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Le coeur des mondes

Ecrit par Renalink

Prologue

fiction Le coeur des mondesTout habitant d'Hyrule connaît l'histoire de la création de ces terres, et la légende des trois déesses s'en retournant vers le ciel en laissant la Triforce dans le Saint Royaume au coeur même d'Hyrule.
Mais il est une autre légende bien moins connue. Je vais vous la conter.
Leur oeuvre accomplie, les trois déesses ne s'en retournèrent pas directement vers les cieux. Dans un lieu reculé, que l'on appellera plus tard la Forêt Kokiri, elles créèrent un être éternel, ou du moins capable de se régénérer à volonté. Il s'agit du très célèbre et très important Arbre Mojo. Elles lui confièrent la garde de la forêt qui deviendrait le village des Kokiris, le peuple enfant, mais aussi des Bois Perdus, avec leurs nombreux passages secrets. Parmi ces passages, des portails et plus précisément des arbres-portails menant à d'autres mondes.
Si quelqu'un, qui que ce soit, venait à découvrir l'existence des arbres-portails, le désastre ne serait que plus important. Ces mondes recelaient des richesses inimaginables peu comparables à celles d'Hyrule. Ils étaient pourtant peu peuplés, du fait des climats changeants.
On comptait sept mondes dont Hyrule, un autre ayant été découvert par un jeune garçon par accident quand il essaya de récupérer une relique volée par un enfant perdu. Je parle bien sûr de Termina. Vous le connaissez en tant que Héros du Temps, il va devenir sous vos yeux le Héros du Cercle des mondes.

Chapitre 1 : Une bien jolie perle   up

fiction Le coeur des mondesLe coup final avait été donné, les géants s'en étaient retournés vers leur sanctuaire respectif, le marchand de masques avait disparu dans les reliefs de la plaine de Termina. Le skull kid s'étant excusé auprès de Link, il s'était lui aussi retranché dans les marais aux côtés de Taya et Taël.
Un bel arc-en-ciel scintillait au-dessus des têtes de chacun. Figé au milieu de la plaine, Link n'en était pas à sauter de joie. Il se demandait maintenant comment il allait retourner en Hyrule, sa terre natale. Il scruta le ciel à la recherche d'un éventuel passage visible ou d'une aide. A travers les couleurs de l'arc-en-ciel, il distingua un point qui grossissait de plus en plus. On aurait dit une sphère en verre vide.
Une lumière aveuglante entoura Bourg-Clocher et un complexe réseau de filaments se dévoila entre la ville et les quatre contrées. Ces filaments se replièrent jusqu'à former une espèce de boule instable d'un bleu cristallin. La boule éclata pour se reformer dans la sphère.
Une voix qui semblait tellement grave et à la fois si aiguë, se répandit partout en provenant de nulle part et dit à Link :

- Jeune héros, tu as accompli tant de choses en ce monde. Tu l'as libéré du mal qui le rongeait. Voici le coeur de Termina. Ne t'en fais pas, cette terre vivra sans son coeur. Maintenant que le mal est parti, il n'y plus aucun danger ici.
- Pourquoi me donnez-vous cette perle ? Que dois-je en faire ?
- Quelqu'un en Hyrule saura mieux expliquer cette histoire et ses détails. Adieu jeune Héros du Temps, fit la voix en s'évanouissant dans le lointain.
Par précaution, Link mit la perle dans une bouteille. Il la contempla à travers le verre.
- Comment je rentre, moi, maintenant ?

Une lumière à la fois intense et douce l'enveloppa et il se retrouva... dans la forêt Kokiri, juste devant l'entrée des bois ! Son premier réflexe fut d'aller voir Saria pour lui demander si elle savait quelque chose à propos de Termina. A la vue de la tête de Saria quand il prononça le nom du pays, il sut qu'elle ne pourrait pas plus l'avancer. Il alla se recueillir devant le cadavre de l'Arbre Mojo, mort après que Link eut vaincu Gohma et récupéré la pierre ancestrale. Il sortit la bouteille qui contenait la perle pour la contempler à nouveau.
- Allez ! Tu m'as ramené ici, tu peux bien faire quelque chose pour lui !

Les larmes du jeune garçon commencèrent à couler quand il se souvint des personnes mortes pendant ses périples. L'Arbre Mojo, Darmani, Mikau... toute cette douleur qui avait pourtant été utile voire nécessaire pour l'accomplissement de ses objectifs. Même au plus bas, la douleur l'accablait encore. De rage, il lança la bouteille qui se brisa. La perle roula jusqu'à heurter une des racines de l'Arbre. Une lueur s'échappa momentanément de la perle avant de s'évanouir.
Ce court espoir pour Link de revoir l'Arbre vivant fut vite submergé par la culpabilité de ses actes. La tristesse lui arracha un cri rauque. Mais sans qu'il ne le voie, la perle avait fait son oeuvre.

Chapitre 2 : Multiples explications   up

fiction Le coeur des mondesUne image d'un homme au visage semblable à celui de l'Arbre Mojo était apparue. Sa voix grave dessina un sourire au milieu des larmes de Link.
- Mon cher petit Link, qu'il est bon de te revoir. Tu as accompli tant d'épreuves depuis ma mort. Je te dois quelques explications.
- Avant de m'expliquer ce qui se passe, quelle est cette forme humaine ? N'es-tu pas censé être un Arbre ?
- Cette forme est ma véritable forme. Tu comprendras mieux si je t'explique ce que tu dois savoir.

Il lui conta la légende des arbres-portails. Il marqua un temps de façon à ce que Link intègre bien les informations. Des milliers de questions se bousculaient dans la tête du jeune homme.
- Je suis présent dans tous les mondes sous différentes formes mais chaque forme ressemble à l'image que tu as actuellement devant les yeux. En revanche, la conscience et la mémoire de chacune des formes est indépendante, c'est pourquoi tu ne m'as pas forcément reconnu en la terre de Termina. Si je me souviens bien... Ma forme en ce monde est une grande cascade dans les montagnes Goron. J'ai connu un grand héros Goron désormais décédé. Il s'appelait Darmani.
"Mais revenons à ce pourquoi tu es là.
"La voix que tu as entendue en Termina, c'est la voix des gardiens, les détenteurs des perles et protecteurs des mondes. Le gardien de ce pays avait été scindé en quatre et réincarné dans les corps des géants que tu as libérés. Pendant que tu étais dans l'univers parallèle de la Lune, l'esprit du gardien a pu se rassembler et il s'est re-matérialisé quelque part dans le pays.
"Cette perle est l'un des sept Coeurs créés par les déesses. Chaque perle a sa propre fonction. Le coeur de Termina est la Perle Astrale. Elle montre le spectre astral de quiconque la touche. En revanche, mon savoir a ses limites et c'est là tout ce que je sais. La nature du coeur d'Hyrule m'est inconnue, mais une de mes incarnations dans les autres mondes devrait savoir, car comme je te l'ai dit, leur mémoire et leur conscience est propre à chacune.

Link resta bouche bée. Trop d'informations et de questions se bousculaient dans sa tête. Il posa la plus juste :
- Quel est le prochain monde que je dois visiter ?
Le spectre fut secoué d'un rire amical.
- Ta soif d'aventures ne s'est pas tarie en Termina. Le prochain monde sur ta route n'est autre qu'Hyrule elle-même. Pour te faciliter la tâche, je crois que j'ai une petite idée d'où est cette perle. Va voir Zelda. Elle saura te guide. Mais prends garde : les règles dans les autres mondes ne sont pas les mêmes que dans celui-ci.
Le spectre disparut dans un tourbillon blanc, et Link prit soin de ramasser la Perle Astrale. Il se mit en route vers le château d'Hyrule, où l'attendait la fameuse Princesse de la Destinée.

Chapitre 3 : Retrouvailles inattendues   up

fiction Le coeur des mondesLink, à son passage sur le pont menant à la plaine d'Hyrule, se rappela Saria, son amie de toujours, fidèle et attentionnée. Il s'arrêta et pensa une fois de plus à son aventure en tant qu'adulte.
Saria, sage de la Forêt, les sept sages, les Temples... Les chants de téléportation !
De ses souvenirs émergea le Prélude de la Lumière qui résonna d'abord contre les arbres, puis dans tout son corps. Il eut juste le temps de se demander si un de ces arbres pouvait être un arbre-portail et il se retrouva dans le Temple du Temps.
La musique de la place du marché l'emplit de joie. Il salua les gens qu'il connaissait. Madame Yan, la femme au chien, puis le couple de danseurs. Il s'abandonna quelques minutes à la musique, entraînant dans une farandole tous ceux qu'il pouvait. Un peu d'amusement dans sa quête ne ferait pas de mal, surtout après avoir vécu les mêmes trois jours encore et encore, à chercher un moyen d'empêcher une Lune démoniaque de s'écraser sur Termina.
A la fin de la chanson il partit au nord de la place, vers le bien connu Château d'Hyrule. Le premier portail s'ouvrit après qu'il eut donné quelques rubis au garde. Il pénétra dans le jardin, suivit le chemin sans encombre. La dernière fois qu'il était passé par ici, il avait dû prendre soin de ne pas se faire repérer. Il n'était alors qu'un simple enfant de la Forêt, mais maintenant, il était le sauveur d'Hyrule, le grand dénonciateur du complot de Ganondorf.
Quand Link était retourné voir Zelda pour le dénoncer, aidé des rêves prémonitoires de la princesse, le voleur Gerudo avait été enfermé dans le vide abyssal par les sept sages qu'on était allé chercher aux quatre coins du pays. Saria, Darunia, Ruto, Nabooru, Impa. Rauru n'avait pas eu de mal pour sortir de son sanctuaire puisqu'il en était le digne créateur.
Quand il arriva dans la cour ronde et fleurie, il fut submergé par le soulagement en voyant les sages et Zelda, rigolant et détendus, assis dans l'herbe. Saria avait senti sa présence et s'était levée en courant pour l'étreindre.

- Tu resteras toujours... mon ami.
Ses mots résonnèrent dans sa tête, écho d'un autre temps.
- Ha ! Le voilà enfin, annonça Darunia d'un ton à la fois bourru et enjoué.
Tous se levèrent et l'étreignirent à leur façon. Impa était plutôt froide, comme à son habitude, mais il eut droit à un énorme baiser que Nabooru lui fit claquer sur la joue. Ruto rougit en le voyant mais l'attention du jeune garçon était centrée sur la robe blanche et violette qu'il connaissait depuis le début de son aventure, ou plutôt sur la personne qui la portait. Zelda, princesse d'Hyrule, son amie, sa coéquipière, sa... Son visage trahissait une certaine gêne, comme si elle cachait quelque chose derrière son dos.
Link s'avança avec maladresse et exécuta une révérence bancale.

- Enfin, Link ! Ce n'est comme si c'était la première fois que tu me voyais ! Relève-toi et ne refais plus jamais ça !
Il émit un petit rire, mélange de gêne et de soulagement. Alors qu'il terminait de relater son périple pour déjouer Majora en Termina, Link perçut un éclair de lumière fuser proche de son oreille, ce qui produisit un tintement qu'il connaissait bien. Navi. Il se retourna avec émotion. La petite fée l'étreignit, enfin étreignit son nez avant de prendre du recul pour le toiser et l'admirer. Il avait tellement mûri, mais sa taille restait quasiment inchangée.

- Je suis désolée.
Ses mots émergèrent de sa bouche avec difficulté.
- Ne t'en fais pas. Tu as sûrement dû entendre tout ce que j'ai fait en Termina. Je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer.
La fée se rembrunit. Elle changea de sujet :
- Si tu es ici, c'est qu'il y a une raison qui en vaille le coup, n'est-ce pas ?
- En effet, j'ai revu l'Arbre Mojo. Il m'a confié une mission de la plus haute importance qui ne concerne pas seulement Hyrule.
La mention de l'arbre émut Saria tandis que l'inquiétude gagnait au plus haut point la Princesse.
- Le sceau va se briser, dit-elle dans un souffle. Tous nos efforts seront réduits à néant.
- Il n'en est rien, la rassura le héros. Il leur conta alors la perle, le spectre et les mondes.
Après un temps de silence, la Princesse décida de prendre la parole.
- Je vois de quoi il s'agit. Ces derniers temps, elle réagissait bizarrement. La légende des sept mondes est donc réelle. Le coeur d'Hyrule se transmet de génération en génération dans la famille royale tout comme l'ocarina du temps. Je n'en avais jamais compris l'utilité jusqu'à maintenant. Le coffret qui contient la perle est dans mes appartements. Je vais le chercher.
Elle se leva et entra dans le château. Pendant ce temps, Link et les sages discutaient et riaient des soeurs Twinrovas complètement différentes en Termina. Cependant, Rauru n'était pas à la rigolade. Le sage de la Lumière était renfermé sur lui-même, ce qui n'échappa pas à Nabooru.

Chapitre 4 : Une bête avec un médaillon   up

fiction Le coeur des mondes- Que t'arrive-t-il ? Je sens que ton esprit est tourmenté par des souvenirs.
Toutes les têtes se tournèrent vers le vieil homme qui soupira.
- En effet. Bien avant votre éveil grâce à Link, il existait d'autres sages. Observez ma toge. Jaune avec le médaillon de la Lumière. Mes cinq autres compagnons en avaient tous une en rapport avec leur élément. Elena, le sage de la Forêt, Thérébor, le sage du Feu, Makios, sage de l'Eau, Nathanaël, sage de l'Esprit et Mérendyl, sage de l'Ombre. Leur destin n'en fut pas moins décevant. Leur coeur a été corrompu par l'avidité des mondes. Comme punition, ils se sont vus être nommés gardiens d'un monde et leurs pouvoirs ont été mis en sommeil le temps que leur coeur se purifie de nouveau. Ils ont donc été envoyés chacun dans un monde. Je suis moi-même le gardien de Termina.
- Comment se fait-il que tu sois ici ? Je ne t'ai pas vu en Termina.
- Bien sûr que si mon garçon ! Mais sous une autre forme : un hibou.
- Mais alors... Tu es Kaepora Gaebora ? Et comment n'as-tu pas été atteint par l'avidité ?
- Aurais-tu oublié que la Lumière de la vérité guide mon coeur ? Ainsi j'ai aidé les déesses à nettoyer les sages de leur avidité... Grâce au coeur d'Hyrule. Cette perle se nomme la Perle de Pureté. Mais revenons-en aux sages. La colère qu'ils ont nourrie à travers ces décennies est parvenue jusqu'à moi. Ils sont toujours vivants et attendent que les frontières entre les mondes se brisent pour se venger. Même dépourvus de pouvoirs, ils sont toujours aussi redoutables, sans compter qu'ils ont pu développer une autre forme de magie pendant leur isolation.

Un cri leur parvint de la tour de la Princesse, directement suivi d'une secousse. Un bras rougeâtre et immense sortit de la tour et attrapa Saria. La créature sortit complètement de la tour et descendit dans la cour du château. Elle émettait un bourdonnement assourdissant.
- MOI VOULOIR CERCLE MONDE !!!
Une espèce de médaillon brillait sur la tête de la créature. Impa le remarqua et cria pour se faire entendre des autres :
- L'avidité contenue dans la perle a dû pervertir la Princesse. Il faut la retransformer ! Link va récupérer la perle pendant qu'on s'occupe de Zelda !

Le héros s'élança dans le bâtiment. Ruto libéra Saria pendant qu'Impa enveloppait le monstre dans une bulle et que Darunia la renforçait d'une cage de flammes. Nabooru tenta de pénétrer dans l'esprit de la Princesse en vain et Rauru, désemparé, regardait la scène avec horreur. Link arriva très vite dans les appartements princiers et trouva une perle rouge par terre. La Perle de Pureté. Plus que cinq perles ! Mais il fallait d'abord guérir Zelda. Il se précipita par le trou qu'avait formé la créature et utilisa son grappin contre un arbre dans la cour pour descendre en toute sécurité et brandit la perle vers la Princesse. Des volutes rouges s'échappèrent pour venir pénétrer la perle et le calme retomba. Les gardes, alertés par des bruits accoururent.
- Tout va bien, Princesse ?

