link retourna dans le couloir principal et prit l'ultime corridor à droite. Ce dernier le conduisit dans une autre salle. Celle-ci était pourvue d'un dallage dont certaines pierres se mirent brusquement à léviter au-dessus du sol et à foncer sur lui. Le jeune aventurier s'abrita derrière son bouclier et les dalles allèrent se briser contre le bois de celui-ci. Link se releva et marcha plus en avant dans la salle. Soudain une masse gluante tomba du plafond et avala le jeune homme à sa grande surprise.
"Débarrasse-toi de ce Like-Like !" cria Déa en restant hors de portée de l'amas visqueux.
Link se débattit si bien que la créature le recracha. Mais il s'aperçut que son bouclier avait disparu. L'animal l'avait mangé. Furieux, le jeune homme sortit une noix mojo qu'il fit avaler au "Pudding". Ce dernier fut paralysé si bien que Link enfonça son épée dans la masse gluante et la fendit en deux. Dans les entrailles de la créature, Link y retrouva son cher bouclier qu'il nettoya du revers de sa tunique et ajusta à son bras. La mort du Like-Like déclencha un mécanisme qui dévoila un autre coffre renfermant une boussole, permettant au jeune aventurier de savoir où se trouvaient les trésors cachés du Donjon. Il s'aperçut qu'il y en avait trois dont l'un se trouvait à l'étage du dessus. Link retourna alors sur ses pas et gravit les marches de l'escalier afin d'atteindre le second étage dans lequel il ne trouva qu'une porte scellée. Le jeune héros se débarrassa des multiples Skulltulas qui lui barraient le passage et ouvrit la porte au moyen de la petite clé qu'il avait obtenu précédemment. Le cadenas ouvert, les chaînes tombèrent au sol et permirent à Link de pousser la porte. Celle-ci dévoila une vaste salle fortement éclairée mais vide. Il s'engagea à l'intérieur. À peine eut-il franchit le seuil de la porte que celle-ci se referma brusquement. Link venait de tomber dans un piège. Deux soldats squelettiques surgirent brusquement du sol et pointèrent leurs longues épées en direction de l'intrus. Ce dernier monta sa garde et attendit le premier assaut de ses ennemis.
"Ce sont des Stalfos ! Fais attention à leurs épées !" informa Déa en tournoyant autour des squelettes.
Ceux-ci se contentèrent, dans un premier temps, de tourner autour de Link puis, à tour de rôle, ils vrombirent sur le jeune homme. Celui-ci accueillit ses ennemis par une attaque rapide et efficace de son glaive qui alla heurter leurs os. Les squelettes furieux des coups portés par le petit homme bondirent ensemble sur celui-ci, Link lança une noix mojo, devenant invisible une fraction de seconde à la vue de ses ennemis, ce qui lui permit de se repositionner et d'abattre son épée en plein dans la colonne vertébrale d'un des soldats. Celui-ci se disloqua en un tas d'ossements. Se retrouvant seul, le dernier squelette s'éloigna de Link, qu'il avait sous-estimé, et conserva une certaine distance tout en continuant à lui tourner autour, cherchant une faille dans la défense du jeune aventurier. Mais celui-ci demeurait prudemment abrité derrière son bouclier et se repositionnait sans cesse pour ne pas présenter son dos à l'ennemi. Ce dernier, lassé de ce manège, profita d'un instant où Link avait levé sa tête pour lui sauter dessus. L'épée du Stalfos frappa durement le pavé et se brisa, un sinistre craquement accompagna celui du métal brisé. Link venait d'enfoncer son épée dans la cage thoracique de son ennemi qui trébucha sur le sol et expira. Le mécanisme qui avait fermé la porte s'enclencha et libéra l'accès. Au même instant, un coffre apparut au milieu de la pièce dans un tourbillon de poussière. Link ouvrit la malle et en extirpa une lampe.
"C'est une lanterne ! s'exclama la fée. Elle te permet d'éclairer les endroits sombres mais aussi d'enflammer certains obstacles. Le feu de la lanterne doit être entretenu par de l'huile sans quoi la flamme mourra et tu ne pourras plus utiliser cet objet".
Link considéra sa nouvelle trouvaille et pensa aussitôt aux barrières de cordage. Il sortit de la salle et descendit au premier étage où il mit le feu à la forêt de corde qui barrait l'accès du couloir non sans avoir au préalable occis la Skulltula qui en défendait la traversée. Le couloir mena Link dans une nouvelle salle. Celle-ci avait le même aspect que celle où il avait trouvé la lanterne. Un groupe d'Effroi accueillit le héros. Ce dernier s'en débarrassa au moyen de noix mojo et de son épée. Ses ennemis terrassés, le jeune homme se dirigea au fond de la salle et constata qu'il fallait une autre clé pour ouvrir la nouvelle porte. Pestant de rage, il rebroussa chemin et descendit au rez-de-chaussée où il libéra le dernier couloir de ses cordes. Au fond du corridor, Link dut combattre un Stalfos qui portait sur lui une petite fiole contenant de l'huile. Celle-ci s'avéra utile pour remplir le réservoir de sa lampe. Le jeune homme trouva aussi sur la dépouille de son ennemi une petite clé. Satisfait de cette trouvaille et après s'être assuré de ne rien avoir oublié, il regagna la salle du premier étage où il ouvrit la porte cadenassée. Celle-ci s'ouvrit sur une seconde salle où l'attendait un magnifique coffre doré enjolivé par des arabesques bleues. Link courait jusqu'au coffre lorsque un cercle de feu entoura ce dernier et que des barreaux condamnèrent la porte par laquelle le jeune aventurier venait d'entrer. Link comprit, trop tard, qu'il venait de tomber dans un nouveau piège. Un détail curieux attira l'attention du jeune homme. Au fond de la salle, sur le mur, un oeil enchâssé dans un losange doré regardait fixement le jeune aventurier. L'oeil s'embrasa et une boule de feu fonça droit sur Link. Celui-ci eut juste le temps de se blottir derrière son bouclier avant que la sphère de feu ne s'écrase dessus en une explosion flamboyante. L'oculus d'or recommença à diriger ses flammes sur Link. Le jeune héros esquiva la boule rougissante et envoya désespérément une noix mojo en direction de l'oeil. Ce dernier visa la graine qui explosa au contact des flammes. La déflagration eut pour effet de renvoyer la boule de feu en plein sur l'oculus. Celui-ci exprima sa fureur. Il redoubla ses attaques flamboyantes à une fréquence plus soutenue. Link sautait de part et d'autre de la salle pour éviter les salves de feu. Le jeune homme avait compris comment il devait combattre son ennemi : il envoya plusieurs noix mojo en direction de l'oeil qui entreprit de les détruire au moyen de son regard incendiaire. Les noix explosèrent et renvoyèrent la puissance de feu vers l'oculus. Celui-ci ne tarda pas à devenir tout carbonisé et finit par tomber en morceaux. Le cercle de feu qui entourait la malle colorée disparut permettant à Link de l'ouvrir. Il souleva lentement le couvercle et regarda d'un air étonné le contenu. À l'intérieur, posé simplement au fond du coffre, se trouvait une grosse clé dorée sertie d'un énorme rubis.
"C'est la clé du donjon ! s'exclama Déa. Elle te permet d'ouvrir la porte conduisant à la salle du boss du donjon".
Link glissa la grosse clé dans la poche de sa tunique et retourna sur ses pas. Une fois retourné dans la salle de l'escalier, Link regarda minutieusement sa carte. Il s'aperçut qu'il n'était pas encore descendu au sous-sol.
"C'est là que doit se trouver la corde sheikhane" pensa Link.
Il descendit au moyen de l'escalier jusqu'au plus profond de la crypte et se présenta devant une double porte d'airain, un peu comme celle de l'entrée de la crypte. La clé du donjon entra parfaitement dans la serrure et fit jouer le mécanisme du cadenas qui libéra la porte de ses lourdes chaînes. Link entra dans une vaste et sombre salle. Au fond de celle-ci, posé sur un tertre de pierre, se trouvait un gisant. Le jeune aventurier gravit les quelques marches du piédestal et approchait ses mains du couvercle du tombeau lorsqu'une soudaine secousse fit trembler les murs de la salle.
"Comment oses-tu profaner le tombeau du chef des Sheikahs ?" retentit une voix caverneuse et menaçante.
Un halo grisâtre apparut au-dessus du gisant et un fantôme en surgit en colère. Il s'agissait d'un squelette de grande taille habillé d'un ample manteau bleu. Ses phalanges jaunâtres étaient portées sur son flanc gauche, serrant un vieux fourreau poussiéreux.
"Tu n'aurais jamais dû pénétrer dans ce tombeau car maintenant il va devenir le tien misérable voleur !"
Le fantôme sortit une gigantesque claymore de son fourreau et il la fit tournoyait férocement autour de lui. Link s'en écarta juste à temps, la lame arracha un bout de sa tunique au passage. Le jeune homme roula jusqu'en bas du piédestal et se releva vivement pour se dissimuler derrière son bouclier. Le spectre se déplaçait en lévitant et en faisant tourner sa redoutable épée. Link fouilla dans sa poche et jeta des noix mojo à la face du fantôme qui eut un recul de frayeur. Le spectre s'éloigna quelque peu de Link mais revint vite à la charge en tranchant l'air de son épée. Le jeune homme para les coups tant bien que mal mais se retrouva vite acculé au mur. Le fantôme esquissa un sourire cruel en levant son épée au-dessus de sa tête et aurait fracassé le crâne du jeune héros s'il n'avait fait un bond de côté. Le jeune homme poussa un juron lorsque son bras heurta un vieux candélabre de fer qui se trouvait dans le coin. Une idée traversa alors l'esprit du jeune aventurier. Il sortit sa lanterne et enflamma la mèche des flambeaux que soutenait le portant. La lueur des flammes horrifia le fantôme qui alla se réfugier dans les ténèbres de la salle. Link comprit que son assaillant détestait, comme les nombreux ennemis de cette crypte, la lumière. Aussi se mit-il à courir vers le candélabre suivant. Le spectre ayant comprit son intention lança un cri de rage qui eut pour effet de réveiller les chauves-souris qui dormaient suspendues au plafond de la salle. Celles-ci vinrent griffer et mordre Link qui exécuta des moulinets avec son épée afin de disperser les Saigneurs. Certains d'entre eux avaient traversé les flammes du brasero, recouvrant leurs ailes de feu, et voletaient vers le jeune homme. Profitant de l'attaque des chauves-souris, le spectre s'approcha du jeune héros et lui asséna un formidable coup d'épée. Link eut un cri de douleur et tomba au sol. Meurtri mais toujours en vie, il se releva et se réfugia derrière son bouclier tout en reculant prudemment contre le mur afin de protéger ses arrières. Link lança tout autour de lui plusieurs noix mojo, ce qui eut pour effet de faire reculer ses assaillants et lui permit d'aller allumer un deuxième flambeau. La lumière avait envahi la moitié de la pièce et le spectre restait désormais loin de Link tandis que les chauves-souris se jetaient de plus belle sur lui. Il tailla en pièces les Saigneurs et s'avança vers le troisième brasero. Le fantôme l'attendait. Link fit un mouvement pour jeter des noix mojo mais une main cireuse et puante le saisit. Le jeune héros se rendit alors compte qu'il n'avait pas vu que des Effrois s'étaient glissés derrière lui. L'un d'eux enserra la taille de Link et tenta de lui mordre le crâne afin d'aspirer son énergie vitale. Le jeune homme trancha la main du mort-vivant qui eut un cri de douleur. Les Effrois étaient au nombre de trois et tendaient leurs mains avides en direction de Link. Rassemblant tout son courage, le jeune héros fonça sur ses ennemis et, par un enchaînement rapide mais précis de coups d'épées, les tua. Débarrassé des sbires du spectre, Link se retourna contre ce dernier et lui asséna un coup de glaive. Le fantôme fut effrayé par la hardiesse du jeune homme et recula, permettant à Link d'allumer le dernier flambeau. Toute la salle fut désormais emplie de lumière, le spectre n'avait plus aucun endroit d'ombre où se réfugier. L'être se tordit alors de douleur et de rage comme si la lumière le perçait de part en part. Ses membres squelettiques se mirent à tomber en poussière l'un après l'autre si bien qu'il ne resta plus qu'un petit tas de cendres du fantôme. La voix spectrale retentit dans la pièce une dernière fois avant de disparaître :
"Tu m'as vaincu, mon âme n'a plus qu'à retourner dans les limbes. "Servir ou mourir" telle est la devise des Sheikahs..."
Link remarqua dans le tas de cendres que le fantôme avait laissé un coeur d'énergie. Le jeune homme le ramassa et monta son capital d'énergie à quatre coeurs. Revigoré par ce surplus de force, Link s'avança vers le gisant et prit la corde sheikhane qui avait été posée en collier autour du cou du défunt. Tout fier de lui, il la noua à sa lyre et entra dans une aire lumineuse qui venait brusquement d'apparaître. Celle-ci l'emporta à la surface et le déposa doucement devant la crypte.

Chapitre 5 : Entraînement à l'épée   up

Sorti vainqueur du temple du cimetière, Link décida de retourner au Village Hou-Hou. Mais auparavant, il eut l'heureuse surprise de pouvoir extirper la lame sheikahne qu'il avait laissé dans le sol afin de conserver les portes de la crypte ouvertes. Il glissa la grande épée dans son bouclier avant d'aller trouver Impa dans sa maison. Celle-ci le félicita et lui donna un objet précieux pour faire fonctionner sa lanterne, une bouteille d'huile.
"Cette bouteille pourra contenir l'huile nécessaire à l'alimentation de ta lanterne, expliquait-elle. Veille toujours à ce que tu en aies suffisamment pour la faire fonctionner. Lorsque l'huile viendra à te manquer trouve un marchand qui en vend... Link, reprit la chef des Sheikahs, te voici en possession d'une nouvelle corde. Tu es capable d'apprendre de nouvelles mélodies avec ta lyre. Va trouver les musiciens du village, ils pourront peut-être t'enseigner un chant".
Link sortit de la hutte d'Impa et se dirigea au nord du village dans la dernière maison de celui-ci. Une douce musique retentissait de l'intérieur. Link entra. Un capharnaüm d'instruments de musique accueillit le héros. Link dut se frayer un chemin parmi ces objets tous plus insolites les uns que les autres pour aller trouver deux hommes qui étaient en train de composer auprès d'un immense orgue.
"Bienvenue jeune héros, je m'appelle Dièse et voici mon frère Bémol, dit un homme à l'allure joufflue. Je vois que tu as un bel et rare instrument en ta possession... Oh ! Quel dommage ta lyre n'a que quatre cordes !
- C'est bien dommage, répéta Bémol en pianotant quelques notes sur le clavier de l'orgue.
- Oui, quel dommage, nous avions justement composé une belle mélodie mais elle nécessite cinq cordes ! Nous ne pouvons te l'enseigner !
- À moins que tu ne trouves une cinquième corde, ajouta le frère de Dièse tout en continuant son travail de composition.
- J'ai entendu dire qu'il y avait une corde dans le Marais Interdit. Trouve-la et reviens vite nous voir pour que tu puisses jouer notre chanson !"
Sur ces mots, Dièse tourna le dos à Link et se pencha à nouveau sur sa partition en griffonnant de temps à autre quelques nouveaux accords.
Le jeune héros laissa les frères musiciens à leur oeuvre et sortit après avoir trébuché dans un tas de cymbales. Link entendit également une petite clochette retentir près de ses oreilles. Déa venait de sortir de la poche de sa veste et lui demandait d'aller au marais chercher la corde qui s'y trouvait. Link, un peu têtu et n'aimant pas qu'on le commande de trop, préféra se rendre chez le maître d'arme du village pour profiter de ses enseignements à l'épée. Ce dernier n'était autre qu'Impa. Celle-ci fut surprise de revoir si tôt Link mais comprit rapidement quel était l'objet de la venue du jeune homme.
"Ainsi tu veux que je te fasse profiter de mon savoir à l'épée ? Bien, cela te coûtera cinq rubis... Tu n'as pas de rubis ? Tu devrais aller trouver le banquier de Bourg Ysar pour qu'il te donne une bourse ! Puisque tu n'as pas de rubis, tu ne peux pas suivre mon enseignement, désolé Link", dit le maître d'arme d'un air navré.
Link s'en alla rageusement de chez Impa et quitta le village. Il traversa la plaine sans encombre mis à part un ou deux Moblins qu'il mit en pièces. Arrivé au Bourg Ysar, le jeune homme s'engagea dans la grande avenue de la cité et, au croisement, prit à gauche. La rue menait à une vaste place circulaire autour de laquelle s'alignaient les différents commerces de la ville. Sous les arcades, diverses banderoles et écriteaux annonçaient l'existence de tel ou tel négoce. Il y avait un apothicaire, un prêteur sur gage, un stand de tir et surtout une banque. Link se dirigea vers l'établissement et alla trouver le propriétaire. Ce dernier était un homme d'une vingtaine d'années portant un chapeau de feutre noir. Le banquier avait adopté une posture pour le moins étrange. Il était assis à genoux sur le comptoir de son établissement et n'avait cesse de frapper de ses deux mains dessus. Link s'avança prudemment de cette énergumène. Celui-ci aperçut le jeune homme et leva les deux mains au ciel en s'exclamant :
"Oh ! Link, ça faisait longtemps ! Tu es enfin passé me voir ! J'ai gardé précieusement ce que tu m'avais donné. La voici !"
Sans comprendre, Link reçut une bourse de rubis pouvant en contenir jusqu'à cent. Celle qu'il avait reçue n'en avait que vingt-cinq, ce qui n'était déjà pas mal.
"Ce sont toutes tes économies mais si tu veux revenir les placer dans mon modeste établissement je serai toujours là pour te rendre ce service !"
Le banquier tambourina de plus belle sur son comptoir en affichant un large sourire. Link prit congé de l'homme et s'en retourna au Village Hou-Hou sans prendre la peine de s'intéresser aux autres échoppes du bourg. Fier, mais fatigué par tant d'allers-retours, Link tendit cinq rubis à Impa qui les empocha lestement. Celle-ci conduisit Link à l'extérieur et pénétra dans le vaste enclos circulaire situé en face de sa maison. Il s'agissait d'une aire d'entraînement. Des cibles étaient disposées sur un côté de l'enclos tandis que des échelles de cordes situées de l'autre côté flottaient mollement au vent.
"Tu es prêt ? En garde !" lâcha brusquement Impa en dégainant soudainement une épée faisant au moins le double de celle de Link.
Impa fonça littéralement sur Link sans que celui-ci n'ait eu le temps de se mettre convenablement en état de se défendre. L'attaque qu'il reçut l'envoya promener contre la cloison en bois servant de mur d'obstacles. Le jeune homme se massa douloureusement les côtes.
"C'était l'attaque assaut, déclara Impa d'un air imperturbable. Fais-en de même, Link".
Le jeune héros ne se le laissa pas dire deux fois, il bondit sur Impa qui esquiva l'attaque en une fraction de seconde. Link alla s'écraser, tête la première, contre une nouvelle cloison.
"C'est exactement cela, Link. Tu apprends vite !" dit Impa.
Elle avança son épée d'un geste rapide et sec vers le ventre de l'aventurier. Le jeune homme surpris et terrorisé à la fois eut juste le temps de faire une pirouette arrière pour éviter la frappe.
"Bien, Link ! Ça, c'était l'attaque d'estoc et ce que tu viens de faire c'est un salto arrière, un bon élément d'esquive. C'est bien, je commence à retrouver en toi le Link que j'ai connu", déclara Impa dont les traits semblaient s'éclairer d'un sourire.
Avant que Link n'ait eu le temps de se remettre de ses émotions, Impa enchaîna un combiné d'attaques directes avec son épée. Il évita tant bien que mal les attaques, la dernière lui frôla le bras. Le jeune homme en eut la chair de poule.
"Cet enchaînement est une succession d'attaques simples mais renouvelée, elles font toujours leur petit effet."
Link était en nage, son coeur battait fort dans sa poitrine. Le jeune homme vit qu'Impa poursuivait son enseignement. Elle fléchit légèrement les genoux et s'élança, l'épée au-dessus de sa tête, et frappa son élève après avoir tournoyé sur elle-même dans les airs. L'aventurier usa de son bouclier pour parer le coup. La puissance de l'attaque le fit reculer sur le sol. Impa s'arrêta alors et considéra son apprenti un moment puis lui dit :
"Cette dernière attaque te demandera beaucoup de rapidité mais elle donnera plus de force à ta frappe. C'est tout ce que je peux t'apprendre des attaques classiques..."
Le jeune homme fut soulagé d'entendre que l'enseignement était terminé et en profita alors pour reprendre son souffle.
"Voici l'attaque cyclone, la botte secrète des Sheikahs !" reprit brusquement le maître d'arme.
Les yeux de Link s'écarquillèrent d'effroi. Il vit Impa, un pied en avant, le bras et l'épée tendus derrière elle, exécuter un tour sur elle-même. L'épée de la guerrière frôla l'abdomen du jeune homme. Une formidable onde de choc le propulsa violemment et l'envoya mordre la poussière.
"Voilà comment s'exécute l'attaque cyclone. À toi !"
Après s'être remis de cette soudaine attaque, Link rassembla ce qui lui restait de souffle et d'énergie et exécuta l'attaque demandée.
"Parfait ! s'exclama Impa en esquivant l'onde destructrice, c'est parfait, tu connais toutes les attaques. Exerce-toi de temps en temps afin de ne pas perdre la main".
Link était trempé de sueur, poussiéreux et avait les cheveux hérissés de frayeur.
"Elle ne les a pas volés ses cinq rubis !" pensait-il en essayant de reprendre son souffle.
"Un dernier conseil, ajouta Impa. Utilise les noix mojo pour te soustraire à la vue de tes ennemis. Le puissant flash qu'elles produisent aveuglera temporairement ton ennemi. Cela te permettra de te repositionner et de l'attaquer sur un autre flanc. Va, Link !"
Le jeune homme, éreinté par l'entraînement, s'empressa de laisser Impa au milieu de l'enclos, de crainte qu'elle ne se mette à nouveau à l'attaquer, et prit le chemin de plaine d'Hyrulon sous le regard amusé du maître d'arme.