Saria, furieuse leur dit que leur incapacité à réagir pourrait permettre à Ganondorf d'asseoir son pouvoir sans qu'ils s'en aperçoivent. Après quoi elle les renvoya "garder" le palais. Zelda s'éveilla doucement et vit sept têtes inquiètes penchées au-dessus d'elle. Elle rit en les voyant puis leur demanda ce qu'il s'était passé. Après lui avoir expliqué, Link réfléchit un instant et demanda :
- Rauru, quelle valeur représente le Cercle des Mondes ?
- Je n'en sais rien, mon enfant, mais ce que je sais, c'est que cela n'augure rien de bon.
- Link, l'interrompit Zelda, je voulais te donner ceci.

Elle décrocha le fameux médaillon qu'elle portait sur son front et le lui donna. Derrière le médaillon, il y avait sept emplacements circulaires disposés eux-mêmes en cercle. C'étaient en réalité des trous qui traversaient le médaillon de part en part, encadrant à la perfection le blason de la Triforce de l'autre côté.
Le héros sentit sa bourse gigoter. Il l'ouvrit et observa avec de l'étonnement et de l'amusement voler les deux perles qu'il avait déjà collectées qui se logèrent dans deux des trous. On aurait dit qu'elles choisissaient leur place au hasard. Ne se posant pas plus de questions, Link demande à Rauru quel était le prochain monde à visiter.
- J'ai bien peur que mon savoir ait ses limites, mon garçon.
- Mais comment suis-je censé avancer, alors ?
- Je crois savoir comment faire.

Toutes les têtes se tournèrent vers Impa.
- Dans ma famille, fondatrice des Sheikahs, il se transmet plusieurs objets ayant plus ou moins de valeur. Je n'ai jamais fait attention à ce vieux bout de papier, pas plus que mes parents et leurs parents avant eux. Mais il est clair que ce devait être une sorte de carte probablement laissée là par Mérendyl pour qu'on le retrouve.
- Et tu l'as, cette carte ?
- Elle est chez moi, venez donc boire un coup !

Des sourires approbateurs éclairèrent les visages de chacun.
Dans la maison d'Impa, l'heure était aux réjouissances. Même les gardes - qui avaient insisté pour que la Princesse ne sorte pas sans escorte - s'amusaient et riaient aux éclats. Link, ayant fini son verre de lait de Lon-Lon, récupéra la carte qu'ils avaient trouvée sans problèmes.
- Je pense aller "à côté", déclara le héros, mystérieux.
- C'est-à-dire ? demanda Zelda avec un demi-sourire.
- Dans le monde d'Elendiyl !

Chapitre 5 : En route pour Elendiyl   up

fiction Le coeur des mondesAprès de brefs adieux, Link se mit en route avec Navi vers les bois perdus. En chemin, ils parlèrent de leurs souvenirs, aussi bien du passé que du "faux futur". Quand ils eurent écoulé toute leur mémoire de cette extraordinaire aventure, Link posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis qu'il était seul avec la fée.
- Qu'as-tu fait après être partie du temple du temps ?
La fée prit une grande inspiration et, mélancolique, parla avec difficulté.
- Lorsque nous sommes réapparus dans le présent, j'ai entendu une voix qui m'attirait, qui m'appelait. Je l'ai suivie sans voir le monde autour, seule la voix comptait. Je ne sais quels chemins j'ai empruntés. Quand j'ai repris conscience de l'environnement, je me suis aperçue que j'étais dans une fontaine des fées, mais pas n'importe laquelle. C'était la Fontaine de la Licorne.
Elle marqua une pause, consciente de la surprise que ce nom avait suscitée chez le garçon.
- Cette fontaine étant elle-même une légende, on y apprend beaucoup sur les légendes d'Hyrule, et des autres mondes. C'est là que j'ai appris la nouvelle quête qui nous attendait. Et j'y ai aussi appris que...
Navi s'arrêta brusquement de parler, comme si elle avait vu un fantôme.
- Qu'est-ce qui se passe ?

Link, affolé de l'état de la fée, s'inquiéta pour son amie, impuissant. Il vit la fée tomber d'un coup d'un seul. Il la rattrapa in extremis dans ses mains. Quand elle se réveilla, il lui demanda comment elle allait puis, rassuré par sa réponse, lui demanda de continuer son récit.
- J'ai... j'ai oublié, dit-elle pleine d'incompréhension. (Elle esquissa un sourire.) Mais ça n'est pas si important pour poursuivre notre quête.
Quelques instants plus tard, ils arrivèrent dans la forêt Kokiri, berceau de l'enfance si proche et pourtant si lointaine du Héros du Temps. Cet endroit avait aussi vu naître l'amitié entre un garçon et une fée. L'atmosphère emplie d'une odeur particulière rappelait à Link tous ces moments passés sans fée, ses cauchemars à propos du vil Ganondorf, maintenant prisonnier dans le vide absolu. A sa grande surprise, Mido les accueillit avec grand plaisir dans leur terre d'origine. Même s'il en voulait toujours à Link parce qu'il le croyait responsable de la mort de l'Arbre Mojo, il n'en restait pas moins heureux de les voir ainsi sains et saufs.
La nouvelle de l'emprisonnement du Gerudo avait fait le tour d'Hyrule en moins de deux jours, mais aussi l'identité de celui qui l'avait dénoncé. Après qu'ils eurent donné des nouvelles de Saria, les deux amis se dirigèrent vers les Bois Perdus. Guidé par son instinct, Link traversa les Bois sans se soucier de se perdre. Il se rendit compte qu'il avait pris par réflexe la route du Bosquet Sacré. Avant de traverser le dernier tronc d'arbre couché et de se retrouver face au Lobo gardien, il observa autour de lui. Alors seulement, il remarqua une chose qu'il n'avait jusqu'alors jamais remarquée. Un arbre tordu, ouvert à la base, dont des volutes ambrées et orangées s'échappaient. Une voix parvint jusqu'à lui.
- Que ton Courage te guide dans ce nouveau monde, Héros !

Il se sentit alors aspiré vers l'arbre. Il ferma les yeux, attendant l'impact avec le tronc. Aucune douleur. Il rouvrit les yeux et s'aperçut qu'il était dans une plaine à l'herbe légèrement jaunie, qui ondulait au gré du vent. La brise légère avait une odeur sucrée qui suscita chez le héros un bien-être immédiat. Une colline se dressait devant lui. Il grimpa au sommet et fut ébahi par ce qu'il vit.
Une immense ville s'étendait de l'autre côté. Ses bâtiments en pierres grises se fondaient dans le décor ambré. De son point de vue, Link pouvait apercevoir les habitants de la cité grouiller dans les rues comme des fourmis, tandis que les commerçants s'agitaient pour vendre leur stock. Il arriva à l'entrée de la ville et admira la hauteur des tours au centre de la ville. On aurait pu croire à des immenses tours de guet. Sans réfléchir, il se dirigea vers les tours. Plusieurs commerçants l'abordèrent sans qu'il ne leur donne une réponse. Au pied des tours, des colosses de pierre les gardaient. Link en fit le tour et à sa grande surprise, il ne vit aucune porte ni fenêtre. Il vit un écriteau qu'il n'avait pas remarqué jusqu'alors :

"Seul un coeur pur et honnête peut entrer dans les tours de Vertu.
Mais l'énigme du Feu mettra ce coeur en déroute."

Au moment où il eut fini de lire, une porte se matérialisa en face de lui. La porte des tours de Vertu. Les deux colosses qui étaient devant s'écartèrent pour laisser l'accès à la porte libre. La foule toisait le jeune héros. Entre des murmures interrogateurs et des regards de pitié, Link crut entendre quelqu'un dire :
- Encore un fou qui va à la potence ! Ce pauvre jeune homme vit ses derniers instants.
Link le réprimanda intérieurement, lui reprochant de n'être que trop peu discret. Mais après tout, n'avait-il pas raison ? Comment allait-il s'en sortir, lui, alors que tout le monde disait qu'aucune des personnes qui avaient franchi ce palier n'était revenue vivante ? Qu'avait-il de plus que les autres ? Mais, alors qu'un petit triangle se mit à scintiller sur sa main gauche, il entra dans les tours. Les immenses et lourdes portes se refermèrent sur l'extérieur...
Et peut-être sur sa vie.

Chapitre 6 : Les Tours de Vertu   up

fiction Le coeur des mondesLorsque ses yeux s'habituèrent à l'obscurité, Link prit soin d'observer la salle dans laquelle il était. Elle s'étendait visiblement sur toute la surface de la tour, mais aucun escalier ne menait aux étages supérieurs. Il crut distinguer des portraits en toile accrochés aux murs mais l'obscurité était trop intense. Quand il se retourna et palpa la paroi, aucune fente ne témoignait de la présence de la porte qu'il venait de franchir. C'est alors qu'il repensa à la mission que lui avait confiée l'Arbre Mojo. Il se devait d'être l'exception. Celui qui ressortirait des Tours. Pas seulement pour lui, mais pour les sept mondes.
Il s'avança vers le centre de la salle alors que des ombres rampaient discrètement dans l'obscurité. Il posa le pied sur une dalle surélevée qui s'enfonça sous son poids. Plusieurs boules lumineuses vinrent se placer dans des alcôves dans les murs, éclairant faiblement la pièce. Il avait eu raison : des tentures représentaient des scènes avec animaux et hommes, mais une attira son attention. Elle représentait un homme en robe solennelle rouge entouré de deux flammes.
Thérébor. Le sage du Feu avant Darunia. Le gardien d'Elendiyl.
Le héros scruta l'ombre subsistante à la recherche d'une porte ou d'un quelconque indice pour arriver au sommet. En approchant d'une tenture, il vit quelque chose courir sur le mur. Les sens en alerte, il dégaina son épée Rasoir et son bouclier Miroir si durement obtenus en Termina. La luminosité augmenta pour enfin éclairer la pièce entière. Mais la nouvelle lumière ne venait pas des orbes lumineux. Les bêtes auparavant faites d'ombre étaient maintenant des brasiers ambulants mais n'enflammaient bizarrement aucune tenture ni aucun tapis.
L'une d'elles se jeta sur Link qui leva simplement son épée pour que la bête s'empale d'elle-même. D'autres firent de même et le Héros se fit vite submerger. Sa peau commençait à rougir à cause de la chaleur et des attaques incessantes des Incendiés - c'est ainsi que Navi les avait nommés quand Link lui avait demandé ce qu'étaient ces créatures. La fée justement, s'affolait et cherchait désespérément un moyen de sortir son ami de ce cercle de feu infranchissable.

"... Mais l'énigme du Feu mettra ce coeur en déroute."

- Link ! s'écria la fée, utilise une flèche de glace !
Le héros peina à sortir son arc et murmura l'incantation pour enchanter ses flèches. Il décocha sa flèche avec une rapidité qui le surprit lui-même. Sans doute l'instinct de survie. La créature atteinte se figea sous l'effet de la glace mais sa température corporelle fit vite fondre le bloc qui l'entourait et la créature repartit à l'assaut de l'intrus.
Ne sachant plus quoi faire, la fée réfléchit à une solution, quelle qu'elle soit. Il faut vaincre le feu par le feu.

- Le feu de Din !
- Tu crois que ça va marcher ?
- C'est la seule solution qu'on ait !
Link sortit le cristal au coeur rouge et enflammé et se concentra pour libérer son pouvoir. La vague de feu le vida de son énergie alors que les créatures semblaient agoniser. Quand il retrouva ses esprits, il contempla l'oeuvre de la magie. Toutes les créatures sans exception gisaient inertes au sol.
- Tu ne trouves pas bizarre qu'elles ne disparaissant pas comme en Hyrule ou en Termina ?
- Souviens-toi des paroles de l'Arbre : Les règles ne sont pas les mêmes dans les différents mondes. Peut-être qu'elles vont rester là à jamais.
- Probablement. Mais on va où maintenant ?

Dès qu'il eut achevé sa phrase, la tenture de Thérébor tomba, révélant un escalier en colimaçon. Les deux amis s'engagèrent dedans. 431, 432, 433... Les marches n'en finissaient plus à tel point que le héros qui s'était au départ pris au jeu de compter les marches, avait perdu le compte aux alentours de la cinq centième. Lorsqu'ils arrivèrent au sommet de l'escalier, une salle plus petite, due à l'architecture de la tour, s'étendait devant eux. Mêmes tapis, mêmes tentures, mêmes orbes lumineuses. La seule différence était une statue qui trônait au centre de la pièce. A la lumière des orbes, Link put déchiffrer la légende de la sculpture.
Thérébor, gardien d'Elendiyl, bienfaiteur et généreux.
Link leva les yeux et vit le même homme que sur la grande tenture qui cachait l'escalier. Il était grand et fort, le visage sévère et fermé. Il portait une robe semblable à celle de Rauru, mais celle-ci arborait le médaillon du Feu au niveau des jambes. Même si la pierre était d'un gris mat, Link aurait juré que la robe du sage avait été rouge de son vivant.
L'attention du héros fut attirée par le cri rauque que poussa Navi en voyant les ombres surgir du trou qui donnait sur l'escalier. Elles contournèrent Link et vinrent former une masse compacte autour de la statue. Cette masse informe s'enflamma d'un coup, projetant une lumière aveuglante aux yeux de Link, habitués à la semi-obscurité. Quand il recouvra la vue, il vit une silhouette ressemblant fortement à Thérébor, avec les yeux noyés d'orange.
Le médaillon de Zelda se mit à voleter comme s'il voulait s'enfuir du cou de Link. La Perle de Pureté se mit à briller intensément avant que tous ses rayons lumineux convergent vers Thérébor et l'enveloppent. Un cri déchirant brisa le silence, témoignant que les Incendiés avaient une bonne fois pour toutes péri.
Link aida Thérébor à se relever et ne s'aperçut que trop tard qu'une masse orange avait projeté son poing dans le corps devenu vulnérable du héros. Une voix sombre et monocorde s'éleva dans la confusion :
- Le Feu vaincra la peur, Pyros Victoria. Le Feu vaincra la peur, Pyros Victoria...

Alors que Thérébor récitait sa litanie, la créature orange semblait se battre contre elle-même dans un désordre apparent. Au bout de quelques minutes intenses, elle s'estompa brusquement tandis que les rayons lumineux orangés s'échappèrent par la paroi opposée à l'escalier.

Chapitre 7 : Plus que tout aux Mondes   up

fiction Le coeur des mondesLink se releva péniblement et gratifia le Sage d'un sourire.
- Bienvenue en Elendiyl, héros du temps !
- C'est un joli comité d'accueil que vous m'offrez là, articula Link dans un rire nerveux.
- En effet. Je m'en excuse. Ces Incendiés ont envahi les tours peu après mon exil d'Hyrule. Ils sont nés de l'arrogance que me procurait la Perle de Vertu, autrement dit, le coeur d'Elendiyl. Mon pouvoir a fait le reste et leur a donné cette nature... pyromane.
- Mais comment se fait-il que vous étiez pétrifié sur ce piédestal ?
- Malheureusement je l'ignore, et c'est à toi de le découvrir. Tout ce dont je me souviens est d'avoir vu une vague sombre déferler sur moi juste après la naissance des Incendiés. Ensuite je me suis réveillé quand tu as utilisé la Perle de Pureté sur moi... enfin sur ma statue.
- Très bien mais comment suis-je censé arriver à connaître le passé, qui plus est, votre passé ?
- Encore une fois je n'ai pas la réponse. La seule chose que je puisse faire, c'est de te donner l'accès à la deuxième tour.

Il leva le bras vers la paroi dans laquelle les effluves orangés s'étaient évaporés. Le mur trembla avant de s'ouvrir en deux pour dévoiler un pont entre les deux tours, sous lequel s'étendait un vide vertigineux, qui se prolongeait sous le parterre d'Elendiyl. Une légère brise souffla lorsqu'ils s'engagèrent sur la structure, qui paraissait fragile et vacillante. Link emplit ses poumons d'un air frais qui contrastait radicalement avec l'atmosphère oppressante de l'intérieur de la tour. Ils atteignirent l'autre extrémité du pont sans difficulté, portés par l'air léger à l'odeur sucrée.
Une porte se dessina en forme de triangle, doré et immense, qui s'ouvrit de haut en bas, dévoilant une salle blanche, claire et nue, ornée d'une simple surélévation circulaire en son centre, transformant la pièce en une sorte d'arène. Au-dessus de ce cercle flottait une petite perle orangée. Lorsque Link s'en approcha, elle rayonna et vint délicatement se placer à la droite du coeur d'Hyrule.

- Ceci est le sanctuaire d'Elendiyl, expliqua Thérébor. C'est ici que convergent tous les flux magiques de ce monde, et c'est donc ici que je peux concentrer pleinement mon pouvoir. Je vais t'aider à retourner en Hyrule pour que tu accèdes au prochain monde.

Il se positionna en tailleur au centre du cercle, et commença à léviter à un bon mètre du sol. Un sceau rayonna sous lui, sur le sol, et une tenture blanche représentant un homme, dont le visage rappelait quelqu'un à Link, apparut derrière le sage. Le héros s'approcha de la tapisserie et leva le médaillon. La Perle Astrale rayonna et le spectre de l'Arbre Mojo apparut sous sa forme humaine.

- Je te donne le bonjour mon enfant.
- Je suis content de vous revoir, Vénérable Ar...
- Appelle-moi Mojendi, c'est mon vrai nom.
- Mojendi. Je crois que vous devez me faire part de la mémoire que vous avez retrouvée grâce à nous.
- En effet. Malheureusement, ce pan de ma mémoire est réduit à quelques informations.
- Dites quand même, ça pourrait aider, ajouta Link avec une pointe de déception dans la voix.
- Premièrement, le coeur d'Elendiyl se nomme la Perle de Bénédiction. Il te servira en même temps que ma mémoire. Mais je dois te dire que les légendes sont incomplètes et que l'Equilibre constitue le quatrième tiers. Entre en possession du Septième, mais tu devras arrêter de tourner et te recentrer. Tu devras alors dévoiler le Huitième et lever la malédiction.
- Effectivement, c'est très vague, mais je vous en suis tout de même reconnaissant, Mojendi. Merci pour tout.

La tenture se figea en laissant un sourire imprimé sur le visage si bien connu du héros. Le sceau de Feu derrière Link se mit à rayonner et l'enveloppa de sa lumière, et une sensation de brûlure envahit le corps du héros. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il se trouvait dans la clairière de l'Arbre Mojo. Il repensa à Thérébor. Le pauvre... Il a été figé pendant plusieurs années sans rien pouvoir faire contre des créatures nées de son pouvoir... Elendiyl va être contente de retrouver son gardien. Un sourire s'esquissa sur son visage lorsqu'il aperçut une petite feuille émerger du sol au pied de l'ancien Arbre Mojo. Cela lui rappela que sa quête devait être menée à bien pour la survie d'Hyrule, pour la survie du Cercle. Il se devait de réussir, plus que tout aux mondes.

Chapitre 8 : Karidonia, terre d'illusions   up

Alors qu'il courait dans les Bois Perdus, Link perçut un bruit d'ailes derrière lui. Kaepora se posa sur un tronc couché.
- Alors, jeune héros, ta visite en Elendiyl t'a-t-elle apporté l'objet que tu recherchais ?
- Oui sans problèmes mais son utilité m'échappe encore...
- Tu la comprendras bien assez tôt.
- Dites-moi, si vous êtes l'incarnation de Rauru en Termina, alors pourquoi êtes-vous là ?
- Rauru a besoin de protéger la Princesse alors il m'utilise comme double astral pour communiquer, voyager et régler ses affaires.
- Quelque chose ne va pas pour que vous veniez ?
- Tout va bien mais je voulais te mettre en garde... Le monde dans lequel tu vas entrer est une terre hostile et très peu peuplée. Ce monde réagit de lui-même face aux étrangers. Méfie-toi des apparences.
- Ne vous en faites pas, et rassurez les Sages, tout ira bien.
- Ta confiance en toi est dangereuse. Une dernière chose... Les forces maléfiques que tu as entrepris de détruire dépassent de loin tes pires cauchemars et il te sera bientôt confié la protection de la Princesse... Les Sages devront se préparer à la guerre à venir. De plus, chaque gardien que tu libères entre en connexion avec son successeur. Cette connexion doit être renforcée au mieux si l'on veut pouvoir vaincre un jour.
- Tout cela ne me dit rien qui vaille, murmura Navi à l'oreille du héros.
- Vous réussirez, nous croyons en vous. Et ne t'en fais pas, petite fée : tu auras aussi ton rôle à jouer dans cette guerre.
- Mais comment ?

Le hibou s'envola et le bruit de ses ailes couvrit la voix de la fée qui resta bouche bée devant le mutisme de ceux qui savaient vraiment qui elle était. Les deux amis repartirent en quête de l'arbre aux reflets jaunes, couleur représentative de Karidonia. Arrivés près de l'entrée du bosquet sacré, ils ressentirent tous deux une vive chaleur provenant de leur gauche. Link regarda à ses pieds. Du sable. Du sable dans les Bois Perdus. Une plainte s'éleva dans leur dos. Link reconnut avec effroi le tenancier du Théâtre Sylvestre, desséché.
- L'air provenant de cet arbre... Il m'achève... Arrêtez ça... Sauvez les Bois...
Link sortit avec empressement son ocarina et joua le chant des tempêtes, et une pluie salvatrice s'abattit sur la clairière. Après avoir allongé le Mojo évanoui sur un lit de feuilles, Link s'avança vers l'arbre. Il sentit le médaillon rayonner contre sa poitrine et il fut aspiré dans les tréfonds de l'arbre-portail. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il constata avec étonnement qu'il était... dans la même clairière qu'il était censé avoir quittée quelques instants plus tôt. Une migraine le saisit et disparut aussitôt qu'elle était apparue. Il entendit alors un hululement étouffé derrière lui, puis des gémissements de gens qui souffraient atrocement. Malgré le fait qu'il redoutait ce qu'il allait trouver en se retournant, il pivota lentement, et se figea...
Les sages, Zelda, Kaepora, Mido, le roi Zora, tous ceux qu'il avait aimés, côtoyés ou qui l'avaient aidé, ils étaient tous ici souffrant le martyr, ensanglantés, dans des positions qui témoignaient de l'état de leurs os. Un rire sinistre dans l'ombre attira son regard. Eux aussi étaient là, le regardant comme s'il n'était qu'un enfant impuissant. Dark Link, Ganondorf et Majora. Leur trois bouches s'ouvrirent en même temps mais il n'en sortit qu'une seule voix, inconnue du héros :

- Regarde ce qui est arrivé, Link. Ils ont souffert de ton absence, tu n'étais pas là pour les protéger. A vouloir trop en faire pour ton héroïsme, tu les as laissés à la merci du Mal, tu dois en assumer les conséquences. Crois-tu vraiment pouvoir sauver le Cercle et Hyrule en même temps ?

La voix se tut. Le silence était insupportable. Link fondit en larmes, Navi blottie contre lui pour éviter la vue de ce carnage. La perle astrale s'illumina faiblement pour montrer tous les fantômes des gens qui se tenaient devant lui, tous soulagés de ne plus avoir à faire à la vie. Une voix résonna dans sa tête : "Méfie-toi des apparences."
Il réfléchit à toute vitesse malgré la douleur que lui inspirait les corps décharnés devant lui et la colère de voir les trois ennemis qu'il avait eu tant de mal à battre par le passé. Le sable dans les Bois, il n'y était plus, et même si un simple coup de vent pouvait être à l'origine de cette disparition, il se prit à espérer que tout ceci était faux. Et au fur et à mesure qu'il s'en convainquait, une lueur jaune semblable à celle du Soleil perça entre les arbres puis grossit et s'intensifia, jusqu'à aveugler Link. Lorsqu'il reprit ses esprits, il était dans un vaste désert qui s'étendait à perte de vue. Les corps étaient néanmoins toujours là. Un souffle de vent étonnamment frais se leva et dispersa toutes les silhouettes en grains de sable.

- Bienvenue en Karidonia, Héros, tu as affronté l'épreuve de force mentale avec succès.
La voix venait d'un monticule au loin. Link s'en approcha sans peur aucune.
- Qui êtes-vous ?
- L'esprit du gardien de ce monde. Mon corps est enfermé dans un sarcophage de pierre sous cette dune. Trouve l'oasis de Karidonia et libère-moi. Mais prends garde à la terre des illusions qu'est Karidonia. Elle puise d'elle-même dans ton esprit et réalise tes pires craintes et tes peurs les plus enfouies.
- Mais comment voulez-vous que je trouve une oasis quand je ne vois qu'un désert à perte de vue ?
- Laisse ton Esprit te guider.

Un spectre jaune s'évanouit dans l'air ondulant sous la chaleur des rayons du soleil ardent. Link regarda autour de lui et s'aventura plus avant dans le désert.

Chapitre 9 : Plus jamais   up

fiction Le coeur des mondes- Bazil !
Le garçon fit mine de ne pas entendre. Il ne voulait plus y aller. Il ne voulait plus aller se faire recenser chaque semaine comme la législation lokrandienne l'exigeait. Une voix plus impérieuse se fit entendre.
- Bakhru Aoliga Zark Il Loram !
Il n'entendait son nom complet que rarement, ce devait être un garde lokrandien. Il ne pouvait plus faire demi-tour. Il irait pour la dernière fois.
Il fit la queue dans la rue à la suite des autres de son peuple. Il en aurait pour toute la matinée à arriver sur la place du Recens. Pour ne rien arranger, le ciel violacé était menaçant, un orage éclaterait sûrement, mais les gardes étaient intransigeants : quand on est dans la file, on y reste jusqu'au bout. Il regarda autour de lui. Ce peuple pauvre et amaigri le répugnait. Le gouvernement laissait dépérir son peuple de plus en plus, retirant bien sûr son bénéfice du lot. Il vit son frère plus loin, un grand sourire aux lèvres à l'idée de se revendiquer lokrandien.
Frère était un bien grand mot. Bazil était né d'un père inconnu qui les avait abandonnés tous les trois. Sa mère avait eu un enfant peu avant de retomber enceinte. Un riche marchand appartenant au gouvernement avait été épris de cette femme seule et lui avait fait un beau garçon mais de son "père", Waldo ne voyait que l'argent. Comment un homme si riche et puissant pouvait épouser une femme de si basse considération sociale ? Il devait l'avouer, cet argent leur servait bien. Son frère savait qui était son père, lui, et en jouait, même si peu le croyaient. Ils n'avaient jamais eu beaucoup d'affinités malgré leur proximité d'âge. Il avait tout : l'amour de sa mère, les amis sincères, un avenir prometteur. Bazil n'avait rien, mise à part une boule donnée, à ce que sa mère lui avait dit, par son vrai père. Que ferait-il d'une boule, une simple boule de verre ? Et lorsqu'il tentait d'interroger sa mère sur l'identité de son père, elle baissait les yeux, comme si elle avait honte de lui.
L'orage éclata et la pluie noya les larmes de rage sur son visage. Il s'essuya les joues d'un revers de manche et regarda devant lui. Plus que quelques personnes avant d'être recensé, plus que quelques personnes avant la liberté. Il s'était juré, il y a quelques mois, de prouver à tous ceux qu'il connaissait qu'il était capable de quelque chose de concret. Il leur prouverait à tous qu'il méritait leur attention, qu'il ferait de grandes choses. Le soldat le recensa en vérifiant son identité. Le même soldat depuis ses six ans, âge d'obligation de recensement autonome, comme l'appelait la législation. Comme si ça avait pu changer depuis une semaine.
Lorsque ce fut fini, il courut jusqu'à la maison de sa mère. Il fourra dans un sac toutes ses affaires - pas grand-chose à vrai dire - et passa devant le meuble sur lequel reposait la boule. Il la prit regarda dedans comme s'il espérait voir une meilleure image de sa vie, puis la lança contre le mur dans l'espoir de briser les vestiges du père qu'il n'avait jamais connu. Elle rebondit et vola vers lui pour se poser délicatement entre ses mains. Elle brilla légèrement et une clameur silencieuse s'en échappa. Puis une voix sortit du lot.

- La sphère des Âmes s'est réveillée, mon fils, retrouve-moi et accède au pouvoir que tu mérites. Reconstitue le Sceptre et rejoins la place qui te revient de droit.

Un vortex orangé se matérialisa sous ses yeux. Il regarda la maison autour de lui. Il haïssait cet endroit. Plus jamais il n'y reviendrait.

Chapitre 10 : Le prix à payer   up

fiction Le coeur des mondesLink et Navi erraient depuis maintenant des heures dans l'immensité désertique de Karidonia. La soif les affaiblissait même si Link essayait de se rafraîchir avec ses flèches de glace. Après qu'ils eurent abandonné la dune du Gardien, ils n'avaient plus croisé aucune illusion, au grand soulagement du héros. La vision de ses amis si meurtris, même si c'était à travers une illusion, l'avaient marqué profondément, irrémédiablement. Il s'était alors juré d'en finir avec les aventures héroïques après que le Cercle serait sauvé.

- Que crois-tu que voulait dire Kaepora par le fait que j'aurais mon rôle à jouer ?
La voix de la fée brisa le silence ardent du désert.
- Je n'en ai aucune idée, peut-être que ça a un rapport avec ton séjour à la Fontaine de la Licorne.
Les deux amis n'avaient pas reparlé de l'absence tout aussi mystérieuse qu'incompréhensible de la fée, de même que son malaise lorsqu'elle avait voulu se confier au jeune homme.
- J'en suis même persuadée. Je ne me souviens de rien de ce que j'ai apparemment voulu te dire avant mon malaise. Je n'arrête pas d'y penser.
Le garçon se figea. Une ombre était passée sur leur droite. Link banda son arc et regarda autour de lui, à l'affût. Elle passa de l'autre côté. Puis devant eux, derrière eux, et de plus en plus rapidement, jusqu'à former une spirale noire autour d'eux. Le vent créé déferla avant de dissiper la tornade. Ils étaient sur la dune du Gardien.
- Attends une minute... Le gardien a bien dit que Karidonia se nourrissait de nos pensées ?
Le héros commençait à comprendre ce que Navi voulait dire. Elle reprit, pleine d'espoir.
- Juste avant que la tornade ne nous ramène, j'ai pensé que nous étions tout près du but au vu du temps que nous avions marché et qu'il serait injuste que nous revenions au point de départ.
- Donc si je comprends bien, il suffit de penser pour avoir...
Le garçon se concentra quelques instants, et un voile se leva devant eux. L'oasis. Elle était là depuis le début. Link s'avança. Elle lui rappelait le bassin d'eau du Colosse du Désert en Hyrule... L'eau frémit quand il s'avança, et le visage de Mojendi se dessina en vaguelettes à la surface.
- Bien joué mon enfant, ton esprit est fort.

Le garçon fut empli d'une joie intense de revoir un visage familier après des heures d'errance.
- En revanche, la maturité que tu as acquise dans ton aventure parallèle ne t'est pas restée au niveau physique. C'est pourquoi, à ton retour en Hyrule, toi et la princesse devrez retrouver votre apparence d'adulte. Vous gagnerez sept ans en quelques instants, vous manquerez les plus belles années de votre vie. C'est le prix à payer si tu veux sauver le Cercle. Vos amis vous verront vieillir alors qu'ils auront le même âge.
- Je suis prêt à en assumer les conséquences, dit-il avec une lueur nouvelle dans le regard.
- Qu'il en soit ainsi.
- Attendez !

La voix de la fée les interpella.
- Dans les Bois perdus, Kaepora a dit que j'aurais mon rôle à jouer dans ce combat... Que voulait-il dire par là ?
- La réponse se situe en Marinéa. Je ne puis t'en dire plus. La lumière se fera sur ta vraie nature et tu comprendras alors ton rôle. Tu l'as oublié car Link n'était pas prêt à l'entendre, mais c'est en toi.
Le spectre disparut aussitôt. Puis la terre se mit à trembler, et l'eau se souleva, à l'image de Morpha, le monstre du temple de l'eau. La masse aquatique s'enfonça dans le sable derrière les deux amis, dans la dune du Gardien. En ressortit alors une statue, d'un homme assez jeune, au regard perçant. L'eau enleva petit à petit les particules de pierre, qui se dissolurent dans l'air. Nathanaël retomba en un seul morceau et délicatement sur le sol, vivant. L'amibe retourna dans le bassin. Le gardien se leva.
- Merci jeune Héros de m'avoir sauvé d'un destin tragique. Je sens ton esprit fort et tourmenté, bien que mature. Je vais t'aider à retrouver ta terre natale. Prends la perle et pars à la recherche des trois autres, jeune Héros. Et ne t'inquiète pas pour moi. La solitude et le silence sont bons pour la méditation. J'espère que tu reviendras me voir. La perle de translocation te le permettra.