Chapitre 6 : Des grenouilles et des singes   up

Fort de cette éprouvante expérience à l'épée, Link entreprit de poursuivre sa quête en allant au Marais Interdit à la grande satisfaction de Déa qui n'avait eu cesse de lui rappeler son devoir toutes les deux minutes. Link ne tarda pas à gagner les abords du marécage. Il y trouva deux Moblins qu'il tailla en pièces puis pénétra dans l'épaisseur de la forêt non sans avoir acheté une carte des lieux à l'original Tingle. Il retrouva le carrefour aux trois chemins. Cette fois-ci, il alla tout droit vers la barrière végétale. Le mur de ronces qui l'empêchait de passer eut vite fait de disparaître en fumée lorsque Link y mit le feu au moyen de sa lanterne. Le chemin dégagé le conduisit jusqu'aux rivages d'un étang. Au centre de celui-ci se détachait une proéminence brunâtre que le jeune homme identifia comme étant un amas de branchages et de boue. Un coassement fit sursauter Link qui dégaina aussitôt son arme. Il s'aperçut que deux yeux verdâtres le regardaient sous l'eau. Des bulles se mirent à remonter à la surface puis un corps bleu-vert jaillit de l'étang et vint se poser à côté de lui. Le jeune aventurier considéra la chose qui se tenait devant lui. La créature avait une peau verdâtre, son corps était poisseux et une odeur de vase s'en exhalait. L'animal avait deux gros yeux verts qui le regardaient fixement. Il remarqua aussi que l'animal avait deux grosses joues qui se gonflaient en formant un son grave.
"Qui es-tu ? coassa l'animal. Que fais-tu près de l'étang des grenouilles ?"
Link ne dit rien et continuait à observer la bête.
"C'est une grenouille, ça ? Celles d'Hyrule n'ont pas cette taille !" pensait-il.
"Alors ? Tu ne sais pas parler ? Qui es-tu et que viens-tu faire au royaume des Batraciens ?
- Je suis à la recherche de la corde du marais", répondit Link.
Le regard de la grenouille s'assombrit brusquement et ses joues virèrent au rouge. Le batracien se mit à coasser bruyamment puis un long silence se fit avant que le jeune homme n'entende d'autres coassements provenant de toutes parts. Link comprit alors que l'animal venait d'appeler ses semblables. Il voulut prendre congé de la grenouille lorsqu'une nuée de batraciens surgit de l'étang. Le jeune homme fut encerclé et les amphibiens lui retirèrent son arme. La grosse grenouille qui avait appelé ses congénères prit l'aventurier sous son bras visqueux et sauta dans l'eau avec lui. Link retint sa respiration, la grenouille nageait vite sous l'eau et bientôt elle fit surface. Le jeune homme réalisa alors qu'il se trouvait devant le monticule de boue qu'il avait vu depuis le rivage. Le batracien traîna le captif à l'intérieur de la bâtisse vaseuse jusqu'au pied d'un gros crapaud rougeaud. Ce dernier posa son regard jaunâtre sur l'intrus puis, après avoir bombé son torse mou deux ou trois fois, dit :
"Tu es venu chercher loa corde du moarais oà ce qu'on m'oa dit ? J'ai déjoà dit oà ton maître que je ne voulais poas lui loa donner ! Mais celoa ne l'oa poas oarrêté coar loa princesse Bétroanie oa dispoaru !"
Le crapaud était plus rouge que jamais et il bavait de colère.
"Oalors ? Réponds ! Où est loa princesse Bétroanie ? Qu'oas-tu fait de moa fille ? Ce sont les Singes qui l'ont enlevée, n'est-ce poas ?"
Link ne comprenait rien à ce que lui disait le souverain des grenouilles. Il ne voyait pas ce qu'il avait à voir avec cette histoire de disparition et de singes. Le crapaud s'était levé de colère et il coassait fortement en gonflant frénétiquement son abdomen qui semblait être sur le point d'exploser quand soudain une grenouille apporta ce que le jeune homme conservait sur lui. Le roi des Batraciens avisa l'Oiseau-lyre, ses yeux s'écarquillèrent de surprise puis, visiblement troublé, il tourna son regard jaune vers l'aventurier.
"Qu'est-ce que c'est que çoa ? Tu oas l'Oiseau-lyre sur toa ? Tu n'es poas avec les Singes oalors ?"
Les amphibiens permirent à Link de se relever et Déa, qui était demeurée cachée jusqu'à présent, craignant d'être prise pour un moucheron et d'être gobée par l'une de ces grenouilles, expliqua la situation au roi. Ce dernier prit un air confus et s'excusa pour s'être emporté si rapidement.
"Excuse-mooi, jeune héros mais je t'ai pris pour l'un des hommes de Goanon. Il est venu il y oa deux jours de celoa en exigeant que je lui donne loa corde mais j'ai refusé et il est poarti furieux en nous menoaçant et aujourd'hui moa fille Bétroanie oa dispoaru oavec un froagment de loa corde du moarais. Je soupçonne les Singes d'être oà l'origine de soa dispoarition. Leur prince venait souvent vooir loa princesse. Mais les Singes ne sont poas dignes de confiance ! Ils nous ont troahis !"
Le roi grenouille était à nouveau en colère et coassait bruyamment en recommençant à gonfler son corps rubicond.
"Aide-nous oà retrouver loa princesse et nous te donnerons notre froagment de corde en échange.
- Un froagment ? Pardon, un fragment ? Qu'est devenu l'autre bout de la corde ? interrogea Link.
- Il est en possession des Singes. Mais je ne pense poas qu'ils te le donneront comme celoa. Tu devroas soans doute le leur voler !"
Link remercia le roi des Batraciens pour ses conseils et se chargea de ramener la princesse saine et sauve au palais. Le héros s'enquit de la direction à prendre pour regagner le royaume des Singes. Le roi lui apprit que le territoire de ses ennemis se trouvait de l'autre côté de la rivière mais qu'il était impossible de s'y rendre car le pont du marais avait été détruit. Le jeune homme déclara qu'il trouverait un autre moyen, remercia encore une fois le roi et sortit de son palais de boue. L'aventurier sauta de nénuphar en nénuphar avant de regagner la terre ferme. Là, il avisa un épouvantail habillé d'une curieuse manière. En effet, celui-ci portait une tunique brune et dissimulait son visage derrière une voilette. L'épouvantail se mit à gesticuler et dit à Link :
"Bonjour, jeune aventurier. N'as-tu pas peur d'être piqué par ces saletés de moustiques ?"
Link, pas intéressé par la conversation, commençait à s'éloigner lorsque l'épouvantail le héla :
"Eh ! Aventurier ! Toi qui parcours le monde d'Ysar sur deux pieds, si tu viens à passer au Ranch Arami dans la Forêt Rikiko passe voir mes amis Pierre et Bonooru, ils pourront peut-être t'aider dans ta quête..."
L'épouvantail gesticulait à nouveau, chassant tant bien que mal les moustiques qui tournaient autour de lui. Link poursuivit sa route en prenant l'unique chemin conduisant au sud du marais. Il longea le cours de la rivière qui se séparait brusquement en deux cours d'eau afin de contourner une longue bande de terre. Le bras de la rivière situé du côté de Link avait un débit plus faible. Le cours mouvementé de la rivière était devenu un ruisseau paisible. Au bord de celui-ci, Link aperçut une petite maison qui s'avéra être un stand de pêche. Le jeune homme y entra en quête d'informations. À l'intérieur, il tomba nez à nez avec une grenouille qui lui tomba littéralement dans les bras. Celle-ci tentait de fuir un énorme singe qui la poursuivait avec une grosse botte en caoutchouc.
"Reviens ici que je t'assomme ! rugissait le primate, viens ici Leesy !
- Attends ! cria la grenouille en se protégeant la tête de ses mains, nous avons un client, Tango !"
Le singe arrêta son geste, la botte de caoutchouc pendait tristement au bout de son bras, stoppée à quelques centimètres du crâne spongieux du batracien.
"Un client ?" s'étonna Tango en considérant Link.
Le primate jeta sa botte vivement dans un coin puis parla d'un ton doucereux :
"Bienvenue au stand de pêche du Marais Interdit ! Ôte-toi de là, Leesy ! gronda-t-il en bousculant la grenouille. Tu gênes monsieur !"
La grenouille sauta derrière le comptoir et regarda d'un oeil craintif Tango qui continuait de s'entretenir avec Link :
"Voulez-vous faire une partie de pêche ? C'est dix rubis ! Avez-vous déjà pêché ? Voici ma meilleure canne, monsieur ?
- Link, mais je...
- Monsieur Link ! Voilà un bien beau nom ! Comme je vous le disais Monsieur Link voici ma meilleure canne à pêche et..."
Link toussa assez fort pour que le singe s'arrête de parler et en profita pour s'expliquer sur sa venue :
"Je ne suis pas venu pour pêcher, dit Link, je suis venu prendre quelques renseignements. Peut-être pourriez-vous m'aider ?"
Le visage de Tango se ferma aux propos de Link et il reprit vivement sa canne à pêche avant de croiser les bras et dit d'un ton bourru :
"Je pourrais peut-être vous aider mais vous savez, toute information a son prix."
Le singe fit rouler ses doigts signalant par là qu'il attendait un geste de la part de son interlocuteur. Celui-ci offrit alors cinq rubis. Le singe les considéra un moment comme pour s'assurer qu'il ne s'agissait pas de fausse monnaie puis les fit disparaître dans sa large salopette rouge.
"C'est un bon début, commenta-t-il. Que voulez-vous savoir ?
- J'aurais voulu savoir s'il n'y avait pas un moyen de traverser la rivière.
- Il y en a un, le pont au nord d'ici mais il est détruit !
- Je le sais mais je me demandais s'il n'y aurait pas un autre moyen.
- Non. Je ne crois pas. C'est le seul moyen, répondit sèchement le singe. Maintenant, Monsieur, si vous ne voulez toujours pas pêcher, je vous demanderais de bien vouloir sortir de mon établissement, j'ai encore beaucoup de travail."
Le ton de Tango était sans appel. Link préféra s'éclipser.

Link était fâché, le voici bloqué bêtement par une maudite rivière. Comment traverser la rivière ? Il ne pouvait pas la traverser à la nage, le courant était trop fort. Le jeune homme commençait à rebrousser chemin lorsqu'il entendit une petite voix l'appeler :
"Monsieur Link ! Eh ! Monsieur Link !"
Link se retourna et vit arriver en sautillant Leesy la grenouille.
"Monsieur Link, veuillez excuser mon collègue Tango. Il paraît peu amical comme cela mais il est sympa dans le fond.
- Que me voulez-vous ?
- Oh ! dit la grenouille en tressaillant, j'ai peut-être trouvé un moyen de traverser la rivière.
- Vraiment ? Lequel ?
- Vous pouvez vous rendre sur le petit îlot que vous voyez là-bas au centre de la rivière en passant par le barrage des frères castors situé plus au sud d'ici.
- Ça c'est une idée ! s'exclama Link. Merci pour ce conseil, Leesy !"
La grenouille rougissait et regardait obstinément le sol tout en croisant et décroisant nerveusement ses longs doigts. C'était la première fois qu'elle recevait un compliment.
"Merci Monsieur Link, vous êtes gentil. Si vous venez à passer dans le coin n'oubliez pas votre ami Leesy ! La pêche est formidable ici, je vous le garantis !
- C'est dit, déclara le jeune homme en serrant la main poisseuse de la grenouille, je reviendrai pour pêcher. En attendant, encore merci pour ce conseil Leesy."
La grenouille s'éloigna en sautillant vers le stand de pêche et Link passa devant la bâtisse pour continuer à longer le bras mort de la rivière jusqu'au barrage des castors. Ces derniers étaient en train de consolider leur construction, l'eau avait percé par endroit le barrage. À demi-trempé, les frères castors s'activaient à reboucher les trous :
"Cracra, dépêche-toi frérot, le barrage va céder ! dit le plus grand des castors.
- Cracra, je fais aussi vite que je le peux", répondit le plus petit des castors en coupant aux moyens de ses dents des branchages.
Les deux castors, trop occupés à sauver leur barrage, n'avaient pas vu arriver Link.
"Pardonnez-moi...
- Cracra, pas le temps de causer, le barrage va céder ! répondit le premier des castors.
- Mais je...
- Désolé mais nous n'avons pas le temps ! coupa l'autre castor en se dépêchant de ronger un bout de bois avant de le tendre à son frère qui le joignit à un mélange de boue et de feuillages pour l'appliquer sur une grosse brèche.
- Attends ! reprit le petit castor en considérant l'arme que Link portait à sa taille, je vois que tu as une épée, peut-être peux-tu nous aider en abattant ce gros arbre derrière toi ?"
Le castor avait désigné un vieil arbre qui penchait vers la rivière. Link acquiesça et, au moyen d'une attaque cyclone, alla sectionner l'arbre à la base du tronc. Ce dernier chuta lourdement dans l'eau, créant une énorme vague qui submergea les deux castors en bas de leur édifice. L'arbre flotta sur la rivière et s'arrêta en haut du barrage, retenu par les branchages. Ceci eut pour effet de réduire le débit des nombreuses fuites d'eau qui menaçaient de rompre la digue. Les castors félicitèrent leur sauveur, ils pouvaient tranquillement renforcer leur barrage.
"Merci pour ton aide, jeune aventurier, nous te sommes reconnaissants. Sans ton aide l'édifice aurait cédé et par la même nous n'aurions plus de maison."
En effet, Link remarqua qu'à la base de la digue une petite éminence de branchages et de feuillages constituait la partie visible de l'habitation des castors.
"Si nous pouvons t'être utiles en retour, n'hésite pas à faire appel à nos services, dit le grand castor en allant serrer la main de Link.
- En attendant accepte ce modeste présent de notre part, j'ai trouvé ceci coincé dans le barrage", déclara le deuxième rongeur en donnant une bouteille vide à Link.
Le jeune homme reçut le cadeau puis prit congé des castors. Il franchit la rivière en passant par le haut du barrage sur le vieil arbre qu'il venait d'abattre et se trouva ainsi sur le petit îlot. De là, le jeune aventurier s'enquit d'un moyen de traverser le deuxième bras de la rivière. Il avisa un autre arbre qu'il tailla de son épée. La cime de l'arbre vint s'écraser sur la rive opposée. Tout content de son pont naturel, l'apprenti bûcheron traversa la rivière et regagna l'autre rive. La végétation de ce côté-ci du cours avait brusquement changé. Elle était plus dense et formait plus d'ombre si bien que le jeune homme dut allumer sa lanterne pour pouvoir se guider et s'engagea dans un chemin couvert par l'épaisseur du feuillage des plantes. En levant la tête, Link put apercevoir une petite montagne qu'il n'avait pas vue auparavant car dissimulée par le voile végétal du marais. Le chemin dévia brusquement vers la droite et retourna sur les bords de la rivière. Le jeune héros longea le cours d'eau jusqu'à ce que le chemin s'enfonce à nouveau dans la végétation. Bientôt, le sentier déboucha dans une grande clairière au centre de laquelle se trouvait un bouquet de hauts arbres. Des bruits saugrenus s'en échappaient. Link s'approcha afin de savoir qui ou quoi pouvait produire ces sons. Alors qu'il venait à peine de faire un pas, une pierre siffla à côté de ses oreilles. Le jeune homme eut alors pour réflexe de s'abriter derrière son bouclier, et grand bien lui fasse, car une véritable pluie de pierres s'abattit sur lui. Les cris redoublèrent et semblèrent plus proches. Derrière son bouclier, Link tenta de regarder d'où provenaient les pierres. Ce qu'il vit le stupéfia. Une horde de singes lui lançait des cailloux depuis le bouquet d'arbre. Ils avaient l'air furieux et semblaient ne pas apprécier la présence de l'intrus. Le jeune aventurier ne demeura pas plus longtemps dans les parages et rebroussa chemin. Les cris et les pierres se firent plus rares, les primates avaient réussi à chasser le gêneur. Le jeune homme venait de trouver l'Arbre aux Singes que le roi des Batraciens lui avait indiqué. Link avait pu constater que sa présence était non désirée de ce côté-ci du marais et n'osa pas tenter à nouveau l'expérience, aussi il regagna les abords de la rivière. Après avoir longé à nouveau le bord du cours d'eau, mais en direction du sud cette fois, l'attention de Link se porta sur un mur de ronces qu'il n'avait pas vu lors de son premier passage. Il y mit le feu et, une fois la fumée dissipée, trouva un nouveau chemin. La disparition des ronces avait aussi révélé un panneau indicateur : "Forêt des Mojo baba" disait la pancarte. Link se remémora la plante carnivore qu'il avait taillée en pièces la première fois qu'il était entré dans ce sombre marais. La perspective d'en rencontrer d'autres ne l'enchantait guère mais il avait reçu une mission, celle de retrouver la princesse Bétranie. Aussi le jeune homme entra dans la forêt hostile.