Sa toge marron arborant le médaillon de l'Esprit émit un bruissement lorsqu'il commença à léviter pour aller se mettre au-dessus du bassin. Un sceau scintilla et des grains de sable se mirent à briller partout autour d'eux avant de se soulever et de se rassembler en une perle tant attendue par le duo héroïque. Elle se plaça à droite de la perle d'Elendiyl. Et le héros fut enveloppé dans des volutes de lumière qui le transportèrent dans la clairière au fond de la Forêt Kokiri.

Chapitre 11 : A l'égal de l'âme   up

fiction Le coeur des mondesLink et Navi cheminèrent entre les maisons en bois d'arbres morts. Plusieurs Kokiris les saluèrent, un large sourire aux lèvres. Ils y répondirent avec la même joie de retrouver d'anciens amis. Au passage devant la maison de Mido, le chef du village leur barra la route.
- Quel mauvais vent vous ramène ici ?
Malgré le fait que les actes du jeune héros se soient répandus à traves Hyrule rapidement, Mido exprimait toujours son amertume légendaire envers le héros, et ne s'était pas sorti de la tête que ce n'était pas à cause de lui que l'Arbre Mojo était mort.
- Rien de méchant, ne t'inquiète pas, répondit la petite fée en contenant sa colère face à l'aversion du Kokiri.
- Vous avez intérêt... La première fois que vous êtes venus, le Vénérable Arbre Mojo est mort, et la dernière fois, Saria est partie au château sans jamais revenir...
- Si tu te souciais vraiment de la santé de l'Arbre, tu aurais vu qu'avant de mourir, il a libéré un bourgeon, qui est actuellement en train de fleurir, et tu saurais aussi que Saria fait au château bien plus pour la Forêt et pour Hyrule que lorsqu'elle est ici, à servir ta petite personne. Maintenant, si tu as fini de te plaindre, nous pourrions peut-être continuer notre route, et aller voir ta chère Saria, et même lui passer le bonjour, si tenté qu'elle ne dorme pas quand on arrivera au château.
Link et Mido restèrent bouche bée devant la tirade exaspérée de la fée. Sans se faire prier, Link suivit la fée vers la sortie de la Forêt alors que Mido ne revenait toujours pas qu'une simple fée ose lui parler de la sorte.

Après s'être éloigné des regards des petits citoyens de la Forêt, Link joua le Prélude de la Lumière, et ils se retrouvèrent tous les deux dans le Temple du Temps. Ils virent dans l'ombre du porche d'entrée sept silhouettes entrer. Les sept sages, sans escorte, s'étaient rendus au Temple dès que Rauru avait de nouveau senti la présence du jeune homme en Hyrule.
- Le moment est venu, mon enfant. En tant que guide des sages et Sage de la Lumière, je dois te prévenir : ce retour à l'âge adulte ne te sera pas agréable, tu manqueras les plus belles années de ta vie et ton corps grandira d'un coup d'un seul. Grandir fait mal, jeune homme.
- Si c'est le prix à payer pour sauver le cercle, alors je le ferai.
La détermination du héros pouvait se lire dans ses yeux.
- Zelda devra grandir avec toi.
- Pour quelle raison ? intervint la princesse.
- Tes pouvoirs sont encore trop peu développés du fait de ta jeunesse. En vieillissant, tu auras une meilleure maîtrise et une meilleure connaissance de ceux-ci, nous mettons ainsi toutes les chances de notre côté pour l'avenir, et pour la lutte de la survie du Cercle.
- Et bien soit... je vieillirai. J'espère que ça servira pour le Cercle.
- Sois en sûre, rajouta le héros. Si tu développes tes pouvoirs, tu pourras m'aider dans les prochains mondes.

Sans parvenir à cacher sa crainte, Zelda se tourna vers l'autel, et les pierres ancestrales brillèrent avec un éclat qu'on ne leur avait jamais vu.
- Ce doit être les déesses qui nous envoient un signe pour dire que la guerre approche. Commençons le rituel sans plus tarder. Nous allons former un cercle autour de la dalle de téléportation. Vous vous mettrez au centre pendant que le sort opérera. Ça va faire un peu mal, mais vu ce que vous avez vécu, vous ne devriez pas avoir de mal à affronter cette souffrance.
Zelda blêmit.
- "Devriez" ? Pourquoi "devriez" ? Il y a une chance qu'on ne survive pas au sortilège ?
- De toutes façons tu n'as pas le choix, répliqua froidement Impa. Commençons.

Les deux amis se placèrent sur la dalle, Navi volant au-dessus d'eux. Les six sages se placèrent en cercle et concentrèrent leur énergie. D'une voix abyssale, Rauru prononça les mots nécessaires.
- Sages d'hier et d'aujourd'hui, par ce sceau et à travers le temps, j'en appelle à vos pouvoirs. Que l'esprit du Héros du Temps vienne et ne fasse qu'un avec son enveloppe corporelle. Que la Princesse de la Destinée s'éveille à la conscience de Sage du Temps !
Le pendentif s'éleva et s'ôta de lui-même du cou de Link pour venir léviter au-dessus de leurs têtes. Quatre langues de lumière s'en échappèrent pour épouser les formes du cercle formé par les sages. Une vive colonne de lumière naquit au centre absolu du cercle et grossit jusqu'à englober le Héros, la princesse et la fée.
Une autre lumière émana des pierres ancestrales et trois rayons vinrent frapper la spirale temporelle. Link sentit une douleur sourde monter en lui et regarda avec peine Zelda qui semblait souffrir au moins autant que lui. Il prit la fée dans ses mains pour éviter qu'elle ne s'écrase au sol.
- Maintenez le sceau, confrères ! cria Rauru pour couvrir le bruit assourdissant. Maintenez-le coûte que coûte ! On y est presque !
La terre se mit à trembler et la lumière s'intensifia, au point que des passants sur la place du marché se demandaient comment le vendeur de masques avait illuminé son magasin d'un coup. Dans le Temple, les sages commençaient à faiblir, de même que la lumière. Alors qu'ils commençaient à s'apaiser, Ruto, dans un élan, sauta dans la colonne de lumière mourante.

Alors que les cinq sages restants reprenaient leurs esprits, ils virent avec horreur plus de deux adultes. En effet, non seulement Link et Zelda avaient grandi, mais le petit moment passé par Ruto dans la lumière avait suffi à la faire grandir autant qu'eux ! Saria parla la première, alors que ses confrères la regardaient avec horreur.
- Pourquoi as-tu fait ça ? Ça aurait pu les tuer ! Tu te rends compte des risques que tu nous as fait prendre ?
- Eh bien, répondit-elle penaude. Je voulais grandir aussi... Tu ne peux pas comprendre, tu sais que tu ne grandiras jamais !
- Moi je le comprends très bien, par contre.
La voix venait de derrière. Link s'avança.
- Je sais pourquoi tu as fait ça... Dans la temporalité alternative où je devais réunir les pierres ancestrales, tu m'as offert le saphir Zora comme preuve de ton amour, et plus tard, tu as promis que tu m'épouserais.
- Il y a de quoi, murmura Nabooru.
Link fit mine de ne pas entendre et poursuivit, alors que la Zora rougissait de plus en plus.
- Tu as fait ça par égoïsme et par amour pour moi, et tu n'as pas pensé que ça pourrait nous tuer. Par ailleurs, je t'apprécie, mais nous ne pouvons pas devenir plus que des amis car je suis Hylien et toi Zora. Je suis désolé.
La princesse des eaux fondit en larmes dans les bras de Darunia. Link s'en voulut mais c'était nécessaire pour pouvoir continuer. Ils passèrent un moment là avant de retourner au château pour que Link et Zelda se changent car leurs vêtements étaient devenus trop petits.

Chapitre 12 : Le retour du héros   up

fiction Le coeur des mondesL'équipe ainsi renouvelée était en train de discuter de l'avenir en attendant la princesse dans la cour du château. Elle descendit par des escaliers non loin de là et se présenta devant se amis. Certains murmurèrent leur approbation sur le choix de tenue de la princesse.
Elle portait une tunique simple qui mettait en valeur son buste de femme nouvelle. Deux pans de tissu retombaient devant et derrière à partir de la taille. Enfin, ses bottes hautes arboraient chacune une petite Triforce au col, afin de rappeler qui elle était. Cette tenue était parfaitement adaptée pour le voyage qui les attendait. Link intervint.
- Avant de partir, j'aimerais faire encore quelque chose... Rauru, est-ce que vous pourriez maintenir la porte vers le Saint Royaume fermée ?
- Je nous en crois capables, mais qu'as-tu donc en tête ?
- Je voudrais récupérer l'épée de légende, elle pourrait servir, d'autant plus que je n'ai que la lame dorée ou l'épée de Biggoron. Cette lame m'a sauvée autrefois.
- Garder la porte fermée pendant autant de temps nécessite beaucoup d'énergie, à moins que... ? Il faudrait que tu préviennes mes anciens confrères. Avec le lien qui nous unit, nous serons capables d'y arriver. Mais le retour dans les différents mondes prendra beaucoup trop de temps.
- Ne t'en fais pas, la perle de translocation permet de se déplacer directement au sanctuaire de chaque monde. Je veux juste savoir où est le sanctuaire de Termina.
- Il est au coeur même de Bourg-Clocher, sur le toit du grand clocher.
- Mais le toit n'est accessible que durant le festival, non ?
- Le mécanisme d'abaissement du toit est resté bloqué en position basse à cause de la trop grande proximité de la lune. Tu n'auras aucun mal pour redescendre si le besoin s'en fait sentir.
- Merci beaucoup, je reviens dans peu de temps.

*****

Kafei vit une ombre passer au-dessus de lui. Il reconnut le fameux hibou et sourit. Kaepora se posa sur le toit du clocher, juste quand une ouverture vers le Temple du Temps s'ouvrait et laissait entrer en Termina Link. Le hibou sut alors qu'il devrait mobiliser sa volonté pour aider le Héros. Après que celui-ci lui ait brièvement parlé, il alla se placer au-dessus du centre du toit, déploya majestueusement ses ailes, et ulula d'une curieuse façon. Un cercle orné de symboles se déploya sous lui avant de se réduire à un diamètre d'environ un mètre. Le lien avec Termina était établi.

*****

Thérébor sourit lorsqu'il entendit derrière lui le Héros fouler le sol blanc et nu du sanctuaire elendiylien. Sans aucun mot, il croisa son regard, hocha la tête et lévita. Le sceau que Link avait déjà vu rayonna d'un éclat orangé et le sage fut enveloppé dans un halo de la même couleur. Elendiyl était liée à Hyrule.

*****

Nathanaël ne réagit même pas à l'arrivée de Link. Il se contenta de se concentrer et de rejoindre les tréfonds de son esprit où un calme éternel régnait. Un sceau jaune vif se déploya sous ses pieds. Les Illusions rejoignaient Hyrule.

*****

Lorsque Link revint dans le Temple du Temps, ses amis étaient déjà dans la salle du fond. Lorsqu'il y pénétra, il aperçut trois colonnes de lumière au-dessus des représentations des médaillons du Feu, de la Lumière, et de l'Esprit, témoins du contact entre les mondes.
Les sages se placèrent sur leur emblème respectif. Un sceau d'un blanc pur se déploya tout autour du piédestal, puis des sages. Alors que Zelda restait en retrait, Link s'avança avec détermination, contourna Impa, et se plaça devant l'épée enfoncée dans son socle millénaire. Il s'empara du manche de l'épée et tira. Il déployait une force sans égal pour sortir la lame de la pierre, et pourtant c'était si facile pour lui. Il était l'Elu des déesses.
La lueur bleutée si caractéristique apparut lorsque les derniers millimètres de la lame légendaire sortaient du socle de marbre. Mais cette fois-ci, rien ne se passa. Pas de retour en enfance, pas de grandissement soudain, pas de sifflement strident, pas de saut dans le temps. Il était digne, corps et âme, de porter la lame purificatrice. Le cercle blanc se rétracta pour relier les sages entre eux, alors qu'ils s'élevaient dans les airs doucement, mais comme d'un seul corps.

- Je reviendrai le plus vite possible, mes amis. Je vous le promets.
Après avoir réconforté Zelda, le petit trio se lança à la recherche du prochain arbre-portail en se téléportant aux Bois Perdus. La carte d'Impa ne rayonnait pas comme à l'accoutumée.
- Pourquoi ça ne marche pas ? s'impatienta Link.
- Tu ne peux pas localiser l'arbre-portail ?
- La carte ne répond pas... Je ne sais pas où chercher.
Ils entendirent alors des cris d'affolement venant de la Forêt Kokiri. Ils se précipitèrent jusqu'à Mido, il devait savoir ce qui se passait. Le chef du peuple-enfant les aperçut et s'inclina devant la princesse.
- Majesté, c'est horrible ! Le lac Hylia déborde, et par le jeu des portails de connexion, le domaine Zora est submergé, et les bois commencent à le devenir aussi !
Link et Zelda se regardèrent, et d'un commun accord, foncèrent en courant vers l'entrée des Bois Perdus. Ils piétinèrent un sol détrempé et boueux, jusqu'à arriver à la clairière de la porte sous-marine. Ils avaient déjà de l'eau jusqu'aux genoux.

Link tendit sa tunique Zora à Zelda, alors qu'il mettait le masque de Mikau. Navi se réfugia à l'intérieur du bonnet de Zelda. Ils plongèrent sans hésitation dans le domaine aquatique. Le Domaine Zora, était défiguré par l'eau qui montait par le bas. Le calme habituel était perturbé par le gargouillis incessant de ce flot intarissable. Les Zoras, au grand étonnement du trio, essayaient le plus possible de se sortir de l'eau. Le Héros et la Princesse plongèrent sous la cascade du Domaine et arrivèrent enfin au Lac. Ils comprirent alors la raison des crues du lac. L'arbre isolé sur l'île au centre avait conservé son intégrité physique, mais il semblait paradoxalement ouvert et des torrents de glace de vapeur et de liquide se déversaient par la porte ainsi créée.
- Mais bien sûr ! Marinéa, le monde de l'eau ! Quoi de mieux qu'un arbre au milieu d'un lac pour y accéder ?
Les trois amis se dirigèrent vers le centre du lac et parvinrent difficilement à leur but. Un flux bleuté les enveloppa et le portail se referma violemment, forçant le torrent à cesser. Lorsqu'ils rouvrirent les yeux, ils étaient sur un ilot, face à deux piliers. Derrière eux, une arche en pierres brutes empilées avait dû accueillir le portail qui les avait menés jusqu'ici. Les deux piliers représentaient pour l'un une harpe stylisée, et pour l'autre une sorte de sceptre surmonté d'une orbe et de quatre disques. Une plaque à leurs pieds affichait une légende aux sculptures.

"La gardienne, une fois éveillée, manipulera l'espace et le temps. En attendant son éveil, le peuple de l'eau veille sur ses armes."

Autour de l'ilot, s'étendait le vide, au-dessus, en dessous, et ils ne virent pas les limites de ce vide. Enfin, parfaitement réparties en cercle, trois passerelles menaient à trois sphères différentes. Un être semblable à un Zora vint de la sphère en face d'eux et les harangua d'une voix nasillarde.
- Suivez-moi, nous vous attendions.
Les deux adolescents se regardèrent ébahis, et consentirent à suivre leur guide étrange, sans bien comprendre ce qui se passait, ni où ils étaient vraiment.

Chapitre 13 : Un devoir   up

fiction Le coeur des mondesUne lueur commença à poindre derrière le vieil homme. Il n'avait pas besoin de se retourner pour savoir d'où elle venait. Depuis toujours, il s'était préparé aux instants qui allaient arriver. Il s'était maintenu en forme, malgré son grand âge. Depuis la mort si lointaine de son père, il assumait son rôle de sekayani à la perfection. Ce mot, à force de se le répéter, semblait vide de sens. Et pourtant, c'était le rôle le plus important d'Elendiyl, peut-être même plus. Il avait reçu ce titre de son père, et son père de son père, et ainsi de suite jusqu'au premier sekayani.

Il avait jugé bon de se camoufler comme il le pouvait dans une vieille boutique isolée, perdue dans une ruelle sombre, à vendre des antiquités que personne ne voulait. Ainsi, il avait le moins possible de clients et il n'attirait pas l'attention. Il n'aurait jamais cru que l'évènement que son père lui contait le soir avant de s'endormir allait se produire pendant son existence. Aucun des objets de sa boutique n'avait de valeur particulière. Tous sauf un, et c'est ce qui lui valait ce titre de sekayani, le "gardien" dans une langue si vieille que personne ne s'en souvenait, et dont il connaissait un seul mot.

Depuis que la lueur était apparue, il n'avait pas cessé de regarder la porte de son taudis, guettant l'arrivée de celui à qui il devrait prouver sa valeur. Au lieu de cela, l'air sembla se déchirer, un cercle violacé apparut de nulle part au milieu du local, et s'élargit jusqu'à pouvoir laisser passer une personne. Et c'est ce qui arriva. Une silhouette se découpa dans le portail. Une carrure d'homme. Le sekayani s'étonna de voir que ce n'était qu'un adolescent en passe de devenir adulte. Cependant, son père lui avait appris à se méfier des apparences, et la jeunesse des traits de l'homme qui se tenait devant lui n'empêchait pas qu'il soit d'une cruauté sans égal.

Le jeune homme semblait chercher quelque chose des yeux. En effet, Bazil fouillait le magasin du regard pour trouver ce qu'il cherchait. Son père, par l'intermédiaire de la sphère des âmes, lui avait transmis une image de l'objet de sa quête, ainsi que ce qu'il attendait s'il réussissait. Il pourrait, entre autres, prouver à son frère qu'il était plus puissant que lui, et l'écraser avec autant de force que l'arrogance de son frère était grande. Il s'était fait un devoir d'accomplir cette quête.

- Où est le bâton, gardien ?
Sa voix témoignait d'une grande assurance dans ce qu'il entreprenait. En faisant montre d'une surprise feinte, le sekayani s'approcha de l'étranger et lui sourit de toutes ses dents, ou ce qu'il en restait.
- Parle ! Où est le bâton de l'origine ?
Le gardien sourit de plus belle.
- Qué voulez-vious, missieuh ? articula-t-il.
- LE BATON.
- Désoli, yé n'ai pas dé bateau.
Bazil s'avança d'une vitesse fulgurante et empoigna le vieillard par le col.
- Je sais que tu me comprends et que tu sais de quoi je parle, alors ne joue pas à ce petit jeu avec moi. Donne-moi le bâton si tu veux survivre.
- Si vous savez tout, alors vous savez que je dois le défendre au péril de ma vie. (Le sekayani avait repris sa voix normale et parlait avec un sérieux étonnant.)

Il effectua un ciseau avec ses jambes pour se dégager de la poigne de Bazil, et éjecta une décharge d'énergie vers son adversaire qui se retrouva projeté contre le mur de l'entrée. Au grand désespoir du sekayani, Bazil releva la tête et sourit.
- Tu vas finalement me distraire avant de périr, vieillard.
La fureur l'aveuglait, c'était évident, et il ne se laisserait pas faire. Le sekayani comprit alors qu'il n'y arriverait pas. Au moins, il pouvait gagner du temps. Peut-être qu'en le retardant, il pourrait l'empêcher de poursuivre.
Bazil sembla se téléporter à côté du vieil homme, lui prit violemment la gorge, alors que son autre main asséna au sekayani un rude coup de poing dans l'estomac, avant de créer une boule d'énergie juste devant l'abdomen de la victime. La boule grossit jusqu'à expulser un rayon de lumière noire dans le ventre du vieil homme. La douleur tordit le visage du sekayani, puis la vie s'échappa de son regard.
- Piètre divertissement, finalement. J'aurais dû lui soutirer la cachette de ce foutu bâton.

Une lueur derrière le comptoir attira son regard, alors qu'une douce chaleur se répandait dans sa besace, qui contenait la sphère. Il s'avança et se baissa pour examiner les étagères du comptoir. Derrière plusieurs pots poussiéreux remplis de tout et n'importe quoi, il trouva le bâton. C'était un filin fait d'un métal inconnu de Bazil, et recouvert d'or. Il en émanait une lumière noire qui obscurcissait tout ce qui entourait l'objet. Lorsque Bazil s'en empara, la lumière se tarit. Il plaça calmement sa trouvaille dans sa besace, et ouvrit un portail, bleu cette fois-ci. Il y entra en riant à gorge déployée, jubilant de son succès si proche.

Chapitre 14 : La balance des trois sphères   up

fiction Le coeur des mondesLink et Zelda pénétrèrent dans une sphère composée d'eau liquide uniquement. Ils découvrirent alors ce qu'un observateur extérieur ne pouvait voir. La sphère, immense à l'intérieur, abritait des sortes de grands immeubles en forme de coquillage allongés et torsadés. Des centaines d'êtres peuplaient ces immeubles et la sphère toute entière. En effet, l'eau liquide leur permettait de nager entre les bâtiments, ce qui donnait un ballet désorganisé que nos trois amis contemplaient, ébahis.
Leur guide, qui leur semblait être un personnage important, les pressa, et ils nagèrent rapidement vers un bâtiment plus imposant que les autres.

- Nous arrivons, mais ne traînez pas : sa Majesté n'aime pas attendre trop.
- Comment savait-Il que nous arriverions ? interrogea Link, perplexe.
- Il vous le dira Lui-même, dans quelques instants.

Ils traversèrent plusieurs allées de bâtisses et spirales, et arrivèrent au-dessus d'une esplanade gigantesque, qui débouchait sur un magnifique palais orné de perles et de corail blanc qui serpentait sur les immenses arches de l'entrée. La porte d'entrée, justement, était une sorte d'immense portail doré qui débouchait sur un sas.

Link sursauta lorsque le gargouillement de l'eau qui se vide fit trembler le sol sur lequel leurs pieds se posaient doucement. Ils passèrent ensuite une arche aussi - voire plus - grande que la première, et arrivèrent finalement dans le grand hall au fond duquel le trône majestueux scintillait de mille feux grâce à des petites perles enchâssées dans la structure du siège. Leur guide (en réalité le chambellan) leur intima de s'agenouiller. Ils obéirent et une porte sur leur droite s'ouvrit, laissant entrer le Roi, paré d'une grande toge bleu ciel. Il ressemblait beaucoup au roi Zora d'Hyrule, mais il était plus élancé et fin, ce qui laissait deviner sa musculature proéminente. De sa simple présence, il imposait le respect à ceux qu'il rencontrait.

- Bienvenue à vous, chers enfants du Destin. Nous vous attendions depuis plusieurs générations.
Zelda prit la parole, car elle était sans doute la mieux placée pour parler en présence d'un personnage royal.
- Nous sommes honorés de votre présence, Majesté. Nous sommes venus en votre royaume pour accomplir notre mission dont le but est de collecter...
- Je connais la nature de votre mission et je sais de quoi il retourne. Je sais que vous devez libérer le mal qui perturbe notre monde, les Trois Royaumes. Les deux autres sphères que vous avez vues sont les sphères Glace et Vapeur. Nous avons localisé pas plus tôt qu'aujourd'hui une activité malsaine importante en Gel. En vérité, cette source d'activité est une personne, nommée, selon nos espions, Zareg. Je vous supplie de vous rendre là-bas pour l'arrêter afin que la balance ne soit pas déséquilibrée.
- La balance ? interrogea Navi.
- La balance des trois sphères est une balance magique et mystique qui symbolise l'harmonie entre nos royaumes. Si par malheur elle venait à pencher d'un côté, le désastre serait inexplicable.
- Nous ferons de notre mieux, Majesté. Mais si vous connaissez l'identité de la personne en question, pourquoi ne pas vous en être occupé par vos propres moyens ?
- Il suffit de ces questions futiles, chère petite fée. Plus vite vous serez en Gel et plus vite le risque de déséquilibre sera écarté. Merci de votre visite et de vos services, mais j'ai encore des choses importantes à régler. Je vous saurai gré de partir sur le champ pour régler cette affaire importante au plus vite. J'aime l'efficacité et la qualité. Sur ce, au revoir.

Il se retourna et claqua la porte derrière lui. Perplexes, les trois héros s'éloignèrent du lieu de cette rencontre étrange, et sortirent enfin du palais pour se diriger vers la sphère Gel. En chemin, ils parlèrent de ce que leur avait dit le Roi.
- C'est trop facile, déclara Navi. Il nous donne un nom, on s'occupe de cette personne et envolés les maux de Marinéa ? Il y a autre chose derrière tout ça.
- C'est vrai que c'est bizarre, argumenta Link, mais comme nous n'avons pas d'autres pistes, nous irons en Gel pour recueillir des renseignements. Ce monde a l'air aussi peuplé et avancé ou presque que le nôtre, donc on pourra facilement interroger les gens.
Sur ce, ils continuèrent leur chemin jusqu'à arriver à la plateforme où ils avaient atterri.
- Navi, avance plus vite ! Nous devons nous dépêcher d'arriver avant que tout le monde ne rentre pour la nuit.
- Je... je..., murmura la fée.
Confirmant les pires craintes du garçon, Navi chuta, encore une fois, comme si elle perdait connaissance. D'une vague mentale, Zelda recueillit la fée dans une bulle plasmique. Navi reprit connaissance, au grand soulagement de ses amis, quelques interminables minutes plus tard.
- Link, c'est la même sensation que la dernière fois que j'ai éprouvée... Je suis inquiète, c'est la deuxième fois que ça m'arrive.
- Ne t'inquiète pas... Nous allons en Gel voir s'il n'y a pas de guérisseur.
Ils s'éloignèrent sur la passerelle conduisant à Gel, sans voir les piliers de la plateforme luire d'une diffuse lumière dorée.

Chapitre 15 : Le mal est partout   up

fiction Le coeur des mondesLa cité de Gel était au moins aussi grande que la ville d'Eau mais au lieu des sortes de coquillages qui composaient les bâtiments et les monuments, les trois amis eurent la surprise de découvrir d'énormes cubes de glace qui s'empilaient du plus grand au plus petit pour former des tours à structure archaïque mais d'une beauté saisissante lorsqu'on les approchait pour les observer de plus près. La lumière du soleil filtrait à travers les cubes si peu transparents pour orner les rues de la ville d'une myriade de couleurs. L'atmosphère fraîche éclaircissait les esprits des habitants et donnait une étrange sensation de bien-être. Ce décor, conclurent Link et Zelda, n'était pas un décor pour une ville emplie d'un mal inimaginable. Ils vagabondèrent dans les rues à la recherche d'un guérisseur pour la pauvre fée puis se résolurent à demander à un passant où ils pourraient en trouver un.

- Mais jeunes gens, d'où venez-vous ? Tout le monde en Gel et même dans les deux autres sphères sait que le seul guérisseur ici est celui de sa Majesté gelée !
- Et reçoit-il des gens du peuple ? Ou est-il dévoué pleinement et simplement à sa Majesté ?
- Vous pouvez y aller mais dépêchez-vous avant que le soleil ne se couche. Le grand froid prend vite son emprise la nuit.
- Merci monsieur.

Les deux amis et leur infirme traversèrent donc la grand-rue qui débouchait sur une immense esplanade ornée de statues de glace. Ce qui ne manqua pas de leur rappeler l'esplanade d'Eau. Lorsqu'ils arrivèrent aux portes du palais glacé, ils s'ébahirent devant la beauté encore plus frappante des arches stylisées et des piliers sculptés du monument. Le garde portier les stoppa...

- Quelle est la raison de votre venue, étrangers ?
- S'il vous plaît... Notre amie fée est mourante et nous devons voir le guérisseur pour qu'elle s'en sorte...
- J'appelle mon supérieur, dit-il d'une voix monocorde.

Il porta la main à sa ceinture et leva une corne en forme de flocon. Il souffla à une extrémité, et les cinq autres émirent chacune un son strident. Une porte se dessina dans le mur derrière lui, et un autre être marin sortit, presque semblable au portier.

- Quelle est la raison de votre venue, étrangers ?
- Nous avons une amie fée mal en point et nous voulons voir le guérisseur royal pour qu'il fasse son possible pour elle.
- Le guérisseur ne soigne pas les fées. Veuillez passer votre chemin.
- Ayez pitié monsieur. (Il lui montra la fée évanouie dans ses mains.)
Avec un demi-sourire, le garde entrebâilla la petite porte qui s'était redessinée juste à la taille des deux amis, et les laissa entrer dans le palace gelé.
- Les murs vous guideront, dit simplement le supérieur.

Ils étaient tellement absorbés par la magnificence de l'édifice et par la décoration somptueuse qu'ils ne se rendirent même pas compte que, en plus de les guider en apparaissant çà et là, les murs les empêchaient tout retour en se refermant derrière eux. Ils arrivèrent au bout d'un certain temps dans un cul-de-sac, et virent se dessiner sur le mur qui leur faisait face une porte ornée de symboles verts et gelés. Ils entrèrent et découvrirent avec surprise, une petite personne replète qui contemplait un ouvrage usé par le temps. La salle était d'une blancheur aveuglante mais on avait assez de visibilité pour voir le bureau et la personne qui y était assise. Contrairement à tous ses confrères, le guérisseur était bien plus petit que Link et Zelda, et au lieu d'avoir un visage fin et harmonieux, il arborait une expression dure et agressive dans un visage ridé et enflé.

- Que faites-vous ici ? Vous n'êtes pas des Marinéens !
- On nous a laissé entrer afin que vous tentiez de soigner notre amie. Elle s'est évanouie sur la passerelle entre les sphères et ne s'est plus réveillée depuis.
- Je ne vais pas vous laisser en plan... Mais sachez que je ne fais pas cela de gaieté de coeur, c'est contre mes principes ! Posez-la sur la table.
Il prit délicatement la fée dans ses mains rondes et l'examina de près. Après une observation sous tous les angles, plusieurs marmonnements incompréhensibles, et de longues minutes de réflexion, le guérisseur eut un hoquet de surprise.
- Que se passe-t-il ? s'inquiéta Zelda.
- Si je pense juste, votre amie souffre d'un mal dont une seule chose peut la guérir...
- Et laquelle est-ce ? s'empressa Link.
- Elle doit redevenir qui elle était. Malheureusement, je ne peux rien pour elle. Cependant, un ami à moi en Vapeur doit pouvoir faire quelque chose. Cherchez la maison avec le nuage bleu.
- Merci beaucoup de votre aide... Comment vous appelez-vous ?
- Zareg le guérisseur.
Les deux amis se regardèrent perplexes, puis sondèrent le regard du vieux Marinéen.
- Que se passe-t-il ? Qu'y a-t-il avec mon nom ?

Avant de répondre, Link enleva le médaillon autour de son cou, et frôla le front et le coeur de Zareg avec. La perle de Pureté se mit à briller modérément vers son front, puis plus intensément vers son coeur.

- Vous avez le coeur pur, mais quelques pensées noires, maître guérisseur. Nous sommes allés voir le souverain d'Eau avant de venir en Gel, et il nous a dit qu'un certain Zareg menaçait l'équilibre qui régit votre monde.
- Je peux vous assurer que je suis le seul à porter ce nom ici, et que je n'ai rien fait de bien plus grave que de casser mon bol pour la soupe de glaçons. Il me semble cependant que le voisin de mon ami est un criminel récidiviste et que ses actes sont bien plus graves que les miens. Il s'appelle Zerag et il vivait en Gel avant. Le roi d'Eau a peut-être confondu.
- Merci de votre aide. Au revoir Zareg !

Ils sortirent de la salle, du palais, puis de Gel pour se diriger vers Vapeur, la troisième sphère. En passant sur la plateforme, ils virent que les piliers émettaient une lueur vacillante, de même que la lueur qui entourait habituellement Navi faiblissait. Voyant leur amie de mal en pis, ils se hâtèrent d'entrer en Vapeur.

Chapitre 16 : Celle qu'elle était   up

fiction Le coeur des mondesLink et Zelda, dans un affolement pour leur amie, n'eurent pas le temps de regarder le paysage de Vapeur. Ils fonçaient à travers les rues vaporeuses de nuages, scrutant chaque maison pour apercevoir le fameux nuage bleu qui symbolisait un pas en avant vers le rétablissement de Navi. Malgré le peu de temps que la Princesse avait passé avec la fée, elle attachait une importance toute particulière à l'aider à se rétablir, d'abord pour le bonheur de Link, étant donné le nombre d'épreuves traversées avec elle mais aussi celles pour la retrouver. Rien ne pourrait rendre Zelda plus heureuse que de voir Link dans le même état. Le héros, quant à lui, ne pensait qu'à Navi et ne se souciait guère de bousculer des Marinéens - qui le reprimandaient fortement - ou encore de traverser les rares ruisseaux qui couraient çà et là, témoins du déséquilibre entre les sphères. En effet, le liquide s'immisçait dans le gazeux et cela, du moins aux yeux des habitants, n'augurait rien de bon.
Au bout d'une heure de recherche intensive, Zelda accéléra le pas pour rattraper le Héros qui la distançait de loin et le retint brutalement par le bras.