Chapitre 7 : Prisonnier des Mojo baba   up

Les craintes de Link se vérifièrent car, au fur et à mesure de sa progression dans la forêt, l'aventurier dut se battre contre une nuée de Mojo baba, toutes dents dehors, qui tentaient de le croquer lorsqu'il passait à proximité de celles-ci. Quelqu'un qui voudrait suivre Link n'aurait cependant aucun mal à le trouver car il laissait derrière lui des copeaux de Mojo baba. Avec son épée qu'il tournoyait dans tous les sens, tranchant feuilles, tiges et surtout têtes, le jeune homme s'apprêtait à rebaptiser la Forêt des Mojo baba en Cimetière des Mojo baba ! La lame sheikahne dégoulinait de la sève des redoutables plantes carnivores, les mains de Link commençaient à lui coller tellement elles étaient couvertes du suc de ces plantes. Alors qu'il venait d'occire une autre Mojo baba, Link entendit un cri de détresse. Il avança dans la direction de la voix et trouva un singe prisonnier d'une Mojo baba géante. Celle-ci gronda de fureur lorsqu'elle aperçut le nouveau venu. Elle ouvrit une large gueule, dévoilant une bouche pourvue de dents acérées. L'énorme Mojo baba avança la gueule en direction de Link qui l'accueillit en lui tailladant la face. La plante rugit, gesticula sur son tronc, ses lianes battirent furieusement le sol. Elle tenta une nouvelle fois de happer son agresseur avec sa gueule mais celui-ci fit un bond de côté et lui trancha le cou. Privé de sa tête, le reste de la plante s'écroula et les lianes qui enserraient le singe se dénouèrent, libérant leur captif. Le primate sautait de joie en poussant des cris amicaux à l'adresse de Link.
"Merci, jeune aventurier, merci ! Sans ton aide, j'aurais été dévoré par cette Mojo baba ! Merci encore !"
Le singe continua de manifester sa gratitude en bondissant autour de Link qui commençait à avoir le torticolis à force d'essayer de suivre des yeux le primate surexcité. Celui-ci arrêta sa ronde effrénée puis demanda :
"Mais au fait ! Je ne connais même pas le nom de mon sauveur !
- Link, répondit ce dernier.
- Link ! Link mon sauveur, peux-tu encore me rendre un service ? Je suis à la poursuite d'un affreux monstre qui a enlevé ma fiancée. Il est parti en direction de cette montagne que tu vois là-bas."
Le singe désigna un amas rocheux que le jeune homme identifia comme étant celui qu'il avait aperçu plus tôt sur les rives de la rivière.
"Ce monstre a emporté ma fiancée, la princesse Bétranie, je dois aller la délivrer !"
Au mot de Bétranie, Link ne put réprimer un sourire, il venait enfin de trouver une piste sérieuse à propos de la disparition de la princesse grenouille.
"Peux-tu m'aider à la délivrer du monstre du marais, Link ?"
Le jeune acquiesça de la tête, ce qui fit bondir à nouveau d'allégresse le primate.
"Excuse-moi, j'ai oublié de me présenter ! s'exclama-t-il. Je suis Gipsy, le prince des Singes et je suis le fiancé de Bétranie, la princesse grenouille ! Tous les deux nous nous aimons même si son père, le roi Bufard, et surtout le mien, le roi Simion, ne consentent pas à notre union, expliqua le primate. J'étais parti pour aller voir en cachette, comme chaque nuit, ma bien-aimée lorsque j'ai entendu son appel au secours. Une énorme chauve-souris l'avait emportée. Je l'ai suivie tant que j'ai pu à travers les arbres jusque dans cette forêt où je fus capturé par les plantes carnivores qui habitent ces lieux. L'apparition de ce monstre est sans doute due à la venue de cet être étrange, Ganon qu'il s'appelle. Il est venu voir mon père en exigeant la corde du marais. Bien entendu il a refusé ! Ganon est parti en nous maudissant tous ! Tout le monde, moi le premier, pensait qu'il ne s'agissait que de vaines paroles... jusqu'à aujourd'hui."
Tout au long de cet exposé, Link et le prince Gipsy avaient poursuivi leur route en direction de la montagne. Le prince venait de terminer son récit lorsqu'ils arrivèrent devant l'entrée d'une sombre grotte.
"Il fait noir là-dedans, nous ne pouvons y entrer sans un peu de lumière... tu as une lanterne ? s'exclama Gipsy en apercevant la lampe de Link. C'est suffisant pour y voir clair ! Allons, ne perdons pas de temps ! Il faut aller libérer la princesse Bétranie !"
Link suivit le singe qui venait d'entrer dans l'antre sombre de la chauve-souris géante.

Chapitre 8 : Le temple du marais   up

La lanterne projetait les ombres des deux explorateurs contre les parois humides de la grotte. Une forte odeur de moisi saisit les narines de Link. Un mélange de glaise et d'argile recouvrait le sol de la caverne rendant celui-ci glissant. Gipsy avait pris les devants, il marchait d'un pas rapide sans prêter attention aux dangers qui l'environnaient. Link eut juste le temps de prévenir le singe qu'une Skulltula lui tombait dessus. Le singe recula et permit à Link de tuer l'araignée.
"Fais attention ! Je sais que tu veux retrouver Bétranie mais il te faut être prudent dans ce genre d'endroit, rappelle-toi les Mojo baba ! avertit Link.
- Tu as raison, je ne m'éloignerai plus de toi désormais."
Link s'avança donc en premier suivi de près par Gipsy. Au bout de quelques minutes, et après avoir tué d'autres Skulltulas, ils arrivèrent à un embranchement. Le tunnel qu'ils avaient emprunté se divisait en trois autres conduits. Les deux aventuriers se consultèrent pour savoir laquelle des galeries ils allaient prendre.
"Je propose que nous empruntions celui du milieu, affirma le prince primate après s'être longuement gratté le cuir chevelu. Il semble monter et je crois savoir que les chauves-souris aiment les hauteurs."
Link approuva ce choix. Ils gravirent le chemin humide et sombre sur quelques mètres puis tombèrent brusquement dans un trou que le sol dissimulait sous une couche de glaise. Les deux aventuriers glissèrent dans un long conduit qui les rejeta dans une caverne remplie d'eau verdâtre et nauséabonde.
"Au secours ! Au secours ! Je ne sais pas nager !" cria Gipsy en se débattant dans l'eau.
Link vint à son secours. Le prince primate paniqué lui grimpa à moitié sur les épaules, enfonçant la tête de son ami sous l'eau.
"Calme-toi ! s'exclama Link en tentant de reprendre son souffle. Agrippe-toi à moi ! Et par pitié ne me saute plus sur le dos comme ça ! Tu as failli me noyer !"
Le singe se tranquillisa quelque peu et enserra fortement le bras de son compagnon, peu rassuré de tremper dans cette eau putride.
"Il faut sortir d'ici et au plus vite ! dit Gipsy d'un ton apeuré.
- Je ne vois aucune berge où nous réfugier, répondit le jeune aventurier après avoir scruté du regard la vaste salle remplie d'eau.
- Il doit y avoir une issue sous ce lac ! déclara Déa.
- Sous le lac ! répéta Gipsy d'un air effrayé. Tu n'y penses pas !
- Il le faut pourtant ! rétorqua Link d'un ton autoritaire.
- Je crois que j'ai aperçu une lueur par ici, informa l'être ailé en survolant un endroit du lac souterrain.
- Allons ! Retiens ta respiration et suis-moi !" dit l'aventurier après avoir traîné son compagnon jusqu'au-dessus de l'endroit indiqué par la petite fée.
Avant même que le singe ne puisse ajouter un mot, Link l'entraîna dans les profondeurs du lac en direction de la lumière sous-marine. Une faible lueur filtrait à travers un mince tunnel que les deux explorateurs s'empressèrent d'emprunter. La galerie inondée était assez large pour eux deux mais quelque chose de translucide attira l'attention de Link. Bordant l'entrée du tunnel, des algues blanchâtres ressemblant à des mains défendaient l'accès. Le jeune homme nagea prudemment en direction des tentacules translucides qui, lorsqu'il fut assez proche d'eux, tentèrent de le saisir. Le jeune homme utilisa une noix mojo pour éblouir ses adversaires et se précipita dans la galerie. Au bout de quelques brasses, le conduit déboucha dans une petite salle au fond de laquelle Link trouva une berge. Il hissa Gipsy à la surface et celui-ci se mit à remercier les dieux de l'avoir aidé dans cette épreuve tandis que son compagnon d'aventure se débrouillait pour sortir de l'eau.
"Oh ! Regarde ! s'exclama le singe après s'être remis de ses émotions. On dirait un coffre ! Tu crois qu'il y a quelque chose à l'intérieur ?"
Il alla ouvrir la malle et en sortit une carte.
"Oh ! Un plan du donjon ! On peut connaître toutes les pièces de cette grotte désormais !" s'enthousiasma Gipsy.
Le jeune homme constata qu'ils étaient au premier sous-sol, dans la deuxième salle de ce niveau.
"Nous devons retourner au rez-de-chaussée, dit le prince en regardant avec attention la carte. Je crois qu'il doit y avoir un moyen de..."
Gipsy exulta de joie en désignant une corniche située à quelques mètres au-dessus de lui.
"Regarde Link ! Nous sommes sauvés ! Il y a comme des marches pour accéder à l'étage supérieur !
- La corniche est trop haute ! se lamenta son compagnon. Je ne pourrai jamais l'atteindre.
- Peut-être pas toi ! Mais moi si !" répondit le singe en esquissant un large sourire.
Le primate s'approcha de la paroi de la caverne et fit un bond prodigieux jusqu'à la protubérance rocheuse. Là, il regarda autour de lui et avisa une deuxième corniche vers laquelle il s'élança et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il soit arrivé dans une petite salle au rez-de-chaussée. Gipsy trouva une liane au moyen de laquelle il permit à Link de le rejoindre.
"Merci Gipsy, dit le jeune aventurier posant le pied sur le sol argileux de la pièce.
- Tu m'as aidé lorsque nous étions dans l'eau. Il était normal que je t'aide à mon tour !" répondit le singe d'un air ravi.
Link sortit la carte et la consulta afin de déterminer leur position dans le donjon. Ils venaient d'entrer dans la petite salle située au fond du corridor droit du rez-de-chaussée, il ne leur restait plus qu'à revenir à l'embranchement où ils avaient fait le choix du chemin central. Les deux aventuriers sortirent de la petite salle dans laquelle ils se trouvaient pour pénétrer dans un long corridor obscur. À leur gauche, ils réalisèrent qu'il y avait une porte mais que celle-ci était rendue inaccessible par de lourdes chaînes. Ils prirent à droite et remontèrent le couloir jusqu'à la croisée des chemins non sans avoir dû se battre contre une nuée de chauve-souris et d'araignées. Arrivés à l'embranchement, ils prirent le tunnel opposé à celui d'où ils venaient. Ils ne firent pas cent mètres que bientôt un impressionnant abysse les accueillit. Bloqués, ils allaient faire demi-tour quand Link avisa à sa droite un étroit corridor défendu par une Skulltula au fond duquel il trouva un petit coffre contenant une clé.
"Ouah ! s'exclama Gipsy. Il y en a de ces choses dans cette grotte ! À quoi peut-elle servir cette clé à ton avis ?"
Link ne répondit pas et se contenta de sourire. Il venait de se souvenir de la porte condamnée qu'ils avaient laissée derrière eux. Il fit faire demi-tour à Gipsy jusqu'au fond de la galerie de droite où Link libéra la porte de ses chaînes. Une forte odeur d'eau croupie envahit les narines de nos deux aventuriers. Ceux-ci pénétrèrent dans une salle emplie d'eau. Leurs pieds étaient totalement recouverts par un mélange boueux nauséabond.
"Beurk ! grimaça Gipsy en tentant de soulever l'une de ses pattes enduites de boue collante. C'est encore pire que dans le lac !"
Link leva brusquement son bras, intimant ainsi ordre au prince de faire silence. Le jeune homme et son compagnon purent entendre un murmure venant de dessous la boue. Une multitude de bulles firent soudainement leur apparition puis une gerbe d'eau explosa révélant un monstre visqueux. Celui-ci était pourvu de quatre tentacules et arborait une bouche ovale. Link fit un pas en sa direction, l'animal cracha aussitôt une boule gluante que le jeune aventurier esquiva à temps.
"C'est un Octorock ! informa Déa en voletant autour de la créature. Prenez garde aux boules cireuses qu'il vous envoie !"
Link demanda à Gipsy de se réfugier derrière lui tandis que lui-même se protégerait avec son bouclier. La créature poursuivait ses attaques en disparaissant et apparaissant mystérieusement à plusieurs endroits de la salle. Link observa le manège de l'animal et réalisa qu'il ne s'agissait pas d'une mais de plusieurs bêtes (quatre s'il avait bien compté) à qui il avait affaire, celles-ci se relayant pour attaquer. Le jeune homme profita du moment où l'une des créatures venait de faire surface pour lui jeter une noix mojo en pleine figure. L'animal se figea instantanément. Link s'avança pour frapper l'Octorock mais pas assez rapidement car les trois autres créatures apparurent et tirèrent de concert sur Link. Blessé, le jeune homme recula tandis que l'animal figé se libéra de sa torpeur et disparut dans l'eau stagnante.
"Tu ne pourras pas les vaincre ainsi, observa Gipsy.
- Comment veux-tu que je fasse ? pesta Link, meurtri par le coup qu'il venait de recevoir.
- Tu n'as pas remarqué ? s'étonna le singe. Lorsque tu as voulu attaquer l'un d'eux, tu t'es fait tirer dessus ! Alors que moi je n'ai rien eu ! Pourquoi me diras-tu ? ajouta Gipsy en regardant d'un air malin son partenaire. Parce que les Octorocks attaquent seulement si tu bouges !"
Link mit en pratique ce que son compagnon venait de lui apprendre. Il resta prudemment immobile derrière son bouclier et s'aperçut en effet que les Octorocks n'attaquaient pas s'il ne bougeait pas. Le jeune homme observa longuement le manège des pieuvres et soudain une idée germa dans son esprit. Link renouvela son expérience avec la noix mojo. Il jeta l'une d'elles sur un Octorock mais n'attaqua pas cette fois-ci. Alors que la créature demeurait figée, ses comparses poursuivaient leur ballet d'apparition-disparition jusqu'à ce qu'ils se mettent à tirer sur le premier Octorock. En effet, celui-ci venait de remuer, les autres l'avaient pris pour un ennemi et avaient fait feu sur lui. Leur victime hurla de douleur puis s'écroula morte sur le sol boueux. Ravi de ce tour, Link réitéra la manoeuvre à deux reprises et à chaque fois sa stratégie s'avéra payante. Le jeune homme figea le dernier Octorock et alla lui-même le découper en tranches avec son épée. Lorsque la créature rendit l'âme, un gros coffre apparut dans un tourbillon d'étincelles. Link alla ouvrir la malle et en extirpa un objet courbe.
"C'est un boomerang ! s'exclama Déa. Cette arme te sera très utile pour tuer tes ennemis à distance mais aussi pour activer des interrupteurs ou leviers situés loin de toi."
Après avoir laissé Gipsy contempler le boomerang, Link le lia soigneusement à sa taille puis sortit de la pièce nauséabonde.
"Où allons-nous maintenant ? demanda le singe en voyant que son compagnon avait sorti sa carte.
- Il nous reste à explorer le couloir central et celui de gauche, commenta le jeune homme. Par lequel veux-tu commencer ? ajouta-t-il en se tournant vers le primate.
- Je n'ose plus te donner mon avis, souviens-toi de la dernière fois ! On est tombés dans un lac souterrain !
- Tu n'es pas responsable, j'étais d'accord pour prendre le chemin du milieu, excusa Link. Bon, puisque nous avons eu des déboires avec ce couloir-là, pourquoi ne pas prendre celui de gauche ? Après tout, il nous a porté chance ! C'est dans ce corridor qu'on a trouvé une clé qui nous a permis d'entrer dans la salle du boomerang ! déclara l'aventurier en tentant de convaincre son partenaire hésitant.
- C'est d'accord, prenons le chemin de gauche !"
Les deux aventuriers s'engagèrent dans le passage et arrivèrent bientôt devant le précipice qui les avait fait rebrousser chemin.
"Nous voilà bloqués ! se lamenta Gipsy dont le moral avoisinait le zéro. Il n'y a pas d'autres chemins ! Comment va-t-on faire ? Et Bétranie qui est toujours prisonnière de Batdark !
- Il y a forcément un moyen de franchir ce gouffre, rétorqua Link. La carte indique que le tunnel se poursuit jusqu'au second étage.
- Ma douce Bétranie s'y trouve peut-être ? s'exclama Gipsy dont l'espoir renaissait. Ne peux-tu pas nous aider en allant voir ce qu'il y a de l'autre côté du précipice ?" ajouta-t-il en s'adressant à la petite fée Déa.
Celle-ci acquiesça et vola au-dessus du trou noir. À peine avait-elle fait quelques mètres, qu'une ombre descendit du plafond et eut dévoré la petite fée si la nouvelle arme de Link n'avait pas occis l'immonde araignée.
"Merci, Link" dit la petite fée dont le coeur battait fort après cette frayeur.
Déa avança dans l'obscurité jusqu'à atteindre l'autre rive du gouffre où elle aperçut un curieux tubercule grisâtre suspendu au plafond.
"Link ! alerta-t-elle. Il y a un interrupteur près de moi. Essaye de l'atteindre avec ton boomerang !"
L'air siffla au passage d'un objet courbe qui frappa le tubercule. Ce dernier se mit en branle et s'affaissa, déclenchant un mécanisme situé dans le plafond qui libéra une passerelle de bois. Le pont recouvrit entièrement le gouffre et permit à nos deux aventuriers de franchir l'obstacle sans encombre.
"Merci Déa ! dit Gipsy en affichant un sourire radieux. Tu nous as bien aidés !
- Oui, tu as été très courageuse !" acquiesça Link qui se mit à sourire en voyant que la petite fée rougissait, émue et flattée à la fois par ces compliments.
Le trio poursuivit sa route jusqu'à ce que Gipsy désigne un passage à sa gauche au fond duquel Link dut tuer deux Skulltulas avant de trouver une petite clé. Les aventuriers reprirent le chemin principal et firent quelques mètres avant de pénétrer dans une seconde salle dans laquelle ils trouvèrent une nouvelle clé.
"Nous sommes en possession de deux clés, résuma le prince des Singes en conservant précieusement lesdits objets dans sa main velue.
- Nous en avons fini avec cette galerie, déclara Link en arrivant devant une grande porte grise cadenassée.
- Comment ? s'étonna Gipsy. Mais j'ai deux clés ! L'une d'elles doit forcément ouvrir cette porte !
- Il nous faut une clé beaucoup plus grosse que celles que nous avons, informa le jeune homme tandis que primate tentait vainement de faire céder les lourdes chaînes qui condamnaient le portique.
- Mais qu'est-ce qu'il y a derrière cette maudite porte ? s'enquit le singe en tapant rageusement du pied dans l'une des entraves de fer.
- L'objet de notre venue, répondit Link.
- Quoi ? s'exclama le primate en écarquillant de grands yeux. Oh ! Bétranie ! Ma douce Bétranie ! C'est moi Gipsy ! Courage ! Je suis là ! cria le singe en tambourinant sur la porte.
- Nous devons faire demi-tour... dit Link.
- Quoi ? Alors que Bétranie est juste derrière cette porte ? Je refuse ! s'indigna le primate en continuant de donner des coups de poings sur le métal gris.
- Viens avec moi, nous devons trouver... continua patiemment le jeune homme.
- Et abandonner Bétranie ? Jamais ! rugit le singe en s'acharnant sur l'obstacle de fer.
- Mais arrête ! Ce que tu fais ne sert à rien ! Il te faut la clé !" s'exclama Link en colère.
Gipsy cessa son vain combat avec la porte et baissa la tête d'un air penaud.
"Tu as raison, finit-il par avouer. Je serai plus utile avec toi à chercher cette maudite clé plutôt que de rester ici.
- Voilà de sages paroles, Gipsy, dit Link. Allons, viens. Nous devons trouver cette clé."
Le singe suivit son compagnon non sans avoir une dernière fois un regard en direction des lourdes portes grisâtres derrière lesquelles était enfermée sa bien-aimée princesse.
En arrivant à la croisée des chemins, Link prit le corridor central, celui-là même qui lui valut une mésaventure dans le lac souterrain. Il activa l'interrupteur que Déa lui signala au plafond et traversa le pont de bois que le mécanisme avait fait apparaître avant de poursuivre son chemin jusqu'à une nouvelle croisée des chemins où il décida, après en avoir discuté avec Gipsy, de prendre le corridor de gauche. Le chemin qu'ils avaient emprunté était courbe et montait sensiblement. Une nuée de Saigneurs, affolés par la soudaine lumière amenée par la lanterne de Link plongea sur les deux explorateurs. Après s'être débarrassés de leurs assaillants, ils arrivèrent au bout du tunnel, face à une porte cadenassée que l'une des clés permit de libérer de ses entraves. Dans la vaste salle qui s'offrit à eux, les deux compagnons trouvèrent une boussole, ce qui leur permit de savoir qu'un précieux objet les attendait au bout du couloir de droite. Ils rebroussèrent chemin et prirent ledit corridor où ils rencontrèrent au passage de curieux insectes volants.
"Ce sont des mites ! informa Déa. Méfiez-vous de leurs attaques !"
Les horribles insectes au corps noirâtre et aux ailes émeraude fondirent sur nos deux aventuriers qui se blottirent tant bien que mal derrière l'écu de Link. Ayant échappé aux assauts des créatures volantes, ils réalisèrent cependant que les insectes avaient jeté de curieuses boules collantes qui eurent bientôt enveloppé le corps de nos deux héros. Link et Gipsy voulurent se mouvoir mais leurs gestes étaient ralentis par ce que Déa identifia comme étant des Chardons. Redoutant une nouvelle attaque des Mites, Link décida de se débarrasser rapidement de ces maudites boules duveteuses. Il approcha sa lanterne de l'une d'entre elles qui s'enflamma aussitôt et permit au feu de se répandre aux autres. Bientôt ce fut un véritable torrent de feu qui enveloppa les deux aventuriers. De nombreuses Mites, qui avaient amorcé leur descente, furent happées par les flammes et périrent brûlées. Le brasier commença cependant à faiblir puis à cesser totalement. Deux formes noires toussaient énergiquement sur le sol. Il s'agissait des deux explorateurs qui s'étaient réfugiés sous le bouclier du jeune homme pendant l'incendie. Cela n'avait cependant pas suffi pour prémunir nos deux héros de nombreuses brûlures. Gipsy contemplait d'un air furieux le désastre qu'avait pratiqué le feu sur sa fourrure.
"Regarde-moi ce que tu as fait ! tempêta le singe en s'adressant à son compagnon humain. Regarde l'état de mon pelage ! J'en prenais tellement soin !"
Link n'avait pas le temps de s'excuser, il avait beaucoup à faire avec les dernières Mites qui restaient. À coup d'épée et de boomerang, il eut enfin raison des créatures ailées.
"Tu m'écoutes quand je parle ? rugit le singe.
- Excuse-moi, répondit son camarade. Je suis vraiment désolé pour ta fourrure mais c'était le seul moyen pour nous débarrasser des Chardons et des Mites.
- Il n'empêche qu'il va falloir beaucoup de temps avant que mon pelage ne retrouve son brillant d'autrefois !" rétorqua Gipsy en croisant ses bras d'un air bougon.
Tandis que le prince des Singes ravalait sa colère, Link alla au fond du couloir et libéra de ses chaînes la porte qu'il y trouva. Il entra et Gipsy à sa suite. Les deux aventuriers venaient de pénétrer dans une vaste salle dont le plafond était dissimulé par d'étranges voilages.
"Oh ! Que c'est beau !" s'enthousiasma le singe en tournant son regard au-dessus de lui et qui semblait avoir oublié ses soucis de pelage.
Le visage fasciné de Gipsy se mua soudain en effroi lorsqu'il vit quatre paires de pattes velues et brunâtres fondre sur lui et l'emporter dans l'obscurité des tentures. Link dégaina son arme en maudissant la créature qui venait d'enlever son compagnon. Les voilages qu'ils avaient considérés étaient en fait les toiles d'hideuses arachnides. Celles-ci ne tardèrent pas à apparaître en descendant à hauteur de Link pour tenter de le capturer à son tour. Le jeune homme ne se laissa pas faire. Il blessa l'une des arachnides qui hurla de douleur avant de regagner sa demeure aérienne. Les autres vengèrent leur amie en crachant des boules cireuses sur l'aventurier qui n'eut pas le temps de s'abriter derrière son bouclier. Link jura et abattit dans le vide son glaive. Le jeune homme demeurait blotti prudemment derrière son écu et observait le plafond, épiant le moindre mouvement annonciateur de la venue d'une de ces horribles créatures. L'un des voilages remua et le corps noirâtre d'une arachnide descendit en direction du héros. Ce dernier eut juste le temps de faire un bond de côté et évita de justesse les larges mandibules de la créature. Le jeune homme jeta une noix mojo au sol ce qui eut pour effet d'aveugler la créature. Link en profita pour rompre le filin qui reliait la créature à sa cachette et abattit son épée sur le crâne de celle-ci. Cette dernière cria de douleur et, après avoir reculé un instant, se mit à attaquer son agresseur. Ce dernier enfonça son arme dans l'oeil sanguinaire de la créature qui retomba morte sur le sol. Pendant qu'il achevait l'araignée, ses consoeurs en profitèrent pour sortir à leur tour de leur tanière et envoyèrent à Link une nuée de boules cireuses. Le jeune homme se blottit derrière son bouclier et attendit que les octopodes descendent à nouveau pour attaquer. À l'instant même où la première des arachnides glissa vers le sol, Link emplit la pièce de lumière au moyen d'une noix mojo et sectionna le fil de sécurité de l'araignée avant de tuer l'animal. La dernière des araignées vengea sa partenaire en blessant cruellement le dos de l'aventurier qui se retourna vainement pour frapper un ennemi qui avait déjà regagné les hauteurs. Link attendit que la créature vienne à lui et la tua à son tour. Débarrassé de ces monstres, il s'enquit de retrouver Gipsy afin de s'assurer s'il était encore en vie. Le jeune homme utilisa l'un des filins que les araignées avaient tissés pour pouvoir s'élever jusqu'au plafond où il trouva un étrange cocon qui s'avéra être le prince.
"Merci de m'avoir libéré de ces sales bêtes ! dit le singe. Elles allaient me manger tout cru !
- Regarde, Link !" s'exclama Déa qui voletait non loin des deux aventuriers au-dessus d'une malle dont la lumière de la petite fée révélait le bleu et l'or.
Link reconnut ce coffre pour en avoir déjà ouvert un similaire dans le temple Hou-Hou et, comme il l'espérait, il y trouva une clé dorée sertie d'un rubis sur son manche.
"Nous l'avons enfin trouvée ! explosa de joie Gipsy. C'est la clé de la porte de l'ignoble Batdark ! Oh ! Bétranie ! Qu'attendons-nous ? Allons ! Vite !"
Le singe prit la clé des mains de son compagnon et s'engagea dans le long corridor que les aventuriers avaient emprunté pour venir ici. Link et Déa suivirent au pas de course le prince jusque devant la porte du boss au second étage du donjon.
"Attends-moi !" ordonna Link alors que Gipsy s'apprêtait à entrer dans l'antre du monstre.
Les deux explorateurs poussèrent les lourdes portes grises et pénétrèrent dans une vaste salle sombre. Une odeur de pourriture encore plus forte que celle qui embaumait la grotte assaillit les narines de Link et Gipsy. À cette émanation tenace s'ajoutait celle d'un animal. L'obscurité presque totale qui emplissait les lieux ne permettait pas de distinguer son occupant mais de légers mouvements provenant du plafond laissaient augurer que le monstre n'était pas loin et que ce dernier était de forte proportion.
"Je crois que nous ne sommes pas seuls", susurra le singe en se rapprochant de Link, intimidé par les lieux.
Au même moment, un cri strident retentit. Ce dernier fut amplifié par la réverbération de la grotte, poussant Link et Gipsy à maintenir leurs mains sur leurs oreilles afin d'atténuer la douleur provoquée par le fulgurant son aigu. Une ombre tomba lourdement sur le sol et deux formidables ailes noires pourvues de longues griffes à ses extrémités apparurent. L'animal inclina sa longue gueule hideuse en avant, flairant de près les deux intrus qui venaient de pénétrer dans son antre. Link observa alors que la bête n'avait pas, au-delà de sa bouche pourvue de dents redoutables, d'yeux mais semblait tout de même "voir" grâce aux oreilles surdimensionnées qui pointaient derrière le poil hirsute de son crâne. Après avoir humé longuement l'air, la créature poussa un nouveau cri strident puis prit son envol pour attaquer. L'immense chauve-souris voleta un moment dans les airs avant d'exécuter un piqué en direction des intrus. Link sortit son épée et tenta de blesser l'animal aveugle mais celui-ci esquiva le coup avec une telle simplicité que le jeune homme en fut décontenancé.
"C'est incroyable ! s'exclama-t-il. Il n'a pas d'yeux pour voir mais c'est tout comme s'il en avait !
- Normal, Link, commenta Déa. Batdark repère tous les obstacles qui se présentent à lui grâce à son sonar et à ses oreilles. Son point faible c'est son nez. Mais si tu veux le battre, il faudra le faire vite et à distance !"
Link porta la main sur son boomerang et entreprit une nouvelle stratégie. Il attendit que l'oreillard soit bien en vue pour lancer son arme. Celle-ci fouetta l'air en tourbillonnant et manqua sa cible, cette dernière ayant viré de côté juste à temps.
"Il est invincible ! se lamenta Gipsy. Il arrive à tout anticiper avec son sonar. Le moindre de nos mouvements est tout de suite repéré !
- Mais bien sûr ! Le moindre de nos mouvements ! Gipsy, tu es un singe rusé ! s'exclama Link.
- Ah oui ? répondit le primate pas sûr de lui.
- Gipsy, tu vas m'aider à piéger Batdark. J'ai besoin que tu cours pour l'attirer. Quant à moi je me tiendrai immobile et j'attendrai le moment opportun pour attaquer.
- D'accord, ça ne me plaît pas de jouer au leurre mais si c'est le seul moyen de tuer ce monstre, alors je le fais pour Bétranie !"
Le valeureux prince se mit à sautiller à droite et à gauche dans la caverne, attirant derrière lui la terrible chauve-souris. La créature volait au ras du sol, la bouche grande ouverte prête à avaler le pauvre singe. Celui-ci se retournait de temps à autre pour voir son ennemi et il pâlissait de plus en plus en voyant que l'animal se rapprochait de lui.
"Au secours, Link ! Il va me dévorer !" dit Gipsy en passant devant son ami à vive allure presque aussitôt suivi par l'horrible créature ailée.
Link attendit que la bête ne soit plus qu'à quelques pas de lui pour lui jeter en pleine figure son boomerang. Batdark n'eut pas le temps d'esquiver et fut cruellement blessé au visage. La chauve-souris, furieuse, reprit de l'altitude et produisit un cri strident en direction de son agresseur. L'onde sonore se mua en une vague dévastatrice qui pulvérisait tous les obstacles qu'elle rencontrait. Link roula sur le côté et évita la rafale. Gipsy quant à lui, ne cessait de courir, attirant de nouveau Batdark derrière lui. Le jeune homme réitéra sa stratégie qui s'avéra une nouvelle fois payante et l'oreillard répliqua en produisant une nouvelle onde destructrice.
"On a eu chaud, cette fois-ci !" déclara Gipsy après avoir évité, en même temps que son compagnon, l'onde sonore.
Le petit singe reprit son rôle de leurre et permit encore à son partenaire de blesser Batdark. Au bout de plusieurs attaques, ce dernier voletait de manière non coordonnée. Son nez, et par là même son sonar, ayant été sévèrement abîmé, l'oreillard avait perdu le sens de l'orientation.
"Il est presque à terre ! encourage Déa en s'adressant aux deux aventuriers.
- Link, laisse-moi l'achever ! s'écria Gipsy. Il a enlevé ma bien-aimée Bétranie, je dois le punir pour cet affront !"
Le jeune aventurier acquiesça et donna au singe son épée. Celui-ci cessa de courir et se tint héroïquement devant la chauve-souris qui le suivait péniblement. Alors que les mâchoires de la créature n'étaient plus qu'à quelques centimètres de la tête de Gipsy, le primate sauta sur le dos de Batdark et plongea l'épée de Link dans le crâne du monstre. Ce dernier hurla de douleur, produisant une série d'ondes destructrices qui eut fait effondrer toute la caverne si la chauve-souris ne s'était pas tue et écroulée sur le sol, morte.
"Hourra ! exulta de joie le singe. Nous avons vaincu le monstre du Marais Interdit !
- C'est surtout grâce à toi, Gipsy, répondit Link en ramassant le coeur d'énergie qui venait d'apparaître près du corps de la chauve-souris.
- Oh, merci ! dit le primate en rougissant.
- Eh ! coupa Déa en s'illuminant brusquement. N'oubliez pas que nous cherchons toujours la princesse Bétranie !
- Oh ! Oui, ma belle, ma douce princesse ! s'enquit le singe en sautillant partout. Où es-tu mon amour ?"
Un léger appel au secours se fit entendre.
"Elle est là ! Elle est là ! J'entends sa voix mélodieuse derrière cette paroi !" cria Gipsy en bondissant devant un pan du mur de la caverne.
Link aperçut un interrupteur au-dessus de lui. Il l'activa au moyen de son boomerang, ce qui eut pour effet d'activer un mécanisme faisant pivoter la paroi et permit ainsi au prince primate de retrouver sa bien-aimée princesse.