- Link, arrête de tourner en rond, dit-elle avec un soupçon de tristesse dans la voix.
Dans son élan, le Héros ne s'était pas aperçu qu'il venait de passer trois ou quatre fois à la même intersection en prenant toujours le même chemin. La nuit tombant et ayant couru toute la journée, les deux Hyliens fatiguaient et il tardait à Zelda de trouver ce fameux ami pour pouvoir enfin être soulagée.
- Pardonne-moi, mais je ne peux pas m'arrêter de chercher maintenant. J'ai attendu si longtemps pour être avec elle, et revivre les trois mêmes jours indéfiniment ne m'a pas aidé à taire mon impatience. (Il lui tendit sa bourse.) Essaie de voir ce que tu peux faire avec la monnaie d'Hyrule ici, et de nous trouver une chambre pour la nuit. Moi, je continue. Ne t'inquiète pas, j'arriverai à te retrouver.

Link sortit de sa sacoche un cristal au coeur vert et libéra son pouvoir. Zelda recueillit précieusement le téléporteur généré par le Vent de Farore, et sourit à Link avant de tourner les talons et d'interroger un passant sur un éventuel hôtel. Le héros continua sa recherche jusqu'à la place du Palais de Vapeur, où il s'arrêta enfin de marcher pour scruter toutes les maisons qui bordaient l'immense place. Pas une ne correspondait aux attentes du garçon. Une terrasse dont les escaliers étaient à peine visibles permettait de surplomber la grande partie des bâtiments et trônait fièrement au centre de la place.

Prendre de la hauteur, c'est ça qu'il fallait. Il gravit les marches quatre à quatre et la vue qu'il eût de Vapeur lui aurait coupé le souffle s'il n'était pas si concentré sur son objectif. Il sonda l'horizon qui se profilait devant lui. Du coin de l'oeil, il aperçut un reliquat de vapeur bleue non loin, dans une rue parallèle d'un secteur de la ville qu'il n'avait pas visité. Il descendit les marches puis traversa la place en trombe pour finalement arriver dans ladite rue. Une seule porte. Une seule façade. Un nuage bleu. Le soulagement vint au fur et à mesure que le héros approchait doucement de la demeure de l'ami de Zareg. Il entra, activant la corne de brume au-dessus de la porte, dans un magasin miteux et sombre qui semblait abandonné.

- Il y a quelqu'un ? demanda-t-il timidement.
- Oui, passez derrière le comptoir je suis là ! répondit une voie d'homme.

Link pénétra dans une salle sombre où un bureau éclairé par une chiche lumière ornait un coin de la pièce. Un Marinéen de grande taille fouillait dans une bibliothèque parfaitement pleine et rangée : chaque once des différentes étagères était occupée par un livre, et pas un ne dépassait par rapport aux autres. L'ami du guérisseur prit un livre délicatement et l'ouvrit sur la page de garde.

- Je vous attendais, jeune Héros au coeur pur. Je suis Oriel, prophète marinéen. Je crois savoir que vous avez un problème, n'est-ce pas ?
- Co-co-comment ?
- Exposez-moi votre problème et je le règlerai.
- Très bien.

Il inspira un grand coup avant de se lancer dans le récit des péripéties de Navi, son voyage à la Fontaine de la Licorne, ses chutes. Le prophète hochait la tête de temps en temps. Quand le récit fut terminé, il examina la fée, puis entreprit de chercher un autre livre dans la bibliothèque parfaite. Voyant qu'il en tenait un entre les mains, il murmura :

- Oh ! suis-je bête ! (Puis tout haut :) Ce livre regroupe les prophéties vous concernant, et comme vous le voyez, il n'en est encore qu'à la première page. Une longue aventure vous attend encore.
- Ne pouvez-vous pas me dire comment soigner Navi ?
- Je ne peux inventer des phrases comme cela ! Les prophéties s'écrivent d'elles-mêmes sur ces livres, et je n'en suis que l'interprète. Quoiqu'il en soit, je ne peux rien vous...
Il écarquilla les yeux sur son livre.
- Que se passe-t-il ? s'inquiéta le jeune homme.
- Une prophétie vient juste de s'inscrire...

"Le mal des sphères vient de la perversion de l'être, mais le coeur pur apportera un autre mal avec lui sans le savoir. C'est celui-là qui libérera un autre coeur et rendra à un être cher son apparence dénuée de mal."

- Moi ? Apporter un mal avec moi ?
Il sonda son équipement sans grande conviction.
- Au moins je sais que ça ne sert plus à rien de chercher ce Zerag. Le roi d'Eau voulait simplement régler une affaire personnelle, Navi avait raison. Merci pour tout, prophète, et au plaisir de vous revoir !
Il sortit le Vent de Farore et libéra le pouvoir qui l'enveloppa dans un tourbillon vert, avant de le relâcher dans une ruelle.
- Link !
La princesse sursauta à la vue de son ami.
- Excuse-moi, je n'ai rien trouvé.
- Ce n'est rien, viens avec moi. Il faut qu'on trouve un mal que j'aurais apporté en entrant dans Marinéa. Allons sur la passerelle puisque c'est là que les problèmes de Navi ont commencé, ou plutôt recommencé.

Ils se hâtèrent de retourner sur la passerelle, sortant de la fabuleuse ville de Vapeur. Arrivés sur la plateforme au centre, ils s'arrêtèrent et Link regarda partout, sans que Zelda ne comprenne grand-chose.
- On cherche quoi exactement ?
- Quelque chose qui pourrait représenter le mal et que j'aurais apporté avec moi.
- Déballe tout ton équipement de ta sacoche.
Le Héros s'exécuta, et ils examinèrent la panoplie de Link.
Après quelques minutes de réflexion, le Héros émit un cri de victoire mélangé à de la peur.
- J'ai trouvé ! Le seul objet qui aurait pu être en contact avec le mal... Quand ton toi du futur as combattu le monstre du puits, tu m'as dit d'aller chercher l'objet qui se trouvait au fond... Le monstre, je l'ai vaincu pour libérer Impa, et l'objet en question c'est le monocle de vérité ! (qu'il tendit fièrement en l'air).

Au même moment, des volutes noires s'échappèrent des bords de la lentille, et trois rayons partirent chacun vers une sphère, pour ramener trois boules luminescentes au monocle. Ce dernier s'envola et disparut dans un orbe lumineux qui grossissait à vue d'oeil.

Chapitre 17 : Sortie de l'Ombre   up

fiction Le coeur des mondesOriel travaillait d'arrache-pied sur une nouvelle prophétie complexe qui venait d'apparaître dans un livre sur le roi de Gel. Trop de sens s'offraient à lui, trop d'interprétations pour donner un sens précis à ces quelques lignes riches en informations. Un bruit vint à ses oreilles. Un grattement répétitif qu'il entendait sans vraiment l'écouter depuis maintenant plusieurs minutes. Il leva la tête vers son immense bibliothèque prophétique, et observa d'où venait le son perturbant. Un livre s'agitait de lui-même sur l'étagère centrale.

- Fichus rats des neiges !

Il se leva et approcha. Le livre bougeait de plus en plus, jusqu'à en secouer la bibliothèque entière. Ce ne pouvait être les rats. En plissant les yeux, il vit pourquoi ce n'était pas les rats. Ce n'était pas n'importe quel livre. Celui du jeune homme, du jeune héros. La tranche verte martelait l'étagère et une étrange lueur émanait des pages qui tentaient en vain de s'écarter les unes des autres. Avec mille précautions, il prit délicatement le livre par le haut de la tranche et entreprit de le tirer à lui. Dès que l'ouvrage fut à moitié sorti de son emplacement, il sauta littéralement de la bibliothèque et alla voleter dans les airs avant de s'écraser brutalement par terre, s'ouvrant à la moitié, en émettant une intense lumière qui aveugla le prophète. En s'approchant, petit à petit, la lumière faiblit, permettant à Oriel de voir les pages. Pourquoi le vieux grimoire s'était-il ouvert au milieu puisque les prophéties s'arrêtaient à la première page ? Lorsqu'il tendit la main pour accéder à la fameuse première page, il écarquilla les yeux de stupeur. Si les écritures arrivaient jusque-là, cela voudrait dire que la totalité des pages avant étaient remplies... Totalement remplies... En l'espace de quelques heures, un demi-ouvrage de prophéties était apparu, du jamais vu dans sa vie. En parcourant les nombreuses pages, une prophétie attira son attention. Elle parlait d'un certain homme dissimulé en Marinéa. L'interprétation était flagrante. Un seul Marinéen correspondait à cette description. Oriel courut en direction de la porte en face de chez lui.

*****

La boule luminescente commença à dévoiler une silhouette énorme flottant dans l'espace entre les sphères. Un géant de glace aux veines remplies d'une eau noirâtre bien visibles à travers le solide. Puis camouflé par des nuages noirs, un oeil violacé qui n'était pas sans rappeler le monocle aux deux amis. A peine fut-il réveillé qu'il émit un grognement sinistre et abattit un poing de glace sans pitié sur la plateforme. Evitant les coups successifs, Link et Zelda réussirent à récupérer tout l'équipement du Héros éparpillé sur le sol. Visant l'oeil avec son arc, Link pensait affaiblir le géant givré, une technique qui avait déjà fait ses preuves pour bien des monstres dans son aventure passée. Pourtant, les nuages autour de l'oeil annulaient la force de frappe des flèches, qui retombaient dans le vide, inutiles. Zelda tentait les boules d'énergie et les cisaillements plasmiques, qui n'entaillaient même pas le colosse. Cherchant désespérément une solution à l'énorme problème qui se dressait devant eux, ils évitaient les coups.

*****

Oriel entra en trombe dans la triste maison de Zerag.

- Il faut que tu reviennes sur le devant de la scène, Zerag.
- Bonjour, mon ami. Que t'arrive-t-il ?
- Ce qu'on redoutait est arrivé, tu vas devoir reprendre ton ancienne identité, et sans tarder. Le Héros est en danger.
- Calme-toi et explique-moi. Je ne t'ai pas confié mon secret pour que tu me fasses une mauvaise blague dans une de tes crises de démence.
- Son livre s'est animé de soubresauts, et en l'espace de quelques minutes, il s'est rempli à la moitié de prophéties dont une te concernant.

Pendant que son ami lui parlait, Zerag s'approcha d'une vieille armoire refoulée dans un coin pour oublier son contenu. En l'ouvrant, il s'étonna de l'élégance de l'habit, resté au placard trop longtemps. Le tissu était intact, et le bleu de la robe du Sage de l'Eau rappelait le profond et paisible Lac Hylia.

- Montre-moi la prophétie.

Après avoir lu les quelques lignes le concernant, il murmura :

- Adieu Zerag, Makios est de retour.

*****

Le géant n'en démordait pas. Après avoir abattu ses poings sans relâche sur les Hyliens, il avait commencé à cracher son eau noire partout où il pouvait, cette dernière rongeant tout ce qu'elle touchait ou presque. Des décorations marinéennes étaient parties en lambeaux en quelques secondes. Link et Zelda sentaient la fatigue du mouvement incessant leur monter dans les jambes. A un moment ou à un autre, ils céderaient face au monstre et leur quête s'arrêterait là.

Les attaques cessèrent d'un coup. Dans un râle, le colosse prit une grande inspiration et cracha un nuage de fumée âcre qui recouvrit la plateforme entière. La Princesse et le Héros, ne voyant pas à un mètre devant eux, craignaient que le monstre ne leur ôte la vie rapidement. Une ombre fondit sur Zelda et Link eut juste le temps de lui éviter d'intenses souffrances de la part d'un bloc de glace tombé du ciel. Alors qu'ils cherchaient à s'éloigner du centre de la plateforme, ils évitèrent de justesse un crachat d'eau noire. Ils arrivèrent enfin au bord du promontoire circulaire... au-dessus du vide !

Ils étaient au mauvais endroit pour atteindre une passerelle, et retourner dans le brouillard s'avérait trop risqué. Ils étaient piégés. Alors qu'ils voyaient les jets de blocs et d'eau se rapprocher et s'intensifier, Link perdait peu à peu espoir de revoir un jour le beau soleil d'Hyrule. Le bruit d'un crachat approcha et le Héros vit ses derniers instants. Il ferma les yeux et pensa le plus fort qu'il put à Navi, combien il aurait été heureux de la revoir en forme, combien il l'avait été dans la cour du château il n'y avait pas si longtemps que ça quand elle avait surgi de derrière Zelda.
Navi... Excuse-moi, je n'ai pas réussi.

Le liquide se rapprocha dangereusement d'eux. Zelda cria de terreur. Link se perdit dans ses souvenirs. Puis rien ne vint. En rouvrant les yeux, Link aperçut deux silhouettes dans le brouillard, dont une qu'il pouvait à peine reconnaître. Oriel se tenait sur la passerelle vers Gel. Makios alias Zerag se tenait quant à lui droit sur ses pieds devant le mur de brouillard et semblait manipuler une boule invisible entre ses mains. Quand il projeta cette boule derrière lui, Oriel aperçut une énorme goutte d'un liquide noir s'échapper dans le vide marinéen. Bandant tous ses muscles, il sembla faire un effort surhumain pour commencer péniblement à tourner sur lui-même. Comme une enclume, il martelait le sol avec ses pieds. Il perdit peu à peu la sensation de pesanteur accentuée, pour former une véritable tornade humaine - ou plutôt Zora, au vu de sa tête - et s'éleva dans les airs. En même temps, le nuage s'affinait en une sorte de crème glacée, et commençait à tourner lui aussi.

Après quelques instants, le nuage était entièrement dissipé, et Makios avait de nouveau les pieds sur la passerelle. Que ne fut pas son soulagement lorsqu'il vit que les deux Hyliens étaient sains et saufs de l'autre côté de la plateforme. Il se hâta de les rejoindre et se campa devant eux, face au monstre. Tendant une main vers le colosse, Makios contracta ses doigts, et on vit tout le sang d'eau du monstre affluer vers ce que l'on pouvait appeler son torse. Puis le percer violemment, projetant de la glace un peu partout. Le squelette alors inanimé tomba dans le vide, et l'eau noire relâcha le Monocle de Vérité, lavé de toute trace de l'infâme Bongo Bongo.

- Merci mais qui êtes-vous ? demanda Link au Sage.
- Makios, Sage de l'Eau banni du Domaine Zora et d'Hyrule elle-même il y a bien longtemps. Je suis là pour te servir, jeune Héros, ainsi que vous, Princesse.

Il se courba et Zelda rougit sensiblement. Une lueur d'un bleu profond attira leur attention vers le Monocle, qui relâcha une perle de la même couleur. Le sage la recueillit dans sa main et la tendit au Héros.

- La solution à ton problème. Reçois la Perle de Vérité en gage de notre amitié et de mon entière coopération à ta cause.

La perle tourbillonna autour du pendentif, mais à la surprise de Link et Zelda, elle ne s'incrusta pas dans son emplacement, à côté de celle de Termina. Au contraire, elle alla léviter vers une sacoche latérale de Zelda. La Princesse, sans mot dire, sortit de cette même sacoche une bulle dorée où Navi reposait depuis son évanouissement. La Perle perça la bulle et emmena la fée vers les deux piliers de la plateforme, invraisemblablement intacts après le combat. Le pendentif autour du cou de Link se mit à vibrer, et la Perle de Bénédiction, si durement obtenue en Elendiyl, se sépara de son support pour aller se mettre en orbite autour de la fée, de même que la Perle de Vérité.

Dans une lumière éclatante venue à la fois des perles, de la fée, mais aussi des piliers, Link sentait son amie revenir peu à peu à la conscience. Mais quelque chose semblait... différent. La présence qu'il avait pu ressentir lorsque la fée était là était ici décuplée. Lorsque la lumière se dissipa, Link approcha pour recueillir son amie la fée dans ses bras, et tout lui raconter. Sauf que... ce n'était pas une fée qui était étendue sur le sol, mais bel et bien une jeune fille ! Une jeune fille blonde, à peu près de l'âge de Link et Zelda, aux traits fins, et au visage rayonnant. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, Link fut ébahi par leur profondeur et leur beauté. Il s'agenouilla pour lui tenir la tête levée. Mais sa voix, il la reconnaitrait entre mille :

- Où suis-je ?