Chapitre 9 : L'Union fait la corde !   up

Les retrouvailles entre Gipsy et Bétranie avaient ému la petite fée, Link demeurait impassible mais au fond de son coeur, il ressentait lui aussi une certaine émotion. Les tourtereaux allèrent trouver leur père et demandèrent qu'ils consentent à leur union. Ceux-ci après s'être affrontés du regard se laissèrent attendrir par le joli couple que formaient leurs enfants. Simion et le roi grenouille se serrèrent dans les bras et proclamèrent mutuellement leur consentement. Une vague de hourras salua leurs paroles. Les Singes et les Batraciens, ennemis du passé, s'étreignaient et s'embrassaient en entonnant un chant de réconciliation. Les jeunes fiancés reçurent les félicitations de leurs sujets et les présents spontanés qu'ils leurs offrirent. Link était demeuré un peu à l'écart tandis que Déa voletait au dessus des amoureux en scintillant plus que jamais. Les ailes de la petite fée s'étaient embrasées comme un feu d'artifice et répandaient une douce lumière d'argent et d'or dans le ciel. Après avoir remercié tout le monde, les jeunes époux se tournèrent vers Link et prirent tour à tour la parole :
"Merci Link pour m'avoir aidé à retrouver Bétranie.
- Merci de m'avoir sauvée des griffes de Batdark, jeune aventurier.
- Je sais que tu étais venu dans le marais chercher la corde du marais. Reçois nos deux fragments de corde en plus de notre amitié éternelle, mon ami."
Link obtint les pendentifs que portaient autour du cou les deux amoureux. Il arbora alors un immense sourire, le voici en possession de sa deuxième corde. Il noua les deux bouts ensemble et attacha la corde rafistolée sur sa lyre qui présentait désormais cinq cordes. Le jeune homme prit congé des amants en leur promettant de venir assister à leur mariage et regagna l'autre côté de la rivière. Là, il se souvint d'une promesse qu'il avait faite et alla trouver Leesy au stand de pêche. Tango accueillit Link d'un air soupçonneux tandis que la grenouille ouvrit en large ses deux bras flasques.
"Comme cela fait plaisir de vous revoir, Monsieur Link ! Vous venez honorer votre promesse ? demanda le batracien. C'est vrai ? Tango ! Voilà Monsieur Link, il veut pêcher !" cria Leesy en s'adressant à son partenaire velu.
Le gros singe afficha un large sourire et tendit prestement une canne à pêche à Link non sans avoir exigé le paiement de dix rubis.
"Bien, cher client, déclara Tango d'un ton enjoué. C'est la première fois que vous pêchez ? Cela est simple. Vous vous munissez de votre canne à pêche et vous lancez le plus loin possible votre ligne puis vous attendez que ça morde. Pour attirer les poissons vous devez vous munir d'appâts. Voici cinq vers !"
Link reçut une boîte pleine d'asticots rouges qui se trémoussaient dans leur prison de verre.
"Le poisson du marais est coriace, précisa le singe, c'est un vrai carnassier ! Aussi vous devez être prudent lorsque vous en retirez un de l'eau. Méfiez-vous qu'il ne vous morde pas les doigts ! Ha ! Ha ! Ha !"
Tango porta ses deux bras poilus sur son ventre et rit bruyamment de sa plaisanterie. Leesy leva les yeux au ciel et dit :
"Tango a oublié de parler du plus important : l'Amical du poisson !
- Oh ! T'as raison Leesy ! s'exclama Tango en portant ses deux mains sur son crâne velu. L'Amical du poisson, j'avais oublié ! Voyez-vous, cher client, le stand du marais fait partie d'un groupement de pêcheurs appelé : "l'Amical du poisson", expliqua le primate. Il comprend quatre stands éparpillés à travers Ysar qui proposent à leurs bien-aimés clients de participer à un grand concours. Il s'agit d'obtenir le meilleur score dans chacun des stands pour être sacré champion du concours. Chaque stand propose une épreuve particulière. Ici, il s'agit de pêcher le plus gros poisson carnivore ! C'est simple, non ?
- Peut-être que Monsieur Link souhaite avoir d'autres informations ? s'enquit Leesy. Que voulez-vous savoir ? 1) Où sont les autres stands de pêche ? 2) Quelles sont les récompenses ? 3) Rien pour l'instant, je vais pêcher.
- Où sont les autres stands de pêche ? demanda le jeune homme.
- Il y en a quatre à travers tout Ysar, expliqua Tango. Le premier est celui du marais, le deuxième se trouve dans la Forêt Rikiko, le troisième se situe sur le Lac Lihya tandis que le dernier est sur l'île Oraz. Il vous faut réaliser les meilleurs scores dans chaque stand pour obtenir la récompense du concours.
- Quelles sont les récompenses ?
- Si vous réalisez le meilleur score de chaque stand, vous recevez un ruban ainsi qu'un quart de coeur. La récompense suprême est une coupe d'honneur ainsi qu'un cadeau surprise.
- Qu'est-ce que ce cadeau surprise ?
- Ha ! Ha ! Ha ! Je ne vais pas vous le dire sinon ce n'est plus un secret ! Voulez-vous pêcher maintenant ?
- Oui."
Link commençait à s'avancer vers le plan d'eau lorsque Tango le rappela :
"J'allais encore oublier ! Voici un carnet de pêche, il vous permet de faire état de vos scores dans chaque stand après chaque pêche. Conservez-le précieusement et bonne chance pour le concours !"
Link remercia le singe et alla trouver un endroit pour pêcher. Il alla se positionner sur le bord de l'eau en s'asseyant dans l'herbe tendre au milieu des roseaux. Link sortit un asticot rouge du bocal et l'accrocha à sa ligne. Le jeune homme lança sa ligne loin devant lui. L'appât coula à pic. Celui-ci gesticulait de toutes ses forces n'appréciant pas d'être ainsi embroché sur un hameçon et plongé dans de l'eau froide. Une ombre passa à ses côtés. Cette dernière était pourvue de nageoires et arborait une rangée de dents pointues. Un oeil sanguinaire regardait avec envie le pauvre vermisseau. L'ombre se rapprocha lentement. La bouche de la bête s'ouvrit puis, d'un coup sec, se referma sur l'appât. Le carnassier voulut poursuivre son chemin mais il se rendit compte que quelque chose avait accroché sa mâchoire. Sur la berge, Link sentit une légère secousse sur sa ligne, indiquant qu'un poisson venait de mordre. Il se mit donc à actionner le moulinet afin d'amener sa prise à lui. Mais l'animal n'entendait pas se laisser tirer si facilement hors de l'eau. Il se mit à gesticuler dans tous les sens, tentant d'échapper à l'emprise de l'hameçon. Cependant, à chacun de ses mouvements, ce dernier s'enfonçait un peu plus dans la chair de l'animal. Aussi le poisson ne tarda pas à s'avouer vaincu et Link le sortit triomphalement hors de l'eau. L'apprenti pêcheur se rendit compte que la prise qu'il venait de capturer était de couleur sanguine et était hérissée d'épines surtout au niveau de ses dorsales et de ses branchies.
"Félicitations c'est un beau poisson carnivore que vous venez de pêcher ! Il doit peser pas moins de douze livres ! s'exclama Tango depuis son comptoir. Voulez-vous le garder et poursuivre votre pêche ?"
Link, fort content de sa pêche, aurait bien voulu continuer s'il n'y avait eu Déa qui le rappela à l'ordre :
"Tu n'oublies pas notre quête ? Il te faut trouver la troisième corde !"
Le jeune homme répondit alors à contrecoeur à Tango qu'il ne voulait plus pêcher et inscrit sa prise sur son carnet avant de quitter le stand. Il remonta le chemin jusqu'à l'étang puis en arrivant à hauteur du pont détruit, il fit la rencontre d'un marchand ambulant qui tirait derrière lui une carriole à bras.
"Quelle malchance ! se lamenta le colporteur. Le pont est détruit comment vais-je faire pour me rendre au canyon maintenant ? Oh ! Jeune homme ! interpella l'homme en voyant venir Link. Oui ! Vous, là. Pourriez-vous aller à Bourg Ysar et demander à ce que quelqu'un vienne remplacer ce pont ?"
Link sentit dans la voix de l'homme qu'il n'avait pas le choix.
"Je vous récompenserai, si vous le faites", poursuit le marchand à titre d'encouragement.
Link accepta sans même connaître la récompense, après tout, n'était-il pas le sauveur d'Ysar ? Même pour les petites causes ? Il se dit qu'il s'occuperait de ce problème un peu plus tard. N'avait-il pas à trouver la troisième corde ? Aussi il se mit en route pour le Village Hou-Hou se souvenant que les frères musiciens lui avaient promis de lui apprendre une mélodie nouvelle. Mais avant, il devait aller trouver l'Arbre Nojo afin de savoir si elle pouvait lui indiquer l'endroit de la troisième corde.