Chapitre 18 : L'éveil de la Gardienne   up

fiction Le coeur des mondesLink était ébahi au point de ne pas répondre à la question de la jeune femme. Zelda, tout autant étonnée ne savait plus quoi faire. Oren et Makios, quant à eux, ne comprenaient strictement rien à ce qui venait de se produire, ce qui rajoutait de la confusion à la scène peu commune.
Link balbutia quelque chose d'inaudible, et les pupilles de Navi se rétractèrent pour s'habituer à la lumière. Son champ de vision s'éclaircit sur une tâche bleue, qui se précisa en faisant apparaître la silhouette de Link dans sa tunique Zora. Lorsqu'elle reconnut le Héros, avec une tête déconfite d'incompréhension, elle explosa de rire.

- Pourquoi fais-tu cette tête ? réussit-elle à articuler entre deux éclats.
- Tu ne te souviens de rien ?

Au son de la question, Navi arrêta net de rire, et réfléchit profondément.

- Je sais que nous devons sauver le Cercle, et que nous étions en route pour Marinéa. Et après... (Elle blêmit.) Le trou noir, plus rien... Comme la dernière fois, à l'entrée de la Forêt. Que s'est-il passé ? s'inquiéta-t-elle enfin.
- Lorsque nous sommes arrivés, nous sommes allés voir le roi d'Eau qui nous a dit d'aller en Gel, et c'est là que tu as perdu connaissance. Nous avons fait le plus vite possible pour trouver quelqu'un qui pourrait te guérir, et nous avons trouvé Oren, un prophète, (qui fit un signe de la main à Navi) qui nous a indiqué qu'une prophétie disait que tu devais redevenir celle que tu étais, après quoi nous sommes venus sur cette plateforme, où un monstre est sorti du Monocle de Vérité. Nous avons réussi à le vaincre grâce à l'aide de Makios, sage de l'Eau et voisin d'Oren. Puis les perles t'ont rendue comme ça.

Navi regarda ses mains, laissa échapper un cri de stupeur, se releva promptement, vacillante. Ses jambes n'étaient pas habituées à marcher ni même à la soutenir, ayant vécu toute son aventure aux côtés du héros en volant. L'arche de la plateforme, par laquelle les trois amis étaient arrivés, leur rappela sa présence en émettant une discrète lueur bleutée. Link soutint la jeune femme pour qu'elle puisse s'en approcher, et une espèce de gelée vint remonter le long des colonnes pour former un miroir. Navi se toucha le visage, contemplant le reflet d'une belle et blonde jeune fille, qui n'avait rien à voir avec l'image d'une petite boule lumineuse avec des ailes qui font au moins sa taille. Derrière l'arche, dans le vide d'entre les sphères, un visage se dessina en constellation d'étoiles de Marinéa. Mojendi souriait de voir Navi reprendre ses esprits alors que la vue du vieil homme ajoutait à l'étonnement de Link et Zelda. Sa voix de stentor fit sursauter tout le monde sur la plateforme. Oren, ayant pris peur d'un autre monstre qui venait d'apparaître, essaya maladroitement de se cacher derrière une des colonnes mais perdit l'équilibre et provoqua l'hilarité chez Makios.

- Bravo à toi jeune héros, tu as réussi à redonner à Navi sa forme originelle. Comme tu dois te douter, ce fragment de ma mémoire ne t'est pas destiné.
- En effet, mais j'ai une question... Si j'ai réussi à "redonner" sa forme originelle à Navi, cela veut dire qu'elle a déjà été humaine auparavant ?
- En effet, mais tes questions trouveront une réponse dans peu de temps, écoute simplement. Comment vas-tu Navi ? dit-il en tournant les yeux vers la jeune fille.
- Merci, je vais bien, répondit-elle dans un soupir, mais je suis encore sous le choc. Je pense que je suis en mesure de vous écouter.
- Parfait. Soyez attentifs à ce que je vais dire.

Il vérifia que tout le monde lui prêtait toute son attention, et commença son récit :

- Au début des temps, une déesse autre que les trois Déesses créatrices, appelée Hylia abandonna sa forme divine pour défendre la Triforce des forces du mal. Elle se réincarna en une jeune fille prénommée Zelda n'ayant aucun souvenir de son ancienne vie de Déesse. Une guerre contre l'Avatar du Néant s'ensuivit, où le Héros choisi par Hylia, nommé Link, défendit Zelda et reconstitua la Triforce pour éradiquer la présence de l'être maléfique de la surface. Pour ce faire, il reçut l'aide d'une épée confectionnée et manipulée par Hylia, qui renfermait un esprit fort et éternel : Fay. Cependant, dans son dernier souffle, l'Avatar maudit Zelda et Link pour que son esprit hante leurs descendants jusqu'à la fin des temps.
A la fin de la guerre, Link n'ayant plus besoin de l'épée divine, alors devenue Epée de Légende, il la reposa sur le piédestal pour sceller le portail du temps qu'il avait ouvert, et libéra Fay de son lien avec l'épée. L'esprit était devenu sensible aux émotions humaines au contact du Premier Héros, et il méritait de pouvoir vivre pleinement. Après avoir fondé ce qui allait devenir Hyrule à la surface de la terre, ils partirent dans une autre aventure où ils trouvèrent une force magique qui égalait celle de la Sainte Triforce. Ils décidèrent tous les trois de ne pas dévoiler cela aux autres habitants, de peur de perturber la paix qui régnait alors. En sa qualité de déesse déchue, mais néanmoins déesse, Zelda première du nom nomma Fay comme étant la gardienne de ce pouvoir.
Mais malgré ce statut, il restait la possibilité que certaines personnes découvrent l'emplacement de cette force par inadvertance. Zelda utilisa donc la Triforce pour séparer les différentes tribus et races. C'est ainsi que fut créé le Cercle des Mondes. Mais en bonne déesse qu'elle était, elle laissa un portail dans un des mondes pour accéder à cette force en cas de besoin. Le devoir de la Gardienne devint donc de protéger ce portail. Elle seule pouvait en commander l'ouverture.
Navi, tu es la descendante de Fay, tu es la nouvelle Gardienne !

Alors qu'il terminait sa phrase, la plateforme se mit à trembler violemment, faisant perdre l'équilibre à tous ses occupants. La lueur que les amis avaient vue auparavant sur les piliers revint et s'intensifia, jusqu'à les aveugler. Malgré la lumière, Link crut distinguer que les piliers explosaient. Quand la lumière tarit pour mourir, deux bracelets flottaient au-dessus de chaque souche de pilier, dont les morceaux gisaient à présent à terre.

- Prends et reçois tes armes, Gardienne, déclara Mojendi solennellement. Ces bracelets viennent d'une autre dimension, apportés par la Déesse Déchue pour la Première Gardienne. Ils te sont destinés et te permettront de manipuler l'espace et le temps.

Chaque bracelet était composé de huit perles représentant chacune un élément naturel : une étoile filante, un sapin enneigé ou encore un coquillage aux reflets bleutés. En les enfilant, Navi murmura quelques mots :

- La main droite est la main du pouvoir, celle de Din, donc manipule l'espace avec les essences de la nature. La main gauche est la main du savoir, celle de Nayru, et manipule donc le temps, avec les essences du temps.

Pour chaque bracelet enfilé, Navi eût des visions étranges d'un héros ressemblant à Link manipulant un sceptre ou une harpe, comme ceux qui étaient gravés sur les piliers. Lorsqu'elle les eût enfilés tous les deux, une lueur bleutée émana de sa peau de pêche et elle commença à léviter.

- Tu as été reconnue comme la nouvelle Gardienne. Cette lueur que tu vois là est la lueur caractéristique des Fées. Les déesses t'ont accordé le droit de vivre en compromis entre ta forme originelle et celle que tu as adoptée pendant si longtemps.
- Mojendi !

Tout le monde se tourna vers Makios qui s'était permis d'interrompre cet échange.

- J'ai eu du mal à te reconnaître mais c'est bien toi ! Mon vieil ami, la dernière fois que je t'ai vu, tu étais plus... consistant, railla-t-il.
- Vous connaissez Mojendi ? interrogea Link plein de stupeur.
- En effet. Il est l'anci...
- Makios ! Ce n'est pas le moment.
- Qui êtes-vous vraiment ? interrogea Zelda à son tour.
- Vous le saurez en Brédory.

L'image du visage s'effaça brusquement et tout redevint calme. Navi reposa ses pieds au sol et s'avança vers Link.

- Donne-moi le pendentif de Zelda, s'il te plaît.

Link enleva le médaillon bleu et or et le passa autour du cou de Navi. Les perles rayonnèrent comme pour signifier leur approbation, puis plus rien.

- Je pense que nous sommes prêts pour se mettre en route pour Brédory.
- Attendez ! J'ai une requête.

Les regards s'orientèrent vers Oren, qui n'avait pas osé se manifester jusque-là.

- Etant donné que ma vie de prophète est assez ennuyeuse ici, et que je pourrais avoir des éléments qui pourraient vous aider par les prophéties, est-ce que je pourrais... est-ce qu'il serait possible que... enfin...
- Vous pouvez venir avec nous si vous le souhaitez, Oren, lui répondit Zelda avec un grand sourire.
- Merci mille fois !

Dans leur dos, Makios s'assit en tailleur, et commença à léviter, faisant apparaître le sceau de l'Eau, ainsi qu'un portail vers Hyrule. Le sceau rappela à Link que ses amis sages souffraient le martyr pour maintenir le sceau fermé, pendant que lui s'occupait à faire des courbettes ici. Il lâcha un "Hâtons-nous. Merci Makios" et la petite troupe des quatre traversa le portail vers Hyrule.

Chapitre 19 : Détresse forestière   up

fiction Le coeur des mondesLorsque Link traversa le portail, en dernier, et après avoir rendu un dernier au revoir à Makios, il découvrit que le torrent, qui se déversait alors de l'arbre au milieu du lac Hylia (au moins maintenant il savait d'où le nom venait), s'était purement et simplement tari et évanoui dans la nature. Aucune trace des geysers de vapeur, des blocs de glace ou du flot incessant d'eau. Le niveau du lac était le même qu'à l'accoutumée et l'îlot qui accueillait la pierre de téléportation pointait pleinement mais timidement hors de l'eau. Les quatre compagnons contemplèrent le lever de soleil magnifique entre les piliers de l'autre îlot.

- Et voilà. Fini Marinéa. Plus que deux coeurs à retrouver mais nous ne savons pas encore quoi en faire.

La question implicite de Link resta en suspens dans le silence du frais matin hylien. Il lui tardait de retourner à une vie paisible, dans l'esprit de celle qu'il vivait dans la Forêt Kokiri avant que l'Arbre Mojo ne lui confie la grande mission de protéger et sauver le Royaume. Avant Navi. Non. C'était inconcevable de considérer un instant sa vie sans elle. Sa partenaire de voyage dans le temps, l'objet de sa si longue recherche, puis celle qui avait piqué sa curiosité depuis sa transformation. Malgré ses interpellations incessantes et agaçantes, il ne pouvait s'empêcher d'apprécier la fée - plutôt la Gardienne maintenant - pour ce qu'elle était vraiment : une personne aimante et attentionnée pour ceux qu'elle estime, parfois un peu trop inquiète pour leur santé.

En silence, Link, Navi et Zelda se rassemblèrent sur la pierre de téléportation et Oren les suivit. Link joua le Prélude de la Lumière, et un voile de lumière enveloppa le quatuor et ils se retrouvèrent finalement au Temple du Temps. Link courut voir se amis sages dans le fond du temple, là où reposait il n'y a pas si longtemps la lame purificatrice. Une nouvelle colonne de lumière était apparue autour de Ruto, dont le visage s'était détendu puisqu'avec le lien avec Makios, elle devait maintenant fournir moins de pouvoir pour maintenir le sceau. Ne restaient dans cette atroce douleur qu'Impa et Saria. Après avoir éveillé Eléna et Mérendyl, plus aucun de ses amis ne souffrirait. Du moins pas en Hyrule, mais une grande guerre se préparait d'après les propos de Mojendi. Ils devaient se préparer à cette guerre, et l'éveil de Navi et de ses nouveaux pouvoirs ne seraient pas inutiles. Mais une question restait… Une guerre contre qui ? Link se retourna vers Oren, resté en retrait.

- Maintenant que vous avez laissé votre bibliothèque derrière vous, comment allez-vous faire pour interpréter les prophéties ?
- J'ai pensé à tout, ne vous inquiétez pas. J'ai pris dans ma besace le livre vous concernant, et avant de partir, j'ai sollicité mon successeur, avec lequel je travaillais depuis suffisamment longtemps, pour qu'il me remplace. De plus, dans mon laboratoire se trouve un dispositif ancien qui permet de communiquer avec son jumeau, que j'ai actuellement sur moi.
- Parfait, je m'inquiétais pour la perduration de votre activité. N'y aurait-il pas dans ce grimoire une prophétie concernant un potentiel ennemi que nous devrions combattre ?

Oren, perplexe et concentré, baissa les yeux sur le livre tout juste ouvert. Il tourna plusieurs fois les pages, alors que Link retenait mentalement son souffle. S'ils parvenaient à débusquer le prétendu destructeur du Cercle, ils pourraient finir cette aventure plus tôt que prévu. Oren pointa un doigt au milieu d'une page et la suivit des yeux et de ce même doigt.

- J'ai trouvé, dit-il d'un air toujours concentré. "L'élu de la lame, aux côtés de la Gardienne et du Septième, misera sa vie pour annihiler le fléau du Malin ressuscité. Pour raviver l'Equilibre, il devra s'allier à un proche de ce Mal, tout aussi noir à ses racines."
- Encore et toujours des énigmes à vous retourner le cerveau, se plaignit Zelda.
- Pas cette fois-ci, rétorqua Link. Garde l'esprit clair : les trois premiers mentionnés sont clairement Navi, toi et moi. Je devrais donc défendre le Cercle au péril de ma vie contre le Malin ressuscité, qui ne peut être que Ganondorf qui serait sorti de sa prison. Reste à trouver le rapport avec l'équilibre et ce proche de Ganondorf…
- Nous ferions mieux d'y réfléchir en route si ce que tu dis est vrai. Si cette ordure menace encore une fois le Royaume, il faut s'attendre à des attaques imminentes.
- Bien dit, intervint Navi. Mais n'oubliez pas que cette fois-ci, vous avez quelque chose que vous n'aviez pas avant : moi ! Je ne serai pas de trop, loin de là, alors assez réfléchi et hâtons-nous.

La petite équipe sortit donc du Temple du Temps en se dirigeant vers les Bois Perdus. La carte, encore une fois, n'indiqua pas les Bois eux-mêmes mais une clairière toute proche. La traversée de la plaine ne leur prit pas beaucoup de temps grâce aux chevaux que la Princesse avait fait dépêcher au poste de garde de l'entrée du Bourg. Lorsqu'ils arrivèrent dans la Forêt Kokiri, ils n'en crurent pas leurs yeux : des énormes ronces jonchaient le sol et serpentaient le long de la pierre et des maisons, donnant l'impression que la végétation reprenait ses droits. Ce chaos épineux était renforcé par… des hordes de larves Gohma qui grouillaient partout ! Alors que les cris étouffés des enfants de la Forêt, probablement coincés par les ronces dans leurs maisons, parvenaient difficilement aux oreilles des quatre amis, des oeufs éclosaient sans cesse dans un craquement mouillé atroce à entendre.
Il ne fallut pas longtemps pour que le quatuor soit repéré par les envahisseurs, et qu'ils soient assaillis de toutes parts. Link dégaina furtivement son épée et commença à trancher dans la masse qui approchait, et Zelda utilisait ses pouvoirs, développés depuis sa croissance accélérée, de même que la rapière traditionnelle offerte par son père pour ses douze ans.