Chapitre 10 : Un peu de musique !   up

Link retrouva avec joie le calme ombrage de la Forêt Rikiko, il acheta sur le chemin de la clairière de l'Arbre Nojo une carte à Tingle au prix de cinq rubis. Le parchemin qu'il lui avait cédé, révéla l'emplacement de Bourg Ysar. Link put en chemin découvrir en détail ce que la ville recelait comme habitations et commerces. Il y apprit qu'il y avait un charpentier, celui-ci pourrait s'avérer utile pour la reconstruction du pont du marais. Il rangea sa carte en se disant qu'il se souviendrait de cette information en temps utile puis se présenta devant le Vénérable Arbre Nojo. Un vent odorant soufflait dans la clairière et venait agiter le feuillage de l'arbre centenaire. L'Esprit de la forêt tourna ses yeux chargés d'ans vers le petit homme qui venait de sortir du chemin ombragé :
"Tu es revenu, Link. Je sais que tu as déjà deux cordes en ta possession mais ta quête ne fait que débuter car il t'en reste six à réunir pour pouvoir prétendre entrer dans le temple du Miroir dimensionnel et sauver Ysar des griffes de Ganon ! Écoute mon conseil, déclara l'Arbre Nojo, l'une des cordes de l'Oiseau-lyre fut confiée il y a bien longtemps de cela aux Gorons vivant dans la Montagne de la Mort. Les Gorons ont disparu depuis. Link, tu dois retrouver la corde de la montagne. Prends le chemin au nord de cette clairière, il te mènera plus rapidement à cet endroit... indiqua le saule dont l'une des branches se tendit en direction du sentier. Si tu es perdu ou si tu veux venir me parler, reviens ici et je t'aiderai. Écoute aussi les conseils de Déa. Bonne chance Link."
L'Arbre Nojo referma ses yeux ambrés en se laissant bercer par le souffle apaisant du vent. Link contourna l'arbre et prit le chemin qu'il lui avait indiqué. Au bout du sentier, il aperçut une petite ferme : "Ranch Arami" disait l'écriteau suspendu au-dessus du portail d'entrée. Le jeune homme se souvint alors de sa rencontre avec l'épouvantail du Marais Interdit. L'aventurier marcha à la rencontre des deux épouvantails qui trônaient au milieu d'un potager fourni. L'un d'eux se mit à gesticuler à la vue de Link :
"Bonjour, jeune étranger ! Quel bonheur de recevoir de la visite, pas vrai Pierre ?"
Le second épouvantail se trémoussa à son tour et répondit :
"Quel bonheur en effet Bonooru !
- Tu es venu de la part de notre ami du marais ? Comme c'est gentil à lui ! sourit Bonooru. Oh ! Mais que vois-je ? Une lyre ! Oh ! Je t'en prie, joue-nous de la musique, nous adorons la musique !
- Oui, nous aimons la musique, joue-nous un morceau, rien qu'un tout petit morceau." pria Pierre en sautillant sur son pied.
Link était embarrassé car il n'avait jamais réellement joué de son instrument. Il pinça maladroitement les cordes de sa lyre qui produisait un son aigu et désaccordé mais cela ne semblait pas gêner les deux mélomanes.
"Comme c'est beau ! s'extasia Pierre.
- Oh ! Oui, comme c'est beau ! répéta Bonooru.
- Je garderai cette mélodie gravée dans mon coeur !" affirma Pierre en se mettant à entonner la musique que Link avait produite.
"À nous de t'apprendre une musique maintenant, s'exclama Bonooru en soignant ses mains, le veux-tu ?"
Link acquiesça de la tête et se tenait prêt à reproduire les notes que les êtres de paille lui indiqueraient sur sa lyre.
"C'est une musique que tous les épouvantails connaissent, c'est le Chant des moissons, informa Pierre.
- Écoute bien !" poursuivit Bonooru qui entonna une petite mélodie que Link put produire sur sa lyre.
"À toi maintenant !" convia Pierre.
Link répéta fidèlement la musique qu'il avait entendue puis regarda les deux épouvantails qui se trémoussaient encore, charmés par le son de lyre.
"Fantastique ! C'est exactement cela ! C'est le Chant des moissons.
- Je le reconnaîtrai entre mille ! s'exclama Pierre.
- En ayant appris cette mélodie, tu nous permets de t'aider dans ta quête, apprit Boonoru. En effet, en jouant le Chant des moissons, tu pourras te transporter à travers l'espace auprès de l'épouvantail du lieu où tu désires te rendre.
- Il y a huit épouvantails dispersés à travers Ysar, reprit Pierre. Tous t'aideront à te transporter dans leur localité si tu les trouves auparavant et si tu entonnes ce chant...
- Tu peux déjà te rendre au Ranch Arami et au Marais Interdit", précisa Boonoru.
Link prit congé des deux épouvantails et sortit du Ranch Arami pour regagner les montagnes.
Le jeune homme gravit la pente du chemin conduisant au Village Hou-Hou et n'oublia pas de s'arrêter chez les frères musiciens. Dièse et Bémol le félicitèrent pour avoir trouvé la deuxième corde.
"Tu peux désormais jouer la mélodie que nous avons composée ! s'enthousiasma Bémol.
- Écoute cette mélodie et grave-la à jamais dans ta mémoire".
Dièse joua de l'orgue sous la conduite de Bémol qui ponctuait chaque note de sa baguette de chef d'orchestre. Link sortit son instrument et reproduit minutieusement la mélodie sur l'Oiseau-lyre. Une sensation mystérieuse envahit Link et le fit sourire.
"Tu as appris le Chant du soleil."
Les frères musiciens applaudirent Link :
"Bravo ! Bravo ! Ce n'était pas mal pour un apprenti musicien, n'est-ce pas Dièse ?
- Pas mal en effet.
- Joue le Chant du soleil et tu commanderas son lever ou son coucher. Tu pourras ainsi passer des ténèbres à la lumière."
Link sortit du Village Hou-Hou content d'avoir appris une nouvelle mélodie. À la sortie du village, il trouva une pancarte : "Sud : Plaine d'Hyrulon; Est : Village Hou-Hou; Nord : Montagne de la Mort". Link prit cette dernière direction.

Chapitre 11 : Le baptême du feu   up

Le paysage changea brusquement, le sol devint plus rugueux et pentu au fur et à mesure que Link gagnait en altitude. Le jeune homme vit qu'il s'engageait dans un mince défilé et eut la désagréable surprise de voir que le passage était gardé par une solide palissade de bois derrière laquelle se détachaient des têtes de Moblins. Du côté ennemi, l'arrivée de l'étranger fut signalée. Un cavalier monté sur une espèce d'énorme porc sauvage demandant à ce qu'on lui ouvre les portes. Link vit l'étrange équipage et attendit qu'il vienne à lui.
"C'est un cavalier bulbin ! s'écria Déa en tintant. Méfie-toi de sa monture, elle porte une armure couverte de piques !"
Le porc sauvage poussait un cri perçant, dévoilant une impressionnante rangée de crocs. Son cavalier menait sa monture sur le jeune homme en brandissant une longue lance à la pointe hérissée de piques. Alors que le Bulbin et sa hideuse monture n'étaient plus qu'à quelques mètres de Link, ce dernier sortit son boomerang et le lança en direction de l'ennemi. L'arme de jet alla sectionner les lanières soutenant la selle du Bulbin. Celui-ci tomba lourdement sur le sol tandis que le porc sauvage grogna de douleur, le passage du boomerang avait écorché le flanc de l'animal. Link tira son épée et fit un bond de côté laissant la bête passer. Il en profita pour monter sur son dos et lui enfonça la lame sheikahne dans la nuque, rompant les vertèbres de la monture. Celle-ci hurla puis s'effondra sur le sol pour ne plus se relever. Son cavalier, fou de rage, venait de rejoindre Link et sa lance frôla de justesse la tête du jeune homme. Le Bulbin sortit alors son épée tandis que le jeune aventurier sauta à terre et se blottit prudemment derrière son bouclier. L'ennemi abattit son arme en direction du jeune homme qui esquiva en lançant une noix mojo. L'agresseur fut aveuglé par le flash et se frotta les yeux en hurlant. Link en profita pour lui plonger son épée dans le ventre. Le Bulbin eut un dernier râle puis s'écroula au sol. Vainqueur de son combat, le jeune héros retourna à la palissade et usa de son boomerang pour couper les cordages qui maintenaient la porte fermée. Irrités de la victoire de l'intrus, deux Moblins vinrent l'attaquer. Mais Link eut vite fait de les battre. Tout danger étant écarté, il poursuivit son chemin non sans avoir pris la précaution de mettre le feu à la palissade. À la sortie du défilé, Link vit que le sentier de rocaille qu'il suivait se divisait brusquement en deux autres chemins. L'un prenait à droite et le jeune homme pouvait ressentir la chaleur écrasante de la lave en fusion qui s'écoulait au fond du "Cratère du Péril" comme l'indiquait un panneau indicateur.
"Tu ne survivras que peu de temps avec cette chaleur, il te faut être mieux équipé !" avertit Déa.
L'autre chemin tournait à gauche, Link prit celui-ci qui le conduisait à travers le massif des montagnes de la Mort. Sur la route, il croisa un petit homme affairé à recoudre ce qui ressemblait à un énorme drap. Le petit être était tellement occupé qu'il ne dédaigna même pas lever la tête en direction de l'aventurier. Ce dernier passa son chemin et arriva dans une vallée fortement encaissée. L'endroit était habité par les Dodongos. Ceux-ci avaient construit des huttes de peaux dans l'étroitesse de la vallée. Certaines étaient bâties à même le sol tandis que d'autres étaient perchées sur des monticules de pierre. Link avisa l'un de ses habitants. Les Dodongos étaient d'énormes lézards verdâtres pourvus d'épaisses écailles et étaient capables, juchés sur leurs deux pattes arrière, de cracher le feu. Le Dodongo regarda Link d'un oeil morne et écouta ce qu'il avait à lui dire :
"Bonjour monsieur, je suis un aventurier parti à la recherche de la corde des Gorons, peut-être pouvez-vous m'aider ?
- Moi non, mais notre nouveau chef Gorni oui. Vous le trouverez dans la hutte principale", répondit le Dodongo en passant son chemin.
Link se dirigea alors vers la plus grande des habitations dodongos située au centre du village et vit que son entrée était gardée par deux lézards en armure sombre.
"Halte-là ! dit l'une des sentinelles. On ne passe pas !
- Je voudrais m'entretenir auprès de votre chef au sujet de la corde goronne.
- Notre chef ne veut pas être dérangé, passez votre chemin étranger !" répliqua la seconde sentinelle en dirigeant sa hallebarde sur Link.
L'aventurier s'éloigna et alla s'informer auprès des autres habitants, bien décidé à obtenir ne serait-ce qu'un indice sur la localisation de la corde des Gorons. Au détour d'une hutte, l'attention du jeune homme se porta sur l'enseigne du marchand local. Il entra dans la boutique et entama une discussion avec le commerçant :
"Bonjour étranger, que puis-je pour vous ?" déclara le chaland en voyant arriver l'aventurier.
Link vit que le marchand proposait une tunique rouge (permettant de supporter une chaleur extrême) à la vente mais celle-ci était trop chère ! Cent rubis ! Link n'avait pas cette somme. Le jeune homme préféra poser quelques questions au commerçant :
"J'aurais voulu obtenir quelques informations à propos de la corde goronne...
- La corde goronne ? Voilà qui est curieux ! s'exclama un vieux Dodongo que Link n'avait pas vu. C'est la deuxième personne qui demande après cette maudite corde. La première visite nous a coûté un chef ! Quel malheur nous apportez-vous, étranger ?" ajouta le lézard en regardant le nouveau venu d'un oeil soupçonneux.
Voyant qu'il n'était pas le bienvenu, Link préféra sortir de l'établissement, mais à sa grande surprise son interlocuteur le retint :
"Ne partez pas comme cela étranger ! dit le vieux Dodongo d'un ton plus amical. Vous n'êtes pas comme ce premier étranger, Ganon qu'il s'appelait je crois. Il est venu il y a trois jours et a menacé notre chef King. Celui-ci ne voulait pas lui révéler l'emplacement de la corde goronne. Le problème est que King a disparu depuis et c'est maintenant son méprisable frère, Gorni, qui a pris sa place."
Le vieillard lança un regard furieux en direction de la tente du chef puis reprit :
"Avant de disparaître King était parti pour le Cratère du Péril car il avait entendu qu'un monstre ancien avait été réveillé par des mineurs imprudents. Depuis, on ne l'a plus revu, informa le lézard. Si tu veux la corde goronne, il te faut retrouver notre seul et véritable chef, King. Je t'en prie étranger, aide-nous."
Link (comme toujours) accepta à la grande joie du vieux Dodongo.
"Si tu te rends au Cratère du Péril, tu devras te procurer une Tunique rouge car, à la différence des Dodongos, les Ysariens ne peuvent supporter longtemps la chaleur qui y règne. Bonne chance."
Le Dodongo sortit du magasin. Link fit de même et se dirigea en direction de l'ouest, décidé à finir l'examen des alentours du village avant de trouver le moyen d'aller au Cratère du Péril. Il trouva un petit sentier qui se révéla être bloqué par des gravats. Non loin de l'amas rocheux, Link remarqua la présence d'un Dodongo qui s'amusait à détruire de son souffle ardent des cibles ressemblant à des Moblins. La créature verte aperçut Link et se tourna vers lui d'un air moqueur :
"Toi là, petit homme, admire la puissance de mon feu ! Tu ne serais même pas capable d'en faire autant !"
Un filet de flammes sortit de la gueule du Dodongo et vint carboniser une cible située à plusieurs mètres de lui.
"Essaye d'enflammer ces quatre torches-là !" ajouta-t-il en désignant des flambeaux disposés en cercle.
Link arbora un large sourire et d'un air défiant sortit sa lanterne. Ainsi il mit le feu sans difficulté aux quatre braseros que le lézard lui avait désignés. Ce dernier en eut le souffle coupé. Il regarda d'un oeil curieux le jeune homme puis lui s'exclama :
"Ça alors, petit bonhomme ! Tu es doué ! Accepte ceci, gage de mon admiration..."
Link reçut une splendide tunique rouge ! Content de ce présent, Link s'empressa de l'enfiler et la fit mirer à Déa qui ne put que lui conseiller d'aller au Cratère du Péril.
"Lorsque tu seras équipé d'une "nouvelle arme", reviens me voir ! Je te proposerai un autre jeu !" dit le Dodongo avant que Link ne s'éloigne sur le chemin.

Chapitre 12 : Au coeur de la montagne   up

Le jeune héros fit le chemin inverse et arriva bientôt en vue d'un énorme lac de lave. La tunique rouge que Link portait suffisait à peine à lui faire supporter la chaleur étouffante qui émanait du cratère. Le jeune homme longea les bords du cratère afin d'atteindre un plateau couvert, à la grande surprise de l'aventurier, d'une végétation. Après avoir gravi l'éminence rocheuse, Link aperçut des habitations aux façades rougeâtres dont les toits sombres perçaient le tapis végétal qui enserrait le village. Les autochtones avaient le visage rougeaud comme s'ils avaient été cuits par le brasier du cratère et arboraient des cheveux noirs et drus. Tous les regards se portaient sur le jeune aventurier dont l'allure trahissait qu'il était étranger à la contrée. Les villageois le regardaient mais ne s'arrêtaient pas malgré les sollicitations de Link. Au détour d'une rue, le jeune héros vit un homme adossé contre un mur assis en tailleur. Ce dernier leva sa tête en direction de Link. Il était habillé d'un long et lourd manteau de laine.
"Par cette chaleur c'est inhumain !" pensa-t-il en le voyant.
Le visage de l'homme était caché pour partie par l'énorme touffe de cheveu qu'il avait et par l'épaisse moustache qui soulignait son nez court.
"Tu marches avec beaucoup d'assurance, jeune étranger, dit l'homme. Es-tu seulement à la hauteur de l'air que tu te donnes ?"
La spontanéité des propos de l'individu eut pour effet de vexer Link qui lui rétorqua :
"Je n'ai pas de leçon à recevoir de vous...
- Vraiment ? coupa son contradicteur en affichant un malicieux sourire. Je vois que tu as une belle épée derrière ton dos, poursuit-il, une lame sheikahne si j'en ai bien reconnu la facture."
Link fut intrigué par les connaissances de l'individu qu'il avait pris pour un simple mendiant.
"En effet, c'est une lame sheikahne, acquiesça Link. Vous vous y connaissez en armes à ce que je vois.
- Les armes ? C'est ma spécialité, je suis le maître d'arme du village !"
Link considéra l'homme qu'il avait devant lui. L'accoutrement de celui-ci ne lui aurait jamais permis de penser que cet homme était un expert à l'épée.
"Veux-tu recevoir mon enseignement ?" demanda l'homme d'un ton détaché mais qui laissait entendre qu'il espérait bien que Link réponde favorablement.
Ce dernier se souvenait encore de la douloureuse expérience qu'il avait eue avec Impa et se demandait si tous les maîtres d'arme procédaient de la même manière.
"Je le veux, dit Link après avoir mûrement réfléchi.
- Voilà une excellente décision, il est toujours bon d'apprendre ! Ce sera dix rubis", répondit l'homme en sortant une tirelire en forme de vache de dessous son manteau.
Link lui donna l'argent puis attendit que l'homme se lève mais à sa grande surprise il ne le fit pas.
"Qu'attends-tu pour sortir ton épée ? dit l'homme en regardant Link d'un air étonné.
- Vous ne vous levez pas pour que nous puissions combattre ensemble ?
- Combattre ? J'enseigne seulement ! s'exclama le maître d'arme. Je ne me bats pas ! Prends ton arme et écoute plutôt !"
Link se munit de son épée. Un éclair de feu passa furtivement sur le fer de l'arme.
"C'est une belle épée que tu as, observa l'épéiste. Elle est idéale pour l'attaque rayon ! Lève l'épée au-dessus de ta tête de façon bien verticale puis abaisse-la rapidement en la pointant devant toi comme si tu voulais frapper un adversaire avec", expliqua-t-il.
Link suivit à la lettre ce que le maître d'arme venait de lui apprendre. Son épée se mit à luire puis relâcha une gerbe de lumière quand il abaissa son épée. Le rayon lumineux alla s'écraser contre le mur d'une maison et laissa une marque rougeâtre.
"Tu es doué ! Tu as réussi à maîtriser une attaque en un rien de temps ! félicita l'épéiste. Tu es à la hauteur de la tâche que l'on t'a confiée, jeune aventurier ! C'est tout ce que je pouvais t'enseigner. N'hésite pas à t'entraîner le plus souvent possible pour ne pas perdre la main ! conseilla-t-il. Bonne chance pour la suite de tes aventures, étranger."
Link s'inclina respectueusement devant le maître d'arme puis s'éloigna hors du village et, alors qu'il descendait le plateau en direction du cratère, le regard du jeune homme fut attiré par une silhouette au beau milieu d'un des champs en espalier qui garnissait le flanc de la colline. En s'approchant de la forme, il se rendit compte qu'il s'agissait d'un épouvantail. Celui-ci avait le visage tout noirci et portait pour tout vêtement des lambeaux de tissu. La majeure partie de la paille qui constituait son corps avait disparu, emportée par le vent violent qui soufflait en cet endroit. L'épouvantail pendait tristement sur son bâton, un foulard rouge et poussiéreux noué autour de son cou flottait mollement au vent.
"Non d'un p'tit bonhomme ! s'exclama l'épouvantail en écarquillant ses deux yeux noirs. Voilà un drôle de garçon ! Qu'est-ce qui flotte autour de toi ? C'est une fée ?"
L'homme de paille tendit son long bras maigre en direction de Déa qui voletait autour de Link.
"Oui, c'est une fée et elle s'appelle Déa.
- Elle est jolie ta fée mon p'tit gars", ajouta l'être en souriant, dévoilant une bouche pourvue de chicots.
Le teint bleuté de Déa se mit à rosir légèrement au compliment de l'épouvantail et alla se cacher timidement derrière Link.
"Elle me rappelle la Forêt Rikiko et le Ranch Arami où habitent ces bons vieux Pierre et Boonoru. Tu les connais p'tit gars ?
- Oui, je les ai rencontrés.
- Vrai ! Tu les as vus ? Oh ! Mais... mes mirettes ne me trompent pas, tu as un instrument de musique !"
Link décrocha l'Oiseau-lyre de sa taille et permit à l'épouvantail de mieux le voir.
"L'as-tu montré à mes deux potes du ranch ? interrogea l'être de paille. Oui ? Tu connais le Chant des moissons alors ? sourit-il. M'ferais-tu plaisir en le jouant, mon gars ?"
Link fit glisser ses doigts sur les cordes de la lyre. Les notes mélodieuses du Chant des moissons retentirent joyeusement aux oreilles de l'épouvantail qui n'avait cesse de gesticuler de plaisir, perdant des bris de paille à chacun de ses tressaillements.
"C'est ça ! C'est ça ! Oh ! Ça faisait un bail que j'n'l'avais pas entendu si bien joué", s'extasia le bonhomme.
"Puisque tu as bien voulu me jouer le Chant des moissons, poursuit l'épouvantail, et comme tu n'es pas du coin, laisse-moi te parler un peu de la région... T'es au Cratère du Péril, le village que t'vois là-bas c'est Montrouge, un village de mineurs et d'agriculteurs. À l'est d'ici tu trouveras le campement des mineurs ainsi qu'les mines, il parait qu'il s'y passe de drôles de choses ! Sinon, c'est un peu près tout c'qui a à voir par dans l'coin. J'te souhaite une bonne route, aventurier ! Ah ! Attends ! J'allais oublier ! reprit l'être de paille en tressaillant sur son piquet. Si tu veux revenir au Cratère du Péril n'oublie pas le Chant des moissons !"
Link continua sa descente du plateau et revint aux abords du cratère de lave qu'il longea en direction de l'est là où se trouvait le campement minier. Des tentes blanchâtres ne tardèrent pas à faire leur apparition. Link gagna le campement et y trouva un homme d'âge mûr qui, les bras croisés, devant sa tente, semblait être en colère.
"Ouaaaah ! cria l'homme avant d'agiter sa tête de droite à gauche. Qui es-tu étranger, es-tu un nouveau mineur ?
- Non, je suis un aventurier et j'ai entendu dire qu'il s'est passé quelque chose ici.
- Oh ! Ça oui qu'il s'est passé quelque chose ! s'exclama l'homme. Ces idiots de mineurs, non seulement ils sont fainéants mais en plus ils sont bêtes !
- Pourquoi vous dites cela ? s'étonna Link.
- Ils ont libéré un monstre ancien qui était retenu enfermé dans le ventre de la montagne et, depuis, ils ont disparu ! expliqua son interlocuteur. J'espère qu'ils ne se sont pas fait dévorer ces idiots ! Toi qui es un aventurier, peux-tu retrouver mes gars et me débarrasser de ce monstre ?"
Link se porta bien évidement volontaire pour aider le chef des mineurs.
"Il fait nuit là-dedans, j'espère que tu as une lampe ? Voici de l'huile, ça te sera utile, dit l'homme en donnant une fiole remplie de liquide sombre. Retrouve mes gars, ils sont sans doute cachés et morts de peur dans les galeries de la mine."
Link quitta le campement et se dirigea au nord vers l'entrée de la galerie. L'aura bleutée de Déa éclaira dans les premiers instants la pénombre du tunnel mais bientôt le jeune homme dut sortir sa lanterne pour pouvoir progresser dans la mine. Des rails de chemin de fer sur lesquels les mineurs faisaient rouler des wagons de gravats couraient sur le sol de la galerie, Link choisit de suivre ce serpent de métal. Arrivé à un croisement, il opta pour le souterrain situé le plus à sa droite. Au bout de quelques mètres, l'aventurier remarqua que la galerie était obstruée. Son attention se porta sur un bout d'étoffe qui dépassait d'une grosse caisse située en bordure des rails. Link souleva le couvercle de la boîte, un cri d'effroi l'accueillit. Au fond de la caisse, tout recroquevillé sur lui-même, se trouvait un mineur. Ce dernier portait une salopette bleue qui soutenait son ventre proéminent.
"Ne me mangez pas, monsieur le monstre, je vous en prie ! supplia l'homme d'une voix tremblante. Je ne suis pas bon à manger.
- N'aie pas peur, je suis là pour te sauver ! rassura Link en lui tapotant sur l'épaule.
- Vrai ? dit le mineur en relevant la tête et en considérant le jeune homme. Oh ! Merci de venir sauver ce pauvre Jibo. Mon petit coeur a eu très peur quand j'ai vu le monstre. On s'est tous enfuis !
- Où sont les autres ? demanda Link.
- Je ne sais pas. Je suis venu me cacher dans cette caisse, je ne me suis pas retourné pour voir où sont partis les autres !
- Où se trouve le monstre ?
- Dans la galerie la plus profonde de la mine, c'est le tunnel de gauche. Retrouve vite les trois autres mineurs, je les aime tant !"
L'homme sortit de sa caisse et s'éloigna en courant. Avant de rebrousser chemin, Déa attira l'attention de Link sur une plante étrange qui poussait à terre.
"C'est un chou-pêteur ! déclara la petite fée. Mets-y le feu et il explosera !"
Link approcha sa lanterne du plant. L'extrémité de celle-ci se mit à crépiter au contact de la flamme. Le chou-pêteur rougit brusquement puis éclata pulvérisant l'amas rocheux qui obstruait la galerie. Le jeune explorateur franchit les décombres et trouva vingt rubis qu'il glissa dans sa bourse. Une fois retourné au croisement des tunnels, il prit le chemin que lui avait indiqué le mineur. Arrivé à mi-parcours, il dut s'arrêter car un nouvel amas de roches obstruait la galerie mais cette fois-ci pas de chou-pêteur pour dégager le passage.
"Il faut trouver un autre moyen de faire sauter la roche !" informa Déa.
Link fit demi-tour et prit un troisième tunnel. Au fond de celui-ci, le jeune homme trouva un autre mineur terrorisé.
"Merci d'être venu sauver Nico ! dit l'homme aux cheveux crépus. Les deux autres mineurs doivent être dans une autre galerie."
L'homme s'en alla précipitamment. Link retourna une nouvelle fois au carrefour et prit le dernier tunnel. Il trouva les deux derniers mineurs : Hiro et Julio.
"Merci, tu nous as tous retrouvés ! Nous avons eu le temps de faire sauter la galerie conduisant à l'antre du monstre aux "grands yeux rouges" et qui crache des "flammes".
- Je dois aller tuer cette créature, aidez-moi à libérer le passage menant à son repaire".
Les deux mineurs se regardèrent avec leur air abruti puis, après un long moment d'hésitation, Hiro déclara :
"C'est d'accord, nous allons placer de la dynamite près des rochers mais nous ne restons pas pour t'aider ! Nous avons trop peur !"
Les deux mineurs firent ce qu'ils avaient dit. Le souffle de l'explosion fit voler en éclats la paroi rocheuse qui dévoila un sombre tunnel. Une odeur chaude et soufrée s'en exhala. Hiro le mineur s'en alla vivement à la suite de Julio en criant à Link :
"Maintenant débrouille-toi tout seul avec le monstre, je tiens trop à ma petite vie d'amour !".
La voie étant libérée, le héros avança d'un pas décidé dans l'antre de la bête.

Chapitre 13 : Temple de la montagne   up

Une chaleur encore plus écrasante que celle qu'il avait jusqu'alors endurée assaillit Link. Il marcha en direction d'une lueur rougeâtre qui le conduisit dans une espèce de cirque rocheux au fond duquel bouillait une mare de lave. Le jeune homme se pencha prudemment sur le bord pour juger de la hauteur qui le séparait du bas. Ce faisant, il s'aperçut qu'il y avait d'autres niveaux en dessous de lui. Un bruissement léger fit lever les yeux de Link qui eut juste le temps de s'abriter derrière son bouclier pour parer une soudaine nuée de flammes qui s'abattit sur son écu. Deux ombres noires volèrent un instant au-dessus de Link puis plongèrent dans le gouffre. Link réalisa alors qu'il venait de se faire attaquer par deux Saigneurs dont les ailes avaient été recouvertes du feu que les animaux s'apprêtaient à nouveau à aller puiser au fond du gouffre de lave. Le jeune homme attendit que les chauves-souris s'élèvent en sa direction pour les abattre au moyen de son boomerang. Débarrassé des gêneurs, l'aventurier entreprit de longer le bord du gouffre sur sa droite et arriva face à un long couloir d'où s'exhalait une chaleur infernale. Il emprunta le corridor qui le mena au bord d'un précipice au fond duquel s'étalait un immense lac de lave en fusion. Bloqué, l'explorateur fit demi-tour après que Déa lui fasse remarquer qu'une porte cadenassée se trouvait de l'autre côté de l'abîme. Link en conclut qu'il devait trouver un moyen de s'y rendre en empruntant peut-être un autre chemin. De retour au cirque rocheux, l'aventurier continua à longer le gouffre en direction de la gauche où il ne tarda pas à trouver un autre chemin. Il suivit le tunnel jusqu'à un endroit où celui-ci formait un coude puis il sentit ses pieds glisser sur le sol devenu soudainement lisse. Le jeune homme cria de surprise et chuta dans une espèce de toboggan qui, après maints chocs, le conduisit dans un autre corridor hanté par d'étranges limaces incendiaires.
"Ce sont des Feux visqueux ! avertit Déa. Étouffe leurs flammes avec ton épée puis achève-les avant que leur feu ne reprenne."
Link assena plusieurs coups de glaive sur les créatures qui moururent en laissant derrière elles des fioles d'huile qu'il s'empressa de verser dans la réserve de sa lanterne. La voie libre, l'aventurier alla au bout du couloir et s'arrêta net au bord d'une petite mare de lave qui lui barrait le passage. Il cherchait autour de lui un moyen de passer lorsque Déa l'interpella depuis la voûte.
"Eh ! Link ! Je crois que cette partie du plafond est abîmée."
Le jeune homme comprit qu'il devait déloger les pierres pour que celles-ci, en tombant, viennent former un passage au-dessus de la roche fondue. Après plusieurs coups de boomerang, la voûte s'effrita et comme il l'augurait, les rochers eurent vite fait de recouvrir la lave, lui permettant ainsi de traverser sans dommage. Une fois sur l'autre rive, l'explorateur vit qu'il entrait dans un tunnel dont l'extrémité conduisait à un escalier menant à l'étage supérieur tandis qu'à mi-parcours du tunnel, une trouée dans la paroi le confrontait à la lave qui emplissait le fond du cirque. Des pierres disposées ça et là dans la mare formaient un passage jusqu'à une berge où le jeune héros aperçut un coffre. Link entreprit de traverser l'obstacle en sautant de pierre en pierre jusqu'à la malle de bois. Dans sa traversée, des Tetdoss rouges entourées de leur auras ardente jaillirent de la lave et tentèrent de le blesser. L'aventurier en fendit bon nombre en deux avant de pouvoir arriver à son objectif. Là, il ouvrit le coffre et en extirpa une carte qui lui révéla la géographie des lieux. L'explorateur apprit qu'il était au quatrième sous-sol après avoir dévalé le toboggan depuis le rez-de-chaussée. Il retourna sur ses pas et emprunta l'escalier situé au fond du couloir pour arriver au seuil du troisième sous-sol. À cet endroit, le jeune héros trouva deux chemins. L'un condamné par une porte scellée et l'autre menant à un second escalier qu'il gravit pour arriver au deuxième sous-sol. Là, il eut à affronter un Feu visqueux et deux Saigneurs dont il se débarrassa sans soucis. En prenant à sa droite, le jeune homme arriva dans une petite salle où un Dinolfos crachant le feu l'attendait. S'abritant derrière son bouclier, Link attendit que l'animal cesse de cracher des flammes pour se ruer contre lui et lui enfoncer son épée dans l'abdomen. La créature eut un cri mêlé de surprise et de douleur puis chuta inerte à terre. Un coffre apparut et l'aventurier en sortit une boussole. L'instrument lui indiquait l'emplacement d'un objet situé à l'étage supérieur. Le jeune héros prit un autre escalier et arriva au premier sous-sol où il trouva une petite clé. Link se souvint de la porte cadenassée du troisième sous-sol et fit demi-tour. Arrivé devant ladite porte, il ôta les lourdes chaînes qui l'encombraient et entra dans une salle sentant le soufre. La porte par laquelle il venait d'entrer se referma brusquement et des barreaux vinrent en verrouiller l'accès. Aussitôt des masses brunes et grondantes surgirent du sol et se mirent à rouler en direction du héros.
"Attention Link ! avertit Déa. Ce sont des Nejiron ! Ils sont bourrés d'explosif ! Ne les laisse pas s'approcher de toi !"
Le jeune homme se mit à courir dans la pièce en évitant de croiser les créatures sentant le soufre. Sa folle cavalcade ne servait cependant à rien car peu à peu il se vit acculer et il lui fallait trouver un moyen de se débarrasser de ses ennemis. Son boomerang ne fit rien de plus que de rebondir sur le dos cuirassé des Nejirons et d'attiser leur colère. Link usa alors d'une noix mojo pour aveugler ses assaillants. Celle-ci eut pour effet de perturber l'un d'eux qui se télescopa avec un autre Nejiron, provoquant une formidable explosion. Le jeune héros profita alors de l'espace libre pour se réfugier de l'autre côté de la pièce tandis que les Nejirons reprenaient leur course dans l'autre sens. Fort de sa première expérience, il usa du même subterfuge mais rata son attaque. Il esquiva juste à temps un Nejiron qui vint entrer en collision avec le mur. La déflagration blessa Link et le projeta plus loin au sol. L'aventurier se releva péniblement et vit venir à lui trois Nejirons. Il éclata une noix mojo et roula de côté, ses adversaires se percutèrent et s'envolèrent en fumée. En se débarrassant de ses ennemis, il réussit ainsi à libérer la porte de sortie de ses barreaux et fit apparaître un coffre renfermant un curieux objet. L'aventurier considéra le sac brunâtre qu'il venait de trouver.
"C'est un sac de bombes fait en peau de Nejiron ! commenta la fée Déa. Il peut contenir jusqu'à vingt bombes !"
La main du jeune homme plongea dans l'étui de cuir et entra en contact avec quelque chose de froid et métallique. Link en sortit un objet quasi-sphérique de couleur bleutée au sommet duquel pendait une courte mèche.
"Voilà quelque chose qui me sera bien utile", pensa-il en contemplant l'explosif dans sa main.
Il remit l'objet dans le sac et attacha ce dernier à sa taille, lesté d'un poids conséquent. Il sortit de la salle et, en se guidant de sa carte, emprunta l'escalier devant le mener au rez-de-chaussée. Après avoir gravi quelques marches, Link se trouva confronté à un obstacle. Un mur de pierre lui barrait le chemin. Le jeune homme enflamma l'un de ses explosifs et alla se réfugier avant que la paroi ne cède sous la déflagration de la bombe. Le passage libéré, il poursuit sa montée des marches et arriva devant un second mur qu'il fit là encore exploser non sans avoir au préalable pressé un curieux bouton situé à sa gauche contre le mur. La bombe venait de libérer l'accès vers le rez-de-chaussée et conduit Link jusqu'au hall d'entrée. Là, il longea la corniche par la droite, passa devant l'entrée du temple puis regagna le couloir au fond duquel se trouvait le toboggan. Là, il glissa à nouveau dans le conduit qui se révéla moins long que la première fois. En effet, Link fut arrêté dans sa descente au troisième sous-sol, le toboggan ayant été condamné à ce niveau par une paroi que le mystérieux bouton enclenché auparavant par Link avait dû faire apparaître. Face au héros, une paroi friable qu'une bombe n'eut aucun mal à pulvériser en miettes. Le jeune homme s'avança vers une vive lueur rouge et fut étreint par une chaleur étouffante. Il réalisa qu'il se trouvait au-dessus du lac de lave qu'il avait précédemment aperçu depuis le rez-de-chaussée. Là, il suivit une petite corniche qui le conduisit jusqu'à une colonne de vapeur que projetait par intermittence une longue cheminée volcanique située en contrebas.
"Eh ! s'exclama Déa. Cette vapeur monte jusqu'à la corniche que j'aperçois là haut. La vapeur agit comme un ascenseur !"
Link regarda d'un air dubitatif la colonne de fumée qui s'élevait violemment dans les airs avant se dissiper en de fins nuages.
"N'aie pas peur ! Saute !" encouragea la petite fée.
Le jeune homme attendit que la cheminée volcanique se mette à gronder pour se jeter dans le vide. Link chutait avec rapidité vers la mare de lave et maudissait déjà Déa lorsqu'une soudaine rafale vaporeuse l'enveloppa et le projeta avec force en direction du haut. En quelques secondes, il arriva à proximité de la corniche que la petite fée avait précédemment signalée. L'aventurier sauta dessus avant que la pression de la colonne d'air chaud ne retombe et que la vapeur ne se dissipe. Il examina alors l'endroit qu'il venait d'atteindre. Il se trouvait sur une mince bordure rocheuse autour de laquelle ce n'était que le vide abyssal. Link rassembla tout son courage pour ne pas céder au vertige et leva les yeux en direction d'un interrupteur translucide que Déa lui indiquait. Le boomerang de l'aventurier siffla dans l'air étouffant de la caverne et vint s'abattre sur le cristal qui s'illumina et mit en branle un mécanisme qui fit descendre de la voûte une passerelle de bois venant s'intercaler entre l'endroit où se tenait le héros et le promontoire rocheux conduisant au cirque. Avant de prendre la direction de l'entrée du temple, Link avisa un de ces curieux boutons qu'il enclencha. Arrivé au cercle de pierre, il prit à nouveau la direction du toboggan et se laissa emporter par le conduit qui le déposa cette fois au premier sous-sol. Là, le jeune héros fit céder une nouvelle paroi rocheuse et se retrouva à nouveau au-dessus de l'étendue magmatique. Un long chemin situé à sa droite le conduisit juste devant une autre colonne de fumée qu'il emprunta. Il arriva sur une nouvelle corniche où il trouva un second interrupteur et un autre bouton qu'il actionna. Une nouvelle passerelle apparut et reconstitua une autre portion du chemin devant conduire l'aventurier vers la grande porte cuivrée qu'il pouvait apercevoir au loin. Comme Link le supposait, le bouton qu'il avait actionné avait changé le temps de glissade du toboggan et cette fois-ci, il le déposa au deuxième sous-sol. Le jeune homme fit céder un mur qui lui barrait le chemin et arriva dans une vaste salle au centre de laquelle brûlait un grand brasier. Lorsqu'il posa ses pieds sur le dallage qui recouvrait cette pièce, une herse s'abattit derrière Link et bloqua l'issue. Au même moment, un rire hostile emplit la salle. Jaillissant du brasier, un être au corps de feu se mit à tourbillonner tel un valseur fou. L'individu projetait des flammèches qui se déplaçaient en direction du jeune homme. Celui-ci les écrasa avec son épée mais fut vite débordé et souffrit de la brûlure que lui causaient les flammes mobiles. Pendant que le héros tentait d'éloigner les flammèches de sa personne, le valseur igné exécuta un tour du brasier et dirigea sa course vers Link qui ne le vit pas arriver et reçut un formidable coup de pied ardent en plein visage. Son agresseur ricana et plongea dans le brasier pour en ressortir à nouveau et poursuivre sa manoeuvre d'attaque.
"Il semble qu'il ait besoin de ses flammes pour se battre, observa Déa. Si tu éteins son feu, ton ennemi sera vulnérable."
Link hocha la tête et mit en pratique les conseils de la fée. Le jeune homme enflamma une bombe et la jeta sous son ennemi tandis qu'il exécutait sa danse. La déflagration blessa l'individu mais surtout souffla ses flammes. L'être de feu perdit son corps igné et apparaissait désormais sous la taille d'une petite créature noire munie de deux petits pieds qui sautillait sur le dallage. Link fondit sur son ennemi et lui assena deux coups d'épée avant que celui-ci ne réussisse à retourner dans le brasier. L'être hurla de douleur et se réfugia dans le bûcher pour en sortir quelques instants après, paré d'un nouvel habit ardent, violet celui-ci. Link profita à nouveau de la valse de son adversaire pour utiliser un explosif qui dissipa son habit mauve. Le jeune aventurier taillada le danseur incendiaire de nombreux coups d'épée avant que celui-ci ne retourne au coeur du braiser. L'individu sortit une dernière fois des flammes, vêtu d'un corps verdâtre. Link renouvela sa stratégie d'attaque et eut raison de son ennemi. En mourant, celui-ci déclencha un mécanisme qui fit apparaître au milieu du brasier dépérissant un coffre turquoise dans lequel le jeune aventurier trouva la clé du donjon. Link plongea l'objet dans sa poche et fit demi-tour. Déa le retint un instant en l'avertissant de la présence d'un cristal transparent serti au plafond de la pièce. L'explorateur utilisa alors son boomerang et l'interrupteur réagit en s'illuminant : au rez-de-chaussée, la dernière portion de la passerelle venait de se mettre en place. Le jeune homme retourna dans la cage du toboggan, celui-ci avait encore changé et lui permit de gagner le quatrième sous-sol depuis lequel il dut remonter en direction du rez-de-chaussée par les nombreux escaliers que renfermaient les niveaux. Ensuite, le héros alla en direction de la porte cuivrée derrière laquelle, il le savait, l'attendait le "monstre aux grands yeux rouges crachant des flammes" comme l'avaient décrit les mineurs de la montagne. Il engagea la clé dorée dans le cadenas cuivré qui retenait les portes du boss du donjon. Les chaînes cédèrent. Il entra.