Navi et Oren, pétrifiés, n'osaient pas faire un seul geste. Ils regardaient impuissants leurs amis les protéger sans relâche, mais voyaient bien que malgré leur force, ils avaient besoin d'aide face aux Gohma de plus en plus nombreux. La Gardienne eut une idée et leva sa main droite paume tendue vers le ciel. Un orbe grossit au-dessus de sa paume pour atteindre la taille d'un petit ballon, et toutes les petites créatures furent attirées par l'éclat lumineux que produisait la boule magique. Navi leva son autre main vers les créatures, la main du temps, et la crispa comme si elle tenait une large poignée de porte. Toutes les larves luirent d'une lumière verte huileuse, et quand la jeune fille tourna sa main crispée vers la gauche, ses ennemis semblèrent rapetisser, pour redevenir de simples oeufs, puis du néant. A l'aide de ses deux mains, elle manipula de la même façon les ronces pour les faire vieillir, sécher puis se décomposer, libérant ainsi les enfants de la forêt de leur geôle végétale.

La plupart des Kokiris allaient bien, mais certains étaient mal en point à cause des attaques de certaines des larves Gohma. Oren, à leur vue, se précipita pour les soigner à l'aide de ses maigres connaissances en herbologie, pendant que Zelda et Link cherchaient Mido partout. Il leur semblait être le seul à vraiment être en mesure de leur expliquer ce qu'il s'était passé avant leur arrivée. Après avoir fouillé de fond en comble les souches qui servaient de maisons aux habitants sylvestres, le duo courut à la clairière de l'Arbre Mojo. Quelque chose clochait, Link le savait, mais savoir exactement quoi, il en était incapable. Aucune trace de Mido. A moins que…

- Zelda ! Prends Navi avec toi, elle connaît les Bois Perdus autant que moi, peut-être même plus. Allez chercher Mido là-bas, moi je vais voir dans l'Arbre. Si vous ne le trouvez pas dans les clairières visitables, évitez de vous perdre et revenez ici, devant l'Arbre.

La Princesse approuva d'un signe de tête et tourna les talons en courant. Pendant ce temps, Link entra dans ce qu'il pensait être le donjon le plus facile qu'il ait eu à affronter. Malgré cela, il sentait que quelque chose clochait, encore et toujours depuis qu'ils étaient arrivés dans la forêt. Le rez-de-chaussée n'avait qu'une seule salle, où bien sûr Mido n'était pas, donc Link décida de fouiller le donjon comme il l'avait fait dans la réalité alternative : monter tout en haut pour redescendre sous la terre. Il entama l'ascension jusqu'au premier étage, dans le plus grand des calmes, scrutant les moindres recoins à la recherche d'un quelconque signe de vie de la part du chef Kokiri.

Zelda et Navi se précipitèrent à travers les différentes souches connectant les clairières des Bois Perdus. Elles fouillèrent d'abord l'ouest, demandèrent au Skull Kid qui était là s'il avait vu Mido, récoltant au passage une réponse négative, alors que le lutin des bois ne se replonge dans sa farandole solitaire. Pareil pour la peste marchande : aucune trace. Sans perdre espoir, les deux jeunes femmes rebroussèrent chemin puis prirent cette fois-ci la direction du Bosquet Sacré et entreprirent de scruter chaque recoin, chaque trou, chaque caverne, du fond du puits menant à la rivière Zora jusqu'à ce si particulier Théâtre Sylvestre, où les "juges" furent impressionnés par la pureté et la beauté de Navi, ce qui leur facilita la coopération. Malgré tous ces efforts, Mido restait introuvable, et la Gardienne ne cachait pas son inquiétude.

- Ne t'en fais pas, Navi, Mido doit être ailleurs. Il n'est pas dans le Bosquet Sacré et je suis certaine qu'il n'est pas dans le temple puisque les escaliers sont brisés depuis bien longtemps. Il ne reste plus qu'à espérer que Link ait eu plus de succès que nous. Retournons voir si Oren en a fini avec les blessés. Ce faisant elles rebroussèrent précautionneusement chemin comme le leur avait conseillé Link, et arrivèrent sans problème en surplomb de la forêt, où elles virent Oren faire des allers-retours de la maison de Saria. Quand il les vit, il sourit :

- J'en ai bientôt fini, tous n'avaient que de grosses contusions, et il leur faudra sûrement beaucoup de repos. L'avez-vous trouvé ?
- Malheureusement, non, répondit Navi. Link est-il revenu ?
- Pas vu non plus, essayez de le rejoindre.
- Ce n'est pas normal qu'il ne soit pas là, dit Navi à Zelda alors qu'elles avançaient vers la clairière au fond du village. Je connais l'intérieur de l'Arbre aussi bien que lui, et ça n'aurait pas dû lui prendre tout ce temps.

Dans l'allée qui menait à l'Arbre, Navi eut un hoquet de surprise.
- Il y a vraiment quelque chose qui ne va pas. On aurait dû rencontrer des Mojo Baba en chemin, mais elles n'y sont plus ! Dépêchons-nous j'ai un mauvais pressentiment.

Les amies accélérèrent le pas et Navi plongea dans le puits au centre de la salle ronde sans hésiter, suivie par Zelda. Oren accourut un petit moment après, et sauta sans demander son reste. Il trouva Navi en train de parlementer avec les anciens gardiens de la Reine Gohma.
- Laissez-nous passer ! Je sais qu'il est passé par ici, je sens sa présence derrière cette…

Navi s'arrêta net de parler, hébétée. Le lien qui la connectait à Link avait disparu, laissant une impression de vide en elle. Il lui était arrivé quelque chose. Sa rage monta, ses yeux prirent intégralement une teinte bleu ciel, et elle commença à léviter, libérant une aura puissante, à tel point que Zelda et Oren furent obligés de reculer quasiment jusqu'à la mare qui servait d'amortisseur à la chute dans le puits. Les pestes couinèrent de peur, se réfugièrent dans leurs plants sous terre, et la porte se déverrouilla.

Désincarnée, la gardienne flotta jusque dans la salle, et ses deux coéquipiers entrèrent juste avant que la porte ne se referme. Navi avança jusqu'au milieu de la pièce, devant une masse sombre au sol, laquelle grandit et se dressa devant la Gardienne. D'un simple revers de main, la créature, qui semblait être une Gohma fusionnée avec des Mojo Baba et autres skulltulas, se désintégra en une fine poussière grisâtre.
Navi perdit son aura azurée, et se posa délicatement sur le sol, avant de s'effondrer de tout son poids. Zelda accourut pour la relever.

- Où est-il ? articula faiblement Navi. Où est Link ?

Sans dire un mot, Zelda et Oren fixèrent du regard le fond de la salle, où un petit corps inerte de Kokiri gisait au pied d'un portail sombre aux nuances verdâtres.

Chapitre 20 : Brédory   up

fiction Le coeur des mondesMalgré la détresse et la peine que ressentaient tous les Kokiris à cause de la perte de leur chef excentrique mais malgré tout adoré, ils ne démordirent pas de vouloir aider leurs héros qui les avait sauvés des griffes des putrides Gohma. C'est ainsi qu'une colonne d'enfants de la forêt forma une chaîne pour transporter le corps sans vie de Mido jusque dans le bassin de la cascade du petit village, où il fut inhumé dignement et dans l'émotion la plus intense. Navi, Zelda et Oren assistèrent aux funérailles poignantes, puis se préparèrent à entrer dans le prochain monde : Brédory. Rassemblant les dernières provisions dont ils avaient besoin, Oren brisa le silence chargé de deuil.

- Quelqu'un a vu Link sortir de l'Arbre Mojo ?
- Il a dû traverser le portail pour poursuivre l'assassin de Mido. Mais je m'inquiète qu'il ne nous ait rien dit ni qu'il n'ait laissé aucun message… C'est pour ça que nous devons partir au plus vite pour aller le chercher.

La voix de Zelda était fébrile et Navi la prit dans ses bras, étouffant les sanglots de la Princesse. Puis ils empruntèrent une nouvelle fois le chemin sinueux jusqu'au grand arbre. Les Kokiris n'avaient plus besoin d'eux. Les petits êtres avaient décidé de choisir un nouveau chef pour les guider, mais sans l'avis de l'Arbre Mojo, ils doutaient de pouvoir réussir à continuer de vivre en paix.

La salle où Link avait affronté la reine des parasites était sombre et d'autant plus glauque que le portail irradiait d'une lumière inquiétante sur les murs. A la lueur lugubre, Zelda, Navi et Oren s'accordèrent d'un signe de tête et franchirent ensemble, main dans la main, le portail menant vers le monde d'Elena, ancien sage de la Forêt. La lumière les enveloppa un instant, masquant l'origine du désespoir Kokiri à deux reprises.
Cette lumière les déposa délicatement dans une clairière ombragée. Les bois autour d'eux et les feuilles au-dessus de leurs têtes leur masquaient toute visibilité. Navi ouvrit la marche, pressée de retrouver Link, son ami qu'elle avait lâchement abandonné malgré elle.

Au sortir du bois, ils se trouvèrent nez à nez avec deux sortes d'arbres difformes, l'un arrivant à la taille d'Oren et l'autre plus petit, ressemblant vaguement à deux pestes Mojo. S'approchant précautionneusement d'eux, le prophète avança une main. Le plus petit des deux arbres se mit à bouger et alla se réfugier derrière l'autre. Surpris, Oren recula d'un pas alors qu'une voix aigrelette s'éleva.

- Yahaha ! Qu'allais-tu faire à mon fils, étranger ? J'espère pour toi que tu ne voulais pas lui faire de mal, sinon je t'en aurais mis plein les feuilles ! Range tes branches tout de suite !
- Excusez-moi, madame, répondit-il bredouille au plus grand des deux arbres. De là où nous venons, les arbres ne bougent pas, comprenez ma surprise. Mon esprit curieux l'a emporté sur ma retenue habituelle, veuillez me pardonner. Par ailleurs, pourriez-vous nous indiquer où nous sommes ?
- Va pour cette fois ! Yahaha ! Tiens donc. Vous voilà bien étranges. Vous ne savez pas où vous êtes alors que vous êtes venus jusque-là de bien loin je présume. Par les fleurs de la Reine ! Vous paraissez pareils à elle. Suivez le sentier de feuilles mortes et vous la trouverez, son palais n'est pas loin, dans le Grand Arbre.
- Attendez ! Quel grand arbre ? Et où sommes-nous ? Vous ne m'avez pas répondu !

Trop tard : la maman arbre s'était envolée avec une sorte d'hélice faite en feuilles fines et assez légères et puissantes pour la porter elle et son fils qui avait sauté sur son dos. Incrédules, les trois amis suivirent les instructions et le chemin de feuilles mortes ne fut pas compliqué à repérer. Au bout de peu de temps, la luminosité sous les arbres commença à faiblir, et la lisière du bois se fit voir. Ils s'arrêtèrent là, hébétés par la vue à couper le souffle : un arbre immense déployait ses racines et ses branches partout au-dessus d'eux, masquant le bleu du ciel. Dans le tronc de plusieurs dizaines de mètres de diamètre, on pouvait distinguer des ouvertures, des portes, des fenêtres par centaines, des fleurs. Parmi ce décor fabuleux, le mouvement d'une entière peuplade de petits arbres animait le Grand Arbre, de même que ses alentours. En plus des petits arbres, des Mojo traînaient çà et là, rajoutant un peu plus à la fantaisie du moment.

Sur leur droite, une rampe semblait courir le long de la courbe du tronc pour permettre l'ascension quelque peu longue du colosse végétal. Le trio s'engagea, alors que quelques regards commençaient à se poser sur eux. A mesure qu'ils montaient, l'agitation s'amplifia, et ils n'eurent pas fini leur premier tour sur la rampe qu'un singe armé d'une lance arriva en face d'eux et leur barra la route, soutenu par une demi-douzaine de pestes derrière lui, en rang. Il adopta un ton autoritaire.

- Que faites-vous ici ? Vous ne devriez pas même oser fouler le Grand Arbre du pied. Vous êtes priés de faire demi-tour et de retourner d'où vous venez immédiatement. Si vous refusez d'obtempérer, nous serons contraints de vous incarcérer pour trouble à l'ordre du Royaume, sur ordre de sa Majesté.
- S'il vous plaît, intervint Zelda. Je suis moi-même une princesse royale, et voici mon escorte, dit-elle en désignant Navi et Oren. Une âme charitable de votre peuple nous a dit que nous pourrions trouver la Reine sur le Grand Arbre. Etant chargés d'une importante affaire pour la survie de notre Royaume, nous nous sommes empressés de venir jusqu'à elle pour solliciter son aide. Veuillez, s'il vous plaît, nous excuser pour le désordre occasionné, et je vous prie de nous conduire à elle.
- Si vous insistez, je vais vous y conduire, mais vous serez sous bonne garde pendant toute la durée de votre entretien, aussi long fut-il. Il leva la voix et s'adressa à la cime de l'arbre : Ascenseur Korogu !

Sitôt dit, des petits arbres comme ceux que le trio avait rencontrés plus tôt arrivèrent en volant et chacun fut élevé dans les airs par un petit groupe de Korogus, étant bien plus lourds qu'eux. Ils arrivèrent rapidement au niveau de grandes arcades sculptées dans le bois du tronc, où les fleurs d'une douzaine de couleurs ornaient des colonnes de la porte menant à la salle du trône. L'escadrille volante les déposa devant cette massive porte qui faisait au moins trois fois leur taille, c'est dire comme les Korogus paraissaient petits dans ce décor. Les battants de bois pivotèrent sur leurs gonds dans un grincement sylvestre, pour dévoiler une salle longue et parfaitement décorée de toutes sortes de fleurs multicolores. Des papillons et autres coccinelles voletaient en nuages un peu partout, alors qu'un riche tapis de velours rouge ornait le sol, s'étalant du pas de la porte jusqu'au majestueux trône sculpté dans une racine de chêne.

Le garde singe s'inclina dès lors qu'il passa la grande porte, et le trio les imita, non sans gémir intérieurement du mal de dos occasionné. Arrivés devant le trône, ils observèrent courtement des pieds masqués par une longue robe verte qui s'accordait avec les feuilles qui tenaient lieu de plafond pour la salle. Puis ils entendirent un "relevez-vous" impérieux et obéirent. Ils découvrirent alors une belle femme aux allures hyliennes. Ses cheveux vert feuille cascadaient sur ses épaules, où une robe verte recouvrait légèrement son corps fluide et galbé. Cernant sa tête, une magnifique couronne faite d'or et de fleurs représentait un aigle dont les ailes se refermaient au-dessus de ses oreilles pointues. Un joyau blanc, symbolisant le coeur de l'aigle, faisait ressortir ses yeux verts et profonds.

- Qui êtes-vous, ô étrangers qui souillez le bois du Grand Arbre ? Par mes pouvoirs royaux, je vous ordonne de décliner votre identité.
- Pardonnez notre imprudence votre majesté, engagea Zelda, bien plus habituée aux coutumes royales. Nous venons d'un monde lointain, Hyrule, dont je suis la princesse, Zelda, et dont voici ma suivante, Navi, et mon prophète, Oren. Nous sommes à la recherche d'un de nos amis. Le chef d'un de nos peuples a été assassiné et, de rage, il a poursuivi le meurtrier jusqu'en vos terres. Nous avons besoin de lui pour la prospérité du Royaume d'Hyrule, et donc nous voulions solliciter votre aide pour le retrouver.
- Jeune Princesse écervelée. Tu penses donc qu'en venant ici, tu pourras emmener un criminel loin de ses méfaits ? Sache que ton ami a saccagé des arbres et bousculé ces fragiles petits Korogus. La garde s'est donc chargée de l'incarcérer dans la prison des racines du Grand Arbre. Par ma grande clémence, vous serez néanmoins logés en tant qu'invités jusqu'à son procès. Makaya, le singe que voici, vous conduira dans vos quartiers. Tachez de ne pas désordonner mon royaume comme l'a si bien fait votre ami.

Le trio n'osa pas répondre à la sévère Reine, et suivit Makaya jusqu'aux appartements des invités. A ce moment, une conseillère royale apparut derrière le trône. La Reine lui parla alors qu'elle s'empressait d'inscrire ses paroles dans un petit journal en cuir relié.
- Rappelle-moi d'être moins clémente la prochaine fois que des humains se présentent ici. Deux fauteurs de trouble humains dans les prisons, c'est deux de trop.
- Oui ma Reine, répondit timidement la conseillère en décrivant une révérence à en toucher le sol du bout du nez.

A suivre...

Ce texte a été proposé au "Palais de Zelda" par son auteur, "Renalink". Les droits d'auteur (copyright) lui appartiennent.
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Mis à jour le 14.04.24