Une chaleur oppressa la poitrine de Link. Des volutes de fumées épaisses s'échappaient de cheminées volcaniques et accentuaient l'odeur de soufre qui brûlait les sens du jeune aventurier. Link venait de pénétrer dans une vaste caverne dans laquelle un ballet de flammes errait entre les grandes stalactites noirâtres de la voûte. Le brasier aérien tourna quelque temps au plafond puis se mit à descendre vivement en direction du héros qui réalisa à ce moment que cette nuée flamboyante était en fait le dragon Volcania. Ce dernier se posa lourdement sur le sol et ouvrit grande la gueule pour faire entendre un grondement terrifiant. Il déploya ses deux ailes et défia du regard l'intrus comme pour le tétaniser de peur. Le jeune homme ne se laissa pas impressionner par la masse rougeoyante et brandit bravement son glaive. L'animal eut un nouveau cri comme pour manifester son amusement face au ridicule petit homme vert qui osait lui tenir tête. Volcania prit son envol et commença à tourner autour de Link comme le ferait un requin avant de dévorer sa proie. Le héros suivait attentivement du regard les ronds que le dragon esquissait dans le ciel.
"Son point faible est son museau", informa Déa qui s'était courageusement approchée de Volcania afin d'identifier une faille chez l'animal.
Link sortit son boomerang et tenta de le diriger sur le dragon. L'arme courbe ne réussit qu'à ricocher sur les écailles du monstre volant sans que celui-ci ne s'en émeuve.
"Ça ne marchera pas comme cela ! constata Déa. Essaye plutôt de faire tomber les rochers situés au-dessus du dragon !"
Le héros propulsa son boomerang en direction de la voûte. L'arme rencontra de nombreuses stalactites qui cédèrent à son passage et vinrent s'écraser sur le dos écailleux du dragon. Ce dernier fut déséquilibré par les chutes de pierres et se retrouva au sol à rugir. Link en profita alors pour aller lui asséner un coup de glaive mais l'animal se défendit en crachant un torrent de flammes. Le jeune homme reçut la décharge ardente de plein fouet et hurla de douleur. Le dragon en profita pour se débarrasser des gravats qui lui pesaient sur le dos et s'envola à nouveau, crachant quelques gerbes de feu en direction du sol. Link souffrait horriblement de ses blessures mais il voulait sa revanche. Il réitéra sa stratégie mais au lieu de se précipiter à la rencontre du dragon, il jeta une bombe en direction de l'animal. Ce dernier cracha une colonne incendiaire sur le curieux objet que son assaillant venait de lui jeter. L'explosif éclata et meurtrit le visage du lézard.
"Nous sommes quittes !" pensa Link en regardant Volcania s'élever à nouveau dans les cieux.
Le monstre volant tourna lentement au-dessus du héros, crachant de temps à autre du feu que ce dernier esquiva par des bonds de côté puis Link lança son boomerang dans les airs afin de décrocher encore quelques stalactites de la voûte. Celles-ci s'écrasèrent sur le dos du dragon qui piqua vers le sol. L'aventurier l'accueillit en lui lançant un explosif. L'exercice continua ainsi jusqu'à ce que le dragon et l'homme soient mutuellement épuisés. Mais ce fut le jeune héros qui triompha de son ennemi. En effet, alors que Link venait de jeter sa dernière bombe, celle-ci explosa au nez de Volcania et le retour de flamme alla lui brûler la gueule. Le dragon secoua sa crinière de feu et son corps fut parcouru d'un immense frisson qui fit dresser ses terribles écailles. Le lézard chancela quelques instants et s'effondra sur le sol. La poitrine du reptile volant se souleva une dernière fois puis se figea, le dragon était mort. Link s'empara du coeur d'énergie qui apparut au milieu des restes fumants de l'animal. Il toisa un instant le monstre en passant puis se dirigea dans une petite galerie située au fond de la grotte. Au bout du tunnel, il trouva un Dodongo piégé sous des éboulis.
"Aide-moi à me débarrasser de ces rochers !" implora la créature.
Link fit exploser les pierres et libéra le lézard de son entrave minérale. Celui-ci se leva en remuant ses écailles et bomba le torse en crachant du feu, ravi d'avoir été libéré.
"Merci, petit homme. Je m'appelle King et je suis le chef des Dodongos, se présenta l'animal. Je suis prisonnier de cette grotte par la faute de mon frère Gorni. Le traître ! Il a voulu ma mort en m'enfermant avec ce dragon puant de Volcania ! Mais maintenant que je suis libre et que le monstre est mort, Gorni va connaître ma colère ! Raaa !"
King laissa échapper de sa gueule une colonne de feu qui vint s'abattre sur les rochers obstruant la sortie de la grotte. Ceux-ci fondèrent instantanément sous la chaleur des flammes. Les pierres laissèrent pénétrer la lumière de l'extérieur et Link retourna à l'air libre. Là, le jeune homme se rendit compte que la sortie du tunnel débouchait sur un petit plateau d'où une immense cascade d'eau descendait bruyamment dans la plaine d'Hyrulon. Le chef des Dodongos ne s'attarda pas à contempler le paysage et s'en alla en roulant rageusement vers son village. Link se mit alors à le suivre et assista juste à temps aux règlements de compte entre les deux frères. Une rafale de feu jaillit de la porte de la hutte du chef et Gorni apparut, traîné par son aîné. Ce dernier infligea une sévère correction à son frère qui, tout penaud de sa déculotté, retourna dans son ancienne maison et n'en sortit plus. King se tourna alors en direction de son sauveur, son visage rageur avait fait place à un large sourire :
"J'ai appris que tu étais à la recherche de la corde goronne et que tu voulais te rendre dans la Vallée des dolmens, la demeure des Gorons, déclara le reptile. Nous, les Dodongos, pour te remercier de m'avoir sauvé, allons t'aider à détruire les rochers qui condamnent l'accès de cet endroit."
Les lézards géants se rendirent tous devant les rochers et la puissance de leurs flammes fit le reste. Link put enfin poursuivre sa route et pénétrer dans la Vallée des Gorons.

L'endroit était solennel. De multiples blocs rocheux occupaient la moitié de la vallée en dessinant des espèces de demi-cercles concentriques qui irradiaient en direction d'un immense bâtiment branlant construit à même la roche. Link descendait tranquillement le sentier menant à la vallée lorsqu'un énorme rocher sur le bord de la route se mit à bouger. Le jeune homme sortit son épée et se plaqua contre son bouclier. Le bloc rocheux bougea à nouveau et se dressa en grognant. Link comprit alors que ce qu'il avait pris pour un rocher était en fait une gigantesque créature ressemblant à un ours. Il alla à sa rencontre.
"Hum ? Oh ! Un visiteur ! Voilà bien longtemps que Médiggoron en a vu ! s'exclama l'animal en frottant ses yeux ensommeillés. Que cherches-tu en cet endroit reculé, humain ?".
Les deux petits yeux noirs de l'étrange ursidé regardaient avec curiosité le frêle individu qui se tenait devant lui, armé de ce qui semblait être un cure-dent et une coquille de noix.
"Je suis à la recherche de la corde des Gorons, pouvez-vous m'indiquer où se trouve leur village ? demanda le jeune homme.
- Le village des Gorons ? s'étonna le colosse. Mais tu y es ! Les Gorons sont ici... enfin, étaient ici. Ils ont disparu voilà bien longtemps de cela, petit homme. Ils ont été victimes de leur gourmandise : les cailloux. Ils en ont trop mangé ! Et vois maintenant ce qu'ils sont devenus ! Des pierres ! Je suis le dernier des Gorons et je veille sur eux", expliqua Médiggoron en affichant une mine attristée après avoir désigné les monolithes qui occupaient la vallée.
"Quant à la corde, reprit-il, elle doit se trouver dans le mausolée goron. Les chefs gorons portaient tous autour de leur cou une corde qu'ils se transmettaient de génération en génération...".
Médiggoron s'arrêta dans son monologue, contempla un instant Link, puis, estimant qu'il avait assez parlé pour aujourd'hui, se mit en boule et reprit aussitôt sa sieste. Le héros s'avança alors au centre de la vallée et pénétra dans le mausolée. À l'intérieur, il trouva une torche qu'il alluma. Celle-ci déclencha un mécanisme qui enflamma tous les autres flambeaux qui bordaient le long tunnel du tombeau. Sur les murs et le plafond de la galerie étaient figurés des Gorons dans leurs activités quotidiennes : jouer, manger, dormir. Link s'enfonça au plus profond du mausolée et arriva devant une lourde porte sur laquelle était peinte en noir une main goronne. Il fit exploser la paroi et pénétra dans la chambre funéraire. Celle-ci était de forme ovale et bordée de statues de granit représentant les chefs de tribu qui s'étaient succédé. Link avança sous leurs regards menaçants et s'approcha d'une haute statue d'albâtre qui dominait les autres depuis le piédestal sur lequel elle avait été posée. Les yeux de l'aventurier se portèrent sur un mince cordon brun qui entourait le cou de l'effigie d'albâtre. Le jeune homme s'empara de la corde et la noua sur sa lyre avant de s'en aller précipitamment en direction de la sortie afin d'échapper aux regards inquisiteurs des statues. Il sortit de la vallée muni de sa troisième corde et Déa l'informa que l'Arbre Nojo voulait lui parler. Le héros se mit donc en route pour la Forêt Rikiko en nourrissant l'espoir de pouvoir bientôt serrer dans ses mains la quatrième corde de l'Oiseau-lyre.

Chapitre 14 : Péripéties sylvestres   up

Link respirait à pleins poumons l'air frais et odorant de la forêt, ne regrettant nullement celui de la montagne. Il était revenu sous l'ombrage des bois pour aller trouver l'Arbre Nojo dans sa clairière lumineuse.
"Tu progresses dans ta quête Link. Tu as déjà trois cordes en ta possession, félicita le vénérable saule. La quatrième corde se trouve dans cette antique forêt. Ce sont les Rikikos qui en sont les gardiens. Ils habitent sur une île au milieu du Lac Sacré à l'est d'ici, ajouta-t-elle. Link, pour trouver les Rikikos, il te faudra sans doute "voler". Suis bien les conseils que Déa pourrait te donner et sois attentif à ce qui t'entoure, cette vieille forêt est emplie de magie."
Link sortit de la clairière et prit le sentier du sud devant le conduire vers la plaine. À mi-chemin, Déa attira l'attention de Link sur un étrange interrupteur accolé à un tronc d'arbre.
"Cet interrupteur doit sans doute servir à quelque chose, essaye de l'atteindre."
Voyant nulle liane ou prise sur l'arbre permettant au jeune aventurier d'aller activer l'interrupteur manuellement, il réfléchit un instant puis sortit triomphalement son boomerang. D'un coup bien ajusté, l'arme siffla dans l'air et frappa l'interrupteur. Un mécanisme s'enclencha et une barrière végétale qui dissimulait un chemin tomba. Link réceptionna le boomerang puis s'engagea dans ce nouveau sentier. Au fur et à mesure de sa progression, il put se rendre compte que la route le dirigeait vers l'est. Bientôt la piste bifurqua en deux autres voies. Link opta pour celle de gauche. Au fil du sentier, le paysage autour du jeune homme changea. Les arbres se firent de plus en plus rares au profit de hautes fougères et de roseaux tandis qu'au bout de quelques mètres, Link aperçut le reflet turquoise d'une étendue d'eau.

Le Lac Sacré était immense. Une nappe de brume courait sur l'eau, empêchant l'aventurier de voir la rive opposée. Dans le brouillard, un point lumineux attira l'attention du jeune homme. En regardant plus attentivement, il put entrevoir une petite masure qui bordait le lac plus au nord. Il longea l'étendue d'eau par la gauche et arriva bientôt près de la maison. Celle-ci était une petite bâtisse de pierre moussue à l'aspect chancelant. Une cheminée laissait s'échapper une fumée moutonnante, signe que quelqu'un l'occupait. Le jeune aventurier poussa la petite porte de l'enclos qui enserrait la maison et arriva au beau milieu d'un potager sauvage. Sa venue fut accueillie par une voix hostile :
"Que viens-tu faire ici, étranger ? Tu n'as rien à y faire ! Allez ! Ouste ! dit un épouvantail affublé d'un chapeau de sorcière et à l'air menaçant. Tu n'as pas entendu ce que j'ai dit ? Va-t'en ! On n'aime pas les inconnus par ici !" ajouta-t-il en agitant furieusement un balai qu'il serrait dans sa main droite.
Les vociférations de l'être de paille avaient été entendues par l'occupant de la maisonnée puisque Link aperçut une silhouette qui regardait à l'extérieur par l'unique fenêtre de l'habitation. L'ombre disparut et la porte de la chaumière s'ouvrit sur une vieille femme aux cheveux noués en chignon sur sa tête. Elle portait une longue robe marron et tenait un balai à la main.
"Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Qui fait tout ce boucan ?" interrogea-t-elle.
Le regard de la femme s'arrêta sur Link. Elle le dévisagea un long moment puis le questionna :
"Que viens-tu faire ici étranger ?
- Nous embêter ! clama l'épouvantail en gesticulant furieusement sur son piquet.
- Tais-toi ! Je ne t'ai rien demandé ! répliqua sèchement la vieille femme. Que viens-tu faire ici, jeune étranger ? répéta-t-elle en se tournant à nouveau vers Link.
- Je suis un aventurier parti à la recherche de la corde de la forêt et j'essaye de trouver un moyen de me rendre chez les Rikikos, expliqua le jeune héros.
- La corde de la forêt, dis-tu ? reprit-elle en grattant son menton duveteux. Tu n'es pas le premier à la rechercher, jeune homme. Il est difficile de l'obtenir pour la simple et bonne raison qu'elle est aux mains des Rikikos et que personne ne sait où ils se sont... Enfin presque personne. Hi ! Hi ! Hi ! ajouta-t-elle en ricanant.
- Pouvez-vous m'aider à me rendre chez les Rikikos, madame ? Il faut absolument que je les trouve. L'avenir d'Ysar en dépend ! s'écria le jeune homme d'un ton pressant.
- Je le peux, répondit laconiquement la vieille femme.
- Dites-moi si je peux vous être utile d'une quelconque manière afin que vous acceptiez de m'aider, demanda Link comprenant qu'il n'obtiendrait rien de son interlocutrice sans contrepartie.
- J'espérais bien que tu me le demanderais, s'exclama-t-elle. Il y a bien un service que tu peux me rendre. Je me suis fait voler ma canne ! Je suis une vieille et pauvre femme, se lamenta-t-elle. J'ai besoin de soutien pour marcher et ces maudits brigands des bois me l'ont volée ! Si tu me la rapportes du repaire des voleurs alors je serais disposée à t'aider.
- C'est entendu, je vais reprendre votre canne des mains des voleurs.
- Fais bien attention, les brigands ne te faciliteront pas la tâche ! avertit la vieille femme.
- Où demeurent-ils ? s'enquit Link.
- Ils habitent au sud d'ici. Pour les trouver, il te suffit de reprendre le chemin par lequel tu es arrivé puis celui qui descend vers le sud de la forêt."
Link rebroussa chemin et arriva au carrefour où il emprunta le chemin qu'on lui avait décrit. Le jeune héros avait l'étrange impression d'être observé. Des bruissements dans le feuillage des arbres l'alertèrent et il sortit son épée. Déa avait pris de l'altitude et surveillait les alentours.
"Link ! s'écria-t-elle. Vers ta droite, il y a un bouquet d'arbres étrange. On dirait qu'il y a des constructions. Ça doit être le camp des brigands... Attention !"
À peine la petite fée eut-elle le temps d'avertir son compagnon que trois bandits surgirent de derrière un fourré. Le jeune aventurier fut surpris de l'aspect de ses assaillants. Ils étaient de petite taille et étaient habillés de feuillages. Deux petits yeux lumineux et une bouche ressemblant à un bec d'oiseau constituaient leur visage. Les bandits attaquaient au moyen de sarbacanes lançant des fléchettes aiguisées. Link évita les traits en se réfugiant derrière son bouclier. Les brigands redoublaient leurs tirs et firent bientôt cercle autour de l'intrus. Le jeune homme se sentit perdu mais c'était sans compter sur Déa qui vrombit sur l'un des ennemis et le fit reculer d'effroi. Link profita de cette diversion pour aller frapper l'un des bandits. Celui-ci poussa un cri de surprise puis tomba inerte sur le sol. Le jeune homme reprit sa position défensive, esquivant de justesse un nuage de dards. La fée renouvela son attaque aérienne mais sans résultat. Link tendit alors son épée derrière lui puis s'approcha lentement de ses deux ennemis. La lame sheikahne se mit à luire faiblement. Alors qu'il se trouvait non loin de ses assaillants, le héros se leva brusquement et tourna sur lui-même, exécutant une attaque cyclone. L'onde de choc fracassa les deux bandits contre un arbre. Débarrassé de ses ennemis, Link se dirigea vers l'endroit que lui avait indiqué Déa. Il tenta de se faire discret tout en sachant que les trois bandits qu'il venait d'occire avaient sans doute déjà donné l'alerte. Toutefois, il avançait, couché sur le ventre, rampant précautionneusement vers un escalier qui s'enroulait en montant autour d'un arbre séculaire. Le jeune héros gravit vivement les marches et arriva sur une espèce d'esplanade suspendue dans les airs. Là, il aperçut deux gardes qui patrouillaient visiblement informés de sa venue car ils n'avaient cesse de se pencher de temps à autre vers le bas pour regarder s'ils ne l'apercevaient pas. Profitant d'un instant où ils se penchaient tous deux, le jeune aventurier leur fit un croc-en-jambe et les fit basculer par-dessus la rambarde de corde. Link put traverser la place mais se rendit compte qu'au-dessus de lui des archers l'avaient vu. Abrité derrière son bouclier, il prit l'escalier menant aux étages supérieurs. Muni de son boomerang, il réussit à triompher de quelques archers et croisa aussi de temps à autre le fer avec des gardes qui bondissaient de leur cachette. Link finit par atteindre le dernier étage et arriva devant une large hutte de branchage. Il entra. À l'intérieur le chef des bandits l'attendait armé d'un long bâton. Le jeune homme exécuta une attaque assaut avec son épée mais à sa grande surprise, son ennemi disparut subitement pour réapparaître aussitôt derrière lui pour lui asséner un coup de canne sur la tête. Link monta sa garde et, au moyen de son boomerang, tenta de toucher le bandit mais celui-ci esquiva. L'aventurier se souvint alors du conseil que lui avait donné Impa : "Utilise les noix mojo pour te soustraire à la vue de tes ennemis". Link saisit une noix mojo et la lança sur le sol. Celle-ci explosa et un éclat de lumière vive envahit l'espace. Le bandit fut désorienté, c'est ce qu'espérait le héros qui se repositionna et frappa de son épée l'ennemi. Celui-ci poussa un cri de douleur puis disparut. Le jeune homme se réfugia précipitamment derrière son bouclier parant de justesse l'attaque surprise du bandit. Link renouvela sa technique qui s'avéra payante. Le chef des brigands, blessé et à bout de souffle, un genou à terre, s'avoua vaincu. Il tendit alors son bâton à son adversaire.
"Prends cette canne que tu es venu chercher et rends-la à la sorcière du lac, déclara le voleur. Tu es un redoutable guerrier, ajouta-t-il, admiratif. Aussi permets-moi de te récompenser en faisant de toi un membre d'honneur du cercle des voleurs ainsi que ce masque de mort, signe de ton appartenance au clan."
Link accepta le présent que le chef des brigands lui fit puis sortit. En redescendant de la cité perchée des voleurs, le jeune homme fut surpris par les témoignages amicaux que lui prodiguèrent les bandits qu'il avait combattus auparavant. Il venait d'être adopté par le clan. Il prit congé de ses drôles de nouveaux "amis"et alla rendre la canne à sa propriétaire. Celle-ci le remercia et lui apprit où se trouvaient les Rikikos :
"Ils demeurent sur une île au milieu du lac. On ne peut pas la voir car il y a trop de brume et aussi parce que l'île n'est jamais à la même place."
Link fronçait les sourcils, il ne comprenait pas ce que la femme lui disait.
"Aussi étrange que cela te paraisse, l'île des Rikikos se déplace sur le lac, c'est pourquoi il est difficile de la trouver, expliqua la vieille. Le seul moyen de t'y rendre c'est de la chercher en volant au-dessus de l'eau. Mais tu ne sais pas voler n'est-ce pas ?"
Link secoua la tête de façon négative.
"C'est bien ce qu'il me semblait. Il te faut trouver un moyen de locomotion. Tu vois ce trou dans la terre ? déclara la femme en désignant un endroit de terre fraîchement retourné. Il te faut planter un haricot magique. Le plant te permettra de voler au-dessus des flots. Mais même si tu plantes un haricot, tu es de toute manière trop lourd et trop grand pour qu'il puisse te porter. Il te faut devenir plus petit."
Link ne comprenait décidément pas tout ce que lui disait la vieille femme. Il se demandait même si elle n'était pas un peu folle.
"Je vois que tu as un instrument enchanté avec toi, poursuit-elle en désignant de son doigt crochu l'Oiseau-lyre. Prends-le et écoute..."
Un soudain silence s'installa puis la femme de sa voix nasillarde entonna une obscure mélodie. Link comprit qu'il devait essayer de la reproduire au moyen de sa lyre. Lorsque la dernière note vibra sur l'Oiseau-lyre, le jeune homme eut une sensation de picotement qui lui parcourut tout le long du corps. Il vit le paysage s'allonger et devenir plus grand qu'il ne l'était initialement. Ses jambes sentirent de façon plus nette le contact de l'herbe grasse sur sa peau. Link vit ce qui lui était jusqu'à présent étranger, il avait rapetissé ! Il n'était désormais pas plus haut qu'un petit caillou !
"Hi ! Hi ! Hi ! ricana la sorcière en penchant sa face fripée en direction du mini-Link. Tu as juste la taille qui faut pour monter sur un haricot et aller sur l'île des Rikikos... Qu'attends-tu pour planter un haricot magique ?"
Link fit mine de ne pas en avoir sur lui.
"Oh ! Comme c'est dommage ! Tu ne peux pas te rendre chez les Rikikos sans haricot magique ! Et te voilà tout petit ! déplora la vieille. Joue la mélodie à l'envers pour retrouver ta taille normale."
Link fit courir ses doigts sur sa lyre et redevint grand.
"Tu dois trouver des haricots magiques sans ça, tu ne pourras mener à bien ta quête !"
La vieille femme s'en retourna chez elle et laissa Link pensif. Ce dernier conserva un moment la tête penchée vers le sol, réfléchissant sur le moyen de trouver des haricots magiques.
"Peut-être au Bourg Ysar, chez un marchand, j'ai aperçu plusieurs échoppes sur la place..." se disait-il.
"Te voilà bien ennuyé, déclara une voix désagréable que le jeune homme reconnut comme étant celle de l'épouvantail. Tu ne sais pas où trouver des haricots magiques, c'est ça, hein ? poursuivit l'être de paille d'un air narquois.
- Tes sarcasmes ne m'intéressent pas ! lâcha Link en s'éloignant.
- Attends ! dit l'épouvantail d'un ton impérieux. Tu ne trouveras jamais seul les haricots magiques pour la simple et bonne raison qu'il n'y a qu'une seule personne qui les cultive. Celle-ci est un énorme glouton qui garde jalousement ses graines pour les manger. Je le sais parce que c'est mon ami du Marais Interdit qui me l'a dit. Maintenant va-t'en et laisse-moi tranquille !" tonna l'être de paille en tournant le dos au jeune homme.
Link n'osa pas remercier l'épouvantail pour les informations qu'il lui avait fournies à demi-mot. Il sortit sa lyre et exécuta le Chant des moissons. Une brusque tornade apparut, enveloppa le musicien et s'éleva dans les airs en l'entraînant. Avant de perdre de vue la maison de la sorcière, il sembla au jeune homme que l'épouvantail avait souri et s'était mis à dandiner au son de la musique.

Chapitre 15 : À la recherche des haricots magiques   up

La tornade fit parcourir en un rien de temps plusieurs kilomètres à Link et le déposa doucement près de la mare aux grenouilles, non loin de l'épouvantail du marais qui l'accueillit jovialement :
"Quelle joie de te revoir aventurier ! Tu as rencontré mes amis Pierre et Boonoru autrement tu ne serais pas venu au moyen d'une tornade ! Ça décoiffe hein ? Ça fait toujours drôle la première fois mais on s'y habitue. Mon cousin l'épouvantail n'a jamais aimé ce moyen de transport, il perdait toujours son chapeau, ce qui le rendait furax ! Ha ! Ha ! Ha !"
L'être de paille se tordait de rire sur son piquet, manquant de chuter à terre.
"Mais je parle, je parle. Qu'es-tu venu faire ici ? Ce n'est pas pour les moustiques tout de même ! Saleté de bêtes ! dit-il en agitant ses bras en l'air chassant un essaim de ces suceurs de sang.
- Non, je suis à la recherche du vendeur de haricots magiques.
- Oh ! Celui-là tu auras du mal à le trouver ! s'exclama l'épouvantail. Il est tellement gourmand qu'il se cache pour pouvoir manger tranquillement ses graines. As-tu des bombes sur toi ?"
Link sortit un explosif de sa poche.
"C'est parfait ! Ça sera suffisant pour faire sauter le gros rocher qui cache son repaire. Va de l'autre côté de la rivière, tu le trouveras dans la Forêt des Mojo baba. Méfie-toi, ces plantes sont aussi redoutables que des moustiques ! Sales bêtes ! Prenez ça et ça !"
L'être de paille avait oublié Link et se battait contre un nuage d'insectes. Le jeune homme longea le cours de la rivière jusqu'au barrage des castors où il traversa la rivière et regagna la rive opposée. Là, il retourna dans la Forêt des Mojo baba et chercha du regard un gros rocher. Se frayant un chemin parmi la nuée de bouches hostiles des plantes carnivores, Link ne tarda pas à trouver un énorme roc. Il le fit sauter au moyen d'une bombe, libérant ainsi un petit sentier qui le mena à une grotte. Link entra. À l'intérieur, assis sur un large tapis, un gros bonhomme était en train de manger goulûment ce qui ressemblait à des graines.
"Que viens-tu faire par ici ? dit le goinfre d'un air méfiant, tout en mâchant bruyamment les graines qu'il extirpait fréquemment d'un grand sac de toile situé à côté de lui.
- Je viens chercher des haricots magiques.
- Ça risque de te coûter cher, répondit le glouton en serrant de plus près son sac de toile. C'est quarante rubis l'unité."
Link se retint de contester et sortit de sa bourse la somme nécessaire.
"Merci pour les rubis, dit le vendeur de haricots magiques en tendant une main baveuse. Voilà ta graine de haricots magiques." Le vendeur prit l'une des graines de son sac, la donna à Link et poursuivit son repas. Le jeune héros sortit de la caverne et joua de la lyre. En une fraction de seconde, il se retrouva aux bords du lac dans le potager de la sorcière de la Forêt Rikiko.

Chapitre 16 : L'île perdue des Rikikos   up

Le précieux haricot magique en main, Link s'empressa de l'enfouir dans le sol meuble. Un point vert apparut au milieu du terreau et se mua en une longue tige qui s'éleva lentement. Le végétal commençait à prendre forme. De longues feuilles s'étiraient gracieusement en éventail à la base du plant tandis que l'autre extrémité de la tige s'était recourbée en une crosse dorée. Link composa la Mélodie de la petitesse et monta sur le plant. Celui-ci s'éleva brusquement dans les airs et fila au-dessus du lac. L'avancée fulgurante du haricot magique obligea son occupant à s'agripper au pédoncule pour ne pas tomber dans le vide. Le mini-aventurier put de cette façon diriger la course du haricot au-dessus du lac. Le légume volant effleurait le lac, ridant le miroir cristallin sur son passage. Soudain, une ombre glissa sous l'onde puis, dans une gerbe d'eau, un poisson vorace tenta de gober Link. Ce dernier tira de toutes ses forces sur le pédoncule du haricot afin de gagner de la hauteur. Il évita de justesse la redoutable mâchoire de l'animal qui claqua dans le vide et disparut dans les ténèbres du lac. Échaudé par cette rencontre, l'apprenti pilote veilla à ce que le plant resta hors de portée de tout péril. Mais un étrange bourdonnement se fit bientôt entendre au-dessus de la tête de Link et attira son attention. Un énorme insecte volant, un draco-lule, pointait son aiguillon électrique vers le héros. Ce dernier se débarrassa de l'intrus en lui tranchant les ailes au moyen de son boomerang. Le jeune homme prit encore un peu plus de hauteur et profita d'un courant ascendant pour augmenter la vitesse du haricot magique. L'aventurier regardait tout autour de lui, tentant de repérer dans l'épaisseur de la brume quelque chose qui ressemblerait à une île. Soudain, une étrange colline couverte de verdure apparut droit devant. La vitesse du haricot était telle qu'il était impossible à Link d'éviter le pire. Le plant alla se fracasser contre le tronc d'un arbre tandis que le jeune homme chuta lourdement sur le sol moussu d'une forêt. Le héros se releva péniblement, la tête lui tournait. Il voyait les choses de manière confuse, il lui semblait que plusieurs personnes le regardaient. En effet, des petits êtres ailés étaient venus porter secours à Link : il venait de trouver les Rikikos ou plutôt les Rikikos venaient de le trouver. Celui qui paraissait être leur chef s'avança fièrement vers le jeune homme. Link regarda le visage du Rikiko. Il avait l'air d'un enfant, seuls ses yeux en amande trahissaient son âge. Son regard était empli de sagesse mêlée à de la méfiance vis-à-vis de l'intrus qui venait de tomber du ciel :
"Je suis Rikimido, chef des Rikikos. Qui es-tu étranger ? dit le petit être d'un ton peu chaleureux.
- Je m'appelle Link et je suis envoyé par la princesse Zelda.
- Connais pas, déclara le Rikiko. Es-tu venu ici pour la corde ?
- Oui", répondit Link.
Les Rikikos manifestèrent leur fureur en réaction aux propos de Link. Ce dernier comprit alors qu'il n'était pas le bienvenu.
"Tu es un des hommes de Ganon !" explosa le chef des Rikikos en dégainant une dague de dessous sa veste.
Link se mit en garde et attendit que le Rikiko attaque le premier.
"Ne faites pas ça !" dit une voix douce et mélodieuse.
Link regarda autour de lui, cherchant d'où provenait cette voix.
"Ici Link ! retentit la voix.
Le jeune homme leva la tête et aperçut dans le ciel un grand éclat de lumière. Il s'agissait de Déa ! Link l'avait oubliée sur le bord du lac et celle-ci avait suivi le haricot magique aussi vite qu'elle le put.
"Tu aurais pu m'attendre tout de même, Link ! dit la fée d'un ton grognon. Qu'est-ce qu'il y a ? continua-t-elle en voyant que son compagnon la regardait d'un air ébahi.
- Tu... tu as grandi ? balbutia Link.
- Ha ! Ha ! Ha ! pouffa Déa. Non, c'est toi qui as rapetissé ! Et oui, Link je suis aussi grande que toi !"
La fée se posa doucement sur le sol en esquissant un ravissant sourire. Déa avait cessé de remuer ses petites ailes bleutées et celles-ci retombèrent gracieusement le long de ses épaules. Elle tourna son visage angélique vers Link qui put mieux l'observer. Une longue chevelure bleue encadrait son visage d'albâtre et ses lèvres minces, comme dessinées au pinceau, ainsi ses yeux clairs avaient l'éclat du turquoise. L'apparition de Déa avait causé un fort émoi au sein des Rikikos. Ceux-ci regardaient d'un air ébahi la fée. Soudain Rikimido recula d'un pas et s'agenouilla devant l'étrangère et toute l'assemblée l'imita. La fée fut surprise par la ferveur des petits hommes et cherchait désespérément dans le regard de Link une réponse à ce qui se passait. Ce dernier était lui-même dépassé par les évènements et observait sans comprendre.
"Sois la bienvenue sur l'île des Rikikos, Divine fée, dit le chef des Rikikos d'une voix timide. Loué sois-tu Esprit de la forêt et pardonne ma conduite vis-à-vis du jeune étranger, je ne savais pas qu'il était l'un de tes serviteurs.
- Son serviteur ! s'indigna Link en colère. Déa m'accompagne, je suis le sauveur d'Ysar tout de même !"
L'assemblée des Rikikos ne semblait pas avoir entendu ses dires et commençait à entonner un mystérieux cantique aux Esprits de la forêt auxquels Déa venait d'être assimilé.
"Merci, merci, dit la fée visiblement gênée de tous les égards que les êtres ailés lui portaient. Merci mais vous n'avez pas à vous incliner devant moi, je ne suis qu'une fée et, comme le dit Link, j'accompagne celui qui doit sauver le monde d'Ysar.
- Tu es trop modeste Divin esprit, répondit Rikimido en levant ses yeux verts en direction de Déa. Laisse les Rikikos t'aider dans la tâche que tu as reçue.
- Ça ne serait pas de refus ! répliqua Link en croisant les bras, manifestement agacé par tout ce cérémonial. Où est la corde de la forêt ? L'avez-vous ?"
Rikimido baissa confusément les yeux puis murmura :
"Je l'avais en ma possession mais je l'ai perdue en explorant les profondeurs de l'île.
- Quoi ! explosa Link. Comment je vais faire pour la retrouver moi ?
- Calme-toi Link, dit Déa d'un ton doucereux. Ça nous prendra juste un peu plus de temps, c'est tout. As-tu une idée de l'endroit où tu l'as perdue, Rikimido ?
- Je crois que l'ai égarée lorsque j'ai voulu échapper au monstre des profondeurs qui hante notre île. Je crois que j'ai fait tomber la corde dans son antre, avoua le chef des Rikikos.
- La bonne affaire ! s'exclama Link visiblement de plus en plus odieux avec le Rikiko. Je suppose que c'est à moi d'aller trouver le monstre et de retrouver la corde ? C'est toujours la même chose ! J'en ai...
- Ça suffit ! Tu ne vas pas lui reprocher d'avoir essayé de sauver sa vie tout de même ? Si nous sommes ici c'est pour retrouver la corde et débarrasser Ysar des sbires de Ganon ! cria Déa en virant au rouge. Dis-moi, reprit la fée en se tournant vers Rikimido, peux-tu nous conduire à l'entrée de l'antre du monstre souterrain ?
- Je peux t'y conduire à l'instant, Divine fée, répondit le chef des Rikikos.
- Alors allons-y !" clama Link, impatient.
L'être ailé guida les deux aventuriers dans les bois. Tous les Rikikos les suivaient également comme magnétisés par la fée. Le chef des Rikikos s'arrêta au beau milieu d'une clairière devant une sombre crevasse.
"Voici l'entrée du monde souterrain, commenta Rikimido en désignant de la main le gouffre. Méfie-toi des dangers des ténèbres et reviens-nous vite, Divine fée. Sois prudente."
Déa s'inclina respectueusement à l'adresse de Rikimido, flattée de sa sollicitude tandis que Link s'était déjà engagé dans la crevasse en ronchonnant.

chapitres suivants...

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Antoine". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.

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Mis à jour le 14.04.24